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Centre jeunesse de Québec Institut universitaire Teresa Sheriff, Ph. D. José Lopez Arellano, P.h. D. Richard Carrier, Ps. Éd. Monique Lussier, coll. Les élèves à risque et ceux avec un plan d'intervention dans les trois écoles du Vieux-Limoilou Novembre 2005

Les élèves à risque et ceux avec un plan d'interventioncdi.merici.ca/2011-07-14/Se_concerter_dans_laction.pdf · Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec

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Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 1

Centre jeunesse de Québec Institut universitaire

Teresa Sheriff, Ph. D. José Lopez Arellano, P.h. D.

Richard Carrier, Ps. Éd.

Monique Lussier, coll.

Les élèves à risque et ceux avec un plan d'intervention

dans les trois écoles du Vieux-Limoilou

Novembre 2005

Les élèves à risque et ceux avec un plan d'intervention

dans les trois écoles du Vieux-Limoilou

Rapport préparé dans le cadre de la recherche : « J'instruis, tu prends le virage milieu, nous qualifions… des efforts conjugués pour développer un partenariat école – parents – intervenants – communauté ». Ce rapport de recherche a été subventionné par le Fonds québécois de la recherche sur la société et la culture (FQRSC) • Programme Persévérance et réussite scolaires, no 94 352. Mise en page : Claire Caron Dans le présent document, le masculin est utilisé sans aucune discrimination et uniquement dans le but d’alléger le texte. Production : © Centre jeunesse de Québec – Institut universitaire Direction du développement de la pratique professionnelle 2915, avenue du Bourg-Royal Beauport (Québec) G1C 3S2 Téléphone : (418) 661-6951

Télécopieur : (418) 661-5102

Site internet : www.centrejeunessedequebec.qc.ca Dépôt légal : 4e trimestre 2005 Bibliothèque nationale du Québec Bibliothèque nationale du Canada ISBN : 2-921151-75-8

J’instruis, tu prends le virage milieu, nous qualifions…

des efforts conjugués pour développer un partenariat école – parents – intervenants – communauté

Liste des rapports de recherche

Problématique et méthodologie. Résumé et bibliographie.

L’école et le quartier. Ethnographie du Vieux-Limoilou.

Quand le texte a un sens. Soutien à l’apprentissage de la littératie par la

pédagogie différenciée.

Les maux mots à l’école. Les rencontres Concerto.

Se concerter dans l’action. Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention.

La population d’élèves avec un plan d’intervention.

Leur apprendre le difficile métier d’élève.

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention vii

Présentation

La recherche-action est un processus itératif dans le temps. Elle est également

un processus dialogique dans un contexte. Ce rapport commence où celui sur la

population d’élèves avec un plan d’intervention finit. En effet, lors du terrain

exploratoire, nous avons observé des rencontres pour l’élaboration des plans

d’intervention, collecter les données des formulaires du plan d’intervention et

interviewer les directeurs et des membres du personnel des écoles. L’organisation et

l’analyse de ce matériel nous ont fait avancer dans la construction de l’objet et nous

avons été en condition de proposer un modèle hiérarchisant les difficultés scolaires des

élèves à risque par degrés. Conséquemment, trois pistes d’action avaient été proposées

au comité aviseur de la recherche1, tenant compte de la nécessité d’agir autant

globalement – activités à intégrer dans le plan de réussite des écoles – que de façon

particulière – activités précises pour les élèves en difficulté. Les pistes sont les

suivantes :

– Réaliser des activités à intégrer au plan de réussite des écoles qui

visent le développement du sentiment d’appartenance.

– Soutenir la réussite des enfants à risque, avec ou sans plan

d’intervention.

– Consolider les liens avec la communauté dans le but de soutenir la

réussite des élèves, avec ou sans plan d’intervention.

Les directeurs devaient choisir les activités à réaliser, de préférence, dans

chaque école. Après un an de travail et la mise à l’épreuve des idées pour le soutien à

la réussite des enfants à risque, avec ou sans plan d’intervention (piste 2), après un

exercice d’humilité pour accepter que tout ne peut se réaliser d’un coup et que le

succès d’un projet ne dépend pas uniquement de la bonne volonté de quelques

personnes, nous sommes en mesure de présenter ce que nous avons réalisé du point de

vue théorique et pratique. Le modèle des gradients de difficultés relie ces deux

oppositions apparentes.

1 Rencontres de la fin de l’année scolaire 2003-2004 et celle de la rentrée 2004-2005.

Se concerter dans l’action viii Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention

Une chose est de planifier et une autre de passer à l’action. Le même défi se

vérifie lors de la planification de l’intervention. Les personnes qui côtoient cette réalité

et connaissent les contraintes pour passer d’une échelle d’action à une autre

comprendront qu’un plan est là pour être modifié, si l’on veut tenir compte de mille et

un facteurs qui l’influencent au détour. Bref, tous les projets n’ont pas produit des

résultats à la mesure de notre optimisme. Cependant, ils ont été une source de

connaissances heuristiques et pragmatiques.

Or, si la plupart des projets ont été actualisés, c’est grâce à la collaboration et

au soutien des directrices des trois écoles. Qu’elles soient ici remerciées sincèrement.

Nous les avons dérangées continuellement, lorsque les élèves étaient en classe ou dans

une activité externe, lors des réunions pédagogiques, pendant et après l’horaire

normal de travail. Elles ont été généreuses et patientes, elles ont cru à la recherche,

elles ont été efficaces et se sont montrées personnellement engagées dans la réussite

de tous les élèves.

Le capitaine du bateau est le directeur, mais il serait impossible d’aller très loin

dans une école sans la collaboration et les bonnes dispositions du personnel qui y

travaille. Les secrétaires nous ont montré les moyens pour circuler dans la bâtisse, à

travers les réunions, les conflits, les horaires et les comités. Elles nous ont souvent,

très souvent, accueillis avec une tasse de café et des nouvelles fraîches concernant nos

projets. Ces dames méritent notre reconnaissance.

Enfin, des parents et des élèves ont accepté notre présence, avec simplicité.

Nous leur disons merci.

La collaboration n’est pas finie.

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention ix

Table des matières

Introduction............................................................................................................. 1

Les hypothèses d’action et les projets subséquents............................................... 3 Méthodologie............................................................................................................ 5

Chapitre I Accompagner l’équipe-école pour systématiser l’élaboration des plans d’intervention ............................................................................................................. 7

Présentation du projet ............................................................................................ 8 Les aspects théoriques du projet ............................................................................ 11 État de situation de l’équipe-école.......................................................................... 13

La présence des facteurs informels .................................................................. 14 Le nécessaire engagement éthique de l’élève................................................... 14 Le déroulement et la mise en œuvre du projet ................................................ 15

Analyse sommaire ................................................................................................... 20 Le temps alloué.................................................................................................. 20 La participation ................................................................................................. 20 La dynamique du groupe .................................................................................. 21 Interférence des sujets privilégiés par les participants .................................. 21 Une approche plus pratique.............................................................................. 21 Appréciation évaluative de l’observation par l’enseignante volontaire.......... 22

Commentaires et recommandations....................................................................... 25 Les tâches du groupe......................................................................................... 25 Une animation plus interactive ........................................................................ 25 Sujets d’intérêt exprimés par les enseignants ................................................. 26

Conclusion................................................................................................................ 27

Chapitre II Circularité ou sélection d’élèves et d’objectifs des plans d’intervention..... 29

Différencier la population d’élèves à risque de celle d’élèves en difficulté........... 30 Le roulement des plans d’intervention................................................................... 32 La sélection des situations pour élaborer des plans d’intervention et la mise

en oeuvre d’activités ciblées et concertées ............................................................. 38 La concertation en vue de la mise en œuvre d’activités en arrimage

école-parents ...................................................................................................... 38 La concertation avec un parent compétant...................................................... 39

Se concerter dans l’action x Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention

La concertation réussie et la relation école – parent....................................... 42

Soutien à la prise de position éthique de l'élève .............................................. 45

Concertation, économie des ressources et réussite éducative......................... 49

Des démarches de concertation reprises année après année .......................... 52

Chapitre III Le désir de réussir ..................................................................................................... 57

Être parendélève ..................................................................................................... 58 L’efficacité rituelle de la rencontre......................................................................... 63

Des rencontres réussies et des rencontres moins réussies.............................. 63 Le rite................................................................................................................. 64 Les trois pas pour réussir la rencontre ............................................................ 66 La magie de la rencontre................................................................................... 69 La présence des femmes.................................................................................... 70

Des ateliers de soutien de compétences parentales............................................... 71

Premier projet – Prendre ma place dans le plan d'intervention..................... 74

Deuxième projet – Le sens des responsabilités, ça s'apprend!........................ 75

Troisième projet – Comment faire des règles de vie les alliées des

enfants ............................................................................................................... 77

Des ateliers pour travailler la disposition responsable des élèves ................. 80

Qui je suis… qui je serai (6e année) ............................................................ 80

Qui je suis… qui je serai (multiâge) ........................................................... 100

Bilan des deux ateliers............................................................................................ 105

Conclusion ................................................................................................................. 107

Bibliographie............................................................................................................ 113

Annexes ....................................................................................................................... 115

A – Formulaires de consentement..................................................................... 117

B – Présentation de la démarche au comité d'établissement des écoles

participantes ................................................................................................ 127

C – Formulaires proposés aux écoles, en lien avec le plan d'intervention ...... 129

D – Projets proposés au comité aviseur ............................................................ 157

E – Grille d'observation et transcription des ateliers Qui je suis… qui je serai .................................................................................................... 175 F – Projets .......................................................................................................... 179

G – Autres........................................................................................................... 211

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 1

Introduction

Le but de notre projet de recherche-action étant de proposer un dispositif de

soutien aux enseignants, aux parents et à la direction pour favoriser la réussite

éducative des élèves à risque, nous présentions un projet d’expérimentation pour

l’année scolaire 2004-2005 comportant plusieurs volets (annexe A).

Étant donné la situation différente de la population d’élèves à risque, les

traditions d’élaboration des plans d’intervention et la culture propre à chaque école, ce

dispositif de soutien devait tenir compte de ces particularités. Aussi l’école C

adoptait-elle le projet de formation-accompagnement, en tenant compte surtout de la

mobilité élevée de son personnel et de la précarité des ressources pour les élèves à risque. L’école A, où le projet d’expérimentation préventif avait lieu, était l’objet d’une

observation ciblée des objectifs des plans d’intervention. Les écoles A et B étaient le

terrain d’observation des procédures de sélection d’élèves pour l’élaboration des plans

d’intervention, l’actualisation des moyens proposés dans ces plans et pour le soutien de

la réussite scolaire des élèves en difficulté.

Tous les projets correspondent aux différentes étapes du processus

d’intervention pour soutenir la réussite des élèves en difficulté d’apprentissage ou de

comportement (schéma 1).

Se concerter dans l’action 2 Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention

SCHÉMA 1 Étapes du processus d'élaboration et d'actualisation d'un PI

I Observation de

la classe

Activités préventives

Compléter informations

Formalisation

II Plan d'intervention

PI(1)

III Actualisation et suivi du PI(1)

IV Révision et

évaluation du PI(1)

VIII Rencontre synthèse

VI Actualisation et suivi

du PI(2)

VIII Évaluation et

rencontre synthèse

V Modifier PI(1)

ou PI(2)

VIII Intervention en

partenariat

VII Concerto

IX Évaluation et

rencontre synthèse

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 3 Les hypothèses d’action et les projets subséquents

La plupart des hypothèses élaborées ont été traduites en projets concertés, sauf

la deuxième car, en cours de route, nous nous sommes rendus compte que pour le

moment, nous n'avions pas les conditions nécessaires pour proposer un projet

novateur. Les projets ont été élaborés avec les directions des écoles, avec des

enseignants ou avec un éducateur.

Hypothèse 1 : L’accompagnement pour l’appropriation du processus d’élaboration du plan d’intervention facilite la concertation direction – enseignant – élève – parents.

Projet : Accompagner l’équipe-école pour systématiser l’élaboration d’un plan

d’intervention par une formation intensive sur place.

– Offrir une formule souple d’accompagnement – formation ;

– Faire le suivi de l’actualisation des P.I.

Hypothèse 2 : Mieux sélectionner la population, objet d’un plan d’intervention, facilite la différenciation des actions ou moyens d’intervention.

Projet : Suivi des processus mis en place afin de mieux cibler les besoins de la

population d’élèves à risque et d’élèves avec un plan d’intervention.

Moyen : ce projet nécessite un travail préalable d’observation des rencontres pour

élaborer les plans d’intervention, la compilation de données des dossiers et les

entrevues avec les directeurs ou toute autre personne significative. L’observation est

orientée par l’hypothèse. Le résultat de la démarche devra permettre la

systématisation des contenus ou l’élaboration de nouveaux projets d’action.

– Observer le processus de différenciation de la population d’élèves à risque, de celle d’élèves en difficulté, dans les trois écoles ;

– Observer le processus de sélection des difficultés d’apprentissage, de

comportement ou les deux et leur traduction en objectifs pour la

Se concerter dans l’action 4 Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention

population d’élèves qui ont été ou qui sont l’objet d’un plan

d’intervention ;

– Observer la différenciation des problèmes de discipline,

d’apprentissage des conventions, de règle de vie, d’urbanité, de

diminution d’expression de la violence, d’opposition à l’autorité, etc.,

de ceux d’apprentissage ou de comportement ;

– Différencier les situations de troubles graves du comportement et

viser à développer la concertation avec les intervenants interétablis-

sements par les rencontres Concerto. Faire le suivi des plans de

services individualisés. Cette modalité d’intervention est coûteuse,

elle ne doit concerner qu’une petite portion d’élèves ;

– Documenter les rencontres Concerto (Carrier, 2005)2.

Hypothèse 3 : La participation de l’élève et des parents aux plans d’intervention est en lien avec la modalité de communication.

Projet : Proposer des mécanismes de soutien aux élèves et aux parents, selon

l’approche B. Furman lors de l’élaboration et le suivi des plans d’intervention :

– En accentuant la ritualisation en vue de la collaboration engagée des

parents ;

– En encourageant la participation de l’élève à l’élaboration de son plan

de réussite, en vue de le motiver à prendre une position éthique, en

tant qu’acteur responsable de sa réussite. Offrir des ateliers pour

accroître la disposition des élèves à se responsabiliser ;

– En offrant des ateliers de soutien aux parents volontaires dont les

enfants ont un plan d’intervention.

2 La documentation du contenu des rencontres Concerto fait l’objet d’une publication séparée.

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 5 Méthodologie

La matière du présent rapport s’inscrit en continuité de deux rapports

précédents : Leur apprendre le difficile métier d’élève et La population d’élèves avec un plan d’intervention : État de situation dans les trois écoles du Vieux-Limoilou et pistes d’action (Sheriff et al., 2004). Aussi, la méthodologie est la même. La différence tient

plus au procédé propre à la recherche-action qui consiste surtout à élaborer des

hypothèses facilement traduisibles en projets. Dans le cadre de cette recherche, tous

les projets visent le travail sur un ou plusieurs aspects de la concertation, sur place,

entre acteurs réels, avec des objectifs concernant des élèves en chair et en os.

Les données sur les plans d’intervention proviennent du dossier personnel de

l’élève, des observations participantes aux rencontres d’élaboration des plans

d’intervention, des rencontres synthèses et des rencontres de concertation. Pour

participer aux rencontres, les chercheurs ont demandé la permission aux parents, en

expliquant les buts de la recherche et les règles de confidentialité à respecter.

Les données pour les bilans des projets proviennent de l’observation

participante, avec protocole et rapport de la rencontre. Ce dernier a été validé par la

direction ou par tout autre responsable : l’animateur, un autre chercheur, l’enseignant.

Le rapport est organisé en trois chapitres, chacun présente le projet et les

sous-projets pour soutenir chaque hypothèse énoncée. Ainsi, le premier chapitre

s’attarde sur le projet de formation-accompagnement de l’équipe-école participante. Il

est complet en soi. Le lecteur pourra comprendre les aléas de telles expériences sur le

terrain.

Le chapitre deux est divisé en trois parties. La première fait un retour

sommaire sur les élèves à risque et renvoie le lecteur au rapport spécifique sur cette

activité préventive de type pédagogique. La deuxième partie rend compte des

observations des mécanismes de sélection, séparation et ciblage des besoins, objectifs

et moyens des plans d’intervention. Comme nouveauté, des statistiques de distribution

simple sur la reprise des plans d’intervention pour une portion d’élèves y sont

présentées. Pour compléter cette lecture, une sélection de situations est présentée avec

des données qualitatives. Le terrain ethnographique permet la collecte et

Se concerter dans l’action 6 Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention l’organisation de ces données qui s’apparentent aux cas types, rapprochant le lecteur

des situations réelles et parfois pathétiques des enfants en difficulté.

Le chapitre trois rend compte des ateliers organisés dans le courant

philosophique de l’approche de Ben Furman, pourquoi choisir cette approche et non

pas un autre ? La réponse tient à l’organisation d’une formation avec B. Furman3, pour

les enseignants et le personnel des écoles de la Commission scolaire de la Capitale, en

collaboration avec le Centre jeunesse de Québec – Institut universitaire et le Centre de

santé et des services sociaux de Québec-Sud. Les trois écoles du Vieux-Limoilou y ont

participé avec enthousiasme. Dans le sillage de cette expérience novatrice, positive,

s’inscrivant dans l’approche résolution des problèmes4 (le pratico-pratique souhaité par le

personnel des écoles) et la définition de l’élève comme acteur compétent par la dernière

réforme de l’éducation, nous avons mis à profit l’expérience de madame Monique

Lussier qui a rejoint l’équipe de recherche.

La conclusion inclut un bilan sur la participation des parents, des enfants et

des enseignants.

Les annexes présentent les projets élaborés, tels que soumis aux personnes

concernées.

3 Je suis capable. Formation donnée par B. Furman de l’Institut de thérapie brève de Helsiski en

Finlande. Québec, août 2004. 4 Voir aussi : G. Lavoie. L’approche orientée vers les solutions en milieu scolaire. Université du Québec à

Trois-Rivières, textes de 16 pages et bibliographie. Références incomplètes.

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 7

Chapitre I Accompagner l’équipe-école pour systématiser

l’élaboration des plans d’intervention

Ce projet, annoncé à l’automne 2004 sous le titre « Systématisation des plans

d’intervention : formation et accompagnement », fait partie du volet « Soutien à la

réussite des enfants à risque et systématisation des plans d’intervention ».

Le nouveau cadre de référence du ministère de l’Éducation, du Loisir et du

Sport (MELS) propose des orientations visant la réussite, l’action préventive et la

prise en compte des différences entre les élèves, l’analyse des plans d’intervention, les

échanges avec les directions d’école et les enseignants. Ces éléments militent pour un

projet à réaliser avec l’équipe-école.

La pertinence du projet a été validée par le directeur de l’école. Les arguments

suivants renforcent le choix de l’école :

– Une direction à mi-temps ;

– Un taux élevé de roulement du personnel ;

– Un pourcentage élevé de jeunes en situation de risque scolaire ;

– Propension à élaborer des plans d’intervention séparés en orthopé-

dagogie et en discipline. Seuls ceux pour élèves handicapés sont

systématiquement repris par la direction, année après année ;

– Présence précaire des spécialistes, cela s’explique par la petite

population scolaire.

Conséquemment, le but du projet est de soutenir l’appropriation du processus

d’élaboration du plan d’intervention. Pour cela, il faut connaître les étapes du

processus, se mettre au diapason de ce que l’école veut en termes de réussite scolaire

pour la population d’élèves à risque et parler le même langage. Bien entendu, l’aisance

dans le processus d’élaboration des plans d’intervention facilite la concertation

direction – enseignant – élève – parents. Pour cela, il faut réaliser plusieurs plans

d’intervention et intégrer certains mécanismes. C’est pourquoi, une formation à la

Se concerter dans l’action 8 Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention manière d’un accompagnement aux activités propres aux étapes du plan semble une

démarche avenante, autant pour les nouveaux enseignants que pour ceux avec plus

d’expérience.

Le présent chapitre comprend la présentation du projet, ses aspects théoriques,

son déroulement et sa mise en œuvre, ainsi que le bilan.

Présentation du projet Le projet s’adresse au groupe d’enseignants, au directeur, à l’orthopédagogue et

à l’éducateur.

La formule d’accompagnement doit être souple et s’accommoder à la

disponibilité de temps et d’énergie des participants. Prévoir entre trois et cinq

rencontres de deux heures chacune.

Responsable

José Lopez Arellano.

Postulats

Les postulats à la base du projet sont les suivants :

– La direction d’école décide des élèves qui seront l’objet d’un plan

d’intervention. Elle est la responsable de la réalisation et du suivi de

ces plans d’intervention ;

– La direction d’école assure la concertation entre les intervenants ;

– La direction d’école prend les mesures nécessaires pour favoriser

l’engagement de l’élève et de ses parents ;

– L’enseignant qui réfère un élève à la direction est responsable de

l'actualisation et de la mise en œuvre d'une partie importante du plan

d’intervention.

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 9 Objectifs

– Faciliter l’appropriation du Cadre de référence pour l’élaboration des plans d’intervention proposé par le MELS ;

– Réaliser des observations en classe avec l’enseignant ;

– Expliciter les attitudes, les orientations et les actions subjectives des

enseignants ;

– Analyser les préjugés, les stéréotypes et les jugements sans fondement

afin d’éviter la stigmatisation d’un élève ou de sa famille ;

– Déterminer les conditions d’une intervention concertée ;

– Évaluer l’expérience.

Planification des rencontres

Dans la version originale, le projet comprenait cinq séances de deux heures

chacune. Étant donné certaines circonstances, elles ont été réduites à trois.

Contenu de la première rencontre

– Présentation du projet ;

– Le plan d’intervention, sa pertinence et sa portée ;

– Échanges autour du rôle de l’enseignant dans la décision,

l’élaboration et la mise en œuvre des plans d’intervention ;

– L’utilité et la pertinence de l’observation en classe ;

– La documentation à consulter ;

– Autres points apportés par les participants.

Se concerter dans l’action 10 Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention Deuxième rencontre

– Discussion sur les observations réalisées en classe, les problèmes et

les comportements observés ;

– Quoi faire avec les données recueillies en classe sur un élève ;

– Se centrer sur les solutions, retour sur la philosophie de Ben Furman5

et possibilités d’adaptation aux plans d’intervention ;

– Critères pour sélectionner des situations nécessitant un plan

d’intervention ;

– Autres points apportés par les participants.

Troisième rencontre

– Discussion sur les observations en classe, échange sur les problèmes

observés et manières de hiérarchiser les problèmes ;

– Préparer l’élève à la rencontre d’élaboration du plan d’intervention ;

– Informer les parents et préparer la rencontre avec eux ;

– L’importance rituelle de la rencontre afin de provoquer ou faciliter

l’engagement de l’élève ;

– Comment s’approprier l’approche Ben Furman et quel est son

potentiel pour le soutien aux parents ?

– Les formulaires ;

– L’évaluation.

Personnes ressources

– Le directeur ;

– Les chercheurs ;

– Le technicien en éducation spécialisée de l'école avec expérience dans

l’approche B. Furman ;

– Tout autre expert, si nécessaire. 5 S’assurer que tous les participants sont au courant de cette approche. Réf. : Journée de formation Je

suis Capable. Voir la note 3.

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 11 Durée

– Octobre et novembre 2004.

Support didactique et documentation

– Présentation du document du MELS sur Power Point ;

– Formulaires, grilles, protocoles et autres outils ;

– Exemples et cas préparés pour discussion en groupe ;

– Sites pertinents sur le Web ;

– Bibliographie.

Les aspects théoriques du projet

Logique de l’évaluation des problèmes

L’évaluation de la situation scolaire d’un élève est un processus subjectif. Bien

que des recherches récentes se penchent sur ce problème, il a été peu étudié en tant

que tel. Par contre, d’autres évaluations ont meilleure presse. Ainsi, les évaluations

orthophoniques, pédopsychiatriques et psychologiques sont mieux connues, semblent

plus sûres et systématisées. Elles ont de l’autorité dans le milieu de l’enseignement.

Les élèves avec un handicap diagnostiqué reçoivent des services adaptés mais

dans le cas des élèves à risque ou de ceux qui confrontent des situations complexes,

l’évaluation est une activité délicate qui exige un protocole d’observation,

d’expérimentation pédagogique et de concertation. Malheureusement, dans la plupart

des cas, les routines d’évaluation pédagogique s’avèrent totalement inefficaces ou

produisent des effets pervers.

Les élèves à risque ou qui ont un problème pas tout à fait grave ni pathologique,

très souvent, ont des plans d’intervention dont l’évaluation de la situation se trouve en

décalage avec les objectifs à poursuivre et les mesures à mettre en œuvre. Parmi ces

dernières, les plus courantes sont la feuille de route, un système d’émulation, le cahier

d’accompagnement, le rappel verbal de consignes, l’utilisation des pictogrammes en

Se concerter dans l’action 12 Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention tant que mécanisme de rappel, l’intervention (non précisée) du technicien en éducation

spécialisée (t.e.s.) ou le « développement d’habiletés sociales ».

La plupart du temps, lors de l’analyse de l’ensemble des situations, on constate

l’oblitération des difficultés d’apprentissage ou des habiletés de base en littératie, au

profit de la description des difficultés comportementales ou des problèmes relationnels

maître et élève et entre élèves.

Si les difficultés d’apprentissage sont pointées, les mesures privilégiées d’aide à

l’élève sont l’intervention de l’orthopédagogue et de l’orthophoniste, la diminution des

tâches, l’élaboration d’un programme allégé et l’adaptation de l’enseignement.

Certaines caractéristiques favorisent cet état de choses, par exemple l’absence

de stabilité du personnel enseignant et la perte de connaissances cumulées par la

pratique, les services limités de soutien, les pratiques pédagogiques à faible

différenciation de l’enseignement en classe, etc. Il s’ensuit une discontinuité de

l’intervention, au profit de la transmission informelle des perceptions subjectives et

négatives sur l’élève, qui sature la relation et y introduit des bogs. Dans le cas des

élèves à risque, la relation enseignant-élève est la clef de voûte des interventions.

Une partie des crises et des situations conflictuelles ont lieu lorsque l’élève suit

l’enseignement d’un spécialiste qui le connaît mal ou à peine. Si l’on ajoute à cela une

direction à mi-temps et des pratiques pédagogiques directives ou chaotiques, les

résultats des plans d’intervention s’en ressentent.

Si l’élève présente une difficulté ou un retard, le plan d’intervention est pensé

pour aider l’enseignant à redresser la situation. Théoriquement, la situation de l’élève

est le véritable objet de l’élaboration d’un plan ; l’élève est le sujet de la démarche

d’intervention. Si ces aspects sont méconnus, il en résulte un contexte où le mélange

de l’intervention décrit, à la fois, la confusion des problèmes de gestion, de discipline et

de motivation, autant de l’enseignant que des élèves.

La caractéristique échangeable de ces perceptions provoque des dérives qui

sapent l’efficacité des mesures proposées dans le plan. En effet, dans l’intimité de la

salle de classe, où la majorité des mesures sont appelées à devenir effectives, tout est

possible. Si ces mesures s’avèrent trop complexes, elles seront mises de côté. À

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 13 l’opposé, si l’enseignant est engagé dans le plan de réussite de l’élève, il en introduira

et en inventera des nouvelles, selon le progrès réalisé par l’élève. En bref, la croyance

en l’impossibilité de changer d’attitude facilite la stagnation de la situation et

provoque la reproduction des plans, pour un même individu, année après année.

État de situation de l’équipe-école

L'opinion des participants, lors de la première rencontre, peut se résumer en

deux points. D’abord, une vision où l’utilité d’un plan d’intervention est accompagnée

d’exigences en temps, en connaissances et en énergie. Ensuite, l’élaboration d’un plan

est en soi un travail de concertation avec les spécialistes.

Les enseignants, avec expérience dans le domaine, soulignent combien il est

difficile de cerner le problème d’un élève et, même si cette opération est positive, la

difficulté se trouve également du côté des moyens concrets pour amener l’élève à le

dépasser. Certains enseignants soulignent la pertinence de compter sur des conditions

gagnantes pour élaborer un plan, autrement, c’est une perte de temps. Ces conditions

sont en lien avec les objectifs concrets à arrêter, lesquels ouvrent vers la possibilité

d’actualiser le plan. En effet, l’étape la plus difficile est le suivi et la gestion de

nombreux plans. S’il y a trois ou quatre élèves qui ont un plan d’intervention dans la

classe, les actualiser pour chacun séparément est une tâche laborieuse et éreintante.

Les moyens sont individuels, mais les problèmes se manifestent dans la classe. Il faut

donc une méthode.

La gestion des problèmes de comportement pose un véritable défi. Après une ou

deux expérimentations, les élèves sont portés à laisser tomber facilement les moyens

proposés. Ensuite, personne ne sait plus quoi faire. Par contre, les problèmes

d’apprentissage offrent plus de possibilités d’action.

En somme, et dans les deux situations, l’engagement de l’élève y est pour

quelque chose dans le succès du plan. Il faut miser également sur la participation des

parents. Plus celui-ci participe dans l’éducation de l’enfant, meilleur est le résultat.

Il y a lieu de différencier le travail des spécialistes dans les plans

d’intervention. Généralement, un orthopédagogue est d’accord avec la nécessité de

développer une méthode commune pour les plans d’intervention. Par contre, un

Se concerter dans l’action 14 Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention éducateur spécialisé qui se centre sur les comportements difficiles sera porté à

élaborer ses propres plans de travail.

Tenant compte de cet état de situation, il a été décidé d’utiliser le cadre de

référence proposé par le MELS, enrichi des observations dans le milieu.

Nous avons proposé de réaliser des observations dans deux classes, avec deux

enseignants volontaires6.

La présence des facteurs informels

Le contenu proposé ci-haut doit tenir compte des éléments plus subtils qui

traversent l’élaboration d’un P.I., tels que les processus informels de circulation

d’information sur les élèves, la distance entre l’énoncé des objectifs dans le plan et la

situation réelle des élèves en difficulté d’apprentissage ou de comportement en classe,

l’absence d’un mécanisme d’ajustement des moyens du plan aux résultats des

interventions, le manque de participation des élèves, la difficulté de prendre en compte

l’expérience quotidienne des parents à l’égard des problèmes de comportement de leur

enfant et, finalement, un certain nombre d’écueils apparus lors de la rencontre. Parmi

ces derniers, on mentionne le langage hermétique, le manque de temps pour respecter

la dynamique de chaque rencontre, les problèmes relationnels, le style d’animation, la

prise de notes, la circulation des documents, ainsi que l’absence de l’élève.

Compte tenu de la disponibilité de l’équipe-école, ces aspects informels ne

seront pas abordés, sauf exception.

Le nécessaire engagement éthique de l’élève

Dans le plan d’intervention, l’engagement éthique de l’élève est un élément

central pour la rentabilité de la démarche. Certaines représentations que les

enseignants ont des élèves des milieux défavorisés conditionnent négativement la

participation réelle de ceux-ci à l’élaboration des plans d’intervention. Ils se privent

ainsi de la connaissance de leurs besoins et de la prise de contrôle de leur situation.

6 Voir le schéma 1. L’observation en classe constitue la clef de voûte du processus. Elle facilite la

réflexion préalable à la mise en œuvre des activités. Dans cette opération, l’accompagnement est un outil de formation formidable.

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 15

En milieu scolaire, la tendance consiste à considérer les adultes comme les

principaux preneurs de décisions, lesquels agiront à partir de leurs propres

préoccupations, au détriment de l’engagement de l’élève. Bien entendu, cette position

ne permet pas aux élèves de comprendre le pourquoi des interventions spécifiques et,

encore moins, la portée des tâches et activités du plan d’intervention.

Par contre, si l’élève participe activement à la délibération lors de la rencontre

pour élaborer son plan d’intervention, s’il comprend le diagnostic sur sa situation et si

sa maturité le lui permet, il est en mesure de choisir et de proposer les moyens pour

changer sa situation. Les expériences menées dans ce sens permettent de croire à

l’efficacité de la participation active des élèves. Le but étant de se sentir concernés

personnellement.

Le déroulement et la mise en œuvre du projet

Les orientations fournies par le nouveau cadre de référence du MELS, tout en

étant claires et simples, sont un point de départ pour l’intervention systématique. Ce

cadre invite les enseignants à tenir compte des progrès réalisés par les élèves, à agir

de façon préventive par la différenciation pédagogique, à tenir compte des différences

et à développer une vision systémique de la situation de l’élève. Dans cette vision, les

pratiques pédagogiques, les perceptions et les attentes des intervenants, le

fonctionnement en classe et les relations interpersonnelles sont aussi importantes que

la situation familiale, le profil affectif et la motivation de l’élève.

En même temps, le document du MELS encourage les directions d’école et les

enseignants à introduire une série d’innovations dans leurs pratiques professionnelles,

dans le but d’améliorer les plans d’intervention. De notre côté, nous envisagions un

changement des croyances et des perceptions par le projet d’accompagnement, donc ce

document s’avérait pertinent. Ce avec quoi, l’équipe-école était d’accord, mais nous

n’avons pas tenu compte de leurs attentes implicites.

En cours de route, le groupe a demandé de la formation pratico-pratique. Cette

vision de la praxis professionnelle se définit à l’encontre de tout ce qui est théorique ou

technique (qui nécessite un apprentissage). En fait, la demande consiste à se procurer des

formules d’intervention applicables sur-le-champ, sans qu’il soit nécessaire de s’arrêter

sur le contexte ni sur leur validité. Ce sont de l’ordre pratico-pratique des outils tels

Se concerter dans l’action 16 Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention que la feuille de route, le cahier d’accompagnement, l’aide-mémoire imagé et autres

dispositifs routiniers.

En somme, dans la panoplie d’idées séductrices souhaitables, il n’était pas

question de s’attarder, par manque de temps et par la lourdeur de la tâche, aux

méthodes pour mieux cibler la situation de l’élève et mieux décrire ce qui fonctionne en

classe, à la place de ce qui pose problème (à l’instar de l’approche B. Furman), encore

moins aux moyens pour renforcer la collaboration des parents et favoriser

l’engagement de l’élève.

Au terme des trois séances de travail, il est possible de comparer le contenu réel

de ces séances avec celles planifiées auparavant afin de voir les modifications

(tableau 1).

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 17

TABLEAU 1 Tableau résumant les trois séances

Séance Contenu réel Bilan

Première séance : Pertinence du P.I. L’enseignant dans l’élaboration du P.I. L’observation en classe Documentation

Présentation du projet : nécessité d’élargir la discussion à la situation globale des élèves en difficulté. Tenir compte de la compétence des enseignants à les cibler. Mais, ils manquent de temps pour l'évaluation en profondeur et le suivi du P.I. surtout suite aux changements en classe. On privilégie la souplesse. Manque d’arrimage avec les professionnels. Pénurie des services, temps insuffisant des professionnels en ortho, psychologie, T.E.S.* pour les besoins du milieu. Concertation organismes externes, démarches ardues, souvent inefficaces. Participation parents faible surtout parce qu’ils ont peu de ressources : pauvreté, dysfonctionnement en lien avec fréquence d’élèves en difficulté. Importance d’observer en classe pour évaluer. Le cadre de référence du MELS, outils, documentation visuelle (annexe B).

Accueil positif, accent sur l’utilité immédiate d’investir du temps. Moins d’intérêt pour ceux ayant fait leurs P.I. Difficulté à trouver des solutions pour les cas complexes et les difficultés familiales. Les participants ont surtout échangé sur le peu de résultats dans la classe, et ce, malgré leurs efforts. Sentiment de découragement, peu d’intérêt à accroître sa participation personnelle. Il n’a pas été possible de discuter à fond la possibilité d’agir autrement. Item accueilli froidement. Tout nouveau matériel systématique est perçu comme un alourdissement de la tâche. Présentation verbale jugée lourde, théorique.

