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VETAGRO SUP CAMPUS VETERINAIRE DE LYON Année 2017 - Thèse n° 014 LES INFECTIONS MAMMAIRES CHEZ LA VACHE LAITIERE. DEMARCHE DANS LE CADRE DU DIAGNOSTIC COLLECTIF THESE Présentée à l’UNIVERSITE CLAUDE-BERNARD - LYON I (Médecine - Pharmacie) et soutenue publiquement le 7 juillet 2017 pour obtenir le grade de Docteur Vétérinaire par VILLARD Stessy Née le 12 septembre 1991 à Issoire

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VETAGRO SUP CAMPUS VETERINAIRE DE LYON

Année 2017 - Thèse n° 014

LES INFECTIONS MAMMAIRES CHEZ LA VACHE LAITIERE.

DEMARCHE DANS LE CADRE DU DIAGNOSTIC COLLECTIF

THESE

Présentée à l’UNIVERSITE CLAUDE-BERNARD - LYON I

(Médecine - Pharmacie)

et soutenue publiquement le 7 juillet 2017

pour obtenir le grade de Docteur Vétérinaire

par

VILLARD Stessy

Née le 12 septembre 1991

à Issoire

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Année 2017 - Thèse n° 014

LES INFECTIONS MAMMAIRES CHEZ LA VACHE LAITIERE.

DEMARCHE DANS LE CADRE DU DIAGNOSTIC COLLECTIF

THESE

Présentée à l’UNIVERSITE CLAUDE-BERNARD - LYON I

(Médecine - Pharmacie)

et soutenue publiquement le 7 juillet 2017

pour obtenir le grade de Docteur Vétérinaire

par

VILLARD Stessy

Née le 12 septembre 1991

à Issoire

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Remerciements

A Madame le Professeur Elvire SERVIEN,

De la Faculté de Médecine de Lyon

Pour avoir accepté la présidence de mon jury de thèse et pour l’intérêt et la curiosité portés à

ma thèse.

A Monsieur le Docteur Pierre BRUYERE,

De VetAgro Sup – Campus Vétérinaire de Lyon

Pour avoir accepté d’encadrer ma thèse, pour votre aide précieuse dans la rédaction de ce

mémoire, pour votre enthousiasme et pour votre soutien.

A Monsieur le Professeur Pierre GUERIN,

De VetAgro Sup – Campus Vétérinaire de Lyon

Pour avoir accepté d’être second assesseur de mon jury de thèse.

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Table des matières

TABLE DES FIGURES 10

TABLE DES TABLEAUX 11

TABLE DES ABREVIATIONS 12

INTRODUCTION 13

PARTIE 1 : PREAMBULE SUR LES MAMMITES 15

I. Les mammites 15 A. Définition générale 15 B. Répercussions économiques 16 C. Les agents pathogènes responsables 18

1. Staphylococcus aureus 18 2. Escherichia coli 19 3. Streptococcus uberis 20 4. Les staphylocoques à coagulase négative 21 5. Corynebacterium bovis 22 6. Rôle des pathogènes mineurs dans la lutte contre les infections par des pathogènes majeurs 22 7. Particularités des agents pathogènes rencontrés en élevage biologique 23

II. Les différents modes de contamination des vaches 23 A. Mammite environnementale 23 B. Mammite contagieuse 25 C. Réservoirs des différents germes 26 D. Autres modes de contamination 27 E. Bilan 27

III. Les particularités du tarissement 27 A. Définition du tarissement 27 B. Tarissement et infections mammaires 28

IV. Conclusion 29

PARTIE 2 : LES DIFFERENTES ETAPES A REALISER AVANT LA VISITE D’ELEVAGE PROPREMENT DITE 31

I. Préparation de la visite d'audit 31

II. Évaluation de l’impact économique en situation initiale 31

III. Analyse d’orientation sur documents 32 A. Analyse du carnet sanitaire du registre d’élevage 33 B. Analyse du contrôle laitier 34

1. Préambule sur les concentrations cellulaires somatiques du lait 34 a. Généralités 34 b. Variations physiologiques 35

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c. Les concentrations cellulaires peuvent-elles être trop basses ? 36 d. Lien entre le niveau de production, les valeurs de Taux Butyreux (TB) et Taux Protéique (TP) et les concentrations cellulaires 36

2. Analyse des résultats du contrôle laitier 37 a. Animaux sains, infectés, douteux 37 b. Les indicateurs caractérisant la prévalence des mammites et l’évolution des CCSI avant et après infection 38 c. Les indicateurs utilisés pour évaluer les réponses aux traitements en lactation et au tarissement 39

i. Réponse au traitement en lactation 40 ii. Réponse au traitement au tarissement 40

d. Calcul de l’indicateur relatif aux nouvelles infections en lactation et au tarissement 41 C. Etudes des analyses réalisées par la laiterie 43

1. Intérêt de l’étude des CCST 43 2. Intérêt de l’étude des autres analyses réalisées par la laiterie 44

D. Bilan 44

V. Autres analyses pouvant être évaluées lors d’un audit de qualité du lait 46 A. Le Californian Mastitis Test ou CMT 47 B. Analyses bactériologiques 47 C. Mesure de la conductivité du lait 51 D. Mesure des composés solubles dans le lait 51

1. Les enzymes 52 2. Les protéines de la phase aiguë dans le lait 52 3. Autres composés 53

3EME PARTIE : LA VISITE D’ELEVAGE 55

I. Investigation des facteurs de risque 55 A. Généralités 55 B. Déroulement de la traite 56

1. Observations à réaliser avant la traite 56 a. État du matériel 56 b. Hygiène du trayeur et propreté du matériel 59 c. Entrée des animaux 59 d. Propreté des animaux 60 e. Préparation de la mamelle 63

2. Observations à réaliser pendant la traite 67 a. Pose des griffes 67 b. Comportement des animaux 67 c. Gestion des bouses 68 d. Evaluation des effets de la machine à traire sur les infections mammaires 68 e. Fin de la traite 71 f. Utilisation du lactocorder 72

3. Observations à réaliser après la traite 73 a. Observation des trayons à la dépose des griffes 73 b. Post-trempage 77 c. Sortie de la salle de traite et nettoyage 79

C. Déroulement de la visite du bâtiment 79 1. Implication du bâtiment dans les infections mammaires 79 2. Système de couchage et litière 80

a. Le bâtiment à logettes 80 b. Stabulation entravée 80 c. Stabulation avec aire paillée 81 d. Litières 81

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3. Facteurs influençant le microbisme du bâtiment et participant à l'amélioration de la santé de la mamelle 85

a. Hygrométrie 85 b. Température ambiante 85 c. Ventilation 86 d. Luminosité 87 e. Entretien des surfaces bétonnées 87 f. Box de vêlage 87 g. Observations et mesures pour les autres bâtiments 88

D. Investigations spécifiques aux génisses et aux primipares en peripartum 88 1. Facteurs de risque durant les 2 derniers mois de la gestation des génisses et le début de lactation 88 2. Facteurs de risque de la naissance jusqu'aux derniers mois de la gestation 89

E. Investigations sur l'efficacité des traitements et les réformes 90 1. Traitement antibiotique au tarissement 90 2. Traitement antibiotique en lactation 90 3. Gestion des réformes 91

II. Evaluation du rapport coûts-bénéfices et formulation du plan de maîtrise dans l’exploitation 92

III. Suivi et évaluation du nouveau plan de maîtrise 93

CONCLUSION 94

BIBLIOGRAPHIE 97

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Table des figures

Figure 1 : Principales périodes de sensibilité de la mamelle aux infections à entérobactéries ............ 20 Figure 2 : Circulation selon un modèle environnemental d'un agent infectieux dans une population 24 Figure 3 : Circulation selon un modèle contagieux d'un agent infectieux dans une population ......... 26 Figure 4 : Nouvelles infections pendant la période sèche ................................................................. 29 Figure 5 : méthode d'identification bactérienne après isolement ..................................................... 48 Figure 6 : Les composants du faisceau trayeur ................................................................................. 57 Figure 7 : Les composants de la machine à traire .............................................................................. 58 Figure 8 : Grille de notation de la propreté des bovins vivants .......................................................... 60 Figure 9 : Fiche de notation de l'état de propreté des vaches laitières en élevages ............................ 62 Figure 10 : Le phénomène d'impact .................................................................................................. 69 Figure 11 : la traite humide ............................................................................................................... 70 Figure 12 : Courbe relevée par le lactocorder, éjection normale du lait ............................................. 72 Figure 13 : Courbe relevée par le lactocorder, éjection bimodale du lait ........................................... 72 Figure 14 : Courbe relevée par le lactocorder, sur-traite ................................................................... 73 Figure 15 : Microhémorragies ........................................................................................................... 74 Figure 16 : Couleur rouge-violette des trayons .................................................................................. 74 Figure 17 : Anneaux de compression ................................................................................................. 74 Figure 18 : Scores d'hyperkératose du trayon .................................................................................... 75 Figure 19 : Relation entre le score du trayon après la traite et l'état sanitaire de la mamelle ............. 76 Figure 20 : Dimensions recommandées pour les logettes .................................................................. 80 Figure 21 : L'effet cheminé ............................................................................................................... 86 Figure 22 : L'effet vent ..................................................................................................................... 86

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Table des tableaux

Tableau I : Nature des réservoirs des germes ................................................................................... 26 Tableau II : Caractéristiques des modèles de transmission vis à vis des cas cliniques de mammites ... 34 Tableau III : Méthode de détermination du statut des animaux sur le contrôle laitier ....................... 37 Tableau IV : Les caractéristiques relatives aux CCSI des modèles contagieux et environnemental...... 39 Tableau V : Guérison en lactation selon le modèle de transmission ................................................... 40 Tableau VI : pourcentage de guérison en lactation des différents pathogènes .................................. 40 Tableau VII : Guérison au tarissement selon le modèle de transmission ........................................... 41 Tableau VIII : Nouvelles infections au tarissement et identification du modèle de transmission ....... 42 Tableau IX : Analyse des Concentrations cellulaires somatiques dans le tank pour l'identification du modèle de transmission ................................................................................................................... 44 Tableau X : Détermination du modèle de contamination................................................................... 45 Tableau XI : Détermination du sous-modèle de contamination ......................................................... 46 Tableau XII : Domaines d'investigation prioritaires selon le profil épidémiologique ........................... 55 Tableau XIII : Impact des différentes techniques sur la qualité du lait et la prévention des infections à réservoir mammaire ou environnemental ........................................................................................ 66 Tableau XIV : Anomalies liées à la machine à traire ........................................................................... 76 Tableau XV : Les différents produits de post-trempage .................................................................... 78 Tableau XVI : Pouvoir désinfectant des principaux produits disponibles ........................................... 78

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Table des abréviations

AINS : Anti-Inflammatoire Non Stéroïdien

ANC : Gélose au sang avec Acide Nalidixique et Colistine

BCP : Gélose au sang avec Bromocrésol

CCSI : Concentration Cellulaire Somatique Individuelle

CCST : Concentration Cellulaire Somatique dans le Tank

CMT : Californian Mastitis Test

GS : Gélose non sélective au Sang

IL1 : Interleukine 1

IMclinique : Incidence totale des mammites cliniques

LDH : Lactate Déshydrogénase

LH : Hormone Lutéinisante

NAGase: N-acétyl-β-D-glucosaminidase

ODHIC: Ontario Dairy Herd Improvement Corporation

PCR : Polymerase Chain Reaction

PMclinique : Prévalence des mammites cliniques

PMsubclinique : Prévalence des mammites subcliniques

SAA : Sérum Amyloïde A

SCN : Staphylocoques à Coagulase Négative

TB : Taux Butyreux

TCI : Température Critique Inférieure

TCS : Température Critique Supérieure

TNFα : Tumor Necrosis Factor

TP : Taux Protéique

UV : UltraViolet

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Introduction

La filière laitière en France constitue une des filières principales de l’agriculture française. En

2014, elle regroupait 63 602 exploitations avec une production annuelle française de 24,6

milliards de litres de lait. Ces dix dernières années ont été marquées par une forte diminution

du nombre d’exploitations, passant de 98 000 en 2005 à 64 000 exploitations en 2014 et une

augmentation des effectifs moyens, avec une moyenne de 40,6 vaches laitières par exploitation

en 2005 et 58,1 vaches laitières par exploitation en 2014 (1).

Ces derniers mois ont été marqués par la crise du lait. Une surproduction en partie due à la fin

des quotas laitiers et à une demande interne stable a conduit à un effondrement des cours du

lait. Après avoir atteint 365€ la tonne en 2014, 305€ en 2015, il était autour des 275€ en 2016

(2).

Les concentrations cellulaires somatiques du lait dans le tank constituent un des critères de

paiement du lait. Les infections mammaires peuvent engendrer une augmentation de ces

concentrations cellulaires induisant alors des pénalités sur le paiement du lait. Nous allons donc

parler dans cette thèse des infections mammaires des vaches laitières et de l’audit de qualité du

lait.

En effet, quand la qualité du lait devient un problème au niveau du troupeau, un audit de qualité

du lait s'impose. Le vétérinaire est souvent sollicité dans les cas suivants : entrée dans le champ

de menace réglementaire de l‘arrêt de collecte du lait, constatation d’une élévation récente et

durable des concentrations en cellules somatiques du lait de troupeau, flambée des cas cliniques,

combinaison de ces situations ou encore audit de santé plus global intégrant les mammites.

L'analyse des documents a lieu au préalable et permet d’identifier le mode de transmission des

mammites, puis le vétérinaire se rend sur l'exploitation à l'heure habituelle de la traite afin de

réaliser la visite de traite. L'objectif est de déterminer le ou les facteurs de risques responsables

(logement, équipement de traite, procédures de traite, gestion d'élevage, bactéries présentes

dans le troupeau). Ces facteurs sont ensuite hiérarchisés et enfin un plan d'action avec des points

de contrôle clairs est proposé à l'éleveur (3–6).

Dans une première partie, nous réaliserons un préambule sur les mammites abordant des

connaissances nécessaires à la compréhension de la démarche de réalisation d’une visite

d’élevage. Dans une seconde partie, nous étudierons les différentes étapes à réaliser avant la

visite puis nous détaillerons la visite d’élevage proprement dite. Enfin, dans une dernière partie,

nous verrons les différentes étapes à réaliser après la visite de traite.

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Partie 1 : Préambule sur les mammites

Il est important de réaliser dans un premier temps quelques rappels sur les mammites puisque

ces connaissances sont essentielles à la compréhension de la démarche de réalisation d’une

visite d’élevage, et plus particulièrement pour effectuer l’analyse des documents.

I. Les mammites

A. Définition générale

Une mammite est une inflammation de la mamelle dont l’origine la plus fréquente est

infectieuse par pénétration d’une bactérie dans le quartier par le canal du trayon. Il s’agit d’une

affection fréquente chez les vaches laitières. Seule l’origine infectieuse sera étudiée dans cette

thèse mais il faut savoir qu’il peut exister également une origine traumatique ou toxique (7,8).

On peut différencier les mammites cliniques des mammites subcliniques.

Une mammite clinique entraîne une modification de l’aspect du lait (sécrétions lactées plus

aqueuses, présence de grumeaux) avec présence ou non de signes locaux sur la mamelle (signes

de l’inflammation : enflure, douleur, rougeur, chaleur) et de signes généraux (fièvre,

déshydratation, baisse d’appétit, faiblesse) (9). Il existe d’ailleurs une classification pour les

mammites cliniques :

- Grade 1, seule la sécrétion de lait est anormale

- Grade 2, en plus d’une sécrétion anormale, le quartier affecté est visuellement anormal

(présence d’une inflammation)

- Grade 3, en plus des signes décrits précédemment, il y a une atteinte de l’état général de

la vache (diminution de l’appétit, dépression, fièvre) (10).

Une mammite subclinique se manifeste par une augmentation du comptage cellulaire somatique

individuel ou du quartier (11) sans symptôme visualisable par l’éleveur. D’autres

manifestations peuvent être observées lors d’une mammite subclinique comme une

augmentation de la conductivité du lait ou la présence de bactéries dans le lait.

Ainsi, une mammite clinique est facilement identifiable grâce à l’aspect des sécrétions lactées,

et éventuellement grâce à la présence de signes locaux et généraux. Au contraire, une mammite

subclinique n’est pas facile à détecter. On se base donc en particulier sur les concentrations

cellulaires dont l’augmentation traduit la réponse immunitaire due à l’agression de la glande

mammaire, avec un seuil fixé à 200 000 cellules/mL. Une vache dont le comptage cellulaire est

supérieur à 200 000 cellules/mL est donc considérée comme atteinte. Néanmoins, ce critère

n’est pas parfait. En effet, les concentrations cellulaires somatiques du lait des vaches saines

varient selon l’âge, le nombre de jour de lactation, la saison, le statut hormonal… Il est donc

impossible de définir un niveau de comptage cellulaire réellement normal même si le seuil fixé

à 200 000 cellules/mL semble être le plus adapté (12). D’ailleurs, une étude réalisée par

l’ODHIC (Ontario Dairy Herd Improvement Corporation) rappelle que, quel que soit le seuil

utilisé pour classer une vache, certaines vaches seront toujours mal classées mais qu’il semble

qu’un niveau de 200 000cellules/mL donne un taux de succès raisonnable (13).

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De nombreux facteurs influencent la présence de mammites dans un troupeau, ce sont les

facteurs de risques. En effet, le nombre d’infection risque de grimper si l’exposition des trayons

et mamelles aux agents pathogènes est augmentée, si on favorise l’entrée des pathogènes au

travers du trayon ou si un stress ou une alimentation inadaptée induisent une baisse des défenses

immunitaires de la vache (14).

B. Répercussions économiques

Les répercussions économiques des mammites sont importantes à connaître puisqu’elles vont

motiver la réalisation d’une visite d’élevage. Les mammites occupent le 1er rang des affections

bovines en termes d'impact économique. Elles sont suivies par l’infertilité et les boiteries.

L’impact économique total des mammites cliniques est important. En effet, il s’élève à environ

5500€ par an pour un troupeau de 60 vaches laitières. Le coût d’une mammite clinique est

estimé à environ 250€ par vache et par an, soit 32€ pour 1000L de lait. Il se décompose en un

coût direct correspondant à la baisse de production laitière, les réformes subies, l’écartement du

lait, les frais vétérinaires, et en un coût indirect correspondant aux pénalités sur le paiement du

lait et à la perte de temps.

Le coût direct est d’environ 120€ par vache, il comprend :

- Une baisse de production laitière (70% soit 84€) au moment de la mammite clinique

mais qui peut aussi persister après traitement de la mammite

- Les réformes anticipées (13% soit 16€) qui engendrent une augmentation des frais de

remplacement et qui diminuent les capacités de production puisque le rendement en lait

des multipares est supérieur à celui des primipares. De plus, les vaches laitières font en

moyenne 2,5 lactations. Or le potentiel laitier n’est exprimé qu’à partir de la 3ème

lactation et les vaches sont improductives avant l’âge de 2 ans (19). Au-delà de 5% de

réformes pour cause de mammites, on considère que les mammites sont problématiques

dans un élevage (18)

- Le lait écarté (12% soit 14€) en raison des temps d’attente dans le lait des traitements.

Il faut également ajouter à ce coût le coût de revient de l’alimentation nécessaire à ces

vaches pour qu'elles produisent ce lait

- Les frais vétérinaires (5% soit 6€), c’est-à-dire les traitements, la visite, les analyses

bactériologiques (4,15–17).

Le coût indirect est d’environ 130€ par vache, il comprend :

- Les pénalités sur le paiement du lait suite à une baisse de qualité liée à une augmentation

des germes et des cellules somatiques du lait du tank. Néanmoins, cela ne survient que

lors d’une forte augmentation du nombre de cas ou lors d’une mauvaise détection des

mammites

- Une perte de temps

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- Un risque d’augmentation du nombre de mammites dans le troupeau en raison de la

possible contagiosité des germes responsables de mammites, plus particulièrement en

cas d’infections par un germe transmis lors de la traite, à l’origine d’un nombre élevé

de vaches atteintes, augmentant ainsi les répercussions économiques (4,15–17).

- Le coût d'autres maladies quand le risque de celles-ci est augmenté par les mammites

(18).

- Une baisse des performances de reproduction (10,19–22) : les mammites et l’infertilité

constituent deux affections fréquentes et liées. Des études ont ainsi mis en évidence que

l’intervalle vêlage-première insémination artificielle est plus long chez les vaches ayant

présenté une mammite clinique entre le vêlage et le moment de la mise à la reproduction

(77,3 jours contre 67,8 jours) (21). De même, l’intervalle vêlage-insémination

artificielle fécondante, le nombre d’insémination artificielle moyen, et le taux de vaches

vides à 224 jours post-partum sont plus élevés chez les vaches ayant eu une mammite

clinique au cours de la période entre le vêlage et la mise à la reproduction (22). On a

donc un impact négatif des mammites sur les performances de reproduction.

Néanmoins, il ne semble pas y avoir de lien entre la gravité de la mammite et la

dégradation des paramètres de reproduction.

La dégradation des paramètres de reproduction s’explique de différentes façons.

Tout d’abord, lors d’une inflammation mammaire, des cytokines telles que TNFalpha et

IL-1 sont produites par le tissu mammaire, ces cytokines engendrent une vasodilatation

locale favorisant l’afflux des cellules inflammatoires. Les IL-1 et TNFalpha ont un effet

négatif sur les follicules puisqu’ils empêchent l’acquisition des récepteurs à la LH.

Une sécrétion de thromboxane et de prostaglandines a également lieu. Les

prostaglandines peuvent provoquer une lyse du corps jaune. La lyse du corps jaune

entraîne un retour en chaleur rapide, ou une mortalité embryonnaire précoce suivi d’un

retour en chaleur si la vache est gravide.

Par ailleurs, la douleur présente lors d’une inflammation mammaire augmente la

synthèse de cortisol et diminue le taux de LH. La quantité d’œstradiol produite est alors

plus faible, de ce fait, l’expression des chaleurs sera moins marquée. Le corps jaune

résultant est de petite taille et produit moins de progestérone. De plus, la douleur

provoque une perte d’appétit à l’origine d’un déficit énergétique.

Enfin, l’hyperthermie peut être à l’origine d’une mortalité embryonnaire précoce.

Pour pallier cela, selon une étude menée à l’échelle européenne, le traitement simultané

avec des antibiotiques adaptés et un AINS (METACAM ® dans cette étude) permet de

limiter la détérioration des paramètres de reproduction (19).

Les mammites subcliniques ont également un coût important. Selon HALASA et al (23), le

coût des mammites subcliniques s’élève à 102€ par cas et par an qui correspondent à environ

49€ de baisse de production laitière, 31€ de réformes anticipées, 14€ de pénalités sur le

paiement du lait et 8€ d’autres frais. Il semblerait que ces coûts soient sous-estimés par

HALASA et al, puisque selon WALLEMACQ et al, les infections subcliniques seraient

responsables d’environ 80% de l’ensemble des pertes économiques associées aux mammites,

ces pertes seraient majoritairement liées à une baisse de production et de la qualité du lait, aux

coûts de traitements et de préventions (24).

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C. Les agents pathogènes responsables

Les agents pathogènes responsables de mammites peuvent être classés en deux catégories, les

agents pathogènes majeurs et les agents pathogènes mineurs.

Les germes pathogènes majeurs sont potentiellement responsables de mammites cliniques. Ce

sont les germes les plus virulents. C’est le cas de Staphylococcus aureus, Escherichia coli, les

streptocoques (notamment Streptococcus uberis). Ils représentent 86% des germes responsables

de mammites cliniques (25). Dans de plus rare cas, on retrouve Trueperella pyogenes,

Klebsiella sp, Pseudomonas aeruginosa, des mycobactéries, mycoplasmes, brucelles, levures,

algues. Ils sont parfois responsables de sévères réactions locales, d’une forte hausse des

concentrations cellulaires somatiques, d’une baisse de production, et même parfois de la mort

de la vache (26).

Les germes pathogènes mineurs sont rarement responsables de mammites cliniques. C’est le

cas des staphylocoques à coagulase négative et Corynebacterium bovis (11,26).

Selon certains auteurs, les germes pathogènes majeurs ont une plus forte importance

économique et épidémiologique (11,27). Cette affirmation peut être discutée. Une étude réalisée

par TENHAGEN (28) montre que, sur des prélèvements de lait réalisés sur des vaches

cliniquement saines, les pathogènes les plus fréquemment isolés sont des pathogènes mineurs,

à savoir les staphylocoques à coagulase négative et Corynebacterium bovis. Il aurait été

intéressant d’avoir des informations sur les concentrations cellulaires somatiques des vaches

pour lesquelles ces germes ont été isolés dans le lait. On aurait alors pu savoir si ces germes

étaient éventuellement responsables de mammites subcliniques avec augmentation des

concentrations cellulaires somatiques du lait et donc s’ils avaient une importance économique

et épidémiologique. De plus, selon PYORALA (29), les staphylocoques à coagulase négative

sont devenus des germes couramment isolés lors de mammites, ils sont d’ailleurs décrits comme

des agents pathogènes émergents. On peut retenir que les germes pathogènes majeurs

sembleraient avoir une plus forte importance économique et épidémiologique tout en sachant

que les staphylocoques à coagulase négative sont de plus en plus présents et isolés et donc

risquent de gagner en importance.

