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Q U E S A I S - J E ?

Les langages de la sociologie

J A C Q U E S H E R M A N

Chargé d'Enseignement à l'Université Catholique de Louvain

Deuxième édition mise à jour

13e mille

ISBN 2 13 042111 3

D é p ô t l é g a l — 1 é d i t i o n : 1 9 8 3

2 é d i t i o n m i s e à j o u r : 1 9 8 8 , n o v e m b r e

© Presses Universitaires de Franoe, 1983. 108, boulevard Saint-Germain, 75006 Paris

C H A P I T R E P R E M I E R

INTRODUCTION

L'analyse des langages de la sociologie vise à mettre en évidence les fondements méthodologiques, philosophiques et historiques des grands courants de cette discipline. Elle utilise pour ce faire les acquis de l'épistémologie scientifique et de la philo- sophie des sciences, tout en restant attentive aux facteurs idéologiques et culturels propres au champ scientifique de la sociologie elle-même. Six langages sociologiques sont distingués : le Positivisme, la Dialectique, la Compréhension, le Structuro-Fonc- tionnalisme, le Structuralisme et la Praxéologie. Il ne s'agit pas à proprement parler d'un ordre historique d'émergence, car chaque langage a ses adeptes dans divers espace-temps socioculturels. L'important pour le sociologue sera de dégager les règles et les présupposés de son univers de discours polysémique pour mieux maîtriser l'exercice de sa pratique scientifique. Au moment où la sociologie se banalise ou se fourvoie dans l'idéologie, il est impératif d'en ressourcer les notions directrices pour assurer leurs développements, voire leur inté- gration future.

I. — Théories, langages, paradigmes

Une théorie scientifique est un dispositif symbo- lique logico-conceptuel qui satisfait aux exigences

de pertinence vis-à-vis d'une problématique et d'objets donnés, de cohérence vis-à-vis de l'en- semble des concepts et des propositions qu'elle utilise, de testabilité vis-à-vis des procédures empi- riques de recueil de données. Une théorie opère toujours une réduction du champ des problèmes qui lui ont donné naissance, elle est circonscrite, référée à un domaine de réalité précis et spécifié. De plus, elle garde un caractère hypothétique, revisable, falsifiable, on ne peut jamais la considérer comme définitivement vérifiée sans la mettre cons- tamment à l'épreuve d'autres faits et d'autres théories (K. Popper, Conjectures and refutations, 1972). Un langage scientifique est un ensemble de symboles doté d'une structure syntaxique, de règles sémantiques qui assignent référence et sens à ses concepts. Mais, contrairement à une théorie, un langage n'est pas à proprement parler testable, il est seulement plus ou moins pertinent pour traiter tel problème, plus ou moins relevant à telle classe d'objets. Le langage est à la théorie ce que l'emballage est au cadeau (M. Bunge, 1974). Un paradigme est un mixte de présupposés philoso- phiques, de modèles théoriques, de concepts clés, de résultats de recherche prestigieux qui constitue un univers habituel de pensée pour des chercheurs à un moment donné du développement d'une disci- pline (T. S. Kuhn, La structure des révolutions scientifiques, 1962). La compréhension critique de l'état des recherches en sociologie présuppose la capacité de s'orienter dans le dédale de ses para- digmes dominants. Les paradigmes sociologiques s'apparentent davantage à des langages qu'à des théories car ils ne sont pas « testables », ce sont des « programmes de recherche », des champs de possi- bilités méthodologiques, ontologiques et épistémo-

logiques qui ont chacun leur envergure propre. Certaines problématiques relèvent plus d'un para- digme que d'un autre, mais seuls le mouvement de la recherche et l'acquis des découvertes sociologiques permettent de mesurer l'ampleur des champs para- digmatiques et de déceler par là leur envergure, leurs recouvrements et leur caractère fructueux.

Il ne s'agit pas d'étiqueter arbitrairement les productions sociologiques mais de savoir en quoi elles sont, ou ont été à une certaine période, rede- vables de tel ou tel paradigme.

