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LES PRIMITIFS FLAMANDS LES PRIMITIFS FLAMANDS DE BRUGES APPORTS DES ARCHIVES CONTEMPORAINES (1815-1907) JEAN-PIERRE SOSSON

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L E S P R I M I T I F S F L A M A N D S

L E S P R I M I T I F S F L A M A N D S

D E B R U G E SA P P O R T S DES A R C H I V E S C O N T E M P O R A I N E S (1815-1907)

J E A N - P I E R R E S O S S O N

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LES P R IM IT IF S FLA M A N D S D E B R U G E S :

A P P O R T S DES A R C H IV E S C O N T E M P O R A IN E S (1815-1907)

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L E S P R I M I T I F S F L A M A N D S

I I I . C O N T R IB U T IO N S A L ’E T U D E D ES P R IM IT IF S FLA M A N D S

4

PUBLICATIO NS D U CENTRE N A TIO N A L DE RECHERCHES « PR IM IT IFS FLAM ANDS »

I. CO RPUS DE LA PEIN T U R E DES ANCIENS PAYS-BAS M É R ID IO N A U X AU Q U IN Z IÈ M E SIÈCLEII. R ÉPER T O IR E DES PEIN TUR ES FLAM ANDES DES Q U IN Z IÈ M E ET SEIZIÈM E SIÈCLES

III. C O N T R IB U T IO N S A L’É T U D E DES PR IM IT IFS FLAM ANDS

Membres du Centre : J . Bartier, professeur à l’Université de Bruxelles; A.-M. Bonenfant, archiviste de la Commission d ’Assistance publique de Bruxelles; f P. Coremans, directeur de l’institut royal du Patrimoine artistique, professeur à l’Université de Gand (directeur du Centre); J . Lavalleye, professeur à l’Université de Louvain (président du Centre) ; L. Lebeer, professeur émérite aux Universités de Gand et de Liège; M. Vanden Stock (trésorier); N. Veronee-

Verhaegen; M. Sonkes (secrétaire scientifique).

Collaborateurs du secrétariat scientifique : P. Apraxine; M. Baes-Dondeyne (secrétaire scientifique adjointe); C. Deroubaix; D. De Vos; D. Rossels; J.-P. Sosson; C. Van den Bergen-Pantens;

I. Vandevivere, assistant à l’Université de Louvain.

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JE A N - P I E R R E SOSSON

LES PRIMITIFS FLAMANDS DE BRUGES

APPORTS DES ARCH IVES CO NTEM PO RAINES

(1815-1907)

BR U X EL L ES

M C M L X V I

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T O US DROI TS RÉSERVÉS

© 1966 by Centre national de Recherches « Primitifs flamands » et A.C.L., Ministère de l’Education nationale et de la Culture, 1, Parc du Cinquantenaire, Bruxelles 4.

Texte et planches sont la propriété du Centre national de Recherches « Primitifs flamands » et de l’institut royal du Patrimoine artistique, Ministère de l’Education nationale et de la Culture,

La planche IV est reproduite avec l’aiinable autorisation de la Commission d’Assistance publique de Bruges.

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P R É F A C E

La réalisation de ce travail n’a été possible que grâce à la compétence de nombreux spécialistes. M. Albert Schouteet, conservateur fF. des Archives de la Ville de Bruges, a libéralement ouvert les portes de son dépôt à l’auteur. Son aide efficace lui a permis de trouver bien des documents; sans elle, cette contribution n’aurait pas vu le jour. M. Joseph Maréchal, conservateur aux Archives de l’Etat à Bruges, MM. Luc Danhieux et Jacques Mertens, archivistes-paléographes, se sont astreints de bonne grâce à de longues recherches dans l’énorme fonds du Gouvernement provincial de la Flandre occidentale. Leur amabilité bien connue des fouilleurs d’archives fut d’un précieux secours. MM. Michel De Duytsche, archiviste ff. de la Commission d’Assistance publique de Bruges et E. Dufour, ancien secrétaire de la Commission royale des Monuments et des Sites, lui ont toujours réservé le meilleur accueil. M. R. Sneyers, directeur a.i. de l’institut royal du Patrimoine artistique, a fait bénéficier l’auteur et le Centre de ses judicieuses remarques. Le secrétariat scientifique du Centre enfin, s’est imposé la correction du manuscrit avec autant de bonne humeur que de sens critique.

L ’Auteur et le Comité

Bruxelles, le 18 janvier 1966

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T A B L E D E S S I G L E S

AAPB. : Archives de la Commission d’Assistance publique de Bruges.

ACRM. : Archives de la Commission royale des Monuments et des Sites à Bruxelles.

AEB. : Archives de l’Etat à Bruges.

AVB. : Archives de la Ville de Bruges.

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IN T R O D U C T IO N

A. LIM INAIRES

L’étude des tableaux flamands du XVe siècle d’après les archives contemporaines fut toujours quelque peu délaissée. Si en 1883, Ch. Piot publiait un ensemble important de documents relatifs aux œuvres d’art confisquées par le gouvernement de la République française et restituées au royaume des Pays-Bas en 1815 >, il semble que depuis lors on se soit abstenu de procéder à des recherches systématiques dans les fonds d’archives du X IX e siècle 2. La raison en est peut-être que depuis les travaux de la génération des Pinchart, des YVauters et des Weale, les documents médiévaux ont exercé une véritable fascination. En Belgique, seule la ville de Bruges fait exception avec le catalogue du Musée Grocninge de H. Pauwels 3.

L’application des méthodes de laboratoire au traitement des œuvres d’art rend souhaitable la recherche du plus grand nombre possible de témoignages de leur histoire matérielle. Elle a suscité un regain d ’intérêt en faveur des archives contemporaines. L’étude de P. Corcmans sur VAgneau mystique 4 et les divers dossiers de restauration publiés dans le Bulletin de l'institut royal du Patrimoine artistique 5 en sont un témoignage éclatant. Ces publications démontrent que les recherches d ’archives relatives aux œuvres d ’art du XVe siècle — en l’occurrence les Primitifs flamands — ne peuvent se limiter au seul Ancien Régime. Devis de restauration, constats de conservation, etc., sont autant d ’éléments indispensables à une meilleure connaissance des objets traités en laboratoire. Le dépouillement systématique des archives contemporaines d’administrations communales, provinciales, de musées ou de toute autre institution possédant ou étant responsable de collections de Primitifs flamands était susceptible de fournir des résultats intéressants. Les archives brugeoises ont permis de vérifier l’exactitude de cette hypothèse de travail.

1 C h . P i o t , Rapport à M 1 le Ministre de l'intérieur sur les tableaux enlevés à la Belgique en 1794 et restitués en 1815, B r u x e lle s , 1883.2 A. J a n s s e n s d e B i s t h o v e n , Musée communal des Beaux-Arts (Musée Groeninge). Bruges ( Les Prim itif s flamands. I. Corpus de la peinture

des anciens Pays-Bas méridionaux au quinzième siècle, 1), 2e édit., Anvers, 1959, procéda également à quelques recherches dans les archives contemporaines. Il importe aussi de noter l’ouvrage, fondé en grande partie sur les sources littéraires, de S . S u l z b e r g e r , La réhabilitation des Primitifs flamands, 1802-1867 (Académie royale de Belgique, Classe des Beaux-Arts, Mémoires, col. in-8% t. X II, fasc. 3, Bruxelles, 1961.

3 H. P a u w e l s , Musée Groeninge. Catalogue, Musée communal des Beaux-Arts, Bruges, 1963. Il est remarquable que pour les 291 numéros de ce catalogue, l’auteur ait effectué des recherches approfondies dans les archives contemporaines.P . C o r e m a n s , L'Agneau Mystique au laboratoire. Examen et traitement (I^s Primitifs flamands. III. Contributions à l'étude des Primitifs

flamands, 2), Anvers, 1953, et plus spécialement A. D e S c i i r y v e r et R. M a r i jn is s e n , Histoire matérielle, pp. 21-68 de cet ouvrage. Ces recherches d’archives relatives à Y Agneau Mystique peuvent être considérées comme un des modèles du genre.

5 P. C o r e m a n s , R. S n e y e r s , J . T h is s e n , Memlinc's Huuielijk van de H . Katharina. Onderzoek en behandeling, dans Bulletin de l'institut royal du Patrimoine artistique, t. II, Bruxelles, 1959, pp. 85-86; A. D e S c h r y v e r et R. M a r ijn is s e n , Materiële Geschiedenis [Juste de Gand, Calvaire, Gand, cathédrale Saint-Bavon], dans Bulletin de l'Institut royal du Patrimoine artistique, t. IV , Bruxelles, 1961, pp. 11-23; J. V a n d e n N ie u w e n iiu iz e n , Histoire matérielle [P.P. Rubens, Descente de Croix], dans Bulletin de l'institut royal du Patri­moine artistique, t. V , Bruxelles, 1962, pp. 27-85; G. E m i l e - M â l e , Le séjour à Paris de 179-1 à 1815 de célèbres tableaux de Rubens. Quelques documents inédits, dans Bulletin de l'institut royal du Patrimoine artistique, t. VII, Bruxelles, 1964, pp. 153-171.

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12 IN TR O D U C TIO N

Il était aisé de délimiter chronologiquement le dépouillement des archives. En 1815, le gouver­nement français restituait aux Pays-Bas les œuvres d’art enlevées à la Belgique en 1794. Dès 1816, plusieurs d ’entre elles réintégrèrent les collections brugeoiscs K En 1907, se tint à Bruges l’exposition de la Toison d ’O r qui fut l’occasion des restaurations de tableaux projetées par Paul Buéso dès 1902 2.Pour cette période de plus de nonante ans, on dispose des fonds d’archives et des publications officielles ci-après :

A. Sources d'archives

1° Bruges, archives de la Ville

a) Fonds de Y Académie

B. CADRE CHRONOLOGIQUE ET FONDS D’ARCHIVES DÉPOUILLÉS

2- 9, Resoluties van het bestuur. 1756-1876 .10- 14, Ingekomen brieven. 1767 -1877 .15 > Repertorium van de ingekomen brieven, aangelegd in 1 8 3 3 en b ij gehouden tot einde

1853.16- 17, Afschriften van uitgegane brieven. 1833-1853 .59 > Inventaris van de schilderijen, toebehorende aan het stadsbestuur van Brugge in bruikleen

aan de Academie afgestaan. 1828.89- 91, Drukwerk, zoals : reglementen, gelegenheidsdrukken, redevoeringen, circulaires, uit­

nodigingen, nieuwsbladen. 1757 -1882 .92-143, Rekeningen. 1769-1847 .

144-176, Bijlagen lot de rekeningen. 1778-1871 .

b) Fonds contemporain 3

Registres des procès-verbaux des séances du Conseil communal de la Ville de Bruges, nos 1 à 68, 5 thermidore an 8 -1 8 janvier 1913.Registres des résolutions du Collège échevinal de la Ville de Bruges, nos 4 à 78, 28 août 1817-29 décembre 1913.Copie de lettres expédiées par Vadministration communale, an 4 - 1849, 101 registres non-cotés. Dossiers non-cotés intitulés Beaux-Arts [ . . . ] , Académie [ . . . ] , Expositions [ . . . ] et plus spécialement 3 :24 huisen. « Huis Deljoutte ». Objets d'art. 1753-1816 .Beaux-Arts. Monuments. 1 815 à 1830 .Beaux-Arts. Tableaux des Eglises. 1828.Expositions. Beaux-Arts et Industries. 1837-1841 .Beaux-Arts. Académie. 1 8 40-1842 .

1 Cfr ici même pp. 15-19.2 Cfr ici même pp. 38-39.3 Ces dossiers ne sont ni groupés, ni classés. Seule une visite dans le dépôt même permet de les repérer. Notons qu’un travail de

classement actuellement en cours rendra d’ici peu les recherches beaucoup plus aisées.

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IN TR O D U C TIO N 13

Beaux-Arts. 1845-1848.Académie. Transfert des tableaux [. . .]. 1848.Beaux-Arts (142). Musée des Beaux-Arts [ . . . ] .Beaux-Arts. 1859-1866.Académie. 1859-1890.Académie. Budgets [ . . . ] . 1855-1897.Musea. Restauration de tableaux par Buéso [ . . . ] .

2° Bruges, archives de la Commission d'Assistance publique

L’accès au dépôt n’étant pas autorisé, un seul dossier nous a été communiqué : Karton K2, Dossier 44, Farde relative à la restauration du tableau de Memlinc représentant le mariage mystique de Ste Catherine, ainsi qu'aux autres tableaux à l'hôpital St. Jean.

3° Bruges, archives de VEtat

Des coups de sonde très étendus ont été pratiqués dans les répertoires de correspondance et les dossiers Beaux-Arts des archives du Gouvernement provincial de la Flandre occidentale, 3e section.

4° Bruxelles, archives de la Commission royale des Monuments et des Sites

Indicateurs n08 2598, 4323b, 8342, 8366.

B. Publications officielles

Bulletin communal de la Ville de Bruges, t. I - LI, Bruges, 1840-1907 [depuis le tome XLI (1897) paraît sous le titre de Gemeenteblad der stad Brugge].Bulletin des Commissions royales à’Art et d'Archéologie (Bruxelles).

G. M O DE DE D É PO U IL LEM EN T ET CLASSEM ENT DES PIÈCES ÉDITÉES

Le dépouillement systématique des fonds décrits plus haut s’est heurté à de sérieux obstacles. Quiconque fréquente les archives contemporaines conservées aux dépôts de la Ville et de l’Etat à Bruges, ne peut qu’admirer le colossal travail de classement et d’inventorisation entrepris par leurs conservateurs actuels aux fins de pallier leur pitoyable état de conservation et de classe­ment >, les lacunes nombreuses existant dans les différentes séries 2, l’absence d’inventaires

1 Les archives du Gouvernement provincial de la Flandre occidentale déposées aux Archives de l'E tat à Bruges sont à cet égard de consul­tation difficile. Malgré l’obligeance du personnel scientifique de ce dépôt, et spécialement de son conservateur, M. Joseph Maré­chal, il est pratiquement impossible de retrouver un dossier relatif à une affaire précise. Les inventaires (?) du gouvernement provincial et les indicateurs de correspondance ne sont d’aucun secours. Cet énorme fonds est actuellement en cours de clas­sement.

2 En ce qui concerne les archives de la ville de Bruges, il est évident que les dossiers contemporains conservés ne représentent qu’une partie de l’ensemble des archives de l’administration communale. Il est fréquent que des devis de restauration publiés dans le Bulletin communal de la ville de Bruges n'aient pas été conservés. C’est le cas notamment pour le constat effectué le 23 décem­bre 1889 (cfr pp. 162-171, doc. n° 4) à l ’hôpital Saint-Jean et publié dans le Bulletin susdit, année 1890, t. XXXIV, pp. 293-303.