Il faut également noter que les bactéries à gram négatif engendrent une baisse de production

deux à trois fois plus importante que les bactéries à gram positif (10).

Les caractéristiques des principaux germes seront détaillées ci-dessous. Elles sont en effet

essentielles à la compréhension de l’analyse des documents puisque ces caractéristiques

peuvent être reliées lors de l’analyse au mode de transmission des germes concernés.

1. Staphylococcus aureus

Staphylococcus aureus est une bactérie à gram positif vivant à la surface de la peau. On retrouve

cette bactérie à la surface de la peau de la mamelle et des trayons. En cas de contamination de

la mamelle, on peut également la retrouver dans le parenchyme.

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Ce germe est connu pour sa forte contagiosité. En effet, cette bactérie se transmet

principalement pendant la traite et son caractère contagieux s’explique par le fait qu’une vache

infectée contamine les vaches saines par l’intermédiaire du manchon trayeur, de remontées de

lait ou par l’intermédiaire des mains du trayeur (principalement par des mains crevassées) (11).

En présence d’infection à Staphylococcus aureus, l’augmentation du nombre de quartiers

infectés dans l’élevage est rapide, mais il faut tout de même savoir que, dans de plus rares cas,

les infections à Staphylococcus aureus sont peu contagieuses (30).

Staphylococcus aureus a le pouvoir de pénétrer profondément dans la mamelle grâce à un

équipement enzymatique performant, il peut alors s’enkyster dans le tissu mammaire. Cette

bactérie a la capacité de se mettre à l’abri dans des micro-abcès et dans les cellules (11). Ces

propriétés lui permettent de résister aux attaques du système immunitaire et de s’isoler derrière

la paroi des abcès qui empêche la pénétration des antibiotiques (9). Ce germe est ainsi assez

résistant aux traitements. Les rechutes sont donc fréquentes. Ainsi, la réussite d’un traitement

dépend de sa durée, de la réalisation d’un traitement ou non par voie générale, de l’âge de

l’animal, des mesures d’hygiène prises pour réaliser le traitement local et du moment du

traitement. L’efficacité du traitement en lactation est faible, elle est meilleure au tarissement.

Ce faible taux de réussite du traitement est souvent à l’origine d’une réforme des animaux (31).

Une infection à Staphylococcus aureus se manifeste par des cas cliniques peu sévères ou

discrets, rencontrés sur toute la lactation, survenant surtout chez des vaches ayant déjà des

concentrations cellulaires somatiques élevées qui persistent plusieurs mois après l’épisode

clinique (6). Ces germes sont plus fréquemment à l’origine de mammites subcliniques et

chroniques, rendant leur diagnostic et leur contrôle difficile (24).

2. Escherichia coli

Escherichia coli est une bactérie à gram négatif d’origine digestive, que l’on retrouve

principalement dans la litière. Elle est transmise principalement entre les traites mais elle peut

également l’être suite à un défaut de nettoyage des trayons en empruntant les modes de

transmission des germes de traite. E coli a plutôt tendance à rester dans le sinus lactifère mais

cette bactérie peut également s’implanter profondément dans la mamelle. Elle peut aussi dans

certains cas passer dans le sang et provoquer une bactériémie (11).

Elle est fréquemment responsable de mammites cliniques, souvent accompagnées de signes

généraux, rencontrées en début de lactation, et non précédées ni suivies d’élévation durable des

concentrations cellulaires (6).

Les infections ont lieu le plus souvent pendant le tarissement (9). Selon HOGAN & SMITH

(32), les infections par E. coli au moment du tarissement provoquent 65% des mammites

cliniques apparaissant lors des 2 premiers mois de lactation. Cette valeur varie selon les études,

en effet, selon BRADLEY (33), 52,6% des mammites à entérobactéries survenant lors des 100

premiers jours de lactation sont issues d’une contamination pendant le tarissement.

La figure 1 reprend les principales périodes de sensibilité de la mamelle aux entérobactéries.

Là encore, on peut voir que le tarissement constitue la période où la mamelle subit le plus

d’agressions par les colibacilles. Le nombre d’agressions serait 10 fois plus élevé que durant la

lactation (34).

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Figure 1 : Principales périodes de sensibilité de la mamelle aux infections à entérobactéries (34)

Ces infections pourront être limitées par le respect de l’hygiène de la litière des vaches taries et

par l’utilisation d’obturateurs de trayon au tarissement. En effet, les vaches taries ont tendance

à être négligées par les éleveurs qui les surveillent moins bien pendant les 8 semaines de

tarissement, et elles sont également souvent logées dans des conditions de saleté importantes et

leur mamelle est alors fortement exposée aux colibacilles. C’est au début et en fin du

tarissement que la sensibilité aux colibacilles est la plus grande avec entre les deux, une période

de meilleure résistance à l’invasion bactérienne (34).

Les particularités du tarissement seront détaillées ultérieurement.

On peut aussi noter l’influence de la saison avec les périodes chaudes et humides qui sont

propices à la croissance des bactéries dans la litière des vaches en intérieur (9).

3. Streptococcus uberis

Streptococcus uberis est une bactérie à gram positif, ubiquitaire. En effet, cette bactérie est

d’origine digestive, on la retrouve donc inévitablement dans la litière, mais elle peut persister à

la surface de la peau de la mamelle et des trayons. En cas de contamination, on peut retrouver

cette bactérie au niveau de l’épithélium mammaire. Cette bactérie peut parfois s’implanter

profondément dans la mamelle (11).

Ce germe est responsable de mammites cliniques ou subcliniques se déclenchant surtout

pendant le tarissement ou pendant les premières semaines de lactation. Il faut porter une

attention particulière aux conditions de logements des génisses et des vaches taries (31). Les

cas cliniques sont de sévérité moyenne, avec rarement des signes généraux. En général, il n’y a

pas d’élévation préalable des concentrations cellulaires somatiques mais l’infection est suivie

d’une élévation de la concentration cellulaire assez persistante, répondant assez bien au

traitement (35).

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4. Les staphylocoques à coagulase négative

Les staphylocoques à coagulase négative (SCN) sont des bactéries à gram positif vivant dans

l’environnement. Leur prévalence est de plus en plus forte, ils sont décrits comme des agents

pathogènes de mammites émergents.

Ces germes sont moins pathogènes que les agents pathogènes majeurs. Ils engendrent en général

des mammites subcliniques qui peuvent être persistantes (29). Dans certains troupeaux, ils

peuvent induire une forte incidence de cas cliniques (36). Ces cas cliniques sont en général peu

sévères avec une simple modification de l’aspect du lait dans la plupart des cas (37). La

prévalence des infections par des staphylocoques à coagulase négative est supérieure chez les

primipares. Les infections des primipares ont lieu avant vêlage ou juste après vêlage, alors que

les infections des multipares ont lieu plutôt en fin de lactation (29).

L’étude des mammites à SCN est compliquée, un seul groupe de bactéries est incriminé mais

en réalité, de nombreuses espèces sont en cause. Les staphylocoques à coagulase négative les

plus fréquemment impliqués dans les mammites sont Staphylococcus chromogenes,

Staphylococcus simulans, Staphylococcus xylosus, Staphylococcus epidermidis,

Staphylococcus hyicus et Staphylococcus hemolyticus (36). Selon une étude réalisée par

TAPONEN (37), les deux espèces les plus couramment isolées sont Staphylococcus

chromogenes et Staphylococcus simulans. En effet, sur 133 mammites cliniques ou

subcliniques liées aux staphylocoques à coagulase négative, 43,6% étaient dues à

Staphylococcus simulans et 23,3% à Staphylococcus chromogenes. Une étude de JARP (38)

montre aussi que Staphylococcus simulans est le plus fréquemment isolé, suivi par

Staphylococcus chromogenes.

Les informations concernant le mécanisme de développement des infections à SCN et leur

mode de contamination sont encore parcellaires. Ces germes ne peuvent pas être classés

clairement comme des germes contaminant les vaches au moment de la traite ou via

l’environnement.

Actuellement, on se doute que les différentes espèces de staphylocoques à coagulase négative

possèdent des caractéristiques variables mais, peu d’études ont pu mettre en évidence une

différence significative (39). Dans son étude, JARP (38) a recherché le lien éventuel entre

l’espèce de SCN isolée et le caractère clinique ou subclinique de la mammite, et aucune

différence significative n’a pu être mise en évidence. De plus, aucun lien n’a pu être fait entre

la sévérité des mammites cliniques et l’espèce en cause.

Une étude réalisée par PIESSENS a mis en évidence que l’épidémiologie des différentes

espèces de SCN était différente. Il semblerait que le réservoir de Staphylococcus chromogenes

et Staphylococcus epidermidis soit plutôt mammaire contrairement à celui de Staphylococcus

haemolyticus et Staphylococcus simulans qui serait plutôt environnemental (40).

Selon une étude réalisée par THORBERG (36), les infections persistantes sont plutôt dues à

Staphylococcus chromogenes, Staphylococcus epidermidis, Staphylococcus simulans. De plus,

les infections des multipares seraient plutôt dues à Staphylococcus epidermidis contre

Staphylococcus chromogenes chez les primipares.

Finalement, on peut voir que les différentes espèces de staphylocoques à coagulase négative

ont des caractéristiques différentes notamment concernant la persistance des infections,

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l’atteinte préférable des primipares ou des multipares, le réservoir principal, mais le mode de

contamination exact des vaches selon les espèces de SCN n’est pas encore précisément connu.

On peut retenir que la lutte contre ces germes est semblable à celle contre les germes contagieux

et passe en partie par l’utilisation de produits de post-trempage désinfectants (29). Mais, la

prévention des nouvelles infections passe également par une bonne gestion de la litière puisque

l’apparition de nouvelles infections à SCN est fortement associée à la propreté des vaches (41).

Le contrôle des infections par les staphylocoques à coagulase négative est difficile. Cela est en

partie dû à la multitude d’espèces en cause et à leurs caractéristiques variables comme on a pu

le décrire précédemment.

5. Corynebacterium bovis

Corynebacterium bovis est une bactérie à gram positif vivant à la surface de la peau des trayons

et pouvant coloniser la mamelle par le canal du trayon. Ce germe est fréquemment isolé dans

le lait de mammite des vaches laitières (42).

Il est responsable de mammites en l’absence de pathogènes majeurs. La contamination a lieu

pendant la traite. Les principales sources de contamination sont les quartiers contaminés et les

lésions des trayons. C’est un germe très contagieux lorsque les mesures d’hygiène de traite sont

défectueuses et particulièrement lorsque le post trempage n’est pas réalisé (43). D’ailleurs,

Corynebacterium bovis peut être utilisé comme indicateur de l’hygiène de traite. En effet, dans

les élevages où le post-trempage n’est pas réalisé, on peut isoler ce germe dans 60% des

quartiers (42).

Corynebacterium bovis provoque des mammites subcliniques. On observe une augmentation

des concentrations cellulaires somatiques du lait et une baisse de la production laitière. Il est

très sensible aux antiseptiques donc la lutte contre ce germe passe par une bonne hygiène de

traite avec réalisation du post trempage des trayons (44). La réalisation d’un post trempage à

l’aide d’un produit antiseptique permet donc de détruire les germes présents à la surface de la

peau et empêche alors la contamination des quartiers. Selon le réseau canadien de recherche sur

la mammite bovine, l’usage d’antibiotiques serait même inutile (44). Cette affirmation reste

surprenante car en cas d’infection mammaire, il semble difficile de guérir l’animal par un

simple post trempage. Malheureusement, aucune étude n’a été réalisée pour comparer

l’efficacité du post trempage seul à celle du traitement antibiotique lors de mammites à

Corynebacterium bovis.

6. Rôle des pathogènes mineurs dans la lutte contre les infections par des pathogènes majeurs

Il semblerait qu’une infection par un pathogène mineur (staphylocoques à coagulase négative

ou Corynebacterium bovis par exemple) pourrait créer une protection contre les pathogènes

majeurs (45). Néanmoins, cette affirmation est discutée. Il a été observé dans une étude qu’une

infection par Corynebacterium bovis pendant le tarissement aurait un effet protecteur contre les

infections par des pathogènes majeurs, mais qu’une infection par Corynebacterium bovis au

retour en lactation augmenterait le risque de nouvelles infections. Il faut tout de même garder

en tête que le retour en lactation constitue dans tous les cas une période de plus forte sensibilité

aux infections (17).

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Une infection par un pathogène mineur aurait un effet protecteur contre les infections par des

pathogènes majeurs car elle stimulerait la réponse cellulaire dans le quartier. Il pourrait

également y avoir un phénomène de compétition (17).

Dans cette optique, l’implantation intra mammaire de pathogènes mineurs pour limiter les

infections par des pathogènes majeurs peut être envisagée. Mais le bénéfice d’un effet

protecteur semble inférieur au risque de baisse de production laitière et d’augmentation des

concentrations cellulaires somatiques du lait (46).

7. Particularités des agents pathogènes rencontrés en élevage biologique (47)

Contrairement aux élevages conventionnels, il est important de savoir qu’en élevage

biologique, les pathogènes les plus rencontrés sont les staphylocoques non aureus. Ils sont

suivis par Staphylococcus aureus et Streptococcus uberis.

Dans les élevages biologiques, il y a plus de vaches à cellules qu’en élevage conventionnel,

mais le nombre de mammites cliniques est identique.

II. Les différents modes de contamination des vaches (7,48)

La plupart des germes responsables de mammites peuvent être présents dans un élevage sans

pour autant qu’il y ait des infections mammaires. Ainsi, l’apparition des infections mammaires

au sein du troupeau dépend à la fois de la pression d’infection, elle est liée à l’importance des

sources de germes et à leur mode de contamination. L’apparition des infections dépend

également de la pression d’exposition liée à la sensibilité des quartiers à l’infection (49).

La connaissance des caractéristiques des modes de contamination des germes aide à leur

identification au cours de l’analyse des documents puis à la recherche des facteurs de risques

lors de la visite d’élevage afin de mettre en relief les mesures à prendre pour diminuer

l’incidence et la prévalence des mammites dans un élevage.

On peut donc définir les deux catégories détaillées ci-dessous.

A. Mammite environnementale

On peut également parler de modèle à réservoir environnemental, de modèle environnemental

ou encore de modèle opportuniste pour les mammites environnementales.

Les mammites environnementales sont surtout causées par des coliformes (E. coli et Klebsiella)

ou par Streptococcus uberis. On peut également retrouver des staphylocoques à coagulase

négative. Les germes de la litière sont principalement d’origine digestive donc l’introduction

de germes dans le milieu est inévitable. Ces germes vont par la suite se multiplier dans la litière

à la faveur de différents facteurs : conception de l’habitat (surface par animal insuffisante,

ambiance du bâtiment), entretien de la litière (drainage insuffisant de l’aire de couchage,

fréquence de raclage insuffisante, nature de la litière, renouvellement de la litière) (31). Donc,

plus l’hygiène de l’étable et des animaux est mauvaise, plus la probabilité que ces germes

passent dans la mamelle est élevée (50). Ainsi, par exemple, l’absence de box de vêlage

augmente le risque de contamination des vaches (31). On peut également remarquer des

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variations mensuelles des mammites environnementales en raison des modifications des

conditions d’habitat. En effet, il existe dans la plupart des cas une augmentation de la pression

d’infection pour les germes d’environnement en hiver, en période de stabulation permanente ou

de vêlage. Il s’agit de phases de contamination excessive du milieu extérieur par ces bactéries

puisque toutes les conditions nécessaires à leur développement et à leur persistance dans la

litière sont présentes (49). Ceci est le cas pour les E. coli avec une incidence des mammites

cliniques plus élevées en décembre et janvier. Néanmoins, il semblerait que pour Streptococcus

uberis, l’augmentation des infections est plutôt liée au pâturage avec une augmentation de

l’incidence des mammites cliniques en août (51).

Ces bactéries sont souvent considérées comme « opportunistes » car elles tirent avantage d’une

situation qui rend la glande mammaire sensible à l’infection et qui favorise une contamination

environnementale. Les vaches se contaminent entre les traites ou pendant la période sèche, avec

une plus grande prévalence de ces infections autour du péri-partum (6,52,53). La pénétration

des germes dans le trayon s’effectue par capillarité. Cette pénétration est donc favorisée quand

le canal du trayon est large, ce qui est le cas des vaches âgées, et quand le lisier est liquide. De

plus, après la traite, le canal du trayon est ouvert et se ferme dans les 2 heures. Puis il se rouvre

peu à peu sous l’effet de l’augmentation de la pression intra-mammaire (31).

Les espèces à réservoir environnemental donnent des mammites cliniques plus ou moins

sévères avec une infection qui est plutôt de courte durée (6). Les formes subcliniques sont rares.

Les pourcentages de guérison varient un peu selon les études (54–56), mais il ressort de ces

études une meilleure guérison au tarissement qu’en lactation. Le taux de guérison en lactation

varie entre 50 et 65% pour Streptococcus uberis, et autour de 90% pour E. coli avec 75% de

guérison spontanée. Le taux de guérison au tarissement est supérieur à 70% pour Streptococcus

uberis.

Les rechutes sont peu fréquentes (4).

La figure 2 illustre les différents statuts possibles des vaches dans un élevage et les moyens de

passage entre ces derniers dans le cas d’un modèle environnemental.

Figure 2 : Circulation selon un modèle environnemental d'un agent infectieux dans une population

Infection

Guérison

Animal sain

Animal infecté

Réservoir environnemental

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B. Mammite contagieuse

On peut également parler de mammite de traite, de modèle à réservoir mammaire ou de modèle

contagieux pour les mammites contagieuses.

Les mammites contagieuses sont majoritairement causées par Staphylococcus aureus.

Streptococcus agalactiae peut également être responsable de mammites contagieuses (9).

Corynebacterium bovis peut être à l’origine de mammites contagieuses, en l’absence de

pathogènes majeurs (43). Il en est de même pour les staphylocoques à coagulase négative.

Ces bactéries vivent sur la peau de la vache et se multiplient à l’intérieur des quartiers infectés.

Les bactéries sont fortement présentes au niveau des lésions cutanées du trayon telles que les

lésions virales, les blessures ou les gerçures. La glande mammaire constitue la source primaire

d’infection. Ces bactéries ont d’ailleurs la capacité de coloniser rapidement l’intérieur du trayon

et du pis et adhèrent fortement aux tissus mammaires (53). Les manchons trayeurs, l’installation

de traite et les linges ou ustensiles de traite sont habituellement considérés comme des réservoirs

secondaires (49). Les vaches se contaminent alors pendant la traite (plutôt au-delà de 80-100

jours post-partum) via l’équipement de traite contaminé suite à la traite d’une vache infectée en

l’absence de conditions de nettoyage et d’entretien suffisantes, via les serviettes, lavettes,

lingettes mal désinfectées ou via les mains souillées de l’éleveur suite à un manque d’hygiène.

La contamination peut également avoir lieu lors de l’utilisation de matériel inadapté ce qui peut

conduire à un engorgement du faisceau trayeur à l’origine d’une remontée de lait vers les

trayons (lait contaminé par des germes récoltés lors de la traite précédente ou issus d’un quartier

de la même vache), ou lors d’entrées d’air dans le système (phénomène d’impact détaillé

ultérieurement). On observe plutôt des mammites subcliniques avec une élévation des

concentrations cellulaires (17,31,52). La forme subclinique de ces infections transforme les

animaux atteints en porteurs inapparents qui constituent alors des réservoirs redoutables (31).

Le modèle contagieux est présent toute l’année puisque les animaux sont traits tout au long de

l’année et que ces infections sont surtout de nature subclinique et chronique (49). Les mammites

cliniques se manifestent par la présence de grumeaux et une enflure du pis, mais ces dernières

sont rares (9).

Les espèces à réservoir mammaires ont tendance à persister lors d’infections avec des

concentrations cellulaires qui restent élevées pendant plusieurs mois, et l’expression clinique

est faible (6).

La réponse au traitement est moyenne avec une guérison au tarissement ou en lactation qui est

faible à modérée (inférieure à 50%). Les rechutes sont fréquentes (4).

La figure 3 illustre les différents statuts possibles des vaches dans un élevage et les moyens de

passage entre ces derniers dans le cas d’un modèle contagieux.

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Figure 3 : Circulation selon un modèle contagieux d'un agent infectieux dans une population (52)

C. Réservoirs des différents germes

Il existe trois réservoirs principaux pour les germes responsables de mammites, la mamelle

infectée, les lésions des trayons et la litière. La connaissance de ces réservoirs est importante

car elle détermine en partie les plans de lutte à mettre en place lors d’un problème de mammites

dans un troupeau.

Les réservoirs des germes contagieux comme Staphylococcus aureus et Corynebacterium bovis

sont la mamelle infectée et les lésions des trayons. Le réservoir des germes environnementaux

comme les entérobactéries est la litière. Pour les germes ubiquitaires comme Streptococcus

uberis ou les staphylocoques à coagulase négative dont le mode de transmission n’est pas

clairement établi, les réservoirs sont multiples, à savoir la mamelle infectée, les lésions des

trayons et la litière.

Le tableau I résume les réservoirs principaux des germes responsables de mammites cités

précédemment.

Tableau I : Nature des réservoirs des germes (31)

Mamelle infectée Lésions des trayons Litière

Staphylococcus

aureus

+++ +++ -

Streptococcus uberis ++ + +++

Entérobactéries + + +++

Staphylocoques à

coagulase négative

++ ++ ++

Corynebactrium

bovis

+++ +++ -

Infection

Animal sain

Infecté persistant

Chronicité

Sources secondaires

Animal infecté

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D. Autres modes de contamination (50)

Il s’agit de modes de contamination beaucoup plus anecdotiques mais néanmoins importants à

connaître. Dans les étables à stabulation libre et sur les pâtures, la tétée mutuelle et les mouches

piqueuses peuvent constituer une des causes possibles de transmission. Les mouches piqueuses

sont à l’origine de la transmission de Trueperella pyogenes, responsable de mammites d’été

dont la manifestation est très caractéristique : quartier dur renfermant une sécrétion épaisse et

odorante difficile à extérioriser (31).

Ce type de mammites ne sera pas étudié dans cette thèse puisque ces mammites sont

caractéristiques.

E. Bilan

Les différentes caractéristiques des modes de transmission des mammites dans un élevage, à

savoir mammites environnementales et mammites contagieuses ont été décrites précédemment.

La connaissance de ces caractéristiques est indispensable lors de l’analyse de documents afin

de mettre en évidence le modèle de transmission principal dans un élevage.

III. Les particularités du tarissement (31,57–59)

Le tarissement constitue une période clé pour les mammites. Au cours de cette période, les

nouvelles infections mammaires ainsi que leurs guérisons seront variables selon le modèle de

transmission des infections mammaires et selon les germes en cause. Une grande importance

est donc portée à la période sèche au cours de l’analyse des documents, et la connaissance

préalable de ses particularités est indispensable à l’identification du modèle de transmission

dominant.

A. Définition du tarissement

La période de tarissement s’étend de la fin de la lactation jusqu’au vêlage suivant, il s’agit donc

de la période où la vache ne produit pas de lait. Le tarissement constitue une période de repos

pour la glande mammaire et permet donc la régénération du tissu sécrétoire du lait de la mamelle

ainsi que la guérison des mammites subcliniques (60).

La durée du tarissement doit être comprise entre 45 et 75 jours. Des durées trop courtes ne

permettent pas une bonne récupération de la glande mammaire, et des durées trop longues

peuvent signer un problème de reproduction, un problème de gestion d’élevage ou un

tarissement anticipé lié à la présence d’une mammite subclinique.

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B. Tarissement et infections mammaires (31,34,57–59)

Le tarissement est propice à l’installation de nouvelles infections. En effet, le taux des nouvelles

infections est plus élevé pendant le tarissement que pendant la lactation, plus particulièrement

pour les infections aux coliformes (et à Streptococcus uberis dans une moindre mesure). En

effet, ce sont les deux principaux germes présents dans la litière, ils sont d’origine fécale et ont

la capacité de se multiplier dans la litière (61). Au moment du tarissement, le post trempage est

arrêté, or ce dernier a un effet filmogène qui limite la pénétration des germes dans le canal du

trayon. De plus, les produits de post trempage ont une action désinfectante permettant de

détruire les germes présents à la surface des trayons. Ainsi, au moment du tarissement,

l’absence de post trempage explique en partie l’augmentation du nombre d’infections.

Sans aucun traitement au tarissement, à savoir obturateur ou antibiotique intra-mammaire, 8 à

12% des quartiers s’infecteront au cours du tarissement dans les troupeaux où la prévalence des

mammites est moyenne.