Se concerter dans l’action 18 Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention

Séance Contenu réel Bilan

Deuxième séance : Le cadre de référence du MELS L’approche de Ben Furman et le P.I. Réflexion sur les données recueillies en classe et choix des situations nécessitant un P.I.

L’acte d’enseigner est : être à l’écoute des besoins de l’élève, nommer clairement l’intention pédagogique, expliciter à l’élève chaque stratégie pertinente, respecter son rythme, lui proposer des tâches avec un sens pour lui. Diversifier les approches pédagogiques. Partir des forces de l’élève pour stimuler de nouveaux apprentissages. Utiliser les pairs auprès des élèves à risque et auprès des élèves en difficulté. Adaptation en lien avec l’environnement : place de l’élève dans petit groupe, dyade, classe. Adaptation en lien avec le temps : pauses, répartition de la tâche, etc. Adaptation en lien avec l’apprentissage : rappels, modification de l’ordre des questions, lecture de consignes, transcription des réponses, utilisation de l’ordinateur, recadrages, etc. Aménagements : exemption d’une partie de l’apprentissage, réduction de la complexité de la tâche, des critères d’évaluation et des exigences.

Perceptions opposées chez les participants à l’égard du contenu. On devine des tensions, mais la solidarité du groupe ne permet pas de les affronter. Critique exprimée : contenu trop théorique. Négociation pour réaliser deux activités pratiques. Points non abordés.

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 19

Séance Contenu réel Bilan

Troisième séance Réaménagement du contenu : résultats des observations en classe, récréation, cours d’éducation physique, d’anglais et à la bibliothèque, 2 h 30 par 6 périodes Outils observation Le dossier pour le P.I.

Vision de la situation de l’élève dans son ensemble, pertinence et convivialité des outils. Le dossier : portrait de l’élève, son autoévaluation , sa préparation à la rencontre P.I. Une fiche pour l’enseignant, un échantillon de l’écriture de l’élève et un exemple de la résolution d’un problème, par l’élève. Le lien avec l’approche B. Furman, lien avec les parents, solutions de recherche aux problèmes posés par les élèves en difficulté. La différenciation pédagogique et l’intervention préventive. Présentation du dossier bâti avec l’enseignant volontaire.

Séance écourtée d’une heure. Impossibilité d’approfondir le thème mais intérêt pour les outils de préparation de la rencontre P.I. Information succincte. Travail sur le dossier incomplet et sommaire.

* T.E.S. Technicien en éducation spécialisée ou éducateur.

Observations – Trop de temps écoulé entre les séances

– Modification du plan initial au fur et à mesure

– Séances écourtées

Dessin de Billy (9 ans)

Se concerter dans l’action 20 Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention Analyse sommaire

La perception du plan d’intervention par les enseignants ayant participé au

projet est ambiguë. Il est perçu comme une façon d’intervenir auprès des élèves

présentant un handicap ou une difficulté de comportement et/ou d’apprentissage mais,

dans la classe, il fonctionne comme un dispositif pour allouer des ressources, surtout

s’il n’y a pas de pratiques d’ajustement ou de suivi des mesures.

Il est vrai que l’enseignant est le maître d’œuvre de l’actualisation du plan

d’intervention mais, du point de vue administratif, la direction de l’école est légalement

responsable et imputable de la réalisation des plans d’intervention. Dans les cas où la

concertation des divers intervenants est nécessaire, c’est le directeur de l’école qui agit

comme cheville ouvrière pour l’harmonisation des efforts. La courte durée de la

formation-accompagnement n’a pas permis d’aborder ces aspects.

Voici, en détail, certains critères retenus pour l’analyse du processus.

Le temps alloué

Les trois séances ont eu une durée moindre que celle prévue. En réalité, le

projet d’accompagnement s’est inséré dans les rencontres courantes de l’équipe-école

où le nombre des sujets abordés et leur importance avaient préséance pour les

participants. Conséquemment, pour un certain nombre de participants, ces périodes de

formation étaient perçues comme un ajout aux tâches.

La participation

La participation des enseignants a varié selon qu’ils aient ou non des plans

d’intervention à réaliser dans un proche avenir. De façon générale, ceux qui n’avaient

plus de P.I. à élaborer étaient moins enthousiastes, sauf un enseignant de premier

cycle qui n’a ciblé aucun élève en difficulté scolaire et qui a travaillé avec les parents

des élèves de sa classe pour le soutien à l’apprentissage de la lecture.

Disons aussi que le problème de la survie de l’école semble affecter le personnel.

Selon les enseignants, la situation serait semblable chez les parents, d’où le fait de ne

pas s’attarder sur leur participation, car ils ont d’autres chats à fouetter.

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 21

Étant donné le roulement du personnel dans l’école, ce projet

d’accompagnement n’est pas perçu comme une suite au travail de l’année précédente.

Cela peut expliquer ses résultats mitigés, alors qu’il était considéré pertinent et

nécessaire par le comité aviseur et la direction de l’école. Il faut souligner que les

projets les plus rentables sont ceux planifiés en concertation. Sans se retirer

complètement, les participants ont amené d’autres sujets de discussion. Le nombre de

séances est passé de cinq à trois et, finalement, leur durée a été écourtée. En bref, les

conditions pour approfondir l’élaboration des plans d’intervention ont été réduites au

minimum.

La dynamique du groupe

La dynamique du groupe a souffert des attentes non verbalisées. Certains

sujets d’intérêt ont été à peine effleurés par manque de temps. Cependant, partager

les expériences des participants a été une technique fort appréciée. Cela a permis de

connaître des perceptions et des attentes et, surtout, la reconnaissance d’une zone

proximale de développement permettant d’inscrire la formation dans l’expérience des

participants.

Interférence des sujets privilégiés par les participants

L’intervention préventive a attiré l’attention des participants, notamment la

différenciation pédagogique. Cette méthode serait pertinente pour traiter des

problèmes des élèves en difficulté, en amont, avant la détérioration de leurs situations.

Une approche plus pratique

Du côté des attentes, les participants trouvaient l’approche trop théorique. La

présentation verbale de certains documents a également déteint sur la dynamique du

groupe. Conséquemment, le contenu de la deuxième séance a été réaménagé,

privilégiant deux activités à réaliser en classe dont les résultats seront traités en

groupe. La préparation de ces activités a demandé à l’animateur de convenir avec la

direction de l’établissement et l’enseignant volontaire, d’un horaire de travail pour les

tâches suivantes :

Se concerter dans l’action 22 Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention

– Réaliser six séances d’observation en classe ;

– Objectiver avec l’enseignant les attitudes et comportements observés ;

– Fournir des outils de collecte de données concernant la situation de

l’élève.

– Monter un dossier d’élève.

L’utilité de ces activités a été discutée en groupe. L’ensemble des participants

s’accordait pour dire que la Fiche de préparation pour l’enseignant incluse dans le

dossier était un excellent outil pour résumer la situation de l’élève.

Appréciation évaluative de l’observation par l’enseignante volontaire7

Les séances d’accompagnement

« – Elles sont considérées très « techniques » et peu pratiques. Il aurait

fallu mettre un peu plus de « chair autour de l’os ». Il aurait fallu

allouer plus de temps à trouver des solutions…

– Elles ont été utiles pour apprendre à élaborer des P.I. pour ceux qui

n’en ont pas encore fait ou pour se rappeler certains aspects restés en

veilleuse.

– Il aurait été intéressant de revoir des plans d’intervention déjà faits

et d’analyser les points à améliorer, les failles, les problèmes, ainsi

que les objectifs et mesures proposés. La formation y gagne avec des

exemples concrets et de vrais plans d’intervention.

– Il aurait fallu analyser, non pas un seul plan, mais plusieurs

concernant des élèves en premier, en deuxième et en troisième cycle

avec des problèmes différents.

7 Nous présentons un montage des réponses résumées.

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 23

– Et (avoir) plus d’échanges avec les enseignants qui connaissent

différentes situations difficiles. Le partage en groupe est perçu

comme un moyen d’apprentissage.

– Il aurait été souhaitable de trouver une autre façon de procéder. Par

exemple, dédier toute une journée à la formation pour voir plusieurs

plans d’intervention, faire un rappel du cadre général et des

principes de base, échanger sur nos expériences, etc.

– Le désavantage des trois séances est la perte de temps pour se

remettre dans le bain et se rappeler ce que l’on avait abordé la séance

précédente. Le fait que les séances avaient lieu à la fin d’une journée

de travail est trop exigeant comme formule. En fin d’après-midi, nous

sommes fatiguées… – j’avais hâte que cela finisse pour pouvoir rentrer chez moi. »

L’observation en classe

« – Un observateur extérieur permet d’échanger sur des points qui

attirent l’attention (de faire valider sa perception). Les élèves ont

beaucoup aimé l’expérience et, après le départ de l’observateur, ils

ont demandé pourquoi il ne venait plus… Ils ont beaucoup aimé

interagir, échanger avec lui et entendre ses commentaires.

L’observateur a apporté de nouvelles choses qui ont remis en

question les façons d’agir ou de penser, par exemple l’importance de

la relation et des interactions en classe, la présence de certaines

qualités chez certains élèves, le développement des habiletés en

lecture, la lecture à relais, etc. [Ceci dit] Je connais bien l’élève et je

n’aurais pas mis autant de temps dans l’élaboration de son dossier…

Je l’ai fait parce que nous devions l’analyser à une des séances.

Quand nous avions commencé le projet, je ne savais pas que je

devrais y mettre autant de temps, moins encore que j’aurais un

observateur en classe… j’aurais souhaité le savoir d’avance. »

Se concerter dans l’action 24 Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention La préparation pour participer à la rencontre du plan d’intervention

« – Le dossier avait été très bien monté et les échanges avec les

spécialistes ont été fructueux… Par exemple, le questionnaire que

l’élève a rempli pour se préparer à la rencontre a été très utile pour

trouver des solutions. Les parents pouvaient lire ce que l’élève avait

écrit. Si l’on avait des doutes, on pouvait consulter le dossier et

rapporter des traces permettant de montrer où l’on était rendu sur ce

problème.

– [Lors de la rencontre pour le plan d’intervention] Évidemment, nous

sommes pratiquement en « lune de miel », tout le monde est motivé à

changer des choses. Nous avons trouvé beaucoup de moyens : des

ateliers avec la technicienne en éducation spécialisée pour développer

des habiletés sociales, pratiquer la lecture avec de petits livres, les

lire aux plus jeunes pour aider l’élève à construire une image positive

de soi ; utiliser une feuille de route. Nous avons modifié les priorités :

mettre moins de temps sur la calligraphie et les lettres attachées

pour travailler avec l’orthopédagogue. Offrir un tuteur deux fois par

semaine, modifier les ateliers et introduire des lectures brèves

adaptées à l’élève. À la maison, les parents vont travailler sur la

lecture et offrir un meilleur encadrement des devoirs. »

Un mécanisme d’ajustement de mesures

« – Nous avons prévu une première révision informelle avec

l’orthopédagogue, d’ici deux semaines. L’élève va commencer le

programme Je suis capable… En classe, nous allons nous adapter au

fur et à mesure. Lors de la remise des bulletins, nous allons faire un

retour sur les moyens du plan d’intervention avec les parents pour

voir comment cela se passe à la maison. »

Des changements depuis la rencontre pour élaborer le P.I.

« –Il y a eu un changement visible dans les comportements des élèves

concernés. Nous attendons les résultats de l’évaluation psychologique

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 25

afin de mieux cerner un problème probable de déficit de l’attention.

Nous allons nous ajuster aux recommandations de la psychologue

pour le contexte : moins de travail en équipe, moins de stimulations

externes, placer l’élève loin des fenêtres, etc. »

Sur une échelle de 0 à 10, quelle est la cote de l’utilité de la formation ?

« – Peut-être 6. »

Commentaires et recommandations

Suite à l’expérience évaluée, nous sommes en mesure de suggérer la

concentration des activités de formation dans une ou deux journées de formation, en

évitant de placer les séances après les heures de travail en classe. De toute évidence, il

faudra éviter leur étalement dans le temps.

Sur le contenu de la formation, les participants privilégient l’arrimage des

aspects théoriques, à l’élargissement de la zone proximal de développement,

appliquant ainsi un principe de L.S. Vygotsky. Leur demande est d’avoir un contenu

pratique sur lequel réfléchir, en analysant des cas concrets.

Les tâches du groupe

La planification des tâches ou des exercices à réaliser a fait défaut. Après

l’expérience menée, nous pensons que des exercices individuels à réaliser dans la salle

de classe, des exercices d’observation des élèves, avec des modalités précises de

consignation de l’information aideraient à participer activement à la formation.

Une animation plus interactive

Mieux vaut privilégier des techniques d’animation dynamiques et

participatives, telles que des exercices de brainstorming, d’exploration individuelle et

de circulation de l’information sous la forme de jeux didactiques.

Tenant compte que le milieu de l’éducation est en constant changement, il faut

admettre la diffusion informelle de nouvelles pratiques et, de façon plus formelle,

Se concerter dans l’action 26 Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention celles qui circulent par la direction de l’école, telles que des formulaires, des conseils,

des outils, des pratiques pédagogiques, des tests, des exercices et des documents du

ministère. Cet échange est en soi un mécanisme de formation utile et pertinent.

Il reste à travailler la perception biaisée sur certains élèves et le travail

subjectif de l’enseignant. Tout projet de formation pour élaborer des plans

d’intervention devra viser à recadrer ces perceptions. Ce recadrage passe nécessai-

rement par la transformation des pratiques pédagogiques, par l’observation et

l’utilisation des outils qui aident à objectiver la perception des élèves en difficulté.

Dans cet ordre d’idées, les participants ont suggéré quelques nouvelles avenues.

Sujets d’intérêt exprimés par les enseignants

Les enseignants semblent intéressés particulièrement à deux thèmes :

– l’intervention préventive à travers la différenciation pédagogique,

– le travail sur la littératie.

Les enseignants s’accordent sur l’importance du développement de la littératie,

surtout chez les élèves à risque. À ce sujet, quelques questions ont été posées sans

aborder aucune réflexion sur les réponses éventuelles :

– Est-ce que la différenciation pédagogique et l’intervention préventive

obligent à mettre de côté le guide de lecture et d’écriture ?

– Comment concilier la différenciation pédagogique avec la production

des bulletins ?

– Comment concilier la gestion de la classe et l’intervention différenciée

auprès des élèves en grande difficulté et ayant des contextes

familiaux extrêmement fragiles ?

– Comment mettre en œuvre des activités d’apprentissage différenciées ?

Nous partageons l’idée que le plan d’intervention est un dispositif créé pour

venir en aide aux élèves en difficulté d’apprentissage et/ou de comportement, mais

considérant que ce sont les élèves en situation de risque qui seront majoritairement

l’objet des plans d’intervention, une politique d’aide et de soutien à ces élèves exige des

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 27 mesures préventives et l’allocation de ressources pour répondre aux besoins avant la

détérioration des situations. Cela n’empêche nullement de faire des plans

d’intervention de véritables moyens de changement pour la réussite des élèves, à

condition d’y allouer les ressources nécessaires, autant de type professionnel, supplétif

que pédagogique.

Conclusion

Sur une échelle d’apprentissage de bon, moyen, mauvais, ce projet a atteint des

résultats moyens. Des cinq rencontres planifiées, seulement trois ont été rendues

possibles et, en plus, elles ont été raccourcies. Il semble que l’absence de concertation

avec la nouvelle équipe-école pour l’élaboration du projet soit un facteur explicatif.

Le besoin d’accompagnement dans l’appropriation systématique du cadre de

référence pour élaborer les plans d’intervention du MELS avait découlé de notre

analyse. Celle-ci avait été validée par le comité aviseur mais, de toute évidence, tel

n’était pas l’avis de la nouvelle équipe-école. Certains enseignants ne se sont pas

sentis concernés et d’autres ont exprimé, en cours de route, des préoccupations

différentes. Les propositions d’observation des élèves en classe, l’utilisation des

formulaires ou des outils de réflexion et les exercices se sont avérés un ajout aux

tâches. Des enseignants ont perçu ce travail préalable comme un alourdissement de

leurs tâches.

Néanmoins, avec le recul, il est clair que l’expérience a eu des effets positifs.

L’enseignante qui a collaboré à l’élaboration des préalables au plan d’intervention a

présenté un matériel d’observation impeccable et fort utile à la rencontre, marquant

ainsi le diapason pour le choix des moyens et des responsables des tâches. Le but du

plan étant clair, les choix étaient une question pragmatique et, l’actualisation du plan,

une question de persévérance et d’ajustement.

La direction a renforcé ce changement et, à son tour, a valorisé l’utilité des

protocoles et autres outils en diffusant et expérimentant des formulaires qui circulent

dans le milieu, à la recherche du plus riche en information (et plus complexe) mais

convivial à l’usage.

Se concerter dans l’action 28 Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention

La prise de position de l’élève est devenue un but à atteindre. Cela reste encore

à travailler, mais les missions de l’école gravitent maintenant sur la perception de

l’élève en tant qu’acteur compétent.

Finalement, l’équipe-école a compris que l’école gagne à développer des projets

de soutien aux apprentissages sans stigmatiser personne.

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 29

Chapitre II Circularité ou sélection d’élèves et d’objectifs des plans d’intervention

Le matériel présenté ici vise à vérifier la deuxième hypothèse : Mieux sélectionner la population, objet d’un plan d’intervention, facilite la différenciation des actions ou moyens d’intervention.

En plus de se confirmer, cette hypothèse devait se préciser par l’observation

approfondie des différentes étapes du processus de planification des moyens pour

soutenir la réussite scolaire d’un élève. L’année d’observation précédente nous avait

mis en contact avec un phénomène plus complexe que celui que nous avions imaginé

et, malgré la bonne volonté du personnel scolaire, nous avons avancé pas à pas dans la

connaissance des éléments formels et implicites, les découvrant d’abord, pour ensuite

les trier et les approfondir avec les questions pertinentes. À la fin de la deuxième

année d’observation, nous avons finalement compris que la clé pour saisir l’efficacité

ou l’échec d’un plan d’intervention était la méthode d’intervention, la possibilité de

passer du plan à l’action, de faire le suivi.

Aussi la vérification de l’hypothèse nécessite-t-elle une démonstration dans

l’action. Seulement un suivi systématique des actions planifiées (et d’autres improvisées

dans le même but) permettra de connaître les résultats pour l’élève et de mesurer la

justesse du diagnostic ou de la lecture du problème. En effet, un dispositif tel que le

plan d’intervention justifie la collecte et l’analyse de l’information pour faire des liens,

c’est-à-dire diagnostiquer. Diagnostiquer, c’est déjà aligner l’intervention et, planifier,

c’est imaginer un projet. Telle est la logique de l’action. Tout se passe comme si une

étape n’avait du sens que par la suivante, étant donné que cette dernière est déjà

comprise dans l’activité mentale de la représentation de l’action.

Ce deuxième chapitre, plus éclectique que le précédent, présente dans une

première partie, d’abord la différence entre les élèves à risque et les élèves en difficulté

telle qu'observée sur le terrain ; ensuite, des distributions statistiques simples pour

montrer la circularité ou le renouvellement de la lecture du problème lors de la reprise

des plans d’intervention et celle des moyes choisis dans le plan d’intervention,

logiquement mis en lien avec le suivi. Or, le suivi ne peut se réduire à l’observation des

moyens concernant les problèmes d’apprentissage ou de discipline et de comportement,

Se concerter dans l’action 30 Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention car les situations, et de là leur complexité, sont en lien avec des interventions en

amont. C’est le résultat des interventions sur la littératie pour les élèves à risque. Des

interventions pédagogiques mieux ciblées et des actions concertées pour contrer les

difficultés d’apprentissage auront un impact sur les apprentissages, y compris sur la

motivation. Finalement, des plans de services personnalisés pour les cas de troubles

graves du comportement gagnent à être traités par des moyens plus robustes. Par

contre, les problèmes d’indiscipline, de non-respect des codes de vie ou des consignes,

d’intimidation, de taxage et d’autres formes de violence devraient être abordés

collectivement. Ces manifestations sont d’ordre collectif et concernent la socialisation

enfantine en général.

La deuxième partie du chapitre présente des plans d’intervention tirés de la

réalité. Les différents exemples devraient illustrer des formes de concertation.

Différencier la population d’élèves à risque de celle d’élèves en difficulté

La discussion sur la notion d’élèves à risque et la définition large donnée par le

MELS8 a permis de clarifier les gradients de difficulté. Élèves à risque est une notion

relativement ouverte qui correspond à l’état dynamique des situations d’élèves dans

les écoles et aux interventions concernant une partie d’entre eux.

Dans une école, il est tout à fait impossible de faire coïncider le nombre d’élèves à risque avec le nombre de plans d’intervention, cela malgré la bonne volonté de la

gestion scolaire. Lors de la collecte de données à la fin de l’année scolaire, et pour

plusieurs raisons, le nombre d’élèves concernés par un plan d’intervention sera

toujours plus petit que le nombre d’élèves à risque.

D’abord, il s’agit d’un phénomène évolutif. Un élève peut être à risque à un

moment donné et dépasser cet état à un autre moment de l’année. Parfois, dire qu’un

élève est à risque signifie qu’il est sous observation. L’enseignant, ou tout autre

8 Selon un article du journal Le Soleil : Le ministère de l’Éducation refuse de préciser la définition

« d’élève en difficulté », suite à la dénonce de la vérificatrice générale de l’introduction de la notion « d’élève à risque » dans la définition d’élève en difficulté, une expression floue qui n’est pas interprétée par tous les professionnels de la même façon et empêche un dépistage adéquat des enfants nécessitant un suivi spécialisé, 21 octobre 2004.

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 31 professionnel, s’attarde de façon particulière à ses comportements et apprentissages, à

sa motivation ou à sa méthode de travail, avant de décider de la pertinence de bâtir un

plan d’intervention.

Ensuite, pour des raisons pratiques, le système tend à générer un nombre

limité de plans d’intervention en tenant compte du total d’élèves inscrits dans l’école,

du ratio d’enseignants titulaires et spécialistes, des professionnels spécialisés et du

personnel de soutien, du calendrier d’activités, etc. Tout le monde s’entend pour dire

qu’élaborer un plan d’intervention prend du temps, mobilise des énergies et plusieurs

personnes. Dans le même ordre d’idées, les chercheurs Beaupré et al. rapportent que :

« …40,9 % (sur un total de 607 répondants) répondent Non à la

question : Est-ce que tous les élèves à risque de votre école ont un plan d’intervention? Les principales raisons invoquées sont : le manque de

temps et de ressources, le nombre élevé de plans d’intervention à

élaborer, la difficulté de rejoindre tous les intervenants et le manque

d’identification (sic) des élèves à risque. Certains répondants

mentionnent qu’il n’est pas toujours nécessaire d’élaborer un plan

d’intervention pour ces élèves (cas légers et moins urgents) et le refus de

participation des parents » (Beaupré, Ouellet et Roy, 2002 : 6).

Finalement, si l’école compte sur des ressources limitées (présence des

professionnels quelques heures semaine), elle doit en tenir compte. Penser aux ressources

c’est penser à la viabilité du plan. Cela encourage ou décourage à en élaborer un. Dans

la disponibilité des ressources, il y a lieu d’inclure la participation et l’engagement des

parents et de l’élève. Par exemple, en novembre, lors des rencontres pour bâtir les

plans d’intervention de 5e année, l’enseignant présente cinq noms d’élèves. Cependant,

il fait remarquer que l’élève Y de sa classe a des difficultés d’apprentissage, il n’est pas

motivé, ne fait pas ses devoirs et est porté à perturber le climat de la classe, mais il

n’est pas intéressé à modifier son comportement. Étant donné son attitude négative et

l’indifférence de ses parents, cet élève ne sera pas l’objet d’un plan. L’enseignant opine

qu’en bâtir un serait une perte de temps.

Pour dépasser ces problèmes, nous avons développé un projet d’intervention

préventive s’adressant à tous les élèves d’une classe, sans ignorer ceux à risque. Ce

projet, qui a donné des résultats positifs, permet de dépasser le faux problème

Se concerter dans l’action 32 Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention (administratif) du nombre différent d’élèves à risque et d’élèves avec un plan

d’intervention. Voir le rapport : Quand le texte a un sens. Soutien à l’apprentissage de la littératie par la pédagogie différenciée. Une intervention préventive auprès des élèves à risque.

Le roulement des plans d’intervention

En accord avec les politiques du MELS (2000), les écoles ont l’obligation

d’élaborer des plans d’intervention pour deux catégories d’élèves en difficulté, les

élèves handicapés et les élèves en difficulté d’adaptation et d’apprentissage. Cette

obligation s’inscrit en continuité des politiques visant à intégrer ces enfants à l’école

ordinaire. La notion de besoin est au cœur de la logique d’intervention, notion qui

appelle celle de services et, autant que possible, de services concertés orchestrés par la

direction de l’école, surtout pour les élèves handicapés. Le dernier cadre de référence

du MELS (2003) reconnaît toujours la direction de l’établissement en tant que

responsable de l’élaboration, l'actualisation, la révision et la gestion des plans

d’intervention, mais déplace, sans l’annuler, la logique besoins-services vers le soutien

à l’élève pour qu’il prenne position en tant qu’acteur compétent de son projet de

réussite. En effet, le plan d’intervention dans son actualisation devient un projet dont

le résultat dépend non seulement de l’école mais également des parents et de l’élève.

Surtout de l’élève, dirons-nous, dans des situations où la famille est négligente et où

l’école devient le principal tuteur de résilience.

Les situations d’élèves handicapés ou en difficultés scolaires sont suffisamment

complexes pour s’attendre à un roulement des plans d’intervention. Nous présentons

quelques statistiques qui complètent l’information transmise dans le rapport La population d’élèves avec un plan d’intervention.

Puisque l’observation répétée des plans d’intervention permettait une meilleure

connaissance de leur roulement, nous présentons des plans repris d’une année à

l’autre, pour un même élève et, en corollaire, l’ajout de nouveaux élèves désignés en

difficulté.

La baisse de population des écoles devrait aller de pair avec une diminution des

plans d’intervention. Telle ne se semble pas être la situation au Vieux-Limoilou,

comme nous le verrons plus loin. Tout se passe comme si un nombre presque stable

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 33 d’élèves en difficulté devait se nourrir des plans repris de l’année ou des années

précédentes de quelques élèves à risque dont la situation s’est encore détériorée.

L’arrivée de nouveaux dont un pourcentage important circule entre les écoles,

précisément parce qu’ils ont des difficultés (c’est une hypothèse) ou des élèves qui on fait

des progrès, mais que l’école souhaite encore maintenir sous surveillance (tableau 2).

TABLEAU 2

Les plans d’intervention pour les trois écoles du Vieux-Limoilou (2004-2005)

Degré scolaire École A

Total P.I. élèves

École B Total P.I. élèves

École C Total P.I. élèves

Total Total P.I. élèves

Maternelle 3 20 0 23 2 17 5 60

1re année 2 20 2 36 0 18 4 74

2e année 3 20 4 31 2 19 9 70

3e année 7 26 7 22 4 20 18 68

4e année 10 39 1 24 4 15 63

5e année 4 28 4 21 3 22** 11 71

6e année 9 22* 4 25 3 19*** 16 66

Dysphasie – – 6 6 – – 6 6

Total 38 175 28 188 18 115 84 478 Source : Données compilées des dossiers personnels, entre avril et juin 2005 * Il faut y ajouter 27 élèves de la classe Anglais enrichi ** Ce total comprend la classe 4e et 5e *** Ce total comprend la classe 5e et 6e

Le pourcentage d’élèves avec un plan d’intervention tend à diminuer,

particulièrement pour les écoles B et C (tableau 3).

TABLEAU 3

Élèves avec un plan d’intervention pour deux années de suite 2003-2004 2004-2005

Écoles

P.I. Totalélèves P.I.

Total élèves

% N N % N N A 23 51 218* 22 38 175*

B 29 56 193** 15 28 188**

C 25 20 118 16 18 115 Total 24 127 529 17 84 478

* Ce total n’inclut pas les 27 élèves d’anglais enrichi ** Ce total inclut les 6 élèves de la classe de dysphasie

Voici des ébauches d’explication pour la diminution des plans d’intervention. Il

est possible que les écoles sélectionnent mieux les élèves qui seront l’objet d’un plan

Se concerter dans l’action 34 Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention d’intervention. Il est probable que, tout compte fait, le projet d’accompagnement pour

élaborer les plans d’intervention présenté à l’école C ait eu un certain impact.

La reprise des plans d’intervention renvoie à un ensemble de raisons, pas

nécessairement exclusives. L’école peut décider de reprendre le plan d’intervention

d’un élève, avec le souci de lui offrir des services de façon continue ou d’assurer des

services pendant la durée des difficultés encore présentes. Des plans peuvent être

repris pour des raisons administratives : garder un dossier passif mais surveiller

l’élève, mieux distribuer les groupes dans les classes, etc. Cela dépend des situations

particulières mais également des résultats des interventions, de la méthode pour les

apprécier et de la gestion des dossiers. Rien n’empêche qu’on laisse un dossier ouvert

alors que l’élève a fait des progrès.

Les situations de handicaps physiques ou intellectuels et les troubles graves de

comportement justifient d’elles-mêmes la reprise des plans d’intervention. Bien

entendu, leur situation n’est pas nécessairement stationnaire, ces élèves peuvent

accomplir des progrès dans les apprentissages et l’adaptation, mais également voir

leur santé se détériorer au détriment des apprentissages. Tout problème de santé peut

être récurrent et avoir des impacts sur le comportement. Enfin, ce sont des situations

qui gagnent à être continuellement évaluées, tenant compte du développement de

l’enfant. Dans tous ces cas, la reprise des plans d’intervention chaque année obéit à un

souci d’ajustement des moyens de soutien à l’élève. Nous présentons des illustrations

dans le point suivant. En attendant, voici des données plus précises sur deux ans

d’observation.

Statistiques d’élèves avec un plan d’intervention en 2003-2004 et en 2004-2005

Quelques données sur le nombre de plans d’intervention repris et ceux non

repris permettront de comprendre leur mouvement en tant qu’objets parcourant un

diagramme avec une entrée et des sorties.

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 35

TABLEAU 4 Évolution des plans d’intervention d’une année à l’autre • École A

Total P.I. 2003

Degré en 2003

Degré en 2004

P.I. 2004

Pas de P.I.

(Autres raisons)*

P.I.? Changé

d’école**

3 Maternelle 1re année 1 1 1

6 1re année 2e année 3 2 1

9 2e année 3e année 6 – 3

9 3e année 4e année 5 3 1

9 4e année 5e année 5 2 2

11 5e année 6e année 9 2 –

9 6e année secondaire – – 9***

56 29 10 9

* L’absence de P.I. peut s’expliquer par une amélioration du comportement ou le progrès des apprentissages. ** Cette catégorie inclut les déménagements, la référence d’élèves à une école spécialisée et le déménagement

de la famille. *** Un élève a repris le cycle mais dans une autre école, huit sont passés au secondaire.

Pour l’école A, où a eu lieu le projet de littératie, les neuf élèves de 2e année

avec un P.I. en 2003-2004 se répartissent de la façon suivante :

– Un élève avec diagnostic en évolution est référé à une école

spécialisée ;

– Deux élèves avec des progrès dans les apprentissages mais à

surveiller ;

– Quatre élèves avec des progrès dans les apprentissages mais avec des

troubles graves du comportement ;

– Deux élèves avec des progrès dans les apprentissages ont déménagé.

Se concerter dans l’action 36 Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention

TABLEAU 5 Évolution des plans d’intervention d’une année à l’autre • École B

Total P.I. 2003

Degré en 2003

Degré en 2004

P.I. 2004

Pas de P.I.

(Autres raisons)*

P.I.? Changé

d’école**

4 Maternelle 1re année 2 – 2

10 1re année 2e année 4 2 4

10 2e année 3e année 5 2 3

6 3e année 4e année 1 2 3

9 4e année 5e année 4 1 4

9 5e année 6e année 3 4 2

2 6e année secondaire – – 2

50 19 11 20

* L’absence de P.I. peut s’expliquer par une amélioration du comportement ou le progrès des apprentissages ** Cette catégorie inclut : le changement d'école décidé par les parents, la référence d’élèves à une école

spécialisée et le déménagement de la famille.

Nous utiliserons les données de l’école B pour illustrer le mouvement des plans

d’intervention (schéma 2).

SCHÉMA 2 Mouvement des plans d’intervention • École B

50 P.I.

19 P.I. repris

11 P.I. non repris

20 élèves ont changé d'école

progrès = 4

à risque = 7

déménagements = 15

transferts d'école = 3

école secondaire = 2

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 37

TABLEAU 6 Évolution des plans d’intervention d’une année à l’autre • École C

Total P.I. 2003

Degré en 2003

Degré en 2004

P.I. 2004

Pas de P.I.

(Autres raisons)*

P.I.? Changé

d’école**

5 Maternelle 1re année 0 0 5

5 1re année 2e année 2 1 2

4 2e année 3e année 2 1 1

2 3e année 4e année 2 0 0

4 4e année 5e année 2 2 0

5 5e année 6e année 3 1 1***

1 6e année secondaire 1

26 11 5 10

* L’absence de P.I. peut s’expliquer par une amélioration du comportement ou le progrès des apprentissages. ** Cette catégorie inclut le changement d'école décidé par les parents, la référence d’élèves à une école

spécialisée et le déménagement de la famille. *** Un élève de 13 ans est passé à Initiation au travail.

Sélectionner les difficultés d’apprentissage et de comportement L’étude de la sélection des difficultés d’apprentissage et/ou de comportement, la

différenciation des problèmes et la diversification des moyens sont difficiles à observer

dans un court laps de temps. Nous présenterons, à titre indicatif, l’état de situation de

la désignation des problèmes.

TABLEAU 7 Distribution des plans d’intervention selon le principal problème

École Problèmes d’apprentissage

Problèmes de comportement

Apprentissage et comportement Total

A 11 élèves, dont 1 allophone

16 élèves, dont 4 troubles graves, 10 violence, opposition, 2 habiletés sociales

7 élèves, dont 2 avec handicap

34*

B 8 élèves, dont 1 avec handicap

9 élèves, dont 4 avec troubles graves, 5 opposition, violence

5 élèves, dont 1 avec handicap

22

C 9 élèves, dont 2 avec handicap

3 élèves, dont 2 troubles graves

6 élèves 18

Total 28 28 18 74

* 4 unités manquantes

Se concerter dans l’action 38 Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention

La tendance à rapporter les problèmes d’apprentissage en problèmes de

comportement est une hypothèse élaborée suite aux résultats du projet de pédagogie

différenciée réalisé dans l’école A. Pour le moment, nos données ne nous permettent

pas de la confirmer. Nous ne sommes pas en mesure de différencier les difficultés

graves d’apprentissage de celles moins graves ni des problèmes de méthodes et

attitudes d’enseignement. Par contre, nos observations vont dans le sens d’une

meilleure discrimination des problèmes de comportement, où prévalent la

différenciation entre les troubles graves du comportement, avec le diagnostic d’un

spécialiste, la plupart du temps un pédopsychiatre, et les problèmes de discipline :

opposition, taxage, intimidation, manifestations de violence psychologique et physique,

grossièreté, impolitesse, refus d’obéir aux consignes. La plupart du temps, ces

comportements se manifestent en petit groupe, aussi, la tendance est actuellement

d’agir collectivement. Une des écoles différencie les problèmes de discipline du manque

d’habiletés sociales et propose des ateliers d’apprentissage pour les contrer.

En bref, le raffinement dans la reconnaissance et la désignation des problèmes

va de pair avec l’enrichissement et la diversité des moyens. Nous présenterons

quelques exemples dans ce sens.

La sélection des situations pour élaborer des plans d’intervention et la mise en oeuvre d’activités ciblées et concertées

La concertation en vue de la mise en œuvre d’activités en arrimage école-parents

Une rencontre pour bâtir un plan d’intervention met en action tous les

éléments de la concertation. Celle-ci agit mieux en termes de projet de réussite

personnelle, réussite souhaitée pour tous les élèves mais objet de planification

spécifique pour quelques-uns. Ensuite, passer à l’action pour provoquer des

changements est question d’arrimage des moyens, des compétences et des volontés des

acteurs concernés. Les situations ici rapportées sont de facture ethnographique. Le

montage de chaque exemple résume des données de plusieurs sources collectées

pendant les deux ans sur le terrain.