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14 IN TR O D U C TIO N

anciens >, les nombreuses pertes ou soustractions de documents 2. Il en résulte que l’enquête entreprise présente une marge d’incertitude.Seules les pièces importantes ont été publiées in extenso. La localisation des œuvres d’art, les rapports techniques, les devis et les factures de restauration, les conflits juridiques quant à la propriété des œuvres d’art, constituent les éléments déterminants du choix.Le classement analytique des pièces d’archives a été écarté. Celles-ci intéressant de multiples domaines, il aurait été nécessaire d’adopter un fastidieux système de renvois. Le classement chronologique a été retenu. Ce dernier ayant pour effet de fractionner la réalité, il a paru utile de rédiger une synthèse des questions importantes traitées dans les archives publiées dans ce volume :

I. Restitution au gouvernement des Pays-Bas des œuvres d'art brugeoises confisquées en 1794 à la Belgique

par la République française. Conflits portant sur le droit à la propriété des dites œuvres.

II. Les photographies anciennes des Prim itifs flamands de Bruges.

III. Histoire matérielle des collections des Hospices, de 1'Académie et des fabriques d'église.

1 Seul le fonds de Y Académie a fait l’objet d’un inventaire utilisable : A. S c h o u t e e t , Inventons van het Archief van de Koninklijke Academic voor Schone Kunsten te Brugge ( 1717-1892), Gemeentebestuur Brugge, 1958.

2 C’est le cas notamment pour le document publié partiellement par R. D e w i t t e , Over liet herstel van schilderijen van Oude Meesters, dans Annales de la Société d'Emulation de Bruges, t. L X V I, Bruges, 1923, pp. 46-47. Ce document devrait être conservé sous la cote AEB., Modem Archief, 1e Reeks, n° 2097. Le dossier existe mais il a été vidé de son contenu. Les dossiers conservés sous la cote AEB., Gouvernement provincial, 3 e section, nos 1803 à 1807, sont restés introuvables. 11 est probable qu’ils contenaient des documents relatifs au Mariage mystique de sainte Catherine.

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C H A P IT R E I

R E S T IT U T IO N A U G O U V E R N E M E N T D E S P A YS-B A S D E S Œ U VRES D 'A R T DRUGEOISES CO NFISQ U ÉES E N 1794 A LA BELG IQ U E PAR LA R É P U B L IQ U E FRAN Ç AISE.

C O N F L IT S P O R T A N T SU R L E D R O IT A LA P R O P R IÉ T É D E S D IT E S Œ U VRES

La victoire des Alliés à Waterloo en 1815 et l’effondrement de PEmpirc 1 allaient permettre aux Pays-Bas d’entamer avec le gouvernement français des négociations en vue de recouvrer un certain nombre d’œuvres d ’art appartenant à nos provinces et conservées pour la plupart au Muséum de Paris 2. Les modalités de ces restitutions nous sont connues par l’ouvrage de Ch. Piot 3. Outre qu’un certain nombre de textes brugeois relatifs à cette affaire est resté inédit 4 et que les travaux préalables à la restitution furent menés par le peintre brugeois J. Odevaere 5, on ignore généralement que les bases juridiques de celle-ci donnèrent lieu, jusqu’en 1877, à des conflits de propriété entre l’Etat belge, l’administration communale de Bruges et la Commission adminis­trative des Hospices civils de cette même ville. Ceci fera l’objet des pages qui suivent.

A. R E ST IT U T IO N DES Œ UVRES D ’A R T EN 1815

Le 11 août 1815, l’administration communale de Bruges s’adressa au duc d’Ursel, commissaire général de l’intérieur à Bruxelles, aux fins de récupérer les deux panneaux de la Justice de Cambyse

de Gérard David 6, le retable de Saint Christophe de Hans Memlinc 7 et la Vierge au chanoine van der Paele de Jean van Eyck 8 (cfr p. 47, doc. n° 1). Le 1er septembre 1815, des démarches identiques

1 Sur ces événements, voir H. P ir e n n e , Histoire de Belgique, t. VI, Bruxelles, 1926, pp. 219-269.2 U ne liste des tableaux et objets d ’art enlevés à la Belgique par les Commissaires français a été publiée dans Ch. P i o t , Rapport

à M x le Ministre de l'intérieur sur les tableaux enlevés à la Belgique en 1794 et restitués en 1815, Bruxelles, 1883, pp. 16-63.3 Ch. P i o t , op. cit., pp. 64 et sv.4 A. J a n s s e n s d e B i s t h o v e n , Musée communal des Beaux-Arts ( Musée Groeninge). Bruges (Les Primitifs flamands. I. Corpus de la peinture

des anciens Pays-Bas méridionaux au quinzième siècle, 1) 2e édit., Anvers, 1959, ne publie que très peu de textes relatifs à cette affaire.5 Sur ce peintre cfr H. H y m a n s, dans Biographie nationale, tome seizième (Nucenus-Pepyn), Bruxelles, 1901, col. 68 à 74. Joseph-

Désiré O d e v a e r e , peintre et dessinateur, né à Bruges le 2 décembre 1775, mort à Bruxelles en 1830. Il fut nommé commissaire du gouvernement des Pays-Bas pour recouvrer les œuvres d ’art enlevées à la Belgique par les Français en 1794.Quelques textes relatifs à J. Odevaere ont été publiés par A. S c h o u t e e t , Kunstschilder J . Odevaere en de terugkeer van de geroofde kunstschatten uit Frankrijk naar Brugge in 1816, Mededelingen van het Centrum voor Studies van de Boerenkrijg, n°47, Hasselt, 1964, édition anastatique d’un article paru dans Album Archivaris Jos. De Smet, Bruges, 1964.

6 Sur ce tableau cfr A. J a n s s e n s d e B i s t h o v e n , op. cit., pp. 16-32 et plus spécialement p. 23. Le récit du retour des tableaux est basé principalement sur {'Oracle, journal bruxellois (cfr Ch. P i o t , op. cit., pp. 349-352, annexe C X X ). A. J a n s s e n s df. B i s t h o v e n ne semble pas avoir eu connaissance des textes publiés ici même pp. 47, 48, 50-54, 56, sous les nos 1-2-4-5-6-8.

1 A . J a n s s e n s d e B i s t h o v e n , op. cit., pp. 90-103 et plus spécialement p. 96.8 A. J a n s s e n s d e B i s t h o v e n , op. cit., pp. 58-80 et plus spécialement pp. 65-66. Cet auteur insiste très justement sur le fait que ce

tableau est mentionné comme Adoration des Rois depuis le X V IIIe siècle et en tout cas dans les textes du début du X IX e siècle.

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16 R E S T IT U T IO N DES ŒUVRES E T CONFLITS JURIDIQUES

furent entreprises Les résultats de l’enquête menée en France par J . Odevaere furent commu­niqués les 4 octobre 2 (cfr p. 48, doc. n° 2) et 1er novembre 1815 3 (cfr p. 49, doc. n° 3) : la Vierge de Michel-Ange, la Vierge au chanoine van der Paele, les deux panneaux de la Justice de

Cambyse et le retable de Saint Christophe avaient été retrouvés. Le 4 décembre 1815 4, la ville de Bruges fit de nouvelles démarches. Arrivées à Bruxelles le 18 novembre 1815 5, les œuvres d’art furent accueillies à Bruges le 3 janvier 1816 6 (cfr pp. 51-52, 53-54, 56, doc. nos 5-6-8).

B. BASES JU R ID IQ U E S DE LA R E ST IT U T IO N

L’arrêté royal donné à Laeken le 6 octobre 1815 7 par le roi Guillaume définissait les modalités de la restitution. Il fut décidé que les tableaux se trouvant dans les églises [...] encore destinées au culte ou dans des établissements encore existants, seraient déposés 8 dans la place qu'ils occupaient et confiés aux gardiens de ces édifices, à charge pour eux de pourvoir à leur conservation et entretien *>. Il fut précisé que la

surveillance de ces monuments des arts et de leur entretien [était] désormais confiée [au] commissaire général pour l'instruction publique et les sciences et arts 10. Il ne pouvait être plus clairement établi que l’Etat conservait la propriété pleine et entière des dites œuvres 11 et qu’il se réservait le droit exclusif de contrôler les restaurations qui pourraient y être apportées.

1 AVB., Copie de lettres expédiées par / ’administration communale, portefeuille 1814-1816, registre du 29 mai 1815 au 13 janvier 1816, n° 20.248, 1er septembre 1815. Ce document répond à une missive du sous-intendant de l’arrondissement de Bruges en date du 18 août 1815. Ce document n’est pas publié, sa teneur étant identique au document publié p. 47, sous le n° 1.

2 Ce document insiste sur le fait que les œuvres d ’art se trouvant dans la province française sont pratiquement inaccessibles. La raison en est que les troupes alliées n’ont pas occupé l’ensemble du territoire français (les difficultés que rencontrèrent les diffé­rents gouvernements alliés sont exposées dans Ch. P i o t , op. cit., pp. 64 et sv.).

3 Extrait de la liste Lavallée, secrétaire général du Musée royal de Paris. Cette liste est publiée par Ch. P i o t , op. cit., pp. 313 et sv.4 AVB., Copie de lettres expédiées par / ’administration communale, portefeuille 1814-1816, registre du 29 mai 1815 au 13 janvier 1816,

n° 20.812, 4 décembre 1815. La teneur de ce document est identique au document publié p. 47, sous le n° 1. Ce texte men­tionne cependant un nouveau tableau : Je dois ajouter d'après de nouveaux renseignements un tableau de dijférens sujets sur la passion, provenant de l'église paroissiale de Notre-Dame, par Hemmelinck. Ce tableau est renseigné comme n’ayant pas été restitué et comme étant conservé en un lieu inconnu par Ch. P iot, op. cit., pp. 30-31 et p. 332.

5 6 Ces événements sont racontés par A. J a n s s e n s d e B i s t i io v e n , op. cit., p. 23, pp. 65-66, p. 96.J. Odevaere n’assista pas à la réception des œuvres d ’art le 3 janvier 1816 comme il appert d’une lettre envoyée à ce dernier par l’administration communale (AVB., Copie de lettres expédiées par l'administration communale, portefeuille 1814-1816, registre du 29 mai 1815 au 13 janvier 1816, n° 21.014) : j 'a i cnjln la satisfaction de vous informer que nos objets d'arts [sic] dont vous nous avez annoncé l'expédition, par votre lettre du 3 du mois dernier et qui ont été retenus en route par la gelée, sont arrivés avant hier en celte ville où leur réception a été une espèce de triomphe. Il nous eut été bien agréable que vous eussiez pu être alors ici. Votre présence aurait ajouté à l'intérêt de cette fête.J. Odevaere fera l’objet d’une manifestation d’hommage le 4 mars 1816. A cette date, le Conseil communal, réuni en séance extraordinaire, lui ofTrit une médaille d ’or (cfr AVB., Résolutions du Conseil communal de la ville de Bruges, n° 3, registre du 8 novem­bre 1811 au 20 août 1817, f° 136-137; A. S ch o u teet, Kunstschilder J . Odevaere ende terugkeer van de geroofde kunstschattcn uit Frankrijk naar Brugge in 1816, loc. cit.; cfr ici même p. 56, doc n° 8).

7 P u b lié par Ch. P i o t , op. cit., pp. 364-365, annexe C X X II.8 Ce terme suscitera de nombreuses gloses et sera en partie à la base des conflits étudiés ici même.9 Article 1er.

10 Article 2e.11 II est intéressant de constater que le passage de nos provinces de la France aux Pays-Bas ne rompit pas le droit de propriété

que l’Etat s’était arrogé (cfr à ce propos les remarques de Ch. P i o t , op. cit., pp. 84 et sv.). En fait ni le gouvernement français ni le roi des Pays-Bas n’ont changé ou voulu changer la loi concernant la suppression des établissements laïques et religieux. En conséquence, sous le régime hollandais, non seulement les objets d’art provenant des couvents supprimés appartiennent à l’Etat, mais encore ceux de tous les établissements religieux et laïques supprimés par les lois françaises publiées en Belgique. Ceci est confirmé par une lettre du 20 août 1817 adressée par Repelaer van Driel aux gouverneurs des provinces de Flandre orientale, de Flandre occidentale et d ’Anvers (éditée par Ch. P i o t , op. cit., p. 441, aimexe C LX XV) : [...] En vous annonçant, le 24 avril dernier, que conformément à l'intention de S.AI., j'avais donné des ordres pour faire restituer aux communes les tableaux qu'elles avaient réclamés et qui se trouvaient au musée de Bruxelles, j 'a i omis de vous dire que cette restitution ne s'opérait qu'aux conditions prescrites antérieurement pour les objets d'art etc. récupérés sur la France, c'est-à-dire, que les communes, fabriques, églises ou autres établissements ne peuvent aliéner, ni changer la destination des tableaux qui leur ont été rendus, sans l'autorisation expresse du gouvernement [...J.

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P l . 1

J . O D E V A E R E (1775-1830), Portrait du peintre. M iniature en buste datée de 1817. L ’artiste porte l ’O rdre du L ion Belgique qui lui fut octroyé pour services rendus au R oyaum e des Pays-Bas.(Bruges, Musée Groeninge).

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R E S T IT U T IO N DES ŒUVRES E T CONFLITS JURIDIQUES 17

L’Etat belge maintint ce point de vue. Le 30 juillet 1845, un arrêté royal approuvait un règlement du Conseil provincial de Flandre occidentale concernant la conservation des objets d ’art apparte­nant aux communes et aux établissements publics *. L’article 1er décrétait que les tableaux, les statues et tous autres objets d 'art existant dans les églises, les maisons communales et les établissements publics

et ceux appartenant aux communes, aux fabriques d'église ou à d'autres institutions publiques et déposés par elles

dans les locaux privés, [étaient] placés sous la surveillance de l'administration générale. L’article 2e précisait q u 'i l sera institué pour chaque ville et pour chaque arrondissement adm inistratif de la province, une commission

chargée de rechercher les objets d 'art, d'en form er un inventaire et de proposer des mesures pour en assurer la

bonne conservation. Par l’article 8e enfin, il était établi qu 'aucune restauration ne sera fa ite à un objet d'art qu'après que la commission aura été entendue sur la nécessité de la réparation et sur le choix de l'artiste. Le gouvernement belge tempérait la législation hollandaise en créant un rouage administratif supplémentaire entre les administrations communales ou privées et l’Etat.