II. — Méthodologie, épistémologie, ontologie

Au sens large, une méthodologie est un ensemble d'idées directrices qui orientent l'investigation scien- tifique. Quatre pôles de la recherche scientifique peuvent être analytiquement distingués : le pôle épistémologique, où s'opèrent la construction de l'objet scientifique et la délimitation de la problé- matique de la recherche ; le pôle théorique, où s'organisent les hypothèses et se définissent les concepts ; le pôle morphologique, où s'articulent les diverses théories et les divers niveaux d'expli- cation des phénomènes ; le pôle technique, où s'effectuent l'investigation empirique et la mise au point des dispositifs d'observation et de recueil des données (P. de Bruyne et al., 1974). Si la métho- dologie est l 'art pratique de la recherche scientifique, l'épistémologie générale est l'étude des conditions de possibilité et de validité du savoir théorique. Les problèmes épistémologiques sont ceux de la validité des formes de l'explication scientifique, de la pertinence des règles d'inférence logique, des conditions d'utilisation des concepts et des symboles

dans les théories. L'ontologie scientifique est la discipline philosophique qui traite du problème de la réalité des objets sur lesquels porte la connais- sance. Quel est le niveau de réalité des phénomènes sociaux (individu, groupe, organisation, classe, rôle, institution, société...) ? Qu'est-ce qu'un processus social, un événement historique, un système social, un acteur social... ? Un groupement social a-t-il une réalité en soi, différente de celle de la somme de ses composantes (holisme), ou bien la seule réalité est-elle individuelle ? La culture est-elle un domaine d'objets symboliques autonomes (cultura- lisme) ou bien les significations ne sont-elles que des phénomènes de conscience (psychologisme) ? Dans l'explication des faits sociaux, est-il légitime d'expliquer le social par le biologique, le psycho- logique ou l'économique (réductionnisme) ? Chaque paradigme sociologique, c'est-à-dire chaque com- plexe particulier de théories, de doctrines, d'idées- forces, de méthodes, tel que le Positivisme ou le Structuralisme, opère une sélection spécifique de schèmes épistémologiques, de conceptions onto- logiques et de dispositifs méthodologiques. Chacun privilégie tel aspect épistémologique (description, prédiction, causation...) ou telle position ontologique (holisme, individualisme). Les paradigmes proposent divers types d'explication sociologique selon leur mode global de structuration et respectent une certaine cohérence entre leurs options épistémo- logiques, ontologiques et méthodologiques.

III. — Les sciences pilotes et le système des sciences

Chaque langage sociologique se distingue égale- ment de ses concurrents par des prises de position

vis-à-vis des autres sciences (exactes, naturelles, biologiques, humaines). Les emprunts de modèles ou de méthodes aux sciences naturelles sont valo- risés par le Positivisme et rejetés par la Compréhen- sion. Les emprunts ou les rejets transdisciplinaires dans le système général des sciences caractérisent ainsi les paradigmes sociologiques et contribuent à leur spécificité. Chacun d'entre eux s'appuie sur des disciplines voisines (psychologie, linguistique...) ou plus lointaines (cybernétique, biologie...). Cer- taines notions clés sont empruntées et plus ou moins acclimatées à des contextes sociologiques (struc- ture, système, fonction, symbole, intention...). La compréhension de ces notions est souvent obscurcie par des usages métaphoriques, le seul moyen de les clarifier est de remonter à leur signification dans leur contexte disciplinaire d'origine. Le concept de structure sociale, par exemple, gagne à être éclairci par ses usages en mathématique, en linguis- tique, ou dans la théorie générale des systèmes.

IV. — Sociologie de la sociologie

Tout langage sociologique acquiert dans la pra- tique des chercheurs un caractère normatif ; ses schèmes d'explication, son vocabulaire, ses recettes techniques prennent un ascendant sur la façon d'aborder les problèmes de recherche et de décider des modes de solutions possibles. Cet ascendant n'est pas seulement d'ordre logique ou psycho- logique, il est également d'ordre sociologique dans la mesure où un paradigme devient le cadre de référence obligé pour l'évaluation intellectuelle de la pertinence sociale des recherches. Les traditions culturelles sont indissociables du fonctionnement des paradigmes sociologiques (« humanisme »,

« matérialisme »...). A ces éléments philosophiques, qui signalent l'insertion de toute pratique scienti- fique dans le champ global de la culture, viennent s'adjoindre les aspects conjoncturels des « modes scientifiques », les conflits intergénérationnels et, plus généralement, les facteurs polémiques qui tentent de présenter un paradigme comme la one best way. Le paradigme se transforme alors en « idéologie scientifique » avec ses allures rhétoriques et son « pathos » officiel ; il peut dégénérer en impé- rialisme épistémologique et en dogmatisme. Une sociologie de la sociologie replace les paradigmes sociologiques dans le champ des enjeux socio- culturels qui les a vu naître et indique à quels enjeux actuels ils sont confrontés.

