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L'Enseignement technique et professionnel: étude …unesdoc.unesco.org/images/0013/001349/134998fo.pdf · sitant le recours à de nombreux termes techniques, ne saurait être parfait

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MONOGRAPHIES SUR L’ÉDUCATION - VI

Dans cette collection :

1. II.

III. L’enseignement polytechnique en URSS (directeur de publication :

IV. Nouvelles tendances dans l’éducation des adultes : d‘Elseneur à Montréal,

V. Psychopédagogie des moyens audio-visuels dans l’enseignement du premier

VI. Penreignement technique et professionnel, par Hugh Warren.

L’éducation des adultes en Yougoslavie, par M . David. Programmes et plans d‘étuhs dans l’enseignement primaire, par Robert Dottrens.

S. G. Chapovalenko).

par A. S. M . Hely.

degré, par G. Mialaret.

LJENSEIGNEMENT TECHNIQUE

ET PROFESSIONNEL Étude comparative dans dix pays

par Hugh WARREN 4

U N E S C O

Publié en 1968 par L’Organisation d9s Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture,

place de Fontenoy, Pari~-7~ Imprimerie Firmin-Didot

. - 0 Unesco 1968 ED. 66/XVI.6/F

P R É F A C E

Dans le cadre de ses services d‘échanges d‘informations sur l’éducation, 1’ Unesco publie des enquêtes et études sur l’organisation de divers systèmes d’enseignement. L’enseignement technique et professionnel, ainsi qu’en témoignent les

nombreuses demandes de renseignements r e p s par le Secrétariat, prend chaque jour une importance croissante pour les Etats membres de 1’Orga- nisation. Il a donc paru opPoriun de comparer entre eux les dafférents systèmes en vigueur dans dix pays dont I’ex@érience dans ce domaine est considérable, et d‘en dégager les principales caractéristiques.

la prtjjaration de cette étude, en raison de sa grande exkérience de l’enseignement technique. En effet, l’auteur a eu l’occasion d‘observer personnellement la situation de cet enseignement dans la plupart des pays faisant l’objet de la présente monographie. Certes, un tel ouvrage, basé sur des documents en neuf langues et néces-

sitant le recours à de nombreux termes techniques, ne saurait être parfait et l’emploi de la méthode comparative ne répond pas ici au désir d‘opérer des classements par ordre de mérite, mais à celui d’apprécier la contribution de chaque pays à la solution d’un problème général. C’est d’ailleurs bien dans cet esprit qu’il convenait de faire des comparaisons : aucun pays ne détient à lui seul les meilleures méthodes, chacun a quelque chose à apprendre des autres et beaucoup à leur enseigner. Le Secrétariat sera toujours heureux de recevoir toutes suggestions qui

lui seraient utiles pour la préparation d‘autres publications de ce genre. Il va sans dire qw les opinions émises dans cette étude ne reJlètent pas nécessairement celles de l’lnner London Education Authority ou de 1’ Unesco.

Le Directeur général a conjé à M. Hugh Warren

I. M.Sc. (Eng.), M.I.C.E., M.I. Struct. E., directeur du South East London Technical College (Lewisham Way, Londres, S.E.4).

R E M E R C I E M E N T S

L’auteur tient à remercier ici tous ceux qui ont bien voulu lui prêter leur concours et exprime notamment sa reconnaissance : au professeur B.A. Kuzmin, qui a bien voulu rédiger les sections consacrées à l’URSS; au Dr Russel Beatty, directeur du Wentworth Institute de Boston, Massachusetts (États-Unis d’Amérique) ; au Dr Karl O. Wenvarth, directeur de la School of Engineering de Milwaukee, Wisconsin (États-Unis d’Amérique), qui l‘ont aidé à élucider certains points de détail concernant l’enseignement et la formation donnés aux États-Unis; à M. Ch. Dolladille, inspecteur principal de l’enseignement technique (France), qui lui a fourni de la documentation et des statistiques; à 1’Inner London Education Authority et aux administrateurs du South East London Techni- cal College, auxquels il doit d’avoir pu entreprendre cette tâche et se rendre dans plusieurs des pays objets de cette étude; aux commissions nationales pour l’Unesco, qui, dans leurs pays respectifs, lui ont fourni des documents et des informations.

T A B L E D E S M A T I È R E S

Introduction . . . . . . . . . .

Chapitre Ier . Les systimes d’enseignement général . . .

République Fédérale d’Allemagne . . . . . États-Unis d’Amérique . . . . . . . . France . . . . . . . . . . . Italie . . . . . . . . . . . Pays-Bas . . . . . . . . . . . Royaume-Uni . . . . . . . . . Suède . . . . . . . . . . . Tchécoslovaquie . . . . . . . . . Union des républiques socialistes soviétiques . . . Yougoslavie . . . . . . . . . .

Chapitre II . L’enseignement professionnel et la formation des travailleurs qua1ijé.s . . . . . .

République fédérale d’Allemagne . . . . . États-Unis d’Amérique . . . . . . . France . . . . . . . . . . . Italie . . . . . . . . . . . Pays.Bas . . . . . . . . . . . Royaume-Uni . . . . . . . . Suède . . . . . . . . . . . Tchécoslovaquie . . . . . . . . . Union des républiques socialistes soviétiques . . . Yougoslavie . . . . . . . . . .

Chapitre III . L’enseignement technique et la formation du technicien . . . . . . . .

République fédérale d’Allemagne . . . . .

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1 IO

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Table des matières

États-Unis d'Amérique . . . . . . . .

Pays-Bas . . . . . . . . . . . Royaume-Uni . . . . . . . . .

Tchécoslovaquie . . . . . . . . . Union des républiques socialistes soviétiques Yougoslavie . . . . . . . . . .

France . . . . . . . . . . . Italie . . . . . . . . . . .

Suède . . . . . . . . . . .

. . .

Chapitre IV . L'accès à 1'enseignem:nt supérieur; la ((seconde voie )) . . . .

République fédérale d'Allemagne . .

Fi-ance . . . . . . . . Italie . . . . . . . .

États-Unis d'Amérique . . . .

Pays-Bas . . . . . . . . Royaume-Uni . . .

Tchécoslovaquie . . . . . .

Yougoslavie . . . . . . .

. . . Suède . . . . . . . .

Union des républiques socialistes soviétiques

Conclusion . . . . . . .

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Chapitre V . Objectqs et méthodes ; l'évolution des conditions . L'apprentissage et la formation du travailleur qualifié (artisanat) . . . . . . . . . .

L'apprentissage dans l'industrie . . . . . . L'apprentissage dans un établissement d'enseignement . Harmonisation . . . . . . . . . Les différents niveaux de techniciens . . . . . Notes et examens . . . . . . . . . Les professeurs et leur formation . . . . . . Les professeur polyvalents . . . . . . . Le personnel enseignant des cours du soir . . . . L'assistant de laboratoire . . . . . . . La machine i enseigner . . . . . . . L'enseignement professionnel pour jeunes filles . . .

Chapitre VI . Comparaisons et synthèse . . . . .

Les tendances communes de l'enseignement Les pays en voie de développement . . . . .

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Table ùcs matières

Annexe 1. Recommandation concernant l’enseignement technique et professionnel adoptée par la Conférence générale de l‘ Unesco, à sa douzième session, le II décembre 1962 (annexe) . . . . .

Annexe II. Programmes types pour l’enseignement profes- sionnel . . . . . . . .

République fédérale d’Allemagne . . . . . États-Unis d’Amérique . . . . . . .

Pays-Bas. . . . . . . . . . . Royaume-Uni . . . . . . . . .

France . . . . . . . . . . . Italie . . . . . . . . . . .

Suède . . . . . . . . . . . Tchécoslovaquie . . . . . . . . . Union des républiques socialistes soviétiques . . . Yougoslavie . . . . . . . . . .

Annexe III. Programmes types pour l’enseignement technique .

Républiquefédéraled’Allemagne . . . . . États-Unis d’Amérique . . . . . . . France . . . . . . . . . . . Italie . . . . . . . . . . . Pays-Bas . . . . . . . . . . . Royaume-Uni . . . . . . . . . Suède . . . . . . . . . . . Tchécoslovaquie . . . . . . . . .

Union des républiques socialistes soviétiques . . . Yougoslavie . . . . . . . . . .

Annexe IV. Exemples d’épreuves impliquant un choix ou d’autres épreuves de forme c objective x employées dans les examens (États- Unis d’Amérique) . .

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I N T R O D U C T I O N

Le milieu matériel dans lequel nous vivons, les instruments de notre travail quotidien, les denrées que nous consommons, et parfois même l’air que nous respirons, sont le résultat du progrès technique. D e même la prospérité économique d’une nation, son niveau de vie, ses possibilités de croissance et sa sécurité dépendent, dans une très large mesure, de l’efficacité de son système d’enseignement technique et de la somme d’efforts et d’argent que la nation considérée est prête à consacrer à cet enseignement. L’enseignement technique est loin d’être le seul facteur du développement économique d’une nation, mais il en est sans aucun doute l’un des principaux éléments. Jusqu’à ces dernières années cependant, les efforts de réflexion

et de planification visant à améliorer la structure et les méthodes de cet enseignement ne dépassaient guère le niveau du sub- conscient. Aujourd’hui encore, le secteur de la formation techni- que et professionnelle reste inconnu de beaucoup dadministra- teurs, voire de certains éducateurs; et, même s’ils connaissent bien les détails du système en vigueur dans leur propre pays, les spécialistes sont rarement au courant de ce qui se fait à l’étranger. La raison en est facile à comprendre. La complexité des modes de progression, la multiplicité des programmes de préparation à telle ou telle profession, la diversité des niveaux de formation, l’empreinte spécifique de l’histoire, de la tradition et des idées sociales sur chaque système d’enseignement, constituent un ensemble qui peut à première vue sembler incohérent. Pourtant, l’étude comparative qui permettrait d’améliorer

la compréhension internationale dans ce domaine est devenue depuis quelques années, et sera de plus en plus dans l’avenir, une nécessité fonctionnelle. La migration de travailleurs quali- fiés à l’intérieur de certaines zones, notamment entre les pays de la Communauté économique européenne, de la péninsule scandinave, de l’Europe orientale, de l’Amérique du Nord, en

I I

Iniroduction

rendant nécessaire une certaine équivalence des diplômes, a déjà suscité d’intéressantes mesures de coopération, par exemple celles qu’a prises 1’Engineers CounFil for Professional Develop- ment pour uniformiser, entre les Etats-Unis et le Canada, les conditions d’admission dans les écoles d’ingénieurs. On envisage également d’harmoniser à l’intérieur de la Communauté éco- nomique européenne les titres professionnels des travailleurs qualifiés. D’autre part, ceux qui dans le domaine de l’enseignement

technique sont appelés à conseiller les pays en voie de développe- ment seront en mesure de le faire d’une manière plus efficace s’ils connaissent déjà - pour les avoir appliqués, par exemple - les systèmes en vigueur dans de nombreux pays, Cette connais- sance leur sera particulièrement utile si la structure élaborée dans leur propre pays ne se prête pas à une transplantation directe Nous n’avons pas cherché dans la présente étude à donner des

détails sur tel ou tel programme de formation, car, exposer comment on prépare, dans dix pays, à quelque six cents métiers ou professions constituerait en effet une tâche encyclopédique. Nous avons seulement voulu proposer au lecteur un tableau synoptique des systèmes en vigueur dans les dix pays considérés, et le mettre en mesure de comparer, dans leurs grandes lignes, ces divers systèmes. Les chapitres 1, II, III et IV sont subdivisés par pays, tandis que les chapitres v et VI sont consacrés à des comparaisons et à l’examen des tendances actuelles. Certes, une étude au domaine ainsi restreint ne peut être

nettement délimitée. En effet, les liens existants entre la formation industrielle, l’enseignement supérieur, l’éducation des adultes, l’enseignement secondaire général et la formation des maîtres sont tels qu’il est difficile d’établir une délimitation précise de ces différents enseignements. La formation des maîtres pourrait faire à elle seule l’objet d’une étude comparative distincte très complète, et il n’en sera traité ici que subsidiairement. Enfin, la question qui domine toutes les autres, celle des rapports

entre la technique et les hommes, soulève trop de problèmes philosophiques pour qu’elle puisse être examinée ici, malgré l’inté- rêt que présenterait cet examen et le soutien qu’il apporterait aux efforts de (( libéralisation )) de l’enseignement technique. La place et le but à assigner à l’enseignement technique et

professionnel ne sauraient être mieux définis, aux fins internatio- nales, qu’ils ne le sont au paragraphe 7 de la recommandation adoptée, en 1962, par la Conférence générale de l’Unesco : (( L’enseignement technique et professionnel devrait constituer une partie intégrante du système général d’éducation et, à ce titre,

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Introduction

une attention particulière devrait être accordée à sa valeur . culturelle. Il devrait dépasser une simple préparation à l’exercice d’une profession déterminée visant à faire acquérir à l’étudiant les compétences et les connaissances théoriques strictement néces- saires à cet effet; il devrait, conjointement avec l’enseignement général, assurer le développement de la personnalité, du caractère et des facultés de compréhension, de jugement, d’expression et d’adaptation. A cette fin, il conviendrait de porter le contenu culturel de l’enseignement technique et professionnel à un niveau tel que la spécialisation inévitable n’empêche pas l’épanouisse- ment d’intérêts plus vastes l. )) La technologie elle-même ne saurait constituer qu’un moyen

et non une fin. Une éducation authentique, à quelque secteur d’activité qu’elle se rattache, doit porter aussi bien sur les fins à atteindre que sur les moyens à employer; car c’est seulement ainsi que l’homme pourra réaliser pleinement ses possibilités d’accom- plissement.

1. Enseignement et formation techniques et professionnels : recommandatiuns de l‘Unesco et de l‘Organisation internationale du travail, Pans, Unesco, Genève, BIT, 1962, 42 pages.

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C H A P I T R E P R E M I E R

LES SYSTÈMES D’ENSEIGNEMENT GÉNÉRAL

La présente étude n’a pas pour objet d’évaluer les systèmes d’enseignement général qui existent dans les divers pays considérés, mais il est nécessaire de connaître les principales caractéristiques de ces systèmes pour situer en perspective la structure de l’ensei- gnement technique. En outre, les réformes de l’enseignement ont, dans certains pays, profondément modifié les conditions d’admission dans les premières classes de l’enseignement techni- que. Les spécialistes de cet enseignement doivent donc, pour se faire

une idée d’ensemble, connaître le dernier état de la méthode et des principes appliqués par chaque pays en matière d’enseigne- ment. L’inverse est également vrai : les professionnels de l’ensei- gnement général doivent avoir quelques notions non seulement des possibilités qu’offre l’université, mais aussi des possibilités plus nombreuses qui existent maintenant dans l’enseignement profes- sionnel et technique supérieur. Il n’y a, bien entendu, aucune ligne de démarcation précise

entre l’enseignement général et l’enseignement technique, et il ne doit pas y en avoir. Le premier a pour objet de cultiver l’esprit afin de le mettre en harmonie avec le monde, le second de modifier le monde matériel pour qu’il réponde mieux aux aspirations de l’esprit. Cela signifie, non qu’ils s’opposent, mais bien plutôt qu’ils sont complémentaires. O n trouvera des renseignements plus détaillés sur la structure

administrative de chaque pays, ses statistiques de base et ses services d’éducation dans de nombreuses études nationales qui font autorité, et dans certaines publications régionales ou internatio- nales, dont la plus complète est L’kdwation dam le monde1 publiée par l’Unesco.

1. L’éducation dans le monde; vol. 1, II, III et IV, Paris, Unesco, 1955, 1960. 1963, 1968.

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Les systèmes d’enseignement général

L’annexe 1 reproduit des exemples extraits de la recommanda- tion de l’Unesco concernant les programmes d’enseignement et de formation techniques et professionnels qui répondent aux besoins des diverses catégories d’élèves, selon le niveau des études générales qu’ils ont faites antérieurement.

R É P u B LI QUE F É D É R A L E D ’ ALLEMAGNE

ADMINISTRATION

En la République fédérale d’Allemagne, l’enseignement relève des Lander l, qui sont au nombre de I I (en comptant les cités- États de Berlin, Brème et Hambourg). Il n’existe pas de Ministère fédéral de l’éducation, mais divers arrangements ont été conclus entre les Lander en matière de consultations, de documentation et de statistiques.

et Gemeinde 3, ou des orga- nismes privés fournissent parfois aux écoles des locaux et du maté- riel; mais le personnel enseignant, les programmes et les méthodes pédagogiques relèvent du Land, agissant par l’entremise de bureaux locaux ou régionaux. Conformément à la loi du G juillet 1938, la scolarité à plein temps

est obligatoire pour les enfants âgés de G à 14 ans. A Brème, à Hambourg, dans le Schleswig-Holstein, à Berlin-Ouest et en Basse-Saxe, l’obligation scolaire s’étend désormais jusqu’à I 5 ans. Jusqu’à 18 ans, les adolescents qui ne font pas d’études à plein temps sont tenus de suivre dans la journée des cours à temps partiel. L’enseignement primaire, ainsi que les cours obligatoires à

temps partiel de jour sont gratuits. Dans l’enseignement secondaire et technique, les frais de scolarité sont en voie de disparition et ont déjà été supprimés dans certains Lander.

Diverses autorités locales, Kreis

ENSEIGNEMENT PRIMAIRE

L’enseignement primaire est dispensé dans la Volksschule aux enfants de 6 à 14/15 ans. Les 4 premières années portent le nom de Grundschule et les 4 (ou 5) années suivantes celui d’oberstufe.

I. Lünder : 01 États n fédérés. 2. Kreis : districts. 3. Gemeinde : communautés.

IG

mbubliqrce fédérale d’dtlemagm

A IO ans, c’est-à-dire à la fin de la Grundschule, l’élève peut aborder l’un des cycles d’enseignement secondaire décrits ci-après. Certaines possibilités de transfert sont également offertes aux élèves âgés de 12 ans qui peuvent entrer notamment à la Mittelschule. S’il reste à la Volksschule, l’élève y poursuit ses études jusqu’à l’âge de 14 ou 15 ans. Dans la plupart des Lander l’élève peut, s’il le désire, poursuivre ses études pendant une année supplémentaire.

ENSEIGNEMENT SECONDAIRE

Le passage à l’enseignement du second degré s’effectue selon les aptitudes des élèves et leurs dons personnels, soit après la 4e, la 6 e ou la 7e année d’études primaires (accès à l’enseignement secon- daire : Gymnasium ou Mittelschule), soit après la 8e ou la ge année d’études primaires (accès à l’enseignement professionnel à plein temps : Berufsfachschule; ou à temps partiel : Berufsschule) l. Une orientation professionnelle dirige l’élève vers la formation qui lui convient.

Gymnmium. Cet établissement dispense un enseignement long qui conduit en g ans à l’Abitur, titre exigé pour entrer dans une université ou dans une Technische Hoschschule. Au Gymnasium, l’élève a le choix entre trois options principales : Altsprachliches (langues anciennes), Neusprachliches (langues vivantes) et Mathematisch-Naturwissenschaftliches (mathématiques-sciences) .

Mittelschule ou Realschule. Les élèves moins doués pour les études scientifiques ou le travail intellectuel ont à leur disposition la Mittelschule ou Realschule, qui les prépare en 6 ans, jusqu’à l’âge de 16 ans, à un certificat appelé Mittlere Reife. Bien qu’une ou plusieurs langues étrangères soient enseignées dans ces éta- blissements, les études y ont une base plus pratique que dans le Gymnasium. L’élève qui est sorti à 16 ans d’une Mittelschule peut trouver un emploi comme stagiaire (Praktikânt) et, après 2 années, il peut entrer dans une Ingenieurschule. Les autres élèves entrent directement dans une Fachschule pour y poursuivre leurs études à plein temps.

Berufsschule. Cette école dispense à temps partiel un enseigne- ment professionnel. L’élève qui, à l‘âge de 14 ou 15 ans, sort d‘une

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1. Education dans le monde, vol. III, Paris, Unesco, 1963, p. 191.

Les systèmes à'enseignement général

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R4ublique fédérale d’Allemagne

Volksschule, est tenu par la loi de fréquenter une Berufsschule, habituellement jusqu’à sa 18e année. 11 y poursuit sa formation générale et professionnelle pendant un jour par semaine, soit g heures environ. L’élève ambitieux peut aussi suivre des cours du soir dans une Berufsaufbauschule pendant trois ou quatre soirées par semaine, pour compléter l’enseignement de la Berufsschule. Ayant fait ces études, il pourra, s’il remplit certaines autres condi- tions, obtenir le Fachschulreife, certificat nécessaire pour entrer dans une Hohere Fachschule (ou Ingenieurschule ou Technikum) où il peut faire des études à plein temps.

Berufsfachschulen. Ces écoles professionnelles à plein temps, dont les cours durent de I à 3 ans, ont pour objet de préparer les élèves à l’exercice d’une profession. L’élève, ayant fréquenté l’un de ces établissements et terminé un stage pratique de 2 années, peut entrer dans une Fachschule. Une autre possibilité est offerte à l’élève. Dans certains Lander,

après avoir obtenu le Fachschulreife par l’une des deux voies indiquées ci-dessus, il peut demander à être admis dans un institut spécial où il obtiendra, en même temps que d’autres élèves adoles- cents ou adultes, le Hochschulreife (Abitur) qui donne accès à une université ou à une Technische Hochschule. Ces établissements spécialisés, où les études à plein temps durent 2 ans, sont appelés Institut zur Erlangung der Hochschulreife. Il existe aussi, à I’Abendgymnasium, des cours du soir répondant aux mêmes fins.

Ces diverses options permettent au diplômé de la Volksschule d’être admis dans une université, dans une Technische Hochschule ou dans une Inçenieurschule, grâce à des cycles successifs d’études à temps partiel ou à plein temps. Ces options font toutes partie d’une nouvelle formule mise au point après la guerre sous le nom de (( Der zweite Bildungsweg )) (la deuxième voie d’études). Ce système s’est développé surtout dans les régions industrielles de la Rhur, notamment dans le Land Nordrhein-Wastfalen.

Projet de réforme de l’enseignenient secondaire

Selon le plan de ce projet de réforme, l’enseignement secondaire comprendrait deux cycles : a) Hauptschule ou Realschule, constituant l’enseignement court; b) Gymnasium ou Studienschule, constituant l’enseignement long. Les élèves passeraient 6 ans à la Volkschule, les deux dernières années constituant le cycle d’orientation (Forderstufe) . Ensuite, sur la base d’un examen ultérieurement complété par l’étude de leurs dossiers individuels et des apprécia- tions de leurs professeurs, ils seraient dirigés vers :

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Les systèmes d’enreignement général

a) La Hauptschule, dispensant en 3 ans, puis en 4 ans, un enseigne- ment terminal; ou la Realschule, dispensant en 5 ans un ensei- gnement de préparation au Mittlere Reife, les élèves doués pouvant être transférés en cours de scolarité dans un Gymna- sium.

b) Le Gymnasium, où les études conduisent en 7 ans à l’Abitur, qui donne accès à l’université (les deux premières années d’enseignement des Gymnasium actuels - élèves de IO à 12 ans - seraient intégrées à l’enseignement primaire); ou la Studienschule : les établissements de ce type, qui est la variante classique du Gymnasium, continueraient à recevoir des élèves quittant l’école primaire à IO ans; seuls les enfants particulière- ment doués pour les études de philologie et d’histoire y seraient admis. L’étude du latin y serait obligatoire dès la première des g années, celle du grec ou du français s’y ajoutant ultérieure- ment. Ces études mèneraient à l’Abitur, donnant ainsi accès à l’université.

ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR

L’enseignement supérieur est dispensé dans les universités ou dans les Technische Hochschulen, ainsi que dans certains établissements plus particulièrement spécialisés. Les universités allemandes comprennent habituellement des facultés de philosophie, de théo- logie, de droit, de médecine et des sciences. Par ailleurs, la ten- dance est de créer des facultés spécialisées pour les sciences sociales. Certaines universités comprennent des facultés encore plus spécia- lisées, comme la faculté de pédagogie de la province de Hesse, par exemple. De nouvelles universités sont en voie de création; certaines se proposent d’introduire des variantes dans le concept traditionnel de l’enseignement universitaire. Les 8 Technische Hochschulen et la Technische Universitat

de Berlin dispensent des cours de formation professionnelle techno- logique. Le premier grade est le Diplom Ingenieur, mais tous les établissements assurent également d’autres cours pour ceux qui veulent poursuivre des études supérieures et s’adonner à des tra- vaux de recherche. Les Technische Hochschulen sont constituées en facultés sur le même modèle que les universités. L’enseignement supérieur jusqu’au niveau universitaire est

assuré dans les Ingénieurschulen qui préparent à un diplôme, celui d’ (( ingénieur diplômé ». Les ingénieurs occupent les postes les plus élevés dans les cadres intermédiaires de l’industrie. Les élèves les plus doués qui sortent des Ingenieurschulen ont la possibilité de continuer leurs études dans une Technische

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République fédérale d’Allemagne

Hochschule, après avoir obtenu le Facultatsreife. Afin d’assurer aux Ingenieurschulen le prestige qui leur convient, on étudie actuellement la possibilité de remplacer ce terme par celui de Inge- nieurakademie. Il existe également, au-dessous du niveau universitaire, d’autres

formes de Fachschulen ou Hohere Fachschulen qui préparent leurs élèves, généralement après un stage de travaux pratiques dans l’industrie, ou tout autre formation appropriée, à des emplois de niveau moyen (assistants sociaux, bibliothécaires, etc.). Il existe en outre des Padagogische Hochschulen (écoles supé-

rieures de formation pédagogique) qui acceptent les élèves titu- laires de 1’Abitur et qui se destinent à l’enseignement. Une fois diplômés, les élèves obtiennenr des postes d’enseignants dans les écoles primaires. Le niveau de ces établissements se situe entre celui de l’université et de l’Ingenieurschule, car les Padagogische Hochschulen n’acceptent en général que les titulaires de l’Abitur, et n’assurent pas d’autres cours pour ceux qui veulent poursuivre leurs études à un niveau supérieur; de ce fait, ces écoles n’octroient pas de diplômes supérieurs.

ÉDUCATION DES ADULTES

En Allemagne, l’enseignement des adultes est assuré, sous des formes $verses, par de nombreux organismes (Etats, commu- nautés, Eglises, syndicats, associations professionnelles, etc.). O n peut distinguer trois catégories principales d’enseignement : I. Enseignement pour adultes conduisant à des certificats d’un niveau supérieur, tels que le Mittlere Reife, obtenu à la fin des études primaires, l’Abitur, qui sanctionne les études du Mittel- schule; les Institut zur Erlangung der Hochschulereife, déjà cités, appartiennent à cette catégorie de même que d’autres établissements du Zweite Bildungsweg (voir plus haut). En général, les cours sont organisés par les autorités scolaires du Land, mais il existe également dans cette catégorie des cours par correspondance et à temps partiel dispensés par des orga- nismes privés.

2. Enseignement pour adultes visant à une formation pratique permettant d’exercer un métier ou une profession. Cet enseigne- ment prévoit des cours de langues étrangères pour les professions commerciales, des cours de comptabilité, de même que des cours de perfectionnement à l’intention des travailleurs qua- lifiés qui peuvent ainsi se familiariser avec les techniques nou- velles, et des ingénieurs en titre afin qu’ils puissent être informés des procédés technologiques nouveaux et de leur théorie. En

21

Les -ystèms d’enseignement gédral

fait, presque toute la formation des Technikern (techniciens subalternes) se fait dans cette catégorie grâce à des cours du soir.

3. Enseignement pour adultes ayant pour objet d’enrichir la culture personnelle des participants et de développer en eux le sens de leurs responsabilités politiques et civiques.

Ce sont les Volkshochschulen (écoles populaires) qui dispensent pour la plupart ce type d’enseignement, soit sous forme de cours du soir ou de cours de plus longue durée donnés dans les Heim- volkshochschulen, ceux-ci assurant l’hébergement des participants moyennant une contribution modeste, et souvent même symboli- que, aux frais.

É TA TS - u N I s D ’A MÉ R I QUE ADMINISTRATION

L’éducation est essentiellement du ressort des divers États et ne relève pas directement du gouvernement fédéral. Il existe cepen- dant, au sein du United States Department of Health, Education and Welfare, un Bureau fédéral de l’éducation qui, par divers moyens et notamment par l’octroi de subventions et de prêts, exerce dans chaque Etat une influence appréciable sur l’enseigne- ment, et plus particulièrement sur l’enseignement technique et professionnel. D’autres services fédéraux, notamment le Veterans’ Administra-

tion (l’Administration des anciens combattants) et les ministères de l’agriculture et de la défense nationale, dépensent de leur côté des crédits importants, pour des types particuliers d’enseignement. En 1959, les dépenses engagées pour l’éducation par le gouverne- ment fédéral se sont ainsi élevées à 2 milliards 400 millions de dollars. Sur cette somme, 738 millions de dollars - dont 41 mil- lions pour l’enseignement professionnel - s’imputaient sur le budget du Bureau fédéral de l’éducation. La même année, le total des dépenses- afférentes à l’éducation, à l’échelon fédéral et à l’échelon des Etats, a représenté 27 milliards 300 millions de dollars, soit 5,41 % du produit national brut. L’ensejgnement relève en dernier ressort du gouvernement de

chaque Etat, mais son administration est assurée par les (( conseils scolaires )) locaux (school boards). Les membres d’un (c conseil scolaire )) peuvent être élus (86 %) ou nommés (14 %) mais, en général, ils ne dépendent pas de l’administration d! comté ou de la Ville. Les districts (subdivisions politiques des Etats) sont de

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Éiats- Unis d’Amérique

faible étendue; en 1959/1960, il y en avait encore 21 go0 qui comptaient chacun moins de 50 enfants; mais des efforts sont déployés actuellement pour les grouper en circonscriptions plus larges. En 1957/1958, le nombre des circonscriptions scolaires était de 48 000.

ENSEIGNEMENT PRIMAIRE ET SECONDAIRE

La fréquentation scolaire est obligatoire depuis l‘âge de 6, 7 ou 8 ans, jusqu’à celui de I 7 ou 18 ans, selon les lois propres à chaque Etat. A l’heure_actuelle, l’obligation scolaire s’applique, dans les deux tiers des Etats, aux enfant âgés de 7 à 16 ans mais, en fait, 80 y. des jeunes gens continuent à fréquenter l’école jusqu’à l’âge de I 8 ans, accomplissant ainsi I 2 années d’études.

Ces douzes années se subdivisent ou bien en 8 années d’études primaires et 4 années d’études secondaires (30 y. des high schools - écoles secondaires - étant organisées sur cette base), ou bien en 6 années d’études primaires et 6 années d’études secondaires. La plupart des Etats ont adopté ce second système. L’enseignement secondaire de 6 années peut être assuré de façon continue dans une seule high school, ou être divisé en 3 années d’études dans une junior high school (école secondaire du premier cycle) et 3 années dans une senior high school (école secondaire du deuxième cycle).

ENSEIGNEMENT SECONDAIRE

La plupart des écoles secondaires sont du type polyvalent; elles accueillent tous les enfants du district, quelles que soient leurs aptitudes. Cependant, dans les grandes agglomérations urbaines, on opère parfois des sélections qui aboutissent à la répartition des enfants entres les divers types d’établissements ci-après :

Écoles secondaires d’enseignement général (ou de préparation aux études universitaires) : General or college-preparatory high schools. Ces écoles sont les plus répandues et, quand il y a sélection, ce sont les enfants les mieux doués qui y sont admis et la majorité d’entre eux pour- suivent ensuite leurs études dans les collèges universitaires.

Écoles secondaires d‘enseignement technique : Technical high schools. Ces écoles reçoivent en nombre appréciable les enfants les plus doués, dont certains iront dans un collège universitaire; elles dispensent un enseignement technique, la théorie y étant complétée par la formation pratique à un métier manuel, et diffèrent ainsi des écoles d’enseignement général.

Les .ystèmes d'enseignement général

Ph.Dou Age

Études et recherches postdoctorales

n Années d'études

Écoles élémentaires ou primaires

Jardins d'enfants

1 Écoles maternelles ---- ------ --- ~ ~

Source: Office of Education, OE-10005-62-A.

ztats- Unis d’Amérique

Écoles secondaires de formation professionnelle : Vocational high schools. Ces écoles accueillaient autrefois les enfants d’intelligence médiocre, leur assuraient une formation professionnelle destinée à les préparer à des emplois de travailleurs qualifiés; le programme y faisait une place égale à l’instruction générale et à une formation professionnelle de caractère à la fois théorique et pratique. Ces écoles continuent aujourd’hui à appliquer à peu près le même pro- gramme, mais beaucoup d’entre elles peuvent maintenant exercer une certaine sélection et rejeter les candidats les moins qualifiés.

Ces divers établissements délivrent un certificat d’études secon- daires (High School Diploma) aux élèves âgés de I 7 à I 8 ans qui ont satisfait aux conditions requises et accumulé le nombre de (( grade points )) et de (( credits 1) nécessaire. O n peut, en sortant d’une high school entrer dans un collège

universitaire à 4 années d’études ou dans une université, ou bien dans un junior college ou un community college (établis- sement d’enseignement supérieur à 2 années d’études), ou dans un institut technique. Généralement, les élèves des écoles secondaires de formation professionnelle ne continuent pas leurs études en vue d‘entrer dans un collège universitaire, mais commencent leur apprentissage ou prennent directement un emploi de travailleur qualifié. Divers types d’enseignement complé- mentaire (études à temps partiel, cours du soir, etc.) ont pour but d’améliorer l’instruction générale des intéressés ou, conformément à la réglementation concernant l’apprentissage, de leur assurer un complément de formation qui leur sera utile dans leur métier. En application du National Defense Act de 1 9 5 8 (titre VIII) et

du Vocational Education Act de 1963, de nombreuses high schools appliquent des programmes hautement spécialisés visant à la for- mation de (( techniciens )); ces programmes peuvent s’adresser : a) en I ~e et 12e années de scolarité (au cours des deux dernières années de l’enseignement obligatoire) à des élèves de 16 à 18 ans, ou b) en 13e et 14e années de scolarité (après la fin de l’enseigne- ment secondaire de 6 ans) à des éIèves de 18 à 20 ans. Ces pro- grammes sont décrits de façon plus détaillée au chapitre III.

ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR

Aux États-Unis, les établissements d’enseignement supérieur accueillent, en première année, environ 35 y. du groupe d’âge intéressé, et 18 y. de ce contingent obtiennent un Bachelor’s Degree à l’issue de 4 années d’études. Il n’existe pas ici de nomenclature normalisée, les usages variant

Les systdrnes d’enseigmement ghéral

d’un État à l’autre. Mais, en général, les universités et collèges (les (( liberal arts colleges »), les écoles normales (enseignement général), les instituts de technologie, les instituts de théologie et les écoles professionnelles appliquent un programme de 4 ans conduisant à un Bachelor’s Degree, tandis que les junior colleges, les community colleges et les instituts techniques appliquent des programmes de 2 ans conduisant à un Associate Degree ou à un autre diplôme. Il y a plus de 2 ooo établissements d’enseigne- ment supérieur dont 600 environ appliquent un programme qui s’étend sur 2 années seulement. Pour accéder à l’enseignement supérieur, il faut être au moins

titulaire d’un High School Diplorna, mais, en général, on demande également aux candidats de justifier d’un certain nombre de (( credits 1) dans des matières déterminées, garantissant ainsi la durée des études qu’ils ont faites antérieurement. Les cours à temps partiel ou faisant alterner des classes régulières

et des stages dans l’industrie (en américain : (( Co-operative courses N) sont peu répandus; il existe aussi des cours par corres- pondance, mais peu d’entre eux préparent les élèves désireux d’entrer dans un collège universitaire. Des études ou recherches poussées peuvent conduire au Master’s

Degree, puis au Doctor’s Degree. Environ 5 % des hommes et 2 y’ des femmes obtiennent ces titres. Il est délivré chaque année 400 ooo Master’s Degrees dont 38 ooo en sciences de l’ingénieur et domaines connexes.

ÉDUCATION DES ADULTES

Les adultes ainsi que les jeunes ayant quitté l’école sont encouragés à participer aux programmes organisés à leur intention par des organisations officiejles et privées au niveau fédéral et local ainsi qu’au niveau de 1’Etat. L’éducation des adultes est assurée dans tous les États et territoires grâce principalement au système de l’école publique. Les cours d’alphabétisation ne sont qu’un exemple parmi les nombreux cours dont peuvent bénéficier les adultes et les adolescents qui ont quitté l’école. Des cours aux niveaux primaire et secondaire sont, en général,

organisés le soir dans les écoles publiques. L’enseignement par correspondance, les cours universitaires extra-muros, 1’Armed Forces Institute, la radio et la télévision constituent autant de possi- bilités auxquelles il est largement fair appel. Des cours au niveau secondaire, connus sous le nom de (( high

school academic education )) (afin d’établir une distinction avec les programmes d’enseignement professionnel pour adultes), sont

26

France

réservés aux adultes qui désirent acquérir un diplôme, se perfec- tionner dans un métier, ou simplement poursuivre leurs études après avoir complété leur éducation primaire. Une fois I’inscrip- tion faite, les cours doivent être suivis régulièrement. Les élèves peuvent bénéficier de bourses ou de subventions diverses.

FRANCE

ADMINISTRATION

En France, la direction de l’enseignement public est centralisée au Ministère de l’éducation nationale, mais divers autres minis- tères - notamment ceux de l’agriculture, de la défense nationale et de la justice - ont certains pouvoirs en matière d’enseignement. La structure administrative du ministère comprend deux élé-

ments principaux : la Direction des programmes scolaires et la Direction de l’enseignement supérieur et de la recherche, aux- quelles s’ajoutent divers services dont le rôle est d’exécution : administration générale, équipement scolaire, santé scolaire, bibliothèques et relations avec l’étranger. Le ministre est aidé et représenté par un corps national d’ins-

pecteurs - les inspecteurs généraux - tous spécialisés dans un domaine particulier. Pour l’administration de l’enseignement, la France est divisée

en 19 régions (académies). A la tête de chaque région se trouve un recteur, responsable devant le ministre. Dans chaque départe- ment il y a un inspecteur d’académie qui coopère avec des inspec- teurs spécialistes de diverses disciplines. Les maîtres de l’enseignement public sont rémunérés par l’État,

mais les frais de construction et d’entretien des bâtiments scolaires incombent souvent, en vertu de la législation, aux administrations municipales. A l’heure actuelle, la scolarité est obligatoire entre 6 et 14 ans,

mais en 1967-1969 elle le sera jusqu’à 16 ans. A l’exception de certains droits d’inscription perçus dans les universités, l’cnseigne- ment est gratuit. Les élèves peuvent bénéficier de bourses dès l’âge de II ans. L’enseignement public est entièrement laïque et n’a aucune orientation politique ou religieuse. Le niveau de l’enseigne- ment, les examens, les titres professionnels des maîtres et la struc- ture générale de l’enseignement sont les mémes dans tous le pays,

I. En raison des réformes en cours, les différents textes consacrés à la France ne sont reproduits ici qu’à titre indicatif.

27

Les systèmes d’enseignement général

mais ils peuvent faire l’objet de certains ajustements répondant à une situation locale déterminée. La loi de 1959 sur la réforme de l’enseignement a profondément

modifié la structure antérieure. Cette loi et les décrets subséquents prévoient : a) une éducation préscolaire, facultative, pour les enfants de 2 à 6 ans; b) un enseignement primaire pour les élèves de 6 à I I ans; c) un enseignement secondaire (premier cycle) pour ceux de I I à I 5 ans, et à partir de I 5 ans cinq grandes options ; d) un enseignement supérieur (dispensé sous diverses formes), qui accueille les élèves âgés d’au moins 18 ans.

ENSEIGNEMENT PRIMAIRE

L’enseignement primaire est dispensé dans les établissements du premier degré qui accueillent successivement : a) les enfanrs âgés de 6 à 7 ans, dans les cours préparatoires; 6) les enfants de 7 à g ans, dans les cours élémentaires; c) les enfants de g à I I ans, dans les cours moyens. Cet enseignement assure les connaissances de base et la discipline intellectuelle nécessaires aux élèves qui désirent poursuivre leurs études dans l’une ou l’autre des nom- breuses voies auxquelles cet enseignement permet d’accéder. Le programme est identique pour tous les élèves, quelle que soit leur spécialisation éventuelle.

ENSEIGNEMENT SECONDAIRE

Premier cycle

A l’enseignement secondaire du premier cycle qui s’adresse aux enfants âgés de I I à 15 ans, le législateur a voulu donner un caractère aussi général que possible, de manière que l’orientation définitive des élèves n’ait lieu qu’à partir de l’âge de 15 ans. Les deux premières années (élèves de II à 13 ans) constituent le Gycle d’observation au cours duquel on évalue les aptitudes et les capacités de l’enfant, ce qui facilite les transferts d’une section à une autre. Ce cycle d’observation de 2 années est suivi d’un deuxième

cycle (gc‘cle d’orientation) de 2 ans également. L’élève, suivant ses aptitudes et son travail au cours du cycle d’observation, a le choix entre quatre sections : classique, c’est-à-dire latin-grec et une langue vivante; ou latin et deux langues vivantes; moderne, c’est-à-dire moderne 1 (français, mathématiques et deux langues vivantes) ; ou moderne II (français, mathématiques et une langue vivante). En outre, des cours de technologie sont parfois incorporés aux programmes modernes et une section pratique assure une forma- tion préprofessionnelle non spécialisée.

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France

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.. Y

Ecole primaire L &oie maternelie

Enseignement supérieur

+ Enseignement secondaire (20 cycle)

T Enseignement secondaire (1.. cycle)

1

1 Enseignement élémentaire

Enseignement préscolaire

I

Les systèmes d’enseignement général

Alors qu’auparavant les divers programmes du premier cycle étaient dispensés dans des écoles différentes et spécialisées, à l’heure actuelle, depuis la rCforme de 1962, les élèves se trouvent tous réunis dans les collèges d’enseignement secondaire. Cependant, la transition avec l’ancien système n’est pas encore

achevée. Les programmes du premier cycle sont actuellement appliqués dans trois types d’école : lycées (sections classique et moderne) ; collèges d’enseignement général (section moderne II) et collèges d’enseignement secondaire (qui groupent tous les pro- grammes et facilitent les transferts d’une section à une autre).

Deuxième cycle

Après avoir terminé à 15 ans le premier cycle, l’élève choisit alors, en accord avec ses professeurs, le genre d’enseignement qui convient le mieux à ses aptitudes : enseignement technique ou enseignement général. Suivant que l’élève désire ou non passer le baccalauréat, il choisira l’un des enseignements suivants :

Enseignement général long. Les trois dernières années de l’enseigne- ment secondaire général conduisent au baccalauréat, dans l’une des deux options (classique ou moderne) - elles-mêmes subdivisées depuis la réforme de 1964. Cet enseignement est donné dans les lycées, sections classiques ou modernes, et constitue le prélude naturel à l’admission à l’université, ou à des études équivalentes dans les grandes écoles.

Enseignement général court. Cet enseignement, naguère donné dans les cours complémentaires, est maintenant dispensé dans les collèges d’enseignement général. A l’heure actuelle, et jusqu’à ce que la réforme soit complètement appliquée, cet enseignement se termine à l’âge de 15 ans, les élèves ayant commencé leurs quatre années d’études à l’âge de I I ans. Ces études conduisent au brevet d’enseignement général, et son titulaire peut poursuivre ses études ou prendre un emploi.

Enseignement technique long. Cet enseignement technique du second degré se donnait autrefois (avant 1959) dans les écoles nationales professionnelles et les collèges techniques, qui portent maintenant le nom de lycées techniques. Il a pour objet de former des agents techniques, après 2 années d’études (de 15 à 1 7 ans), des techniciens (3 années d’études) ou encore des techniciens supé- rieurs (4 années d’études). Une des options du cycle de 3 ans prépare au baccalauréat technique, qui permet d’accéder à l’uni- versité ou à une grande école.

Francs

Enseignement technique court. Cet enseignement secondaire pratique, qui constitue une sorte d’apprentissage pour le futur travailleur qualifié, se donnait autrefois dans les centres d’apprentissage, créés au lendemain de la guerre et devenus ultérieurement collèges d’enseignement technique. Il prépare au CAP (certificat d’apti- tude professionnelle) dans de nombreuses spécialités.

Emeignement terminal. La réforme de 1959 prévoit, pour les élèves qui n’ont pas été reconnus aptes à suivre l’un des enseignements ci-dessus, un enseignement qui comprend à la fois des cours et des stages pratiques dans l’industrie. Lorsque l’on connaîtra mieux, par expérience, les effets de la réforme, les élèves de niveau inférieur à la moyenne pourront peut-être trouver place dans une des sec- tions pratiques du premier cycle ( I I à I 5 ans). Même lorsque la durée de la scolarité obligatoire aura été prolongée jusqu’à 16 ans (en 1968), ils seront, dans la plupart des cas, d’un âge supérieur à la normale.

ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR

Une réforme de l’enseignement supérieur est à l’étude à la suite des nombreux changements apportés au baccalauréat. Il est prévu qu’en 1966 le nouveau baccalauréat, s’il ne donne pas obli- gatoirement accès A une université, permettra au bachelier de poursuivre un enseignement supérieur, de suivre les cours prépa- ratoires d’une grande école ou d’un établissement spécialisé dans la formation des cadres moyens. L’entrée à l’université sera réservée aux élèves ayant justifié d’un nombre suffisant de points lors de l’examen du baccalauréat. A l’heure actuelle, l’enseignement supérieur est donné dans deux

types principaux d’établissements (publics et privés) : les univer- sités et les grandes écoles.

Universités. Elles sont actuellement au nombre de 20, avec deux nouvelles universités en voie de création à Limoges et à Nice. Elles comprennent traditionnellement 5 facultés seulement : sciences, lettres, droit, médecine, pharmacie. En France, comme dans de nombreux pays, la technologie n’est donc pas enseignée à l’université même; mais cette séparation devient de moins en moins rigoureuse. Aux universités sont rattachés des instituts, où l’on peut faire des études spécialisées de technologie et des recherches du même ordre. Pour être admis à l’université ou dans un institut, il faut être titulaire du baccalauréat ou posséder un titre reconnu comme équivalent par la loi. L’étudiant qui a été reçu à quatre

31

Les systèmes d‘emseignemnt général

certificats, reçoit le grade de licencié; il peut ensuite préparer le doctorat, un diplôme d’études supérieures ou l’agrégation.

Grandes écoles. Les programmes de la majorité des grandes écoles, privées ou publiques, sont, pour la plupart, entièrement consacrés aux études technologiques supérieures. On peut citer, à *titre d’exemples, 1’Ecole centrale des arts et m*anufactures, 1’Ecole nationale supérieure des arts et métiers, et 1’Ecole nationale supé- rieure de l’aéronautique. Après le baccalauréat, la préparation des candidats est assurée en I ou 2 années dans divers lycées. Dans les grandes écoles les études durent environ 4 ans et sont sanctionnées par le diplôme d’ingénieur, titre protégé par la loi. On a créé récemment 5 instituts universitaires de technologie et le nombre de ces écoles d’un nouveau genre passera prochainement à 7. Les études durent 4 ans, et les élèves se recrutent par voie de concours, parmi ceux qui ont suivi les cours techniques des lycées (voir plus haut). Le baccalauréat n’est pas exigé. Ce genre de formation remplace celui que donnaient les anciennes écoles nationales d’arts et métiers, dont le niveau a été relevé.

I~DUCATION DES ADULTES

Les cours d’éducation professionnelle des adultes, dits cours (( de promotion du travail », ont pris, depuis dix ans, une extension considérable. Ils sont organisés par le Ministère de l’éducation nationale et relèvent de la Délégation générale à la promotion sociale. Il s’agit de cours par correspondance, de cours à temps partiel et de cours télévisés, ayant pour objet de donner à des adultes qui n’ont pas terminé leurs études la possibilité de relever le niveau de leurs compétences professionnelles, et, partant, celui de la productivité nationale. Depuis longtemps, cette activité était exercée à Paris par le

Conservatoire national des arts et métiers, fondé en I 794. Celui-ci a récemment étendu son activité à 20 villes de province, où fonctionnent 40 centres d’études. Il est possible d’obtenir par cette voie le titre d’ingénieur, bien que ce soit particulièrement difficile. Quelques universités, notamment celles de Grenoble et de Lille,

ainsi que l’Institut national des sciences appliquées de Paris, ont essayé, avec succès, d’admettre comme étudiants certains des très nombreux élèves de ces cours à temps partiel, même s’ils n’avaient pas de titres traditionnels comme le baccalauréat.

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Italie

ITALIE

ADMINISTRATION

L’enseignement public relève du Ministère de l’éducation. L’administration de l’enseignement est assurée par l’entremise de services provinciaux et locaux, et les bâtiments scolaires sont normalement fournjs par la commune. Le personnel enseignant est rémunéré par 1’Etat. Tous les examens sont organisés ou agréés par 1’Etat et ont lieu en public. Les écoles privées sont très nombreuses et, dans l’enseignement

secondaire, leurs effectifs représentent 20 % du total. Elles sont soumises à un contrôle très strict, tant au niveau primaire qu’au niveau secondaire. La scolarité est obligatoire de 6 à 14 ans. La limite de 14 ans,

adoptée en 1923, vient d’être confirmée et des mesures rigoureuses ont été prises pour qu’elle soit mieux respectée. Cependant, dans certaines régions les plus défavorisées du sud, le principe de la scolarité de 8 ans n’est pas toujours appliqué.

ENSEIGNEMENT DU PREMIER DEGRÉ

Cet enseignement, suivi par les enfants dès l’âge de 6 ans, se divise en deux cycles, de 2 et 3 ans respectivement. Jusqu’à une date récente, un petit nombre d’élèves avaient la possibilité de compléter leurs études primaires grâce à un troisième cycle (enseignement pos tprimaire) qui, depuis I 955, reprenait et pro- longeait l’enseignement dispensé dans les deux premiers cycles, en lui donnant une certaine orientation professionnelle. Cependant, la plupart des élèves passaient à l’âge de I I ans dans une des classes du premier cycle de l’enseignement secondaire, décrit ci-dessous.

ENSEIGNEMENT DU SECOND DEGRÉ

L’enseignement du second degré se compose d’un premier et d’un second cycle. Jusqu’en octobre 1963, le premier cycle comprenait deux catégories d’établissements : a) la scuola media, qui dispensait un enseignement classique et préparait au deuxième cycle de l’enseignement secondaire ; b) la scuola d’avviamnto professionale, qui dispensait un enseignement pratique et professionnel. A partir d’otobre 1963, ces deux types d‘établissements ont

été regroupés en une école polyvalente, dite u scuola media unica ». Les élèves, âgés de I I à 14 ans, y reçoivent un enseigne- ment commun, dont le programme s’étend sur 3 années : la

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Les systèmes d’enseignement général

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media unica

Scuola elernenture

Scuola materna

Italie

seule différence réside dans le choix des matières à option qui, en deuxième et troisième année, s’ajoutent au ‘programme normal. Les élèves retardés bénéficient d’une attention particulière; les chances d’obtenir le diploma di licenza sont donc égales pour tous. Seuls ceux qui passent cet examen avec le latin comme option peuvent entrer dans un ginnasio ou liceo classico. Le deuxième cycle de l’enseignement secondaire comprend de

nombreux types d’école, dont les plus importants numériquement, sont : I. Le ginnasio et le liceo classico, qui dispensent un enseignement

secondaire classique complet, sanctionné, après 5 ans d’études, par le diplôme de maturità, le liceo classico qui donne accès à l’université dans une faculté quelconque;

2. Le liceo scientijco, qui dispense un enseignement secondaire complet, à orientation moderne ou scientifique et qui délivre également le diplôme de maturità après 5 ans d’études; les élèves peuvent ensuite entrer à l’université dans n’importe quelle faculté, sauf celle des lettres;

3. L’istituto tecnico (industriel, commercial, agricole, naval, etc.) est une école supérieure technique où les études, d’une durée de 5 années, portent sur les sciences appliquées et sur cer- taines questions techniques fondamentales plus spécialisées. La plupart des élèves de l’istituto tecnico se destinent à entrer dans les cadres moyens de l’industrie, après avoir obtenu le certi- ficat d‘abilitazione tecnica; les plus doués ont accès à certaines facultés universitaires (loi de 1961) ;

4. L’istituto magistrale, où les études durent quatre années, forme des instituteurs d’écoles primaires.

Deux autres types d’école secondaire du deuxième cycle présentent, dans le domaine de l’enseignement technique, un intérêt parti- culier. Le premier type d’école est la scuola tecnica qui forme en 2 ans d’études à plein temps des travailleurs qualifiés, dispensés ainsi de tout apprentissage dans l’industrie. L’orientation de cet enseignement est essentiellement pratique, souvent en raison des lacunes de la formation antérieure. Le second type d’école (qui tend actuellement à remplacer rapidement le premier) est l’istituto professionale, dont l’enseignement dispensé en 3 ans combine la formation pratique avec une instruction théorique, scientifique et technique de base. Des cours de perfectionnement pour certaines matières, dont la durée varie d’un semestre à un an, préparent au niveau de techniciens subalternes. Les meilleurs élèves de ces deux derniers types d’établissement

peuvent entrer à l’istituto tecnico, au niveau qui correspond à leurs aptitudes, et poursuivre ainsi leurs études.

35

Les systèmes d’enseignerneni général

ENSEIGNEMENT TECHNIQUE SUPÉRIEUR

L’enseignement supérieur est assuré en Italie par divers genres d’établissements. Parmi ceux-ci, les université décernant des diplômes et les instituts supérieurs sont les seuls qui assurent une formation professionnelle et technique supérieure, reconnue par 1’Etat. Ces deux genres d’établissements diffèrent en ce que le pre- mier comprend plusieurs facultés, alors que le second n’en possède qu’une. Les cours universitaires, à l’exception des cours de pédagogie,

sont accessibles aux titulaires du diploma di maturità classica. D e même, un diplôme analogue pour les sciences donne accès à tous les cours universitaires sauf à ceux de la faculté des lettres et philosophie. L’enseignement et la formation d’ingénieurs qualifiés (inge-

gnere) sont assurés dans 12 établissements, dont IO sont des facultés universitaires (Gênes, Padoue, Trieste, Bologne, Pise, .Rome, Naples, Bari, Palerme, Cagliari); les 2 autres sont des instituts polytechniques (Milan et Turin). Il existe des facultés et instituts analogues pour l’architecture, la construction navale et d’autres sciences appliquées. Les études durent normalement 4 ans et sont sactionnées par la laurea. Les titulaires de ce diplôme ont droit au titre hoporifique de dottore. Ils doivent en outre passer un examen d’Etat pour être autorisés à exercer leur pro- fession.

ÉDUCATION DES ADULTES

Plusieurs sociétés philanthropiques comme la Società Umanitaria organisent des cours généraux et techniques pour le développe- ment culturel ou le perfectionnement des connaissances techniques des adultes et des adolescents. Le Ministère du travail applique également un vaste programme

de formation et de recyclage à l’intention des jeunes et des adultes occupant des emplois d’ouvriers (addestramento professionale). Il est possible de faire des études à temps partiel dans plusieurs

universités, mais ces cours ne sont généralement pas sancuonnés par le titre de dottore.

PROJETS DE RÉFORME

Une commission présidée par le professeur Giuseppe Ermini a été créée le 24 juillet 1962 pour étudier le développement de l’instruction publique en Italie.

Pays-Bas

Les principales propositions relatives à l’enseignement profes- sionnel et technique sont les suivantes : I . U n nouveau type d’établissement, la scuola professionale, appli- querait à l’intention des travailleurs qualifiés un programme biennal d’enseignement et de formation à plein temps.

2. Les études universitaires se diviseraient en trois cycles, à savoir : a) z ou 3 années d’études sanctionnées par un diplôme; b) un total de 5 années d’études pour obtenir la laurea; c) des études d’un niveau supérieur aboutissant au dottorato di ricerca.

Le diplôme de premier cycle, en matière d’études techniques, serait étroitement lié à la formation de techniciens supérieurs (tecnici intermedi superiori) . Le même rapport suggère aussi la création d’un «. conseil,

institut ou centre national chargé de la formation professionnelle )) (ente, istituto, O centro per la formazione professionale), respon- sable devant un comité.

PAYS-BAS

ADMINISTRATION

Le système national d’éducation est placé sous l’autorité du Minis- tère de l’éducation et des sciences. Le ministre et le secrétaire d’État à l’éducation et aux sciences sont assistés de deux directeurs généraux : l’un est chargé de l’enseignement supérieur et des sciences, au niveau universitaire; l’autre supervise les cinq autres départements chargés des autres niveaux et types d’enseignement. L’enseignement néerlandais se caractérise surtout par le grand

nombre d’élèves inscrits dans les écoles privées. Cependant,- ces établissements sont soumis à l’inspection et au contrôle de l’Etat, qui, en général, les subventionne entièrement. Ils comprennent des établissements catholiques, protestants ou non confessionnels. La scolarité est obligatoire pendant 8 ans, à partir de l’âge de 6 ou 7 ans. L’enseignement privé représente environ 70 y0 de l’effectif total et l’enseignement public 30 %.

ENSEIGNEMENT DU PREMIER DEGRÉ

L’enseignement du premier degré (gewoon lager onderraiYs) s’étend sur 6 années au terme desquelles les élèves accèdent entre autres, par voie d’examen sélectif, à l’enseignement du second degré. Il se peut que ce régime soit modifié par une réforme actuellement

37

Les systèmes d’enseignement général

à l’étude. Si l’élève échoue, il poursuit ses études primaires pendant 2 ans ou plus (voortgezet gewoon lager onderwijs), puis prend un emploi, éventuellement comme apprenti.

ENSEIGNEMENT DU SECOND DEGRÉ

Les principaux établissements d’enseignement secondaire sont actuellement les suivants : I. Le gymnasium, où les études durent 6 ans. Pendant les 4 pre-

mières années, le programme est le même pour tous les élèves, qui se répartissent ensuite en deux sections : u) langues et études classiques ; 6) sciences et mathématiques ;

2. Le hogere burgerschool (HBS), où les études durent 5 ans, dont 3 trois ans de programme commun et 2 ans de spécialisation, soit dans les langues et les études commerciales, soit dans les mathématiques et les sciences;

3. Le lyceum où, en I ou 2 années, les élèves reçoivent une formation communautaire.

En quittant l’un des établissements ci-dessus mentionnés, l’élève titulaire du diplôme exigé pour les divers cours peut entrer à l’université ou dans un technische hogeschool (université technique). Le middelbare meisjeschool (MMS) , établissement d’enseignement

féminin, prépare l’accès des élèves à divers instituts spécialisés d’enseignement supérieur, notamment aux écoles normales, plutôt qu’à l’université proprement dite. L’enseignement secondaire est entièrement gratuit pendant les

deux premières années que suivent les élèves âgés de 12 à 14 ans. Le uitgeb~eid lager onderwijs ( ULO) école d’enseignement

primaire supérieur, connaît un succès particulier. L’enseignement, différencié dans les plus grandes classes, y dure 4 ans et prépare en particulier des cadres moyens, notamment pour les pro- fessions commerciales. Ces établissements qui, par leur nature, appartiennent davantage à l’enseignement secondaire, donnent aussi accès à certaines écoles normales et aux écoles techniques UTS et HTS décrites ci-dessous. L’enseignement est alors spécia- lisé dans les dernières années.

