Les paradigmes sociologiques, analyses de la société

Pr. Jean-Marc DutrénitPr. Jean-Marc Dutrénit

Les paradigmes sociologiques,Les paradigmes sociologiques,analyses de la sociétéanalyses de la société

-IV -IV -L’individualisme L’individualisme méthodologiqueméthodologique

Octobre 2009Octobre 2009


Ce diaporama est la quatrième partie du cours intitulé Ce diaporama est la quatrième partie du cours intitulé Les paradigmes sociologiques, anLes paradigmes sociologiques, analyses de la sociétéalyses de la société

Plan du cours

• Introduction• I – Le Fonctionnalisme• II – L’Habitus Culturel • III – L’Ethnométhodologie• IV – L’individualisme Méthodologique (dans le présent

diaporama)• Conclusion (dans le présent diaporama)

• N.B. En raison de leur taille les parties font l’objet de fichiers Speechi différents


AvertissementAvertissement

• Ce cours a été conçu pour servir le programme du DUT « Carrières Sociales » module « M229 & MOp 229 Analyse de la société ».

• Mais il peut aussi servir à tout enseignement de Sociologie


IV – L’individualisme IV – L’individualisme méthodologiqueméthodologique

• A - Définition• B – La société d’un point de vue individualisme méthodologique

• Un système causal adapté à la nature du cerveau humain• Le raisonnement est à la base de l’action des hommes• L’action humaine entraîne des effets imprévus, contre-intuitifs• Sociologie & Neurosciences sont connexes et différentes• L’homme raisonne avec ce qui fait sens pour lui• Les millions de décisions individuelles

construisent les phénomènes sociaux• Devoir

• C - La Personne d’un point de vue individualisme méthodologique• Degrés de liberté de la personne• La déviance est un délibéré personnel• L’homme sait « l’art de se persuader des idées fausses fragiles ou douteuses »• Le soi et le groupe sont en concurrence permanente• Néanmoins, tout n’est pas perdu pour l’humanisme…• Rapports entre psy et socio : le rôle de l’individu dans

l’évolution des normes Conclusions

• D - Le travail social d’un point de vue individualisme méthodologique• Deux motivations fondamentales • La chaîne motivations-valeurs-modes d’action-effets comme modèle de compréhension IM du

travail social • L’impasse actuelle• Le choix du spectateur impartial• Des voies d’optimisation pour l’Education Nationale et les Affaires Sociales• Conclusion


A - Définition 1/3A - Définition 1/3(Boudon 1987)(Boudon 1987)

• Les phénomènes macroscopiques étudiés en sociologie

• résultent de l’agrégation des actions individuelles

• sont la conséquence de motivations et de raisons relevant de l’anticipation humaine

• sont donc souvent inattendus

• Mais peuvent s’expliquer rationnellement


Définition 2/3Définition 2/3(Boudon 1987)(Boudon 1987)

Les phénomènes macroscopiques sont la conséquence

de motivations et de raisons relevant de la psychologie ordinaire

à une époque donnée.

Car il s’agit d’actes produits par des millions d’individus.


Définition 3/3Définition 3/3les produits de l’IM les produits de l’IM

(Boudon 2002)(Boudon 2002)

• une méthode d’analyse des phénomènes plutôt qu’une théorie totale

• Une série d’analyses qui modifient profondément nos manières de voir


Pères fondateursPères fondateurs

• A. de Tocqueville 1805 – 1859• Nous recommandons Souvenirs 1848-1850

• Max Weber 1864 – 1920• Nous recommandons Economie et Société

• R. Boudon (1934 - ) • Nous recommandons Une théorie générale de la

rationalité


B - Théorie de la société B - Théorie de la société du point de vue de IMdu point de vue de IM

Un système causal adapté à la nature du cerveau humainUn système causal adapté à la nature du cerveau humainLe raisonnement est à la base de l’action des hommesLe raisonnement est à la base de l’action des hommes

L’action humaine entraîne des effets imprévus, contre-intuitifsL’action humaine entraîne des effets imprévus, contre-intuitifsSociologie & Neurosciences sont connexes et différentesSociologie & Neurosciences sont connexes et différentes

L’homme raisonne avec ce qui fait sens pour luiL’homme raisonne avec ce qui fait sens pour luiLes millions de décisions individuelles Les millions de décisions individuelles construisent les phénomènes sociaux construisent les phénomènes sociaux


1 - Un système causal adapté à la 1 - Un système causal adapté à la nature du cerveau humainnature du cerveau humain

SCIENCES DE LA NATURE

• La cause est dans le passé

• Science = prévoir les conséquences certaines

SCIENCES DE L’HOMME

• La cause est dans le futur (l’homme agit pour atteindre des objectifs anticipés par son cerveau)

• Science = comprendre les conséquences incertaines


Ex 1 : choix religieux paysans au III° Ex 1 : choix religieux paysans au III° sièclesiècle (Boudon 2002)(Boudon 2002)

• Difficile d’accepter qu’un dieu unique représente à lui seul les phénomènes différents liés à l’agriculture (météo, fertilité, maladies, etc.)

• La prolifération des saints résoudra cette difficulté avec la même rationalité que celle du polythéisme (Zeus, Eole, etc. soit 1 dieu par phénomène)


Ex 2 : anticipation de la résidence intéressante et conséquences sur le Ex 2 : anticipation de la résidence intéressante et conséquences sur le progrès technique agricole en France et en Angleterre progrès technique agricole en France et en Angleterre au XVIII siècleau XVIII siècle (Tocqueville (Tocqueville L’Ancien Régime et la Révolution, L’Ancien Régime et la Révolution, 1830, Boudon 2002)1830, Boudon 2002)

FRANCE

Société centraliséeEnjeux à Paris (Variable 1)

Propriétaire foncier réside à Parispar intérêt (Variable 2)

Progrès technique agricole lent(Gestion déléguée) (Variable 3)

ANGLETERRE

Société décentraliséeEnjeux en province

Propriétaire foncier réside

sur son domaine par intérêt

Progrès technique agricole Rapide (Gestion personnelle)


2 - Le raisonnement est à la base 2 - Le raisonnement est à la base de l’action des hommesde l’action des hommes

• L’homme explique et anticipe les phénomènes qu’il observe à l’aide des théories disponibles dans son milieu, auxquelles il fait appel rationnellement.

« Pour le primitif, le comportement du faiseur de feu est tout aussi magique que celui du faiseur de pluie » Weber 1922.


Ex de raisonnements à l’aide des Ex de raisonnements à l’aide des théories disponiblesthéories disponibles

– Les prêtres vendéens de 1790 pensaient que le Christ miraculerait les chouans en rendant les balles de fusils républicains inoffensives.

– Papouasie 1930 : des ingénieurs de mines campent un soir dans un village Papou. Ils

démontrent la puissance des fusils en tuant un cochon devant le village assemblé. Le chef déclenche néanmoins une attaque des voyageurs le lendemain car il n’a pas fait le lien entre fusil et mort pour les hommes

– Les Aztèques du XVe s. sacrifiaient de jeunes vierges pour faire venir la pluie.

