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Les menus plaisirs du Roi, l'École royale et le

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Les

Menus Plaisirs du Roi

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A LA MÊME LIBRAIRIE

J.-G. PROD'HOMME

Hector Berlioz. Préface de A. BRUNEAU. Un vol. in-18, broché. La Jeunesse de Beethoven. Un vol. in-8°, illust. broché. Les Symphonies de Beethoven (Prix Charles BLANC). Préface de

Édouard COLONNE. Un vol. in-8°, broché. Mozart. Sa Vie et ses Œuvres. Traduction, adaptation d'après la 2 édition

de l'ouvrage allemand de M. Arthur SCHURIG. Un vol. in-8°, broché. Gounod (en collaboration avec A. DANDELOT). Préface de Camille

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Schriften, par J.-G. PROD'HOMME, R. CAILLÉ, D Treize vol. in-18, brochés.

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PARIS QUI DISPARAÎT

Les

Menus Plaisirs du Roi

L'École Royale et le Conservatoire de Musique

PAR

J.-G. PROD'HOMME et E. de CRAUZAT

17 Portraits, Vues et Plans, d'après les documents de l'époque.

PARIS LIBRAIRIE DELAGRAVE

15, RUE SOUFF LOT, 15 1929

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Tous droits de reproduction, de traduction et d'adaptation réservés pour tous pays.

Copyright by Librairie Delagrave, 1929.

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LES MENUS PLAISIRS DU ROI, l'École royale

et le Conservatoire de Musique

I L'HOTEL DES MENUS PLAISIRS DU ROI

LA FAMILLE DE BOILEAU AU FAUBOURG POISSONNIÈRE.

A l'époque la plus lointaine à laquelle nous fassent remonter nos vieux historiens parisiens, c'est-à-dire au règne de Charles le Chauve, nous trouvons la région du faubourg Poissonnière en la possession du chapitre de Sainte-Oppor- tune. Félibien, suivi par Sauval, rapporte comment ce cha- pitre fut fondé par Charles le Chauve, « qui avoit accordé à Hildebrand, évêque de Séez, l'ermitage de Notre-Dame des Bois lez Paris, situé alors à l'entrée d'une forêt qui occupoit la plaine depuis le pont Perrin vers la Bastille, jusqu'à l'hôtel de Vendôme, où est aujourd'hui la place Louis le Grand et jusqu'à Montmartre ».

Dès 1154, le chapitre aliénait la moitié de ses marais pour être mis en culture. « Le roy Louis le jeune approuva ce changement et consentit que le chapitre, outre le prix de l'accensement, qui étoit de douze deniers par arpent, eust encore sur ces terres cultivées les dixmes et la voirie. Le mesme roy, par lettres patentes datées de l'an 1176, spécifie plus particulièrement les bornes de ces marais de Sainte- Opportune mis en culture, et dit qu'ils estoient situez entre

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Paris et Montmartre, et s'estendoient du pont Perrin jusque sous Chaillot. Il adjouste qu'il donna son consentement à cette aliénation pour obéir au pape et suivre le conseil de Guillaume, archevesque de Sens, de Maurice, evesque de Paris, et de plusieurs autres personnes prudentes qui ont jugé que la chose estoit à l'avantage commun de la ville, aussi bien qu'utile au chapitre de Sainte-Opportune en par- ticulier » « Il paroit, ajoute autre part Félibien qu'en 1227 et 1236, ces marais tenoient à des vignes et à des prez. On apprend de quelques titres de Sainte-Opportune que ces marais s'étendoient depuis la porte Saint-Antoine jusqu'à Chaillot. »