Les facteurs de risque lors du tarissement comprennent :

- Une augmentation des bactéries à la surface des trayons liée à la suppression des

mesures d’hygiène de traite, plus particulièrement de Staphylococcus aureus et des

streptocoques au début du tarissement puis des coliformes à la fin du tarissement.

- Une modification du canal du trayon, à savoir une pénétration plus facile des bactéries.

Ceci se produit tout d’abord au début de la période de tarissement, principalement en

cas de perte de lait, avant la formation du bouchon de kératine. En effet, un

engorgement mammaire peut être présent et entraîner une dilatation du canal du trayon.

A l’approche du vêlage, la sensibilité aux nouvelles infections augmente également. En

effet le volume de sécrétion croît, le canal du trayon se dilate, la résistance de la

mamelle aux infections diminue (avec une diminution de la concentration en

lactoferrine, un nombre moins élevé de leucocytes et une réduction de la capacité

phagocytaire), et les nutriments du lait sont utilisés pour la croissance bactérienne.

Au milieu de la période de tarissement, les nouvelles infections mammaires sont plus rares car

la résistance de la mamelle aux infections est maximale. En effet, la formation d‘un bouchon

de kératine au niveau du canal du trayon, la présence de lactoferrine et d’immunoglobulines

dans la mamelle confèrent une meilleure résistance aux infections.

En cas de tarissement mal conduit, on aura principalement un développement de mammites

environnementales. Dans le modèle environnemental, il y a un fort risque d'infection en période

sèche, notamment à la fin de celle-ci. Au contraire, le risque d’apparition de mammites dites

contagieuses est élevé en début de tarissement suite à la suppression des mesures d’hygiènes

réalisées lors de la traite, notamment le trempage des trayons, ce qui permet aux bactéries

présentes à la surface des trayons de se multiplier, essentiellement Staphylococcus aureus.

La figure 4 résume les éléments cités précédemment, à savoir les périodes d’infections

principales des différents agents pathogènes au cours du tarissement.

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Figure 4 : Nouvelles infections pendant la période sèche (57)

De plus, le tarissement constitue une période clé pour la gestion des infections mammaires. Il

permet d’éliminer les infections persistantes (infections souvent anciennes et principalement

dues à Staphylococcus aureus ou à Streptococcus uberis), et il influence également le nombre

et la gravité des infections en début de lactation suivante.

Un tarissement bien réalisé permet de limiter les nouvelles infections et d’éradiquer des

mammites issues de la lactation précédente. Pour cela il faut :

- Un logement propre et sec, un traitement contre les mouches, une tonte des pis

- Une méthode appropriée de tarissement

- Un trempage des trayons pendant le tarissement, c’est-à-dire après la dernière traite,

après avoir éventuellement administré un produit intra-mammaire

- Un traitement au moyen d’antibiotiques (si nécessaire) et/ou d’obturateur

L’efficacité du traitement au tarissement sera d’autant plus grande que le nombre de quartiers

infecté par Staphylococcus aureus est réduit. De plus celle-ci diminue avec l’âge de l’animal.

IV. Conclusion

De nombreux indicateurs en lien avec les caractéristiques décrites dans cette première partie

peuvent être récoltés dans les documents. Ils sont très utiles à la détermination du modèle de

transmission dominant, à savoir modèle de traite ou modèle environnemental. La partie suivante

présente les étapes à réaliser avant la visite de traite, et développera de façon plus approfondie

l’analyse des documents.

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Partie 2 : Les différentes étapes à réaliser avant la visite d’élevage

proprement dite

I. Préparation de la visite d'audit (4,62)

La préparation de la visite d’audit consiste au recueil des attentes de l’éleveur, de son

appréciation de la situation de son troupeau vis-à-vis des mammites et des performances

technico-économiques actuelles de l'exploitation.

Il est important d’informer l’éleveur sur le contenu et les modalités pratiques de l’intervention.

Il faut également collecter les informations relatives aux concentrations cellulaires somatiques

du lait, aux cas cliniques de mammites, et à la démographie du troupeau afin de réaliser

l’analyse des documents avant de se rendre sur l’élevage. Pour cela, il faut récupérer les

documents suivants : le carnet sanitaire d’élevage, les documents du contrôle laitier, les

analyses réalisées par la laiterie sur le lait de mélange.

Avant de démarrer l’analyse des documents proprement dite, il est important d’avoir un ordre

de grandeur des pertes économiques liées aux mammites dans l’élevage en question, elles

pourront d’ailleurs être exposées à l’éleveur.

II. Évaluation de l’impact économique en situation initiale (4,6)

L’évaluation de l’impact économique doit avoir lieu dès l’étape de préparation au bureau puis

elle sera explicitée à l’éleveur au début de l’intervention en exploitation si cela peut être un

levier de communication. En effet, hormis un motif d’appel directement problématisé en termes

économiques (niveau des pénalités…), il est nécessaire de situer la marge de progrès

économique. L’éleveur ne le fait pas de lui-même ou se limite à certains aspects de l’impact

économique global. La rémunération du conseil est d’autant mieux acceptée quand celle-ci est

présentée ou perçue comme une charge rentable.

Comme on a pu le voir dans la première partie, les mammites occupent le 1er rang en termes

d’impact économique. Il peut être judicieux d’expliquer à l’éleveur que le coût d’une mammite

clinique est d’environ 250€ par vache et par an (15,16), et que les infections subcliniques

seraient responsables d’environ 80% de l’ensemble des pertes économiques associées aux

mammites (24). De plus, il faut également prendre en compte les pénalités sur le paiement du

lait. Par exemple, en 2013 dans le Poitou Charente, une pénalité d’environ 3€ pour 1000L de

lait était appliquée quand la concentration cellulaire du tank était entre 251 000 et 300 000

cellules/mL, 9€ pour 1000L de lait entre 301 000 et 400 000 cellules/mL et 18€ pour 1000L de

lait au-delà de 400 000 cellules/mL (63). De plus, lorsque la moyenne des concentrations

cellulaires au tank sur trois mois glissants est supérieure à 400 000 cellules/mL, l’élevage entre

en menace d’arrêt de collecte du lait, arrêt qui engendre des répercussions économiques

catastrophiques.

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Grâce à ces valeurs, l’éleveur et le vétérinaire réalisant l’audit peuvent avoir un ordre de

grandeur de l’impact économique que les mammites peuvent avoir dans l’élevage en question

et peuvent évaluer brièvement la marge de progrès économique.

Il est également possible de situer plus précisément la marge de progrès économique, en

utilisant le logiciel « économie des plans de maîtrise des mammites et des boiteries » (64). Ce

logiciel permet de calculer les pertes économiques dues aux mammites (cliniques et

subcliniques) dans une exploitation bovine laitière, c’est-à-dire le manque à gagner résultant de

l’effet des mammites sur les animaux atteints. Les coûts ou dépenses de santé doivent être

ajoutés pour évaluer l’impact économique. Il est également possible de faire des simulations

pour étudier l’impact de changements sur le résultat économique attendu. C’est à l’utilisateur

de faire un pronostic sur le niveau sanitaire atteint après amélioration (64).

Nous ne détaillerons pas plus le fonctionnement de ce logiciel dans cette thèse, mais il est

important de savoir qu’il s’agit d’un outil pouvant être utilisé afin d’estimer les avantages au

niveau économique de la réalisation d’un audit sur la qualité du lait.

Après avoir situé économiquement l’élevage par rapport aux mammites, l’analyse des

documents doit être réalisée. Cette analyse a pour but d’identifier le profil épidémiologique de

l’élevage.

III. Analyse d’orientation sur documents

L’analyse des documents permet d’identifier si la contamination des animaux dans l’élevage a

lieu via un modèle de traite dominant ou via un modèle environnemental dominant. En effet,

comme on a pu le voir dans la partie 1, chaque modèle présente des caractéristiques particulières

qui doivent être recherchées en priorité lors de l’analyse des documents.

La connaissance du modèle de transmission des pathogènes permet alors de connaître les

domaines à investiguer en priorité dans l’exploitation lors de la visite d’élevage.

Lors de l’analyse d’orientation sur documents, on peut se poser les questions suivantes :

- Comment peut-on positionner la situation épidémiologique du troupeau par rapport aux

profils contagieux et environnemental ?

- La fréquence trop élevée des infections résulte-t-elle : d'une prévention insuffisante ou

d’une élimination insuffisante des infections pendant la lactation ou pendant le

tarissement et le postpartum ?

- Existe-t-il un problème spécifique concernant les primipares ?

On recueille les informations sur une base de 12 mois voire 18 mois (4).

Nous allons voir successivement les indicateurs pouvant être collectés dans le carnet sanitaire

d’élevage, dans les documents du contrôle laitier et dans les analyses réalisées par la laiterie et

comment les interpréter.

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A. Analyse du carnet sanitaire du registre d’élevage

Le carnet sanitaire du registre d’élevage est obligatoire depuis le 5 juin 2000 mais sa mise en

place a été longue. Il est donc disponible dans de nombreux élevages. On peut retrouver sur le

carnet sanitaire au cours des 12 derniers mois les vaches ayant présenté une mammite clinique,

éventuellement la sévérité des cas cliniques, et le moment de leur survenue. Par exemple, pour

les mammites survenant lors des deux premiers mois de lactation, les vaches peuvent avoir été

infectées au cours de la période sèche précédente ou au vêlage (33,65).

On peut obtenir les indicateurs suivants :

- La prévalence des mammites cliniques (PMclinique) :

=𝑛𝑜𝑚𝑏𝑟𝑒 𝑑𝑒 𝑣𝑎𝑐ℎ𝑒𝑠 𝑎𝑡𝑡𝑒𝑖𝑛𝑡𝑒𝑠 𝑑𝑒 𝑚𝑎𝑚𝑚𝑖𝑡𝑒𝑠 𝑐𝑙𝑖𝑛𝑖𝑞𝑢𝑒𝑠

𝑛𝑜𝑚𝑏𝑟𝑒 𝑚𝑜𝑦𝑒𝑛 𝑑𝑒 𝑣𝑎𝑐ℎ𝑒𝑠 𝑝𝑒𝑛𝑑𝑎𝑛𝑡 𝑙𝑎 𝑝é𝑟𝑖𝑜𝑑𝑒 𝑐𝑜𝑛𝑠𝑖𝑑é𝑟é𝑒

- Incidence totale des mammites cliniques (IMclinique) :

= 𝑛𝑜𝑚𝑏𝑟𝑒 𝑑𝑒 𝑣𝑎𝑐ℎ𝑒𝑠 𝑎𝑡𝑡𝑒𝑖𝑛𝑡𝑒𝑠 𝑑𝑒 𝑚𝑎𝑚𝑚𝑖𝑡𝑒𝑠 𝑐𝑙𝑖𝑛𝑖𝑞𝑢𝑒𝑠 𝑒𝑡 𝑛𝑜𝑛 𝑖𝑛𝑓𝑒𝑐𝑡é𝑒𝑠 𝑙𝑜𝑟𝑠 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝑝é𝑟𝑖𝑜𝑑𝑒 𝑝𝑟é𝑐é𝑑𝑒𝑛𝑡𝑒

𝑛𝑜𝑚𝑏𝑟𝑒 𝑑𝑒 𝑣𝑎𝑐ℎ𝑒𝑠 𝑒𝑥𝑝𝑜𝑠é𝑒𝑠 𝑝𝑒𝑛𝑑𝑎𝑛𝑡 𝑙𝑎 𝑝é𝑟𝑖𝑜𝑑𝑒 𝑐𝑜𝑛𝑠𝑖𝑑é𝑟é𝑒

Cette incidence sera calculée pendant la période de tarissement et pendant la lactation.

- Sévérité des cas cliniques : description succincte des signes cliniques

- Pourcentage des cas cliniques avec atteinte de l’état général :

= 𝑛𝑜𝑚𝑏𝑟𝑒 𝑑𝑒 𝑚𝑎𝑚𝑚𝑖𝑡𝑒𝑠 𝑐𝑙𝑖𝑛𝑖𝑞𝑢𝑒𝑠 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝑎𝑡𝑡𝑒𝑖𝑛𝑡𝑒 𝑑𝑒 𝑙′é𝑡𝑎𝑡 𝑔é𝑛é𝑟𝑎𝑙

𝑛𝑜𝑚𝑏𝑟𝑒 𝑑𝑒 𝑚𝑎𝑚𝑚𝑖𝑡𝑒𝑠 𝑐𝑙𝑖𝑛𝑖𝑞𝑢𝑒𝑠𝑥100

- Les rechutes/récidives : nombre moyen de cas cliniques par vache ayant eu au moins un

cas clinique

- Pourcentage des primipares avec un cas clinique péri-partum :

𝑛𝑜𝑚𝑏𝑟𝑒 𝑑𝑒 𝑝𝑟𝑖𝑚𝑖𝑝𝑎𝑟𝑒𝑠 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝑢𝑛 𝑐𝑎𝑠 𝑐𝑙𝑖𝑛𝑖𝑞𝑢𝑒 𝑎𝑢 𝑝é𝑟𝑖 − 𝑝𝑎𝑟𝑡𝑢𝑚

𝑛𝑜𝑚𝑏𝑟𝑒 𝑑𝑒 𝑝𝑟𝑖𝑚𝑖𝑝𝑎𝑟𝑒𝑠 𝑎𝑦𝑎𝑛𝑡 𝑣ê𝑙é𝑥100

Le péri-partum correspond à la période allant de la semaine avant vêlage jusqu’à 3 semaines

après vêlage. On peut suspecter une anomalie chez les primipares au-delà de 10% (4).

Dans la partie 1, nous avons pu voir qu’en présence d’un modèle contagieux, l’incidence des

cas cliniques est faible avec des cas cliniques peu sévères et récidivants, alors qu’en présence

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d’un modèle environnemental, l’incidence des cas cliniques est plus élevée et les cas cliniques

sont sévères.

Les caractéristiques précédentes sont reprises dans le tableau II.

Tableau II : Caractéristiques des modèles de transmission vis à vis des cas cliniques de mammites (4,25,66)

Critères Modèle contagieux Modèle environnemental

Prévalence des mammites

cliniques, PMclinique

Faible à modérée

<25 ou 30cas/100vaches/an

selon les auteurs

Modérée à élevée

>50 ou 30cas/100vaches/an

selon les auteurs

Sévérité cas cliniques Faible inflammation

mammaire, Ø dégradation

état général

Forte inflammation

mammaire, dégradation état

général

Pourcentage cas clinique

avec atteinte de l’état

général

<5%

>15%

Rechute/récidives >1,5 <1,2

Si l’on veut tenter d’identifier plus précisément le germe en cause, on peut retenir que plus

l’inflammation de la mamelle est importante, plus la part des coliformes augmente et celle des

staphylocoques diminue. De même, plus la dégradation de l’état général est importante, plus la

fréquence d’isolement des coliformes est grande. En ce qui concerne les streptocoques, ils sont

responsables dans 40% des tableaux cliniques.

B. Analyse du contrôle laitier

Le contrôle laitier est disponible dans environ 70% des troupeaux français, et ces troupeaux

produisent environ 90% de la référence nationale (67). Ainsi, les documents du contrôle laitier

peuvent être fréquemment utilisés lors de l’analyse des documents. Sur ces derniers, on retrouve

des données relatives aux concentrations cellulaires somatiques individuelles (CCSI). Avant de

commencer à les analyser, il est préférable de donner quelques informations générales sur les

concentrations cellulaires du lait et leurs variations.

1. Préambule sur les concentrations cellulaires somatiques du lait

a. Généralités (17)

La concentration cellulaire somatique représente le nombre total de cellules somatiques par

millilitre de lait. Ces cellules sont constituées majoritairement de leucocytes, qui sont produits

en grande quantité lors d’inflammations de la glande mammaire, et de cellules épithéliales. Les

concentrations cellulaires somatiques du lait constituent le principal indicateur de la qualité du

lait, elles sont d’ailleurs utilisées pour détecter les infections mammaires.

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b. Variations physiologiques

Avant de se baser sur les CCSI pour détecter les infections mammaires, il est nécessaire de

vérifier s'il s'agit du seul facteur de variation de cette concentration. Or, il existe une variation

physiologique en fonction de numéro de lactation, du stade de lactation et du niveau de

production laitière.

- Influence du numéro de lactation, c’est-à-dire du nombre de lactations réalisées par la

vache :

En l'absence d'infection, la concentration cellulaire est plus faible chez les vaches en première

lactation (5). Puis, la concentration cellulaire augmente significativement avec le nombre de

lactations en raison d’une augmentation parallèle du niveau d'infection des vaches. En effet, la

probabilité de rencontrer un germe pathogène augmente avec l’âge, et la réceptivité de l’animal

aux germes augmente également (diminution de l’efficacité du canal du trayon en tant que

mécanisme de défense, activité des polynucléaires neutrophiles plus élevée chez les primipares)

(31).

- Influence du stade de lactation, c’est-à-dire du moment au cours de la lactation :

Les CCSI évoluent au cours de la lactation de façon inverse à la production laitière, avec un

minimum au moment du pic de lactation et une ré-augmentation progressive pour atteindre un

maximum quelques jours avant le tarissement. Ceci est lié à un phénomène de dilution (68). En

effet, au moment du pic de lactation, la production laitière est maximale alors qu’en fin de

lactation la production est minimale d’où le phénomène de dilution.

- Influence de l’état d’infection des vaches :

Il s’agit du principal facteur de variation. En effet, les concentrations cellulaires moyennes des

vaches non infectées sont de l’ordre de 50 000 cellules/mL. Lors d’une infection par un

pathogène, l’afflux des cellules inflammatoires, en particulier des polynucléaires neutrophiles,

provoque une augmentation de la concentration cellulaire dans le lait. Dans le cas d’un

pathogène mineur, les concentrations cellulaires sont deux fois plus élevées, tandis que dans le

cas d’un pathogène majeur, les concentrations sont dix fois plus élevées (68).

On peut donc s’appuyer sur les CCSI pour mettre en évidence une infection par un pathogène

majeur, mais cela est insuffisant pour mettre en évidence une infection par un pathogène mineur

en raison de la trop faible augmentation des CCSI (5).

Remarque : Il faut garder du recul par rapport aux valeurs de concentrations cellulaires issues

du contrôle laitier car il s’agit de valeurs issues d’un lait de mélange des 4 quartiers. Il peut

donc exister un phénomène de dilution. Par exemple, si l’un des 4 quartiers a une concentration

cellulaire élevée mais que les 3 autres quartiers ont des concentrations cellulaires basses, la

CCSI de la vache ne sera pas augmentée. Il s’agit d’un risque réel pour les éleveurs et les

vétérinaires qui utilisent la CCSI pour trier les vaches suspectes. Une CCSI basse ne permet pas

d'exclure une infection. En l'absence d'infection, les CCSI sont peu élevées et sont relativement

stables (69).

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c. Les concentrations cellulaires peuvent-elles être trop basses ? (70)

Des CCSI basses sont un signe de qualité du lait. Ainsi, une sélection des animaux sur un critère

de plus faibles CCSI est recherchée. Néanmoins, on peut se demander si des CCSI trop basses

ne seraient pas à l’origine d’une plus grande fragilité des animaux vis-à-vis des infections

mammaires.

Il faut savoir que l'hygiène de l'environnement et l'ensemble des procédures de contrôle de la

qualité du lait comptent pour plus de 85% dans la prévention des mammites. En ce qui concerne

la protection par la population résidente de leucocytes, on se rend compte que c'est

principalement la capacité de recrutement rapide de leucocytes qui permet aux animaux de

juguler rapidement les nouvelles infections et non pas la concentration cellulaire de base. Ainsi

des CCSI trop faibles ne rendent pas la vache plus sensible aux mammites en pratique car une

bonne conduite d'élevage est suffisante pour maîtriser la plupart des facteurs de risques.

d. Lien entre le niveau de production, les valeurs de Taux Butyreux (TB) et Taux Protéique

(TP) et les concentrations cellulaires

Il est connu qu’une forte production laitière augmente le risque de mammites. Il existe une

association étroite entre le rendement en lait au début de la lactation et l’incidence d’une forte

augmentation des CCSI plus tard dans la lactation. En effet, plus le rendement en début de

lactation est élevé, plus il est probable qu’il y ait un pic de CCSI plus tard dans la lactation.

La sélection génétique explique ce phénomène. En effet, la sélection dirigée uniquement vers

la production laitière est un facteur important dans le fait que la fréquence des mammites soit

plus haute. Les facteurs génétiques comptent pour 12 à 20% dans la sensibilité aux mammites

(71). La sélection génétique de vaches hautes productrices s’est par exemple accompagnée

d’une diminution des défenses immunitaires de l’animal et d’une augmentation de la taille du

sphincter du trayon, rendant alors la vache plus sensible aux infections mammaires (72).

Néanmoins, il existe des variations considérables entre les troupeaux. L’incidence des fortes

augmentations de CCSI est plus basse dans les troupeaux où la production moyenne par vache

est élevée. En effet, dans les troupeaux où la production moyenne par vache est élevée, la prise

en charge des mammites avec l’hygiène et leur traitement peut être meilleure et donc à l’origine

d’une augmentation des CCSI moins importantes. Mais les plus fortes productrices de ces

troupeaux ont pourtant plus de risques d’avoir des CCSI élevées. Il semble donc que la prise en

charge des mammites soit efficace mais pas au-delà d’un certain seuil de production (73).

En ce qui concerne le rapport TB/TP, il n’est pas relié linéairement à une forte augmentation

des CCSI. Un rapport TB/TP bas ou élevé en début de lactation augmente le risque de pic de

CCSI plus tard dans la lactation. Dans le cas d’un rapport TB/TP élevé (supérieur à 1,5),

l’augmentation du risque de mammites serait liée à une balance énergétique négative (se

manifestant par un rapport TB/TP élevé). Un déficit énergétique augmente donc le risque de

mammite. Dans le cas d’un rapport TB/TP bas (inférieur à 1), les vaches sont en acidose, ce qui

est à l’origine d’une inappétence et de mal digestion favorisant les déplacements de caillettes

et les cétoses du fait du déficit énergétique. Ces dernières sont également à l’origine d’une

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diminution des défenses immunitaires. Ces vaches ont alors plus de risques de faire une

infection mammaire (11).

2. Analyse des résultats du contrôle laitier

Le contrôle laitier est constitué de 3 documents : le valorisé individuel, le valorisé troupeau-

Alertes mensuelles, le valorisé troupeau-Historique sur les 12 derniers mois. Nous allons donc

voir les différents indicateurs pouvant être trouvés ou calculés à partir de ces documents.

a. Animaux sains, infectés, douteux

Dans le valorisé individuel du contrôle laitier, on peut voir apparaître pour chaque animal, les

lettres « S » comme sain, « D » comme douteux et « I » comme infecté.

La détermination de ce statut est réalisée selon la méthode détaillée dans le tableau III.

Tableau III : Méthode de détermination du statut des animaux sur le contrôle laitier (74)

Statut de l’animal Sain Douteux Infecté

CCSI (en

cellules/mL)

pendant la

lactation

Ø CCSI>300 000

depuis le début de

la lactation

Au moins 1

CCSI>300 000 et

moins de 2

CCSI>800 000

depuis le début de

la lactation

Au moins 2

CCSI>800 000

depuis le début de

la lactation

Remarque : Au cours de la lactation, un animal sain peut devenir douteux puis infecté mais un

animal douteux ne peut pas redevenir sain par exemple. Un animal peut uniquement voir son

statut se détériorer. Même en cas d’amélioration des CCSI, le statut douteux ou infecté sera

conservé pendant toute la lactation.

L’étude de ces statuts permet d’obtenir un premier aperçu sur le niveau d’infection du troupeau.

Néanmoins, les seuils de concentration cellulaire utilisés pour déterminer le statut des animaux

peuvent varier d’un auteur à l’autre. Par exemple, les seuils retenus par FATET (75) sont plus

drastiques et sont les suivants :

- Mamelle « non infectée » : toutes les CCSI de la lactation sont inférieures à 100 000

cellules/mL

- Mamelle « probablement infectée » si au moins une CCSI est supérieure à 250 000

cellules/mL

- Animal « douteux » : des CCSI entre 100 000 et 250 000 cellules/mL. Dans ce cas, il

faut faire un CMT (Californian Mastitis Test).

En réalité, on s’appuie peu sur les statuts « S », « D » et « I » donnés par le contrôle laitier car

ils s’appuient sur des seuils trop élevés.

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Dans le reste de l’étude des documents, le seuil que nous retiendrons pour classer une vache

comme infectée ou non sera fixé à 300 000 cellules/mL. Grâce à ce seuil, on obtient une bonne

sensibilité de détection des vaches infectées tout en classant le moins d’animaux infectés dans

les sains (11,69).

