L’engagement de La Bundeswehr en Afghanistan : quels enseignements pour la politique de défense allemande ?

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  • 8/10/2019 Lengagement de La Bundeswehr en Afghanistan : quels enseignements pour la politique de dfense allemande ?

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    Lengagement de la Bundeswehren Afghanistan :

    quels enseignements pour lapolitique de dfense allemande ?

    __________

    Michel Drain

    Dcembre 2014

    NNootteedduuCCeerrffaa111188

    Comit dtudes des relations franco-allemandes

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    LIfri est, en France, le principal centre indpendant de recherche, dinformation etde dbat sur les grandes questions internationales. Cr en 1979 par Thierry deMontbrial, lIfri est une association reconnue dutilit publique (loi de 1901).Il nest soumis aucune tutelle administrative, dfinit librement ses activits etpublie rgulirement ses travaux.

    LIfri associe, au travers de ses tudes et de ses dbats, dans une dmarcheinterdisciplinaire, dcideurs politiques et experts lchelle internationale.

    Avec son antenne de Bruxelles (Ifri-Bruxelles), lIfri simpose comme un des raresthink tanksfranais se positionner au cur mme du dbat europen.

    Les opinions exprimes dans ce textenengagent que la responsabilit de lauteur.

    Les activits de recherche, de secrtariat de rdaction et de publicationdu Cerfa bnficient du soutien du Centre danalyse, de prvision et de stratgie

    du ministre des Affaires trangres et du Frankreich-Referatde lAuswrtiges Amt.

    Directeur de collection : Hans Stark

    ISBN : 978-2-36567-341-9 Ifri 2014 Tous droits rservs

    Site Internet : Ifri.org

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    1 Ifri

    uteur

    Michel Drain est chercheur associ au Comit dtudes des relationsfranco-allemandes (Cerfa) de lInstitut franais des relationsinternationales (Ifri).

    Il est diplm de lInstitut dtudes politiques de Paris (sectionservice public, 1970) et titulaire dun DEA de relations internationalesde lInstitut dtudes politiques de Paris (1981). Il a t de 1974 2013 administrateur des services de lAssemble nationale. Il a

    notamment t charg dassister les rapporteurs spciaux du budgetde la dfense au secrtariat de la commission des finances (1983 1993) et, en qualit de directeur adjoint, responsable du secrtariatde la commission de la dfense (1998 2002) puis de la division desrelations parlementaires internationales (2010 2013).

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    Rsum

    Depuis leur cration et jusquau milieu des annes 1990, les forcesarmes de la Rpublique fdrale navaient que des missions dedfense du territoire. partir de 2001, elles ont pu tre dployes surun thtre doprations trs lointain pour servir des objectifspolitiques sans lien direct avec la scurit des frontires allemandes.Les oprations extrieures armes font dsormais partie du quotidiende la Bundeswehr. Parmi les 11 oprations de ce type dans

    lesquelles les forces armes allemandes sont aujourdhui engages,celles conduites en Afghanistan sont la fois les plus coteuses (delordre de 9 milliards deuros) et les plus longues (plus de 13 ans).Cette Note du Cerfadresse un bilan du premier dploiement terrestrede larme allemande lextrieur.

    Dans un premier temps, elle retrace lvolution delintervention militaire allemande en Afghanistan de loprationEnduring Freedom jusqu sa participation dans la Forceinternationale dassistance la scurit (FIAS), qui se caractrisenotamment par un accroissement de ses effectifs humains etmatriels, mais aussi par sa responsabilit au sein de la coalitioninternationale. La mission dAfghanistan a scell dans les faits latransformation de la Bundeswehr en une arme de forcesoprationnelles.

    Dans un second temps, cette Note du Cerfa revient sur lesrsultats de lengagement allemand en Afghanistan, qui restentcontrasts : du point de vue politique, ils sont considrs commedcevants la situation scuritaire de lAfghanistan reste plusquinstable. Du point de vue militaire, les oprations dAfghanistan ontmontr que la Bundeswehr est en mesure dassurer une prsenceefficace sur un thtre lointain dans un cadre multinational et quellematrise un nombre significatif de comptences cls.

    Au final, lexprience du dploiement de la Bundeswehr enAfghanistan aboutit une conclusion cruciale : si lAllemagnesouhaite mieux intgrer son outil militaire dans sa politique extrieure,elle devra sans doute clarifier sa doctrine et accepter les effortsbudgtaires correspondants.

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    Executive Summary

    Since the Bundeswehrs creation and until the mid-1990s, Germanmilitary policy was limited exclusively to national defense; since 2001,its armed forces have been deployed in distant theaters of operations,serving political purposes with no direct link to the security of Germanborders. External military operations have become an everydaymatter for the Bundeswehr. Among the 11 operations of this type inwhich the armed forces are currently taking part, the operations in

    Afghanistan are both the most expensive (in the range of 9 billion)and the longest (more than 13 years). This Note du Cerfa assessesthe Bundeswehrs first exterior terrestrial deployment.

    First, it reviews the evolution of Germanys militaryintervention in Afghanistan, from its beginnings within the EnduringFreedomoperation to its deployment within the International SecurityAssistance Force (ISAF). It tracks the missions increase in humanresources and armaments, as well as the extent of Germanresponsibility and leadership within the coalition. It shows thatGermanys Afghan mission has cemented the Bundeswehrstransformation into truly operational armed forces.

    Second, this Note du Cerfadraws up a balance sheet for theGerman military engagement in Afghanistan, stressing the missionsmixed results. From a political perspective, the results can beconsidered disappointing (the security situation in Afghanistan isworse than unstable). From a military perspective, the Germanoperations in Afghanistan have proven that the Bundeswehr iscapable of ensuring an effective military presence in a distant theaterwithin a multinational framework, and moreover that it holds asignificant number of key skills.

    Overall, reviewing the Bundeswehrs experience inAfghanistan leads to a crucial conclusion: If Germany wishes to

    integrate its military capabilities more effectively into its overall foreignpolicy, it needs to clarify its doctrine, and to accept that correspondingbudgetary efforts will be required.