C. R E C O N S T IT U T IO N E T A C C R O IS S E M E N T D ES C O L L E C T IO N S D E L’A C A D É M IE 2

En vertu de l’arrêté royal du 6 octobre 1815, l’administration communale commença ses démarches. Le 8 janvier 1816 3, elle demandait à la Jointe de l’Académie de signer le procès-verbal de remise des tableaux 4. Le lendemain, prétextant l’état des lieux de l’hospice Saint-Julien, elle avisait la Commission des Hospices qu’elle entendait exposer dans les salles de l’Académie le retable de Saint Christophe (cfr p. 55, doc. n° 7). La réaction de la Commission ne se fit pas attendre. Le 13 janvier, elle réclama le retable 5.

L’administration communale ne tint aucun compte de cette demande : le 15 janvier 1816, elle avisait la direction de l’Académie que le retable de Saint Christophe et la Vierge au chanoine van der

1 Mémorial administratif de la Flandre occidentale, 2° partie, 1845, pp. 426 et sv.2 Nous faisons abstraction dans le présent exposé du dépôt confié par l’administration communale à l’Académie en 1828. Il com­

prenait la Mort de la Vierge d ’Hugo van der Goes et les deux panneaux de la Justice de Cambyse de Gérard David (cfr à ce propos H. P a u w e l s , Musée Groeninge. Catalogue, Musée communal des Beaux-Arts, Bruges, 1963, pp. 11-12; le document constatant cette remise a été édité par A. J a n s s e n s d e B i s t h o v e n , of>. cit., pp. 29-30, doc. n° 7).

3 AVB., portefeuille Académie 1859-1890, 1 dossier Académie. Tableau de Memlinc revendiqué par les hospices, année 1864, copie :Le Maire de la Ville de Brugesà Messieurs les Président et Membres composant la direction de / ’Académie des Beaux-Arts à Bruges.N ° 21.023 Bruges, le 8 janvier 1816.La remise qui nous a été fa ite le 3 de ce mois, en vertu de la décision de M * le Gouverneur, du tableau de St Christophe par Hemmelinck et celui de l'Adoration des Mages par Jean Van Eyck, devant être constatée, j 'a i l'honneur de vous prier de vouloir bien signer à cet effet le procès-verbal ci-joint dont je vous ferai parvenir copie après qu'elle sera revêtue de toutes les signatures requises [...].

4 Répond à l’article premier de l’A.R. du 6 octobre 1815.5 AVB., portefeuille Académie 1859-1890, 1 dossier Académie. Tableau de Memlinc revendique par les hospices, année 1864, copie conforme :

N ° 3.154 Bruges, le 13 janvier 1816. A Monsieur le Maire de la Ville de Bruges,En réponse à votre honorée du 9 du courant, nous prenons la liberté de vous faire connaître que nous désirons placer au local de nos séances où nous conservons soigneusement les tableaux de nos établissements qui n'y peuvent être convenablement placés, le tableau de S 1 Christophe provenant de l'hospice de S 1 Julien, renvoyé du Muséum de Paris.Afin de seconder le zèle des élèves de l 'Académie au progrès desquels nous nous intéressons vivement nous donnerons toujours avec plaisir un libre accès au local de nos séances, aux élèves qui désireraient s'y instruire.Nous vous prions donc, Alessieurs, de vouloir nous permettre de l'y faire transporter du lieu où il est déposé actuellement.

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18 R E S T IT U T IO N DES ŒUVRES E T CONFLITS JURIDIQ UES

Paele leur étaient remis à titre provisoire *. Le 1er février 1816 2, désireux d’éviter un conflit, le gouverneur de la province insista sur un point important : la remise faite à l’Académie ne l’était que provisoirement et elle ne détruisait point les droits des parties intéressées, notamment ceux de la Commission des Hospices 3. Il semble donc que l’arrêté royal du 6 octobre 1815 ait donné lieu à des interprétations diverses 4 : en témoigne la refonte du procès-verbal du 3 janvier 1816 5.11 est probable que la confiscation du retable de Saint Christophe était basée sur cet arrêté. Sa conservation n’étant point assurée, Bruges, se substituant à l’autorité de l’Etat, estima vraisem­blablement que son action n’était point dépourvue de fondements.

Ceci explique peut-être le nouvel arrêté du 22 mars 1816 6. Les deux panneaux de la Justice de Cambyse étaient restitués à l’hôtel de ville 7, 8, le retable de Saint Christophe et la Vierge au chanoine

van der Paele au musée de PAcadémic 9. Ces tableaux ne pouvaient être aliénés sans l’autorisation du gouvernement; les institutions dépositaires étaient chargées de leur conservation et de leur restauration, ce sous contrôle de l’Etat 10. De plus, la Commission des Hospices était implicitement déboutée quant à sa demande visant à récupérer le retable de Saint Christophe n , 12.

Juridiquement, l’affaire semblait réglée. En fait, les deux arrêtés prêtaient à confusion sinon à discussion. Celui du 6 octobre 1815 utilisait le terme déposés, celui du 22 mars 1816 employait

1 AVB., Copie de lettres expédiées par Vadministration communale, portefeuille 1816-1017, registre du 13 janvier au 30 septembre 1816, n° 21.231, 15 janvier 1816 : [...] j 'a i l'honneur de vous adresser ci-joint pour être déposée aux archives de votre établissement, copie du procès- verbal en date du 3 du mois dernier qui constate l'arrivée en celte ville de ses objets d'arts [sic] retirés de Paris, et la remise provisoire qui vous a été fa ite du tableau de S1 Christophe par Hemmelinck et celui de l'adoration des mages par Jean Van Eyck [...].

2 AVB., portefeuille 24 huisen. « Iluis Deljoutte ». Objets d ’art. 1753-1816, pièce 7, 1 février 1816 : [...] Je vous renvoie, Monsieur, le procès-verbal que vous avez dressé pour constater la réception de la remise des objets d'arts [sic] revenus de France, parce que j ' y remarque une inexactitude qu’il convient de corriger. Vous y dites que j 'a i fa it remettre à M A I. de la direction de l'Académie des Beaux-Arts les tableaux repré­sentant S 1 Christophe et l'Adoration des Mages à l'effet d'y cire exposés dans les salles de cet établissement et y servir à l'instruction des élèves. Ce n’est point ainsi que j 'a i entendu la chose; celle remise n'a pu être envisagée comme une concession fa ite à l'Académie, mais seulement comme un dépôt provisoire qui ne détruit pas les droits des parties intéressées, telle [sic] que ceux de la Commission des Hospices qui réclament le S 4 Christo­phe qu'elle prétend lui appartenir comme provenant d'un établissement réuni à son administration, et au sujet de quoi je me propose de provoquer une décision.Le nouveau procès-verbal que vous avez à fa ire dresser ne devra donc faire mention que du simple dépôt des dits deux tableaux à AIM . les membres de l'Académie et attester qu'ils se sont chargés de leur conservation jusqu'à décision ultérieure [...].

3 Cfr ici même p. 17.4 Cfr infra p. 19.5 AVB., Copie de lettres expédiées par l'administration communale, portefeuille 1816-1817, registre du 13 janvier au 30 septembre 1816,

n° 21.231, 15 janvier 1816; ibidem, n° 21.095, 20 janvier 1816; ibidem, n° 2 1.153, 31 janvier 1816; ibidem, n° 21.173, 3 février 1816.6 Publié par Ch. P i o t , op. cit., pp. 407-408. Une copie est conservée in AVB., portefeuille 24 huisen. «H uis Deljoutte». Objets d'art.

1753-1816, pièce 6 .7 Article I CT.

Seront définitivement restitués les objets d'art compris sous les numéros suivant du susdit étal, aux établissemens suivons pour y être confiés aux gardiens de ces édifices à charge par eux de pourvoir à leur conservation et entretien, conformément à l'article premier de l'arrêté de S. A l. du 6 octo­bre 1815, n° 1068, 2 e série.A l'Hôtel de Ville de Bruges :N ° 1. Cambyse fa it saisir un juge prévaricateur : peint par Ant. Clacssens;

2. Cambyse fa il écorcher le juge prévaricateur : peint par le même.8 Aux environs de 1828, ces panneaux furent transférés au musée de l’Académie (cfr A. J a n s s e n s d e B i s t i io v e n , op. cit., p. 23

et ici même p. 17, note 2.)9 Article 3. Seront définitivement placés à l'Académie de peinture, sculpture et d'architecture, à Bruges, à charge par la direction de cette académie

de pourvoir à leur conservation et entretien les tableaux suivons :N ° 3. Tableau en trois parties : saint Guillaume, saint Christophe et sainte Barbe : peint par Hemmelinck.

4. L'Adoration des mages, saint Ùonatien : peint par Van Eyck.10 Ch. P i o t , op.cit., p. 407. Article 5. La restitution et déposition se feront sous la condition (et dont mention sera fa it dans les procès-verbaux,

art. 4 ) que les dits objets d'art ne pourront être aliénés sans l'autorisation du gouvernement.1! Cfr infra p. 19 ; la commission n’aura pas plus de succès par la suite.12 En date du 1er avril 1816, la direction de l’Académie (AVB., Copie de lettres expédiées par l'administration communale, portefeuille

1816-1817, registre du 13 janvier au 30 septembre 1816, n° 21.462) et la Commission des Hospices reçurent notification de l’arrêté (ibidem, n° 21.463).

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R E STITU T IO N DES ŒUVRES E T CONFLITS JURIDIQUES 19

l’expression définitivement restitués. Dès lors, il était possible aux diverses autorités en présence de se décharger plus ou moins nettement de leur responsabilité en matière de conservation. Le contexte propre aux différentes administrations en présence allait accentuer cette confusion.

D. C O N FLIT ENTRE BRUGES ET LA C O M M ISSIO N A D M IN IST R A T IV E DES HOSPICES CIVILS DE LA VILLE DE BRUGES

Le 24 mars 1864 (cfr pp. 86-87, doc. n° 30), la Commission administrative des Hospices civils de la ville de Bruges priait la direction de P Académie sinon de lui restituer le retable de Saint Christophe

du moins de reconnaître officiellement son droit de propriété. Aucune réponse ne fut donnée à la Commission comme en témoignent les missives du 6 mars 1865 >, du 19 mars 1866 2 et du25 mai 1867 3. Un compromis aurait cependant été envisagé : la direction A de l’Académie aurait été priée d’aviser la Commission que ses droits n’étaient pas discutés. Aucune trace de cette décision n’a pu être retrouvée. Il semble même qu’elle n’ait pas été suivie d’exécution : le 9 octobre 1875, la question était toujours pendante 5.

E. C O N FLIT EN TRE BRUGES ET L’ETAT BELGE

Une affaire beaucoup plus grave allait éclater dans la seconde moitié du X IX e siècle. Excédé de l’inertie et des réticences opposées aux directives de la Commission royale des Monuments concernant le M ariage mystique de sainte Catherine de Hans Memlinc, la Vierge au chanoine van der Paele

de Jean van Eyck et les deux panneaux de la Justice de Cambyse de Gérard David, l’Etat allait affirmer avec force son droit à la propriété des œuvres d’art revenues de France en 1815 6 et le contrôle absolu qu’il entendait garder sur leur restauration 7.La procédure à suivre en cas de restauration était relativement simple. Dès 1835, date de la création de la Commission royale des Monuments, organe consultatif de PEtat, toute restauration

1 AVB., portefeuille Académie 1859-1890, 1 dossier Académie : Tableau de Memlinc revendiqué par les hospices, année 1864, lettre du6 mars 18G5 : [...] Nous croyons devoir saisir cette occasion, Messieurs, pour faire mention d'un de nos tableaux du célèbre peintre Hemling enlevés par les Français à l'hospice S1 Julien et renvoyés du muséum de Paris vers 1816. Le tableau est exposé depuis cette époque à l'Académie des beaux-arts, à la demande qui nous en a alors été fa ite par lettre de M T le .Maire de la Ville de Bruges du 9 janvier 1816. Une correspondance que nous avons adressée à ce sujet à la direction de l'Académie est ci-jointe. Il nous serait bien agréable, Messieurs, que par votre intervention nous recevions la réponse que nous attendons de la part de cette direction à notre lettre jointe aux pièces susdites du 24 mars 1864 [...].

2 AVB., ibidem, lettre du 19 mars 1866 : [...] nous avons le regret de devoir constater que la direction de l'Académie des beaux-arts juge con­venable de ne nous donner aucune réponse au sujet d'un triptyque du grand peintre Hemling, représentant S1 Christophe portant sur son épaule l'Enfant Jésus à travers les eaux du Jourdain. Ce tableau qui nous appartient est exposé dans les locaux de l'Académie. A ce sujet nous avons eu l'honneur de vous remettre un dossier avec notre rapport du 6 mars 1865 n° 43.744, en sollicitant votre intervention pour régler cette affaire concernant laquelle une communication de votre part nous serait bien agréable [...].

3 AVB., ibidem, lettre du 25 mai 1867 (cfr p. 88, doc. n° 31).4 AVB., ibidem, note non-datéc : [...] Si la Direction de l'Académie reconnaît que le tableau S1 Christophe, par Hemling, appartient aux hospices

Cl V, il suffirait qu'elle le dise dans une lettre adressée au Collège Echevinal lequel, à son tour, en fournirait une copie à la Commission des Hospices. C'est tout ce qu'elle demande. Il faudrait ajouter cependant qu'il est l'objet des soins de la direction comme toutes les autres toiles du musée de l'Académie.

5 Bulletin communal de la Ville de Bruges, année 1875, t. 19, pp. 844-845. Séance du 9 octobre 1875. Le délégué de la Commission des Hospices fit des réserves quant au dépôt du retable de Saint Christophe au musée de l'Académie.

6 7 L’arrêté royal du 6 octobre 1815 en établissait clairement les modalités. Un arrêté provincial du 9 juillet 1845 faisait de même.

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20 R E S T IT U T IO N DES ŒUVRES E T CONFLITS JURIDIQUES

était soumise à l’approbation de l’Etat par l’intermédiaire de cet organisme. Les demandes de restauration lui étaient soumises par le canal des administrations provinciales et communales. En 1845, l’Etat avait institué une commission pour chaque ville et pour chaque arrondissement administratif. Celle-ci consultée, les droits de l’Etat étaient automatiquement préservés et les institutions dépositaires des tableaux étaient en règle. En principe donc, rien de plus simple.

