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22 Gabriel Kwami NYASSOGBO : Les activités informelles et l’occupation des espaces publics. Les trotoires... LES ACTIVITES INFORMELLES ET L’OCCUPATION DES ESPACES PUBLICS. LES TROTTOIRS DE LOME AU TOGO Gabriel Kwami NYASSOGBO Département de Géographie Université de Lomé [email protected] RESUME L’occupation spontanée et illégale des espaces publics dans les villes d’Afrique tropicale pose le grave problème de gestion de l’espace urbain, dans un contexte d’urbanisation rapide et de paupérisation croissante des citadins. Si ce phénomène n’est pas nouveau, il prend de plus en plus d’ampleur partout avec la crise économique et sociale née des politi- ques d’ajustement structurel des années 1980. Lieux de rencontre, d’échange, de communication et de socialisation, les espaces publics perdent de plus en plus leurs fonctions et usages premiers au profit de multiples activités très variées connues sous le terme de secteur informel et exercées par des acteurs venus d’horizons divers. Cet article vise à analyser le problème d’occupa- tion sauvage des trottoirs, destinés au passage des piétons, et des carrefours à Lomé, en identifiant les principales activités exercées, les différents acteurs ainsi que les causes et les conséquences de telles pratiques sur les citadins. Mots-clés : Lomé, urbanisation, Espaces publics, Occupation illégale, Pauvreté, Secteur informel. ABSTRACT The spontaneous and illegal occupation of public spaces in the tropical African cities raises the serious problem of urban space management in a context of rapid urbanization and increasing pauperization of city dwellers. Although this is not a new phenomenon, it is now increasing with the economical and social crisis which resulted from the structural adjustment policies of the 1980s. Centers of meeting, exchange, communication and socialization, the public spaces are more and more loosing their primary functions and uses to the benefit of activities of all kinds, known under the term of informal sector in which people coming from various horizons are engaged. This article aims at analysing the problem of unauthorized occupation of pavements reserved for pedestrians and crossroads in Lomé by identifying the main activities that are practiced, the different actors and also the causes and the consequences of such practices on the city dwellers. Key words : Lomé, Urbanization, Public places, Illegal occupation, Poverty, Informal sector. INTRODUCTION Le débat sur l’espace public et son occupation spontanée et illégale dans les villes d’Afrique tropicale pose le problème particulier de gestion de l’espace urbain dans un contexte général d’une urbanisation rapide et mal maîtrisée par l’ensemble des acteurs du développement urbain (Le Bris, Giannitrapani, 1991). L’espace n’est public que s’il est ouvert et accessible à tout le monde. Il est affecté à plusieurs fonctions et usages communs aux citadins. C’est un espace de « rencontre, d’échange, de communication et de sociabilité à l’image de la ville » (Grafmeyer, 2004). L’espace public est donc un espace plurifonctionnel, destiné à des usages multiples pour l’épanouisse- ment individuel et collectif des citoyens d’une ville. L’article analyse les multiples activités exercées sur les espaces publics, notamment les trottoirs, dont la fonction première est la circulation des piétons. Or, depuis le début des années 1980, marquées par les programmes d’ajustement structurel, les trottoirs et les carrefours importants des villes africaines sont de plus en plus densément occupés, mieux, envahis par des hommes et des femmes venus d’horizons divers et exerçant de multiples petites activités socio-économi- ques variées communément rangées sous le terme

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22 Gabriel Kwami NYASSOGBO : Les activités informelles et l’occupation des espaces publics. Les trotoires...

LES ACTIVITES INFORMELLES ET L’OCCUPATION DES ESPACES PUBLICS.LES TROTTOIRS DE LOME AU TOGO

Gabriel Kwami NYASSOGBO

Département de GéographieUniversité de Lomé

[email protected]

RESUMEL’occupation spontanée et illégale des espaces

publics dans les villes d’Afrique tropicale pose le grave problème de gestion de l’espace urbain, dans un contexte d’urbanisation rapide et de paupérisation croissante des citadins. Si ce phénomène n’est pas nouveau, il prend de plus en plus d’ampleur partout avec la crise économique et sociale née des politi-ques d’ajustement structurel des années 1980. Lieux de rencontre, d’échange, de communication et de socialisation, les espaces publics perdent de plus en plus leurs fonctions et usages premiers au profit de multiples activités très variées connues sous le terme de secteur informel et exercées par des acteurs venus d’horizons divers.

Cet article vise à analyser le problème d’occupa-tion sauvage des trottoirs, destinés au passage des piétons, et des carrefours à Lomé, en identifiant les principales activités exercées, les différents acteurs ainsi que les causes et les conséquences de telles pratiques sur les citadins.

Mots-clés : Lomé, urbanisation, espaces publics, occupation illégale, pauvreté, secteur informel.

AbstrAct The spontaneous and illegal occupation of public

spaces in the tropical African cities raises the serious problem of urban space management in a context of rapid urbanization and increasing pauperization of city dwellers. Although this is not a new phenomenon, it is now increasing with the economical and social crisis which resulted from the structural adjustment policies of the 1980s. Centers of meeting, exchange, communication and socialization, the public spaces are more and more loosing their primary functions and uses to the benefit of activities of all kinds, known under the term of informal sector in which people coming from various horizons are engaged.

This article aims at analysing the problem of unauthorized occupation of pavements reserved for pedestrians and crossroads in Lomé by identifying the main activities that are practiced, the different actors and also the causes and the consequences of such practices on the city dwellers.

Key words : Lomé, urbanization, public places, illegal occupation, poverty, informal sector.

INTRODUCTION

Le débat sur l’espace public et son occupation spontanée et illégale dans les villes d’Afrique tropicale pose le problème particulier de gestion de l’espace urbain dans un contexte général d’une urbanisation rapide et mal maîtrisée par l’ensemble des acteurs du développement urbain (Le Bris, Giannitrapani, 1991). L’espace n’est public que s’il est ouvert et accessible à tout le monde. Il est affecté à plusieurs fonctions et usages communs aux citadins. C’est un espace de « rencontre, d’échange, de communication et de sociabilité à l’image de la ville » (Grafmeyer, 2004).