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    Sommaire

    INTRODUCTION..................................................................................... 5

    UNE MISSION DE STABILISATION DICTE PAR LES NCESSITSDE LALL IANCE AMRICAINE.................................................................. 6

    De la lutte arme contre le terror isme la forceinternationale de stabilisation .................................................... 6

    Laccroissement progressif du contingent allemand dansle cadre de lOTAN ....................................................................... 8

    Les spcific its de lengagement allemand : laBundeswehr, agence de dveloppement en uni forme ? .. 10

    La participation de lAllemagne la stratgie amricainede dsengagement ..................................................................... 11

    LE BILAN POLITIQUE ET MILITAIRE DE LENGAGEMENT ALLEMANDENAFGHANISTAN............................................................................... 15

    Une apprciation allemande mitige quant aux rsultatspoli tiques de laction de la FIAS ............................................... 15

    Un cot financier et humain lev ............................................ 16

    Un engagement mi litaire signi ficatif malgr desrestrictions lemploi de la force ............................................. 17

    Ladaptation de la Bundeswehr aux oprations extrieuresdans un cadre budgtaire contraint ......................................... 20

    CONCLUSION...................................................................................... 24

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    Introduction

    Les oprations extrieures armes font dsormais partie du quotidiende la Bundeswehr. Parmi les 11 oprations de ce type danslesquelles les forces armes allemandes sont aujourdhui engages,celles conduites en Afghanistan depuis le 19 septembre 2001 sont la fois les plus coteuses (de lordre de 9 milliards deuros 1

    La Bundeswehr a fait la preuve, en Afghanistan, quelle estcapable de mener des interventions extrieures de longue dureavec un volume de forces limit mais non ngligeable. Il ny a pas eu,dans lopinion allemande, de mouvement gnral de rejet lencontrede cette intervention, premier engagement allemand terrestre depuisla Seconde Guerre mondiale, et ce malgr les conditions difficilesdans lesquelles elle sest droule. Toutefois, le scepticisme delopinion publique allemande lgard des oprations extrieures dela Bundeswehr pourrait saccentuer sil apparaissait que le systmepolitique afghan soutenu grand-peine par laide internationale venait se dsagrger. Pour une meilleure acceptation dventuelsnouveaux engagements extrieurs de ses forces armes, lAllemagnedoit donc sans doute mieux dfinir la doctrine qui les inspire et lesmoyens qui leur sont affects.

    ) et lesplus longues (plus de 13 ans). Lengagement de la Bundeswehr enAfghanistan tmoigne de la profonde transformation de la politique de

    dfense allemande. Alors que depuis leur cration et jusquau milieudes annes 1990, les forces armes de la Rpublique fdralenavaient que des missions de dfense du territoire, partir de 2001,elles ont pu tre dployes sur un thtre doprations trs lointainpour servir des objectifs politiques sans lien direct avec la scuritdes frontires allemandes.

    1En surcot budgtaire direct.

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    Une mission de stabil isation dicte

    par les ncessits de lalliance

    amricaine

    Lengagement direct allemand en Afghanistan a dabord pris la formedune participation aux oprations antiterroristes qui ontimmdiatement suivi les attentats du 11 septembre 2001. Il sestensuite principalement inscrit dans le cadre dune mission destabilisation approuve par lOrganisation des Nations unies (ONU).La contribution de la Bundeswehr cette mission la toutefoisconduite, au bout de quelques annes, livrer des combatsdintensit croissante. Elle sachve prsent sans certitude quant la ralisation des objectifs politiques initialement fixs.

    De la lutte arme contre le terror isme la forceinternationale de stabilisation

    Immdiatement aprs les attentats du 11 septembre 2001, lechancelier Gerhard Schrder assure le prsident George W. Bush dela solidarit illimite de lAllemagne. Le 8 novembre, il demandeau Bundestag lautorisation dengager 3 900 militaires de laBundeswehr dans lopration Enduring Freedom, dont lobjectif est derenverser le rgime taliban et de lutter contre le terrorisme. Le16 novembre, pour vaincre les rsistances de certains parlementairesdes groupes de sa majorit (SPD et Verts), il pose la question deconfiance, procdure exceptionnelle en Allemagne. Il considre alorslenvoi de forces allemandes sur un thtre trs loign de lEuropecomme une csure et entend disposer du complet soutien de samajorit pour conduire cette action. Lengagement en Afghanistan est

    alors principalement justifi par la ncessit de traduire en actes lasolidarit de lAllemagne envers les tats-Unis. Gerhard Schrderrpond une demande amricaine mais il sagit aussi, pour lechancelier, de faire la preuve que lAllemagne est prte assumerpleinement le rle qui lui incombe du fait de ses responsabilitscroissantes dans le monde2

    2Bundestag, Plenarprotokoll 14/198, 8 novembre 2001.

    .

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    La participation allemande lopration Enduring Freedom asurtout concern la Marine au large de la Corne de lAfrique jusqufin 2009. Peu de donnes publiques sont disponibles sur les actionsmilitaires allemandes menes dans ce cadre sur le thtre afghan.Celles-ci ont pour lessentiel consist dans lengagement dunecentaine de membres du service des forces spciales (KommandoSpezialkrfte - KSK) de janvier 2002 2008. Ces militaires ontparticip aux actions offensives amricaines, puis la surveillance dela frontire afghano-pakistanaise. Ils ont aussi men des actions descurisation Kaboul3 ainsi quau profit de la Force internationaledassistance la scurit (FIAS). Le cot budgtaire de laparticipation allemande lopration Enduring Freedom a t nonngligeable en 2002 et 2003, atteignant respectivement 315,7 et219,2 millions deuros4

    Paralllement, cependant, lAllemagne est reste fidle saconception globale de la scurit, selon laquelle lengagement

    militaire ne peut reprsenter quun lment dune stratgie derponse au terrorisme. Il doit tre intgr dans un effort multilatralde longue dure, visant en particulier, dans le cas de lAfghanistan, reconstruire ltat et lconomie du pays. Ainsi, ds le dbut de sonengagement sur le thtre afghan, lAllemagne prside lAfghanistansupport group, vocation humanitaire. Elle participe activement, auxcts notamment du Royaume-Uni et de la France, la politiqueeuropenne daide lAfghanistan, en particulier dans le cadre desconfrences internationales de donateurs. Enfin et surtout, elleaccueille, du 27 novembre au 5 dcembre 2001, la premireconfrence sur lAfghanistan Petersberg, prs de Bonn, pour poserles bases de la reconstruction du pays. Cette confrence lance leprocessus de consolidation des institutions afghanes, dit processusde Bonn . LAllemagne y choisit dtre nation-cadre (lead nation)pour assister lAfghanistan dans la formation de ses forces de police

    .

    5

    .Au cours de la confrence, des personnalits influentes dAfghanistanopposes au rgime des talibans tablissent une Autorit detransition afghane. La question se pose alors dassurer la scurit, Kaboul, de cet excutif provisoire. Il est donc dcid de crer ceteffet la FIAS, dont le dploiement est autoris par le Conseil descurit de lONU le 20 dcembre 2001. LAllemagne y jouera un rleimportant.

    3 T. Noetzel et B. Schreer, Spezial Streitkrfte der Bundeswehr, Berlin, StiftungWissenschaft und Politik, SWP-Aktuell , n 50, novembre 2006.4 Chiffres tirs dune rponse du gouvernement une question parlementaire(Drucksache17/14491, 6 aot 2013).5 Lorsquen 2007 une mission europenne (EUPOL) prend le relais de lactionnationale allemande, la contribution allemande reste (et restera) importante.