En pratique l’affaire était beaucoup plus compliquée. Si l’administration communale de Bruges avait théoriquement un droit de regard sur les collections de l’Académie des Beaux-Arts — gérée par la Jointe — et des Hospices, ce dernier était singulièrement limité par l’esprit d ’indépendance de ces deux institutions. De plus, la Commission locale des Beaux-Arts était, au moins partielle­ment, composée de membres de l’Académie et des Hospices, eux-mêmes représentés dans le Collège échevinal et dans le Conseil communal. Malgré toute sa bonne volonté, la ville de Bruges était prise entre deux feux et il était facile de faire avorter les décisions gouvernementales. Les événements qui font l’objet des pages qui suivent ne le démontrent que trop.

Dès 1850, la Commission royale des Monuments ayant signalé les tableaux à l’attention du Ministère de la Justice, un conflit entre les autorités brugeoiscs et l’Etat était latent >. Les institu­tions dépositaires de tableaux étant incapables ou ne voulant pas assurer leur conservation selon les normes scientifiques de l’époque, il était évident que le gouvernement tendrait à leur en retirer la jouissance (aucun acte du pouvoir législatif n’ayant aboli la propriété compétant à l’Etat). Un premier accrochage eut lieu en 1855. Le sieur Maes avait effectué, sur ordre des Hospices, des restaurations au M ariage mystique de sainte Catherine 2. Il semble que la Commission royale des Monuments ait été placée devant le fait accompli. L’administration communale fut consciente des implications possibles de cette intervention non-autorisée 3 : le 23 juillet 1855, elle demandait au gouverneur de la province l’arbitrage de la Commission 4. Ces précautions ne furent pas inutiles.

Le 30 août 1855, le gouverneur de la province s’étonnant que les Hospices ne se soient pas conformés au règlement provincial du 9 juillet 1845, leur interdisait de procéder sans autorisation

1 Un rapport constatant la nécessité de la restauration du Mariage mystique de sainte Catherine avait été adressé par la Commission royale des Monuments au ministre de l'intérieur dans le courant de 1850 (cfr p. 66, doc. n° 16). Le détail des transactions est exposé dans le chapitre III du présent ouvrage. Nous ne retenons ici que les éléments principaux du conflit. Cfr AVB., porte­feuille Beaux-Arts. 1849-1858, 1 dossier Beaux-Arts : Tableau de Hemling. Mariage mystique de S. Catherine. Restauration. 1850-1858, minute d’une lettre adressée au gouverneur de la province en date du 6 juillet 1850.

2 AVB., portefeuille Beaux-Arts. 1849-1858, 1 dossier Beaux-Arts : Tableau de Hemling. Mariage mystique de S. Catherine. Restauration. 1850-1858, lettre adressée par la Commission des Hospices à l’administration communale en date du 9 avril 1855 (cfr p. 67, doc. n° 17).

3 Cfr les termes de l’A.R. de 1845 p. 17.4 AVB., portefeuille Beaux-Arts. 1849-1858, 1 dossier Beaux-Arts : Tableau de Hemling. Mariage mystique de S. Catherine. Restauration.

1850-1858, minute d’une lettre adressée par l’administration communale au gouverneur de la province en date du 23 juillet 1855 : [...] la commission administrative des hospices civils nous a fa i t connaître qu'elle avait confié à M r Maes, restaurateur de tableaux en cette ville, les réparations qui avaient été signalées comme urgentes au tableau de Hemling représentant le Mariage mystique de S le Catherine et les épisodes de la vie de S 1 Jean-Baptiste et Jean VEvangéliste.La commission ajoute que les réparations avaient été effectuées à son entière satisfaction et qu'il lui serait agréable que la commission des monuments voulût bien se rendre sur les lieux pour examiner de nouveau ce chef-d'œuvre, et de lui signaler les noms des artistes belges qui seraient le plus à même d'entreprendre les restaurations que pourraient exiger d'autres tableaux.Nous tenons d'autant plus à ce que la commission des monuments se rende au désir de l'administration des hospices, que nous n'avons pas nos apai­sements sur le mérite de l'artiste dont les hospices ont fa it choix en cette circonstance [...].

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4 P l . I I

J . O D E V A E R E (1775-1830), Portrait de F .-J . Wynckelman, J .-A . Van der Donekt et de Vartiste.(Bruges, M usée G roeninge).

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R E ST IT U T IO N DES ŒUVRES E T CONFLITS JURIDIQUES 21

à des restaurations i. Avisés de cette décision 2, ceux-ci répondirent qu’ils appréciaient l’importance des décisions sanctionnées par le règlement provincial mais qu’ils estimaient l’affaire trop peu importante pour en saisir l’autorité supérieure 3 (cfr p. 68, doc. n° 18). Voulant aplanir tout conflit éventuel, l’administration communale fit savoir à la province qu’elle était satisfaite de ces explications 4. Le gouverneur les admit avec réticence mais réclama l’intervention de la Commis­sion (cfr pp. 69-70, doc. n° 19). Le 11 août 1856, celle-ci fit dresser par Etienne Le Roy un rapport démontrant l’urgence d’une restauration du M ariage mystique de sainte Catherine (cfr pp. 72-73, doc. n° 21). Les Hospices s’y opposèrent catégoriquement le 20 septembre 1856 (cfr pp. 74-75, doc. n° 22). La Commission brugeoise des Beaux-Arts fit de même le 3 novembre 1856 (cfr pp. 76-77, doc. n° 23) et le 7 mai 1857 5 (cfr p. 78, doc. n° 24). Ce point de vue fut adopté par le Conseil communal le12 février 1858 6 (cfr p. 79, doc. n° 25) qui écrivit au gouverneur le 20 février 7 que l’affaire était considérée comme terminée. Bruges s’était donc résolument engagée dans une opposition marquée aux directives de la Commission royale des Monuments. Ceci allait être lourd de conséquences.

Trois ans plus tard, les choses s’aggravèrent. Non seulement le M ariage mystique de sainte Catherine était concerné mais l’ensemble des collections des Hospices et de l’Académie (Vierge au chanoine

van der Paele, panneaux de la Justice de Cambyse) (cfr pp. 106-107, doc. n° 43). Le 26 décembre 1861, le ministre de l’intérieur insista auprès du gouverneur de la province sur les dangers auxquels elles étaient soumises et ce qui était plus grave, sur le refus qu’opposaient les directions de ces musées

1 AVB., portefeuille Beaux-Arts. 1849-1858, 1 dossier Beaux-Arts : Tableau de Hemling. Mariage mystique de S. Catherine. Restauration 1850-1858, original du 30 août 1855 : [...] j 'a i appris par votre lettre du 23 juillet dernier, Secrétariat Répre A. n° II, que la commission des hospices a fa it exécuter des réparations au tableau de Hemling représentant le Mariage mystique de Sainte Catherine. J e vous prie, Messieurs, de me faire connaître en quoi consistent ces réparations et comment il se fa i t que la commission des hospices ne se soit pas conformée en cette cir­constance, au règlement provincial du 9 juillet 1845, approuvé par le Roi le 30 du même mois. Il importe qu'on ne touche à ces productions d'art, surtout à des œuvres aussi importantes que celles de Hemling, sans qu'on ait pris toutes les précautions désirables. Veuillez aussi inviter la commis­sion à s'abstenir dorénavant de faire effectuer une réparation ou une restauration quelconque à ses œuvres d'art satts avoir obtenu préalablement l'autorisation requise [...].A cet égard, l’article 8 de ce règlement est très net : Aucune restauration ne sera fa ite à un objet d'art qu'après que la commission aura été entendue sur la nécessité de la réparation et sur le choix de l'artiste. (Cfr Mémorial administratif de la Flandre occidentale, 2ème partie, 1845, p. 426).

2 AVB., portefeuille Beaux-Arts. 1849-1858, 1 dossier Beaux-Arts : Tableau de Hemling. Mariage mystique de S. Catherine. Restauration. 1850-1858, lettre de l’administration communale aux hospices en date du 3 septembre 1855.

3 En contradiction avec les avis de la Commission royale des Monuments (cfr p. 72, doc. n° 21).4 AVB., portefeuille Beaux-Arts. 1849-1858, 1 dossier Beaux-Arts : Tableau de Hemling. Mariage mystique de S. Catherine. Restauration.

1850-1858, minute d’une lettre adressée par l’administration communale au gouverneur de la province en date du 20 septem­bre 1855 : [...] les motifs qui s'y trouvent produits nous semblent de nature à être pris en considération et donner un plein apaisement en ce qui concerne l'importance de la restauration de l'œuvre de Hemling [...].

? A cette date, celle-ci fut cependant moins catégorique. Le nom d’un restaurateur brugeois, Callewaert, fut avancé. On en vient à se demander si tout le conflit n’est pas provoqué par un esprit de clocher caractérisé.

6 Un résumé du document publié p. 79, sub n° 25 est donné dans le Bulletin communal de la Ville de Bruges, années 1857 et 1858, t. 9, Bruges, 1859, p. 261 :8°. Résolutions portant que, contrairement à l'avis de la Commission royale des Monuments, il n'y a pas urgence d'exécuter au tableau de Hemling, représentant le mariage mystique de S te Catherine, les travaux de restauration signalés par cette commission, et que quand même il y aurait urgence,il y a possibilité de trouver à Bruges un artiste capable de mener cette entreprise à bonne fin.

7 AVB., portefeuille Beaux-Arts. 1849-1858, 1 dossier Beaux-Arts : Tableau de Hemling. Mariage mystique de S. Catherine. Restauration. 1850-1858, minute du 20 février 1858 : [...] conformément à votre lettre du 17 avril div. 3 n° 32.254, nous avons consulté la commission provinciale chargée de la conservation des objets d'art, au sujet de la restauration du tableau de Memling.Le rapport de ce collège qui porte la date du 7 mai [ce rapport est demeuré introuvable] est joint ici par copie.Dans la séance du 12 courant, le conseil communal a reçu communication de tout le dossier relatif à cette affaire, cl sur l'avis conforme de son comité de l'instruction et des Beaux-Arts, cette assemblée s'est à l'unanimité ralliée aux conclusions des rapports fa its par la commission provinciale et par M M . Wallays, Génisson et Van Acker.Nous annexons à la présente, les diverses pièces que vous nous aviez transmises en communication.Celte affaire que nous croyons pouvoir considérer comme terminée, est traitée aujourd'hui dans nos bureaux, à la 4e div. n° 572 [...].

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2 2 R E S T IT U T IO N DES ŒUVRES E T CONFLITS JURIDIQ UES

au droit de contrôle que l’Etat entendait se réserver >. Ce fut le point de départ d’un échange de rapports contradictoires entre la Commission royale des Monuments, la Jointe de l’Académie et les Hospices 2. L’affaire s’envenima. L’Etat fit d’abord des allusions discrètes à son droit de propriété. Le conflit prit un tour aigu le 3 novembre 1874. Le gouvernement mit formellement en doute le droit de propriété de la ville de Bruges 3 (cfr pp. 106-107, doc. n° 43) : il résulte, en ejf'el, des recherches qui ont été fa ite s dans les archives publiques que, lors de la restitution des tableaux enlevés par le Gouvernement français, les œuvres dont il s'ag it, ont été remises provisoirement à M M . de la direction de

1'Académie royale des Beaux-Arts de Bruges, pour être déposées dans la salle de cet établissement, à la charge

par ces Messieurs, de pourvoir à leur conservation jusqu'à décision contraire. Basée sur l’article 3 des arrêtés royaux du 6 octobre 1815 4 et du 22 mars 1816 5, s’appuyant sur les retards apportés à l’exécution des directives de la Commission royale des Monuments, cette intervention gouvernementale était largement justifiée 6. Aussitôt la ville de Bruges adopta une attitude plus souple. Se refusant à reconnaître les droits de l’Etat 7, elle demanda à la Jointe de l’Académie de procéder aux restau­rations nécessaires 8 sur place et en accord avec la Commission. Cette attitude fut sanctionnée par le Conseil communal en sa séance du 9 octobre 1875 (cfr p. 160, doc. n° 2) et notifiée à l’Académie le 25 novembre 1875 (cfr p. 112, doc. n° 46). MM. De Brou et Dcheuvel furent désignés comme restaurateurs 9. De nouvelles difficultés surgirent lü. Le ministre de l’intérieur dut à nouveau réclamer la stricte application de la loi. Le 18 août 1876 (cfr pp. 116-118, doc. n° 50), il précisait que l’Etat est responsable seul de la conservation des œuvres qui sont une propriété nationale et dont la destruction aurait un retentissement dans le monde civilisé. De plus, il espérait qu’on ne devrait pas recourir aux

mesures légales que justifieraient les droits de l'E ta t, droits qui seront constatés le cas échéant. L’administration

1 AVB., portefeuille Beaux-Arts. 1859-1866, 1 dossier Musées de VAcadémie et de l'hôpital St-Jean. Conservation des objets d'art, année 1862, 26 décembre 1861 : [...] Monsieur le Ministre de l'intérieur vient de m'informer que la Commission royale des Monuments lui a écrit pour lui faire connaître que plusieurs tableaux importants appartenant au musée de Bruges exigent des réparations ; mais qu'elle ne peut lui fournir des renseignements explicites et des propositions formelles à ce sujet, la société qui administre le Musée refusant de reconnaître à l'autorité supérieure le droit de contrôle sur les collections.On signale également les dangers auxquels se trouvent exposés les précieux tableaux de l'hôpital S 1 Jean [...].

2 Cfr infra l’historique des difl'érentes restaurations.3 Cfr ici même pp. 16-17.4 Cfr ici même p. 16, note 7.5 Cfr ici même p. 18, note 6 .6 La ville de Bruges en était parfaitement consciente. AVB., portefeuille Académie 1859-1890, 1 dossier Beaux-Arts. Restauration

de tableaux d'administrations publiques, année 1869, minute d’une lettre envoyée à l’Académie en date du 9 novembre 1874 (cfr pp. 108-109, doc. n° 44).