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 39

Pour commencer, rappelons que la possibilité de se concerter reste reliée à la

qualité de la relation entre individus, particulièrement les parents et parfois l’enfant,

c’est là une condition importante. Le premier exemple décrit l’apprentissage mutuel de

la confiance, au bénéfice de la prédisposition à collaborer entre deux mondes : la famillle

et l’école. Après le premier choc du diagnostic d’un trouble grave du comportement

pour un jeune élève, le parent et l’école apprendront à faire circuler l’information, à

s’armer de patience pendant qu’on explore les moyens de socialiser l’enfant, à prévoir

la surveillance sans étouffer et à donner le soutien nécessaire à l’enseignant.

La deuxième situation veut souligner l’impact de la subjectivité des acteurs sur

la construction de l’identité d’un élève avec des difficultés graves d’apprentissage et de

comportement. La troisième est un exemple de concertation des personnes

significatives afin d’amener l’élève à prendre une position éthique dans son propre

développement. La quatrième situation décrit la concertation de ressources pour

répondre à des besoins mieux clarifiés, et la dernière illustre la reprise d’un plan

d’intervention considérant la détérioration de la santé d’un élève handicapé.

La concertation avec un parent compétent

Jérémie9 est un garçon qui éprouve des difficultés de communication. On dirait

qu’il vit dans son monde. Dès la maternelle, cette attitude a posé des problèmes

d’intégration sociale. L’horaire scolaire, les exigences disciplinaires, le nombre d’élèves

dans la classe, le roulement d’adultes (directeur, titulaire, remplaçants, spécialistes,

technicien, etc.) perturbent l’élève. Cependant, la mère, fine observatrice et au courant

des difficultés de socialisation de son fils, était déterminée à tout faire pour faciliter

son intégration. Au fur et à mesure que des hypothèses diagnostiques étaient

formulées, madame réalisait des recherches pour bien s’informer des troubles

probables et diffusait cette information auprès du personnel de l’école. Madame se

renseignait tous les jours auprès de l’enseignant du comportement de son fils et elle

rencontrait le directeur et les professionnels très souvent. Au début, cette insistance

était reçue comme une intrusion. Lorsque tous comprirent que la situation n’était pas

facile pour personne et qu’il fallait agir en équipe pour aider l’enfant et les autres

élèves, peu à peu, les relations devinrent plus cordiales.

Voici les deux plans d’intervention :

9 Tous les noms ont été changés. Certains détails ne sont pas présentés par respect de la confidentialité.

Se concerter dans l’action 40 Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention PREMIER PLAN D’INTERVENTION DEUXIÈME PLAN D’INTERVENTION Données signalétiques Garçon de 5 ans et demi, maternelle. 6 ans et demi, première année.

Problèmes observés

Manque d’autorégulation des affects, de motivation, des impulsions. Ne communique pas et fait des crises spectaculaires. Ne s’entend pas avec pairs, garçon solitaire, « dans son monde ».

Difficulté compréhension de textes. Violence avec objets, crises à répétition, fait peur aux pairs, peut être menaçant à la récré. Problèmes d’apprentissage.

Évaluation des spécialistes

Difficultés langagières, atypies. Hypothèse de dysphasie. Socialisation difficile.

Syndrome d’Asperger avec troubles secondaires.

Plan d’intervention

But Intégration progressive en maternelle. Intégration à l’école ordinaire.

Besoins Apprendre comportements acceptables. Valorisation. Aide individuelle.

Autorégulation progressive des affects, développer des routines, inhiber manifestations impulsives.

Forces Accepte de venir à l’école. Mémoire verbale, jeux ordinateur, imagination, dessin.

Objectifs Apprentissage du temps et espace, soutien pour expression des affects, se mettre aux tâches à son propre rythme, prévoir crises. Socialisation progressive.

Accroître tolérance tactile, s’exprimer, prévoir changements, énoncer transitions, encadrement sécurisant, consistant et en continuité. Décodage signes sociaux.

Moyens Temps partiel de présence à école, activités motrices, liens avec peu de personnes significatives, expliquer à la classe ses limites.

Environnement sécurisant, calme. Contact visuel, dire son nom, langage concret, dénotatif. Partir de ses intérêts, tâches individuelles. Médicaments.

Concertation Orthopédagogue. Enseignant, directeur. Services de garde. Mère suit de près l’enfant. Technicien spécialisé.

Direction et personnel de l’école. Mère très bien informée du problème. Institut de réadaptation.

Évolution de la situation Les observations en milieu scolaire et le suivi de la mère ont orienté la situation vers une évaluation en pédopsychiatrie.

Avec le soutien de l’enseignant, du personnel de l’école, la compréhension des enfants qui ont appris à s’éloigner lors des crises, à le protéger sans nécessairement le rapporter aux adultes, l’élève a intégré l’école ordinaire jusqu’aux trois quarts de l’année. La mère et la direction ont, par la suite, fait les démarches pour le changer à une école spécialisée.

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 41

Lors de la rencontre pour élaborer le premier plan d’intervention, la mère a

soumis au personnel de l’école l’hypothèse d’un trouble grave de comportement, car

elle avait observé chez son fils des comportements étranges, différents des autres

enfants, et ce, depuis les deux dernières années. Cependant, elle avait opté pour le

scolariser en milieu ordinaire. Tout en étant prête et disponible à collaborer, elle s’est

rendu compte des limites des ressources à l’école.

Lors de l’inscription en maternelle, la mère négocie un horaire de fréquentation

à mi-temps. Le reste de la journée, elle s’occupera de garder l’enfant à la maison, au

calme, et de lui faire faire des activités qu’il aime. Elle lui apprendra des formules

pour communiquer et développera le non-verbal. L’école procède à des évaluations qui,

de toute évidence, ne suffisent pas. À ce stade, il n’est pas clair de qui doit s’occuper

d’une évaluation en profondeur pour un diagnostic différentiel. Finalement, la mère

prend la situation en main et inscrit son fils en liste d’attente pour des évaluations

spécialisées.

Quelques mois après le premier plan d’intervention, l’enfant est interné pour

observation. Suite à un diagnostic sévère, il est médicamenté. Pendant les essais pour

trouver la dose convenable du médicament, l’enfant réintègre sa classe. Les crises

n’ont pas cessé. Il crie, frappe souvent ou il part dans son monde. Sans le vouloir, par

ses cris et ses pleurs, il fait peur aux autres élèves, mais ceux-ci tolèrent sa présence et

le font participer à leurs jeux. Ils apprennent à vivre avec la différence et développent

des mécanismes de protection. Heureusement, personne ne déplore des incidents

fâcheux.

L’année suivante, il est inscrit à temps complet à l’école. Le nouveau plan

d’intervention est plus explicite. Les relations entre la mère et l’école s’améliorent et

tous font circuler les meilleurs trucs pour calmer ou communiquer avec Jérémie. La

mère et l’école sont d’accord pour donner priorité à l’apprentissage des routines et des

codes de vie en société, tout en aménageant, autant que possible, un milieu calme et

sécuritaire. De son côté, la direction offre le soutien nécessaire à l’enseignant pour le

fonctionnement de l’élève en classe. L’enseignant prévoit un lieu de retrait en classe et

un code pour l’intervention de l’éducateur. Il développe une communication étroite

avec la mère et ensemble proposent des tâches d’apprentissage à la maison.

L’enseignant et les techniciens du service de garde, le surveillant dans la cour d’école

et les enseignants spécialistes ont appris à communiquer avec Jérémie, par le contact

Se concerter dans l’action 42 Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention visuel, avec des phrases simples mais fermes, des choix limités, en annonçant à

l’avance tout changement, car l’enfant déteste les imprévus.

L’élève évolue dans un milieu ordinaire, mais sa mère croit qu’un milieu

spécialisé lui serait bénéfique. En concertation avec la direction, son changement

d’école est soigneusement planifié. L’élève changera d’école peu de mois avant la fin de

l’année.

La concertation réussie et la relation école – parent

Denis est un grand garçon, plus grand que les autres élèves de sa classe, car il a

doublé une année. Sa trajectoire scolaire est particulière. Ayant commencé la

maternelle à l’école de son quartier, il sera transféré à une classe de dysphasie dans

un quartier voisin. Après deux ans dans cette classe, il intégrera une classe

d’adaptation dans une autre école d’un quartier avoisinant. Finalement, et suite au

déménagement de la famille, il sera inscrit à l’école de son nouveau quartier, pour

continuer sa scolarité, jusqu’au troisième cycle.

Trajectoire scolaire de Denis

Nous avons connu la mère de Denis lors d’une rencontre pour élaborer le plan

d’intervention de l’année. Elle y était habituée depuis la première année scolaire de

son fils. Elle a eu à apprendre à participer à de telles rencontres, car elle n’avait pas

connu de problèmes avec l’aîné de ses trois garçons et, si le plus jeune commence à

avoir des problèmes de comportement, disons plutôt qu’il s’agit d’indiscipline et de

fanfaronnades, un peu pour imiter Denis.

Selon madame, il est compréhensible que celui-ci ait des problèmes : « après ce

qu’il a vécu, tout le monde en aurait ». Suite au décès de son mari, madame dit avoir

Maternelle

École 1 École 2

École 4

1re année dysphasie 2e année dysphasie

Classe de réadaptation

2e, 3e, 4e et 5e année

École 3

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 43 « disjoncté », à un point tel que les enfants ont été confiés à la « Dépéji » (Direction de la

protection de la jeunesse). Depuis quelques années, elle s’est reprise en mains, les

enfants ont réintégré sa maison et elle a eu le courage de finir son secondaire.

Présentement, son nouveau conjoint, un homme accepté par les enfants, collabore à

leur encadrement. Disons que la vie est plus facile dans la maison et les enfants le

montrent avec des chansons, des jeux et de la joie de vivre.

Le seul problème est encore de lui faire faire ses devoirs à la maison. Il a l’aide

de son frère aîné. Denis préfère jouer au hockey, se tenir avec ses copains dans la

ruelle ou parler par téléphone avec ses amies-filles. Par ailleurs, il est très populaire

avec les filles de sa classe et du voisinage.

Dessin tiré de E.O. PLAUEN - VATER UND SOHN

Voici un résumé du contenu des plans d’intervention des trois dernières

années :

Se concerter dans l’action 44 Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention AVANT AVANT-DERNIER

PLAN D’INTERVENTION

AVANT-DERNIER PLAN D’INTERVENTION DERNIER PLAN D’INTERVENTION

Données signalétiques Garçon de 11 ans, 3e année. 12 ans, 4e année. 13 ans, 5e année.

Problèmes observés

Difficulté en lecture, écriture. Problèmes de discipline, insécurité, est perçu comme menteur et un peu manipulateur.

Difficulté d’expression, de vocabulaire, compréhension des termes abstraits. Fait des crises. Se tient avec une petite bande, problèmes sur le chemin école-maison.

Retard des apprentissages à rattraper avant le secondaire. Un peu leader sans sa bande.

Évaluation des spécialistes

Dysphasie sévère de type dyspraxique. Problèmes familiaux.

Hyperactivité, manque de concentration.

Plan d’intervention

But S’adapter à la nouvelle école. Diminuer retard des apprentissages. Diminuer retard des apprentissages.

Besoins Améliorer lecture et écriture, accroître confiance en lui.

Être encouragé, valorisé. Encadrement ferme et encouragements à être utile, responsable.

Forces Aime venir à l’école, sensible. Hockey, sociabilité. Musique, sport, bonnes relations avec les élèves plus jeunes.

Objectifs Améliorer décodage, compréhension de textes. Accepter règles de discipline de l’école.

Améliorer la lecture et la compréhension, développer aptitudes sociales, la responsabilité.

Persévérance, continuité dans tâche et efforts. Développement autonomie, respect des intérêts.

Moyens Suivi en orthophonie. Environnement calme. Lui lire des histoires, continuité dans devoirs et leçons à la maison.

Environnement calme. Livres selon intérêt, renforcements positifs. Médicamenté. L’encourager à employer le Je pour s’exprimer.

Tuteur pour aide aux devoirs. Sports, responsabilités à la maison. Agir sur la petite bande avec des contrats de bonne conduite.

Concertation Orthophoniste, mère, grands-parents, travailleur social et éducateur.

Enseignant, directeur, professionnels, Québec en forme, nouveau conjoint de mère, grands-parents.

Québec en forme, directeur, mère, tuteur aux devoirs, orthopédagogue.

Évolution de la situation

Amélioration des acquis en orthophonie.

Selon la mère : amélioration en général. Bonnes relations avec l’enseignant. Leader de sa bande.

Autonomie et responsabilité. Il a grandi à tout point de vue. Mieux engagé dans ses apprentissages.

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 45

Pour Denis, les problèmes de comportement et d’apprentissage ont été

clairement différenciés à l’école, et cela a porté fruit. La direction a abordé les activités

dérangeantes de la petite bande de garçons, au début de l’année scolaire. Peu à peu, on

n’a plus entendu parler des problèmes de comportement. En réalité, il s’agissait plutôt

d’indiscipline : faire des mauvais coups et s’imposer dans le voisinage.

Les difficultés d’apprentissage ont été suivies par l’orthopédagogue, en

continuité avec le service d’aide aux devoirs et par un tuteur personnalisé, stable et

compétent. Cette personne, tout en respectant le rythme de l’élève et en exigeant des

efforts soutenus, s’est montrée souple et a tenu compte du calendrier sportif du garçon.

Un système de récompenses, au goût de l’élève, a encouragé ses efforts.

Cependant, il est clair que c’est l’opinion que l’école avait de Denis qui a changé

positivement et a produit des résultats favorables. À la cour de récréation, le garçon

s’est vu confier la surveillance d’un petit enfant handicapé. Il s’est acquitté de cette

tâche avec bienveillance. Le personnel de l’école a alors découvert des qualités chez le

jeune, jusque-là, insoupçonnées.

Les liens positifs, souples et respectueux avec le tuteur aux devoirs lui ont

donné beaucoup de confiance et lui ont fait comprendre que plusieurs personnes dans

l’école souhaitent sa réussite. Il a tenu le coup et participé au programme de soutien

aux apprentissages jusqu’à la fin de l’année scolaire. Finalement, il faut ajouter que

les relations entre l’école et la mère ont eu une influence positive et ont renforcé

l’attachement du garçon à l’école. Le directeur, l’enseignant et le tuteur ont informé

continuellement la mère du progrès de son fils. Celle-ci s’est sentie comprise et aidée

par le personnel de l’école. Elle dira : « on m’épargne, on ne m’appelle pas pour rien ».

Il faut dire que Denis a grandi à tout point de vue.

Soutien à la prise de position éthique de l’élève

Maxime, un grand garçon de 11 ans et demi, n’aime pas l’école. S'il aime y venir

c'est pour rencontrer ses amis, éventuellement même l’enseignant, pour jouer, faire du

sport et quelques coups pendables avec les copains. Il ne comprend pas le sens de ce

que son enseignant s’obstine à lui apprendre, même s’il dit qu’il s’agit d’un programme

allégé et à sa mesure. Tout se passe comme si, dans sa tête, il avait trié ce qui le

concerne et qui mérite des efforts jusqu’au bout de la tâche, de ce qui ne le concerne

Se concerter dans l’action 46 Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention pas : les leçons, les lectures à n'en plus finir sur des sujets totalement

incompréhensibles, ou des problèmes de maths imaginés par un cerveau spécial. Alors,

Maxime les laisse tomber.

Il faut dire qu’il a toujours eu des problèmes d’apprentissage. Petit, il a pris du

temps pour parler. À la maternelle, l’enseignant le trouvait trop passif. Il ne

dérangeait pas, mais il ne participait pas non plus. Sa motricité fine était déficiente et

les livres n’étaient pas son point fort. Pour la première année, il sera référé à une école

spécialisée. Un an plus tard, il reviendra à l’école de son quartier, heureux de

retrouver ses amis. Sa grand-mère n’était pas du même avis, elle critiquait la qualité

de l’enseignement et les relations avec l’enseignant.

Trajectoire scolaire de Maxime

Maxime réside chez la grand-mère maternelle, où un fils de madame est

également pensionnaire. Oncle et neveu s’entendent très bien. L’enfant visite sa mère

à l’occasion; c’est plutôt celle-ci qui vient à la maison de sa mère quand elle est sobre.

Il porte uniquement le nom de la mère. Le père n’était pas désigné. Maxime rencontre

régulièrement ses deux demi-frères qui résident chez leurs pères respectifs. Quelques

fois par semaine, l’aîné des garçons se déplace et l’aide à faire ses devoirs.

La grand-mère, famille de substitution reconnue par le Centre jeunesse, suit de

près la scolarisation et l’éducation de son petit-fils, comme elle l’avait fait pour les

deux autres avant leurs départs de chez elle. Aussi, elle appréciait les explications et

les conseils prodigués par le personnel de l’école spécialisée. Cela lui a permis de

comprendre et d’accepter que l’enfant ait des limites intellectuelles. De son côté, elle

adhère à l’hypothèse du syndrome alcoolo fœtal, probablement en lien avec l’addiction

de la mère. Elle expliquera à son petit-fils : « Tu es plus lent pour comprendre

certaines choses, tu dois piocher plus que les autres, mais tu n’es pas malade ».

Maternelle : école de quartier

École 1 École 2

1re année : école spécialisée déficience intellectuelle légère

2e, 3e, 4e, 5e et 5e année : retour école de quartier

École 3

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 47

Maxime est en prolongement de cycle, il traîne des difficultés en maths et en

français, surtout en lecture. Après avoir été évalué et suivi à l’hôpital psychiatrique

pour enfants, il a été médicamenté. En classe, les enseignants le trouvent toujours

passif, un peu gêné et timide. En fait, il parle très peu.

Piqué sur un babillard d'école

Voici les deux derniers plans d’intervention :

Se concerter dans l’action 48 Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention PLAN D’INTERVENTION PRÉCÉENT DERNIER PLAN D’INTERVENTION Données signalétiques Garçon de 10 ans et demi, 4e année. Code 21 (MELS). 11 ans et demi, 5e année. Code 21 (MELS).

Problèmes observés

Difficultés d’apprentissage en français et en mathématiques. Plutôt passif en classe.

Difficultés en lecture, surtout compréhension des textes. Refuse d’étudier les leçons à la maison. Le départ de son oncle a été vécu comme un trauma.

Évaluation des spécialistes

Déficience légère, syndrome alcoolo fœtal. Problèmes de communication et difficultés avec concepts abstraits.

Plan d’intervention

But Réussite en programme allégé. Provoquer prise de position pour continuer apprentissages et préparer passage à l'école secondaire.

Besoins Soutien pour devoirs et leçons, valorisation, aide individuelle.

Comprendre l’importance de décider quoi apprendre. Valoriser ses succès manuels et sportifs. Aide individuelle à la maison et à l’école. Surmonter sa peine du départ de son oncle.

Forces Calme, patient, sociable. Minutie, travail manuel, sens spatial et orientation. Sports, sociabilité.

Objectifs Stratégies de révision et de correction, en tirer une méthode de travail.

L’amener à s’engager dans ses apprentissages, à trouver un sens et avoir le goût d’aller plus loin, par la révision des leçons avec une personne significative. Renforcer autonomie dans sa vie quotidienne. S’exprimer. Réévaluation psychologie.

Moyens Programme allégé. Partir des devoirs pour travailler les compétences transversales. Maintien des exigences.

Partir du connu vers le nouveau pour la résolution des problèmes en maths. Encourager aide de frère et grand-mère. Ateliers de lecture ou récupération. Ateliers de responsabilisation.

Concertation Orthopédagogue, enseignant, grand-mère, directeur. Service de psychologie, direction et personnel de l’école, grand-mère, frère, personne-ressource.

Évolution de la situation L’élève poursuit ses apprentissages. Il fait la différence entre travail abstrait et concret et préfère ce dernier. Conscient de ses limites, il tend à se dévaloriser.

Pour l’heure et tenant compte de son âge, les efforts concertés pour l’amener à prendre position devront le responsabiliser et le préparer au secondaire.

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 49

Durant l’année en cours, le jeune a traversé une période difficile dans la

famille, on s’est aperçu que cela avait influencé son comportement scolaire, qu’il ne

savait pas comment exprimer sa peine. Généralement de caractère enjoué, il était

devenu taciturne. Avec le soutien de la famille, il va mieux. Cela a fait prendre

conscience au milieu qu’il avait grandi et qu’il fallait l’aider à devenir plus autonome,

mieux engagé dans ses apprentissages, pour se préparer à l’école secondaire,

prochaine étape dans son parcours de vie.

Selon lui, cette année, « ça va mieux à l’école », mais il ne comprend pas

pourquoi il doit « encore faire les leçons alors qu’il fait déjà les devoirs ». Il apprécie la

présence de son demi-frère aîné qui vient à la maison une ou quelques fois la semaine

pour l'assister. Par contre, il n’est pas tellement d’accord avec les cours de

récupération (rattrapage) offerts par l’enseignant. Celui-ci accepte d’obtempérer à

condition qu’il participe plus activement en classe. L’école et la grand-mère se

demandent comment l’amener à se sentir concerné par certains apprentissages

nécessaires, quelle formule augmenterait sa motivation? Comment renforcer sa

prédisposition à des prises de position pour devenir autonome mais engagé? Tous ces

efforts resteront infertiles si le jeune ne décide pas, en tant que sujet, d’apprendre et

d’aimer apprendre.

Concertation, économie des ressources et réussite scolaire

Mario est un garçon qui a été l’objet de plans d’intervention depuis la

maternelle, trois rencontres synthèse et deux rencontres Concerto.

En deuxième année, il a participé au projet de pédagogie différentielle en vue

d’accroître ses habiletés en lecture par la construction du sens des textes. Cette

expérience a fait basculer le diagnostic de l’élève, car son goût pour la lecture et ses

performances inattendues ont fait émerger les effets pervers du climat familial.

L’hypothèse de l’impact des liens relationnels significatifs a été renforcée. En effet,

une perturbation de l’attachement mère-enfant semble à l’origine des comportements

d’insécurité, d’agressivité manifeste et d’anxiété de l’élève à l’école. Cela empêche

également l’enfant d’établir des relations positives avec les enseignants. Le père ne

semble pas avoir un grand poids pour compenser le manque d’attention de la mère ni

pour redresser la situation.

Se concerter dans l’action 50 Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention

Le facteur familial est un stress important dans cette situation. Il faut ajouter

que la mère a un autre enfant difficile à élever. Cette tâche semble accaparer tout son

temps, de telle façon qu’elle n’est pas disponible pour Mario. Les sollicitations de

celui-ci, son agressivité, son incapacité à jouer avec d’autres enfants découragent

encore plus les parents qui ont développé une opinion négative de Mario. Selon

l’histoire familiale, les difficultés se reproduisent de génération en génération.

Dessin de Paulin, 4e année, d'après Le Cri de Munch

Voici les trois derniers plans d’intervention :

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 51 PLAN D’INTERVENTION DE LA 1RE ANNÉE PLAN D’INTERVENTION DE LA 2E ANNÉE DERNIER PLAN D’INTERVENTION Données signalétiques Garçon de 6 ans, 1re année. 7 ans, 2e année. 8 ans, 3e année.

Problèmes observés

Méfiance envers adultes, socialisation difficile. Comportements violents : gestes paroles vulgaires, coups de poing. Il n’écoute pas les consignes. Impulsif.

Crises de colère, lance des objets, frappe, peut être violent envers ses pairs. À la récréation, se fâche facilement. Difficulté à s’organiser dans le temps. Déprimé.

Comportements inadéquats, opposition à l’adulte, conflits avec pairs. Relations familiales conflictuelles.

Évaluation des spécialistes

Probabilité d’un TDAH, opposition avec anxiété. Médicamenté.

Selon le test EDC : agressif, perturbateur, renfermé, irresponsable. Troubles d’adaptation.

Incompétences parentales, famille dysfonctionnelle. Troubles de l’attachement.

Plan d’intervention

But S’adapter aux exigences de la classe. Lui offrir un milieu résilient en classe. Reprendre construction d’identité.

Besoins Améliorer rapports avec pairs. Être encouragé, valorisé. Sécurité, affection, réponse aux besoins de base.

Forces Grand intérêt pour la lecture. Acquis en littératie, adaptation à nouvel environnement.

Objectifs Diminuer violence envers intervenants. Lui permettre d’exprimer ses frustrations.

Développer aptitudes sociales, la responsabilité. Lui donner la possibilité de choisir.

Renforcer son image positive, l’aider à prendre conscience de ses qualités et force, en exprimant des bons coups. Diminuer la violence en exprimant sa peine ou sa colère.

Moyens Suivi du programme Floppy. Renforcement positif, feuille de route, cahier suivi parents.

Participer à expérience pédagogie différenciée, créer des liens avec enseignant. Cahier suivi parents.

Continuer encadrement ferme et relations positives. Chercher de nouveaux moyens constructifs.

Concertation Enseignant, parents, médecin., pédopsychiatre, CLSC, éducateur.

Enseignant, psychologue, Concerto. Enseignant, directeur, intervenant de Centre jeunesse.

Évolution de la situation

Aucune amélioration du comportement. Échec des moyens.

L’enfant est plus à l’aise. Les parents découvrent ses habiletés en lecture, Changement de vision de l’enfant. Bonnes relations avec enseignant et adultes.

Autonomie, amélioration de son image, processus de guérison entamé. Divorce des parents, changement de milieu de vie pour l’enfant.

Se concerter dans l’action 52 Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention

Le changement de Mario, nous ne le soulignerons jamais assez, est

spectaculaire. Deux facteurs semblent être déterminants : la nouvelle pédagogie de

l’enseignant (Lopez Arellano, 2005) qui a changé le climat de la classe et les rapports

avec l’élève. Celui-ci a découvert un goût marqué pour la lecture et s’y adonne à cœur

joie, ce qui a amélioré son image de soi et lui a permis de continuer la construction de

son identité. Maintenant, il sait qu’il est bon en beaucoup de choses. Le deuxième

facteur est le changement familial. La situation de Mario a été signalée à la DPJ et

l’évaluation a été positive. Suite à l’éclatement du couple parental, Mario a été placé

en famille d’accueil. Du coup, il a connu des adultes qui s’occupent de lui positivement.

L’enfant vit actuellement les bienfaits des changements en termes de résilience.

Des démarches de concertation reprises année après année

Audrey, malentendante, est une fillette de six ans et trois quarts qui fréquente

la classe de maternelle 5 ans, après un programme d’intégration graduelle dans une

école ordinaire. La fillette souffre de surdité neurosensorielle. Chaque oreille réagit

différemment aux types de fréquences. C’est une maladie de naissance qui a provoqué

cet état de choses. L’enfant doit prendre quatre fois par jour plusieurs médicaments et

boire beaucoup de liquide. La surdité affecte sa motivation. Elle porte des appareils

auditifs et doit en manipuler d’autres probablement difficiles à calibrer car, à un

moment donné, le bruit de la classe la fatigue et son comportement s’en ressent. D’un

autre côté, boire en quantité provoque des allées et venues continuelles à la toilette et

cela incite les suiveurs. Parfois, elle devient impatiente avec la traductrice et cela

perturbe le climat de la classe. La classe a dû s’accommoder à la présence d’une

traductrice 18 heures par semaine. Elle est accompagnée pour d’autres activités. Elle

voyage en autobus scolaire et elle y sème la pagaille jour après jour, au grand dam du

chauffeur. Les élèves ont eu des explications sur la situation d’Audrey et semblent

développer de la tolérance à son égard. À la récréation, Audrey joue seule ou avec des

plus jeunes.

Audrey a des plans d’intervention depuis l’âge de 3 ans, alors qu’elle a

commencé sa réadaptation dans un organisme spécialisé. Sa mère connaît le

fonctionnement du dispositif et sait comment en tirer partie, en termes de services.

Bien entendu, ces plans d’intervention tournaient autour de l’apprentissage du

langage et des codes sociaux, sauf celui du Centre jeunesse qui traitait d’un placement

temporaire en famille de substitution, pendant une période de maladie de la mère.

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 53 Aussi, à l’inscription de sa fille en maternelle, elle présentera le dossier de celle-ci et

demandera d’élaborer un nouveau plan.

Voici ceux des trois dernières années :

Se concerter dans l’action 54 Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 1ER PLAN D’INTERVENTION 2E PLAN D’INTERVENTION 3E PLAN D’INTERVENTION

Données signalétiques Fillette âgée de 6 ans 9 mois, en maternelle 5a. Code 44 (MELS).

7 ans 9 mois, 1re année. Code 44 (MELS). 8 ans 9 mois, 2e année. Code 44 (MELS).

Problèmes observés

Santé. Intégration difficile en classe ordinaire. Est mal à l’aise. Perte de contrôle.

Apprentissage des notions abstraites. LPC, santé. Fatigue. Indiscipline dans bus scolaire

Régression de certains apprentissages ou problèmes santé? Socialisation.

Évaluation des spécialistes

Surdité neurosensorielle. Maladie spécifique.

Capacités parentales. Instabilité émotive.

Maladie en progression.

Plan d’intervention

But Intégrer l’école ordinaire. Améliorer conditions d’apprentissage compensant handicap.

Autonomie fonctionnelle.

Besoins Se faire des amies, trucs et stratégies pour fonctionner en groupe. Raffiner les habiletés sociales.

Devenir graduellement autonome, apprendre à contrôler certaines situations, être acceptée dans sa différence, faire des apprentissages, ex. : concepts, prosodie, routines.

Devenir graduellement autonome, apprendre à contrôler certaines situations, être acceptée dans sa différence, faire des apprentissages LPC, mieux organiser la pensée, tenir un discours articulé.

Forces Curiosité, sait prendre sa place. Est intéressée à apprendre, fière, vive.

Vive, joyeuse beaucoup de caractère.

Objectifs Apprendre contrôle des médicaments, appareils, moduler traduction, nouveau langage. Maximiser fonctionnement auditif.

Se centrer sur certains concepts en classe et continuité à la maison. Améliorer comportement dans le bus. Travailler codes, apprendre routines et autorégulation.

Observations, réévaluations. Prendre informations pour école oraliste. Travailler des scénarios pour liens sociaux. Évaluer contacts avec son père.

Moyens Information à la classe, sensibilisation, horaire de présence partiel, accueil, environnement et moyens d’encadrement.

Vérifier rythme d'apprentissages et horaire travail, collaboration pair âgé, jeux de rôles. S’habiller seule pour sortir. Horaire pour séances d’orthophonie.

Maintien du dossier à jour, présenter la demande de changement d’école à la CSC, mesurer acuité lunettes, dose médicaments, appareils. Encadrement ferme et souple en classe, dans la cour et dans le bus.

Concertation Direction, enseignant, professionnels, traductrice, mère, audiologiste, ergothérapeute (l’IRDPQ) Éducateur spécialisé.

Direction, enseignant, professionnels, traductrice, mère, élève, pair aidant, éducateur spécialisé.

Direction, mère, enseignant, professionnels, audiologue, traductrice, pair aidant, éducateur.

Évolution de la situation

Intégration progressive réussie. Fonctionnement positif mais lourd pour classe et pour élève.

Tenir compte de l’évolution de la maladie et des acquis sociaux fonctionnels.

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 55

Audrey a trop d’exigences pour son jeune âge. Bien que ses efforts donnent de

bons résultats, les appareils, la traduction, les instruments pour compenser la

déficience et les médicaments sont lourds à porter. À la fin de la journée, elle est

totalement vidée, tellement la fatigue est forte. À cela s’ajoutent l’état de santé de sa

mère et les liens conflictuels entre les parents divorcés concernant la garde de la

fillette, les droits de sorties, etc., et qui demandent des efforts de tous.

Tout compte fait, l’intégration en classe ordinaire est positive, mais le coût est

élevé. Il aura fallu une concertation avec beaucoup de monde, intervenants,

professionnels spécialisés et membres du réseau personnel de la mère pour soutenir

les efforts de la fillette. Bien sûr, l’autre côté de la médaille est la lourdeur de la

gestion de tous ces liens, surtout de part de la mère. Celle-ci veut tout faire pour le

bien-être de sa fille et pour lui offrir une vie « normale ».

Malheureusement, il est probable que la maladie progresse et provoque une

régression dans les apprentissages, le comportement de la fillette exige beaucoup de

patience et d’énergie à la maison. Tout cela demande des efforts de la mère et

beaucoup de courage de la fillette. Malgré la bonne volonté de garder la petite dans

l’école, il est probable que la mère ait raison de demander un changement d’école pour

mieux répondre à ses besoins spécifiques.

Dans le prochain et dernier chapitre, nous présenterons des projets élaborés

pour encourager la concertation des parents et accroître la propension potentielle à la

responsabilisation des élèves.

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 57

Chapitre III Le désir de réussir

« Laquelle des valeurs suivantes vous paraît la plus importante à transmettre aux élèves?

Le respect des autres 26 %

Le sens des responsabilités 20 %

Le goût d’apprendre 18 %

La rigueur au travail 13 %

La discipline 9 %

L’autonomie 5 %

Le développement d’un esprit éveillé et critique 4 % »

Le journal de Montréal (30 août 2004)

Question : Pourquoi choisir quand on peut tout transmettre?

Ce chapitre traite la troisième hypothèse : La participation de l’élève et des parents aux plans d’intervention est en lien avec la modalité de communication de l’école.

Pour commencer, il aborde la participation des parents d’élèves avec un plan

d’intervention, en complément du rapport de recherche élaboré à leur égard : Leur apprendre le difficile métier d’élève (Sheriff, Lopez Arellano et Carrier, 2004), cette fois

pour traiter de l’importance de la préparation de la rencontre pour provoquer leur

participation engagée et responsable. Participer à quoi ? – À la concertation avec l’école

pour trouver les moyens d’aider son enfant à dépasser les difficultés scolaires qui le

mettent à risque d’échec, non pas seulement scolaire, mais également afin de traiter

de la possibilité de devenir meilleur.

Le but de la rencontre pour élaborer le plan d’intervention peut être envisagé

de différents angles. Dans ce chapitre, l’aspect pragmatique sera privilégié, c’est-à-dire

celui de l’usage réel et concret des plans d’intervention, et ce, du point de vue de

l’acteur principal : la personne de l’élève. Il est le sujet pour qui le plan sera élaboré et

c’est sa motivation, son engagement et sa responsabilité qui sont visés, en tenant

compte de son âge. En encourageant la participation de l’élève à l’élaboration de son

plan de réussite, on le motive à prendre une position éthique, en tant que sujet

Se concerter dans l’action 58 Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention prenant une partie active à sa réussite. Aussi, la ritualisation de la rencontre trouve la

place qui lui revient dans l’ensemble des moyens pour mettre en œuvre le souhaitable.

En lien avec la ritualisation, des projets un peu plus techniques ont été élaborés

sur le savoir-faire des adultes et des jeunes. Ces projets ont été pensés et proposés en

tant que mécanismes de soutien des compétences parentales et des dispositions des

élèves. Ils s’inspirent de l’approche de B. Furman et cherchent à s’insérer entre

l’élaboration et l’actualisation des plans d’intervention. Le dernier point décrira

sommairement ces ateliers.

Être parendélève Le métier de parents consiste à savoir ce qu’il faut pour être parendélève. (J. de Linares. Le nouvel Observateur)

Tout compte fait, pour le « parendélève », la convocation à une première

rencontre en vue d’élaborer un plan d’intervention n’est pas une surprise. En effet, il

est au courant de la situation de son enfant à l’école, par les billets, les messages

téléphoniques ou le bulletin de notes (selon le degré scolaire) que l’enseignant lui a fait

parvenir. Pour les problèmes d’apprentissage, théoriquement, l’enseignant l’a déjà

convoqué pour partager le bilan de ses observations en classe et les résultats des

correctifs administrés dans le but de changer la donne. Probablement, l’enseignant a

déjà échangé et discuté avec le personnel professionnel sur ses préoccupations et il

tient à faire le point avec le parent. Peut-être que celui-ci possède des données pour

informer ou confirmer ses conclusions. Y a-t-il une situation familiale particulière qui

explique le comportement de l’élève ? Est-il d’accord pour que l’enseignant réfère l’élève

à la direction en vue de l’élaboration d’un plan d’intervention ?