– A Troie, 5e s. a. JC, les Grecs sacrifient Iphigénie pour obtenir des vents favorables au retour vers Athènes

– L’Eglise du 17e s. refuse de croire Copernic, Galilée et Kepler en raison de l’imperfection des perceptions humaines qui ne peuvent pas accéder au monde stellaire. (Vigoureux 2003)

– Tout cela part du principe dominant dans la tête des acteurs : « les forces divines dirigent le monde » C’est un RAISONNEMENT imputable probablement à la conscience que les hommes avaient de leur faiblesse, mais aussi à leur recherche d’explications et de solutions.


Mais surgissent parfois Mais surgissent parfois des raisonnements innovantsdes raisonnements innovants

• Confucius, Bouddha, Ulysse, Socrate, Pythagore, Hipparque d’Alexandrie, le Christ, Copernic, Kepler, Galilée, Newton, Pasteur.... ont changé le monde

• Ils ont payé ou failli payer leurs innovations de leur vie car ils se heurtaient aux théories disponibles.

• L’altruisme, souvent récompensé (déjà dans les espèces animales par ex) explique leur audace

• La diffusion de leurs innovations est d’abord lente, puis rapide en raison du nombre croissant tous les jours de personnes capables d’en parler à d’autres (courbe en S).


3 - L’action humaine entraîne des 3 - L’action humaine entraîne des effets imprévus, contre-intuitifs :effets imprévus, contre-intuitifs :

– La réforme protestante a lieu pour des raisons religieuses mais elle crée les conditions morales de la soc industrielle (succès économique = signe de la grâce divine)

– La danse pour faire pleuvoir des indiens Hopis n’onbtient pas toujours la pluie. Mais elle favorise la solidarité pour survivre avant la prochaine récolte

– Le terrorisme contribuera sans doute à une laïcisation des pays musulmans à long terme (10 ans et +)

– La massification de l’enseignement supérieur a eu de fortes répercussions sur le niveau relatif des salaires (Cf. les 3 diapos suivantes)


Effet inattendu de la multiplication Effet inattendu de la multiplication des diplômés du supérieur sur les des diplômés du supérieur sur les

salaires salaires (J. Fourastié 1995)(J. Fourastié 1995)

Huissier au Conseil d’Etat

Lauréat de Polytechniq

ue

Sal Polyt / sal Huis =

1930 100 francs 1000 francs 10

2005 1500 € 3000 € 2


Explication IM Explication IM

• Le nombre des cadres a cru d’un facteur 10 entre 1970 et 2003. La concurrence entre eux a augmenté. Les salaires ont donc baissé. Le nombre d’ouvriers a diminué, leur qualification a souvent augmenté. Les salaires des uns et des autres se sont donc rapprochés.

• Mais au cours de la même période, le pouvoir d’achat a augmenté : pour la même quantité de monnaie on obtient plus de marchandise


Mais des verrous se forment Mais des verrous se forment pendant la période de pendant la période de

développement développement (paradoxe d’Anderson)(paradoxe d’Anderson)

• Le nombre de places de « l’élite » varie peu. Et son recrutement social devient plus conservateur : l’accès des enfants d’ouvriers à Polytechnique était de 25% du recrutement en 1965 et de 1% en 2005

• Discrimination à l’embauche à tous les niveaux


4 - Sociologie & Neurosciences 4 - Sociologie & Neurosciences sont connexes et différentessont connexes et différentes

• La biologie des neurones est la cause des actions individuelles (anticipations, opposition, etc.) => neurosciences

• L’arrangement des actions individuelles est le point de départ de l’organisation sociale => sociologie


Ex : trois niveaux d’explication Ex : trois niveaux d’explication de la solidaritéde la solidarité

1. Son existence = Sociobiologie (évolution des espèces)

1. Ses variations interindividuelles = Neurosciences (le développement cérébral personnel)

1. Son évolution et variations dans l’espace culturel = sociologie (théorie rationnelle d’explication par les effets de l’agrégation des décisions individuelles)


5 - L’homme raisonne avec ce 5 - L’homme raisonne avec ce qui fait sens pour luiqui fait sens pour lui

1. Production de résultats et de doctrines par qques uns (cerveaux observateurs, synthéthiseurs : Platon, Aristote, Jésus, Luther, Newton, etc.) relayés par les groupes et les media

1. Les contemporains utilisent et choisissent entre les théories disponibles ce qui leur paraît le mieux faire sens pour leur situation


Ex 1 de la recherche du sens Ex 1 de la recherche du sens pour enseignants et travailleurs pour enseignants et travailleurs

sociaux (avant 2003) sociaux (avant 2003)

• La théorie de l’Habitus Culturel (1965) désigne l’origine sociale des enfants comme la cause de leur échec ou succès

• Les enseignants et les travailleurs sociaux l’adoptent en masse dans les années 1968 car

• C’est cohérent avec l’individualité du succès, de l’échec et des psychologies déterministes

• Cela rend la pédagogie superflue (théories peu disponibles en France et refus de l’effort interactif )


Ex 2 de la recherche du sens Ex 2 de la recherche du sens pour enseignants et travailleurs pour enseignants et travailleurs

sociaux (après 2005)sociaux (après 2005)

• Neurosciences, didactique des disciplines, psychologie, pédagogie et sociologie cognitive deviennent des théories disponibles (2000)

• Les enseignants et les travailleurs sociaux s’y intéressent progressivement depuis 2005 car

• Cohérent avec concurrence mondiale• Valorise l’innovation contre la tradition, la solidarité

nécessaire à la réalisation de soi (valeur devenue importante)


6 - Les millions de décisions 6 - Les millions de décisions individuelles individuelles

construisent les phénomènes sociaux 1/3construisent les phénomènes sociaux 1/3

La volonté du soldat de base décide de l’issue de la bataille

– Toute la population russe a vaincu Napoléon (Tolstoï Guerre et Paix)

– Valmy 1792 était un élan populaire pour garder les acquis de la Révolution

– L’étrange défaite de 1940 s’explique par la faible combativité des troupes françaises


Les millions de décisions individuelles Les millions de décisions individuelles construisent les phénomènes sociaux 2/3construisent les phénomènes sociaux 2/3

Le changement des valeurs résulte d’un combat permanent -- Le développement scientifique fait reculer les

croyances diverses (Max Weber)– L’homme sélectionne les valeurs en fonction de la

dignité qu’elles lui procurent (R. Boudon) – Les valeurs d’un pays résultent de la combinaison

des deux facteurs précédents (Inglehart)


Les millions de décisions individuelles Les millions de décisions individuelles construisent les phénomènes sociaux 3/3construisent les phénomènes sociaux 3/3

Les interactions sont le moteur des décisions

– Courbe diffusion du médicament ou produit agricole (diapos suivantes)

– Evolution du nombre de diplômés dans les différentes CSP (diapos suivantes)


Diffusion type d'un produit nouveau (médicament, engrais, jeu vidéo, théorie scientifique, etc.)