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    Laccroissement progressif du contingentallemand dans le cadre de lOTAN

    La FIAS dbute comme une mission ad hoc, dabord dirige par leRoyaume-Uni pour une priode de six mois, puis par la Turquie pourla mme dure. Lorsquil demande pour la premire fois auBundestag dautoriser la Bundeswehr contribuer la FIAS, GerhardSchrder souligne que lemploi de la force ne doit pas tre dissocide la recherche dune solution politique. Il se flicite que le Conseil descurit ait cr cette force et lui ait attribu un mandat robuste etlimit prcisment pour faciliter une issue politique au conflit afghan.Les besoins militaires de la FIAS tant estims seulement5 000 hommes, une contribution allemande de 1 200 hommes estalors envisage6. Ds mai 2002, ces effectifs sont ports 1 4007.En janvier 2003, lAllemagne et les Pays-Bas prennent conjointement

    la direction de la FIAS et le contingent allemand passe 2 500 hommes8

    SHAPE avait dj fourni une assistance lAllemagne et auxPays-Bas pour la planification des oprations et le renseignementmilitaire. Le 11 aot 2003, une nouvelle tape est franchie aveclattribution du commandement de la FIAS lOrganisation du trait

    de lAtlantique nord (OTAN). En octobre 2003, le mandat de la FIASest tendu lensemble du pays avec laccord du Conseil de scurit.La Bundeswehr retrouve ds lors avec lOTAN son cadre natureldaction. Elle reste une arme dalliance (Bndnisarmee), mais lesens politique de lengagement militaire allemand sen trouvemodifi : il ne sagit plus seulement, pour lAllemagne, dapporter unsoutien la restauration dun tat afghan fonctionnel ; en participant la premire vritable opration militaire de lOTAN en dehors de lazone du trait de lAtlantique nord, elle se trouve galementconfronte lobligation de consentir un engagement la mesure dela place quelle occupe au sein de lorganisation.

    , reprsentant le tiers de leffectif total de la force.LAllemagne sengage ainsi dans un effort de reconstruction appuypar une force de stabilisation sous mandat de lONU, tandis que lestats-Unis, qui ne participent pas la FIAS, se dsintressentquelque peu de lAfghanistan pour se concentrer sur le rgimeirakien, quils sapprtent renverser unilatralement par la force.

    LAllemagne obtient, conjointement avec la France, que leschanes de commandement de la FIAS et de lopration EnduringFreedom restent distinctes : la FIAS demeure donc une mission destabilisation sans vocation offensive de destruction des lmentsterroristes ou, plus largement, insurgs. La distinction ne sera pastoujours maintenue aussi nettement que le souhaitaient les

    6Bundestag, Plenarprotokoll 14/210, 22 dcembre 2001.7Bundestag, Drucksache14/7930, 21 dcembre 2001.8Bundestag, Drucksache15/128, 3 dcembre 2002.

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    Allemands, en particulier en ce qui concerne lemploi des forcesspciales.

    Dans le cadre de lextension du mandat de la FIAS lensemble de lAfghanistan, la Bundeswehr prend en charge une

    quipe de reconstruction rgionale (Provincial ReconstructionTeam PRT) Kunduz, dans le nord du pays. Elle intervient doncdans une rgion tadjike, beaucoup moins touche par linsurrectionque le sud de lAfghanistan, dominante pachtoune. Dans le mandatdemand au Bundestag9

    LAllemagne est cependant bientt appele contribuer plusfortement leffort militaire dsormais encadr par lOTAN,notamment en raison de ses responsabilits au sein de lorganisation.En septembre 2005, le mandat du Bundestag porte les effectifs de laBundeswehr engags en Afghanistan 3 000 hommes

    , la rgion de Kunduz est dcrite comme lamieux adapte au dploiement de la Bundeswehr en raison de sasituation moins conflictuelle. Il est galement clairement indiqu quele dtachement de la Bundeswehr ny sera que la composante deprotection dune action de reconstruction essentiellement civile, enapplication du concept pour lAfghanistan adopt par legouvernement fdral en septembre 2003. Les effectifs militairesallemands sont alors ramens 2 250 hommes.

    10. Sous legouvernement de grande coalition dirig par Angela Merkel,lengagement de moyens ariens de reconnaissance est autoris enmars 2007, et en septembre de la mme anne, un autre mandatrelve la limite des effectifs de la Bundeswehr 3 500 hommes alorsque, depuis 2006, la situation scuritaire se dgrade sensiblement.Malgr cet accroissement en valeur absolue, lengagement allemand

    diminue en termes relatifs : ainsi, au cours de lanne 2006, leseffectifs de la FIAS, dploys progressivement sur lensemble duterritoire afghan, sont passs de 9 000 31 000 hommes, lesAmricains ayant dcid dy affecter une partie de leurs forcesjusquici engages dans lopration Enduring Freedom. En octobre2008, en consquence du trs net renforcement de linsurrection, quitouche aussi dsormais le nord de lAfghanistan, le contingentallemand doit tre relev 4 500 hommes11

    9Bundestag, Drucksache15/1700, 15 octobre 2003.

    . la mme date,leffectif total de la FIAS stablit 50 700 hommes. La Bundeswehr,qui fournissait le tiers des effectifs de la force ses dbuts, nycontribue plus qu hauteur de 9 %. Nanmoins, elle continue dejouer un rle important au sein de ltat-major de la FIAS et

    commande la rgion nord.

    10Bundestag, Drucksache15/5996, 21 septembre 2005.11Bundestag, Drucksache16/10473, 7 octobre 2008.

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    Les spcific its de lengagement allemand : laBundeswehr, agence de dveloppement enuniforme12

    Malgr lintensification des combats, le gouvernement fdralcontinue daffirmer que lengagement allemand se concentre sur lareconstruction civile . En dpit des demandes des tats-Unis, decertains allis et des autorits militaires de lOTAN, il nenvisage pasdengager la Bundeswehr dans le sud et lest du pays, o lesviolences sont les plus intenses, mais renforce ses actions descurit et de reconstruction dans le Nord. Les missions de laBundeswehr en Afghanistan restent dfinies de manire restrictive :soutien aux autorits afghanes pour le maintien de la scurit, aide la rforme des forces de scurit afghanes, protection du personneldes agences daide et de reconstruction, participation ltat-major

    de la FIAS notamment pour ltablissement de points de situation,transport sanitaire et vacuation, participation aux actions civilo-militaires

    ?

    13. LAllemagne a dvelopp un mode spcifique de gestiondes PRT, conforme sa conception de la scurit en rseau (vernetzte Sicherheit). Selon cette approche, les reprsentants dugouvernement allemand sur place sefforcent dassocier toutes lesinstitutions publiques et, si possible, les organisations nongouvernementales (ONG) la mise en uvre dune stratgiecommune de reconstruction sur le territoire considr, les forcesarmes ne jouant quun rle de scurisation du dispositif14

    Nanmoins, lAllemagne prend en charge la rservedintervention rapide du commandement rgional nord. Elle acceptegalement lventualit de missions ponctuelles dans dautres zonesque le Nord et Kaboul, notamment pour des besoins de liaison.Laction des appareils de reconnaissance Tornado engags par laBundeswehr couvre naturellement lensemble du territoire afghan. Demme, larme de lair allemande assure, au profit de la FIAS, desoprations de transport sans limitations gographiques. En outre,300 militaires allemands participeront par la suite, en 2011, desmissions de surveillance arienne AWACS un engagement destin

    dcharger les forces ariennes allies alors engages dans lasurveillance de la zone dinterdiction de survol au-dessus de la Libye.