7 Une note de l’administration communale sur la lettre du gouverneur du 3 novembre 1874 définit assez clairement l’attitude adoptée. Cfr AVB., portefeuille Académie 1859-1890, 1 dossier Beaux-Arts. Restauration de tableaux d'administrations publiques, année 1869, note non-datée : C'est sur ces mots : provisoirement remis à M A I. de la direction de l'Académie, pour être déposés dans les salles de cet établissement à la charge par ces Alessicurs de pourvoir à leur conservation jusqu'à décision contraire, que s'appuie le Gouvernement ( lettre du Gouverneur du 3 nov. 1874) pour prétendre que les autorités brugeoises ne sont que dépositaires à titre provisoire, de ces œuvres qui sont une pro­priété nationale. Notons que ces expressions peuvent s'entendre de deux manières. Les tableaux avant leur enlèvement et leur transport à Paris, n'étaient pas à l'Académie : le jugement de Cambyse en deux toiles provenant de l'hôtel de ville, le Van Eyck de .. . , le Alemlinc de ... L'intention était de les replacer d'une manière définitive dans ces différents locaux, et le mot provisoire signifie que leur déplacement à l'Académie n'était dans la pensée des rédacteurs, que temporaire. E t si l'on charge ces M A L de l'Académie de la conservation des tableaux, c'est parce que l'on savait que ces œuvres n'appartenaient pas à l'Académie mais à la ville. Si le sens donné à ces mots par le Gouvernement était exact, si en 1816 la restitution n'avait été, comme il le soutient, qu'un simple dépôt, comment expliquer les manifestations de la municipalité de l'époque ? et le vote d'une médaille en or au peintre Odevaere? Eut-il fa llu tant de cérémonial et tant de bruit pour recevoir des objets d'art que l'on aurait su pouvoir être repris du jour au lendemain. Et notons que le Bon de Loen, gouverneur de la province prend part à ces manifestations en sa qualité de gouverneur et comme représentant le Roi; que c'est lui qui opère la remise. En interprétant ces mots comme le fa it le Gouvernement, on le rend complice d'une espèce de comédie.

8 Cfr p. 112, doc. n° 6 .9 Cfr infra pp. 35-37.

10 Le détail de celles-ci est retracé p. 37.

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R E ST IT U T IO N DES ŒUVRES E T CONFLITS JUIUDIQUES 23

communale saisit le danger et en informa l’Académie l . Celle-ci, le 15 septembre 1876, nia la nécessité des restaurations et, fait nouveau, déclina toute responsabilité considérant la ville comme propriétaire du musée (cfr pp. 120-121, doc. n° 52). Par sa lettre adressée au ministre de l’intérieur le 3 février 1877 (cfr pp. 123-127, doc. n° 54), l’administration communale mit un terme au conflit. Tout en se réservant la propriété pleine et entière des tableaux de David, de van Eyck et de Memlinc, elle reconnaissait l’urgence des restaurations et en assumait la responsabilité. Il n’en fallut pas plus à notre connaissance pour que l’Etat s’estima satisfait.

Le législateur avait réglé le problème de la restitution des œuvres d’art confisquées par les Français en 1794, de manière équilibrée. Tout en permettant aux administrations communales et hospi­talières de conserver la jouissance de leurs chefs-d’œuvre, il établissait le principe de la propriété de l’Etat et du contrôle des restaurations. Cette pax museologica fut rompue, à Bruges, par une opposition marquée à l’un des organismes mandatés par le gouvernement : la Commission royale des Monuments. Cette attitude était peu politique : une fois les restaurations en bonne voie, la question de la propriété ne fut plus débattue.

1 AVB., portefeuille Académie 1859-1890, 1 dossier Beaux-Arts. Restauration de tableaux d'administrations publiques, année 1869, minute d’une lettre adressée à l’Académie en date du 24 août 1876 : [...] Nous considérons cette affaire comme très grave, et nous nous permettons en conséquence de vous recommander de l'examiner avec un soin tout particulier. Il serait fâcheux, à notre sens, qu'un conjlit vint à s'élever entre le Gouvernement et la Ville, pareil conjlit pourrait prendre de très vastes proportions [...].

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C H A P IT R E II

LES PHOTOGRAPHIES ANCIENNES DES PRIMITIFS FLAMANDS DE BRUGES

Au gré des historiens d’art et des restaurateurs, les rapports techniques et les devis de restauration ne seront jamais assez précis J. Une source jusqu’ici complètement négligée existe cependant : les photographies anciennes. Pour peu que celles-ci soient datables avec un minimum de précision, elles peuvent constituer des témoins précieux de l’état de conservation de certains tableaux. Il est donc utile de repérer dans les archives du X IX e siècle, les traces laissées par les campagnes photo­graphiques effectuées à Bruges entre 1850 et 1900.Indépendamment des remarquables photographies prises en 1858-1859 par le Bruxellois E. Fier- lants 2, la richesse des collections brugeoises, les progrès des techniques de reproduction photo­graphique 3 et l’essor des études relatives à l’école des Primitifs flamands attirèrent à Bruges bien d’autres amateurs.Peu après E. Fierlants, J.F . Michiels et A. Laureyns sollicitèrent l’autorisation de photographier les tableaux du musée de l’Académie 4. Sur la base des textes d’archives, il n’est pas possible de préciser si cette entreprise eut des résultats tangibles.En 1894, par l’intermédiaire du ministre des Affaires ecclésiastiques de Prusse, la Librairie artistique et scientifique de Munich dirigée par F. Bruckmann demanda de pouvoir reproduire les van Eyck de Bruges 5. La Commission des musées communaux marqua son accord à la condition que les

1 La plupart de ces documents sont avares de renseignements techniques. Sans sous-estimer la valeur professionnelle de ceux qui les rédigèrent, il est évident que ces derniers ne s’étaient pas encore soumis à la rigueur scientifique des disciplines de labo­ratoire. Il est en conséquence vain de vouloir rechercher dans ces textes ce que les techniciens de la restauration et de la conser­vation des œuvres d ’art ne découvrent que depuis quelques années.

2 Nous nous permettons de renvoyer à notre note Les Primitifs flamands de Bruges et les premiers albums de reproductions photographiques à paraître dans le tome V III du Bulletin de l'institut royal du Patrimoine artistique.

3 Une synthèse de l ’historiographie des Primitifs flamands, la meilleure à l ’heure actuelle, a été faite par S . S u l z b e r g e r , La réhabilitation des Primitifs Flamands, 1802-1867 (Académie royale de Belgique, Classe des Beaux-Arts, Mémoires, coll. in-8°, fasc. 3), Bruxelles, 1961, 2 vol.

4 AVB., Académie, n° 14, liasse de 1858, original d ’une lettre adressée par J.F. Michiels et A. Laureyns au secrétaire de l’Académie F. Vanden Abeele en date du 7 juillet 1858 : [...] nous avons l'honneur de vous informer que pour ce qui concerne la reproduction des tableaux du musée au moyen de nos procédés photographiques, dont nous avons fa it la demande, ces tableaux se trouvent dans des conditions de lumière très

favorables à leur reproduction et peuvent parfaitement rester en place [...].AVB., Académie, n° 14, liasse de 1858, original d ’une lettre adressée par J.F . Michiels et A. Laureyns à la direction de PAcadémie en date du 19 juillet 1858 : [...] En conséquence nous avons l'honneur de vous informer que nous désirons commencer nos travaux, jeudi ou vendredi prochain. Nos opérations qui n'exigent aucun déplacement et qui ne peuvent gêner personne, consistent simplement dans la pose de l'instru­ment en face des objets à reproduire et notre présence n'y est nécessaire que le temps de placer et de reprendre l'instrument ce qui ne se fa it qu'une

fo is le jour, et ne demande que quelques minutes de temps et facilitera beaucoup la charge que la commission a bien voulu s'imposer [...].5 AVB., portefeuille Beaux-Arts ( 142 ). Musée des Beaux-Arts [...], 1 dossier Musée de l'Académie. Demande ou autorisation de photographier

des tableaux, année 1893, original d’une lettre adressée par le ministre de l’intérieur à l’administration communale en date du10 juillet 1894 : [...] M . le Ministre des affaires ecclésiastiques de Prusse a exprimé le désir d'obtenir, en faveur de la librairie artistique et scientifique de Munich, dirigée autrefois par Frédéric Bruckmann, la permission de reproduire par des photographies les tableaux de Van Eyck figurant dans les églises, à l'hôpital et dans les collections de l 'Académie de Bruges [...].

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PI 10 TOGRAPHIES ANCIENNES 25

tableaux ne subissent aucun déplacement Le 13 août 1894 2, le ministre de l’intérieur demanda que l’autorisation soit étendue à tous les tableaux de l’ancienne école flamande conservés à Bruges. Le 18 août, la ville déféra à ce désir 3. Des difficultés durent surgir car le 24 juin 1896, le conser­vateur des musées communaux, Eugène Copman, permit le déplacement des tableaux 4. Les photographies furent vraisemblablement prises dans la seconde moitié de 1896.Le 10 février 1895, ce fut au tour du conservateur des peintures au musée du Louvre, Georges Lafcnestre. Préparant avec E. Richtenberger un volume sur la peinture en Belgique, ce dernier désirait prendre quelques clichés. La ville déféra à ce désir le 22 février 1895 5.Quelques mois plus tard, le 1er mai 1895, l’éditeur bruxellois A. Boitte, préparant une synthèse en six volumes consacrée à la peinture flamande, demandait de pouvoir reproduire la Vierge au

chanoine van der Paele et les deux panneaux de la Justice de Cambyse 6. Les photographies furent prises entre 1895 et 1897 7 comme en témoigne un échange de correspondance aigre-douce entre les institutions intéressées.En octobre 1895, W .H.J. Weale, préparant une monographie sur Gérard David, sollicitait l’autorisation pour le photographe anversois Hermans de prendre des clichés de la Justice de Cambyse et du Baptême du Christ ». Sur l’avis favorable du conservateur E. Copman, l’administration communale marqua son accord le 31 octobre 1895 9.

1 AVB., ibidem, original d’une lettre adressée à l’administration communale par E. Copman, conservateur des musées communaux, en date du 18 juillet 1894. La ville marqua son accord le 31 juillet 1894 suite à une nouvelle lettre du ministre de l’intérieur en date du 28 juillet 1894 (AVB., ibidem). C’est par cette missive que nous savons à quelle date la ville de Bruges accorda l’auto­risation.

2 AVB., portefeuille Beaux-Arts ( 1 4 2 ). Musée des Beaux-Arts [...], 1 dossier Musée de 1'Académie. Demande ou autorisation de photographier des tableaux, année 1893, original d’une lettre adressée par le ministre de l’intérieur à l ’administration communale en date du13 août 1894 : [...] la légation d ’Allemagne a demandé au gouvernement que 1'autorisation à accorder à la librairie artistique et scientifique de Alunich, de photographier les œuvres de Van Eyck, qui existent dans vos édifices publics, soit étendue aux tableaux célèbres des principaux maîtres de l'école flamande figurant dans les dits édifices publics, églises, hôpitaux, etc. [...].

3 AVB., ibidem.4 AVB., ibidem, original du 24 juin 1896.5 AVB., portefeuille Beaux-Arts ( 1 4 2 ). Musée des Beaux-Arts [...], 1 dossier Demande ou autorisation de photographier des tableaux, année

1893, original d ’une lettre adressée par Georges Lafenestre au bourgmestre de Bruges en date du 10 février 1895 : [...] Ayant l'intention de publier prochainement (en collaboration avec M . Richtenberger) un volume sur la peinture à Bruges ( collection des guides-catalogues la Peinture en Europe) je serais heureux d'y placer quelques reproductions des chefs-d'œuvre du musée de Bruges.J e vous serais donc reconnaissant si vous vouliez bien nous accorder l'autorisation pour que nous puissions faire ou fa ire faire les trois ou quatre clichés dont nous aurions besoin. Nous comptons, l'un ou l'autre, nous rendre à Bruges, dans quelques temps, mais nous serions heureux, en attendant, de savoir [les] dispositions [que] nous avons à prendre [...]. Note marginale indiquant la date de l’autorisation.

6 AVB., ibidem, original d ’une lettre adressée par l’éditeur bruxellois A. Boitte à l’administration communale en date du lcr mai 1895.

7 La prise de ces photographies ne se fit pas sans mal. AVB., ibidem, original d’une lettre adressée à l’administration communale par A. Boitte en date du 17 février 1897 : [...] J 'a i pu faire photographier alors, dans de très mauvaises conditions, entre autres la Vierge Glorieuse de Jean Van Eyck qui n'apparaît pas du tout à son avantage telle quelle.Cependant je m’en suis contenté devant les difficultés à vaincre pour obtenir même un simple époussetage demandé au conservateur du musée, chose qu'on n’aurait dû nous refuser vu l ’intérêt artistique de l ’œuvre que je poursuis [...].L’interdiction fut justifiée par E. Copman : [...] Qtiant au fa i t que reproche M r Boitte de n'avoir pas voulu laisser épousseter les tableaux de Van Eyck et de Memling avant qu'on les photographiât, il est exact. Cette opération aurait pu avoir comme résultat de détacher des parcelles de la couleur de ces tableaux qui, comme vous le savez, ne sont pas en bon état et ont des boursouflures [...] (AVB., ibidem, 23 février 1897).

8 AVB., portefeuille Beaux-Arts ( 142 ). Musée des Beaux-Arts [...], 1 dossier Alusée de l'Académie. Demande ou autorisation de photographier des tableaux, année 1893, original d ’une lettre adressée par W .H.J. Weale à la direction de l ’Académie en date du 16 octobre 1895 : [...] J e prépare en ce moment une monographie sur maître Gérard David dont notre Galerie Nationale possède deux tableaux très importants provenant de la cathédrale de St-Donatien. Désirant que cette monographie soit aussi complète et aussi bien illustrée que possible je serais très heureux si vous voudriez accorder à M . Hermans, photographe d'Anvers, la permission de photographier le Triptyque du Baptême du Christ et les deux panneaux provenant de l'hôtel de ville qui représentent le Jugement de Cambyse et l'Ecorchement du Juge Prévaricateur [...].

9 AVB., ibidem, original d’une lettre adressée par E. Copman à l’administration communale en date du 28 octobre 1895 : [...] j'estime qu'il convient d'accorder, aux conditions déjà déterminées par la commission à A ir James Weale la permission qu'il sollicite dans sa lettre ci-jointe du 16 octobre 1895. Par le nouvel écrit qu'il annonce ce savant qui a rendu d'inestimables services à la Ville de Bruges et à son ancienne école ne manquera pas sans nul doute de mettre en relief encore davantage l'immense valeur de nos glorieux maîtres [...]. Note marginale précisant la date de l’autorisation.

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26 PHOTOGRAPHIES ANCIENNES

Quelques années plus tard, en 1898, un professeur du lycée de Freisling, Ch. Vole >, recommandé par le gouvernement allemand et désireux d’étudier les tableaux de van Eyck conservés en Belgique fut mis en rapport avec la direction de l’Académie 2 et photographia très probablement l’un ou l’autre tableau.L’intérêt de ces différentes « missions » photographiques réside dans le fait que certaines d’entre elles ont donné lieu à la publication d ’ouvrages illustrés ou de séries de photographies. L’abondante et remarquable série de reproductions éditées par la Librairie artistique et scientifique

de Munich de F. Bruckmann est encore conservée sinon dans sa totalité du moins en grande partie. En ce qui concerne les photographies Lafenestre-Richtenberger, des épreuves en subsistent dans leur ouvrage La peinture en Europe. La Belgique, Paris, 1895 3.

