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5 actualités Actualités pharmaceutiques n° 472 Mars 2008 sabilité assumée à 100 % par le titulaire de l’officine. L’organisation de la distribution pharmaceutique dans notre pays forme un réseau organisé, maî- trisé et contrôlé pour en garantir la qualité et le rôle dans la pro- tection de la santé de nos conci- toyens. Elle doit être préservée. Je ne crois pas que la fragiliser apporterait la moindre contre- partie significative, notamment en termes de croissance. Dès la présentation du rapport Attali, le président de la Répu- blique a indiqué qu’il n’était pas favorable à la mise en vente de médicaments dans les grandes surfaces. En tant que ministre de la Santé, je réaffirme sans aucune ambi- guïté que je soutiens auprès des instances européen- nes tant le monopole que le maintien de la détention du capital des officines par ceux qui les exploitent et en assument la responsabilité pharmaceutique. AP : Quelles évolutions vous semblent encore souhaitables dans l’exercice de la pharma- cie d’officine ? R.B.-N. : Je crois qu’il y a déjà beaucoup d’évolutions en mar- che et il n’est pas question de révolutionner d’un coup, de fond en comble, une organisation qui fonctionne bien et dont les acteurs sont dynamiques et savent géné- ralement s’adapter aux évolutions des besoins. Le développement du dossier pharmaceutique en est un exemple marquant. Nous pour- rions justement nous appuyer sur ce réseau robuste pour améliorer le service rendu à la population dans le cadre de l’offre de soins de premier recours. Cette piste de réflexion devrait, d’ailleurs, être explorée au cours de la deuxième phase des EGOS, les États généraux de l’organisation de la santé. AP : Il est question, depuis plusieurs années, d’instaurer une première année d’études commune à plusieurs filières de santé comme médecine et chirurgie dentaire aux côtés de pharmacie. Où en est ce projet et quelle est votre position ? R.B.-N. : Le sujet de la pre- mière année commune des professions médicales et phar- maceutiques a une grande importance dans la valorisation des professions de santé. Nous savons également que certaines connaissances scientifiques sont les mêmes pour les méde- cins, les chirurgiens-dentistes, les sages-femmes et les phar- maciens. Cependant, l’organi- sation pratique des cours et des enseignements est un facteur à prendre en compte concrète- ment dans ce parcours conjoint. Le Pr Jean-François Bach, mis- sionné pour réfléchir à l’évolu- tion d’un parcours commun pour cette première année, vient de remettre un rapport à Valérie Pécresse et à moi-même. Nous étudierons alors, en concertation avec les orga- nisations professionnelles et étudiantes, et les doyens, les recommandations que nous pourrons retenir en soulevant la possibilité de concours spécifi- ques à chaque profession médi- cale et pharmaceutique. Propos recueillis par Sébastien Faure [email protected] É viter au patient d’interrompre son traitement, ce qui pourrait être préjudiciable à sa santé, et réduire le nombre de consultations d’urgence du médecin au seul motif du renouvellement de l’ordonnance, c’est ce que visait l’article 64 de la loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS) 2007 dont le décret d’ap- plication du 5 février est paru au Journal officiel du 7 février 2008. Lorsque la validité de l’ordonnance est expirée, le pharmacien est donc doréna- vant autorisé à délivrer des médicaments nécessaires à la poursuite d’un traitement chronique : médicaments contre l’hyper- tension, le diabète et les maladies corona- riennes, pilules contraceptives, traitements hormonaux... Les médicaments stupéfiants ne sont pas concernés par la mesure. Les malades chroniques peuvent donc être « dépannés » en officine, « à titre excep- tionnel » d’une boîte supplémentaire rem- boursée par la Sécurité sociale. Pour bénéficier de ce service, les patients doivent disposer d’une ordonnance concer- nant « un traitement d’au moins trois mois ». Le pharmacien a l’obligation, de son côté, d’avertir le médecin prescripteur de la dis- pensation en indiquant sur l’ordonnance « délivrance par la procédure excep- tionnelle d’une boîte supplémen- taire », et d’y apposer le timbre de l’officine et la date. Dans un communiqué, le président du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens, Jean Parrot, s’est « réjoui » de cette nouvelle « possibilité offerte aux pharmaciens d’officine », de « renforcer le suivi » des patients, précisant que « cette souplesse renforcera le rôle du pharma- cien dans la chaîne santé ». Serge Benaderette Journaliste, Courbevoie (92) Profession Les pharmaciens, habilités à “dépanner” © BSIP/Lissac