Réforme de l’enseignement

A l’étude pendant plusieurs années, les projets de réforme complète de l’enseignement ont été officialisés par une loi de 1963. Cette réforme, qui porte sur la réorganisation de l’enseignement du second degré dispensé aux enfants âgés de I 2 ans au moins, appor- tait deux sortes de modifications : création d’un enseignement

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Les systèmes d’enseignement général

secondaire long préparant les élèves à une université ou à une hogeschool ou leur assurant une formation technique préalable à tout emploi ; création d’un enseignement secondaire court pour la formation de travailleurs qualifiés de niveau moyen. Pendant la première année, le programme est, autant que possible, le même pour tous les élèves, qui peuvent au besoin obtenir un transfert à l’âge de 13 ans, au moment de leur orientation vers l’une des possi- bilités offertes. Les établissements préuniversitaires sont actuellement le gymna-

sium, le lyceum et l’athenaeum. Ce dernier est appelé à remplacer les HBS dans la préparation aux études préuniversitaires, les NBS dis- pensant désormais un enseignement technique préprofessionnel dont il a été question ci-dessus.

ÉCOLES PROFESSIONNELLES ET TECHNIQUES

Aux établissements d’enseignement du premier et du second degré mentionnés ci-dessus, s’ajoutent les écoles professionnelles et techniques suivantes (voir organigramme) :

Lagere technische school, (L TS) L’enseignement dispensé dans cette catégorie d’établissement s’étend sur 2, 3 ou 4 années. Ces écoles passent actuellement de l’ancien régime (2 années d’études, commençant à 12 ans et 8 mois) à un nouveau régime suivant lequel les élèves ayant terminé leurs 6 années d’école primaire font 3 ans d’études et même 4 pour certaines professions. Cette école professionnelle donne une formation de base préalable à l’apprentissage tout en continuant à dispenser un certain ençei- gnement général.

Uitgebreid technische schools, (UTS) Les études y durent 2 ans, auxquels s’ajoute I année de travail dirigé dans l’industrie. Les élèves, qui viennent pour la plupart des écoles LTS et ULO, y entrent directement ou après avoir suivi I année préparatoire. Titulaire du diplôme de technicien moyen, l’élève qui sort de cette école trouve aussitôt un emploi.

Hogere technische schod, (HTS) Les établissements de cette catégorie forment des techniciens de niveaux différents (qualifiés, très qua- lifiés) en 4 années dont I année est consacrée à des stages pratiques dirigés dans une entreprise industrielle.

Royaume- Uni

ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR

Aux Pays-Bas, l’université se compose de trois fondations d’État (Leyde, Groninge et Utrecht), d’une université municipale (Amsterdam), d’une université catholique (Nimègue) et d’une fondation calviniste (Amsterdam). A cette liste il convient d’ajouter un certain nombre d’institutions spécialisées de niveau comparable, notamment les écoles de sciences économiques de Rotterdam et de Tilburg, l’université agricole de Wageningen et le célèbre Tech- nische Hogeschool (Institut de technologie) de Delft, l’institut fondé en 1957 à Eindhoven, et celui de Twenke, près d’Enschedie, ouvert en 1964. Le 15 septembre 1965, une commission a été chargée de conseiller le ministre de l’éducation et des sciences sur la création d’un quatrième institut de technologie près d’Amster- dam. La durée des études dans ces établissements est variable et les

étudiants peuvent la fixer eux-mêmes; elle est habituellement de 5 à 7 ans. Le titre d’ingénieur, protégé par la loi, sanctionne les études ainsi faites.

ÉDUCATION DES ADULTES

Outre les cours extra-muros dispensés par les universités, il existe un certain nombre d’instituts créés spécialement pour la formation des jeunes (garçons et filles) qui ont abandonné leurs études; ces instituts accueillent également des adultes. Par ailleurs, des instituts a formatifs 1)’ fonctionnent en liaison avec diverses organisations nationales : la fondation nationale (( Mater amabilis )) et autres instituts qui assurent une formation partielIe aux jeunes filles; des écoles nationales (catholiques) destinées aux jeunes gens et un Centre national de formation professionnelle.

ROYAUME-UNI

ADMINISTRATION

Les quatre parties du Royaume-Uni - Angleterre, Écosse, pays de Galles et Irlande du Nord - ont des systèmes d’enseignement différents. C’est cependant du m ê m e Ministère de l’éducation (récemment réorganisé sous le nom de Département de l’éducation et des sciences) que relève l’enseignement en Angleterre et au

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Les systèmes d‘enseignement général

pays de Galles. En Écosse, l’administration de l’enseignement est Cssurée par un Département de l’éducation qui a son siège à Edimbourg, et il existe à Belfast un Ministère de l’éducation pour l’Irlande du Nord. Seul sera décrit ici le système d’enseignement appliqué en Angleterre et qui, à quelques détails près, coïncide avec celui du pays de Galles; mais ce système correspond à peu près à ceux des autres régions. Le Ministère de l’éducation n’exerce ses pouvoirs que sur le plan

général, l’administration de l’enseignement étant, en fait, dévolue aux autorités locales de l’enseignement, c’est-à-dire aux différents County ou County Borough Councils. Par l’intermédiaire de leurs comités de l’éducation, ces conseils peuvent, dans le cadre de la législation nationale, diriger à leur gré l’enseignement dans leurs circonscriptions respectives. Ainsi s’expliquent les différences notables que l’on constate d’un district à l’autre, et plus particulièrement au niveau de l’enseignement secondaire. La fréquentation scolaire est obligatoire pour les enfants de

5 à 15 ans. Une proposition tendant à relever à 16 ans la limite de la scolarité obligatoire a été approuvée par le Parlement, mais n’a pas encore pris effet.

ENSEIGNEMENT DU PREMIER DEGRÉ

L’enseignement primaire s’adresse aux enfants âgés de 5 à I I ou 12 ans, et se donne soit dans les écoles financées et administrées par l’État, soit dans des établissements privés. A la fin de ces classes, dans la plupart des régions, on fait passer aux enfants de I I à 12 ans un examen de sélection pour déterminer notam- ment le type d’enseignement secondaire qui paraît convenir le mieux à chacun d’eux, tout en tenant compte, dans la mesure du possible, des vœux des parents. Il existe aussi des écoles secon- daires dites (( autonomes )) créées par des organismes privés qui en assurent entièrement le financement.

ENSEIGNEMENT DU SECOND DEGRÉ

Il y a quatre types principaux d’école secondaire :

Grammar schools. Elles dispensent un enseignement secondaire complet et donnent à leurs élèves le choix entre de nombreux programmes, aussi bien littéraire et classique que scientifique et moderne. Leurs effectifs représentent environ 20 % du groupe d’âge intéressé, ces 20 % se recrutant sur la base d’un concours ou, dans certaines régions, sur la base des notes obtenues à l’école

Royaume- Uni

primaire. Les études s’étendent sur 5 ans, conduisant ainsi les enfants jusqu’à l’âge de 16 ans environ, et elles sont sanctionnées par le certificat d’études secondaires (General Certificate of Education ou GCE) dit (( du degré simple D. Une ou deux années d’études supplémentaires permettent d’obtenir le GCE (( du degré supérieur 1). Pour le degré simple comme pour le degré supérieur, les examens sont organisés de manière à permettre au candidat de choisir les épreuves auxquelles il veut se présenter. Les études secondaires ne sont pas sanctionnées en Angleterre par un diplôme national uniforme comme le baccalauréat français ou 1’Abitur allemand. Pour être admis à l’université, il faut avoir réysi à au moins cinq épreuves du GCE. Evidemment, tous les élèves sortant des grammar schools ne

vont pas à l’université. Ils peuvent en effet, une fois reçus à cer- taines épreuves du GCE, quitter l’école vers l’âge de 16 ans pour prendre un emploi, entrer en apprentissage ou poursuivre leurs études dans un des établissements postsecondaires décrits plus loin.

Écoles techniques. En tant qu’établissements distincts, les écoles techniques secondaires ont cessé de jouer un grand rôle dans l’enseignement britannique. On a tendance, depuis quelques années, à inclure l’enseignement technique dans le programme des grammar schools ou des comprehensive schools (écoles polyva- lentes). Les écoles techniques qui subsistent encore, et où peuvent se donner des cours techniques, commerciaux OU d’économie domestique, appliquent un programme de 5 années dont les deux premières sont consacrées à l’instruction générale des élèves, alors âgés de I I à 13 ans. Les élèves de ces écoles peuvent, en fin d’études, se présenter au GCE, dont l’une des séries offre au choix des candidats de nombreuses matières pratiques ou tech- niques. Les écoles techniques fournissent aux universités moins d’étu-

diants que les grammar schools, mais ceux qui en sortent peuvent, grâce aux multiples possibilités d’enseignement complémentaire A plein temps ou à temps partiel qui existent dans le pays, atteindre un niveau professionnel comparable à celui que permettent d’obtenir les études universitaires.

Écoles secondaires modernes. Elles accueillent les enfants qui n’ont pas pu entrer - ou que leurs parents n’ont pas voulu faire entrer - dans une grammar school ou dans une école technique. Ces enfants sont répartis en plusieurs groupes selon leurs aptitudes. Certains élèves ne quittent pas l’école à l’âge minimal de 15 ans, mais s’inscrivent aux cours complémentaires qui préparent au

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Les,systèmes appliqués en Ecosse et en Irlande du Nord diffèrent légè- rement de celui-ci et leur nomenclature est également différente

Royaume- Uni

GCE. Divers examens, dont beaucoup sont (( approuvés )) par le Ministère de l’éducation, ont d’autre part été institués par des organismes privés, à l’intention notamment des candidats à des emplois de bureau et de secrétariat. Un programme d’études d’un niveau inférieur à celui qui conduit au GCE a pu, avec les auto- risations nécessaires, être mis en application sur le plan national pour l’année scolaire 196511966. Il prépare à un diplôme désigné sous le nom de Certificate of Secondary Education. Beaucoup d’écoles secondaires modernes organisent des cours

semi-professionnels qui préparent, en partie, les élèves à l’appren- tissage d’un métier. Mais il ne s’agit jamais là d’un apprentissage complet : ces cours n’ont qu’un caractère préparatoire et s’ajou- tent simplement à l’enseignement général.

Comprehensive schools. Dans certaines régions, les autorités de l’enseignement sont par principe favorables aux comprehensive schools, qui réunissent les trois types d’enseignement décrits plus haut et comptent de 2 ooo à 4 ooo élèves. Cela permet d’épargner aux enfants de I I à 12 ans la sélection à laquelle ils sont autre- ment soumis et facilite les changements ultérieurs de filière. Ces écoles polyvalentes n’imposent pas un programme uniforme; elles s’attachent au contraire à trouver pour chaque élève le type d’études le plus propre à développer ses aptitudes. La tendance à demeurer à l’école au-delà de l’âge minimal

de 15 ans devient chaque année plus nette. En 1961/1962, par rapport au nombre total des enfants appartenant aux groupes d’âge ci-après indiqués, la proportion des enfants qui faisaient des études à plein temps était la suivante : 41 % avaient de 15 à 16 ans, 22% de 16 à 17 ans et I I y0 de 17 à 18 ans.

ENSEIGNEMENT POSTSECONDAIRE

U n GCE indiquant que l’intéressé a satisfait aux épreuves du degré simple dans trois matières au moins et à celles du degré supérieur dans deux matières au moins permet d’entrer dans une université ou dans un institut de technologie supérieure. A un niveau un peu moins élevé, les instituts techniques régio-

naux permettant d’accéder, avec un Higher National Certificate (certificat national d’études techniques supérieures) à des postes de techniciens du cadre supérieur. Si l’on a satisfait aux épreuves du degré simple du GCE dans quatre matières, on peut s’inscrire dans un institut technique local pour y suivre, tout en faisant un apprentissage, des cours à temps partiel conduisant à un National Certifica te.

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Les systèmes d‘enreignement gédral

ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR

L’enseignement supérieur est assuré par les universités et par les colleges of advanced technology (instituts d’études techniques) qui, pour faciliter l’administration et le système des subventions, seront d’ailleurs bientôt assimilés à des collèges universitaires, voire à des universités. En 1963, on comptait en Grande-Bretagne 31 universités avec un effectif total de 118 000 étudiants (dont 15 y. faisaient des études techniques) et IO instituts d’études techniques fréquentés par IO 300 étudiants faisant tous des études techniques. Ainsi, pour être admis dans une université, il faut avoir un

General Certificate of Education indiquant qu’on a satisfait aux épreuves du degré supérieur dans deux matières au moins, outre trois matières au moins du degré simple, et que pour entrer dans un college of advanced technology (CAT) l, il faut remplir les mêmes conditions ou avoir obtenu avec de très bonnes notes un Ordinary National Certificate (voir le chapitre III). Les études universitaires sont sanctionnées au bout de 3 ou

4 ans par un Bachelor’s Degree. Les programmes des CAT sont en général du type sandwich (les cours théoriques alternent avec les stages pratiques); ils conduisent en 4 ans à un Diploma of Technology. Dans son rapport, présenté en 1963, un comité chargé de s’occu-

per de l’enseignement supérieur (le comité Robbins) recommande une profonde réorganisation et le développement de l’enseigne- ment supérieur britannique. Les CAT deviennent des universités et à l’avenir décerneront des titres, alors que les collèges techniques plus importants organiseront également des cours conduisant à des titres décernés par un organisme national nouvellement constitué - le Council for National Academic Awards. A l’heure actuelle, les étudiants des deux sexes qui fréquentent

les universités, écoles normales et CAT représentent 15,1 % de toute la population (8,5 % faisant des études à plein temps et 6,6 y. des études à temps partiel).

ÉDUCATION DES ADULTES

Quelle que soit l’école que l’on quitte à 15 ans, on peut toujours accéder aux cours mentionnés ci-dessus en suivant, dans un institut technique local ou dans une école du soii, des cours pré- paratoires à plein temps ou à temps partiel.

1. Les CAT sont maintenant des universités.

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Suède

Il existe tout un système de cours du soir, de fin de semaine et par correspondance, destinés à répondre aux besoins de tous ceux qui, après avoir obtenu des titres professionnels, veulent élargir leur horizon en poursuivant des études littéraires, artistiques ou autres. De nombreux groupements privés comme la Worker’s Educational Association (pour ouvriers) ou la Civil Service Educa- tional Association (pour fonctionnaires) contribuent dans une large mesure à l’éducation des adultes.

SUÈDE

ADMINISTRATION

Toutes les écoles publiques d’enseignement général et d’enseigne- ment professionnel sont placées sous l’autorité du Département de l’éducation et des cultes. Jusqu’en 1962, cette autorité s’exer- çait sur deux conseils distincts : l’un pour les établissements d’enseignement général (Skdoverstyrelsen), et l’autre pour l’ensei- gnement professionnel et technique (Oueïstyrelsen for Yrkesutbild- ning). Ces deux organismes ont été ultérieurement fondus en une administration unique. Depuis 1958, un contrôle local est exercé par les conseils scolaires régionaux (lünskolnamd) dans les vingt- quatre comtés, et les conseils municipaux dans les grandes villes. Si l’enseignement suédois a, dans une grande mesure, hérité

du passé sa forme et ses méthodes, sa structure a été remaniée par l’importante loi de juillet 1962 sur la réforme de l’enseigne- ment. Aux termes de cette loi, l’école de base polyvalente à g années d’études (grundskola), dont la fréquentation est obligatoire de 7 à I 6 ans, doit remplacer, pour ce groupe d’âge, tous les autres genres d’établissements. Le passage de l’ancien au nouveau régime devrait être terminé pour 1972.

ENSEIGNEMENT DU PREMIER DEGRÉ : L’ÉCOLE DE BASE POLYVALENTE (GRUNDSKOLA)

Pendant les 6 premières années, qui constituent le cycle &men- taire et le cycle moyen (Ligstadium et Mellanstadium), tous les élèves suivent le même programme et abordent l’étude de l’anglais en 4e année, à I I ans environ. Dans le cycle supérieur (Hogstudium), les élèves ont le choix entre plusieurs matières à option dont l’enseignement fait l’objet de 6 ou 7 leçons par semaine. Le programme de la 8e année prévoit pour tous les élèves 3 semai- nes d’orientation professionnelle. La classe terminale (ge année)

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Les systèmes d’enseignement général

se divise en neuf sections distinctes groupées en cinq catégories, chaque catégorie, sauf la première, offrant le choix entre deux orientations (classique et pratique). Ces catégories et sections sont les suivantes : a) études classiques générales préparant au gymnasium, g g; b) humanités, g h ou g a; c) études techniques, g t ou g mek; d) études commerciales, g m ou g ha; e) études sociales, g s ou 9 ht. Dans les sections à orientation pratique, c’est-à-dire g a, g mek,

g ha, g ht, 22 leçons hebdomadaires sur 35 sont consacrées à l’enseignement professionnel. Le projet de réforme du gymnasium prévoit que les sections à orientation classique, c’est-à-dire g g, g h, g t, g m, g s, donneraient accès au gymnasium.

ENSEIGNEMENT DU SECOND DEGRÉ

A l’heure actuelle, seuls peuvent demander à entrer au gymnuium (école secondaire publique du deuxième cycle) les élèves qui ont mené à bonne fin leurs études dans la première section (9 g). Les élèves des autres sections qui désireront poursuivre leurs études à plein temps au-delà de l’âge de 16 ans pourront entrer dans des fackskolor spéciales. Ces établissements dispensent un enseignement de 2 ans dans une ou plusieurs des quatre sections suivantes : humanités, études techniques, études commerciales, études socio-économiques. Cet enseignement est déjà dispensé dans divers instituts, cours du soir et écoles de commerce. En outre, les élèves âgés de 16 ans peuvent entrer dans une verkstadîkola qui forme des travailleurs qualifiés. Avant 1963, la realskola où les études duraient 3 ans, s’insé-

rait entre la folkskola et le gymnasium, et accueillait les élèves âgés de 13 à 16 ans. Ceux qui n’étaient pas admis à la realskola poursuivaient leurs études à la folkskola (l’ancienne école obliga- toire) jusqu’à l’âge de 14, 15 ou 16 ans, selon la durée légale de l’obligation scolaire dans la région où ils habitaient. Ensuite, l’enseignement général associé à une formation technique élé- mentaire se poursuivait à plein temps (verkstadskola) ou à temps partiel (aftonskola). Ce système fonctionne encore partiellement, mais la transition amorcée vers la grundskola polyvalente devrait être achevée en 1972. Le gymnasium suédois ne doit pas être confondu avec les établis-

sements scolaires allemands, autrichiens ou néerlandais du même nom. Les études n’y durent généralement que 3 ans (on envisage de les prolonger d’une année) et commencent à l’âge de 16 ans. Ces études, d’un niveau élevé, sont sanctionnées par le student- examen, nécessaire pour l’admission dans une université. Le

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Les sysihs d‘enseignement général

gymnasium comprend trois grandes sections : classique, sciences naturelles et générale. Pour l’enseignement technique, il existe un établissement

homologue, le tekniskt gymnasium, où les études durent également 3 ans. Cette école prépare à l’ingenjorsexamen qu’il faut passer pour entrer dans un collège universitaire technique. La teknislca fackskola, variante du teknist gymnasium, est princi-

palement destinée aux élèves ayant déjà travaillé dans l’industrie. Les études à temps partiel y sont organisées de manière que leur durée corresponde à 2 années d’études à plein temps. Les élèves en sortent avec le titre de fackskoleingenjor, qui ne donne pas, en lui-même, accès à une université technique (ou autre); mais il est maintenant possible, après des études personnelles, d’obtenir l’équivalence de ce titre avec celui d’ingenjorsexamen. Les élèves qui ne sont pas admis dans un gymnasium, et qui

représentent 80 y0 de la jeunesse du pays, peuvent poursuivre leurs études postscolaires dans l’un des nombreux établissements de formation professionnelle. La verkstadskola dispense en deux, trois ou quatre années, une

formation professionnelle en même temps qu’un enseignement général. L’élève tout en suivant des cours, fait des stages pratiques dans le métier qu’il a choisi et il peut être rémunéré pour son travail. Il est possible également de faire son apprentissage tout en

suivant des cours à temps partiel. La teknisk aftonskola, école technique du soir, dispense un enseignement de 6 semestres (3 ans) qui permet d’obtenir le titre de tekniker, suivi d’un cours supérieur qui dure 4 trimestres. Il existe des cours analogues à plein temps, à la teknisk dag skola où l’on peut entrer après 6 mois au moins d’expérience pratique. Le tekniskt institut, qui admet les élèves d’un niveau un peu plus

élevé, ayant fait des études jusqu’à 16 ans, dispense un enseigne- ment à plein temps de 3 semestres pour l’obtention du titre de tekniker, auquel s’ajoute un enseignement de 2 semestres pour l’obtention du titre d’institutsingenjor, qui correspond au niveau le plus élevé pour les techniciens.

ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR

Il y a en Suède 5 universités (à Uppsala, Lund, Gœteborg, Stockholm, et, depuis 1963, à Uméi), plusieurs instituts qui se spécialisent dans l’enseignement d’un seul sujet (fackhogskolor)

. et 4 instituts techniques (l’Institut royal de technologie de Stockholm, l’Institut Chalmers de technologie de Gceteborg, et

Suède

la nouvelle Université technique de Lund, qui date de 1962). Pour entrer dans un de ces instituts ou universités, l’étudiant

est habituellement tenu de passer un examen d’entrée (student- examen) mais les conditions d’admission varient suivant le pro- gramme choisi. Le kandidatexamen (diplôme de (( candidat D) est le premier

et principal diplôme auquel se préparent la plupart des étudiants. Il faut habituellement 4 années pour terminer le programme, mais celui-ci variant suivant les facultés, il est parfois possible de le compléter en un laps de temps plus court.

ÉDUCATION DES ADULTES

Dans le domaine de l’enseignement général, culturel et de l’éduca- tion des adultes, la Suède est depuis longtemps célèbre pour ses collèges populaires (folkhogskolar) . Ces établissements s’attachent surtout aux aspects de la vie culturelle qui sont liés à un civisme éclairé, mais ils tendent aussi, depuis quelques années, à former certains élèves en vue de leur admission dans des établissements d’enseignement professionnel à plein temps. L’âge minimal d’admission est de 18 ans, mais l’âge moyen se situe autour de 2 I ans. Les collèges populaires fonctionnent surtout pendant le semestre d’hiver et organisent des cours de brève durée avec internat, dont le programme peut se compléter les années suivantes.

LA RÉFORME DE L’ENSEIGNEMENT DE 1962

Après la loi de 1962 sur l’enseignement, des commissions royales ont été chargées d’étudier les réformes qui pourraient être appor- tées au régime du gymnasium et de la fackskola. Ces commissions ont rédigé de longs rapports qui sont actuellement à l’étude.

Gymnmium. On envisage la fusion des trois catégories d’enseigne- ment (général, commercial et technique) en un système unique à programmes diversifiés. La durée des études au gymnasium technique sera portée à 4 ans, et les élèves pourront passer de la fackskola au gymnasiurn ou inversement. Le studentexamen sera réorganisé sur la base d’épreuves subies à l’école même, le pro- gramme de l’examen terminal sera fixé par des membres de l’Uni- versité, et par d’autres enseignants qui composeront les jurys.

Fackskola. Après avoir terminé leur neuvième année d’école polyvalente (grundskola) ou reçu une certaine formation pratique, les jeunes gens pourront faire 2 années d’études dans une fackskola.

Les systèmes d’enseienement eénéral

Pour ceux qui sortiront directement de l’école, un stage pratique d’un an, entre la première et la seconde année, serait recommandé. A la fin de la seconde année, les élèves pourront être admis dans un gymnasium. Les projets tendant à porter à 16 ans le terme de la scolarité

obligatoire ne se réaliseront sans doute pleinement qu’aux environs de 1970.

TCHÉ c OS L O V A QUIE

ADMINISTRATION

En Tchécoslovaquie, l’enseignement relève de l’État. Le Ministère de l’éducation et de la culture délègue une grande partie de ses pouvoirs à des comités nationaux, dont chacun est chargé d’un district. Les comités assurent le développement régulier de l’enseignement sur la base du plan national pour le développe- ment de l’économie et de la culture nationales, dans la limite du budget de l’État l. (( Ils créent également les écoles, les services d’éducation préscolaire et extrascolaire 2. 1) Par ailleurs, (( d’autres organisations socialistes, ainsi que des usines et des coopératives peuvent, sous réserve d’accord préalable, consacrer à l’enseigne- ment une partie de leurs ressources 3 ». Certaines des grandes lignes de l’enseignement actuel ont été

fixées par la loi de 1953, qui a réaffirmé le principe suivant lequel tous les enfants de moins de 14 ans doivent faire au moins 8 années d’études; mais la situation actuelle est fondée sur les dispositions radicales de la loi du 15 décembre 1960, portant réforme de l’enseignement. Depuis 1953, l’enseignement s’est beaucoup développé et sa

structure même a subi de fréquentes modifications. C’est ainsi qu’en 1957, le Ministère de l’éducation traitait seul de toutes les questions relatives à l’apprentissage et que, successivement, de 1959 à 1962, l’âge de la scolarité obligatoire était progressivement élevé, région par région, de 14 à 15 ans, portant ainsi à g années la période de scolarité obligatoire. D’autre part, la loi de 1960 fait de l’enseignement une préparation à la vie dans une société

I. Loi SUI le système d’enseignement; règlements scolaires, votée par l’Assemblée nationale le 15 décembre 1960. section 31, Vestnik Ministerstwa skolstvi a Kulturu, vol. 17. 31 janvier 1961, 1-11, p. 1-7.

2. Ibid. section 30. 3. Ibid, section 30. 3.

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Tchécoslouaauie

socialisre moderne : les principes de l’enseignement polytechnique sont appliqués même dans les établissements d’enseignement général, et les cours à temps partiel pour travailleurs vont jusqu’aux niveaux supérieurs. Comme le souligne l’introduction de la loi de 1960, de tels cours constituent (( un moyen d’ôter à l’enseignement tout caractère d’intellectualisme unilatéral ))

et permettent de (( faire le pont entre le travail manuel et le travail intellectuel n. Les enseignements primaire, secondaire et supérieur sont gratuits. Des droits de scolarité peuvent être perçus dans les écoles de beaux-arts et cours de langues, ainsi que pour cer- tains autres enseignements.

ENSEIGNEMENT PRIMAIRE

En Tchécoslovaquie, il n’existe pas d’enseignement primaire proprement dit. Les enfants, par contre, reçoivent un enseigne- ment de base réparti sur une période de g années quelque soit le domaine dans lequel ils se spécialiseront par la suite. Cet ensei- gnement comporte deux cycles : dans le premier cycle, qui s’adresse aux élèves âgés de 6 à I I ans, un maître unique fait tous les cours, à l’exception de certains sujets spécialisés. Dans le second cycle, destiné aux élèves âgés de I I à 15 ans, les professeurs se spécialisent en général dans une ou deux matières. A la fin du second cycle, l’élève peut demander son inscription dans une des différentes écoles de spécialisation, en vue de terminer son enseignement secondaire.

ENSEIGNEMENT SECONDAIRE

Établissements d’enseignement secondaire général ( vteo becné vzdelhaci stredni skola). Les écoles de ce genre, où l’enseignement était autrefois purement classique et orienté exclusivement vers l’admis- sion à l’université, appliquent aujourd’hui le principe de l’enseigne- ment polytechnique pendant 8 heures par semaine au moins, dont 2 sont consacrées à des études théoriques et 6 à des travaux pratiques. Après un cycle de 3 ans, qui se termine à l’âge de 18 ans par l’examen de (( maturité », les élèves peuvent accéder aux études supérieures, universitaires ou autres. Depuis 1956/1957, cette formation a été facilitée par la création d’un enseignement professionnel de 2 ans dispensé aux élèves ayant accompli le cycle secondaire de 3 ans. Vingt pour cent environ des

I. Loi aur le système d’enseignement du 15 décembre 1960.

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Tchécoslovaquie

adolescents fréquentent ces écoles professionnelles. Une loi de I 9561 1957, revisée en 1960, leur donne le choix entre trois options : a) enseignement général (avec latin facultatif) ; b) mathématiques/ physique; c) chimie/biologie. Ces spécialisations s’ajoutent à un programme commun d’ensei-

gnement général, qui occupe 14 heures par semaine la première année, 12 la seconde et I I la troisième. Le latin, l’éducation artistique, le dessin technique, les travaux

de laboratoire et les sports sont facultatifs. Chaque élève ne peut recevoir qu’un seul des enseignements facultatifs, à raison de 2 heures par semaine.

Établissements d‘enseignement professionnel du second degré (stiedni odbornk ;kola). Ces établissements reçoivent les élèves qui ont terminé le deuxième cycle de l’enseignement secondaire, mais, en outre, ils ont de plus en plus tendance à exiger une année d’expérience pratique, de préférence sous forme d‘apprentissage. Les études peuvent durer 3 ou 4 ans, et elles conduisent à la fois au certificat général de (( maturité )) et à une qualification technique. Les élèves sortis de ces écoles peuvent entrer à l’univer- sité ou travailler dans une entreprise industrielle. La durée des études est ramenée à 2 ans pour les élèves

qui sortent des établissements d’enseignement secondaire général décrits plus loin. Vingt pour cent environ des adolescents appar- tenant au groupe d’âge intéressé passent par ces écoles.

L‘école professionnelle de z ans (odbornd jckola) . L’enseignement général et technique, dispensé par ces écoles, fait suite aux g années de scolarité obligatoire, mais ne conduit pas au certificat de maturité. Les élèves qui en sortent peuvent - tout en ayant un emploi - continuer leurs études à temps partiel en suivant des cours secondaires pour jeunes travailleurs.

Les centres et les écoles d’apprentissage. Ces établissements, souvent intégrés à une entreprise industrielle, combinent la formation de travailleurs qualifiés avec un complément d’instruction géné- rale. Les élèves qui en sortent peuvent continuer leurs études, comme il est indiqué au paragraphe suivant. Près de 60 y0 des jeunes travailleurs du groupe d’âge intéressé reçoivent une forma- tion organisée de ce genre. Par ailleurs, des cours secondaires pour jeunes travailleurs

furent créés en 1959/1960. Ces cours ont pour objet de compléter l’instruction secondaire des jeunes travailleurs qui ont quitté l’école à 15 ans. Les élèves consacrent 8 heures par semaine à

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Les syrtèrnes d’enîeignement général

leurs études et 8 heures à leur travail. Faisant suite à un apprentis- sage de 3 années, sanctionné pa< un certificat, ces cours durent eux-mêmes 2 ou 3 ans. Les jeunes gens qui ont déjà fait des études secondaires partielles peuvent, aprés examen, être admis directe- ment en troisième année (année terminale). Une réduction de la durée du travail encourage les jeunes et aussi les adultes à suivre ces cours. Chaque année, plus de IOO ooo travailleurs obtiennent des diplômes grâce aux cours (du soir, par correspon- dance, à mi-temps) organisés spécialement à leur intention.

ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR

Les établissements d’enseignement supérieur se répartissent en quatre catégories : u) universités et instituts techniques; b) univer- sités; c) académies de beaux-arts; d) instituts de formation peda- gogique. Les frais d’études universitaires sont à la charge de l’Etat, et l’octroi de bourses, dont le montant peut atteindre I 200 cou- ronnes par mois, aide les étudiants mariés à subvenir aux besoins de leur famille. Un supplément de IOO couronnes par mois peut être accordé aux étudiants qui se distinguent dans leurs études. Les admissions sont contingentées suivant les exigences du plan économique national, de sorte que les diplômés sont assurés de trouver du travail. Il existe 14 instituts techniques de niveau universitaire

dont le principal est l’université technique de Prague (fondée en 1707). Les études y durent 5 ou 6 ans et les programmes combi- nent des cours théoriques avec des stages pratiques dans l’industrie. Il existe 7 universités, dont la plus connue est l’université Charles de Prague (fondée en 1348), étroitement associées à la vie économique du pays. Les enquêtes montrent que 50 % des étudiants appartiennent à des familles ouvrières.

ÉDUCATION DES ADULTES

Un vaste système d’enseignement général et technique a été m i s sur pied ces dernières années et prend rapidement de l’extension. Presque toutes les matières de l’enseignement à plein temps, y compris l’enseignement supérieur, peuvent être étudiées grâce aux cours du soir ou aux cours par correspondance. Les cours du soir durent généralement 3 ans, à raison de 14 heures par semaine. Les élèves des cours par correspondance ont l’occasion, une fois par semaine, de travailler avec leur moniteur pendant 6 heures, et ceux pour qui le déplacement hebdomadaire est impossible peuvent bénéficier d’autres dispositions.

Union des n@bliques socialistes soviétiques

u N I O N DE s R É P u B L I QU E s s O CI A L I ST E s s O v I É T I QU E s

ADMINISTRATION

Le système d’enseignement général tient rigoureusement compte des caractéristiques économiques, ethniques, linguistiques et culturelles de chacune des républiques nationales composant l’Union soviétique. Il n’existe pas de Ministère central de l’instruction publique,

et l’enseignement relève uniquement des conseils des ministres des républiques de l’Union, par l’intermédiaire de leur Ministère de l’instruction publique respectif. (( Chaque ministère adapte son système suivant les besoins de la république et possède ses propres maisons d’édition pédagogique, lesquelles fournissent le matériel audio-visuel, publient les manuels d’enseignement, les ouvrages pédagogiques, méthodologiques, etc l. )) A tous les degrés, l’enseignement est gratuit et accessible dans

les mêmes conditions aux élèves des deux sexes. Dans les établisse- ments d’enseignement secondaire spécialisés (technicums), de même que dans les établissements d’enseignement supérieur, 80 y. des élèves reçoivent une aide financière de 1’Etat.

ENSEIGNEMENT DU PREMIER DEGRÉ : ÉCOLES A 8 ANNÉES

Ces écoles fonctionnent au niveau du premier cycle de l’enseigne- ment obligatoire (appelé (( moyen )) en russe). Elles dispensent aux enfants de 7 à I 5 ans un enseignement secondaire (( incomplet ». Leurs programmes, de caractère général, visent à donner aux élèves la base dont ils auront besoin par la suite, tant pour acquérir une formation mathématique et scientifique que pour faire des études littéraires classiques. Les élèves qui ont terminé le premier cycle et qui désirent poursuivre leurs études ont le choix entre quatre types d’établissement, à savoir : u) les écoles secondaires d’enseignement général, qui appliquent le principe de l’enseigne- ment polytechnique; b) les établissements d’enseignement secon- daire spécialisé (technicums); c) les écoles du soir (par équipes alternées) qui dispensent un enseignement secondaire général aux jeunes gens qui ont pris un emploi dès leur sortie de l’école de 8 années; d) les établissements d’enseignement professionnel et technique qui assurent la formation de travailleurs qualifiés.

1. Éducaiion dans le monde ,vol. IV (sous preese).

57

Les systèmes d‘enseignement génèral

ENSEIGNEMENT DU SECOND DEGRÉ

Écoles secondaires d’enseignement général. Ces écoles assurent l’enseigne- ment général secondaire aussi bien dans le domaine des mathé- matiques et des disciplines scientifiques que dans celui des disci- plines littéraires et classiques. Jusque dans les classes les plus élevées, on s’occupe de parfaire l’éducation morale, physique et esthétique des élèves. Grâce à l’enseignement polytechnique dispensé dans ces établissements, les élèves ayant terminé leurs études secondaires peuvent se perfectionner rapidement dans une profession et participer à des travaux productifs (dans l’industrie, les kolkhozes et autres organisations communautaires).

Établissements d’enseignement secondaire spécialisé ( technicums, collèges, etc.). Ces établissements forment les techniciens du niveau inter- médiaire pour les divers secteurs de l’économie et de la vie cultu- relle nationale. La durée des études y est normalement de 3 ou 4 années, parfois de 5 années. Pour entrer dans ces établisse- ments il faut, après l’école du premier cycle, réussir l’examen d’admission. Un enseignement général secondaire y est également dispensé, diplôme délivré donnant accès aux établissements d’enseignement supérieur de toutes catégories, à condition toute- fois que les intéressés passent l’examen d’entrée prévu. Pour ceux qui ont déjà un emploi, il existe des cours par corres-

pondance et des cours du soir dont le nombre augmente constam- ment; les études comportent alors une année de plus.

Établissements d’enseignement professionnel et technique. Ces établisse- ments forment des travailleurs qualifiés pour l’industrie, le bâti- ment, l’agriculture et les services publics, et admettent les jeunes gens à la sortie de l’école à 8 années. La durée des cours dans les villes est habituellement de I à 3 ans, et de I à 2 ans dans les zones rurales. Ces cours ont pour but de donner aux élèves la maîtrise du métier qu’ils ont choisi, grâce à une formation pratique assurée dans les ateliers scolaires et dans les entreprises industrielles. Bien que ces écoles n’assurent pas une formation secondaire

complète, leurs élèves peuvent, après avoir pris un emploi de travailleur qualifié, acquérir une telle formation en fréquentant une école du soir ou par équipes alternées. Les élèves qualifiés des écoles techniques et professionnelles peuvent aussi demander leur admission dans un technicum ou tout autre établissement d’enseignement secondaire spécialisé.

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Union des r&ubhues sociahtes soviétiques

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1 Ecole élémentaire obligatoire (8 ans d'études)

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59

Les systèmes d‘enseignement général

ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR

Les études supérieures se font dans les universités, instituts poly- techniques et instituts spécialisés et durent de 4 à 6 ans. Pour être admis dans un de ces établissements, il faut être titulaire d’un certificat de fin d’études secondaires générales ou d’un diplôme de fin d’études secondaires spécialisées, et avoir réussi à l’examen d’entrée. Il existe également, au niveau de l’enseigne- ment supérieur, des cours extérieurs et des cours du soir, ce qui rend les études supérieures plus aisément accessibles encore aux travailleurs des divers secteurs de l’économie nationale.

ÉDUCATION DES ADULTES

Les écoles du soir (par équipes alternées) sont destinées aux jeunes gens et aux adultes qui, occupant déjà un emploi, désirent complé- ter leurs études secondaires jusqu’au niveau normalement atteint au bout de IO à I I années de scolarité. Les cours sont organisés de façon à permettre aux élèves de les suivre sans interrompre leur travail quotidien. Le programme, qui fait suite à celui de l’école à 8 années, s’étend normalement sur 3 ans. Ceux qui travaillent dans la première équipe (celle du matin) suivent les cours du soir; ceux qui travaillent dans la deuxième équipe suivent les cours du matin; d’où le nom d’écoles (( par équipes )) donné à ces établissements. Pour les jeunes gens qui, en raison de leurs heures de travail,

de leur situation de famille ou de leur éloignement, ne peuvent pas fréquenter ces écoles (( par équipes », il existe des cours (( exté- rieurs N d’enseignement général secondaire. Les élèves des cours du soir et des cours par correspondance

bénéficient de certains privilèges officiels. Les travailleurs qui suivent ces cours avec succès ont droit à un jour supplémentaire de congé payé par semaine et peuvent, s’ils le désirent, demander encore un ou deux jours de congé non payé. En outre, un congé payé leur est accordé au moment de l’examen final. Ces études sont sanctionnées par un (( certificat d’études secondaires com- plètes », qui permet à son titulaire de se présenter à l’examen d’entrée d’un établissement d’enseignement supérieur.

2Tounoslavie

Y OU G OS LAVIE

ADMINISTRATION

La République socialiste fédérative de Yougoslavie se compose de six républiques fédérées : la Bosnie-Herzégovine, le Monté- négro, la Croatie, la Macédoine, la Slovénie et la Serbie. L’organe suprême est l’Assemblée fédérale. Celle-ci comprend six chambres, une par république, et détermine la politique nationale dans tous les domaines de la vie sociale; cette politique est appliquée par les organes exécutifs. C’est la Chambre de l’éducation et de la culture qui, avec la Chambre fédérale, examine les questions concernant l’éducation, la science, les arts et les autres aspects de la vie culturelle, prend les décisions dans ce domaine et adopte des lois et autres textes pertinents. Le Secrétariat fédéral à l’éducation et à la culture est chargé

d’appliquer la politique adoptée en matière d’éducation et de culture au niveau fédéral. Les organes responsables au niveau des républiques et des autres circonscriptions territoriales sont, respectivement, les secrétariats des républiques et les conseils de l’éducation et de la culture. Les instituts pédagogiques fournissent des services consulratifs. Après la seconde guerre mondiale, des modifications essentielles

ont été apportées au système d’enseignement de la Yougoslavie. Ces modifications ont trait à l’orientation idéologique de l’enseigne- ment, à la catégorie, au caractère et à la durée des diverses formes d’enseignement ainsi qu’à la gestion des établissements d’enseigne- ment et au financement de l’éducation. Les modifications appor- tées sont régies par des lois et autres textes, noramment la Loi sur l’enseignement obligatoire de sept ans (1945), l’Instruction générale sur la scolarité dans les établissements d’enseignement général (1 952), les Lois générales sur l’enseignement (1 958 et rg64), la Loi générale sur les universités (1960) et la Résolution de l’Assemblée fédérale sur la formation du personnel spécialisé

Quelle que soit sa forme, l’enseignement destiné aux minorités nationales fait partie du système scolaire de la Yougoslavie. Toutes les minorités nationales ont leurs propres établissements d’ensei- gnement général, où l’instruction est donnée dans la langue mater- nelle des élèves. Il existe également des écoles normales où l’enseignement est donné en hongrois, en roumain, en slovaque, en ikipetar et en turc, et des écoles professionnelles où l’enseigne- ment est donné en italien, en hongrois, en Skipetar et en turc. L’enseignement est financé au moyen de crédits alloués par

( 1960).

61

Les systèmes d‘enseignement général

les autorités des circonscriptions territoriales. La répartition de ces crédits est confiée aux administrations correspondantes. La Fédération établit les principes généraux qui régissent le système de financement de l’enseignement et fixe les crédits qui permettent un développement de l’infrastructure correspondant à l’accroisse- ment, de la population et du revenu national. Les écoles religieuses ne font pas partie du système national

d’enseignement. Leur régime est fixé par la Loi sur le régime légal des communautés religieuses. En 1956, le système de l’autogestion a été institué pour tous

les ordres d’enseignement. Les élèves et les étudiants ont leurs propres organes d’autogestion. Jusqu’en I 964, l’autogestion était assurée par des comités scolaires composés de personnalités éminentes, de membres du personnel enseignant et d’élèves. Depuis 1964, les organes d’autogestion sont les conseils d’établisse- ment, qui comprennent des membres intérieurs et des membres extérieurs (personnalités éminentes). Les organes d’autogestion propres aux élèves sont l’ensemble des élèves de l’établissement et la Fédération des étudiants.

ENSEIGNEMENT PRIMAIRE

Dès 1945, on s’est efforcé de rattraper systématiquement le retard hérité de la période antérieure dans le domaine de l’éduca- tion et de la culture en adoptant un système d’enseignement obligatoire étendu sur 7 années. Ces 7 ans de scolarité furent organisés de diverses manières, la plupart du temps par l’addition de 3 années d’enseignement secondaire du premier cycle aux 4 années d’enseignement primaire. A partir de l’année sco- laire 1g52/1g53, la durée de la scolarité obligatoire a été portée à 8 ans, et les républiques ont appliqué cette réforme selon les conditions et les possibilités particulières à chacun d’elles, soit en instituant l’école à 8 années d’études en tant qu’un tout orga- nique, soit en utilisant les écoles élémentaires à 4 et 6 années, c’est-à-dire des écoles indépendantes plus petites rattachées à l’école à 8 années d’études.

ENSEIGNEMENT SECONDAIRE

Le système de l’enseignement général du second degré a égale- ment été modifié. Les écoles secondaires classiques et non classiques et les écoles professionnelles ont continué à fonctionner après la guerre en tant que lycées de diverses catégories. Conformément à la Loi sur la scolarité obligatoire de 7 ans, les études duraient

62

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63

Les systèmes d’enseignement nénéral

3 ans dans les petites classes des lycées et 5 ans dans les grandes classes. Avec l’adoption de la scolarité obligatoire de 8 ans, la durée du premier cycle de l’enseignement donné dans les lycées a été portée à 4 ans. Depuis l’année scolaire 1960/1961, l’enseigne- ment donné dans les lycées a été divisé en deux parties : un pro- gramme commun à tous les élèves et un cycle offrant plusieurs options, à partir de la deuxième année d’études : sciences sociales et langues, sciences naturelles et mathématiques, enfin humanités et pédagogie. Au cours de l’année scolaire 196511966, on a créé des lycées de mathématiques, appliquant dès la première année un système pédagogique spécial. L’instruction secondaire est également donnée dans les écoles

professionnelles qui comprennent : les écoles pour ouvriers quali- fiés, les écoles techniques et équivalentes, les écoles de sciences économiques et de services publics, les écoles d’enseignement artistique, les écoles normales. Les écoles de formation pratique et d’apprentissage admettent

les ouvriers qualifiés. Les écoles d’apprentissage dispensent des connaissances générales et une formation professionnelle dans les entreprises et les ateliers artisanaux; quant aux écoles de formation pratique, les élèves y acquièrent des connaissances théoriques et pratiques dans la spécialité pour laquelle ils sont formés. Les écoles techniques et autres écoles professionnelles de niveau

secondaire forment les cadres techniques et autres de niveau secondaire pour l’industrie, l’agriculture, le bâtiment et la cons- truction, les transports, le commerce, l’industrie hôtelière, les services administratifs et financiers, les services médicaux et les services éducatifs, culturels et sociaux.

ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR

Il existe deux grandes catégories d’établissements d’enseignement supérieur en Yougoslavie : les écoles supérieures et les universités.

Écoles supérieures. Ces écoles se sont développées rapidement après la deuxième guerre mondiale. Il en existe aujourd’hui 139, contre 2 seulement avant la guerre. Les élèves diplomés de ces écoles peuvent continuer leurs études dans les facultés conformément aux statuts de ces établissements. Le nombre des écoles supérieures ayant rang de faculté est passé de 2 avant la guerre à 17, tandis que le nombre des facultés est passé de 18 à 93. Les écoles supérieures dispensent un enseignement dans les

domaines suivants : sciences politiques et économiques, pédagogie,

Yougoslavie

éducation physique, administration, agriculture, sciences de l’ingénieur et beaux-arts.

Unioersités. Il existe 5 universités (Belgrade, Zagreb, Ljubljana, Sarajevo et Skopje) comprenant 84 facultés au total. Parmi les facultés techniques, il en existe 6 pour l’électrotechnique, 6 pour l’équipement mécanique et 6 pour diverses autres branches de la technologie. Le régime des établissements d’enseignement supérieur est

fixé par la Loi générale sur les universités ( I 960). Conformément A cette loi, l’enseignement donné dans les facultés peut être divisé en trois cycles, dont chacun forme un tout, mais qui sont en même temps reliés les uns aux autres, de manière que tout candidat ayant obtenu des résultats satisfaisants puisse gravir les différents échelons du système d’enseignement. Outre les élèves diplômés de l’enseignement secondaire, ceux qui ont plus de 18 ans et qui ont réussi à l’examen d’entrée, peuvent s’inscrire dans une faculté et y poursuivre des études à plein temps ou à temps partieI.

ÉDUCATION DES ADULTES

Les cours du soir pour adultes et l’enseignement à temps partiel couvrent aujourd’hui presque tout le système d’enseignement en ce qui concerne notamment le perfectionnement des maîtres par l’acquisition de titres supérieurs. Le taux d’analphabétisme, estimé en 1945 à 48 %, était tombé à 21 y0 en 1961. La résolution adoptée par l’Assemblée fédérale en 1960 a

également apporté des innovations à la formation des spécialistes. Cette résolution traite de l’enseignement professionnel scolaire et extrascolaire, considéré comme un système uniforme qui doit être adapté aux besoins de l’économie nationale et des services . publics. La résolution prévoyait aussi l’introduction de nouvelles formes d’enseignement professionnel, à savoir la création des centres scolaires et des services de formation professionnelle dans les entreprises. Ce système s’est révélé particulièrement utile dans l’enseigne-

ment technique où il permet aux jeunes ouvriers soit d’obtenir des emplois plus élevés, soit de suivre des cours d’enseignement technique.

RÉFORMES

Le régime des écoles professionnelles a été profondément remanié après la réforme de l’enseignement. Cette réforme a porté sur

Les systèmes d’enseignement général

tout le système, depuis l’éducation préscolaire jusqu’à l’enseigne- ment supérieur, et notamment sur l’éducation des adultes. E n 1958, la Loi générale sur l’enseignement a sanctionné le nouveau système qui était appliqué depuis 1956 conformément aux instruc- tions de l’Assemblée fédérale. Ce système a contribué à la démo- cratisation de l’enseignement secondaire tel qu’il était dispensé antérieurement; il a amélioré la structure de l’enseignement et des programmes des écoles professionnelles, et donné la possi- bilité aux élèves des écoles professionnelles qui remplissent les conditions requises de poursuivre leurs études dans les établis- sements d’enseignement supérieur appropriés.

66

C H A P I T R E I I

L’ENSEIGNEMENT PROFESSIONNEL

ET LA FORMATION DES T R AV A 1 L L EU R S QU AL IF I É s

(( Le terme (( travailleur qualifié )) s’applique à toute personne qui a reçu une instruction et une formation pratique étendues pour l’exercice d’un métier manuel ou autre dans un domaine parti- culier l. )) C’est dans le cadre de cette définition que les méthodes utilisées

par les divers pays du monde présentent le plus de disparité. En Belgique, par exemple, presque toute la formation des travail- leurs qualifiés de l’industrie est assurée à l’école, autrement dit dans des établissements spécialement équipés pour dispenser à la fois, sur des bases réalistes et pratiques, un enseignement général et une formation professionnelle. O n peut commencer à recevoir ce type de formation dès l’âge de 12 ans. D’autre part, dans certains pays, comme le Royaume-Uni,

on est hostile à l’idée de soumettre les enfants d’âge scolaire à une formation professionnelle aussi intensive, et c’est presque toujours après avoir quitté l’école, ou après l’âge de 15 ans, que les adoles- cents désireux d’accéder à des emplois de travailleurs qualifiés reçoivent presque toute leur formation professionnelle. Si, en Angleterre, les écoles techniques du second degré font parfois figurer à leurs programmes des cours d’initiation à des métiers déterminés, c’est pour compléter leur enseignement et non pour faire de leurs élèves des ouvriers spécialisés. Dans ces pays, l’appren- tissage ne commence qu’au terme de la scolarité obligatoire. Dans d’autres pays, en République fédérale d’Allemagne par

exemple, les apprentis ont droit à un jour de liberté par semaine pour pouvoir fréquenter une école ou recevoir à la fois un enseigne- ment général et une formation technique de base. En Suède, on applique le système inverse : des écoles pratiques d’apprentissage

1. N Recommandation concernant l’enseignement technique et professionnel n adoptée par la Conférence générale de 1’Unesco i sa douziéme session, Paris, 1962 (texte publié en anglais, espagnol, français et russe), p. IO de la version française.

L’enseignement professionnel et la formation des travailleurs qualifïés

dispensant un enseignement à plein temps autorisent leurs élèves à faire des stages de brève durée dans les industries appro- priées.

Il existe encore bien d’autres systèmes; en fait, l’enseignement industriel dépend, dans tel pays, du Ministère du travail, dans tel autre, du Ministère de l’éducation, dans tel autre encore, d’organismes de caractère semi-officiel (comme les Stichtingen des Pays-Bas). En matière de formation professionnelle, chaque pays a un

choix particulièrement important à faire entre la (( planification )) et l’absence de planification (choisir la planification ou le (( laissez faire D) . Mais, sous l’influence des facteurs économiques, des pres- sions sociales et des besoins de l’industrie en main-d’œuvre quali- fiée, les pays se trouvent amenés, l’un après l’autre, à adopter la planification. Faut-il laisser l’individu choisir en toute liberté le métier qu’il exercera, ou convient-il, en se fondant sur les besoins du développement économique et industriel, tels qu’ils ressortent des statistiques, de l’orienter vers un métier donné ou, tout au moins, d’influencer judicieusement son choix? Le chômage, les difficultés financières, l’impossibilité de faire

face aux frais d’un apprentissage, les échecs aux concours ont été longtemps considérés comme faisant partie des (( lois naturelles )) ou des hasardS.de la vie; et dans la mesure où elle tend à éliminer ces risques, la planification se heurte à des résistances qui se font particulièrement sentir dans les pays où le principe de la liberté individuelle repose sur les traditions les plus anciennes ou les plus fortes. Par ailleurs, bien des gens considèrent l’éducation comme (( une

fin en soi ». Selon certains, on ne saurait, sans contradiction dans les termes, parler d’une (( éducation technique ou professionnelle )) : si l’enseignement est professionnel, il ne peut être (( éducatif B; et vice versa, s’il doit être (( éducatif », il ne peut pas être (( profes- sionnel D. Tel est le raisonnement qui a amené certains pays, comme l’Allemagne et le Royaume-Uni, à exclure des établisse- ments secondaires l’enseignement professionnel. Les incessants progrès de la technologie suscitent des problèmes

d’adaptation sociale de la plus haute importance. En modifiant les conditions de vie et en rendant nécessaires le renouvellement et la diversification des méthodes d’éducation et de formation, le développement de l’automation aura des effets aussi considé- rables que les changements qui se sont produits, il y a bien des siècles, au moment où l’agriculteur sédentaire a remplacé le chas- seur nomade, et plus tard au moment de la Révolution industrielle. En ces temps de progrès rapides, que cherchons-nous ou

68

devrions-nous chercher à faire pour donner aux jeunes gens qui aspirent à des emplois d’ouvriers qualifiés l’enseignement et la formation appropriés? Depuis le moyen âge et jusqu’à la fin du XVIII~ siècle, on donnait aux apprentis une formation qui, si elle tendait à les initier aux techniques du métier, n’en présen- tait pas moins un côté humain. Le jeune apprenti n’apprenait pas seulement la technique de son métier, mais il se familiarisait en même temps avec les traditions et les coutumes sociales de la corporation, et plus tard, parvenu à la maîtrise, il pouvait avoir à les défendre. Ces traditions se sont si fortement enracinées qu’il existe encore dans certains pays - en Angleterre et en France, par exemple - des guildes ou confréries qui restent fidèles aux coutumes sociales des corporations dont elles sont nées, même si les métiers correspondants ont, comme c’est souvent le cas, disparu ou si leurs membres ne pratiquent pas effectivement ces métiers. A cette lointaine époque, 1’« art du changement J) n’était pas

enseigné, car les progrès de la science et de la technique ne s’étaient pas encore accélérés au point d’obliger les ouvriers ou artisans à modifier constamment leurs procédés. Aujourd’hui, il est devenu indispensable d’enseigner cet art aux jeunes gens et de leur apprendre, dans leur intérêt, à s’adapter de bonne grâce au change- ment. Nous n’en sommes plus, en effet, à l’époque où la formation reçue pendant l’adolescence suffisait durant toute la vie. Bien des travailleurs spécialisés se voient aujourd’hui contraints d’aban- donner l’occupation ou le métier particulier auquel ils étaient préparés. Cependant, il y a un aspect de l’enseignement professionnel

qui, de par sa nature même, est resté presque immuable; il s’agit de son caractère (( humain ». Les questions que l‘on se posait à l’époque gréco-romaine en ce qui concerne la nature de l’homme, sa destinée, ses rapports avec ses concitoyens, les conditions du bonheur, l’art de gouverner ou de se laisser gouverner, les leçons de l’histoire et les devoirs familiaux ont conservé leur actualité et demeurent aujourd’hui tout aussi importantes qu’elles l’étaient il y a deux mille ans. Le rythme des progrès ou la technologie a amené l’homme à

se désintéresser de ces questions et à juger leur étude moins utile que la recherche du progrès technique. Ce qu’il faut, c’est donc rétablir l’ordre de priorité souhaitable et enseigner la technique comme un moyen toujours renouvelé de servir les idéaux et les aspirations de l’humanité. La forme sous laquelle sera présentée cette conception devra, bien entendu, varier selon le niveau intellectuel des élèves, ouvriers qualifiés, techniciens, ingénieurs ou chercheurs.

L‘enseipmmt professionnel et la formation des travailleurs qualijiés

Les questions qui se posent maintenant sont les suivantes : est-il préférable, pour assurer la formation des futurs ouvriers qualifiés, de les soumettre à un apprentissage dans l’industrie ou de leur faire donner dans les écoles l’éducation et la formation appropriées, ou bien encore d’utiliser à la fois les deux méthodes? O u bien la formation professionnelle devrait-elle à l’avenir être conçue comme un processus à peu près continu caractérisé par une courte période de préparation initiale à laquelle succéderaient de brèves périodes de recyclage ? Les techniques manuelles survivront-elles d’ailleurs au déve-

loppement de l’automation ou sont-elles appelées à disparaître ? Dans le domaine de la formation professionnelle, les efforts actuelle- ment déployés aux fins d’« harmonisation )> par la Communauté économique européenne ne sauraient répondre pleinement aux besoins que s’ils tendent non seulement à une harmonisation entre pays, mais aussi à une harmonisation entre le passé et l’avenir. A cet égard, c’est peut-être à certains pays en voie de développe-

ment que s’offrent les meilleures perspectives, car ces pays ne sont entravés ni par les forces de tradition ni par aucune inhibition sociale profonde. Ils ont, en outre, du point de vue économique, les plus puissants motifs de créer des systèmes efficaces de formation professionnelle, sans lesquels leurs industries seraient incapables de rivaliser sur le marché mondial avec celles bes autres pays. C’est avec le désir de répondre aux besoins des Etats récemment parvenus à l’indépendance qu’ont été préparés les comptes rendus ci-après qui, portant sur l’enseignement professionnel dans dix pays, décrivent brièvement les systèmes actuellement appliqués par différentes nations plus anciennes. Il est évident que ces systèmes ou méthodes ne sont pas toujours des (( produits directe- ment exportables ». Ceux qui ont pour mission de donner des conseils aux pays récemment industrialisés devront toujours prendre de nombreux facteurs en considération avant de recom- mander à ces pays d’adopter en bloc tel ou tel système, car il n’existe pas encore de (( type unique d’homme », pas plus dans le domaine technique qu’ailleurs.

RÉPUBLIQUE FÉDÉRALE D’ALLEMAGNE

Si, depuis quelques années, la formation des travailleurs qualifiés est confiée aux écoles à plein temps appelées Berufsfachschulen, il n’en est pas moins vrai qu’aujourd’hui encore la formation des travailleurs nécessaires à l’industrie nationale est assurée, dans

Rébublique fédkrale d’Allemagne

la proportion de go %, par les entreprises industrielles elles-mêmes, dans des conditions strictement réglementées. L’adolescent ou l’adolescente qui sort de la Volksschule à

l’âge de 14 ou 15 ans peut envisager de faire comme Lehrling (apprenti) un apprentissage complet s’étendant sur 3 années ou 3 années et demie, ou comme Anlernling (stagiaire) un stage de formation pratique s’étendant sur une période plus courte, de I ou 2 années. Soixante pour cent des élèves qui sortent des Volksschulen deviennent ainsi apprentis. La formation des apprentis relève de l’Administration centrale

du Ministère fédéral des affaires économiques, en liaison avec le Ministère du travail, et elle fait l’objet d’une réglementation spéciale (Ordnungsmittel für die betriebliche Berufserziehung) où l’on trouve, pour chaque métier, la définition du métier même (Berufsbild) et des aptitudes nécessaires à son exercice (Eignung- sanforderungen), la liste des examens prévus et un programme de formation. Le Berufsbild énumérant les qualifications qui doivent être acquises en cours de formation est inclus dans le contrat d’apprentissage et en devient partie intégrante. A l’échelon régional, les questions d’apprentissage relèvent

de la Chambre de l’industrie et du commerce (Industrie- und Handelskammer) ou, pour le secteur de l’artisanat (petits métiers, industries artisanales ou domestiques, etc.) de la Chambre des métiers (Handwerkskammer) . Toute entreprise ou tout artisan travaillant à son compte

doit, de par la loi, être inscrit à l’une de ces deux chambres à titre de membre cotisant. La Chambre de l’industrie et du com- merce possède à Bonn un bureau central (Arbeitsstelle für betrie- bliche Berufsausbildung) qui est chargé de rassembler une docu- mentation sur les différents métiers et de communiquer les infor- mations ainsi recueillies aux entreprises intéressées. 11 existe un organisme analogue pour le secteur de l’artisanat. Les contrats d’apprentissage, une fois signés par l’entreprise

(ou l’artisan), par l’apprenti et par son père ou sa mère, sont enregistrés auprès de la chambre (Kammer) appropriée, qui doit veiller à ce que l’apprentissage de l’intéressé soit assuré d’une manière satisfaisante.