En effet, il faut remarquer que l’élève à risque fait l'objet d’observation en

classe, dans la cour d’école et à la garderie. Souvent, des témoins rapportent des

bagarres, vandalisme ou d’autres problèmes le concernant. Parfois, le jeune fait des

crises : crie, frappe et bouscule du monde devant la direction. Ces évènements fâcheux

finissent par être pris en considération. La direction, l’enseignant et le personnel

d’encadrement évaluent la situation pour décider d’une rencontre avec le parent.

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 59

D’autres fois, la convocation à une telle rencontre n’est pas nouvelle. Dans ce

cas, deux possibilités sont à envisager :

– Le parent dont l’enfant a un code10 (selon le MELS) s’attend à une

reprise du plan d’intervention. S’il s’agit d’un élève handicapé ou

considéré comme tel, le plan d’intervention assure les services

nécessaires à son fonctionnement.

– Si le parent d’un élève avec des problèmes d’apprentissage et/ou de

comportement voit le plan d’intervention repris, sans pour autant

constater une amélioration chez l'enfant, il va l’accepter difficilement,

surtout s’il y voit l’échec du système scolaire ou de ses propres efforts.

Parfois, il est pénible d’accepter la reproduction des difficultés malgré

la médication, le changement d’école ou le développement physique de

son enfant.

Il est à remarquer que le MELS a laissé tomber le code 12. Cependant, certains

directeurs l’utilisent pour nommer le problème de comportement d’un élève et ainsi

négocier la possibilité de l’effacer si celui-ci décide de changer. Ce contrat peut le

motiver à faire des efforts pour adopter des conduites souhaitables.

Pour les parents convoqués à une rencontre pour une première fois, même s’ils

la voient venir, il s’agit toujours d’une mauvaise nouvelle. Parfois ils sont déçus de voir

les difficultés appréhendées se confirmer.

Dans toutes ces situations, la préparation de la rencontre pour élaborer le plan

d’intervention demande une attention soignée, surtout si l’école vise la collaboration

des parents, principaux responsables de l’éducation de leur enfant. Toutefois, le parent

peut avoir d’autres raisons pour participer à la rencontre : confirmer les informations

10 a) Élèves en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage : code 13 • Troubles graves du comportement

avec entente MELS-MSSS ; code 14 • Troubles graves du comportement sans entente MELS-MSSS.

b) Élèves handicapés : code 33 • Déficience motrice légère ou organique ; code 34 • Déficience langagière ; code 24 • Déficience intellectuelle moyenne à sévère ; code 23 • Déficience intellectuelle profonde; code 50 • Troubles envahissants du développement ; code 53 • Troubles relevant de la psychopathologie ; code 99 • Déficience atypique ; code 36 • Déficience motrice grave ; code 42 • Déficience visuelle ; code 44 • Déficience auditive. Québec : MELS, Élèves handicapées ou élèves en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage (EHQAA), s/d.

Se concerter dans l’action 60 Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention de l’enseignant, respecter la procédure, faire valoir son droit d’être consulté en cas de

changements envisagés ou exercer sa participation démocratique directe.

Selon nos observations, sauf quelques exceptions11, le « parendélève » est porté

à participer aux rencontres pour élaborer le plan d’intervention. Il est établi

l’obligation de la direction de déterminer une date qui lui convient. En cas de conflit

d’horaire du parent, elle ira jusqu’à convoquer une nouvelle rencontre. De plus en plus,

et heureusement, l’époque des rencontres pour demander aux parents de valider par

une signature l’option décidée par l’école est révolue.

La préparation de la rencontre inclut l’utilisation des formulaires conviviaux

ou, par défaut, des échanges téléphoniques. Autrement dit, c’est la relation école-

parent qui est soignée. En effet, il est souhaitable que le parent soit en mesure

d’échanger sur la situation de son enfant, sans se sentir jugé par l’école et que

l’autorité soit reconnue des deux côtés, tout en respectant leurs compétences

respectives. Cette attitude permet la distanciation vis-à-vis la situation, autant pour

les parents que pour le personnel scolaire. Cependant, il faut se rendre à l’évidence

que quelque chose de plus que la relation est nécessaire pour éveiller ou renforcer la

confiance mutuelle propre à la collaboration.

Les relations école-parent sont d’autant positives qu’elles laissent entrevoir la

possibilité de faire appel à un éventail de moyens pour aider l’enfant. Comme

l’exprimait un membre du comité aviseur : « Il faut qu’un plan d’intervention soit un

baume pour le parent ». Souvent, cela n’est pas possible. Le rapport Leur apprendre le difficile métier d’élève a montré des exemples de perceptions parentales teintées de

méfiance vis-à-vis l’autorité de l’école, probablement appuyées par le refus, la négation

de la situation ou simplement par l’incompréhension.

Quelquefois, le parent est convaincu que l’enseignant n’aime pas son enfant et

il endosse ces relations négatives, les projette à la rencontre pour le plan

d’intervention. Dans ce cas, la direction assume un rôle de médiation et favorise

l’échange avec le parent en reconnaissant son autorité devant les personnes présentes,

sans toutefois invalider l’enseignant. Cela demande du tact, des connaissances de la

dynamique de petits groupes, une bonne technique d’animation et l’engagement

11 Des parents peuvent oublier la date, être intimidés par la méconnaissance de la langue ou montrer

leur désaccord à la direction de l’école.

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 61 sincère envers les élèves. Pour agir en concertation, le parent doit être convaincu que

l’école ne rejette pas son enfant et que la direction favorise les bonnes relations, tient

compte de la subjectivité des acteurs, des susceptibilités et de la vision de l’élève.

La participation de la majorité des parents à la rencontre est en soi un point

positif. Cependant, cela ne garantit nullement leur collaboration. D’après l’analyse des

plans d’intervention de l’année en cours d’une des écoles12 participantes, 53 % des

parents (18 sur un total de 34) faisaient preuve d’une bonne collaboration ; 35 % (12/34)

d’une collaboration variable, soit parce qu’ils se montraient indécis, peu persévérants

ou changeants, soit parce que leur présence était néfaste ; dans 11 % (4/34) des cas,

l’attitude des parents était inconnue, autant dire qu’ils ne collaboraient pas.

La distance culturelle entre l’école et des parents peut expliquer, jusqu’à un

certain point, leur perception des rapports de domination. Sans exclure cette

possibilité, les rencontres organisées pour partager la lecture des problèmes de l’élève,

avec un langage collé à la vie quotidienne, en admettant l’incomplétude des points de

vue, en interprétant la position de la commission scolaire sur la logique de la

classification et la disponibilité de ressources, etc., font partie des conditions de

réussite.

L’école convoque les deux parents. Généralement, ce sont les mères qui sont

présentes aux rencontres scolaires de tous ordres, celles pour les plans d’intervention

ne font pas exception. Il arrive, à l’occasion, que deux parents séparés ou divorcés

soient présents à la rencontre. Si le père a la garde légale de l’enfant, c’est lui qui y

assiste. C’est le cas de Jean-Pierre et Monique, deux jeunes qui résident uniquement

avec leur père respectif. Il arrive également que le couple parental vienne ensemble, à

l’exemple des parents de Ian.

La mère de Ian gère tous les problèmes de son fils à l’école et à la maison, aussi,

c’est une surprise de voir le père présent à la rencontre pour le plan d’intervention.

Suite à l’exposé du personnel de l’école des mille et un signes demandant un meilleur

encadrement pour le garçon, la mère se rebiffe et rejette la lecture des mauvais

comportements attribués à son enfant. Après quelques échanges, le père intervient de

façon posée et admet la plupart des problèmes décrits. L’attitude de Ian change. Il se

12 Source : École A, données recueillis en 2005.

Se concerter dans l’action 62 Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention redresse sur sa chaise et adhère aux nouveaux moyens d’action proposés par les

participants.

Certains parents ne se sentent pas en conditions de collaborer avec l’école,

parce qu’ils sont simplement dépassés par les soins et la surveillance que l’enfant

demande à la maison. Un diagnostic de troubles graves du comportement du

pédopsychiatre dépasse généralement la compétence d’un parent dans la moyenne,

mais tous ne démissionnent pas pour autant. La mère de Bill sait que son enfant a des

problèmes de comportement avec les autres élèves. On le dit violent et impulsif. Elle

constate le même comportement du garçon dans la rue et à la maison. Elle ne sait

vraiment plus quoi faire pour le protéger. Elle demande des conseils à son médecin et

à l’école ; autrement, elle est portée à s’isoler pour éviter les critiques ou les incidents

fâcheux. Le père de Jean-Pierre sait que son garçon ne fait pas ses devoirs à la maison

et qu’il est indiscipliné en général. Il a un horaire de travail atypique et il doit confier

le garçon à une jeune gardienne qui est plus copine qu’adulte en autorité. Pour lui,

élever un enfant en monoparentalité est une tâche ardue, mais il se dit prêt à

redresser la situation.

Des parents collaborent cahin-caha et l’école ne sait plus à quoi s’en tenir. Par

exemple, les parents de Raphaël partagent le diagnostic des spécialistes et sont

d’accord avec les moyens suggérés dans le plan d’intervention mais quand, quelques

jours plus tard, l’école propose un tuteur pour l’aide aux devoirs, les parents refusent

sa collaboration.

Un petit nombre de parents pourraient être qualifiés de négligents13 à l’égard

des enfants qui éprouvent également des problèmes à l’école. Les parents de Mario se

disaient intéressés de collaborer au plan d’intervention. Cependant, on observe qu’au

courant de l’année, leur comportement parental se détériore au même rythme que la

performance de l’élève en classe. Le garçon semble réagir négativement à un ensemble

de faits qui échappent à la surveillance de l’école. Finalement, la situation est signalée

à la DPJ. Suite à l’évaluation spécialisée du Centre jeunesse, l’enfant sera changé de

milieu familial et son comportement, ses apprentissages, sa confiance en soi seront en

13 Le milieu scolaire et communautaire n’utilise pas généralement le terme de négligence parentale. En

effet, il appartient au vocabulaire de l’intervention psychosociale et réfère à des formes de maltraitance, incluant des mauvais traitements psychologiques, l’omission ou la mauvaise qualité des soins ,etc., jusqu’à mettre en danger la sécurité et le développement de l’enfant. Voir, entre autres, Brousseau, Simard et Paquette (2004).

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 63 véritable progrès. Dans le cas de Mario, le placement en famille d’accueil aura fait

toute la différence.

Dans l’ensemble, l’état de situation sur la volonté des parents de collaborer au

plan d’intervention et les moyens précaires pour apporter des changements aux

situations lourdes a encouragé l’élaboration de projets au soutien de la parentalité.

Ces projets seront sommairement présentés plus loin. La ritualisation de la rencontre,

souvent négligée lors de l’élaboration des plans d’intervention, sera présentée

ci-dessous.

L’efficacité rituelle de la rencontre

Enseigner l’art de la rencontre et l’apprendre toute sa vie

A. Jacquard

Des rencontres réussies et des rencontres moins réussies

Dans la gestion scolaire, la rencontre pour élaborer un plan d’intervention est

perçue comme une réunion de travail, une étape dans la démarche d’intervention

scolaire, aussi est-elle convoquée dans ce sens. Pour le parent et pour l’élève, cette

rencontre signifie un événement important dans leur vie.

L'enseignant qui participe à la rencontre pour trouver des solutions aux

difficultés des élèves se prépare non pas uniquement en compilant des données pour

mieux présenter la situation de l’élève, mais pour participer à un évènement singulier.

Cette préparation relève d’une ethnométhode dont la démarche comprend des notions

théoriques, des coutumes et des opinions. Généralement, les notions théoriques sont

explicitées dans des documents (par exemple le guide proposé pour systématiser la

présentation de la situation de l’élève), des commentaires des spécialistes (par exemple les

notions de conscience phonétique, trouble d’apprentissage, dyslexie, etc.) et des autres

enseignants qui formulent des commentaires sur l’élève. L’enseignant utilise

Se concerter dans l’action 64 Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention également des habitudes professionnelles propres à son métier. Il peut également

exprimer ses attentes envers l’élève, par exemple il peut accentuer les difficultés

relationnelles, le manque de motivation ou d’engagement dans le travail, la discipline,

etc. Finalement, ses opinions concernent des jugements tels que : viser le bien de

l’enfant.

Toutes les rencontres n’ont pas la même efficacité. Une rencontre est considérée

réussie si elle ouvre la porte à un changement d’attitude vers la solution des

problèmes. Une rencontre non réussie est celle où les parents en sortent déçus,

perplexes ou enragés des résultats (ou du climat). Nous nous arrêterons sur un aspect

peu traité jusqu’à maintenant pour envisager en détail la nature rituelle de ces

rencontres et ainsi cerner un aspect de leur efficacité. Nous analyserons les actes et

leur mise en scène, autrement dit, la parole et les représentations rituelles qui font

appel à la puissance symbolique de l’autorité et à son efficacité discursive.

Le rite Le rite est à la base de la production de la société. C’est un mécanisme de

socialisation utilisé dans le quotidien. L’école y participe amplement, surtout comme

lieu de socialisation où l’avenir des petits est travaillé pour les amener à l’âge adulte.

Le rite se propose d’accomplir une tâche et de produire un effet en jouant de

certaines pratiques pour capturer la pensée, l’adhésion de l’acteur et de l’assistance

(Smith, 1991 : 630). Les rites sont des créations culturelles exigeant l’articulation

d’actes, de paroles et de représentations14. Ils servent à fabriquer une nouvelle

personne en emportant l’adhésion de l’acteur et de l’assistance, leur efficacité ne peut

se réduire à sa puissance symbolique, car elle est de nature essentiellement

discursive : le rite, en capturant l’adhésion des participants, facilite la transmission

14 La fonction des rites de passage aide à comprendre la logique à l’œuvre : ces rites s’emploient à

séparer des individus ou des groupes d’un statut pour les agréger à un autre. Entre le moment de la séparation et le moment de l’agrégation, il est possible de localiser une sorte de « no man’s land » où s’accumulent des procédures de « transmutation » symbolique des plus déconcertantes. Ces mises en scène visent à « fabriquer » une nouvelle personne en emportant l’adhésion de l’acteur et de l’assistance. L’adhésion de l’acteur et de l’assistance et la mise en scène procurent au rite toute sont efficacité affective, symbolique et, surtout, métadiscursive. Les rites de passage les plus connus sont : la naissance, le mariage, la promotion au statut de mère, le statut de père, et la mort. Mais il en existe d’autres : l’accession à un statut professionnel, à une fonction politique, etc. (Smith, 1991).

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 65 d’un métadiscours à travers lequel la collectivité se parle et parle à l’acteur et aux

participants des actes à accomplir.

Les rites peuvent être périodiques et récurrents ou bien occasionnels et

singuliers. Ces derniers, destinés à un individu, visent l’adhésion de la personne en

totalité (physiquement, intellectuellement et affectivement) et mettent à sa disposition une

scénographie collective. Tous les rites présentent une structure en trois phases : une

première phase de séparation (où l’individu est invité à sortir de sa phase antérieure), une

deuxième de latence (où l’individu est entre deux états) et une d’agrégation (où l’individu

acquiert son nouveau statut). Ces phases sont inégalement élaborées selon le type de

rite, de société, de type individuel ou collectif, etc. À partir de ces préalables, il est

possible de mieux comprendre l’efficacité de la rencontre pour bâtir le plan

d’intervention.

En effet, l’élaboration d’un plan d’intervention peut être envisagée comme une

invitation adressée à un élève à se séparer d’une situation ou d'un statut X pour

accéder à une situation Y différente. Pour ce faire, il faut capturer son adhésion et

celle de l’assistance (directeur, enseignants, spécialistes, et surtout les parents). La

rencontre pour formuler le plan d’intervention est, essentiellement, un acte discursif,

un échange d’informations, d’opinions, de points de vue, de souhaits, d’intentions.

Grâce à cet échange discursif, l’acteur-élève et les autres personnes présentes à la

rencontre ritualisent un souhait, à travers un discours qui exprime, en résumé, ceci :

Que l’élève s’engage dans l’acquisition de ce qu’il faut pour mieux vivre à l’école.

Si l’élève y adhère, c’est-à-dire s’il croit à ce qu’on lui demande de croire, ce « ce

qu’il faut » lui est accessible. Sans ce préalable, les objectifs du plan, soigneusement

identifiés et réalisables, n’ont aucune effectivité. Goupil (2004) nous rappelle que le

plan d’intervention est une démarche axée sur la participation de tous les membres de

l’équipe et qui exige celle de l’élève.

Parfois, la seule présence de l’élève ou des parents est prise pour de la

participation. Cette confusion entre présence et participation peut être tenue

responsable des rencontres stériles et ennuyantes. Une rencontre réussie est celle qui

rend possible l’adhésion des participants et permet ainsi la réalisation des procédures

Se concerter dans l’action 66 Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention de transmutation symbolique. Cela signifie que le métadiscours qui encadre la

rencontre a été efficacement mis en œuvre.

Une rencontre soigneusement préparée vise à provoquer ou renforcer la

collaboration des parents et de l’élève tout en soutenant l’enseignant. Aussi le Cadre de référence pour élaborer des plans d’intervention spécifie-t-il que l’élève est le

premier agent de sa réussite et dit ce que l’on doit comprendre par participation de

l’élève : « un plan d’intervention signifiant… (permet à l’élève) de comprendre les

exigences de la tâche à accomplir et les moyens à mettre en œuvre pour y arriver. Sur

le plan affectif, la signifiance se traduit chez l’élève par l’engagement et par une plus

grande capacité à contrôler ses actions. Sans motivation, il n’y a pas d’engagement ni

de persistance dans l’action » (MEQ, 2003 : 15).

Or, l’élève devient agent de sa réussite lorsqu’il adhère aux actions que les

intervenants lui proposent. L’analyse des rencontres réussies permet de signaler deux

moments primordiaux qui expriment la reconnaissance de l’école et la compétence des

parents et de l’élève dans la prise de conscience de la situation :

– Premier moment : Échange d’information préalable à la rencontre ;

– Deuxième moment : Participation de l’élève à son diagnostic, légitimée par ses parents.

Lors de l’élaboration de plan d’intervention, il est possible que l’encadrement et

le soutien aux apprentissages soient à bonifier. Pour cela, on compte sur ce qui va se

passer et comment cela va se passer, du début à la fin de la rencontre. Ce sont les

domaines de compétences qui se parlent, qui apportent un éclairage nouveau au

thème, qui ajoutent quelque chose à la compréhension de ce que l’enfant-élève vit, qui

stimulent la confiance et le souhait d’atteindre le même but.

Les trois pas pour réussir la rencontre

Pour réussir la rencontre, le premier aspect à prendre en considération est le

rendez-vous entre l’enseignant, l’élève et les parents. Il s’agit du premier geste

symbolique à poser. Cette réunion, motivée par la recherche de solutions sert à valider

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 67 une présomption de diagnostic. L’enseignant prend la parole pour dire à l’élève qu’il y

a une difficulté. L’élève prend la parole pour valider ou invalider l’assertion. L’échange

ainsi entamé, détermine le déroulement de la rencontre. Si la voix de l’élève n’est pas

écoutée, la magie ne peut pas opérer.

En fait, il ne s’agit pas uniquement de reconnaître la difficulté, mais de

discourir, de partager la parole avec l’élève et ses parents, qui sont les principaux

intéressés. Si l’enseignant explique le problème dont il s’agit, mais interdit le partage

des points de vue (par exemple, par manque de temps), il impose son autorité et sa

démarche. L’importance de l’autorité du maître n’est pas à négliger, certaines situations

exigent de lui l’exercice pondéré de son autorité et de son savoir-faire professionnel15.

Discourir avec l’élève, en lui accordant le temps nécessaire et un cadre singulier,

aide à mobiliser son adhésion. En fait, il s’agit également d’une éthique, car le partage

de la parole, la confiance, le respect et l’attente de quelque chose de bon soulignent le

passage de l’élève vers l’engagement. La puissance du message tient dans l’habileté

discursive de l’enseignant à légitimer le point de vue de l’élève. Dans le monde de

l’éducation, ce préalable est la préparation à la rencontre. Lorsque cette préparation

permet de trouver le passage à emprunter, la rencontre a un potentiel de réussite.

Le deuxième aspect à soigner est la rencontre elle-même. Normalement, la

rencontre a lieu dans le bureau du directeur. Dans le monde scolaire, c’est un lieu

chargé de signification, surtout pour les élèves. Le directeur est le capitaine du navire,

le détenteur légitime de l’autorité. Il gère le personnel et il est l’intermédiaire entre les

enseignants et la commission scolaire. Pour les élèves, il résout les conflits, il rassure,

il invite à la réflexion, il distribue des récompenses et punitions. Son autorité ne tient

pas uniquement à la somme de toutes les tâches qu’il doit réaliser, mais du fait qu’il

est le représentant par excellence de l’institution scolaire. C’est le directeur qui

convoque la rencontre, il la préside et il l’anime.

Durant les rencontres, un « triangle » communicationnel formé par les parents,

l’enseignant et le directeur s’installe. Normalement, le directeur prend le premier la

parole pour expliquer les motifs et le déroulement de la rencontre. Son principal

interlocuteur est le parent. Ensuite, il accorde la parole à l’enseignant qui explique le

15 Les difficultés que rencontrent les élèves peuvent éveiller la réaction des parents ou des élèves et

bloquer la compréhension du problème.

Se concerter dans l’action 68 Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention problème dans son ensemble. Tour à tour interviennent les spécialistes et les

éducateurs invités, mais le triangle communicationnel tend à se maintenir.

Lorsque l’élève est invité à participer à part entière, la rencontre a des

probabilités d’atteindre l’efficacité rituelle. Alors, selon plusieurs facteurs, la

triangulation communicationnelle peut se modifier selon les personnes qui prennent la

parole. Ce triangle fonctionne comme une sorte de dispositif de connivence

conviviale16. Lorsque la triangulation fait place à la communication en dyade,

l’efficacité rituelle diminue au détriment de l’élève, et parfois du parent17.

Une rencontre dure en moyenne 45 minutes. Il est possible d’aborder le cas de

certains élèves à l’intérieur de 30 minutes. Le temps utilisé dans le but de mettre à

profit la participation des professionnels, celle des parents ou de l’enseignant ne doit

pas être pris au détriment de la qualité du plan d’intervention. Alors, l’animation et la

prise de décisions du directeur sont au cœur des résultats de la rencontre. L’animation

tient au savoir-faire du directeur pour favoriser la fluidité communicationnelle, pour

encourager ou inhiber la participation. Le directeur devra clarifier des expressions

absconses, propres au langage spécialisé ou aux jugements. Par exemple, lorsque les

spécialistes présentent les résultats des tests et autres mesures, le parent peut se

sentir heurté par l’emploi de termes incompréhensibles mais également par le fait de

voir la situation de son enfant exposée devant tous ces étrangers18.

Les parents ne sont pas toujours d’accord avec ces résultats et demandent des

précisions ou les contredisent. Dans ces cas, la culture scolaire tend à se ranger du

côté de l’évaluateur ; les critiques du parent sont alors perçues comme des

manifestations de résistance ou de négation du problème de son enfant. Ces situations

demandent beaucoup d’habileté de l’animateur, particulièrement des techniques telles

que le re-cadrage et la reformulation. Évidemment, ces situations peuvent être évitées

16 La prise de parole peut être hautement ritualisée, dans un souci démocratique, chacun prend la parole

à tour de rôle. Cette formule est parfois lourde, puisque le but de la rencontre du plan d’intervention n’est pas de prendre la parole. En effet, l’efficacité de la rencontre tient plutôt à l’usage parcimonieux de la communication.

17 Fréquemment, les relations dyadiques se passent entre le directeur et un spécialiste ou le directeur et l’enseignant. Si le directeur ou l’enseignant monopolise la parole, la rencontre perd de son efficacité et les parents sortent insatisfaits de la rencontre. Lorsque les parents participent pleinement, la communication va du parent à l’enseignant, du parent à l’élève, du parent à un spécialiste, du parent au directeur.

18 Le MEQ (2003) recommande que les parents prennent connaissance des résultats de test et des évaluations subies par leur enfant avant la rencontre.

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 69 si l’enseignant a préparé la rencontre avec l’élève et le parent. Dans certains cas, il est

possible que la lecture des parents diffère. Si les parents ou l’élève n’adhèrent pas à

l’interprétation de l’école, le plan d’intervention risque de ne produire que de piètres

résultats. La séquence rituelle subit une fracture qui provoque un désordre. La

présence de l’élève est ici capitale. Si les adultes captent son attention et que l’élève

adhère à ce qu’on lui propose, la tension tombe d’un cran, les participants vivent cela

comme un événement, car d’une certaine manière « l’ordre du monde est rétabli » permettant la continuité de la vie. En tel cas, on peut dire que la mise en ordre de

l’autorité symbolique, d’une génération à l’autre permet à l’élève de comprendre sa

propre position et sa façon de se comporter. C’est l’efficacité rituelle de la rencontre.

La magie de la rencontre

L’enjeu du plan d’intervention est l’engagement et la responsabilisation de soi,

grâce à l’articulation d’actes, de paroles et de représentations qui ont lieu durant la

rencontre. Le dispositif rituel montre sa puissance, car il vise à « fabriquer » une

nouvelle personne en provoquant son adhésion. Du coup, l’institution-école dévoile son

sens, car elle offre une réponse aux besoins de l’élève.

L’animation de la rencontre vise moins à répondre à une formalité qu’à créer un

climat de concertation, à favoriser la circulation des informations, à faire émerger des

moyens efficaces et signifiants. Tout se passe comme si l’enjeu était le renforcement de

la culture de la concertation dont la pratique rend visible ce qui était implicite : que la

réalisation d’un projet exige un consensus, une visée commune, un intérêt commun.

Un climat favorable permet également l’objectivation de la subjectivité des

participants sans nier les affects. Tout est dans la manière d’exprimer les opinions, les

attentes, sans oublier le non-verbal qui en dit long sur les préjugés. Ceux-ci peuvent

venir du côté du monde scolaire et également des parents, c’est pourquoi la position du

directeur est fondamentale19.

19 L’école requiert la collaboration des parents. Cependant, dans certains cas, il faut se rendre à

l’évidence que certains parents ne sont pas en mesure de le faire et peuvent, au contraire, nuire aux apprentissages de l’élève. Dans ces conditions, l’école est appelée à assumer seule, ou avec ses partenaires, sa fonction de résilience.

Se concerter dans l’action 70 Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention La présence des femmes

Dans la description du fonctionnement de la rencontre, il reste le point

concernant le genre des participants. En effet, il est impossible de faire l’économie du

genre à l’école primaire, car il s’agit d’un monde de femmes adultes. Très peu

d’hommes y sont présents et très peu d’études se sont penchées sérieusement sur la

complémentarité/opposition du monde féminin et masculin dans l’éducation des

enfants. En bref, les rencontres pour les plans d’intervention concernent

majoritairement des garçons, moins de filles en sont l’objet. Or, ces rencontres

réunissent des femmes, des enseignantes et des mères. Ces dernières sont plus

nombreuses que les pères à élever seules un enfant, elles sont ou se rendent

disponibles pour assister aux rencontres et probablement qu'elles continuent la

tradition d’assumer majoritairement les soins et l’éducation des enfants. À l’occasion,

une gardienne, une belle-mère et une grand-mère ont remplacé le père et la mère des

garçons. Dans quelles conditions la relation d’autorité est-elle possible ? La question

reste posée. Ces femmes semblent également devoir expliquer aux pères le but de la

rencontre. Est-ce que ce but est partagé ?

S’agit-il d’un rituel de femmes et d'enfants pour confirmer la fonction

maternelle de l’éducation ou une chasse gardée que les femmes se sont appropriée

indûment? Une personne avertie écartera les deux possibilités car, en réalité, il est

possible que le rituel, aussi élaboré qu’il soit, ne réussisse pas à convaincre les hommes

d’y participer, peut-être par attribution traditionnelle des rôles parentaux. Il est

possible aussi qu’il s’agisse d’une nouvelle façon de participer à l’école et que les pères

attendent les résultats avant d’adhérer. Il s’avère que les pères sont de plus en plus

sollicités à participer à l’éducation des enfants, autant à la maison, à la garderie, aux

loisirs et aux sports qu’à l’école. Nous attendons le résultat de ce virage.

La rencontre ne garantit pas l’efficacité par rapport à la prise de position

éthique de l’élève, car celle-ci dépend en partie de la position en amont des parents.

Qu’en est-il de celle du père ? Un plan d’intervention ne garantit pas en soi le passage

à l’action. Il est possible que les pères ne soient pas tentés de participer à la

planification. Plus concrets, ils souhaitent peut-être savoir d’abord quoi faire et

ensuite voir comment faire. L’efficacité symbolique de la rencontre pose le problème de

l’efficacité de la didactique de la norme. Nul doute que les pères y gagneraient en

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 71 autorité s’ils participaient à des rencontres réussies à tout coup. Pour cela, il faut une

méthode qu’il reste à inventer.

Des ateliers de soutien de compétences parentales

Selon les entrevues avec les parents (Sheriff, Lopez Arellano et Carrier, 2004 •

Fitzback, Sheriff et coll., 2002), tous étaient intéressés à la réussite de leur enfant.

Parfois, ils n’avaient pas le temps d'en faire plus pour l’aider ou quelques parents ne

savaient pas comment faire mieux. Encouragés par cette intention positive, nous nous

sommes posé une nouvelle question :

– Dans quelle mesure, des projets élaborés sur l’approche solution des problèmes et non pas sur l’incompétence, les manques, la négligence

pouvaient motiver les parents à connaître des pratiques pour

augmenter le succès et la persévérance scolaires des enfants ?

Ces projets devaient viser les parents dont les enfants ont des difficultés à

l’école mais également des parents d’élèves à risque et, éventuellement, ceux d’élèves

sans problème. Cependant, dans ce dernier cas, mieux vaut se concerter avec les

organismes des parents qui siègent dans l’école. En fait, tout projet qui se rapporte

aux parents touche les relations entre l’enfant et l’école, l’école et les parents (Tessier et

Tarabulsy, 2000). A l’instar de nombreux chercheurs, nous partageons l’idée que la

participation parentale dans l’apprentissage scolaire est bénéfique pour les enfants

(Béliveau, 2000 • Gouvernement du Québec, 2000 • Programme de soutien à l’école

montréalaise, 2000) et sommes sensibles aux écueils de cette participation.

Parmi les organismes de l’État, le Conseil de la famille et de l’enfance

(2005 : 131) a publié un avis sur la question rappelant « qu’un climat de confiance et un

esprit de collaboration entre les enfants, les adolescents, les parents et le personnel

scolaire est essentiel à l’amélioration des relations entre la famille et l’école ». Ce

rapprochement doit tenir compte des changements qui ont eu lieu, particulièrement

dans la composition familiale, la réorganisation du couple et la matrimonie, et dans

l’attrition démographique. En ce qui nous concerne, nous pouvons ajouter la fermeture

des écoles qui provoque de multiples réactions chez les parents des trois écoles du

territoire couvert par la recherche.

Se concerter dans l’action 72 Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention

Les projets proposés tiennent compte également des travaux de Deslandes et

Richard (2001 : 3) qui apportent une vision intéressante sur la participation des

parents. Selon ces auteurs « les caractéristiques des parents, des enfants (…) les

caractéristiques et les pratiques des éducateurs et de l’école ainsi que les

caractéristiques de la communauté influencent sur le niveau de participation

parentale. Par exemple, les parents plus scolarisés dont les enfants sont à leurs

premières difficultés scolaires ont tendance à s’impliquer davantage ». Ces

observations nous ont inspirés d’autres projets de soutien pour les tout-petits. Pour le

moment, et dans le courant proposé par J.L. Epstein (2004), nous avons inscrit les

projets parentaux dans l’ensemble des rapports entre l’école, les parents et la

communauté, avec l’espoir de faire inclure des activités adressées aux parents (mais

également aux élèves en difficulté), dans les plans de réussite des écoles.

Les projets élaborés se centrent surtout sur la communication parents-enfants

et les ateliers visent l’objectivation des subjectivités. Ils ont pour but principal, le

soutien des compétences parentales, en s’inspirant de la philosophie et de l’approche

de B. Furman. Pour ce thérapeute, l’important est de se centrer sur les forces et les

habiletés, afin d’aller plus loin dans la solution des problèmes. En effet, dans la foulée

des travaux de l’école de Palo Alto (Californie), plusieurs thérapeutes ont apporté des

innovations dans l’approche des problèmes. B. Furman et ses collaborateurs ont mis

sur pied des ateliers sur la thérapie centrée sur les solutions. Suite à la formation à

l’été 2004, offerte aux enseignants de la commission scolaire par B. Furman, les écoles

sensibilisées à cette philosophie et approche ont souhaité aller plus loin dans

l’expérimentation en adaptant l’approche à chaque milieu. C’est ainsi que des projets

s’adressant aux élèves et à leurs parents ont été élaborés dans les écoles, avec la

collaboration d'un technicien en éducation spécialisée dans le domaine.

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 73

Nous présenterons brièvement trois projets qui s’adressent aux parents et deux

projets réalisés avec les élèves de deux écoles, dont un premier de façon plus détaillée,

pour les élèves de 6e année ; et un deuxième, une variation du projet précédent, pour

les élèves d’une classe multiâge.

QU'EST-CE QUE LA MÉTHODE D'APPRENTISSAGE D'HABILETÉS JE SUIS CAPABLE?

Se concerter dans l’action 74 Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention Premier projet

Titre du projet

Prendre ma place de parent dans le plan d’intervention.

Le but

Offrir du soutien aux parents dans l’éducation à la responsabilisation de leur

enfant.

Le but et les objectifs découlent du rapport de recherche Leur apprendre le difficile métier l’élève. Pour un état de situation, s’y référer.

Les objectifs

– Améliorer la communication parent-enfant ;

– Faire l’inventaire des compétences de l’enfant ;

– Favoriser la reconnaissance des forces et compétences de chacun ;

– Favoriser leur actualisation aussi fréquente que nécessaire ;

– Bilan des acquis.

Les moyens

– Trois rencontres en petit groupe, d’une durée de 90 minutes. Deux

outils seront adaptés : les paliers de responsabilisation des éléments

des ateliers Je suis capable ;

– Du soutien individuel à la demande explicite des parents ;

– Témoignages ;

– Cahier d’exercices pour les parents, à compléter avec l’enfant.

La personne responsable

Monique Lussier, en concertation avec le technicien en éducation spécialisée de

l’école.

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 75 La population ciblée

Parents volontaires de l’école C dont l’enfant a un plan d’intervention.

Le contenu

– Les cinq règles qui facilitent la communication ;

– Les cinq règles qui paralysent la communication ;

– Les paliers de responsabilisation ;

– Fierté, courage, compétence, tranquillité.

Réalisation

Ce premier projet n’a pas été réalisé parce que la technicienne en éducation

spécialisée a quitté l’école vers la fin novembre. Sa remplaçante a quitté l’école en

janvier et la nouvelle remplaçante ne connaissait pas la méthode. Elle était engagée

temporairement quelques jours par semaine et l’année scolaire était trop avancée. Voir

le projet en annexe.

Deuxième projet

Titre du projet

Le sens des responsabilités, ça s’apprend!

Le but

Offrir du soutien aux parents, dans l'éducation de leur enfant.

La pertinence du projet

Les parents sont les principaux éducateurs des enfants. Ils ont pour mission de

les conduire à l’âge adulte en les soignant, en leur transmettant le savoir-faire de leur

génération et des générations précédentes, en les inscrivant dans une lignée, en les

Se concerter dans l’action 76 Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention aidant à faire partie de la société et de la culture. Traditionnellement, des adultes de

plusieurs générations participaient à cette éducation ; aujourd’hui, étant donné les

conditions de la vie moderne, les parents se trouvent seuls face aux exigences de

l’enfant qui grandit, qui commence à élargir son cercle d’amis et son terrain de jeux.