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11

Temps en mois

% d

'util

isat

eurs


Explication IM de la diffusion Explication IM de la diffusion d’un nouveau produit d’un nouveau produit (Boudon, 1978)(Boudon, 1978)

• 3 premiers mois : seul un petit nombre d’initiés est informé des avantages du nouveau produit

• 4ème 5ème mois : le nombre des personnes informées augmente par le bouche à oreille (chacun informe 10 collègues qui à leur tour en informent 10 autres, etc... )

• Après le 9ème mois seuls les isolés et les réfractaires

n’utilisent pas le nouveau produit


Proportion de diplômés = ou > bac Proportion de diplômés = ou > bac Français ayant terminé études initiales Enquête FQP 1993 INSEEFrançais ayant terminé études initiales Enquête FQP 1993 INSEE

Age 25-39 ans 40-49 ans 50-59 ans

Hommes 30.1 29.0 20.9

Femmes 37.3 26.4 19.1

Père agric 28.3 16.0 9.6

Père artis/ co 39.2 37.4 28.3

Père cadre 72.3 69.2 67

Père prof inter 52.7 48.5 36.3

Père employé 34.9 35.0 24.6

Père ouvrier 19.1 12.5 9.7

Ensemble 33.8 27.7 20.0


Interprétation IMInterprétation IM

• Ex : En 1965 les enfants d’ouvriers trouvaient plus intéressant de devenir ouvrier

• En 2007, ils trouvent plus intéressant de devenir prof intermédiaires, technicien ou ingénieur.


Conclusion : retour à la Conclusion : retour à la définition définition (Boudon 1987)(Boudon 1987)

• Les phénomènes macroscopiques étudiés en sociologie sont la conséquence de motivations et de raisons relevant de la psychologie ordinaire à une époque donnée.

• On devra donc connaître les théories disponibles pour les acteurs concernés à chaque époque

• Ensuite on pourra retracer les principaux types de stratégies individuelles utilisées par des millions de personnes pour comprendre le passage d’un état E de la société à un état E’

• N.B. Les stratégies produisent souvent des effets inattendus par leurs acteurs


DEVOIR SUR L’INDIVIDUALISME DEVOIR SUR L’INDIVIDUALISME METHODOLOGIQUEMETHODOLOGIQUE

• Définir le paradigme de l’IM

• Sur le sujet choisi en accord avec l’enseignant, (un seul sujet pour les 4 devoirs) présenter 3 tab statistiques mentionnant la source, la date, l’intitulé du tab., la taille de l’échantillon, mettant en lumière des changements et/ou identités dans le temps ou dans l’espace (pays par ex) et construire un commentaire pour chacun sous la forme :

• Changements observés dans les choix faits par les acteurs entre Temps zéro et Temps zéro+20 ans ou entre pays différents pour le phénomène social étudié (ex : réussite scolaire selon le milieu, distribution statistique des drogues consommées, Opinion sur l’âge de retraite idéal, etc.)

• Reconstruction des raisonnements que les acteurs peuvent avoir eus pour modifier leurs choix entre T zéro et T + 20 ans ou présenter des choix différents d’un pays à l’autre

• Conséquences pour la société globale (effets contre-intuitifs) en termes de pouvoir d’achat, de culture, de bien-être, etc..

• Critique• 2 p. obligatoirement dactylographiées maxi + tab.


C - Théorie de la C - Théorie de la personne en IMpersonne en IM

Degrés de liberté de la personneDegrés de liberté de la personneLa déviance est un délibéré personnelLa déviance est un délibéré personnel

L’homme sait l’art de se persuader des idées fausses fragiles L’homme sait l’art de se persuader des idées fausses fragiles ou douteusesou douteuses

Le soi et le groupe sont en concurrence permanenteLe soi et le groupe sont en concurrence permanenteNéanmoins, tout n’est pas perdu pour l’humanisme…Néanmoins, tout n’est pas perdu pour l’humanisme…Rapports entre psy et socio : le rôle de l’individu dans Rapports entre psy et socio : le rôle de l’individu dans

l’évolution des normes l’évolution des normes ConclusionsConclusions


De grands penseurs ont décrit les De grands penseurs ont décrit les degrés de liberté de la personne degrés de liberté de la personne

• Grands philosophes (Socrate, Descartes, Spinoza, Rousseau, Kant, Hegel…)

• Grands économistes (A. Smith, W. Pareto, A. Sen, G. Becker…)

• Grands psychologues (Piaget, Changeux, A. Damasio, B.Cyrulnick…)


Une allégorie exemplaire de nos Une allégorie exemplaire de nos degrés de liberté…degrés de liberté…(A. Malraux (A. Malraux AntimémoiresAntimémoires))

• Un artiste japonais du XVe siècle ayant déplu au prince fut condamné à la pendaison

• Pendu au bout de la corde, son orteil effleurait le sable, si bien qu’il put y dessiner une souris. Si parfaite qu’elle put couper la corde et libérer l’artiste


Point de départ :Point de départ :Acquis de l’EM + Apport des Neurosciences et Acquis de l’EM + Apport des Neurosciences et

psychologie socialepsychologie sociale• On trouve des degrés de liberté dans toutes les

situations (EM)

• La très grande plasticité du cerveau permet d’apprendre et de déduire leçons et anticipations de chaque expérience individuelle. Le cerveau des émotions imprime à tout âge (Damasio A. R. Looking for Spinoza: Joy, Sorrow and the Feeling Brain N.Y. Harcourt Inc. 2003) Trad française Le cerveau des émotions 2003

• Des neurones d’un mètre de long mettent en liaison les aires cérébrales de manière aléatoire pendant le sommeil (Changeux 1997). Serait-ce une base neurophysiologique de notre liberté, parmi d’autres ?...


Rappels d’acquis en psychologie Rappels d’acquis en psychologie sociale 1/3sociale 1/3

• La participation : rester / quitter un groupe (Doise)• Je suis en accord : je reste• Je suis en désaccord : je transforme ou je quitte

• La réactance : réaction instinctive de liberté face au « matraquage publicitaire », (Doise)

• Le conflit socio-cognitif est créateur d’intelligence (Doise)


Rappels d’acquis en psychologie Rappels d’acquis en psychologie sociale 2/3sociale 2/3

• Force du cerveau. Le seul entraînement mental du pianiste produit :

• la même activité neuronale que l’entraînement réel • Presque les mêmes performances au piano par la suite

• On peut choisir et alterner • Norme d’internalité (je suis responsable de ce qui m’arrive)

• Norme d’externalité (tout est de la faute des autres)


Rappels d’acquis en psychologieRappels d’acquis en psychologie sociale 3/3 sociale 3/3

• La résilience :On peut trouver dans le malheur des motif supplémentaires de réussite. La cause du handicap devient alors une base de succès : Kepler, Newton, orphelins pauvres (Vigoureux 2003, Cyrulnik, 2002)

• Les thérapies cognitives• Rapides et basées sur un apprentissage de

postures mentales différentes elles montrent une forte efficacité B. Samuel-Lajeunesse et al. , Manuel de thérapie comportementale et cognitive, Dunod, 2004


1 - La déviance est un délibéré 1 - La déviance est un délibéré personnel…personnel…

• « J’ai choisi la déviance pour vivre comme un seigneur. Peu importent les risques » (Cl. Lucas, Suerte ou l’exclusion volontaire Plon)

• 25 % des détenus sont de vrais pros sur qui les offres de réinsertion n’ont pas de prise (Cusson M., La

délinquance, une vie choisie. Entre plaisir et crime, Montréal, Éditions Hurtubise, 2005).