    . Lesquipes de reconstruction (PRT) dAfghanistan ntaient donc pasconsidres par les autorits allemandes comme des structuresmilitaires par nature.

    12 H. Stark, La politique internationale de lAllemagne. Une puissance malgr elle,Villeneuve dAscq, Presses universitaires du Septentrion, 2011.13 Voir notamment le mandat doctobre 2008 (Bundestag, Drucksache 16/10473,op. cit.).14 Voir H.-G. Ehrhart, Linteraction civilo-militaire dans la politique de scuritallemande : le cas de lAfghanistan, Paris, Ifri, Note du Cerfa , n 91, dcembre2011.

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    Lanne 2009 est marque par de violents combats surlensemble du territoire afghan, y compris dans le Nord. Dans la nuitdu 3 au 4 dcembre, le colonel Georg Klein, chef de la PRT deKunduz, demande une attaque arienne contre deux camions-citernes de la Bundeswehr saisis par les insurgs aprs quils se sontenliss sur un banc de sable du fleuve Kunduz. Lattaque, mene pardes appareils amricains, fait de nombreuses victimes civiles15

    La participation de lAllemagne la stratgieamricaine de dsengagement

    . Le28 octobre 2009, le ministre de la Dfense, Karl Theodor zuGuttenberg, parle pour la premire fois dune situation semblable une guerre (Kriegshnliche Zustnde). Les ambiguts delengagement militaire allemand en Afghanistan sont alorsmanifestes : sagit-il de la scurisation dune mission internationale deconstruction dun tat de droit sous mandat des Nations unies, oudune opration dimposition de la paix par la force impliquant descombats et une victoire militaire sur le terrain ?

    Pour conjurer les risques denlisement, le prsident Obama engageen mars 2009 une politique qui napaise que partiellement lesinquitudes allemandes dans la mesure o elle sappuie sur uneintensification temporaire de leffort militaire. Cette politique est axesur un renforcement des effectifs de la FIAS pour une dure limite etsur lamlioration parallle des capacits des forces de scuritafghanes afin que celles-ci soient en mesure, au bout de quelques

    annes, dassurer seules la scurit du pays. La nouvelle stratgieamricaine, qui vise prparer un dsengagement des forces allies partir du milieu de 2011, est entrine la confrence de Londresde janvier 2010.

    Le gouvernement de coalition CDU/CSU-FDP, toujours dirigpar Angela Merkel, participe la concrtisation de ces orientations endveloppant un nouveau concept pour lAfghanistan . Lachancelire soppose lide de fixer dfinitivement lchance duretrait de la FIAS et parat favorable une prsence internationale destabilisation au-del de 2014, mais elle se montre trs rticente lgard de la suggestion amricaine de former les forces afghanes

    la contre-insurrection. Malgr ces rserves, le gouvernement fdral

    15Laffaire suscitera une grande motion en Allemagne. Elle entranera la dmissiondu ministre de la Dfense, dun secrtaire dtat la Dfense et du chef dtat-majordes armes, et donnera lieu la constitution dune commission denquteparlementaire. Dans son rapport, publi le 25 octobre 2011 (Bundestag,Drucksache17/7400), la commission conclura que le colonel Klein a agi de manire informe eten conscience pour la protection de ses troupes, tout en soulignant que la seuleautre option possible aurait t de ne pas donner lordre dattaquer et que, rtrospectivement, sur la base dinformations alors non disponibles, ce choix auraitpeut-tre t le meilleur .

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    accepte daccrotre temporairement lengagement de la Bundeswehr :en fvrier 2010, il porte la limite des effectifs allemands 5 350 hommes16, avec le soutien du SPD17, dans la perspective duntransfert de lensemble des missions de scurit aux forces afghanes.Dans le mandat parlementaire, la description des capacits desforces engages met laccent sur le soutien la formation et lquipement des forces afghanes. Lorsquil prsente le mandat auBundestag, Guido Westerwelle, alors ministre des Affairestrangres, voque un changement de stratgie et promet unerduction du contingent allemand la fin de 2011 18

    En dcembre 2010, la FIAS compte 131 730 hommes. Lacontribution allemande, qui est alors de 4 877 hommes, nereprsente plus que 3,7 % des effectifs de la force. LAllemagne estcependant en charge dun des six commandements rgionaux, le

    commandement nord, fort de 11 000 hommes. Elle est le troisimecontributeur la force, devant la France (3 850 hommes) mais loinderrire le Royaume-Uni (9 500). Lengagement des Europens nestpas comparable celui des tats-Unis, premier contributeur avec90 000 militaires. En accord avec la volont amricainedaccompagner leffort militaire par un accroissement de laide civile,lAllemagne annonce quelle compte doubler son engagementbudgtaire en faveur du dveloppement de lAfghanistan. Cetengagement, qui atteint ds 2010 un montant annuel de 430 millionsdeuros, fait alors de lAllemagne le troisime pays pourvoyeur daidepublique au dveloppement du pays, aprs les tats-Unis et leJapon.

    . Sur le terrain,lanne 2010 est pourtant celle o la Bundeswehr livre les combatsles plus violents.

    En juin 2011, le prsident Obama confirme le processus deretrait des troupes amricaines lhorizon 2014. Les partenaireseuropens, et en particulier lAllemagne, sont amens se rallier cette perspective qui est entrine lors dune nouvelle confrence deBonn sur lAfghanistan le 5 dcembre 2011. Le gouvernement fdralcommence rduire le contingent de la Bundeswehr ds dcembre2011 en le ramenant 4 900 hommes. Les camps des PRT dirigespar lAllemagne Kunduz et Faizabad sont ferms et leursquipements transfrs aux forces de scurit afghanes. Le mandatdemand au Bundestag souligne alors la ncessit dune solutionpolitique au conflit afghan, laquelle pourraient mme tre associs

    les talibans condition entre autres quils acceptent la Constitutionafghane19

    16Bundestag,Drucksache17/654, 9 fvrier 2010.

    . Pour faciliter cette solution politique, les puissancesengages en Afghanistan dcident en outre la confrence de Tokyode juillet 2012 daccompagner le processus de retrait des forces parun maintien coordonn de leffort daide civile.

    17Voir le dbat parlementaire du 26 fvrier 2010 (Bundestag, Plenarprotokoll17/25).18Bundestag, Plenarprotokoll17/22, 10 fvrier 2010.19Bundestag, Drucksache17/8166, 14 dcembre 2011.