11 existe de nombreux programmes de formation : environ 500 pour les Lehrberufe (apprentis) et 160 pour les Anlernberufe (stagiaires). Les apprentis et stagiaires qui en bénéficiaient étaient respectivement, en 1959, au nombre de I 200000 et de 50000. On compte, dans le secteur industriel, I 24 programmes destinés aux Lehrberufe (apprentis) et I 5 programmes destinés aux Anlern- berufe (stagiaires) ; dans le secteur commercial, les chiffres corres-

71

L’enseignement professionnel et la formation des travailleurs qualifiés

pondants sont de 31 et de 5; ils sont de 124 et de 15 dans le secteur artisanal. Ces programmes font constamment l’objet de revisions, certains disparaissant tandis que d’autres sont mis en application. Les apprentis des deux sexes suivent obligatoirement jusqu’à

l’âge de 18 ans, ou jusqu’à la fin de leur apprentissage, les cours d’une Berufsschule, à raison d’un jour par semaine. Les Berufs- schulen dispensent à la fois un enseignement général et un enseigne- ment technique de base, de caractère théorique. Les travaux pratiques servent uniquement de démonstrations pour illustrer l’enseignement théorique (exercices portant, par exemple, sur la conduite de machines-outils ou sur l’essai de matériaux). Certains programmes types appliqués par ces écoles figurent d’ailleurs à l’annexe II. Malgré leur caractère obligatoire, les études faites à la Beruffschule ne jouent aucun rôle direct dans la préparation à 1 ’ ~ examen de fin d’apprentissage )) (Lehrabs- chlussprüfung), mais elles contribuent, naturellement, dans une large mesure, à augmenter les connaissances générales et techni- ques. Cet enseignement est gratuit. L’examen de fin d’apprentis- sage a lieu dans l’entreprise même suivant les règlements de la chambre (Kammer) dont elle dépend et les apprentis qui réussis- sent obtiennent un Facharbeiterbrief ou un Gesellenbrief indus- triel, commercial ou artisanal suivant le cas. Les grandes entreprises possèdent des sections d’apprentissage

et, parfois, des (( écoles d’entreprise ». Depuis quelques années des efforts ont été déployés pour donner aux apprentis une formation plus large que celle qui viserait simplement à les préparer à un travail déterminé (celui de (( tourneur )) par exemple). Aussi beaucoup de jeunes gens font-ils un apprentissage prolongé s’éten- dant au total sur 3 ans et demi. Un diplôme supérieur à ceux qui ont été mentionnés ci-dessus -

le Meisterbrief - peut être obtenu après 5 années d’expérience pratique, sur la base d’un nouvel examen. U n enseignement théorique et pratique à plein temps ou à temps partiel permettant de se préparer à cet examen est assuré dans un certain nombre d’entreprises et d’écoles (Gewerbeschulen, Fachschulen). Les jeunes gens plus ambitieux peuvent bénéficier des moyens

de formation énumérés ci-après.

APPRENTISSAGE A L’ÉCOLE

Bemfsfhschule

Sauf en ce qui concerne certains emplois commerciaux, il n’existe jusqu’à présent en Allemagne aucun système qui permette, comme

République fédérale d’Allemagne

en France par exemple, de faire un apprentissage complet dans une école. Les Berufsfachschulen donnent cependant un enseigne- ment à plein temps s’étendant sur une ou deux années, enseigne- ment qui constitue un préapprentissage (voir annexe II) et qui peut ensuite réduire de 50 % la durée de la période d’apprentis- sage, l’intéressé commençant dans ce cas son apprentissage avec des connaissances générales et techniques plus solides et plus étendues. La plupart des Berufsfachschulen sont gratuites.

Berufsauf bauschule

Tout apprenti qui, pendant sa première année d’apprentissage et de fréquentation de la Berufsschule, fait preuve de réelles aptitudes peut s’inscrire à des cours complémentaires du soir, dans une Berufsaufbauschule. Il lui faudra en général consacrer à ces cours 4 soirées par semaine pendant une période s’étendant, selon ses progrès, sur 6 ou 7 semestres (3 ans ou 3 ans et demi). Le but de cet enseignement complémentaire est double : permettre aux jeunes gens qui ont quitté l’école à l’âge de 14 ou 15 ans de compléter leur instruction générale et les préparer à poursuivre plus tard des études techniques supérieures. Pour obtenir le diplôme appelé Fachschulreife, l’apprenti doit remplir quatre conditions : a) avoir fait les études prévues à la Berufsschule; b) avoir suivi les cours complémentaires susmentionnés (Aufbaus- chule) et passé avec succès les examens correspondants; c) avoir complété son apprentissage et passé avec succès son K examen de fin d’apprentissage n; d) avoir reçu pendant six mois au moins une formation pratique dans des métiers voisins du sien. Cet important diplôme permet à l’intéressé de se faire inscrire

dans une Hohere Fachschule ou dans une Ingenieurschule pour y recevoir une formation de technicien. Aux programmes des Berufsaufbauschulen figurent, pour les 4 premiers semestres, des matières telles que l’allemand, l’anglais, l’algèbre, la géométrie, la physique et la chimie; des matières techniques et du dessin professionnel viennent par la suite s’y ajouter. Les apprentis peuvent aussi attendre, pour s’inscrire à une

Aufbauschule, d’avoir terminé leur apprentissage (y compris le stage d’initiation aux métiers voisins) et suivre alors à plein temps, pendant 2 ou 3 semestres, les cours de jour de 1’Aufbauschule. Dans chaque cas, la durée des études s’effectuant à cette école peut être réduite, si l’intéressé, avant d’entrer en apprentissage, a suivi pendant un ou deux ans les cours d’une Berufsfachschule. Une Fachschulreife obtenue de cette manière donne à l’intéressé

la possibilité d’entrer dans un institut de préparation aux études

73

L’enseignement professionnel et la ,formation des travailleurs qualiJés

universitaires (Institut zur Erlangung der Hochschulreife) . Il pourra, au bout de 2 ans, y obtenir un Reifezeugnis qui lui donnera accès à une université ou à une Technische Hochschule. Pour ceux qui ont quelque ambition, le stade de l’apprentissage

constitue donc la première phase d’un long programme d’études qui, étant accessible à ceux qui ne sont titulaires ni de 1’Abitur ni d‘aucun diplôme de l’enseignement secondaire général, est maintenant connu, sous le nom de (( Zweite Bildungsweg )) (deuxième voie d’accès à la culture). Bien qu’elle augmente d’année en année, la proportion d’ap-

prentis qui bénéficient effectivement de ce programme n’est encore que de IO %. Les efforts déployés pour accroître ce pourcentage se sont surtout traduits par des mesures tendant à remplacer les cours du soir - dont la fréquentation, à raison de 12 heures par semaine, représente une grande fatigue - par des cours de jour se donnant à plein temps ou à temps partiel. Aussi, la proportion des jeunes gens qui n’entrent en apprentissage qu’après avoir fréquenté une Berufsfachschule augmente-t-elle constamment. En outre, on comprend de mieux en mieux, notamment dans les Lander où l’âge de sortie de l’école est encore fixé à 1 4 ans, qu’un enseignement général complémentaire comme celui que dispensent les Berufsfachschulen constitue une nécessité si l’on veut, en orientant la formation technique vers la (( polyvalence )) et en lui associant un enseignement technique théorique, continuer à faire face aux besoins toujours changeants et toujours plus grands de l’industrie moderne et du commerce. Les apprentis non dépourvus d’ambition, mais peu doués pour

les études théoriques, peuvent acquérir dans des Fachschulen fonctionnant dans la journée ou le soir une instruction qui leur permettra d’accéder à des postes de techniciens du cadre subalterne (Techniker) comme ceux dont il est question au chapitre III. Dans le secteur commercial, les Hohere Berufsschulen (écoles

supérieures de préparation à l’emploi) ne sont pour la plupart ouvertes qu’aux adolescents qui sortent d’un Realschule ou qui ont, après avoir terminé leurs études primaires, suivi des cours complé- mentaires. Elles préparent en 2 années leurs élèves à entrer en apprentissage dans le commerce ou à occuper un emploi. Les inté- ressés se trouvent ainsi dispensés de suivre les cours d’une Beruf- saufbauschule et il leur est permis de ne faire qu’un apprentissage de durée réduite.

74

États- Unir d’Amérique

É T AT s -UN I s D ’ A M É R I QUE

La première loi fédérale qui traitait de la formation pratique des (( classes industrielles )) fut le Merrill Act de 1862; elle fondait des collèges chargés (( de donner un enseignement portant sur l’agriculture et les arts mécaniques ». Ces collèges prirent rapide- ment une place importante dans la hiérarchie académique et bientôr conférèrent des grades considérés comme équivalents aux grades universitaires. Il en résulta que les métiers spécialisés se trouvèrent une fois de plus privés d’un apprentissage organisé. En 1917, cependant, le Smith-Hughes Act prit force de loi

et aujourd’hui encore il est à la base du système américain d’ensei- gnement professionnel. Cette loi prévoyait l’octroi d’une subven- tjon fédérale correspondant aux dépenses effectuées par chaque Etat pour l’organisation de classes à plein temps ou à temps partiel de (( niveau précollèges », dans les domaines de l’agriculture, de l’économie domestique, de l’industrie et, par la suite, du commerce. Près d’un demi-siècle s’est écoulé depuis, et en I 960 près de quatre millions d’élèves entre 15 et 18 ans fréquentaient des écoles pro- fessionnelles ou des cours professionnels dans des établissements d’enseignement général. Un million d’entre eux suivaient les cours de la catégorie dite Trade and Industry (métiers et industries), mais 300 ooo seulement fréquentaient les cours du jour, tandis que les autres, occupant déjà un emploi, suivaient des cours du soir ou à temps partiel; les trois millions restants suivaient les cours d’agri- culture, de commerce de distribution, d’économie domestique, de préparation aux emplois de garde-malades et d’infirmiers. Le Fitzgerald Act ou National Apprenticeship Act (loi sur

l’apprentissage) adopté en I 937, visait à encourager l’organisation de programmes d’apprentissage, à leur 9onner un niveau élevé et à créer à l’échelon fédéral et à celui des Etats des comités d’appren- tissage. En 1961, I 60 ooo apprentis étaient admis au bénéfice des dispositions de cette loi.

FORMATION INDUSTRIELLE

Le Fitzgerald Act fixe les règles générales de l’apprentissage : a) âge minimum (16 ans); b) élaboration obligatoire d’un pro- gramme de formation; c) salaire représentant la moitié environ du plein salaire de l’adulte; d) instruction complémentaire à l’école, à raison de 144 heures par an au minimum. Cette loi détermine également la-forme des contrats d’apprentis-

sage et leur enregistrement par l’Etat. Tel qu’il est pratiqué, le système américain d’apprentissage

75

L’enseignement professionnel et la formation des travailleurs qual$és

est très différent du système européen, Aux États-Unis, l’appren- tissage commence généralement à l’âge de 18 ans et dure 4 ans. Le salaire y est assez élevé et l’apprenti doit fournir un travail pro- ductif. L’instruction complémentaire donnée en 144 heures annuelles porte plutôt sur l’étude pratique et technologique des métiers que sur un enseignement plus général; il est rare qu’elle mène au titre de technicien ou d’ingénieur diplômé (deux exemples de programmes d’apprentissage sont donnés à l’annexe II). Le système d’apprentissage américain ne s’applique qu’à cer-

tains métiers; selon le Fitzgerald Act, peut faire l’objet d’un apprentissage un métier qu’on a coutume d’apprendre en cours d’emploi, qui demande au moins 2 ans de formation et pour lequel il est nécessaire de compléter l’expérience pratique par une instruction complémentaire. Lorsqu’on compare les statistiques américaines avec celles dlautres pays, il importe donc de se souvenir que l’apprentissage aux Etats-Unis porte sur un nombre de métiers plus restreint. Le pourcentage des abandons en cours de formation est consi-

dérable. Entre 1941 et 1953, les apprentis inscrits étaient au nombre de 687 605 : 328 332 d’entre eux renoncèrent avant d’avoir achevé leurs études. En 1961, les abandons atteignaient plus de la moitié du nombre des nouvelles inscriptions. L’enseignement complémentaire se donne le soir dans les écoles

ou les collèges, car le système du (c day-release N icongé d’études hebdomadaire) n’existe pratiquement pas aux Etats-Unis, bien que la fréquentation des cours du soir soit parfois comptée comme heures supplémentaires et payée en conséquence. Les programmes d’apprentissage établis d’après les directives du

Local Joint Apprenticeship Committee (comité local d’appren- tissage) sont une des caractéristiques intéressantes du système amé- ricain de formation et contribuent à élargir l’expérience du métier. Beaucoup plus âgés que leurs homologues européens, les

apprentis américains, qui souvent sont mariés, cherchent à gagner le plus d’argent possible; c’est pourquoi nombre d’entre eux font des heures supplémentaires ou acceptent d’autres emplois à temps partiel le soir. Certains programmes d’apprentissage présentent des variations

locales : ils permettent par exemple à l’apprenti de passer l’exa- men de journeyman (compagnon) et, s’il réussit, d’être payé à plein salaire tout en poursuivant ses 4 années d’apprentissage. Pour certains emplois, la typographie par exemple, on utilise

de nouvelles méthodes; des points ((( credits ») sont attribués à certains travaux pratiques figurant au programme d’études de l’élève; lorsque le nombre de points atteint le total requis et que

États- Unis d’Am’riaue

l’examen professionnel est réussi, l’apprentissage est considéré comme terminé, quel que soit le temps réellement accompli C’est probablement la plus réaliste et la plus avancée des méthodes actuelles d’apprentissage.

Manpower Development and Training Act de 1962 (loi sur l’augmentation et la formation de la main-d’œuvre). En 1962, on constata queJa formation des apprentis et autres travailleurs spécialisés aux Etats-Unis était inférieure, en volume, à celle de l’Europe et de l’Union soviétique. Les problèmes de la redistribution de la main-d’œuvre, rendue nécessaire par le développement de l’automation, ainsi que les problèmes de chô- mage créés par l’abandon prématuré de l’école, rendaient souhai- table l’organisation d’une formation professionnelle, courte mais intensive, qui ouvrirait directement l’accès aux emplois spécialisés. Ces cours, organisés par le Manpower Development and Training Act de 1962, furent par la suite considérablement étendus et augmentés, par des amendements apportés à cette loi en 1963 et par la Vocational Education Act (loi sur l’enseignement professionnel) adoptée la même année. L’Area Redevelopment Act de 1961 (loi sur la mise en valeur de certaines régions) prévoit la création de cours d’apprentissage dans des métiers qui favorisent le développement économique de régions deshéritées. La durée de ces cours varie entre 120 heures (pour la formation d’un opérateur de machine à coudre) et 2 ans de cours à plein temps (ou I 920 heures) pour la formation d’un aide-dentiste. Cet enseigne- ment est donné dans des collèges à 4 années d’études, des junior colleges à 2 années d’études, et dans des area professional schools (écoles professionnelles régionales). Quelques-uns des métiers, tels que ceux d’ouvriers ajusteurs, de piqueurs sur chaussures (matières plastiques et articles de fantaisie) sont tellement spécia- lisés qu’ils rentrent difficilement dans une catégorie d’apprentis- sage, au sens propre du mot. Outre l’apprentissage et la formation accélérée des adultes

prévue par le Manpower Act, il existe dans de nombreuses entre- prises des systèmes dits Training Within Industry, ou TWA (formation dans l’industrie) qui préparent à des emplois déter- minés. Le réapprentissage devient nécessaire dans le cas où le caractère d’un métier se transforme ou si le travailleur change de métier. Le système de formation adopté par un grand nombre d’indus-

tries américaines consiste à décomposer au maximum le processus de production en une série de petites opérations dont chacune ne

77

L’enseignement professionnel et la formation des travailleurs qual$e’s

nécessite que très peu de spécialisation, et qui peuvent par consé- quent être effectuées après une très courte période d’apprentissage. Tout en critiquant cette pratique, de nombreux pays européens l’ont adoptée afin d’arriver au résultat inverse, c’est-à-dire à rendre polyvalent leur système de formation. C’est peut-être en fait la méthode de l’avenir, car elle peut s’adapter plus facilement aux rapides modifications des techniques, et encourager le désir de changement plutôt que provoquer la résistance au changement.

Vocational high schools (ècoles secondaires professionnelles) Ces écoles représentaient, à une certaine époque, la dernière option offerte aux élèves les moins doués des junior high schools ou à ceux qui sachant que, pour des raisons financières, ils ne pourraient aller au collège, devaient par conséquent trouver le moyen de gagner leur vie le plus rapidement possible. Cependant, au cours des dernières années, les vocational high schools ont commencé à jouir d’une considération beaucoup plus grande, en raison d’un certain nombre de facteurs : d’abord une politique plus judicieuse, ensuite une réduction des heures d’apprentissage pour tenir compte du temps passé à l’école, puis les salaires élevés obtenus dans les emplois spécialisés, enfin la création de cours de perfectionne- ment pour la formation de techniciens. Certaines écoles peuvent maintenant effectuer un choix parmi les demandes d’inscription en première année qui leur sont présentées. Les programmes destinés aux jeunes (garçons et filles) de 15 à

18 ans prévoient un horaire à peu près égal pour l’enseignement général et pour la formation technique (théorique et pratique). Les mathématiques, les sciences et le dessin industriel font partie de l’enseignement général, au même titre que l’éducation physique, la préparation militaire (corps de cadets) et les leçons d’hygiène. Les élèves ont en moyenne 40 leçons de 45 minutes chacune, soit au total 30 heures de présence. Ces écoles préparent i de nombreuses professions dans le

commerce, l’industrie et dans d’autres secteurs tels que l’agricul- ture. Peu de jeunes filles s’inscrivent aux cours industriels (d’ail- leurs souvent réservés aux hommes), et la plupart suivent des cours commerciaux, d’économie domestique ou d’infirmières. A l’issue des ces études, l’étudiant reçu à ses examens obtient un

vocational high school diploma (diplôme scolaire d‘école profes- sionnelle) et un certificat d’aptitude professionnelle pratique ou théorique. Il peut, soit travailler immédiatement, soit se mettre en apprentissage ; dans ce cas, son salaire initial sera généralement plus élevé que s’il avait opté pour la première solution. La

France

réduction éventuelle de la durée de l’apprentissage varie selon les coutumes locales et la pratique des syndicats. Les vocational high schools forment actuellement deux fois plus

de travailleurs qualifiés que le système de l’apprentissage indus- triel. Cependant le nombre de ceux qui poursuivent ou même embrassent réellement le métier qu’ils ont choisi n’est pas connu avec précision. Ces écoles ne délivrent pas, comme en Europe, un diplôme

national ou fédéral; certaines industries ont néanmoins commencé à délivrer des certificats à leurs apprentis dans leur propre secteur d’activité, avec le concours des conseils d’apprentissage de 1’Etat. O n trouvera à l’annexe II deux programmes types d’études d’écoles secondaires professionnelles.

Area vocational schools (écoles professionnelles régionales)

Le Vocational Education Act (George Barden) [loi George Barden sur l’enseignement professionnel] de 1946 et le titre VI11 (Education) du National Defence Act de 1958 prévoient la créa- tion d’area vocational technical schools (écoles régionales pro- fessionnelles et techniques), financées à 50 % par une subvention fédérale. Elles doivent préparer leurs élèves à occuper un emploi dès l’âge de 18 ans. Les écoles professionnelles régionales ont eu tendance cependant à former des techniciens subalternes (voir chap. III) plutôt que de simples travailleurs qualifiés comme ceux qui sortent des écoles fonctionnant en application du Smith Hughes Act. On y consacre plus de temps aux cours et aux tra- vaux de laboratoire qu’aux travaux d’atelier. Ces écoles desser- vent une région qui comprend plusieurs circonscriptions scolaires, et des centres d’hébergement pour les étudiants peuvent y être rattachés et bénéficier d’une subvention du gouvernement fédéral. (Vocational Education Act 1963, section 14.)

FRANCE

En France, la formation des travailleurs qualifiés est assurée selon différentes méthodes parmi lesquelles on peut citer les suivantes : I. L’intéressé peut recevoir sa formation à l’école ou, plus exacte- ment, dans l’un des établissements spéciaux dispensant un enseignement à plein temps qui, naguère connus sous le nom de centres d’apprentissage, sont maintenant incorporés au système général d’éducation sous le nom de collèges d’enseigne- ment technique.

79

L’enseignement professionnel et la formation des travailleurs qual$és

2. Il peut faire dans l’industrie un apprentissage sous contrat, auquel s’ajoute un enseignement complémentaire à temps par- tiel donné par les (( cours professionnels ».

3. Il peut faire un apprentissage artisanal sous l’égide des chambres de métiers, organes nationaux chargés de la surveillance et du contrôle de cette branche d’activité.

Les deux premières méthodes permettent d’acquérir une forma- tion de même niveau et d’obtenir, à la suite d’un examen, le certificat d’aptitude professionnelle (CAP) ; bien que le titre soit le m ê m e dans les deux cas, le nombre des candidats préparés selon la première méthode et reçus à l’examen serait, dit-on, plus élevé que dans l’autre cas. Les apprentis formés selon la troisième méthode passent un examen différent, connu sous le nom d’exa- men de fin d’apprentissage artisanal, qui permet de voir s’ils ont acquis les connaissances de base nécessaires à l’exercice indépen- dant d’un métier artisanal.

COLLÈGE D’ENSEIGNEMENT TECHNIQUE

Les centres d’apprentissage, dotés d’un statut officiel en 1945 et ouverts pour des études à plein temps s’étendant sur 3 ans aux élèves qui sortent de l’école primaire à l’âge de 14 ans, donnent une place à peu près égale à la formation technique et à l’enseigne- ment général. O n trouvera un exemple de leur programme d’études à l’annexe II. Lors de la réforme de l’enseignement public en 1959, il a été

prévu que ces centres seraient maintenus et porteraient désormais le nom de collèges d’enseignement technique ; un cours préli- minaire d’un an a en m ê m e temps été institué pour permettre aux élèves sortant à 13 ans du cycle d’observation d’employer l’année qui les sépare de leurs 14 ans. En vertu des modifications qui doivent, selon les décisions prises en 1962, être progressivement apportées à la structure de l’enseignement français, l’âge d’admis- sion dans les collèges d’enseignement technique sera, au cours des années à venir, porté à 15 ans; en conséquence, l’enseignement dispensé par ces collèges ne s’étendra plus que sur 2 ans et fera suite à celui qui sera destiné, dans le cycle d’orientation de l’enseignement secondaire, aux adolescents âgés de I 3 à I 5 ans. La capacité d’accueil des collèges d’enseignement technique sera, de ce fait, accrue de 50 %, ce qui constituera un progrès considérable si l’on songe au grand nombre d’élèves qui se voient actuellement refuser l’entrée de ces collèges. Théoriquement, ceux-ci sont ouverts à tous ceux qui souhaitent y entrer. Ce n’est que lorsque le nombre des candidats dépasse le nombre

80

France

des places disponibles qu’il est institué un concours d’admission. Les établissements de ce type sont actuellement au nombre de

910 et comptent au total 220 ooo élèves. Ils constituent l’une des quatre grandes composantes du deuxième cycle de l’enseignement secondaire et dispensent à leurs élèves une formation qui leur permettra d’accéder à des postes de travailleurs qualifiés dans l’industrie, le commerce, les services sociaux ou l’administration. Selon les prévisions qui figurent pour 1g70/1g71 dans le quatrième plan économique (1 962- I 965), le nombre des élèves inscrits dans les collèges d’enseignement technique est appelé à passer de 220 ooo à 406 000. On prévoit que 20 y0 au moins des adolescents appar- tenant au groupe d’âge intéressé seront orientés vers ces centres. La formation pratique prend autant que possible la forme d’un

travail productif de caractère essentiellement pratique ou celle d’une prestation de services (travail dans les hôtels, teinture et repassage des vêtements, réparation de souliers, construction de machines-outils, etc.). La partie éducative du programme porte sur les problèmes sociaux qui se posent dans l’industrie, les questions d’esthétique industrielle et l’éducation physique. Des centres d’hébergement sont prévus pour les élèves qui

habitent loin des grandes villes; des colonies de vacances sont égale- ment organisées. Le personnel enseignant est recruté dans l’industrie et dans les

institutions de formation pédagogique. Les écoles normales natio- nales de l’enseignement professionnel sont spécialement chargées de former des professeurs pour les collèges en question. La plupart des collèges d’enseignement technique sont des

établissements publics, financés et administrés par 1’Etat. Quel- ques-uns cependant sont administrés par de grandes entreprises, par des groupements industriels ou par des chambres de commerce; ils peuvent parfois bénéficier d’une subvention de l’État, s’ils répondent aux normes prescrites.

APPRENTISSAGE DANS L’INDUSTRIE

O n peut entrer en apprentissage au moment où l’on quitte l’école à l’âge de 14 ans, bien que certaines entreprises aient institué des règles selon lesquelles elles n’accueillent que des apprentis plus âgés. Tout adolescent désireux d’entrer en apprentissage doit fournir un certificat indiquant qu’il a pris l’avis du service d’orien- tation professionnelle. Le contrat d’apprentissage s’étend généra- lement sur une durée de 3 ans, à laquelle peut venir facultative- ment s’ajouter une période permettant d’acquérir une formation plus étendue. En vertu de la loi du 25 juillet 1919 (loi Astier) tous

81

L‘emeigmment professionnel et la formation des travailleurs qualijés

les adolescents de moins de 18 ans, employés dans l’industrie ou le commerce, doivent obligatoirement suivre des cours à temps partiel. Le temps nécessaire à la fréquentation de ces cours, soit au minimum 4 heures par semaine ou I 50 heures par an, doit être, dans toute la mesure du possible, pris sur les heures de travail; mais cette stipulation n’a pas toujours été observée. Dans le passé, ces cours se donnaient un peu au hasard sous les auspices de multi- ples organismes ou institutions : municipalités, chambres de commerce, comités spéciaux, entreprises industrielles, etc. ; mais depuis quelques années, ils sont rattachés aux cours de promo- tion sociale et, en conséquence, organisés de façon plus ration- nelle. En 1963, ils étaient suivis par plus de 268 ooo élèves, dont 63 ooo se sont présentés au CAP ou à 1’EFA (examen de fin d’apprentissage). Sur ces 63 ooo candidats, 32 ooo ont été reçus. Le nombre des contrats d’apprentissage était évalué en 1960 à 270 ooo (128 ooo pour l’apprentissage industriel et le reste pour I’apprentis- sage artisanal). Le Ministère du travail est chargé du placement des apprentis

dans l’industrie et veille aux conditions de leur formation, tandis que le Ministère de l’éducation nationale fixe, avec l’aide de conseils consultatifs composés d’éducateurs et de représentants de l’industrie, le niveau et le programme de l’examen du CAP, Depuis quelques années, des efforts ont été tentés pour assurer

la préparation au CAP au moyen de cours par correspondance combinés avec une formation pratique à plein temps ne s’étendant que sur une courte période. Les adolescents en apprentissage entrent en ligne de compte pour

le calcul des allocations familiales jusqu’à l’âge de I 7 ans et parfois m ê m e au-delà; ils sont soumis tous les trimestres à un examen médical.

APPRENTISSAGE ARTISANAL

Cet apprentissage tend à former les adolescents à l’exercice de petits métiers ou d’industries artisanales ; il est plus particulière- ment destiné aux apprentis qui ont l’intention de s’établir à leur compte. Sont généralement considérées comme (( artisanales )) les entreprises qui n’emploient pas plus de cinq personnes, y compris les apprentis. Beaucoup d’entreprises françaises répondent à cette définition. Créées par un décret de juillet 1925, les chambres de métiers

exercent leur activité dans le département avec un office central à Paris. Un bureau spécial est chargé du travail qu’impliquent les fonctions qui leur sont dévolues en matière d’enseignement

82

Italie

technique. Une petite taxe destinée à servir au financement de cet organisme est perçue auprès des artisans établis à leur compte. Les contrats d‘apprentissage sont enregistrés; l’assiduité des apprentis aux cours professionnels est contrôlée; et là où la fréquentation à temps partiel de tels cours se révèle impossible, d’autres méthodes, comme celles des cours par correspondance ou des ateliers mobiles sont utilisées.

TAXE D’APPRENTISSAGE

Depuis 1925, les entreprises industrielles et commerciales doivent, au moyen d’une taxe d’apprentissage, calculée sur la base du montant total des salaires qu’elles paient, subvenir en partie aux frais de la formation technique. Elles peuvent cependant se faire dispenser de cette taxe en prenant à leur charge des dépenses déter- minées (comprises dans celles que nécessitent la formation des apprentis, l’entretien d’écoles, la rémunération d’instructeurs, l’octroi de jours de congé pour la fréquentation de cours, etc.) ou en subventionnant directement un établissement local d’ensei- gnement technique. Pour l’amélioration des qualifications professionnelles, il existe

des cours de perfectionnement qui conduisent après 2 ans au plus d’études au Brevet professionnel, dipIôme qui témoigne d’une connaissance approfondie du métier. Au Brevet profession- nel correspond, dans le domaine de l’artisanat, le Brevet de maî- trise. Dans certaines régions, les cours de promotion du travail permettent aux travailleurs qualifiés d’accéder, en faisant les études appropriées, au niveau de (( techniciens ». S’il a 5 années d’expérience pratique, le titulaire d‘un Brevet

professionnel peut aussi demander son admission dans une école normale nationale d’enseignement professionnel (ENNEP) où il se préparera à devenir professeur de matières pratiques dans un collège d’enseignement technique.

~ I T A LIE

La formation de l’ouvrier qualifié (operaio qualificato) a jusqu’à présent été assurée surtout dans des établissements spécialement destinés à cette fin et appliquant des programmes à plein temps; mais depuis quelques années, le système de l’apprentissage indus- triel dans les entreprises mêmes s’est considérablement développé. Avant la loi de 1963 portant réforme de l’enseignement, la

scuola di avviamento professionale dispensait à des élèves âgés de

L‘enseignement Professionnel et la formation des travailleurs qualafis

I I à 14 ans un enseignement sur 3 années dans lequel une large place était faite à la préparation professionnelle et à la formation pratique en atelier. Des cours d’une durée encore moindre (1 ou 2 ans), les corsi di awiamento professionale, étaient ouverts aux élèves âgés d’au moins I I ans qui pouvaient en les suivant acquérir un début de formation professionnelle. Il s’agissait là de programmes dont le maintien a paru peu compatible avec le rapide développement de l’enseignement italien et qui, lors de la réforme de 1963, ont été englobés dans ceux de la nouvelle scuola media unica décrite au chapitre premier. L’instruction pratique qui était donnée à des enfants de moins de 14 ans n’équivalait en aucune manière - même si les statistiques ont, dans le passé, indiqué le contraire - à un apprentissage complet. Lors de la réforme de 1963, il a été prévu que toute formation

pratique ou professionnelle assurée par la scuola media unica devrait plutôt tendre à parfaire l’éducation des élèves qu’à répon- dre aux besoins de l’industrie, et que les adolescents ne pourraient recevoir une formation professionnelle plus sérieuse qu’à partir de l’âge de 14 ans. La scuola tecnica a, pendant bien des années, appliqué des pro-

grammes de 2 ans qui, faisant suite à ceux de la scuola di awia- mento professionale, visaient à donner aux élèves une formation de travailleurs qualifiés tout en complétant jusqu’à un certain point leur instruction générale. Elle se proposait de préparer les intéressés à un métier bien déterminé plutôt que de leur donner une forma- tion technique plus générale qui les aurait rendus aptes à des occu- pations assez diverses. La formation reçue à la scuola tecnica, où les conditions d’admission n’étaient guère rigoureuses, répon- dait mal aux besoins des jeunes gens désireux d’entreprendre par la suite des études techniques supérieures. Les établissements publics ou privés portant le nom de scuola tecnica ont atteint leur apogêe en 195511956 avec un effectif total de 45 733 élèves. Depuis lors, la scuola tecnica a décliné, tandis que se sont déve-

loppés des istituti professionali mieux organisés à 2, 3 ou 4 années d’études, dans lesquels l’enseignement technique théorique se combine aux travaux d’atelier, le but étant non seulement de donner aux élèves une connaissance approfondie du métier choisi, mais aussi de les familiariser avec les métiers voisins et même avec l’industrie dans son ensemble. L‘un de ces programmes d’études figure à titre d’exemple à l’annexe II. On peut, dans lesdits instituts acquérir la formation nécessaire pour exercer, dans l’industrie, le commerce, l’agriculture, des métiers divers ; les jeunes filles peuvent également s’y préparer à l’exercice de métiers exclusive- ment féminins.

Italie

O n ne comptait en 195311954 que 58 istituti professionali; en 1g60/1g61 ils étaient déjà au nombre de 295 et leur effectif s’éle- vait à 66 858 élèves; il y en avait 4-03 en 196211963 et, en 1965, 568 auxquels s’ajoutent I 630 écoles locales auxiliaires. Sur ces 568 éta- blissements, 264 (47 %) donnent une formation industrielle et 107 (18 %) une formation agricole, tandis que 197 autres (35 %) préparent à des emplois dans le commerce ou les services publics. D’autre part, les réformes apportées à l’enseignement secondaire

après la première promotion de diplômés sortie, en 1966, de la scuola media ont eu pour effet de donner des bases plus solides à l’istituto professionale qui, en 3 ou 4 années d’études forme des techniciens subalternes ou des contremaîtres, et non plus de simples ouvriers qualifiés. Une fois encore, la question de la forma- tion des travailleurs qualifiés doit donc retenir l’attention; dans le rapport Ermini de 1962 (la Relazione Ermini) figure notamment une proposition tendant à la création d’une institution nouvelle qui recevrait à juste titre la désignation de scuola professionale et qui, conçue de façon à conserver les avantages de l’ancienne scuola tecnica (où la formation accélérée ne durait que 2 ans) en y ajoutant ceux que présente, en matière financière et en matière d’instruction, l’istituto professionale, donnerait à ses élèves une formation de courte durée et pourtant efficace destinée à faire d’eux des exécutants ou des travailleurs qualifiés. C’est seulement par ce moyen, déclare l’auteur du rapport, que le nombre des travailleurs qualifiés formés dans les écoles - et qui est actuelle- ment de 25 ooo - pourra d’ici dix ans atteindre les 200 ooo prévus. On voit cependant se développer, sous l’égide du Ministère

du travail, un puissant mouvement qui tend à résoudre en grande partie le problème de la main-d’œuvre qualifiée grâce à une forma- tion organisée à l’intérieur même de l’industrie. Cette formation est assurée soit par des (( écoles d’entreprise )) qui ressemblent à la scuola tecnica ou à l’istituto professionale et qui sont à bien des égards modelées sur les établissements publics créés aux mêmes fins, soit selon la méthode bien connue d’un apprentissage pratique en atelier, combiné avec des études techniques dans un établisse- ment d’enseignement. En outre, divers organismes philanthropiques assurent aujour-

d’hui, dans de nombreux cas, une formation professionnelle de qualité, à plein temps ou à temps partiel. Les Instituts salésiens et la Società Umanitarià de Milan accomplissent, à cet égard, une œuvre remarquable. La loi de 1955 a donné dans ce domaine au Ministère du travail

et de la sécurité sociale de très larges pouvoirs. D’après cette loi, tous les apprentis doivent être engagés par l’intermédiaire des

85

L’enseignement professionnel et la formation des travailleurs qualiJés

a bureaux d’emploi D du Ministère du travail. Les entreprises ayant moins de dix employés peuvent désigner individuellement leurs apprentis, mais les entreprises plus importantes ne peuvent choisir que 25 y. de ceux qu’elles recrutent. Des dispositions législatives du type habituel réglementent les conditions de santé, les limites d’âge (14 à 20 ans), les heures de travail, les salaires et les congés. La durée de l’apprentissage, habituellement de 3 ans, ne doit pas dépasser 5 ans. Les cours à temps partiel sont gratuits quand leur niveau corres-

pond à celui de la formation de base; par la suite, des droits peu- vent être perçus. L’apprenti est tenu par son contrat de suivre ces cours. Le contenu de l’enseignement, le nombre hebdomadaire d’heures et le programme général sont fixés conjointement par le Ministère du travail et par le Ministère de l’éducation. Les cours se donnent soit dans les entreprises mêmes, les employeurs étant encouragés à en organiser, soit sur l’initiative du Ministère du travail, qui subvient alors à tout ou partie des dépenses - dans les établissements d’enseignement de l’endroit. Les jeunes gens de plus de 18 ans qui ont fait au moins 2 ans

d’apprentissage sont autorisés à se présenter à l’examen prévu. Le soin de faire passer cet examen appartient en premier lieu à l’employeur, qui, toutes les fois qu’il délivre un certificat d’apti- tude professionnelle, doit en aviser le bureau local du Ministère du travail. Les apprentis qui échouent peuvent toutefois faire appel et passer un nouvel examen sous le contrôle d’une commis- sion présidée par un inspecteur du Ministère du travail. O n a pu en dix ans se rendre compte de certaines des faiblesses

de la loi et constater, notamment, que la qualité des cours à temps partiel associés à la formation pratique laisse beaucoup à désirer. Les conditions d’admission sont extrêmement variables. D’autre part, il est évident qu’il faudrait regrouper les cours à trop faible effectif, même si les élèves sont de niveaux différents ou se pré- parent à des professions différentes. Dans les districts faiblement peuplés, il est difficile d’organiser des cours à temps partiel, en raison des difficultés de transport. C’est particulièrement le cas dans le sud du pays. Enfin, il a été très difficile de trouver un per- sonnel compétent capable de coordonner l’instruction théorique et la formation pratique. Différentes solutions ont été proposées. Le problème a d’ailleurs

été simplifié par le Ministère du travail qui a, de lui-même, créé des centres de formation à plein temps ou à temps partiel (centri di addestramento) dans les régions qui en étaient particulièrement dépourvues ou dans celles où les besoins de l’industrie en travail- leurs qualifiés étaient importants. Quelques-uns de ces centres

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reçoivent surtout des adultes qui ont dépassé l’âge auquel ils auraient pu obtenir des contrats d’apprentissage (14 à 20 ans). La loi de 1949 a donné des pouvoirs étendus au Ministère du

travail en ce qui concerne la formation et le reclassement des per- sonnes en chômage. Il existe également des cours de formation accélérée pour les travailleurs qui ont l’intention d’émigrer et des cours destinés à assurer la formation de la main-d’œuvre indus- trielle en Italie du Sud. Les chômeurs de moins de 40 ans qui se refusent à suivre ces

cours cessent d’avoir droit à l’indemnité de chômage. En revanche, ceux qui les suivent reçoivent une modeste allocation quotidienne qui vient s’ajouter à l’indemnité de chômage normale. Les mesures prises récemment en Italie dans le domaine de la

formation industrielle ont été rendues nécessaires par l’essor industriel considérable du pays. Adoptées après la perturbation provoquée dans le système d’éducation par la deuxième guerre mondiale, ces mesures présentent un étroit parallélisme avec les besoins de pays en voie de développement comme ceux de l’Asie et de l’Afrique. Un centre international de l’organisation internationale du

travail pour la formation technique et professionnelle supérieure a été ouvert en 1965 à Turin. O n y trouvera de nombreux rensei- gnements propres à servir de base à l’élaboration des futurs pro- grammes de formation et à faciliter la formation d’instructeurs pour tous les pays en voie de développement.

PAYS-BAS

La formation des travailleurs qualifiés, pour l’industrie notamment, ne s’est véritablement développée aux Pays-Bas qu’à la fin de la dernière guerre mondiale. Les deux systèmes, celui de la forma- tion à l’école (lagere technische school) et celui de l’apprentissage dans les entreprises (leerlingstelsel) sont couramment employés et se sont, l’un comme l’autre, considérablement développés depuis quelques années. La formation donnée par les lagere tech- nische school n’est cependant pas considérée comme équivalant à un apprentissage dans une entreprise; mais elle doit préparer les élèves à recevoir plus tard une formation pratique dans l’indus- trie même, au cours d’une période d’apprentissage qui, en géné- ral, sera pour eux réduite d’un an. A cet égard, la lagere technis- Che school ressemble davantage à la Berufsschule allemande qu’au collège d’enseignement technique français où à l’istituto professio- nale italien,

L’enseignement firofessionnel et la formation des travailleurs qualiJés

O n distingue, selon le niveau de l‘enseignement, trois types d’école technique : la lagere technische school (LTS), l’uitgebreid technische school (UTS) et l’hogere technische school (HTS). Seules les écoles du premier type retiendront l’attention dans le présent chapitre, tandis que les autres (UTS et HTS) seront étudiées au chapitre III. Les LTS se présentaient autrefois comme des écoles profession-

nelles qui se préoccupaient de former des ouvriers spécialisés dans un métier particulier plutôt que de donner aux élèves une instruction générale et un enseignement technique propres à les préparer à des emplois variés dans la production, l’industrie, le bâtiment, etc. Cette situation est aujourd’hui redressés. La durée des études a été portée à 3 et 4 ans : la première année est en grande partie consacrée à l’instruction générale et à un enseignement d’initiation à divers métiers, mais sans spécialisation. A la fin de cette première année, l’élève fait un premier choix, à titre d’option provisoire et commence à recevoir en atelier une formation pra- tique dans cette spécialité et dans les domaines qui s’y rattachent; il confirme son choix au moment où il entre en troisième année. Bien que ce soit difficile, il peut éventuellement changer de spécia- lité. Un emploi du temps type figure à l’annexe II. Parmi les élèves qui ne sont pas admis à entrer dans les écoles

d’enseignement général du deuxième degré, 30 y0 s’inscrivent dans une lagere technische school. Alors que jadis ces écoles pré- paraient surtout à des métiers de mécanicien ou à des métiers du bâtiment, elles ont depuis quelques années diversifié leur enseigne- ment, qui s’étend maintenant à l’industrie automobile, l’équipe- ment électrique, l’ameublement, l’imprimerie, les industries textiles, la conduite des fours à coke, il en résulte que le nombre d’élèves ainsi préparés et maintenant suffisant pour répondre aux besoins de l’industrie. Il existe également quelques (( écoles d’entre- prise )) (bedrijfscholen) du même genre, mais leurs effectifs ne représentent que 3 % du total. On peut, après avoir reçu cette formation professionnelle de

base, entrer dans une des écoles appelées uitgebreid lager nij- verheidsonderwijs scholen (écoles professionnelles primaires supérieures), mais la tendance, aujourd’hui, est de faire une quatrième année à la LTS. Un enseignement analogue (nijverheidsonderwijs voor meisjes)

s’offre aux jeunes filles dans des écoles ménagères ou d’arts ména- gers agricoles, à trois niveaux : élémentaire, moyen ou supérieur. Certains des cours qui se donnent dans ces écoles ont lieu également l’après-midi ou le soir : la plupart portent sur des spécialités déter- minées (puéricultrice, horticultrice, assistante sociale, etc.).

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Pow-Bas

La formation des apprentis dans l’industrie même est organisée selon un système unique. Chaque industrie est invitée à établir, conformément aux dispositions de la loi sur la formation profes- sionnelle, sa propre (( fondation pour la formation professionnelle )) (Stichting). Ces fondations doivent être composées des représen- tants des six principaux groupements intéressés : catholiques, protestants et non confessionnels pour les employeurs, et catho- liques, protestants et non confessionnels pour les employés. Pour chaque métier identifiable, les normes à observer sont alors

définies par des comités d‘experts, des inspecteurs nommés par le Stichting étant ensuite chargés de veiller à ce que la formation corresponde bien aux conditions ainsi définies. U n examen est prévu à la fin de la deuxième ou de la troisième année d’appren- tissage. Bien qu’il ne soit pas légalement obligatoire, il faut en général l’avoir passé pour obtenir un emploi de travailleur qualifié. L’apprenti qui travaille dans une entreprise doit en même temps

suivre, à raison de 4 soirs par semaine en moyenne, des cours techniques qui se donnent dans des établissements scolaires. Cet enseignement technique est financé par le Ministère de l’éducation, qui exerce un contrôle général, non seulement sur les examens de fin d’apprentissage que font passer les Stichtingen, mais sur toute la réglementation de l’apprentissage. D e son côté, le Ministère du travail organise la formation et le reclassement des adultes. Quand elle est assurte consciencieusement, la formation des

apprentis coûte cher. L’Etat verse aux employeurs une indemnité pour chaque apprenti mais cette indemnité ne représente habituel- lement qu’un très faible pourcentage du coût total de la formation. L’État défraie d’autre part les Stichtingen de la totalité de leurs dépenses administratives de base. On comptait, au 31 décembre 1962, 64564 apprentis dont

3 230 jeunes filles; 38 633 d’entre eux - dont 159 filles - étaient entrés en apprentissage après avoir passé par le LTS, tandis que les 25 931 autres (dont 3 071 filles) n’avaient eu aucune formation préliminaire de ce genre. Ces chiffres permettent de constater que l’apprentissage aux Pays-Bas reste surtout adapté aux besoins des garçons, dont la plupart n’acquièrent une formation pratique dans l’industrie qu’après avoir reçu à la LTS une instruction théorique et pratique de base. En 1962, le nombre des jeunes gens arrivant en fin d’apprentis-

sage s’élevait à 16 245. Sur les 2 207 jeunes filles qui figuraient parmi eux, I 704 avaient choisi la couture, 273 l’élevage ou l’agri- cuIture, 132 la cordonnerie et 93 les métiers liés à l’industrie textile. Le nombre total des apprentis enregistrés (garçons seulement) était en 1962/1963 de 54 321. Parmi eux 33 167 suivaient des cours

L’enseignement professionnel et la formation des travailleurs qzialijiés

à temps partiel dans la journée et 18 802 suivaient des cours du soir; 2 352 étaient inscrits dans des i( écoles d’entreprise ». La période 1962/1963 constituait la troisième année pour laquelle le nombre des inscriptions aux cours de jour dépassait celui des ins- criptions aux cours du soir, soulignant ainsi le succès des efforts déployés pour provoquer cette évolution. En 1960, on comptait dans le pays 29 Stichtingen opérant

à l’échelle nationale. Certains de ces organismes représentent un vaste secteur industriel, celui des industries métallurgiques (Bemetel) - voir annexe II - des industries du bâtiment ou des industries textiles, par exemple; d’autres représentent des domaines plus restreints (reliure, lithographie, industrie du plâtre, par exemple). A leur sortie de la LTS, les jeunes gens, garçons et filles, intel-

ligents et ambitieux, peuvent chercher à entrer dans une UTS (uitgebreid technische school) . Ils passent alors, avant d’être admis dans une telle école, par une classe intermédiaire (schakel- klas), où ils reçoivent pendant une année une bonne instruction générale de base, comprenant l’étude des langues, des mathéma- tiques et des sciences. Par la suite, ils peuvent bénéficier, comme il est indiqué au chapitre III, d’une formation plus poussée visant à les préparer à des postes de (( techniciens ». Il ressort de ce qui précède, que la formation professionnelle

des jeunes gens - garçons ou filles - aux Pays-Bas commence souvent à l’âge de 12 ou 13 ans dans les LTS, et à l’âge de 14 ou 15 ans dans l’industrie même. La réforme de l’enseignement qui va entrer en application, généralisera l’instruction profession- nelle des enfants de I 2 à I 3 ans de sorte que le passage de l’ensei- gnement primaire prolongé (larger algemeen voortgezet onder- wijz, lavo) à la LTS pourra avoir lieu à l’âge de 13 ans, c’est-à- dire au début de la 80 année d’études. Même ainsi, la formation professionnelle commencera encore un an ou deux plus tôt qu’en France ou en Italie (depuis 1963). Mais comme cette formation professionnelle n’a malgré tout qu’un caractère préparatoire et doit être suivie d’un apprentissage industriel, la comparaison ne présente qu’une valeur toute relative. En fait, c’est en général à I 7 ans, comme dans les autres pays d’Europe occidentale, qu’un jeune homme peut devenir (c ouvrier qualifié ».

ROYAUME-UNI

Jusqu’en I 964, la formation professionnelle des travailleur qualifiés ne faisait l’objet d’aucune disposition légale ou régle- mentaire; la responsabilité en était laissée en toute liberté à

Royaume- Uni

l’industrie, et même dans la plupart des cas, aux entreprises individuelles. Dans certaines industries, s’étaient constitués des organismes

mixtes représentant les employeurs et les syndicats, qui avaient élaboré des conventions collectives établissant des programmes d’apprentissage. Ces dispositions furent publiées et diffusées avec la collaboration du Ministère du travail et des bureaux de place- ment pour les jeunes, mais elles n’étaient pas légalement exécu- toires. Formulées postérieurement à un rapport établi sur la question

en 1945, ces dispositions contribuèrent à faire adopter le système du (( congé hebdomadaire )); ce système permet aux apprentis n’ayant pas dépassé 18 ans de bénéficier d’une journée de congé payé par semaine pour suivre les cours (décrits ci-après) d’un technical college (établissement d’enseignement technique). Commencé à l’âge de 16 ans, l’apprentissage devait, selon ces

dispositions, durer 5 ans. Au terme de cette période, le jeune homme (ou la jeune fille) (( sortait de son apprentissage », et recevait un plein salaire, indépendamment du fait qu’il ait ou non obtenu un certificat d’aptitude professionnelle délivré par l’industrie ou l’école dont il dépendait, le critère de qualifica- tion reposant en effet davantage sur l’accomplissement des 5 années d‘apprentissage que sur un examen professionnel obligatoire. La plupart des apprentis préparaient néanmoins les examens du City and Guilds of London, et beaucoup obtenaient le diplôme intermédiaire de fin d’études décrit ci-après; le pour- centage des succès à ces examens restait cependant assez faible. Il y a un demi-siècle que n’existent plus en Grande-Bretagne

des écoles du type des anciens centres d’apprentissage français ou des istituti professionale italiens qui forment les apprentis à plein temps : dans les écoles secondaires, l’enseignement pratique a un caractère éducatif plutôt que strictement professionnel. En mars 1964, une loi sur l’apprentissage industriel donnait

à l’Etat, par l’entremise du Ministère du travail, le droit de créer et de contrôler de nombreux systèmes de formation aux emplois industriels et de veiller à l’application des critères fixés pour la profession. Cette loi a constitué le premier acte législatif du Parle- ment en matière de formation professionnelle, depuis l’adoption en 1563 du Statute of Artificers (loi sur les artisans), lui-même postérieur à une loi analogue adoptée en 1364. L’exercice du contrôle et l’application des mesures nécessaires

ne dépendent pas directement du Ministère du travail, mais relèvent des Industrial Training Boards (conseils spéciaux créés par la loi), qui ont compétence pour une industrie donnée ou un

9’

L’enseignement professionnel et la formation des travailleurs qualzjîés

ensemble d’activités industrielles. Les membres de ces conseils représentent les employeurs, les syndicats, les éducateurs et d’autres groupements intéressés. Dès le ~ e r juillet 1965, les premiers conseils avaient été organisés dans les secteurs suivants : bâtiment, méca- nique générale, métallurgie, industrie de la laine, construction navale, électricité, gaz, adduction d’eau, ameublement et bois. D’autres industries sont déjà comprises ou sur le point de l’être. Cette organisation est encore trop récente pour que l’on puisse

préciser les modifications qu’il conviendrait d’y apporter ; il est cependant très probable que la durée de l’apprentissage sera réduite à 3 ans, y compris une formation de base de 6 mois à I an effectuée au sein d’une entreprise industrielle ou dans un établissement scolaire. Les conseils ont le droit de percevoir une taxe auprès de toutes les entreprises industrielles qui dépendent d’eux (sauf celles qui sont vraiment trop petites), afin de financer les dépenses qu’entraîne l’organisation de l’apprentissage pro- fessionnel; ils sont également autorisés à rembourser aux entre- prises qui assurent de manière satisfaisante la formation des apprentis, les dépenses et les salaires y afférents.

FORMATION PRATIQUE

A quelques exceptions près, tous les programmes d’apprentissage appliqués en Grande-Bretagne ont recours à un atelier industriel ou à une école d’apprentissage attachée à une usine pour l’essentiel de la formation pratique. Tandis que les entreprises les plus impor- tantes fournissent dans d’excellentes conditions les moyens et le personnel nécessaires, la plupart des autres, notamment celles qui seraient considérées comme entreprises artisanales en Europe continentale, donnent un apprentissage dans le cadre de leurs activités courantes, sous la direction d’un ouvrier plus qualifié. En Grande-Bretagne, il n’est fait aucune distinction entre l’appren- tissage industriel et la formation artisanale. En 1958, fut créé un conseil bénévole : 1’Industrial Training

Council qui groupait des représentants des organisations patro- nales (British Employers’ Confederation) , syndicales (Trades Union Congress) et des indutries d’État. Devenu 1’Industrial Training Service en 1964, cet organisme fournit des conseils sur les problèmes de formation professionnelle aux industries qui en font la demande. Il a également publié sur ces questions des brochures très intéressantes. D’autres organisations bénévoles telles que 1’Engineering Industries Group Apprenticeship Orga- nization tentèrent d’améliorer les conditions de l’apprentissage en groupant un certain nombre d’entreprises, afin de donner

Rovaume- Uni

aux jeunes gens la possibilité d’élargir le champ de leur expé- rience. En dépit de ces efforts, et malgré les recommandations du Natio-

nal Joint Advisory Council de 1958 (Rapport Carr), la formation professionnelle jusqu’en 1964 était restée insuffisante pour répondre aux nécessités actuelles. Cette situation était le résultat de diffé- rentes circonstances : tout d’abord, le soin de décider de la qualité et de la durée de l’apprentissage était laissé à l’arbitraire d’un grand nombre d’entreprises; les examens d’aptitude étaient obligatoires pour certains métiers seulement, et lorsqu’ils existaient, ils n’affectaient que peu ou pas du tout l’échelle des salaires; les entreprises qui avaient organisé des cours de formation pro- fessionnelle ne bénéficiaient d’aucun allégement financier par rapport aux autres; enfin, il n’existait aucun organisme ou entre- prise vraiment habilité à améliorer cette situation. C’est pour remédier à ces insuffisances que fut adopté en 1964

1’Industrial Training Act (loi sur la formation aux emplois industriels) ; les auteurs de cette loi en ont rédigé les dispositions après une étude approfondie de la pratique en vigueur à cet égard dans les autres pays d’Europe.

EDUCATION GÉNÉRALE ET TECHNIQUE DE L’APPRENTI

Jusqu’à l’âge de 18 ans, l’apprenti bénéficie chaque semaine d’un jour de congé payé pour lui permettre de suivre un enseigne- ment théorique. Pour certains cours, il peut avoir à prendre une ou deux soirées supplémentaires sur ses heures de loisirs. L’employeur n’est cependant pas obligé de libérer son apprenti, de sorte qu’il est encore très fréquent que les élèves, pour l’enseignement commercial en particulier, ne suivent que des cours du soir. Une nouvelle formule, le R block release », prend actuellement

une extension rapide : elle consiste à libérer l’apprenti de son travail plusieurs semaines d’affilée, jusqu’à deux fois ou plus par an pour lui permettre d’effectuer des stages à plein temps. Entre chacune de ces périodes, il doit également suivre les cours d’un college un ou deux soirs par semaine, afin de ne pas interrompre ses études tout au long de l’année. Ces systèmes de K block release N représentent 50 % de temps gagné sur les systèmes qui ne libèrent les élèves qu’un jour ou que trois soirs par semaine. L’élève qui, à 15 ans, quitte la secondary modern school

(école secondaire moderne, premier cycle de l’enseignement du second degré) s’inscrit comme élève à temps partiel dans un local technical college (institut professionnel local) ; les technical colleges d’Angleterre et du pays de Galles se répartissent en quatre caté-

93

L’enseignement professionnel et la formation des travailleurs qualifiés

gories : local (instituts locaux) ; area (instituts de district), regional (instituts régionaux) et advanced (instituts d’études techniques supérieures). L’élève peut choisir l’un des deux cours suivants : a) un craft course (cours pratique) - voir annexe II - se rappor- tant à un métier particulier; au bout de 3 ans, il peut obtenir un Craft Certificate (certificat professionnel) ou après 5 ans d’études, un Advanced Certificate (certificat professionnel supérieur) ; b) un general course (cours d‘enseignement général) donné dans plusieurs branches : mécanique générale, sciences fondamentales, bâtiment, etc., qui dure 2 ans et englobe à la fois les travaux pratiques, l’enseignement des sciences fondamentales, les mathé- matiques et la technologie élémentaire. La première formule (craft course) associe l’initiation pratique

à l’étude théorique du métier choisi. L’enseignement pratique est destiné à compléter les quatre journées hebdomadaires de forma- tion dans l’industrie et ne dispense pas l’employeur de cette obligation. Les examens sont organisés et dirigés par le City and Guilds of London Institute (CGLI). Les comités consultatif% de cet institut sont composés de représentants des employeurs, des syndicats et des enseignants. Les membres du conseil sont nommés par la Guilds and City Corporation of London, corps constitués, dont beaucoup descendent directement des corpora- tions médiévales. Le Craft Certificate et plus récemment le diplôme de technicien,

délivrés par la CGLI, sont connus et appréciés dans les industries auxquelles ils préparent, tant aux Royaume-Uni que dans les pays du Commonwealth britannique. Cependant, les accords de salaire ne les prennent guère en

considération et l’on tient compte plutôt de la durée de l’appren- tissage que du certificat qui en a été la sanction; c’est la raison pour laquelle peu de travailleurs qualifiés possèdent ces certi- ficats. Il est prévu que les nouveaux Statutory Boards modifieront profondément cette situation. La seconde option citée, le General course, est le point de

départ en Grande-Bretagne de la deuxième voie possible pour la poursuite des études. Au cours de la première année, les apti- tudes de chaque étudiant sont soigneusement étudiées ; selon le jugement porté, l’élève peut être renvoyé au craft course, transféré à un technician course (cours de formation technique) ou passer en seconde année, qui prépare aux higher technician courses (cours supérieurs de formation technique) ; pour les deux derniers cas, voir le chapitre III. La City and Guilds Organization assure également le fonction-

nement des General courses.