Lorsque le Parisien du temps de Henri II ou Henri III sortait de la ville par la porte Montmartre (à la hauteur des rues des Jeûneurs et Saint-Marc actuelles), il traversait, avant d'arriver au bas de la colline de Montmartre, une région de champs et de marais qui s'étendait sur tout le nord de Paris. D'énormes buttes, des « voyries », supportaient des moulins, à droite et à gauche du faubourg qui conduisait, à travers champs, par les « Martyrs », à Montmartre et à Clignan- court, à la Nouvelle-France et à la Chapelle. L'enceinte for- tifiée, construite sous Louis XIII, ayant été remplacée dès le règne suivant par des limites au delà desquelles il fut interdit de construire on y traça un cours ou boulevard, large promenade plantée de quatre rangées d'arbres, dont la ligne de nos grands boulevards ne perpétue guère aujourd' hui que le souvenir. La « grand rue Montorgueil » et celle des Petits- Carreaux, qui venaient buter depuis des siècles contre le mur et le fossé de la ville, commencent à se prolonger vers le nord par le chemin des Poissonniers ou de la Marée,

1. Félibien, Histoire de la Ville de Paris, t. I, p. 101; Preuves, p. 35 et suiv.

2. Félibien, ibid., p. 273. Cf. R. de Lasteyrie, Cartulaire général de Paris. 3. Le plan de Jouvin de Rochefort, de 1675, les indique déjà; elles

seront à peu près suivies lors de l'établissement de l' enceinte des Fer- miers généraux, sous Louis XVI.

4. Plan de Gomboust (1653).

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ainsi nommé parce qu'il était suivi par les mareyeurs venant, depuis Dieppe, apporter le poisson aux Halles de Paris.

Au XVII siècle, la Ville, dans son incessant besoin d'expan- sion, engloba les moulins qui l'entouraient naguère, et nous voyons, après 1650, une chaussée continuer, au delà de la porte de la Poissonnerie, les rues Montorgueil et des Petits- Carreaux, franchir l'Esgout (rue Richer actuelle) sur un petit pont et longer au nord le grand enclos de Saint-Lazare, à travers la Nouvelle-France.

Au milieu des cultures de jardiniers et de maraîchers qui entourent la ville, entre le futur faubourg Poissonnière et le vieux faubourg Montmartre, se dessine la rue Bergère ou ruelle des Bergers. Chemin vague à l'origine ce n'est qu'un cul-de-sac qui vient s'arrêter aux propriétés de l'Hôtel-Dieu, près de la Grange-Batelière mais que le plan de Deharme continue jusqu'au faubourg Montmartre. Dès 1652, les terriers de l'archevêché l'appellent rue Bergère et les Rues dé Paris, de Valleyre, rue du Berger.

« Ces deux dénominations différentes, dit M. Ch. Sellier, viennent assurément du nom de ce « Jehan Bergier, mar- « chand taincturier de toiles à Paris » qu'on voit sur le Registre des recettes de l'Hôtel-Dieu de 1536, payant un loyer annuel de seize livres parisis « pour une maison, cour et jardin con- « tenant huit arpens de terre ou environ, au lieu appelé les « Petits-Marais, assis oultre la porte Montmartre, au long « des aigoutz de la Ville de Paris, auquel lieu, c'est assavoir « à l'endroit de la dicte maison, ayant un g pont, lesquels « lieux soulloient tenir dudict Hôtel-Dieu, à tiltre de louaige « Guillaume Bergier et Jehanne frère et sœur dudict « Jehan Bergier ». Il est facile de voir que l'espace compris entre les rues Richer et Bergère, à droite du faubourg Mont-

1. Plans de Bullet et de Blondel (1676 et 1700). 2. Plans de Lacaille et de Brettez-Turgot (1714 et 1739). 3. L. Brièle, Collection des Comptes de l'Hôtel-Dieu. Rappelons que l'arpent de Paris valait à peu près 3 419 mètres carrés.

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martre, correspond à l'ancien bien dit des Petits-Marais, men- tionné dans ce document

La Nomenclature des rues de Paris (édition de 1898) dit que la rue Bergère fut tracée en ligne droite et qu'on a commencé d'y construire des maisons vers 1738; en 1737, le plan de Delagrive en figure deux. Cependant, la rue Pois- sonnière ou Sainte-Anne était encore très peu peuplée vers 1750. A droite et à gauche, c'étaient toujours des marais, d'où cette région tirait son nom, et quelques bicoques de jardiniers jusqu'à la Nouvelle-France, où se voyait, à gauche, un peu au-dessus de la rue d'Enfer (rue Bleue), la chapelle Sainte-Anne. Ensuite, à partir de la rue de Bellefond, s'éten- dait le territoire des Dames de Montmartre, dont les moulins, ainsi que ceux plus proches de la Nouvelle-France, égayaient l'horizon.