Nous allons maintenant voir quels indicateurs peuvent être calculés à l’aide des CCSI présentes

sur le valorisé individuel du contrôle laitier et comment utiliser ces indicateurs pour déterminer

le modèle de transmission dominant dans un élevage.

b. Les indicateurs caractérisant la prévalence des mammites et l’évolution des CCSI avant et

après infection

A l’aide des CCSI récoltées dans le valorisé individuel, les indicateurs suivant peuvent être

calculés :

- Pourcentage d’animaux dont la CCSI est inférieure à 300 000 cellules/mL :

𝑛𝑜𝑚𝑏𝑟𝑒 𝑑𝑒 𝑣𝑎𝑐ℎ𝑒𝑠 𝑑𝑜𝑛𝑡 𝑙𝑎 𝐶𝐶𝑆𝐼 < 300 000 𝑐𝑒𝑙𝑙𝑢𝑙𝑒𝑠/𝑚𝐿

𝑛𝑜𝑚𝑏𝑟𝑒 𝑚𝑜𝑦𝑒𝑛 𝑑𝑒 𝑣𝑎𝑐ℎ𝑒𝑠 𝑝𝑒𝑛𝑑𝑎𝑛𝑡 𝑙𝑎 𝑝é𝑟𝑖𝑜𝑑𝑒 𝑐𝑜𝑛𝑠𝑖𝑑é𝑟é𝑒𝑥100

- Prévalence des animaux atteints d’une mammite subclinique : PMsubclinique

𝑛𝑜𝑚𝑏𝑟𝑒 𝑑𝑒 𝑣𝑎𝑐ℎ𝑒𝑠 𝑑𝑜𝑛𝑡 𝑙𝑎 𝐶𝐶𝑆𝐼 > 300 000 𝑐𝑒𝑙𝑙𝑢𝑙𝑒𝑠/𝑚𝐿

𝑛𝑜𝑚𝑏𝑟𝑒 𝑚𝑜𝑦𝑒𝑛 𝑑𝑒 𝑣𝑎𝑐ℎ𝑒𝑠 𝑝𝑒𝑛𝑑𝑎𝑛𝑡 𝑙𝑎 𝑝é𝑟𝑖𝑜𝑑𝑒 𝑐𝑜𝑛𝑠𝑖𝑑é𝑟é𝑒

- Pourcentage de vache dont la CCSI est supérieure à 300 000 cellules/mL avant l’épisode

clinique :

𝑛𝑜𝑚𝑏𝑟𝑒 𝑑𝑒 𝑣𝑎𝑐ℎ𝑒𝑠 𝑑𝑜𝑛𝑡 𝑙𝑎 𝐶𝐶𝑆𝐼 > 300 000 𝑐𝑒𝑙𝑙𝑢𝑙𝑒𝑠/𝑚𝐿 𝑙𝑒 𝑚𝑜𝑖𝑠 𝑝𝑟é𝑐é𝑑𝑎𝑛𝑡 𝑙𝑒 𝑐𝑎𝑠 𝑐𝑙𝑖𝑛𝑖𝑞𝑢𝑒

𝑛𝑜𝑚𝑏𝑟𝑒 𝑑𝑒 𝑣𝑎𝑐ℎ𝑒𝑠 𝑎𝑦𝑎𝑛𝑡 𝑝𝑟é𝑠𝑒𝑛𝑡é 𝑢𝑛 𝑐𝑎𝑠 𝑐𝑙𝑖𝑛𝑖𝑞𝑢𝑒𝑥100

- Durée durant laquelle les CCSI restent supérieures à 300 000 cellules/ml, c’est-à-dire le

nombre de mois consécutifs où la CCSI reste supérieure à 300 000cellules/mL.

Après avoir recensé les indicateurs précédents, on peut tenter d’identifier si le modèle de

contamination dominant dans l’élevage est contagieux ou environnemental.

Comme on a pu le voir dans la partie 1, les infections liées à un germe contagieux sont des

infections persistantes et contagieuses d’où un faible pourcentage d’animaux dont la CCSI est

inférieure à 300 000 cellules/mL et une prévalence élevée des mammites subcliniques, avec une

augmentation des CCSI avant un épisode clinique et une longue persistance des CCSI élevées.

Lors d’un modèle environnemental, on a l’inverse.

Ces caractéristiques sont détaillées plus précisément dans le tableau IV.

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Tableau IV : Les caractéristiques relatives aux CCSI des modèles contagieux et environnemental (4,66)

Critères Modèle contagieux Modèle environnemental

Pourcentages animaux dont

CCSI<300 000cell/mL

<75% ou <85%

selon les auteurs

>85%

Pourcentages animaux avec

CCSI>300 000cell/mL avant

épisode clinique

>70% <30%

Prévalence mammites

subcliniques, PMsubclinique

>15% <15%

Durée durant laquelle les

CCSI restent supérieures à

300 000 cellules/ml

>3 mois <3 mois

On peut également avoir une idée du sous-modèle épidémiologique dominant c’est-à-dire du

germe dominant à partir de ces indicateurs.

En effet, on considère généralement que la durée durant laquelle les CCSI restent supérieures à

300 000 cellules/ml est :

- Supérieures à 4mois pour un sous-modèle à staphylocoques dominants

- Entre 2 et 4 mois pour un sous-modèle à streptocoques dominants

- Entre 1 et 2 mois pour un sous-modèle à entérobactéries dominantes.

De plus, les CCSI avant mammites cliniques sont classiquement élevées pour Staphylococcus

aureus, en augmentation pour Streptococcus uberis et faibles pour les entérobactéries.

c. Les indicateurs utilisés pour évaluer les réponses aux traitements en lactation et au

tarissement

A l’aide des CCSI, il est possible d’étudier le pourcentage de guérison après le traitement d’une

mammite.

On considère que :

- Le pourcentage de guérison des cas cliniques en lactation correspond au pourcentage de

cas dont la CCSI devient inférieure à 300 000 cellules/mL entre J+30 et J+60 après

l’occurrence du cas clinique,

- Le pourcentage de guérison en période sèche correspond au pourcentage de vache dont

la CCSI est supérieure 300 000 cellules/mL avant la période sèche et devient inférieure

à 300 000 cellules/mL après vêlage.

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On considère qu’une réponse au traitement au tarissement ou en lactation est insuffisante si

celle-ci est inférieure à 50% (4).

i. Réponse au traitement en lactation

Au cours de la lactation, le traitement est réalisé sur les vaches présentant une mammite

clinique, le taux de guérison attendu doit être de 50 à 60% (57).

Lors du traitement en lactation, le pourcentage de guérison est supérieur à 75% lors d’un modèle

environnemental et inférieur à 50% lors d’un modèle contagieux (4). Ces critères sont repris

dans le tableau V.

Tableau V : Guérison en lactation selon le modèle de transmission (4)

Critère Modèle contagieux Modèle environnemental

Guérison en lactation (en %) < 50 >75

Lors d'un traitement en lactation, le pourcentage de guérison pour S. aureus est environ de 40%,

avec une efficacité réelle de 30%, soit 10% de guérison spontanée. Pour S. uberis, le

pourcentage de guérison est de 65% avec une efficacité réelle de 35%, soit 30% de guérison

spontanée. Pour E. coli, le pourcentage de guérison est de 90% avec une efficacité réelle de

15%, soit 75% de guérison spontanée. On note donc le fort pourcentage de guérison spontanée

(75%) pour E. coli contrairement aux deux autres germes (56).

Le tableau VI reprend les valeurs citées précédemment.

Tableau VI : pourcentage de guérison en lactation des différents pathogènes (56)

Staphylococcus aureus Streptococcus uberis E. coli

Guérison en

lactation (en %)

40% 65% 90%

Efficacité réelle

(en %)

30% 35% 15%

Guérison

spontanée (en %)

10% 30% 75%

ii. Réponse au traitement au tarissement

Lors du tarissement, on traite les mammites subcliniques, avec un objectif de 75 à 80% de

guérison (57).

Pour SERIEYS, si l’indice de guérison lors de la période sèche est supérieur à 80%, cela oriente

vers un modèle environnemental, alors que s'il est inférieur à 60%, cela oriente vers un modèle

contagieux (57). Pour ROUSSEL, si le pourcentage de guérison au tarissement est supérieur à

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70%, cela oriente vers un modèle environnemental, alors que s’il est inférieur à 50%, cela

oriente vers un modèle contagieux (4).

Le tableau VII résume les valeurs décrites précédemment.

Tableau VII : Guérison au tarissement selon le modèle de transmission (4,57)

Critère Modèle contagieux Modèle environnemental

Guérison au tarissement

(en%)

< 50 ou 60% selon les auteurs >70 ou 80% selon les auteurs

Les traitements hors-lactation ont deux objectifs, un objectif curatif et un objectif préventif :

- Objectif curatif : guérison d'environ 70% des infections pour S. aureus et supérieure à

70% pour S. uberis. On voit là encore une meilleure efficacité des traitements sur les

streptocoques que sur les staphylocoques,

- Objectif préventif : prévention des nouvelles infections à streptocoques ou E. coli (56).

En ce qui concerne l’efficacité curative au tarissement pour E. coli, celle-ci n’est pas décrite

puisqu’il n’y a pas d’indication curative au traitement des E. coli à cette période.

d. Calcul de l’indicateur relatif aux nouvelles infections en lactation et au tarissement

(4,56,57,59)

On calcule les incidences suivantes :

- L’incidence globale en lactation, correspondant au pourcentage de vaches dont la CCSI

est inférieure à 300 000 cellules/mL un mois donné puis supérieure à 300 000

cellules/mL le mois suivant,

- L’incidence globale au tarissement, correspondant au pourcentage de vaches dont la

CCSI est inférieure à 300 000 cellules/mL avant tarissement puis supérieure à 300 000

cellules/mL après vêlage, c’est-à-dire au premier contrôle,

- L’incidence péri-vêlage chez les primipares correspondant au pourcentage de

primipares avec une première CCSI supérieure à 150 000 cellules/mL au premier

contrôle.

Comme on a pu le voir dans la partie 1, le tarissement est plus propice aux contaminations par

des germes environnementaux. Ainsi, si le taux de nouvelles infections est élevé (supérieur à

20%), cela oriente vers un modèle environnemental, alors que si celui-ci est faible (inférieur à

10%), cela oriente vers un modèle contagieux.

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L’évaluation de l’incidence globale en lactation n’oriente pas vraiment vers un type de modèle

donc sa valeur moyenne n’a pas vraiment d’importance. Par contre, on peut évaluer si certains

mois sont marqués par une incidence en lactation plus élevée. Il est donc important de calculer

son évolution au cours du temps. En effet, dans la partie 1, on a pu voir qu’en présence d’un

modèle environnemental, il existait des variations mensuelles concernant les nouvelles

infections en raison des modifications des conditions d’habitat. La pression d’infection est

globalement supérieure en hiver, en période de stabulation permanente ou de vêlage,

particulièrement pour les E. coli. En revanche, pour S. uberis, on aurait une plus forte incidence

en lactation en période de pâturage. Ainsi, une variation de l’incidence globale en lactation au

cours de l’année est plutôt en faveur d’un modèle environnemental, contrairement à une

incidence globale en lactation plutôt stable au fils des mois lors d’un modèle contagieux. Par

ailleurs, cela permet aussi de définir certains facteurs de risques liés à un moment particulier de

l’année.

Le tableau VIII reprend les éléments précédents.

Tableau VIII : Nouvelles infections au tarissement et identification du modèle de transmission (4,57)

Modèle contagieux Modèle environnemental

Nouvelle infection au

tarissement (en %)

<10% >20%

Variations de l’incidence

globale en lactation au fils

des mois

Absente Présente

Les situations non satisfaisantes sont les suivantes :

- Une incidence élevée des nouvelles infections pouvant signer une prévention

insuffisante, avec élimination et curabilité satisfaisantes de ces infections,

- Une incidence faible des nouvelles infections mais avec une persistance longue et/ou

une curabilité limitée en cas de traitement,

- Une combinaison de la prévention et de l’élimination insuffisante (6).

En ce qui concerne l’incidence péri-vêlage chez les primipares, elle peut laisser suspecter un

problème chez les primipares lorsque celle-ci est supérieure à 20%. Dans ces cas-là, on pourra

rechercher des facteurs de risque spécifiques aux primipares (4).

Nous avons pu voir que de nombreux indicateurs du contrôle laitier pouvaient être utilisés pour

déterminer le modèle de transmission dominant. Nous allons maintenant voir quelles sont les

informations trouvées dans les analyses réalisées par la laiterie utiles lors de l’étude des

documents.

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C. Etudes des analyses réalisées par la laiterie

La laiterie analyse trois fois par mois les composants du lait de mélange récolté. Les analyses

réalisées sont :

- La CCST ou Concentration Cellulaire Somatique dans le Tank, en cellules/mL,

- Les spores butyriques, dont la valeur doit être inférieure à 1000 spores/L,

- Les germes totaux dont la valeur doit être inférieure à 50000 germes/mL,

- Les taux protéiques (TP) et butyreux (TB), dont les valeurs de références sont

respectivement 32 et 38 g/L,

- Les inhibiteurs

- La cryoscopie (76).

Ces informations sont disponibles dans tous les élevages.

1. Intérêt de l’étude des CCST

La CCST correspond à une moyenne des vaches dont le lait est mis au tank. Si elle est élevée,

cela indique la présence de mammites pour lesquelles le lait est mis au tank. Lorsque la CCST

dépasse 250 000 cellules/mL, cela induit une pénalité sur le paiement du lait (76).

Il existe une corrélation entre la CCST et le nombre de quartiers infectés par un pathogène

majeur (69). Néanmoins, il faut prendre en compte la taille du troupeau puisque pour un même

nombre de quartiers infectés par un pathogène majeur, l’importance de la variation de la CCST

sera moindre dans les grands troupeaux (par effet dilution), et donc il faudra mettre en place

des mesures de corrections pour des augmentations plus faibles de CCST que dans les petits

troupeaux (77).

De plus, quand le taux cellulaire est élevé, cela signifie que l'éleveur n'a pas détecté les vaches

à mammites, et n'a donc pas écarté le lait du tank. Ceci est plutôt en faveur d’un modèle de

traite puisque ce modèle est caractérisé par des mammites subcliniques donc des mammites

difficiles à mettre en évidence. Au contraire, s'il est faible, l'éleveur détecte bien les mammites,

et cela est plutôt en faveur d’un modèle environnemental, modèle se caractérisant par des

mammites cliniques donc plus faciles à mettre en évidence (11,65). Néanmoins, il faut noter

que la santé laitière du troupeau peut être déjà fortement altérée avant de se manifester par une

élévation significative des CCST (65).

En bref, la valeur de la concentration cellulaire somatique dans le tank permet d’orienter nos

hypothèses vers un modèle de traite ou un modèle environnemental, selon les critères décrits

dans le tableau IX.

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Tableau IX : Analyse des Concentrations cellulaires somatiques dans le tank pour l'identification du modèle de transmission (66)

Critère Modèle contagieux Modèle environnemental

CCST en cellules/mL >200 000 < 200 000

On peut également remarquer que la valeur seuil de 200 000 cellules/mL peut être discutée.

Ainsi, certains auteurs privilégient la valeur de 250 000 cellules/mL.

2. Intérêt de l’étude des autres analyses réalisées par la laiterie (76)

Les germes totaux renseignent sur la qualité bactériologique du lait et en particulier sur les

conditions d'hygiène de l’installation de traite et de stockage du lait. Leur augmentation est

plutôt en faveur d’un défaut d’hygiène du matériel de traite.

Les spores butyriques sont des germes présents dans la terre, ils contaminent les ensilages mal

conservés et peuvent donc ensuite se retrouver dans les bouses. Leur augmentation signe une

mauvaise hygiène de traite et de l'environnement.

Néanmoins, on accorde peu d’importance aux germes totaux et aux spores butyriques lors de

l’analyse des documents. En effet, il est important de garder cette idée en tête mais il existe

d’autres indicateurs beaucoup plus informatifs sur le modèle de transmission.

D. Bilan

Nous avons pu voir dans la partie 2 les nombreux indicateurs pouvant être récoltés dans le but

d’identifier le modèle de contamination dominant voire le germe potentiellement en cause.

Il est primordial de récolter le maximum d’indicateurs disponibles dans l’élevage en question.

Les tableaux X et XI suivants reprennent les indicateurs décrits précédemment ainsi que leurs

interprétations afin de faciliter la compréhension de cette thèse. Les valeurs inscrites dans ces

tableaux sont les valeurs décrites par différents auteurs cités au sein de la partie 2, ces valeurs

ont été harmonisées afin de faciliter l’interprétation.

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Tableau X : Détermination du modèle de contamination

Critères Environnement Traite

CCST en cellules/mL <200 000 >200 000

Prévalence des mammites cliniques

(PMclinique)

Nombreux

(>30cas/100vaches/an)

Peu nombreux

(<30cas/100vaches/an)

Durée durant laquelle les CCSI restent

supérieures à 300 000 cellules/ml

< 3mois >3 mois

Pourcentages animaux dont CCSI<300

000cell/mL

>85% <85%

Sévérité cas : % animaux avec signes

généraux

Plus forte (>15%) Plus faible (<5%)

Pourcentages animaux avec

CCSI>300 000cell/mL avant épisode

clinique

<30% >70%

Pourcentage CCSI>800000 cell/mL Faible Élevé

Variations de l’incidence globale en

lactation au fils des mois

Présente Absente

Guérison en lactation (en %) >75% <50%

Rechute/récidives <1,2 >1,5

Nouvelle infection au tarissement (en %) >20% <10%

Guérison au tarissement (en %) >70-80% <50-60%

Une fois le modèle épidémiologique identifié, on peut chercher quel est le sous-modèle

épidémiologique, c’est-à-dire le germe potentiellement en cause.

Au sein du sous-modèle contagieux, on distingue le sous-modèle à staphylocoques dominants

et le sous-modèle à streptocoques dominants.

Au sein du modèle environnemental, on distingue le sous-modèle à streptocoques dominants et

le sous-modèle à entérobactéries dominantes.

Le sous-modèle à streptocoques dominants apparaît dans les deux modèles de transmission, car

les streptocoques ont des caractéristiques intermédiaires entre celles de Staphylococcus aureus

et celles d’E.coli (66).

On peut se baser sur les critères du tableau XI pour identifier le sous modèle une fois le modèle

de contamination identifié.

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Tableau XI : Détermination du sous-modèle de contamination

Staphylocoques

dominants

Streptocoques

dominants

Entérobactéries

dominantes

Durée durant laquelle

les CCSI restent

supérieures à 300 000

cellules/ml

>4mois 2 à 4 mois 1 à 2 mois

Evolution des CCSI

avant mammite

clinique

Élevée En augmentation Faible

CCSI après mammite

clinique

Élevée Modérée Faible

Sévérité mammite

clinique

Faible à modéré Modérée à

moyenne

Modérée à forte

Guérison au

tarissement (en %)

Faible à modéré

(Entre 50 et 70%)

Modérée à élevée

(>70%)

Ø de but curatif au

tarissement

Guérison en lactation

(en %)

40% 65% 90%

Rechute/récidives Fréquente Peu à assez

fréquentes

Rare

Quartier induré,

fibrosé

Assez fréquent Rare /

Nous avons pu étudier les principaux documents utilisables pour préparer une visite de traite,

nous allons maintenant voir quelles peuvent être les autres informations utiles à la préparation

de la visite de traite.

V. Autres analyses pouvant être évaluées lors d’un audit de qualité du lait

Les analyses suivantes sont moins fréquemment disponibles et interprétables au moment de

l’étude des documents. L’éleveur peut réaliser lui-même des CMT (Californian Mastitis Test)

ou posséder des résultats d’analyses bactériologiques et les transmettre au vétérinaire en même

temps que les autres documents. Il faut noter que des CMT et des analyses bactériologiques

pourront également être réalisés lors de la visite de traite proprement dite. De plus, dans certains

élevages, les équipements de traite sont équipés d’appareils de mesure de la conductivité, nous

verrons comment interpréter ces données. Enfin nous aborderons une autre méthode de

détection des mammites en cours de développement à savoir la mesure des composés solubles

dans le lait.

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A. Le Californian Mastitis Test ou CMT (3,5,65,78)

Le Californian Mastitis Test ou CMT donne une estimation semi-quantitative des CCSI pour

chacun des quatre quartiers. L'augmentation des cellules somatiques est presque toujours

expliquée par une augmentation des leucocytes, et par conséquent, est une bonne indication

d'infection de la glande mammaire.

Ce test est rapide, peu coûteux et pratique à réaliser au chevet de la vache. Il peut également

être réalisé par l’éleveur, ce qui permet d’avoir un suivi.

Il est utilisé pour :

- Connaître le statut d'une vache,

- Déterminer le ou les quartiers à analyser et à traiter chez une vache possédant une CCSI

élevée,

- Diagnostiquer des mammites subcliniques durant la lactation.

Ce test utilise un réactif composé d'un détergent (solution de Teepol à 10%) et d'un colorant

(pourpre de bromocrésol) qui est un indicateur de pH. Lors du mélange lait/réactif, les noyaux

cellulaires éclatent et il y a une floculation de l'ADN, ce qui est à l'origine d'une augmentation

de la viscosité. Ainsi, plus il y a de cellules somatiques dans le lait (polynucléaires neutrophiles

et macrophages en cas d'infection), plus le mélange sera épais et visqueux. On a une forte

corrélation entre les résultats de ce test et les comptages cellulaires réalisés en laboratoire. Le

changement de couleur indique une variation du pH du lait et donc le degré d'inflammation.

Par contre, ce test ne peut pas être réalisé lors des 3 à 4 premiers jours de lactation car il y a une

émission massive de cellules épithéliales dans le colostrum, plus particulièrement chez les

primipares, ce qui nuit à l'appréciation du test. De plus, en cours de lactation, un résultat négatif

ou faible n'exclut pas une infection. Un renouvellement de test est nécessaire pour statuer.

B. Analyses bactériologiques (3,65)

Les analyses bactériologiques peuvent permettre d'identifier l'agent pathogène en cause lors de

mammites cliniques ou subcliniques.

Il faut avoir une idée de la méthode standard employée en laboratoire, puisqu’en cas d’échec

de traitement, on peut avoir recourt à une analyse bactériologique de laboratoire.

Les étapes sont les suivantes :

- Ensemencement et isolement : une mise en culture sur gélose sang de mouton est

réalisée, ce milieu permet la culture de la majorité des espèces bactériennes rencontrées

lors de mammites. Le milieu est placé à l’étuve à 35°C. On isole ensuite tous les types

de colonies au bout de 24 à 48h. En parallèle, on ensemence un bouillon

d’enrichissement cœur cervelle au cas où la culture sur gélose sang de mouton soit

négative.

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- Etude de la qualité du prélèvement : un échantillon est considéré comme contaminé

quand plus de 2 types de colonies différentes sont retrouvées dans l'échantillon.

- Identification : plusieurs méthodes d’identification peuvent être mises en place (PCR,

galeries API…). Un exemple est donné dans la figure 5.

Figure 5 : méthode d'identification bactérienne après isolement (79)

Actuellement, les méthodes les plus fiables mettent en jeu de la spectrométrie de masse. Mais

elles sont encore peu utilisées en routine pour l’identification de germes responsables de

mammites. On peut donc identifier précisément le germe en cause. Mais, le délai d'analyse, le

coût, et la sensibilité des analyses bactériologiques (30 à 40% d'analyses négatives en raison

d'une excrétion intermittente, de bactéries déjà éliminées ou présentes en dessous du seuil de

détection, de bactéries nécessitant un milieu de culture spécial comme les mycoplasmes, d'une

mauvaise stratégie d’échantillonnage...) font que d'autres tests se développent.

Parmi les tests disponibles en clinique, on peut citer :

• HYMASTITIS TEST ® : ce test donne un diagnostic étiologique à l'aide d'un kit

constitué d'une spatule qu'on trempe dans le lait. Ce test permet d'identifier 11 agents

différents (80). La spatule comprend des micro géloses sélectives à tremper dans

l’échantillon de lait. Les résultats sont obtenus en moins de 24h. Selon le fabricant, la

sensibilité et la spécificité de ce test serait supérieures à 98%, néanmoins selon une étude

réalisée par WAAGE and al, il semblerait que les résultats ne soient pas aussi

concluants. En effet, pour E. coli, il existe une très bonne corrélation avec les résultats

de laboratoire, pour identifier Staphylococcus aureus, la sensibilité est de 76% et la

spécificité de 80%, et l’identification des autres germes serait problématique (81). La

fiabilité de ce test peut donc être discutée, d’autant plus qu’il n’y a pas de contrôle des

éventuelles contaminations du prélèvement.

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• Galerie BVT SPEED MAM COLOR ® : ce test permet d’identifier les bactéries

pathogènes responsables de mammites et de faire un antibiogramme rapide à l'aide d'une

mini-galerie de culture. Ce test permet d’identifier 8 bactéries, à savoir staphylocoques,

streptocoques, E.coli, entérocoques, entérobactéries, Pseudomonas sp, Mycoplasma sp.

Il teste 14 antibiotiques et association d’antibiotiques. Les résultats sont obtenus en 48h.

Selon le laboratoire ayant mis en œuvre ce test, la sensibilité du test est de 92% et sa

spécificité de 96% (82). Ce test est donc rapide et permet d’identifier les principaux

germes en cause et leur sensibilité aux antibiotiques. Mais les résultats de ce test doivent

être nuancés car on ne peut pas contrôler une éventuelle contamination du prélèvement.