94

Suède

Un élève qui, à 16 ans, quitte l’école en ayant obtenu des notes suffisantes dans plusieurs matières du General Certificate of Education (certificat de fin d’études secondaires) au degré (( O 1) (ordinaire), peut souvent être dispensé de suivre la première année du general course décrit ci-dessus, et di1 a obtenu des notes satisfaisantes dans au moins quatre matières se rapportant à sa spécialité, peut se voir dispenser de 2 années de ce cours. Il lui est alors possible, par exemple, de suivre directement le cours préparant au National Certificate (certificat national) des sciences de l’ingénieur - ou du bâtiment ou de physique appliquée, etc. (voir chapitre III). C’est ainsi que, quelle que soit l’école d’où il sorte ou la spécia-

lisation qu’il souhaite obtenir, l’apprenti est jugé, conseillé pendant ces premières années et orienté finalement vers le genre d’études qui convient le mieux à ses aptitudes. L’enseignement à temps partiel, associé à l’apprentissage dans une usine assurant de bonnes conditions de formation, a permis à beaucoup d’appren- tis de l’industrie d’obtenir un Craft Certificate (certificat profes- sionnel), à d’autres d’atteindre le niveau de technician (technicien) , à d’autres encore celui de higher technician (technicien supé- rieur); et à quelques-uns (4 %) le titre d’ingénieur. Ce programme a été constamment adapté et amélioré depuis 1921, date où il prit effet pour la première fois, et il commence A être appliqué dans de nombreux pays.

SUÈDE

En Suède, l’enseignement professionnel a bénéficié depuis la deuxième guerre mondiale d’une étroite coopération en matière de planification et d’administration, entre les pouvoirs publics et, surtout, entre ceux-ci et les représentants de l’industrie. En 1944, la Confédération des employeurs suédois et la Fédération des syndicats suédois ont fondé le (( Conseil 1) bipartite de la formation professionnelle (Arbetsmarknadens Yrkesrid) qui relève admi- nistrativement du Conseil national du marché du travail. Ce conseil a pour mission : I. D e déterminer les besoins à satisfaire en matière de formation

2. De prendre des mesures pour améliorer et étendre cette for-

3. D’exercer un certain contrôle sur les comités bipartites créés

4. De prendre en matière de formation professionnelle les initia-

professionnelle ;

mation;

dans le cadre des différentes industries;

tives nécessaires;

95

L’enseignement professionnel et La formation des travailleurs qualgés

5. De se tenir en contact avec les organismes publics et privés

D u point de vue de l’enseignement, les différentes écoles profes- sionnelles décrites plus bas relèvent du Conseil de l’enseignement professionnel (Overstyrelsen for Yrkesutbildning) qui fait mainte- nant partie intégrante du Conseil général de l’éducation du Minis- tère de l’éducation et des cultes (Ecklesiastikdepartmentet). Au sein de cet organisme, les représentants du Conseil national du marché du travail et ceux des entreprises industrielles et com- merciales collaborent avec les représentants des services de l’enseignement et de divers services officiels. Bien qu’il appartienne au Conseil de l’enseignement profession-

nel de surveiller, de contrôler et, jusqu’à un certain point, de normaliser ledit enseignement sur l’ensemble du territoire, l’initiative d’établir de nouvelles écoles professionnelles appartient aux municipalités ou, dans certains cas, aux diverses industries ou aux groupements industriels importants. La Verkstadskola (école-atelier) dispense à ses élèves une for-

mation professionnelle de base. Elle accueille des adolescents de 15 à 16 ans et leur donne en 2 ou 3 ans un enseignement complet à plein temps qui leur permettra d’accéder à des emplois de travailleurs qualifiés, après avoir éventuellement fait dans l’indus- trie un stage probatoire de I an. L’instruction théorique se combine, à la Verkstadskola, avec une formation pratique donnée partiellement à l’école et partiellement dans les entreprises indus- trielles. Les établissements appelés (( écoles-ateliers municipales 1)

(kommunala verkstadskolor) sont très répandus en Suède; au nombre de 220 environ, ils comptent quelque 15 ooo élèves (ce qui représente à peu près 7 % du groupe d’âge en cause). Leurs programmes comportent 30 leçons de formation pratique et 12 leçons d’instruction théorique par semaine. Certains de leurs élèves ont fait jusqu’à l’âge de 16 ans des études à plein temps qui leur ont permis d’acquérir une bonne instruction générale. Les autres sont allés en classe jusqu’à l’âge de 15 ans au moins. Aussi ces établissements attachent-ils à ce stade une importance capi- tale au développement des aptitudes manuelles, ce qui explique qu’environ 30 leçons par semaine sur 42 y soient consacrées à des travaux d’atelier. Non seulement l’enseignement est gratuit, mais les élèves ont

droit à une petite allocation. L’école vend ce qui est produit par ses élèves ou se fait payer les services qu’ils rendent à l’occasion du travail productif qu’ils accomplissent dans l’établissement même ou, en vertu de contrats, sur des chantiers ou dans des usines.

appropriés.

Suède

Depuis 1926 il a été organisé, pour certains métiers, des examens pratiques d’aptitude, les examinateurs étant nommés par les chambres de métiers. Ceux qui satisfont à ces examens obtiennent un (( diplôme de compagnon )) (gesallbrev) . Il existe également en Suède 35 (( écoles-ateliers centrales ))

(centrala verkstadskolor) qui comptent environ 7 ooo élèves. Elles sont pour la plupart situées dans les régions rurales et com- portent presque toujours un internat ou un centre d’hébergement, ce qui leur permet de recruter leurs élèves dans des régions rela- tivement étendues et de constituer des classes d’un effectif rai- sonnable. Ces écoles préparent à toutes sortes de métiers, dont certains intéressent plus spécialement les régions rurales ou côtières (construction de bateaux, mécanique automobile, tracteurs, méca- nique agricole, etc.,) tandis que d’autres (mécanique, électricité, bâtiments, etc.) se pratiquent partout. Les frais d’internat sont à la charge des élèves ou de leurs parents. Toutefois, le type d’école-atelier qui depuis quelques années

a retenu principalement l’attention est l’inbyggda skola (école- atelier incorporée), dans laquelle l’enseignement pratique est donné à l’extérieur dans des locaux ou des ateliers industriels. L’entreprise intéressée installe l’équipement nécessaire à cet enseignement, elle donne aux élèves des travaux qui peuvent leur convenir, des chefs d’atelier ou des contremaîtres étant chargés de leur instruction. C’est en ce sens que l’école est (( incorporée )) à l’entreprise, mais à tous autres égards, elle est indépendante et relève de l’école professionnelle municipale (kommunala verkstadskolor) . Les relations économiques entre la direction de l’école (municipalité) et l’entreprise privée sont régies par un accord spécial. Les horaires prévus pour l’instruction théorique et les travaux pratiques sont à peu près les mêmes que dans le programme normal des écoles qui assurent elles-mêmes la for- mation pratique. Les élèves reçoivent un salaire normal d’apprenti, tant pour les heures passées à l’école que pour le temps passé dans l’établissement industriel. Les instructeurs fournis par l’entreprise doivent posséder la

formation et l’expérience requises pour que leur désignation puisse être approuvée par le Conseil national de l’enseignement professionnel, et l’indemnité versée est calculée sur la base d’une somme fixe pour chaque groupe de 8 à 16 élèves. Il peut excep tionnellement arriver que l’entreprise industrielle qui a signé l’accord se décharge de la formation de certains groupes d’appren- tis sur telle ou telle petite entreprise, qui reçoit alors une partie de l’indemnité. Les élèves passent à plein temps la première année de leur

97

L’enseignement professionnel et la formation des travailleurs qualijés

formation à l’école-atelier même, où ils acquièrent une formation de base, avant de commencer leur travail productif. Les élèves demeurent soumis à l’autorité de l’école même pendant les heures passées à l’entreprise. Il existe des cours qui ont lieu principalement le soir et qui visent

à donner aux apprentis, stagiaires ou employés qui travaillent déjà dans l’industrie un complément de formation théorique et pratique. Ces cours s’étendent habituellement sur 2 années et occupent de 6 à g heures par semaine. O n y étudie notamment les techniques des différents métiers, l’économie politique et la législation commerciale. Des cours pour spécialistes d’une durée de 4 mois et demi à 2 ans permettent à ceux qui le désirent d’appro- fondir la connaissance qu’ils ont de leur métier ou d’un métier connexe. Dans le domaine de l’artisanat, la formation professionnelle

pose en Suède les mêmes problèmes qu’ailleurs. Elle était autre- fois presque toujours assurée au moyen d’un apprentissage prati- que donnant lieu à un contrat entre le maître-artisan et l’apprenti d’une durée de 3 à 5 ans. Mais, pour différentes raisons, ce système tend à disparaître pour être remplacé par celui d’une formation artisanale donnée par les écoles-ateliers - publiques et privées - décrites plus haut. Une fois son apprentissage terminé, l’ouvrier qualifié peut

se perfectionner, en suivant les cours de brève durée organisés par l’Institut gouvernemental des arts et métiers (Statens Hand- verksinstitut) à Stockholm. Il faut, pour être admis à suivre ces cours, posséder un (( diplôme de compagnon )) (gesallbrev), ou un titre équivalent, et avoir quelques années d’expérience prati- que. Il s’agit généralement de cours à plein temps qui durent d’une à deux semaines, les classes groupant de IO à 30 élèves. L’institut donne également des avis sur des questions techniques

et économiques; il se livre à des recherches et à des essais dans ses laboratoires et ateliers. Enfin, les élèves qui ont complété leur éducation de base et

sortent vers 15 ou 16 ans de l’(( école polyvalente D ont la possi- bilité de continuer leurs études dans des (( écoles techniques spécia- lisées n (kommunala tekniska skolor) où ils peuvent soit suivre des cours du soir, soit redevenir élèves à plein temps. Le programme d’un cours d’enseignement commercial est donné à l’annexe II. Les études faites dans ces écoles permettent d’entrer dans un tekniskt gymnasium ou de se qualifier comme (( technicien )) (tek- niker). Elles durent un an et demi pour les élèves à plein temps et 3 ans pour les élèves des cours du soir. Il en sera plus longuement question au chapitre III, qui traite de la formation des techniciens.

Tctidcoslovaauie

T c H É c O s L O V A QU I E

Inculquer aux jeunes les connaissances pratiques et les façons de penser et d’agir qui conviennent aux membres d’une société productive, tel est en Tchécoslovaquie le but de l’enseignement secondaire SOUS toutes ses formes, car même les écoles secondaires d’enseignement général font une large place à la (( formation polytechnique )) et se proposent d’initier leurs élèves aux (( prin- cipes fondamentaux de la production ». Parmi les jeunes gens qui sortent de ces écoles, 50 % environ ne poursuivent pas leurs études dans une université et suivent des cours de formation accé- lérée pour devenir soit des ouvriers qualifiés comme ceux décrits dans le présent chapitre, soit des techniciens comme ceux dont il sera question au chapitre III. Nous nous occuperons surtout ici des centres et écoles d’appren-

tissage où la durée des études varie de I à 3 ans et qui pré- parent leurs élèves à des emplois d’ouvriers qualifiés du type courant dans l’industrie, le commerce, les services de santé ou les services sociaux. La formation donnée aux apprentis vise essentiellement à les

qualifier pour l’une quelconque des centaines de spécialisations existantes en même temps qu’à développer leurs connaissances générales dans des domaines variés. Deux tiers environ des élèves qui quittent l’école après g années d’études suivent des cours d’apprentissage. Des cours d’un niveau plus élevé (portant par exemple sur la mécanique de précision, l’optique, l’aéronau- tique, etc.) :sont ouverts aux élèves qui ont accompli 12 années d’études secondaires et qui ne désirent pas entrer à l’université ou fréquenter une école d’enseignement professionnel accéléré. Pour ces élèves, la période d’apprentissage peut être réduite de moitié par rapport aux élèves quittant l’école après g années d’études. Les jeunes gens qui veulent devenir des ouvriers qualifiés sont

formés dans des (c centres d’apprentissage N administrés par les entreprises industrielles. Ce sont des établissements qui donnent à la fois une formation spécialisée et un enseignement général et technique auquel viennent s’ajouter certaines activités extérieu- res. Les usines et entreprises de dimensions modestes n’ont cependant

pas toujours les moyens de créer des centres d’apprentissage dispensant une éducation complète; elles organisent alors dans des locaux industriels des (( ateliers d’apprentissage 1) utilisés pour la formation technique pratique et pour les activités hors programme, tandis que l’enseignement général et spécial est assuré dans des écoles d’apprentissage )) administrées par les

99

L’enseignement professionnel et la formation des travailleurs qualijïés

comités nationaux de district. O u encore, si une entreprise déter- minée n’est pas en mesure d’assurer la formation du nombre de jeunes travailleurs qualifiés dont elle a besoin, elle peut faire appel à l’aide d’une entreprise analogue possédant un centre ou un atelier d’apprentissage. Si certains centres d’apprentissage, et notamment ceux qui sont spécialisés dans les industries minières, la métallurgie et les industries du bâtiment, possèdent un inter- nat, la plupart sont des externats que fréquentent des apprentis résidant dans la localité même ou dans les districts voisins 1. O n trouvera à l’annexe II certains programmes types pour

les élèves se préparant au métier d’ajmteur-mécanicien ou de mécanicien agricole. On constatera que chaque semaine la moitié du temps environ est consacrée à l’enseignement général ou cul- turel, ce qui donne à l’élève doué la possibilité de compléter ses connaissances générales et techniques et de se qualifier ainsi pour des emplois plus élevés. Ce sont donc essentiellement les entreprises industrielles qui

forment les apprentis, soit entièrement dans des (( centres d’appren- tissage )), soit partiellement dans des (( ateliers d’apprentissage D, dont la fréquentation doit être complétée par celle d’écoles d’apprentissage, pour l’enseignement général. Aux programmes des grands centres d’apprentissage figurent des cours destinés à la préparation d’ouvriers qualifiés ainsi qu’au perfectionnement de leurs connaissances générales et professionnelles ; on trouvera d’ailleurs au chapitre suivant des informations plus détaillées sur ce point. La définition qui vient d’être donnée du rôle et des buts des centres

d’apprentissage a été officialisée par la loi du 15 décembre 1960 dont la section 8 contient un premier paragraphe rédigé comme suit :

(( I. Les centres d’apprentissage sont chargés de donner aux apprentis une formation technique et un enseignement général et professionnel du degré secondaire tout en s’occupant de leur éducation extrascolaire et de l’utilisation de leurs loisirs. Les écoles d’apprentissage sont chargées de s’occuper de l’instruction secon- daire générale et professionnelle des apprentis et, dans certaines conditions, de leur éducation extrascolaire z. )) Le personnel enseignant des centres comprend trois catégories :

les meilleurs ouvriers qualifiés de l’usine sont chargés de l’enseigne- ment pratique spécialisé et ont la possibilité d’améliorer à cet

1. Stanislas Vodirisky : Education in Czechoslovakia, 2nd ed. Prague, Orbis, 1963. 90 p.

2. op. Lit. (The Czechoslovakia Series. no 6). Ouvrage traduit en anglais par Jarmila et Ian Miller.

Tchécoslovaquie

égard leurs capacités. A l’heure actuelle, l’enseignement technique théorique peut être assuré par les diplômés des écoles techniques à 4 années d’études (dont il sera question au chapitre III), tandis que l’on peut avoir recours pour l’enseignement général et culturel aux diplômés des instituts de formation pédagogique à 4 années d’études. On a toutefois l’intention de remplacer ces deux dernières catégories de personnel par des diplômés d’université. Les élèves des centres en question reçoivent pendant la première

année, au cours de laquelle ils s’initient aux techniques de base, une allocation spéciale. Pendant les années suivantes, ils perçoivent des salaires qui augmentent progressivement. En troisième année, leur formation repose sur un travail productif en usine. Les pour- centages de temps respectivement consacrés à l’instruction géné- rale et à la formation pratique varient donc au cours de la période d’apprentissage. Pendant les deux premières années - qui sont de 40 à 46 semaines - les élèves passent approximativement chaque semaine 3 jours en classe et 3 jours à l’atelier. En troisième année, ils passent 2 jours seulement en classe et 4 jours à l’atelier Les spécialités enseignées dans les centres et les écoles d’appren-

tissage se répartissent en quinze grandes catégories : industries minières; industries métallurgiques; industries chimiques; machines-outils et métaux; électricité; bâtiment; matériaux de construction, céramique, etc. ; industries du bois ; impression et lithographie; industries textiles; industries du tannage; industries alimentaires; agriculture et sylviculture; transports et commu- nications; commerce de gros et de détail 1. Chacune de ces catégories comprend de nombreuses subdi-

visions (huit pour le secteur fi industries minières », quarante-cinq pour le secteur (( machines-outil et métaux n). Certains des métiers auxquels les élèves peuvent se préparer sont définis de façon très précise; ce sont par exemple ceux des fraiseur, de conducteur de machines pour la fabrication des vêtements de confection, de briquetier, etc. Bien qu’il soit, dans le cas de certains métiers, réduit à 2 ans, l’apprentissage s’étend généralement sur 3 ans pour les jeunes gens sortant des écoles à g années d’études et sur I ou 2 années pour ceux qui ont reçu en 12 ans une instruction secondaire complète. D e toute façon, le but visé n’est pas seulement de former des

ouvriers qualifiés, mais aussi d’ouvrir pour nombre d’entre eux une voie qui leur permettra de se perfectionner et qui aboutira

1. op. cit., p. 74.

IO1

L’enseignemeni professionnel et la formation des travailleurs qualijiés

même, pour certains, à des diplômes universitaires. C’est à cette fin qu’ont été créées en 1959/1960 les (( écoles secondaires pour travailleurs ». Dans le préambule de la loi sur l’éducation adoptée en 1960, on peut d’ailleurs lire ce qui suit :

(( La nouvelle loi sur l’éducation se caractérise notamment par le fait qu’elle crée un système unifié d’établissements destinés à la formation et à l’éducation de l’homme socialiste. Par contraste avec les anciennes lois sur l’éducation, elle ne concerne pas seule- ment les enfants et les jeunes gens, mais elle intéresse la nation iout entière et elle offre à tout citoyen de nombreuses possibilités de parfaire son éducation, soit en dehors de ses heures de travail soit en interrompant son emploi1. 1) Ces possibilités sont décrites en détail au chapitre III.

u NI O N DE s RÉ P UB L I QU E s s O c I A L I s TE s s O VI É TI QUE s

Ce fut V. 1. Lénine, fondateur de l’État soviétique, qui formula, dans les premiers temps du régime, les principes fondamentaux qui devaient présider à l’organisation de l’enseignement profes- sionnel et technique : celui-ci devait être assez large et ses assises devaient être assez profondes pour éviter le risque de n’être qu’une simple spécialisation artisanale; il devait en outre être complété par des connaissances générales et un enseignement polytechnique, être toujours en mesure de s’adapter aux nécessités nouvelles et aux besoins croissants résultant des progrès techniques, et enfin maintenir l’unité entre l’instruction et le travail productif, confor- mément au rôle que la jeunesse est appelée à jouer dans l’effort national tendant à l’édification d’ye société nouvelle. L’un des premiers décrets de 1’Etat soviétique rendait obliga-

toire pour tous les jeunes travailleurs de 15 à 18 ans la fréquen- tation de l’école 6 fois par semaine pendant 2 heures. L’enseigne- ment professionnel fut tout d’abord dispensé par des (( clubs scolaires », mais ceux-ci qui s’éloignaient de plus en plus des réalités de la production en revinrent rapidement à des activités purement récréatives. L’étape suivante vit la création de l’école de type FZU (école

d’application rattachée à une usine), qui préparait les jeunes à devenir des travailleurs qualifiés. Leur programme comprenait non seulement une formation pratique (production industrielle), mais encore une série de cours généraux et techniques, ainsi que des leçons théoriques sur des techniques spéciales.

I. Loi sur l’éducation : texte publié par la maison d’édition chargée des publications officielles intéressant l‘enseignement, Prague, 1961.

IO2

Union des républiques socialistes souidtiques

A ses débuts, les écoles du type FZU durent accepter les élèves qui n’avaient fait que 3 ou 4 années d’études générales, ce qui les obligea de prévoir dans leurs programmes de nombreux cours d’enseignement général; à mesure que celui-ci se prolongeait et s’améliorait, une plus grande place fut accordée à la formation professionnelle pour laquelle ces écoles avaient été créées. Elles formaient de bons ouvriers, mais en nombre insuffisant, et dans quelques spécialités seulement, le plus souvent en fonction des besoins, ou de quelques-uns des besoins, d’une entreprise parti- culière sans se préoccuper des besoins d’autres entreprises qui n’entretenaient pas ou n’avaient pas les moyens d’entretenir une école de ce type. Pour résoudre ladifficulté on institua en 1940 un système d’écoles

professionnelles d’Etat destinées à préparer les jeunes gens appar- tenant à des collectivités urbaines et rurales à tous les emplois requérant des travailleurs de qualification moyenne. Ce système se développa en fonction de l’évolution des besoins de l’économie nationale, comme le montrent les différents types d’école (com- merce, chemins de fer, bâtiment, métallurgie, agriculture). Chaque école avait son propre règlement concernant le niveau d’admission, le secteur industriel auquel elle préparait, ainsi que l’âge et le niveau d’instruction préalable du stagiaire. Au cours de ses quelque vingt années de fonctionnement, ce

système permit de former II millions et demi de travailleurs; ceux-ci constituent actuellement le noyau de la main-d’œuvre spécialisée dans les principaux secteurs de l’économie nationale. La loi du 24 décembre 1958, visant à N renforcer les liens de

l’école avec la vie, et à développer l’enseignement public », a marqué les débuts du développement actuel de l’enseignement professionnel et technique. En application de cette loi, un nouveau type d’école profession-

nelle technique fut créé, les PTU (professialnalno-technicheskiye uchilischa) pour les zones urbaines et rurales, qui ont pris la place des divers genres d’écoles professionnelles, quels que soient les services gouvernementaux dont elles dépendaient auparavant. Ces nouveaux établissements assurent aux jeunes gens ayant quitté l’école une formation très poussée qui leur permet d’occuper des emplois de travailleurs qualifiés dans tous les secteurs de l’éco- nomie nationale, y compris ceux pour lesquels une telle formation n’existait pas auparavant. Les PTU se spécialisent dans les diffé- rentes branches de la production et coopèrent étroitement au développement économique. Chaque école est rattachée à une ou plusieurs entreprises voisines : établissements industriels, fermes collectives, kolkhozes, chantiers de construction OU

L’enseignement professionnel et la formation dts travailleurs qualij’ih

organisations de transport, qui donnent le local où les élèves rece- vront une formation pratique dans les techniques de la production. La durée de la formation varie, selon la spécialité, entre I et

3 années dans les centres urbains, et entre- I et 2 années dans les centres ruraux. La commission d’Etat pour I’édu- cation professionnelle et technique a élaboré une liste des profes- sions en indiquant celles qui devraient faire l’objet d’un enseigne- ment dans les PTU (il y en a plus de 2 OOO), ainsi que la durée de cette formation. Dans ces écoles, l’enseignement se répartit entre le travail

pratique et productif, auquel est consacré 60 à 70 % de la durée totale des cours, l’enseignement théorique, l’éducation physique et les activités extrascolaires (le programme des cours à 3 années pour la formation d’ajusteurs et de conducteurs de tours auto- matiques est résumé à l’annexe II). L’importance donnée à l’enseignement général et aux connaissances techniques générales varie selon les nécessités de la profession choisie. Outre les programmes strictement professionnels des PTU, il

existe également des écoles professionnelles de 4 ans qui assurent à la fois la formation professionnelle des écoles de 3 ans -et un enseignement général afin de permettre au stagiaire de terminer ses études secondaires. A l’heure actuelle cependant, l’industrie organise directement

elle-même la formation aux métiers qui exigent moins de I ooo heu- res d’apprentissage, c’est-à-dire environ 6 mois. D e même, ce sont généralement les entreprises industrielles qui assurent le reclassement des travailleurs dont le métier a disparu à la suite des progrès techniques, ainsi que le réapprentissage partiel des travailleurs appelés à exercer un métier voisin de celui qu’ils pratiquaient auparavant. La liste d_es métiers (au nombre de 6 000) élaborée par la Com-

mission d’Etat pour l’éducation professionnelle et technique indique également la durée de formation nécessaire à chacun d’eux. La formation du travailleur par une entreprise industrielle

est assurée selon un système appelé la méthode u individuelle et d’équipe ». Dans tous les cas, il est indispensable que la formation pratique au travail productif aille de pair avec les études théori- ques obligatoires; celles-ci entraînent parfois une rupture dans la continuité du travail productif (voir à l’annexe II la description détaillée de la formation d’un monteur-électricien, selon ce pro- gramme). Selon cette méthode, chaque stagiaire est affecté à une équipe qui réalise un programme de travail approprié dans la production, sur les chantiers de construction, etc., sous la direction d’un instructeur qualifié. Le nombre de stagiaires par

équipe varie selon les besoins du métier et les conditions de la production. Pour les études théoriques, les stagiaires sont constitués en

groupes de dix au moins, chaque groupe étudiant un métier ou plusieurs métiers connexes. Comme l’enseignement pratique, l’enseignement théorique est donné pendant les heures de travail (dont le nombre varie d’ailleurs selon l’âge et le métier enseigné). Dans les cas où il n’est pas possible de constituer un groupe pour les études théoriques, les stagiaires étudient seuls, sous la direction de l’un des ingénieurs de production travaillant dans la m ê m e entreprise. Les cours théoriques sont organisés spécialement dans les cas où la possession parfaite d’un métier est subordonnée à certaines connaissances théoriques ou nécessite une expérience plus diversifiée que celle susceptible d’être acquise par le stagiaire au cours de son travail. Cette formatjon, dont les conditions sont déterminées par la

Commission d’Etat pour l’éducation professionnelle et technique, est dirigée et contrôlée par des comités locaux pour la formation professionnelle. Outre les cours dans les entreprises industrielles, assurant une

formation de base aux nouveaux travailleurs, il existe un grand nombre de cours de perfectionnement qui permettent aux tra- vailleurs déjà en fonction de développer leurs connaissances générales et techniques. En 1964, 943 ooo travailleurs qualifiés ont été formés par

l’ensemble des écoles professionnelles et 3 332 ooo nouveaux travailleurs par les entreprises industrielles, qui ont également assuré l’amélioration de la qualification professionnelle de 6 938 ooo travailleurs.

YOUGOSLAVIE

En 1965, les ouvriers qualifiés et hautement qualifiés représen- taient 36 y0 de la population active, et les personnes ayant reçu une formation secondaire ou supérieure 15 %. Le dernier plan de développement exige une élévation continue du niveau des connaissances techniques et de l’enseignement général pour répondre aux exigences de l’économie nationale. Il faut donc accélérer les études scolaires et l’enseignement technique et en améliorer le rendement, et élever ainsi le niveau de compétence des techniciens et des diplômés d’université. L’ouvrier qualifié peut, comme dans d’autres pays, recevoir

toute sa formation soit dans un établissement d’enseignement, soit dans l’industrie où cette formation est complétée par des cours

L’enseignement projhionnel et la formation des travailleurs pal@

théoriques. Dans le premier système, l’école doit être dotée de bons ateliers et travailler d’une manière ou d’une autre pour la production. Dans le second, on a jugé plus efficace, pour l’enseigne- ment théorique, de grouper les classes de plusieurs entreprises dans un centre scolaire (voir ci-dessous) au lieu de les organiser séparément sur les différents lieux du travail, à moins que le nombre des apprentis ne soit suffisant pour justifier une classe séparée.

ÉCOLES D’OUVRIERS QUALIFIÉS

Ces écoles admettent des élèves ayant fait 8 années d’études primaires, soit âgés de 15 ans environ, et les études y durent de 2 à 3 ans selon la spécialité. Les travaux pratiques occupent 50 y0 de l’horaire hebdomadaire (voir un exemple de programme à l’annexe II). Les travaux pratiques sont organisés d’après un programme de formation spécialement établi et ont l’avantage de donner une forme plus concrète à l’enseignement théorique Ces établissements, appelés (( écoles avec instruction pratique D, ont été créés au cours des années qui ont immédiatement suivi la libération à la fin de la deuxième guerre mondiale et ont continué de se développer dans les limites des disponibilités financières. La formation y porte sur les principaux secteurs suivants de

l’activité industrielle : u) travail des métaux : ajustage, tournage, mécanique, etc. ; b) bâtiment : maçonnerie, menuiserie, charpen- terie, décoration, etc. ; c) agriculture : travail des champs, horti- culture, fructiculture, etc. ; d) textiles : tissage, filature, apprêt, etc. ; e) divers : bois, produits chimiques, restauration, :commerce de détail, etc. Les efforts actuels tendent à mieux adapter les catégories de

personnel technique qualifié, les programmes d’études et la structure de l’enseignement aux besoins des entreprises. Ils se traduisent par un enseignement de meilleure qualité et par une scolarité plus courte. Les écoles doivent aussi être réorganisées sur une base plus large de manière à constituer des centres scolaires pour d’autres niveaux de l’enseignement technique.

ÉCOLES D’USINE

Les écoles d’usine suivent le même programme que les écoles professionnelles mentionnées ci-dessus. Dans les plus grandes entreprises, toutes les études, théoriques et pratiques, se font sur place. D e plus en plus, cependant, l’enseignement pratique se fait à l’usine même, tandis que l’enseignement théorique est dispensé dans le centre scolaire technique de l’endroit, qui est

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souvent étroitement associé à une entreprise industrielle ou agri- cole ou même situé dans ses locaux. Mais les études sont toujours placées sous la responsabilité des écoles. Depuis trois ans, on a tendance à réserver plus de place, dans

les programmes, à l’enseignement général et notamment aux mathématiques et aux sciences exactes et naturelles.

LES CENTRES SCOLAIRES

Les centres scolaires d’enseignement professionnel donnent une formation et une instruction correspondant aux divers niveaux de l’emploi. Pour y être admis, il faudra à l’avenir avoir fréquenté l’école pendant 8 ans, condition sur laquelle il est actuellement difficile d’insister, car certains élèves n’ont fait que 4 ans d’études primaires. Ces élèves peuvent suivre des cours du soir d’enseigne- ment général et atteindre ainsi le niveau d’entrée requis. Ces centres scolaires ne se borneront pas à donner aux intéressés

la formation de base de travailleur qualifié décrite ci-dessus ; ils s’attacheront également à améliorer l’instruction générale des ouvriers qualifiés déjà employés dans l’industrie et donneront des cours supérieurs de perfectionnement. Les ouvriers semi-quali- fiés venant des régions rurales pourront y recevoir une instruction technique de base étendue sur 3 ou 4 mois.

ÉCOLES D’APPRENTISSAGE

La formation d’ouvriers qualifiés proprement dite se donne dans des écoles d’apprentissage qui admettent des élèves ayant fait toutes leurs études primaires. Les élèves de ces écoles travaillent et suivent des cours en même temps. La durée des études varie de 2 à 3 ans. L’apprentissage est régi par la loi. La durée du travail hebdomadaire des élèves des écoles d’apprentissage (for- mation pratique) ne peut pas dépasser 24 heures. Les élèves doivent fréquenter l’école régulièrement et les employeurs sont tenus de se conformer à cette disposition. Les élèves ne sont pas autorisés à faire des heures supplémentaires, à travailler de nuit, ni à accomplir une tâche productive pénible ou à laquelle ils ne sont pas adaptés. La sécurité sociale, les salaires minimaux et les congés sont garantis par la loi. Les programmes d’études théoriques appliqués dans ces écoles

sont en principe analogues aux programmes suivis dans les écoles de formation pratique, mais les modalités d’exécution sont très différentes. Pour un grand nombre d’élèves, l’enseignement systé- matique des matières professionnelles n’est pas organisé par métier,

L’enseignement professionnel et la formation des travailleurs qualiJés

et lorsqu’il l’est, il s’agit uniquement de cours de quelques mois. Ces écoles ne dispensent pour ainsi dire pas d’enseignement prati- que. Pour l’essentiel, l’école d’apprentissage joue un rôle auxi- liaire dans la formation professionnelle donnée au sein de l’entre- prise, de sorte que, dans les programmes et du point de vue de la méthodologie, l’enseignement théorique est séparé du travail productif. Ce mode de formation d’ouvriers qualifiés s’améliore désormais :

les écoles ou classes d’apprentissage communes sont remplacées par des écoles spécialisées par métier; des écoles centrales et des écoles périodiques s’ouvrent et dispensent alternativement, sur de plus longues périodes, un enseignement théorique et une instruction pratique; dans les grandes entreprises, l’instruction pratique est donnée par un personnel qualifié qui enseigne en même temps la théorie correspondante.

FORMATION EN COURS D’EMPLOI ET EXAMENS

Étant donné la forte demande d’ouvriers qualifiés et l’exode massif de la main-d’œuvre des régions rurales vers les zones urbaines, la plupart des ouvriers qualifiés ont été, depuis la guerre, formés en cours d’emploi. L’avantage de cet enseignement tient à ce qu’il se combine avec différents modes de formation et qu’il permet de recruter le personnel nécessaire, quand d’autres possi- bilités d’enseignement font défaut. D’autre part, il existe des métiers pour lesquels il n’est ni pratique ni possible d’ouvrir des écoles spéciales. Cette formation n’a pas la même valeur que celle donnée dans

les écoles correspondantes. En effet, dans la pratique, elle pêche par de nombreuses lacunes : l’enseignement préliminaire est insuffisant, cette formation n’est pas systématique, le programme est trop facile, et le fonctionnement des commissions d’examen laisse à désirer. C’est un problème qui mérite la plus grande atten- tion, car le niveau des intéressés est très bas en ce qui concerne la culture générale, l’éducation socio-économique et les connais- sances des mathématiques et des sciences exactes et naturelles. Les amendements les plus récents apportés aux instructions

concernant les examens, l’ouverture de centres de formation pro- fessionnelle pour les travailleurs et la participation plus large des universités ouvrières et populaires ont déjà contribué sensible- ment à améliorer la formation professionnelle en cours d’emploi. Et 1’011 en est maintenant à la mise en œuvre d’une résolution de l’Assemblée fédérale concernant les examens organisés dans les différentes écoles professionnelles.

108

La formation de nouveaux travailleurs, principalement adultes, pour certains métiers ou emplois précis est de plus en plus souvent assurée à l’usine même par des services spécialement chargés de l’instruction des travailleurs. Il s’agit d’une formation planifiée et intensive de courte durée (de 3 à 5 mois) qui porte par priorité sur des tâches et des méthodes de travail découlant de processus technologiques concrets. Cela permet aux entreprises où exis- tent de tels services de formation de satisfaire leurs besoins immé- diats. La valeur de la formation en cours d’emploi et, plus encore, de ce dernier type de formation planifiée dépend du soutien de l’entreprise intéressée ainsi que de la formation préliminaire et des aptitudes personnelles des intéressés.

Ces services fonctionnent surtout dans les grandes entreprises industrielles, mais il en existe aussi pour les petites entreprises et pour des secteurs particuliers. Les grandes entreprises forment et adaptent leur personnel selon leurs besoins et selon ceux des entreprises avec lesquelles elles coopèrent. Enfin, les universités ouvrières donnent également une formation dans certains domaines ainsi qu’un enseignement théorique complémentaire.

OUVRIERS HAUTEMENT QUALIFIÉS

Les ouvriers qualifiés peuvent se préparer à un emploi hautement spécialisé en fréquentant une école (écoles de maîtres artisans ou de travailleurs hautement qualifiés) ou en passant un examen, généralement après 3 ans d’expérience professionnelle. Ce sont ces ouvriers hautement qualifiés qui composent les cadres de maîtrise appelés à organiser directement la production dans l’industrie, les mines, le bâtiment, la construction, les transports, le commerce et l’industrie hôtelière. Dans les écoles qui forment ces cadres hautement qualifiés,

les conditions d’admission, la durte des études, les programmes et plans d’études ainsi que le niveau et l’organisation de l’enseigne- ment ne sont pas uniformisés. Les programmes d’études y ont souvent le même niveau que dans les simples écoles d’ouvriers qualifiés, parce qu’il y a de grandes différences de formation préliminaire entre les intéressés. D e toute façon, les ouvriers qui deviennent hautement qualifiés après plusieurs années d’expé- rience professionnelle et après avoir réussi à un examen sont, d‘une manière générale, moins compétents que ceux qui ont été formés dans une école spécialisée. Le nombre des travailleurs ainsi formés s’accroît régulièrement,

comme le montre le tableau suivant :

Eenseignenmi professionnel et la formation des iraiailleurs qua@%

Année scolaire Nombre total d'él&ves Nombre d'ouvriers quaiifda formés chaque année

774 434 5'4 875

1 370 3 267 5 124 7 367 9 580 10 634

200

300 324 435 455 622

I 876 2 870

1120

3 056

Les ouvriers qualifiés peuvent poursuivre leurs études afin de parvenir au grade supérieur de technicien, en suivant des cours à temps partiel ou par correspondance, ainsi qu'il est indiqué au chapitre III.

1 IO

C H A P I T R E I I I

L ’ ENS E 1 G N E M E NT T E C HN 1 QU E ET LA FORMATION DU TECHNICIEN

(( Le terme “technicien” s’applique à toute personne travaillant dans une profession qui exige des connaissances scientifiques et techniques intermédiaires entre celles du travailleur qualifié et celles de l’ingénieur ou des cadres supérieurs; le technicien peut avoir à remplir des tâches d‘inspection et d’entretien, de mise au point de procédés d’exécution, de surveillance de la production. La collaboration avec l’ingénieur constitue une part essentielle de son travail l. N

Bien que l’expression (( enseignement technique 1) remonte à une centaine d’années au moins, l’emploi du mot (( technicien )) est relativement récent. Sa signification professionnelle exacte n’est pas encore bien définie, mais il est évident qu’il existe des niveaux professionnels distincts entre l’ingénieur (sans même aller jusqu’aux cadres supérieurs) et le travailleur qualifié. En fait, la différence qui les sépare est si grande qu’il faut, pour la combler, faire appel à deux niveaux intermédiaires : le niveau du (( technicien 1) et le niveau du (( technicien supérieur ». La signification du mot (( technicien », qui a son origine dans

le domaine industriel, a été maintenant élargie pour désigner un certain niveau culturel et social qui assure la transition entre le (( travailleur qualifié D et 1’« ingénieur ». Bien que toutes les industries n’aient pas besoin de faire appel

à cette catégorie de personnel, il en est bien peu, à l’heure actuelle, qui n’aient pris de mesures pour employer des spécialistes d’un niveau d’instruction inférieur au niveau universitaire ou de for- mation équivalente, ne serait-ce que parce que les diplômés des universités sont peu nombreux et que leur formation est onéreuse. Alors que les spécialistes de ce niveau sont très demandés,

I. (1 Recommandation concernant l‘enseignement technique et professionnel I) adoptée par la Conférence générale de 1’Unesco h sa douzième session, Paris, II décembre 1962, par. 1. z c. (Texte en anglais, en espagnol, en français et en russe.)

I I I

L‘enseignement technique et la formation du techscien

particulièrement dans les pays en voie de développement, le nombre de ceux qui sont formés n’est jamais suffisant pour répondre à la demande. Le prestige attaché aux études universitaires et l’aide croissante accordée par les gouvernements aux élèves des universités sont tels que le nombre des techniciens formés reste insuffisant pour répondre aux besoins nationaux. Cette pénurie de techniciens s’est, avec acuité, manifestée aux États- Unis d’Amérique, et il en a été de même en Europe occidentale jusqu’à une date récente. En Union soviétique, la formation technique dispensée à ce niveau permet tout juste de satisfaire la demande de l’industrie. Certains pays, emportés par l’enthousiasme d’avoir créé une

université, souvent coûteuse mais ne formant qu’un petit nombre de spécialistes hautement qualifiés, ont eu tendance à négliger la formation aux niveaux du (( technicien D et du (( technicien supérieur ». Or la formation au niveau intermédiaire revient moins cher, s’adresse à des élèves de classes moins élevées de l’enseigne- ment secondaire et répond aux besoins de l’industrie aussi bien, ou même mieux, que la formation d’ingénieurs diplômés. Toute- fois, la situation change rapidement et, aujourd’hui, c’est juste- ment à ce niveau que l’enseignement technique se développe le

Il reste un problème non encore résolu : celui de savoir si l’instruction du technicien doit précéder sa formation pratique en cours d’emploi (comme c’est le cas dans les lycées techniques français), faire suite à une certaine période d’apprentissage (comme c’est le cas dans les Ingenieurschulen d’Allemagne), ou faire alterner des périodes d’enseignement et des stages pratiques (comme c’est le cas en Grande-Bretagne dans les programmes du genre dit (( sandwich ». Bien qu’ils diffèrent par leurs méthodes, ces systèmes ont chacun

leurs mérites propres et produisent des techniciens très capables. Il semble que l’industrie pourrait tirer profit de ces trois modalités d’enseignement à la fois et que le pays comme les étudiants pour- raient bénéficier de la triple possibilité offerte par les cours à temps complet, les cours à temps partiel et les programmes alternés. Chaque pays doit adopter son propre système, selon les crédits dont il dispose, la coopération qu’il peut espérer de l’industrie et les types d’établissement d’enseignement existants ou envisagés. Quoi qu’il en soit, parmi les possibilités autres que l’entrée à

l’université, c’est la filière de l’enseignement et de la formation pratique prévus pour les techniciens qui offre aujourd’hui les perspectives les plus intéressantes. Mais il n’y a eu jusqu’ici, pour profiter de ce débouché, qu’un faible pourcentage (IO à 20 %)

plus.

II2

R.@ublique fédérale d‘Allemagne

des élèves les plus doués, ayant atteint le niveau du technicien et désireux de poursuivre leurs études. Le rapport qui existe entre ces cours et les cours d’université sera étudié de façon plus détaillée au chapitre IV. Sans doute est-ce l’opinion publique qui a le plus freiné le

développement des cours pour techniciens, même dans les pays qui en ont le plus grand besoin. Pendant de longues années, le système unique d’enseignement supérieur n’a guère pu s’accom- moder d’un niveau intermédiaire, inséré entre l’enseignement secondaire et l’enseignement universitaire. Les établissements qui dispensaient un enseignement intermédiaire étaient considérés comme de second ordre, et réservés aux laissés-pour-compte de l’université. Le fait que certains titres de techniciens pouvaient s’obtenir sans que les intéressés aient terminé leurs études secon- daires contribuait aussi à minimiser leur valeur, bien que le niveau atteint en fin de compte fût supérieur à celui de n’importe quel titre de l’enseignement secondaire. L’idée qu’un titre de technicien puisse permettre d’entrer à l’université, avec possi- bilité d’exemption d’une partie des études ultérieures, est si rebu- tante pour ceux qui ont été élevés dans les vieilles traditions que certains pays européens n’ont toujours pas donné leur appui, ni même leur approbation, à ce genre de programme. D e même, il a fallu longtemps dans certains pays pour que les

industriels s’habituent à utiliser de façon plus efficace les spécia- listes du grade de technicien et à en reconnaître la compétence. Aux Etats-Unis, on a jugé utile, ces dernières années, de publier des brochures et d’autre matériel de propagande en faveur d’une plus large utilisation des techniciens; et pourtant, en 1961, ce pays formait trois fois plus d’ingénieurs que de techniciens. Toute- fois, les pays les plus progressistes sont aujourd’hui en train d’éli- miner rapidement toutes ces difficultés et ces lacunes, comme le montrent les exposés nationaux ci-après.

RÉPUBLIQUE FÉDÉRALE D’ALLEMACNE

En Allemagne, le niveau de technicien est depuis longtemps reconnu comme nécessaire dans l’industrie et le commerce. De ce fait, les Fachschulen et les Hohere Fachschulen ont une répu- tation de longue date pour la préparation au niveau de techniciens et de techniciens supérieurs. L’Ingenieurschule ou le Technikum sont des établissements qui préparent également à l’obtention du titre de technicien supérieur. Une distinction très nette doit être faite cependant entre le titre d’Ingenieur et celui de Diplom

..

L’enseignement technique et la formation du technicien

Ingenieur obtenu dans une université technique ou une Technische Hochschule.

INCENIEURSCHULEN

Dans le passé, c’était les élèves venant surtout de la Realschule (ou Mittelschule), c’est-à-dire du premier cycle de l’enseignement secondaire, ou d’un Gymnasium, qui entraient dans les Ingenieur- schulen ou dans les écoles commerciales analogues. Ces élèves, qui quittaient l’école à 16 ans avec le titre de Mittlere Reife, commençaient leur formation dans l’industrie avec le statut de Praktikant, sorte d’apprenti. Après 2 années d’expérience (période appelée Praxis), complétée parfois par I ou 2 années de cours préparatoires du soir, ils pouvaient entrer dans une Ingenieurschule, souvent par voie de concours. Les conditions d’entrée dépendaient des réglementations locales, ainsi que des résultats scolaires antérieurement obtenus. La filière d’entrée dans les Ingenieurschulen que nous venons

de décrire est toujours la plus fréquemment employée. Toutefois, une deuxième voie ou filière, déjà exposée au chapitre II (Der Zweite Bildungsweg), prend rapidement de l’extension, et dans quelques Ingenieurschulen, plus de la moitié des élèves y ont eu recours. Cette deuxième filière est la suivante : après avoir quitté la Volksschule à l’âge de 14 ou 15 ans, l’élève suit une formation d’apprentissage, obtient le titre de travailleur qualifié (Fachar- beiterbrief) , puis acquiert de l’expérience dans certains métiers connexes tout en fréquentant pendant 3 ans les cours de jour obligatoires d’un établissement professionnel à temps partiel (Berufsschulc) et pendant 3 ans et demi des cours du soir complé- mentaires. Cette filière, qui mène à l’obtention de la Fachschulreife, est nettement égale sinon supérieure à la précédente. Le programme de 1’Ingenieurschule est essentiellement scien-

tifique et technique, mais il comprend aussi des matières générales ou des matières connexes dans la proportion de 20 y0 environ (langues étrangères, sciences économiques, esthétique industrielle). La durée des études, qui sont à plein temps, est généralement de 6 semestres; toutefois, les candidats qui ont les qualités requises sont autorisés à entrer directement en deuxième année, ou même dans l’une des classes supérieures. On trouvera à l’annexe III un spécimen du programme d’études. Les élèves des Ingenieurschulen notés (( bien )) ou (( très bien )) à

l’examen final pour l’obtention du diplôme d’ingénieur, peuvent, à 21 ans révolus et jusqu’à 35 ans, recevoir une Hochschulreife s’ils remplissent certaines autres conditions. Ce titre est nécessaire

République fédhale d’dllernagrte

pour entrer dans une Technische Hochschule, mais seulement dans un nombre restreint de facultés. Cette deuxième voie conduit donc, par l’intermédiaire de la Fachschulreife et de la Hochschul- reife, de l’apprentissage jusqu’à la qualification professionnelle complète au niveau du Diplom Ingenieur. Ceux qui suivent cette filière du début à la fin ne représentent qu’un faible pourcentage de l’ensemble, et des plans sont à l’étude en vue d’en augmenter le nombre. Il existe des établissements analogues aux Ingenieurschulen

dans les domaines commercial, artistique et social. Parmi les nombreuses formes que peuvent revêtir les Hohere Fachschulen, citons les écoles supérieures de commerce, les instituts d’agricul- ture et d’art industriel et appliqué, ainsi que les écoles de sciences industrielles. Evidemment, les apprentis ne peuvent pas tous, ou ne veulent

pas, poursuivre des études aussi prolongées. Pour les techniciens d’un niveau moins élevé les Fachschulen dispensent un enseigne- ment de jour ou des cours du soir dans les domaines ci-après, enseignés dans des facultés distinctes (génie minier, technologie, sociologie, commerce et agriculture).

FACHSCHULEN

L’enseignement des Fachschulen (à ne pas confondre avec la formation de préapprentissage dispensée dans les Berufsfach- schulen) est destiné à ceux qui ont déjà obtenu la formation de base des ouvriers qualifiés et terminé les études théoriques qui l’accompagnent. Pour s’inscrire à certains de ces cours, il faut être passé par une période d’expérience pratique complémentaire après l’apprentissage. La durée des cours varie de 2 à 3 semestres lorsqu’il s’agit d’un enseignement de jour et de 6 à 8 semestres pour les cours du soir. O n trouvera à l’annexe III un modèle de programme d’études. L’une des principales écoles formant des techniciens est la

Technikerschule. Les établissements de ce genre (par exemple, dans le Land de Rhin septentrional - Wesphalie) comprennent une ou plusieurs des sections ci-après (mécanique industrielle, électrotechnique, textiles, chimie des textiles, industries chimiques, galvanoplastie). Ils sont publics ou privés. L’examen final permet d‘accéder au titre de Techniker, qui est reconnu par l’État et maintenu à un niveau à peu près uniforme dans toute la Répu- blique fédérale bien que, sur le plan de l’éducation, ce pays soit divisé en provinces séparées (Lander).

L‘enseignement technigus et la formation du technicien

PERSONNEL ENSEIGNANT

L’instruction, la formation et l’expérience des enseignants destinés à tous ces établissements posent un problème particulier. Pour tous les établissements mentionnés ci-dessus à l’exception des Hohere Fachschulen, les enseignants reçoivent une formation pédagogique en sus de l’instruction générale (Abitur) et de la formation univer- sitaire. Le premier certificat d’enseignement (erste Lehrerprüfung) s’obtient au terme des études universitaires, et le dernier après 2 années d’enseignement. Les maîtres de conférence des Hohere Fachschulen (Ingenieur-

schulen) sont surtout des ingénieurs et des spécialistes qui n’ont pas reçu de formation pédagogique spéciale. D e même, les chefs d’atelier sont recrutés parmi les contremaîtres expérimentés. Pour 1962163, les statistiques de fréquentation sont les suivantes :

2 263 Berufsschulen pour I 614 035 élèves; I 630 Berufsfach- schulen pour 132 298 élèves; 2 250 Fachschulen pour I 18 843 élè- ves. Dans les Fachschulen, 49 y. environ des élèves ont reçu une

formation technique, industrielle ou artisanale. Les Ingenieurschulen, qui comprennent d’autres formes de

Hohere Fachschulen, sont au nombre de 112 et comptent au total 52 ooo élèves. Dans les Berufsschulen, l’enseignement est gratuit. Quelques

Berufsfachschulen, les Hohere Fachschulen et les établissements privés sont payants.

ÉTATS -UNIS D ’ AMÉRI QUE

Il y a quelques années seulement que le public américain, et notamment les autorités de l’enseignement, ont pris conscience avec acuité de la nécessité de former des techniciens. En fait, les instituts techniques existent aux Etats-Unis depuis plus d’un siècle, mais leur rôle était négligeable et leurs activités presque inconnues. D’après un rapport publié en 1931, il n’y avait, dans tout le pays, que g établissements de cette catégories. Ces instituts techniques ont un programme à plein temps d’une durée de 2 années, d’un caractère terminal et professionnel, menant à l’obtention d’un diplôme bien déterminé et souvent aussi à un associate degree reconnu par 1’Etat.

(ECPD) a commencé à agréer officiellement les programmes d’études des instituts techniques, comme il le faisait déjà pour les

En I 944, 1’Engineers Council for Professionnal Development .

116

États- Unis d’Amérique

études complètes de 4 années des collèges universitaires et des universités. D e temps à autre, dans les rapports annuels de ce conseil ou ailleurs, paraît la liste des instituts ainsi agréés. En outre, les junior colleges, et plus spécialement les établisse-

ments homologues dits community colleges, organisent depuis plusieurs années des programmes de 2 ans, les vocational terminal programmes, qui préparent les élèves en vue de leur passage dans la troisième année d’un collège universitaire (où les études durent 4 ans), ou en vue d’un emploi. Certains de ces programmes ont été agréés par I’ECPD, et beaucoup de ces junior et community colleges qui ont été reconnus par 1’Etat décernent un associate degree. D’autre part, certains collèges et universités ont organisé, en plus de leur programme de 4 ans menant à l’obtention d’un full bachelor’s degree, des programmes d’études spécialisées de 2 ans. En 1958, le nombre des établissements donnant des cours d’un an au moins et de 3 ans au plus était de 767, dont 264 dispen- saient un enseignement technique. Ces établissements comptaient 206 374 élèves, dont 76 I I 2 suivaient les cours techniques. En 1961, les 197 collèges techniques comptaient 36 186 élèves

à plein temps, mais 32 seulement, ayant 17 ogo élèves à plein temps et 7 041 élèves à temps partiel, étaient reconnus par I’ECPD. Si l’on ne considère que les cours agréés par I’ECPD, le niveau

de cette formation technique est un peu inférieur à celui du diplôme allemand d’Ingenieur et se place entre l’ordinary National Certi- ficate et le Higher National Certificate du Royaume-Uni. Quoi qu’il en soit, la comparaison est difficile, car les programmes américains contiennent un plus grand nombre de matières mais sont d’un niveau technique légèrement inférieur. O n trouvera un programme type d’études à l’annexe III. Pour les autres vocational terminal courses (cours professionnels

termjnaux), les normes en font plus ou moins l’objet du contrôle des Etats, mais non du contrôle fédéral, de sorte qu’il est difficile d’évaluer avec Fxactitude le niveau d’un associate degree pour l’ensemble des Etats-Unis. Pour être admis à ces cours, les candidats doivent avoir 18 ans,

et être titulaires d’un diplôme d’études secondaires, mais des matières telles que les mathématiques et les sciences sont souvent recommandées. Leur niveau est généralement inférieur à celui de la première partie du baccalauréat français ou à celui des élèves britanniques ayant obtenu le General Certificate of Educa- tion du degré simple avec quatre matières. Après une certaine période d’hésitation, les milieux industriels

américains recherchent maintenant les diplômés de ces cours. Le Southern Technical Institute a fait en Géorgie, entre 1949 et

L’enseignemctn technique et la formation du technicien

1961, une enquête portant sur 985 individus et a constaté que leur salaire moyen de début était, en 1961, de 400 dollars par mois et devait atteindre 751 dollars au bout de 12 ans. Ceux qui ne peuvent pas suivre les cours à temps complet ont

plusieurs solutions : la fréquentation à temps partiel, les cours de jour ou du soir, et enfin les (( co-operative studies )) qui sont l’équivalent américain du système britannique des cours sand- wich », faisant alterner des périodes d’instruction au collège et des périodes de formation en usine. Le nombre total des diplômés de cette catégorie est de 12 ooo

environ par an, dont 6 035 seulement sont agréés par I’ECPD. La proportion est d’un tiers par rapport au nombre des first way engineers (ingénieurs en titre), dont 36 ooo environ sont formés tous les ans. En fait, la pénurie de techniciens se faisait déjà sentir depuis un certain temps, et l’on fait maintenant de grands efforts pour y remédier, en vertu des dispositions du titre VI11 de la loi de 1958 sur la défense nationale (National Defense Education Act 1958).

NATIONAL DEFENSE (EDUCATION) ACT 1958

Cette loi a été le point d’aboutissement d’un mouvement visant à étendre et améliorer l’enseignement aux Etats-Unis. Seul le titre VIII, qui traite de l’area vocational education (enseignement technique régional) concerne les techniciens. En vertu de ses dispositions, des subventions fédérales d’un montant égal aux crédits ouverts par les Etats eux-mêmes permettent de financer : a) des programmes techniques à plein temps pour les élèves des écoles secondaires, pendant leurs deux ou trois dernières années d’études (les dixième, onzième et douzième); b) des pro- grammes techniques complémentaires à plein temps pour les diplômés des écoles secondaires, c’est-à-dire ayant 18 ans ou plus; G) des programmes périscolaires à l’intention des travailleurs. Les programmes de la première catégorie sont en fait des programmes d’enseignement technique du second degré, mais les études ont une base professionnelle plus étroite qu’auparavant, tandis que les programmes de la deuxième catégorie constituent une forma- tion de techniciens au premier niveau. On trouvera à l’annexe III un programme d’études type; son niveau est proche de celui de l’institut- technique. Aux Etats-Unis, il y a aujourd’hui deux catégories de techni-

ciens : industrial technician et engineering technician. Ce dernier est reconnu par l’ECPD, tandis que le premier peut sortir d’une école technique, Toutefois, ces définitionsune sont pas encore très précises,

Ces dernières années, le statut de technicien s’est quelque peu affirmé grâce à la fondation, en 1962, de l’Institut for the Certifica- tion of Technicians. Cet organisme qui était patronné à ses débuts par la National Society of Professional Engineers, est maintenant indépendant. Son conseil d’administration est composé de quatre ingénieurs et de quatre senior engineering technicians, ces derniers appartenant au groupe de spécialistes du niveau le plus élevé parmi les membres du nouvel institut. Celui-ci ne dispense aucun enseignement et n’agrée aucun programme de cours : cela incombe à 1’ECPD. Son seul objectif est d’agréer les techniciens à titre individuel et de leur délivrer une carte de membre confirmant leur statut. L’institut a trois sortes de membres :junior technician, techni-

cian et senior technician; les uns et les autres doivent avoir rempli certaines conditions minimales du point de vue des examens, ce qui contribue à relever le prestige du technicien et A préciser la question des différents niveaux de qualification. En sus des études à plein temps de 2 ans dont il a été question

ci-dessus, il existe de nombreux cours à temps partiel et cours du soir. Quelques-uns peuvent permettre d’obtenir un associate degree ou le statut de spécjaliste agréé par l’ECPD, mais ceci est rare. Il n’existe pas aux Etats-Unis de titre national précis qui corres- ponde à 1’Ordinary National Certificate britannique ou au Tekni- ker allemand, bien qu’il y ait des cours du soir dans toutes les grandes villes. Il s’agit de cours universitaires extra-muros qui pré- parent les élèves à l’entrée à l’université qui décerne elle-même les grades. C’est ainsi que le Lowe11 Institute, qui utilise les locaux du Massachusetts Institute of Technology, organise un cours du soir de mécanique et d’électricité, d’une durée de 2 ans. Ces cours ont lieu 6 heures par semaine, 30 semaines par an. Les conditions d’admission sont très proches de celles qui sont fixées pour l’Ordi- nary National Certificate britannique. Les services extérieurs des universités organisent souvent, sur des

matières spécialisées, des cours à temps partiel ou de brefs cours à plein temps d’une vingtaine ou d’une trentaine d’heures. La Pennsylvania State University organise ainsi, à trois niveaux successifs (niveau de base, niveau intermédiaire et niveau avancé), un cours de ce genre à l’intention des spécialistes des installations de distribution d’eau, d’égouts et d’évacuation des eaux indus- trielles et décerne au terme de ces études un Pennsylvania State Continuing Education Certificate. Il existe également un certain nombre d’institutions privées qui

dispensent à plein temps une formation de technicien d’un type qui convient tout particulièrement aux besoins immédiats de

“9

L’enreigmmnt technique et la formation du technicien

l’industrie. Les frais de scolarité y sont élevés par rapport aux normes européennes ; aussi font-elles l’objet de pressions considé- rables en vue de limiter la durée des études au minimum néces- saire pour atteindre le niveau voulu. Certains de ces établissements ont donc organisé des cours continus appelés four quarter system (système des quatre trimestres). Une planification minutieuse des exercices et des travaux de laboratoire réduit les pertes de temps au minimum, et des tests courts et fréquents tiennent les élèves au courant du rythme de leurs progrès. Quelques-unes de ces institutions sont agréées par 1’ECPD. La situation des États-Unis, si on la compare à celle de l’Europe

où les titres de technicien sont minutieusement contrôlés, se carac- térise donc par le manque reconnu d’organisation, mais la pénurie y est d’ordre quantitatif et non pas qualitatif, et tel est au fond le cas de tous les pays étudiés dans le présent ouvrage. La nécessité d’intensifier la formation professionnelle dans les

nombreux domaines qui relèvent de la technique a été reconnue par une succession rapide de dispositions législatives. La loi de 1961 dite Area Redevelopment Act encourage la formation pro- fessionnelle comme un moyen de réduire le chômage. Le Manpower Development Act de I 963 renforce encore les dispo-

sitions déjà étendues de la loi de 1962 en matière de formation. En novembre 1963, 55 ooo personnes bénéficiaient d’une formation de ce genre dans 525 catégories professionnelles différentes. Le Higher Education Facilities Act de 1963 prévoit des subventions pour la construction de locaux nouveaux, et de leur aménagement, 22 % du montant total devant être réservés aux instituts techniques et community colleges. Enfin le Vocational Education Act de 1963 élargit le champ des anciennes lois Smith-Hughes et George Barden et donne un caractère permanent aux dispositions tempo- raires du titre VI11 du National Defense (Education) Act de 1958.