C'est en bordure de la rue du faubourg Sainte-Anne (ou Poissonnière) et de la rue Bergère, dans le clos des Halliers, que devaient s'élever, dans la seconde moitié du XVIII siècle, l'Hôtel des Menus-Plaisirs du Roi et l'École royale de musique et de déclamation.

Les plus anciens occupants des terrains ou marais du Clos des Halliers qui nous soient connus, par des titres du XIII siècle provenant des papiers de Sainte Opportune, étaient très probablement des jardiniers et des maraîchers, comme

1. Ch. Sellier, Procès-verbaux de la Commission du Vieux Paris, 12 novembre 1903, p. 288-289 : Découverte, rue Bergère, n° 16, de la pre- mière pierre de l'ancien hôtel d'Antoine Lévêque, garde général des Menus plaisirs (1760).

2. La partie sud de la rue Bergère appartenait à la censive de Notre- Dame. Le clos des Alliers, ou aux Halliers, s'étendait depuis l'angle de la rue Montmartre et de la rue Cléry jusqu'à la rue Richer; il était borné à l'ouest par le faubourg Montmartre et la rue du même nom, à l'est par le faubourg Sainte-Anne et la rue Poissonnière, au sud par la rue de Cléry. Un plan schématique, de 1720 environ, indique que la rue Bergère, à cette époque, obliquait à peu près à travers la cité Bergère actuelle, jusqu 'au boulevard, où l'on voit un ponceau marquant la naissance du faubourg Montmartre. Un pointillé indique d'ailleurs le projet de faire continuer directement la rue Bergère jusqu'au faubourg, suivant son tracé actuel et tel qu'il fut décidé en 1738 (Archives Nationales, S, 1975 B.).

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leurs successeurs. A partir du XVI siècle, les désignations plus précises des terriers donnent presque sans lacunes la succession des détenteurs de ces « arpents ». La rue ou ruelle Bergère, — cul-de-sac ou chemin de terre à l'origine, — et celle de l'Égout (rue Richer), entre lesquelles devaient s'installer les Menus-Plaisirs, y paraissent fréquemment; et, depuis le début du XVII siècle, il est possible de reconstituer avec certitude la série des propriétaires riverains.

Dans la première partie du XVII siècle, et sans doute aupa- ravant déjà, le terrain des futurs Menus appartenait à un sieur Legay, jardinier, et à l'aïeul maternel des frères Chassebras En 1647, possesseur d'environ quatre arpents et demi, Nicolas de Niellé ou Denyellé le jeune, procureur au Châ- telet de Paris, faisait ensaisiner au chapitre de Sainte-Oppor- tune quatre acquisitions faites par lui en 1642, 1643 et 1644

1. J.-B. Chassebras, curé de la Madeleine, auteur de Monitions aux per- sécuteurs de l'Église (1655), était grand amateur de livres. Le catalogue de sa bibliothèque fut publié après sa mort, en 1693. Un autre Chassebras, Jacques, écuyer, seigneur de Cramailles, de l'Académie française de Ville- franche-en-Beaujollois, revint d'Italie en 1688. Il a laissé une Relation de la mort de Messire François Hannibal d'Estrées (mort à Rome le 30 jan- vier 1687). A. du Pradel le signale parmi les « fameux curieux d'ouvrages magnifiques » dans son Livre commode des Adresses de Paris (édit. Ed. Fournier, t. I, p. 227). Un Gabriel de Chassebras, conseiller à la Cour des Monnayes, mourut avant 1698 (Annuaire général, Paris, 1697), I. 648, 110 et II (1698), p. 1265 et 1327). Du Pradel cite encore (I, p. 129) un chevalier Chassebras du Bréau, carrefour Saint-Benoît, chez lequel se tenaient des conférences sur l'histoire et les sciences.