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    En novembre 2012, les effectifs de la Bundeswehr engagsen Afghanistan sont ramens 4 400 hommes. Le dernier mandatvot par le Bundestag le 20 fvrier 2014, la demande du nouveaugouvernement de grande coalition CDU/CSU-SPD, prvoit, compterdu 1ermars et jusquau 31 dcembre 2014 (date de la fin de lamission de la FIAS), lengagement dun maximum de 3 300 militairespour un cot estim 579,3 millions deuros20

    En application du principe hub and spoke ( moyeu etrayons ), le centre de gravit de la mission sera situ Kaboul et les

    forces dployes sur le territoire afghan seront concentres dans leslocalits les plus peuples qui abritent les centres de dcisionpolitique. LAllemagne fera partie des quatre nations-cadres chargesdorganiser les activits de la mission dans les rayons ou secteursgographiques correspondants. Elle aura la charge du secteur nordalors que les tats-Unis seront responsables des secteurs sud et est,lItalie du secteur ouest et la Turquie de Kaboul. Les forcesallemandes seront dployes Mazar-e Charif et Kaboul. La

    . Cet engagement deforces combattantes doit toutefois tre prolong par une oprationindirecte de soutien aux forces de scurit afghanes. Cette oprationse droulera dans le cadre dune nouvelle mission de lOTAN,baptise Resolute Support, dont la tche principale sera de former,conseiller et soutenir les forces afghanes. En vertu des dcisionsprises lors du sommet de lAlliance atlantique qui sest tenu enseptembre 2014 Newport (pays de Galles), il sagira dune missionnon combattante dont le mandat sachvera fin 2016. La signaturepar le gouvernement afghan, le 30 septembre 2014, de deux accords

    relatifs au statut juridique des forces trangres lun avec les tats-Unis (BSA), lautre avec les autres pays de lOTAN (SOFA) a ouvertla voie la mise en place du dispositif. Ces accords prvoientnotamment une immunit de juridiction pour les membres des forcestrangres. La plupart des militaires dploys par lOTAN auront pourtche dappuyer les forces afghanes dans les domaines de lalogistique et du soutien sanitaire. La mission Resolute Supportseracompose de 12 000 militaires en 2015. Environ 1 400 hommesseront chargs de conseiller et dassister les forces de scuritafghanes dans les domaines du renseignement, de la planificationoprationnelle et de lappui arien. La contribution amricaineslvera pour 2015 8 000 hommes. Au cours de cette mme

    anne, un contingent de forces spciales amricaines(1 800 hommes) sera par ailleurs employ dans un cadre national des missions parallles de lutte contre le terrorisme. Cette prsencemilitaire amricaine de 9 800 hommes au total sera rduite de moitidbut 2016, puis se limitera un contingent rsiduel dont la missionsera de protger la reprsentation diplomatique des tats-Unis et defournir une assistance technique aux forces afghanes. Les allis etpartenaires de lOTAN fourniront pour leur part un contingentcomplmentaire de 2 000 3 000 hommes en 2015.

    20Bundestag, Drucksache18/436, 5 fvrier 2014.

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    Bundeswehr doit fournir la mission Resolute Supportun contingentde 850 militaires, soit un tiers environ des effectifs non amricains. Lacontribution allemande consistera essentiellement former etconseiller les forces de scurit afghanes au niveau des tats-majorset des coles militaires. Les forces allemandes assureront en outreleur propre protection. Le caractre non combattant de leurmission nexclut donc pas leur implication dans des affrontementsarms au titre de la lgitime dfense si elles venaient tre prises partie par des insurgs. Paralllement, le gouvernement fdral sestengag accorder une aide budgtaire annuelle de 150 millionsdeuros aux forces de scurit afghanes, ce qui fait de lAllemagne ledeuxime pays donateur dans ce domaine, aprs les tats-Unis.

    La Bundeswehr envisageait de maintenir sa prsence enAfghanistan au-del des deux annes prvues pour la missionResolute Support. Le gouvernement allemand a cependant dsadapter lacclration du calendrier de retrait voulu par le

    prsident Obama. Pour lanne 2014, le retrait des forces allemandesexige dimportantes oprations logistiques. La majorit des blindsencore dploys dans le pays sont rachemins vers lAllemagnedabord par voie arienne, au moyen dappareils Iliouchine etAntonov lous la Russie et lUkraine, jusquau port turc deTrabzon, puis par voie maritime. Les matriels dont le cot detransport est suprieur leur valeur rsiduelle doivent en principetre dtruits pour viter quils tombent entre les mains des insurgs.

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    Le bilan politique et mil itaire de

    lengagement allemand en

    fghanistan

    Pour lAllemagne, le bilan de lengagement de la Bundeswehr enAfghanistan est contrast. Du point de vue politique, les rsultats sontconsidrs comme dcevants au regard des attentes de laconfrence de Bonn de 2001. Du point de vue militaire, laBundeswehr a montr quelle est capable dintervenir avec efficacitsur un thtre doprations lointain dans un cadre multinational, etquelle matrise un nombre significatif de comptences cls.Nanmoins, les limites politiques, budgtaires et capacitaires de sonaction sont galement apparues. Si lAllemagne souhaite mieuxintgrer son outil militaire dans sa politique extrieure, elle devra sansdoute clarifier sa doctrine et consentir aux efforts budgtairescorrespondants.

    Une apprciation allemande mitige quant aux

    rsultats pol itiques de laction de la FIAS

    Lors de sa prsentation, le 13 fvrier 2014, du dernier mandat ducontingent allemand dploy dans le cadre de la FIAS, Frank-WalterSteinmeier, ministre des Affaires trangres, a dress un bilan endemi-teinte de cette opration. Sil a reconnu quune large partie desattentes de la premire confrence de Petersberg de 2001 navait putre satisfaite, il a aussi fait valoir que le but essentiel de la mission savoir renforcer la scurit de lAllemagne avait t atteint. Selonlui, lAfghanistan a cess dtre une base dentranement pour leterrorisme international. Le 19 novembre 2014, Michael Koch,

    commissaire spcial (Sonderbeauftragter) du gouvernement fdralpour lAfghanistan et le Pakistan, publiait la dernire dition du rapport sur les progrs de lAfghanistan (FortschrittsberichtAfghanistan21

    21Bundestag,Drucksache18/3270, 20 novembre 2014.

    ), dont la loi prvoit la publication rgulire en lien avecle mandat parlementaire de participation des forces allemandes laFIAS. Il y salue la tenue des lections prsidentielles en Afghanistan

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    sans toutefois passer sous silence les ambiguts du processus22

    Dans son rapport, Michael Koch procde une valuation

    souvent critique de laction de la FIAS depuis ses dbuts, dploranten particulier une confusion entre les oprations FIAS et EnduringFreedom. Il exprime galement des rserves lgard de la notion de contre-insurrection , regrettant que celle-ci subordonne toutes lesactions de reconstruction la victoire militaire sur les forcesantigouvernementales. Il critique aussi linsuffisance des effortsconsentis par les pays de la FIAS pour neutraliser les soutiens dontdispose linsurrection au Pakistan, et considre que les forumsmultilatraux de discussion runissant les puissances intressespour examiner lavenir de lAfghanistan

    , etsouligne en outre que la crise des lections a suscit une profonde dception parmi la population afghane.