Les pharmaciens, habilités à “dépanner”

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Actualités pharmaceutiques • n° 472 • Mars 2008

sabilité assumée à 100 % par le titulaire de l’officine. L’organisation de la distribution pharmaceutique dans notre pays forme un réseau organisé, maî-trisé et contrôlé pour en garantir la qualité et le rôle dans la pro-tection de la santé de nos conci-toyens. Elle doit être préservée. Je ne crois pas que la fragiliser apporterait la moindre contre-partie significative, notamment en termes de croissance.Dès la présentation du rapport Attali, le président de la Répu-blique a indiqué qu’il n’était pas favorable à la mise en vente de médicaments dans les grandes surfaces. En tant que ministre de la Santé, je réaffirme sans aucune ambi-guïté que je soutiens auprès des instances européen-nes tant le monopole que le maintien de la détention

du capital des officines par ceux qui les exploitent et en assument la responsabilité pharmaceutique.

AP : Quelles évolutions vous semblent encore souhaitables dans l’exercice de la pharma-cie d’officine ?R.B.-N. : Je crois qu’il y a déjà beaucoup d’évolutions en mar-che et il n’est pas question de révolutionner d’un coup, de fond en comble, une organisation qui fonctionne bien et dont les acteurs sont dynamiques et savent géné-ralement s’adapter aux évolutions des besoins. Le développement du dossier pharmaceutique en est un exemple marquant. Nous pour-rions justement nous appuyer sur ce réseau robuste pour améliorer le service rendu à la population dans le cadre de l’offre de soins de premier recours. Cette piste

de réflexion devrait, d’ailleurs, être explorée au cours de la deuxième phase des EGOS, les États généraux de l’organisation de la santé.

AP : Il est question, depuis plusieurs années, d’instaurer une première année d’études commune à plusieurs filières de santé comme médecine et chirurgie dentaire aux côtés de pharmacie. Où en est ce projet et quelle est votre position ?R.B.-N. : Le sujet de la pre-mière année commune des professions médicales et phar-maceutiques a une grande importance dans la valorisation des professions de santé. Nous savons également que certaines connaissances scientifiques sont les mêmes pour les méde-cins, les chirurgiens-dentistes, les sages-femmes et les phar-

maciens. Cependant, l’organi-sation pratique des cours et des enseignements est un facteur à prendre en compte concrète-ment dans ce parcours conjoint. Le Pr Jean-François Bach, mis-sionné pour réfléchir à l’évolu-tion d’un parcours commun pour cette première année, vient de remettre un rapport à Valérie Pécresse et à moi-même.Nous étudierons alors, en concertation avec les orga-nisations professionnelles et étudiantes, et les doyens, les recommandations que nous pourrons retenir en soulevant la possibilité de concours spécifi-ques à chaque profession médi-cale et pharmaceutique. �

Propos recueillis par

Sébastien Faure

[email protected]

É viter au patient d’interrompre son traitement, ce qui pourrait être préjudiciable à sa santé, et réduire

le nombre de consultations d’urgence du médecin au seul motif du renouvellement de l’ordonnance, c’est ce que visait l’article 64 de la loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS) 2007 dont le décret d’ap-plication du 5 février est paru au Journal officiel du 7 février 2008.Lorsque la validité de l’ordonnance est expirée, le pharmacien est donc doréna-vant autorisé à délivrer des médicaments nécessaires à la poursuite d’un traitement chronique : médicaments contre l’hyper-tension, le diabète et les maladies corona-riennes, pilules contraceptives, traitements hormonaux... Les médicaments stupéfiants ne sont pas concernés par la mesure.

Les malades chroniques peuvent donc être « dépannés » en officine, « à titre excep-tionnel » d’une boîte supplémentaire rem-boursée par la Sécurité sociale.Pour bénéficier de ce service, les patients doivent disposer d’une ordonnance concer-nant « un traitement d’au moins trois mois ». Le pharmacien a l’obligation, de son côté, d’avertir le médecin prescripteur de la dis-pensation en indiquant sur l’ordonnance « délivrance par la procédure excep-tionnelle d’une boîte supplémen-taire », et d’y apposer le timbre de l’officine et la date.Dans un communiqué, le président du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens, Jean Parrot, s’est « réjoui » de cette nouvelle « possibilité offerte aux

pharmaciens d’officine », de « renforcer le suivi » des patients, précisant que « cette souplesse renforcera le rôle du pharma-cien dans la chaîne santé ». �

Serge Benaderette

Journaliste, Courbevoie (92)

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