2. 4. — Clos Hallié. Nicolas Deniellé Eschange.

Par contrat passé par devant Le Vasseur et Le Roux nores au Châtelet de Paris, le neufième janvier 1644, Nicolas Legay jardinier à Paris a vendu par eschange un arpent demy quartier de terre et marais sciz au Clos Hallier, à M. Nicolas de Niellé Le jeune procureur au Chtl de Paris, tenant d'une Part audit Legay et dautre aud de Nieslé, aboutissant d'un bout par derrière aux esgoutz et pardeuant à la ruelle qui conduit de la rue des Poissonniers à la porte de Montmartre, à la charge du cens, et des autres charges de la somme de cent L. de rente.

3. — Idem. Par autre contrat passé par deuant Mouffle et Le Roux, nores aud Châ-

telet, le xxvj mars 1643, Jacques Legay bourgeois de Paris demeurant

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Nicolas de Niellé, procureur et fils de procureur, n'était autre que le second beau-père du père de Nicolas Boileau- Despréaux. De deux mariages, il eut au moins deux fils, Marc-Antoine et François, et quatre filles, dont l'aînée, Nicole, épousa T homas-Clément, procureur au Châtelet; la seconde, Clémence, devint la femme de Pierre Goussard ; la troisième, Élisabeth, épousa Jean Dongois, puis Mattot, docteur de la Faculté de Paris, et une autre, Anne, devint, le 15 avril 1650, la seconde femme de Gilles Boileau, second greffier de la Grand Chambre du Parlement de Paris. Tous demeuraient

au fauxbourg St-Denis et fils de feu Jean Legay M jardinier sous lautho- rité de Jacques Ancelin marchand fripier à Paris son curateur demeurant rue de la grande friperie, paroisse S. Eustache, suiuant Laduis de ses parens a vendu aud S de Nieslé Le Jeune vn demy quartier de Marais sciz au Clos du Hallier Attenant à la pièce ci-dessus à la charge du cens et audit... Moyennant la somme de deux cents Liures.

2. — Idem de Niellé. Par autre contrat passé deuant Idem de Niellé Le Vasseur et Le Roux le

10 fevrier 1643 ledit Jacques Legay a vendu au sieur de Niellé un arpent de terre et marais, sciz audit Clos des Halliers, tenant d'une part audit sieur de Niellé, d'autre part à prudhomme, aboutissant d'un bout à la ruelle d'autre bout à l'esgout. Moyennant cent liures de rente pour la somme de seize cens livres.

1. — Idem Deniellé. Pardeuant le Vasseur et Mouffle nores par un contrat du xxbiij

mars 1642, M. Jean-Baptiste Chassebras, bachelier en théologie et Remy Chassebras, bourgeois de Paris, dem rue Plastrière ont vendu aud. S de Nielle Le jeune, à titre deschange une pièce de terre et marais en cousture contenant deux arpens, sciz aux Marais de Paris au lieu dict le Clos des Halliers (Le 31 décembre 1646, de Nyelé et son co-acquéreur Le Roux se partageaient les deux arpents qu'ils avaient achetés « En contre echange ledit Nyelé et le Roux cèdent aux dits Chassebras, avec garantie, 4511, de rente. » — O 1577, pièce 8) aboutissant d'un bout à un petit chemin qui conduist aux coustures d'autre bout aux esgoutz de la Ville tenant d'un coste au Chemin des poissonniers et a... et d'autre à Jean Barbier ou ses ayant cause. Et contresange de la Rente de Cent quatre vingt seize livres parisis en deux parties. Lune de cent quarante liures parisis de rente au moyen de transport qui lui en esté fait savoir de... par contrat deschange, et de l'autre moitié par M. Pierre Lauron Conseiller des guerres.