La photographie de la Justice de-Cam byse réclamée par W .H.J. Weale nous est encore connue. Dans son ouvrage consacré à Gérard David 4, il en existe un assez mauvais cliché. Ce dernier n’est pas sans intérêt car il permet de confirmer plus d’un rapport technique 5.Enfin, si l’on admet l’identification Ch. Vole - K. Voll, on possède peut-être quelques témoins des photographies qu’il aurait fait faire à Bruges 6.

1 AVB., ibidem, original d ’une lettre adressée par le ministre de l’Agriculture à la direction de l’Académie en date du 26 août 1898 : [...] J 'a i l'honneur de vous faire connaître que M . Ch. Vole professeur au lycée de Freisling, se propose d'étudier les tableaux de Van Eyck se trouvant dans les musées et édifices publics de Belgique.M . Vole étant spécialement recommandé à mon département par le gouvernement allemand, je vous saurai gré de bien vouloir lui donner toutes

facilités pour les études qu'il désire entreprendre [...].Il est possible que Ch. Vole puisse être identifié avec l’historien d’art allemand Karl Voll.

2 AVB., ibidem, original d ’une lettre adressée par l’administration communale au ministre de PAgriculture en date du 1er sep­tembre 1898 : [...] nous avons l'honneur de vous faire connaître que nous ferons bon accueil à M . Ch. Vole, professeur au lycée de Freisling que vous nous recommandez.S'il s'agit d'études critiques sur les œuvres de J . Van Eyck que nous possédons, il sera reçu par le conservateur de notre musée, M r Eug. Copman. M ais s'il s ’agit de copies, de dessins, ou de photographies, il doit être entendu que M . Ch. Vole se conformera aux décisions prises par la commission administrative et supportera les fra is de surveillance spéciale qu'elle est obligée d'organiser en pareille circonstance [...].

3 G. L a f e n e s t r e et E. R i c h t e n b e r g e r , La peinture en Europe. La Belgique, Paris, s.d., 100 pl. Notons les photographies des volets extérieurs du Baptême du Christ de Gérard David (p. 322), le Jugement de Cambyse de Gérard David (p. 324), la Châsse de sainte Ursule ( arrivée de sainte Ursule à Rome ) de Hans Meml inc (p. 334), les revers du triptyque de Y Adoration des Mages de Hans Memlinc (p. 336), le panneau central du Mariage mystique de sainte Catherine de Hans Memlinc (p. 338), la Vierge et l'Enfant Jésus du dipty­que de Marlin van Nieuwenhove de Hans M emlinc (p. 340), le triptyque du Martyre de saint Hippolyte de Dieric Bouts et Hugo Van der Goes (p. 346).

4 W .H.J. W ea le , Gérard David, pointer and illuminalor, London, 1895, p. 10, p. 20.5 Cfr ici même p. 33.6 K. V o l l , Memling. Des Meisters Gemälde in 197 Abbildungen (Klassiker der Kunst, t. X IV ), Stuttgart und Leipzig, 1909.

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C H A P IT R E III

H IS T O IR E M A T É R IE L L E D E S C O LLE C TIO N S D E S HOSPICES,D E V A C A D É M IE D E S B E A U X -A R T S E T D E S F A B RIQ U ES D 'É G LISE (1815-1907) 1

De 1815 à 1850, dans l’euphorie du retour des œuvres d ’art confisquées par la République française en 1794, les restaurations des chefs-d’œuvre de la peinture brugeoise furent accomplies sans heurt et dans le respect de la volonté du législateur.

De 1850 à 1907, si le souci de conservation fut constant, on ne peut dire que les travaux de restau­ration se firent sans fracas. Les rapports Le Roy d’août 1856 (cfr pp. 71-73, doc. nos 20-21) furent à l’origine d’innombrables discussions provoquées, au moins en partie, par l’esprit d ’indépendance de l’Académie des Beaux-Arts et des Hospices.

Ces deux périodes feront l’objet des pages qui suivent. Pour chacune d’elles, on distinguera les collections des Hospices, de l’Académie des Beaux-Arts et des fabriques d’église.

A. 1815-1850 2

1° Collections des Hospices civils (H ôpita l Saint-Jean)

Le 18 janvier 1818, le baron de Keverberg de Kessel 3, gouverneur de la Flandre orientale, écrivait à M. Sandelin, président du tribunal de première instance à Bruges, aux fins de lui signaler l’état de conservation déplorable des Memlinc de l’hôpital Saint-Jean dont la plupart s’écaillait gravement (cfr pp. 57-58, doc. n° 9). Le M ariage mystique de sainte Catherine de Hans Memlinc, accroché à un mur humide, menaçait de tomber en lambeaux. Le remède proposé était de fixer les « éclats » au moyen de térébenthine de Venise et de cire fondue au bain-marie (cfr pp. 59, 189-190, doc. nos 10, I). Les travaux furent entrepris, au moins en ce qui concerne le M ariage mystique de

1 Retracer l’histoire des restaurations entreprises à Bruges n’est pas sans danger. Celles-ci n’ont pas nécessairement laissé de traces dans les archives. En l’absence de documents comptables permettant de constater la liquidation de subsides, l'existence de cons­tats et de devis de restauration ne signifie nullement qu’elles furent exécutées. Une sérieuse marge d’incertitude existe donc.

2 Pour autant que les archives modernes et contemporaines conservées aux Archives Nationales à Paris aient été dépouillées de manière systématique, on ne connaît guère qu’un tableau brugeois du X V e siècle qui ait été restauré en France : la Vierge au chanoine van der Paele. Ce dernier fut restauré en 1805 par Hoogstoels et en 1813 par Naeguier (cfr A. J a n s s e n s d e B i s t h o v e n , op. cit., p. 66, p. 77, doc. n°21 ejt 22).

3 Cfr la notice de A. S ire t, dans Biographie Nationale, tome dixième (I-K ), Bruxelles, 1888-1889, col. 737-740. Charles-Louis- Guillaume baron de K everb erg de K essel, administrateur, né en 1768 à Halen, village qui faisait alors partie de la princi­pauté de Liège, mort à La Haye en 1841. En 1815, il fut nommé gouverneur de la province d’Anvers, puis, en 1817, gouverneur de la Flandre orientale. La culture des lettres et des arts avait pour le baron de Keverberg de Kessel un attrait particulier.

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28 HISTOIRE M ATÉRIELLE DES COLLECTIONS BRUGEOISES

sainte Catherine, sous la direction de M. Ducq », premier professeur de peinture à l’Académie royale des Beaux-Arts de Bruges, et peut-être de M. Van Brée 2. Il n’est pas impossible que d’autres tableaux de Memlinc aient été restaurés en même temps 3.En 1825, la Commission des Hospices réclama une nouvelle restauration des Memlinc de l’hôpital Saint-Jean 4. Le 7 juillet 1825, elle précisait qu’il lui serait agréable que M. Lorent en soit chargé 5. La Commission brugeoise des Beaux-Arts (plus exactement la Commission pour la Préservation des Monuments d’Histoire ou d’Art de la ville de Bruges) émit un avis favorable le13 juillet (cfr p. 65, doc. n° 15); la ville marqua son accord le 15 du même mois 6. Un inventaire dressé peu après 1826 7 sur ordre des Etats généraux, permet de préciser les tableaux restaurés par Lorent : le M ariage mystique de sainte Catherine 8, la Châsse de sainte Ursule 9 et le triptyque de la Déploration 10.

2° Collections de /’Académie des Beaux-Arts

En 1825, la Jointe de l’Académie des Beaux-Arts de Bruges sollicitait l’autorisation de faire restaurer par le gantois Lorent 11 la Vierge au chanoine van der Paele 12 (cfr pp. 60-61, doc. nos 11-12). Une dislocation des joints du panneau avait été constatée 13. L’administration communale avisa la Commission locale des Beaux-Arts le 15 février 1825 14 (?). Celle-ci, reconnaissant l’état défectueux du panneau, confia la restauration au sieur Lorent 15 (cfr pp. 62-63, doc. n° 13) le 25 mars 1825.

1 Cfr la notice de A. S i r e t , dans Biographie Nationale, tome sixième, Bruxelles, 1878, col. 238-239. Joseph-François Ducq, peintre d’histoire et de portraits, né à Ledeghem (Flandre occidentale) le 10 septembre 1763, mort le 9 avril 1829 à Bruges.

2 Cfr A. S i r e t , dans Biographie Nationale, tome deuxième, Bruxelles, 1868, col. 929-937. Mathieu-Ignace V a n B r é e , peintre d'his­toire et de portrait, ne à Anvers le 22 février 1773, mort le 15 décembre 1839.

3 Cfr les données rapportées par R. D e w i t t e , Over het herstel van schilderijen van Oude Meesters, dans Annales de la Société d'Emulation de Bruges, t. L X V I, Bruges, 1923, pp. 45-48. Il est à remarquer qu'il est impossible de vérifier les assertions de l’auteur, le dossier d’archives dont il s’est servi ayant été vidé de son contenu (AEB., Modem Archief, le Reeks, n° 2097).

4 AVB., portefeuille Beaux-Arts. Monuments. 1815 à 1830, liasse 1824-1830, 7 mars 1825. Ces tableaux avaient déjà été restaurés par le brugeois Ducq (cfr ici même note 1).

5 AVB., ibidem, lettre adressée par la Commission des Hospices à l'administration communale en date du 7 juillet 1825 (cfr p. 64, doc. n° 14). Note marginale indiquant la date de l’autorisation.

6 Cfr la note 5.7 AVB., portefeuille Beaux-Arts. Tableaux des Eglises. 1828, 1 document intitulé Tabel opgemaakt overeenkomstig het art. 3 van de Ordon­

nantie der Heeren Gedeputeerde Staten van den 12 Februarij 1824, (bladzijde 337 van de acten van 1824) behelzende eene omstandige opgave der Gedenkstukken, Schilderijen, Beelden en andere Voorwerpen van Geschiedenis o f Kunst, welke zich bevinden in de Kerken, Hospitalen en andere publieke Gestichten in de stad Brugge, en geen eigendom van byzondere Genootschappen o f Personen uitmaken.

8 AVB., ibidem, pièce 4, Hôpital St-Jean, n° 162 : [...] Deze wonderbaere schilderye is ten jaere 1826 door den heer Lorent, konstschilder van Brussel [en fait de Gand] op eene volmaakte en zoo wonderlyke wyze gerestaureert zoo als o f es noyt je ts aan zoude ontbroken hebben [...].

9 AVB., ibidem, pièce 4, Hôpital St-Jean, n° 160 : [...] In het jaar 1826 is de selve schoongemaakt en het weynig beschadigde gerestaureert door M r lurent met soo veel kunst, dan men mag zeggen dat dezen schat heden is, als liy uit de handen vanden meester Kortelynks gekomen was [...].

10 AVB., ibidem, pièce 4, Hôpital St-Jean, n° 164 :[...] Het was beschadigt en het is in het jaar 1826 door den voornaamden heer Lorent seer wel gerestaureert [...].

11 C e même Lorent travailla à restaurer l’Agneau Mystique entre 1825 et 1828 (cfr P. C o r e m a n s , L'Agneau mystique au laboratoire. Examen et traitement (Les Primitifs Flamands, III. Contributions à l'Etude des Primitifs Flamands, 2), Anvers, 1953, p. 26).

12 Bien que ce tableau ne soit pas nommément désigné, il ne semble faire aucun doute que ce soit bien la Vierge au chanoine van der Paele. Cette opinion est également celle de H. P a u w e l s , Musée Groenitige. Catalogue, Musée communal des Beaux-Arts, Bruges, 1963, p. 24, qui l’adopte implicitement.

!3 La dislocation du panneau et les repeints appliqués sur le joint furent souvent cités à l’appui d ’une restauration (cfr ici même pp. 32, 38).

I4 AVB., portefeuille Beaux-Arts. Monuments. 1815 à 1830, lettre adressée par l’administration communale à la commission locale des beaux-arts en date du 15 février 1825 (cfr p. 61, doc. n° 12).Cette lettre est reprise dans AVB., Copie de lettres expédiées par l'administration communale, portefeuille 1824-1826, registre du3 juin 1824 au 19 avril 1825, n° 33.786, 15 février 1825.Ce personnage enseigna l’art de la restauration à Etienne Le Roy. Cfr la notice consacrée à ce dernier par H . H y m a n s , dans Biographie Nationale, tome onzième, Bruxelles, 1890-1891, col. 900.

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La Poorlersloge photographiée de la place Jean van Eyck. Cet édifice abrita les collections de l ’A cadém ie depuis sa fondation ju sq u ’en 1885.

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HISTOIRE M ATÉRIELLE DES COLLECTIONS BRUGEOISES 29

B. 1850-1907

1° Collections des Hospices civils (H ôpita l Saint-Jean)

Restauré au moins deux fois dans la première moitié du X IX e siècle x, le M ariage mystique de sainte Catherine allait à nouveau être au centre des préoccupations. Au début de 1850, la Commission royale des Monuments en signalait au ministre de la Justice le mauvais état de conservation 2. Le gouverneur de la Flandre occidentale fut saisi de l’affaire 3, la ville de Bruges alerta les Flospices et la Commission locale des Beaux-Arts 4. La polémique était lancée pour un demi-siècle. Les Hospices consultèrent ladite Commission le 15 juin 1850 5. Jusqu’au 6 juillet <>, celle-ci ne réserva aucune suite à leur demande. Au début de 1854, quelques mesures conservatoires furent décidées 7 : le sieur Maes fut chargé de boucher quelques lacunes du M ariage mystique de sainte

Catherine 8 (cfr p. 68, doc. n° 18). Effectuée à l’insu des autorités compétentes 9, cette restauration fit grand bruit. Le 15 novembre, le gouverneur suggéra un colloque Commission locale - Commis­sion royale des Monuments 10 (cfr pp. 69-70, doc. n° 19). Les Hospices marquèrent leur accord n . Le

1 Cfr supra, pp. 27-28.2 AVB., portefeuille Beaux-Arts. 1849-1858, I dossier Beaux-Arts : Tableau de Hemling. Mariage mystique de S. Catherine, 1850-1858,

original d ’une lettre envoyée par le gouverneur de la province à l’administration communale en date du 23 avril 1850 : [...] M r le Ministre de la Justice vient de me communiquer le rapport ci-joint, par copie, adressée à M r le Ministre de l'intérieur par la Commission royale des Monuments ; ce rapport signale le mauvais état dans lequel se trouve le tableau d'Hemling représentant le Mariage Mystique de S ic Cathe­rine et qui fa it partie de la collection de l'hôpital St-Jean en votre ville.J e crois devoir appeler sur cet objet votre attention toute spéciale et vous inviter à vous concerter avec l'Administration des Hospices civils de Bruges, à l'effet de prendre les mesures nécessaires pour arriver à une prompte et parfaite restauration de ce tableau.Veuillez, je vous prie, Messieurs, consulter à cet égard la commission instituée à Bruges pour la conservation des objets d'art et me tenir au courant de ce qui aura été fa it [...].