Se pose enfin le problème du relativisme : les paradigmes sont-ils isolés les uns des autres, constituent-ils des « mondes possibles » arbitraires, des « formes de vie scientifique » cloisonnées ? Les paradigmes ont acquis une autonomie et une cer- taine clôture linguistique, il n'en reste pas moins qu'une théorie sociologique peut faire appel, selon les problématiques qui la motivent, à divers élé- ments paradigmatiques issus de différents langages, sous réserve de respecter sa propre cohérence in- terne. Certains éléments paradigmatiques sont in- compatibles entre eux mais c'est loin d'être le cas pour l'ensemble ; les paradigmes n'ont pas la cohé- rence logique d'une théorie. Ce sont des totalités erratiques non saturées qui orientent les chercheurs sans pour autant prédéterminer leurs choix épis- témologiques, ontologiques et méthodologiques. La meilleure preuve nous en est donnée par les grands auteurs sociologiques.

C H A P I T R E I I

LE POSITIVISME

I. — Introduction : le fait social

Le positivisme est un courant philosophique né au XIX siècle qui privilégie la démarche scientifique telle qu'elle se manifeste dans les sciences de la nature, par rapport à d'autres types de savoirs (religions, idéologies, morales, mythes).

Pour la sociologie, le positivisme est un courant de recherches très important, ne serait-ce que parce que son fondateur, A. Comte, est avant tout l'auteur du Cours de philosophie positive. Pour A. Comte, la science positive est réelle car opposée aux spéculations, utile et contribuant au Progrès de la condition humaine, certaine car basée sur des lois factuelles déterministes, précise conceptuelle- ment et méthodologiquement, organisatrice et non destructrice, critique ou négative. La science a un caractère éminemment relatif et non absolu, elle n'est qu'un prolongement méthodique de la Sagesse universelle (Discours sur l'esprit positif, 1844).

Le langage positiviste en sociologie subit une évolution constante qui reflète celle de l'épistémo- logie des sciences exactes et naturelles : déterministe et unifiée au XIX siècle, relativiste et ramifiée tout au long du X X

Le positivisme reste l'expression d'une volonté de

poser les problèmes sociaux comme problèmes scientifiques, relevant de procédures rigoureuses et contrôlables, inspirées des méthodes ayant cours dans les sciences exactes et naturelles, comme les méthodes de quantification et de mathématisation. Il se caractérise par les positions paradigmatiques suivantes :

a) le monde social est inaccessible dans son essence, seul le monde des faits perçus est ana- lysable scientifiquement (phénoménalisme) ;

b) le monde subjectif, celui de la conscience, de l'intuition, des valeurs, échappe en tant que tel à la science (objectivisme) ;

c) l'observation externe, le test empirique objectif, est le seul guide des théories scientifiques, la compréhension et l'introspection sont rejetées comme méthodes non contrôlables (empirisme) ;

d) la notion de la loi générale est au centre du programme positiviste, modèle simple et efficace qui rend compte d'une classe déterminée de phénomènes (nomothétisme) ;

e) la connaissance des structures essentielles, des causes fondamentales et finales est illusoire. Le signe d'une connaissance vraie est sa capacité de prédiction des événements qui relèvent du champ de pertinence des lois qu'elle a établies (prévisionnisme).

II. — Le contexte socioculturel

1. Sociologie et ordre social. — La sociologie, pour A. Comte, est la dernière étape dans la consti- tution d'un système intégral de toutes les sciences existantes. Sa fondation, qu'il a lui-même esquissée, annonce la fin de toute approche irrationnelle des phénomènes socio-historiques. Cette volonté d'ériger

l es m é t h o d e s s c i e n t i f i q u e s c o m m e s e u l e s g a r a n t e s d e l a p e n s é e soc i a l e d o i t ê t r e s i t u é e d a n s s o n c o n t e x t e s o c i o - h i s t o r i q u e , s u r d é t e r m i n é p a r les t r o u b l e s d e l a r é v o l u t i o n f r a n ç a i s e e t d e l ' a v e n t u r e

i m p é r i a l e : u n c o n t e x t e d ' e f f o n d r e m e n t soc io- c u l t u r e l e t d e r e m i s e e n c a u s e d e s i d é o l o g i e s e t u t o p i e s h u m a n i t a i r e s à l a R o u s s e a u .

Le problème de la reconstruction de l'ordre socioculturel motive la fondation de la sociologie. « Comment l'ordre social est-il possible (plutôt que la lutte de tous contre tous) ? » Cette question, déjà posée par Hobbes (Léviathan, 1651), est au cœur de la tentative comtienne. La solution au problème de l'organisation et du consensus sociétal est de fonder doré- navant le Politique sur la rationalité scientifique (« savoir, pour prévoir, pour agir »). Le milieu scientiste de l'Ecole polytechnique, dont A. Comte est issu, favorise cet optimisme à la fois progressiste et conservateur (« Ordre et Progrès »).