• Un sicilien arriva en Amérique en 1930. • Ambitieux mais sans qualification, il devint maffioso. • 30 ans + tard, il annonce à ses amis : « Catastrophe ! Mon fils veut

faire comme nous… alors qu’il a fait de bonnes études»


2 - L’homme sait « L’art de se persuader des 2 - L’homme sait « L’art de se persuader des idées fausses fragiles ou douteuses » idées fausses fragiles ou douteuses » (Boudon)(Boudon)

• Expérience test sur le raisonnement :

– Un promeneur quitte la vallée au chalet un matin à 8h. Il arrive au refuge vers 18h. Le lendemain, il redescend dans la vallée.

– Existe-t-il un lieu où le promeneur se trouvera à la même heure à l’allée et au retour ?


OUI ! La preuve : imaginons deux promeneurs le même jour : l’un OUI ! La preuve : imaginons deux promeneurs le même jour : l’un monte, l’autre descend. Ils se rencontrent en un lieu et un monte, l’autre descend. Ils se rencontrent en un lieu et un

moment donnés.moment donnés.

Départ de chacun : 8h

0

5

10

15

20

25

1 2 3 4 5 6 7

Distance en Kms

Ho

rair

es Promeneur 1

Promeneur 2


Conclusion du test Conclusion du test (Boudon)(Boudon)

• Les bonnes réponses sont peu nombreuses• Interprétation

– Nous n’examinons pas tous les cas de figure– On pense par induction à partir de quelques éléments épars– On pose rarement toutes les données de l’expériences– => « Bonnes raisons » de penser que ce lieu n’existe pas

• Conséquences : – On pense et réfléchit avec les moyens du bord : tout ce qui est

disponible autour de soi (magie, religion, politique, préjugés, approximations, îlots de connaissance scientifique, etc.)

– On pense logique mais faux car insuffisamment logico expérimental

– C’est vrai sur tous les sujets


3 - Le soi et le groupe sont en 3 - Le soi et le groupe sont en concurrence permanente concurrence permanente (Olson 1980)(Olson 1980)

• Olson démontre que chaque individu a intérêt objectif à éviter de participer à l’obtention de biens collectifs (au moyen de cotisations, grèves, mouvements divers…)

• Sauf si la rétribution est individualisée (syndicats étrangers / français; Am Med Ass)

• Pour exister, la coopération doit donc offrir un avantage individuel direct, visible et palpable

• Exception : les groupes d’effectif inférieurs à 20 personnes où la pression psychologique des autres est forte (plus coûteuse à supporter que la participation)


Conséquences du paradoxe d’OlsonConséquences du paradoxe d’Olson

• La conscience collective (culturellement définie et déterminante) n’existe pas.

• Les groupes ne se conduisent pas comme des individus

• L’analyse Coût/avantage pour chaque individu est une clé de compréhension


4 – Néanmoins, tout n’est pas 4 – Néanmoins, tout n’est pas perdu pour l’humanisme…perdu pour l’humanisme…

• Les Neurosciences disent :– Conduite altruiste & coopération (réciprocité)

réussie produisent de la dopamine

– Cela signifie que celui qui l’a vécue cherchera à la revivre (dopamine = plaisir)

(A. Damasio 2003)

– La compétence sociale, constituée sur l’altruisme, est localisée dans le lobe frontal. Elle disparaît soudain par accident ou dommage chirurgical (A. Damasio 2003)


5 – Il y a une sorte de justice immanente :5 – Il y a une sorte de justice immanente :l’inégalité est considérée comme légitime lorsqu’elle l’inégalité est considérée comme légitime lorsqu’elle

est proportionnelle à l’apport individuelest proportionnelle à l’apport individuel Cherkaoui MCherkaoui M. . Rev. Fr. Soc. 1992Rev. Fr. Soc. 1992

Sondage N = 1000 personnes France

0

5

10

15

20

25

1 2 3 4 5 6 7 8 9

Déciles de revenu estimé "mérité" par les répondants pour eux mêmes

Série1


Une théorie universelle Une théorie universelle de la personnede la personne

(Shalom H. Schwartz 2006)(Shalom H. Schwartz 2006)


Il existe des éléments universels qui guident Il existe des éléments universels qui guident les choix et permettent l'évaluation de les choix et permettent l'évaluation de

comportements envers des personnes et des comportements envers des personnes et des évènementsévènements (Schwartz 2006)(Schwartz 2006)


Ces éléments traduisent trois nécessités Ces éléments traduisent trois nécessités universelles probablement génétiques universelles probablement génétiques

(Schwartz 2006)(Schwartz 2006)

- satisfaire les besoins biologiques des individus

- permettre l'interaction sociale

- assurer le bon fonctionnement et la survie du groupe


1- Le Pouvoir 1- Le Pouvoir (Schwartz 2006)(Schwartz 2006)

• autorité ( le droit de diriger ou de commander)• richesse ( biens matériels, argent )• pouvoir social ( avoir du pouvoir sur autrui,

dominance )• préservation de son image publique (ne pas

perdre la face )• reconnaissance sociale ( respect, approbation

émanant des autres ).


2- 2- L'Accomplissement L'Accomplissement (Schwartz 2006)(Schwartz 2006)

• l'ambition ( travaillant dur, volontaire )• l'orientation vers le succès ( objectif : réussir )• la compétence ( capable et efficace )• l'influence ( exercer un impact sur les gens et les

événements ) • le respect de soi ( croyance en sa propre

valeur).


3 - 3 - L'Hédonisme L'Hédonisme (Schwartz 2006)(Schwartz 2006)

• le plaisir ( satisfaction des désirs )

• l'amour de la vie ( aimant la nourriture, le sexe, les loisirs )

• se faire plaisir ( faire des choses agréables ).


4- 4- La Stimulation La Stimulation (Schwartz 2006)(Schwartz 2006)

• une vie excitante ( expériences stimulantes )

• une vie variée ( remplie de défis, de nouveautés, de changements )

• l'audace ( cherchant l'aventure, le risque ).