Ensaisiné L'acquéreur dénommé des quatre Contracts cydessus men- tionnés et mis en possession des quatre arpens un quartier y spécifiez après qu'il nous a payé des droits de lods et vente pour ce dont qui lui ont esté remis sans préjudice dautres droits à Paris ce douze aoust mbjc qua- rante sept (Archives nationales, Terrier de Sainte-Opportune, S 1679. Ensaisinements, 1630-1639, fol. 76, 2 et 5).

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en 1637, c'est-à-dire peu après la naissance du poète, rue Quincampoix Anne de Niellé était âgée de vingt ans à peine lorsqu'elle épousa « un homme qui en avait quarante-six, veuf seulement depuis sept mois d'une femme qui lui avait donné dix enfants dont huit étaient vivants ».

M de Niellé était donc propriétaire, au Clos des Halliers, de trois arpents et demi environ lorsqu'il mourut vers la fin de l'année 1663, ayant, le 17 janvier 1661, partagé ses biens avec sa sœur Nicole, femme de Roger Le Marchand Il s'était occupé de mettre en valeur sa propriété nouvelle, d'abord en demandant à différentes reprises, avec les pro- priétaires voisins, que la ruelle Bergère fût mise en état de viabilité \ puis en faisant construire une maison assez impor-

1. Acte de Baptême de Nicole Clément : « Le 30 juillet 1637 a été bap- tisée Nicole, fille de M Thomas Clément procureur au Châtelet de Paris et de Nicole de Niellé, sa femme, demeurant rue Quincampoix. Le parrain M Nicolas de Niellé, aussi procureur audit Châtelet, père grand, la mar- raine, Anne de Niellé, femme de M Gilles Boileau, second greffier de la Grand Chambre du Parlement de Paris, demeurant à ladite rue. » (Boileau, Œuvres, édit. Gidel, I, p. IV, note 1).

2. Boileau, édit. Gidel, I, p. XII. Jal (Dict. de Biographie, p. 239-240), signale en outre le contrat de mariage « de Jean Dongois et d'Anne Boileau, en janvier 1633 », parmi les minutes de l'étude Demas (M Monnoyer). La mère de Boileau mourut dix-huit mois après sa naissance, « le lundy der- nier jour de May 1638 ». Elle fut inhumée à Saint-Nicolas-des-Champs, où elle avait été baptisée.

Boileau a composé pour elle l'épitaphe suivante, en 1670 : Épouse d'un mari doux, simple, officieux, Par la même douceur je sceus plaire à ses yeux; Nous ne sceûmes jamais ni railler, ni médire. Passant, ne t'enquiers pas si de cette bonté

Tous mes enfans ont hérité. Ly seulement ces vers et garde-toy d'écrire.

3. Le Marchand, sieur de l'Hauteisle, était avocat au Parlement. Sa veuve, née en 1604, mourut en 1698 et fut inhumée à la Sainte-Chapelle basse. Boileau signa à l'acte mortuaire (Jal, p. 239-240).

4. Archives nat. O 1577, pièces 9 à 15. Le 29 janvier et le 30 juin 1645, les propriétaires « le long de la ruelle qui conduit de la rue des poisson- niers au faubourg de Montmartre appelé la Ruelle Bergère » demandaient que celle-ci soit portée à une largeur de 16 pieds ; le 20 juillet, ils pétition- naient de nouveau « pour parfaire et continuer la rue Bergère jusqu'au fau- bourg Montmartre » à travers le grand marais appartenant à l'Hôtel-Dieu. Le 13 avril suivant, ils réitèrent leur demande. Dongois la renouvellera quelques années plus tard.