L'ordre systématique des sciences s'inscrit dans le dévelop- pement historique singulier de l'Occident, la « loi des trois états » donne la raison de ce développement socio-épistémique qui constitue l'évolution de l 'Espri t humain. Trois âges carac- térisent trois types de « régimes mentaux » : l'âge théologique où règnent les causes ultimes et l ' imagination, l'âge métaphy- sique où s'imposent la logique des essences et la raison spécu- lative, l'âge positif enfin où tr iomphent les lois prédictives, relatives à chaque domaine de réalité, contrôlées par l'expé- rimentation et l 'observation scientifiques. Le positivisme socio- logique s'inscrit donc à la fois dans la lutte contre l'obscuran- tisme et en réaction aux excès des philosophies et des idéologies issues des Lumières.

2. R é d u c t i o n n i s m e s e t s o c i o l o g i s m e . — L a soc io - l og ie , d e r n i è r e v e n u e d a n s le s y s t è m e d e s s c i e n c e s , l é g i t i m e m e n t à l ' a f f û t d e s m é t h o d e s d e s s c i e n c e s

p l u s r i g o u r e u s e s l e u r e m p r u n t e d e s m o d è l e s q u a n t i - f i a b l e s , d e s p r o c é d u r e s d e m e s u r e e t d e t r a i t e m e n t

d e d o n n é e s ( r é d u c t i o n n i s m e m é t h o d o l o g i q u e ) . E . D u r k h e i m , i n s t a u r a t e u r d e l a soc io log ie d a n s

le s y s t è m e u n i v e r s i t a i r e f r a n ç a i s , u t i l i s e r a l e s m é - t h o d e s s t a t i s t i q u e s ( i n L e s u i c i d e , 1897) d o n t l a

l'interactionnisme symbolique, l'action sociale émane des personnes dont la conduite est largement auto-déterminée ; les contraintes de l'environne- ment interne et externe n'expliquent pas le compor- tement mais sont assimilées, interprétées et trans- formées dans l'interaction sociale (G. H. Mead, 1934). Les personnes ne réagissent pas mécanique- ment aux actions d'autrui mais interprètent leurs comportements en fonction des significations qu'ils leur attribuent. Les structures sociales ne sont que l'aspect abstrait de la dynamique des flux d'inter- actions symboliques entre agents qui n'atteint jamais un équilibre stable. Les « réponses » sociales aux problèmes collectifs résultent de processus de concertation et de délibération entre agents enga- gés, elles entraînent des formes spécifiques de mobilisation des ressources et d'exécution planifiée des décisions retenues. L'interactionnisme symbo- lique s'oppose au culturalisme fonctionnaliste par son individualisme méthodologique radical qui conçoit la culture comme la création continuée des individus en interaction. La méthode interaction- niste privilégie l'observation des phénomènes cultu- rels au niveau de l'expression manifeste des acteurs dans leur situation sociale immédiate, concrétisation contingente de situations sociales possibles (B. Glass- ner, Essential Interactionism, 1980).

4. Dramaturgie — Au niveau microsociologique, les relations sociales peuvent apparaître comme un spectacle improvisé selon des règles implicites. L'approche dramaturgique étudie les actes (per- formances) des individus dans leurs diverses « ren- contres sociales » (encounters) au cours desquelles ils endossent des rôles nuancés en s'efforçant d'adopter un « style de comportement » face aux

autres protagonistes. (E. Goffman, Encounters, 1961). L'ordre social résulte de la façon dont le prestige est distribué et « joué » dans les commu- nautés et les groupements, le style de vie est l'ex- pression symbolique de modes d'action requis mais modifiables dans les socio-drames (H. D. Duncan, Symbols in Society, 1968). L'organisation sociale émane de la mise en perspective par les individus de leur propre expérience, la construction de leur sens de la réalité, la définition de leur situation et de leur style de vie (E. Goffman, Frame Analysis, 1974). Mais la dramaturgie élargit ce point de vue ethnométhodologique en situant les actes de lan- gage et les comportements interactifs dans divers contextes actantiels régis par des règles stylistiques particulières.