3 Cfr note 2.4 AVB., portefeuille Beaux-Arts. 1849-1858, 1 dossier Beaux-Arts: Tableau de Hemling. Mariage mystique de S. Catherine, 1850-1858,

minute d’une lettre adressée à la Commission des Hospices en date du 27 avril 1850 : [...] nous avons l'honneur de vous transmettre ci-joint en communication le rapport de la commission royale des monuments adressé sous la date du 15 mars dernier à M . le Ministre de l'intérieur et signalant le mauvais état dans lequel se trouve le tableau d'Hemling représentant le mariage mystique de S t0 Catherine, qui fa i t partie de la collection de l'hôpital .S'1 Jean.Comme cet établissement dépend de votre administration, nous croyons devoir appeler votre attention toute spéciale sur ce qui précède, et nous vous engageons vivement, Messieurs, à prendre toutes les mesures nécessaires pour arriver à une prompte et parfaite restauration.Vous voudrez bien, Messieurs, vous mettre en rapport à cet égard avec la commission spéciale instituée en cette ville pour la conservation des objets d'art, et nous informer ultérieurement de la suite que vous aurez donnée à cette affaire [...].

5 AVB., ibidem, original d’une lettre adressée par la Commission des Hospices au Collège échevinal en date du 15 juin 1850. Pour les implications juridiques de l ’affaire cfr ici même pp. 19-23.

6 AVB., ibidem, minute d’une lettre adressée par l’administration communale au gouverneur en date du 6 juillet 1850 : [...] Ayant rappelé celle affaire par lettre du 7 juin, l'administration des hospices nous a fa it connaître par la sienne du 15 du même mois, n°21.929, qu'elle avait adressé une copie de ce rapport à la Commission instituée pour la conservation des objets d'art en cette ville, mais que jusqu'alors elle n'avait reçu aucune réponse à cet égard [...].

7 AVB., portefeuille Beaux-Arts. 1849-1858, 1 dossier Beaux-Arts : Tableau de Hemling. Mariage mystique de S. Catherine. Restauration. 1850-1858, original d ’une lettre adressée par le gouverneur à la ville en date du 20 mars 1855 : [...] vous m'avez donné quelques renseignements au sujet des dispositions préliminaires que la Commission des hospices avait prises pour la restauration du tableau de Hemling représentant le mariage mystique de S te Catherine qui se trouve à l'hôpital S 1 Jean [...].

8 Les explications données par les Hospices sont contradictoires. Le 9 avril 1855 : réparations qui nous paraissaient urgentes (AVB., ibidem, lettre du 9 avril 1855) ; le 8 septembre 1855 : les restaurations dont il s ’agit nous ont paru trop peu importantes pour en saisir l'auto­rité supérieure (cfr p. 68, doc. n° 18). Bien plus, la Commission locale des Beaux-Arts affirmait que le tableau était en parfait état. L’explication de ces contradictions est relativement simple : n’ayant pas averti l’autorité supérieure, les Hospices se devaient d’affirmer qu’ils avaient agi dans l’intérêt supérieur de l’Art; l'affaire ayant été mal prise par l’Etat (celui-ci réclame un droit de contrôle juridiquement fondé), il était évident que ces restaurations devaient être de minime importance. Quant à la Commis­sion locale, elle fut le plus souvent opposée à toute restauration.

9 Sur les implications juridiques de ces restaurations, cfr ici même pp. 20-21.10 En fait, l’opinion de la Commission locale était déjà arrêtée : aucune restauration n’était nécessaire.11 AVB., ibidem, lettre du 29 novembre 1855.

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30 HISTOIRE M ATÉRIELLE DES COLLECTIONS BRUGEOISES

30 avril 1856, l’arrivée du restaurateur Etienne Le Roy 1 était annoncée. L’examen des œuvres d’art eut lieu le 2 août 1856 2.Un devis de 1.500 francs fut dressé par Etienne Le Roy (cfr pp. 72-73, doc. n° 21). L’état de conservation du M ariage mystique de sainte Catherine décrit dans ce document était peu encourageant : boursouflures et écaillures généralisées. La Commission royale des Monuments rédigea un rapport 3 constatant l’unanimité qui s’était faite sur l’urgence de la restauration (cfr pp. 74-75, doc. n° 22). Les termes de ce dernier provoquèrent un tollé général. S’indignant de n’avoir pu participer aux délibérations, les Hospices décidèrent de ne pas y laisser toucher et de choisir le cas échéant le restaurateur qui leur conviendrait. De plus, ils se refusèrent à accorder les 1.500 francs demandés (cfr pp. 74-75, doc. n° 22). Devant cette fin de non-recevoir, la ville de Bruges pria la Commission locale des Beaux-Arts de rédiger un rapport 4 et en avisa les Hospices le 20 octobre 1856 5. Le 3 novembre, le collège des experts composé de MM. Wallaeys, Génisson et Van Acker livra ses conclusions (cfr pp. 76-77, doc. n° 23) : il n’y avait nullement lieu de faire subir des retouches ou des restaurations au M ariage mystique de sainte Catherine. Cet important document fut transmis au gouverneur 6 et aux Hospices ? le 15 janvier 1857. La ville en ratifia les termes 8. Le 17 avril 1857, le gouverneur demanda l’avis du Conseil communal et de la Députation permanente 9. La ville

1 AVB., ibidem, original d ’une lettre adressée par le gouverneur à l’administration communale en date du 30 avril 1856 : [...] M r te Ministre de la Justice a chargé la Commission royale des Monuments de se rendre à Bruges, accompagné [sic] de M . Etienne Leroy, pour examiner le tableau de Hemling représentant le mariage mystique de Ste Catherine qui se trouve à l'hôpital S 1 Jean, et qui a un grand besoin d'être restauré. J e vous prie, Messieurs, de communiquer à l'administration des hospices civils de votre ville, le rapport de cette commission et le devis dressé par M . Leroy, des travaux de restauration à exécuter à ce tableau, et d'inviter en même temps cette administration à prendre des mesures pour faire procéder immédiatement à la restauration dudit tableau [...].Cfr la notice de H. Hymans, dans Biographie Nationale, tome onzième, Bruxelles, 1890-1891, col. 900-902. Etienne-Victor Le Roy, né à Bruxelles le 23 juin 1808, mort à Ixelles le 25 janvier 1878. Apprit la restauration des tableaux anciens sous la direction de Verbelen et Lorent père. Restaura entre autres Y Agneau mystique de van Eyck, Y Erection et la Descente de Croix de P.P. Rubens.

2 AVB., portefeuille Beaux-Arts. 1849-1858, 1 dossier Beaux-Arts : Tableau de Hemling. Mariage mystique de S.Catherine. Restauration. 1850-1858, original d ’une lettre adressée par le gouverneur à l’administration communale en date du 30 juillet 1856 : [...]

j 'a i l'honneur de vous informer, comme suite à ma lettre du 15 novembre dernier, n° 24840 et à la vôtre du 7 décembre suivant, Secrétariat Répe A. n° 23211 que des délégués de la Commission royale des Monuments, pour se conformer aux instructions du Gouvernement, iront samedi pro­chain, 2 août vers deux heures, vérifier l'état des tableaux qui se trouvent à l'hôpital S 1 Jean à Bruges [...].

3 Ce rapport n’a pu être retrouvé.4 AVB., ibidem, minute d’une lettre adressée par l’administration communale à M M. Wallaeys, Van Acker et Génisson en date

du 20 octobre 1856 : [...] La Commission royale des Monuments a signalé à M r le Ministre de la Justice, l'état défectueux du tableau de Memling représentant le Mariage mystique de 5 le Catherine et elle a proposé d'y faire effectuer par M . Leroy, de Bruxelles, des travaux de restau­ration à concurrence de quinze cent francs.L'administration des hospices conteste l'urgence de ces restaurations et elle n'est nullement d'avis d'adopter l'opinion de la Commission royale. Devant cet état de choses, et dans l'intérêt surtout de la bonne conservation d'un objet d'art de la plus haute valeur, nous avons songé à faire examiner le tableau en question par trois artistes de la ville, qui seraient priés de nous faire à cet égard un rapport détaillé [...].

5 AVB., ibidem, minute d’une lettre adressée par l’administration communale aux Hospices en date du 20 octobre 1856 : [...] Avant de transmettre à M T le Gouverneur de la Province votre lettre du 20 septembre n° 33.247, nous avons cru utile de consulter trois artistes de la ville, au sujet de l'opportunité ou de l'urgence de restaurer le tableau de Memling.Nous avons en conséquence chargé de cette mission, M M . Wallaeys, Van Acker et Génisson auxquels nous vous prions de vouloir bien faciliter l'accès du tableau dont il s'agit [...].

6 AVB., ibidem, minute d’une lettre adressée au gouverneur en date du 15 janvier 1857 : [...] Ces M M . nous ont fa it parvenir un rapport détaillé que nous avons l'honneur de vous transmettre par copie. Vous y puiserez, croyons-nous, la conviction qu'il ne peut nullement être question d'adopter l'opinion émise par quelques membres de la Commission royale des Monuments [...].

7 AVB., ibidem, minute d’une lettre adressée par la ville aux Hospices en date du 15 janvier 1857.8 AVB., portefeuille Beaux-Arts. 1849-1858, 1 dossier Beaux-Arts: Tableau de Hemling. Mariage mystique de S. Catherine. Restauration.

1850-1858, minute d ’une lettre adressée à la Commission locale des Beaux-Arts par la ville en date du 16 janvier 1857 : [...] Nous avons lu avec intérêt le rapport que vous avez bien voulu nous adresser au sujet de l'état de conservation du tableau de Memling représentant le Mariage mystique de S i0 Catherine.Une copie de ce rapport a été adressée à M T le Gouverneur de la Province qui y puisera, nous en sommes certains, la conviction qu'il n'y a pas lieu de donner suite au projet de la Commission royale des Monuments [...].

9 AVB., ibidem, original d’une lettre adressée par le gouverneur à l’administration communale en date du 17 avril 1857 : [...] M r le Ministre de la Justice, en m'envoyant le rapport de la Commission royale des Monuments du 7 mars 1857, a manifesté le désir de recevoir l'avis du Conseil communal et de la Députation permanente. En conséquence, je vous prie, Messieurs, de soumettre l'affaire au Conseil et de me

faire parvenir sa délibération le plus tôt possible sous renvoi des pièces ci-annexées [...].

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HISTOIRE M ATÉRIELLE DES COLLECTIONS BRUGEOISES 31

consulta en conséquence la Commission provinciale des Beaux-Arts >. Celle-ci confirma les termes du rapport et, en contradiction flagrante avec le document qu’elle approuvait, proposa le 7 mai 1857, le restaurateur brugeois Callewaert (cfr p. 78, doc. n° 24). En décembre 1857 2 et en janvier 1858 3, le gouverneur revint à la charge. Le 12 février 1858, le Conseil communal mit un terme aux discussions en décrétant la restauration inopportune 4 (cfr p. 79, doc. n° 25) ; l’administration provinciale fut informée que la ville de Bruges considérait l’affaire comme terminée 5.Cette fin de non-recevoir fut le résultat d’intrigues locales visant à neutraliser l’intervention de l’Etat et à réserver à des Brugeois tout travail de restauration. Il y a lieu de penser que la situation décrite dans le rapport Le Roy du 11 août 1856 (cfr pp. 72-73, doc. n° 21) était réelle tandis que le rapport brugeois du 3 novembre 1856 (cfr pp. 76-77, doc. n° 23) était volontairement lénifiant. Une note envoyée le 19 mai 1863 (cfr p. 85, doc. n° 29) par le docteur Vandcn Abeele à A. Van Acker 6 est à cet égard éclairante. 11 est conseillé de répondre aux autorités gouvernementales que — à part quelques boursouflures — tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes. La Commission des Hospices n’en devait pas moins être avertie que des mesures conservatoires s’imposaient de toute urgence. Le M ariage mystique de sainte Catherine étant mal fixé, des secousses faisaient écailler la peinture, la robe de la Vierge tombait en lambeaux et le volet gauche du triptyque heurtait le fermoir de Y Adoration des M ages (?) de Hans Memlinc. Bref, la situation n’était pas aussi favorable que la ville de Bruges voulait le faire accroire. Il n’est guère étonnant que l’action entreprise par l’Etat et la Commission royale des Monuments n’ait point abouti. Celle-ci revint à la charge en 1862 7. Elle mit formellement en cause les restaurations antérieures dont le M ariage mystique de sainte Catherine avait fait l’objet. Il est vraisemblable que les instances de la Commission furent la cause au moins indirecte de deux restaurations peu importantes. Dans le courant de 1867 (cfr p. 88, doc. n° 31), on recolla une boursouflure signalée en 1856 s. Celle-ci fut fixée au moyen de colle de poisson et une lacune de 5 mm2 fut bouchée à l’aquarelle. Peu après, en 1873 (cfr p. 104, doc. n° 41), le restaurateur brugeois Callewaert pratiqua une inter­vention identique pour une somme de 6.00 francs.

1 AVB., ibidem, minute d ’une lettre adressée par l’administration communale à la Commission locale des Beaux-Arts en date du 23 avril 1857 : [...] Une discussion s'est élevée entre la Commission royale des Monuments et l'administration des hospices civils, au sujet d'une restauration à effectuer à un tableau de Memling déposé à l ’hôpital S * Jean et représentant le mariage mystique de S le Catherine [...].[...] Comme le Conseil communal aura à s’occuper de cette affaire, nous avons l ’honneur de vous prier de vouloir bien nous fournir quelques renseigne­ments qui puissent guider cette assemblée dans la décision qu’elle aura à prendre [...].