    23

    Un cot financier et humain lev

    ont t sous-employs.Sagissant de la situation scuritaire, le tableau prsent dans lerapport reste sombre. Alors que la corruption et les activits

    criminelles lies la drogue continuent de produire leurs effetsdltres sur la vie publique et que les milices des chefs de guerreconcurrencent les autorits rgulires, linsurrection a gard sacapacit daction dans les rgions pachtounes o elle jouit de sesappuis traditionnels. Elle demeure une menace considrable (erhebliche Bedrohung) pour les forces de scurit afghanes, dont3 450 membres ont t tus au cours des huit premiers mois de2014. En revanche, la FIAS est dsormais seulement la cibledattaques dopportunit ou de prestige . Les insurgsattendraient-ils le dpart des forces combattantes trangres pourlancer de grandes offensives ? La question reste ouverte. Enfin, il estsoulign dans le rapport que la solution au conflit afghan ne peut treque politique mais que le dialogue avec les talibans est au point mort.

    La dure et lampleur de la mission de la Bundeswehr en Afghanistanse refltent dans son cot budgtaire et humain. Jusquau 30 juin2013, les surcots de la participation allemande la FIAS se sontlevs au total 7 642,6 millions deuros24

    22 Labsence de transparence du dpouillement a conduit, aprs une mdiationamricaine, rpartir le pouvoir entre les deux candidats du deuxime tour : AshrafGhani, lu prsident, et Abdullah Abdullah, nomm chef du gouvernement.

    . Sur la base desvaluations des mandats parlementaires, on peut estimer environun milliard deuros les dpenses encourues au cours de la priodeallant de juin 2013 dcembre 2014. Si lon ajoute ces montants le

    23Parmi les forums cits dans le rapport, on relve notamment le Groupe de contactinternational prsid par lAllemagne, le processus dit du cur de lAsie (Heart-of-Asia process), et mme lOrganisation de coopration de Shanghai.24 Chiffres tirs dune rponse du gouvernement une question parlementaire(Bundestag, Drucksache 17/14491, 6 aot 2013).

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    cot de la participation allemande lopration Enduring Freedom,lAllemagne aura donc consacr plus de 9 milliards deuros(dpenses directes) ses oprations militaires en Afghanistanjusqu la fin de 2014. Sa participation la FIAS lui aura cotjusqu un milliard deuros par an au cours de deux priodesdistinctes, en 2002-2003 puis de 2010 2013. Le cot humain decette mission a galement t lourd pour la Bundeswehr. Le bilantabli en juillet 2014 faisait tat de 55 morts parmi les militairesallemands, dont 35 survenus lors de combats ou la suitedattentats.

    En 2010, linstitut dtudes conomiques DIW (DeutschesInstitut fr Wirtschaftsforschung) a tent dvaluer le cotconomique global de lengagement allemand en Afghanistan25

    Un engagement militaire significatif malgr desrestrictions lemploi de la force

    . Ilconclut un cot total de 18 33 milliards deuros dans lhypothsedun retrait en 2011. Il situe le cot annuel de cet engagement entre 2et 3 milliards deuros, soit un montant trs suprieur aux chiffres

    officiels publis pour lanne 2010, qui slevaient 1 059 millionsdeuros. Lvaluation du DIW sefforce dintgrer lensemble des cotsindirects de lintervention : entretien et remplacement du matrielmilitaire utilis, prise en charge des militaires blesss, assistance auxfamilles des militaires dcds, aide lAfghanistan en rapport avecle conflit. Cette approche trs extensive des cots associs unengagement extrieur peut paratre abusive. Elle reflte lesrticences dune fraction significative de lopinion allemande lgardde lhypothse mme dun envoi de la Bundeswehr en missionextrieure. Elle montre nanmoins que la participation aux oprationsmilitaires en Afghanistan a ncessit de la part de lAllemagne uneffort rel.

    La Bundeswehr sest efforce, tout au long de son engagement enAfghanistan, de limiter son empreinte militaire . Au cours despremires annes de sa mission, elle na engag que des moyensrelativement lgers. partir du milieu de la dcennie, son implicationdans des combats de plus en plus violents la cependant conduite

    renforcer progressivement son armement. Elle a alors entrepris dedployer une gamme puissante et diversifie de matriels qui lui ontdonn une capacit daction trs significative.

    Pour les moyens les plus lourds, la Bundeswehr a notammentdispos de vhicules blinds de combat dinfanterie Marder, de

    25T. Brck, O.J. de Groot et F. Schneider, Eine erste Schtzung der wirtschaftlichenKosten der deutschen Beteiligung am Krieg in Afghanistan, Berlin, Deutsches Institutfr Wirtschaftsforschung, DIW Wochenbericht , n 21, 2010, disponible sur :.

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    vhicules blinds de transport Fuchs, Dingo et plus rcemmentBoxer. En 2011, elle mettait en uvre 1 250 blinds divers. Elle napas dploy de blinds lourds de type Leopard (contrairement auxarmes canadienne ou danoise) en raison de la nature du terrainmais aussi pour ne pas donner la population civile limage dunearme doccupation. En revanche, elle a fait usage du puissant canonautomoteur Panzerhaubitze 2000 lors doprations offensivesconscutives des attaques diriges contre le contingent allemandfin 2010. Les moyens ariens ont essentiellement consist enaronefs de transport anciens : hlicoptres du type Sikorsky CH-53et avions Transall. Lhlicoptre de transport moderne NH 90 na tdploy que tardivement pour les vacuations sanitaires. En rglegnrale, lappui arien a t assur par des avions de combatamricains la demande du commandement tactique allemand.Lhlicoptre de combat moderne Tigre na pu tre engag quen2013 ; 12 hlicoptres de ce type en version appui ont t adapts

    aux conditions demploi tablies pour lAfghanistan (ils ont tquips de moteurs capables de supporter des tempratures levessur de longues dures, de filtres sable, darmes de dfensesupplmentaires et dun quipement de communication rpondantaux ncessits des missions multinationales). La Bundeswehr a parailleurs eu recours des moyens nationaux de reconnaissance : sixavions de reconnaissance Tornado de 2007 2010, des dronesMALE Heron de fabrication isralienne acquis en leasing, et desdrones tactiques (Luna, notamment). Lloignement du thtredoprations a ncessit une profonde adaptation de la logistique. Ladimension spatiale a galement t mise profit par la Bundeswehrtant pour les besoins de la reconnaissance (satellites radars SAR-

    Lupe et accs aux satellites franais optiques Hlios 2) que descommunications (satellites ComSat 1 et 2 depuis 2011). Au total,cest une gamme diversifie de moyens qui a t mise en uvredans des conditions tactiques parfois difficiles (du fait des combatsmais aussi des contraintes du terrain et du climat).

    Cest sans doute dans le domaine de laction de combat quelintervention en Afghanistan a eu le plus de rpercussions sur laBundeswehr. Comme la soulignUrsula von der Leyen, ministre dela Dfense, devant le Bundestag26, la Bundeswehr a t pendantdes annes marque par la mission en Afghanistan . Compte tenudes rotations, le nombre de militaires ayant pris part cet

    engagement est en effet lev de lordre de 130 000 si lon compteaussi les affectations aux fonctions de soutien en dehors du thtredoprations27

    26Bundestag, Plenarprotokoll18/69, 26 novembre 2014.