Les rencontres sociales constituent des systèmes d'activités-en-situation où des individus sont ras- semblés en fonction d'une problématique ou d'un intérêt passager, relativement bien défini. Une rencontre sociale n'a pas la cohérence et la structu- ration d'un groupe ; ni les rôles ni les tâches n'y sont prescrits explicitement. Chaque individu garde une distanciation vis-à-vis de son rôle, il vise à contrôler le style de sa performance et peut aller jusqu'à affecter sa non-implication en tant que personne dans le rôle qu'il joue en public. Le prin- cipe constitutif de la dramaturgie pose que la plupart des individus manipulent leurs comporte- ments en leur imposant une structuration stylis- tique, qu'ils « jouent » leur rôle social sans en être totalement dupes. Les comportements microsociaux doivent donc être analysés comme des structures actantielles. Tout groupement dramaturgique com- porte une « équipe » (les acteurs-joueurs), une « audience » et des « intrus » (outsiders). Divers

types de « scènes sociales » sont repérables : drames, routines, rituels, jeux coopératifs et agonistiques. Chaque rôle est joué dans un contexte spécifique dont les significations figurent des possibles actan- tiels, dont les valeurs fixent les bornes téléologiques et dont les normes fournissent les moyens pratiques de réalisation. Le contenu des actes dramaturgiques est corrélatif aux intérêts socioculturels exprimés dans divers contextes institutionnels : familial, politique, scolaire, asilaire, médical, religieux, ar- tistique.

5. Episodes — Les actions sociales se regroupent naturellement en des ensembles structurés plus ou moins connectés ; toute activité sociale se développe en une séquence définie d'actions singulières em- boîtées. Un « épisode social » est un événement ou un processus partiellement coextensif à un ensemble d'épisodes mentaux (sensations, représentations) propres aux agents sociaux et servant de concept théorique en vue de l'explication des comporte- ments (R. Tuomela, Human action and its explana- tion, 1977).

Cette approche descriptive et explicative peut être qualifiée de « behaviorisme conceptuel » ; elle évite le mentalisme des notions d'intention ou de but, ainsi que le matérialisme neuro- biologique réduisant l'action humaine à l'activité cérébrale. Elle décrit le comportement observable en ce qu'il peut être linguistiquement qualifié en épisodes par les acteurs eux- mêmes comme par les observateurs. Les « procédures sociales » culturellement déterminées (cérémonies, rituels) sont des sé- quences épisodales ordonnées temporellement de façon régu- lière, analysables par les procédés de la sémantique formelle des actes ou de la théorie des automates (I. Pörn, Action Theory and Social Science, 1977). Mais la plupart des activités sociales ne sont pas strictement analysables car leur structura- tion est faible, contingente ou surdéterminée par d'autres contextes actantiels. Le contenu d'un épisode inclut non seu- lement le comportement manifeste mais aussi les pensées, les

sentiments, les projets des participants. L'analyse des épisodes repose sur le principe que la conduite sociale est la plupart du temps consciente, autodéterminée et téléologique. Un épi- sode social est structuré téléologiquement, car il inclut les plans d'agents auto-organisés et les séquences d'actions causa- lement nécessaires à la production d'un résultat. Dans les situations sociales, les individus se présentent comme des personnages et suivent des règles qu'ils justifient comme perti- nentes. Le caractère téléologique de leurs actions rend possible un commentaire anticipé des épisodes par les agents et la genèse des actions sociales peut ainsi être décrite dans le langage des règles, principes, maximes, prescriptions que pro- posent les acteurs. Pour le behaviorisme conceptuel, les concepts du langage ordinaire sont adéquats pour décrire les pratiques sociales significatives. Les épisodes peuvent être classés en différents modèles « éthogéniques » selon le type de conduite sociale dont ils relèvent : a) modèles liturgiques, dont les règles épisodales sont spécifiées, où chaque rôle est assigné et un rituel prescrit ; b) modèles agonistiques, où des classes compétitives d'acteurs sont spécifiées, des performances et des sanctions codifiées ; c) modèles ritualistes, où les règles sont suivies de façon routinière pour leur seul aspect causal ou supposé tel ; d) modèles expressifs dont les règles permet- tent certains épisodes sans en prescrire les résultats (R. Harré et P. Secord, The explanation of social behavior, 1972).

6. Habitus. — Les rapports sociaux s'établissent entre des volontés humaines qui présentent une certaine inertie individuelle et collective. L'habitude est cette « volonté naturelle » (Wesenwille) de l'individu, résultant de son expérience pratique et se cristallisant dans sa mémoire sensorimotrice. (F. Tönnies, Community and Society (1887), 1963). Elle suppose une capacité innée de symbolisation qui permet l'amalgame stable de propensions psychoculturelles au cours d'un apprentissage social. Toute coopération sociale nécessite la présence d'un code de valeurs et de symboles partagé, la réversibilité des échanges, la conservation des actes et des règles symboliques de leur effectuation. (J. Piaget, Etudes sociologiques, 1965). Il existe