L’espace public est donc un espace plurifonctionnel, destiné à des usages multiples pour l’épanouisse-ment individuel et collectif des citoyens d’une ville.

L’article analyse les multiples activités exercées sur les espaces publics, notamment les trottoirs, dont la fonction première est la circulation des piétons. Or, depuis le début des années 1980, marquées par les programmes d’ajustement structurel, les trottoirs et les carrefours importants des villes africaines sont de plus en plus densément occupés, mieux, envahis par des hommes et des femmes venus d’horizons divers et exerçant de multiples petites activités socio-économi-ques variées communément rangées sous le terme

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d’activités de « survie ou du secteur informel ». Les usages et les fonctions auxquels ces espaces étaient au départ destinés sont en train d’être détournés à d’autres fins par une population de plus en plus nombreuse. Une petite promenade à travers les principales artères d’Accra, Abidjan, Dakar, Cotonou, Lagos, etc, permet de se rendre compte des graves difficultés que les piétons éprouvent pour circuler dans ces villes. Les principales villes secondaires ne sont pas épargnées.

Qu’entend-on par espace public ? Quelles sont les principales activités exercées sur ces espaces publics ? Pourquoi de nouveaux usages et fonctions sont-ils illégalement assignés aux trottoirs et aux carrefours ? Qui en sont les acteurs ? Quelles en sont les conséquences ? Que signifie le concept de secteur informel ?

Les lignes qui suivent sont les résultats d’une observation et d’une enquête légère menée en dé-cembre 2003 avec l’aide des étudiants de Maîtrise de Géographie urbaine, dans le cadre d’un séminaire organisé en janvier 2004 par Monica Coralli sur les Enjeux et les Espaces publics à Cotonou au Bénin. Cette enquête a été actualisée en avril 2010.

I – BRèVE NOTE MéThODOLOGIqUE ET ESSAI DE DéFINITION DES CONCEPTS

Les investigations ont eu lieu essentiellement dans quatre zones: d’abord autour du Grand Mar-ché de Lomé (appelé encore Adawlato, du nom du quartier), à Dékon (au croisement du Boulevard du 13 janvier et de la rue d’Amoutivé), aux abords du marché de Hanoukpé dans la ville basse, puis enfin à Tokoin-Ramco et le long de l’Avenue de la Libération (figure 1). Le choix de ces zones est motivé par les considérations suivantes :

- d’abord ce sont des zones où les activités com-merciales sont très intenses et où les trottoirs des rues qui y débouchent sont permanemment occupés toute la journée et parfois jusqu’au-delà de minuit par de petits commerçants et des revendeuses;

- la situation géographique est le second critère de choix : les trois premières zones sont localisées dans la ville basse, entre l’océan et la lagune, la partie la plus animée de la capitale togolaise, et la dernière au-delà sur le plateau, dans la zone péri-centrale de la ville.

L’occupation des trottoirs par les revendeuses du secteur informel n’est pas un phénomène propre seulement au vieux centre urbain, mais se développe aussi dans les nouveaux quartiers au fur et à mesure de l’étalement urbain (Nyassogbo, 2010). Le même phénomène s’observe et se développe à Adidogomé et Agoènyivé, deux anciens villages rattrapés par le front d’urbanisation, respectivement dans les péri-phéries nord-ouest et nord, où l’occupation des trot-toirs n’est pas inconnue. Aujourd’hui, Adawlato n’est plus l’unique centre commercial à Lomé. D’autres pôles sont en train de se développer dans la zone péri-centrale et la périphérie (Biakouyé, 2007; Klas-sou; 2007; Steck, 2007; Tossou, 2007).

Les investigations révèlent que les femmes sont plus nombreuses que les hommes sur les trottoirs. C’est le même type d’occupation qu’on observe dans tous les marchés du Togo et des pays voisins. Cela relève d’une vieille tradition bien connue dans les villes côtières du Golfe du Bénin, où les transactions commerciales sont essentiellement entre les mains des femmes. Mais sur le plateau à Tokoin-Ramco, où les acteurs sont numériquement dominés par les étrangers (Indo-Pakistanais et Sahéliens, surtout les Nigériens), les femmes sont rares, sauf quelques Togolaises vendeuses de fruits, de pain, et des produits de première nécessité comme du sucre en détail (aux morceaux), les allumettes, les bougies, la lessive, du savon de toilette, etc.

L’espace public est un espace physique, concret, observable, et qu’on peut cartographier et où se nouent des rapports sociaux. Il y a donc plusieurs types d’espaces publics comme l’ont souligné de nombreux auteurs. Selon Loudier et Dubois (2002), le concept d’espace public « renvoie à une grande variété de lieux : rue, boulevard, cour, quai, parvis, dalle, jardin, square, promenade, esplanade, mais aussi à toutes sortes d’espaces moins bien délimités ou de statut intermédiaire entre le public et le privé ». Lieux de rencontre et d’échange par excellence, ils favorisent la vie collective et sociale dans la cité, car une grande partie de la vie publique s’y déroule. Ceux qui se sont intéressés à ce concept ont établi le lien avec la citadinité et l’urbanité. Selon le sociologue Yves Grafmeyer, (op. cit.), «expression emblématique de la citadinité», l’espace public est par excellence ce qui fait de la ville autre chose qu’ «une mosaïque de quartiers et un simple agrégat de petits mondes étanches». De son côté, Monica Coralli (2001) estime

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que c’est le «lieu privilégié de la citadinité», ainsi que «le fondement et le signe de l’urbanité». Enfin le géographe français Jacques Donzelot (1999), pour sa part, n’a pas manqué de rappeler aussi le rôle très important que l’espace public avait joué dans les villes durant les luttes urbaines des années 1960 et 1970 en France. L’insuffisance en espaces publics faisait l’objet des mouvements de revendication et de protestation au même titre que «la gestion technocra-tique et affairiste de la transformation urbaine, l’ab-sence d’équipements collectifs dans les nouveaux ensembles, le tarif trop élevé des transports». A ce titre, l’espace public n’est pas un bien appropriable par un groupe particulier qui s’en réserverait un «usage privatif» (Grafmeyer, op. cit.).