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tante. Il soutenait, au moment de sa mort, un procès « contre les dames de Montmartre, qui auroient un droit de cinq sols par chaque arpent de marais en quelques endroits du Clos des allières et quatre sols parisis sur aucuns autres endroits du même clos dans la scituation désignée et remarquée au procès ». Ces droits, selon les demanderesses, avaient été réglés entre elles et le chapitre de Saint-Germain-l'Auxerrois (qui disputait toujours ces terrains à celui de Sainte-Oppor- tune) par une transaction du 24 mai 1431, « par laquelle il se voioit que la quanton sur lequel lesdites relligieuses deman- deresses auoient droit de prendre ledit droit de cinq s. parisis et quatre s. parisis pour arpent dans ledit clos aux alliez mesurez et reglez reuenoient à 32 arpents de terres venantes et com- mençantes à une borne joignant la voirie de la porte Saint- Denis et allant tout du long du chemin de la Marée jusqu'au ponceau des filles Dieu en allans tout du long des Esgoux de Paris et continuant iceux esgoux jusqu'au chemin de Mont- martre et passer par devant le petit hotel Dieu et du nombre desdits 32 arpens et dicelluy chemin de Montmartre et venant par devant ledit petit hotel Dieu au long desdits arpens de terre appartenans à la Confrairie et bourgeois de Paris... »

En conséquence, de Niellé fut condamné, le 8 juillet 1661, à payer « 29 années d'arrerage dudit droit de dix me à raison de 4 sols parisis sur les autres ».

Le vieux procureur ne se tint pas pour battu et fil appel. Mais il mourut sur ces entrefaites, et ses héritiers, continuant le procès, furent définitivement condamnés par sentence du 12 février 1664.

Dans le partage de la succession de Niellé, du 15 mars 1666, figurent : « Une maison scis au faubourg St-Anne, rue bergère Et jardin... estimez à la somme de xiiiim livres », « une maison à la Nouvelle France... xm livres », « 2 moulins à vent et une maison derrière le fauxbourg Sainte-Anne dict la Nouvelle France... xiim livres ». La moitié de la succession s'élevant à 51.229 livres 3 sols, qui échut par tiers aux filles de de Niellé : Nicole (femme Clément), Clémence (femme

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Goussard, sieur des Roches) et Elisabeth (femme Dongois, puis Mattot), comprenait « moitié de la maison et jardin scize rue bergère au Faubourg Sainte-Anne pour la somme de sept mil livres et la totalité du marais aux poissonniers estant derrière ladite maison avec la maison estant dans iceluy où loge le Maréchal.., pour la somme de dix mille livres ». L'autre moitié de l'héritage restait à Geneviève Cres- tat, veuve de M. Nicolas de Niellé qui, le 20 février 1671, constituait pour son procureur général Jean Dongois, greffier au Châtelet, premier mari de sa fille Elisabeth.

Beau-frère du poëte, Jean Dongois, à la mort de sa femme, Anne Boileau, se remaria avec Élisabeth de Niellé. Né en 1604, il avait été greffier civil du Parlement jusqu'en 1669 et, de la Chambre de l'Édit. Mort en 1685, dans sa 81 année, il fut inhumé à la Sainte-Chapelle, où les Boileau avaient leur sépulture. De son premier mariage, Jean Dongois avait eu au moins trois fils : Jacques, Nicolas (1633-1717) et Gilles (1636-1708) et deux filles : Charlotte (1638-1719) et Anne (baptisée le 20 juin 1637), toutes deux par conséquent à peu près du même âge que leur oncle Boileau-Despréaux. Il sera question tout à l'heure des deux fils.

Jean Dongois, devenu le gendre de la grand-mère mater- nelle de sa première femme et son procureur général, se rendit acquéreur, au Clos des Halliers, d'une moitié de maison et jardin et totalité d'un marais de deux arpents, moyennant le prix de 12.900 livres

Dès 1672, on lui réclamait le « dixième denier de la valeur des clostures et Bastimens faits dans les faubourgs de Paris, au delà des Bornes plantées en l'année 1638 ». M

1. De Niellé s'était marié deux fois; sa première femme s'appelait Éli- sabeth Nion.

2. Elle épousa : 1°, le 22 avril 1660, Nicolas Gantelier, avocat au Parle- ment; 2°, le 9 novembre 1668, Henri de Bressec, sieur de la Chapelle, secrétaire chez Lamoignon, puis contrôleur des Bâtiments du Roy.