une logique de la pratique sociale incorporée dans les individus et inscrite dans les institutions. Prin- cipe générateur, synthèse originale unifiant les pratiques sociales, l' « habitus » est un opérateur analogique qui transpose les pratiques des acteurs sociaux d'un champ symbolique à un autre. Il retraduit les nécessités objectives en stratégies volontaristes, transforme les contraintes structu- relles en préférences actantielles (P. Bourdieu, La distinction, 1979). Le principe des différences entre les habitus individuels réside dans la singularité des trajectoires sociales, chaque habitus est une variante homologique d'un éthos de classe où s'exprime la singularité d'une position donnée dans la structure sociale. Ensemble de dispositions structurées, l'habitus structure en retour les schèmes pratiques générateurs des catégorisations, des appré- ciations et des classements individuels qui produi- sent la cohérence des préférences manifestées par les divers groupes sociaux en matière de « goûts » et de « style de vie » (P. Bourdieu, 1980). La théorie de l'action sociale doit tenir compte de la combi- naison de trois facteurs : les quanta d'énergie psychique (« passions »), les objectifs valorisés (« intérêts ») et les moyens symboliques d'expres- sion des passions en intérêts reconnus (« représen- tations ») (J. Baechler, Le pouvoir pur, 1978). La théorie de l'habitus complète les théories volon- taristes de l'action sociale qui privilégient les pro- cessus décisionnels et la volonté rationnelle (Kur- wille) des acteurs.

7. Rationalité. — La sociologie se voit souvent assigner la tâche d'étudier les résidus irrationnels des actions collectives. L'exigence de rationalité n'est pas un impératif moral mais un impératif

pratique de prudence conditionnelle qui prescrit d'atteindre des buts fixés d'avance avec un maxi- mum d'efficacité sans produire d'effets secondaires contre-indiqués. Une personne est socialement rationnelle si elle est capable de fournir quelque justification en appui de sa prétention à un savoir- faire quelconque, cette justification ou raison doit avoir le statut d'un savoir théorique, d'une connais- sance communicable (N. Rescher, Scepticism, 1980). La rationalité d'une collectivité suppose que ses membres agissent selon une règle de choix adoptée et légitimée, son étude sociologique portera donc sur les structures logiques de ses fonctions déci- sionnelles. Une théorie générale du comportement rationnel comporterait trois branches principales : théorie de l'utilité, théorie des jeux, éthique ration- nelle (J. Harsanyi, Essays on ethics, social behavior and scientific explanation, 1976). La sociologie pose de surcroît le principe du caractère non aléatoire des fins individuelles selon lequel il existe une utilité proprement sociale, irréductible à l'agrégation des préférences individuelles multiples. Cette utilité sociale est concrétisée dans un système de valeurs, dans des modèles culturels (T. Parsons, The structure of social action (1937), 1949). Un champ actantiel est rationnel dans la mesure où il est constitué d'un réseau de relations moyens-fins connecté à des valeurs de base partagées par les acteurs.

On distingue classiquement depuis M. Weber deux formes principales de rationalité sociale : la rationalité orientée vers les moyens (Zweckrationalität), vers l'atteinte calculée d'une pluralité de buts tenant compte du coût et de l'efficience optimale des moyens utilisés, et la rationalité orientée vers les valeurs (Wertrationalität), vers la seule réalisation d'une croyance valorisée indépendamment du coût et des consé- quences sur d'autres objectifs. Ces deux formes de rationalité impliquent des éléments cognitifs d'évaluation et de choix.

Par contraste, l'action orientée par la tradition (éthos) ne comporte ni calcul d'efficacité ou d'efficience, ni examen des alternatives, mais consiste en une adhésion spontanée à des patrons d'action coutumiers. Quant à l'action orientée par l'affectivité, elle est motivée par des sentiments latents et des dispositions innées. Au niveau macrosocial, tout système d'ac- tion rationnel comporte trois niveaux d'organisation : a) le niveau « technologique » de mobilisation des ressources

pour atteindre à un but déterminé ; b) le niveau « économique » de l'allocation optimale des

ressources en fonction de la pluralité des alternatives ; c) le niveau « politique » de la mobilisation du pouvoir, des

capacités de commander en vue de la réalisation des buts (T. Parsons, The Social System, 1951).

L ' ac t ion h u m a i n e a cependan t son dest in propre qui ne se r édu i t pas à la s t ruc tu ra t ion de systèmes d 'organisa t ion sociale, elle contr ibue essentiel lement à la fo rmat ion de systèmes cul turels possédant leur ra t iona l i té e t leur au tonomie re la t ive (J. La- drière, Les enjeux de la rationalité, 1977). L a consti- t u t i on d 'une théorie de l ' ac t ion généralisée qui dépasse les cadres de la seule act ion ra t ionnel le est la t âche u l t ime de la sociologie praxéologique.