Tout comme à propos de l’espace public, une brève définition du «secteur informel» s’impose. Il est défini comme celui de la «micro-entreprise», «un secteur non enregistré ou out-law», caractérisé par «l’absence de comptabilité, le non respect de la codification, un chiffre d’affaires ou un nombre de travailleurs limités» (Hugon, 1991). Ce sont également des «activités à petites échelles où le salariat est limité, où le capital avancé est faible mais où il y a néanmoins circulation monétaire et production de biens et services onéreux» (idem). Ce sont enfin des activités flexibles avec un faible capital au départ et où l’accès au crédit bancaire est extrêmement difficile. Elles s’exercent générale-ment dans un cadre familial. C’est l’ensemble des activités dans lesquelles se retrouvent «les vendeurs de chaussettes, les petits voleurs de Bagdad, les belles de nuit, le vendeur de journaux, le dépanneur automobile du carrefour, le fabricant de marmites en aluminium récupéré» (Bugnicourt et al., 1988). Ces mêmes chercheurs parlent d’«économie populaire urbaine» qui est loin d’être une entité isolée. Elle a des rapports étroits avec l’économie moderne, elle-même dominée par l’extérieur. Enfin, d’apparence «émiettée», elle «est en fait organisée en filières», concluent les mêmes auteurs.

0 2 km

Nyékona kpoé

Tokoin O ues t

Toko in Nord

A daw lato Zone d' étude

Rues principales

D ékonH anoukopéRamco

Toko in Es t

K odjoviakopé

QuartierA dminis trat if

Fig. 1 : Les activi tés de rue et les principaux espaces public s occupés à Lomé

LEGENDE

LAGUNE

1

1 1 2 3 4

2 3

4

Tokoin Gbadago

O c é a n A t l a n t i q u e

Figure 1 : Les activités de rue et les principaux espaces publics occupés à loué

II – L’OCCUPATION DES TROTTOIRS N’EST PAS UN PhéNOMèNE NOUVEAU, MAIS IL PREND DE PLUS EN PLUS D’AMPLEUR

L’occupation illégale des trottoirs dans les grandes villes d’Afrique sub-saharienne par une certaine catégorie de population n’est pas un phénomène nouveau, mais il s’est particulièrement développé depuis plus de deux décennies et commence à prendre des proportions inquiétantes quant aux conséquences qu’elles entraînent pour les citadins. Les trottoirs et les carrefours sont de plus en plus pris d’assaut et encombrés aujourd’hui par une population nombreuse qui y exerce de multiples petites activités. Ces espaces publics sont de véritables marchés de proximité où s’approvisionnent aussi bien les riverains que des clients venus de loin. Ils sont également des lieux où s’exercent différentes activités artisanales.

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2.1- L’OCCUPATION DES TROTTOIRS ET CARREfOURS, UN PHéNOMèNE RELATIvEMENT ANCIEN

Depuis longtemps déjà, on voyait quelques riverains, notamment des femmes exposer quelques articles de première nécessité sur des étagères ou des tablettes devant le portail de leur maison sur les trottoirs. Ces petits commerces répondaient à un objectif fondamental: compléter les maigres revenus du ménage pour les femmes n’exerçant aucune activité économique. Il s’agissait de la vente au mini-détail de quelques produits alimentaires : tomates fraîches ou en boîtes, sel, oignon, arachide grillée ou cuite à la vapeur, de la banane, du sucre en morceaux, du lait concentré, des bonbons, du pain, etc. Etaient également vendus sur les trottoirs des plats cuisinés, «le plus informel des petits commerces» (Coquery-vidrovitch, 1991). Ces plats sont consommés sur place ou emportés : bouillie de maïs, de riz ou de mil, haricot mélangé avec du riz ou avec de la farine de manioc et de l’huile, beignets, gâteaux. Il s’agit de petits commerces de proximité qui s’adressent aux riverains et qui demandent peu d’investissement et de formation comme l’ensemble des activités du secteur informel (Hugon, op. cit.).

Les petits artisans sont également de la partie : mécaniciens (autos comme des deux roues), réparateurs de pneus, de montres, de lunettes, cordonniers, bijoutiers, coiffeurs, etc. Ces activités précaires traduisent la pauvreté d’une tranche importante de la population urbaine comme l’a montré Pierre vennetier (1991) dans son ouvrage sur «Les villes d’Afrique tropicale». L’occupation des trottoirs à l’époque s’explique par le fait que nombre d’artisans n’ont pas d’ateliers propres. Leur outillage est réduit au strict minimum

Ce qui est véritablement nouveau aujourd’hui, c’est l’ampleur du phénomène, caractérisé par l’intensité de l’occupation des trottoirs, avec des acteurs beaucoup plus nombreux et exerçant des activités plus importantes et plus diversifiées, avec occupation privative.

2.2- DES TROTTOIRS ET CARREfOURS DE PLUS EN PLUS ENCOMBRéS AUJOURD’HUI

La dynamique urbaine (ISTED, 1998 ; Nyas-sogbo, 2004) qui caractérise l’Afrique au sud du Sahara depuis le début des indépendances, a créé

de nombreux besoins extrêmement variés, entraînant dans les grandes villes la naissance d’une multitude d’activités et de services jusque-là inconnus. Les trottoirs et les carrefours des abords des zones commerciales sont devenus de vastes marchés en plein air où tous les matins, des cargaisons de marchandises et d’articles divers sont déversées. La variété des articles exposés à même le sol et des activités qui se déroulent en ces lieux est telle qu’il est difficile et même impossible d’en faire un inventaire et une classification. Néanmoins une présentation sommaire va être tentée pour permettre aux lecteurs de se faire une idée sur le problème à Lomé.