Confronter ses idées et pratiques, observer ce que les autres parents font, échanger

entre parents, sont des manières d’enrichir son champ d’action et ses compétences.

Plus l’enfant grandi, plus il souhaite voler de ses propres ailes. Comment l’aider

à devenir responsable de ses propres actes ? Cette question est au cœur de l’atelier.

Les objectifs

– Améliorer la communication parent-enfant ;

– Présenter les paliers de responsabilisation ;

– Mettre l’accent sur l’engagement.

Les moyens

– Une rencontre en groupe, d’une durée de 90 minutes ;

– Présentation des étapes de responsabilisation ;

– Exercices de démonstration ;

– Échanges et commentaires autour d’un café.

Population ciblée

Parents et comité école.

Personne responsable

Monique Lussier, en collaboration avec le technicien en éducation spécialisée de

l’école et en concertation avec la direction de l’école.

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 77 Contenu

– Acceptation,

– Compréhension,

– Excuses,

– Réparation,

– Engagement.

Traduction libre. Utilisés avec la permission de B. Furman.

Résultats

Peu de parents étaient présents. L’équipe-école a participé au complet. Les

participants ont trouvé l’atelier dynamique, animé, collé à la réalité des parents. Le

seul point négatif a été le petit nombre de parents présents, particulièrement les

pères. Outre ce point, la séance a été un succès, à un point tel qu’un parent du conseil

d’établissement et le directeur de l’école ont décidé de reprendre le projet à la

prochaine entrée scolaire, avec une invitation spéciale aux parents, par les parents du

conseil de l’établissement. Ce projet doit également être exporté dans une autre école,

en septembre prochain.

Des enseignants ont souhaité élaborer avec les élèves des projets sur

l’éducation à la responsabilisation. Un de ces projets sera présenté plus loin.

Troisième projet

Titre du projet

Comment faire des règles de vie les alliées des enfants.

YOUPI! MA PUNITION EST QUE JE N’IRAI PASA L’ÉCOLE PENDANT DEUX SEMAINES

DIRECTEUR

Expulsion temporaire

JE SUIS VRAIMENT DÉSOLÉE…

CE N’ÉTAIT PAS MOI

Se concerter dans l’action 78 Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention Préalables

L’apprentissage des règles de vie fait partie de la socialisation de l’enfant et, à

ce titre, il concerne autant l’autorité des parents que l’autorité de l’école puisque ces

deux milieux ne sont pas étanches. Au contraire, il est souhaitable d’assurer une

certaine continuité dans les décisions prises par les adultes en autorité pour aider les

enfants à évoluer dans un monde qui offre une certaine cohérence. Cela ne veut pas

dire que les parents ou les enseignants doivent imposer leurs valeurs et leurs normes,

mais ils peuvent se mettre d’accord sur ce qui est souhaitable et sur la façon

d’atteindre le souhaitable pour le bien-être des enfants.

La pertinence du projet

C’est un projet qui s’inscrit dans la vie de tous les jours. La plupart des parents

souhaitent participer plus activement à la vie de l’école. De son côté, l’école souhaite

renforcer certaines valeurs et normes pour guider la vie des enfants dans l’école, en

accord avec la culture du milieu. En effet, les parents et le personnel de l’école

adhèrent à la mission de socialisation qui consiste aussi à développer chez l’enfant le

respect, la tolérance et la bienveillance, afin de faciliter une vie collective en harmonie.

Ces valeurs se traduisent en attitudes et comportements uniquement si l’enfant

prend conscience d’être un acteur responsable de ses actes et en assume les

conséquences. L’enfant qui comprend que certaines façons d’agir l’aident dans sa vie

quotidienne est mieux outillé pour prendre lui-même position dans sa propre

socialisation. Les règles ne lui sont pas imposées, elles lui sont rappelées.

Dans cette démarche, l’essentiel est d’abord de s’entendre entre adultes sur les

valeurs et les actions à favoriser chez les enfants et à imaginer, ensemble, les façons

d’y parvenir. Le projet peut s’inscrire dans le plan de réussite de l’école.

Le but

Clarifier, expliciter ce que tout le monde souhaite en termes de règles de vie,

afin d’offrir aux enfants un milieu de vie où règnent le respect, la sécurité et

l’harmonie des relations. Le projet vise à expliciter les règles les plus utiles et les plus

conviviales ; elles seront suggérées par les parents et proposées à la direction de l’école.

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 79 Les objectifs

– Montrer aux enfants que les adultes sont d’accord sur les mêmes

valeurs, principes et règles de vie afin de mieux rassurer les enfants ;

– Renforcer les règles ou codes de vie prônés par l’autorité scolaire ;

– Faire en sorte que l’enfant s’approprie des façons de faire polies,

respectueuses, tolérantes, etc., dans les échanges entre pairs et avec

les adultes ;

– Présenter et discuter les paliers de responsabilisation en tant que

base pour le choix des valeurs et des règles d’encadrement.

La clientèle visée

Direction d’école et parents engagés dans la socialisation des enfants.

Le contenu

Présenter aux parents les Paliers de responsabilisation et animer une

discussion pour promouvoir les règles de vie dans l’école, dans le service de garde et

sur le chemin entre l’école et la maison.

La discussion porte sur deux volets :

– Est-ce que les règles sont les mêmes? Est-ce que l’encadrement est le

même? Quelles parties sont du ressort de l’école, des parents, des

enfants eux-mêmes et de la communauté?

– Qu’est-ce que le respect, l’obéissance, la justice, la responsabilité

d’une personne qui vit en société ?

Personne responsable

Monique Lussier, technicienne en éducation spécialisée au Centre jeunesse de

Québec – Institut universitaire.

Se concerter dans l’action 80 Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention Concertation

– Les parents de L’OPP20 ;

– La direction de l’école qui verra à l’inscrire au plan de réussite.

Évaluation et résultats

En collaboration avec les chercheurs.

Voir le projet en annexe.

Note : Ce projet doit être repris avec les parents de la nouvelle OPP, en

septembre 2005.

Des ateliers pour travailler la disposition responsable des élèves

Titre du projet pour les élèves de 6e année

Qui je suis… qui je serai.

Personne responsable

Monique Lussier, technicienne en éducation spécialisée au Centre jeunesse de

Québec – Institut universitaire (animatrice), en concertation avec l’enseignant.

Personnes-ressources

La direction et le chercheur évaluateur.

20 L’OPP : Organisme de participation des parents est choisi au début de l’année scolaire. Il

regroupe des parents qui veulent travailler à la réussite des jeunes et collaborer à la vie de l’école. Leurs fonctions sont : élaborer, réaliser et évaluer le projet éducatif de l’école ; donner leur avis sur les améliorations à apporter à l’école et réaliser des projets et activités en collaboration avec le personnel de l’école. Tiré du dépliant produit par la FCPRQ.

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 81 Préalables

Les difficultés comportementales et relationnelles des élèves à risque sont les

manifestations les plus facilement observables parmi les obstacles qu’ils confrontent

dans leur développement. Dans certaines circonstances, la concentration des élèves à risque et en difficulté rend ardue la gestion de la classe. En janvier 2005, la direction

de l’école a demandé un projet d’intervention en 6e année, afin de diminuer les conflits

relationnels aigus et fréquents (dénigrement, médisance, mauvais coups, etc.) entre élèves.

Le mauvais climat de la classe nuisait au progrès des apprentissages. De leur côté, les

élèves impliqués niaient toute responsabilité.

L’analyse des interactions en classe, réalisée avec l’enseignant, a permis

d’établir qu’un groupe d’élèves avec une lourde trajectoire scolaire était responsable de

ce climat. Les élèves posaient des actes impolis et grossiers, avaient tendance à

afficher des comportements agressifs et ne pouvaient compter sur l’appui de leurs

parents. Ces élèves, considérés comme des « cas difficiles », étaient connus par tous les

enseignants de l’école.

Les observations en classe ont permis de décrire leur faible concentration, leur

distraction facile et des comportements tels que l’impulsivité, l’opposition,

l’impolitesse, l’agitation continue et la désorganisation. Effectivement, ces jeunes

entrent en conflit avec leurs pairs, se montrent souvent en colère et ont tendance à

poser des gestes violents.

En bref, ces élèves semblent dépourvus du sens de responsabilités. Les

sanctions et les punitions dont ils sont l’objet n’ont qu’une faible répercussion sur

l’inhibition de leurs comportements négatifs. Aussi ne reconnaissent-ils pas l’existence

des difficultés et ont tendance à diminuer la portée de leur conduite en classe.

Toutefois, soulignons que nous ne sommes pas devant la dénégation d’un problème

mais plutôt devant un processus de développement.

Aspects théoriques

Les paliers de responsabilisation s’inspirent de l’approche centrée sur les

solutions de Ben Furman21. Cette approche s’inscrit dans les thérapies brèves. Elle

21 Ob. Cit.

Se concerter dans l’action 82 Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention propose d’entretenir des rapports de co-intervention avec le client, de l’aider à

identifier son ou ses expertises et les valider. Elle s’inscrit en continuité des théories

cliniques de l’école de Palo-Alto de M. Erickson. Selon cette approche, l’être humain et

son entourage sont dans un système interactif. Les situations (problématiques ou non)

possèdent une sorte de causalité circulaire : la modification du problème entraîne le

changement dans l’ensemble du système. Il faut changer des éléments du contexte et

modifier les actions inefficaces qui, souvent, constituent la véritable source des

problèmes. Dans ce sens, s’informer c’est déjà intervenir. Les principales

caractéristiques de l’approche sont : une conception systémique de la situation, le

dialogue placé dans une perspective constructiviste (laissant de côté toute interprétation

préalable), la recherche et la validation des expertises du client (visant l’empowerment et

la co-recherche de solutions), l’utilisation de l’imaginaire et sa participation dans l’élabo-

ration des solutions de rechange immédiates.

Selon cette approche, la punition inhibe le développement du sens des

responsabilités chez l’enfant. L’approche centrée sur les solutions propose l’existence

des étapes ou paliers qui permettent aux élèves d’aborder les difficultés en tant

qu’occasions à exploiter pour apprendre, pour faire preuve de discernement et pour

développer leur sens des responsabilités. En opposition à l’approche intuitive de la

discipline et la punition en milieu scolaire, cette approche propose une démarche qui

favorise la réflexion des élèves, les sensibilisant à leur rôle civique en tant qu’acteurs

sociaux.

L’école adhère à la mission de développer chez les élèves le respect, la tolérance

et la bienveillance dans l’agir quotidien, afin de faciliter une vie collective en

harmonie. Ces valeurs font partie de la socialisation et de la culture.

Une approche systémique

L’approche est systémique dans le sens où l’enseignant, au même titre que les

élèves, fait partie du problème, donc de la solution. Il est fondamental de rencontrer

l’enseignant ou le parent et de construire une interprétation de la situation, de la

recadrer, de cerner les mots et les métaphores utilisés par le client. Valider l’expertise

de ce dernier, imaginer un futur plausible et décider de la démarche vers cette

solution. Le travail d’analyse et d’échange avec l’enseignant forme la clef de voûte de

notre approche. L’analyse de la situation est déjà une intervention sine qua non dans

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 83 la recherche de solutions de rechange, car elle est une stratégie réflexive et critique

qui permet à l’adulte de déterminer son expertise. L’intervention auprès des élèves est

une forme animée de cette stratégie.

Les problèmes de comportement et d’apprentissage

Il est possible que les difficultés comportementales des élèves soient des

désordres réactionnels transitoires, des actes défensifs qu’il fallait savoir respecter

mais qu’il fallait considérer en tant que problèmes d’une grande complexité pour les

enseignants et les intervenants scolaires. Selon notre perspective, nous utilisons le

terme difficulté pour décrire les comportements observables en classe22, dans la cour de

recréation ou à la maison. Le retard est une distance entre ce qui devrait être acquis

par rapport à l’âge de l’élève et ce qui a été évalué par l’enseignant ou tout autre

spécialiste. Les autres termes sont des diagnostics issus des champs spécialisés.

Le Dr M. Lemay (1973 : 669)) décrit les désordres de conduites réactionnels des

enfants et adolescents en âge scolaire et souligne le rôle du système scolaire dans la

genèse des pathologies de ces difficultés.

22 Pour une discussion sur ces termes, voir la problématique de la recherche.

— L’école peut être directementresponsable de troubles réactionnelsimportants de la conduite. L’un des exemplesles plus significatifs est celui des retardssimples de maturation. La moyenne desenfants présente une évolution neuro-motricetelle que vers l’âge de six ans leur schémacorporel, leur dominance latérale, leur coordi-nation, leur fonction réalisatrice du langage,leur représentation spatio-temporelle sontsuffisamment développés pour permettreaisément l’apprentissage de la lecture, del’écriture et du calcul. La notion de moyennesuppose inévitablement l’idée de variations(en plus ou en moins) s’inscrivant dans unenormalité complète. Ceci veut dire que si desenfants de cinq ans ont parfois déjà acquis lamaîtrise des apprentissages énumérés,d’autres n’y parviendront que deux ou troisans plus tard sans que ce décalage n’ait la

moindre signification clinique. Le passage dela classe maternelle au cours préparatoire netient pas assez compte de ce fait et, s’il estadmis des dispenses d’âge dans le sens d’unescolarité avancée, il est bien rare d’enconcéder pour retarder l’entrée dans la« grande école ». Agir ainsi est pourtantconfronter des enfants à des tâchesinsurmontables puisque leur équipementinstrumental est insuffisamment développé.Sous l’étiquette de sujets dyslexiques oudysalculiques, se trouvent en fait nombre dejeunes correspondant à ce processus. Il seraiturgent de créer pour eux des classesintermédiaires entre la maternelle et lecours préparatoire afin de ne les initier auxrudiments scolaires qu’après avoir comblé unretard physiologique. Faute d’une telleaction, l’enfant vit pendant plusieurs annéesune expérience frustrante où il lui faut

Se concerter dans l’action 84 Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention

En accord avec la Loi de l’instruction publique, l’école élabore des plans

d’intervention pour les élèves en difficulté. Bien entendu, le nombre de plans

d’intervention varie d’une école à l’autre et d’une classe à une autre. Dans l’école où le

projet a eu lieu, le pourcentage des plans d’intervention est de 21 % (38 sur un total de

175 élèves, pour 2004-2005), alors que pour la 6e année, il est de 41 % (9 élèves sur un total

de 22). Sans pousser l’analyse très loin, force est de constater la concentration d'élèves

en difficulté et de se poser des questions sur la gestion des plans d’intervention repris.

Or, dans l’école en question, la baisse de la population d’élèves n’influence pas le

pourcentage d’élèves en difficulté23. Le bassin de ses élèves est alimenté par la

reconduction de leur cas et par les nouveaux arrivants. Le schéma 3 illustre ce

mouvement.

23 Les écoles qui ont participé à notre étude ont reçu la cote 9 de défavorisation. Le revenu familial

moyen était de 33 608 $ et un taux de retard en 2002-2003 de 13 % en 6e année. Selon la projection de la Commission scolaire, le taux de réussite de l’école serait de 23 % pour l’année 2003-2004 (Plan de réussite de l’école 2001-2002). Cette cote est allouée par le MELS aux quartiers ayant besoin d’une allocation spécifique de ressources. Les évaluations réalisées par la Commission scolaire de la Capitale confirment la tendance vers la haute concentration d'élèves en difficulté dans ces écoles. Cependant, il faut souligner que pour l’année scolaire 2004-2005, l’indice de défavorisation de trois écoles a été révisé pour passer de 9 (avril 2001) à 7 (avril 2004) pour deux des trois écoles, et de 9 (avril 2001) à 8 (avril 2004) pour la troisième.

s’affronter à un obstacle démesuré tout ensubissant les pressions culpabilisantes dontnous avons parlé précédemment. Lorsquel’enfant présente une déficience à baseneuro-motrice, l’adaptation au courspréparatoire est d’autant plus précaire queles structures pédagogiques sont fondamen-talement différentes de celles retrouvéesdans les écoles maternelles. Si dans cesdernières sont en effet souvent appliquéesdes méthodes remarquables quant àl’ampleur de leurs objectifs, le jeune écolier

découvre brusquement un monde beaucoupplus impersonnel où la part du sensible et dumanipulatif devient dérisoire par rapport aucognitif pur. Ces enfants qui « ratent » ainsileurs débuts de scolarité s’enferrent souventde manière pitoyable. L’univers de la classedevient synonyme de frustration, d’échec etd’injustice, de telle sorte que la seule issue àl’obstacle insurmontable est le refuge dansune construction symptomatique.

Dr. M. Lemay (1973 : 669)

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 85

SCHÉMA 3 Bassin des élèves en difficultés

Ajoutons, finalement, que tous les élèves à risque ne font pas l’objet d’un plan

d’intervention. Conséquemment, le nombre d’élèves à risque est toujours supérieur au

nombre d’élèves avec un plan d’intervention. Cependant, dans la salle de classe, ces

deux catégories d’élèves influencent les comportements et les interactions.

Une autre raison explique cette concentration. En 2004-2005, étant donné les

ressources disponibles, il a été impossible d’organiser deux groupes de 6e année.

État de situation

Les difficultés relationnelle et les interactions en classe et dans la cour de

récréation sont interreliées.

La concentration d’élèves en difficulté provoque des conflits plus nombreux et

plus profonds dans la classe. Si l’enseignement est de type frontal, style pédagogique

très populaire au primaire, le phénomène augmente en intensité, de telle façon que les

interventions directives et disciplinaires augmentent au fur et à mesure que les élèves

ÉLÈVES EN DIFFICULTÉ OU HANDICAPÉS

PASSAGE AU SECONDAIRE

RÉFÉRENCE AUX ÉCOLES SPÉCIALISÉES

PROGRÈS, CAS NON RECONDUITS

ÉVALUATION ET RECONDUCTION DE CAS

NOUVEAUX CAS

Se concerter dans l’action 86 Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention externalisent (Vitaro et Gagnon, 2000) plus fréquemment leur conduite. Bien entendu,

cet état de choses finit par produire l’épuisement professionnel de l’enseignant et le

désengagement des élèves. L’enseignement frontal, qui consiste essentiellement à

transmettre des informations et des apprentissages de façon verbale devant la classe,

ne favorise pas le développement de la réflexion chez les élèves24.

Au cours de l’année scolaire, certains gestes considérés graves avaient motivé

l’intervention des policiers25.

La concentration des élèves en difficulté qui sont l’objet d’un plan d’intervention

est un indicateur des difficultés relationnelles26. Les manifestations quotidiennes de la

petite bande de jeunes en difficulté sévissaient dans la cour d’école et les couloirs, dans

les rues et les ruelles voisines de l’école27.

Des élèves de 6e année sont connus des enseignants. Ceux-ci n’attendent que

leur départ au secondaire, quoiqu’ils soient conscients que la plupart ne possèdent pas

les habiletés ni les connaissances requises pour poursuivre leur scolarisation. Autrement

dit, ces élèves sont déjà marqués d’échec et probablement d’abandon scolaire.

Suite aux mauvais résultats de l’approche pédagogique de type frontal ou

magistral, l’enseignant a ajouté l’approche par projet, combinée avec le travail en équipe,

sans pour autant redresser la situation des récalcitrants. Cette situation s’explique

par un contexte spécifique, où l’existence des véritables problèmes d’apprentissage et

de comportement dans le groupe y est pour quelque chose (tableaux 8 et 9).

24 Selon Gallichet (1998 : 40), parmi les diverses approches pédagogiques en lien avec l’éducation à la

citoyenneté, le style frontal serait le moins apte au développement des qualités civiques chez les élèves. 25 Tout est question de perspective : dans un cas grave, un élève avait « perdu la tête » et frappé un de

ses pairs. Les parents de la victime avaient déposé une plainte à la police, car l’agresseur était connu pour ses gestes impulsifs. En entrevue, cet élève expliqua la maladresse du geste répréhensible : « il avait surpris deux élèves en train de se chamailler. Croyant à une agression à son ami, il avait frappé la victime ». Le tout était assez confus et objet d’interprétation. Le deuxième cas se rapporte à une action intentionnelle. Un gars et une fille avaient écrit dans la cour d’école des calomnies à l’égard de l’enseignante. Celle-ci appela les policiers pour prévenir la détérioration de la situation.

26 Certains élèves sont classés par les enseignants, indépendamment de leurs problèmes spécifiques. Il s’agit de marquage social, un phénomène propre à la culture scolaire, où chaque élève a une position sociale qui reflète partiellement des caractéristiques personnelles (attribuées arbitrairement), familiales et académiques ou comportementales.

27 La 4e année présente également une concentration d’élèves en difficultés comportementales, mais les conflits sont déclenchés uniquement par quelques-uns. Une intervention trop répressive favorise des comportements réactionnels. La collaboration parents-école est fondamentale dans ces situations.

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 87

TABLEAU 8 Problèmes des élèves de 6e année,

selon le dernier plan d’intervention, 2004-2005

Code de l’élève Sexe Problème selon le PI

Composition familiale et type de collaboration

Nombre de P.I.

Faisant partie de la gagne

ABC105 M Difficultés et retards d’apprentissage ; manque d’autonomie ; faible motivation

Biparentale ; bonne collaboration

6 Non

DEF205 M Difficultés d’apprentissage ; faible estime de soi

Biparentale; bonne collaboration

6 Oui

GHI305 M Difficultés dans les interactions sociales

Biparentale; bonne collaboration

6 Oui

JKL405 M Difficultés de comportement ; manque d’intérêt

Reconstituée ; coopération variable

7 Oui

LMN505 M Déficit d’attention et hyperactivité ; trouble d’opposition avec provocation

Monoparentale matricentrée ; coopération variable

6 Oui

MNO605 M Difficultés de comportement ; trouble d’opposition

Monoparentale matricentrée ; collaboration difficile

5 Oui

NOP705 M Difficultés d’apprentissage ; faible concentration

Monoparentale matricentrée ; collaboration difficile

5 Non

OPQ805 F Difficultés de comportement ; colérique

Monoparentale matricentrée ; collaboration irrégulière

6 Oui

POR905 M Allophone ; faible maîtrise du français

Biparentale, bonne collaboration

1 Non

Se concerter dans l’action 88 Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention

TABLEAU 9 Problèmes des élèves de 6e année,

dont le plan d’intervention n’a pas été repris en 2004-2005

Code de l’élève Sexe

Problème selon le P.I.

Composition familiale et type de collaboration

En 2003-2004 Nombre de P.I.

Faisant partie de la

gagne

STU1105 F Difficulté d’apprentissage ; faible motivation

Monoparentale matricentrée ; bonne collaboration

4 Oui

MMG1205 F Difficultés et retards d’apprentissage

Monoparentale matricentrée ; bonne collaboration

6 Oui

JESS1305 M Difficultés de comportement ; manque d’intérêt

Reconstituée ; coopération variable

4 Oui

SABR1405 M Retard d’apprentissage ; absentéisme

Monoparentale matricentrée ; coopération variable

6 Non

JOLP1505 F Retard d’apprentissage ; faible motivation

Reconstituée ; coopération variable

4 Oui

Les tableaux précédents expliquent, en partie, les nombreuses interventions de

l’école. Celles-ci étaient quotidiennes ou lors de crises plus importantes. Dans le

premier cas, l’enseignant pouvait soit renforcer le comportement positif des élèves par

de l’argent scolaire ou une note sur le cahier d’accompagnement, soit en

communiquant aux parents les incidents fâcheux. D’autres enseignants intervenaient

dans la cour d’école.

Lors de crises plus importantes, l’éducateur de l’école rencontrait les élèves

pour un échange sur la résolution de conflits. L’éducateur faisait part de la situation

aux parents ou demandait l’intervention de la direction, laquelle procédait à une

retenue ou à toute autre mesure plus draconienne. La direction peut exclure les élèves

de la classe, les envoyer dans une classe d’accueil ou à la maison, en espérant que les

parents prennent le relais de l’école.

Toutes ces interventions avaient pour effet de diffuser les conflits chez

l’ensemble des enseignants pour ainsi atteindre un « seuil de tolérance ». Aussi, des

enseignants avec un seuil bas de tolérance réagissaient promptement contre ces

comportements inadmissibles et suggéraient d’appliquer le code de comportement de

l’école. Parmi les comportements intolérables on retrouve : l’impolitesse, l’agitation

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 89 pendant l’entrée à la classe et les gestes de violence ou d’agression. Trois groupes

d’élèves étaient l’objet de telles demandes : la gagne de 6e, celle de 4e

28 et des élèves

individuels.

En conclusion, l’approche disciplinaire et punitive conduit vers l’exacerbation

des comportements inacceptables. Dans le cas de cette classe, les conflits ne mettaient

pas en danger la sécurité des élèves mais, étant donné leur fréquence, ils entravaient

l’acquisition d’apprentissages et le travail de l’enseignant. Aussi l’intervention auprès

des élèves devait-elle s’arrimer à la démarche pédagogique de l’enseignant.

But du projet

Développer l’autonomie chez tous les élèves et favoriser une démarche vers la

responsabilisation en favorisant un bilan de qui ils sont et qui ils aimeraient devenir,

à l’aube de leur entrée à l’école secondaire.

Objectifs poursuivis

Dans le but de sensibiliser les élèves à des solutions de rechange face aux

conflits, l’hypothèse d’action reliait l’acquisition de certaines habiletés favorisant le

respect, la tolérance et la coopération, avec l’émergence de la représentation de soi et

des autres, de façon positive, en accord avec le contexte.

Découvrir ces habiletés, les nommer, reconnaître leurs manifestations et les

jumeler à un contexte favorable provoquent une démarche de responsabilisation. Cette

démarche s’appuie sur la prémisse que le changement de comportement est possible

uniquement si l’élève prend conscience d’être un acteur responsable de ses actes, en

mesure d’envisager les conséquences des actes posés ou omis et de se rendre compte

que ses conduites sont en interaction avec celles de ses camarades et des adultes. Voici

les principaux objectifs :

– Favoriser la connaissance de soi, déterminer leurs forces et leurs

talents ;

28 Ces cliques d’élèves avec des problèmes de comportement ont une position sociale de cancres à l’école

et sont un des éléments diacritiques inconscients dans la formation des groupes et la gestion de la classe. Voir les tableaux 1 et 2.

Se concerter dans l’action 90 Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention

– Favoriser la connaissance d’autrui. Se sensibiliser aux besoins

d’autrui ;

– Favoriser l’affirmation de soi ;

– Approfondir la compréhension de soi par la réflexion ;

– Se sensibiliser aux rôles actifs à jouer dans la société, en tant

qu’acteur compétent.

Support didactique

– Affiches, dessins,

– Duo-tang,

– Questionnaires,

– Jeux interactifs,

– Jeu de rôles,

– Objets.

Mise en œuvre du projet

Les ateliers Qui je suis... qui je serai allient l’animation aux jeux interactifs,

aux jeux de rôles et à l’objectivation de l’expérience pour préparer le jeune à réfléchir

avant ou après une situation conflictuelle et parvenir ainsi à écouter une petite voix

qui lui parle à l’intérieur, sans s’engager dans une escalade inutile, à la recherche du

coupable d’un conflit.

L’animateur des ateliers fait appel à une métaphore qui est connue des élèves :

il leur est suggéré d’aborder la vie en classe sous l’angle d’un sport d’équipe. Une

bonne participation suppose que l’on connaisse ses propres talents, ainsi que les atouts

et les qualités des autres joueurs.

Chaque séance a un objectif. Il est à atteindre à partir d’un ensemble

d’activités individuelles ou en groupe, d’objectivation et d’évaluation. Un devoir est

remis à la fin de chaque séance. Une activité Brise-Glace prépare les jeunes à

l’interaction. Chaque séance dure une heure et demie et se passe dans la classe. Voir le

tableau 10 pour une présentation sommaire du contenu.

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 91

TABLEAU 10 Présentation des rencontres « Qui je suis... qui je serai »

Activités par séance Description Compléments

Première séance Connaissance de soi

Mon équipement protecteur Durée : 20 minutes

Activité Brise-Glace : Dans un grand sac de sport, 25 enveloppes sous la forme de sacs de sport portent des étiquettes avec les prénoms des élèves. Chaque jeune reçoit une enveloppe. Il doit inscrire une qualité associée au nom de l’élève qui figure sur ce sac et la façon dont cet élève manifeste ce talent.

Les élèves complètent l’exercice. Ils lisent à tour de rôle et à haute voix ce qu’ils ont écrit.

Être jeune c’est… Compléter la phrase Durée : 15 minutes

Brainstorming : L’animateur place au tableau l’affiche d’adolescent(e) et demande à chacun de dire ce que représente pour eux d’être jeune… Il remet à chacun le Duo-Tang pour y déposer les questionnaires complétés.

Les réponses sont écrites au tableau.

Nous, nous nous connaissons bien Durée : 30 minutes

Jeu interactif : L’enseignant divise la classe afin que chaque élève soit jumelé avec un autre. Chaque élève se présente en avant avec son jumeau, tourne le dos et avance son pion sur la carte de jeu « Nous, nous nous connaissons bien ». Par la suite, il répond à la consigne sur laquelle il s’est arrêté. Son jumeau fait de même.

Qui suis-je? Durée : 15 minutes

Questionnaire : Chacun doit compléter un questionnaire le décrivant.

Ceux qui le souhaitent peuvent partager leurs réponses.

Qu’est-ce qu’il y a dans mon sac? Durée : 5 minutes

Activités d’objectivation : Chacun écrit sur une des lignes de la fiche une caractéristique positive qui le décrit le mieux.

Consigne : La fiche sera complétée à chaque atelier.

Acrostiche Devoir : Acrostiche à compléter.

Chacun reçoit une copie de la liste de qualités. Conclusion de l’activité.

Se concerter dans l’action 92 Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention

Deuxième séance Connaissance de l'autre

Faire tourner l’eau du pot Durée : 25 minutes

Activité Brise-Glace : Les élèves prennent un verre qu’ils remplissent d’eau et le vident dans un pot transparent. À la fin, l’enseignant y verse un verre d’eau avec de la boue et brouille l’eau du pot.

Un retour est fait sur l’activité, réflexion sur : Qu’en pensez-vous ? L’impact est fort. Arrive-t-il des situations de ce genre dans le groupe ? Donnez des exemples. Qu’est-ce qu’on vit quand quelqu’un brise le climat d’un groupe ? Quoi faire pour changer cette situation ?

Être amie c’est… Durée : 15 minutes

Brainstorming : Devant l’affiche d’un adolescent, chacun dit ce que représente pour lui, un(e) ou ami(e).

Les réponses sont écrites sur le tableau noir pour susciter de nouvelles propositions.

Les formes découpées Durée : 30 minutes

Jeu interactif : Le groupe est divisé en trois équipes. Chacune reçoit une enveloppe avec 6 pièces géométriques et reçoit progressivement des indices pour compléter la figure.

Le jeu demande la collaboration interéquipes. Questions : Attitudes aidantes, agréables ? Quelles attitudes sont souhaitées chez les ami(e)s ? Comment votre équipe s’est-elle organisée pour la tâche ? Étiez-vous à l’aise ?

La confiance Durée : 15 minutes

Questionnaire : Chacun lit à voix haute un énoncé et tous complètent le questionnaire.

Ceux qui le souhaitent peuvent partager leurs réponses.

Qu’est-ce qu’il y a dans mon sac? Durée : 5 minutes

Activité d’objectivation : Inscrire le nom d’un(e) ami(e) et une de ses qualités.

Coupon pour faire plaisir Devoir : Choisir une action qui fera plaisir à cette personne.

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 93

Troisième séance Affirmation de soi

La sentinelle Durée : 20 minutes

Activité Brise-Glace : Un premier élève se tient au garde-à-vous, sans bouger, devant la classe; il regarde droit devant lui. Le défi : garder cette position aussi longtemps que possible, quoiqu'il arrive. À l’indication de l’animateur, un deuxième élève se place à un mètre de la sentinelle, il tentera de le faire bouger, par des blagues, grimaces et commentaires.

Activité très appréciée.

Caractéristiques des animaux Durée : 15 minutes

Brainstorming : Les images d’un oiseau, un éléphant, un mouton, une souris sont sur le tableau noir, l’animateur demande aux élèves la façon dont ces animaux agissent dans un groupe.

Bonne participation.

L’intimidation Durée : 15 minutes

Jeu de groupe : Cinq élèves vont devant la classe, l’un d’entre eux s’assoit au centre, les autres sur l’angle d’un carré. Celui au centre devra se défendre contre les quatre qui l’intimident.

À la fin de l’activité, l’animateur demande aux élèves de partager leur expérience.

Le climat de classe Questionnaire : Quels évènements, attitudes ou situation modifient le climat de la classe ?

L’animateur demande aux élèves volontaires de partager leurs commentaires à haute voix.

Activité d’objectivation : Écrire sur la fiche à quel animal il s’associe et sa façon de s’affirmer.

Mise en situation Devoir : Écrire sur le coupon une situation conflictuelle qui peut se produire entre élèves ou avec l’enseignant, entre parent et adolescents.

Se concerter dans l’action 94 Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention

Quatrième séance Affirmation de soi en tenant compte d’autrui

Le dessin collectif Durée : 20 minutes

Activité Brise-Glace : Les élèves sont en demi-cercle devant le tableau qui est divisé en deux. Chacun, en silence, peut poser un des actes suivants : ajouter, retrancher ou modifier un élément au dessin.

À la fin de l’activité de dessin, l’animateur invite les élèves à partager leurs impressions.

Mon miroir et la clé du succès Durée : 15 minutes

Brainstorming : 1. Le dessin d’un miroir est sur le tableau, les

élèves doivent nommer des situations où, parfois, on ne se montre pas aux autres tel qu’on est.

2. Le dessin de La clé du succès est ensuite placé au tableau, les élèves doivent nommer des attitudes et comportements à mener avec succès dans leur vie familiale, sociale, scolaire.

Mise en situation Durée : 20 minutes

Jeu de groupe : Faire la liste des moyens utilisés pendant les sketches pour résister à la pression.

Une banque des mises en situation est fournie au cas où les élèves manqueraient d’idées pour le devoir.

Mes rêves Durée : 15 minutes

Questionnaire : À compléter avec leurs rêves (attentes, projets).

Ceux qui le souhaitent peuvent partager leur réponse.

Le plus beau souvenir Durée : 5 minutes

Activité d’objectivation : écrire, sur une des lignes du sac de sport, le plus beau souvenir de l’école primaire; sur une autre ligne, un souhait pour le secondaire.

Conclusion Retour sur les quatre rencontres, quels sont les points positifs et négatifs, leurs impressions, sentiments. Ce qu’ils ont appris. Les découvertes, ce qu’ils auraient souhaité connaître.

C’est la fin des ateliers, les élèves volontaires peuvent partager ce qu’ils ont vécu pendant les ateliers.

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 95 Évaluation

Les séances ont été évaluées selon deux modalités :

– Une grille d’observation pour évaluer à chaque rencontre l’atteinte

des objectifs, à partir des sujets motivant le degré de participation des

élèves.

– Un questionnaire s’adressant aux élèves est remis à la fin des

rencontres (voir annexe).

Nous présenterons les résultats et une analyse.

Résultats des ateliers, selon la perception des élèves

Le questionnaire autoadministré, avec des questions fermées à choix multiple

et à une seule réponse, rend compte de la perception que des élèves ont de la

pertinence de certaines activités des ateliers sur une échelle quasi ordinale.

Le tableau 11 montre les résultats du questionnaire. Étant donné la taille de la

population des répondants, nous y avons transcrit le total des réponses en nombres

réels. À partir de la tendance des réponses, nous pouvons dire que les ateliers ont été

une expérience positive pour l’ensemble des élèves.