FRANCE

En France, le développement de la formation des techniciens a été si rapide depuis dix ans qu’une étude même brève de ce système perd très vite son caractère d’actualité. L’accélération intensive de cette forme d’instruction est destinée à se poursuivre dans le cadre du Quatrième plan de développement économique et son rythme est appelé à dépasser celui des autres aspects du système d’enseignement, Cela ressort clairement des estimations statis- tiques ci-après :

120

France

Élèves (en milliers) Établissements d‘enseignement

1961/62 1966167 1970/7I

Collèges d’enseignement général 630 824 866 Lycées classiques et modernes 822 1 O75 1 ‘54 Collèges d’enseignement technique 222 34‘ 406 Lycées techniques 205 420 5’6 - - - TOTAL 1879 2 660 2 912

Ces chiffres ne comprennent pas les élèves des établissements privés, ni ceux qui restent dans l’enseignement terminal de l’an- cienne école primaire. Les techniciens, c’est-à-dire les élèves des lycées techniques

mentionnés ci-dessus, constitueraient donc quelque I 7 y. de leur groupe d’âge, mais il convient d’y ajouter les élèves venus des (( cours de promotion du travail ». Si l’on élargit la notion de (( technicien N pour y englober les élèves des lycées ou des collèges d’enseignement général qui n’entrent pas à l’université mais suivent des cours de formation spécialisée en vue d‘occuper ulté- rieurement un emploi, ce total dépasserait 50 %. Toutefois, ces chiffres sont des estimations et la situation actuelle

accuse un très grave déficit. A ses débuts, la formation des techni- ciens se faisait dans les anciennes écoles nationales professionnelles qui, jusqu’en 1920, étaient placées sous l’égide du Ministère du commerce. Après 1945, ces établissements ont été complétés, à un niveau légèrement inférieur, par des collèges techniques. Jusqu’en 1954, il n’existait pour toute la France que 29 écoles nationales professionnelles, dont 6 étaient pour les jeunes filles. En vertu de la réforme de 1959, ces deux catégories d’institutions techniques sont devenues des lycées techniques. L’âge d’entrée, autrefois fixé à II ans, a été progressivement relevé depuis dix ans, et lorsque les réformes de 1959 et de 1962 seront entière- ment appliquées, cet âge aura été porté à 15 ans. L’enseignement dispensé prépare les élèves à l’un des niveaux ci-après.

Agent technique. Après le premier cycle de l’enseignement secondaire (II à 15 ans), les élèves peuvent suivre pendant 2 ans les cours d’un lycée technique qui les préparent au brevet d’agent technique. Ce titre remplace les anciens BE : brevet d’enseignement industriel (BEI), brevet d’enseignement commercial (BEC), etc., dont les titulaires étaient considérés comme suffisamment qualifiés pour

121

L’enseignement technique et la formation du technicien

occuper des postes subalternes dans l’industrie et le commerce. Le titre d’agent technique n’est décerné qu’après une période d’expérience pratique et de formation dans l’industrie.

Technicien. Toujours après le premier cycle de l’enseignement secondaire, les jeunes gens peuvent suivre pendant 3 ans des cours de formation pour 15 brevet de technicien. Ce titre qui remplace l’ancien brevet de 1’Ecole nationale professionnelle (ENP), donne accès aux cadres moyens, c’est-à-dire aux postes de chefs de service et aux postes comportant des fonctions techniques de responsabilité sous la seule direction générale d’un membre des cadres supérieurs. Dans ce cas également, le titre n’est décerné qu’après une période obligatoire d’expérience pratique dans l’industrie. Il permet aussi l’accès aux cinq écoles d’ingénieurs de fabrication, de fondation récente, à la condition de réussir à un concours d’entrée. Le baccalauréat n’y est pas exigé. Enfin, le titulaire d’un brevet de technicien ayant complété deux années d’expérience industrielle peut-être admis à la faculté des sciences d’une université. On trouvera à l’annexe III le programme des études faites

dans un lycée technique conduisant au brevet de technicien.

Technicien supérieur. Les cours de formation de techniciens supé- rieurs dans les lycées techniques sont de création récente. Ils ne sont pas encore normalisés et varient selon les besoins de chaque industrie. Leurs élèves sont recrutés parmi ceux des cours pour techniciens mentionnés ci-dessus, ceux des lycées d’enseignement général, ceux qui sollicitent leur admission dans un collège d’ingé- nieurs et ceux des cours à temps partiel de la promotion du travail. Le titre décerné - brevet supérieur de technicien - est désormais l’équivalent du baccalauréat pour certaines matières, et il donne accès à l’université ou à une grande école. Les intéressés entrent dans l’industrie comme techniciens supé-

rieurs, assistant l’ingénieur en titre. Dans certains domaines, ils peuvent poursuivre à temps partiel des études qui leur permettront d’accéder à des postes de responsabilité ou de faire des travaux de recherche. Le décret du 14 janvier 1964 définit le statut dans l’industrie

des titulaires du brevet supérieur de technicien, ainsi que les conditions dans lesquelles ce brevet est décerné. (Voir à l’annexe III un horaire hebdomadaire type des sections prépa- ratoires au brevet de technicien supérieur.)

Italie

PROGRAMMES DE PERFECTIONNEMENT EN COURS D’EMPLOI

Le programme désigné sous l’appellation de K cours de promotion du travail )) constitue, dans les régions urbaines assez importantes, une série d’études à temps partiel qui permettent d’obtenir les compétences nécessaires pour devenir travailleur qualifié ou technicien, ou même le titre d’ingénieur diplômé. Les cours sont assurés par trois principales organisations administratives : I. Le Conservatoire national des arts et métiers, fondé à Paris en

1794, a maintenant des centres associés dans une vingtaine de villes au moins, et il offre une grande diversité de cours à des niveaux différents. Environ 17 ooo élèves suivent les cours de l’établissement parisien, et 32 ooo ceux des centres associés. Outre les certificats annuels de fin d’études pour divers cours, il existe un diplôme d’études supérieures techniques (DEST) ou économiques (DESE) ; 280 de ces diplômes étant décernés chaque année au niveau du technicien supérieur. Le Conser- vatoire jouit également d’un privilège très ancien, mais restreint, qui l’autorise à décerner le diplôme d’ingénieur aux élèves qui ont fait des études à temps partiel. Il en octroie une centaine chaque année.

2. Le Centre national de télé-enseignement organise, à l’échelon national, un système de cours par correspondance allant jus- qu’au niveau du lycée technique. Environ 33 ooo élèves suivent ces cours en vue d’obtenir une formation technique; 15 ooo d’entre eux atteignent le niveau de technicien.

3. Les cours de perfectionnement organisés sous les auspices du programme de promotion sociale commencent au niveau du certificat d’aptitude professionnelle (CAP), passent par le niveau du brevet professionnel, c’est-à-dire celui du technicien, et vont jusqu’au diplôme d’ingénieur décerné par l’une des universités ou des grandes écoles qui s’intéressent actuellement à cette forme de recrutement. Environ 31 ooo titres sont décernés de la sorte chaque année.

ITALIE

La formation des techniciens est assurée par les istituti tecnici de catégories diverses (industriale, commerciale, agrario, geometrà et nautico). Les études sont généralement à plein temps et durent 5 ans. Les

élèves entrent à I’istituto à 14 ans, venant de la scuola media après avoir obtenu leur licenza ou certificat de fin d’études. Dans

L’enseignement technique et la formation du technicien

certaines villes et certains établissements, il existe des cours du soir qui dispensent le même genre d’enseignement.

ISTITUTI TECHNICI

Chaque catégorie d’istituto tecnico offre le choix entre plusieurs programmes, portant par exemple sur la mécanique, la techno- logie thermique, l’électricité, l’aéronautique, l’électronique et l’énergie nucléaire. Le programme comprend normalement 2 années d’études

scientifiques ou techniques préliminaires, suivies de 3 années d’études spécialisées, appropriées à l’option choisie. On trouvera à l’annexe III un modèle de programme d’études. De même, les cours du soir comportent 3 années d’études spécialisées. Au terme de ces études, les élèves passent l’examen d’abilitazione tecnica et, s’ils réussissent, obtiennent le titre de perito avec indication de la spécialité étudiée. Les titulaires sont qualifiés pour des emplois au niveau de technicien dans l’industrie et dans les services publics; ils peuvent aussi enseigner dans des laboratoires ou pour assurer les travaux pratiques. Autrefois, les titulaires du diplôme d’un istituto tecnico n’avaient

pas automatiquement le droit d’entrer à l’université ou dans un institut polytechnique (exception faite pour certaines facultés non techniques, telles que les facultés de sciences économiques, de statistiques ou de langues), mais la loi de 1961 leur permet désormais de s’inscrire dans les facultés de sciences de l’ingénieur, des sciences et autres facultés analogues. Cette réforme a été accom- plie grâce à une modification du programme d’études de l’istituto tecnico; mais en vertu de récentes dispositions, il était prévu que les élèves ne pourraient entrer dans ces facultés qu’en 1966 au plus tôt, bien que des mesures temporaires aient permis à un petit nombre d’entre eux d’y accéder déjà, en passant un examen spécial. Les jeunes gens qui viennent d’autres établissements d’enseigne-

ment technique d’un niveau moins élevé (scuola tecnica ou istituto professionale) sont exemptés de la première et/ou de la deuxième année d’études. Ceux qui ont fait des études de caractère privé sont autorisés, à condition de fournir les résultats complets de leur édu- cation antérieure à plein temps, à se présenter à l’examen de l’abilitazione. Les frais de scolarité pour la fréquentation des établissements

d’enseignement et pour les examens sont insignifiants. La propor- tion des élèves de plus de 14 ans qui suivent les cours de ces écoles techniques est extrêmement élevée, comme le montre le tableau ci-après.

Inscriptions Pourcentage Pourcentage du groupe d‘âge Catégorie d’établissement en premiere des inscrip-

année tions totales Garçons Filles Total

34 138 I7,4 890 432 { t:i Liceo classico Liceo scientifico ‘4 63’ 7,4 Istituto magistrale 27 897 I4J 0,8 6,2 3,5 Istituto tecnico 76096 38,6 1436 494 935 1 44238 2234 7490 3>6 515 Scuola tecnica Istituto professionale

Le programme quinquennal de l’istituto tecnico forme des tech- niciens de niveau moyen. Le rôle de l’istituto professionale, notam- ment en ce qui concerne ceux de ces établissements où l’on donne des cours complémentaires formant des techniciens subalternes ou des cadres et des travailleurs spécialisés est mentionné au cha- pitre II. La notion de (( technicien supérieur n, d’un niveau légèrement

au-dessous de celui de l’ingénieur, n’est pas encore absolument au point,, ni m ê m e généralement acceptée en Italie. Deux pro- positions à l’examen visent à combler cette lacune : u) le titre de technicien supérieur pourrait être, dans le programme quin- quennal actuel des universités ou des instituts polytechniques, le premier qu’on obtiendrait, après 2 ou peut-être 3 années d’études (cette proposition fait partie du rapport Ermini publié en 1963 sur la structure de l’enseignement italien) ; b) les istituti tec- nici actuels devraient former des techniciens de ce niveau en orga- nisant un système de cours qui s’ajouteraient à Ieurs activités pré- sentes. Certains de ces établissements ont déjà commencé à agir dans ce sens (par exemple, les Instituts Molinari et Feltrinelli, tous deux à Milan) et les premiers tecnici superiori y ont obtenu leur diplôme en 1964. Il s’agit de cours complémentaires de physique industrielle et de chimie industrielle qui sont organisés à temps complet (3 ans) aussi bien qu’à temps partiel (4 ans), à raison de 19 heures par semaine pendant g mois par an. Les élèves à plein temps travaillent en outre 2 mois par an dans une entre- prise industrielle de leur spécialité.

PAYS-B AS

Aux Pays-Bas, deux catégories d’écoles forment les techniciens : les uitgebreid technische school (UTS) pour les techniciens du

L’enseignement technique et la formation du technicien

niveau moyen, et les hogere technische school (HTS) pour les niveaux allant du moyen au supérieur. L’enseignement est généralement à plein temps ; mais l’ensei-

gnement à temps partiel prend peu à peu de l’extension, notam- ment dans les HTS, le plus souvent sous forme de cours du soir. Au cours des dix dernières années, un certain nombre d’élèves,

ayant quitté les HTS, ont continué leurs études à la technische hogeschool (université technique), ouvrant ainsi une deuxième voie d’accès à l’enseignement supérieur.

ÉCOLES TECHNIQUES MOYENNES ( UTS) Les UTS forment les cadres moyens indispensables à l’industrie (dessinateurs, dessinateurs-projeteurs, aides-calculateurs pour l’évaluation des contraintes, contremaîtres, surveillants, adjoints de direction). En outre, elles forment les futurs directeurs de petites entreprises commerciales ou techniques (installation d’appareil- lage électrique, entretien d’immeubles, etc.), ainsi que le personnel qui doit posséder certaines connaissances techniques indispen- sables à l’exercice de sa profession. (C’est le cas notamment de l’administrateur chargé des achats, du vendeur à l’exportation ou du représentant.) Les études y durent 3 ans et sont parfois précédées d’une année

préparatoire (schakelklas) pour les élèves venus des écoles primaires supérieures (ULO), des établissements de formation professionnelle (LTS), ou de la troisième année du Gymnasium ou des établisse- ments d’enseignement général du second degré (HBS). Cette année préparatoire a pour objet de donner aux intéressés le niveau d’instruction générale (langues, sciences et mathématiques) nécessaire pour des études techniques ultérieures. Les UTS admettent les jeunes gens qui ont terminé la LTS à

15 ans (voir le chap. II) s’ils ont eu de bons résultats à l’école tech- nique du premier cycle et désirent poursuivre leur instruction. Le programme porte sur 3 années dont l’une, généralement la troi- sième, est consacrée à une formation dans l’industrie. Les UTS enseignent non seulement l’industrie mécanique mais

aussi les beaux-arts, le dessin industriel, la peinture, la sculpture, la publicité, la navigation, la mécanique navale, l’aéronautique, etc. Cet enseignement technique de niveau moyen sera conservé dans le plan de réforme qui est à l’étude et qui prévoit également un enseignement analogue pour jeunes filles, les préparant à des emplois dans les domaines de l’économie ménagère et de l’écono- mie ménagère agricole, ainsi qu’à des emplois commerciaux, de niveau moyen.

126

ÉCOLES TECHNIQUES SUPÉRIEURES (HTS)

Ces institutions, qui ont pour objet de former des techniciens du niveau moyen supérieur et du niveau supérieur, préparent le per- sonnel de l’échelon intermédiaire entre la direction et la produc- tion, ou assurent la direction de petites entreprises industrielles. O n a vu que, depuis 1952, il était possible aux élèves des HTS de poursuivre leurs études supérieures à la technische hogeschool (université de technologie). En pratique, 5 y0 seulement des élèves qui terminent la HTS entrent à la technische hogeschool, dont ils ne constituent que 8 % environ de l’effectif total. On entre normalement à la HTS à 16 ans, après être sorti de

1’ULO avec un diplôme B, ou avoir fait 3 années d’études à la HBS, ou 4 années d’études au Gymnasium (et y avoir été admis en cinquième année). D e bonnes notes à l’examen final de 1’UTS per- mettent également d’entrer à la HTS. Les élèves qui ont déjà bénéficié d’une instruction à des niveaux plus élevés peuvent être exemptés de la première année d’études. Le programme normal s’étend sur 4 années, dont la troisième

est une année surveillée que les élèves passent dans une entreprise industrielle. Ce programme (voir l’annexe III) porte sur un certain nombre de matières générales (langues, instruction civique, édu- cation physique), la théorie scientifique fondamentale (mathéma- tiques, résistance des matériaux, physique et thermique, chimie), des théories techniques spéciales variant selon le programme d’études et des travaux pratiques (dessin et dessin industriel, travaux d’atelier, exercices de laboratoire). En application du plan de réforme, et à partir de l’année scolaire

1965/66, les conditions d’admission dans une HTS devaient être les suivantes : avoir terminé 5 années d’études dans une HBS (spécia- lisation : mathématiques et sciences) ; avoir suivi pendant 6 ans les cours d’un Gymnasium (spécialisation : mathématiques et sciences) ; de plus la durée du programme pourra varier de 2 à 4 ans pour répondre aux besoins des différents métiers.

Il n’existe pas aux Pays-Bas de (( techniciens supérieurs )) dont le niveau serait A mi-chemin environ de la fin des études univer- sitaires, comme le (( first degree )) de l’enseignement supérieur américain. L’écart entre le niveau atteint à la sortie de la HTS et celui du technicien, diplômé supérieur, après 5 à 7 années d’études à la hogeschool est donc considérable. Le programme des HTS a également été repris et présenté sous

forme de cours du soir. Dans ce cas, il s’étend sur 6 ans, et les élèves doivent occuper un emploi en relation avec la matière qu’ils étudient. Ils sont encouragés à acquérir une expérience

L’enseignement technique et la .formation du technicien

pratique d’atelier pendant les premières années et à apprendre le dessin industriel dans les bureaux d’études pendant les dernières. Les élèves doivent assiter à I 6 leçons de 50 minutes par semaine,

soit au total 13 h 30 environ de cours, entre 18 heures et 22 h 30. Cela représente en 6 ans le m ê m e enseignement que pendant les 3 années d’études normales (de jour) ; naturellement, les élèves de ces cours qui occupent déjà un emploi sont dispensés de l’année de travail obligatoire dans l’industrie. Les Pays-Bas ont au total 23 IITS, dont le nombre, depuis

quelques années, augmente lentement mais régulièrement : en 1963, on comptait IO 615 élèves qui suivaient des cours à temps complet et auxquels on avait décerné I 871 diplômes (30 y. en mécanique, 14 y0 en électrotechnique, et 18 y. en génie civil). Les chiffres correspondants pour les cours du soir sont très infé- rieurs - un septième environ des chiffres relatifs aux cours nor- maux (de jour).

ROYAUME-UNI

Les programmes de formation de techniciens décrits ci-après s’appliquent, avec de légère modifications seulement, à l’Angle- terre, au pays de Galles, à 1’Ecosse et à l’Irlande du Nord. Le statut de technicien y dépend, à des degrés divers, de trois autorités distinctes : le Ministère de l’éducation (ou son équivalent en Écosse et en Irlande du Nord) ; le Département de l’éducation et des sciences ; les institutions professionnelles qui, parce qu’elles sont des associations d’ingénieurs dotées d’une charte, ont obtenu du Privy Council une autorité statutaire pour assurer l’éducation professionnelle de leurs membres; enfin, le City and Guilds of London Institute (CGLI), fondé en 1878, et qui, bien que s’oc- cupant surtout à l’origine de la formation des ouvriers qualifiés, a commencé ces dernières années à former des techniciens, notam- ment dans le domaine de la mécanique et de l’électrotechnique.

COLLÈGES TECHNIQUES

Le futur technicien quitte l’école à l’âge légal minimum de 15 ans pour suivre, dans un établissement d’enseignement technique local, des classes à temps partiel (en général un jour par semaine) appelées General course in engineering (ou in science, ou encore in construc- tion). Il fréquente un cours correspondant en principe à l’emploi qu’il occupe, et ce, pendant ses heures de travail, c’est-à-d’ ire en étant payé. Ces études durent 2 ans et sont conques de manière à

128

Rovaume- Uni

évaluer les possibilités des jeunes gens et à opérer une sélection. A la fin de la première année, selon les résultats obtenus, l’élève passe dans un cours de City and Guilds technician, ou bien il est autorisé à poursuivre une deuxième année d’études, ou encore il est ramené vers un stage pour ouvriers qualifiés. Seuls les élèves particulièrement brillants, surtout en mathé-

matiques, sont orientés vers la deuxième solution; on conseille à tous les autres de choisir la première. Si l’élève adopte la première solution, c’est-à-dire s’il veut

obtenir le diplôme de City and Guilds technician, il passera la première partie de ses épreuves au bout de 2 à 3 années d’études, et la deuxième après 2 à 3 années, toutes les études étant faites à temps partiel seulement. On trouvera à l’annexe III un programme d’études type. C’est à une date récente qu’ont été créés ces titres du CGLI, mais ils se sont vite révélés très utiles. Après avoir passé la deuxième partie des épreuves, le jeune homme a la possi- bilité d’étudier des matières supplémentaires et d’obtenir un Full Technological Certificate (brevet d’études technologiques complètes). C e grade est à peu près l’équivalent d’un associate degree aux Etats-Unis.

NATIONAL CERTIFICATE SYSTEM

Si l’élève choisit la deuxième solution, il passera un examen à la fin de la seconde année, après avoir terminé le programme général, et le résultat de cet examen déterminera son orientation future. Le succès à chacune des épreuves de l’examen est sanctionné par les mentions (( pass )) (la moyenne), ou (( credit )) (nettement au-dessus de la moyenne). Deux credits et un pass permettent de suivre les cours menant à l’obtention du National Certificate (brevet national). Trois pass permettent d’accéder aux cours de la deuxième année (T.2) du programme du CGLI et moins de trois pass placent dans le cours de première année (T.1) de ce même programme, ou encore dans un cours formant des ouvriers qualifiés. Ceux qui sont admis à suivre les cours menant au National

Certificate y retrouvent les jeunes gens qui ont quitté l’école à 16 ans munis d’un General Certificate of Education (CGE) dans quatre matières au moins, dont obligatoirement les mathé- matiques et les sciences. Les uns et les autres entament alors un programme à temps partiel de 4 années, une journée et un soir par semaine, qui après 2 autres années d’études, les conduit à l’ordinary National Certificate (ONC), et après 2 autres années au Higher National Certificate (HIVC). On trouvera à

L’enseignement technique et la formation du technicien

l’annexe III les programmes d’études type préparant à ces deux certificats. Ces cours relèvent de comités mixtes composés de repré- sentants du Département de l’éducation et des sciences et des institutions professionnelles intéressées ainsi que d’un représen- tant des collèges techniques. Le HNC des techniciens est d:un niveau légèrement supérieur

à celui de l’associate degree des Etats-Unis; il est proche de celui de l’ingenieur allemand mais le champ des études est plus restreint, car en dehors des matières techniques nécessaires pour la spécialité préparée il en comprend peu d’autres. En suivant pendant une ou deux années de plus d’autres cours

appelés (( endorsement N subjects, le jeune technicien peut obtenir (voir le chap. IV) le statut d’ingénieur diplômé d’Etat (chartered engineer) qui est l’équivalent d’un grade universitaire. Le système du National Certificate fonctionne en Grande-

Bretagne depuis plus de quarante ans et attire un grand nombre de jeunes gens. En 1962,l’ONC a été décerné à 20 134 cadidats et le HNC à I I 049. La principale faiblesse du système est la durée des études. En effet, personne ne peut obtenir un HNC en moins de 4 années d’études faites après l’âge de 15 ans (âge minimum d’affranchissement de l’obligation scolaire) ; au demeurant, la plupart des intéressés sont sensiblement plus âgés, soit qu’ils aient commencé leurs études assez tard, soit qu’ils aient redoublé une ou deux années. Aussi a-t-on mis en œuvre divers moyens pour abréger les

études : on a créé des cours à plein temps, sanctionnés par un Ordinary National Diploma et un Higher National Diploma (qui remplacent les certificates); on a organisé des cours dits (( sandwich N où alternent, en proportion à peu près égales, les études proprement dites et le travail pratique en usine; enfin, on a prévu que l’admission pourrait se faire à un niveau d’instruction plus élevé (après des études secondaires faites jusqu’à 18 ans). Ceux qui ont obtenu un pass au moins au CGE du niveau supé- rieur sont admis aux cours à plein temps ou du type (( sandwich n préparant au Higher National Diploma et peuvent obtenir ce titre en 2 années d’études à plein temps ou en 3 années d’études (( sandwich ». C’est là le niveau le plus élevé des cadres moyens de techniciens; les possibilités d’aller plus avant dans cette voie sont exposées au chapitre IV. O n voit donc qu’au Royaume-Uni, il existe une gradation conti-

nue des compétences, du niveau de l’ouvrier qualifié à ceux du technicien supérieur et au-dessus, et un continuel effort de réorien- tation des intéressés selon les aptitudes qu’ils révèlent. L’évalua- tion des aptitudes se fait autant d’après les notes obtenues au cours

Royaume- Uni

des études que d’après les examens. Mais l’orientation proposée par les professeurs n’est pas toujours obligatoire : le jeune homme peut ne pas en tenir compte et choisir sa propre voie, pourvu qu’il remplisse les conditions requises pour l’admission au stade sui- vant. Dans le présent exposé nous avons délibérément évité de donner

des détails, afin que le schéma général ressorte bien. En fait, il existe beaucoup d’autres possibilités : c’est ainsi que l’élève de l’année terminale d’un cours professionnel d’ouvriers qualifiés (voir le chap. II) peut être transféré dans la deuxième année d‘un cours pour techniciens; ou encore l’élève de l’année terminale du cours CG technician peut passer à un cours préparant au Natio- nal Certificate avec exemption d’une ou deux années d’études. Dans les industries mécaniques, le bâtiment et bien d’autres

industries, l’ouvrier peut, jusqu’à l’âge de 18 ans, s’il a un employeur compréhensif, obtenir des congés avec traitement afin de poursuivre des études techniques. Après 18 ans, il devra sans doute fréquenter des cours du soir, à raison de 3 classes de 2 heures à 2 h 30 par semaine.

ENSEIGNEMENT COMPLÉMENTAIRE

La section administrative du Département de l’éducation et les sections correspondantes des autorités locales de l’enseignement qui s’occupent de ces cours techniques (qu’il s’agisse d’études à temps partiel ou à temps complet) s’appellent sections de l’enseignement complémentaire (further education) et leurs activités sont plus ou moins parallèles à celles des services chargés de l’enseignement supérieur, c’est-à-dire celui des universités, des anciens collèges d’enseignement supérieur de la technologie et des écoles normales supérieures. Au Royaume-Uni, la formation des techniciens incombe donc au

Département de l’enseignemnt complémentaire et n’est point, comme en France et depuis peu aux États-Unis, un prolongement du système d’enseignement secondaire. Le système britannique résout la question posée au début du présent chapitre : Faut-il commencer par la formation pratique ou par les études théoriques, ou vaut-il mieux qu’elles aillent de pair, ou encore qu’elles alternent (cours (( sandwich »). Ce système exige une étroite coopé- ration entre les autorités de l’enseignement et l’industrie, car il faut que les employeurs soient disposés à continuer de payer les ouvriers qu’ils laissent suivre des cours pendant la journée. O r aucune réglementation ne les y oblige, bien que la loi de 1964 sur la formation professionnelle dans l’industrie (Industrial

L’ew~ignement technique et la formation du technicien

Training Act 1964) permette à l’employeur de se faire partielle- ment rembourser les frais que cette formation aurait entraînés.

SUÈDE

La formation des techniciens en Suède fait actuellement l’objet de nombreuses réformes et discussions. Les deux établissements d’enseignement que cela concerne au premier chef - le tekniskt gymnasium et la fackskola - ont fait l’objet des travaux de commissions royales dont les rapports ont été publiés en 1963. Si les recommandations de celles-ci sont appliquées comme prévu, il sera mis sur pied un système d’enseignement à la fois moderne et eficace.

TEKNISKT GYMNASIUM

Les inscriptions dans cette catégorie d’établissements représentent seulement un cinquième des inscriptions au gymnasium dispensant un enseignement général; ces écoles sont réservées aux jeunes gens qui ayant terminé la realskola ou la grundskola ont obtenu un certificat de fin d’études avec (( 16+ 1) de moyenne. Deux mois d’expérience pratique sont, en général, exigés à l’entrée, et à la fin des études il faut faire quatre autres mois de travaux pratiques pendant les vacances d’été. Les études durent 3 ans (certains établissements mettent à l’essai un programme de 4 ans) ; elles se terminent par l’ingenjorsexamen. Le diplôme obtenu donne théo- riquement le droit d’entrer dans une tekniska hogskola (université technique). Mais, étant donné la place prise par l’enseignement des sujets techniques et la formation d’atelier, il est devenu de plus en plus plus difficile d’y maintenir le niveau voulu pour les matières générales; c’est pourquoi les candidats à l’université les plus nom- breux et les plus brillants viennent du gymnasium général. Les commissions de réforme (1963) ont proposé d’instituer un

programme de 4 ans pour le tekniskt gymnasium, tout en mainte- nant à 3 années les programmes de sciences, de sciences écono- miques, sociales, et humaines. O n trouvera à l’annexe III un spécimen d’emploi du temps pour le programme actuel de 3 ans, ainsi que pour le programme proposé -de 4 ans. Le nouveau gymnasium technique dispensera 4 programmes

d’enseignement principaux (mécanique, électricité, bâtiment et chimie). En ce qui concerne le bâtiment, le programme se divi- sera, après la première année, en deux branches (immeubles d’habitation et immeubles administratifs), et le programme

Suède

d’électricité se scindera aussi en deux branches (courant d’inten- sité normale et courant de haute intensité). Tous les cours tech- niques auront le m ê m e fonds commun de matières essentielles (voir annexe III). Alors que l’expérience pratique s’obtenait encore récemment

dans des entreprises industrielles, le développement des gymna- siums techniques et des fackskolor est tel qu’il sera difficile, voire impossible, d’assurer de cette manière à un nombre suffisant d’élèves ce genre de formation. Aussi compte-t-on organiser des travaux d’atelier à l’école les deux premières années, et prévoir deux périodes de 6 semaines de travail à l’usine à la fin des troi- sième et quatrième années d’études. O n espère ainsi faire passer à 7 ooo le nombre annuel des gymna-

sieingenjorer, dont plus de 5 ooo prendront directement un emploi comme techniciens de niveau moyen; les autres pourront pour- suivre des études supérieures à l’université et éventuellement obtenir le diplôme de civilingenjor.

FACKSKOLA

La fackskola actuelle est en fait une variante du tekniskt gymna- sium. On peut y faire pendant 2 ans des études à plein temps, à la condition d’avoir 2 années d’expérience pratique préalable. On peut aussi y faire des études à temps partiel (cours du soir), en général pendant 3 à 4 ans, mais z mois seulement d’expérience pratique préalable sont exigés. Le niveau d’admission est à peu près le même que pour le tekniskt gymnasium, à l’exception toutefois que les langues étrangères ne sont pas obligatoires. Le programme est plus spécialisé et comprend moins de sujets géné- raux; il peut par conséquent s’étendre sur une période plus courte. Le titre obtenu est celui de fackskoleingenjor, qui est l’équivalent

technique du gymnasieingenjor, mais en fait ne répond pas aux conditions d’admission à l’université. Cependant, une réforme récente permet de se présenter à l’ingenjorsexamen en faisant des études privées après l’obtention du diplôme de la fackskola. Les nouvelles propositions de réforme de la fackskola feront à

cette catégorie d’établissements une place plus large dans le sys- tème général d’enseignement, mais à un niveau légèrement infé- rieur. Il est prévu qu’avant 1980, 80 % des jeunes Suédois pour- suivront leurs études après l’âge de 16 ans, soit dans un gymnasium soit dans une fackskola. Les futures fackskolor, dont certaines ont déjà été mises à l’essai

en 1963, comprendront trois catégories principales au lieu des

= 33

L’enseignement technique et la formation du technicien

quatre prévues par la loi de 1962 (sociale, économique et techni- que). Seule la dernière, la telcnisk fackskola, sera décrite ci-après. L’école technique aura 4 programmes d’enseignement (bâti-

ment, mécanique, électricité et chimie). Ces programmes traite- ront tous de certains sujets techniques, les disciplines spéciales variant selon l’option choisie. Les programmes relatifs au bâti- ment et à l’électricité se diviseront l’un et l’autre en spécialités à partir de la deuxième année d’études. (Voir à l’annexe III le programme d’études de la nouvelle fackskola.) Tous les candidats valables venant de la grundskola peuvent

être admis à l’école technique sans examen d’entrée. Il existe une autre possiblité : l’intéressé peut commencer par acquérir une formation d’ouvrier qualifié, puis suivre les cours de la fackskola. Pour les élèves qui y entrent directement en sortant de la grund- skola, une année d’expérience pratique à l’atelier est exigée entre la première et la deuxième année d’études. Les études seront sanctionnées par un certificat indiquant la spécialité choisie, les matières étudiées et les grades obtenus. Les élèves les plus brillants de la fackskola auront la possibilité, après la deuxième année, d’entrer au gymnasium pour y suivre un programme d’études correspondant à leur année. Ces fackskolor produiront les techni- ciens subalternes du système suédois. Actuellement, les techniciens de ce niveau sont formés par les

tekniska skolor (de jour ou du soir). L’admission se fait à 16 ou 17 ans, après 6 mois d’expérience pratique, pour les écoles de de jour, et à 15 ou 16 ans pour les cours du soir. Le programme du premier niveau mène à l’obtention du titre de tekniker; il dure 3 semestres pour les écoles de jour, ou 6 semestres pour les cours du soir. 11 arrive que les élèves soient exemptés des deux premiers semestres d’études, selon la formation déjà reçue. Les élèves peuvent relever leur niveau de qualification en suivant par la suite des cours techniques plus approfondis. Dans les grandes villes, on trouve des établissements d’un niveau

plus élevé (teknisk institut) qui admettent les jeunes gens ayant obtenu un certificat de fin d’études avec une moyenne de (( 16f N; ils mènent d’abord au titre de tekniker, puis à celui d’institu- tsingenjor. Pour obtenir ce dernier, le tekniker doit poursuivre ses études pendant 2 semestres (une année scolaire) dans les écoles de jour, ou 4 semestres dans les cours du soir. Ces établissements sont, toutefois, appelés à perdre peu à peu de leur importance, à mesure que se développera le système de la fackskola. En effet on peut prévoir que les tekniska skolor finiront par être absorbées dans le réseau des fackskolor, supprimant ainsi les doubles emplois. Les nouvelles fackskolor se multiplient et prennent de l’extension

Tchécoslovaquie

comme le montrent les pourcentages ci-après : 1963 : 6 %; 1964 : 25 %; 1965 : 35 %; 1966 : 50 yo; 1967 : 55 %; 1968 : 65 %. Dans le cadre de ce nouveau système, les deux principaux

niveaux du grade de technicien seront, au terme des études suivies dans la nouvelles fackskola, celui qui correspondra approximati- vement à l’actuel institutsingenjor (à ne pas confondre avec le niveau de l’ancien fackskoleigenjor dont il a été question plus haut) et au terme des études du tekniskt gymnasium (4 années d’études), celui de l’actuel gymnasieingenjor. Viendra ensuite le civilingenjor, titre d’ingénieur du genre civil qu’il ne sera possible d’obtenir que par des études à plein temps à l’université (institut de technologie).

T CHÉ c OS L ov A QU IE

La formation technique d’un niveau supérieur à celui du travail- leur qualifié est ici une tradition ancienne, puisque l’institution devenue aujourd’hui l’université technique tchécoslovaque de Prague avait été créée dès 1707. Mais celle-ci n’entre pas dans le cadre du présent chapitre, qui est consacré aux niveaux intermé- diaires entre celui du travailleur qualifié et celui de l’ingénieur diplômé d’université. Il existe trois types d’établissement formant des techniciens :

I. L’école professionnelle du second degré, où la durée des études est de 3 ou 4 ans pour les élèves qui ont terminé leurs 9 années d’études primaires; les cours comprennent à la fois une forma- tion technique spécialisée et une instruction générale qui per- met aux élèves d‘accéder à l’université.

Ces écoles offrent également un cours de 2 ans, conçu spécialement pour les élèves qui ont déjà fait 12 années d’études secondaires, et veulent recevoir une formation complémentaire en vue d’un emploi industriel ou commercial.

2. L’école professionnelle qui ne dispense pas un enseignement secondaire complet, mais donne une formation à plein temps d‘une durée de 2 années en vue de l’exercice de certains métiers (secrétariat, horticulture, aviculture, etc.).

3. L’école secondaire pour jeunes travailleurs, qui offre des cours à temps partiel, d’une durée de 3 ans, à ceux qui, après avoir terminé g années d’études, ayant bénéficié d’une formation d’apprentissage et passé le certificat de travailleur qualifié, désirent améliorer leurs compétences et obtenir de l’avance- ment. Cette école admet aussi des élèves n’ayant pas terminé leurs études professionnelles de 2 ou 3 ans, et ceux qui, après leurs 9 années d’études, n’ont pas suivi de cours d’apprentissage

‘35

L’enteignement technique et la formation du technicien

mais ont au moins 3 années d’expérience pratique. Les élèves de ces trois catégories commencent les cours à temps partiel à des niveaux différents.

Les catégories I et 3 de ces écoles, tout en formant elles-mêmes des techniciens, offrent également à ceux de leurs élèves ayant obtenu un certificat approprié de fin d’études, la possibilité de solliciter leur admission à des cours universitaires.

ÉCOLES PROFESSIONNELLES DU SECOND DEGRÉ

Les écoles de cette catégorie sont classées selon les principaux domaines ci-après : u) industrie, agriculture, sylviculture, commerce, services sociaux; b) soins infirmiers et hygière, éduca- tion des adultes et services culturels; c) musique, arts appliqués et dessin industriel : Chacune de ces écoles s’adresse à un certain nombre d’industries

différentes. C’est ainsi qu’à l’école industrielle (technique) on donne des cours dans les domaines suivants : mécanique et électri- cité, chimie, physique nucléaire, génie minier, géologie et pros- pection, centrales électriques, métallurgie, production et transfor- mation des aliments, industrie de la pâte à papier et du papier, imprimerie, bâtiment, topographie, transports et communications. Chaque domaine d’étude comprend diverses spécialisations qui préparent les élèves aux différentes branches de l’industrie consi- dérées, par exemple, mécanique de précision et optique, technologie et équipement mécanique des fonderies, machines de transforma- tion des aliments et leur équipement. Cette spécialisation ne signifie cependant pas que le programme

enseigné ne prépare les élèves qu’à un seul métier ; en effet, comme nous le verrons d’après le spécimen de programme donné à l’annexe III, l’ensemble des études porte sur des sujets fondamen- taux qui peuvent s’adapter à toute une gamme d’occupations diverses. Au terme de 4 années d’études, les élèves qui ont réussi peuvent

solliciter leur admission à l’université ou chercher un emploi de niveau moyen dans l’industrie (technicien, arpenteur, dessinateur industriel, contremaître au service du matériel, etc.). Normalement, les élèves entrent dans une école professionnelle

du second degré après avoir terminé g années d’études; mais à l’heure actuelle, ces établissements comptent un nombre croissant d’élèves ayant terminé leur douzième année d’études secondaires. Pour ceux-ci, le programme est entièrement composé de matières spécialisées, théoriques et pratiques, et il se termine par un deuxième examen de fin d’études.

Tchkoslouaquie

La sélection opérée pour l’admission à l’école professionnelle à 4 années d’études est faite de la manière suivante : une recom- mandation du personnel enseignant de l’école de g ans; la réussite à un examen d’entrée; une année d’expérience pratique préalable, acquise de préférence au cours de l’apprentissage; enfin, un avis favorable de l’entreprise qui a employé les candidats. Ces écoles ont, le cas échéant, des foyers. Tous les élèves de l’enseignement secondaire, qu’ils fréquentent un établissement d’enseignement général ou une école professionnelle, peuvent obtenir des bourses dont le montant dépend de la situation de leur famille; en 1963, ces bourses oscillaient entre 70 et 325 couronnes par an. Ils béné- ficient également d’autres avantages, tels que la réduction des tarifs de transports. Il existe enfin, à l’échelon national, un service d’orientation professionnelle qui s’adresse tant aux parents qu’aux jeunes qui ont mené à bien leur g années d’études scolaires et qui fait appel aux organisations sociales nationales ainsi qu’aux bureaux de placement.

ÉCOLES SECONDAIRES POUR TRAVAILLEURS

Ces établissements d’enseignement à temps partiel ont des pro- grammes associés à ceux des centres et écoles d’apprentissage. Ils dispensent toute l’instruction nécessaire pour compléter les études secondaires, ce qui ouvre à leurs élèves les plus brillants maintes possibilités de perfectionnement culturel. Bien que la fondation de ces écoles remonte seulement à l’année

scolaire 1959, elles ont déjà 15 ooo élèves et les inscriptions aug- mentent rapidement. Leurs cours durent 3 ans, à raison de 16 heures par semaine, dont la moitié sont prises sur la journée de travail normal et l’autre moitié sur le temps de loisir de l’élève. Certains de ces cours peuvent être suivis par correspondance. Cet enseignement est dispensé tant dans les centres d’apprentissage des entreprises industrielles que dans les écoles professionnelles du second degré qui fonctionnent de jour. Dans les deux cas, ce sont les comités nationaux de district qui rémunèrent les ensei- gnants et fournissent les auxiliaires pédagogiques. Les élèves qui ont fait ces 3 années d’études peuvent, s’ils

remplissent les conditions voulues, solliciter leur admission à l’université ; ou encore, s’ils conservent un emploi dans l’industrie, ils peuvent accéder à une fonction supérieure à celle des élèves sortis de l’école professionnelle du second degré puisqu’ils ont terminé à la fois leur apprentissage et leur instruction secondaire générale; ils sont alors avantagés au moment de la sélection opérée pour la formation de contremaîtres.

L>enseignement technique et la formation du technicien

On trouvera à l’annexe III des spécimens de programme d’études pour ces établissements.

ÉCOLE SECONDAIRE D’ENSEIGNEMENT GÉNÉRAL

Bien que l’école secondaire d’enseignement générai ne fasse pas porter l’essentiel de son activité sur la formation de techniciens, son orientation nouvelle permet, grâce à une instruction polytech- nique, théorique et pratique, de préparer les jeunes à diverses formes d’apprentissage. Les élèves travaillent en effet 6 heures par semaine dans des entreprises industrielles, commerciales ou agri- coles associées à l’école, tandis que, dans le programme théorique, 2 heures par semaine sont consacrées à l’étude des moyens techni- ques de production. D e même, des travaux manuels sont organisés pendant les vacances d’été. Pour l’élève qui est ainsi préparé, toute formation professionnelle ultérieure, soit comme travailleur qualifié, soit comme technicien, sera de ce fait nettement écourtée.

INSTITUTS DU TRAVAIL

Les articles I et 2 de la section 14 de la loi de 1960 sur l’éducation prévoient la création d’instituts du travail qui (( dispenseront un enseignement technique complémentaire en vue d’un métier déterminé, ainsi que l’instruction générale aux travailleurs qui ont terminé leurs études professionnelles ordinaires ou profession- nelles du second degré et qui ont plusieurs années d’expérience pratique. La durée des études y sera de 2 ans au moins D. Un sys- tème est ainsi créé permettant à l’ouvrier de se perfectionner pour atteindre le niveau de technicien supérieur.

SYSTÈME D’ENSEIGNEMENT PÉRIUNIVERSITAIRE

Outre les cours à temps partiel ou des cours par correspondance, qui permettent de faire des études universitaires normales, il existe des cours de plus ou moins longue durée destinés à relever le niveau de la qualification technique; leur nombre augmente rapidement.

UNION DES RÉPUBLIQUES SOCIALISTES SOVIÉTIQUES

TE CHNI CIENS

L’enseignement spécialisé du second degré dispensé dans les technicums et dans des établissements analogues fait partie inté- grante du système d’enseignement soviétique. L‘enseignement

Union des républiques socialistes soviéiiques

technique spécialisé du second degré s’y combine avec I’enseigne- ment général complet du second degré. En 1917, il n’existait que 450 établissements de ce genre, grou-

pant 54 ooo élèves; à l’heure actuelle, les 3 600 technicums et institutions analogues comptent 3 millions d’élèves. L’instruction et la formation qu’ils dispensent sont destinées essentiellement à préparer des techniciens du niveau moyen pour l’industrie, le bâtiment, l’agriculture, les transports, etc. L’enseignement secon- daire spécialisé comprend aussi la pédagogie, les arts et les études paramédicales. Pour ce qui est des études techniques et agricoles, elles per-

mettent non seulement d’obtenir le titre de technicien, mais aussi une formation d’ouvrier qualifié dans une spécialité associée à l’occu- pation principale (ajusteur, peintre, conducteur de tracteur, etc.). La durée des études dans un technicum va de 3 à 5 ans pour ceux

qui ont fait 8 années d’études scolaires, et de I an et demi à 3 ans pour ceux qui ont fait des études secondaires complètes (IO ou I I ans). On trouvera à l’annexe III un exemple de ces deux types de programme. En règle générale, les études des technicums sont à plein temps;

mais pour les élèves qui occupent un emploi, il existe des cours par correspondance et des cours du soir organisés par les universités dans le cadre de leur enseignement périuniversitaire, ou par des instituts créés à cet effet. Les technicums, comme la majorité des établissements d’ensei-

gnement, sont gratuits; en outre, les élèves peuvent bénéficier de bourses et de diverses facilités. Dans les classes de jour, les élèves qui obtiennent de bons résultats reçoivent une bourse annuelle et une indemnité de subsistance pour ceux dont le domi- cile est trop éloigné du lieu de leurs études. Sont également payés tous les déplacements des élèves à l’usine, à la ferme ou à tout autre endroit où ont lieu les travaux pratiques. Quant aux élèves qui ont un emploi tout en suivant les cours d’un technicum, ils bénéfi- cient des facilités ci-après : I . Congés payés supplémentaires pour les travaux de laboratoire et les examens; pour ceux qui suivent les cours du soir, cela représente IO jours ouvrables par an pendant les première et deuxième années; pour les cours par correspondance, 30 jours par an. La troisième année et les années suivantes, ces chiffres s’établissent respectivement à 20 et 40 jours, 30 jours de congé supplémentaire non payé pouvant être accordés pendant la période des examens d’Etat; quand il s’agit de la préparation d’un diplôme, ou d’une thèse, les élèves bénéficient d’un congé de 2 mois.

L’enseignement technique et la formation du technicien

2. Indemnités pour le temps consacré aux travaux de laboratoire, aux travaux pratiques exigés et pour passer les examens, outre paiement de 50 y0 des frais de déplacement aller et retour du lieu de résidence à l’établissement d’enseignement.

3. Pendant les années terminales des cours du soir ou d’autres études à temps partiel, tous ceux qui veulent faire un stage d’initiation dans une grande entreprise industrielle peuvent obtenir à cette fin jusqu’à un mois de congé sans traitement.

L’examen d’entrée, ouvert à tous, comprend une épreuve dans la langue maternelle (russe, ukrainien, etc.), une épreuve de mathé- mathiques (écrit et oral) et des épreuves dans d’autres matières touchant à la spécialisation choisie. Pour les cours de jour, la limite d’âge est 30 ans; mais pour les cours du soir et autres classes à temps partiel, il n’y a pas d’âge limite. Les jurys d’examen sont composés de membres du personnel enseignant et de fonctionnaires des organisations communales et sociales. C’est le Ministère de l’enseignement supérieur et de l’enseigne-

ment secondaire spécialisé qui établit tous les programmes d’études techniques. Les classes de jour, qui préparent à un emploi de technicien, comprennent trois périodes distinctes. Lors de la première période, les élèves reçoivent un enseignement

à la fois général et technique, apprennent les sciences naturelles qui correspondent à leur spécialisation et s’initient également à un métier manuel. Beaucoup de technicums ont leurs propres ateliers, où les élèves fabriquent des instruments et des machines- outils simples. Après cette période préparatoire de 2 à 3 ans et l’initiation à un

métier manuel, les élèves vont passer I année dans l’industrie. Ils travaillent alors comme tous les autres ouvriers et reçoivent un salaire normal, correspondant à leur rendement. Pendant cette deuxième période, ils poursuivent dans des cours du soir ou par correspondance des études théoriques, notamment dans les matières liées à leur travail. Pendant la troisième période, les élèves retournent au technicum

et peuvent de nouveau bénéficier d’une bourse. Pendant cette période, ils passent un examen dans leur spécialité, puis continuent leurs études et préparent le mémoire ou le projet qu’ils défendront enfin pour l’obtention du diplôme. Le programme de tout technicum comprend trois catégories

principales de matières (instruction générale, technique de base et techniques spéciales). L’instruction générale y est maintenue à un niveau équivalant à celui de toutes les écoles secondaires; elle comprend la littérature, les mathématiques, l’histoire, les sciences, les langues et l’éducation physique. Le niveau des études secon-

Union des r4ubliques socialistes souidtiques

daires est ainsi normalisé dans toute l’Union soviétique, tant dans les écoles d’enseignement général que dans les écoles techni- ques. D e même, le programme technique de base est uniforme pour

un grande partie des études techniques (industrie, bâtiment, transports, etc.) et il comprend l’étude de matières fondamentales telles que le dessin industriel, la mécanique et l’électrotechnique. Enfin, dans le cycle technique spécial, les matières étudiées sont

celles qui correspondent à la branche choisie. Par exemple, le programme de l’étude des chaudières (voir l’annexe III) comprend le travail des métaux, les travaux de fonderie et les notions fonda- mentales des techniques de soudure. L’ensemble du programme comporte une large part de tra-

vaux de laboratoire et de dessin industriel, y compris l’exécution de deux ou trois projets dont la nature dépend de la spécialité choisie et pour lesquels il faut dresser les plans détaillés de certains mécanismes de construction. Les données des projets qu’il faut présenter au cours de l’année terminale varient selon les établis- sements, mais on s’efforce toujours de les réaliser pour qu’ils soient l’expression tangible de l’expérience acquise pendant la seconde période. Les projets exécutés pour l’obtention du diplôme représentent

le point culminant du programme d’études; ils doivent être conçus de manière à améliorer les procédés techniques existants, l’organisation ou les méthodes de l’industrie concernée et, pour cela, présenter des plans d’instruments plus modernes ou des pièces de machine d’une meilleure conception. En fait, de nombreux projets de diplôme exécutés par les élèves de technicum ont été adoptés par les industries concernées. Dans certaines branches (par exemple, l’agriculture, la géologie),

le programme d’études est organisé sur une base saisonnière, les études théoriques se faisant pendant l’hiver seulement et les tra- vaux pratiques l’été. D e même, les élèves des cours du soir et des cours par correspondance suivent seulement l’enseignement théorique du programme, leur formation pratique étant assurée par l’exercice de leur métier quotidien. Cependant, avant d’obtenir son diplôme, l’élève qui a étudié par correspondance ou suivi les cours du soir doit obligatoirement avoir travaillé pendant I an dans un emploi correspondant à sa spécialité. Comme il n’y a pas de chômage en Union soviétique, cette condition ne crée aucune difficulté.

L’enseiEnement technique et la .formation du technicien

YOUGOSLAVIE

ÉCOLE TECHNIQUE SECONDAIRE

Les techniciens du niveau moyen sont formés à l’école technique secondaire (tekniska skola). L’enseignemnt y porte sur les domaines suivants : mécanique générale, construction navale, industries textiles ; bâtiment et génie civil; industries minières et géologie ; agriculture et sylviculture ; génie maritime et navigation, transports, services postaux; commerce, hôtellerie et restauration, économie domestique ; arts appliqués et activités connexes, admi- nistration et bibliothéconomie; formation de personnel médical auxiliaire, d’assistants de pharmacie, de mécaniciens dentaires, etc. Les études y durent 4 ans et l’on admet les élèves qui ont mené

à bien leurs 8 années d’études (de 7 à 15 ans) dans l’établissement scolaire de base (osnovna skola) . Pour certaines spécialisations, il est exigé un niveau plus élevé. Le programme comprend quatre rubriques principales :

I . Enseignement professionnel : u) formation pratique, à l’école et à l’usine; b) études théoriques relatives aux problèmes de pro- duction et d’organisation.

2. Enseignement général : u) y compris les sciences naturelles et les mathématiques; b) préparation à la vie sociale dans un e-mploi productif.

3. Education sociale et morale. 4. Éducation physique et hygiène. On trouvera un modèle de programme d’études à l’annexe III. L’une des caractéristiques des écoles techniques yougoslaves est

le développement intensif qu’elles ont pris au cours de la période qui a suivi la dernière guerre mondiale. Pour l’année scolaire 1946/47, il y avait 119 écoles techniques

groupant 19 734 élèves, ce qui représente le double des effectifs de l’année scolaire 1938/39 (établissements et élèves). En 1g50/5 1, il y avait 243 écoles groupant 65 65 I élèves, alors qu’en I 964/65 le nombre des écoles techniques pour les jeunes était passé à 529 et celui des élèves à 197 136. Pour cette même période, il y avait 274 écoles techniques pour adultes avec un effectif de 19 5 IO élèves. Cet accroissement des écoles techniques est le résultat du dévelop- pement rapide de l’économie nationale et des services publics, d’une part, et de la demande en personnel toujours plus grande, d’autre part. Les écoles techniques professionnelles sont situées dans les

localités où se manifestent les différentes formes de l’activité écono- nomique du pays; leur réseau est plus dense dans les grandes villes et les centres industriels.

Yougoslavie

Les organes du gouvernement et les établissements industriels et commerciaux ont la charge d’ouvrir les écoles techniques dont le nombre a augmenté considérablement au cours des dernières années, grâce à l’initiative de ces différents établissements. L’ensei- gnement dispensé dans ces écoles s’est développé de pair avec l’expansion du réseau lui-même, en sorte qu’aujourd’hui, il existe différentes catégories d’écoles techniques. Pour les jeunes, il en existe de deux sortes : a) les écoles dispensant un enseigne- ment continu et qui sont les plus nombreuses; b) les écoles qui dispensent un enseignement à deux niveaux. La durée des études est la même dans ces deux catégories,

c’est-à-dire de 4 années. L’élève n’est admissible qu’après avoir terminé le cycle complet de l’enseignement primaire. Ce qui les différencie, c’est qu’à l’école dispensant un enseigne-

ment à deux niveaux, les deux premières années conduisent au niveau d’ouvrier qualifié, et les deux dernières à celui de techni- cien; alors qu’à l’école dispensant un enseignement continu, la formation pratique y est plus courte et, de ce fait, les techniciens qui en sortent n’ont pu recevoir une formation d’ouvrier qualifié.

ÉCOLES TECHNIQUES SUPÉRIEURES

L’économie nationale ayant de plus en plus besoin de techniciens d’un niveau intermédiaire entre celui d’une école technique secondaire et celui de l’ingénieur, le développement de l’école technique supérieure (visa tekniska skola) s’est accéléré depuis dix ans. En 1g50/51, 5 340 élèves étaient inscrits dans 21 de ces établissements, tandis qu’en I 962163, ces chiffres étaient passés à 30 794 et IOI respectivement, résultat qui illustre les progrès rapides accomplis grâce aux efforts de l’administration actuelle. Les activités productives enseignées par ces établissements sont

les suivantes : sciences de l’ingénieur; mécanique et électricité; bâtiment, industries des métaux non ferreux; agriculture ; textiles et travail du cuir; commerce et comptabilité; travaux infirmiers, mécanique dentaire, assistance sociale ; pédagogie (par exemple, formation de professeurs de l’enseignement ménager) ; commerce extérieur, statistiques, etc. A l’heure actuelle, il existe deux grandes catégories d’écoles

techniques supérieures. Celles de la première catégorie admettent des élèves n’ayant guère d’expérience pratique, en général ceux qui sortent des écoles secondaires ordinaires, à qui elles font faire des études assimilées à celles des deux premières années de l’uni- versité (généralement les cours portent sur le commerce et les

L’enseignement technique et la formation du technicien

sciences économiques). Les établissements de la deuxième caté- gorie admettent des élèves ayant I ou 2 années d’expérience pratique acquise après leur sortie d’une école technique secon- daire, ou encore des élèves ayant acquis une formation fondamen- tale d’ouvriers qualifiés et qui ont suivi certains cours du soir agréés ; ces établissements dispensent un enseignement permettant d’atteindre un niveau technique plus élevé et sont souvent instal- lés dans les locaux d’une entreprise industrielle, ou fonctionnent en association avec elle. En 1960/61, en application d’une résolution de l’Assemblée

fédérale sur l’éducation du personnel technique, il a été créé 44 nouvelles institutions d’enseignement supérieur, dont 23 don- nent une formation technique et 15 une formation commerciale (2 sont spécialisées dans le commerce extérieur). On trouvera à l’annexe III un modèle de programme d’études pour la forma- tion des techniciens. Bien que l’enseignement dispensé dans les écoles techniques

soit terminal, leur structure permet à l’élève de continuer ses études dans des établissements d’enseignement plus élevé, voire A l’université et de nombreux techniciens poursuivent leurs études de cette façon.

ACTIVITÉS DES UNIVERSITÉS EN MATIÈRE DE FORMATION DE TECHNICIENS SUPÉRIEURS

L’ensemble du système des études universitaires a fait récemment l’objet d’un examen et de réformes. Les programmes étaient longs (5 ans au moins) et les normes académiques élevées, mais les universités et les collèges qui leur étaient associés n’étaient pas assez nombreux et n’étaient pas toujours conçus en fonction des besoins de l’économie nationale. Depuis 1959160, on a donc introduit des réformes qui prévoient l’organisation d’un (( enseigne- ment à plusieurs cycles )), tendant à former des techniciens et d’autres spécialistes à différents niveaux et à équilibrer ainsi les besoins de l’économie et les aptitudes des individus. Le premier cycle, qui correspond approximativement au

niveau des études faites dans les instituts d’enseignement supérieur forme des techniciens supérieurs qui, s’ils ne continuent pas des études à plein temps pour le deuxième cycle de l’enseignement universitaire, vont occuper dans l’industrie des postes de respon- sabilité et apporter ainsi une contribution immédiate à l’économie nationale, tout en ayant la possibilité de poursuivre des études à temps partiel. Ce premier cycle demande 2 à 3 années d’études à plein temps.

‘44

Yougoslavie

Le deuxième cycle est en principe du niveau universitaire normal et le troisième prépare i l’obtention d’une licence ou d’un doctorat. L’analyse de ces deux cycles déborde le cadre du présent rapport. Ces réformes, venant s’ajouter au grand développement pris

par l’enseignement K externe )) (cours par correspondance, complé- tés par de bréves périodes de travaux pratiques à plein temps), ont donné à la Yougoslavie un système d’enseignement supérieur qui convient mieux aux exigences modernes que celui de beau- coup de pays encorc: empreints de tradition.