2.2.1- Les activités commerciales et l’occupation des trottoirs

Une variété de produits et de marchandises gé-néralement exposés pêle-mêle, sur des étalages ou à même le sol, constitue le décor. Une observation rapide révèle que les trottoirs sont surtout occupés par des magasins et de petites boutiques qui expo-sent les produits d’importation. Parmi ces produits, on peut d’abord citer les appareils électroménagers et les équipements de maison. Il s’agit surtout des postes de radios, des radios-cassettes, des postes téléviseurs surtout pendant la période des grandes compétitions internationales de football comme la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) ou la coupe du monde, ainsi que des matériaux de construction et des équipements de maison.

Les voyages de plus en plus fréquents vers l’étranger, surtout des jeunes en quête du bonheur dans les pays occidentaux face à la crise générale qui secoue les pays d’Afrique depuis le début des années 1980, nécessitent des articles de voyage importés : valises, sacs de voyage, sacs à main. La friperie offre des habits de toutes sortes, accessibles à toutes les bourses, depuis les pantalons, chemises, pullovers, chaussures, ceintures, sous-vêtements jusqu’aux manteaux d’occasion. Les Ibo du Nigeria dominent numériquement et économiquement ce secteur.

Chers aux femmes, les produits cosmétiques (pommades, parfums, savons de beauté, vernis…), sans oublier les produits de lessive que vendent spécialement les femmes, font partie de la panoplie des objets vendus.

Il y a dans les villes africaines ce qu’on appelle «les librairies par terre». Ce sont des livres d’occa-

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sion exposés à même le sol ou sur des étalages. On trouve là de vieux manuels scolaires et universitaires, de vieux romans, des dictionnaires déversés dans les pays pauvres au même titre que la friperie. Tout cela est complété par des fournitures scolaires et la pape-terie. Le secteur est très actif à la rentrée scolaire où déjà dès le mois de juillet, juste après la proclamation des derniers résultats scolaires et universitaires et ce jusqu’en novembre, des dizaines de femmes et de jeunes filles qui deviennent momentanément des «libraires» d’occasion, ne laissent aucun répit aux parents sollicités de toutes parts.

On trouve aussi des produits alimentaires, surtout d’importation : c’est le riz américain et thaïlandais ainsi que les huiles végétales qui sont les plus de-mandés. La farine de blé, le sucre en poudre, comme en morceaux dans des cartons, du sel… sont égale-ment exposés sur les étagères.

Les produits alimentaires locaux ne sont pas im-portants mais ils figurent parmi ce qu’on peut acheter sur les trottoirs. Il s’agit principalement des tubercules (ignames, manioc, pomme de terre), des céréales (maïs, mil, fonio…), des fruits (orange, citron, ba-nane douce, banane plantain, mangue), etc. dont le marché principal est Ahanoukopé. La prépondérance des produits alimentaires d’importation s’explique par l’insuffisance de la production locale généralement compensée par des importations.

Pendant les grandes fêtes religieuses (Noël, Nouvel An et Pâques pour les Chrétiens, Tabaski et fin du Ramadan pour les musulmans), les amateurs de la viande de volaille (poulets et pintade principale-ment) peuvent la trouver sur les trottoirs des grandes artères et aux principaux carrefours, mais de façon permanente à Gbossimé (signifiant marché de mou-tons et de chèvres). Les produits alimentaires sont un domaine exclusivement réservé aux femmes. Même la chaussée réservée à la circulation automobile et aux deux roues est de temps en temps envahie par de jeunes vendeurs ambulants des deux sexes aux carrefours équipés de feux tricolores. Les feux rouges qui bloquent momentanément la circulation dans l’un ou l’autre sens, sont des occasions pour ces vendeurs de prendre d’assaut la chaussée et de proposer aux automobilistes, aux passagers qui empruntent les taxis collectifs et les mini-bus de 9 ou 15 places, leurs articles tenus à la main : mouchoirs (en tissu comme en papier), chaussettes, lames et

rasoirs, torches, piles et ampoules électriques. C’est surtout le carrefour de Dékon qui offre ce spectacle de grand marché en plein air où on trouve pratique-ment tout (photos 1 et 2) .

Clichés Nyassogbo (Novembre 2011)

Photo N° 1 : Produits divers exposés sur le trottoir sous un grand parasol

Clichés Nyassogbo (Novembre 2011)

Photo N° 2 : valises, trolleys, chaises en plastique

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Des bars, des buvettes, des « cafétérias » construits en bois et généralement tenues par des ressortissants de Guinée-Conakry, ainsi que des cabines téléphoniques, font partie du paysage des trottoirs. Mais à cause de la percée fulgurante de la téléphonie mobile, nombreuses sont les cabines qui ne fonctionnent plus même si elles sont toujours là.

Une autre catégorie d’activités importantes qui se déroulent dans la rue est l’artisanat.

2.2.2- Les artisans et les trottoirs

Les activités artisanales sont presque aussi va-riées que celles du domaine commercial. A cause du développement prodigieux du parc automobile et des motos, les activités liées à la réparation et à l’entretien sont de plus en plus nombreuses: mécanique, sou-dure, carrosserie, électricité, peinture, vulcanisation. L’essor du parc automobile s’explique par l’importation massive des véhicules d’occasion d’Europe appelés ici « venus de France » ou « France au revoir » en Côte d’Ivoire. Les motos ont connu une expansion encore plus fulgurante, due à un mouvement de grève géné-rale qui a paralysé tout le pays en 1992–93 pendant près de neuf mois. C’est au cours de cette année-là que le transport à moto ou « taxi-moto » (Aholou, 2007, 2008 ; Guézéré, 2008), connu bien plus tôt au Bénin voisin, a fait son apparition au Togo. Considéré au début comme un moyen de transport provisoire que les pouvoirs publics avaient tenté de faire disparaître, il est devenu définitif et a aujourd’hui la préférence des clients en raison de sa souplesse liée à sa capacité à rouler sur les rues les plus difficiles d’accès aux véhicules automobiles. De nombreux diplômés des universités sans emploi se retrouvent dans ce secteur qui compte aujourd’hui près de 50 000 actifs, car selon Cyprien Coffi Aholou (2007), le transport à deux roues répond à une double demande sociale : le besoin de mobilité et d’emplois dans les villes.