    . La Bundeswehr y a appris non seulement combattreune menace asymtrique srieuse, mais aussi participer laplanification doprations multinationales aroterrestres de grandeenvergure. Ltat-major allemand a planifi et conduit des oprations

    27 Voir le document dat du 7 octobre 2014 disponible sur : .

    http://www.afghanistan-connection.de/wp-content/uploads/2014/10/Antwort-BMVg.pdfhttp://www.afghanistan-connection.de/wp-content/uploads/2014/10/Antwort-BMVg.pdfhttp://www.afghanistan-connection.de/wp-content/uploads/2014/10/Antwort-BMVg.pdfhttp://www.afghanistan-connection.de/wp-content/uploads/2014/10/Antwort-BMVg.pdfhttp://www.ifri.org/
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    offensives (par exemple lopration Halmazag dans la rgion deKunduz en octobre 2010). De ce fait, un nombre lev danciensdAfghanistan occupent des postes responsabilit au sein de laBundeswehr ; certains conseillent la ministre de la Dfense. Ilconvient galement de mentionner lemploi des forces spcialesallemandes, notamment dans le cadre de lopration EnduringFreedom. Il sagit, pour lessentiel, dune capacit militaire de crationrcente en Allemagne, dont le commandement na t mis en placequen 1996, aprs lunification allemande. Les oprations enAfghanistan ont permis daccrotre sensiblement la valeuroprationnelle de ces forces.

    Un des aspects les plus discuts de lengagement allemand at le recours la force. Les militaires de la Bundeswehr sont en effetlis par les plans dopration et les rgles dengagement de lOTAN,mais ils doivent en outre respecter des prescriptions nationalesconcernant le recours la force, couramment dsignes au sein de

    lOTAN sous le terme caveats ou rserves . Ces prescriptionssont tablies en Allemagne par le ministre de la Dfense et noncentles modes licites dutilisation de la force pour les besoins delaccomplissement de la mission ou au titre de la lgitime dfense.Elles sont transcrites sur une fiche de poche (Taschenkarte) que lemilitaire doit garder sur lui au cours des oprations. Ce documentclassifi est priodiquement rvis. Il semble que les contraintesimposes par la fiche de poche aient t assouplies au cours delengagement de la Bundeswehr en Afghanistan28

    Le dernier rapport sur les progrs de lAfghanistan mentionn plus haut aborde directement la question des caveats enreconnaissant que ces rserves peuvent porter prjudice lunit ducommandement oprationnel. Cependant, cette pratique estdfendue dans le rapport, qui distingue deux cas de figure : celui oles rserves peuvent tre intgres aux rgles dengagement delensemble de la force, et celui o elles sont directement lies auxconditions poses par certaines nations (lAllemagne en particulier) leur participation. Dans le premier cas, les rserves devraient, selonle rapporteur, tre imposes lensemble des militaires de la force ;dans le second, elles devraient tre dclares au commandement qui

    serait alors tenu den tenir compte pour la dtermination des missionsoprationnelles du contingent national concern. Si cette deuximeapproche tait retenue, le contingent allemand se verrait alorscantonn aux missions les moins offensives, ce qui rduirait sa valeuroprationnelle aux yeux du commandement.

    . Toutefois, lerecours la force demeure assorti de conditions rigoureuses : il doitrester proportionnel , adapt , ncessaire et ne doitconstituer quun moindre mal.

    28Voir ce sujet le rapport de la commission denqute sur la frappe arienne deKunduz, op. cit.

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    Ladaptation de la Bundeswehr aux oprationsextrieures dans un cadre budgtaire contraint

    La rforme ou rorientation (Neuausrichtung) de la Bundeswehr,adopte par le Bundestag le 24 mars 2011, a largement tenu comptedes enseignements de lintervention allemande en Afghanistan. Elle apour objet principal de mieux adapter la Bundeswehr aux exigencesdes oprations extrieures et prvoit de doter lAllemagne dunecapacit de projection de 10 000 militaires pour des missions delongue dure dans des territoires lointains. Elle sest accompagnede la suspension du service militaire et doit permettre de rajeunir,professionnaliser et rduire le format de la Bundeswehr, dont leseffectifs sont ramens 185 000 militaires (dont 15 000 volontaires)et 55 000 personnels civils. Nanmoins, elle vise aussi raliser desconomies budgtaires dun montant de 8,3 milliards deuros

    jusquen 2015.Les consquences sur les capacits des forces armes

    allemandes paraissent contrastes. La rforme prvoit que laBundeswehr restera dote de toutes les capacits ncessaires auxoprations extrieures malgr la rduction de son format (principe dela priorit du maintien dun large ventail de capacits sur le volumedes forces : Breite vor Tiefe). Dans cette perspective, elle taitcense amliorer les procdures dacquisition de matriel. De grandsprogrammes ont en effet connu, au cours des annes 2000, desrieuses difficults, et lun dentre eux, qui devait permettrelacquisition dun drone HALE Eurohawk sous licence amricaine, a

    d tre abandonn aprs une dpense de lordre de 600 millionsdeuros. Les rsultats des efforts damlioration de la gestion desprogrammes darmement ont cependant t dcevants : denombreux matriels ne rpondent pas aux spcifications attendues,leur livraison accuse dimportants retards, leurs cots sontconstamment rviss la hausse. La ministre de la Dfense,Ursula von der Leyen, a donc fait appel lexpertise de trois cabinetsdaudit, qui lui ont rendu le 30 septembre 2014 un rapport danalyseportant sur neuf grands programmes dun montant global de50 milliards deuros. Sur la base des rsultats de cette analyse, laministre sest engage introduire de nouvelles mthodes de gestiondes programmes courant 2015. Malgr ces difficults de gestion des

    quipements, les matriels fournis la Bundeswehr, pour ce quiconcerne les oprations en Afghanistan, semblent avoir globalementrpondu aux besoins. Ils ont pu tre adapts lorsque ctaitncessaire mais avec beaucoup de retard (voir le cas de lhlicoptreTigre voqu plus haut). La mise en place de programmesdamlioration de la protection des blinds peut galement trementionne.

    La question des lacunes capacitaires de la Bundeswehrest vivement dbattue. Certains responsables politiques lassocientau contenu des missions. Cest ainsi que Rainer Arnold, porte-parole

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    Budget de la dfense pour les annes 2013 (dpenses ralises) et2014 (dpenses inscrites dans la loi de finances)

    (en mill ions deuros)

    Dpenses ralises

    en 2013

    Loi de finances pour

    2014Ministre 416 425

    tats-majors 9 161 8 653

    Administ ration de laBundeswehr 4 310 3 393

    Autres dpenses defonctionnement 2 026 2 059

    Entretien programmdes matriels 2 216 2 315

    Entretien et

    construction descasernements

    4 692 4 871

    Acquis it ion dematriels 3 268 4 375

    Recherche-dveloppement 1 057 952

    Pensions 5 063 5 136

    Total (y comprisdpenses surressources propres)

    32 814 32 435

    La forte rduction du format de la Bundeswehr na pasentran dallgement des dpenses de fonctionnement en raison dela hausse des cots de personnel par tte, due notamment laprofessionnalisation. Par consquent, les crdits disponibles pourlquipement et lentretien des matriels ne progressent pas. Leniveau des crdits dentretien en particulier ne permet pas de faireface aux besoins de manire satisfaisante. La diversit des types dematriels et leur anciennet alourdissent les cots dexploitation etrduisent nant les conomies que la rduction de leur nombredevait gnrer.