V. — L'expl icat ion praxéologique

1. Les logiques de la pratique. — Le sociologue de l ' ac t ion est en présence de t rois n iveaux logiques : la logique des acteurs (décisions, hab i tus , ra t io- nali tés), la logique des s i tuat ions ( interact ions, j eux , drames) et la logique de l 'expl icat ion socio- logique elle-même. Celle-ci do i t t r a i t e r des p ra t iques sociales effectives (pragmat ique) et non de récits à propos de ces p ra t iques (dia-lectique). T o u t en ana lysan t les logiques des acteurs concrets, l 'expli- cat ion sociologique des actions sociales vise à en reconstruire ob jec t ivement la s t ruc tu ra t ion com- plexe pour en prédire les conséquences globales. Cette explicat ion revê t u n caractère téléologique

dans la mesure où elle retrace les relations entre les activités, les intérêts humains et les situations éco-sociales.

Le schème de l'inférence téléologique est dérivé du syllo- gisme pratique d'Aristote : a) A veut atteindre un objectif 0 (Fin) ; b) Or, A estime que, sans réaliser une action X, il ne pourrait

atteindre 0 (Moyen) ; c) Donc, A entreprend de réaliser X (Acte téléologique).

Cette inférence est cependant limitée aux situations où l'agent A considère l'action X comme moyen nécessaire et suffisant à la fin 0 voulue. Les actes sociaux peuvent être expliqués plus largement comme le résultat de l'application de « plans de conduite » de la part des acteurs. Ces plans comportent des variables doxologiques (croyances, objectifs, buts) dont les « épisodes » ont un pouvoir explicatif vis-à-vis de la conduite des agents (R. Tuomela, Human action and its explanation, 1977). L'explication des comportements peut être également obtenue à partir de « dispositions actantielles », toute conduite est dérivée comme une conséquence probabi- lisable de dispositions sociopsychologiques héritées (habitus).

Enfin, les comportements téléologiques peuvent être expli- qués selon le schéma de la « prescription normative » selon lequel une autorité V (volonté) permet (ordonne, prohibe) à un agent A, individuel ou collectif, de (ne pas) faire un acte X, générique ou spécifique, en vue d'obtenir un état de chose E (but) (G. H. von Wright, Norm and Action, 1963). Si l'autorité V est différente de l'agent A, la conduite de celui-ci s'explique par des normes hétéronomes (coutumes, traditions, ordres). Lorsque l'autorité V est identique à l'agent A, on dira que celui-ci s'impose ses propres normes, qu'il est « autonome » ou autodéterminé. Lorsque le socio- logue cherche à expliquer plus globalement les conduites d'acteurs ou de classes d'acteurs dans leur contexte social, il est amené à expliciter l'ensemble des variables du quadruplet < 0, I(P), E, V(E, P, Q, H) > où : O est l'ensemble des options ouvertes à l'agent A ; I est l'information de A sur 0, filtrée par sa position so-

ciale P ; E est l'environnement influençant 0 ; V est l'ensemble des valeurs de chaque option O ; Q est l'ensemble des ressources disponibles pour A en fonction

de P ;

H est l'ensemble des habitudes, dispositions, attentes de A sur V.

Cette axiomatique n'a pas un caractère rigoureusement déductif mais permet d'organiser les plans d'observation et d'articuler divers types d'explication de l'action sociale (R. Boudon, La logique du social, 1979).

2. Holisme et champ actantiel . — L'expl ica t ion de l 'ac t ion sociale ne se situe pas seu lement au n iveau des p ra t iques des acteurs. L ' ind iv idua l i sme méthodologique p e u t abou t i r à un vo lonta r i sme na ï f qui ne t i en t compte que des p lans de condui te ra t ionnels des agents ou à un perspect ivisme sub- jec t i f qui centre tou te ac t ion sociale sur les dispo- sitions de l ' ac teur-en-s i tuat ion. Les champs sociaux peuven t être conçus à p a r t i r des re la t ions ent re les acteurs. Ainsi G. Tarde décrivait- i l t ou te société

comme un « réseau d ' imi ta t ions », p rodu i t de séries d 'ac tes entrecroisées. G. Simmel ana lysa i t la genèse du processus de « sociation » ( Vergesellschaftung) comme la d y n a m i q u e microscopique de l ' agi r e t du subir dans laquelle les acteurs se modi f ien t réc iproquement . L 'expl ica t ion sociologique des con- dui tes nécessite la prise en compte de la no t ion holiste de « champ ac tant ie l », ensemble d 'événe- ments-actes et réseau de condui tes orientées rela-