Ceux qui se retrouvent dans l’artisanat ne sont pas tous sur les trottoirs, mais ils en occupent une portion. C’est le cas de certains réparateurs de montres, de postes de radios et de télévision, de réfrigérateurs. Ils ont des ateliers à domicile ou en location, mais ils débordent souvent sur le trottoir et y exposent leurs produits, car ils sont à la fois répa-rateurs et vendeurs.

S’ils ne travaillent pas également sur les trottoirs, les menuisiers et les matelassiers y exposent ce-

pendant leurs articles (tables, chaises, lits, salons, armoires, fauteuils, canapés, parfois des cercueils, généralement en teck et en iroko, matelas et cous-sins). De temps en temps les autorités municipales interdisent violemment l’occupation de certains trot-toirs en détruisant les baraques.

Enfin, depuis quelques années, de nombreuses coiffeuses travaillent sous de grands arbres qui leur offrent gratuitement l’ombre, ou sous des abris sommaires. Il serait vain et prétentieux de vouloir identifier toutes les activités qui foisonnent sur ces espaces publics que les occupants tentent de pri-vatiser de multiples manières. Comme l’a si bien dit Pierre vennetier (op. cit.), « la gamme des métiers est étendue et variée, et le nombre de ceux qui en vivent et tentent de le faire, est élevé. Leurs échoppes ou leurs guérites se succèdent dans certaines rues, tandis qu’en maints endroits ils occupent toute la journée les trottoirs, et ne plient bagages qu’à la nuit tombée, quand tout espoir de vente disparaît ».

Malgré la gamme d’activités très variées prati-quées sur les trottoirs, de nouvelles activités tout autant gênantes pour les piétons et les automo-bilistes apparaissent et méritent également d’être signalées.

2.3- DES ACTIvITéS NI COMMERCIALES, NI ARTISANALES

Il s’agit d’abord de la prière collective que font les musulmans le vendredi entre midi et treize heures. La natte sous les bras, ils convergent massivement non seulement vers les mosquées, de plus en plus nombreuses dans une ville majoritairement peuplée de chrétiens et d’animistes, mais aussi vers les trottoirs des quartiers centraux et péri-centraux. Cette nouvelle pratique religieuse sur les espaces publics s’observe surtout autour des marchés où on compte un grand nombre de musulmans parmi les commerçants venus du Nigeria, du Niger, du Mali, du Sénégal, et secon-dairement du centre et du nord du Togo.

Le deuxième cas est l’organisation des funé-railles. Avec l’autorisation des autorités municipales, non plus seulement les trottoirs, mais aussi des rues entières (trottoirs et chaussées), sur lesquelles des apatams sont érigés dans tout le sens de la largeur et sur une longueur de 50 à 100 mètres, sont bloquées pendant 48 à 72 heures, particulièrement durant les week-ends (Awesso, 2007; Coralli, 2007). S’il

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28 Gabriel Kwami NYASSOGBO : Les activités informelles et l’occupation des espaces publics. Les trotoires...

s’agit du décès d’une personne très importante, les nombreux compatissants qui viennent pour un bon nombre en voiture de tous les coins de la ville et des autres localités du pays, gênent énormément les riverains et les passants. Ces derniers sont obligés de faire de longs détours par des rues secondai-res généralement peu entretenues. Cette pratique autorisée par les pouvoirs locaux et centraux et qui consiste à organiser ce genre de manifestation sur les espaces publics entraîne par ailleurs des nuisan-ces sonores, car de nombreuses fanfares et chorales sont là pour accompagner le défunt dans sa dernière demeure. La plus grande affluence a lieu à la veillée de prières et de chants à la veille de l’enterrement entre 20 heures et minuit au domicile du défunt. Cette veillée est malheureusement souvent prolongée jusqu’au petit matin avec des groupes folkloriques. Toutes ces manifestations bruyantes concernent seulement les chrétiens et les animistes. Quant aux musulmans, ils enterrent leurs morts dans la plus grande discrétion et dans la précipitation, seulement quelques heures après le décès, contrairement aux autres qui gardent le corps pendant un temps plus ou moins long à la morgue, suivant le prestige social du défunt et des moyens de la famille.

Ainsi, dans les métropoles d’Afrique tropicale, de nombreuses activités économiques et socio-cultu-relles comme le commerce, l’artisanat, les pratiques religieuses qui s’exerçaient naguère dans des lieux précis, commencent aujourd’hui à déborder de leurs cadres habituels pour se retrouver dans la rue, avec souvent la complicité des autorités centrales et locales, malgré certaines interventions ponctuelles musclées mais sans effet. Par la diversité des services offerts et des acteurs, on se rend compte que toutes les catégories sociales sont impliquées et sollicitent les trottoirs d’une manière ou d’une autre.

III- LES OCCUPANTS DE RUES

L’étape actuelle des investigations ne peut fournir pour le moment que des données provisoires et qua-litatives, mais assez illustratives de la situation.

3.1- DES ACTEURS NUMéRIQUEMENT DOMINéS PAR LES fEMMES

De tous ceux qui ont pour principal lieu de travail les trottoirs et les rues, les femmes sont globalement les plus nombreuses, mais avec des différences sen-

sibles suivant les secteurs d’activités, le quartier ou la rue. Par exemple, sur les 80 personnes à peu près installées le long de l’avenue de la Nouvelle Marche à côté du marché de Hanoukopé et qui exercent le métier de commerçants ou de revendeurs, nous n’avons rencontré aucun homme. L’étude réalisée par Rita Cordonnier (1982) sur les revendeuses de tissu, « les Nana Benz » de Lomé, et les travaux sur le rôle déterminant des femmes dans la distribution et la transformation des produits de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche (Amouzou, 1980), mon-trent leur supériorité numérique dans les activités commerciales. Ainsi au marché central de Lomé et dans les environs, elles sont les plus nombreuses. Cette observation est valable pour tous les marchés traditionnels non seulement de Lomé, mais de tout le pays. Elle est étayée par la pratique qui consiste pour les revendeuses à recruter dès le bas âge de petites filles, parfois de moins de sept ans qu’elles hébergent comme aides au marché contre des salai-res de misère que viennent percevoir les parents à la fin du mois ou contre la promesse d’apprentissage d’un métier plus tard.