• Minnesota Bi-plates : ce test est constitué de deux milieux sélectifs sur lesquels une

culture est réalisée pendant 18 à 24h, chacun des deux milieux permet la croissance des

bactéries à Gram positif uniquement ou à Gram négatif uniquement (83).

• Minnesota Tri-plates : ce test est semblable au précédent, il est constitué de 3 milieux

sélectifs permettant la croissance des bactéries à Gram positif uniquement, à Gram

négatif uniquement et à streptocoques uniquement (83). La culture a lieu pendant 18 à

24h.

Ces deux derniers tests permettent d’évaluer la contamination éventuelle du prélèvement car on

peut compter le nombre de types de colonies différentes présents sur les 2 ou 3 milieux. Selon

une étude réalisée par ROYSTER, ces deux tests ont été comparés à la méthode classique de

laboratoire. Cette étude montre une spécificité supérieure à 80%, et une sensibilité moyenne,

supérieure à 60%. Ces tests sont assez efficaces pour classer les résultats en absence de culture,

bactérie à Gram + ou bactérie à Gram -, mais sont peu efficaces pour identifier le germe en

cause.

• Technique de SCHMITT-VAN DE LEEMPUT & SCHMITT-BEURRIER (84) : cette

technique est simple, relativement fiable, peu onéreuse (entre 2 et 5 € par analyse) et

adaptée à la pratique courante. Elle permet d’identifier E. coli, S. aureus, S. uberis, S.

dysgalactiae et S. agalactiae. Les étapes sont les suivantes :

o Ensemencement à l’aide d’une öse en plastique calibrée d’une gélose non

sélective au sang « GS », d’une gélose au sang avec acide nalidixique et

colistine « ANC » inhibant la pousse des gram négatif, d’une gélose au

sang avec bromocrésol « BCP ». Incubation à 37°C pendant 12 à 24h.

o Vérification de la qualité de l’échantillon : si plus d’un type

morphologique de colonie est observé sur la gélose « GS », l’échantillon

est contaminé.

o Sur gélose « ANC », seules les bactéries à gram positif croissent, sur

gélose « BCP » tous les gram négatif et certains gram positif croissent.

o Identification parmi le gram négatif : virement du pourpre au jaune de la

gélose BCP en présence d’E. coli ou Klebsiella.

o Distinction staphylocoques et streptocoques par le catalase test : une

colonie est prélevée avec une öse et déposée dans une goutte d’eau

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oxygénée. S’il y a une effervescence, le test à la catalase est positif, il

s’agit d’un staphylocoque. Sinon, c’est un streptocoque.

o Pour les staphylocoques, on fait le coagulase test : on dépose une ou deux

colonies dans une goutte de suspension d’hématies sensibilisées sur une

lame en donnant un léger mouvement de rotation à la lame. S’il y a

agglutination, le test à la coagulase est positif, il s’agit de Staphylococcus

aureus. Sinon, il s’agit d’un staphylocoque à coagulase négative.

o Identification des streptocoques :

▪ L’hémolyse : halo diffus vert ou absence d’hémolyse si on a un

S. uberis ou dysgalactiae ; halo clair et net pour S. agalactiae.

▪ Le test à l’esculine : des colonies sont injectées au centre de la

gélose à l’esculine puis l’échantillon est mis en incubation à

37°C. En cas d’hydrolyse de l’esculine, le milieu initialement

beige devient noir, on est en présence de S. uberis. Sinon, il s’agit

de S. dysgalactiae ou agalactiae.

▪ Agglutination de Lancefield : 2 ou 3 colonies sont incubées

pendant 15 minutes dans une solution d’extraction pour libérer

les antigènes. Des gouttes sont prélevées et mélangées avec les

différentes solutions d’anticorps. Un test positif correspond à

l’apparition en moins de 2 minutes d’une agglutination franche.

• LIMAST test : ce test est basé sur la recherche de l’endotoxine des bactéries à gram

négatif. Il est réalisable au pis de la vache. Au bout de 15 minutes, la couleur jaune

matérialise la présence d’endotoxine (35). Un résultat négatif ne permet pas de conclure

à un prélèvement stérile ou à une infection à gram positif. Ce test ne permet pas

d’évaluer la contamination du prélèvement.

Ces tests sont avantageux par leur coût, la rapidité des résultats (au maximum dans les 48h

selon les tests) et leur simplicité par rapport à la méthode classique en laboratoire. Ils ont permis

de développer la bactériologie qui avant était restreinte aux laboratoires. Il est intéressant de

réaliser ces tests chez des vaches à fort taux cellulaires persistants et qui n'ont pas développé de

mammites cliniques. De plus, il y a un intérêt lors de mammites cliniques récidivantes après

échec des traitements et des mesures de lutte instaurées ou lors d'une augmentation de la

fréquence des mammites dans un élevage. Il faut adapter les prélèvements (nombre de vaches

et lesquelles). Une proposition est de prélever 25% des vaches à mammites avec un minimum

de 5 à 10 échantillons.

La fiabilité de ces tests est globalement inférieure à celle de la méthode classique en laboratoire.

De plus, parmi ces tests rapides, il faut souligner que seuls les tests Minnesota bi-plates et tri-

plates et la technique de SCHMITT-VAN DE LEEMPUT & SCHMITT-BEURRIER

permettent d’évaluer une éventuelle contamination du prélèvement. Il faut donc nuancer les

résultats obtenus avec les autres tests.

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En effet, un échantillon est considéré comme contaminé quand plus de 2 espèces différentes

sont retrouvées dans l'échantillon. Il est nécessaire de réaliser un ensemencement sur un milieu

solide et non sélectif afin de pouvoir juger de la qualité du prélèvement et d’interpréter le

résultat. En effet, les bactéries responsables de mammites sont aussi présentes dans

l’environnement. Il est donc possible de considérer un germe de contamination comme germe

responsable de l’infection mammaire. Le milieu de référence est une gélose au sang de mouton,

coulée sur boite de pétri. Il permet la croissance de quasiment tous les micro-organismes

pouvant être responsables d’infections mammaires. Suite à l’incubation, on peut isoler les

colonies. Dans la grande majorité des cas, une seule espèce bactérienne est responsable de

l’infection. L’association de deux espèces est rare, celle de trois exceptionnelle, ainsi, la

présence de plus de deux types de colonies conduit à déclarer le prélèvement contaminé (85).

Si cette étape n’est pas réalisée, l’éventuelle contamination du prélèvement n’est pas prise en

compte et peut conduire à des erreurs diagnostiques.

C. Mesure de la conductivité du lait (3,5,35)

Dans le cas d'une infection et d’une inflammation du quartier, l’épithélium sécrétoire est altéré.

L’activité de certaines enzymes impliquées dans la production du lait est alors diminuée,

l'épithélium alvéolaire est endommagé, les jonctions intercellulaires sont plus lâches et la

perméabilité capillaire est augmentée. Ces phénomènes sont à l’origine de l’augmentation des

concentrations en ions Na+, Cl- et une diminution de la concentration en ions K+ dans le lait.

Ceci a pour effet d'augmenter la conductivité du lait. Il existe actuellement des appareils

portatifs de mesure de la conductivité du lait. Cette méthode est aussi le moyen de détection des

mammites le plus répandu dans les équipements de traite. Les appareils de mesure de la

conductivité du lait se retrouvent ainsi classiquement dans les robots de traite mais il peuvent

être rajoutés dans des salles de traites classiques (86). Le changement de conductivité apparaît

quelques heures avant l'apparition des signes cliniques. La mesure de la variation de

conductivité reste peu performante pour le diagnostic des mammites subcliniques. En effet,

utilisée seule, la conductivité a une sensibilité et une spécificité insuffisantes pour un dépistage

fiable de mammites ; en moyenne, les performances ne sont jamais supérieures à celles du

CMT. Ainsi, lors d’une visite de traite, il est recommandé de demander aux éleveurs comment

ils gèrent les vaches en cas d’augmentation de la conductivité afin de s’assurer qu’ils ne passent

pas à côté de nombreuses mammites.

D. Mesure des composés solubles dans le lait

La détection des mammites est possible par la mesure de la concentration de composés dont la

présence dans le lait est anormale ou ceux dont la concentration varie à cause de l’inflammation.

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1. Les enzymes

L’activité des lipases, estérases, phosphatases et déshydrogénases augmente dans le lait lors

d’inflammations mammaires. La N-acétyl-β-D-glucosaminidase (NAGase) et la lactate

déshydrogénase (LDH) sont celles qui ont le plus d’intérêts (5).

La NAGase est une enzyme intracellulaire qui est relarguée dans le lait lors de phagocytose par

les polynucléaires neutrophiles, lors de lyse cellulaire ou en présence de matériels

cytoplasmiques provenant des cellules épithéliales. L’activité de la NAGase dans le lait est

fortement corrélée à la concentration cellulaire somatique du lait. De plus, elle permet d’évaluer

le degré d’inflammation mammaire. Ainsi, son augmentation est beaucoup plus forte pour les

mammites liées à un pathogène majeur que pour celles liées à un pathogène mineur (87).

De la même façon, l’activité de la LDH est augmentée lors d’inflammation mammaire. Selon

SEEGERS et SERIEYS, la LDH aurait même une sensibilité pour la détection des mammites

supérieure à celle de la NAGase, et une spécificité du même ordre. De plus, l’activité de la LDH

dans le lait serait mieux corrélée aux CCSI lors de mammites, c’est pourquoi, elle a été préférée

pour le système de détection des mammites dans certains robots de traite (35).

Actuellement, certains robots de traite sont équipés d’un système de détection des mammites

basé sur la mesure de l’activité de la LDH. Donc dans certains élevages, ces données peuvent

être récupérées et analysées de façon semblable à celle des CCSI puisqu’elles sont fortement

corrélées. De plus, on peut demander à l’éleveur quelle est sa gestion des vaches lors d’une

augmentation de l’activité de la LDH.

2. Les protéines de la phase aiguë dans le lait

L’haptaglobine et le sérum amyloïde A (SAA) mammaire sont des protéines de la phase aiguë

de l’inflammation. Ces protéines sont augmentées lors de mammites (5).

On a une augmentation de la concentration sérique en haptaglobuline mais également une

augmentation de sa concentration dans le lait en cas de mammite. Son dosage dans le lait

pourrait donc aider à l’identification des animaux souffrant de mammites subcliniques (88). Il

existe des tests, à savoir un test ELISA pour le dosage de la SAA et un test biochimique pour

l’haptaglobuline. Le second est plus rapide et pourrait s’adapter plus facilement dans des

systèmes d’analyse automatique (87). La mise en œuvre d’une méthode dans le cadre du robot

de traite consistant en un dosage de l’haptaglobuline concomitamment à la traite constitue une

des tendances les plus prometteuses (89).

Ainsi, les données relatives aux protéines de la phase aiguë de l’inflammation ne peuvent pas

être utilisées dans l’étude préalable à la visite de traite car il n’y a pas encore de méthode mise

au point. Mais des techniques sont en cours de développement et pourraient voir le jour d’ici

quelques années.

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3. Autres composés (5)

La mesure de l’ATP des cellules somatiques pourrait être utilisée dans le futur. Il s’agit d’une

mesure indirecte de la concentration cellulaire dans le lait. Elle ne permet pas de faire la

distinction entre les cellules épithéliales et les leucocytes. Elle est réalisée par bioluminescence,

ce qui est facile et peu coûteux.

Comme pour les protéines de la phase aiguë de l’inflammation, la mesure de l’ATP ne peut pas

être utilisée pour une visite de traite car cette technique est en cours de développement.

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3ème partie : la visite d’élevage

I. Investigation des facteurs de risque

A. Généralités (4)

L’investigation des facteurs de risque est conduite sur des domaines présélectionnés selon le

modèle de contamination des vaches identifié. Il faut confirmer ou infirmer le pré-diagnostic

établi à partir de l’analyse des documents, puis dégager des leviers sur lesquels il est possible

d’agir pour améliorer la situation.

Le tableau XII permet de cibler plus facilement les domaines à investiguer en priorité en

fonction du modèle de contamination des vaches dominant mis en évidence lors de l’étude des

documents.

Tableau XII : Domaines d'investigation prioritaires selon le profil épidémiologique (4)

Domaine de recherche de facteurs de risque

Niveau de priorité d'investigation

* faible, ** moyen, *** fort

Modèle

environnemental

Modèle

contagieux

Modèle

« mixte »

Contrôle de l'installation de traite ** ** **

Pratique de traite (hygiène avant la pose des

faisceaux trayeurs)

*** * **

Pratique de traite (conduite pendant la traite

proprement dite)

** *** ***

Pratique de traite (hygiène après la traite) * *** ***

Habitat (conception, utilisation, hygiène...) *** * ***

Traitements en lactation (précocité,

modalités...)

** ** **

Traitements au tarissement (modalités...) * *** ***

Gestion des réformes * *** ***

Période sèche + péri partum des multipares *** * ***

L’installation de traite doit être contrôlée dans tous les cas car une installation de traite

défectueuse favorise la contamination par des germes environnementaux et contagieux en

raison des lésions qu’elle engendre au niveau des trayons.

En ce qui concerne les pratiques de traite :

- L’hygiène avant la pose des faisceaux trayeurs est essentielle pour obtenir des trayons

propres donc éliminer les germes issus de la litière,

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- La conduite pendant la traite proprement dite influence l’état des trayons et peut

favoriser la contamination des animaux (phénomène d’impact, surtraite par exemple),

- L’hygiène après la traite passe par l’utilisation correcte de produits de post-trempage à

effet désinfectant (lutte contre les germes contagieux) ou filmogène (lutte contre les

germes environnementaux). Ainsi, il semble étrange que, comme décrit dans le tableau

XII par ROUSSEL et al. (4), le niveau de priorité d’investigation soit faible pour un

profil type environnemental. En effet, il peut être intéressant d’appliquer un produit de

post trempage filmogène.

L’habitat est important à investiguer lors de l’identification d’un modèle environnemental

puisque les vaches sont contaminées à partir de la litière.

La gestion des réformes est utile pour se débarrasser des vaches contagieuses qui contaminent

le reste du troupeau.

Lors du tarissement, le traitement permet de guérir les infections liées à des germes contagieux

et il permet également de prévenir la contamination par des germes environnementaux. Donc

contrairement à ce qui est préconisé par ROUSSEL (4), il semble important d’investiguer les

traitements au tarissement lors d’un profil type environnemental.

Nous allons maintenant voir plus précisément quels sont les facteurs de risque à investiguer

pendant la traite, dans le bâtiment, chez les génisses, et pour les traitements.

B. Déroulement de la traite (11,90,91)

1. Observations à réaliser avant la traite

a. État du matériel

Avant même que les animaux commencent à entrer dans l’aire d’attente, il faut regarder l’état

du matériel de traite c’est-à-dire l’état de la machine à traire. En effet, une traite ne peut pas

être correcte sans avoir une machine à traire fonctionnelle.

Avant d’inspecter l’état du matériel de traite, il est indispensable d’avoir quelques

connaissances sur son fonctionnement. En effet, celui-ci conditionne d’une part le rôle éventuel

que la machine à traire peut jouer dans les infections mammaires et d’autre part les points clés

à regarder sur la machine à traire lors d’une visite de traite.

• Préambule sur les principes de la traite mécanique (52,92)

Lors de la traite, on branche sous la vache le faisceau trayeur. Il est constitué de 4 gobelets

trayeurs métalliques, enfermant les manchons en caoutchouc ou silicone qui contiennent les

trayons.

La chambre de pulsation est située entre la manchon trayeur et le gobelet trayeur. Elle reçoit le

tuyau court de pulsation. Ce tuyau court se prolonge par un tuyau long de pulsation qui est relié

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au pulsateur. Le pulsateur s’ouvre vers l’extérieur ou se ferme. Quand celui-ci s’ouvre, l’air à

pression atmosphérique entre et la chambre de pulsation se dilate. Le trayon est alors comprimé

et le lait ne peut pas s’écouler. C’est la phase de massage.

Puis le pulsateur se ferme, la chambre de pulsation est alors soumise au vide et son volume se

réduit. Le trayon n’est plus comprimé et il est par ailleurs continuellement soumis au vide. Le

trayon se vide de son lait qui s’évacue par le tuyau court à lait. C’est la phase de succion.

L’alternance de succion et de massage est essentielle pour prévenir la congestion des trayons.

Les deux tuyaux courts (à lait et de pulsation) vont dans la griffe.

La pompe à vide met en dépression la canalisation à air. Cette dépression est limitée par un

régulateur de vide.

Le niveau de vide correspond à la différence de pression entre la pression atmosphérique et la

pression dans le système. L’indicateur de vide ou un manomètre permet de vérifier le niveau de

vide. Pour des salles de traite à ligne basse, c’est-à-dire où le lactoduc est plus bas que les

vaches, le niveau de vide est compris environ entre 38 et 45 kPa, et entre 45 et 50 kPa pour les

lactoducs à ligne haute. Ces derniers sont plus rares. Sur le manomètre, cela correspond donc à

une pression entre 55 et 62 kPa pour une salle de traite à ligne basse et entre 50 et 55 kPa pour

une salle de traite à ligne haute.

Le lait est évacué de la griffe vers le lactoduc par le tuyau long à lait. Le lactoduc conduit le lait

vers la chambre de réception. Le lait est ensuite évacué vers le tank réfrigéré par la pompe à

lait. Le lactoduc est en général situé en dessous des animaux et le lait s’écoule vers la chambre

de réception par gravité et sous l’action du vide.

Les figures 6 et 7 représentent les composants du faisceau trayeur et de la machine à traire

décrits précédemment.

Figure 6 : Les composants du faisceau trayeur (92)

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Figure 7 : Les composants de la machine à traire (92)

• Vérification de la machine à traire

Il faut veiller à ce que le matériel soit bien entretenu.

Tout d’abord, on vérifie que le contrôle OPTITRAITE® a été réalisé au cours de l’année

précédente. La méthode OPTITRAITE® est un contrôle officiel de la machine à traire qui doit

être réalisé tous les ans par des techniciens formés et agréés. Malgré les grands progrès des

installations de traite, on ne peut pas exclure des erreurs de fonctionnement ou de construction.

Un contrôle régulier de l’installation de traite est donc nécessaire (50). En effet, plus de 75%

des installations contrôlées présentent au moins une anomalie (93). La mesure du niveau de

vide et le contrôle des faisceaux trayeurs sont les points essentiels observés. Puis, suite à

l’examen visuel de l’installation, l’agent rédige un diagnostic sur le fonctionnement de la

machine ce qui aboutit à des conseils (94). L’éleveur reçoit alors une fiche contenant tous les

résultats et les conseils nécessaires pour maintenir son installation en bon état. Il faut noter que

le protocole OPTITRAITE® respecte les dernières normes en vigueur et que le label

OPTITRAITE® est le seul qui puisse garantir un contrôle complet et sérieux de l’installation

de traite (93).

CERTITRAITE® permet de vérifier si les installations de traite neuves ou modifiées sont

assemblées et fonctionnent correctement. La vérification est réalisée par un maître d’œuvre,

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indépendant du fournisseur du matériel de traite. Au moyen d’un protocole, il vérifie que

l’installation de traite est montée, fonctionne et est nettoyée conformément aux spécifications

du référentiel. Plus de 80% des machines à traire neuves, rénovées ou d’occasion présentent au

moins une anomalie (93).

Remarque : il existe aussi un contrôle des systèmes de dépose automatique des faisceaux

trayeurs (93).

Ensuite, on doit vérifier la tuyauterie, les manchons, le lactoduc.

Pour les manchons en caoutchouc, la durée de vie est de 2500 traites et d'un an au maximum,

et 2 fois plus pour les manchons en silicone. On vérifie l’absence de signes d’usure comme des

fissures. Il faut également vérifier au niveau des manchons l’absence de torsion avec un

positionnement des repères face à face. Dans le cas contraire la chambre de traite est écrasée

(52).

A l’aide d’un manomètre, on peut mesurer le niveau de vide. Selon la norme NF ISO 5707, le

niveau de vide dans la griffe pendant la période de débit maximal doit se situer entre 32 et 42

kPa et dans l’idéal entre 40 et 42 kPa. Cela correspond à un vide nominal compris entre 40 et

44 kPa pour les lactoducs en ligne basse et entre 45 et 50 kPa pour les lactoducs en ligne haute

(95). Sur le manomètre, on pourra donc lire une pression entre 56 et 60 kPa pour les lactoducs

en ligne basse et entre 50 et 55 kPa pour les lactoducs en ligne haute.

On doit également vérifier la pulsation. Il doit y avoir 1 cycle par seconde (1Hz) avec une phase

de succion sur 60% du temps et une phase de massage sur 40% du temps (52).

b. Hygiène du trayeur et propreté du matériel

Le trayeur doit avoir les mains et les avant-bras propres et peut éventuellement porter des gants

ou mettre un pansement étanche s’il possède des blessures. Il doit porter des vêtements de traite

propres et lavables. De plus, tout le matériel tel que les gobelets de trempage, bols de traite,

bidons... doit être propre et lavé après chaque traite.

c. Entrée des animaux

Dans l'aire d'attente, les animaux doivent être calmes (l'agitation en fin de traite peut

éventuellement provenir d'une attente trop longue ou de quelques animaux stressés par la traite).

Cette aire doit être propre avant l'entrée des animaux et doit être bien conçue notamment pour

éviter les flaques d'eau. Le quai de traite doit être propre avant la traite et il peut éventuellement

être mouillé afin d'en faciliter le nettoyage durant et après la traite. L'entrée des animaux sur le

quai doit être spontanée. Dans le cas contraire, on doit suspecter un inconfort dans l'aire

d'attente, la présence de courants électriques, une douleur lors de la traite, un comportement

inadapté du trayeur. Si un côté est préféré à l'autre, il faut rechercher une différence de confort

entre les deux.

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d. Propreté des animaux

La propreté des animaux peut être évaluée de différentes façons. La grille la plus simple

correspond à la grille de notation de la propreté des bovins vivants (figure 8). Cette grille a été

élaborée par l’institut de l’élevage pour permettre de noter de façon unique les bovins depuis

l’élevage jusqu’à l’abattoir. La figure 8 illustre les quatre classes de notation :

- A, animal propre

- B, animal peu sale

- C, animal sale

- D, animal très sale (96,97).

Figure 8 : Grille de notation de la propreté des bovins vivants (96)

Il existe également une grille de propreté pour les vaches laitières en élevage, elle est plus

précise et plus appropriée dans le cas d’une visite de traite (figure 9). Il s’agit d’une analyse

plus fine de la propreté des animaux qui s’intéresse aux régions anatomiques suivantes :

- L’aspect global/le flanc de l’animal

- La mamelle vue de côté

- L’arrière train, incluant la région ano-vaginale, la mamelle vue de l’arrière, ainsi que

les pieds et les jarrets

- Les membres postérieurs, spécifiquement la cuisse, le pied et le jarret (98).

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Cette grille exprime la propreté sur une échelle de 0 à 4, comme décrit dans la figure 9 :

- 0, très propre, la zone concernée est dépourvue de souillure

- 1, propre, présence de quelques souillures peu étendues

- 2, un peu sale, les souillures sont étendues, mais couvrent moins de 50% de la surface

considérée

- 3, sale, la zone considérée est couverte de souillures sur plus de 50% de sa surface,

souillures qui ne forment pas de croûtes épaisses

- 4, très sale, la zone est entièrement souillée et/ou présente des croûtes épaisses (98).

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Figure 9 : Fiche de notation de l'état de propreté des vaches laitières en élevages (98)

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e. Préparation de la mamelle

• Les différentes méthodes de préparation de la mamelle

Une méthode de préparation de la mamelle ne se choisit pas seulement en fonction de

l'épidémiologie du troupeau mais de l'appropriation de la méthode par le ou les trayeurs. En

effet, elle doit être correctement appliquée par tous les trayeurs et tous les jours. On peut utiliser

des lavettes individuelles, une douchette associée à un essuyage papier, un pré-trempage ou

pré-moussage associé à un essuyage papier, une serviette désinfectante pré-imprégnée. Chaque

technique possède des avantages et des inconvénients, et un mode d'emploi précis que l'on doit

respecter. Ces différentes techniques sont décrites ci-dessous, il est important de les connaître

précisément car le vétérinaire doit analyser leur bonne exécution au cours d’une visite de traite

et doit pouvoir proposer les éventuelles corrections à apporter.

Lavettes individuelles : On utilise une lavette par vache. Il faut laver le trayon avec la première

face, essorer la lavette et essuyer avec l'autre face. Cette technique est la moins coûteuse. Les

lavettes doivent être mises à tremper avant la traite dans un seau d'eau tiède contenant un savon

de traite adapté. Ce savon permet de dissoudre le sébum et donc d'éliminer les bactéries qui y

vivent. Ce savon contient parfois de l’oxygène actif, ce qui lui procure un rôle désinfectant.