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C H A P I T R E I V

L’ACCÈS A L’ENSEIGNEMENT TECHNIQUE SUPÉRIEUR LA(( SECONDE VOIE ))

(( Le terme “ingénieur” ou “personnel des cadres supérieurs” s’applique à toute personne travaillant dans une profession pour laquelle la nécessité d’une formation appropriée de niveau uni- versitaire ou équivalent est reconnue officiellement ou tradition- nellement; ce genre de professions englobe notamment la recherche, la mise au point, l’organisation, la planification et la production l. )) Nous n’avons pas l’intention, dans le cadre de cette publication,

d’étudier en détail l’organisation de l’enseignement supérieur de la technologie dans chaque pays, mais seulement d’examiner les voies qui permettent d’accéder au titre d’ingénieur diplômé à partir d’une formation technique élémentaire. Les progrès récemment réalisés dans ce domaine sont bien dans l’esprit de la recommandation que la Conférence générale de 1’Unesco a adoptée, à sa douzième session, et qui porte :

(C L’enseignement technique et professionnel devrait être orga- nisé de manière que chacun puisse poursuivre sa formation et son éducation jusqu’à la limite de ses possibilités. Le passage d’un domaine de l’enseignement technique et professionnel à un autre devrait être possible, et toute personne ayant les capacités néces- saires devrait avoir accès à tous les niveaux de l’enseignement technique et professionnel comme de l’enseignement général. Des mesures appropriées devraient être prises pour assurer ces possibilités d’accès z. 1)

Au cours des cinquante dernières années, les barrières de classe, de race, de sexe ou de religion qui limitaient ou interdisaient l’accès

1. (I Recommandation concernant l’enseignement technique et professionnel n, adoptée par la Conférence générale de l’Unesco 6 sa douzième session, Paris, 1962, par. 1.z.d. (Texte en anglais, espagnol, français et russe.)

2. I Recommandation concernant l‘enseignement technique et professionnel n, op. cit., par III. 14.

L’accès à l’ens~ignemnt technique supérieur

à de nombreuses universités ont graduellement disparu. La der- nière, dont il subsiste des vestiges dans de nombreux pays, consiste à placer de plus grands obstacles sur la voie d’un candidat qui a reçu ou qui doit recevoir un enseignement (( technique n que sur celle de l’élève qui veut faire des études classiques, modernes ou même scientifiques. Cette attitude, encore très marquée, a d’abord maintenu les

grandes institutions techniques hors du cadre de l’université proprement dite (c’est le cas, par exemple, des Technische Hochschulen d’Allemagne, de Scandinavie, de Suisse et des Pays-Bas, et des grandes écoles en France). Dans d’autres pays, comme le Royaume-Uni, elle a retardé l’organisation de facultés de technologie dans les universités, a empêché d’en créer un nombre suffisant, ou a amené les instituts de technologie à accorder la préférence aux jeunes gens qui ont reçu un enseignement du type classique dans les écoles secondaires traditionnelles. Elle a eu, d’autre part, pour conséquence l’apparition d’un nouveau type d’établissement scolaire, le collège technique, et plus récemment, celle d’instituts de hautes études de technologie. Ces nouveaux établissements recrutent souvent sur une base plus large et per- mettent aux élèves d’effectuer leurs études à temps partiel ou de ne fréquenter les cours qu’à certaines périodes, alternant avec des stages dans l’industrie (système (( sandwich D). Aujourd’hui, les obstacles qui s’opposent au développement de

l’enseignement technique et à la promotion des jeunes techniciens formés tendent à disparaître. Les instituts et les universités se voient obligés de modifier leurs positions pour faire face au nombre toujours croissant de ceux qui accèdent à l’enseignement supérieur grâce à ce moyen nouveau, qualifié dans certains pays de (( seconde voie ». Dans le présent chapitre, nous nous proposons essentielle- ment d’examiner le sens, les possibilités et le développement de cette (( seconde voie ». Cependant, pour pouvoir comprendre celle- ci dans sa véritable perspective, une brève explication de la u pre- mière voie N est nécessaire. La c( première voie », fondée sur des coutumes et des traditions

anciennes, consiste à passer par une école du second degré, qui prépare l’élève à des études supérieures dans une université. Cette filière permettait à environ 7 y. de chaque groupe d’âge intéressé d’obtenir un titre universitaire; mais, d‘ordinaire, seule une faible proportion de ces étudiants s’intéressaient à la techno- logie, car la méthode de recrutement avait généralement favorisé les candidats dont la tournure d’esprit était purement intellectuelle. En outre, les écoles du second degré qui dispensaient des cours techniques acceptaient rarement plus de 20 y. de chaque groupe

‘47

L’accès à l’enseignement technique supérbuur

d’âge, la proportion étant généralement plus faible. Les futurs élèves de l’université étaient donc, dans l’ensemble, présélection- nés parmi les enfants ayant montré des aptitudes intellectuelles supérieures à l’âge de I I ou I 2 ans l. N

Cette proportion, bien qu’elle ait été dépassée dans certains pays, notamment aux Etats-Unis, est tout à fait insuffisante à l’époque actuelle pour répondre aux besoins de l’économie natio- nale, et de toute façon son seul objectif était de former le person- nel des cadres supérieurs. C’est pourquoi la formation d’une nouvelle catégorie de personnel au niveau de qualification de (( technicien 1) était devenue indispensable, ne fut-ce que pour renforcer numériquement les rangs clairsemés des ingénieurs en titre. Il était également nécessaire, et sans doute bien préférable, de fonder ce type de qualification sur une forme d‘enseignement secondaire d’un niveau un peu inférieur à celui des concours d’entrée à l’université. En effet, ce dernier niveau, en Europe occidentale notamment, était devenu inutilement élevé, en raison du caractère compétitif de l’accès à l’enseignement supérieur, exigeant souvent l’étude de matières traditionnelles comme le latin, le grec ou la philosophie qui avaient perdu toute utilité pratique pour les études supérieures envisagées. Depuis environ 1880, un nouveau mouvement a pris force et

ampleur. En République fédérale d’Allemagne, c’est la voie qui permet de passer de l’école moyenne (Realschule) à l’école d’ingé- nieurs (Ingenieurschule) après un stage pratique de 2 ans qui s’insère dans le programme d’études; en France, ce sont les ancien- nes écoles nationales professionnelles (devenues lycées techniques d’Etat) qui assurent la formation technique des cadres moyens de l’industrie; en Suède, c’est le tekniskt gymnasium ou la teknisk fackskola et en Belgique, ce sont les universités du travail (Institut Paul Pastur) . Au Royaume-Uni, la (( seconde voie )) a pris une forme quelque

peu différente en raison de la possibilité de devenir (( membre associé )) de diverses institutions professionnelles en étudiant à temps partiel. Nombre de ces institutions sont semi-officielle- ment habilitées, en vertu d’une charte royale, à perfectionner l’instruction et les compétences de leurs membres. En 1920, ce mouvement a amené le Ministère de l’éducation à collaborer avec une ou plusieurs de ces institutions professionnelles, en créant le National Certificate et en organisant des programmes d’études

1. On trouvera des développements sur ce point, ainsi que des statistiques détaillées, dans : Frank BOWLEÇ, Accès d l‘enseignement supérieur, Paris, Unesco et Association internationale des universités, 1964 (Étude internationale de l’admission à l’université).

L’accès à l’enseigmment technique sulérieur

à temps partiel dans les écoles techniques. Ces certificats ont au niveau supérieur une valeur telle qu’elle dispense dans une large mesure leurs titulaires des examens de (( membres associés )) des institutions professionnelles les autorisant à exercer leur profes- sion en qualité d’ingénieurs en titre. Une (( seconde voie )) a ainsi été créée qui, dans le passé, se terminait à l’échelon de technicien, quelquefois, mais rarement, à celui de technicien supérieur. Ils sont peu nombreux aujourd’hui (5 y. environ de l’effectif total) qui, ayant débuté comme apprenti, poursuivent leurs études jusqu’au niveau d’ingénieur qualifié. Aux Etats-Unis et en Union soviétique, les instituts techniques

et les technicums forment également des cadres moyens, mais ce n’est que tout récemment que l’enseignement dispensé dans ces établissements permet d’accéder à des études supérieures dans une université ou un établissement de niveau équivalent. Or les principes de la démocratie venaient à l’appui de la

proposition figurant dans la Recommandation de la Conférence générale de l’Unesco citée au début de ce chapitre : personne ne devrait être empêché d’acquérir les titres professionnels les plus élevés en raison de son âge, de sa situation économique ou de l’obligation de gagner sa vie. C’est pourquoi les classes à temps partiel, les cours par correspondance et le mouvement pour la promotion des travailleurs ont touché tant de gens. Une des premières institutions à appliquer ces principes a été le Conser- vatoire national des arts et métiers, fondé à Paris en 1794, qui a organisé des (( centres associés )) dans toute la France. Ce mouve- ment, connu depuis quelques années sous le nom de (( cours de promotion du travail 1) ou (( cours de promotion sociale », a déjà donné de bons résultats tant au niveau de l’ingénieur qu’à celui de la formation technique à ses divers échelons. Aux Etats-Unis, le développement de la (( seconde voie )) n’a

pas été aussi marqué, en raison de la forte proportion des élèves qui terminent leurs études secondaires (actuellement 62 y. contre 15 à 20 y0 en Europe) et parce que l’entrée dans les collèges universitaires est beaucoup plus facile. Des normes d’accès plus basses et de meilleures possibilités de poursuivre ses études tout en gagnant sa vie grâce à un emploi à temps partiel ont contribué à accroître le nombre des étudiants dans ces collèges. En outre, les universités et les collèges universitaires à 4 années d’études n’ont jamais écarté de leurs programmes l’enseignement de la technologie, ni même l’enseignement purement professionnel. En Europe, la (( seconde voie )) commence à un niveau qui se

situe au-dessous du certificat secondaire dit (( de maturité )); il n’y a pas d’équivalent aux Etats-Unis, mais certaines mesures

‘49

L’accès à l’emeignemenî technique sufiérieur

ont été prises récemment, dont nous traiterons plus loin, qui visent les élèves de ce même niveau, en l’occurrence ceux qui n’op pas terminé leurs études secondaires. Etant donné le grand nombre de jeunes gens qui se qualifient

comme techniciens ou techniciens supérieurs, il n’est pas surpre- nant que quelques-uns d’entre eux aient eu l’ambition de devenir ingénieurs diplômés et aient acquis les connaissances nécessaires. Au Royaume-Uni, la voie était toute prête, puisque le système des National Certificates décrit au chapitre III permet d’obtenir le diplôme désiré en faisant des études à temps partiel, même sans être titulaire du diplôme du second degré (General Certificate of Education) du niveau requis pour entrer à l’université. Les jeunes dans ce cas ne sont pas pour autant dispensés de satisfaire aux exigences auxquelles ont dû faire face ceux qui sont passés normalement d’un établissement de second degré à l’université. Au contraire, ceux qui choisissent la (( seconde voie n ont d’ordinaire un programme d’études plus chargé. Ce qui caractérise ce pro- gramme, c’est que les matières y sont abordées dans un ordre différent, plus étroitement lié à la formation pratique acquise soit à l’école, soit à l’usine. Cette méthode permet à certains jeunes gens qui auraient été incapables de suivre la voie tradi- tionnelle menant directement de l’école à l’université de réussir, même dans des matières abstraites comme les mathématiques. Au Royaume-Uni son succès a été remarquable. A une certaine époque, près de la moitié de tous les ingénieurs diplômés d’équipe- ment en matériel avaient été formés grâce à cette seconde voie. Mais ce succès était lié à l’existence d’un niveau de qualification professionnelle dit de K membre associé 1) en dehors de la sphère universitaire. Dans les autres pays, les universités et même les instituts poly-

techniques continuent d’exiger, pour l’inscription, un certificat de fin d’études secondaires (maturité), et d’ordinaire d’un niveau élevé. Le studentexamen suédois est un exemple de conditions d’entrée sévères, d’un niveau comparable à celui qui est atteint au bout de 2 ans d’études dans les junior colleges américains (associate degree) . Les élèves des premières écoles techniques formant des travail-

leurs quaiifiés et des techniciens n’avaient donc aucune possi- bilité d’entrer dans une Hochschule puisqu’ils ne possédaient pas le certificat de fin d’études secondaires, Ainsi en Italie, ce n’est que depuis trois ans que 1’Istituto tecnico est autorisé à envoyer des élèves dans les facultés des sciences techniques de l’université. Celle-ci n’était donc accessible qu’à une faible fraction (IO %) de la population active. Pour la technologie, en particulier, cette

République fédérale d’Allemagne

situation était regrettable. Le nombre des étudiants formés dans les universités était toujours beaucoup trop faible pour répondre aux besoins de l’avenir; et, parmi les techniciens, il y en avait beaucoup qui auraient pu s’élever jusqu’au rang d’ingénieur et s’y distinguer pour le plus grand bien de leur pays. Un pays en voie de développement, qui vient de faire son

entrée dans le monde industriel et qui a besoin de cadres indus- triels du niveau universitaire, n’est pas tenu de fonder son enseigne- ment supérieur sur un recrutement aussi réduit et il aurait même tort de le faire. En utilisant la (( seconde voie )) et en retenant les méthodes traditionnelles, l’université deviendra véritablement l’université du peuple. Cette transformation en est encore aux premiers’ stades.

L‘ampleur croissante de cette évolution et son importance dans la nouvelle structure sociale échappent souvent aux administra- teurs et aux éducateurs. Les voies nouvelles présentent un intérêt particulier pour les études de technologie, mais elles s’appliquent également à d’autres domaines, l’agriculture par exemple. D’année en année, d’un pays à l’autre, les derniers obstacles tombent, ouvrant jusqu’au sommet la (( seconde voie 1) aux jeunes à qui le nouvel ordre d’acquisition des connaissances pratiques d’abord, et théoriques ensuite, convient mieux que la méthode tradition- nelle inverse. L‘étude de la situation actuelle dans différents pays montrera comment s’effectue cette réforme.

RÉ PU B LI QU E FÉ DÉ R ALE D ’ ALLEMAGNE

Si la République fédérale d’Allemagne et la Suisse ont été parmi les premiers pays à reconnaître le titre de (( technicien )) auquel permettait d’accéder la fréquentation d’un technikum ou d’une Ingenieurschule, à peu près rien n’y avait été prévu au début pour assurer aux jeunes gens la possibilité de passer dans une Technische Hochschule. Aujourd’hui, tout élève ayant très bien réussi dans une Ingenieurschule (ou un établissement équivalent) peut obtenir soit une Hochschulreife ou une Fakultatsreife et passer dans une Technische Hochschule, qu’il ait ou non au départ obtenu 1’Abitur à l’école secondaire. A un niveau plus modeste, un élève quittant la Volksschule à

14 ou 15 ans peut, en passant par une Berufsschule, puis une Berufsaufbauschule et en faisant ensuite un apprentissage, obtenir un diplôme d’études professionnelles (Fachschulreife) qui lui permettra d’entrer dans une Ingenieurschule, d’où il pourra passer dans une Hochschule. Telle est la (( seconde voie 1) (Bildungsweg)

L’accès à l’enseipmnt technique supérieur

des années qui ont suivi la fin de la dernière guerre mondiale. Une variante est la création d’un type spécial d’établissement à plein temps, l’Institut zur Erlangung der Hochschulreife où, après 2 années ou plus d’études à plein temps ou son équivalent à temps partiel, les adultes peuvent obtenir 1’Abitur qui leur permettra d’entrer à l’université.

É TATS-u NIS D ’A M É RI QUE

L’enseignement polytechnique supérieur est dispensé dans cer- taines universités, dans les instituts technologiques et polytechni- ques et, en ce qui concerne les cours d’initiation, dans les junior colleges et les community colleges. L’admission des élèves exige la possession du diplôme de fin

d’études secondaires, parfois dans des disciplines précises et avec le minimum de points prescrits. Par comparaison avec les normes européennes, ces exigences sont loin d’être rigoureuses. Lorsque le programme et le niveau des études précédentes ne sont pas spécifiées et lorsque, comme dans certains Etats, l’université est tenue d’accepter tous les candidats qui résident dans 1’Etat et qui sont diplômés d’un établissement du second degré, les normes d’admission se situent à un niveau très modeste, certaine- ment inférieur à celui des pays européens. Ce disant, nous ne voulons pas diminuer la valeur du système américain, mais au contraire reprocher aux systèmes d’enseignement de l’Europe occidentale leurs exclusives, car les collèges universitaires améri- cains à 4 années d’études accueillent chaque année environ 36 y0 du groupe d’âge intéressé, pourcentage que n’atteint aucun autre pays. Il est vrai qu’environ 55 y0 seulement de ces élèves terminent les 4 années d’études et obtiennent le bachelor’s degree. Ce sont les cours eux-mêmes, surtout les cours de première année, qui jouent le rôle de mécanisme de sélection, et non pas les titres ou les concours comme dans le système traditionnel des pays plus anciens. Parmi les élèves qui fréquentent les colleges à 2 ou 4 ans d’études,

une fraction importante, supérieure probablement à la moitié, gagnent déjà leur vie dans des emplois à temps partiel qui n’ont pas toujours un rapport avec leurs études. Les entreprises et les universités mettent parfois sur pied des programmes dits (( coopé- ratifs )) faisant alterner des périodes d’études théoriques et des stages pratiques à l’usine, comme dans le système britannique du type (( sandwich ». En ce cas, l’élève ne touche un salaire que lorsqu’il travaille effectivement à l’usine.

États- Unis d’dmérioue

Ce qui précède explique pourquoi la (( seconde voie )) n’a pas du tout le m ê m e caractère aux Etats-Unis qu’en Europe; l’immense majorité des jeunes qui aspirent à faire partie du cadre de techni- ciens supérieurs fréquentent déjà à plein temps un des établisse- ment d’enseignement des types mentionnés. Etant donné que plus de 62 y0 des Américains obtiennent leur

diplôme de fin d’études secondaires, il paraît raisonnable de faire partir de ce point les études à temps partiel et les autres filières qui mènent à un niveau technique élevé. Ils sont bien peu les jeunes qui, n’ayant pas réussi à terminer leurs études secondaires, auraient quelque chance d’obtenir un diplôme universitaire, quel que soit le chemin suivi. Des lois récentes (voir le chapitre premier) prévoient cependant l’organisation de cours de formation au niveau (( technicien n destinés aux jeunes gens sans emploi ou insuffisamment instruits. Il est possible qu’éventuellement ces cours finissent par constituer une (( seconde voie )) à l’échelon national. Les junior colleges offrent aux jeunes gens la possibilité de

continuer sur place leurs études avant d’entrer dans une univer- sité de ville ou d’Etat plus lointaine. Les 2 ans d’études accomplies dans un junior college permettent d’entrer directement en troi- sième année dans un collège universitaire à 4 années d’études. Les instituts techniques, qui sont peu nombreux, dispensent

des cours terminaux de 2 ans menant à un diplôme du type (( technicien », et confèrent parfois des associate degrees; ils offrent dans un certain cas des possibilités de transfert dans un établisse- ment à 4 années d’études, mais il n’est tenu compte que d’une partie seulement du temps passé à l’institut. Les community colleges permettent soit de terminer en 2 ans

des études professionnelles de niveau intermédiaire (associate degree), soit de continuer pendant 2 années encore des études qui permettront d‘entrer dans un collège à 4 années d’études. Certains de ces établissements organisent des cours du soir,

préparant aux mêmes breyets, ou permettent aux intéressés d’étu- dier à domicile. Chaque Etat est libre d’organiser son université selon ses idéaux; au demeurant, nombre d’universités et collèges sont des établissements indépendants qui ne sont approuvés ou reconnus par 1’Etat que sous une forme très générale. C’est pour- quoi les pratiques varient beaucoup d’un établissement à un autre. Les brevets techniques, du niveau du bachelor’s degree et de

l’associate degree, lorsqu’ils sont conformes aux normes approuvées, sont reconnus par 1’Engineers Council for Professional Development. Cela assure une certaine mesure d’uniformité,

753

L‘QCC~S à l’enseignement technique supérieur

sans exclure la possibilité d’études à temps partiel ou même par correspondance, à condition qu’elles soient d’un niveau suffisant. II arrive parfois que des établissements (foundations) d’enseigne- ment (par exemple l’université de Pennsylvanie) offrent, dans le cadre d’un même système, des programmes d’études univer- sitaires de 4 ans et des programmes d’instituts techniques de 2 ans, avec possibilité de passage de l’un à l’autre.

FRANCE

En France, le baccalauréat technique a été introduit en 1946; il constitue une option supplémentaire du baccalauréat classique et permet à l’élève de suivre des cours qui le préparent aux divers concours d’entrée des grandes écoles ; ces dernières dispensent un enseignement polytechnique supérieur conduisant au diplôme d’ingénieur. Les anciennes écoles professionnelles, devenues des lycées techniques, préparent au baccalauréat technique exigé de l’élève désirant recevoir une formation d’ingénieur. Plus récemment, le brevet de technicien et le brevet de techni-

cien supérieur ont été acceptés au même titre que le baccalauréat technique, permettant ainsi au titulaire de suivre, dans certaines conditions, les cours qui préparent au concours d’entrée d’une grande école, ou de tout autre établissement similaire. Les cours de promotion du travail, organisés à temps partiel

conjointement avec les divers centres associés du Conservatoire des arts et métiers, mènent, en principe, au diplôme d’ingénieur, mais cette filière est particulièrement ardue. Certaines univer- sités, celles de Lille et de Grenoble notamment, font œuvre de pionniers en accueillant des élèves ayant suivi des cours, sans qu’ils soient titulaires du baccalauréat technique, et dispensent un enseignement à plein temps grâce à des subventions accordées par des entreprises industrielles ou provenant d’autres sources.

ITALIE

Au niveau universitaire, la formation supérieure dans le domaine de la technologie est donnée dans les facultés des sciences techni- ques de plusieurs universités et dans les instituts polytechniques de Milan, Turin et Venise. Les études durent 5 ans. Autrefois, l’admission était réservée aux élèves ayant obtenu leur maturita après avoir fait des études secondaires complètes, classiques ou modernes, dans un ginnasio-liceo. Depuis le 21 juillet 1961, une

Pavs-Bas

seconde voie d’accès permet aux élèves sortant des istituti tecnici avec le diplôme d’abilitazione tecnica de s’inscrire dans une faculté technique correspondante d’une université. La réforme de l’enseignement de 1963 a confirmé cette possibilité et légèrement étendu le choix des facultés accessibles. L’istituto tecnico est toutefois une école secondaire à plein temps,

recevant des élèves de 14 à 19 ans, et le diplôme délivré (abilita- zione tecnica) ne peut normalement s’obtenir d’autre manière. Aucun système, à l’échelon national, de cours à temps partiel n’a été organisé pour permettre à un candidat vraiment capable ayant passé par une simple scuola tecnica ou un istituto profes- sionale d’obtenir le diplôme d’ingénieur tout en gagnant sa vie, comme cela peut se faire dans plusieurs autres pays, bien que les cours par correspondance soient actuellement en voie de développe- ment, tout au moins au niveau (( technicien )). Si la maturita du liceo classique donne accès à toutes les facultés

universitaires et la maturita scientifique à toutes les facultés sauf celles des lettres, de philosophie et de droit, l’abilitazione tecnica, qui exige aussi 5 ans d’études, ne donne accès (et seulement depuis 196 1) qu’aux facultés de technologie, des mathématiques et des sciences, et parfois à celles de statistique et de langues. O n constate toutefois un rapprochement rapide de l’istituto

tecnico et de l’université, et plus particulièrement des instituts polytechniques du niveau universitaire. La proportion des élèves qui s’inscrivent pour faire des études supérieures à temps partiel s’accroît également, mais jusqu’à présent le titre de laurea ne peut pas s’obtenir de cette façon.

PAYS- B AS

Le Technische Hogeschool de Delft était autrefois le seul centre de formation supérieure en technologie de niveau universitaire, et ses élèves étaient recrutés uniquement dans les meilleures écoles du second degré - du type gymnasium, lyceum, et hogere burger- school (HBS). Les établissements de ce genre sont actuellement au nombre de trois : le second ayant été ouvert en 1957 à Eindho- ven, et le troisième à Enschede dans le Twente en 1964. Depuis 1952, le recrutement se fait également auprès des hogere

technische scholen (HTS) dont les études se terminent au niveau de technicien supérieur. Les HTS recrutent elles-mêmes en partie dans les UTS (écoles techniques moyennes), les ULO (écoles primaires supérieures ou écoles secondaires au niveau inférieur) ou, indirectement, dans les LTS (écoles professionnelles), il existe

155

L’accès à l’enseignement technique supérieur

maintenant une filière complète à partir de l’école primaire jusqu’à l’enseignement supérieur. Cependant la plupart des études sont à plein temps avec quelques cours seulement à temps partiel. U n apprenti bien doué a peu de chances, aux Pays-Bas, d’obtenir le diplôme d’ingénieur en étudiant à temps partiel; mais la voie est aujourd’hui ouverte et, sans doute, avec le temps les possibilités offertes se multiplieront.

ROYAUME-UNI

Au Royaume-Uni, l’enseignement technique supérieur est depuis longtemps dispensé en partie par les universités et en partie par les instituts techniques (technical colleges) . Les premières, à la différence des universités européennes, ont considéré la technologie comme une discipline académique valable, et des facultés de technologie ont fait leur apparition dans plusieurs universités britanniques dès la fin du X I X ~ siècle. L’une de ces universités, celle de Londres, conférait des grades à des étudiants ayant fait leurs études, soit entièrement à titre personnel, soit par correspondance, ou ayant suivi à temps complet ou à temps partiel les cours d’un institut technique supérieur. Plus tard, vers les années 1930, l’assiduité aux cours, sous une forme ou sous une autre, d’un institut de valeur reconnue, devint obligatoire, notamment en ce qui concernait les études de technologie. En I 955, certains des principaux colleges de niveau universitaire furent désignés par le Ministère de l’éducation pour devenir ce qu’on appela plus tard des colleges of advanced technology et organiser des cours conduisant à un diplôme de technologie nouvellement créé, sous la direction du National Council for Technological Awards. Ces cours devaient remplacer les cours de niveau universitaire donnés dans les instituts polytechniques à l’intention des élèves utilisant le système des études extérieures de l’université de Londres. Les cours conduisant à ce nouveau diplôme de technologie

différaient sur deux points importants de la préparation à un grade de l’université de Londres. Ils étaient d’ordinaire organisés selon le système dit N sandwich D, c’est-à-dire qu’ils faisaient alterner pendant 4 années les périodes d’études et les périodes d’emploi dans l’industrie correspondante. Les candidats devaient être pourvus, soit du General Certificate of Education avec au moins deux épreuves du niveau supérieur et trois du niveau ordinaire, ou d’un Ordinary National Certificate avec mention obtenue après des études à temps partiel dans un technological college

Rovaume- Uni

effectuées en cours d’apprentissage ou d’emploi. Ce système per- mettait à un apprenti effectuant ses 5 années d’apprentissage dans une entreprise industrielle selon la méthode anglaise, de préparer pendant ce temps un Diploma in Technology d’un niveau équivalent à celui d’un grade universitaire (( avec mention ». Le college of advanced technology est donc l’aboutissement

logique de la seconde voie au Royaume-Uni; il permet à l‘ancien élève d’une école secondaire classique (grammar scholl) accom- plissant un apprentissage dans l’industrie, comme l’apprenti suivant des cours à temps partiel dans un institut technique, d’atteindre le niveau professionnel supérieur. (Le Diploma in Technology donne au titulaire, comme un grade universitaire, la possibilité de devenir membre associé d’une organisation pro- fessionnelle, et cela sans grands frais, car le candidat est pris en charge et, dans la plupart des cas, payé par une entreprise indus- trielle.) En exécution des recommandations du Comité Robbins de 1963, le Diploma in Technology va maintenant devenir, de nom comme de niveau, un grade universitaire et le college of advanced technology lui-même sera appelé université ; mais la filière suivie, le programme et la fréquentation requise, reste- ront tous conçus de manière à convenir à l’élève empruntant la seconde voie. O n envisage d’étendre ces possibilités à d’autres instituts tech-

niques dans tout le pays sous les auspices du National Council for Technological Awards, et un grand nombre des nouveaux cours seront du genre (( sandwich n. Lorsque l’élève est patronné et payé à temps complet (collège et usine) par une entreprise, il est dit (( works-based )) (l’accent étant mis sur son appartenance à l’entreprise). Dans le cas contraire, où l’élève a une bourse ou une subvention pour le temps qu’il passe à l’institut et touche quelque argent pendant ses stages dans l’industrie, il est dit college- based 1). Le programme n’est pas limité à une seule catégorie mais intéresse également ces deux catégories d’élèves, comme le montre le tableau suivant (au 31 mars 1964) :

I ~ U année 2’ année 38 année 4e année se année Total

u College-based )) I 495 977 533 337 - 3 342 a Works-based n I 716 I 390 I 251 980 39 5 376

TOTAL 8 718

L’accès à l’enseignement technique supérieur

Sur ces 8 718 élèves, 276 étaient du sexe féminin, dont 27 étu- diaient la mécanique et 249 d’autres branches de la technologie. De tous les inscrits, 20,2 y0 avaient suivi précédemment des cours à temps partiel et étaient titulaires d’un Ordinary National Certi- ficate. En 1963 l, les universités britanniques ne dépendaient pas du

Ministère de l’éducation, au contraire des autres formes d’enseigne- ment postscolaire. Le nombre global des titres professionnels du niveau supérieur obtenus chaque année en technologie - diplômes de technologie des instituts polytechniques, diplômes délivrés par l’université de Londres A des élèves ayant suivi des cours périuniversitaires, à titre privé ou à temps partiel, titres de ([ membre associé )) délivrés après examen par des établissements professionnels, certificats et diplômes nationaux supérieurs dispensant de tout ou partie des examens organisés par les insti- tutions professionnelles - est désormais égal ou supérieur au nombre annuel total des grades universitaires. Le système britannique d’enseignement polytechnique se

caractérise par le nombre des voies qui permettent d’atteindre le niveau professionnel supérieur. Le chemin de l’université à plein temps, tout en conservant ses hautes traditions et son grand pres- tige, n’est plus que l’une de ces voies.

SUÈDE

Les principaux centres d’enseignement de technologie de niveau universitaire sont l’Institut royal de technologie de Stockholm et l’Institut de technologie Chalmers de Gœteborg. Au cours des dernières années, un établissement analogue a été fondé à Lund, et la Faculté de physique appliquée d’Uppsala a organisé des cours de technologie. Pour entrer dans ces universités, il faut posséder le studentenexamen d’un gymnasium, ou l’ingenjors- examen d’un tekniskt gymnasium. Il existe dans certaines grandes villes des classse à temps partiel,

cours du soir en général, pour les travailleurs désirant entrer dans une teknisk fackskola. Celle-ci est une variante du tekniskt gymnasium dont le programme s’étend sur 2 années d’études à plein temps, ou 2 ans à temps partiel plus I an à plein temps, ou encore, à Stockholm, en 4 années à temps partiel. Ce système

1. D u moins, c’était entièrement vrai jusqu’en 1963 : en 1964, en effet, une réforme a placé le système des bourses universitaires sous l’autorité d’un secrétaire d’État chargé de l’éducation et de la science.

Tchécoslovaquie

permet aux jeunes gens qui ont déjà un emploi d’acquérir une préparation à peu près équivalente à celle qui est nécessaire pour passer l’ingenjorsexamen, et d’obtenir un diplôme qui leur donnera le titre de fackskoleingenjor. Depuis 1959, l’ingenjors- examen peut également se préparer grâce à des cours par corres- pondance. A ce stade, toutefois, la (( seconde voie D se termine brusquement

en impasse, car en pratique la plupart des candidats à l’univer- sité viennent d’un gymnasium d’enseignement général, et les autres d’un tekniskt gymnasium à plein temps. Le diplôme obtenu dans une fackskola ne donne pas encore

accès à l’université et, même s’il en était ainsi, la durée des études universitaires (5 années à plein temps) est telle que seul un sujet exceptionnellement doué pourrait à la fois suivre cet enseignement et assurer un emploi à temps complet. Les normes de l’enseignement sont élevées en Suède et ce fait,

louable en lui-même, a rendu difficile l’ouverture d’une (( seconde voie 1). C’est pourquoi celle-ci ne permet pas encore de dépasser, pour des raisons pratiques, le niveau du fackskoleingenjor, à moins naturellement que l’intéressé n’ait des ressources financières suffisantes pour lui permettre de renoncer à son emploi et de reprendre des études à plein temps. La loi de 1962 sur la réforme de l’éducation visait à étendre

considérablement les possibilités offertes par l’éducation post- scolaire, en organisant des programmes d’études à plein temps et à temps partiel; quand ces projets seront réalisés, la (( seconde voie n pourra donner accès à des études d‘un niveau plus élevé.

T CHÉ c O s L OVAQUIE

(c Tout jeune homme insuffisamment instruit représente une perte sérieuse pour la collectivité. 1) Tel est le principe qui, mis en œuvre dans les écoles du second degré, à temps partiel ou par correspon- dance, pour jeunes travailleurs, mène ceux-ci à l’examen sanc- tionné par le certificat de fin d’études secondaires (maturité) et leur ouvre ainsi l’accès à l’enseignement supérieur. Il existe, en outre, une autre voie, celle qui consiste à passer par les écoles secondaires spécialisées dans l’enseignement supérieur. D e plus, la majeure partie de l’enseignement supérieur, à l’uni-

versité comme dans les instituts polytechniques, est également dispensée sous forme de programmes à temps partiel, les entre- prises accordant une réduction d’horaire aux travailleurs qui les suivent.

J 59

L’accèu à l’enseifinement technique supérieur

La fréquentation d’une école secondaire de type traditionnel n’est donc plus que l’une des diverses voies d’accès à l’enseigne- ment supérieur, bien qu’elle reste toujours la plus directe.

u N I O N DE s RÉ P u B L I QU E s s O c I A L I s T E s s O v I É T I QU E s

La loi de 1958 qui vise à renforcer plus étroitement le lien entre l’enseignement et la vie économique du pays, et à développer le système d’instruction publique de l’Union soviétique, stipule que toutes les formes d’éducation données aux jeunes de 15 ans et au-dessus doivent être étroitement associées à la formation pro- fessionnelle ou à un emploi productif. Ce que nous appelons la (( seconde voie N est donc devenue en Union soviétique la voie principale. Les études à temps partiel ou extérieures intéressent une proportion très importante des élèves : plus de 50 y. des inscriptions concernent des études de ce type. L’accès aux établissements d’enseignement supérieur se fait

par voie de concours; les candidats ayant déjà occupé un emploi pendant 2 ans et les anciens élèves des technicums ayant 3 ans d’emploi bénéficient d’une priorité. Cependant, par décision du Conseil d’État pour l’enseignement spécialisé du second degré, les conseils d’enseignement des technicums ont le droit de pro- poser jusqu’à 5 y. de leurs meilleurs élèves pour le passage direct à l’université ou à un institut polytechnique. Les cours du soir et autres cours extra-muros au niveau de

l’enseignement supérieur sont ouverts à tous les citoyens de l’Union soviétique qui ont terminé leurs études secondaires et qui occupent un emploi productif. Cette catégorie comprend une proportion notable d’anciens élèves des technicums. La possibilité de faire également des études secondaires complètes à temps partiel, ou extérieures, après l’école primaire de 8 années (en 1961, 37’5 y. de tous les certificats de fin d’études secondaires ont été obtenus de cette façon), constitue une seconde voie ininterrompue qui mène de la sortie de l’école obligatoire, à 15 ans, jusqu’à l’obten- tion d’un diplôme de l’enseignement supérieur. En outre, les élèves à temps partiel de l’enseignement supérieur bénéficient de diverses facilités et de bourses, comme on l’a vu au chapitre III. Les projets d’avenir comportent entre autres des mesures

visant à encourager les études à temps partiel : réduction des horaires de travail, amélioration du logement, gratuité des trans- ports et services communautaires.

Il existe déjà 30 instituts spécialisés dans les cours du soir et les cours par correspondance, et plus de go0 établissements scolaires

160

ont des classes de ce genre à titre d’activités complémentaires. Les inscriptions à ces cours dépassent 1,5 million. De brèves périodes de fréquentation sont prévues, avec salaire payé, pour permettre aux intéressés d’effectuer des travaux de laboratoire et de préparer leur projet de diplôme final.

YOUGOSLAVIE

Il existe des facultés techniques dans plusieurs universités, notam- ment à Belgrade, Zagreb, Ljubljana, Sarajevo, Skopje et Novi Sad; beaucoup d’entre elles sont complétées par des sections extérieures. Mais il y a aussi un certain nombre d’établissements d’enseigne- ment spécialisés dans des domaines tels que la culture physique, l’administration, les beaux-arts et la mécanique; ils n’avaient pas été conçus pour atteindre le niveau des études supérieures, de sorte qu’un élève qui avait passé par l’un de ces établissements spécialisés et souhaitait entrer à l’université devait repartir de zéro. La réforme de 1960 a renforcé le lien entre ces deux éléments

de l’enseignement supérieur; désormais, les deux sortes d’établisse- ments ont pendant les deux premières années des programmes communs donnant aux intéressés une formation pratique suffi- sante pour qu’ils puissent se rendre utiles au niveau de technicien, s’ils doivent quitter l’école à ce moment et ne poursuivre leurs études qu’à temps partiel pour obtenir un diplôme universitaire. L’accès à l’enseignement supérieur est maintenant. ouvert aux

élèves ayant terminé avec succès leurs études secondaires dans un établissement de type classique ou technique, ainsi qu’aux ouvriers qualifiés qui peuvent suivre des cours du soir. Ces mesures ont été efficaces, et les inscriptions dans l’enseignement supérieur sont passées de 61 585 en ‘956 157 à 117 216 en 1961/62. Ce dernier chiffre, dans lequel sont compris 31 723 étudiants à temps partiel, représente le nombre global des inscrits dans les universités et dans les instituts spécialisés associés. L’assimilation de la formation technique aux autres études uni-

versitaires ainsi que le recrutement des élèves de l’enseignement supérieur dans les divers types d’écoles secondaires ont consi- dérablement amélioré la structure de l’éducation et permis d’organiser un vaste système d’études à temps partiel. L’enseignement universitaire par correspondance n’en est qu’à

sa phase initiale, mais le principe de la seconde voie, lié en parti- culier à l’emploi productif et associé à des études à temps partiel, est fermement établi et très populaire.

161

L’accès à l’enseignement technique supérieur

LES FACULTÉS UNIVERSITAIRES ET LA FORMATION DES TECHNICIENS SUPERIEURS Tout le système et le cycle des études supérieures ont récemment fait l’objet d’une étude et d’une réforme. Auparavant, les études étaient longues (5 ans au moins) et leur niveau était élevé, mais les facultés universitaires et les écoles supérieures qui leur étaient associées étaient insuffisamment nombreuses et parfois mal adaptées aux besoins de l’économie nationale. Depuis 1959/60 des réformes ont prévu un (( enseignement en plusieurs cycles )) dont l’objet est de former des techniciens et autres spécialistes de divers niveaux, har- monisant ainsi les besoins de l’économie et les aptitudes de l’individu. Le premier cycle, dont le niveau correspond grosso modo à celui

des écoles supérieures, forme des techniciens supérieurs qui, s’ils ne poursuivent pas à plein temps les études universitaires du second cycle, peuvent occuper un poste de responsabilité dans l’industrie et servir directement le pays, tout en ayant la possibilité de poursuivre des études (( extérieures )) ou à temps par- tiel. Ce premier cycle s’étend sur 2 ou 3 ans d’études à plein temps. Le second cycle est d’un niveau correspondant à celui du premier

grade universitaire, et le troisième à celui de la licence ou du doctorat. Mais ces deux derniers cycles dépassent le cadre du présent rapport. Parallèlement au développement considérable de l’enseigne-

ment supérieur (( externe )) (cours par correspondance associés à de brèves périodes de travaux pratiques à plein temps), ces réformes ont doté la Yougoslavie d’un système d’enseignement supérieur plus conforme aux exigences de la vie moderne que celui d’un grand nombre de pays traditionalistes.

CONCLUSION

Ces observations sur la (( seconde voie )) permettent de formuler certaines conclusions. A l’époque moderne, tout pays industriel a besoin d’un plus grand nombre de techniciens hautement quali- fiés qu’il ne serait possible et même souhaitable d’en former par la filière classique de l’école secondaire et de l’université. Les jeunes gens occupant des emplois de techniciens et qui s’intéressent à leur travail sont naturellement désireux d’améliorer leurs compé- tences afin de se rendre plus utiles dans l’industrie. Il importe de les encourager au maximum dans cette voie, non pas par philan- thropie, mais parce que cette promotion est une condition essen- tielle de la santé économique du pays, et qu’elle répond aux prin- cipes de la démocratie.

162

Conchsion

Dans le domaine de l’enseignement technique, la distinction artificiellement faite entre les diplômes obtenus à l’université et les autres titres de niveaux analogues perd de plus en plus toute signification pratique et sociale. Le certificat de fin d’études secondaires n’est plus la seule voie

permettant d’accéder aux études supérieures, car nombreux sont ceux qui ont pu faire la preuve de leurs aptitudes aux niveaux les plus élevés après y être parvenus par la voie la plus ardue, c’est-à-dire avec seulement une formation primaire. Etant donné l’évolution rapide de la technologie, les arguments

ne manquent pas en faveur de titres et compétences obtenus à l’âge mûr et grâce à l’intégration de la formation professionnelle à des études universitaires. En effet, bien des notions acquises au cours des premières années d’études et de formation se trouvent rapidement dépassées, d’où l’intérêt pratique de la (c seconde voie », sous des formes différentes. Les pays en voie de développement doivent se pencher sur divers

problèmes avant de fonder une nouvelle université, surtout dans le domaine de la technologie, le système d’un pays ne convenant pas nécessairement à un autre. D’autre part, la cc seconde voie 1)

exige beaucoup de coopération et de bonne volonté réciproque entre l’industrie et l’enseignement. Elle suppose aussi, naturelle- ment, l’existence d’entreprises industrielles bien équipées, non seulement en vue de la production mais aussi en vue de la forma- tion professionnelle. Ce système, sous ses formes diverses, ne peut s’appliquer que

dans la mesure où la population présente une certaine densité, au-dessous de laquelle il est difficile d’organiser des classes à temps partiel, car le nombre des personnes dont l’éloignement n’est pas trop grand pour leur permettre de se rendre à ces cours, le soir par exemple, serait alors trop petit pour que ces cours soient rentables. Dans ce cas, on peut envisager des stages de brève durée à plein temps (système du (( block release », libération com- plète des ouvriers pendant une période donnée) en prévoyant l’hébergement des intéressés, organiser des cours par correspon- dance, ou faire appel à la radio et à la télévision. La demande en techniciens est d’ordinaire plus forte que celle

de cadres supérieurs de niveau universitaire. Mais ces derniers sont parfois plus importants pour,l’économie du pays, et ils le sont certainement pour son prestige. Etant donné la difficulté que pré- sente le choix du type de formation prioritaire, on peut utilement envisager de les adopterl’un et l’autre dans un même établissement, comme le fait la Milwaukee School of Engineering du Wisconsin, aux Etats-Unis, et comme le prévoient les réformes yougoslaves.

L’accès à l’enseignement technique sufiérieur

D’autre part, dans nombre de pays qui ont récemment accédé à l’indépendance, l’enseignement du second degré ne se développe que lentement de sorte que n’admettre à l’enseignement technique supérieur que les élèves ayant déjà reçu une formation complète du second degré serait peu réalisable et reviendrait à restreindre beaucoup trop le nombre des candidats. Dès lors, et afin d’offrir à l’université une source nouvelle de recrutement, on pourrait autoriser le transfert dans ces universités des meilleurs élèves à plein temps des instituts techniques. Ce qui pourrait se révéler une innovation fructueuse. Le film, la radio, la télévision, les microfilms et les machines à

enseigner ont contribué à élargir les moyens mis à la disposition des éducateurs. Même les contacts personnels entre maîtres et élèves ont presque trouvé un équivalent dans les cours par corres- pondance bien organisés et, en Australie notamment, dans les leçons et conférences diffusées par la radio et la télévision. Les nouveaux systèmes d’enseignement technique supérieur sont conçus de façon à permettre l’utilisation complète ou partielle de ces auxiliaires audio-visuels. La nouveauté des méthodes est en elle-même un stimulant

à l’étude; la variété évite l’ennui. Mais les traditions académiques sont difficiles à modifier, et l’assimilation de nouvelles techniques ne se fera que progressivement, surtout lorsque ces techniques dérangent les habitudes individuelles. Le nombre croissant des étudiants, le coût élevé des installations matérielles et de l’équipe- ment, ont amené certains (( colleges )) américains à adopter le système des (( 4 trimestres )) : les jeunes gens suivent chaque année des cours pendant 3 des 4 trimestres, chaque trimestre compor- tant 12 semaines d’études, et pendant le quatrième prennent des vacances ou font un stage dans l’industrie ou se partagent entre les deux. Ce système permet d’accroître de 33 % le nombre d’élèves reçus par chaque établissement sans dépenses d’investissement supplémentaires en bâtiments et équipement, et sans priver le personnel enseignant de ses vacances; mais il ne se généralise qu’avec une extrême lenteur, tant est forte la répugnance à tout changement. Néanmoins, le changement le plus radical, manifeste surtout

aux États-Unis et en Union soviétique, est celui qui, en l’espace d’un demi-siècle, a transformé un enseignement destiné seulement à une élite intellectuelle trés réduite et spécialisée en un processus applicable aux masses et permettant aux jeunes de poursuivre des études jusqu’à 18 ans dans go y. des cas, et jusqu’à 22 ans, dans 40 % des cas. C’est cette évolution qui exige une réforme des techniques pédagogiques et des méthodes d’examen.

C H A P I T R E V

OBJECTIFS ET MÉTHODES

DES CONDITIONS L y É v O I,U T I O N

En préparant les jeunes à leur future profession, les nations font œuvre de renouvellement au sens propre du terme. La formation des adolescents intéresse dans une plus ou moins large mesure tous les aspects de la vie nationale et chacun de ces aspects devrait, s’il y a lieu, trouver d’une façon ou d’une autre une expression même limitée dans le cycle des études proposées.

Cette formation ne peut donc se borner à une préparation pratique tournée vers les tâches immédiates, mais elle ne se confond pas davantage avec des études théoriques ou orientées vers la culture générale, car, pour quelques-unes des jeunes nations, de bonnes compétences purement manuelles constituent la contri- bution la plus précieuse que l’on puisse apporter à leur culture en expansion. Il ne faut donc pas s’étonner de la diversité des méthodes d’ensei-

gnement et de formation utilisées, qui ont leurs origines dans l‘histoire sociale et économique de la nation. L‘évolution et les changements s’opèrent souvent avec lenteur, ne _serait-ce qu’en

\ raison de la multiplicité des intérêts mis en jeu. L’Etat, les associa- / tions patronales, les syndicats, les autorités de l’enseignement, les services chargés de la main-d’œuvre ainsi que diverses traditions

’ et droits acquis hérités du passé, tous ces facteurs influent sur la formation professionnelle. Les pressions qu’ils exercent sur le sens des orientations futures sont puissantes et parfois mal coor- données. L’apprenti artisan et l’étudiant d’université sont issus, chacun

dans son domaine propre, des institutions sociales du moyen âge. Seuls les techniciens de niveau moyen ou supérieur sont un phéno- mène moderne; ils n’ont qu’un passé historique récent ou pas de passé historique du tout. Cependant, malgré des traditions profondément enracinées, la situation n’a pas cessé d‘évoluer et le système d’apprentissage actuel n’est pas un anachronisme, contrairement à ce qu’on affirme souvent. Pourtant, il appelle

OlgectijG et méthodes. L’évolution des Conditions

aujourd’hui certains ajustements s’il doit s’adapter aux progrès de l’automation. Les données fournies dans la présente étude pour chacun des

pays concernés démontrent que, même dans des pays comme YUnion soviCtique ou les Etats-Unis, où s’est produite une rupture plus ou moins nette avec le passé, les systèmes d’enseignement et de formation actuellement en vigueur ont abouti, après une phase expérimentale, à des formules qui ne différent pas notablement de celles que connaissent les pays comme le Royaume-Uni, où aucune rupture réelle de la tradition ne s’est produite pendant de longs siècles. Le lecteur trouvera ci-après un bref aperçu historique de la

question, qui lui permettra de mieux comprendre les avantages et les inconvhients des systèmes actuels.

L’APPRENTISSAGE ET LA FORMATION DU TRAVAILLEUR QUALIFIÉ (ARTISANAT)

Le système de la formation personnelle de l’apprenti par le maître artisan (artisanat), qui n’est lui-même qu’une variante de l’antique relation didactique entre le père et le fils, que connaissent encore certains pays d’Asie, a son origine dans les guildes ou corporations des classes moyennes du haut moyen âge. Là où ces conditions n’ont pas prévalu, par exemple en Italie méridionale, l’apprentis- sage ne possède pas les mêmes traditions et ne s’est donc pas développé aussi solidement. Par contre, là où cette organisation s’est fortement implantée, la tradition actuelle est également rigoureuse, comme l’atteste l’exemple de l’Allemagne, de la Belgi- que et des Pays-Bas. En Belgique, ce type d’apprentissage relève toujours du Ministère des classes moyennes. Mais jusqu’aux XVII~ et XVIII~ siècles, le contrôle ~ de l’apprentissage incombait aux guildes autonomes et non à 1’Etat. En Europe, la première mesure législative tendant à limiter l’autonomie des guildes fut promulguée en 1731. En France, les corporations furent éliminées à la suite de mesures prises en 1776, puis en 1791. Dans ces conditions, l’apprentissage artisanal se trouva sérieusement affaibli bien avant que la révolution industrielle provoquée par la mécanisation, puis par l’emploi de l’énergie électrique, ne vînt donner un tout autre caractère à l’industrie moderne. Cependant, certains métiers manuels, notamment les métiers

du bâtiment, des métiers tels ceux de bottier et de boulanger, certaines activités concernant l’imprimerie, ainsi que des métiers ruraux ont survécu, de manière assez précaire, jusqu’à nos jours. Dans les pays européens, à l’exception du Royaume-Uni, le système

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Ob&$ et méthodes. L’évolution des conditions

de l’artisanat contribue efficacement au développement de ces métiers. Il est en général basé sur un contrat d’une durée de 3 ans, qui crée un lien personnel entre le maître artisan et l’apprenti, cette formation étant complétée par des cours du soir qui ont lieu SOUS la direction des autorités de l’enseignement ou, en Belgique, sur l’initiative du Ministère des classes moyennes. Ce système intéresse aussi bien le commerce de détail que les métiers productifs. En Allemagne, la Handwerkskammer et, en France, les chambres de métiers exercent leur surveillance sur ce type de formation. En Allemagne, 39 y. des apprentis appartiennent à cette catégorie. En France (1g5g), 52 y. de tous les contrats se situent également dans cette catégorie, sauf dans le cas des jeunes gens qui font leur apprentissage dans un collège d’enseignement technique. En Italie (1960)’ 48 % des contrats ont trait à l’artisanat (compte non tenu des jeunes gens formés dans les scuole tecniche et les istitu ti professionali. Bien que la question demeure toujours s’il convient d’organiser

l’apprentissage dans un établissement d’enseignement, c’est-à- dire dans des centres de formation professionnelle spécialement organisés, ou dans les ateliers des entreprises industrielles, on estime généralement qu’en matière d’artisanat l’apprentissage doit s’effectuer dans l’atelier du maître artisan. Il y a là une rela- tion si intime qu’à partir du moment où serait brisé ce lien per- sonnel le monde de l’artisanat, avec toutes ses traditions, ses valeurs artistiques et la fierté que donne la maîtrise d’un métier, risquerait de disparaître A jamais. Aux Etats-Unis, comme en Union soviétique et au Royaume-

Uni, la distinction entre l’apprentissage artisanal et l’apprentissage industriel n’a jamais dans le passé été nettement établie et aujour- d’hui elle n’existe pas. En effet l’apprentissage et la formation du travailleur qualifié sont considérés comme un problème unique, même si les méthodes d’apprentissage varient considérablement selon les métiers.

L’APPRENTISSAGE DANS L’INDUSTRIE

I Au X I X ~ siècle, avec l’avènement de la grande industrie et la disparition partielle des métiers manuels, un nouveau problème

, se pose en matière de formation. 11 fallut longtemps pour que l’industrie prenne conscience de cette nécessité, plus longtemps encore pour que les entreprises elles-mêmes se sentent tenues de former des apprentis. Dans certains pays, notamment en Belgique, l’apprentissage

dans l’industrie n’a pas accompli de progrès appréciable. Les

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Obiectifi et méthodes. L‘évolution des conditions

écoles professionnelles (beroepscholen) et les écoles techniques (technische scholen) de ce pays se sont donc vues obligées de satisfaire à la quasi-totalité des demandes de l’industrie. Ces établissements connaissent donc un essor exceptionnel et offrent des possibilités d’études, de transferts et de promotions extra- ordinairement étendues. L’Université du travail (Institut Paul Pastur) de Charleroi, dans la province du Hainaut, en est un exemple. Dans d’autres pays, notamment au Royaume-Uni et aux États-

Unis, les traditions établies au cours des siècles pendant lesquels l’apprentissage était organisé dans le cadre de la corporation et se caractérisait par un contrat de longue durée entre le maître artisan et l’apprenti, par l’importance accordée à la durée de l’apprentissage plutôt qu’au niveau atteint et par certaines obli- gations morales rarement sanctionnées, ont été introduites d’une manière assez artificielle dans le monde nouveau de la production de masse. Les pouvoirs publics ne sont intervenus que plus tard, et pour sauver l’idée d’apprentiss9ge. Parmi les mesures prises à cet effet on peut citer, pour les Etats-Unis, la loi Fitzgerald de 1937 et, pour le Royaume-Uni, les accords mixtes en matière de formation conclus après le Rapport de 1945. Le plus souvent, les accords portaient sur une période de 4 ans aux États-Unis et de 5 ans au Royaume-Uni. Incontestablement, ces efforts se sont traduits par des résultats bénéfiques, ne serait-ce que l’accent mis sur l’enseignement associé à l’apprentissage et dispensé sous la forme de cours techniques organisés dans la journée ou le soir. Cette mesure, combinée comme c’est le cas au Royaume-Uni avec un apprentissage de longue durée, offrait à l’apprenti la possibilité d’accéder au rang de technicien ou à des échelons supé- rieurs en lui ouvrant des perspectives dont on ne pourrait guère trouver d’exemples dans d’autres pays. Mais, sous sa forme actuelle, l’apprentissage dans l’industrie

ne répond pas aux exigences modernes, comme tout le monde le reconnaît, hormis ses plus chauds partisans. Au Royaume-Uni, cela est devenu si évident que l’on a voté une loi instituant des Industry Training Boards chargés de mettre au point une régle- mentation propre à améliorer les méthodes de formation. Simul- tanément, les pays du Marché commun ont organisé de nombreuses conférences ayant pour thème l’harmonisation et la modernisation des méthodes. Si l’on jette un regard en arrière sur les cinquante dernières

années, on constate qu’il faut reconnaître avant tout, notamment au Royaume-Uni, la différence fondamentale qui existe entre l’ancien système de l’apprentissage artisanal, orienté vers les

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Objeciijis et méihodes. L’Lvolution des conditions

métiers manuels, et le genre de formation qu’exige l’industrie moderne - auquel il n’est peut-être m ê m e plus possible de donner le nom d’apprentissage. En quoi consistent ces différences ? D’une part, dans le domaine de l’artisanat, le but de l’apprenti est de devenir à son tour maître artisan. Il doit donc s’initier aux aspects tant économiques que techniques de ce métier. Celui-ci évoluera certainement de son vivant, mais il espère qu’il ne subira pas de transformations radicales, au risque de disparaître complètement, ce qui s’est produit, par exemple, pour le métier de maréchal-ferrant. En général, il n’aura pas besoin de connais- sances scientifiques ou mathématiques poussées pour profiter de changements mineurs - apparition de nouveaux outils ou de nouvelles sources de matières premières. Il s’agit surtout d’adresse manuelle et d’une certaine habileté dans les relations humaines et les opérations commerciales. D’autre part, si l’apprenti d’industrie a besoin d’acquérir

l’habileté manuelle qu’exige, dans l’immédiat, son premier emploi, il a pour but la promotion dans la nouvelle hiérarchie des ouvriers qualifiés, des techniciens, des ingénieurs-techniciens et des ingénieurs professionnels. Il n’a aucune chance de ne jamais devenir (( maître artisan D, puisqu’il n’existe pas de situation équivalente dans l’industrie moderne. Ce mouvement ascendant et continu (cette (( capillarité sociale », pour reprendre les termes d’un auteur belge) n’est pas seulement l’expression de la liberté démocratique et du droit de s’élever, par le mérite, d’un échelon à l’autre, pas plus qu’il n’est uniquement un instrument offert à l’ambitieux pour accroître son prestige personnel. 11 est essentiellement une nécessité économique et organique qui découle de la structure de l’industrie moderne, un moyen efficace de suivre le rythme des transformations et des techniques en voie d’évolution. Grâce à lui, on peut confier une plus grande proportion de postes à des membres du personnel ayant une formation récente et mieux informés des processus fondamentaux de la production que leurs collègues directement recrutés au niveau des techniciens ou des dessinateurs, au sortir d’un établissement d’enseignement supé- rieur ou technique. Ici encore, alors que l’artisan d’autrefois pouvait espérer que

les compétences acquises pendant son apprentissage seraient valables toute sa vie durant, la formation dispensée à l’apprenti d’industrie, tout en conservant une certaine valeur transférable, ne sera pas - et c’est là une quasi-certitude - directement appli- cable aux machines-outils qui seront en usage dans la production pendant la dernière période de sa vie active. En d’autres termes, les compétences que doit acquérir l’apprenti

Obiectifi et méthlhodes. L‘évolution des conditions

d’industrie, même en supposant qu’il consacre toute sa vie à la production active, sont d’un autre ordre. Ces compétences concer- nent autant l’aptitude à raisonner que l’habileté manuelle, car la précision dépend désormais de la machine-outil, et non plus du système neuromusculaire formé par l’œil et la main de l’homme. Il faut donc accorder une égale attention au développement intel- lectuel et à l’adresse manuelle, car le premier élément sera valable pendant toute une vie, alors que le second doit être modifié, de temps à autre, à l’aide des cours de réorientation. Tout système moderne d’apprentissage industriel comprend

donc inévitablement deux éléments : la préparation pratique à la production et le développement des facultés intellectuelles appro- priées (connaissances techniques spécialisées, connaissances scien- tifiques et mathématiques fondamentales, culture générale). La question de savoir quelle est la façon la plus efficace d’inculquer ces différents éléments est au cœur des discussions actuelles sur les mérites comparés des centres spéciaux d’enseignement profes- sionnel, tels que les verkstadskolor en Suède, ou de la formation ’ dans une entreprise complétée par des journées de congé aux fins d’études ce qui est le cas en Allemagne (Lehrberufe), ou encore des combinaisons de ces deux formules, par exemple le système britannique des congés groupés (block release) ou des cours en (( sandwich ». Il existe de trop nombreux facteurs incompatibles pour qu’un

système parfait puisse être mis au point. Notamment, en ce qui, concerne la durée de l’apprentissage : en effet si les périodes plus courtes permettent d’inculquer ces compétences limitées qu’exige la production mécanisée, ce système donne rarement au jeune apprenti le temps nécessaire pour atteindre, dans le domaine de l’enseignement technique, le niveau de connaissances théoriques requis pour accéder ultérieurement à un échelon supérieur. 1 D’autre part, le système britannique ou américain, qui consiste, en 5 années d’apprentissage avec des journées de congé aux fins ’ d’études, permet certes d’acquérir une formation technique d’un t l niveau élevé, mais le nombre des candidats à un apprentissage 1 d’une telle durée est très limité. D’une manière générale, le système de l’avenir semble être le

suivant : scolarité prolongée jusqu’à 15 ou 16 ans; de 6 mois à I an de formation professionnelle de base à plein temps, donnée dans des centres spéciaux étroitement liés, en ce qui concerne les conditions d’admission, au système d’enseignement du pays ; puis de I à 2 années de formation industrielle dans une entreprise de production, avec des jours de congé permettant de suivre des cours techniques ; enfin, amélioration des dispositions prises pour

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Obiectifi et méthodes. L’évolution des conditions

organiser des cours de réorientation de brève durée portant sur les techniques de production, et pour permettre aux intéressés de continuer à suivre des cours techniques, sans perte de salaire. C’est là un aspect que l’on néglige aujourd’hui dans la plupart des pays, et l’on gaspille ainsi un potentiel important et de tout premier ordre. Seules les entreprises les plug soucieuses de progrès prennent d’heureuses initiatives pour développer ce type d’éduca- tion des adultes, de formation et de promotion.