5- La Centration ou Autonomie 5- La Centration ou Autonomie (Schwartz 2006)(Schwartz 2006)

• créativité ( originalité, imagination )• liberté ( liberté de pensée et d'action )• choisir ses propres buts ( sélectionnant ses

propres objectifs )• la curiosité ( intéressé en toute chose,

explorateur ) • l'indépendance ( ne compter que sur soi,

autosuffisant ) • le droit à une vie privée ( non exposée aux

regards indiscrets ).


6- 6- L'Universalisme L'Universalisme (Schwartz 2006)(Schwartz 2006)

• l'égalité ( chances égales pour tous )• un monde en paix ( libéré des guerres et des conflits )• l'unité avec la nature ( adéquation à la nature ), • la sagesse ( compréhension adulte de la vie ), • un monde de beauté ( beauté de la nature et des arts ) • la justice sociale ( corriger les injustices, secourir les

faibles )• largeur d'esprit ( tolérant les croyances et les idées

différentes )• protection de l'environnement ( préserver la nature ).


7- 7- La Bienveillance La Bienveillance (Schwartz 2006)(Schwartz 2006)

• secourable ( travaillant en vue du bien-être d'autrui )• loyauté ( fidèle à ses amis, au groupe des proches )• indulgence ( désireux de pardonner aux autres )• honnêteté ( authentique, sincère )• la responsabilité ( sur qui l'on peut compter )• l'amitié vraie ( des amis proches et sur qui l'on peut

compter )• l'amour adulte ( intimité profonde, émotionnelle et

spirituelle ).


8- 8- La Tradition La Tradition (Schwartz 2006)(Schwartz 2006)

• respect de la tradition ( préserver les coutumes consacrées par le temps )

• l'humilité ( modeste, effacé )• religieux ( attaché aux croyances et à la foi

religieuse )• acceptant sa part dans la vie ( se soumettre aux

circonstances de la vie )• modération ( évitant les extrêmes dans les

sentiments et les actions ).


9- 9- Le Conformisme Le Conformisme (Schwartz 2006)(Schwartz 2006)

• obéissance ( remplissant ses obligations, ayant le sens du devoir )

• politesse ( courtoisie, bonnes manières )

• autodiscipline ( résistance aux tentations )

• honorer ses parents et les anciens ( montrant du respect ).


10- 10- La Sécurité La Sécurité (Schwartz 2006)(Schwartz 2006)

• l'ordre social (stabilité de la société)• la sécurité familiale (sécurité pour ceux que l'on aime)• la sécurité nationale ( protection de mon pays contre ses

ennemis )• la réciprocité des services rendus ( éviter d'être débiteur

des autres )• la propreté ( net, soigné ) • le sentiment de ne pas être isolé ( sentiment que les

autres se soucient de moi ) • être en bonne santé ( ne pas être malade physiquement

ou mentalement ).


La combinaison de ces élémentsLa combinaison de ces éléments

• résulte toujours des interactions entre les données génétiques, sociales et de choix personnel

• permet de comprendre • la domination de certains éléments dans chaque individu• l’infinie variété des personnes• l’imprévisibilité des parcours personnels : l’individu raisonne

et décide selon ses propres critères dominants


Deux exemples de Deux exemples de personnalitéspersonnalités

sur la base de la théorie de Sh. sur la base de la théorie de Sh. SchwartzSchwartz


Exemple 1 : les responsables nazisExemple 1 : les responsables nazis

• Eléments hypertrophiés :– pouvoir, accomplissement, hédonisme, stimulation,

conformisme

• Eléments sous développés– Autonomie, universalisme, bienveillance, tradition,

sécurité


Exemple 2 : les grands inventeurs Exemple 2 : les grands inventeurs (Copernic, Galilée, Kepler, Newton, Cl. Bernard, Pasteur,....)(Copernic, Galilée, Kepler, Newton, Cl. Bernard, Pasteur,....)

• Eléments hypertrophiés :– Autonomie, universalisme, bienveillance,

accomplissement, stimulation,

• Eléments sous développés– pouvoir, tradition, sécurité, hédonisme, conformisme

• N.B. Ces ex. montrent combien il est aisé de comprendre la diversité des compositions personnelles à l’aide de cette théorie de Schwartz


6 - Rapports entre psy et 6 - Rapports entre psy et socio : le rôle de l’individu socio : le rôle de l’individu

dans dans l’évolution des normesl’évolution des normes

D’après R. Boudon D’après R. Boudon L’explication des normes sociales, L’explication des normes sociales, 20012001

Paradigme : individualisme méthodologiqueParadigme : individualisme méthodologique


Deux métaphores d’Adam Smith – 1760Deux métaphores d’Adam Smith – 1760

LaLa Richesse des Nations - Théorie des sentiments morauxRichesse des Nations - Théorie des sentiments moraux

1. La « main invisible » réconcilie l’intérêt particulier et l’intérêt général :

• l’intérêt du fabricant est de vendre plus – donc des produits de qualité - et moins cher que la concurrence.

• C’est aussi l’intérêt du consommateur

2. Le « spectateur impartial » serait une seconde « main invisible » agrégeant des opinions intéressées pour produire sous certaines conditions une opinion conforme à l’intérêt commun


L’enjeu…L’enjeu…

• SI oui, la démocratie (vote etc..) est fondée

• Si non, l’analyse de tradition marxiste d’une opinion manipulée et factice est exacte


Equivalents conceptuels du Equivalents conceptuels du spectateur impartial de Smithspectateur impartial de Smith

• Raison pratique de Kant

• Rationalité axiologique de Max Weber

• Sens du sacré de Durkheim

• Voile d’ignorance de Rawls

• Aire cérébrale de l’éthique, pré-câblée pour la coopération des Neurosciences


HypothèsesHypothèses

1. Toutes sortes de « biais » affectent les jugements et opinions individuels (ancrage social, utilité espérée)

2. Le sujet est aussi capable de fonder son jugement sur une argumentation valide, impartiale, rationnelle

3. Le « spectateur impartial » a une influence grandissante avec le temps (courte vie des régimes totalitaires)


Biais n°1 - La position sociale Biais n°1 - La position sociale influence influence partiellementpartiellement les opinionsles opinions

(Hyman, in Boudon et Lazarsfeld 1965)LectureLecture : 68 % des 512 personnes de classes sup. préconisent une formation : 68 % des 512 personnes de classes sup. préconisent une formation

universitaire comme facteur essentiel de promotion, …universitaire comme facteur essentiel de promotion, …

Individus préconisant une

formation universitaire %

(effectifs des classes dans l’échantillon

interrogé)

Classes supérieures

68 512

Classes moyennes

52 1531

Classes inférieures

39 856

TOTAL Chi deux significatif au seuil de .0001

2899


Biais n°2 - Biais n°2 - Ancrage communautaire Ancrage communautaire rivaliserivalise avec impartialité avec impartialité

• Le manque de crédibilité d’un tribunal d’exception motive son rejet. Tab. 2

• SAUF pour les socialistes qui défendent les ministres en causes (les leurs à cette époque) Tab. 2

• MAIS un consensus existe sur le fait de déférer des ministres à la justice en cas de faute dans leur fonction. L’effet communautaire s’efface devant l’évidence de la responsabilité : le spectateur devient impartial (Tab. 3)


L’universalitéL’universalité a lentement a lentement supplanté le supplanté le communautarisme communautarisme

(M. Weber)(M. Weber)

• Sur le long terme, la dignité de l’être humain a été construite (Esclavage Tocqueville)

• Le monde global supplante peu à peu les anciennes communautés


BiaisBiais n°3n°3 - - La connaissance La connaissance erronée erronée La culture économique moyenne varie d’un pays à l’autre. Elle La culture économique moyenne varie d’un pays à l’autre. Elle

explique bien les variations de % de réponses. On peut l’améliorer par l’enseignement.explique bien les variations de % de réponses. On peut l’améliorer par l’enseignement.