Après la traite, les lavettes doivent être soigneusement nettoyées (trempées dans un seau d'eau

chaude additionnée de solution désinfectante à base d'alcalin chloré par exemple, ou mises à la

machine à laver à plus de 65°C avec de la lessive et l’essorage doit être modéré). Les lavettes

individuelles sont faciles d’utilisation et adaptées pour les trayons sales, mais leur lavage est

compliqué et souvent mal réalisé. Ainsi les lavettes peuvent contenir des bactéries susceptibles

de provoquer des mammites. De plus, on peut s’interroger sur l’efficacité de cette technique

contre les germes contagieux. SERIEYS et POUTREL (99) ont réalisé une étude pour comparer

cette technique avec un pré-trempage des trayons avec du polyvinylpyrrolidone iodophore à

0,25% associé à un essuyage papier. La fréquence des nouvelles infections dans le lot pré-

trempé a été diminuée de 48% pour Staphylococcus aureus, 60% pour Streptococcus uberis et

47% pour Corynebacterium bovis. Aucune différence n’a été notée pour les autres infections.

Il semblerait donc que l’usage des lavettes soit moins efficace dans la lutte contre les germes

contagieux. Cette technique devrait plutôt être réservée aux élevages à modèle environnemental

dominant.

Douchette associée à un essuyage papier : Il faut mouiller le trayon mais pas le pis avec un jet

d'eau à basse pression et du savon. On frotte les trayons à la main puis on essuie avec du papier.

L’avantage de cette technique est qu’elle permet un bon nettoyage des trayons sales. Mais elle

possède plusieurs inconvénients à savoir, une réalisation souvent mal faite, une

surconsommation d’eau, un essuyage plus difficile, une contamination si de l’eau sale dégouline

sur les trayons depuis la mamelle, une dégradation de l’hygiène des mains et une absence

d’action désinfectante. Une étude réalisée par GALTON a montré que l’utilisation de cette

technique permet nettement de diminuer le nombre de nouvelles infections mammaires après

une exposition à Streptococcus uberis (100) comparé à une absence de préparation de la

mamelle. Cette technique permet en effet de diminuer le nombre de bactéries présentes à la

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surface des trayons, mais cette diminution est bien inférieure à celle obtenue après l’usage d’un

produit désinfectant (101).

Cette technique est efficace dans la lutte contre les germes environnementaux mais il semblerait

que les deux techniques suivantes soient plus adaptées pour diminuer le nombre de nouvelles

infections, principalement pour les infections à germes contagieux.

Pré-trempage ou pré-moussage associé à un essuyage papier : cette méthode est à privilégier

sur trayons propres. Dans le cas contraire, il est préférable de laver les trayons avec une lavette

car la matière organique risque d'inhiber le pouvoir désinfectant de la solution. Il faut tremper

ou « mousser » les animaux et laisser agir 15 à 30 secondes selon le produit puis essuyer avec

un papier. En cas de modèle contagieux, on utilise un produit avec une bonne action

désinfectante. En cas de modèle environnemental, on utilise un produit avec une bonne action

détergente.

Cette technique semblerait être plus efficace dans la lutte contre les nouvelles infections

mammaires. Selon LEVESQUE et HETREAU, on observe dans plusieurs troupeaux une

diminution des mammites cliniques causées par des germes environnementaux mais également

dans certains élevages une diminution des mammites à Staphylococcus aureus après avoir mis

en place cette technique de préparation (92). De plus cette technique est rapide, peu coûteuse et

facile à réaliser. Plusieurs produits désinfectants tels que les produits iodés, les acides naturelles,

les tri-amines sont disponibles, et une étude réalisée par GALTON et al. les compare (102).

Cette étude montre que les produits iodés, l’hypochlorite de sodium et l’acide dodecylbenzene

sulfonique permettent une réduction significative du nombre de bactéries dans le lait sans

différence significative entre les produits. En utilisant l’acide dodecylbenzene sulfonique, les

coliformes dans le lait sont plus nombreux donc ce produit semble moins adapté lors d’un

modèle environnemental. Par ailleurs, une étude menée par PANKEY montre que le pré-

trempage à l’aide d’un produit iodé réduit les infections mammaires liées aux pathogènes

environnementaux de 51% (103). Il a également montré dans une autre de ses études que le pré-

trempage réduit les infections mammaires liées à un pathogène majeur de 54% (104). Il

semblerait que cette méthode soit efficace à la fois contre les germes environnementaux et

contagieux. On oriente donc plutôt notre choix vers une préparation de la mamelle par pré-

trempage ou pré-moussage avec essuyage papier lorsqu’il y a un problème de mammites dans

l’élevage. Puis au sein des produits de pré-trempage, on ne choisira pas un produit à base

d’acide dodecylbenzene sulfonique si on est en présence de mammites environnementales.

Néanmoins, ces études ne prennent pas en compte l’état de saleté des trayons, donc on pourrait

s’attendre à une perte d’efficacité des produits désinfectants en présence de matière organique.

Cette méthode pourrait donc être moins adaptée en présence d’un modèle environnemental

lorsque les trayons sont très sales. Il peut alors être nécessaire de nettoyer les trayons avec une

lavette par exemple, avant le pré-trempage. Enfin, certains auteurs ont soulevé le problème de

résidus désinfectant dans le lait, en particulier pour les produits iodés qui est le produit le plus

couramment utilisé. Néanmoins, cela concerne peu les produits à base d’iode. En effet, les seuils

de résidus tolérés dans le lait sont élevés puisque l’iode est un composant naturel du lait. Par

contre, il faut faire beaucoup plus attention lors d’usage d’ammonium quaternaire ou de

Chlorhexidine qui sont plutôt utilisés lors du post-trempage (105).

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Serviette désinfectante pré-imprégnée : il faut laver les trayons sales avec une lavette, puis les

essuyer avec la serviette désinfectante en massant bien le trayon, il faut ensuite attendre 15 à 20

secondes, selon le produit, avant la pose de la griffe pour laisser au produit le temps d'agir. Cette

technique est plus coûteuse mais elle offre une bonne action désinfectante. Elle présente des

avantages et des inconvénients semblables à ceux du pré-trempage associé à un essuyage papier.

Nettoyage à sec : cette méthode est adaptée aux troupeaux où la situation sanitaire est maîtrisée.

- Nettoyage avec du papier : il faut utiliser une feuille de papier de texture adaptée

(absorbant et résistant) par vache. Cette technique est rapide, peu coûteuse mais laisse

plus de germes à la surface des trayons et ne permet pas une bonne stimulation des

trayons. Cette méthode est donc fortement déconseillée.

- Nettoyage avec de la laine/paille de bois : la laine de bois est fabriquée à partir de bois,

elle présente un aspect fin et poreux, sans poussière ni éclat de bois, ce qui permet

d’enlever les salissures du trayon. Elle est décapante sans être agressive. On utilise une

poignée par vache. Il s’agit d’un produit naturel biodégradable. Cela permet un bon

nettoyage mécanique mais pas une désinfection. Il y a une bonne stimulation pour

l’éjection du lait. Une étude a été réalisée pour comparer 4 méthodes de préparation de

la mamelle : pré-trempage avec essuyage papier et premiers jets, pas de préparation,

premiers jets uniquement, laine de bois et premiers jets. L’utilisation de la paille de

bois permet un gain de temps et une meilleure stimulation de la mamelle avec en

particulier une diminution du temps de traite chez les vaches longues à traire par rapport

au pré-trempage. De plus, l’utilisation de laine de bois n’a pas altéré la qualité du lait

(106). L’étude a eu lieu dans des lycées agricoles, donc dans des troupeaux où l’état

sanitaire des mamelles est globalement maîtrisé. On peut se demander si les résultats

seraient aussi concluants dans des élevages où la prévalence des mammites de traite ou

d’environnement serait plus élevée.

Remarque : la tonte ou l’épilation des mamelles améliorent l’hygiène de la mamelle et facilitent

le nettoyage des trayons. Ceci est indispensable dans le cas de l’utilisation d’un robot de traite.

Le tableau XIII montre l’influence des différentes techniques de préparation de la mamelle dans

la prévention des infections à réservoir mammaire ou environnemental.

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Tableau XIII : Impact des différentes techniques sur la qualité du lait et la prévention des infections à réservoir mammaire ou environnemental (91)

Techniques Lutte contre germes à

réservoir environnemental

Lutte contre germes à

réservoir mammaire

Lutte contre

spores butyriques

Lavettes

individuelles

++ - ++

Pré-

trempage/pré-

moussage et

essuyage papier

+++ +++ +

Lingette pré-

imprégnées

+++ ++ ++

Douchettes ++ - +

Nettoyage à sec ++ - +

On peut voir sur le tableau précédent que toutes les techniques de préparation de la mamelle

sont efficaces dans la lutte contre les germes environnementaux puisqu’elles permettent toute

d’obtenir des trayons propres. Dans le cas de mamelles très sales, les lavettes individuelles et

les douchettes sont plus efficaces pour obtenir des trayons propres. Le pré-trempage/pré-

moussage associé à un essuyage papier et les lingettes pré-imprégnées sont également efficaces

dans la lutte contre les germes environnementaux grâce à leur action désinfectante mais ces

techniques doivent être précédées d’un nettoyage avec une lavette individuelle si les trayons

sont très sales. Dans le cas contraire, le produit désinfectant sera inactivé par la matière

organique. On pourrait donc nuancer ce qui est décrit dans le tableau XIII par BENOIST (91).

De la même manière, le pré-trempage est moins efficace dans la lutte contre les germes à

réservoir environnemental que ceux à réservoir mammaire, dans la mesure où, lors d’un modèle

environnemental, les trayons ont tendance à être plus sales. De plus, l’usage des lavettes

individuelles n’est pas totalement inefficace dans la lutte contre les germes à réservoir

mammaire car, dans certains cas, le savon utilisé dans le seau où elles sont mises à tremper est

désinfectant. Cette technique permet donc de diminuer le nombre de germes présents à la

surface des trayons.

Pour lutter contre les germes à réservoir mammaire, il est indispensable d’utiliser des techniques

de préparation de la mamelle ayant une action désinfectante, à savoir le pré-trempage/pré-

moussage associé à un essuyage papier ou les lingettes pré-imprégnées.

En ce qui concerne le nettoyage à sec, le nettoyage avec du papier n’est pas recommandé. Le

nettoyage à la laine de bois constitue une bonne technique de préparation de la mamelle si l’état

sanitaire des mamelles du troupeau est maîtrisé.

• L’examen des premiers jets

La réalisation de l’examen des premiers jets qui consiste en l’élimination des 3 ou 4 premiers

jets, est indispensable. Il a trois objectifs, à savoir l’aide au diagnostic des mammites cliniques

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(visualisation de grumeaux par exemple), l’élimination des germes présents dans le canal du

trayon, et une participation au déclenchement du réflexe ocytocique (76).

L’examen des premiers jets se fait idéalement dans un bol à fond noir, ce qui facilite la détection

d’un aspect anormal du lait (présence de grumeaux en particulier).

De plus, il permet de rincer le canal du trayon. Ce dernier est en effet bordé de kératine sur

laquelle s’adsorbent les bactéries entre les traites. L’élimination des premiers jets permet

d’éliminer une partie de cette kératine et ainsi d’éliminer les bactéries.

Il est préférable de réaliser cet examen au tout début de la préparation de la mamelle car

l’essuyage et la palpation de la mamelle risquent de provoquer une remontée de ce lait

contaminé dans la mamelle (107). Mais ceci est controversé puisque selon ZECCONI, il est

recommandé d’appliquer un désinfectant pendant 30 secondes, puis d'observer les premiers jets

et enfin d'essuyer avec un papier à usage unique. Cet ordre particulier permettrait une

manipulation des trayons propres par le trayeur qui ne se contamine pas les mains, ce qui limite

le transfert de pathogènes (108).

• Les objectifs de la préparation de la mamelle

La préparation de la mamelle permet d'obtenir des trayons propres et secs, ce qui limitera la

contamination microbienne et la contamination par les spores butyriques. De plus, elle facilite

l'éjection du lait (décharge d'ocytocine provoquant la contraction des cellules myoépithéliales

entourant les acini) et permet aussi de détecter les mammites cliniques grâce à l'examen des

premiers jets.

Afin d'évaluer si la méthode de préparation est correcte, on observe la technique du trayeur, la

propreté des trayons avant la pose de la griffe et la libération du lait. Les griffes doivent être

branchées entre 30 secondes et 1 minute après le début de la préparation et il faut également

noter si la stimulation par le trayeur est correcte avec éjection des premiers jets et essuyage.

Cela permet de réduire le temps de traite ce qui permet de limiter l’effet traumatisant de la

machine à traire sur les trayons (108).

2. Observations à réaliser pendant la traite

a. Pose des griffes

Le branchement des faisceaux trayeurs doit être rapide en limitant les entrées d'air. Il faut

également veiller à une bonne position de la griffe sous la mamelle avec une sortie de la griffe

et donc un tuyau long à lait à situer sur l'axe nombril-tête de la vache.

b. Comportement des animaux

Il faut regarder le comportement des animaux. En effet, des piétinements, arrachages de griffes,

émissions de bouse ou d'urine signent un stress pouvant être lié au comportement du trayeur, à

une agression par la machine, à des courants électriques.

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Des petits courants électriques peuvent passer à travers le corps de la vache. Ils apparaissent si

les câbles ou les équipements sont défectueux, ou si la liaison à la terre est défectueuse. Il s'agit

d'un phénomène continu ou intermittent et cela est souvent difficile à détecter. Des recherches

ont montré qu'un courant supérieur à 1V a une action significative sur la santé de la mamelle.

On peut observer un comportement des animaux modifié ou une production diminuée par

exemple. En effet, les vaches ne veulent pas rentrer sur le quai de traite et en ressortent

rapidement, elles sont nerveuses pendant la traite, elles bougent, elles sont agitées. Il y a une

augmentation des défécations et émissions d'urine au cours de la traite. De plus, le réflexe

d'éjection du lait est diminué, donc la traite est incomplète et le risque de lait résiduel dans

un/des quartier(s) est augmenté. Il existe une variation individuelle et aussi une variation selon

l'amplitude du courant. Les vaches ont plus tendance à taper dans la griffe et à se décrocher, ce

qui augmente le risque de phénomène d'impact et de traite incomplète et donc le nombre de

mammites et le nombre de cellules (109).

c. Gestion des bouses

Les bouses doivent être retirées à l'aide d'une raclette, d'un balai ou d'un jet d'eau faiblement

puissant pour ne pas souiller la mamelle.

Quand les vaches sont sur le quai de traite, il est préférable de retirer la bouse à l’aide d’une

raclette et entre deux passages de vaches, le quai est lavé au jet basse pression pour limiter les

projections d’eau sale (107).

d. Evaluation des effets de la machine à traire sur les infections mammaires (11,108–110)

Les effets de la machine à traire sont responsables de 6 à 20% des infections mammaires. La

machine à traire peut jouer 3 rôles dans la contamination :

• Rôle de vecteur : la transmission de germes d’une vache à une autre peut avoir lieu via

le manchon trayeur contaminé à partir d'une vache infectée ou possédant des bactéries

à la surface des trayons. Cette transmission peut avoir lieu sur les 2 à 4 vaches suivantes,

voire plus en particulier lorsque les manchons sont usés car les bactéries adhèrent à ces

derniers.

Il est donc préférable de :

o Utiliser une griffe spécifique pour traire les animaux infectés ;

o Désinfecter les manchons trayeurs après la traite d'une vache infectée (faire

tremper le faisceau trayeur dans une solution pendant 1 minute ou par

pulvérisation, le tout suivi d'un rinçage à l'eau) ;

o Traire les animaux infectés en dernier, il s'agit de la méthode la plus efficace.

• Rôle favorisant : la machine à traire peut favoriser l’apparition d’infections mammaires

en détériorant les défenses de la mamelle ou en cas de mauvais écoulement du lait. Le

canal du trayon constitue le premier mécanisme de défense contre les infections intra-

mammaires. Or, la machine à traire peut entraîner des lésions sur les trayons qui

provoquent une baisse des défenses physique, chimique, immunitaire via la douleur

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ainsi qu’un mauvais écoulement du lait. On peut noter que l'état de l’extrémité des

trayons empire au fur et à mesure de la lactation chez les primipares, mais de bonnes

conditions de traite peuvent limiter les effets délétères de la machine à traire sur les

trayons. Les différents types de lésions seront développés ultérieurement.

• Rôle contaminant : la machine à traire peut avoir un rôle contaminant en transmettant

des germes de trayon à trayon. Les trois principaux processus entrant en compte sont le

phénomène d’impact, le reverse flow et le gradient de pression inverse.

o Le phénomène d’impact (figure 10) : le phénomène d’impact correspond à

une entrée d’air à grande vitesse par un manchon qui est à l’origine d’une

projection violente et de gouttelettes de lait sur l’orifice des autres trayons.

Cela entraîne les bactéries présentes dans les manchons et les tuyaux courts

à lait vers les autres trayons. Si la vache présente un ou plusieurs quartiers

infectés, ce processus transporte les bactéries pathogènes à la surface

d’autres trayons ou directement dans le sinus du trayon (111).

Figure 10 : Le phénomène d'impact (91)

Ce phénomène peut tout d’abord survenir lorsque le vide n'est pas coupé

avant de décrocher la griffe.

Un glissement du manchon trayeur peut également entraîner une entrée d’air

et constitue une des origines fréquentes du phénomène d’impact. Il est

important de connaître ces origines afin de trouver des solutions à ce

problème. En cas de glissement, il faut repositionner le manchon sans délai.

Le nombre de glissements doit être inférieur à 10%. Dans le cas contraire, il

faut trouver d’où vient le problème. Le glissement peut être lié à un mauvais

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positionnement de la griffe avec un défaut d’alignement du tuyau long à lait

avec l’axe nombril-tête de la vache, une réserve de vide inadéquate, des

vaches possédant des trayons trop larges ou trop étroits et/ou une extrémité

de manchon trop large augmentant le risque d’engouffrement d’air entre le

manchon et le trayon, des vaches nerveuses qui bougent beaucoup, un niveau

de vide trop bas, une griffe trop lourde, des caoutchoucs en mauvais état, des

fluctuations du niveau de vide importantes. Lors de glissements de

manchons, il faut donc évaluer le niveau du vide, la position des griffes, le

modèle du manchon, le positionnement du tuyau long à lait sur le quai de

traite ainsi que l'écoulement du lait dans le lactoduc car une évacuation

insuffisante du lait entraîne une réduction du vide dans le manchon qui va

donc glisser (112).

o Le reverse flow : il s’agit d’un retour de lait contaminé vers le trayon qu’il

vient de quitter. Le lait est contaminé à la suite de son passage dans le

manchon et le tuyau court à lait. Ce phénomène est lié à une mauvaise

évacuation du lait dans les circuits de drainage. On a alors un engorgement

du faisceau trayeur et le lait vient baigner le trayon, c’est ce qu’on appelle la

« traite humide ». Les problèmes d’évacuation du lait sont rencontrés lorsque

les éléments suivants sont inadaptés : la capacité de réserve de vide de

l’installation, les griffes, les tuyaux courts et longs à lait, le lactoduc. Il faut

également limiter les variations cycliques et acycliques de vide pour faciliter

l’évacuation du lait (31). Les variations acycliques du vide sont dues à une

entrée d'air au niveau du manchon, ce qui provoque une diminution brutale

du vide. Elles sont en particulier rencontrées lors du phénomène d'impact

décrit précédemment. Les variations cycliques anormales de vide sont

engendrées par un mauvais réglage du pulsateur (113). Un mauvais réglage

du pulsateur peut provoquer le phénomène de reverse flow car on peut avoir

une aspiration du lait contenu dans la griffe par le trayon. La figure 11

schématise la traite humide.

Figure 11 : la traite humide (31)

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o Le gradient de pression inversé : le gradient de pression inversée correspond

à une aspiration du lait contenu dans le tuyau court à lait juste sous le trayon.

Cela survient en fin de traite lors de la formation d'anneaux de compression

ou lors de remontées du manchon sur le trayon, situations où la dépression

au sein du trayon est supérieure à celle exercée par la griffe. Lors de

l'ouverture du manchon, cela crée une aspiration du lait contenu dans les

tuyaux par le trayon. Cela survient dans les 4 cas suivants : anneaux de

compression entraînant un allongement du temps de traite, mauvaise position

des griffes associée ou non à une sous traite d'un quartier, griffe mal

dimensionnée, diamètre trop étroit des tuyaux courts et longs à lait.

e. Fin de la traite

La dépose des griffes doit avoir lieu quand le flux de lait est environ de 400mL par minute

(109). En l'absence de dépose automatique, elle doit avoir lieu lorsqu'un petit écoulement de

lait est encore visible à la sortie de la griffe. Pour retirer la griffe, il faut d'abord couper le vide

afin d'éviter la formation de lésions sur les trayons et également éviter le phénomène d’impact.

On peut regarder le temps de traite sur 20 à 25% des animaux. Le temps de traite est de 5min

pour 10L de lait + 1min pour 5L supplémentaires (92). Plus simplement, la moyenne du

troupeau doit être de 5 à 7 min par animal. Un temps de traite trop élevé peut provenir d'un

niveau de vide trop bas, d'une mauvaise préparation de la mamelle, d'un mauvais écoulement

du lait, d’une sur-traite.

Une sur-traite détériore les sphincters et le canal du trayon, ce qui rend la mamelle plus sujette

aux mammites. Même en présence de décrochages automatiques, il faut contrôler en fin de traite

l’absence de sur-traite. La sur-traite est mise en évidence par l’observation de lésions au niveau

des trayons de type anneaux de compression, hyperkératose ou congestion de l’extrémité du

trayon.

Il faut également contrôler en fin de traite l’absence de sous-traite qui se caractérise par la

présence de lait résiduel dans le quartier. La présence de lait résiduel dans un seul quartier

constitue un facteur de risque de mammites cliniques car il existe un risque important de

reverse-flow dans ce quartier et de sur-traite dans les autres. La présence de lait résiduel est

souvent due à une mauvaise position de la griffe.

En cas de sous-traite, le nombre de cellules somatiques dans le lait augmente, ce qui est lié à

une augmentation du volume de lait résiduel et de bactéries. Le risque de mammites cliniques

est augmenté, avec une augmentation des infections à Streptococcus agalactiae (109).

Remarque : la surtraite peut également avoir lieu en début de traite, lorsque le délai entre la

stimulation de la mamelle et l'accrochage de la griffe est mauvais (108). En effet, dans ce cas,

la libération du lait n’a pas lieu immédiatement et cela aboutit à une sur-traite.

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f. Utilisation du lactocorder (11,65,114)

Il peut être employé lors du contrôle laitier ou lors d’une visite de traite. Cet appareil permet de

détecter une mauvaise gestion de la traite, ce qui peut conduire à des lésions de la mamelle et

favorise les mammites. Le lactocorder enregistre toutes les secondes des données sur la traite

des vaches pour établir une courbe d’éjection du lait pour chaque animal. Le lactocorder permet

de mesurer la production laitière et donne des renseignements sur la cinétique de l'émission du

lait par l'animal.

Figure 12 : Courbe relevée par le lactocorder, éjection normale du lait (115)

Sur la figure 12, on a une bonne libération du lait. Dès la pose de la griffe, il y a une montée

rapide et régulière du débit de lait. Puis a lieu la phase de traite. Enfin, il y a une diminution

régulière du débit avec une fin de traite rapide.

Figure 13 : Courbe relevée par le lactocorder, éjection bimodale du lait (115)

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Sur la figure 13, la libération du lait est bi-phasique avec dans un premier temps, une libération

du lait contenu dans la citerne puis dans un second temps de celui contenu dans les acini. Cela

reflète une mauvaise stimulation de la vache qui ne libère donc pas correctement son lait.

Figure 14 : Courbe relevée par le lactocorder, sur-traite (115)

Sur la figure 14, on peut voir une mauvaise libération du lait. En effet, on peut voir qu’il existe

un délai avant le début d’augmentation du débit en lait. Le débit maximal est bas. La fin de

traite est très longue. On a là encore une stimulation insuffisante de la vache.

3. Observations à réaliser après la traite

a. Observation des trayons à la dépose des griffes (11,108–110)

La machine à traire et la traite peuvent entraîner des lésions sur les trayons à l’origine d’une

baisse des défenses physique, chimique, immunitaire via la douleur et également d’un mauvais

écoulement du lait. Il est donc important d’observer les trayons à la dépose des griffes. Le

nombre d'animaux observés dépend de la taille du troupeau. Il faut bien examiner chaque

trayon.

Remarque : toutes les lésions des trayons ne sont pas liées à la machine à traire ou la traite.

En effet, il peut y avoir des blessures sur les trayons si l’environnement est inadapté (coupure

en présence d’objet tranchant par exemple), on peut avoir des crevasses sur les trayons lors

d’hiver rigoureux. Ces éléments ne seront pas développés dans cette thèse.