Cet perception n’est pas le produit de la bienséance ni de la facilité des

réponses. Probablement que le nombre de réponses « Peu d’accord » à des questions

importantes correspond à un acte réflexif de la part des élèves. Par exemple,

l’animatrice a présenté les ateliers comme un moyen pour les aider à améliorer leurs

relations entre eux. La question 5 allait dans le même sens, et les réponses sont

nuancées. Les questions 1 et 7 visaient à savoir si la participation aux ateliers les

avait aidés à résoudre certains conflits, et les réponses sont différentes. Tout laisse

croire que la majorité ont aimé participer aux activités ; certains d'entre eux semblent

avoir retenu de nouvelles connaissances (questions 2, 4 et 8). Un petit nombre n'a pas

participé activement, car ils ont été incapables de surmonter leur gêne par crainte

d’être dévalorisés (tableau 11).

Se concerter dans l’action 96 Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention

TABLEAU 11 Évaluation des ateliers Qui je suis... qui je serai

Réponses D’accord

Items Pas du

tout Peu Plutôt Tout à

fait Total

1. Le climat du groupe t’a donné l’envie d’exprimer tes opinions

– 4 8 9 21

2. Les exercices faits pendant les rencontres t’ont aidé à mieux te connaître

1 4 8 8 21

3. Tu avais le goût de participer aux activités – 1 5 17 21

4. Les ateliers t’ont aidé à reconnaître ta part de responsabilité dans le maintien d’un bon climat de classe

– 1 13 7 21

5. Les activités t’ont aidé à améliorer tes relations avec les autres

1 6 12 2 21

6. Les activités t’ont permis de comprendre l’importance de ton rôle dans la coopération

1 – 10 9 21

7. Les ateliers t’ont permis de mieux comprendre comment résoudre une situation conflictuelle

– 4 8 9 21

8. Maintenant tu sais comment résister à la pression des autres et comment rester fidèle à tes convictions

– 2 9 10 21

Total 3 22 71 70

Pour mieux cerner l’impact des ateliers, revenons brièvement sur certaines

situations en profondeur, mais cette fois-ci en ajoutant les résultats des observations.

Une grille d’observation, construite pour les ateliers, permet de s’arrêter sur les

réactions aux activités, la dynamique du groupe, le contenu des énoncés des élèves

pendant les séances. Le jeu de rôle et la mise en situation étaient riches de données

sur la participation. Voir en annexe XXX, la transcription et reconstitution des

situations significatives perçues lors des observations des ateliers.

Donc, tous ces résultats permettent de comparer la dynamique de la classe,

avant et après les ateliers, les différences étant attribuées à leur effet. Des

observations avaient été réalisées en classe pour bâtir les ateliers.

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 97 L’impact de la démarche sur les relations en classe

Il faut souligner la participation volontaire, active et enthousiaste des élèves

aux activités proposées lors des ateliers. À cet égard, il est significatif de constater que

les élèves ayant des comportements conflictuels sont ceux qui ont participé de façon

créative et ont le mieux manifesté leur enthousiasme. Par contre, ceux considérés

académiquement performants et bons élèves ont eu, en général, une participation

marginale ; ils attendaient souvent l’invitation de l’enseignant ou de l’animateur.

Autrement dit, élèves et enseignant ont vécu, lors des ateliers, une transition du pôle

axiologique au pôle praxéologique des activités quotidiennes en classe .

Avant les ateliers, les élèves et l’enseignant avaient conclu une sorte de

pacte de respect mutuel. Nous avons déjà dit que le climat de la classe était tendu. La

classe était divisée en deux groupes : d’un côté, les élèves fautifs, et de l’autre, les

élèves victimes passives des écarts de comportement29. Le premier groupe était

composé majoritairement des garçons et de quatre filles. Pour changer cette situation,

quatre élèves « fautifs » avaient signé des contrats de comportement dont la

transgression provoquait l’exclusion de l’école. L’enseignant avait décrété la

« tolérance zéro » des égarements de comportement et des commentaires inutiles.

Quelques stratégies de gestion misaient sur le respect de l’ordre : attribuer des

places spécifiques aux élèves difficiles en les isolant du groupe, installer un système de

renforcement positif et intervenir verbalement au moindre signe d’instabilité. Ces

stratégies étaient utiles, mais d’une portée limitée pour modifier certains

comportements.

Ce système exigeait un investissement émotif et physique énorme de la part de

l’enseignant. Celui-ci devait être constamment aux aguets du moindre écart de

comportement pour le réaligner le plus tôt possible. L’enseignant intervenait pour

punir lorsque des élèves se cherchaient des yeux, perdaient leur temps, n'étaient pas à

leur affaire, exprimaient des commentaires inappropriés, faisaient des bruits, etc. Il

est clair que le contrat de respect mutuel subissait régulièrement des accrocs

directement proportionnels au stress de l’enseignant.

29 La passivité des élèves est relative, en fait, ils agissent par des gestes de réprobation, des regards

moqueurs lors de réprimandes et par la délation.

Se concerter dans l’action 98 Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention

Cette situation était connue hors de la classe30 et ce qui se passait ailleurs avait

des conséquences en classe. Étant donné que tous les enseignants étaient informés des

comportements « fautifs », ces élèves étaient suivis de près.

Il est évident que le seuil de tolérance des enseignants varie. Cela soulève la

question à savoir si le problème se situe dans l'école ou dans la classe31.

La présentation de l’approche et les prémisses théoriques des ateliers ont

provoqué un changement de perspective inattendu pour l’enseignant. En effet, suite au

premier atelier, une réflexion est née. Lors du deuxième atelier, l’image de certains

élèves a été modifiée, car les perturbateurs participaient avec enthousiasme. Un

rapprochement de ces derniers vers l’enseignant s’est produit, alimenté peut-être par

leur désir de lui plaire.

Selon Doyle (1986), la classe se caractérise par la multidimensionnalité et la

simultanéité des événements. Par nature, ces événements sont plutôt imprédictibles et

non confidentiels car, malgré les portes fermées, la classe est un espace public. Doyle

ajoute que la classe a une mémoire, elle cumule le souvenir des événements. Dans

l’histoire de la classe de 6e, il y a « un avant » et « un après » ateliers. Les élèves

conflictuels et perturbateurs ont montré leurs talents, leur esprit d’initiative et leur

courage pour relever des défis. Ils ont participé avec un réel plaisir, comme pour

arroser leur développement personnel.

Certains élèves du groupe des performants n'ont pas eu le courage de participer

aux jeux de rôles ou ont agi de manière peu convaincante, se limitant à suivre

docilement les consignes. Il est probable qu’ils ont été perçus par l’enseignant comme

étant peut-être conformistes, quelque peu enfantins encore.

L’enseignant avait initié une démarche pédagogique par projet. Les ateliers

l’ont renforcé avec une nouvelle perspective, celle du lien social; le relationnel qui

permet à l’acteur de se construire, sous un nouvel éclairage. 30 De l’information et des commentaires sur les élèves, les enseignants et les classes circulent dans

l’école, jusqu’à former un texte de référence de la vie scolaire. Les enseignants et les intervenants y ont accès, ils en modulent leurs comportements, attentes et perceptions, au moins en partie, sur ces références du domaine des représentations.

31 Avec le temps, la vision « problème-école » gagne du terrain. Comme le milieu est considéré « défavorisé », et que ce type de problème est considéré comme consubstantiel aux milieux défavorisés, la vision « problème-école » peut servir à d’autres causes.

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 99 La dynamique relationnelle en classe et la démarche vers la responsabilisation

La dynamique relationnelle dans la classe est étroitement liée à une autre plus

large, celle de l’école, incluant l’ensemble des enseignants, quelques parents et groupes

d’élèves. Selon certains indices, malgré les frontières entre cycles scolaires et groupes

d’âge, les relations s’étendent en dehors de l’école. Des conflits qui ont leur origine la

fin de semaine éclatent dans la classe la semaine suivante. Certains parents sont au

courant de ce phénomène, d’autres l’ignorent totalement; ce qui est considéré comme

de la négligence ou du laxisme par le personnel de l’école.

Ces comportements semblent l’expression maladroite du besoin des enfants de

s’affirmer, ou bien la réaction à une situation familiale difficile, à des amitiés

compétitives, à une position sociale inconfortable à cause des retards d’apprentissage

ou de développement. Apparemment ce ne sont pas des comportements déviants,

encore moins pathologiques.

Dans ce contexte, les ateliers sont une occasion pour les élèves d’apprendre de

nouvelles pratiques. Les mises en situation et les jeux de rôle sont l'occasion de

comprendre que des gestes, attitudes ou paroles ne sont pas sans conséquence dans un

groupe. À partir de là, et avec le soutien de l'enseignant, nous pouvons nous attendre à

un heureux transfert d’habiletés en classe. L’atelier a permis de travailler certaines

compétences transversales.

Les séances renforcent la responsabilisation à partir de la réflexion sur l’image

de soi. Le bilan de chaque enfant sur l'atelier tient compte de son potentiel pour mieux

se projeter vers l’avenir avec ses rêves et ses ambitions. L’élève qui comprend que

certaines façons d’agir l’aident dans sa vie quotidienne est mieux outillé pour assumer

sa socialisation et s’approprier des règles de vie. Dans ce sens, la démarche vers la

responsabilisation est une intervention conviviale qui renforce la construction de

l’identité des jeunes et actualise la mission socialisante de l’école.

Se concerter dans l’action 100 Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention Titre du projet pour les élèves d’une classe multiâge

Qui je suis... qui je serai.

Il s’agit d’une adaptation pour les élèves de 9-10 ans, avec la même responsable

et animatrice.

Personne responsable

Monique Lussier, technicienne en éducation spécialisée au Centre jeunesse de

Québec – Institut universitaire, en concertation avec l’enseignant.

Personnes-ressources

Une stagiaire et la chercheure.

Préalables

Suite à l’atelier de soutien présenté aux parents et à l’équipe-école, l’enseignant

de la classe de 3e et 4e, un groupe multiâge, a manifesté son intérêt pour réaliser une

expérience similaire aux ateliers de B. Furman Je suis capable. Pour des raisons

personnelles, cet enseignant a quitté l’école à la fin du deuxième trimestre. Cependant,

son remplaçant a adopté l’idée des ateliers présentés pour « les grands » d’une autre

école.

Ces ateliers sont adaptés aux plus jeunes, comme pour leur dire : « Petit

poisson deviendra grand », mais sans faire l’économie de la réflexion, encore moins du

travail sur soi pour la responsabilisation. Le fil conducteur des ateliers est toujours la

réflexion. Les enfants sont à un âge où ils prennent conscience de qui ils sont.

Étant donné l’âge et le cycle, l’enseignant a continué en classe le travail sur

certains thèmes. Des jeux ont été l’occasion d’enrichir le vocabulaire et de polir la

sémantique et la syntaxe. De ce fait, il hérita de l’ensemble du matériel fourni aux

élèves comme de nouveaux outils pédagogiques.

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 101

L’atelier est présenté avec les mêmes préalables théoriques que ceux décrits

ci-haut.

État de situation

L’école est sise dans le même quartier que celle où ont eu lieu les ateliers pour

la classe de 6e. L’état de situation est similaire à celui décrit précédemment, mais

moins spectaculaire du point de vue des comportements conflictuels et plus inquiétant

du point de vue des problèmes et retards d’apprentissage.

Il s’agit de vingt-deux élèves dont neuf sont en 4e année et treize en 5e. La

classe multiâge reçoit des jeunes âgés de neuf, dix et onze ans. Un garçon a douze ans.

Des dix garçons, deux ont doublé une ou deux années. Cela signifie également que la

plupart ont été ou sont l’objet d’un plan d’intervention. S'ils ne le sont pas, c’est que

l'enseignant, la direction et les spécialistes savent qu’il n’y a rien à faire pour mobiliser

les parents à collaborer avec l’école, du fait de l’avoir déjà essayé, sans succès. Deux

élèves ont des problèmes graves de santé. Deux autres viennent de déménager dans le

quartier et ont de la difficulté à intégrer un groupe. De par la culture du milieu, ce

n’est pas facile d’intégrer un groupe, les élèves se connaissent depuis longtemps parce

que les parents sont des amis ou sont membres de la même parenté. D’autres sont là

depuis longtemps ou ont passé avec succès les tests d’appartenance.

Les filles semblent tirer mieux leur épingle du jeu. Les douze filles, sauf deux

petites qui sont la plupart du temps dans la lune ou occupées à se recoiffer et se limer

les ongles chaque quart d’heure, sont attentives, intéressées et plus observatrices

qu’actives. Cela ne les empêche pas de riposter si elles sont provoquées par les

garçons. Trois enfants reçoivent des services du Centre jeunesse, dont une en

réintégration du foyer parental qui a quitté l’école avant la fin de l’année. Quelques

jeunes ont de véritables problèmes de lecture, d'écriture, de compréhension du texte et

des mathématiques. Socialement, ils sont agréables, généralement joyeux, parfois

indisciplinés.

Mise en œuvre

Les quatre ateliers, chacun d’une durée d'une heure et demie, ont été remaniés

autant dans le contenu, dans la forme, que dans l’animation. Quelques activités ont

Se concerter dans l’action 102 Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention été plus longues ; celles d’objectivation ont été rapportées à une période d’enseignement.

Les activités concernant le climat de la classe et celles concernant la transition à la

puberté ont été supprimées.

Les jeux interactifs ont été prolongés, les explications demandaient plus de

temps et tous les élèves voulaient y participer ou se reprendre s’ils avaient échoué

précédemment. La compétition entre les garçons et les filles a été très stimulante.

Dans les circonstances, l’enseignant a conservé l’encadrement de la classe et,

tout en respectant le rôle de l’animateur, il a géré la prise des médicaments, le goûter,

les permissions pour aller à la toilette, les débordements d’enthousiasme, les

« picossements ». L’animateur a été bien accepté par le groupe. Les élèves ont regretté

son départ. Le rôle de la stagiaire a été plus discret, ainsi que celui de l’observateur.

Retour sur le contenu

Il n’y a pas eu, à proprement parler, d’évaluation systématique. D’abord parce

que les jeunes ne semblaient pas en conditions de répondre à un questionnaire par

manque de temps et de compétences. Ensuite parce que, à l’observation, il a été

difficile de détacher les rôles des adultes. Cependant, la participation et les

commentaires des élèves ont été riches et informatifs sur les jeunes de leur âge. Nous

présenterons des données de type ethnographique.

Suite au matériel recueilli pendant les activités des ateliers, nous sommes en

mesure de dire que le thème principal est celui de L’identité en transition. Lors de

l’activité brainstorming Être jeune c’est… phrase à compléter, les élèves sont d’accord

pour dire « qu’ils ne sont pas tout à fait des grands, mais pas non plus tout à fait des

petits ». Ils voient leur corps changer. Ils deviennent des grands, les filles commencent

à avoir des formes féminines, les garçons ont plus de muscles. En plus, leurs yeux

changent (le regard?), leurs cheveux changent, leur odeur change, et… ils auraient

envie de vider le frigo. Psychologiquement, les jeunes se sentent différents : les jeux ne

sont pas les mêmes. Ils ne veulent plus de poupées ou de jeux enfantins. Ils préfèrent

des sports d’équipe. Il y a également un changement au point de vue sexuel (sans dire

lequel).

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 103

En effet, les enfants prennent conscience d’une pudeur naissante et s’attendent

à ce que leurs parents respectent « leur besoin d’intimité ». Plus question d’entrer dans

la salle de bain pendant qu’ils sont sous la douche, plus question d’accepter la

sollicitude maternelle pour se faire laver le dos. Au fond de leur propre représentation

se profile vers l’adolescence leur identité en construction. Ils éprouvent le sentiment

d’être délicieusement troublé dans certaines circonstances, sans pouvoir en parler.

Peut-être parce qu’ils manquent de mots! Quelques-uns s’aventurent à poser des

bribes de questions sur le sens de la vie, mais personne ne va plus loin.

Pour le moment, ils se plaisent à se voir avec un œil favorable et ils sont

convaincus de ne pas être des monstres (est-ce là la conscience du regard des adultes?), ils

ont la sensibilité à fleur de peau, la fierté d’être… beaux dans le regard des autres.

Le jeu Faire tourner l’eau du pot a marqué leur imaginaire. Ils ont vu, de leurs

yeux vu, qu’il suffit d’un verre d’eau sale pour brouiller l’eau propre de la jarre. Ils

prendront le temps de nommer ceux qui dans la classe perturbent le climat, sans

détour, sans indulgence. Tout de suite après, ils entreprendront le jeu du casse-tête

pour parler du travail en équipe. Surprise! Le camarade pointé comme « trublion » sera le plus compétent pour aider l’équipe à s’en sortir. Conclusion : « il faut prendre le

temps de mieux connaître les autres et tenir compte des forces de tous pour résoudre

les problèmes ».

Ils parleront abondamment de l’école pour dire que tout compte fait c’est bien,

mais parfois c’est fatiguant : « nous sommes fatigués ». L’école c’est aussi le contrôle du

corps, des émotions. Quand ils veulent, ils sont capables de relever des défis. Pour le

jeu de La sentinelle, les garçons ont été formidables. La classe, divisée en deux

groupes, est restée au garde-à-vous sans bouger et sans rire pendant trois, quatre et

même cinq minutes, à l'exception d'une fille. À partir de cette expérience, ils seront

contents de faire une liste des conditions pour être une bonne sentinelle : « se

concentrer sur soi, développer ou faire appel à la force mentale, à la force de caractère.

Il faut vider sa tête ou centrer son attention sur autre chose, occuper son esprit, sa

pensée, s’abstenir de rire, contrôler ses mouvements et se mordre la langue », et de

réaliser qu’ensemble il est possible de relever des défis. Il semble que rester sans

bouger, c’est vraiment difficile.

Se concerter dans l’action 104 Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention

Le jeu d’intimidation a été significatif. Tous les garçons ont participé avec

l’espoir d’intimider en bonne et due forme le compagnon ou la compagne. Tous les

efforts ont été inutiles, l’intimidant partait à rire, changeait la direction de son coup de

poing à la dernière seconde, était incapable de crier des mots grossiers, des insultes ou

des invectives. Les phrases restaient dans sa gorge. Finalement, un des garçons a dit :

« je suis capable normalement, mais à l’école c’est pas pareil! » Mais oui, l’école c’est

aussi du social et le social c’est la conscience des limites. Les filles ont vraiment fait

des efforts pour sembler méchantes, mais elles finissaient par rire, d’autant plus que

les garçons ont décrété que : « une fille n’intimide pas un garçon ».

Les jeux et activités où il faut écrire sont plus difficiles. L’enseignant doit les

reprendre en classe pour les aider à compléter les questionnaires. Quelqu’un cherche

dans le dictionnaire la signification des mots difficiles. La liste de leurs qualités est

complétée avec peine et misère, mais elle est riche, voici pour les filles : « accueillantes,

actives, aimables, appliquées, créatives, efficaces, enthousiastes, généreuses ou

admirables ; et pour les garçons : attentifs, autonomes, brillants, calmes, chaleureux,

clairs, comiques, contents, énergiques, étonnants, experts, informels, intelligents,

…uniques ».

Les qualités des amis ne sont pas en reste. Ils ont ou souhaitent... des amis :

« qui partagent leurs goûts ou qui ont des goûts différents (mais complémentaires).

Quelqu’un qui est fiable, qui inspire la confiance, qui est gentil, sincère, qui tient ses

promesses. Qui est respectueux et compréhensif, qui n’a pas de mauvaises influences

(prendre de la drogue, vandaliser). Qui fait preuve de tolérance, qui est énergique, drôle,

pas trop timide, capable de converser. Intelligent et calme, qui ne prend pas les nerfs

pour un rien. Qui sait garder un secret. Un bon ami est quelqu’un de serviable, qui

nous aide quand nous en avons besoin, qui nous écoute (si on a des problèmes à partager)

et encore qui sait garder un secret ». S’arrêter longuement sur la réflexion est encore difficile, les jeunes bifurquent

facilement vers les anecdotes et la fiction à la télé. Ces exercices sont écourtés pour

laisser la place à d’autres plus interactifs.

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 105 Bilan des deux ateliers

Le temps des ateliers Qui je suis... qui je serai est une sorte de parenthèse dans

la routine quotidienne d’une classe. Dans le contexte de l’expérience avec les élèves de

la 6e année, il est devenu un événement spécial de par l’efficacité de la formule

utilisée. Ce fut d’abord une parenthèse parce que, selon les élèves, ce temps a permis

de « libérer son fou », en jouant à « faire semblant » alors qu’ils parlaient de véritables

sentiments, de peurs et d'attentes légitimes. Ensuite un événement, car certaines

activités de défis ont permis de se montrer à soi-même ce de quoi « on est capable ».

Finalement, pour l’enseignant, le fait de prendre une distance réflexive sur ses gestes

quotidiens et de regarder les jeunes montrer une nouvelle image d'eux-mêmes lors de

nouveaux jeux fut une occasion de voir la classe sous une perspective différente.

Pour les plus jeunes, ceux de la classe multiâge et contre toute attente, les

ateliers ont permis la transition d’enseignants. Le contenu des ateliers était nouveau,

les séances permettaient aux jeunes de s’exprimer et ils l’ont fait avec respect. La

forme était intéressante. Les jeux interactifs, les mises en situation et le retour sur

l’expérience motivaient la participation et les jeunes se sont découverts capables de

s’amuser et d’échanger sagement. Les ateliers ont pratiquement accompagné l’entrée

de l’enseignant remplaçant à l’école et dans la classe. Les activités ont été l’occasion de

s’apprivoiser mutuellement. Tout compte fait, le plus surpris et enthousiaste a été

l’enseignant.

Pour cette 6e, tellement difficile, la mémoire de la classe portera l’empreinte des

regards complices pour accomplir une tâche, de la confiance placée chez le partenaire,

enfin, de la complexité des relations, de l’inattendu inscrit au fil des jours qui, petit à

petit, conduit à la transformation constante de soi.

Tous ont appris que la modalité de la communication influence la réception du

message. Les missions de l’école sont louables et personne ne les conteste, cependant,

les contextes et circonstances infléchissent souvent les bons objectifs. L’enseignant,

maître dans sa classe, est le principal acteur de la réalisation des missions, il est celui

qui apprend aux élèves à penser, au-delà des préjugés et des jugements péremptoires.

Son encadrement va de pair avec la compétence, non pas uniquement de transmettre

un savoir, mais de comprendre les mille et une choses qui font qu’un enfant deviendra

une bonne personne. L’approche ici proposée s’inscrit comme un moyen pour prendre

Se concerter dans l’action 106 Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention le temps de réfléchir sous un éclairage nouveau provoqué par les activités, dans le

désordre créé par le passage vers un autre stade de développement, la puberté et…

l’école secondaire.

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 107

Conclusion

La dernière réforme de l’éducation a choisi trois missions pour l’école :

instruire, socialiser et qualifier. Au centre de cette réforme est situé le triangle formé

par l’élève, l’enseignant et les parents, dont les interactions, dans les deux sens,

influencent et sont influencées par l’équipe-école, la direction, l’administration de

l’école, les organismes représentant les parents, des bénévoles, des partenaires et

finalement, les dynamismes de la communauté. Au fil des évènements, ces forces

bougent tels des cercles concentriques qui se déplacent en se renforçant ou, au

contraire, en débilitant leur influence.

Le projet de recherche a fait partie de ces cercles. Peu à peu, les hypothèses

d’action ont été mises à l’épreuve, dans l’ici et maintenant des conditions et

contraintes de la réalité des écoles. Petit à petit, le modèle d’intervention en

concertation auprès des enfants à risque et en difficulté d’apprentissage ou de

comportement est devenu fonctionnel. Après avoir analysé des plans d’intervention et

observé leur cheminement, après avoir interrogé des parents et le personnel de l’école,

une des conclusions concerne la lourdeur de leur élaboration. En effet, il appert que

l’élaboration, l’actualisation, la réalisation et le suivi des plans d’intervention

demandent énormément de temps et d’énergie et grugent les ressources.

Conséquemment, le modèle propose une sélection rigoureuse de la population d’élèves

qui sera l’objet d’une telle attention.

Faire la sélection de telles situations exige des interventions en amont, de type

préventif, d’abord pour soutenir les apprentissages de ceux qui commencent à lire, à

écrire et à contrôler leurs corps, leurs émotions, leurs pensées; ensuite pour prévenir

l’intensification des difficultés engendrées par de tels écueils. Il faut également des

interventions globales centrées sur des groupes d’élèves qui manifestent certains

comportements dérangeants, en rapport avec leur âge et leur culture d’appartenance.

Par exemple, le non-respect du code de vie de l’école, l’indiscipline et la démotivation

gagnent à être abordés par le plan de réussite de l’école et, si possible, avec

l’organisation des parents participants (OPP). Les écoles mettent sur pied des projets

pour diminuer la violence et pour prévenir certains comportements ou coordonnent

ceux d’organismes externes tels que le CLSC ou Police Jeunesse.

Se concerter dans l’action 108 Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention

Tous ces projets donnent des résultats intéressants s’ils s’inscrivent dans la

continuité. Éduquer, enseigner et soigner demandent des compétences de toutes sortes

et la participation des adultes autres que les parents. Les enfants que nous avons

rencontrés aiment être entourés avec bienveillance et fermeté. Mis en situation, ils

sont capables de réfléchir sur des thèmes importants tels que les valeurs, l’éthique et

l’identité.

Par contre, les élèves avec des problèmes de comportement, particulièrement

ceux avec des troubles graves du comportement nécessitent une intervention concertée

des ressources, tout comme pour les élèves handicapés. Heureusement, ces cas ne sont

pas nombreux et si certains élèves éprouvant des troubles graves sont orientés vers les

écoles spécialisées de la commission scolaire, d’autres élèves réussissent à fonctionner

dans une classe ordinaire, après des rencontres de concertation. Concerto32 est un

dispositif qui remplit cette fonction.

Les problèmes d’apprentissage méritent une attention particulière. Au point de

départ, il faut considérer la tendance de la culture dominante à aborder les problèmes

d’apprentissage séparément de ceux de comportement. Tout se passe comme s’ils

organisaient des savoirs et des interventions distinctes, sans lien de continuité ni de

corrélation. Aussi l’intervention se centre-t-elle massivement sur les comportements,

éléments les plus manifestes en classe et dans la cour de récréation, qui déteignent sur

les relations enseignant – élève. Cette vision des choses introduit un biais dans

l’interprétation du problème avec deux conséquences. Premièrement, l’enfant et sa

famille sont désignés comme étant les porteurs du problème, surtout s’ils sont situés

en bas de l’échelle économique et sociale. Deuxièmement, on fait l’économie de

l’analyse du rôle de l’école et de la pédagogie, se privant ainsi des connaissances

systémiques sur l’environnement de l’élève en difficulté. Or, la recherche a permis de

constater une étroite relation entre les problèmes d’apprentissage et les difficultés ou

problèmes de comportement, dans l’ordre.

Les problèmes d’apprentissage nécessitent la participation des spécialistes,

certes, mais également l’encadrement pédagogique des enseignants par la formation

continue afin d’engager l’école dans une vision globale et multidimensionnelle des

difficultés des élèves.

32 Voir le rapport Les maux mots à l’école : Les rencontres Concerto.

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 109

L’école reste le lieu le plus important pour l’apprentissage et les enseignants en

sont l’élément principal, autant par leurs pratiques pédagogiques que relationnelles.

Les parents privilégient les relations positives avec leur enfant, mais surtout comme

un préalable pour motiver l’acquisition des connaissances et des compétences.

En réalité, l’école accueille une majorité d’enfants qui fonctionnent bien et qui

n’ont pas de problème. Le pourcentage des jeunes avec un plan d’intervention (qui

inclut un petit nombre d’élèves qui éprouvent des troubles graves du comportement) était de

24 % (la moyenne pour les trois écoles participantes) pour 2003-2004 et de 17 % pour

2004-2005. Le pourcentage national est de 12 %.

Les bonnes relations souhaitées par les parents sont partagées par l’école qui

apprécie un climat de travail agréable, convivial. Cependant, nous avons découvert

que la pédagogie compte beaucoup pour le climat de la classe et pour le sentiment de

sécurité dont tout enfant a besoin pour se développer. À l’instar de la réforme qui

invite à réfléchir sur des modalités actives d’enseignement, et de la commission

scolaire qui prône l’égalité de chance, un projet de pédagogie différenciée (Lopez

Arellano, 2005) a été expérimenté, en concertation avec un enseignant du premier cycle.

Ce projet a misé sur la construction du sens dans l’apprentissage, en accord avec la

théorie socio-constructiviste de L.S. Vygotsky, sans stigmatiser les élèves en difficulté.

Les résultats ont été très intéressants et ont inversé la relation postulant que les

mauvais comportements provoquent des difficultés d’apprentissage. En effet, les élèves

qui ont compris le sens de ce qu'ils apprenaient ont cessé l’indiscipline et les mauvais

comportements; ils se sont montrés motivés et fiers d’apprendre.

Ce projet a démontré qu’il est possible d’actualiser le principe de l’égalité de

chances auquel la Commission scolaire de la Capitale adhère, par des pédagogies

souples et adaptées, à l’hétérogénéité des élèves. Il ne faut pas oublier que les écoles

participant à la recherche-action sont classées au rang 8 et 9 dans l’échelle de 1 à 10

de défavorisation. Le quartier, bien qu’hétérogène, conserve des poches de pauvreté.

Le succès atteint, auprès des élèves et des enseignants, avec la pédagogie

différenciée a permis de mieux déceler les véritables situations d’enfants en difficulté

qui ont besoin des dispositifs de protection. La concertation avec le Centre jeunesse

atteint ici sens et pertinence, car bien que l’école soit un milieu de résilience, on ne

peut lui demander d’en assumer seule cette fonction.

Se concerter dans l’action 110 Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention

La recherche-action a rendu active la concertation à partir des projets collés à

la réalité et aux besoins des élèves. Propulsées par la formation sur l’approche

développée par B. Furman (2001), les écoles ont accepté des ateliers pour les élèves et

pour les parents. Ces projets sont encore au stade expérimental, cependant, tout le

monde a acheté leur philosophie : travailler sur les solutions33. Or, il y a un lien étroit

entre le contenu de ces ateliers, la socialisation des enfants et la notion de

compétences transversales pour les élèves. Encore une fois, l’élève est invité à devenir

le propre ouvrier de son développement. L’école, de son côté, tisse des réseaux pour

encourager la communication entre les matières à apprendre, entre l’école, la maison,

et les loisirs du quartier (Québec en forme peut en témoigner), entre l’identité et l’altérité

des enfants. La cour d’école en est le meilleur laboratoire. Avec les copains et les

autres élèves de la classe ou de l’école, l’enfant construit le sens du monde qui

l’entoure, met à l’épreuve les codes de bienséance, de collaboration et de classification.

Il innove et, en même temps, reproduit des éléments de la tradition par des jeux

transmis de génération en génération. Il apprend à vivre avec les autres, même s’ils

sont différents. Ensemble, ils s’inscriront finalement dans la communauté.

La population d’enfants est aussi hétérogène que les habitants d’un quartier ;

l’équipe-école ne l’est pas moins. Donc, il faut tenir compte de cette diversité, surtout

du point de vue culturel. Les enfants issus des milieux différents, par exemple ceux de

culture étrangère et de culture populaire, ont des pratiques qui ne correspondent pas

toujours aux attentes des enseignants. Dans les cas d’enfants appartenant à la culture

populaire, il est possible qu’un fossé les sépare de la culture de l’école organisée sous le

mode universitaire. Certains codes peuvent agir au détriment de l’enfant. Par

exemple, selon les statistiques socioéconomiques, le quartier est considéré défavorisé

et des perceptions négatives risquent de circuler facilement dans l’école, sans tenir

compte des dynamismes économiques et communautaires, ni de l'importance des

berges de la rivière Saint-Charles (autrefois Akiawenrahk) où Cartier planta la croix au

nom du roi de France. Ces éléments ne sont pas suffisamment mis à contribution pour

soutenir le sentiment d’appartenance.

En conclusion, le modèle proposé semble fonctionnel. Bien entendu, il faut des

conditions et une volonté soutenue pour continuer sur la même ligne et en faire un

dispositif de soutien aux apprentissages et à la socialisation.

33 Voir en annexe le dernier atelier sur la motivation scolaire présentement en expérimentation : À la

découverte de…

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 111

Là où les résultats semblent plus discrets c’est dans le lien école-parents. On

peut avancer quelques hypothèses pour expliquer cette situation. Il est probable que le

modèle de participation parentale privilégié par l’école y soit pour quelque chose.

L’école prône l’image d’un parent éducateur, en lien avec sa fonction, un parent actif

dans l’école, mais appartenant à une organisation scolaire. Or, il a été possible

d’observer d’autres modèles de participation. La situation de sursis qui traverse

actuellement les écoles a permis de constater l’émergence des liens entre les parents et

l’école, jusqu’à maintenant occultés.

La situation actuelle ne se réduit pas à l’attente de la décision de la fermeture

d’une ou deux écoles. Elle comprend également l’impact sur le tissu relationnel du

quartier, sur les équipes-écoles et, évidement, sur la consolidation de la démocratie

participative, indispensable à la construction de l’intérêt commun (des élèves, des

enseignants, des parents et des organismes communautaires ou publiques). Les parents sont

mobilisés par le sentiment d’appartenance et le désir de conserver ce qui fonctionne

bien. Personne ne connaît les conséquences réelles de cette mobilisation qui peuvent

devenir organisatrices ou démoralisantes. Présentement, les parents et les

enseignants semblent occupés et préoccupés par l’issue des décisions.

Dans ce contexte, les projets bâtis avec la complicité des écoles sont comme des

faisceaux symboliques. Ils indiquent une voie possible à l’éclosion d’une culture de

concertation, car ils visent la construction ou le renforcement des liens école –

famille – communauté autour de la réussite scolaire de tous. Ces liens se veulent

plurivalents, non pas uniquement utilitaires, favorisant la cohésion sociale et

l’expression positive du sentiment d’appartenance. L’enjeu n’est pas mince. Il s’agit,

après tout, d’enrichir les représentations collectives d’éléments issus de l’histoire, des

réussites économiques et artistiques des gens du quartier et des bons coups des

organismes du milieu. Ceci correspond mieux à l’image du quartier qui refuse d'être

réduite à une image stéréotypée de pauvreté et de déclin démographique. La recherche

n’avait pas la prétention de trouver une solution à cette situation. Cependant, la

problématique et la méthode nous ont permis de participer à la démarche de transition

inhérente à la transformation des écoles.

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 113

Bibliographie

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Se concerter dans l’action 114 Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention

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enfants et les adolescents ». Les problèmes externalisés. Québec : Presses de

l’Université du Québec, t. 2.

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 115

Annexe

Annexes

A – Formulaires de consentement B – Présentation de la démarche au comité d'établissement des écoles

participantes C – Formulaires proposés aux écoles, en lien avec le plan

d'intervention D – Projets proposés au comité aviseur E – Grille d'observation et transcription des ateliers Qui je suis… qui je

serai F – Projets G – Autres

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 117

Annexe A

Québec, le 26 février 2003

Monsieur André Boucher Secrétaire général Commission scolaire de la Capitale 1900, Place Côté Québec (Québec) G1N 3Y5 Objet : Accès au dossier scolaire de l’élève Monsieur,

Dans le cadre de la recherche J’instruis, tu prends le virage milieu, nous

qualifions… Des efforts conjugués pour développer un partenariat école – parents – intervenants – communauté, subventionnée par le Fonds québécois de la recherche sur la société et la culture, nous devons consulter le dossier de l’élève, incluant son histoire scolaire et l’aide particulière dont il a été l’objet. Ces données nous permettront de tracer la trajectoire scolaire du jeune, de déterminer les moyens pour lui venir en aide et de compiler les caractéristiques de cette clientèle. Aussi, nous vous demandons la permission d’y avoir accès, non sans vous rassurer sur les moyens à prendre pour garder la confidentialité et protéger la vie privée de ces jeunes et de leur famille :

– Les dossiers seront consultés sur place, ils ne quitteront pas l’école. – Toute information personnelle sera dénominalisée et codée avant la

manipulation. – Seulement les chercheurs y auront accès. Ces chercheurs répondent

aux normes éthiques de leur profession. Nous vous demandons l’accès aux dossiers pour les années 2003–2004 et

2004–2005. Le groupe d’élèves identifiés fréquentent les écoles Saint-Fidèle, Stadaconna et Saint-François-d’Assise.