IdemIdem La culture économique moyenne varie d’un pays à l’autre. Elle explique bien les variations de La culture économique moyenne varie d’un pays à l’autre. Elle explique bien les variations de

% de réponses% de réponses


BiaisBiais n°3n°3 bisbis – L’axiologie (morale – L’axiologie (morale ambiante)ambiante)

• Ex. 1- La domination des élites étrangères ou nationales serait la cause malheurs des pays du tiers monde.

Il s’agit en réalité des modes de vie locaux sur lesquels on reste aveugle (niveau culturel, statut des femmes, petits chefs esclavagistes, tribalisme, etc…) Bakunda, 2007

• Ex. 2 - On concilie égalitarisme et différence des opinions : on élimine tout critère scientifique en décrétant que toute opinion en vaut

une autre

• Ex. 3 - On décrète que la science est une idéologie de domination.

• Alors l’école a privilégié « l’éveil » au lieu de la transmission de connaissances et de l’esprit critique. Résultat catastrophique pour les plus démunis.


BiaisBiais n°4 – L’implication n°4 – L’implication (Max Scheler, (Max Scheler, 1900)1900)

• Le défroqué lutte d’autant plus contre ses anciennes idées qu’il ne peut les gommer de son passé

• L’intellectuel n’aime pas le libéralisme qui lui fait peu de place au regard de ses longues études. Il préfèrera souvent le socialisme (Boudon 2003)


Les 4 biais combinés : position, Les 4 biais combinés : position, connaissance, ancrage, implicationconnaissance, ancrage, implication

• Ex. 1 - Les grands bellicistes ne font pas la guerre eux-mêmes

• Ex. 2 - Les Français (50% ne paient pas l’impôt direct) sont majoritairement favorables à une réduction du déficit de l’Etat par augmentation des impôts


BiaisBiais n°5 – le conformisme de n°5 – le conformisme de façade pour se protéger façade pour se protéger

• « Tous athées » en France de 1793• « Tous communistes » en Russie de 1920• « Tous pétainistes » au début de Vichy (juin 1940)• « Tous résistants » en 1945• « Tous relativistes » en 2007 • « Tous confiants dans les institutions » en Chine 1995 (tab. 6)


Quand sommes nous impartiaux ?Quand sommes nous impartiaux ?

• Lorsque c’est loin de nous : Antigone a raison de vouloir enterrer son frère. ( Les Thébains pensaient différemment selon leur position)

• Lorsqu’ on est hors du coup : on peut envoyer les ministres au tribunal en cas de faute avérée


La progressive rationalisation des La progressive rationalisation des valeursvaleurs (Max Weber, 1900)(Max Weber, 1900)

• Avec la distance historique la guerre apparaît comme un phénomène anormal [ la terreur atomique qui concerne tout un chacun a contribué à cette évolution]

• Les droits de l’homme face à l’oppression remplacent lentement la souveraineté des Etats (Kosovo, extradition de Pinochet, etc..)

• Le « polythéisme des valeurs » de nos jours répond au contexte conflictuel dans lequel s’installent de nouvelles hiérarchies de valeurs

• L’acceptation décroissante du public pour les grèves « prise d’otage » (transport, musées…) est rationnelle


Conclusion 1Conclusion 1

• Valeurs et normes se construisent dans un maelstrom de position, connaissance, ancrage, implication, conformisme et distances

• Le « spectateur impartial » veille au fond de chaque homme. Le regard des autres le stimule fortement

• Ce spectateur impartial s’affirme au cours du temps. Ex:• Démission commission européenne mars 1999• Discrédit du dopage• Faiblesse croissante de l’exception française du cumul des

mandats• Croissance de l’idée du service minimum pendant les grèves • Egalité des sexes• Condamnation générale de l’esclavage



• Théorie sociologique : Le concept de « spectateur impartial » est indispensable à une théorie complète sur normes et valeurs

• Pratique sociologique : La nature des questions posées dans les sondages place les répondants dans deux positions principales :

• Acteurs partiaux ( les impôts)

• Spectateur impartial (tribunal pour les ministres, Attitude d’Antigone)



• L’homme arbitre entre les solutions qui se présentent à lui, en fonction de ce qu’il connaît, de ce qu’il ignore, des occasions de circonstance.

• Tant de variables jouent sur l’opinion des individus que les majorités sont le plus souvent du domaine de l’imprévisible.

• Il y a néanmoins une rationalité croissante historiquement dans les valeurs et les normes construites par les hommes (Smith, Weber)


Conclusion sur la Personne vue Conclusion sur la Personne vue par l’IMpar l’IM

• Homo sapiens sapiens a probablement dans son cerveau un certain nombre de pré-câblages fonctionnels que l’on voit à l’oeuvre dans toutes les civilisations (Schwartz 2006)

• La combinatoire et le dosage de ces éléments de fonctionnement produit l’infinie variété des personnalités

• Ces personnalités raisonnent et délibèrent en toutes circonstances, en dépassant parfois les théories disponibles (grands inventeurs)

• L’accumulation de ces délibérés contribue à une rationalité croissante des valeurs. Le spectateur impartial de A. Smith repris par Boudon incarne cette évolution (Boudon 2001, 2007 b)

• Le rôle de la personne est essentiel dans la dynamique des systèmes sociaux


D - Le travail Social du point de vue de l’IM

Deux motivations fondamentales Deux motivations fondamentales L’impasse actuelleL’impasse actuelle

Les cas de figure de l’assistancielLes cas de figure de l’assistancielLe choix des acteurs et celui du spectateur Le choix des acteurs et celui du spectateur

impartialimpartialConclusionConclusion


Deux motivations fondamentales Deux motivations fondamentales cohabitent en l’homme cohabitent en l’homme

(A. Smith, R. Boudon, A. Damasio, Sh. Schwartz) …(A. Smith, R. Boudon, A. Damasio, Sh. Schwartz) …

• L’intérêt individuel (survie, confort, pouvoir, etc.)