On recherche les lésions suivantes :

• Des lésions circulatoires correspondant à une couleur rouge-violette ou bleu du trayon

(figure 16), une congestion, un œdème, des microhémorragies (figure 15) qui traduisent

un défaut de retour veineux au niveau des trayons. La peau est alors fragilisée ce qui

favorise la formation de plaies. Ces plaies sont plus facilement colonisées par les

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bactéries. Ces lésions sont douloureuses, cela provoque une mauvaise libération du lait

et une réaction neuro-hormonale qui inhibe la réponse immunitaire.

Figure 15 : Microhémorragies (11)

Figure 16 : Couleur rouge-violette des trayons(11)

• Anneau de compression (figure 17), qui est pathologique en cas de traite trop longue ou

de mauvaise vidange de la mamelle. Néanmoins, certains manchons en provoquent sans

pour autant être à l'origine d'une contamination de la mamelle. Les anneaux de

compression sont à l’origine d’un mauvais écoulement du lait avec une augmentation

de la durée de traite engendrant la formation de lésions sur les trayons et l’augmentation

du risque de reverse flow.

Figure 17 : Anneaux de compression (11)

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• Signes d'hyperkératose : on peut voir un anneau blanc autour de l'orifice du canal visible

à 1m de l'animal. Il existe 4 scores d’hyperkératose :

o Score 1 ou stade normale,

o Score 2 ou stade lisse caractérisé par la présence d’un anneau blanc en relief

mais lisse,

o Score 3 ou stade « rough » ou rugueux caractérisé par la présence d’un anneau

blanc en relief avec des irrégularités cornées,

o Score 4 ou stade « very rough » caractérisé par la présence d’un anneau blanc

en relief avec de larges irrégularités (aspect en choux fleur) (110,116).

La figure 18 illustre ces différents scores.

Figure 18 : Scores d'hyperkératose du trayon (116)

L'hyperkératose facilite la colonisation bactérienne. En effet, une étude réalisée par

PADUCH et al montre que la charge bactérienne dans le trayon d’E.coli et

Streptococcus uberis augmente avec le score du trayon, contrairement à celle de

Staphylococcus aureus (117). L’hyperkératose facilite donc la colonisation du trayon

par les bactéries, ce qui augmente le risque d’infection mammaire. En effet, une

hyperkératose de scores 3 ou 4 engendre un risque 3 fois plus grand d’infection

mammaire qu’un score 1 ou 2. Les trayons altérés sont associés à des mammites

cliniques récurrentes car la première ligne de défense contre les infections est absente

(108).

La figure 19 présente le lien entre le score du trayon et l’état sanitaire de la mamelle.

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Figure 19 : Relation entre le score du trayon après la traite et l'état sanitaire de la mamelle (108)

L’hyperkératose altère les défenses physiques du trayon, en effet le réseau lamellaire de kératine

est altéré. De plus, le sphincter du trayon devient moins efficace. En effet, chez des vaches

taries avec des scores élevés d’hyperkératose, la fermeture du sphincter du trayon sera retardée

(fermeture complète en une semaine en l’absence de lésion) voire sera incomplète chez une à

deux vaches sur 10 selon HULSEN et al (118).

Après avoir observé les trayons à la dépose des griffes et les lésions présentes sur ces derniers,

il est important de connaître les pourcentages tolérés pour chaque lésion comme décrit dans le

tableau XIV.

Tableau XIV : Anomalies liées à la machine à traire (91)

Lorsque les pourcentages décrits dans le tableau XIV sont dépassés, la traite est traumatisante

et il faut proposer des mesures à l’éleveur afin de réduire la prévalence de ces lésions.

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

80%

90%

100%

Score 1 Score 2 Score 3 Score 4

Mammite subclinique

Inflammation

Infection latente

Sans infection

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Globalement on doit :

- Regarder si le niveau de vide n’est pas trop élevé

- Changer les manchons usés ou changer le modèle du manchon

- Supprimer la sur-traite

- Revoir la pulsation

- Revoir la préparation de la mamelle

- Revoir la position de la griffe.

b. Post-trempage

Il doit être réalisé avec le maximum d'hygiène et sur l'ensemble du trayon pour détruire les

germes présents sur la peau des trayons. L'efficacité désinfectante de la molécule doit être

reconnue et le produit doit s'appliquer facilement. En regardant sur les centrales d’achats, on

peut voir que les composants désinfectants les plus retrouvés sont les produits iodés, la

Chlorhexidine et les acides naturels comme l’acide lactique par exemple. Certains produits ont

des actions supplémentaires comme une action cosmétique (effet émollient avec une protection

du trayon contre les agressions chimiques, mécaniques et bactériologiques ; effet protecteur

contre la déshydratation (112)), un effet barrière (film imperméable aux bactéries mais

perméable à l'eau, l'air et aux petites molécules nutritives) ou une action répulsive contre les

mouches. Le choix du produit dépend des problèmes rencontrés dans l'élevage.

En présence de mammites environnementales, le produit de post-trempage doit être choisi selon

son caractère filmogène, dans le but d’empêcher les germes de pénétrer dans la mamelle par le

canal du trayon. Selon PANKEY, ces produits permettent de réduire les nouvelles infections

mammaires liées aux germes environnementaux mais l’efficacité contre les streptocoques serait

plus limitée (105).

En présence de mammites contagieuses, le produit de post-trempage doit être choisi selon son

caractère désinfectant. La transmission des germes contagieux pendant la traite est favorisée

par leur multiplication à la surface de la peau des trayons et au niveau des lésions. Les produits

de post-trempage à action désinfectante sont efficaces puisqu’ils détruisent les agents

pathogènes présents à la surface des trayons et ils préviennent la contamination des lésions et

du canal du trayon par ces agents (105). D’ailleurs, une étude réalisée par WESEN et

SCHULTZ a montré que le post-trempage à l’aide d’un produit iodé a permis de réduire les

nouvelles infections à streptocoques et à Staphylococcus aureus mais ne semble pas prévenir

les nouvelles infections par les coliformes (119).

Sur le marché, les produits de post-trempage ont souvent plusieurs actions, mais ces actions ne

sont pas forcément toutes très efficaces. D’ailleurs, selon PANKEY, aucune publication n’a

montré un produit de post-trempage efficace contre les mammites environnementales et

contagieuses (105). C’est pour cela qu’il faut choisir un produit selon son action filmogène ou

désinfectante dominante selon les cas. De plus, en présence de gerçures au niveau des trayons,

il est intéressant d’utiliser des produits à action cosmétique car ces lésions sont facilement

colonisées par des agents pathogènes.

Le tableau XV présente les différents produits de post-trempage utilisables et leurs

caractéristiques.

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Tableau XV : Les différents produits de post-trempage (91)

Le tableau XVI présente contre quels agents les produits de désinfection classiques sont

efficaces. Tableau XVI : Pouvoir désinfectant des principaux produits disponibles (91)

Dans le cadre d’une visite de traite, on peut se focaliser uniquement sur la première colonne

pour lutter contre les nouvelles infections mammaires. On peut voir que globalement, les

produits désinfectants de post-trempage sont tous efficaces contre les bactéries. Lors de flambée

de mammites contagieuses, on choisira de préférence les agents chlorés, l’iode ou la

chlorhexidine.

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c. Sortie de la salle de traite et nettoyage (11)

Le couloir de sortie doit être propre car les sphincters des trayons ne sont pas encore fermés

donc des éclaboussures peuvent être à l'origine d'une contamination. De plus, il faut empêcher

le couchage des vaches dans la demi-heure suivant la traite pour limiter l’entrée de germes par

le canal du trayon. Pour cela, il faut s’assurer que les vaches aient accès à l’eau et à des aliments

appétents pour les inciter à aller manger à la sortie de la salle de traite. De plus, le bâtiment doit

être équipé de cornadis autobloquants et le nombre doit être suffisant (92). On peut également

bloquer l’accès au couchage pendant une demi-heure (118). La salle de traite doit être nettoyée

avec soin après chaque traite. De plus, la machine à traire doit être correctement nettoyée avec

un prélavage pour éliminer les souillures organiques et bactériologiques, puis un lavage à l'eau

chaude avec alternance matin et soir d'un produit alcalin chloré et d'un produit acide. Puis un

rinçage à l'eau froide permet d'éliminer les produits chimiques restants.

C. Déroulement de la visite du bâtiment (11)

1. Implication du bâtiment dans les infections mammaires (11)

Le logement intervient dans les infections intra-mammaires via une transmission indirecte

d'agents pathogènes via le couchage. Ces pathogènes proviennent principalement du tube

digestif des animaux, et ils peuvent également provenir des mamelles infectées. Les

contaminations sont augmentées en cas de surdensité, de problèmes de diarrhées, de pertes de

lait par de nombreux animaux. Les mesures d'hygiène des surfaces de couchage limitent cette

transmission indirecte. Le logement peut aussi être à l'origine d'une augmentation du risque de

traumatismes ou d’affections des trayons. Par exemple, une mauvaise conception des logettes

peut augmenter le risque de traumatismes des trayons, des conditions hygrothermiques

défavorables (froid, humidité, courant d’air au niveau de la mamelle) sont à l'origine de

crevasses mais aussi de stress (4).

Il faut tout d'abord observer les animaux. On évalue la propreté des animaux, comme expliqué

précédemment. En effet, celle-ci donne une idée de l'hygiène du bâtiment et de la pression

microbienne. On recherche également la présence de traumatismes au niveau des trayons.

En présence de :

• Gelures ou gerçures, la température est trop froide dans le bâtiment (ventilation

inadéquate du bâtiment avec des courants d'air),

• Écrasement des trayons, il y a un défaut d'adaptation du bâtiment aux vaches (mauvaise

conception des logettes),

• Déchirures, coupures, des éléments coupants sont présents dans le bâtiment,

• Hématomes ou contusions, il existe une compétition entre les animaux sans fuite ou

évitement possible au niveau des aires d'exercice, de circulation, de couchage,

• Traumatisme chimique, cela peut être lié à un béton neuf imparfaitement chaulé, un

asséchant de litière.

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2. Système de couchage et litière

Les vaches en stabulation courent généralement un plus grand risque de mammites

environnementales que les vaches au pâturage. En effet, les sources d’agents pathogènes

environnementaux sont le fumier, la litière, les aliments, la poussière, la saleté, la boue et l’eau

(54).

a. Le bâtiment à logettes (11)

Le nombre de logettes doit être au moins égal au nombre de vaches. Il est même recommandé

de prévoir 5% de logettes en plus compte tenu du fait que certains emplacements sont moins

attractifs, par exemple ceux en bout de rangées, et pour éviter aux vaches dominées de rester

debout dans les couloirs de circulation (120). Dans le cas contraire, les vaches produisent moins

de lait et risquent de se coucher dans les couloirs de raclage à l'origine d'une mauvaise propreté

de la mamelle.

De plus, la taille des logettes doit être adaptée. Le sol doit être confortable et hygiénique, facile

à entretenir, résistant et peu coûteux. On peut avoir recourt à de la terre battue avec paille, du

béton nu, du béton avec litière, du béton avec tapis. La logette doit être plus élevée que le couloir

de raclage (15 à 25 cm) pour éviter de trop salir les logettes et éviter que les vaches se couchent

à moitié dans le couloir de raclage. La figure 20 indique les dimensions recommandées.

Figure 20 : Dimensions recommandées pour les logettes (4)

b. Stabulation entravée (11)

Des stalles trop courtes favorisent les traumatismes de la mamelle, des stalles trop longues

impliquent que les vaches bousent dans la stalle et les mamelles sont alors plus souillées. En

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cas de sol bétonné paillé, la consommation de paille par animal et par jour est de 2 à 3 kilos.

On peut également retrouver des matelas recouverts de paille ou de sciure.

De plus, on peut ajouter des séparations entre chaque stalle. Une étude réalisée par ALAND et

al a montré qu’en l’absence de séparation entre chaque stalle, le nombre de vaches qui bousent

ou urinent sur la stalle de la voisine est augmenté, et les vaches restent beaucoup moins

parallèles entre elles (121). Les stalles sont alors plus sales et l’incidence des mammites

environnementales peut être augmentée. En effet, une étude réalisée par KLASTRUP a montré

une augmentation du nombre de mammites cliniques en l’absence de séparation entre les stalles

(122). De plus, le fait que les vaches ne restent pas parallèles entre elles augmente le risque de

traumatisme au niveau des trayons. Or ces lésions des trayons sont plus facilement colonisées

par des germes, ce qui pourrait également augmenter le risque de mammites.

Ainsi, lors d’une visite de traite en stabulation entravée, il est indispensable de regarder la

propreté des stalles mais aussi la position des animaux car une mauvaise position des animaux

peut être la cause de la saleté excessive des stalles.

c. Stabulation avec aire paillée

Plus de mammites d'environnement sont observées en aire paillée que dans les bâtiments avec

logettes. En effet, les mamelles sont plus sales, et il est important de respecter les règles

suivantes : 6 à 7 m2 par animal pour l'aire de couchage, et 3 à 3,5 m2 pour l'aire d'exercice selon

les auteurs (11,123), ou encore 1m2 pour 1000 L de lait produit. Le calcul de ces surfaces est

réalisé pour les surfaces réellement disponibles c’est-à-dire qu’il faut enlever la surface perdue

correspondant aux zones de passage ou autour des brosses par exemple. Une surdensité est un

facteur de risque d'apparition de mammites. En effet, même en augmentant la quantité de paille

pour que la litière soit propre, on aura alors une augmentation de sa température, ce qui nécessite

une augmentation de la fréquence de curage. Le rythme de paillage ou les asséchant ne peuvent

pas remplacer un bâtiment de densité normale avec une ambiance saine et un entretien correcte

(11).

Remarque : Il faut regarder si les animaux ont tendance à se rassembler souvent sur une partie

du bâtiment en particulier (problème d'ambiance). Cela réduit la surface utilisée par les animaux

et augmente les risques (4).

d. Litières (11)

Les matériaux utilisés comme litière représentent une source importante d’agents pathogènes

environnementaux auxquels est exposé le trayon. La quantité de bactéries présentes dans la

litière dépend de la contamination, de l’humidité, et de la température. Les matériaux plus secs

sont associés à de moins grandes quantités d’agents pathogènes (54).

Il existe plusieurs types de litières :

• Aire paillée : il est recommandé de mettre 1 à 1,5 kg par m2 et par jour ou 8 kg par vache

laitière et par jour au niveau de l’aire de couchage. Contrairement à ce que l’on pourrait

penser, un paillage trop important ne diminue pas le risque d’infections mammaires à

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partir de la litière mais forme au contraire un « matelas » de paille épais favorable à la

circulation d’air. Les coliformes se développent mieux en présence d’oxygène et les

streptocoques sont micro-aérophiles. Ainsi, la contamination des litières n’est pas liée à

la propreté visuelle des litières car les coliformes se développent mal dans des

conditions d’anaérobiose et de froid qui se créent dans la litière en cas de souillure

massive par les excréments (124).

La paille doit être de bonne qualité, à savoir sèche (inférieure à 15% d'humidité). La

paille ne doit pas être trop humide lors du pressage et doit être stockée dans de bonnes

conditions. Le paillage doit avoir lieu une à deux fois par jour.

La température de la litière ne doit pas dépasser 40°C à 10 cm de profondeur. En effet,

cela favorise la multiplication bactérienne : les bactéries présentes dans la litière

(bactéries d’origine fécale) sont mésophiles, leur développement optimum se situe donc

à des températures comprises entre 37 et 40°C. En évaluant la température de la litière,

on peut déterminer à quel moment un curage est nécessaire (lorsqu'elle atteint 39°C).

La prise de température doit être réalisée régulièrement, DUREL et al recommandent

de le faire tous les 10 jours (52). Il faut prendre la température en plusieurs points

(minimum 12) pour réaliser une moyenne, à 10 cm de profondeur, avec 3 localisations

des points de contrôle (fond=1,5m du mur, milieu=centre de la travée, bord=1,5m du

bord de l’aire paillée) et quatre séries de contrôle par localisation. Il ne faut pas prendre

la température de chaque côté des bâtiments, au niveau des zones où les animaux

viennent de se coucher ou aux endroits trop souillés par la présence d'un râtelier ou sur

les zones de passage fréquent des animaux (124).

La fréquence normale de curage se situe entre 4 et 8 semaines selon la surface par

animal, la quantité et la qualité de paille utilisée. Néanmoins, cette fréquence doit être

adaptée en prenant la température de la litière régulièrement et en curant dès que celle-

ci dépasse les 39°C, puisque le risque de mammites avec signes généraux est nettement

plus élevé lorsque la température de la litière dépasse les 39°C (125). Suite à un curage,

on doit doubler la quantité de paille au premier paillage, soit 2 à 3 kg par m2 selon REMY

(11). Mais selon GAUTIER, il est recommandé de ne pas excéder 2 kg par m2 au premier

paillage (123). On fixera donc la quantité de paille à mettre après curage à 2 kg par m2.

• Logette paillée : la paille utilisée peut être en nature ou hachée. Il faut mettre 2 à 3 kg

de paille par logette et par jour. En réalité, les recommandations changent selon la

volonté de faire du fumier ou du lisier. Il faut minimum 3 kg de paille par logette et par

jour pour faire du fumier, et entre 1,5 et 3 kg par logette et par jour pour faire du lisier

(120). La paille hachée n'a pas un meilleur pouvoir absorbant mais tient mieux sous les

vaches. La fréquence des mammites cliniques et subcliniques est moins élevée dans ce

type de logement par rapport aux aires paillées. En effet, la souillure de la litière par les

excréments est limitée et cela permet de maintenir les vaches propres (125). A priori, le

risque d'augmentation de température est plus faible qu'en litière accumulée. L'arrière

des logettes doit être maintenu propre et sec (4). Il est nécessaire de nettoyer l’arrière

des logettes deux fois par jour en stabulation permanente, et ce nettoyage doit être

réalisé de préférence avant ou pendant la traite afin que l’arrière des logettes soit bien

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propre après chaque traite (126). Cette fréquence est à adapter selon le temps de

stabulation.

• Étable entravée paillée : il faut entre 1,5 et 2 kg par jour et par stalle (4) voire 3 kg (11).

Il faut veiller à garder les stalles propres, et donc adapter la fréquence de curage. Dans

une stalle sale et humide, le risque de mammite est 1,9 fois plus élevé (127).

• Autres : on les retrouve surtout dans les logettes voire dans certaines stabulations

entravées. On peut retrouver le sable, la sciure, les copeaux, les produits de séparation

des déjections des vaches, les tapis, les matelas.

o Sable : Il faut une épaisseur de 30 cm de sable, soit 14 kg par animal et par jour.

L’hygiène est bonne. En effet, selon JOHN, le sable constituerait le meilleur

matériel à utiliser sur logette. Comme il est inerte, cela empêche les bactéries de

croître (128). De plus, des études ont montré que les matériaux inorganiques

comme le sable contiennent moins de germes environnementaux que les

matériaux organiques comme la paille ou les copeaux de bois (129). Les trayons

sont donc moins exposés aux agents pathogènes ce qui limite les infections

mammaires. Par ailleurs, une étude réalisée par ZDANOWICZ a montré qu’il y

avait 2 fois moins de coliformes et 6 fois moins de klebsielles à l‘extrémité des

trayons quand les vaches sont logées sur sable par rapport à la sciure.

Néanmoins, il y aurait 10 fois plus de streptocoques à l’extrémité des trayons

(130).

Ainsi, le risque de mammites environnementales à coliformes ou klebsielles

serait moindre sur sable par rapport à la sciure tandis que le risque de mammites

environnementales à streptocoques est supérieur. On peut donc dire que ce type

de litière n’est pas adapté quand on suspecte, au cours d’une visite de traite, un

problème de mammites liées à des streptocoques.

L’entretien quotidien de ce type de litière est plus complexe que les litières plus

« traditionnelles » puisque ce dernier nécessite beaucoup de main d’œuvre pour

enlever le sable et le remplacer, pour l’aplanir, et il faut aussi beaucoup de place

pour stocker le sable. De plus, son élimination est difficile, la reprise du lisier

est délicate (11).

o Sciure : elle est plus humide et plus contaminée que de la paille par exemple.

C'est un substrat idéal au développement des coliformes (en particulier de

Klebsiella et Enterobacter (124)) mais pas à celui des streptocoques fécaux et

de Streptococcus uberis. Cela est en accord avec l’étude de ZDANOWICZ

décrite précédemment (130). Il faut maintenir un taux d'humidité inférieur à 20%

et un taux de contamination faible car sinon il existe un fort risque de mammites.

Ce type de litière doit être évité dans les élevages présentant des mammites à E.

coli ou klebsielles et être remplacé par de la paille ou du sable (120).

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o Copeaux : les particules fines ont un meilleur pouvoir absorbant mais génèrent

davantage de poussières ce qui nuit à l'ambiance du bâtiment. De plus, les

particules fines humides offrent davantage de surface aux bactéries. Par ordre

décroissant de contamination aux coliformes et Klebsiella, la sciure est plus

contaminée que les copeaux qui sont eux-mêmes plus contaminés que la paille

(124). Dans les copeaux, il y a moins de streptocoques et de staphylocoques que

dans la paille et la sciure. Par ailleurs, une étude réalisée par GODDEN, a

comparé la croissance des bactéries environnementales dans les copeaux, le

sable propre ou recyclé et les produits issus de la transformation des déjections

des bovins après inoculation de litières stériles avec Klebsiella pneumoniae et

Enterococcus faecium. Il ressortirait de cette étude que le meilleur compromis

soit l’utilisation de copeaux car ils offrent une faible croissance des klebsielles

et permettent une nette diminution des entérocoques (129).

Ce type de litière peut donc être choisi dans les troupeaux présentant des

mammites à staphylocoques ou streptocoques.

o Tapis, matelas : ils n’ont aucun pouvoir absorbant donc ils restent humides. Il

faut donc une couche de litière par-dessus. De plus, ils doivent être confortables.

Il faut vérifier leur intégrité, leur degré de propreté et s'ils sont glissants (4). Les

matelas ou les tapis n’auront pas d’impact direct sur les nouvelles infections

mammaires. Les infections dépendront principalement du type de litière ajouté

par-dessus. Néanmoins, une étude réalisée par RUUD et al a montré que

l’incidence des mammites cliniques au sein des troupeaux avec des matelas dont

la couche déformable est supérieure à 17 mm est inférieure à celle des troupeaux

en logettes sur sols bétonnés paillés. Cela serait lié à la plus forte incidence des

lésions des trayons dans les logettes paillées sur sol bétonné (131).

o Produits issus de la transformation des déjections des bovins : ils ont un aspect

semblable à la sciure et sont obtenus en faisant passer le lisier sur un tapis vibrant

afin d'isoler l'extrait sec, ou en faisant passer le lisier dans une vis qui le presse

et provoque l'échappement des jus. On ne sait pas exactement s'ils sont un

facteur de risque ou non d'apparition de mammites car peu d’études ont été

réalisées sur le sujet. Néanmoins, il semblerait que ce type de litière fournisse

un milieu propice au développement des germes environnementaux. Dans

l’étude de GODDEN décrite précédemment, les produits issus de la

transformation des déjections des bovins ont offert la croissance la plus

importante de K. pneumoniae, et ils ont permis une faible croissance d’E.

faecium (129). Par ailleurs, GOOCH et al expliquent que les matériaux

organiques offrent les nutriments et l’humidité nécessaire à la croissance

bactérienne. Ainsi même si la contamination de base des produits issus de la

transformations des déjections des bovins est faible, cette contamination

augmente très rapidement en 24h en présence de bovins (132). La gestion de ce

type de litière doit être réalisée avec prudence, il faut mettre de la litière

généreusement et il faudrait changer la litière deux fois par jour ce qui est à

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l’origine d’un travail considérable. On a encore peu de recul sur les

conséquences à long terme de ce type de litière mais il semblerait ne pas y avoir

d’impact spécifique sur la qualité du lait par rapport aux autres litières plus

classiques (120).

3. Facteurs influençant le microbisme du bâtiment et participant à l'amélioration de la santé

de la mamelle

a. Hygrométrie (11)

Elle joue un rôle sur l'humidité relative de la litière et sur la condensation présente sur le pelage

des animaux, donc sur la santé de la mamelle.

L’humidité relative correspond à la quantité d'eau que contient l'air par rapport à la quantité

maximale qu'il peut contenir à saturation. Elle dépend de l'humidité extérieure, de la

température ambiante, du nombre d'animaux présents et du renouvellement de l'air. Plus

l'humidité relative est élevée (supérieure à 50-60%) à la surface de la litière, plus le

développement bactérien est important.

La condensation est issue de la remontée de l'air chaud qui entre ensuite en contact d'une surface

froide. L’eau qu’il contient se condense alors sur la paroi et retombe sur les animaux. Cela

diminue la température ressentie par l'animal et augmente le stress. De plus, cela augmente

l'humidité de la litière. Pour remédier à cela, il faut augmenter les courants d'air au niveau de la

toiture.