Nous vous remercions de votre attention et vous assurons de notre disponibilité

pour toute information complémentaire.

Teresa Sheriff, Ph. D., Anthropologue – Chercheure TS/cc pour le groupe de recherche

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 119

Annexe A

Formulaire de consentement

à l’intention des parents participant à une rencontre pour faire un plan individuel

Recherche dont le but est d’améliorer la concertation avec l’école afin d’offrir un meilleur service à votre enfant

Je consens à la présence de Mme Teresa Sheriff en tant qu'observatrice de la

rencontre, aux conditions suivantes : – Mon consentement est volontaire.

– L'observation concerne la présente rencontre.

– Cette consultation ne comporte aucun risque ni pour moi ni pour mon enfant.

– La chercheure respectera l’anonymat.

– Je peux obtenir, si je le souhaite, une copie du rapport d'observation.

– Je peux avoir recours à la Commissaire à la qualité des services au Centre jeunesse de Québec – Institut universitaire pour toute plainte concernant le déroulement de la recherche (tél. : 661-6951).

Signature Date

Teresa Sheriff Responsable de la recherche Tél. : 661-6951, poste 1432

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 121

Annexe A

Québec, le 26 janvier 2004

Objet : Collaboration à une recherche

Projet de recherche : J’instruis, tu prends le virage milieu, nous qualifions… des efforts conjugués pour développer un partenariat école – parents – intervenants – communauté

Recherche financée par les Fonds québécois de la recherche sur la société et la culture

Madame, Monsieur, Nous sommes intéressés à développer des moyens pour faciliter le succès de votre enfant à l’école. Comme

vous le savez, l’école a fait pour lui un plan individuel et nous aimerions vous rencontrer afin de connaître votre opinion sur le sujet.

Nous aimerions solliciter votre participation à une entrevue d'une durée d'environ 1 h 30; celle-ci pourrait avoir

lieu à l'école ou chez vous, à l'heure de votre choix. , communiquera avec vous pour fixer un rendez-vous. Bien entendu, votre participation est complètement volontaire. Si vous avez des empêchements d'ordre matériel, faites-nous le savoir et nous vous proposerons des solutions.

Les chercheurs s'engagent à respecter la confidentialité des données concernant votre enfant et vous-même.

Vos noms ou indications sur votre famille n’apparaîtront nulle part. Comptant sur votre collaboration, nous vous prions d'agréer, Madame, Monsieur, l'expression de nos meilleurs

sentiments.

Directrice

/cc

Détacher et retourner à l'école.

PROJET DE RECHERCHE

Cochez la case correspondante :

J'accepte de participer à la recherche et d'accorder une entrevue oui non

Signature Date

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 123

Annexe A

Formulaire de consentement

à l’intention des parents participant à une entrevue

Projet de recherche : J’instruis, tu prends le virage milieu, nous qualifions… des efforts conjugués pour développer un partenariat école – parents – intervenants – communauté

Recherche financée par les Fonds québécois de la recherche sur la société et la culture

Le but de la recherche est d’améliorer la concertation des partenaires avec l’école afin d’offrir un meilleur service à votre enfant.

Je consens à l'entrevue réalisée par Mme Teresa Sheriff en qualité de chercheure,

uniquement pour les fins de la recherche ci-haut nommée, aux conditions suivantes :

– Mon consentement est totalement volontaire.

– J'accepte que l'entrevue soit enregistrée.

– Je peux arrêter l'entrevue ou l'enregistrement au moment voulu.

– Cette entrevue ne comporte aucun risque ni pour moi ni pour mon enfant.

– La chercheure respectera l’anonymat et rien ne permettra d’identifier mon enfant. Si mon enfant est suivi au Centre jeunesse, la chercheure ne fournira aucune information à l’intervenant responsable de son dossier.

– Je peux obtenir, si je le souhaite, une copie de l'entrevue.

– Je peux avoir recours à la Commissaire à la qualité des services au Centre jeunesse de Québec pour toute plainte concernant le déroulement de la recherche (tél. : 661-6951).

Signature Date

Teresa Sheriff Responsable de la recherche Tél. : 661 6951, poste 1432

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 125

Annexe A

Formulaire de consentement No 3

à l’intention des parents participant à une rencontre – synthèse d’un plan individuel scolaire, pour l’observation de la rencontre

Projet de recherche : J’instruis, tu prends le virage milieu, nous qualifions… des efforts conjugués pour

développer un partenariat école – parents – intervenants – communauté

Recherche financée par les Fonds québécois de la recherche sur la société et la culture

Le but de la recherche est d’améliorer la concertation des partenaires avec l’école afin d’offrir un meilleur service à votre enfant.

Je consens à la présence de Mme Teresa Sheriff en qualité d’observatrice de la

rencontre, uniquement pour les fins de la recherche ci-haut nommée, aux conditions suivantes :

– Mon consentement est totalement volontaire.

– L’observation concerne la présente rencontre.

– Cette observation ne comporte aucun risque ni pour moi ni pour mon enfant.

– La chercheure respectera l’anonymat et rien ne permettra d’identifier mon enfant. Si mon enfant est suivi au Centre jeunesse, la chercheure ne fournira aucune information à l’intervenant responsable de son dossier.

– Je peux obtenir, si je le souhaite, une copie du rapport d’observation.

– Je peux avoir recours à la Commissaire à la qualité des services au Centre jeunesse de Québec pour toute plainte concernant le déroulement de la recherche (tél. : 661-6951).

Signature Date

Teresa Sheriff Responsable de la recherche Tél. : 661 6951, poste 1432

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 127

Annexe B

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 129

Annexe C

Bonjour,

Il nous fait plaisir de vous proposer un ensemble de formulaires pour convoquer,

organiser et suivre un plan d'intervention.

Voici la liste de ces formulaires :

– Formulaire pour la préparation de mon plan d'intervention

– Invitation (parents)

– Résumé du comportement observé

– Raison et résultats positifs de mes interventions

– Échelle de Drummond

– Plan d'intervention

– Données sur le suivi du P.I.

– Résumé de la rencontre Concerto

Des efforts conjugués pour développer un partenariat école – parents – intervenants – communauté

Recherche subventionnée par le FQRSC, en partenariat avec le MEQ

J’instruis, tu prends le virage milieu, nous qualifions…

129

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 131

Annexe C

Se concerter dans l’action 132 Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention

Annexe C

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 133

Annexe C

Présentation du ppllaann dd''iinntteerrvveennttiioonn

aux parents par la direction

lors de l'invitation – Qu'est-ce qu'un plan d'intervention? – Pourquoi? – Pour qui? – Rôle attendu du parent. – Assurance de la confidentialité. – Possibilité d'être accompagné. – Importance de leur expérience et autorité. – Informer que l'élève a aussi une feuille à compléter avant la rencontre, et ce,

dépendamment de son âge. Note : Voir le document Le plan d'intervention, guide à l'intention des parents, de la

Commission scolaire de la Capitale.

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 135

Annexe C

Se concerter dans l’action 136 Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention

Annexe C

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 137

Annexe C

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 139

Annexe C

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 141

Annexe C

École :

PLAN D'INTERVENTION INDIVIDUALISÉ DONNÉES DE L'ÉLÈVE NOM : PRÉNOM : Date de naissance : No de matricule : Degré : Enseignant : Code EHDAA :

DONNÉES SUR LA SITUATION DE L'ÉLÈVE Forces Points à améliorer Besoins

MESURES EXPÉRIMENTÉES ET RÉSULTATS

LES OBJECTIFS MOYENS RESPONSABLE DES ACTIONS

Exemple A

Se concerter dans l’action 142 Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention

Annexe C

COMMENTAIRES SUR LA PARTICIPATION DE L'ÉLÈVE PERSONNES PRÉSENTES

Nom Fonction Commentaires

PERSONNE (directeur, enseignant, spécialiste, t.e.s.) ASSURANT LE LIEN AVEC LES PARENTS

Personne assurance le lien DATE DE LA RÉVISION DU PLAN

Date de la révision SUIVI ET RECOMMANDATIONS Recommandations

Stratégies privilégiées pour encourager la participation de l'élève à son plan

SIGNATURES

Direction Parent Enseignant Date

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 143

Annexe C

École :

PLAN D'INTERVENTION INDIVIDUALISÉ DONNÉES DE L'ÉLÈVE NOM : PRÉNOM : Date de naissance : No de matricule : Degré : Enseignant : Code EHDAA :

SITUATION ACTUELLE DE L'ÉLÈVE Selon les parents ou responsables Selon l'enseignant(e) Selon l'éducateur(trice) Selon l'élève Selon autres professionnels ou personnes significatives

LES FORCES • HABILETÉS • QUALITÉS DE L'ÈLÈVE (1) PÉDAGOGIQUES (2) DISCIPLINE • SAVOIR-VIVRE, ETC. (3) COMPORTEMENT (4) AUTRE

BILAN DES MESURES PRISES (1) PÉDAGOGIQUES (2) DISCIPLINE • SAVOIR-VIVRE, ETC. (3) COMPORTEMENT (4) AUTRE

BESOINS

Exemple B

Se concerter dans l’action 144 Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention

Annexe C

OBJECTIFS D'INTERVENTION (1) PÉDAGOGIQUES (2) DISCIPLINE • SAVOIR-VIVRE, ETC. (3) COMPORTEMENT (4) AUTRE

OBJECTIFS PRIORITAIRES À COURT TERME ET RÉALISATION

Objectifs Moyens • Stratégies Qui fait quoi

COMMENTAIRES DE L'ÉLÈVE

DATES PRÉVUES POUR L'ÉVALUATION DES RÉSULTATS (1) PÉDAGOGIQUES (2) DISCIPLINE • SAVOIR-VIVRE, ETC. (3) COMPORTEMENT (4) AUTRE

POINTS D'INFORMATION AUX PARENTS PAR L'ENSEIGNANT(E) OU LE OU LA DIRECTEUR(TRICE)

COMMENTAIRES DES PARENTS

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 145

Annexe C

OBJECTIFS (BUTS) À MOYEN TERME (1) PÉDAGOGIQUES (2) DISCIPLINE • SAVOIR-VIVRE, ETC. (3) COMPORTEMENT (4) AUTRE

Objectifs Moyens • Stratégies Qui fait quoi

SUIVI ET RÉVISION DES OBJECTIFS À COURT OU À MOYEN TERME Responsable du suivi des objectifs (une fiche de suivi peut être annexée selon l'intensité des interventions) Ressources communautaires participantes Lien entre les résultats et la préparation de la conférence-synthèse (portrait scolaire, développement langagier, physique, social et moral, affectif)

PERSONNES PRÉSENTES À LA RENCONTRE

Nom Fonction Commentaires

SIGNATURES Direction Parent Enseignant Date

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 147

Annexe C

Demande de Concerto Réflexion clinique sur un cas

École : Directeur(trice) :

DONNÉES DE L'ÉLÈVE NOM : PRÉNOM : Date de naissance : No de matricule : Degré : Enseignant :

LA SITUATION DE L'ENFANT (faits, observations, opinions)

Comportement (en classe, dans la cour de l'école, entre la maison et l'école) Socialité avec les pairs Santé Fonctions familiales (présence des parents) Enfant heureux, triste, etc.

ÉLÉMENTS DE LA SITUATION LES PLUS DÉRANGEANTS (durée, lien avec des événements récents)

STRICTEMENT CONFIDENTIEL

Se concerter dans l’action 148 Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention

Annexe C

RÉSUMÉ DES RÉSULTATS DES OBJECTIFS À COURT TERME ET/OU MOYEN TERME DU OU DES PLANS D'INTERVENTION

(1) PÉDAGOGIQUES (2) DISCIPLINE • SAVOIR-VIVRE, ETC. (3) COMPORTEMENT (4) AUTRE

Les parents sont-ils informés de la tenue de la rencontre? Quelle est leur opinion?

ATTENTES DE LA RENCONTRE CONCERTO

NOM, FONCTION ET ÉTABLISSEMENT DES PARTENAIRES INVITÉS À LA RENCONTRE

Inv.* Nom Fonction Établissement Observations

* oui ou non

SIGNATURES

Direction Enseignant Date

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 149

Annexe C

Résumé de la rencontre Concerto

École : Directeur(trice) :

DONNÉES DE L'ÉLÈVE NOM : PRÉNOM : Date de naissance : No de matricule : Degré : Enseignant :

DATE DE LA RENCONTRE : DURÉE : de à

PERSONNES PRÉSENTES

Nom Fonction Établissement Commentaires

ÉVÉNEMENTS AYANT MOTIVÉ LA RENCONTRE (résumé de l'essentiel, référer à des documents existants)

SITUATION FAMILIALE (uniquement éléments pertinents)

AVIS OU OPINIONS DIAGNOSTIQUES (selon les professionnels)

INTERVENTIONS SUGGÉRÉES (selon le champ d'intervention des participants)

En classe Dans la cour d'école Avec les professeurs spécialistes

STRICTEMENT CONFIDENTIEL

Se concerter dans l’action 150 Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention

Annexe C

Loisirs Aide aux devoirs Auprès de la famille Santé Autres

INFORMATION AUX PARENTS

CONCERTATION

Nom de l'intervenant Établissement Échéancier

SUIVI

Suivi assuré par

RÉSULTATS

Date du bilan

SIGNATURES

Direction

Enseignant Date

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 151

Annexe C

Suivi des activités

AUX QUATRE OU SIX SEMAINES34 Le suivi de l’application du plan d’intervention est sous la responsabilité de la direction qui voit à ce que

chaque personne responsable des activités reliées aux objectifs du P.I. l’informe de l’état de la démarche. L’élève, l’enseignant, les professionnels participants et les parents de l’élève auront une copie du plan et seront informés des constats des progrès observés chez l’élève.

La direction verra avec chaque responsable à la réalisation des activités, en accord avec les objectifs

sélectionnés dans le P.I. et au temps opportun alloué pour la mise en place de l’activité, ainsi que de son impact chez l’élève. En réalité, le suivi consiste à se tenir informé de la participation réelle et effective des personnes responsables des activités et, éventuellement, à apporter les correctifs nécessaires, car un P.I. est un instrument de travail au service de la réussite de l’élève.

Ici, sera considérée la participation de l’enseignant, de l’éducateur, de l’élève, des parents, des

spécialistes et de la direction elle-même. Cependant, de façon générale, la direction verra comment les personnes sont passées des intentions aux actions.

Par exemple35 : – Comment ont-elles aidé à… – Ce qu’elles ont fait pour faciliter… – Comment ont-elle appuyé ou favorisé tel ou tel comportement. Le changement chez l’élève arrive GRADUELLEMENT. Pour le constater, il faut observer l’effet des

stratégies aidantes et la façon dont elles se complètent à l’école et à la maison. L’élève est la même personne dans les deux milieux.

Le suivi des activités du P.I. consiste à s’informer de ce qui se fait, de comment cela se fait et qui le fait,

selon un objectif particulier du plan. Bien entendu, le moment de la réalisation des activités est important, il y a des activités préalables et d’autres subséquentes. En plus, tout cela se passe dans un contexte relationnel et selon les caractéristiques de l’élève. Finalement, c’est le moment de poser des questions sur la disponibilité des ressources. Beaucoup d’objectifs restent… en plan par manque de ressources.

La participation de l’enseignant

La mise en application concerne uniquement les objectifs visant à répondre à des besoins prioritaires

consignés dans le P.I. et non pas à l’apprentissage global de l’élève. La direction tiendra compte de certains

34 G. Goupil suggère un suivi au moins aux six semaines. Plans d’intervention, de services et de transition. Montréal : Gaétan Morin

Éditeur, 2004, p. 91. 35 Ces exemples tiennent compte des objectifs observés dans les P.I.

Se concerter dans l’action 152 Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention

Annexe C

obstacles tels que le nombre d’élèves avec un P.I. dans la classe, la formation, le manque de temps de l’enseignant, etc.

Sur le plan pédagogique : comment l’enseignant utilise-t-il les objectifs du P.I. pour planifier son

enseignement quotidien, évaluer l’élève et faire le suivi en classe? Faut-il de la supervision? Quels sont les progrès, les points forts et les points faibles observés chez l’élève?

Sur le comportement en classe et avec les pairs : comment les changements apportés ont-ils modifiés

les habiletés sociales de l’élève? Quels sont les résultats atteints jusqu’à maintenant et quel est l’impact sur les parents?

La participation de l’élève à son propre plan Il faut faire un retour sur les moyens proposés à l’élève pour suivre lui-même la progression des acquis

ou d’habiletés. Par exemple : a-t-on aidé l'élève à fabriquer un portfolio, lui a-t-on proposé une feuille de route, des photographies à prendre ou à enregistrer ses progrès sur des bandes audio? Comment ces moyens l'ont-ils aidé à devenir responsable et fier de l’être?

Comment celui-ci se positionne-t-il face aux activités proposées et réalisées? Est-il motivé (sur une

échelle de 1 à 4)? Y-a-t-il quelqu’un pour l’encourager, lui donner du soutien, l’accompagner? Qui?

La participation des parents Est-ce que les parents ont été informés des résultats, des progrès ou des écueils de la démarche?

Quelle a été leur réaction? Y a-t-il continuité des consignes entre l’école et la maison? Les activités à la maison ou dans le parascolaire ne sont pas sous le contrôle de l’école, aussi la

collaboration des parents est-elle nécessaire. Est-ce que le suivi des activités du P.I. a encouragé la participation des parents dans la réalisation des

buts et objectifs du P.I.? La participation du personnel non enseignant

Les questions à se poser sont en lien direct avec les activités et objectifs qui sont sous leur

responsabilité. Il importe également de connaître leur opinion sur l’effet de ces activités selon les champs d’intervention, de leur rappeler qu’ils doivent informer les parents de ce qu’ils font, des progrès ou des difficultés de l’enfant et éventuellement des changements qui s’imposent. La direction voit à la coordination des activités lorsque plusieurs personnes interviennent auprès d’un élève.

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 153

Annexe C

La responsabilité de la direction

La fonction de la direction est de coordonner l’activité des intervenants. Plus ceux-ci sont nombreux, plus le plan d’intervention est un outil intéressant, car il aide à passer des intentions à l’action concrète, avec souplesse, tenant compte des conditions de travail, des ressources, de l’évolution de la situation. En plus de la coordination, la direction conserve la gestion des activités et ressources, la communication avec les parents et le bilan ou évaluation.

Des questions telles que : – Sommes-nous dans le changement ou en voie d’atteindre les résultats souhaités? – Comment motiver, soutenir et encourager (ou superviser) la participation active de toutes les

personnes responsables du P.I.? – Qu’est-ce qu’on observe dans la situation de l’élève lorsqu’on fait telle ou telle autre activité? – Où en sommes-nous concernant la position de l’élève et sa participation dans son plan de

réussite ou d’amélioration d’habiletés? – Où en sommes-nous concernant la participation ou la collaboration des parents? Quelles

sont nos relations? – Est-ce que la concertation est effective? Ou, faut-il prévoir des conditions complémentaires? Toutes ces questions demandent de tenir compte du temps alloué à l’activité et du calendrier scolaire

pour décider de la continuité du plan ou de sa modification. Après tout, le plan n’est qu’un outil de travail. Le bilan est fait à la première personne pour chacun des responsables des actions, mais la direction voit à la complémentarité des activités, tenant compte des relations entre elles.

On peut prévoir graphiquement l’enchaînement des activités et leur déroulement dans le temps, on peut

alors travailler avec un système PERT, surtout si on connaît la date butoir du bilan du P.I. La date fixée pour la conférence-synthèse peut déterminer l’échéancier des activités.

Les questions ci-haut suggérées et probablement celles propres à chaque école peuvent se résumer

dans un tableau. Voir le tableau sur le suivi du P.I.

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 155

Annexe C

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 157

Annexe D

ORDRE DU JOUR

COMITÉ AVISEUR Recherche :

J’instruis, tu prends le virage milieu, nous qualifions… des efforts conjugués pour développer un partenariat école – parents – intervenants – communauté

DATE : Le mardi 22 juin 2004 HEURE : 13 h LIEU : École Saint-Fidèle

1. Accueil

– Présentation de l'ordre du jour;

– Autres sujets.

2. Informations sur les activités du deuxième semestre – L'atelier au colloque du CTREQ (voir le texte « en file » en annexe);

– Continuité de l'expérience de José Lopez Arellano;

– Les entrevues avec les parents et les rapports d'analyse : Teresa Sheriff;

– La participation de Richard Carrier aux rencontres Concerto;

– Les observations de Chloé Daigneault-Clermont.

3. Proposition d'un projet pour la prochaine année scolaire

– Volet 1 : Teresa Sheriff;

– Volet 2 : José Lopez Arellano;

– Volet 3 : T. Sheriff;

– Discussion.

4. Activités pendant l'été.

5. Questions diverses. Teresa Sheriff Responsable de la recherche

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 159

Annexe D

Projet d’expérimentation proposé au comité aviseur

22 juin 2004 Le but de la recherche-action étant de proposer un dispositif de soutien aux

enseignantes et enseignants, aux parents et à la direction pour favoriser la réussite éducative des élèves à risque, nous présentons un projet d’expérimentation pour l’année scolaire 2004-2005 comportant plusieurs volets :

Le volet Activités à intégrer au plan de réussite de l’école;

Le volet Soutien à la réussite des enfants à risque et systématisation des plans d’intervention :

Intervention préventive dans la classe auprès des élèves à risque; Systématisation des plans d’intervention : formation et accompagnement;

Le volet Parents;

Le volet Élève;

Le volet Partenaires.

Le volet Activités à intégrer au plan de réussite de l’école Ce premier volet comprend un ensemble d’activités s’adressant à la population de l’école,

aux parents et aux personnes en lien avec l’école. Ces activités constituent une base sur laquelle pourront s’appuyer d’autres activités spécifiques s’adressant aux élèves à risque, aussi serait-il souhaitable qu'elles fassent partie du plan de réussite de chaque école.

Sous-projet Connaissance du Vieux-Limoilou

Connaître son quartier, comprendre son histoire, se laisser séduire par ses ruelles, apprécier

la singularité de ses paroissiens, de son architecture et de ses ressources sont autant de moyens pour s’intégrer positivement. Nous pensons qu’un ensemble d’activités conviviales favoriseront également le contact entre le personnel enseignant et les nouveaux parents qui viennent de confier leurs enfants à l’école. Ces activités seront offertes à tous les enseignants des trois écoles du Vieux-Limoilou, particulièrement aux nouveaux enseignants et aux parents des nouveaux élèves.

Des efforts conjugués pour développer un partenariat école – parents – intervenants – communauté

Recherche subventionnée par le FQRSC, en partenariat avec le MEQ

J’instruis, tu prends le virage milieu, nous qualifions… 159

Se concerter dans l’action 160 Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention

Les activités suggérées sont : La présentation du quartier par MM. Laverdière et Legaré du CLSC Basse-Ville; La mise en contact d’une troupe de théâtre d’historiens, afin de développer des activités

pour initier les nouveaux arrivants, enseignants et parents, aux particularités du quartier. Il existe une troupe d’animation Les six associés qui organise des activités historiques sous le mode théâtral. Leur adresse électronique est : www.sixassocies.com et leur numéro de téléphone le (418) 692-3003.

Sous-projet L’école, un milieu sécuritaire et respectueux

Prévoir des activités préventives, d’information, d’établissement de règles de vie

citoyennes et de légitimité de l’autorité. Chaque école développe déjà des activités de prévention à la violence, il s’agit simplement de mieux concerter l’intervention des éducateurs spécialisés en classe ou la visite de police-jeunesse. En plus, la direction pourrait procéder à l'élaboration des plans d'intervention collectifs par cycle, en tenant compte de l’âge des enfants, pour diminuer les problèmes de discipline, d’intimidation, taxage, harcèlement et autres formes de violence, tout en valorisant les comportements de solidarité, la protection des plus petits, le respect mutuel.

Ces activités concertées, préventives et d’intervention ciblée permettront de diminuer le

nombre de plans d’intervention individuels concernant la discipline, les manifestations de différentes formes de violence et autres problèmes de comportement. Ce sous-projet demande la consultation et l’adhésion des parents. Sous-projet Rapprochement et reconnaissance des ressources de la communauté

Limoilou est un quartier qui possède un nombre surprenant d’organismes communautaires,

de groupes d’entraide, de centres de loisirs et d’autres ressources. Nous pensons qu’un certain nombre d’activités pilotées par l’école devront s’adresser aux ressources qui offrent un réel soutien aux enfants, afin de connaître les responsables et les bénévoles in visu, d’établir des liens directs et forger ainsi un résautage solide en vue du partenariat pour la réussite éducative des enfants du quartier. Il faudrait que les rapports avec les ressources ne soient pas uniquement utilitaires, mais que la communauté se sente concernée par l’éducation des enfants.

Nous songeons à l'organisation de kiosques présentés par les différentes ressources afin de

les faire connaître aux parents, à l'invitation des responsables des organismes à la plénière du début d’année, à l’organisation d’un colloque sur les conditions du partenariat pour favoriser la transition vers la fermeture d’une école ou la transformation de celles existantes. Ces activités seront sous le leadership de la direction, des parents du conseil d’établissement et du comité des parents (OPP).

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 161

Annexe D

Le volet Soutien à la réussite des enfants à risque et systématisation des plans d’intervention

Ce volet comprend deux sous-projets : un premier, de type préventif, auprès des enfants à

risque et un second concernant la systématisation des plans d’intervention.

Sous-projet Intervention préventive dans la classe auprès des élèves à risque La différenciation d'une activité d'apprentissage permet de contrer l'évolution des

difficultés d'apprentissage et la réduction des effets de certains troubles chez l'élève et dans la classe. Ce sous-projet, expérimenté auprès des élèves d'une classe de 2e année, vise à favoriser l'acquisition des connaissances raffinées par la mise en œuvre des activités d'apprentissage différenciées. Nous avons observé que ces activités ont une incidence positive sur la motivation et les habiletés cognitives des élèves, tout en facilitant les relations avec les parents.

L'expérience consiste à moduler les interactions en classe, à agir sur la dynamique du

réseau de l'élève chez des élèves à risque, et à augmenter sa persévérance sur la tâche, avec l'appui des stratégies d'apprentissage efficaces, la mobilisation des ressources et l'acquisition d'une méthode de travail. De façon concomitante, les élèves qui ne sont pas à risque sont en mesure d'exploiter au maximum leurs propres capacités.

L'offre d'intervention préventive par l'approche pédagogique différenciée s'adresse aux

enseignants qui souhaitent réaliser la même expérience, à partir de septembre 2004. Peu à peu, le projet s'enrichira de l'expérience de la formation par les pairs, l'accompagnement sur le terrain et la participation d'experts externes. Si l'expérience permet des comparaisons par cycle ou contexte, nous classifierons l'efficacité de certaines stratégies selon des gradients de difficulté, et ce, afin de procéder à un transfert de ces nouvelles connaissances.

Sous-projet Systématisation des plans d’intervention : formation et accompagnement

Les plans d'intervention sont des instruments qui facilitent la concertation entre

intervenants scolaires. Grâce aux échanges et à la réflexion autour des besoins de l'élève et des moyens pour lui venir en aide, on est en mesure de spécifier les engagements des différents intervenants qui travaillent auprès des élèves ayant des besoins spéciaux. Le nouveau cadre de référence pour guider l'intervention auprès des élèves ayant des difficultés d'apprentissage à l'école offre un nouvel éclairage sur l'aide à offrir aux enfants aux prises avec des difficultés d'apprentissage ou de comportement et propose une façon d'aborder cette problématique qui s'éloigne de la conception traditionnelle axée sur des catégories de difficultés.

Cette façon de penser l'interversion auprès des élèves en difficulté, dorénavant centrée sur

les besoins des élèves et délaissant l'approche catégorielle, oblige à penser la réalisation des plans d'intervention sous une nouvelle optique. Le nouveau cadre de référence propose quatre

Se concerter dans l’action 162 Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention

orientations pour guider les interventions : viser la réussite, agir de façon préventive, avoir une vision systémique de la situation de l'élève et prendre en compte les différences entre élèves. L'analyse et les observations réalisées dans les écoles du Vieux-Limoilou nous ont convaincus qu'il était opportun de penser à une formule de formation-accompagnement qui puisse habiliter les enseignants et les intervenants scolaires et faciliter la mise en œuvre de cette nouvelle approche de l'intervention auprès des élèves en difficulté, élèves qui constituent l'objet des plans d'intervention.

Le sous-projet de formation-accompagnement des enseignants qui, de façon volontaire,

seront invités à participer, tient compte de l'expérience réalisée par Mme Nadia Desbiens auprès des enseignants de dix écoles de Montréal. Leur modèle de formation consistait à offrir un certain nombre de séances de formation d'une durée d'une demi-journée chacune, pendant lesquelles il était question d'un retour sur leur travail, de l'analyse des situations, la mise en place des objectifs, de l'évaluation, etc. Le travail était réalisé en petits groupes et les accompagnateurs pouvaient agir soit en tant qu'experts soit en tant que moniteurs pour faciliter les échanges.

Nous avons pensé que cette formule d'accompagnement pouvait être enrichie et qu'il était

souhaitable que les activités réalisées par les participants soient reconnues. Nous avons pris des informations sur les programmes de formation dans le but d'explorer la possibilité que les personnes qui participent à ce projet puissent se faire reconnaître un certain nombre de crédits. Mme Nadia Desbiens est le lien principal avec l'université.

Ce projet étant en chantier, nous ressentons la nécessité d'en discuter avec les membres du

comité aviseur afin de bénéficier de leur expérience. Voici les étapes explicites et le schéma 1 qui les représente.

Contenu et accompagnement proposés pour chacune des étapes du processus d'élaboration et d'actualisation d'un PI

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 163

Annexe D

Étape I – Observation et formalisation des besoins particuliers

Les membres de l’équipe de recherche offrent leur disponibilité pour des échanges avec l’enseignant sur l’observation de la classe, observation qui aura lieu pendant les premiers jours de la nouvelle année scolaire. Un enseignant peut souhaiter discuter de la prise de conscience des élèves qui montrent un comportement singulier et de sa méthode de trier ceux ayant des besoins particuliers. L’enseignant prend connaissance de la façon dont les élèves interagissent, décèle les

I Observation de

la classe

SCHÉMA 1 Étapes du processus d'élaboration et d'actualisation d'un PI

Activités préventives

Compléter informations

Formalisation

II Plan d'intervention

PI(1)

III Actualisation du

PI(1)

IV Révision et

évaluation du PI(1)

VIII Rencontre synthèse

VI Actualisation

PI(2)

VIII Évaluation et

rencontre synthèse

V Modifier PI(1)

ou PI(2)

VIII Intervention en

partenariat

VII Concerto

Septembre

Décembre •

Janvier

Mai •

Juin

IX Évaluation et

rencontre synthèse

Se concerter dans l’action 164 Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention

rôles attribués à certains d’entre eux et, si possible, fait passer un sociogramme. Il peut aussi s’arrêter sur les critères utilisés pour distribuer les catégories de comportement, les besoins et les rôles aux enfants, tenant compte du métier d’élève (selon les caractéristiques de l’élève idéal ou virtuel) attendu par l’école.

Si l’enseignant souhaite aller plus loin dans le tri des élèves, il peut demander un

accompagnement formel. Dans ce cas, l’équipe d’accompagnement a pour fonction de l’aider à : Objectiver le résultat de ses observations; Analyser les besoins particuliers des élèves qui attirent l’attention; Baliser sa subjectivité affective (le domaine des émotions et sentiments présents

dans la relation); Discuter des moyens pour la gestion de sa classe; Tout cela, selon les attentes clairement exprimées par l’enseignant.

Dans une phase subséquente, l’enseignant peut décider d’approfondir son observation afin

de mieux cibler les élèves à besoins particuliers. Il procédera alors à la collecte des données complémentaires avec un certain nombre d’instruments :

Le journal de bord; Une grille d’observation comparée des comportements en classe pendant une

tâche et à des moments différents; Une grille d’observation du comportement en dehors de la classe; Un guide d’échange avec les professionnels et le service de garderie; Un guide pour l’entretien avec les parents.

L’équipe offrira son appui pour traiter ces données et formaliser l’information. Les

données pertinentes et nécessaires serviront à décrire la situation d’un élève et à produire un rapport écrit pour la rencontre du PI. Ce premier document servira de base à la rencontre et sera conservé dans le dossier personnel de l’élève. Aussi, l’enseignant pourra comparer des observations subséquentes et les changements chez l’élève. Étape II – La rencontre pour élaborer un PI

La rencontre comprend la participation de plusieurs personnes dont les parents de l’élève et l’élève lui-même, dépendamment de son âge. L’enseignant propose un ou des objectifs à réaliser en classe avec (ou sans) la collaboration des autres professionnels, particulièrement de l’orthopédagogue. La participation des parents et du jeune fera l’objet d’un chapitre séparé, à venir.

Il serait souhaitable de centrer ces rencontres sur les problèmes d’apprentissage et de les

différencier des problèmes de discipline, d’impolitesse, de taxage, d’intimidation et d’autres formes de violence. L’école pourrait mettre sur pied des projets d’intervention collective pour ce

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 165

Annexe D

type de problèmes de comportement. Par contre, il faudra se donner des repères plus précis pour déterminer les troubles de comportement. Étape III – L’actualisation du PI

Nous sommes conscients que cette étape est capitale et délicate, car elle touche la tâche pédagogique de l’enseignant, ce pourquoi nous optons pour une démarche de réflexion-action sur l’expérience propre des participants et sur le travail en groupe. L’essentiel de cette étape est de lier la théorie à la pratique et de produire des connaissances sur l’intervention auprès des élèves avec des problèmes d’apprentissage, avec ou sans troubles de comportement. Ces derniers étant subordonnés aux interventions des spécialistes, mais dont les conséquences sur l’apprentissage retombent sur le travail de l’enseignant en classe.

L’accompagnement consistera à organiser, animer et systématiser le travail des groupes

d’entraide, par école ou par cycle, dépendamment du choix des participants. Ces groupes travailleront particulièrement à :

Partager l’expérience de passer des objectifs du PI à l’action en classe. Il s’agit

de privilégier la compréhension pour l’action et de développer des approches en conséquence;

Différencier les problèmes d’apprentissage des autres problèmes, même s’ils sont reliés ou concomitants;

Échanger sur les moyens les plus efficaces, les recettes gagnantes, les conditions de base;

Transférer des activités réussies expérimentées ailleurs; Compléter ce travail par la sollicitation de soutien des ressources du milieu; Voir à la participation des formateurs experts; Réfléchir aux expériences en reliant la théorie à la pratique; Écrire l’expérience de la démarche réflexive, par exemple, en vue de

l’accréditation de la formation.

Étape IV – La révision

La première révision est une évaluation des résultats des actions, activités et changements réalisés suite au PI. Elle a lieu quelques semaines après la rencontre pour le PI. Tout d’abord, il faudra vérifier si les objectifs du PI étaient pertinents et décider d’un changement, selon les options suivantes :

Continuer les actions dans la même ligne, pendant encore un temps donné

(miser sur le temps et le développement de l’enfant); Modifier les objectifs, à la lumière des nouvelles données sur le comportement

de l’élève (suite à une meilleure observation, changement familial ou autre); Avancer la rencontre synthèse;

Se concerter dans l’action 166 Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention

Demander une rencontre Concerto, suite à un diagnostic différencié en troubles de comportement;

Autres options. Dans tous les cas, il faudra informer les parents de l’évaluation des résultats des actions,

activités et changements mis en place suite au PI.