• L’intérêt collectif (pré câblage du cerveau pour coopérer car dopamine en cas de coopération réussie)


Ces deux motivations produisent Ces deux motivations produisent un cercle vertueux un cercle vertueux (au sein de zones plus (au sein de zones plus

ou moins étendues, tribus, nations, etc…)ou moins étendues, tribus, nations, etc…)

L’entraide produit la cohésion sociale qui protège l’intérêt individuel :

• Respect de la propriété et du droit• Protection Sociale• Assistance en cas de besoin


Mais le pré câblage du cerveau pour la Mais le pré câblage du cerveau pour la coopération n’explique pas coopération n’explique pas

les formes sociales diverses et les formes sociales diverses et changeanteschangeantes du travail social du travail social

ni les effets inattendus de ces ni les effets inattendus de ces choixchoix


Les rationalités de l’action sont Les rationalités de l’action sont différentes et d’égale légitimité différentes et d’égale légitimité

(M. Weber)(M. Weber)

Acteurs centrés sur

Champ d’activité

Les résultats

L’éthique, les valeurs

Théorique/Géneral

CHERCHEURSSCIENTIFIQUES(EVALUATEURS)

UTOPISTES

Pratique/Singulier

HAUTS FONCTIONNAIRES

ET MANAGERS

POLITICIENSSYNDICALISTESTRAVAILLEURS

SOCIAUX


Mais cette légitimité engage le travail Mais cette légitimité engage le travail social dans une impasse opérationnellesocial dans une impasse opérationnelle

• Elle souligne que les travailleurs sociaux focalisent leur attention sur le singulier et l’éthique.

• Cela les éloigne de la rationalité scientifique permettant d’évaluer les résultats de l’action. C’est une impasse


Essayons de comprendre les Essayons de comprendre les choix des acteurschoix des acteurs

entre les quatre principaux cas entre les quatre principaux cas de figure des phénomènes de figure des phénomènes

d’assistanced’assistance


La forme de travail social choisie => divers La forme de travail social choisie => divers résultats résultats micromicro + macro + macro

(C = Contributions. R = Rétributions) Dutrénit 1985(C = Contributions. R = Rétributions) Dutrénit 1985

• Exigences --- Aide ++

• Exigences ++ Aide ++

• Exigences ++ Aide ---

• Exigences --- Aide ---

C R Relégation perso

Crise économique (France 1980 – 2007)

C R Développement personnel

Croissance éco et sociale

C R Refus, déviance.. Révolte à terme (Russie

Tsariste)

C R Sous dévelop-pement personnel

Chaos (bidonvilles des PVD)


Le choix Le choix Exigences --- Aide ++ Exigences --- Aide ++

• Choix fréquent en France. Le RMI sans contrepartie correspond à cela

• Les travailleurs sociaux ou cadres d’Action Sociale qui font ce choix s’inspirent souvent de la charité traditionnelle, du marxisme et de l’Habitus Culturel. La réciprocité est perçue en termes de réparation d’un dommage subi par l’usager

• Résultats : • paix sociale• relégation personnelle du sujet (baisse de C puis de R après une

période car il est trop coûteux d’assister longtemps de la sorte une population croissante d’assistés)

• contribution au chômage de longue durée (France depuis 1980).


Le choix Le choix Exigences ++ Aide ++ Exigences ++ Aide ++

• Choix minoritaire en France, majoritaire dans les pays scandinaves

• Ceux qui font ce choix s’inspirent des modèles historiques coopératifs, des résultats en neurosciences et sciences cognitives, des théories de la réciprocité comme base de régulation des sociétés (JM Dutrénit 1989, 1997).

• Le point central de l’action sociale devient le développement de la compétence sociale des bénéficiaires qui est une médiation pour apprendre (Cf. Cours sur la compétence sociale)

• Le résultat, démontré dans de multiples recherches, est le développement personnel du sujet (en C et en R) ainsi qu’une contribution à la croissance économique et sociale locale parce que tout le monde travaille davantage et que les dépenses d’assistance diminuent.


Le choix Le choix Exigences ++ Aide ---Exigences ++ Aide ---

• Choix majoritaire dans la justice pénale, le domaine pénitentiaire, les pays à faible protection sociale, la Russie de 1915.

• Ceux qui font ce choix s’inspirent de modèles féodaux ou ultra autoritaires. La réciprocité est vue comme positive avec les proches mais négative avec les autres considérés comme des criminels réels ou potentiels

• La Russie tsariste avait choisi cette forme d’action. Il en résulte une attitude d’apathie ou de révolte du sujet individuel. Cela contribue à l’éclosion de mouvements révolutionnaires


Le choixLe choixExigences --- Aide ---Exigences --- Aide ---

• Choix majoritaire dans les zones suburbaines des pays aux structures tribales en fin de vie, et du XIXème siècle européen

• Ceux qui font ce choix s’inspirent d’une tradition de non assistance aux membres des autres tribus ou du laisser faire intégral économique et social. La réciprocité est considérée comme positive au sein de la tribu et de la famille, mais comme négative par devoir, avec le reste du monde.

• Cela conduit à un sous développement personnel et au chaos social (par exemple les bidonvilles des pays en voie de développement)


Connaissant tout ce qui Connaissant tout ce qui précède,précède,

reconstituons le parcours du reconstituons le parcours du spectateur impartial d’Adam spectateur impartial d’Adam

Smith... avant et après 2000 Smith... avant et après 2000


Période 1960-2000... Période 1960-2000...

• Théories disponibles et la réflexion « raisonnable » des années d’abondance (1960 et suivantes)

tournaient autour du cas de figure

Exigences ---- et Aide +++

• Tel était à l’époque le choix du spectateur impartial


Mais après 2000...Mais après 2000...

• …le spectateur impartial choisirait le cas de figure Exigences+++ Aide+++ car :

• les effets de ce choix ont été évalués positifs aux plans micro et macro dans de multiples évaluations (Cf. diapos Travail social du paradigme fonctionnaliste)

• Les technologies exigent une meilleure formation de tous les citoyens

• La loi 2002-2 sur la qualité de l’action sociale met à jour le choix impartial. Elle exige le développement personnel et la formation de l’usager


Car … Car … (suite)(suite)

• L’état des savoirs des Sciences de l’homme et de la société en 2000 montre qu’il existe une assistance légitime et équitable

• Le critère ultime de l’équité-légitimité se trouve dans la réciprocité positive (coopération) qui produit

• dopamine dans notre cerveau (A. Damasio 2003)

• développement de la compétence sociale comme médiation pour apprendre (JM Dutrénit)

• croissance des richesses (ex du micro-crédit, M. Yunus)• paix sociale


Car ... le souci de réciprocité construit un Car ... le souci de réciprocité construit un cercle éducatif vertueuxcercle éducatif vertueux

2-Meilleure compétence

sociale

3-Meilleures formations et professions

1-Construction coopérative de soien Réciprocité ++


Mais... Mais... la coopération ne va pas de soi !la coopération ne va pas de soi !