Ainsi, lors d’une visite de traite, il est important d’observer l’humidité de la litière et si le pelage

des animaux est humide. En effet, plus l’humidité de la litière est élevée, plus le développement

bactérien est important donc la santé de la mamelle risque d’être altérée. C’est pourquoi, la

maîtrise de l’ambiance du logement, l’utilisation de matériaux pour la litière de bonne qualité

et l’efficacité du drainage de la litière sont indispensables (124). Dans le cas contraire, c’est-à-

dire en présence d’une humidité relative de la litière excessive et d’animaux avec le pelage

mouillé, il faut trouver une solution pour augmenter la ventilation du bâtiment. Il faut également

diminuer le nombre d’animaux en cas de surpopulation.

b. Température ambiante (11)

Elle doit être comprise entre la TCI (=Température Critique Inférieure) et la TCS

(=Température Critique Supérieure), et donc avoir une valeur adéquate pour le bien-être animal.

Mais la température ressentie est inférieure quand le pelage est mouillé ou la vitesse de l'air est

élevée. Les bovins adultes sont sensibles aux températures trop importantes. En été, il est ainsi

possible d'utiliser des ventilateurs ou des buses projetant un aérosol d'eau afin de diminuer la

température ressentie. De plus, les ventilateurs permettent de diminuer le nombre de mouches

qui sont un facteur de risque pour l'apparition des mammites à Staphylococcus aureus chez les

primipares et pour l’apparition des mammites d'été (11).

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Pour un bovin adulte, la température ambiante doit être comprise entre -25°C et 25°C, et la zone

recommandée se situe entre -5 et 22°C selon REMY (11). Selon BONNEFOY et

NOORDHUIZEN, la zone de neutralité des vaches en lactation se situe entre -5 et +20°C, et la

température critique maximale tolérable de l’air se situe à +25°C (133). Selon HULSEN et al,

la zone de confort thermique se trouve entre 5 et 15°C (118). Pour tous les auteurs, on voit

qu’au-delà de 25°C, les vaches ont trop chaud, ce qui est à l’origine d’un stress aux

conséquences importantes sur la santé et la production (91). En effet, on observe une

augmentation des affections, notamment des mammites, consécutives au stress mais aussi en

raison d’une augmentation de la production de radicaux libres (133).

c. Ventilation (11)

La qualité de l'air dépend des teneurs en polluants, à savoir poussières, microbes, ammoniac,

gaz carbonique, hydrogène sulfuré. Cela a peu d'influence sur les défenses de la mamelle mais

par contre, cela joue sur le confort de l'animal. La ventilation permet d'obtenir une hygrométrie

et une qualité d'air correctes. En effet, dans un bâtiment mal ventilé, l’accumulation de chaleur

et d’humidité dans l’air et a posteriori dans la litière, favorise la multiplication des germes dans

la litière, à savoir E.coli et streptocoques (91). Une mauvaise ventilation peut engendrer une

augmentation du nombre d’infections liées aux germes environnementaux.

Il existe plusieurs types de ventilation en bâtiment :

• Effet cheminé : l'air pénètre par des surfaces d'entrées basses, se réchauffe et monte puis

sort par des surfaces de sorties hautes. La figure 21 illustre cet effet.

Figure 21 : L'effet cheminé (134)

• Effet vent : circulation d'air liée au vent qui entre et sort par différentes ouvertures. C'est

la technique la plus courante. La figure 22 illustre cet effet.

Figure 22 : L'effet vent (134)

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La vitesse de l'air doit être inférieure à 0,5m/s en période froide, et inférieure à 1m/s en période

chaude. Sinon, la ventilation crée un courant d'air, ce qui n'est pas du tout recherché.

Pour évaluer la ventilation, on allume un fumigène au centre de l'air de vie des animaux. Dans

un bâtiment dont le renouvellement de l'air est suffisant, la fumée s'évacue en moins de 3 min

par l'ouverture au point le plus haut du bâtiment ou par une des extrémités du long pan ouvert

(4).

d. Luminosité (11)

Il est recommandé d'utiliser de la lumière naturelle. Les UV détruisent en effet un certain

nombre de bactéries présentes dans la litière. Ils permettent d’assécher la litière ce qui diminue

le développement bactérien et ont également une action directe sur les bactéries.

Au niveau de la toiture, il est ainsi conseillé d'avoir 6 à 7% de la surface composée de plaques

translucides (4).

e. Entretien des surfaces bétonnées

Les surfaces ne doivent pas être glissantes, être suffisamment rugueuses sans pour autant être

abrasives. Dans le cas contraire, cela favorise des blessures des trayons. Le raclage doit être

effectué une à deux fois par jour minimum (4,11). Le raclage est généralement réalisé lorsque

les vaches sont dans l’aire d’attente au moment de la traite. Mais selon COOK, il serait

préférable de réaliser au minimum 3 raclages par jour (135). Selon une étude réalisée par

BARNOUIN, tous les facteurs induisant une exposition plus élevée des animaux aux

pathogènes environnementaux augmentent l’incidence des mammites cliniques. Une fréquence

de raclage inférieure à 2 fois par jour augmente l’incidence des mammites cliniques (136).

On doit donc recommander aux éleveurs de racler l’aire d’exercice au minimum deux fois par

jour. Cela est facilité en présence d’un racleur automatique où la fréquence de raclage peut être

augmentée. Le raclage peut ainsi être réalisé 5 à 6 fois par jour (137).

f. Box de vêlage (4,138)

Le box de vêlage doit être proche de l'aire de vie des vaches en lactation pour limiter le stress

de l'isolement. Sa surface doit être comprise entre 15 et 20 m2. Il doit être propre et la litière

doit être totalement retirée après le vêlage d'un animal afin de rester propre et de ne pas

transmettre de germes d’une vache à une autre. Le maintien d’un box de vêlage propre diminue

l’incidence des mammites environnementales. Selon une étude réalisée par GREEN et al, la

présence d’un box de vêlage propre permet de diminuer l’incidence des mammites cliniques

lors du premier mois de lactation (139). De plus, la présence d’un box de vêlage offre des

conditions d’espace et de tranquillité optimales à la mise-bas, permettant de diminuer le nombre

d’interventions au vêlage, le stress du part est donc limité. Or on sait que le stress peut altérer

les capacités de défenses de l’animal et donc favoriser la survenue de mammites.

Remarque : la plupart des maladies autour du part augmentent le risque de mammite. Le

maintien en position couchée augmente ce risque.

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g. Observations et mesures pour les autres bâtiments (4)

Le bâtiment des vaches taries et le bâtiment des génisses gravides doivent répondre aux mêmes

critères que celui des vaches à la traite.

Dans le cadre de la lutte contre les mammites, le retour des vaches taries avec les vaches en

lactation doit se faire le plus tardivement possible. En effet, les animaux entrant dans le troupeau

dans les 10 jours avant vêlage ont un risque plus élevé d'avoir une mammite avec signes

généraux que les vaches entrées le jour du vêlage.

D. Investigations spécifiques aux génisses et aux primipares en peripartum (4)

On croit souvent que les génisses possèdent une glande mammaire saine lors du premier vêlage.

Or, 30 à 50% des génisses vêlent avec un ou plusieurs quartiers infectés. De plus, environ 10%

des génisses sont infectées par Staphylococcus aureus au vêlage (140).

Les mammites cliniques au vêlage et pendant le premier mois de gestation affectent entre 7,5%

et 17,1% des vaches primipares. L’incidence péri-vêlage chez les primipares, c’est-à-dire le

pourcentage de primipares avec une première CCSI supérieure à 150 000 cellules/mL au

premier contrôle, peut laisser suspecter un problème lorsqu’elle est supérieure à 20%. Une

prévention des mammites peut alors être envisagée étant donné que les facteurs de risques sont

identifiés (14). On accorde une forte importance à cette investigation si on est dans le cas où

l'incidence peripartum chez les primipares est élevée, mais que l'incidence globale en lactation

pour le troupeau est faible. Il faut alors considérer en priorité les facteurs de risque spécifiques

des infections précoces s'installant avant le 1er vêlage et pendant le peripartum. Par contre, si

l'incidence globale en lactation est élevée, les facteurs de risque sont a priori les mêmes que

ceux en cause pour les lactations ultérieures.

1. Facteurs de risque durant les 2 derniers mois de la gestation des génisses et le début de

lactation (4,14,140)

Les facteurs de risque durant les deux derniers mois de gestation des génisses et le début de

lactation sont nombreux, on retrouve :

• L’hygiène du logement avec une augmentation du risque d’infection en cas d’élevage

des génisses en groupes, à l’intérieur et dans un environnement sale. Il faut veiller à

élever les génisses dans un logement propre et sec.

• L’hygiène du lieu de vêlage

• Le stress qui altère les capacités de défense. Il peut survenir lors de difficultés au vêlage

et lors des événements associés (isolement de la génisse, mort du veau). Il peut

également être dû à une entrée dans le troupeau des vaches laitières avant vêlage.

L’entrée dans le troupeau laitier doit avoir lieu 6 à 8 semaines avant vêlage pour que les

génisses aient le temps de s’adapter. Il faut aider les génisses à s’adapter en leur offrant

par exemple des logettes confortables pour limiter le couchage dans l’aire d’exercice,

ce qui augmente le risque de mammites environnementales (118).

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• Des transitions alimentaires mal maîtrisées, notamment lors du passage à la ration des

vaches laitières, avec souvent une sous-consommation alimentaire (en concentrés).

• La présence d’œdème mammaire (il s’agit d’une source de stress qui peut diminuer les

défenses immunitaires et rend la vache plus difficile à traire (140)), ou de lésions au

niveau des trayons (souvent accompagnées de la présence de Staphylococcus aureus)

augmentent le risque d’infection mammaire

• Un niveau de production élevé. Par ailleurs, si une génisse perd beaucoup de lait avant

vêlage, il est conseillé de la traire car la perte de lait augmente le risque de mammites

environnementales (118).

• Une mauvaise complémentation minérale et vitaminique peut entraîner une baisse de la

résistance aux infections (141)

• La présence de maladies intercurrentes. On a par exemple une augmentation du risque

d’infection lorsque la génisse reste couchée.

Il existe également les facteurs de risque généraux, c’est-à-dire communs aux vaches en

lactation. Ils regroupent des pratiques de traite défavorables, une hygiène défectueuse du

logement des vaches en lactation, une santé altérée de la mamelle des vaches multipares.

Il est donc important de privilégier l’amélioration du logement des génisses en fin de gestation,

de diminuer les interventions au vêlage par accouplements raisonnés et de maîtriser

l’alimentation en début de lactation.

Il est aussi possible de réaliser un examen visuel des sécrétions lactées et du pis en période pré

vêlage pour déceler une éventuelle infection. Des sécrétions saines sont semblable à du

colostrum ou du miel. Plus les sécrétions sont claires, liquides ou floconneuses, plus une

infection est probable.

2. Facteurs de risque de la naissance jusqu'aux derniers mois de la gestation (4)

Les facteurs de risque de la naissance jusqu’aux deux derniers mois de gestation les plus

fréquents sont :

• Le logement des veaux en cases collectives pendant les premières semaines et la

présence de tétée entre génisses. La tétée produit des contusions au niveau des trayons,

qui peuvent laisser des séquelles même après cicatrisation comme une diminution du

diamètre du canal du trayon. Ces anomalies de trayon peuvent rendre les vaches plus

sensibles aux mammites. Il faut donc écarter les veaux téteurs ou leur mettre un anneau

spécifique dans le nez (118).

• Une non-séparation du logement des génisses de celui des vaches taries exposent les

génisses aux germes responsables de mammites des vaches taries (4). Néanmoins, selon

HULSEN, il est recommandé de placer les génisses à introduire dans le troupeau, c’est-

à-dire les génisses gravides, avec les taries pour qu’elles bénéficient d’un meilleur

contrôle, d’une ration adaptée et d’une pression d’infection plus basse en raison du

logement plus propre (118). L’essentiel semble donc d’avoir un logement propre et une

alimentation adaptée.

• Tout ce qui nuit à l’hygiène au cours de l’élevage aura des répercussions sur la santé de

la mamelle, à savoir un manque de surface, de ventilation et d'entretien du logement des

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génisses ainsi qu’une absence de maîtrise des mouches. En effet, tous ces facteurs

augmentent le risque d’exposition des génisses aux agents pathogènes responsables de

mammites. Par exemple, les mouches transfèrent des agents pathogènes responsables

de mammites d’une vache à l’autre comme Staphylococcus aureus (118).

• Des apports incorrects de minéraux et de vitamines ou un excès du ratio de

concentrés/fourrage pendant la phase d'élevage auront un impact négatif sur la

croissance et la santé des génisses qui seront moins résistantes et auront donc une santé

de la mamelle défectueuse.

• Une distribution du lait de mammite aux jeunes veaux pourrait constituer un facteur de

risque mais cela n’a pas été clairement démontré.

La distribution de lait de mammite aux jeunes veaux est une pratique courante en élevage laitier

puisque 43% des éleveurs donnent du lait à cellules aux veaux. Le lait de mammites contient

des bactéries qui peuvent altérer la santé immédiate du veau. Il est également probable qu’une

génisse nourrie avec du lait de mammites ait plus de risques de développer des mammites

quelques années plus tard à son premier vêlage. Il a été montré qu’il est possible de retrouver

au premier vêlage la même souche de Streptococcus agalactiae que celle identifiée quelques

années plus tôt sur les mères. De plus, il existe un portage buccal des veaux, portage qui peut

donc constituer un réservoir de Streptococcus uberis, avec une transmission notamment lors

des tétées réciproques (142,143). Cette transmission lors des tétées réciproques a lieu pour tous

les germes contagieux.

E. Investigations sur l'efficacité des traitements et les réformes

1. Traitement antibiotique au tarissement (4)

Les animaux restés infectés sur au moins deux lactations avec absence de guérison au

tarissement doivent être assimilés à une mauvaise stratégie de réforme des animaux infectés et

pas à un échec du traitement. Donc, un animal avec une concentration cellulaire supérieure à

300 000 cellules/mL au tarissement et qui reste infecté après vêlage doit être considéré comme

incurable et donc réformé.

Il existe 3 types de produits utilisables au moment du tarissement : des produits à visée curative,

d'autres à visée préventive et enfin des produits ayant les deux valences. Les produits à visée

curative doivent évidemment être utilisés pour les vaches infectées. Ainsi, si l'éleveur n'utilise

qu'un seul produit de traitement au tarissement quel que soit le statut de ses animaux, il faut lui

proposer une prescription vétérinaire raisonnée et spécifique.

2. Traitement antibiotique en lactation (4)

Si l'incidence mensuelle des non guérisons en lactation, caractérisée par des rechutes cliniques

en lactation, est élevée c’est-à-dire supérieure à 10%, il est probable qu'une partie des non

guérisons soient des réinfections. Dans les autres situations, il faut identifier les composantes

dominantes dans l'origine du défaut d'efficacité apparente : stratégie de traitement non adaptée,

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mauvaise détection des mammites et/ou mise en place trop tardive des traitements, mauvaise

hygiène des traitements, mauvaise gestion des réformes lors de non-guérisons.

En cas de mauvais taux de guérison des mammites cliniques, il est nécessaire d'affiner l'analyse

si possible en repérant la ou les catégories d'animaux concernés par les non-guérisons :

• Animaux déjà infectés avant la mammite clinique

• Animaux ayant déjà présenté des signes cliniques dans le même quartier durant la

lactation

• Apparition des mammites à des stades de lactation spécifiques

• Caractérisation clinique particulière des mammites ne répondant pas au traitement.

Un dépistage attentif des mammites cliniques (premiers jets, palpation des mamelles) et une

mise en place rapide d'un traitement sont des éléments essentiels de l'efficacité des traitements

en lactation. Il faut bien désinfecter l'extrémité du trayon avant de réaliser un traitement intra-

mammaire pour ne pas être à l'origine d'une nouvelle infection du quartier qui engendrera une

non-guérison. Le trayon doit également être désinfecté après administration. L'utilisation de

produits de post-trempage est une technique valide.

Lorsque l'évolution clinique n'est pas favorable ou que de nouveaux signes cliniques

apparaissent dans le même quartier moins de 3 semaines après l'épisode précédent, un nouveau

traitement doit être mis en place. Il faut alors utiliser un traitement différent du premier car le

spectre d’activité de ce premier antibiotique pouvait ne pas comprendre le germe en cause ou

alors le germe en cause peut être résistant à celui-ci. Une évolution défavorable constatée après

deux traitements signe le passage à la chronicité.

3. Gestion des réformes

En réformant certains animaux, on cherche à éliminer les vaches réservoirs qui contaminent le

reste du troupeau (4).

Il existe différents critères de réformes :

- Les vaches avec récidives, elles correspondent aux vaches ayant eu 2 mammites

cliniques au cours de la lactation ou dont le lait a dû être écarté pendant plus de deux

semaines.

- Les vaches incurables sont les vaches infectées de façon chronique, elles présentent des

concentrations cellulaires somatiques individuelles supérieures à 800 000 cellules/mL,

et ce déjà lors de la lactation précédente, sans guérison au tarissement. Leur élimination

permet de réduire la concentration cellulaire somatique du tank mais aussi de diminuer

le risque de contamination des autres vaches du troupeau.

- Les vaches dont la mamelle est décrochée, c’est-à-dire dont le plancher est en dessous

du jarret, doivent être réformées car le risque d’infection par des germes

environnementaux et les risques de lésions accidentelles des trayons sont augmentés.

- Les vaches dont la mamelle est déformée avec dissymétrie des quartiers, car cela signe

des séquelles d’une infection mammaire antérieure.

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- Les vaches dont un ou des quartiers sont indurés, fibrosés, signe de séquelles

d’infections mammaires antérieures.

- Les vaches avec plusieurs quartiers infectés car les chances de guérison des mammites

sont beaucoup plus réduites (52).

En fonction de ces critères, on pourra décider quels animaux doivent être réformés. La sévérité

du choix dépendra des élevages car dans les élevages où la prévalence des vaches présentant

les critères cités précédemment est trop élevée, on ne pourra pas réformer tout le troupeau.

Nous avons pu voir comment réaliser la visite d’élevage et investiguer les facteurs de risque. A

l’aide des constatations réalisées lors de cette visite, nous allons voir comment élaborer un plan

de maîtrise dans l’exploitation.

II. Evaluation du rapport coûts-bénéfices et formulation du plan de maîtrise

dans l’exploitation

Une fois les facteurs de risque identifiés, ils sont hiérarchisés selon :

- Leur rôle plus ou moins essentiel dans les problèmes constatés

- Leur caractère maîtrisable ou non par l’éleveur, afin d’en tenir compte dans le plan

d’amélioration qui sera proposé (4).

Ensuite, un plan de maîtrise sera discuté avec l’éleveur, à savoir des actions à conduire par

l’éleveur ou par des intervenants spécialisés ou par le vétérinaire. Il est important que le ou les

éleveurs ou autres personnes responsables de la traite soient présents, autrement, les

changements risquent de ne pas être acceptés ou réalisés par tous. Afin d’assurer l’observance

par l’éleveur, il faut maximum au 5 mesures dont au plus 3 mesures « critiques » selon

ROUSSEL (4). L’objectif de ces mesures est d’empêcher la contamination des autres vaches.

Nous allons donc observer une diminution de la durée des infections et une diminution de

l’incidence des mammites cliniques. Le style de gestion et la situation de la ferme doivent être

considérés lors de l’établissement de ces mesures et des objectifs. Dans l’idéal, parmi ces

mesures, il faut parler en premier des recommandations à moindre coût, faciles à appliquer et

avec un effet vaste (141). Sur le plan doivent aussi figurer les objectifs à atteindre afin d’évaluer

si le plan mis en œuvre est efficace ou non. La formulation écrite du programme d’action (et

des objectifs) est indispensable pour éviter toute dérive de mémorisation. Les actions

préconisées se caractérisent par des délais de réponse variables : ils peuvent être longs avant

d’observer une réduction de prévalence pour des actions de renforcement de prévention sans

correction d’un flux d’élimination insuffisant. Par exemple, les mesures d’hygiènes concernant

la traite comme la désinfection des manchons après la traite d’une vache infectée va permettre

de diminuer la contamination des autres vaches sans pour autant éliminer rapidement toutes les

vaches infectées. La réduction de prévalence aura donc lieu lentement. A l’inverse, les actions

d’élimination rapide (réformes), actives à très court terme sur la prévalence, n’agissent, que

partiellement sur l’incidence et n’empêchent pas à plus long terme une ré augmentation

progressive de la prévalence (6). Le succès des interventions dépend fortement de la motivation,

de la rigueur du ou des éleveurs dans l’application des mesures de contrôle.

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Voici un exemple de compte rendu pour l’éleveur décrit par ROUSSEL :

- Partie 1 : situation initiale et pronostic d’un point de vue médical et économique

- Partie 2 : diagnostic du mode de contamination

- Partie 3 : facteurs expliquant cette situation sanitaire

- Partie 4 : le plan d’action à mettre en œuvre

- Partie 5 : ce que ce plan de lutte pourrait lui coûter et lui rapporter (4).

Ce compte rendu est très complet mais sa réalisation peut prendre du temps, ce qui est

difficilement envisageable en pratique courante.

Il existe d’autres modèles de compte rendu. Tout d’abord, on peut recenser les points positifs

dans l’élevage. Il est d’ailleurs important d’insister auprès de l’éleveur sur ces points qui

doivent être maintenus. Ensuite, on donne les points à améliorer et les mesures à mettre en

œuvre. On peut réaliser un plan d’action à court terme, moyen terme et long terme (144).

III. Suivi et évaluation du nouveau plan de maîtrise (4,6)

Tout d’abord, il faut évaluer l’observance des recommandations et, si besoin, résoudre les

raisons de non-observance.

Ensuite, des indicateurs de suivi et valeurs-objectifs doivent être définis à l’avance et servent

de support pour analyser objectivement l’évolution et les causes de cette évolution. Selon les

élevages et le modèle de contamination présent, l’évolution de certains indicateurs sera plus

importante à suivre que d’autres. Dans le cas d’un élevage où le modèle de contamination mis

en évidence est environnemental, les indicateurs à regarder seront l’incidence totale des

mammites cliniques, le pourcentage de cas clinique avec atteinte de l’état général et le

pourcentage de nouvelles infections au tarissement. Dans le cas d’un modèle contagieux, on

s’intéressera aux indicateurs suivants : la concentration cellulaire somatique du lait du tank, le

pourcentage d’animaux dont la CCSI est inférieure à 300 000 cellules/mL, la prévalence et

l’incidence des mammites subcliniques, le pourcentage de guérison en lactation et au

tarissement. Il est toutefois nécessaire de faire attention. En effet, dans le cas d’un modèle

contagieux, les taux cellulaires de tank peuvent diminuer lentement, au fur et à mesure des

réformes et des traitements au tarissement des vaches infectées. En conséquence, un des

indicateurs clés à prendre en compte est donc l’incidence des mammites cliniques. Cette

dernière doit en effet diminuer après la mise en place des mesures, signifiant que la transmission

des germes a été stoppée.

Si le plan de maîtrise est efficace, on doit observer une amélioration des valeurs obtenues pour

ces indicateurs. La visite de suivi permet de valider les actions mises en œuvre et de mettre en

évidence en quoi elles ont été efficaces ou non. C’est également le moment de valoriser le

travail réalisé par l’éleveur. En cas d’évolution défavorable, il faut envisager de refaire une

analyse d’orientation ou a minima, rechercher si des facteurs de risque nouveaux sont apparus.

A la fin de la visite de suivi, il faut donner de nouveaux objectifs, redéfinir les actions et les

nouvelles échéances.

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VILLARD Stessy

LES INFECTIONS MAMMAIRES CHEZ LA VACHE LAITIERE.

DEMARCHE DANS LE CADRE DU DIAGNOSTIC COLLECTIF

Thèse d’Etat de Doctorat Vétérinaire : Lyon, le 7 juillet 2017

RESUME :

La réalisation d’un audit mammite doit suivre une démarche rigoureuse. Tout d’abord, il faut

réaliser une étude des documents disponibles dans l’élevage afin de pré-identifier un modèle de

contamination dominant potentiel, à savoir le modèle opportuniste ou le modèle contagieux.

Puis une visite d’élevage est réalisée. Elle se décompose en une visite de traite et une visite du

bâtiment, et vise à investiguer les facteurs de risque pour confirmer ou non le pré-diagnostic

obtenu à partir de l’étude des documents. Les facteurs de risques seront ensuite hiérarchisés

pour établir un plan de maîtrise décrivant les différentes mesures à mettre en œuvre. Un

suivi doit être réalisé quelques mois plus tard pour évaluer l’efficacité de ce plan et l’ajuster si

besoin.

MOTS CLES : - Mammite chez les animaux

- Diagnostic

JURY :

Président : Madame le Professeur SERVIEN Elvire

1er Assesseur : Monsieur le Docteur BRUYERE Pierre

2ème Assesseur : Monsieur le Professeur GUERIN Pierre

DATE DE SOUTENANCE : 7 juillet 2017

ADRESSE DE L’AUTEUR :

Chauvaye, 63580, Saint Etienne sur Usson