L’APPRENTISSAGE DANS UN ÉTABLISSEMENT D’ENSEIGNEMENT

L’idée de donner au moins une formation manuelle et, plus récemment, une initiation complète aux techniques de production dans des centres d’apprentissage spéciaux, n’est pas nouvelle. Au siècle dernier, on a utilisé les écoles industrielles comme établissements pénitenciers ou à des fins philanthropiques, pour venir en aide aux orphelins, aux enfants pauvres ou aux jeunes en chômage, tout en rendant disponible de la main-d’œuvre à bon marché, ce qui a incité le public, avant la première guerre mon- diale, à considérer d’un œil peu favorable ces établissements. Au Royaume-Uni, les trade schools (écoles de métiers) ont souffert de cette réputation depuis leur création en 1903 jusqu’à leur transformation en technical schools (écoles techniques) en 1920. Entre les deux guerres, les écoles professionnelles en Belgique, les écoles de métiers en France et d’autres établissements du m ê m e type ont accompli certains progrès sur le plan pédagogique et technique. Après la seconde guerre mondiale, les centres d’appren- tissage français ont probablement mieux servi la réputation inter- nationale de ce genre d’établissement qu’aucune institution ne l’avait jamais fait dans le paSsé. En réalité, la vocational high school, instituée en 1917 aux Etats-Unis par la loi Smith Hughes, a joué dans une large mesure le même rôle pendant le dernier demi-siècle, car elle reçoit des élèves de 15 à 18 ans, qui appar- tiennent presque au même groupe d’âge que ceux des centres français, où l’on accueille des jeunes gens de 14 à 17 ans. Aux Pays-Bas, les lagere technische scholen ou les anciennes nijverheid- scholen ont adopté la même formule, qui consiste à admettre les élèves à 14 ans, immédiatement après la fin de la scolarité obligatoire; il en est de même pour les scuole tecniche en Italie et les écoles de réserves de main-d’œuvre en Union soviéti- que, Seuls l’Allemagne et le Royaume-Uni restaient entière- ment démunis à cet égard et s’en tenaient à la formule des journées de congé accordées jusqu’à l’âge de 18 ans (obligatoire- ment en Allemagne et facultativement au Royaume-Uni) aux

Objectifs et méthodes. L’énolution des conditions

jeunes gens qui accomplissent leur apprentissage dans une entre- prise. En Suède, la verkstadskola, qui accueille aujourd’hui les jeunes

gens à partir de 16 ans, offre un enseignement réparti sur 2 ou 3 années et revêt un caractère nettement différent. Ces établisse- ments ont pu associer de manière très pratique et très efficace l’enseignement général et la formation professionnelle, grâce à leurs relations étroites avec l’industrie, aux congés accordés aux élèves, en cours d’études, pour de longs stages de travail rémunéré, et au fait qu’ils fonctionnent dans les locaux d’entreprises indus- trielles. Au Royaume-Uni, les nouvelles propositions tendant à améliorer

la formation industrielle prévoient notamment l’utilisation de centres de formation de base pour apprentis. Ces centres, qui seraient situés dans un collège ou dans une entreprise industrielle, dispenseraient un enseignement d’une durée de 6 mois à I an, suivi de 3 ans d’apprentissage dans une entreprise. En France, on a fait quelques efforts au cours de ces dernières

années pour transférer les aspects pratiques de la formation et de l’apprentissage du collège d’enseignement technique (appelé antérieurement centre d’apprentissage) dans les locaux d’entre- prises industrielles. En fait, il s’agissait de remédier au manque de locaux scolaires et de tirer le meilleur parti possible du petit nombre de professeurs disponibles. Jusqu’à présent, ces transferts ont été rares. L’apprentissage dans un établissement d’enseignement offre

l’avantage qu’un certain nombre d’élèves diplômés peuvent pour- suivre leurs études jusqu’au niveau de technicien, ou les reprendre A ce stade après avoir acquis une certaine expérience dans l’indus- trie plus facilement que ne le permet le système de l’apprentissage dans une entreprise industrielle où la possibilité de continuer ses études est limitée, comme en Europe occidentale, à une période de 3 ans, après la fin de la scolarité. On ne cherche pas, comme le déplorent certains industriels, à drainer une partie de leurs meil- leures recrues; c’est là, au contraire, que la formule proposée cons- titue une mesure nécessaire, si l’industrie veut trouver en nombre suffisant des techniciens de niveau moyen. En Allemagne, la Berufsfachschule (école professionnelle à

plein temps où les jeunes gens de 14 à 16 ans font I ou 2 années d’études) a pris des mesures analogues au cours des cinq dernières années. L’apprentissage dans un établissement d’enseignement est

donc désormais un élément permanent des systèmes modernes de formation des jeunes travailleurs qualifiés. Le problème du

Objectgs et méthodes. L‘évolution des conditions

choix entre l’apprentissage au sein de l’industrie et l’apprentissage à l’école est donc dépassé, et la solution souhaitable consiste à harmoniser ces deux formules. Il existe une solution optimale pour chaque métier et chaque pays. On ne peut y parvenir que par la discussion, l’expérimentation, l’action et l’observation dans le cadre de chaque profession. Il ne faut pas s’attendre à une norma- lisation générale, qui ne serait d’ailleurs pas désirable.

HARMONISATION

L’ampleur croissante des migrations internationales de travail- leurs qualifiés et la diffusion rapide des produits de la technique moderne dans tous les pays ont mis en lumière dans le monde entier l’intérêt qu’il y aurait à définir, en matière de qualification et de formation, des équivalences permettant d’évaluer et de reconnaître sur le plan international la compétence d’un individu. Cette question, qui fait l’objet des articles 118 et 128 du Traité de Rome, est devenue particulièrement urgente pour les pays de la Communauté économique européenne. Le Conseil des minitres de la Communauté a approuvé et

publié le 2 1 février 1963, en tant que recommandations aux États membres, certains principes généraux relatifs à la formation pro- fessionnelle. Si une harmonisation générale doit se réaliser, elle ne sera pleinement efficace que dans la mesure où il aura été fait appel au corps des enseignants techniques de la communauté tout entière. Une conférence sur (( l’enseignement professionnel, ciment de l’Europe n a été organisée en octobre 1963 par 1’Asso- ciation européenne des enseignants, et les recommandations de cette conférence ont été publiées l. Grâce à ces efforts, il devient naturellement possible de définir

différents degrés de compétence dans une profession donnée. Pratiquement, en Europe occidentale, on n’a conservé que deux niveaux de qualification : compagnon (journeyman, Geselle, etc.) et titulaire du brevet professionnel (Meister, master, etc.). Un système analogue existe au Royaume-Uni avec le Craft Certificate et 1’Advanced Craft Certificate of the City and Guild of London Institute. En Union soviétique, on distingue 5 catégories ou davantage

selon la compétence et la qualification. Le fait d’appartenir à telle ou telle catégorie influe sur les salaires et les promotions. Il faut passer un examen

1. ASSOCIATION EIJFtOPfiWNE DES février 1964, p. 9-11.

pour accéder à la catégorie supérieure.

WSEIGNANTS, Paris, Éducation européenne. no 50. janvier-

ObjectiJs et méthodes. L‘évolution des conditions

Les écoles professionnelles permettent d’accéder aux catégories 2 ou 3; les catégories 3 et 5 pourraient donc correspondre au sys- tème A deux degrés pratiqué en Europe occidentale. Dans tout système d’harmonisation ou de normalisation, il faut

également résoudrerle problème de la définition des professions elles-mêmes. Aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, l’apprentis- sage et la formation, volontaires ou obligatoires, couvrent une gamme étendue de compétences voisines intéressant un secteur industriel donné, tel que la conduite des machines-outils. En Europe occidentale et en Union soviétique, la qualification a trait habituellement à une spécialité déterminée, par exemple : le tournage, le fraisage, l’ajustage ou l’estampage; ou encore, on aura affaire à un mécanicien de moteurs Diesel, et non à un méca- nicien ayant des connaissances générales sur tous les types de moteurs à combustion interne. En Europe occidentale, on s’oriente actuellement vers une formation plus étendue qui permette d’acquérir des qualifications dites (( polyvalentes », couvrant plu- sieurs professions voisines. Au Royaume-Uni, les diplômes de travailleur qualifié délivrés

par le City and Guild of London Institute couvrent environ 200 spécialités, dont une vingtaine appartiennent au secteur commercial. En Allemagne, on a classé plus de 600 professions (Berufe) et, en Union soviétique, le nombre des professions recensées est supérieur à I 2 000. Ce dernier chiffre comprend tou- tefois une importante proportion d’emplois non qualifiés, tandis que de nombreuses activités qualifiées figurent sous plusieurs rubriques selon le secteur industriel où elles sont exercées. Quoi qu’il en soit, quelque 2 500 métiers nettement distincts figurent dans cette classification. Une qualification polyvalente étendue est incontestablement

souhaitable, ne serait-ce qu’en raison de la souplesse accrue avec laquelle elle permet de faire face à l’évolution future des techniques. Mais, de toute façon, ce n’est pas un bien grand progrès que d’ac- quérir des qualifications pour trois professions qui vont très pro- bablement se transformer ou disparaître. Il faut donc réaliser un équilibre entre la durée de l’apprentissage initial et l’organisation de cours de réorientation dans les années à venir. Dans certaines professions, notamment dans les métiers du bâtiment, le système de demain sera peut-être bientôt le suivant : a) études à plein temps (générales et techniques) prolongées jusqu’à l’âge de 16 ans; 6) courte formation de base (de 6 mois à I an), donnée en partie dans un établissement d’enseignement, en partie dans une entre- prise et couvrant toutes les utilisations possibles des moyens méca- niques; G) cours de réorientation de brève durée à mesure que se

ûbiectifs et méthodes. L‘évolution des conditions

développent et s’imposent des techniques telles que la peinture au pistolet, les canalisations en plastique, les nouvelles installations de chauffage, les éléments préfabriqués. Le système actuel, qui oblige les jeunes gens à acquérir et exercer

un seul métier manuel, même s’il s’agit d’une spécialité aussi étendue que celle de la plomberie, est un puissant facteur de résis-

i tance au changement, car nul ne veut voir disparaître son gagne- { pain. La plus grave lacune du système d’apprentissage actuel est ’ l’absence de tout facteur qui puisse non seulement inciter le jeune travailleur à faire face aux changements, mais encore susciter en

, lui le désir réel de voir les techniques évoluer et, si possible, d’intro- : duire lui-même des innovations, de manière à accroître la produc- tivité et à élever le niveau de vie tant national que mondial. Ce sera toujours pour l’homme un légitime motif de fierté que

de pouvoir exécuter de ses mains une tâche qui exige un savoir- faire manuel; mais il n’y a pas lieu de se féliciter si les industries modernes de production font appel à l’habileté de la main humaine alors que celle-ci peut être remplacée avec profit par la mécani- sation ou l’automatisation, car l’accroissement de la productivité exige l’élimination du travail manuel, si ce n’est dans les secteurs résiduels. C’est ici que réside la différence essentielle entre l’arti- sanat et le monde de l’industrie productive; en conséquence, l’apprentissage dans l’industrie est actuellement trop proche de l’apprentissage médiéval pour pouvoir répondre aux exigences du monde moderne, si l’on ne fait pas une place suffisamment large à l’enseignement technique. Le système de l’avenir a été esquissé de façon excellente par

M. Sven Grabe, directeur du Centre d’information et de recherche sur la formation professionnelle (CIRF), qui est une section du Bureau international du travail, dans un article paru en octobre 1961 l. L’auteur prévoit des rapports plus étroits entre l’enseignement professionnel et l’enseignement général qui devraient englober, ensemble, de 80 à go % des membres du groupe d’âge intéressé, un recul possible de l’apprentissage en cours d’emploi, l’application d’un programme important d’enseignement profes- sionnel pendant la dernière année de la scolarité obligatoire, l’introduction d’une formation polyvalente appelée à remplacer la formation spécialisée en vue d’un métier donné, l’organisation de cours de formation et de réorientation pour adultes considérés commes des mesures normales et non plus comme une cc aide aux nécessiteux », l’établissement d’un système d’équivalences appli-

I. N Internationale Tendenzen in der Berufsausbilding II, Die Berufsbildende SchuJe, octobre 1961. P. 647-654.

Objectifi ei méthodes. L’évolution des conditions

cable à la formation des adultes et des jeunes gens, ainsi qu’une forme nouvelle et améliorée de préparation et de recherche dans le domaine de la théorie et de la pédagogie de l’enseignement professionnel.

LES DIFFÉRENTS NIVEAUX DE TECHNICIENS

On considère souvent que le technicien occupe une position inter- i médiaire entre l’ouvrier et l’ingénieur. O n pourrait dire, tout aussi bien, qu’il occupe une position intermédiaire entre l’artisan, tourné vers l’empirisme, dont l’existence et le caractère sont le produit

riaux d’origine naturelle, et l’ouvrier qualifié de demain. Celui-, ci se servira d’outils qui fourniront tout le savoir-faire et de dispo- sitifs automatiques qui joueront en partie le rôle de (( cerveaux )) de commande, mais il devra être prêt à intervenir lui-même chaque fois que le système devra être remis en route ou rajusté. Le techni- cien d’aujourd’hui doit être en mesure de fournir le savoir-faire manuel et de jouer le rôle d’un (( cerveau )) de commande, ainsi que d’exécuter les plans conçus par l’ingénieur professionnel. Tout dépend de l’industrie et de l’activité considérées, mais on

peut distinguer, en général, deux niveaux de techniciens. Le pre- mier est celui des travailleurs qualifiés qui possèdent des connais- sances théoriques plus poussées ; le second est celui des techniciens supérieurs ou des ingénieurs-techniciens, dont les connaissances techniques ne sont pas loin d’égaler celles des ingénieurs, mais qui sont mieux informés des aspects pratiques de leur spécialité. Comme la formation du technicien est encore en voie d’évo-

lution nous ne traiterons, dans le présent chapitre, que des ten- dances de cette évolution. L’étude comparative des pratiques actuelles (voir chap. III) fait apparaître trois orientations dis- tinctes : a) enseignement technique jusqu’à l’âge de 16, I 7 ou 18 ans, suivi d’une formation pratique; b) apprentissage, avec enseigne- ment technique à temps partiel, suivi, parfois, d’un nouveau cycle d’études techniques à plein temps (par exemple, les Ingenieurschu- len en Allemagne); ou encore, c) un système d’enseignement et de formation alternés ( (( sandwich ») de manière à inclure ces deux éléments. L’inconvénient de la première formule tient au fait que l’ensei-

gnement technique avancé, de type pratique ou descriptif, à la différence de l’enseignement universitaire où les études théoriques et mathématiques occupent une place plus importante, ne peut- être facilement compris ou assimilé sans une expérience pratique préalable. La seconde méthode présente l’inconvénient inverse,

des générations passées et qui utilise la plupart du temps des

Objectifs et méthodes. L’évolution des conditions

puisqu’une bonne partie de l’expérience précieuse que le futur technicien retire d’un apprentissage bien conçu (par exemple, en ce qui concerne les problèmes élémentaires de la conception des machines) ne peut pas être acquise si l’élève n’a pas atteint d‘abord un niveau relativement élevé de compétence dans le domaine de la théorie technologique. La troisième méthode est plus proche de la perfection, mais elle perd sérieusement son efficacité si ses deux éléments ne sont pas étroitement associés et ne s’enchaînent pas de façon significative, ce qui exige une coopération plus poussée qu’il n’est souvent possible entre l’enseignement et l’industrie. Incontestablement, la catégorie des techniciens est appelée à

se maintenir, et, pour ce qui est des effectifs, elle va même connaître un rythme de développement plus rapide que toute autre catégorie.

1 La proportion des techniciens par rapport aux ingénieurs s’accroît; elle varie de I pour I à IO pour I selon l’industrie et le pays, la moyenne se situant autour de 3 pour I.

* Les tendances nouvelles de la formation des ingénieurs au niveau universitaire se caractérisent par l’importance accrue accordée à la théorie de la technologie et par la réduction, voire l’élimina- tion, de l’enseignement consacré à des compétences manuelles : par exemple, conduite des machines-outils, levés de terrain, esquisses, travaux de fonderie. C’est pourquoi l’on réclame un nombre accru de techniciens pouvant exécuter ces opérations, afin de libérer les ingénieurs en vue des tâches de recherche, de mise au point et de conception pour lesquelles le technicien ne possède pas toujours la formation mathématique ou scientifique voulue. Pour des raisons évidentes, il convient d’encourager au maxi-

m u m la tendance décrite au chapitre IV, c’est-à-dire la possibilité offerte aux meilleurs techniciens, dans certains pays, d’entre- prendre des études technologiques supérieures et d’acquérir la qualification professionnelle la plus élevée, même à un âge relativement avancé. L’éducation et la formation du technicien offrent un important

domaine à la recherche pédagogique et à la planification de l’ensei- gnement. L’habileté manuelle, en particulier, devrait être consi- dérée d’une manière sensiblement différente de celle qui prévaut dans le cas de l’ouvrier qualifié, car le technicien a tout autant besoin de savoir comment on peut tirer parti d’une compétence que d’exercer lui-même cette compétence. Il doit également être familiarisé avec une gamme de compétences plus étendue que celle de l’ouvrier qualifié ordinaire. Il devrait y avoir aussi une telle différence entre les méthodes et

les moyens utilisés pour la formation du futur technicien ou tech-

ûbject$s et méthodes. L‘éuobtion des conditions

nicien supérieur, et celles qui président à la formation d’un ingé- nieur diplômé. Ce dernier appartient en effet à une catégorie très particulière qui représente moins de 2 y0 de la population. Les méthodes qui conviennent à une élite ne sont pas nécessairement applicables aux masses. Le type du bon technicien, c’est l’homme qui se plaît à imaginer et à échafauder dans sa tête une théorie après avoir fait amplement connaissance avec le fonctionnement pratique du système ou du circuit considéré. Il préférerait démon- trer que la somme des angles d’un triangle est égale à 1800 en mesurant des figures de diverses formes, puis en élaborant une démonstration théorique générale. Le futur ingénieur, en revanche, sera trop heureux d’accepter la démonstration d’Euclide fondée sur le raisonnement pur, et il pourra même lui sembler assez vain de vouloir vérifier le théorème par des mesures. De façon inconsciente, presque tout notre enseignement tech-

nique repose sur le développement initial des cours universitaires et la plupart des professeurs introduisent dans leur travail des souvenirs de leurs propres études techniques à l’université. Il faut donc largement repenser et replanifier l’enseignement destiné aux techniciens. Ceux qui ont pu procéder librement à des expériences et qui l’ont fait sans tenir compte des méthodes pédagogiques traditionnelles (peut-être à cause de leur ignorance), ont déjà obtenu des résultats surprenants, notamment dans certains instituts techniques privés des États-Unis. Ces méthodes pourraient d’ail- leurs constituer la base d’un système de (( rattrapage )) pour ceux dont les aptitudes et les intérêts n’ont pu être suffisamment stimulés par le système d’enseignement traditionnel. Le système qui associe à une compétence d’ouvrier qualifié une

spécialisation de technicien acquise après un cycle d’études combi- nant la théorie avec l’expérience du travail dans la production - c’est une formation de ce type que dispensent les technicums en Union soviétique - constitue également une formule séduisante et orientée vers le progrès, puisqu’elle offre à ceux qui ne peuvent obtenir leur diplôme de fin d’études au niveau du technicien une autre possibilité de gagner leur vie. Le système d’examens en yigueur en Union soviétique, comme celui qui est pratiqué aux Etats-Unis, diffère sensiblement de la formule appliquée en Europe occidentale.

NOTES ET EXAMENS

Les deux traits distinctifs de l’enseignement américain sont, d’abord, même aux niveaux supérieurs, son souci des masses qui représentent 40 % d’un groupe d’âge donné, et, en second lieu,

Objectgs et méthodes. L’évolution des conditions

le fait que les examens terminaux d’ensemble ne constituent pas le critère de l’échec ou du succès. Ces deux conceptions conviennent tout particulièrement à la formation des techniciens, qui se prête souvent mal à l’application des pratiques traditionnelles des universités. Tout le problème des examens - leur fonction, les qualités

qu’ils doivent permettre d’évaluer et le type de questions qu’il convient de poser - requiert une étude approfondie dans laquelle il faudrait accorder une importance particulière aux niveaux intermédiaires de l’enseignement technique, puisque le stockage de l’information sur des bandes magnétiques, des microfilms et des cartes perforées a rendu moins nécessaire le stockage de données courantes dans la mémoire humaine. Récemment encore, dans de vieux centres d’enseignement,

situés surtout dans des pays non européens, on s’attachait à faire apprendre par cœur des textes classiques anciens et l’aptitude à réciter ces passages de mémoire était une condition du succès final. Au niveau des techniciens, les méthodes d’évaluation pourraient

bien se situer presque à l’opposé de ces méthodes archaïques. Il est incontestable que certains mécanismes doivent être appris par cœur, mais ils concernent plutôt le traitement que le stockage de l’information. Voici un exemple simple : savoir se servir d’une règle à calcul ou d’une machine à calculer équivalente est une compétence précieuse, mais apprendre par cœur une table de logarithmes est une pure perte de temps. Cependant, la connaissance de certaines expressions telles que

les formules et leurs démonstrations peut être légitimement exigée, car elle atteste la compréhension de la théorie sous-jacente, donc du champ d’application. La question se pose alors de savoir combien de temps on peut escompter et exiger que ces connais- sances soient conservées dans la mémoire. Le système américain et, dans une certaine mesure, le système

soviétique, accordent relativement plus d’importance au cycle d’études (assiduité, projets présentés, examens périodiques et (( colles ») qu’aux résultats d’un examen terminal d’ensemble portant sur toutes les connaissances acquises en 2 ou 3 années. Dans certains instituts techniques américains, on ne demande pas aux candidats de conserver dans leur mémoire des connaissances remontant à plus d’un demi-semestre, soit environ IO semaines. Passé ce délai, les connaissances acquises ne peuvent plus faire directement l‘objet d’un examen, mais elles sont, bien entendu, incorporées dans le programme ultérieur. Aux Etats-Unis, les (( credit points n nécessaires pour passer le

Obiectifs et méthodes L’évolution des conditions

diplôme s’obtiennent en partie par l’assiduité aux cours, et ne résultent pas essentiellement des examens. Des notes sont attribuées lors des épreuves organisées en cours d’année et, pour l’admission au diplôme, les notes obtenues ne doivent pas être inférieures à certaines normes dans chaque matière et pour le calcul de la moyenne générale. Incontestablement, le sytème américain convient mieux aux

secteurs de la population les moins doués pour les études de type traditionnel et se prête sans doute mieux, par nature, à l’évalua- tion des techniciens, qui doivent avant tout recevoir une formation tournée vers l’action plutôt que vers la pensée abstraite. Les épreuves écrites sont également en train d’évoluer. Les

questions appelant une rédaction, qui s’adressent à des mémoires lourdement chargées, conviennent moins bien que les questions qui exigent le maniement de données pour résoudre un problème de conception ou de production, ou qui font appel à l’esprit, créateur pour la mise au point de méthodes de production. Dansi les cours d’enseignement technique les mieux conçus, on a visible- ment recours aux méthodes d’évalution les plus modernes et les plus appropriées, mais ailleurs, on s’en tient obstinément à des formules périmées et inadéquates. Pour les candidats qui ne savent pas s’exprimer avec aisance,

les questions qui appellent une réponse écrite constituent un désa- vantage sérieux, même s’ils possèdent de grandes compétences techniques. Les questions du type (( vrai ou faux? 11 ou les questions comportant un choix multiple conviennent mieux aux futurs techniciens. 11 ne s’agit pas d’abaisser le niveau des études ou d’uti- liser des méthodes d’enseignement (( à la chaîne 1)) mais, au contraire, de permettre à un certain type d’étudiant de déployer au maximum ses aptitudes dans un domaine d’activité plus étendu qu’il ne pourrait le faire avec les méthodes traditionnelles plus anciennes. (On trouvera des exemples à l’annexe IV.) A la différence de ce qui se passe dans le cas d’études plus litté-

raires ou purement scientifiques, la valeur culturelle de l’enseigne- ment technique réside moins dans les études elles-mêmes que dans la sphère plus étendue qu’elles ouvrent à l’individu en matière d’ac- tivité, d’emploi, de rapports sociaux, de possibilités de rémuné- ration et d’utilité pour le pays. C’est là une forme de promotion culturelle différente, mais également souhaitable; car la technolo- gie, pour garder toute sa valeur, doit constituer un moyen et non une fin. En effet les études techniques sont aux yeux de certains un instrument de formation et de développement intellectuels tout aussi efficace que les études littéraires et scientifiques plus traditionnelles.

Objectifi et méthodes. L’éuohtion des conditions

LES PROFESSEURS ET LEUR FORMATION

La grande expansion de l’enseignement technique au cours des vingt-cinq dernières années a attiré dans ce secteur un personnel enseignant hétérogène. Dans l’ensemble, c’est là un phénomène bénéfique. La pédagogie figée, parfois stagnante, propre à des types d’enseignement plus anciens, a été bouleversée par l’afflux de maîtres recrutés dans les milieux industriels et commerciaux. Il en est souvent résulté une étroite liaison entre l’industrie et l’enseignement technique, grâce aux tranferts de personnel ou à l’emploi de professeurs à temps partiel qui travaillent également dans l’industrie. Néanmoins la formation idéale d’un professeur de l’enseigne-

ment technique est un problème qui n’a pas encore Cté résolu d’une manière satisfaisante. Il existe au moins trois catégories différentes de maîtres ou de moniteurs dont il faut envisager la formation, à la fois pour l’enseignement à plein temps et l’enseignement à temps partiel : u) le professeur chargé d’enseigner les matières technolo- giques spécialisées (mécanique appliquée, résistance des maté- riaux, hydraulique, etc.) ; 6) le professeur chargé des disciplines scientifiques ou des matières d’enseignement général (mathéma- tiques, histoire, langues vivantes) dans un cycle d’études techni- ques; c) le professeur ou le moniteur responsable de l’enseignement pratique ou à l’atelier (conduite des machines-outils, dactylo- graphie, plomberie). En outre, les niveaux de qualification requis varieront selon le type d’établissement et le travail en vue duquel l’enseignement est donné. Pour les professeurs des deux premières catégories, un grade

universitaire ou un diplôme équivalent est généralement souhaita- ble, mais il n’est pas toujours possible de recruter un candidat qui en soit pourvu. En fait, un diplôme de technicien supérieur est, à bien des égards une bonne solution de rechange. Une formation pédagogique est exigée dans bon nombre de pays; elle peut se situer avant ou après l’entrée en fonctions (formation avant l’em- ploi ou en cours d’emploi). On exige habituellement des professeurs de la première catégorie

une expérience de 3 à 5 années au moins dans l’industrie ou le commerce. Cette condition et l’exigence d’une formation péda- gogique à plein temps diffèrent jusqu’à l’âge de 30 ans et au-delà l’entrée en fonctions du futur professeur. Il faut d’ailleurs penser que des travailleurs qui touchent des salaires élevés dans I’indus- trie ne peuvent entreprendre des études à plein temps dans un établissement d’enseignement pédagogique sans subir un grave préjudice financier. La formation en cours d’emploi, dans les

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Obiectifs et méthodes. L’évolution des conditions

premières années de la carrière du professeur, soit à temps partiel soit sur la base de congés pour études, est donc une méthode efficace et commode. Quant aux maîtres de la troisième catégorie, les moniteurs

chargés de l’enseignement à l’atelier, ils sont classés à part, dans de nombreux pays, du point de vue des traitements et de l’horaire d’enseignement. Dans d’autres pays, il n’existe pas de distinction de ce genre. Les horaires de travail sont généralement les mêmes, et il n’y a pas de différence en ce qui concerne le traitement de base, bien qu’il puisse y avoir certaines différences quant au niveau des diplômes universitaires, que les maîtres de cette catégorie ne possèdent généralement pas. Les maîtres de ce troisième groupe sont ceux qui retirent le

plus grand profit de la formation pédagogique orientée vers l’en- seignement professionnel. Leur passé d’ouvrier qualifié dans l’in- dustrie ne leur a guère donné l’occasion d’exprimer verbalement leurs idées au sujet de leur spécialité. L’initiation aux méthodes d’enseignement et l’étude, plus ou moins poussée, du processus didactique en général sont donc très souhaitables. Cette formation est obligatoire dans la plupart des pays, mais on y a parfois provisoi- rement renoncé à cause de la pénurie de personnel enseignant, ou on l’a rendue facultative, comme au Royaume-Uni. On demande aux travailleurs qualifiés qui entrent dans l’enseignement sans avoir reçu de formation pédagogique d’avoir une certaine expé- rience de l’enseignement, acquise à l’occasion de cours à temps partiel, ainsi que de hautes qualifications dans leur spécialité - qu’il s’agisse des compétences manuelles ou des connaissances théoriques. Pour cette catégorie de maîtres, la formation en cours d’emploi peut offrir une bonne solution, car la formation avant l’emploi risque d’entraver sérieusement le recrutement parmi les travailleurs de l’industrie, qui devraient alors renoncer à un emploi sûr pour entrer dans un établissement de formation pédagogique, peut-être sans avoir la certitude d’être ensuite nommés à un poste d’enseignant. Dans les pays où le personnel enseignant relève de l’État, l’inté-

ressé est d’abord recruté comme stagiaire rémunéré au moment de son entrée dans une école normale, et il est assuré de trouver un emploi s’il passe avec succès les examens. Aucun système de ce genre n’est concevable dans des pays comme le Royaume- Uni où les professeurs sont employés par quelque 200 (( autorités locales )) différentes, de sorte que les candidats doivent affronter le risque de ne pas trouver de poste d’enseignant dans leur spécia- lité, une fois leurs études terminées. Ces dernières années ce risque était minime, parce qu’on manquait de personnel enseignant,

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Objectifs et méthodes. L‘évolution des conditioris

mais le fait qu’il faille en tenir compte pourrait bien décourager les candidats. La formation des professeurs d’enseignement technique dans

les pays qui pnt récemment entrepris de créer un enseignement technique d’Etat, et destinée à ces pays, pose un problème différent et requiert d’autres méthodes que celles qui conviennent aux vieilles nations où l’enseignement possède un long passé. Il s’agit ici d’un problème de rapidité et d’effectifs. Il faut accélérer la formation

\ en ne s’occupant que des points essentiels, et l’on devra peut-être réduire l’étendue des connaissances pour atteindre un niveau 1 satisfaisant dans une spécialité donnée. En face de ces facteurs, il faut pourtant tenir compte d’une motivation complémentaire - la perspective de faire œuvre de pionnier dans un poste de respon- sabilité et d’apporter une contribution évidente au bien-être et au développement technique du pays.

LES PROFESSEURS POLYVALENTS

Certains pays, comme la France pour les lycées techniques, encou- ragent la spécialisation de leur personnel enseignant, à tel point qu’un professeur n’enseigne qu’une matière, par exemple les mathématiques. D’autres, comme l’Allemagne dans les Berufsschu- len, s’en tenaient autrefois au système de la classe à maître unique, selon lequel un professeur se chargeait d’enseigner toutes les matières à une classe, un jour déterminé. On a aujourd’hui ten- dance à abandonner cette méthode et à utiliser deux professeurs distincts : l’un pour les disciplines théoriques, l’autre pour les matières pratiques. Au Royaume-Uni, pour la formation des tra- vailleurs qualifiés, on tend à confier à un seul professeur les aspects pratiques et théoriques (technologie) du programme; à un pro- fesseur d’enseignement général les cours de mathématiques et de sciences; et, le cas échéant, à un troisième professeur l’enseigne- ment des disciplines de culture générale (langues, éducation civique, sciences sociales) lorsqu’elles figurent au programme. Au niveau des techniciens, il est courant que des leçons soient faites par des spécialistes qui ne voient les élèves d’une classe qu’une fois par jour, ou même une fois par semaine seulement. Dans le système polyvalent, les responsabilités étendues qui

incombent au professeur de classe dans les cycles d’enseignement professionnel ou technique doivent avoir pour corollaire une for- mation tout aussi large des maîtres, sans quoi l’on s’expose à de graves mécomptes. Dans les pays qui sont obligés de réduire le plus possible la durée des cours de formation, pour des raisons financières ou autres, il vaudrait mieux renoncer à la notion de

Objectifs et méthodes. L’évolution des conditions

maître polyvalent et faire en sorte que chaque professeur utilise au mieux ses compétences en enseignant sa spécialité et une ou deux matières très voisines. Dans ce cas, il faudrait organiser des réunions périodiques du personnel enseignant dans le cadre de chaque cours, pour remplacer l’effet coordonnateur de la classe à maître unique dans le système polyvalent. Malheureusement, les horaires et d’autres difficultés empêchent souvent de répondre à cette nécessité élémentaire.

LE PERSONNEL ENSEIGNANT DES COURS DU SOIR

L’organisation de cours du soir dans un établissement où ont lieu des cours de jour à temps complet est une méthode normale et de grande valeur, mais pose des problèmes de personnel difficiles à résoudre. Si ces cours du soir constituent pour les maîtres des heures supplémentaires rémunérées, ils risquent fort d’être fatigués après une journée de travail avec des élèves à temps complet et de ne pouvoir donner le meilleur d’eux-mêmes. En revanche, si cette tâche fait partie de leur horaire normal, il faudra en compensation leur accorder du temps libre dans la journée, et les professeurs ne seront jamais tous présents en même temps pour les réunions, etc. D e plus, le directeur ne sera pas disponible à la fois dans la journée et la soirée aux fins de consultations. En général, les pays continentaux d’Europe occidentale utilisent

le premier système, tandis que le Royaume-Uni préfère le second. Il est difficile d’apporter à ce problème une solution idéale, aussi simples qu’en puissent être les données, et encore aujourd’hui aucun pays ne l’a résolu d’une manière satisfaisante. Quel que soit -le système adopté, il faut de toute façon recruter à l’extérieur un grand nombre de professeurs à temps partiel. Ceux-ci peuvent rendre de précieux services, car ils établissent des liens avec l’indus- trie et le commerce, mais ils provoquent aussi de grandes difficultés administratives, du fait qu’ils ne sont pas sur place pour participer dans la journée à des conférences et à des réunions de professeurs, puisqu’ils sont employés dans des entreprises industrielles, ou enseignent des matières d’enseignement général dans des écoles. Le personnel à temps partiel peut difficilement bénéficier des pro- grammes de formation avant l’emploi ou en cours d’emploi, parce qu’il se renouvelle fréquemment et qu’une grande partie de la for- mation pédagogique ne convient pas à ce personnel.

L’ASSISTANT DE LABORATOIRE

Ceux qui connaissent mal l’organisation de l’enseignement tech- nique se montrent fréquemment peu généreux dans leurs prévisions concernant l’effectif des assistants d’atelier et de laboratoire. C’est

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Obiectifi ei méthodes. L’évolution des conditions

là une politique peu judicieuse, car le manque de personnel de cette catégorie, loin de se traduire par des économies, revient en réalité très cher. Un matériel coûteux en souffre, et il faut encore réduire les horaires d’enseignement des professeurs pour qu’ils puissent entretenir les laboratoires. Cette réduction des horaires coûte souvent plus cher, en fait, que l’emploi de personnel de laboratoire, bien que ses incidences n’apparaissent pas toujours immédiate- ment. O n a organisé, dans quelques pays, des cours de formation

destinés aux assistants de laboratoire des établissements scolaires et universitaires, mais une planification plus intense est encore possible, car l’assistant de laboratoire attaché à un établissement scolaire ne saurait avoir la même formation que l’assistant d’un labo- ratoire industriel. Comme méthode de formation pour les futurs maîtres de l’enseignement technique, on pourrait recourir plus largement à l’emploi en qualité d’assistant de laboratoire dans un établissement scolaire ou universitaire, associé à des études à temps partiel pour l’obtention du diplôme.

LA MACHINE A ENSEIGNER

L’avènement de la machine à enseigner, qui permet à l’élève d’apprendre lui-même les données fondamentales de telle ou telle discipline, grâce à l’enseignement programmé de la machine, va susciter un grand nombre de problèmes pédagogiques nouveaux et intéressants. Le professeur s’attachera de plus en plus à des tâches de direction ou d’orientation, plutôt qu’à des tâches de simple routine (instruction, correction, notation). Il se peut que la création d’une nouvelle catégorie d’enseignant - le moniteur - devienne nécessaire. Ce sera un assistant chargé de surveiller les machines et les élèves qui les utiliseront, surtout si ce sont des enfants. Quant à l’auteur des programmes, il aura besoin d’une formation pédagogique très poussée. Ces programmes pourraient permettre d’accomplir de grands progrès vers la normalisation internationale des méthodes et niveaux de l’enseignement tech- nique.

L’ENSEIGNEMENT PROFESSIONNEL POUR JEUNES FILLES

La Conférence générale de l’Unesco a adopté lors de sa douzième session une recommandation où il est dit notamment : (( L’évolution de la société exigeant des femmes, en dehors des acti- vités familiales et ménagères qui comportent un enseignement, une participation beaucoup plus large à tous les genres d’activités, les

Objectifs et m‘ihodes. L’évoluti6n des conditions

possibilités offertes aux femmes, en matière d’enseignement technique et professionnel, devraient être les mêmes, tant par leur importance que par leur variété, que celles offertes aux hommes. Hommes et femmes devraient avoir des chances égales d’accéder à tous les types et niveaux d’enseignement technique et professionnel. U n effort particulier devrait être fait pour donner aux femmes la possibilité d’une promotion personnelle et professionnelle par l’enseignement technique et professionnel l. Dans le domaine de l’économie agricole, c’est à domicile que la

jeune femme tirait naguère parti de son savoir-faire et de ses apti- tudes productives : elle travaillait à la basse-cour, à l’étable ou aux champs, filait et tissait la laine, confectionnait des vêtements, faisait des conserves alimentaires. C’est de sa famille qu’elle rece- vait sa formation professionnelle, le cercle familial étant alors plus large qu’il ne l’est généralement de nos jours. Ces travaux se font maintenant en grande partie dans des centres

de production organisés, qu’il s’agisse d’installations rurales pour la transformation des denrées alimentaires ou d’usine pour les produits industriels. Il en résulte que les familles ne sont plus en mesure de dispenser une formation professionnelle qui soit complète, ou qui repose (comme il se doit) sur des bases scientifi- ques. L’école, l’usine, ou les deux à la fois, doivent donc assumer, en partie au moins, ce rôle. Il faut cependant que la jeune femme, dans ses façons de penser, reste profondément attachée à la vie familiale - entre ses parents aujourd’hui, plus tard auprès de son mari. Un enseignement général ou technique qui néglige ce trait de caractère essentiellement féminin ne pourra jamais intéresser complètement une jeune femme. La formation professionnelle des femmes n’est donc pas, comme

le pensent certains, une innovation; au contraire, mais au lieu d’être dispensée dans la famille elle a lieu aujourd’hui à l’école ou à l’usine, OU aux deux à la fois. D’autre part, le secteur professionnel accessible aujourd’hui aux 1

jeunes femmes est infiniment plus étendu que par le passé, et il comprend certaines activités dont l’expansion est particulière- I ment rapide : travaux de laboratoire, emplois d’auxiliaire médi- cale et de préparatrice en pharmacie, commerce de détail et fonc- tions de distribution, industries de la radio et de la télévision, agences de tourisme et bureaux de traduction. Dans tout système judicieux de formation professionnelle fémi-

I. I< Recommandation concernant l’enseignement technique et professionnel n, adoptée par la Conférence générale de l’Unesco à sa douziéme session, Pans, II décembre 1962, par. 11.10. (Texte en anglais, en espagnol, en français et en russe.)

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Objectifs et méthoùes. L’évolution des conditionr

; nine, le mariage et la maternité, entre 20 et 30 ans sinon plus tôt, i doivent être considérés comme des faits normaux et non comme des accidents désastreux qui bouleversent toute la formation profes- sionnelle et en font un gaspillage de temps et d’argent. 11 faut trouver une formule qui, en faisant place à ces deux éléments de la vie d’une femme, permette à celle-ci de reprendre ensuite ses activités professionnelles. L’harmonisation de la formation technique donnée aux jeunes

filles dans les pays de la COmmunauté économique européenne risque de présenter de plus grandes difficultés que celle des jeunes gens, ne serait-ce qu’en raison de la diversité des conventions sociales : les principes qui régissent la vie familiale et le mariage, les idées relatives à la place (( normale N de l’épouse, sont loin d’être identiques dans tous les pays. (( La place d‘une femme est au foyer 1) répètent inlassablement les adversaires de l’emploi de la main-d’œuvre féminine dans l’industrie. Ils oublient peut-être que, jusqu’à la fin du X I X ~ siècle, le foyer domestique était un centre de production industrielle et qu’il l’est encore dans certains pays. La France a beaucoup fait - probablement plus qu’aucun autre

pays à l’exception de l’Union soviétique - pour permettre aux femmes d’acquérir non seulement les compétences pratiques (arts ménagers) qui trouvent traditionnellement leur emploi à la mai- son, et d’apprendre la couture, la cuisine, l’hôtellerie, le nettoyage et le raccommodage, mais aussi d’accéder à toute une gamme de métiers nouveaux attirants et éminemment utiles comme celui d’assistante d’ingénieur, pour lequel la jeune femme reçoit une double formation de secrétaire et de technicienne, devenant ainsi capable de jouer auprès d’un ingénieur le rôle d’assistante personnelle. Au niveau du brevet de technicien (ne), certains cours s’adressent particulièrement aux jeunes filles. En Union soviétique, le pourcentage de personnel féminin

qualifié dans les professions industrielles et techniques est proba- blement plus élevé que dans n’importe quel autre pays. En 1955, le pourcentage des femmes employées dans les différentes branches du secteur professionnel était le suivant : service de santé publique, 85 yo; hôtellerie, etc., 83 %; enseignement, 68 %; industrie, 41 %; bâtiment, 31 yo. En Belgique également, la formation professionnelle des jeunes

filles et des jeunes femmes a beaucoup progressé, non seulement dans les écoles professionnelles, mais aussi sous la forme de cours fondamentaux intégrés à l’enseignement secondaire. En I 958159, parmi les 300 ooo élèves des écoles techniques et professionnelles de Belgique, on comptait I 3 I ooo jeunes filles, dont 73 ooo avaient plus de 15 ans.

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Obieciifs et méthodes. L’évolution des conditions

Aux États-Unis, le pourcentage des jeunes filles ayant terminé leurs études secondaires était, en 1958, légèrement plus élevé (66 yo) que celui des garçons (60 yo). Au niveau universitaire, quatre ans plus tard, on constatait la situation inverse (II y. contre 22 yo). Ces pourcentages se rapportent à l’effectif total d’un groupe d’âge et non au nombre d’élèves inscrits. Alors que les femmes sortent en grand nombre des universités, des collèges d’enseignement général ou des écoles normales, qu’elles s’engagent dans de nombreuses professions administratives, il y en a peu qui s’engagent dans des carrières techniques liées à la production. Les statistiques établies dans le cadre de la loi Smith Hughes sur l’enseignement professionnel (métiers manuels et industrie seule- ment) montrent qu’en 1960, sur un effectif total de 938 490 inscrits (cours du jour et du soir), on comptait 831 742 hommes (89 %) et 106 748 femmes ( I I yo). Si l’on ne considère que les chiffres concernant les études à plein temps, ces pourcentages sont respec- tivement de 82 et 18 Pour les cours d’apprentissage, les chiffres de 1960 sont les suivants : 135 282 élèves masculins (98 %) et 3 903 élèves de sexe féminin (2 %). Les États-Unis disposent donc, en ce qui concerne les carrières techniques, d’une immense réserve inexploitée de main-d’œuvre féminine.

Nous avons cherché dans ce chapitre à mettre en lumière les tendances actuelles de l’enseignement technique et professionnel et ses aspects plus importants pour l’avenir. Nous avons l’espoir qu’il offrira un intérêt particulier pour les pays qui se sont récem- ment engagés dans la voie du développement. Ces pays, qui pos- sèdent chacun leur histoire et leurs traditions, peuvent parfois passer directement à une phase plus avancée de leur développe- ment, par exemple dans le domaine des transports où plusieurs pays ont complètement ignoré l’âge des chemins de fer pour entrer dans celui des transports aériens. D e même, de nombreux pays ont eu d’emblée recours aux centres de formation technique pour se doter d’une main-d’œuvre qualifiée et ils n’ont pas connu les étapes plus anciennes de l’apprentissage dans l’industrie ou l’artisanat. Les spécialistes chargés de l’administration de l’ensei- gnement dans les pays en voie de développement trouveront certainement d’autres moyens d’améliorer les anciens systèmes l.

1. L e problème a été examiné lors de la Conférence des Nations Unies sur l’application de la science et de la technique dans I’intérèt des régions peu développées. qui s’est tenue à Genève en février 1963 : a La formation professionnelle; les arts et les techniques D, chapitre IV de L’enseignment et la formation professionnelle (vol. VI du rapport sur la conférence) publié par Dunod (Paris), avec la collaboration des Nations Unies, en 1964.

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C H A P I T R E VI

COMPARAISONS ET SYNTHÈSE

Ce n’est que tout récemment que l’enseignement technique a fait l’objet d’études comparatives. Bien que la pédagogie comparée figure depuis longtemps au programme des écoles normales, l’enseignement technique n’y est souvent mentionné qu’en passant, et encore à titre de sujet accessoire et relativement peu important. Au cours des dix dernières années notamment, les spécialistes

de l’enseignement technique du monde entier se sont rencontrés. Ils ont été en mesure de comparer différents systèmes existants. Les migrations de populations et l’existence d’un patrimoine culturel commun avaient puissamment contribué, aux époques précé- dentes, à créer pour l’enseignement général et technique certaines (( normes )) qui, pour des raisons politiques ou économiques, excluaient tout effort précis de normalisation. Les pays de l’an- cienne Union française ont hérité des traditions classiques du sys- tème d’enseignement français; les pays scandinaves ont tous des systèmes analogues; par ailleurs les républiques de l’Union sovié- tique et les pays d’Europe orientale forment une troisième région nettement caractérisée. Le système des Etats-Unis a servi de base non seulement à de nombreux pays d’Amérique du Sud, mais encore à un certain nombre d’autres (la Corée, par exemple) qui ont bénéficié d’une aide américaine. Le Canada et les Etats-Unis ont conclu des arrangements pratiques prévoyant des normes pro- fessionnelles communes ; c’est ainsi que 1’Engineers’ Council for Professional Development reconnaît l’équivalence, pour l’obten-

. tion d’un diplôme d’ingénieur ou d’un brevet ce technicien, de cours donnés les uns au Canada, les autres aux Etats-Unis.

1 Mais dans la plupart des cas, de tels arrangements internatio- ! naux se sont développés aux cours des années et découlent tout : naturellement des relations générales, d’ordre social ou politique, i qui existent entre deux pays.

L’harmonisation que la Communauté économique européenne voudrait aujourd’hui réaliser, en association avec les autres Etats

Cornbaraisons et synthèse

membres du Conseil de l’Europe, est un processus plus accéléré, visant à normaliser les niveaux de qualification afin de faciliter les migrations des travailleurs qualifiés et de former une popula- tion (( européenne », de caractère multinational. C’est ainsi que l’on cherche à utiliser la puissante influence de l’enseignement technique en tant que facteur d’unification, de même que l’orga- nisation des postes et télégraphes, des chemins de fer, des transports aériens et, plus récemment, la Communauté européenne du char- bon et de l’acier ont permis au fur et i mesure de leur développe- ment d’établi; une coopération internationale par-dessus les frontières des Etats. Le principe de la coopération internationale da- ce domaine

a été adopté et recommandé par l’Unesco à tous les Etats membres dans les Fermes suivants :

(( Les Etats membres devraient collaborer de façon permanente dans le domaine de l’enseignement technique et professionnel. A cet effet, ils devraient créer sur leurs propres territoires un climat psychologique favorable à la coopération internationale. Chaque directeur d’école et chaque professeur devrait être tenu au courant de ce que font les autorités pour développer la coopération inter- nationale dans le domaine de l’enseignement technique et profes- sionnel et être invité à apporter une aide efficace à cette coopé- ration. )) A l’intérieur de chaque pays, la première initiative à prendre

pour favoriser l’échange d’informations sur le plan international serait de promouvoir l’application systématique de normes inter- nationales dans divers domaines de l’enseignement technique, notamment en ce qui concerne les systèmes d’unités et les symboles scientifiques et techniques l. )) Sans doute la technologie a-t-elle toujours franchi les fron-

tières nationales plus facilement que les principes culturels, spiri- tuels ou politiques. La formation, selon un même système, d’ouvriers qualifiés, de techniciens et des cadres supérieurs pourrait donc constituer un puissant facteur d’unification sur le plan internatio- nal. L’enseignement technique, plus que l’éducation en général, a

été modelé par l’histoire, la philosophie sociale et l’économie, comme le montrent les différents systèmes d’apprentissage. Aujour- d’hui, c’est le processus inverse que l’on voudrait instaurer, et l’on souhaite qu’un système unifié d’enseignement technique, en

1. c< Recommandation concernant l’enseignement technique et professionnel n, adoptée par la Conférence générale de 1’Unesco A sa douziéme session, Paris, II décembre 1962, par. X. 95, 96. (Texte en anglais, en espagnol, en français et en russe.)

Cornjaraisons et synthèse

exerçant son influence sur l’évolution des nations participantes, contribue à créer entre elles des liens solides, par-dessus les fron- tières nationales. Déjà, d’importants progrès ont été réalisés en ce sens. Dans de

nombreuses régions les travaux accomplis par des techniciens de tous les pays constituent déjà un facteur appréciable d’unifica- tion. En effet, grâce à des projets communs, par exemple à la pro- duction et à l’échange d’énergie, à l’établissement de réseaux de télévision, à la production de charbon et d’acier, au développe- ment de l’énergie nucléaire, de très utiles ententes ont été conclues et réalisées.

LES TENDANCES COMMUNES DE L’ENSEIGNEMENT

Les nombreuses réformes de l’enseignement promulguées et appliquées par divers pays au cours des sept dernières années révèlent l’existence de plusieurs tendances communes.

I . La division entre enseignement primaire et enseignement secondaire, qui était jusqu’à présent une division verticale fondée sur la qualité, le rang, la classe sociale, ou sur les frais de scolarité, est devenue une division horizontale fondée sur l’âge et le niveau scolaire. Les lois sur l’enseignement votées au Royaume-Uni en 1944, en France en 1959 et en Italie en 1963, visent toutes à introduire ou à confirmer Ce changement. En Union soviétique, depuis 1917, comme aux Etats-Unis, la division est horizontale. Certains pays, dont plusieurs pays d’Europe, continuent d’utiliser les anciennes définitions de l’enseignement primaire et secondaire, ce qui peut créer des confusions dans l’esprit du lecteur lorsqu’il s’agit de publications pédagogiques courantes. 2. Cette séparation de l’enseignement primaire et de I’enseigne-

ment secondaire, qui touche les élèves âgés d’environ I I ans, pose le problème de savoir quel type d’éducation du second degré il faudrait substituer à l’ancien enseignement (( primaire )) donné aux élèves de I I à 14 ans (ou tout autre âge marquant la fin de l’obli- gation scolaire). Les réformes les plus récentes (Suède, 1962 ; Italie, 1963) prévoient la création d’écoles (( polyvalentes )) offrant à toutes les intelligences un programme d’études unifié avec un nombre réduit de matières à option. D’autres réformes (Royaume- Uni, 1944; France, 1959) ont prévu un choix un peu plus large d’établissements scolaires, assortis de possibilités de transfert et de retransfert pour les élèves de 13 et de 15 ans. Aux P-s-Bas, la réforme scolaire propose une solution analogue. Les Etats-Unis d’Amérique et l’Union soviétique groupent les élèves dans des écoles polyvalentes jusqu’à l’âge de 15 ans, après quoi ceux-ci

Cornbaraisons el synthèse

peuvent se spécialiser ou être dirigés vers des établissements de types différents, bien qu’aux Etats-Unis cette orientation n’ait généralement lieu qu’après l’âge de 18 ans. 3. L’intégration de la formation professionnelle dans le système

général d’enseignement du second degré s’est continuellement accentuée depuis 1945. On peut en donner comme exemple l’orga- nisation d’établissements du type collège d’enseignement tech- nique, en France, Lagere technische school aux Pays-Bas, écoles polytechniques en Union soviétique, Technische Oberstufe en République fédérale d’Allemagne. L’école secondaire profession- nelle des États-Unis est un exemple plus ancien. Pour le Royaume- Uni, il est difficile de citer des établissements analogues, car les anciennes junior technical schools tendent à disparaître et peu d’écoles modernes du second degré donnent des cours de formation professionnelle et commerciale comparables à ceux des établis- sements que nous venons de mentionner. 4. L’enseignement postscolaire à plein temps de caractère pro-

fessionnel se développe rapidement. En République fédérale d’Allemagne, les Berfusfachschulen, en Suède les Fackskolor dont la création est proposée, aux Pays-Bas les uitgebreide tech- nische scholen, en Italie les istituti professionali, en apportent la preuve. Aux Etats-Unis, on peut citer les nouveaux cours de forma- tion de techniciens organisés dans les écoles du second degré, en application de la loi de 1958 dite (( National Defense (Education) Act », et en Union soviétique les écoles professionnelles du nouveau type (PTU). Le Royaume-Uni n’a pas encore créé d’établisse- ments de ce genre en nombre comparable. 5. Les cours à plein temps ou à temps partiel destinés à former

des techniciens supérieurs sont ceux qui se développent le plus rapidement dans tous les pays. En France, les nouve?ux lycées techniques, en Union soviétique le Technicum, aux Etats-Unis les technical institutes et les community colleges, en Suède le tekniska gymnasier, aux Pays-Bas, les hogere technische scholen, en Italie les instituti tecnici et au Royaume-Uni les cours préparant au Higher National Diploma dans les instituts techniques, suivent tous l’exemple des Ingenieurschule allemandes, qui sont les plus anciens établissements d’enseignement à ce niveau. 6. Le rattachement des départements administratifs de l’ensei-

gnement technique, dans les ministères et aux échelons inférieurs, aux organes de l’enseignement du second degré et/ou de l’enseigne- ment supérieur, traduit lesdits changements intervenus dans la structure des systèmes scolaires. D e même que le premier cycle de l’enseignement du second degré (élèves de I I à 14-15 ans) est rattaché à l’enseignement primaire destiné aux élèves de ce

Corn#ara&onr et synthèse

même groupe d’âge dans les nouvelles structures, le second cycle de l’enseignement du second degré (élèves de 14-15 ans à 19- 20 ans) est administré conjointement avec l’enseignement tech- nique et professionnel des jeunes gens du même groupe d’âge, ce qui permettra d’accroître la diversité des programmes de ce second cycle. L’office du directeur de l’enseignement technique survit à ces changements et devient le nouveau directorat des études, au lieu d’être un directorat d’un (( quatrième domaine n, comme c’était le cas précédemment dans certains pays, en France notamment. C’est en France, de 1958 à 1964, que cette évolution est la plus apparente, mais elle s’étend rapidement à d’autres pays européens. L’Italie, la Belgique et les Pays-Bas ont récemment adopté ou proposé des réformes visant à la créatjon d’un type analogue de système scolaire. Le système des Etats-Unis n’a jamais été autre; en Union soviétique et en Europe orientale, les structures adoptées depuis 1958 sont du nouveau type. Cette réforme est complétée, pour le troisième degré, par l’introduc- tion, dans le programme des universités, d’un enseignement pour la formation de techniciens supérieurs visant un niveau qui correspond à peu près à celui de 1’Associate Degree américain. Cette mesure, que le rapport Ermini (1963) a proposée pour l’Italie, est déjà entrée en application en Yougoslavie et est à l’étude dans plusieurs autres pays. La création en France, en 1963, de cinq écoles d’ingénieurs de fabrication, ouvertes à des élèves possédant le brevet de technicien au lieu du baccalauréat, répond au même esprit de développement à un niveau supérieur. L’époque où l’enseignement technique avait une place à part est révolue. Aujourd’hui, il est indispensable, si l’on veut adapter l’enseigne- ment moderne, que l’enseignement technique soit intégré dans le système général d’enseignement. 7. Les études à temps partiel, soit en suivant des cours, soit en

faisant des études par correspondance, sont maintenant utilisées d’une manière beaucoup plus large pour former des techniciens et même, dans certains pays, des ingénieurs diplômés. Il est devenu indispensable de planifier et de coordonner ces différents moyens d’enseignement pour qu’ils puissent constituer une (( seconde voie )) complète d’éducation à partir de l’âge minimal auquel se termine l’obligation scolaire. Au Royaume-Uni, l’enseignement organisé par la City and Guilds et les cours professionnels menant au Natio- nal certificate sont les meilleurs exemples de ces nouveaux moyens de formation. En République fédérale d’Allemagne, le zweite Bildungsweg, en France, les cours de promotion sociale, et en Union soviétique le système national des cours par correspondance sont conçus dans le même esprit.

‘93

Cornharaisons et synthèse

8. La possibilité de passer d’un établissement formant des tech- niciens à un établissement secondaire technique d’un niveau plus élevé, ou encore d’une école spéciale du type hohere Fachschule, ou d’études à temps partiel du niveau (( technicien », à une faculté technologique universitaire, sans être tenu d’avoir reçu la forma- tion universitaire traditionnelle représentée par un enseignement secondaire du second cycle de type classique, est en passe d’être admise dans de nombreux pays. Il en est peu qui continuent avec ténacité d’exiger la connaissance du latin comme condition préa- lable de l’entrée à l’université. 9. Dans tous les pays, on insiste de plus en plus sur la nécessité

de compléter des études purement techniques par des cours de (( culture générale ». Ces cours en sont encore au stade expérimental, et les exigences varient considérablement selon le niveau intellec- tuel considéré.

IO. Dans cette (( culture générale )), les langues vivantes jouent maintenant un rôle important. Le Congrès de Trieste sur la for- mation des ouvriers qualifiés (novembre 1962) a demandé que la connaissance d’une seconde langue étrangère figure obligatoire- ment parmi les conditions exigées pour une qualification commune sur le plan européen. Il est évident que sans cela la perspective d’ (( ouvriers européens )) passant librement une ou plusieurs fron- tières nationales restera un idéal lointain. Mais, d’autre part, certains éducateurs estiment qu’exiger la connaissance d’une langue étrangère de tous les ouvriers qualifiés est également un idéal lointain, sauf dans les régions où la population est normale- ment bilingue.