Étapes V et VI Dépendamment des situations, ces deux étapes reprennent les étapes III et IV mais dans

des temps différents et permettent un suivi continu et intensif si les situations le demandent. Étape VII – La rencontre Concerto

Elle s’inscrit à la suite d’un diagnostic d’un trouble de comportement, après la révision des

activités d’un premier PI ou de nouvelles données. Cette modalité d’intervention sera traitée à part parce qu’elle est optionnelle et spécialisée. Comme tout le monde le sait, elle concerne des élèves dont le comportement nécessite une intervention clinique et des mesures multidisci-plinaires. Certaines des modalités, telles que la participation des parents et des formes de partenariat sont à expérimenter. Par contre, il faut remarquer l’existence d’instrumentation validée.

L’accompagnement consistera alors dans l’offre de : instruments, échanges avant la rencontre, systématisation par écrit des décisions de la rencontre, réflexion sur le transfert de l’expérience.

Étape VIII – La rencontre synthèse

Elle a lieu vers la fin de l’année et vise la classification des élèves pour l’année à venir. Elle demande la participation des parents et peut être l’occasion d’un bilan sur la concertation des acteurs ayant eu un rôle important auprès de l’enfant. Ce bilan pourra par la suite être repris par le plan de réussite de chacune des écoles. Appréciation des heures nécessaires à l'expérience

Total d’heures libérées par enseignant = Une demi-journée par étape, par groupe de travail, sans compter le temps de lecture et le travail écrit comme condition pour l’attestation des crédits.

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 167

Annexe D

Questions : Est-ce que ces heures font partie de la formation accordée par la commission scolaire?

Évaluation globale de l’expérience de formation-accompagnement

À la fin de l’expérience d’une année scolaire, l’équipe de recherche procédera à une

évaluation quantitative et qualitative. L’accent sera mis sur le qualitatif, par exemple, en termes de nouvelles approches, d’intégration des connaissances, des techniques de communication et concertation. L’équipe produira un rapport écrit.

Le volet Parents

À cette étape, il est possible d’imaginer un accompagnement de soutien aux parents, en

parallèle aux étapes séquentielles du schéma 1 (page 5). En principe, nous considérons les parents en tant qu’experts, autant du problème que des

possibles solutions. En effet, ce sont eux qui connaissent mieux l’enfant, qui le voient évoluer en contexte familial et social. Les parents ont de l’influence auprès de l’enfant, surtout si celui-ci est en bas âge. En outre, le parent est responsable de l’enfant et son principal éducateur. Il contrôle le réseau personnel de l’enfant et collabore à sa socialisation. Cependant, souvent les perceptions du monde scolaire envers les parents sont invalidantes, particulièrement en milieu dit défavorisé ou de culture populaire.

Selon certains parents, des enseignantes et enseignants ne tiennent pas compte des qualités

des parents ni de leurs conditions de vie. Parfois, ils exigent des parents des tâches difficiles à réaliser, car tous les parents n’ont pas la même disponibilité envers les exigences de l’école et s’attendent à d’autres rapports qu’uniquement utilitaires.

L’analyse des entrevues avec les parents oblige à tenir compte de certains constats, en voici

quelques-uns : Les enfants à risque d’échec, ayant des difficultés d’apprentissage, de comportement ou

des handicaps sont des enfants avec une vie familiale tout à fait semblable aux autres enfants de la famille, mais qui demandent une attention spéciale;

Les parents qui ont des enfants avec des difficulté d’apprentissage ou d’adaptation

donnent beaucoup de leur temps pour vérifier ce qui ne fonctionne pas et pour aider l’enfant. Ils font appel aux ressources du milieu et, lorsque cela est possible, à leur propres ressources pour ajouter de l’aide spécifique. De façon générale, ces parents ont une surcharge de travail et, bien qu'engagés dans l’éducation de l’enfant, ils n’ont pas nécessairement le temps pour faire face aux exigences scolaires comme ils le souhaiteraient;

Se concerter dans l’action 168 Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention

Ces parents valorisent les relations de l’enseignant avec leur enfant, ainsi que leur propres relations avec la direction.

D’un autre côté, lors de la rencontre pour l’élaboration du PI, un certain nombre de

conditions semblent nécessaires pour améliorer la concertation avec les parents. Tout comme pour les enseignants, cette rencontre formelle est précédée d’autres étapes qui devront être soigneusement préparées selon le rapport que le parent entretient avec l’école. Dans tous les cas, l’information claire et précise ne suffit pas. En effet, le message que l’école voudrait transmettre aux parents dépend en bonne partie des relations entre l’école et les parents, des attentes plus ou moins exprimées et des codes implicites.

Les parents ont beaucoup de respect pour ces rencontres. Il serait donc important de

miser sur son aspect rituel, d’affirmer l’engagement des adultes envers les enfants, de leur acceptation et de bien établir l’autorité afin d’encourager des actions réalistes pour aider l’enfant. Dépendamment de l’âge de l’enfant et de son problème, la rencontre formelle peut jouer un rôle d’appel à sa motivation.

Les objectifs du plan de concertation concernent directement ou indirectement les parents.

Sans intervenir dans leur vie privée, les parents s’attendent à des formes d’accompagnement et d’intervention en partenariat pour être soutenus, épaulés, encouragés, sans les catégoriser ni les culpabiliser, mais en élargissant le problème à une vision d’éducation globale, où les pratiques parentales auront un sens.

Ceci dit, cette préoccupation d’intervention après des parents, en parallèle au schéma 1,

reste en chantier et attend les suggestions de comité aviseur. Voir le schéma 2.

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 169

Annexe D

1

Partage d'information avec l'enseignante concernant le comportement de l'enfant

– À l'école – À l'extérieur

SCHÉMA 2 Accompagnement des parents

2

Ritualisation de la participation des parents à la rencontre P.I.

– Clarification des attentes et tâches

3, 4 et 5

Information aux parents

7

Préparation à la rencontre synthèse

8

Envoi du rapport et du classement de l'enfant

Préparation des parents pour rencontre P.I.

Se concerter dans l’action 170 Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention

Sous-projet Rencontres de groupe autour du thème : Mon enfant Mon bonheur Nous pensons à tester la possibilité d’organiser des groupes selon un contenu pertinent aux

élèves à risque et un format convivial. Il s’agira probablement de petits groupes soit dans chaque école soit dans deux ou les trois, dépendamment du nombre de parents intéressés. L’idée principale est d’offrir des rencontres perçues comme un répit pour les parents et non pas de la formation en plus.

Tous les parents, dont les enfants sont des élèves à risque identifiés au début de l’année,

seront invités à une rencontre conviviale, centrée sur les mille et une façon d’apprécier les progrès de l’enfant pendant son développement, au long des saisons comprises dans l’année scolaire et ainsi découvrir des sources de satisfaction, si petites soient-elles. Lors de la première rencontre, avec grignotines, café, film d’animation ou tout autre attrait, une discussion en « focus group » devra aider à préciser les thèmes des quatre prochaines rencontres de l’année. En effet, le nombre total des rencontres ne devra pas dépasser cinq, tenant compte de celle du début de l’année.

Les thèmes pourront être développés par un expert-parent ou par un expert invité. Les

échanges lors des réunions seront systématiquement consignés et, à la fin des rencontres, nous éditerons une sorte de trousse de premiers soins, avec des exemples de pratiques parentales prometteuses, des vignettes cliniques, des conseils et des dessins d’enfants.

Certains thèmes se pointent déjà suite aux entrevues auprès des parents, tels que :

comment dépasser la blessure narcissique lorsqu’on apprend qu’un enfant a des difficultés à l’école? Comment en discuter avec mon conjoint-e sans tomber dans la culpabilité? Comment maintenir les relations avec la parenté alors que je me sens critiqué-e? Quoi faire dans telle ou telle situation? L'école a-t-elle l’obligation d’aimer mon enfant? Quelles sont les ressources les plus accessibles pour notre situation? Etc.

Le volet Élève

– À venir – Malheureusement, ce volet est le moins développé. Nous savons que plus l’enfant avance

en âge, plus il est appelé à jouer un rôle accru dans sa propre éducation. Nous savons que les activités qui lui seront adressées tiendront compte de lui en tant qu’acteur compétent, mais il faut encore imaginer des activités intéressantes sans doubler celles déjà existantes, telles que celles de Québec enforme, l’école du cirque, les sorties, le camp.

Le volet Partenaires

D’abord, l’école entretient et développe un partenariat effectif avec la communauté, d’où le fait d’inscrire des relations dans son plan de réussite (voir volet 1). Ensuite, nous avons observé que seulement quelques situations d’élèves avec un PI, particulièrement ceux pour qui l’école a

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 171

Annexe D

convoqué des rencontres Concerto, nécessitent des rencontres formelles de partenariat, où les différents plans d’intervention d’organismes participants devront s’harmoniser sans se dédoubler ou attendre que quelqu’un d'autre ait fait le job.

Tel que nous le savons par expérience, Concerto n’est pas une simple formule, il est avant

tout un processus qui se déclenche dans certains cas nécessitant une intervention de type clinique, sans tomber toutefois dans le traitement thérapeutique. Il tient compte de la préparation préalable à la rencontre en tant que telle (voir le schéma 1). La rencontre Concerto réunit autour d’une table des intervenants de plusieurs établissements (incluant l’école) avec des fonctions et habiletés particulières. C’est donc un moment important pour faire le point sur les données concernant l’enfant et ses difficultés, ses relations, son milieu familial. Elle permet l’échange des informations issues des observations des différents intervenants et la mise sur table des résultats des pratiques expérimentées auprès de l’enfant ou de sa famille. L’échange, animé par une personne en autorité (réel et symbolique) donne l’occasion de corriger, de compléter ou de valider les stratégies déployées pour l’enfant, soit dans la classe, avec des partenaires ou dans d’autres contextes de vie.

Pendant ces échanges, aucun intervenant ne disqualifie personne. Il y a un espace pour

l’opinion de chacun, qu’elle soit spécialisée ou intuitive. L’interaction cherche à provoquer des images de l’enfant dans la tête des participants afin de se projeter sur de nouvelles avenues pour l’action. Tout se passe comme si, ensemble, ils devraient construire un échafaudage pour soutenir le développement de l’enfant, malgré ou tenant compte de son ou ses handicaps.

Pendant ces rencontres, il est souhaitable de reconnaître les émotions des acteurs et de les

gérer avec la bonne distance, comprendre que parfois les relations humaines sont souffrantes et peuvent réveiller nos démons. Selon certaines observations, les garçons sont très sensibles à la qualité de la relation avec l’enseignant, donc le souci de fermeté sera accompagné de bienveillance. Il faut que les rencontres rassurent les participants. Après les émotions, on tombe toujours sur le rationnel, mais sans faire l’économie de la subjectivité. Cependant, il faut veiller à ce que tout malentendu ou joute de pouvoir n’occultent l’autorité légitime ni le rôle symbolique de celle ou celui qui représente la Loi. Cet aspect est important pour les pré-ados.

Tout ne finit pas avec LA rencontre, certains cas en évolution rapide nécessitent un rythme

soutenu de quelques rencontres subséquentes pour voir les résultats des décisions ou revoir les objectifs, les stratégies, etc. On parle alors d’un suivi qui sera assuré par un responsable. Il est souhaitable de prévoir la continuité clinique quand le cas le nécessite (schéma 1, étape IX).

Finalement, rappelons qu’il existe des exemples heureux (R. Carrier) et une instrumentation

accompagnant le processus de Concerto.

Commentaires des membres du comité

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 173

Annexe D

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 175

Annexe E

No de séance : Grille d'observation : indicateurs de participation

Élève Énonce verbalement le

but de la rencontre Expression cohérente

de ce qu'il a retenu Participe aux activités Se tient en retrait, observe, est passif Absent

Interagit avec ses pairs sans partager

l'activité

Se désorganise, est en conflit est impoli

envers l'animatrice ou l'enseignant

A

B

C

D

E

F

G

H

I

J

K

L

M

N

O

P

Q

R

S

T

Total

Observations :

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 177

Annexe E

Observations et commentaires

Première séance : La présentation des ateliers est bien comprise et bien accueillie par les élèves. Lorsqu’ils sont interrogés par l’animatrice, ils verbalisent aisément leurs opinions.

L’enseignante s’adresse spécifiquement à certains élèves pour leur dire qu’elle ne tolérera pas d'impolitesses durant les rencontres.

L’enseignant intervient pour arrêter le « placotage » des élèves. Bien que cela les agace, ils obtempèrent.

Le jeu interactif Nous, nous nous connaissons bien détend l’atmosphère, tous y participent activement.

Lors de l’activité d’objectivation chaque jeune dit une caractéristique positive, après vérification de la pertinence. L’animatrice les aide à nommer une caractéristique personnelle.

Deuxième séance: L’activité Brise-Glace Faire tourner l’eau du pot est un succès. Les élèves ont transféré l’image de l’eau brouillée au climat de la classe et ont donné des exemples pertinents de comportements qui « brouillent » le climat de la classe. Ils se proposent de nommer ceux qui affichent de tels comportements, mais l’enseignante et l’animatrice leur demandent de ne citer personne.

Le jeu interactif Les formes découpées n’est pas tout à fait bien compris. Les élèves souhaitaient plus d’indices pour comprendre l’ensemble des possibilités.

Le brainstorming Être ami(e) c’est… permet de parler ouvertement de l’amitié. Paradoxalement, les élèves les plus préférés en tant qu’amis sont ceux qui se trouvent régulièrement mêlés aux conflits (est-ce la jalousie entre élèves la cause?) en classe.

L’activité d’objectivation Qu’est-ce qu’il y a dans mon sac ? est source de nombreux commentaires sur leurs projets d’avenir.

Le devoir Coupon pour faire plaisir éveille un certain malaise chez ceux dont le nom attribué par hasard ne leur convient pas et ils manifestent leur désaccord de réaliser la tâche. L’enseignante leur demande de faire un effort. Dans la mêlée de la fin de la séance, deux élèves changent, en catimini, leurs coupons.

Troisième séance : Le retour sur le devoir Coupon pour faire plaisir se fait sans anicroches. Les élèves qui ont changé de coupon ont justifié leur geste. L’enseignant a profité de l’occasion pour souligner que cette attitude favorise la bonne entente entre élèves, car il n’est pas interdit de ne pas se sentir proche de quelqu’un.

L’activité Brise-Glace La sentinelle est fort appréciée, surtout après avoir compris qu’il s’agit d’apprendre des stratégies à déployer pour ne pas se faire influencer.

Le jeu de groupe L’intimidation est apprécié. Ce sont les garçons qui participent davantage, sauf deux filles décidées à faire comprendre qu’elles sont capables d’intimider les autres.

Le brainstorming Les caractéristiques des animaux suscite des hésitations à choisir l’animal qui les représente le mieux, encore plus celui qui représente un autre élève. Le jeu donne lieu à

Transcription des situations significatives

Se concerter dans l’action 178 Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention

Annexe E

un échange sur les caractéristiques propres aux animaux présentés.

L’activité Climat de la classe a permis de désigner des leaders naturels de la classe. Deux élèves (G et J) ont été choisis. G était embarrassé d’être désigné leader et J aimait ce rôle. D’autres élèves se sont proposés, mais l’enseignant est intervenu en stimulant ou en inhibant des propositions, contrôlant ainsi les relations en classe.

Cet exercice a détendu l’atmosphère de la classe, probablement par le choix unanime de deux élèves rassembleurs.

Quatrième séance : Les élèves sont à l’aise et attendent impatiemment l’activité Brise-Glace.

Le dessin collectif provoque la participation enthousiaste de tous. Il y a lieu d’observer les dynamismes relationnels tel un sociogramme animé. L’initiative de certains élèves éveille des réactions particulières, ainsi si J dessine un trait, H le complète et M le modifie. Trois groupes s’organisent autour de trois décisions : conserver et développer le dessin; l’effacer et proposer des solutions de rechange telles que dessiner des traits difficiles à modifier.

Le retour sur l’activité en dit long sur la dynamique de la classe. Les élèves ont été en mesure de réfléchir sur les situations vécues en classe et sur leur rôle dans cette dynamique.

Le jeu Mise en situation : sketches sur comment résister à la pression des autres a été préféré par les filles, sauf deux garçons, pas très convaincants. Une des filles a pris plus de place et les autres filles ont commenté cela négativement. Ceci nous a appris que les filles sont prises avec des tensions, et non pas uniquement les garçons (hypothèses précédant l’atelier).

L’activité Mes rêves ne bénéficie pas du temps nécessaire pour la développer, provoquant la frustration de certains élèves. Le rôle de l’enseignant demandait de la concision et a inhibé la participation des élèves.

L’activité d’objectivation Qu’est-ce qu’il y a dans mon sac permet à l’animatrice de faire le retour sur l’ensemble de l’atelier. Elle leur demande de partager ce qu’ils ont vécu. Les élèves s’accordent pour dire leur appréciation. G offre un témoignage bref : les ateliers lui ont permis de se voir sous un autre jour, plus le fun. K, qui a un statut de presque cancre auprès des enseignants, dira avoir aimé participer à certaines activités, notamment les jeux de rôle, où il se trouvait bon (les autres élèves rient du commentaire), mais qu’il avait trouvé que G et V, particulièrement, étaient remarquablement bons.

L’ensemble de la classe dit avoir grandi, avoir aimé les jeux. La majorité des filles ont dit : – J’ai découvert que je suis une personne enjouée. – J’ai découvert que mes amies m’apprécient. Sauf trois jeunes filles académiquement performantes, tous ont partagé leurs opinions en groupe.

L’enseignant est revenu sur le climat de la classe et les élèves ont rapidement ramené l’exemple de l’activité autour de l’eau brouillée.

Plusieurs élèves émus ont exprimé leur appréciation de l’animatrice et ont dit préférer les jeux de rôle.

L’enseignante a fait le lien entre les ateliers et la démarche vers l’autonomie et la responsabilisation qu’elle avait initiée dans le but de préparer ses élèves à l’entrée au secondaire. L’atelier a pris fin avec le questionnaire d’évaluation.

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 179

Annexe F

Invitation Dans le cadre de la socialisation à l'école, vos enfants ont suivi des ateliers de

formation avec madame Monique Lussier. Ils se sont exprimés et ont exprimé leurs rêves. Nous avons fait le résumé de ces rencontres et aimerions vous le communiquer autour d'un dessert et un café servis à l'école. Il nous fait plaisir de vous inviter à un 6 à 7 et de vous présenter un petit montage sur les ateliers.

La rencontre aura lieu à l'école Stadacona, le 9 juin, de 18 h à 19 h. Veuillez retourner le coupon confirmant votre présence.

Odette Fortin Directrice 2005.06.01 Note : Pour que la rencontre puisse avoir lieu, un nombre minimum de 10 participants est

exigé. Si celle-ci devait être annulée, vous en serez informé par téléphone.

COUPON-RÉPONSE

J'accepte votre invitation dessert – café (jus) pour parler des enfants. Oui Nombre de parents :

Non Nom de l'enfant : Tél. : Signature :

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Annexe F

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Annexe F

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Annexe F

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 199

Annexe F

Pré-projet présenté à la direction d’école

Les devoirs : Soutien concerté à la réussite des élèves

Projet en concertation avec – L’école Saint-Fidèle – Le Groupe bénévole d’aide aux devoirs – La Petite-école Jeanne Marguerite, centre d’aide aux devoirs – Le Service de garde de l’école – Le service d’aide aux devoirs du Patro Roc-Amadour – Le Centre jeunesse de Québec – Institut universitaire

Présentation Les devoirs et leçons constituent le véritable dispositif de communication entre l’école et la famille. Les devoirs sont des tâches assignées par les enseignants pour être accomplies en dehors des heures de classe. À travers l’encadrement et le suivi des devoirs, le parent prend connaissance des progrès (ou des difficultés) scolaires de son enfant, les enseignants stimulent la pratique des habiletés acquises en classe, leur transfert, ainsi que le développement de l’autonomie et la responsabilité de l’élève. Selon cette approche, l’encadrement et le suivi des devoirs par les parents doivent être plus soutenus pendant les premières années de scolarisation. Ensuite, il pourront favoriser graduellement l’auto-organisation et l’autorégulation de l’enfant face à la tâche.

La diversité de situations individuelles et familiales ne permet pas à tous les parents de s'en tenir à cette prescription. Certaines familles doivent surmonter la difficulté à concilier les horaires de travail avec ceux de l’école. Pour d’autres familles, l’heure des devoirs est un moment de conflit qui érode les relations familiales. Chez d’autres, les compétences scolaires des parents sont telles que l’aide aux devoirs est une véritable bouée de sauvetage pour l’enfant.

Dans le cas des élèves à risque ou en difficulté, les services d’aide aux devoirs convenablement encadrés peuvent leur offrir un appui significatif. La recherche démontre que les devoirs peuvent contribuer à surmonter certaines difficultés d’apprentissage, à

Se concerter dans l’action 200 Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention

Annexe F

condition qu'ils soient faits sur mesure. L’aide individualisée est un soutien intéressant par les stratégies adéquates pour l'apprentissage de la lecture, de l'écriture et des mathématiques. Cette façon de procéder en amont permet d'outiller les parents tout en sauvegardant leur relation avec l'école. L’organisation du service d’aide aux devoirs devra mobiliser et organiser les ressources disponibles afin d’accompagner les élèves en difficulté.

Nous proposons le programme suivant :

a) Le soutien aux apprentissages des élèves de 1er cycle qui ont des difficultés en lecture,

écriture et mathématiques – Ce service est offert à l'école selon une approche d’aide individualisée selon les

priorités établies par l’enseignant ;

– Nombre d’élèves limité, référés par l’enseignant ;

– Ce service est donné à l’école, après les heures de classe, par des bénévoles.

b) Le soutien aux apprentissages des l’élèves de 2e et 3e cycle – Ce service est offert par un organisme d’aide aux devoirs dans leurs propres locaux

selon l'approche d'aide individualisée ;

– L’enseignant ou les parents peuvent envoyer l’élève au service ;

– Établir des liens de concertation entre l'école, les parents et les organismes existants.

c) Ateliers de devoirs – Ce service s’adresse aux élèves autonomes ;

– Ce service est offert par deux moyens déjà existants.

But Soutenir les apprentissages des élèves en tenant compte de la diversité des situations familiales et des besoin individuels.

Objectifs – Favoriser la réussite de tous les élèves à travers la structuration d’un service d’aide aux

devoirs organisé autour des besoins des élèves et de leurs familles;

– Appuyer les apprentissages des élèves en difficulté à travers l’aide individualisée durant la réalisation de leurs devoirs.

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 201

Annexe F

À qui s’adresse ce projet Le projet s’adresse aux élèves de l’école Saint-Fidèle.

Partenariat : qui fait quoi – Le Groupe bénévole d’aide aux devoirs; – La Petite-école Jeanne Marguerite, centre d’aide aux devoirs qui offre l’aide

individualisée aux devoirs pour le 2e et 3e cycle, recrute les bénévoles et coordonne les activités d’aide;

– Le Service de garde de l’école qui offre et organise les Ateliers de devoirs; – Le Service d’aide aux devoirs du Patro Roc-Amadour offre et organise les Ateliers de

devoirs; – La direction d’école qui achemine les élèves et offre un support financier aux organismes; – Le Centre jeunesse Québec – Institut universitaire pour nous concerter.

Organisation de l’aide aux devoirs et d’appui à l’apprentissage : le rôle des partenaires

Le Groupe bénévole d’aide aux devoirs But : Soutien individuel aux apprentissages pour les élèves de 1er cycle en

difficulté

Moyens : Recruter et former les bénévoles, établir des liens constants avec l’enseignant

Approche : Aide individualisée, selon le projet établi par l’enseignant

Horaire : Après l’école

Durée : 45 minutes

Fréquence : 2-3 jours par semaine

Référence : Ce service reçoit exclusivement des élèves référés par l’enseignant

Intervenants : Bénévoles

Coût : ?

Responsable : ?

Se concerter dans l’action 202 Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention

Annexe F

La Petite-école Jeanne Marguerite, centre d’aide aux devoirs But : Soutien individuel aux apprentissages pour les élèves de 2e et 3e cycle en

difficulté

Moyens : Recruter et former les bénévoles, établir des liens constants avec l’enseignant

Approche : Aide individualisée selon le projet établi par l’enseignant et ateliers de devoirs

Horaire : 15 h 30 à 16 h15

Durée : 45 minutes

Fréquence : 5 jours par semaine

Référence : Les enseignants peuvent y envoyer des élèves. Les parents peuvent s’adresser directement aux organisateurs et bénéficier du service

Intervenants : Parents et bénévoles

Coût : ?

Responsable : Denise Rivard

Autres : Collation et activités d’animation après les devoirs

Le Service de garde de l’école But : Offrir des ateliers de devoirs pour les élèves inscrits au service de garde

Moyens : Désigner un éducateur à l’organisation des ateliers

Approche : Ateliers de devoirs

Horaire : Après l’école

Durée : 30 minutes

Fréquence : 4 jours par semaine

Référence : Ces ateliers s’adressent exclusivement aux élèves autonomes

Intervenants : Un éducateur par atelier

Responsable : ?

Coût : ?

Autres : Collation et activités d’animation après les devoirs

Le Service d’aide aux devoirs du Patro Roc-Amadour Service : Offrir des ateliers de devoirs pour tous

Moyens : Désigner un moniteur par atelier

Approche : Ateliers de devoirs (organisés par degré), avec une période de loisirs de 30 minutes

Horaire : 16 h 30 à 17 h 15

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 203

Annexe F

Durée : 45 minutes

Fréquence : 5 jours par semaine

Référence : Ces ateliers s’adressent à tous les élèves

Intervenants : Un moniteur par groupe de 12 élèves.

Coût : ?

Responsable : Caroline Saint-Onge

Autres : Service de transport de l’école au Patro

Porteur du projet La direction de l'école : Mme Louise Vaillancourt Soutien et évaluation: J. L. Arellano, du Centre jeunesse de Québec

Bilan et évaluation

Protocole d'observation Échéancier

Données de base sur le services (nombre de bénévoles, nombre d’élèves qui ont bénéficié, etc.)

Décembre 2005

Adéquation du service aux besoins : – Entrevue avec les intervenants – Entrevue avec les parents

Novembre 2005

Bilan Décembre 2005

Un rapport sera présenté à la direction de l'école.

20 septembre 2005

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 205

Annexe F

Se concerter dans l’action 206 Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention

Annexe F

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 207

Annexe F

Se concerter dans l’action 208 Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention

Annexe F

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 209

Annexe F

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 211

Annexe G

But de la rencontre : Partager sur une proposition de mini-projet de concertation

Titre du projet : Soutien concerté à la réussite des élèves Introduct ion

Dans le cadre de la recherche J'instruis, tu prends le virage milieu, nous qualifions… des efforts

conjugués pour développer un partenariat école – parents – intervenants – communauté, financée par le FQRSC pour une durée de deux ans, nous avons décelé un petit groupe d’élèves du premier cycle du primaire qui pourraient être l’objet d’un soutien spécifique à la stimulation aux apprentissages de lecture et d’écriture. Nous pensons que des services concertés pourront, dans leur cas, apporter une nouvelle vision du plan d’intervention en vue de la réussite scolaire de ces enfants.

C l ientèle c ib lée

Il s’agit de trois élèves de l’école Saint-François d’Assise, d’un élève de Saint-Fidèle et d’un autre

élève de Satadacona. Ces cinq élèves sont en premier cycle du primaire et montrent des retards significatifs dans leur développement, particulièrement eu égard à la stimulation précoce, gage de l’apprentissage en lecture et en écriture. Or, selon les recherches, les élèves qui éprouvent des difficultés en lecture/écriture au début du deuxième cycle sont à risque d’échec scolaire, avec les problèmes qui y sont associés.

Contexte

La population ciblée fréquente des écoles du Vieux-Limoilou, le quartier est classifié au 9e rang en

termes de précarité par le ministère de l’Éducation et les écoles sont en sursis car, d’ici peu, une ou deux écoles devront fermer. Cette situation crée un climat d’insécurité et d’instabilité qui s’ajoute aux conditions de vie familiale qui prévaut pour ces enfants.

Besoins

Les élèves ciblés ont été l’objet d’un plan d’intervention dans lequel le diagnostic de difficulté

d’apprentissage en lecture et en écriture se présente dans des situations de pauvreté économique sociale et symbolique. Cela explique, au moins en partie, la lacune des compétences et des stratégies pour suivre le

Rencontre de consultation avec un-e responsable de programme au CLSC

Se concerter dans l’action 212 Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention

Annexe G

programme d’apprentissage de la classe. Cependant, puisqu’ils sont encore jeunes et en développement, nous pensons que, s’ils bénéficient d’un tutorat compétent, stable et basé sur des relations positives, les enfants pourront combler des manques et faire des gains dans leurs apprentissages. Ces élèves reçoivent des services en orthopédagogie qui ne suffissent pas actuellement.

Concrètement, ces besoins peuvent se traduire en quelques objectifs que nous proposons à votre

validation. Object i fs du mini -pro jet

Fournir, d’ici la fin de l’année scolaire, au groupe d’élèves ciblés, des tuteurs en lecture et

en écriture qui pourront s’inscrire dans le plan d’intervention, selon les modalités propres à chaque école (agir en classe, après la classe à l’école, à la maison ou ailleurs).

Amener chaque enfant à s’engager dans la découverte des gains apportés par la lecture

et l’écriture.

Demande aux partenaires Mettre sur pied un mécanisme d’action pour trouver les tuteurs compétents.

Participer à quelques rencontres de suivi avec les directions des écoles.

Proposer la participation d’autres organismes tels que la Fondation Georgette-Lavallé,

Lis-moi tout Limoilou, etc.

Informer les parents de l’organisation des parents participants (OPP) du projet.

En tant que chercheurs, nous pouvons uniquement accompagner la démarche de soutien, la décrire

et, à la fin du projet, réaliser le bilan.

Commentaires

Teresa Sheriff 661-6951, poste : 1432

Richard Carrier 661-6951, poste : 6131

José Lopez Arellano 661-6951, poste : 1454

Québec, mars 2005

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 213

Annexe G

Recherche : Des efforts conjugués en vue de la réussite éducative des enfants avec des difficultés d’apprentissage et/ou comportement

Plan de travail pour l’automne 2003

Liste des activités

Accompagner les écoles dans l’élaboration de leur projet éducatif et leur plan de réussite, y inscrire le projet

de recherche Des efforts conjugués en vue de la réussite éducatives des enfants avec des difficultés d’apprentissage et/ou comportement.

À réaliser : Les plans des écoles Stadacona et Saint-Fidèle (si la directrice le demande). Le travail consiste à analyser les données collectées par les instruments d’autoévaluation de la Commission scolaire de la Capitale, les compléter avec d’autres sources d’information et proposer le résultat aux directrices. Celles-ci verront à les présenter au personnel de leur école et ensuite, aux parents pour en faire des complices. Probablement qu’un slogan ou un nom sera choisi pour nommer l’objectif du plan, par exemple si le slogan est « Je poursuis mon étoile », choisi par deux écoles, chacune pourra préciser le type de dépassement à rendre prioritaire pour les enfants, pendant l’année en cour. Les chercheurs seront disponibles à participer aux rencontres, par exemple pour la présentation des données du milieu ou pour l’analyse de la rencontre, selon le plan d’animation de chaque directrice d’école.

Étude des dossiers, description de la clientèle concernée, du cheminement et d’autres caractéristiques des

enfants faisant l'objet des plans d'intervention concertés. Dégager par la suite les facteurs de réussite et les contraintes pour améliorer la situation, déceler les cas récurrents, ceux qui ont été l’objet d’une rencontre synthèse à la fin de l’année scolaire 2002-2003.

Bâtir un instrument de collecte de données à partir des données empiriques, organiser un horaire de travail et l’accès aux dossiers en respectant la confidentialité Responsables : J. López pour Saint-François, T. Sheriff pour Saint-Fidèle, la stagiaire (supervisée par les chercheurs) à Stadacona. À la fin de la démarche, les chercheurs présenteront à l’équipe de recherche, un rapport décrivant les caractéristique des enfants concernés. Après discussion et réflexion, les conclusions, constats ou hypothèses viendront alimenter l’étape trois et quatre.

DOCUMENT DE TRAVAIL

Se concerter dans l’action 214 Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention

Annexe G

Prendre contact avec les parents des enfants ayant des problèmes d’apprentissage et/ou de comportement, leur expliquer le projet, demander leur consentement et leur proposer un mécanisme de communication efficace et convivial pendant la durée du projet.

Dresser une liste avec le numéro de téléphone pour contacter les parents, leur demander une entrevue à la maison ou à l’école, expliquer la recherche, demander leur participation volontaire et faire signer la lettre de consentement. Avec les parents, compléter un récit sur leur perception des difficultés de l’enfant : tracer la trajectoire d’acquisition des apprentissages par les enfants, s’enquérir de leur explication des difficultés de l’enfant et les possibles solutions (incluant le rôle des parents), les liens entre le comportement de l’enfant à l’école et à d’autres activités, les contraintes identifiées par le parent au développement éducatif de l’enfant, etc.

Construction de la compréhension globale des difficultés de l’enfant : les faits et théories constatés seront interprétés et retournés à l’école, afin de compléter la lecture diagnostique et la réflexion sur les solutions du problème.

Réaliser de courtes entrevues centrées sur les pratiques éducatives, avec le personnel enseignant et non enseignant de l’école. Ce matériel sera travaillé selon la méthodologie des récits croisés, il en résultera une compréhension globale des pratiques éducatives autour de l’acteur principal : l’enfant. La nouvelle compréhension devrait enrichir la lecture de la situation, donner lieu à un recadrage, à une nouvelle orientation (clinique ou spécialisée, avec ou sans Concerto), etc. Certains cas seront sélectionnés pour élaborer des Plans de services.

Proposer un mécanisme de participation des chercheurs aux rencontres des comités multidisciplinaires organisées pour diagnostiquer les difficultés d’apprentissage et/ou de comportement des enfants.

Élaborer une monographie de chacune des écoles décrivant l'environnement socio-éducatif, le climat, les

dynamismes entre les enfants et, entre les enseignant(e)s, les enfants et les parents. Tenir compte du personnel non enseignant.

L’ethnographie se réalisera par observation sur le terrain pendant toute l’année scolaire et à diverses occasions. Une banque de données statistiques, de documents et articles de journaux viendra enrichir l’information. Chaque chercheur, incluant la stagiaire, privilégiera une école en particulier, mais échangera des données sur les autres écoles. Un protocole d’observation sera élaboré et soumis à l’approbation des directrices et/ou comités d’établissement. La monographie sera éditée pendant l’été 2004 et sera mise à disposition des écoles. Elle pourra préciser le prochain plan de réussite.

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 215

Annexe G

Constituer la banque des partenaires. Compléter la liste de ressources, sélectionner les plus pertinentes, prendre contact avec le ou la responsable et lui présenter le projet. Préciser les services, les conditions de collaboration, la durée, etc.

Initier et développer des processus de concertation entre l'école et les partenaires du milieu. Commencer par une expérience, la décrire, en tirer les conséquences, ensuite ajouter une deuxième expérience, etc. Imaginer une stratégie pour rendre effectif le partenariat et laisser émerger les types de collaboration selon les milieux et les situations. Élaborer un projet-pilote sur les moyens de travail en commun pour un PSI, enregistrer l’expérience, l’analyser au fur et à mesure, en discuter avec le comité aviseur. Produire un rapport de l’expérience.

Commentaires et suggestions

TABLEAU D’ACTIVITÉS ET ÉCHÉANCIER TRIMESTRE D’AUTOMNE

DU 18 AOÛT AU 18 DÉCEMBRE 2003 ACTIVITÉS ET PRODUIT ATTENDU Août Septembre Octobre Novembre Décembre

1. Projets éducatifs et plans de réussite 2. Étude des dossiers • Rapport population 3. Sélection cas • Récit des parents 4. Étude de récits croisés sur les pratiques

éducatives

5. Étude ethnographique • Monographie des

écoles

6. Liste des ressources et présentation des

partenaires

2003.08.22

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 217

Annexe G

Se concerter dans l’action 218 Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention

Annexe G

Se concerter dans l’action Les élèves à risque et ceux avec un plan d’intervention 219

Annexe G