3. Sentence de licitation du Châtelet, du 23 mars 1672, et sentence du baillage du Palais, du 18 mars 1674, ensaisinée à Sainte-Opportune le 24 novembre 1676.

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gois prit alors sa belle plume de procureur et rédigea une pétition « Au Roy ». Il y expose qu'il « a esté obligé de prendre en payement une vieille maison qui tombe en ruynes, scituée rue Bergère proche le fossé de la rue Montorgueil, laquelle a estée bastie longtemps auparavant l'année 1638 et en deça des bornes et limites qui furent plantées en ladite année et par conséquent n'a point esté construite au préjudice des deffences faites par vostre Majesté ny au delà des bornes que vostre Maj esté a ordonné estre mises, néantmoins M René Drouet qui a traicté avec votre Majesté des taxes faites sur les maisons des fauxbourgs qui ont été bâties depuis... a fait commandement au suppliant de payer 2.220 livres bien qu'il soit notoire que ladite maison n est point au delà des bornes et limites, qu'elle est de peu de valleur, sujette au logement des soldats des gardes qui sont quelquefois jusqu'au nombre de huit et par cette raison inhabitée et habandonnée (sic) y ayant plus de quatre ans qu'il n'y a aucun locataire et que le suppliant n'en retire aucuns loyers ».

Nonobstant cette réclamation, Dongois fut obligé de payer 300 liv res, le 26 août 1676, « au lieu de la veuve de Niellé, Mathault et Gedouin à cause d'une maison rue Bergère ». Ainsi s'exprime la quittance.

Le 11 août 1681 enfin, il acquérait de la demoiselle Dausbourg l'arpent acquis jadis par le notaire Le Roux, des frères Chassebras, et attenant à celui qu'il tenait de la licitation de Niellé, pour le prix de 2.200 livres, dont 600 comptant

1. Cette demoiselle Dausbourg le cédait comme première créancière de la succession Le Roux, « au moyen de la cession qui par contrat passé par deuant Saualette et Foret, notaires à Paris, le 18 Janvier mil six cent quatre vingt un, lui a esté faite par Dame Anne Accard veuve Estienne desain ce dernier conseiller Et secrétaire du Roy De ce que estoit deub à la succession de M Guy Dausbourg chevallier seigneur Daumont père de la ditte damoiselle vanderesse à prendre sur la succession dudit Le Roux, pour partie du prix de la cession », qui s' élevait à 8.000 livres. L' arpent « ou environ » ainsi acquis par Dongois était « scis au lieu dit le clos des Alliers au bout de la rue Montorgueil sur le chemin des poissonniers tenant d'une part audit Chemin des poissonniers d autre et d 'un bout à

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TABLE DES GRAVURES

Portrait de Nicolas Boileau-Despréaux 17 Portrait de Papillon de la Ferté 27 Portrait de Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais 39 Coupe et plan de la petite salle des Menus (1763) ......... 43 Plan de la petite salle au XIX siècle 44 Portrait de François-Joseph Gossec 73 L'incendie de 1788; d'après un dessin de Meunier 77 Fête de l'Être suprême; d'après une gravure du temps 93 Portrait de Bernard Sarrette 103 Le Conservatoire et les bâtiments des Menus plaisirs en 1814; d'après

un plan de l'époque 120-121 Plan de la salle du Conservatoire, par Delannoy (1807) 123 Les anciens Menus et le Conservatoire, d'après le plan de Jacoubet

(1836) 127 L'entrée des Menus, faubourg Poissonnière ; d'après une ancienne

lithographie anonyme conservée au Cabinet des Estampes . . . . 131 La salle du Conservatoire (mars 1843); d'après une gravure du

Monde illustré 137 Façade du Conservatoire vers 1900 139 Plan du Conservatoire avant sa démolition 140 Démolition du Conservatoire (1911); d'après une photographie de

M. G. Cortaillod . . . . . . . . . . . . . . 142

11739. — Coulommiers. Imp. PAUL BRODARD. — 12-28.

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