Un autre secteur relativement important par le nombre de femmes impliquées, est la restauration de rue qui prend de plus en plus d’ampleur à cause de la dynamique urbaine et de l’étalement urbain. Avec l’allongement des distances, de nombreux travailleurs et salariés qui habitent de plus en plus loin du centre-ville, « cassent la croûte » à midi dans de petits « restaurants » populaires généralement installés sous des arbres ou des abris sommaires. Les femmes sont particulièrement présentes dans cette restauration de rue où les jeunes filles et fillettes constituent la main-d’œuvre.

La couture, une vieille activité artisanale, la tresse des cheveux, la coiffure féminine, suivant le style européen, ainsi que le commerce au détail, touchent un grand nombre de femmes et de jeunes filles. Toutes celles qui sont rejetées par le système scolaire se dirigent généralement vers ces activités qui ne demandent pas une connaissance scolaire particulière.

Ce sont les mêmes jeunes filles et fillettes qui sillonnent les rues de la capitale toute la journée, chargées de bassines remplies d’objets divers en équilibre sur la tête, avec parfois des plats cuisinés. Elles sont particulièrement nombreuses dans et

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autour des marchés. Etudiant le rôle extrêmement important joué par les femmes dans le secteur infor-mel en Afrique au sud du Sahara, Régine Bonnardel (1991) arrive à la conclusion suivant laquelle les femmes, de plus en plus nombreuses dans les villes d’Afrique noire, se livrent à une foule de petites activi-tés productrices de revenu, dont l’approvisionnement vivrier des citadins.

L’une des raisons qui expliquent fondamentale-ment le nombre élevé de femmes dans les activités du secteur informel est leur faible niveau scolaire et leur taux élevé d’analphabétisme (61,7 % contre 31,2 % pour les hommes au Togo) (Banque mondiale, 1996). Cette situation ne leur permet pas d’être compétitives sur le marché de l’emploi et de partici-per aux activités du secteur moderne au même titre que les hommes. C’est un fait bien connu que dans les pays du Sud et plus particulièrement en Afrique noire, les parents ont la préférence pour la scolarisa-tion des garçons qui pérenniseront la famille. Quant aux filles, elles doivent rester à la maison pour aider la mère dans les différentes tâches domestiques (garde des enfants, aide à la cuisine, corvée d’eau, etc.). Une autre raison généralement évoquée pour le maintien des filles à la maison est qu’elles iront se marier ailleurs en emportant avec elles les fruits de leur scolarisation dans la famille du conjoint.

A celles qui exercent leurs activités dans la rue depuis leur jeunesse et qui sont aujourd’hui âgées de plus de 50 ans, il faut ajouter quelques femmes salariées du secteur moderne admises à la retraite forcée. Elles ont été « compressées » après 55 ans d’âge ou 30 ans d’activité professionnelle dans le cadre des mesures de redressement économique et financier des Politiques d’Ajustement Structurel dans les années 1980 (Duruflé, 1988, Banque mondiale, 1996). Parmi ces rares femmes salariées, il y en a également qui quittent volontairement les bureaux avant l’âge normal de la retraite dans le cadre de la retraite anticipée pour exercer leur talent dans la rue. Le salaire dérisoire, lié à un faible niveau d’instruc-tion, explique parfois ces départs volontaires.

Les hommes se retrouvent surtout dans les mé-tiers dits nobles. Ils interviennent particulièrement dans la vente d’articles ménagers et électroména-gers, de bicyclettes et de motocyclettes soigneuse-ment rangées sur le trottoir, de pièces détachées pour voitures et motos. Ce type de commerce ne nécessite

pas une main-d’oeuvre abondante. Les hommes sont plus nombreux dans le secteur moderne et travaillent à l’ombre dans les bureaux. Les emplois de rue sont donc numériquement dominés par les femmes avec cependant des variantes très importantes suivant les secteurs et les nationalités.

L’âge de ceux qui travaillent sur les trottoirs est très varié. Une simple observation, même sommaire indique qu’il varie de 6-7 ans à plus de 55 ans.

3.2- DES ACTEURS vENUS D’HORIzONS GéOGRAPHIQUES DIvERS

Les occupants de trottoirs viennent d’horizons géographiques divers, avec la prédominance des Togolais. On rencontre tous les groupes ethniques du Togo ainsi que les représentants des pays voisins du Golfe de Guinée et du Sahel.

Parmi les Togolais, le groupe majoritaire est consti-tué de Mina et d’Ewé du sud, suivis des femmes tem ou kotokoli de la Région centrale, également pré-sentes dans ce métier et spécialisées dans la vente ambulante d’ignames à travers les rues de Lomé. La vente des produits alimentaires locaux est exclusive-ment assurée par les Togolaises, tandis qu’elles se répartissent dans des proportions à peu près égales dans la redistribution des produits alimentaires impor-tés avec les femmes yoruba du Nigeria.

Dans le groupe des étrangers, notamment afri-cains, les ressortissants des pays sahéliens sont les plus nombreux. On peut citer les Nigériens surtout dans le petit commerce ambulant, et les Maliens. Quant aux Sénégalais, on les rencontre particulière-ment dans la restauration, la couture et la broderie, la bijouterie et la vente des statuettes ou objets d’art.

