Les anciens royaumes et empires africains Pendant des siècles les européens ont cultivé la vision des noirs africains comme des sauvages vivant misérablement en autarcie et n'ayant aucune organisation sociale significative. Comme le dit l'ethnologue Denise Paulme (date?) , "çà et là un misérable village aux toits de chaume, quelques indigènes nus ou vêtus de haillons, femmes aux seins flasques pilant le grain dans des mortiers, poules et chèvres faméliques, chiens hargneux". L'Afrique noire était sans complexe considérée juste bonne à servir de réserve d'esclaves pour les gens civilisés, européens comme arabes. Ce discours opportuniste fut néanmoins contredit par les voyageurs arabes qui commencèrent à se rendre au pays des noirs (le Soudan) au 7 ème siècle. Leur récits décrivent un pays où il fait bon vivre (les ressources abondent, l'agriculture n'a nul besoin d'être intensive), et les sociétés sont dotés de traditions orales riches et respectées. Bref, une vie qui aurait pu être paradisiaque s'il n'y avait pas eu une situation de guerres presque incessantes au grès des luttes de pouvoir et des besoins du commerce d'esclaves. Des structures de pouvoir existent effectivement. Tout village est dirigé par un chef, assisté du conseil des anciens, et cette organisation peut se développer et s'étendre jusqu'à donner naissance à des royaumes ou empires, dont plusieurs marquèrent l'histoire du continent. Ces royaumes noirs répondent à la même logique de pouvoir que les royaumes européens. On peut donc y déceler les mêmes caractéristiques. Un roi, parfois une reine, qui s'installe grâce à un succès militaire et qui fera de son royaume une propriété héréditaire au sein de son lignage. Princes et princesses suivent. Souvent les compagnons d'armes du roi constituent une aristocratie qui peut aider à gérer les ressources et le territoire du royaume. L'armée sert bien évidemment à contrôler le territoire, à l'agrandir s'il y a besoin de nouvelles ressources, à le défendre contre les attaques extérieures. Le territoire pouvait être partagé en sous royaumes gérés par des rois locaux ayant fait allégeance au roi central. Des fonctionnaires étaient chargés de collecter les tributs dus par les populations soumises. Le roi est doté des attributs du pouvoir : un sceptre, un trône, parfois l'usage exclusif de peaux de tel animal ou de tels bijoux précieux. S'il s'agit d'une reine, elle peut être célibataire et s'offrir des partenaires temporaires à sa guise sans que cela offusque qui que ce soit. On fera toutefois attention à ce qu'elle ait une progéniture capable de prendre la relève. Les populations, paysannes et sédentaires, sont relativement faciles à gérer. Les traditions sont stables, la vie sociale est organisée par les rites agraires, les cérémonies funéraires, les sociétés secrètes et surtout les cycles d'initiatio n qui préparent les jeu nes au respect des règles qui ordonneront leur vie d'adulte. Cependant, q uelques différences par rapport aux royaumes européens existent : les rois africains construisent peu de châteaux ou palaces (genre Versailles), les matériaux et le climat ne s'y prêtant pas trop. Leurs habitations sont plutôt simplement des maisons plus grandes que les autres. Exceptions notables : le royaume du Zimbabwe, dont on peut encore aujourd'hui admirer quelques restes architecturaux (notamment des fortifications en pierre), et le royaume du Benin dont la décoration de plaques de bronze des demeures