1 I. La coopération entre l’industrie et l’enseignement tend à devenir plus étroite et plus générale. Les systèmes les plus avancés prévoient en certains domaines une formation assurée conjointe- ment par les entreprises industrielles ou commerciales et par l’école professionnelle. De nombreux maîtres ont l’expérience des unes et des autres, certains travaillant à plein temps dans les unes, et à temps partiel dans les autres. D e nombreux programmes de forma- tion professionnelle ont pour cadre des établissements industriels, même quand ces programmes sont subventionnés par 1’Etat. 12. Les méthodes d’enseignement et le caractère des examens

s’adaptent lentement aux nouvelles conditions de l’éducation des masses, par contraste avec l’instruction d’une élite, dans les anciens systèmes, plus fermés. La pédagogie de l’enseignement professionnel est une science encore jeune, mais le nombre des instituts spéciaux destinés à former les maîtres de l’enseignement technique va en augmentant. 13. Aucun pays ne peut envisager sérieusement les réformes et

194

Comparaisons et synthèse

les progrès à réaliser dans son système d’enseignement sans une étude sérieuse, non seulement des meilleures méthodes pratiquées ailleurs, mais aussi des niveaux scolaires et des statistiques de l’édu- cation des pays voisins.

LES PAYS EN VOIE DE DÉVELOPPEMENT

Presque tous les pays décrits dans la présente étude ont élaboré leurs systèmes d‘enseignement technique et d’enseignement professionnel conjointement, bien que parfois avec un certain décalage, avec leur croissance générale, sociale et économique. Dans son ensemble, leurs efforts se sont donc étalés sur un certain nombre de siècles. Les pays en voie de développement se trouvent placés devant

une tâche beaucoup plus lourde, car ils sont obligés de créer un : système complètement nouveau, de construire des bâtiments, de former ou d’emprunter du personnel, de recruter des élèves possé- \ dant déjà certaines connaissances, de demander des conseils sur le matériel d’enseignement, les manuels, les programmes d’études et le niveau de qualification nécessaire. Le problème a été frès nettement exposé par M. Ali M. Schoeb, sous-secrétaire d’Etat chargé de l’éducation professionnelle au Ministère de l’éducation de la République arabe unie, à l’occasion de la réunion interna- tionale d’experts de l’enseignement technique et professionnel, qui s’est tenue à Bruxelles en octobre 1959 l. Une pays en voie de développement peut être défini comme un

pays où prévalent les conditions suivantes. I. Le potentiel humain n’a pas encore atteint le niveau de qua-

lification qui doit permettre aux classes laborieuses de jouir d’un niveau de vie convenable.

2. L’économie repose essentiellement sur l’exportation de matières premières ou de produits semi-finis.

3. Les ressources naturelles, autres que le potentiel humain, peuvent donner naissance à des industries productrices de mar- chandises ou d’articles qui serviront à établir des échanges éco- nomiques internationaux.

4. Les autorités responsables de l’éducation et de la formation professionnelle connaissent ces possibilités, et sont désireuses d’élever le niveau de vie de la population. ,

I. Sylvain DE COSTER, De la fanaiion professionnelle et technique de la jeumsse. Bruxelles, Commission nationale belge de l’Unesco, Ministère de I’instruction publique, 1960. Rapport de la Commission d’experts de l’enseignement technique et professionnel réunie à BNxehS, 12-21 octobre 1959.

‘95

Cornbaraisons et synthèse

M. Schoeb distingue quatre facteurs de base dans tout système a

d’enseignement technique : l’élève, le maître, le programme

En outre, il faut tenir compte de considérations essentielles telles que le financement et l’échelonnement dans le temps et ne pas oublier, que, dans tout pays, la nature humaine est sensible aux facteurs de prestige. Peut-être le moyen le plus efficace, en fin de compte, le plus rapide de construire un système d’enseignement technique solide est-il de commencer par la base; toutefois, il se peut que ce procédé ne suscite guère d’enthousiasme, car il ne prévoit de titres académiques conférant un certain prestige qu’au moment où les besoins en personnel de qualifications plus modestes, mais souvent plus immédiatement utiles du point de vue écono- mique, auront été satisfaits. Un grand nombre des établissements les plus connus aujourd’hui doivent leur succès à cette méthode : l’Institut technologique de Delft, les écoles d’ingénieurs des arts et métiers, en France, et surtout les land-grant colleges américains dont le Massachusetts Institute of Technology est un brillant exemple; tous ont eu des débuts modestes et n’ont atteint que récemment leur niveau d’enseignement élevé. Les (( colleges N américains qui se sont orientés dans cette direc-

tion ont pu continuer à appliquer des programmes d’études du type (( instituts techniques », dans le cadre général d’une université, ou d’un collège universitaire à 4 années d’études, en mê m e temps qu’ils donnaient de brèves séries de cours portant sur des techniques avancées. Cette méthode pourrait être suivie avec succès et de manière

économique par beaucoup de pays en voie de développment, car la séparation arbitraire entre l’enseignement universitaire et la formation de techniciens supérieurs oblige les pays européens à construire en double des bâtiments qu’il faut également doter de l’équipement nécessaire et pour lesquels il faut assurer le personnel enseignant spécialisé; cet état de choses, qui a pour origine d’anciennes traditions, n’est pas toujours avantageux du point de vue pédagogique. Une étude préalable du système des Etats- Unis et du Royaume-Uni et des réformes yougoslaves plus récentes concernant l’interrelation des instituts techniques supérieurs et des universités du point de vue de l’accès et du passage des uns aux autres, permettrait sans doute, à un petit pays, au cours des premières années de son développement, de réaliser d’importantes économies. Le fait qu’un pays soit aux premiers stades de son développement 6

économique implique qu’il n’existe que peu, ou même pas, d’in- dustries modernes sur son territoire. Il en résulte que la formation 1

d’études et l’équipement. C I

Comparaisons et synthèse

pratique des apprentis et des techniciens doit se faire dans des centres créés spécialement à cette fin, d’ordinaire par les autorités chargées de l’éducation, et que ces centres doivent comprendre des internats et couvrir toutes les dépenses d’un enseignement à plein temps. C’est une situation qu’il faut bien accepter au début, mais il serait regrettable, tant du point de vue pédagogique que du point de vue financier, que l’industrie du pays se trouvât de ce fait déchargée de toute responsabilité en matière de formation profes- sionnelle. Même dans les systèmes modernes d’ (( apprentissage à l’école », l’importance des stages effectués dans l’industrie reste

Il est désirable que s’établissent dès le début des relations aussi étroites que possible entre le personnel technique de l’industrie et le personnel de l’enseignement technique. Les membres de ce personnel devraient pouvoir passer librement d’un domaine d’activité à un autre, sans avoir à souffrir d’un système périmé de retraites, ni courir le risque de subir une perte de traitement ou d’ancienneté, alors qu’il s’agit d’un transfert normal et souhai- table, dans l’intérêt même du pays. Les chefs d’industrie doivent également être encouragés à participer à l’administration auto- nome des instituts techniques et à entrer dans leurs comités consul- tatifs. L’équipement de ces instituts techniques peut parfois provenir de l’industrie. En ce qui concerne la formation professionnelle, un pays en

voie de développement se verra obligé, au début, d’adopter une attitude réaliste et de se limiter au minimum indispensable pour la spécialité prévue. Même des pays dont le développement date d’un siècle peuvent ne pas encore être très loin de ce minimum. Plus tard; lorsque les conditions économiques s’amélioreront, on pourra compléter le programme d’études de manière à lui donner sa pleine valeur éducative. Il importe, avant de formuler des conseils à ce sujet, d’étudier

l’histoire, la langue, la psychologie et le potentiel du pays en voie de développement. En effet, comme il a été fréquemment remarqué dans la présente étude, les systèmes d’enseignement technique ont un caractère essentiellement autochtone, et ne peuvent pas toujours, avec un succès certain, être transplantés ou exportés.

I entière.

‘97

ANNEXE 1

RECOMMANDATION CONCERNANT L'ENSEIGNEMENT TE CHNI Q U E ET PROFES SI ONNEL

ADOPTÉE PAR LA CONFÉRENCE GÉNÉRALE DE L'UNESCO, A SA DOUZIÈME SESSION,

LE I I DÉCEMBRE 1962 (Annexe)

Programmes trpes pour l'enseignement technique et professionnel à plein temps a

Ingénieurs 11-13 4-6 IO 20-30 20-30 20-30 10-20 Thèse ou cadres ou supérieurs Projet Tech- A 11-12 2-3 IO 15 20 20 35 Projet niciens 1 B 9-10 3-5 Io 15 20 20 35 Projet

Ouvriers 8-10 2-4 20 20 60 Épreuve qualifiés pratique

a. Les programmes types proposés ne visent que les cours à plein temps donnés entièrement

b. Y compris les travaux de laboratoire et autres correspondant à chaque catégorie. dans des etablissementa d'enseignement.

ANNEXE II

PROGRAMMES TYPES POUR L ’ E N S E I G N E M E N T PROFESSIONNEL

RÉPUBLIQUE PÉDÉRALE D’ALLEMAGNE

Berufsschule, section industrielle, dans le Bade- Wurtemberg

Nombre d’heures par semaine

1’0 annCe ze année 3e année Matibres Total

Instruction religieuse Instruction civique Allemand Commerce Principes fondamentaux technologie

Arithmétique Géométrie appliquée Dessin technique

TOTAL

1 1 1 1

de 2 1 1 2

1 0

1 1 3 1 3

3 3

1 1 1 1 1

2 2 112 6 112 1 112 1 Il2 4 112 - 1 112

2 2 6

IO IO

Travaux pratiques supplé- mentaires (maximum) 2 2 2 6

Exemple de cours d’un an dans une Berufifachschule (Fraumfachschule d’Ober- hausen) préparant lesjeunesJiCles aux travaux ménagers et à la couture

Conditions d‘admission : diplôme d’une Realschule ou diplôme équivalent. Diplôme de fin d’année : le certificat de fin d’études atteste la possession des connaissances de base permettant de se spécialiser par la suite comme jardinière d’enfants ou puéricultrice ou de devenir chef d’équipe des services d’entretien dans l’industrie.

‘99

Horaire

Matières Nombre d’heures par semaine

ier semeshe ze semestre

Chimie Physique Nutrition et aliments Hygiène Puériculture Economie ménagère Préparation des aliments Entretien de la maison et des vêtements,

Jardinage Confection et raccommodage

Fournitures et instruments de travail Instruction religieuse Rédaction et élocution Éducation artistique Sciences sociales Instruction civique Musique Éducation physique

blanchissage

des I vêtements

TOTAL

3 2

8

39

4 - 8

I

3 1

39

ÉTATS-UNIS D’AMÉRIQUE

Exemples de programmes d’apprentissage

Mécanicien-outilleur. Formation pratique donnée par la compagnie AC Spark Plug Co. (General Motors). L’horaire ci-dessous est donné à titre indicatif, et peut varier en fonction des conditions de travail.

200

Programmes types pour l’enseignement profexsionne1

Travail Nombre d‘heures Travail Nombre

d‘heures

Armoire à outils 120 Tour parallèle 2 O00

Tour revolver 480 Fraiseuse 2 120 Perceuse à colonne 200 13 tau-limeur 160 Raboteuse 120

Machine à pointer 80 Traitement thermique 80 -

5 360

Rebort Meulage Externe Interne E n surface Outil de coupe Filetage

Inspection Machines diverses Enseignement connexe (vair ci-dessous) TOTAL

5 360

320 ‘20 120 ‘20

40 280 968 672 - 8 ooo

Enseignement connexe à la Milwaukee Vocational School. La durée totale des cours est de 672 heures, à raison d’une journée par semaine (de 7 h 55 à 16 h 15) pendant 84 semaines.

Sujet Nombre d’heures Sujet Nombre

d’heures

Technologie Principales machines-outils Technologie des ateliers de

Technologie des gabarits

Technologie de l’outil de

machines

et dispositifs de montage

presse -

54

16

36

38 - ‘44

Mathématiques des ateliers de machines 60

Notions essentielles de tri- gonométrie 28

Trigonométrie appliquée - 56 ‘44

Principes du dessin d’outils 60 Dessin de gabarits et dispo-

sitifs de montage 60 Lecture de dessins techniques 18 Lecture de dessins techniques complexes 60

Dessin de matrices 6

Mathématiques

Dessin

Report

Sciences Sciences appliquées à l’atelier de machines

Travaux d’atelier connexes Principales opérations de traitement thermique

Inspection et contrôle

Questions concernant l’apprenti Relations du travail Relations économiques

TOTAL

201

Annexe II

Cours d’apprentissage pour dessinateurs. A la compagnie General Motors, cet apprentissage est sélectif et comprend deux niveaux différents, A et B. L’apprentissage au niveau supérieur (B) mène à 1’Associate Degree et permet éventuellement à l’élève d’obtenir une bourse ou un prêt pour poursuivre ses études et atteindre une qualification professionnelle supé- rieure. Seul le détail du programme B est donné ci-dessous.

Apprentissage en atelier (semaine de 40 heures)

Nombre d’heures

Première année (atelier d’apprentissage) Travail productif sur des tours, fraiseuses-rectifieuses, per- ceuses, étaux-limeurs et travail à l’établi 2 O00

Deuxième année Atelier d’apprentissage Fabrication de gabarits et de dispositifs de montage; travail sur machines de haute précision 1834

Salle de dessin Dessin; étude de la représentation des dimensions; lettrage; symboles de dimensions et de finition; projection I 66

Troisième année (dans un service quelconque) Etude détaillée de l’outillage, des matrices, des gabarits, des dispositifs de montage, outillage de contrôle, et/ou des élé- ments, et assemblage servant à la production 2 O00

2 O00 Quatrième année (même programme)

TOTAL 8 O00

Programmes Ofies pour l'enseignement firofessionlael

Apfwenti dessinateur. Programme d'études théoriques. Tuft's University, Medford, Massachusetts. Les cours ont lieu de 17 heures à 20 heures, les lundis, mercredis et vendredis, de septembre à juin.

Année Semestre Matières Nombre d'heures 'Oints

Première

Seconde

Troisième

Quatrième

TOTAL

Premier et second

Premier et second

Premier Premier et second Premier et second Second Premier

Chimie générale Application des arts gra-

phiques aux sciences de l'ingénieur

Application des mathé- matiques aux sciences de l'ingénieur

Calcul différentiel et intégral

Physique générale Rédaction et littérature Équations différentielles Ph) sique genérale

Mécanique appliquée

Économie générale Circuits électriques Thermodynamiques Économie générale Circuits électroniques Dynamique des fluides Introduction à la con- ception des machines

9'

9'

9'

9' 9' 9'

9'

9'

43

48

48 48 48 43 43

43 I 092 -

6

4

6

6 6 6 3 6

6

3 3 3 3 3 3

3 70 -

Ces études sont sanctionnées par 1'Associate in Science Degree.

Annexe II

Programmes opes pour l’enseignement professionnel

Programme d’études d’une école secondaire professionnelle de gargons aux gtah- Unisa : âge d’admission : au-desm dg 15 ans; durée des cours : 3 ans.

Matières Nombre de leçons

Première année Deuxième année Troisième année

Travaux pratiques en atelier Anglais Mathématiques Sciences Dessin technique Histoire et instruction

Hygiène et préparation civique

militaire

TOTAL

20

4 2 2 4

4

4

40 -

20

4 4 4 - 4

4

40 -

20

4 4 2 2

4

4

40 -

Q. Alexander Graham Bell Vocational School, Washington. D.C. b. Les leçons durent 45 minutes chacune, ce qui fait un total de 30 heures hebdomadaires.

Annexe II

FRANCE

Programme de 3 années d’étutudes d plein temfis dans un centre d’apprentissage (section industrielle) d’un collège d’enseignement technique de garçonr

Matières

Nombre d’heures par semaine

Première Deuxième Troisième année année année

Enseignement général

Instruction civique, histoire et géographie

Français Mathématiques Éducation artistique Sciences et hygiène Éducation physique

Enseignement professionnel

Dessin technique Atelier et technologie

TOTAL

3 3 3 2 2 4

17 -

2 20

39

2

3 3 1

2

4

15 -

2 22 - 39

3

3 2

1 2

4

‘5 -

3 22

40

Les filles suivent chaque année 3 heures d’enseignement ménager, dont 2 heures prises sur les travaux d’atelier et I heure sur une ou plusieurs autres matières. La nature des travaux d’atelier et des cours de dessin technique dépend

évidemment de la spécialisation choisie.

206

Programmes types pour l’enseignement professionnel

ITALIE

Programme d’études Qpe dans un Istitulo professionab prkparant à l’administration hôtelière (Adetto alla segretaria e all’amminisirazione d’albergo )

Matières

Nombre d‘heures par semaine

Première Deuxième Troisième année année année

Instruction religieuse Enseignement général et instruction civique Trois langues modernes (théorie et prati-

Connaissances professionnelles Géographie touristique Tenue des livres Gestion hôtelière Enseignement commercial élémentaire Hygiène Dactylographie Éducation physique Initiation pratique aux emplois hôteliers

que)

I 5

‘5 2 2

5 - I I 2 2 6

42 -

I

5

‘5 2 2 2 3 1 1 2 2 8

44 -

I

5

‘5 3 2

5 1

2 2 8

44 -

Possibilité de suivre un cours complémentaire de 6 mois.

Annexe II

PAYS-BAS

Programme d'études d'une école technique élhntaire (lagere techni.de school)

Matières

Nombre de leçons par semaine"

Première Deuxième Troisième année et quatrième années année

Néerlandais Anglais Histoire, géographie, biologie Mathématiques et physique Dessin technique Éducation physique Travaux pratiques en atelier Matières à option c

TOTAL

2 t 5 3 6 3

6

12 16 4 4

- 2 2

- - 32 36

I 5 3 6 2 16 4 - 36

a. Leçons de 50 minutes chacune. b. D e nature générale la première année, la spécialisation ne commençant que les années sui-

vantes. c. Musique, modelage, etlou instruction civique, instruction religieuse.

Bref aperçu du programme d? formation établi par la Fondation Bemetel (bedrijfsofileiding metaal-rn electrotechnischc indmtrie), L a Haye.

Ci-dessous quelques extraits des qualifications professionnelles requises en matière d'ajustage de précision I. Travailler en respectant les consignes et les règlements de sécurité. 2. Exécuter des travaux d'après des dessins en respectant les spécifi-

cations établies par la Commission centrale de normalisation des Pays-Bas.

3. Entretenir et utiliser correctement les outils et accessoires. 4. Ranger les outils avec méthode. 5. Utiliser les produits refroidissants et lubrifiants convenant aux diverses

opérations énumérées ici. 6. a) utiliser des compas à diviser, compas d'épaisseur, règles à calculer,

micromètres (internes et externes), calibres, graphomètres, et effec- tuer les mesures définitives; 6) prendre des mesures avec des instru- ments au I/I ooo de millimètre.

7. Tracer et réaliser des pièces sans aide. 8. Travailler et usiner les matériaux les plus courants, y compris les

9. Déterminer l'enchaînement des opérations et dresser une liste des métaux légers et les matériaux artificiels.

outils nécessaires.

208

Programmes Qpes pour l’enseignsment firofessionnel

II.

I 6. 20.

21.

22.

24. 27. 28. 29. 30. 32.

u) limer en utilisant une lime grosse, douce et à polir; b) limer correc- tement de biais une surface plane; c) limer à plat et à l’équerre : I. des surfaces courbes, non circonscrites, circonscrites d’un et de deux côtés; II. des surfaces planes, non circonscites, circonscrites d’un et de deux côtés; III. des surfaces d’une largeur minimum de I milli- mètre; d) limer à la dimension requise des surfaces planes, non cir- conscrites selon la norme 6 (ISA) : minimum, O,OI millimètre; e) limer à la dimension requise des surfaces circonscrites d’un ou de deux côtés, selon la norme 7 (ISA) : minimum, 0,02 millimètre. Fraiser aux dimensions voulues avec un foret cylindrique et conique. Riveter de petits rivets et chevilles : diamètre minimum, 0,05 milli- mètre. Cintrer et redresser des matériaux légers, à froid. a) souder au cuivre et à l’argent; b) braser l’acier et le cuivre; c) utiliser correctement les feux. Cémenter, recuire, tremper et faire revenir des pièces. Conduire un tour (description détaillée). Conduire un étau-limeur (description détaillée). Conduire une fraiseuse (description détaillée). Conduire une rectifieuse pour des opérations simples. Démontage : a) démonter dans l’ordre les éléments de la machine et les ranger (pour les entreposer, si besoin est). - .

Selon les besoins particuliers des entreprises intéressées, il est possible d’ajouter d’autres opérations à cette liste (description détaillée).

ROYAUME-UNI

Programme d‘un cours Pratique de mécanique l. Le programme se divise en deux parties (1 et II) suivies, éventuellement, d’études facultatives plus spécialisées. Il est destiné à compléter et non à remplacer la formation de l’apprenti dans l’industrie, et à l’aider ainsi à acquérir à la fois une compétence pratique dans les domaines de l’ajus- tage, du tournage ou de l’outillage, et des connaissances théoriques de base en matière de science et de technologie. O n devrait consacrer entre 500 et 650 heures à l’enseignement corres-

pondant à la première partie, et autant à la seconde partie - ces cours étant répartis sur 2 ans dans le cas d’études à temps partiel dans la journée, et sur 3 ans dans le cas des cours du soir. Les travaux d’atelier devront représenter au moins 60 % de ce total. D e 250 à 325 heures devraient être consacrées au cours supplémentaire suivi après la seconde partie. L’horaire hebdomadaire approximatif des matières enseignées est le

suivant : enseignement pratique, travaux pratiques en atelier, 4 à 5 heures; enseignement professionnel théorique, en partie à l’atelier, en partie en classe, I à 2 heures; études connexes, principalement sciences et arithmétique, I heure; enseignement général (correspondance, instruction

I. City and Guilds Syllabus. no 193 (mechanical engineering craft practice course).

209

Annexe II

civique, orthographe, utilisation des loisirs, industrie locale, Iégis- lation des loisirs, industrie locale, législation industrielle, etc.), Iheure; soit un total de 8 heures. Les examens, qui ont lieu à la fin de la première partie (au bout de

2 ans) et de la seconde partie (au bout de 4 ans), portent a) sur l’enseigne- ment pratique : exécution d’un travail d’atelier (20 heures); 6) sur l’enseignement professionnel théorique et sur les études connexes.

L’enseignement générai ne fait pas l’objet d’un examen. L e s cours supplémentaires ( I an) sont sanctionnés par deux composi-

tions écrites et ne comportent pas d’examen pratique. Ce programme permet au candidat de se spécialiser : a) dans l’ajustage; 6) dans les machines; ou c) dans l’outillage.

SUÈDE

Cours d‘enseignement commwcial de 2 a m pour bs élèves ayant terminé leur formation générale à 16 ans

Matières

Nombre moyen de leçons par semaine

Première annke Deuxième année

Matières obligatoires

Suédois et correspondance commerciale Anglais Tenue des livres Comptabilité commerciale Connaissances commerciales Travail de bureau Géographie économique Études sociales Dactylographie Écriture (normale et en grosse) Éducation physique

TOTAL a

Matières à option ou subplémntaires

5 1 2 -

33

Cours d’anglais supplémentaires 2-3 Allemand 3-4 Sténographie 2-3 Cours de dactylographie supplémentaires 1 Utilisation des machines à calculer Étalages et affiches 1-2

-

a. Le total des leçons obligatoires pour les deux années est de 37 par semaine.

4 5 4 5 3 2 2 2

5 - 2

34

2-3 3

2-3 1 1

1-2

210

Programmes types pour l'enseigmment prof~sssionnel

TCHÉCOSLOVAQUIE

Apprentissage

Programme depréj?aration eri 3 ans d la sjkialisation 042.2 (Ajusteur et me'ca- nicien a)

Nombre d'heures par semaine

Première Deuxième Troisième (heures) Matières Total

année année année

Langue maternelle et littérature 2 Russe 1 Intruction civique 1 Mathhatiques 2 Physique 2 Dessin technique 3

Technologie 3 Machines et outillage - Organisation et planification - Éducation physique 3

Matériaux 1

Formation technique 18 21 2

TOTAL 36 39

1 1 1 1 1 1 - 2

2 2 28 2 - 42

200 120 120 200 200

240 80 320 160 80

3 400 280

5 400

Matières à option

Troisième langue vivante 2 2 2 240

Sports et jeux 2 2 2 240 Travaux de laboratoire - 2 2 I 60

a. Cette formation s'adresse A la fois aux garçons et aux filles. Source : Bulletin du ministère de l'Éducation. Mise en vigueur : ier septembre 1962.

211

Annexe Il

Programme de préparation d la spécialisation 1308 (Mécanicien agricole a)

Matières Nombre d'heures par semaine -

Première année Deuxième année

Langue maternelle et littérature Russe Instruction civique M a thématiques Physique Chimie Éducation physique Culture Élevage Mécanique Organisation et économie Travaux pratiques en atelier Formation technique

TOTAL

Matières à option

Vie familiale et économie ména-

Mathématiques Sports etjeux

gère

2 2 I 1 1 1 2 1 2 1 1 1 3 2 3 2 3 2 1 3

3 2 18

- 2

- '5 - 37 38

3 2 2

3 2 2

a. Cette formation s'adresse à la fois aux garçons et aux filles. b. Garçons (travail des métaux, travail du bois et sellerie) ;

Source : L'e'ducation en Tchécoslovaquie. Vodinsky, Prague, 1963, filles (couture, cuisine, arts ménagers, etc.).

Comme on le voit, cet enseignement ne dure que z ans. O n peul y ajouter une année de spécialisation supplémentaire (par exemple : apiculture, aviculture ou conduite de machines lourdes telles que les moissonneuses- batteuses). Ce cours de 3 ans est en fait polyvalent.

Programmes types pour l’enseignement professionnel

UNION DES RÉPUBLIQUES SOCIALISTES SOVIÉTIQUES

Nouveau @je d’école professionnelle (P TU)

Cours de 3 ans pour la formation d’ajusteurs

Matiéres Nombre d’heures

Enseignement pratique ?i l’école Enseignement pratique dans l’industrie productive

TOTAL

Technologie spéciale Tolérances et instruments techniques Technologie des métaux Mécanique Électrotechnique et électronique Mathématiques Mécanisation et automatisation Organisation et économie de la production Sciences sociales Éducation physique Enseignement artistique et esthétique“

I 611 1 354 - 2 965

421 78

1 1 7 156 121 I I 2 I 08

I 82 I 88 188

48

TOTAL a. Matières facultatives.

1719

Formation individuelle et en équ$e d’un monteur-électricien spécialisé dans le montage de matériel électriqw (durée approximative des cours : 6 mois)

Matières Nombre de jours

Enseignement pratique

Travaux pratiques, connaissances de base Expérience pratique du montage de matériel électrique

Travail de montage simple effectué par l’apprenti Examen

(deuxième catégorie)

TOTAL

2

98 49 1 -

150

Enseignement théorique

Connaissances techniques fondamentales Structure et organisation Sécurité, hygiène et précautions contre l’incendie Utilisation des matériaux Lecture de dessins techniques Électrotechnique Procédés de montage (industrialisation et mécanisation) Montage de matériel électrique Organisation et gestion de la construction Revision et enregistrement

Nombre d‘heures

2 4 IO 20 24 40

66

4

12

IO

TOTAL 192

École pr0fessionnelle pour la formation en 3 ans de conducieurs de tours autorna-

Programmes des 3 années d’études

tiques

Matières Nombre d’heures

Matières iechniques

Formation industrielle Machines-outils, théorie de la coupe des métaux Technologie du tournage automatique Tolérances, ajustages, mesures

2 974 161 259 78

Mat&es génirales

Mathématiques Technologie des métaux Mécanique technique Dessin technique Électricité et électrotechnique Mécanisation et automatisation de la production Organisation et économie de la production Éducation physique Études sociales Enseignement artistique

112 112

156 156

48

126 I 08

188 188 188

I 382

TOTAL 4 854

I. Extrait de : Emeignement professionnel et technique en URSS, p. 48. Moscou, 1962.

214

Programmes types pour l’enseignement professionnel

YOUGOSLAVIE

Exemple d’une école professionnelle à plein temps en .7 ans, avec formation pra- tique en atelier

Conditions d’admission : 8 années d’études primaires. Les travaux pratiques sont effectués dans des entreprises industrielles locales, sur des chantiers de construction, des fermes et/ou dam les ateliers de l’école.

Programme d’un cours pour la formation d’ouvriers métallurgistes

Nombre d’heures par semaine

Matières Première Deuxième Troisième année année année

Matières thdoriques

Langue maternelle Mathématiques Instruction civique et écono- mie nationale

Éducation physique Instruction prémilitaire Mécanique appliquée Dessin technique Machines, machines-outils et

Notions élémentaires d’élec- production mécanique

trotechnique

Enseignement pratique

TOTAL

2

3

- 2 - 2 3

3

2

2 2

4

2 2

3

17 18 18

Après avoir reçu cette formation, les élèves prennent un emploi dans l’industrie et peuvent continuer leurs études, dans des cours du soir, pour obtenir le titre de travailleur hautement qualifié ou de technicien.

2’5

ANNEXE III

PROGRAMMES TYPES POUR L'ENSEIGNEMENT TECHNIQUE

RÉPUBLIQUE FÉDÉRALE D'ALLEMAGNE

Programme &fie d'une Ingenieurschule à 6 semesires d'études : section Maschinen- bau (constructions de machines)

Objet : formation de techniciens supérieurs (Ingénieur). Durée des études : 3 ans à plein temps. Conditions d'admission : un diplôme d'études professionnelles (Fachschul-

reaye ou Mittlere Reife) et la formation pratique requise dans chaque cas.

Nombre de leçons par semaine"

Matikres

Anglais Sciences économiques Autres matières d'enseignement général

Mathématiques Physique Mécanique appliquée Thermodynamique Principes d'électrotechnique Chimie et matériaux Techniques de production Conception des machines et métrologie

Cinématique Production industrielle Machines à vapeur Turbines à vapeur

Programmes irpes pour l’enseignement technique

Nombre de leçons par semainen

Matières

Machines thermiques Turbines hydrauliques Machines-outils Théories des échanges de chaleur Laboratoire thermique Grues et charpentes Électrotechnique Cybernétique - TOTAL

a. Leçons d’une dude de 50 minutes chacune.

Formation de techniciens subalternes1

Le programme type d’une Fachschule (enseignement à plein temps ou cours du soir) est le suivant. Objet : formation de techniciens industriels, subalternes (Betriebs- techniker) .

Durée des études : cours de jours : z semestres de 20 semaines chacun (36 leçons par semaine) ; cours du soir : 6 semestres de 20 semaines cha- cun ( 1 2 leçons par semaine).

Nombre total de leçons : I 440 dans chaque cas. Conditions d’admission : titre d’ouvrier qualifié et une année d’expérience dans un métier en rapport avec la spécialité; ou un certificat de fin d’études d’une Realschule, plus 2 ans d’expérience pratique; ou un diplôme d’études professionnelles (Fachschulreife) ; ou un cours d’apprentissage (Anlernling) et 2 ans d’expérience pratique. Les élèves doivent, en outre, subir un examen d’entrée.

Sanction des études : les élèves qui réussissent à l’examen d’État ont droit au titre de Betriebstechniker.

I. Renseignements fournis pnr la Fachschule de Bochum.

Annexe III

Matières

Nombre de leçons par semaine

Enseigmmnt général

Allemand I - I - I - 3 Initiation à l’industrie I - 1 - - 2

Enseignement technique de base

Mathématiques 2 2 2 Géométrie descriptive - 2 2 Physique et chimie 2 - - Thermique industrielle 2 - - Mécanique _ - 1

Électrotechnique 2 2 - Installations énergétiques - -

Métrologie 2 - -

Résistance des matériaux - - 1

2 Matériaux et méthodes d’essai I 2 - Machines-outils - I I

- 2 1 -

_- 2 8

4 - - 2 2

_ - - -

I - 4 2 2 6 2 - 6

3 2 2 8

2 4

2 _ - _ - -

Enseignement industriel

Statistiques techniques - - - 2 - - 2 Nomographie appliquée _ _ 1 2 2 2 7 Étude du travail _ - 1 2 2 2 7 Travail - 2 - - - - 2

TOTAL 12 12 12 12 12 12 72 ------ -

218

Programmes types pour l’enseignement technique

ÉTATS-UNIS D’AMÉRIQUE

Formation de techniciens Programme type de 2 ans, de niveau postsecondaire, pour l’étude de l’électroniquea.

Horaire hebdomadaire

Programme

PREMIÈRE ANNÉE Premier semestre

Mathématiques techniques Courant continu (circuits et machines) Sciences sociales Dessin technique Techniques d’expression

TOTAL Deuxième semestre

Mathématiques techniques Circuits variables dans le temps Principes d’électronique Procédés d’atelier Rédaction de rapports techniques Analyse graphique TOTAL

SECONDE ANNÉE Troisième semestre Sciences de l’ingénieur Tracé de circuits Conception de circuits électroniques Émetteurs (théorie et fonctionnement) TOTAL

Quatrième semestre Rapport de recherches Ultra-hautes fréquences et micro-ondes Circuits de télévision Électronique industrielle TOTAL

4 3 3

3 ‘4

I

-

4 3 3 O I 1

12 -

3

3 3

1

- IO

O

3 3 3 9 -

O 6

6 O

O

12 -

O 6 6 3 O 3 18 -

3 3 6 6

1%

6 6 6 6

24

-

- a. U.S. Dept. of Health. Education and Welfare, OE-80009, 1960.

a 6 6

6 28

8 6 6

2

-

1 2 2 - 25

6

6 6

2

- 20

3 6 6 6 - 21

‘2 15 9 9 9 54 -

12

‘5 15 4 3 6

55 -

12 6 ‘5 15 - 48

9 15 ‘5 ‘5 54 -

4 5 3 3 3 18 -

4 5 5 1 1 2 -

4

5 5 16

2

-

2

5 5 5 17 -

Annexe III

Technologie de construction (programme de z années d‘études à plein temps l) Ce programme a pour objet de préparer des étudiants ayant obtenu leur diplôme de fin d’études secondaires à devenir les assistants d’archi- tectes, d’ingénieurs, de métreurs, etc., dans le domaine du bâtiment. Les titulaires du diplôme exercent les métiers suivants : dessinateur de détails (constructions métalliques), essayeur de béton, dessinateur d’architecture, géomètre adjoint, etc.

Horaire hebdomadaire

Cours Laboratoire Credits Cours obligatoires (4 semestres)

Dessin projectif Techniques de la construction Éléments de construction Architecture des petites maisons

Méthodes et pratiques de

Statique et résistance des matériaux Architecture industrielle Fabrication de structures en acier Détails des constructions en acier

Levés de plans (notions élémentaires) Conception de structures en acier Évaluation des coûts de construction Détail des structures en acier Topographie (routes) Conception de structures de béton

Mathématiques 1 Mathématiques II Physique Matières à option Arts d’expression Sciences sociales

TOTAL des credits exigés

d’habitation

construction

(notions élémentaires)

armé

- 2 2

1

3 5 1 1

1 1

5 1 1 1

5 4

3

6 9

2

1

3 2

3

4 5 3 2

2 2

5 2 2 2

5 4

4

6 9

2

- 69

Le nombre minimal des heures de cours s’élève donc à 93, réparties en 4 semestres, à raison de 23 h 15 par semaine, ce qui laisse à l’élève quelque liberté pour étudier d’autres matières facultatives ou suivre des cours de rattrapage.

I. D’après la liste des cours du N e w York City Community College.

220

Programmes &@es Pour l’enseignement technique

Admission à partir de 18 ans, après avoir obtenu le diplôme de fin d’études du second degré. Ce programme est accepté par 1’Engineers Council for Professional

Development (ECPD) et permet d’obtenir un Associate Degree in Applied Science (AAS), sous le contrôle du Board of Regents de l’université de l’État de New York.

FRANCE

Lycées techniques : formation de techniciens

Cet enseignement conduit au brevet de technicien. Il permet aux élèves de choisir d’autres options par la suite. Admission par concours en classe de seconde (vers 15 ans) d’élèves venant des collèges d’enseignement général ou des lycées modernes, mais une réforme actuellement à l’étude prévoit que les notes obtenues par l’élève au cours de ses études précé- dentes, si elles sont satisfaisantes, seront acceptées comme critère d’admission.

Horaire hebdomadaire

Nombre d‘heures par semaine

Matières

Mathématiques Sciences physiques et naturelles Mécanique Électricité Français Histoire, géographie, instruction civique Langues vivantes Dessin d’art Législation et problèmes économiques Dessin technique et industriel, projets Technologie professionnelle Atelier Éducation physique

TOTAL

5 4 4 4 _ - -

6 4 4 2 4 3 2 2 __ - 3 3 1 3 4 10 4 4

37 39 --

a. Les chiffres entre parenthèses, relatifs à la classe de seconde, correspondent aux nouveaux horaires appliqués depuis 1964-1965 (voir Journal &ciel du 19 juillet 1964).

Annexe III

Lorsque l’établissement applique le programme commun du premier cycle des collèges d’enseignement secondaire (élèves de I I à 15 ans), le pro- gramme des classes de 4e et de 3e comporte moins de technologie et davan- tage d’enseignement général, l’équilibre étant rétabli au cours des années suivantes.

Horaire hebdomadaire type des sections préparatoires au brevet de technicien supérieur 0.

Nombres d’heures par semaine

TS I T S Z Matières

Programme commun

Français, sciences humaines et économiques

Langues vivantes Sciences physiques Mathématiques Organisation du travail

TOTAL

Programme spécialisé

Mathématiques Mécanique (et résistance des matériaux)

Béton armé Topographie Dessin technique et industriel, projets

Bâtiment Stages sur le chantier Métré Art et architecture

TOTAL

3 3 2 2 2 2 2 2 1 1 - - IO IO

2

I 1 2

7 4 6 2 2 - 27

2

7 5 6 2 2 - 27

a. Comprend z ans d’études B plein temps faisant suite aux 5 ms (13-18 ans) ou aux 3 ans

b. Exemple choisi : bâtiment. (15-18 ans) de préparation des techniciens (TSI et TSz).

Ces horaires comprennent IO heures hebdomadaires d’enseignement général commun à toutes les sections et 27 heures hebdomadaires d’ensei- gnement professionnel spécialisé, soit un total hebdomadaire de 37 heures.

222

Programmes types pour l’enseignement technique

ITALIE

Programme tybe d’études à plein temps pour la formation en 5 ans de u techni- ciens D de l’krgie nucléaire @

Nombres d‘heures par semaine

Matières

Enseignement général Instruction religieuse I I Italien 5 5 Histoire et instruction civique 2 2 Géographie 3 - Mathématiques 5 4 Physique 3 3 Sciences - Chimie - Dessin technique 6 4 Langue vivante 3 3 Langue vivante (terminologie technique) - -

Droit et économie -. -

3 3

1

2 3 - -

1

2 3 -

1

2 3 -

5 - 19 EO 10 O 3 0

3 0 3 0 IO G

s Eoo 6 EO

2 0 2 0

2 - - 2

Enseignement spécialisé Mathématiques Chimie organique Physique atomique et appareils Électrotechnique et mesures Électrotechnique et mesures nu-

Centrales nucléaires et technologie

Appareils de contrôle et servomé-

Mécanique et machines Conception technique

cléaires

pertinente

canismes

8 EO 3 0

I I OP I I EOP

17 EOP

6 0

4 3 4 8

4 - 3 3

4 - 8 9

4

4

3 32

- -

2

- 3

32

2 - - 2 4 32 -

28

Enseignement pratique Atelier 6 8 4 4 4 Éducation physique 2 2 2 2 2

TOTAL 36 38 38 38 38 -----

Q. Programme de l’Institut0 Tecnico Feltrinelli, Milan. b. Abrkviations utilisées dans la dernière colonne ci-dessus : EO = Écrit et oral O = Oral G = Graphique P = Pratique

26 P IO P -

I 88

Annexe III

PAYS-BAS

Programme d'une école technique sufiérieure (hogere îechnische schod, HTS) , menant au diplôme de technicien supérieur au terme d'un cours de mécanique indus- trielle

Nombre de leçons par semaineR Matiéres

Année Ire année 20 année 48 année b préparation

Néerlandais Anglais Allemand Instruction civique Education physique Organisation industrielle Matières à option Mathéma tiques Résistance des matériaux Physique et thermique Chimie Construction Electrotechnique Dessin technique Atelier

TOTAL

4 7

5 - -

4 4 -

36

- 6 3 3

6

8 6

39

2

-

-

a. Leçons de 50 minutes. b. La troisieme année est consacrée à un stage dans l'industrie.

1

I

I 2

3 4 3

9

7 6

39

2

-

-

1 I 1 1

3 - 1 2 1

'3

13 2

- - 39

ROYAUME-UNI

Progr arnrne de jorinatiovi de tcchniciem e n riiécaniqiie industrielle l.

La partie 1 correspond aux besoins des apprentis et des techniciens du premier degré. Elle forme un tout en soi, mais elle constitue également une préparation à la partie II, qui permet de poursuivre des études techniques de caractère général, tout en choisissant une spécialisation.

Il existe une troisième section, formant des techniciens d'un niveau plus élevé, qui comporte l'étude de la technologie appliquée et permet d'obtenir Ie Full Technological Certificate. Le programme est conçu pour être étudié à temps partiel, par des élèves

I. City and Guilds Syllabus. no 293.

Programmes types pour l’enseignemsnt itchnique

libérés de leur emploi un jour par semaine (&y release), ou pendant certaines périodes déterminées (block release), ou suivant des cours d’un autre type comprenant la fréquentation d’un établissement scolaire et la formation dans l’industrie. La partie 1 du programme comprend de 550 à 650 heures de cours,

qui s’étendent sur 2 années d’études à temps partiel pendant la journée ou 3 années d’études à temps partiel le soir.

Les matières enseignées sont les suivantes : techniques et pratique d’atelier (25 y0 du nombre d’heures total); dessin technique et études de matériaux; sciences de l’ingénieur (la moitié du nombre d’heures total est consacré aux exercices de laboratoire ou aux travaux de démons- tration) ; mathématiques; études sociales; plus une matière à option (60 heures d’enseignement), choisie parmi les suivantes : matériaux non métalliques; électricité (théorie et pratique) ; production d’énergie; physique fondamentale; matières premières; fusion et pièces coulées ; façonnage et assemblage; autres matières sur demande. La partie II du cours doit comprendre normalement entre 500 et

650 heures d’enseignement, réparties sur 2 ans pour les élèves étu- diant à temps partiel pendant la journée et sur 3 ans pour ceux qui suivent des cours du soir.

Les matières enseignées sont les suivantes : technologie des travaux d’atelier (ou une technologie de spécialité) ; constructions mécaniques et matériaux; sciences de l’ingénieur; mathématiques; études sociales; plus une matière supplémentaire, dite (( technologie appliquée )) (70 heures d’enseignement). L‘étude de cette dernière matiàe peut être différée jusqu’au moment où l’élève a terminé la seconde partie du programme. Elle comporte principalement l’élaboration de projets et des vérifications effectuées en laboratoire par de petits groupes d’élèves. La partie III du programme devrait occuper au minimum 240 heures

d’enseignement; elle comprend : a) l’étude d’une technique spécialisée, par exemple : projets de gabarits ou d’outils, projets de constructions mécaniques, projets de moules en plastique ou traitement thermique des métaux, etc. ; b) 70 heures de technologie appliquée D, lorsque l’élève n’a pas suivi ces cours en étudiant la partie II.

L’élève qui termine la troisième partie du programme avec de bons résultats reçoit un Full Technological Certificate décerné par le City and Guilds of London Institute. Ceux qui ne terminent que la première ou la seconde partie reçoivent des certificats du niveau correspondant.

Le s élèves qui possèdent d’autres titres du même niveau peuvent être admis directement en seconde ou troisième année du programme ci- dessus.

Programme type pour la prc‘paration de 1’0rdinay National Certifcate de mécanique industrielle et du Higher National CertGcate d’électrotechnique

L’exemple ci-après indique quel genre de cours à temps partiel suit un élève qui désire obtenir le Higher National Certificate d’électrotechni- que. Ceux qui aspirent à devenir membres associés de l’Institution of

Electrical Engineers doivent étudier certaines disciplines supplémentaires exigées, comme il est indiqué ci-après. Conditions d’admission : pour I’Ordinary National Certificate de

mécanique industrielle être titulaire d’un General Certificate of Educa- tion (4 matières) ; pour le Higher National Certificate d’électrotechnique avoir suivi avec succès un cours préparatoire de mécanique industrielle (2 ans d’études à temps partiel). Fréquentation : I jour entier plus I soirée par semaine pendant 35 semai-

nes de l’année.

Préparation de l’ordinary National Certificate (section électrotechnique)

Année Matières Nombre d‘heures par semaine

Première année (0.1) Mathématiques 1 Physique 1 Électrotechnique Mécanique industrielle Enseignement général

TOTAL 8 314

Deuxième année (0.2) Mathématiques II 1 314 Électrotechnique (A) 1 314 Électrotechnique (B) . 1 314 Physique II 1 314 Enseignement général 1 314

TOTAL 8 314 -

A ce stade, les élèves sont prêts à se présenter à I’Ordinary National Certificate d’électrotechnique. Ceux qui auparavant désiraient ensuite obtenir le titre d’Associate

Member de l’Institution of Electrical Engineers devaient également à ce stade suivre des cours de physique (thermique, optique et acoustique) et de mécanique, ce qu’ils pouvaient faire, soit au cours d’une année supplémentaire d’études, soit au cours des années 0.2 ou A. I (Higher National Certificate) respectivement.

226

Programmes types pour l’enseignement technique

Préparation d‘un Higher National Certificate (section électrotechnique) a

Année Matières Nombre d‘heures

Première année (A. 1) Mathématiques 2 Électrotechnique 2

rieure 2 Deuxième année (A. 2) Mathématiques 2

Électrotechnique 2

sures électriques 2

Mécanique ou physique supé-

Technologie de l’énergie élec- trique ou électronique et me-

a. Fréquentation : I jour par semaine pendant 36 semaines de l’année, plus cours du soir facultatifs.

~~ ~ ~ ~~ ~ ~~ ~~

A ce stade, les élèves sont prêts à se présenter au Higher National Certi- ficate d’électrotechnique. Ceux qui souhaitaient devenir (1 membres associés 1) de l’Institution of

Electrical Engineers doivent étudier certaines disciplines supplémentaires, qui figureront sur leur certificat - à savoir : physique supérieure II, électrotechnique supérieure, exercices de laboratoire (niveau supérieur) - et suivre deux cours choisis dans la liste suivante : électronique appli- quée, mesures électriques, fourniture d’électricité, utilisation des instal- lations électriques, machines électriques, communications par ondes hertziennes et par fil, jusqu’à ce qu’ils aient complété toutes les matières qui autrement seraient exigées pour la troisième partie de l’examen de l’Institution. Certaines de ces matières peuvent être étudiées pendant les années A. I et A. z au moyen de cours du soir supplémentaires. L’ensemble de ce programme répond ainsi à deux objectifs : a) en tant

que programme terminal, il permet de former des techniciens du niveau ordinaire et supérieur; 6) il ouvre une seconde voie aux élèves qui dési- rent devenir ingénieurs en titre. (La qualité de (( membre associé II n’est accordée qu’aux personnes ayant occupé au moins 2 ans dans l’industrie électrotechnique une situation comportant des responsabilités.)

SUÈDE

Exemples de deux programmes d‘études à plein temps d‘une durée de 3 ans dans un tekniskt gymnmium (section de mécanique industrielle et section des télécommunications) Conditions d’admission. A partir de 16 ans, pour les élèves sortis avec le minimum de points requis d’une grundskola (anciennement reaiskola), et après une sélection à l’entrée du tekniskt gymnasium. A la fin du programme, les élèves reçus à l’ingenjorsexamen peuvent

entrer dans une tekniska hogskola (institut technologique de niveau universitaire)

Annexe III

228

Programmes &fies pour l’enseignement technique

Le nouveau gymnasium technique de 4 ans Admission à partir de 16 ans des élèves sortant d’une école polyvalente (grundskola) qui ont suivi avec succès, pendant leur ge année d’études, le cours de préparation au gymnasium. Toutes les sections techniques auront un programme commun d’ensei-

gnement général et d‘études scientifiques de base. Les programmes ne différeront qu’en ce qui concerne la technologie de spécialité qui variera selon l’option choisie (mécanique, électricité, bâtiment, chimie, etc.).

Nombre de leçons par semaine Matières

1’9 année 28 année 38 année 4 O année Total

Programme commun Suédois Anglais Seconde langue vivante Histoire Ergonomie Instruction civique Mathématiques Physique Chimie Technologie Économie industrielle Éducation physique Option

Technologies de spécialité

TOTAL

3 3 3 2 - 3 5

6

.3

2 112 2 112

-

1 - 34 - - 34

3

3 2

2 - - 5 4 4 5

3 - 1

32 - - 32

5 29

8 5 6 4

5 16 IO 112 6 112

3 8

2

I I

3 112

4’ 112

~

88 112

34

Source : D’après Ecklesiastikdepartmentet, Larqplanftir Gymnusiet, p. $3, Stockholm, 1963.

Pour la section des mécaniques industrielles, le programme détaillé des cours de technologie de spécialité pendant les 3 e et 4e années d’etudes est le suivant :

Matières Nombre d‘heures par semaine

36 année 48 année Total ~~ ~~

Construction 5 112 5 112 I I Énergie 2 5 7 Production 3 7 112 IO 112 Dispositifs de commande - Électrotechnique 2 2 4 Travaux pratiques -

4 4

5 5

TOTAL

Annexe III

La nouvelle Fackskola

Horaire proposé pour une Fackskola technique, programme commun à toutes les sections techniques (bâtiment, mécanique, électricité, chimie, etc.)

Matières Nombre de leçons par semaine

1'- annke 2% .année

Programme commun

Suédois Anglais (ou allemand) Instruction civique Éducation physique Mathématiques, physique, chimie Ergonomie

Enseignement spécial&

TOTAL

4 3

3 -

12

- 22 12

13 23

35 35 - -

Source : D'après Ecklesiastikdepartmentet, Fackskola, p. 292, Stockholm, I 963.

A titre d'exemple, voici le détail de l'enseignement spécialisé pour la section bâtiment (sous-section : construction de maisons d'habitation)

Matières Nombre de leçons par semaine

1'0 année ze année

Programme commun 22 12

Enseignement spécialisé

Science de la construction Construction de bâtiments Production et organisation Plans de constructions Conception des constructions Matériaux et structures Routes, drainage, etc.

6 TOTAL

Programmes types pour 1 'enseignement iechnique

TCHÉCOSLOVAQUIE

Ecoles professionnelles du second degré (enseignement technique)

Programme des cours de technologie mécanique

Nombre de leçons par semaine

Matières

Langue maternelle et littérature Russe Histoire Géographie économique Instruction civique Mathématiques Physique Chimie Économie politique Technologie électrique Dessin technique Mécanique Éléments de machines Théorie des machines Technologie Organisation et économie des entre-

Travaux de laboratoire Formatique pratique en atelier a Formation opérationnelle a Éducation physique

prises

TOTAL

Matières facultatives

Troisième langue vivante Mathéma tiques Physique Sports et jeux

3 2 2 2 9 2 2 2 2 8 2 2 - - 4

4 5 3 3 - I I

4 - - - 4 4 - - - 4

3 2 - 5 4 2 - - 6

2 - 2 _ _ 1 1 I 1

2 - 2 _ _ - - 5 3 - 8 - 6 5 - I I

3 3 3 8 1 7 4 8 12 - _

4 4 4 4

5 4 4 4 1 7

3 3 3 2 I I

36 36 36 36 '44

_ - - - - - - - - I I

---- -

2 2 2 2 8 _ - - 2 2 2 _ - - -

2 2 2 2 8

a. Avec 3 semaines supplémentaires de stage B plein temps après la I ~ ~ , la z' et la 3e année d'&des.

Annexe III

Pro.crammes tybes bour l’enseimement technique

UNION DES RÉPUBLIQVES SOCIALISTES SOVIÉTIQVES

Programme de préparation à plein temps au brevet de technicim (spécialisation no 0555 : u Chaudières D) dans un technicum Conditions d’admission. A la fin de la 88 année d‘études, c’est-à-dire après des études secondaires u incomplètes )).

Durée des études : 4 ans et 4 mois au total, y compris : a) les stages à l’usine pour obtenir le titre d’ouvrier qualifié ou pour se spécialiser dans la branche choisie; 6) le temps consacré à la préparation du projet ha1 exigé pour le diplôme. Pendant ses stages à l’usine, l’élève assiste à 12 heures de classe par semaine ou suit des cours par correspondance.

Nombre de Selnaines

Matières Nombre de semaines Matières

Première année Premier semestre Cours Vacances

Cours Examens Formation pratique a Vacances

Deuxième semestre

Deuxième année Troisième semestre Cours Formation pratique <1 Vacances

cours Examens Formation pratique a Vacances

Quatrième semestre

‘9 2

17

4 8

52

2

-

16 3 2

18

3 8

52

2

-

a. Stages P l’usine pour obtenir le titre d’ouvrier qualifié.

6. Formation pratique. c. Quatre mois seulement. d. Stages à ïusine pour se spécialiser

dans la branche choisie.

Troisième annke Cinquième semestre Cours Examens Formation pratique a Vacances

Cours Examens Formation pratique Vacances

Sixième semestre

Quatrième année Septième semestre Cours du soir Examens Stage à l’usine

Huitième semestre Cours du soir Examens Stages à l’usine Vacances

Cinquième année Neuvième semestre Stage à l’usine Projet final

‘4

4 1

2

‘3

8 8

52

2

-

20 1

20

20 1

26 4

52 -

9 8

17 -

Annexe III

I I I I IMFJI

Q) m * m *Co

(0 w

?am

&

al u)

ma

l

**

W-

al

0

**

kW

m

0

m N

N

*- w

234

Programmes tvpes pour E'emeignemmt technique

235

Annexe III

Programme Qpe de 2 ans pour la section a bâtiment1 industriels et travaux publics n dans un technicum (sfiécialisation n0 1202)

Conditions d'admission : Avoir terminé ses études secondaires (10-1 I ans de scolarité).

Durée des études : La formation s'étend sur 2 ans et IO mois, y compris a) les stages sur les chantiers pour obtenir le titre d'ouvrier qualifié ou pour se spécialiser dans la branche choisie; b) le temps nécessaire à la préparation du projet final exigé pour le diplôme. Pendant la durée de son emploi au chantier, l'élève suit des cours du soir (1 6 heures par semaine) ou des cours par correspondance.

Matiéres Nombre de semaines Matières Nombre de

semaines

Première ande

Premier semestre cours Formation pratique 5 Vacances

Cours Examens Formation pratique a Levés de plans sur

Vacances

Deuxième semestre

le terrain

'5 4 2

16 2 2

3 8

52 -

Deuxiéme année

Troisième semestre Cours Formation pratique Vacances

Quatrième semestre Formation pratique a Emploi au chantier Examens Vacances

Troisième année b

Cinquième semestre Emploi au chantier Vacances

Emploi au chantier Examens Formation pratique b Projet pour I'obten- tion du diplôme

Sixième semestre

'5 4 2

8 '4

8

52

1

-

'9 2

8

6

8

44

1

-

u. Stages SUI les chantiers pour obtenir le titre d'ouvrier qualifié. b. Dix mois seulement. c. Stages sur les chantiers pour se spécialiser dans la branche choisie.

236

Programmes types pour l'enseignement

technique

Annexe III

Programmes types gour l’enseignement technique

YOUGOSLAVIE

Programme &fie pour la formation de techniciens

Programme de 4 années d‘études à plein temps, après 8 années d’études du premier degré.

Matières Nombre d‘heures par semaine

ire année 20 année 38 année 4* année

Serbo-croate Langue étrangère Histoire, instruction civique, économie

Mathématiques Physique technique Chimie Mécanique Dessin technique et géométrie Machines : notions générales Matériaux (essais) Production et organisation Hygiène et sécurité Traitement des matériaux Organisation des ateliers Production d’énergie Vérifications Entretien et réparations

TOTAL 29 + 4

33 26 + 8

34

3 3 2 2

-- 23 + 12 20+ 14

35 34

a. L e deuxième chiffre concerne les travaux pratiques.

ANNEXE IV

EXEMPLES D’ÉPREUVES IMPLIQUANT U N CHOIX OU D ’ A U T R E S ÉPREUVES DE FORME (( OBJECTIVE ))

EMPLOYÉES DANS LES EXAMENS

ÉTATS-UNIS D’AMÉRIQUE

Extrait d‘une épreuve d’électronique destinée aux élèves d%ne école technique d z andes d‘études (16-18 ans) et portant sur les notions de base relatives au courant continu 1. I. Si une résistance de IO ohms et une résistance de 20 ohms sont montées en parallèle sur une pile de 6 volts, faut-il, pour mesurer l’intensité du cou- rant dans la résistance de IO ohms monter l’ampèremètre : a) en dérivation sur la résistance de IO ohms; 6) en dérivation sur la pile; c) en série avec la résistance de IO ohms; d) en série avec la résistance de 20 ohms; e) en dériva- tion sur la résistance de 20 ohms ? (Marquer d’une croix la bonne réponse.)

Extrait d’une épreuve de physique destinée aux élèves d’un cours postsecondaire de z ans (18-20 ans) organisé dans un institut technique a Le coefficient de dilatation linéaire de l’acier étant de 6, I x ~o-e/oF, quelle marge de dilatation faut-il prévoir pour un pont de I ooo pieds soumis à des températures variant entre -20 O F et 1160 O F : a) 0,502 pieds; b) 0,610pieds; c) I,I pied; d) 1,625 pied?

U n mouvement ondulatoire transmet toujours : a) des impulsions sonores; b)de l’énergie; c) des ondes transversales; d) de la matière?

Extrait d‘une épreuve de mathématiques (Cours L soir pour la fôrmation de techniciens 8)

Soit un triangle ABC dans lequel AB = 1, I ; BC = 5,3 et AC = 3,4. La surface de ce triangle s’exprimera par le chiffre : a) I I ; b) 29;

c) 8; d) 3; e) par un autre chiffre?

Extrait d’une t‘preuve portant sur la technologie électronique et destinée aux élèves d’un cours de z ans (16-18ans) organisédansune AreaTechnical HighSchool (ci-contre).

Extrait de la même épreuve :

I. Forbes Traii Area Technical School, Pennsylvanie. 2. Southem Technical Institute, Géorgie. 3. Lowe11 Institute Çchool.

TEST SUR LES EMPLOIS DES RÉSISTANCES' Foire fiaurer dons chacune des cases en blanc la lettre désignant le diagramme auquel s'applique la définition

A

B

D

F m H

G 3 Vol tmèire 2

~~~~ - ~

- - 1. D'oprÈs 1. Foibes Trail Are0 Technical School, Pennrylvonie.

Annexe IV

Extrait des épreuves d'un concours d'entrée à une école professionnelle secondaire (candidats âgés de 14 à 15 ans : aptitudes mécaniques)

Cet instrument sert a) à ramasser de petits objets creux ? b) à reporter des longueurs ? c) à mesurer des dimensions extérieures ? d) à tracer des cercles? e) à mesurer des dimensions intérieures?

Extrait des ékreuues d'un examen passé au 4e trimestre par les élèves d'un cours de z ans sur l'électronique et les instruments (Formation de techniciens) 1

Le rythme de balayage horizontal et vertical du faisceau électronique est déterminé par : a) les impulsions de synchronisation horizontales et verticales; 6) les valeurs de R, C et L associées aux circuits horizontaux et verticaux; c) les intervalles de temps entre les impulsions de synchro- nisation; d) les impulsions de suppression horizontales et verticales.

I. Penn Technical Institute, Pittsburgh.

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