Les Nigérians, parmi lesquels de nombreux Yo-ruba, et les Ibo, arrivés pendant la guerre du Biafra à partir de 1967, constituent aussi une minorité impor-tante. Les Yoruba sont ceux qu’on appelle ici « des banquiers sous l’arbre ou le parasol». Ils constituent de véritables agents de change de monnaie. Cette opération financière se passe sur le trottoir, notam-ment aux abords du marché central et à la frontière du Ghana, sans aucune discrétion malgré l’interdiction officielle qui en est faite. Outre le cedi ghanéen et le naira nigérian, monnaies nationales non convertibles, ils échangent les principales monnaies du monde, notamment l’euro, le dollar américain et canadien,

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le franc suisse, la livre sterling, le yen japonais. Les Ibo sont spécialisés dans la friperie. Ils possèdent des magasins et des boutiques dans les principaux marchés de Lomé, notamment à Hédzranawé, mais exposent leurs marchandises sur les trottoirs.

Le métier de coiffeur et de réparateur de pneus de véhicules automobiles et d’engins à deux roues est le domaine de prédilection des fon (Bénin) et des Yoruba (Nigeria et Bénin) qui ont la particularité d’avoir des gamins de moins de sept ans comme apprentis.

Au carrefour Dékon et aux zones commerciales, notamment le quartier Adawlato où est situé le mar-ché central, on peut ajouter le quartier Ramco sur le plateau de Tokoin au nord de la ville (figure 1). Mais il faut préciser que le phénomène s’est généralisé dans toute la ville et rares sont les portions de trottoirs qui ne sont pas du tout occupées.

Les usages et fonctions auxquels ces espaces pu-blics étaient au départ destinés ne sont plus les mêmes. Comment peut-on expliquer cette nouvelle affectation et quelles sont les conséquences qui en découlent ?

IV- LES CAUSES ET LES CONSéqUENCES DE L’ENCOMBREMENT DES RUES

4.1- DES CAUSES MULTIPLES

Les causes sont très nombreuses, mais seules les plus importantes seront rapidement identifiées.

La cause principale semble être liée aux diffi-cultés de maîtrise de la dynamique urbaine et de gestion de l’espace urbain en particulier. Débordées par la croissance urbaine extrêmement rapide, les autorités locales et centrales adoptent « le modèle du laisser-faire » (Coquery, op. cit.). Juste quelques repères pour fixer les idées sur la dynamique de la capitale togolaise : Lomé qui avait à l’indépendance au premier recensement de la population en 1960 une population de 85 000 habitants seulement, en abritera 148 000 en 1970. Entre cette dernière date et 1981, elle sera multipliée par deux, passant de 148 000 à 385 000 habitants, tandis que l’espace urbain croissait de 1 900 à 6 000 hectares, soit plus de trois fois. Les nombreuses parcelles partielle-ment ou pas du tout mises en valeur pour diverses raisons, témoignent des difficultés de maîtrise de la dynamique urbaine. Au niveau de la municipalité,

les moyens disponibles sont dérisoires par rapport à l’ampleur des tâches à réaliser (Nyassogbo, 1997; Nahm-Tchougli, 2007; Philifert, 2007). L’aggloméra-tion couvre aujourd’hui, avec environ ses 1,4 million d’habitants, plus de 20 000 hectares.

L’aggravation de la pauvreté pour la majorité de la population urbaine explique aussi cette situation. Les mesures draconiennes de redressement économique des années 1980 sont souvent évoquées pour rendre compte de ce foisonnement d’activités très variées exercées sur les trottoirs. Elles ont précipité des salariés « compressés » du secteur moderne, public et privé, dans la rue, pour échapper à « la pauvreté soudaine » (PNUD, 1998).Une étude citée par la Ban-que mondiale (1996) décrit la situation dramatique et pénible de ceux qu’on avait appelés au Togo « les jeunes retraités », dont certains avaient seulement 48 ans au moment du départ à la retraite.

«Lorsque l’arrêté n° 607 MTFp est entré en vigueur le 1er avril 1985, tous les fonctionnaires et employés du secteur para-étatique togolais (agents permanents et assimilés) comptant 30 années de service ou plus ont été mis en retraite automatique-ment. D’où le terme « jeunes retraités », désignant ceux qui furent forcés de prendre leur retraite avant l’âge officiel de 55 ans. Cette décision soudaine et inattendue fut une pénible surprise pour la première cohorte de jeunes retraités (1 175 individus dont 40 % d’enseignants)… en dépit des trente années de service, comme la CNss (Caisse Nationale de sécurité sociale) n’existait que depuis 1969, les bénéfices ont été payés sur la base de 16 années de contributions. Ainsi, 20 % des pensions tombaient au-dessous du salaire minimum (12 402 F CFA nets). Les niveaux de vie ont évidemment été sévèrement touchés. Payer l’écolage est devenu un problème pour la plupart des ménages concernés, et plus de la moitié de ceux-ci ont dû retirer au moins un enfant de l’école. une enquête menée six ans plus tard a établi que nombre de décès prématurés et de sépa-rations dans les familles avaient été attribués à la brutalité de l’implantation de cette retraite anticipée, et que presque tous les jeunes retraités déclaraient avoir été gravement affectés, tant matériellement que psychologiquement. (En italique dans le texte).

La longue crise socio-politique qui a durablement marqué le pays depuis le début des années 1990, avec comme conséquence la suspension des ac-

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cords de coopération avec les principaux bailleurs de fonds (Union européenne, Banque mondiale, fonds monétaire international, etc.) pour cause de « déficit démocratique », la dévaluation du franc CfA en janvier 1994, la mauvaise gouvernance et la corruption généralisée, sont également à l’origine de cette pauvreté qui gagne d’importantes couches de la population urbaine.

La crise urbaine (Stren, White, 1993) touche de plus en plus de jeunes diplômés sortis des univer-sités du Togo et de l’étranger (Nyassogbo, 2010). Pour survivre et éviter d’être à la charge de parents eux-mêmes déjà sérieusement éprouvés, certains se débrouillent dans la rue comme de petits vendeurs d’articles divers et de journaux privés régulièrement pourchassés par les forces de sécurité.

«L’économie populaire» est donc une réponse adaptée à la vie quotidienne des plus démunis (Bu-gnicourt et ali., op.cit).

Ceux qui exercent leurs activités sur les trottoirs ne sont pas tous des pauvres. Il y en a qui s’y re-trouvent faute de places dans les principaux marchés de la ville.