• Olson (1978) a montré que pour l’obtention d’un bien collectif chacun a intérêt à laisser participer les autres sans participer lui-même.

• La réciprocité positive et la compétence sociale sont probablement des biens collectifs parce quelles concernent plus autrui que soi


« Si vous trouvez que l’éducation coûte « Si vous trouvez que l’éducation coûte cher, essayez l’ignorance... »cher, essayez l’ignorance... » Abraham Lincoln Abraham Lincoln

• Pour que les individus participent à la construction de ce qui ne leur rapporte pas immédiatement (routes, hôpitaux, éducation, environnement, etc.) il faut rendre cette participation obligatoire

• Par conséquent, il faudra rendre coopération et éducation à la compétence sociale obligatoires (comme la scolarité en 1870) si l’on veut les généraliser.

• N.B. On trouvera de suggestions institutionnelles à la fin du cours-diaporama intitulé « La compétence sociale, nouvelle orientation dans le développement de la personne ... »


Conclusion des analyses IM du Conclusion des analyses IM du travail socialtravail social

• Le travail social repose sur la combinaison, de l’intérêt individuel et collectif

• Les évaluations conduites jusqu’ici montrent les effets positifs des actions coopératives et de développement de la compétence sociale des bénéficiaires au plan macro et micro social

• L’opinion des milieux concernés semble orienter les réformes de l’action sociale dans ce sens. C’est probablement la voie du spectateur impartial d’A. Smith car elle est avantageuse pour tous


Conclusion générale sur l’IMConclusion générale sur l’IM

• L’IM est un paradigme de compréhension et de modélisation très puissant :

• de l’histoire humaine• des contraintes & libertés des hommes entre

eux • des effets macro inattendus des actions micro• des paradoxes de l’action collective…• mettant en œuvre en sciences sociales la

théorie universelle de la rationalité expérimentale


Conclusion générale du cours : Conclusion générale du cours : distribution des paradigmesdistribution des paradigmes

• Les 4 paradigmes étudiés marquent chacun une étape des progrès des sciences humaines au XXème siècle

• Le Fonctionnalisme s’affirme vers1920, l’HC vers 1965, l’EM en 1970, l’IM en 1985

• Les sociologues et le public actuels puisent dans cette richesse en liberté pour comprendre et expliquer le monde.


Conclusion générale du cours : Conclusion générale du cours : scientificité des paradigmesscientificité des paradigmes

• Mais seuls sont scientifiques, c’est-à-dire pertinents, les développements s’appuyant sur la rationalité expérimentale

• Comme on a pu le voir, l’IM présente cette garantie plus que les autres

• Les modèles qu’il permet de construire rendent compte de la complexité des phénomènes sociaux, plus exactement et plus complètement que les autres


Ouvrages cités dans la partie Ouvrages cités dans la partie Individualisme méthodologique1/3Individualisme méthodologique1/3

N.B. Les ouvrages cité dans une partie sont parfois des références N.B. Les ouvrages cité dans une partie sont parfois des références critiquescritiques du du paradigme étudié paradigme étudié

• Becker G. A treatise on family, Harvard Univ. Press 1981• Bakunda, P.C. Rwanda L’enfer des règles implicites, Harmattan, 2007• Becker G. Accounting for tastes Harvard Univ. Press 1996• Boudon R. Essais sur une théorie générale de la rationalité PUF 2007• Boudon R. (2007 b) « La rationalité de l’évolution des valeurs d’une génération à

l’autre », in R. Boudon Essai sur la théorie générale de la rationalité PUF, 2007• Boudon R. Pourquoi les intellectuels n’aiment pas le libéralisme ? 2003• Boudon R. Toute son œuvre depuis 1970 • Changeux, J.P. L’activité cérébrale pendant le sommeil in La recherche et le cerveau,

Seuil 1987• Cusson M., La délinquance, une vie choisie. Entre plaisir et crime, Montréal, Éd.

Hurtubise, 2005. • Cyrulnik B. Un merveilleux malheur, Odile Jacob, 2002 • Damasio Le cerveau des émotions O. Jacob, 2003, • De Coppet D. & Zemp H. 1978 Aré Aré, un peuple mélanésien et sa musique:


Ouvrages cités dans la partie Ouvrages cités dans la partie Individualisme méthodologique 2/3Individualisme méthodologique 2/3

N.B. Les ouvrages cité dans une partie sont parfois des références N.B. Les ouvrages cité dans une partie sont parfois des références critiquescritiques du du paradigme étudiéparadigme étudié

• Doise, W. et al. La psychologie sociale expérimentale A. Colin• Donzelot 1970 La police des familles, Minuit• Dougherty 1985 Directions in cognitive anthropology • Dutrenit J-M. Gestion et évaluation des Services Sociaux, Ed. Economica, 1989 • Dutrenit JM. La compétence sociale, diagnostic et développement 1997 Paris

Harmattan• Dutrenit JM. Evaluer et stimuler les élèves, Nouvelle revue de l’AIS, Janvier 2006• Holsen I, Smith B. H. & Frey K S Outcomes of the Social Competence Program

Second Step in Norwegian Elementary Schools, School Psychology International, Vol. 29, No. 1, 71-88 (2008)

• Inserm, Suicide, Expertise Collective, Autopsie psychologique, outil de recherche en prévention, Les Editions INSERM, 2005

• Kant E. Projet de paix perpétuelle (1795)• Katz et Lazarsfeld Personal influence (1955) • Kimura Cerveau d’homme, cerveau de femme ? 2000, O. Jacob• Lucas, Cl. Suerte ou l’exclusion volontaire Plon • Malraux A. Antimémoires Gallimard


Ouvrages cités dans la partie Ouvrages cités dans la partie Individualisme méthodologique3/3Individualisme méthodologique3/3

N.B. Les ouvrages cité dans une partie sont parfois des références N.B. Les ouvrages cité dans une partie sont parfois des références critiquescritiques du du paradigme étudiéparadigme étudié

• Olson, M. La logique de l’action collective, PUF, 1978• Pareto V. Traité de sociologie générale, (1916) Droz 1968• Rawls J. Une théorie de la justice, O. Jacob, 1978• Scheler, M. L’homme du ressentiment, Gallimard 1900• Sen A. L’économie est une science morale La Découverte, 1999• Smith A. Pour une théorie des sentiments moraux• Schwartz , Sh. (2006) ‘Les valeurs de base de la personne: théorie,

mesures et applications, Revue Française de Sociologie, Vol. 47, pp.249–288.

• Vigoureux, Les pommes de Newton, 2003• Warren P. 1980 Studies in cross cultural psychology, • Weber M. Economie et société (1922), Plon 1971• Yunus, M. Vers un monde sans pauvreté, Ed. J.-C. Lattès - 1997

Documents

Les paradigmes sociologiques, analyses de la société