t i v e m e n t au tonome p a r r a p p o r t à d ' au t r e s champs d 'ac t ion analogues. Les champs actant ie ls peuven t être cons t ru i t s à pa r t i r de la mult ipl ic i té des types d ' in te rac t ion sociale possibles, de leurs englobe- ments e t empiè tements réciproques dans chaque s i tua t ion his tor ique concrète. D ' u n po in t de vue synchronique , un champ est u n espace ou des ac tan ts occupent des posit ions var iables (ex. : le champ poli t ique, le champ intellectuel.. .). Chaque champ social compor te des propriétés spécifiques, mais il existe des invar ian t s nomologiques carac-

térisant l'allure de tout champ social : distribution inégale des forces, de l'information et de l'autorité, valorisation de ses règles axiologiques fondatrices.

Les champs sociaux sont des espaces de jeux relativement autonomes proposant certains enjeux spécifiques dans lesquels s'investissent les intérêts des acteurs en fonction de leur habitus propre (P. Bourdieu, 1980). D'un point de vue dynamique et génétique, un champ social se modifie par autoréglage de ses structures. L'explication de l'action ne peut se référer à un « milieu » stable et unique car toute action comporte son auto- positionnement et la structuration locale de son environnement (J. Piaget, Epistémologie des sciences de l'homme, 1968). L'es- pace social est composé de champs de forces « hodologiques » (K. Lewin) faits de parcours, de solutions, de trajectoires possibles. Mais tout champ social est surdéterminé par un espace problématique, un magma de significations disparates, dont l'action elle-même effectue constamment l'organisation, ce qui entraîne l'individuation concrète de tout champ d'action (G. Simondon, L'individu et sa genèse physico-biologique, 1964). Un système se définit par sa structure et ses frontières alors qu'un champ se définit par son réseau lacunaire et les distances variables et polarisées entre les actes qui le constituent. Les acteurs impliqués dans la dynamique d'un champ social sont des « faiseurs d'histoires » qui façonnent l'historicité de ce champ. Celui-ci est un « système d'action concret », un en- semble de jeux structurés orientant les conduites sans les déterminer univoquement (M. Crozier, 1977). Le champ social est un construit collectif contingent alors que le système répond à des fonctions stables et déterminées. La théorie des champs relève d'un « artificialisme » (le champ est produit par l'action collective téléonomique) alors que la théorie des systèmes implique plutôt un « réalisme » (le système a une réalité structuro-fonctionnelle propre). Par-delà l'opposition entre ces deux paradigmes, la tâche du sociologue sera de discerner parmi les phénomènes sociaux ceux qui relèvent de ces différentes logiques en vue d'en fournir les schémas expli- catifs les plus adéquats.

3. Praxéologie et Transdisciplinarité. — La socio- logie praxéologique se situe au carrefour de la logique, de la psychologie et de l'économie, elle recouvre le domaine traditionnel de la « science morale » ou « science des moeurs » (G. Gurvitch,

Morale théorique et science des mœurs, 1937). Née dans le sillage de la sociologie, la praxéologie est la théorie générale des pratiques et se rattache à la philosophie de l'action humaine (J. Ostrowski, A. Espinas, précurseur de la praxéologie, 1973). L'attitude transdisciplinaire tend au décloisonne- ment des domaines de la recherche scientifique, elle s'oppose à l 'attitude mono-paradigmatique qui tend à la clôture et à la spécialisation des savoirs. Le langage praxéologique s'est toujours montré le plus apte à favoriser des rapprochements féconds entre les différents domaines des sciences de l'homme. Ces rapprochements disciplinaires dans le système des sciences engendrent des interactions et des hybridations particulièrement intéressantes dans le champ des théories de l'action : théorie socio-économique des jeux, théorie sociopsycholo- giques de la rationalité. Parallèlement, un mouve- ment architectonique érige la praxéologie en méta- science : science générale des sciences particulières de l'action. Le concept d'action est par nature transdisciplinaire, il renvoie à d'autres domaines du savoir ; la praxéologie devient alors la théorie générale des conduites téléonomiques (J. Piaget, Epistémologie des sciences de l'homme, 1970). La théorie générale de l'action dépasse le cadre socio- logique restreint et embrasse les domaines connexes des sciences de l'homme. Elle engage inévitablement des théories anthropologiques générales proposant des « modèles de l'homme » (H. Simon) qui rejaillis- sent sur les disciplines voisines. Mais, issue de la sociologie, la science de l'action renouvelle les orientations et les problématiques des disciplines connexes concernées par les comportements hu- mains (T. Parsons, Action and the Human Condition, 1978).

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