Les conséquences d’une telle situation sont nombreuses.

4.2- DES CONSéQUENCES éGALEMENT MULTIPLES

La première conséquence est liée aux difficultés de circulation aussi bien pour les automobilistes que pour les piétons et tous ceux qui empruntent la rue. L’occupation du trottoir oblige les piétons à empiéter sur la chaussée traditionnellement réservée aux automobilistes. Dans une ville où le transport à moto s’est particulièrement développé, la chaussée est donc très encombrée, entraînant de nombreux accidents de la circulation. La circulation aux heures de pointe est devenue très dangereuse et la sécurité des usagers de moins en moins assurée.

Une autre conséquence importante, cette fois-ci d’ordre économique, est la concurrence sauvage et déloyale que livrent les commerçants de trottoir à leurs homologues qui ont des boutiques, ainsi qu’aux responsables et employés de maisons de commerce modernes, inscrits comme opérateurs économiques auprès de la Chambre de Commerce. Tandis que les uns payent seulement de petites taxes pour ce

que Philippe Hugon appelle « des commerces non patentés » et échappent facilement au fisc, les autres sont astreints à payer des taxes diverses et impôts lourds aux services des impôts et à la municipalité. En outre, le prix du même article et de la même qualité peut varier du simple au double selon qu’il est acheté au bord de la rue ou dans un magasin ou boutique. C’est cette concurrence sauvage qu’avait dénoncée le directeur général de la Société Générale du Golfe de Guinée (SGG) dans les années 1980, où le phénomène n’avait pas encore cette ampleur. Se-lon lui, les Togolais pouvaient acheter tout au bord de la rue, jusqu’à la baignoire. De nombreuses sociétés modernes qui opéraient depuis l’époque coloniale ont dû mettre la clé sous le paillasson, concurrencées également par des Asiatiques (Indo-Pakistanais et Chinois de plus en plus nombreux et très dynamiques dans le secteur commercial), dont les produits sont accessibles à toutes les bourses, mais avec cepen-dant une nette différence de qualité.

La pollution, sous ses multiples formes, est éga-lement un problème important qui se pose sur les espaces publics. En effet, tous ceux qui occupent illégalement la rue produisent d’importantes quantités de déchets commerciaux et artisanaux, composés de toutes sortes de détritus, de sachets en plastique, d’emballages en papier, de cartons, de boîtes de conserve qui jonchent les trottoirs et la chaussée à la fin de la journée. Ces derniers sont également souillés par des huiles à moteur et des déchets li-quides, là où il y a des réparateurs des deux roues et de pneus. Il faut ajouter à cette forme de pollution les nuisances sonores et acoustiques produites par les klaxons des automobilistes et motocyclistes, qui pour se frayer un passage sur la chaussée, qui à la recherche de clients à transporter. Les nuisances sonores sont également causées par les tenanciers de bars et de buvettes, les vendeurs de cassettes, les mécaniciens, les soudeurs, les ferrailleurs qui exposent de plus en plus les portes et meubles mé-talliques sur le trottoir. Tous ces acteurs travaillent dans un environnement très bruyant et nuisible à la quiétude des riverains et des passants. Les villes afri-caines sont très bruyantes, surtout dans les quartiers populaires et les zones commerciales.

Toutes ces conséquences nécessitent des études et réflexions profondes sur la maîtrise de l’urbani-sation et la gestion de l’espace urbain en vue de la réduction de la pauvreté.

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CONCLUSION

L’occupation illégale et anarchique des espaces publics, notamment des trottoirs et des principaux carrefours dans les métropoles africaines devient de plus en plus inquiétante par son ampleur.

Si le trottoir est devenu aujourd’hui pour bon nombre de citadins le principal lieu d’exercice de leurs activités, le détournant ainsi de sa fonction et de son usage premiers, à savoir le passage des piétons, cela pose problème, non seulement au niveau de la gestion de l’espace public et de l’amé-nagement urbain, mais aussi et surtout au niveau de la gouvernance urbaine, vu les conséquences néfastes que de telles pratiques ont sur les riverains et les passants. Les autorités locales et les pouvoirs centraux, ainsi que l’ensemble des acteurs urbains doivent prendre la mesure du problème pour ne pas laisser pourrir une situation déjà grave, liée principa-lement au problème d’emploi dans les grandes villes d’Afrique. Aujourd’hui, la rue et le trottoir font vivre une proportion importante de citadins en Afrique au sud du Sahara, où l’ensemble du secteur informel emploie, suivant les évaluations, entre le tiers et les deux tiers d’actifs urbains. Ce secteur d’auto-emploi permet néanmoins, malgré les problèmes qu’il pose, de réduire le chômage et la pauvreté. C’est une réponse populaire et spontanée et créative face à l’incapacité de l’Etat à satisfaire les aspirations les plus élémentaires des couches sociales déshéritées. (vargas Llosa, cité par Hugon), mais jusqu’à quand ? Ce type de réponse, qui ne fait que reporter les problèmes, doit trouver une solution durable. C’est là un des aspects importants et le sens de la crise urbaine en Afrique au Sud du Sahara étudiée par maints auteurs. Cette crise ne peut pas être résolue de façon autoritaire et cavalière par ce que Michel Coquery (1991) appelle « le modèle répressif », qui consiste à lancer de temps en temps des forces de l’ordre à la poursuite des vendeurs ambulants et à casser les baraques installées sur les trottoirs. Aus-sitôt détruites, ces baraques sont immédiatement reconstruites par les propriétaires dans les jours qui suivent, comme nous l’avons remarqué à plusieurs reprises à Lomé ces derniers temps. Cette crise à la-quelle les autorités locales et les pouvoirs publics ne semblent pas accorder une importance particulière, nécessite au contraire un traitement en profondeur, une concertation et un débat sérieux entre tous les

acteurs de la ville en vue d’un développement dura-ble, car les villes africaines ne pourraient pas jouer leur rôle, celui du « moteur du développement » (Cités Unies, op. cit.).

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