    Il semble que leffort dconomie demand la Bundeswehratteigne aujourdhui ses limites. Dans le dbat parlementaire sur lebudget de la dfense, la ministre de la Dfense a dailleurs soulignque la Bundeswehr ne pouvait pas tre la hauteur des dfis descurit actuels cot nul (zum Nulltarif). Elle ne semble pasavoir t soutenue par la chancelire, mais il convient de relever quele budget de la dfense pour 2015 a t augment de 713 millionsdeuros au cours de la discussion parlementaire, atteignant ainsi32,97 milliards deuros, pensions comprises. Plusieurs lmentsplaideraient par ailleurs en faveur dun maintien voire dun relvement

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    modr du budget de la dfense (du moins si la situation financirede lAllemagne reste bonne) :

    la concomitance du retour de la Russie comme acteurpotentiellement hostile avec la persistance des risques sur les

    thtres extra-europens ;

    les engagements pris au sein de lOTAN, notammentla promesse des 28 tats membres, annonce au derniersommet de Newport, de consacrer 2 % de leur PIB national la dfense ;

    la constitution, dans ce cadre, dune forceoprationnelle interarmes trs haut niveau de prparation(Very High Readiness Joint Task Force- VJTF), dans laquellela participation allemande doit tre dterminante ;

    laccumulation des programmes dquipement encours malgr les rductions de cible dcides dans le cadrede la rforme de la Bundeswehr ;

    le poids toujours significatif de lindustrie darmementallemande qui a besoin du march national (ou europen)pour asseoir ses performances lexportation ;

    la volont de matriser les technologies cls dedfense, par exemple dans le domaine de la scurit dessystmes dinformation ou du renseignement.

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    Conclusion

    La mission allemande en Afghanistan a scell dans les faits latransformation de la Bundeswehr en arme doprations .Lopinion allemande aurait pu sopposer cette volution. Elle resteen effet trs rticente au principe mme de lengagement de laBundeswehr dans des missions extrieures. Selon un sondageralis en avril et mai 2014 par linstitut TNS Infratest la demandede la Fondation Krber, seuls 13 % des Allemands estiment que

    lAllemagne doit sengager plus fortement dans ce typedoprations31

    Ds lors que lAllemagne entend poursuivre sa politiquedengagement militaire extrieur, une explicitation plus dtaille durle futur de la Bundeswehr et de sa doctrine demploi restecependant ncessaire pour faire en sorte que les oprationsextrieures bnficient, au sein de lopinion, du soutien minimumindispensable. Elle est galement ncessaire pour nourrir le dbatstratgique au sein de lUnion europenne et de lAlliance atlantique.On a vu, lors de lengagement en Afghanistan, combien il a parfoist difficile pour lAllemagne de faire partager ses partenaires sesproccupations quant au calendrier et au contenu des actions mener, notamment dans le domaine militaire. Les principes directeursde la politique de dfense tablis en 2011 ne semblent pas fournir uncadre analytique suffisamment dvelopp. Au vu des donnesnouvelles de lenvironnement stratgique, ils doivent en tout tat decause tre adapts. Ltablissement dun nouveau Livre Blancallemand, comme vient de le proposer la ministre de la Dfense,pourrait donc tre utile.

    . Pourtant, malgr les pertes subies par les forcesallemandes, les victimes civiles afghanes causes par certainesactions de la Bundeswehr (ou dautres armes de la FIAS ou de lamission Enduring Freedom) et le cot des oprations, aucun grandmouvement de protestation na t observ en Allemagne.

    31 Sondage disponible sur : .

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    Notes du Cerfa

    Publie depuis 2003 un rythme mensuel, cette collection estconsacre lanalyse de lvolution politique, conomique et socialede lAllemagne contemporaine : politique trangre, politiqueintrieure, politique conomique et questions de socit. Les Notesdu Cerfa sont des textes concis, caractre scientifique et denature policy oriented. linstar des Visions franco-allemandes ,les Notes du Cerfa sont accessibles sur le site Internet du Cerfa,

    o elles peuvent tre consultes et tlcharges gratuitement.

    Dernires publ ications du Cerfa

    Hans Brodersen, Vers le grand large ? Le commerce extrieurallemand entre lUE et les BRICS, Note du Cerfa , n 117,novembre 2014.

    Pierre Zapp, Un nouvel Agenda pour lAllemagne ?Comprendre les dfis conomiques et sociaux, Note du Cerfa ,n 116, septembre 2014.

    Michel Drain, La dimension parlementaire de la politique dedfense allemande, Note du Cerfa , n 115, aot 2014.

    Camilla Bausch, Matthias Duwe et Benjamin Grlach, LaPolitique climatique et nergtique du gouvernement fdralallemand. Contribution au dialogue franco-allemand, Note duCerfa , n 114, juillet 2014.

    Elise Julien, Asymtrie des mmoires. Regard franco-allemand sur la Premire guerre mondiale, Vision franco-allemande , n 24, juillet 2014.

  • 8/10/2019 Lengagement de La Bundeswehr en Afghanistan : quels enseignements pour la politique de dfense allemande ?

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    Le Cerfa

    Le Comit dtudes des relations franco-allemandes (Cerfa) a tcr en 1954 par un accord gouvernemental entre la Rpubliquefdrale dAllemagne et la France. Le Cerfa bnficie dunfinancement paritaire assur par le ministre des Affaires trangreset europennes et lAuswrtiges Amt ; son conseil de direction estconstitu dun nombre gal de personnalits franaises etallemandes.

    Le Cerfa a pour mission danalyser les principes, lesconditions et ltat des relations franco-allemandes sur le planpolitique, conomique et international ; de mettre en lumire lesquestions et les problmes concrets que posent ces relations lchelle gouvernementale ; de trouver et de prsenter despropositions et des suggestions pratiques pour approfondir etharmoniser les relations entre les deux pays. Cette mission se traduitpar lorganisation rgulire de rencontres et de sminaires runissanthauts fonctionnaires, experts et journalistes, ainsi que par destravaux de recherche mens dans des domaines dintrt commun.

    Hans Stark assure le secrtariat gnral du Cerfa depuis 1991

    et il est responsable de la publication des Notes du Cerfa et des Visions franco-allemandes . Nele Wissmann est charge demission dans le cadre du projet Dialogue davenir . Lea Metke estcharge de projets au sein du Cerfa.