2 AVB., ibidem, original du 16 décembre 1857.3 AVB., ibidem, original du 5 janvier 1858.4 Le document publié p. 79, sub n° 25 peut être complété par le Bulletin communal de la Ville de Bruges, années 1857-1858, t. 9,

Bruges, 1859, p. 261.5 AVB., ibidem, minute du 20 février 1858.6 AAPB., Karton K 2, Dossier 44, Farde relative à la restauration du tableau de Memlinc représentant le mariage mystique de Stc Catherine, ainsi

qu’aux autres tableaux à l ’hôpital St. Jean, pièce 24 :Mon Cher Adolphe,Vous trouverez ci-joint, en substance, les remarques que nous avons eu l ’occasion de faire, M T Wallays et moi sur le musée de l ’hôpital. Elles

pourront servir à la réponse que demande le gouvernement à la direction du musée par la commission des hospices.Bien à vous cordialement,(s.) D r Vandenabeele 19 mai 1863.

7 Bulletin des Commissions royales d ’Art et d ’Archéologie, 1ère année, 1862, pp. 322-323 : [...] Un seul tableau important : le Mariage mystique de sainte Catherine a souffert; mais il fau t l ’attribuer à la maladresse de ceux qui ont voulu le restaurer plus qu’à toute autre cause.

8 AVB., portefeuille Académie 1859-1890, 1 dossier Académie. Tableau de Memlinc revendiqué par les hospices, année 1864, original adressé par les Hospices à la ville en date du 25 mai 1867 (cfr p. 88, doc. n° 31).

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32 HISTOIRE M ATÉRIELLE DES COLLECTIONS BRUGEOISES

Les événements allaient cependant donner raison à la Commission. L’état du panneau devenant de plus en plus inquiétant, la cabale fomentée par le docteur F. Vanden Abeele allait être neutra­lisée. Le 11 novembre 1889, L. Delà Censerie, membre de la Jointe de l’Académie des Beaux-Arts de Bruges, A. Ronse, échevin de la ville, F. Vanden Abeele, membre de l’Académie communale et E. Van Iiove, artiste-peintre, procédèrent à un nouvel examen du tableau. Fait nouveau, ce collège décida que le M ariage mystique de sainte Catherine devait faire l’objet d’un travail de restau­ration qui consisterait en repeints à la gouache et à fixer les boursouflures au moyen d’une substance adhésivc 1 (cfr pp. 162-171, doc. n° 4). Cette décision inattendue fit l’objet des délibérations du Conseil communal le 21 juin 1890 (cfr pp. 162-171, doc. n° 4). Le sieur Albert De Vriendt fut chargé de surveiller (?) les travaux. Ceux-ci furent effectués entre le 21 juin 1890 et le 18 avril 1891 2 par Van Leemputten pour un montant de 1.600 francs 3 : pointillage et dissimulation des taches blanches produites par le mastiquage. Il ne fut touché ni aux anciens repeints, ni aux contours des points restaurés 4. La Commission royale des Monuments approuva le travail 5 et le 18 avril 1891, le ministre A. Bcernaert manifesta sa satisfaction. Ce fut la dernière restauration que le M ariage

mystique de sainte Catherine ait connue au X IX e siècle 6.

2° Collections de / ’Académie des Beaux-Arts

En même temps que l’inspection des tableaux de l’hôpital Saint-Jean par Etienne Le Roy et la Commission royale des Monuments le 2 août 1856 7, il est probable qu’une visite officieuse fut effectuée au musée de l’Académie. Le 11 août, Le Roy adressait au comte de Beauffort un bref rapport sur le Baptême du Christ de Gérard David et la Vierge au chanoine van der Paele de Jean van Eyck (cfr p. 71, doc. n° 20). Pour la première de ces deux œuvres, des soulèvements de couleurs et des écaillures étaient constatés dans les volets extérieurs; pour la seconde, on remarquait des restaurations effectuées le long du joint du panneau 8 et des écaillures dans la draperie située derrière la Vierge. L’affaire n’eut provisoirement aucune suite. Le docteur Vanden Abeele n’y fut probablement pas étranger 9.En 1861, la Commission allait trouver un allié en la personne de A. Siret. Ce dernier fit paraître dans le Journal des Beaux-Arts (cfr pp. 191-192, doc. n° II) un article très violent attirant l’attention du

1 Ce rapport n’a pu être retrouvé que dans le Bulletin communal de la Ville de Bruges, année 1890, t. X X X IV , pp. 293-303 (cfr pp. 162-171, doc. n° 4).

2 La restauration était terminée le 18 avril 1891 (cfr AAPB., Karton K2, Dossier 44, Farde relative à la restauration du tableau de Memlinc représentant le mariage mystique de Ste Catherine, ainsi qu'aux autres tableaux à l'hôpital St. Jean, copie dactylographiée d’un document émanant du Comité provincial des Monuments en date du 20 février 1924).

3 Cfr note 2.4 Ce renseignement est contenu dans ACRM ., indicateur n° 8366 , minute du 26 juin 1925 (cfr pp. 131-132, doc. n° 57).5 Bulletin des Commissions royales d'Art et d'Archéologie, 30e année, 1891, p. 254 : [...] Des délégués se sont rendus à l'hôpital Saint-Jean

à Bruges, pour examiner les restaurations exécutées au célèbre tableau de Memlinc, le Mariage mystique de Sainte Catherine. Les délégués n'ont pu que se rallier, en ce qui regarde les soins et la conscience apportés à ce travail, aux conclusions d'un rapport présenté antérieurement au collège par un de ses membres. Ils ont constaté que cette restauration avait été exécutée avec un grand respect de l'œuvre originale, à laquelle l'artiste n'a touché que dans la mesure du plus strict nécessaire.Se ralliant à l'opinion de ses délégués, la Commission a émis l'avis qu'il y avait lieu de donner une entière approbation à ce travail.

6 U n résumé partiellement inexact, faute d’une publication intégrale des textes d’archives, de l’histoire matérielle de ce triptyque a été publié par P. Coremans, R. Sneyers et J. Tiiissen, Memlinc's Mystiek Huwelijk van de H. Katharina. Onderzoek en behandeling, dans Bulletin de l'institut royal du Patrimoine artistique, II, 1959, Bruxelles, pp. 85-86; cfr pp. 131-132, doc. n° 57.

7 Cfr ici même p. 30.8 Ces restaurations sont plus que probablement celles qui furent effectuées par Lorent en 1825 (cfr ici même pp. 28-29).9 La suite des événements justifie cette opinion (cfr infra).

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HISTOIRE M ATÉRIELLE DES COLLECTIONS BRUGE01SES 33

grand public sur le mauvais état de conservation des trésors de l’Académie. Il fut reproduit dans un journal brugeois (?). L a direction de 1*Académie (?), faisant feu des quatre fers, adressa au journal brugeois un droit de réponse maladroit (cfr pp. 82-83, doc. n° 27). Ceci n’empêcha pas la Commission de revenir à la charge : les collections brugeoises étaient dans un état lamentable, l’Académie montait une garde féroce autour de ses chefs-d’œuvre ». Ceci n’intimida guère la Jointe. Elle se référa aux termes d’un rapport Van Acker - De Graeve - Wallaeys et demeura sur scs positions (cfr p. 84, doq. n° 28). Lui emboîtant le pas, les Hospices firent de même le 18 janvier 1862 2. Entretemps et peu après 1863, les panneaux des Scènes de la légende de saint

Georges, dont le dépôt au musée de l’Académie avait été décidé le 13 novembre 1863, furent vraisemblablement nettoyés par l’administration communale 3. En 1865, se situe une restauration de la Mort de la Vierge d’Hugo van der Goes par Callewaert 4.

En dépit de ces deux interventions, le 6 octobre 1868 la Commission contrc-attaqua. Un nouveau rapport fut adressé au gouvernement (cfr pp. 89-90, doc. n° 32). La Vierge au chanoine van der Paele

présentait de nombreuses craquelures aux alentours des visages et des repeints dans les draperies 5. Les deux panneaux de la Justice de Cambyse étaient atteints de soufflures importantes dans les draperies et le paysage. Une restauration sérieuse était préconisée; le nom d’Etienne Le Roy était avancé. L a direction de l’Académie répliqua le 15 avril 1869 (cfr p. 91, doc. n° 33) : le van

1 AVB., portefeuille Beaux-Arts. 1859-1866, 1 dossier Musées de l'Académie et de l'hôpital St Jean. Conservation des objets d'art, année 1862, original d’une lettre adressée à l’administration communale par le gouverneur en date du 26 décembre 1861 : [...] Mon­sieur le Ministre de l'intérieur vient de m'informer que la Commission royale des Monuments lui a écrit pour lui faire connaître que plusieurs tableaux importants appartenant au Musée de Bruges exigent des réparations; mais qu'elle ne peut lui soumettre des renseignements explicites et des propositions formelles à ce sujet, la société qui administre le Musée refusant de reconnaître à l'autorité supérieure le droit de contrôle sur les collections [...].Une minute de cette missive fut adressée aux Hospices le 30 décembre 1861.La lettre citée plus haut est en contradiction formelle avec le Bulletin des Commissions royales d'Art et d'Archéologie, 1ère année, 1862, pp. 322-323 : En rendant compte à M. le Ministre de l'intérieur des doutes qui, d'après ce qui lui avait été affirmé à Bruges même, existaient au sujet de la propriété du musée de cette ville, la Commission n'avait nullement l'intention de froisser la susceptibilité des administra­teurs de celle précieuse collection. Quoiqu'il en soit, les vœux exprimés dans les lignes qui suivent ne seront pas perdus de vue : « Il nous serait fort agréable de recevoir la visite de M M . les membres de la Commission royale des Monuments; nous sommes convaincus qu'ils seront pleinement rassurés sur l'état de nos vieilles reliques d'art national, et ils seront alors à même de constater que les confrères de l'Académie ont autant de soins que n'importe qui de la conservation des glorieux monuments de l'école brugeoise ».L'excellent état des chefs-d'œuvre appartenant à l'hôpital Saint-Jean, à Bruges, témoigne des bonnes conditions dans lesquelles ils sont placés, ainsi que des soins de l'administration des hospices. Le comité mixte des objets d'art ne partage donc en aucune façon l'opinion des personnes qui ont élevé des doutes à ce sujet. Un seul tableau important : le Mariage mystique de sainte Catherine a soujfert, mais il faut l'attribuer à la mala­dresse de ceux qui ont voulu le restaurer plus qu'à toute autre cause. Heureusement, et malgré les craintes exprimées il y a quelques années, les pro­grès du mal sont lents, et on pourra attendre des années encore avant de toucher à cette œuvre magistrale.

2 AVB., portefeuille Beaux-Arts. 1859-1866, 1 dossier Musées de l'Académie et de l'hôpital St Jean. Conservation des objets d'art. Année 1862, original d’une lettre adressée par les Hospices au Collège échevinal en date du 18 janvier 1862 : [...] En réponse à votre lettre du30 décembre, Répre. A. n° 481, par laquelle vous nous informez que l'on aurait signalé à M T le Ministre de l'intérieur les dangers auxquels se trouvent exposés les tableaux de l'hôpital S1 Jean, nous avons l'honneur de vous faire connaître, Messieurs, que nous ignorons à quels dangers on fait allusion, les tableaux se trouvant toujours et depuis un temps immémorial dans le même local séparé du bâtiment principal et accessible, sans introducteur, seulement aux personnes ayant la surveillance de notre établissement [... J.

3 AVB., portefeuille Beaux-Arts. Académie. 1850-1863, 1 dossier Musée de l'Académie. Tableaux appt à la société de St Georges, minute du 17 novembre 1863 adressée par l’administration communale à l’Académie : [...] le premier de ces tableaux attribué à Lancelot Blondeel, est un triptyque qui représente quelques scènes de la vie et du martyre de St Georges; l'extérieur des volets est peint en grisaille [...]. [...] Nous nous sommes engagés à supporter les frais de nettoyage de ces tableaux et s'il y a lieu, ceux de restauration. Nous vous prions en consé­quence de faire faire un rapport sur l'état matériel de ces œuvres d'art [...].Le 18 décembre, le musée de l’Académie répondait à l’administration communale : [...] nous nous proposons seulement de nettoyer le triptyque attribué à Lancelot Blondeel, une restauration complète de ce chef-d'œuvre ojfrant de sérieuses difficultés par suite d'un grand nombre de retouches qui y ont été faites antérieurement [...].Ce nettoyage est signalé par H. Pa u w e l s , Musée Groeninge. Catalogue, Musée communal des Beaux-Arts, Bruges, 1963, p. 58.

4 YV.H.J. YVe a l e , Mélanges et Nouvelles. Vandalisme à Bruges, dans Le Beffroi, I I , Bruges, 1864-1865, pp. 237-238. Weale fit une cri­tique assez acerbe de la restauration. Cette référence est citée en dernier lieu par H. P a u w e l s , Musée Groeninge. Catalogue, Musée communal des Beaux-Arts, Bruges, 1963, p. 32.

5 II est à noter qu’il n’est pas question du joint du panneau.

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34 HISTOIRE M ATÉRIELLE DES COLLECTIONS BRUGEOISES

Eyck n’avait besoin d’aucune restauration; quant aux Gérard David, s’il convenait de fixer les soufflures, il n’était pas question de faire des retouches ou de renouveler les vernis. L a Commission maintint son point de vue >. Le gouvernement l’appuya et demanda, par la même occasion, une inspection officieuse des collections des Hospices 2. A la fin de 1869, un accord fut réalisé : Etienne Le Roy était chargé de fixer les couleurs soulevées 3. Un terrain d’entente semblait avoir été trouvé lorsque, le 2 février 1870, tout fut remis en question : Etienne Le Roy, devant l’attitude hostile du docteur Vanden Abeelc 4, se désista (cfr p. 92, doc. n° 34). Privée d’un atout sérieux, la Commission lâcha du lest : sans transiger sur la nécessité d’adopter de toute urgence des mesures conservatoires, elle dut admettre la restauration sur place (cfr pp. 93-94, doc. n° 35). Les choses n’étaient pas réglées pour autant.

Le 26 juin 1871 (cfr p. 95, doc. n° 36), le gouverneur au nom du ministre de l’ intérieur s’efforça de renouer le dialogue. Peine perdue. Le 8 septembre, le ministre parle ouvertement de la responsabilité assumée par les autorités brugeoises 5 (cfr pp. 96-97, doc. n° 37). Devant ces menaces à peine voilées, l’administration communale crée une commission composée de peintres et d ’archéologues. Mesure inutile : la réponse de cet aréopage étant connue d ’avance. Le 5 octobre, celui-ci rendit son rapport (cfr pp. 98- 100, doc. n° 38). Il y était affirmé que depuis seize ans aucune nouvelle détérioration n’avait pu être détectée, que soufflures et craquelures ne pouvaient plus se produire, que l’état des tableaux était très convenable et que leur cachet inévitable de vétusté était une garantie d’authenticité. Assortie de pareilles pétitions de principe, l’autorisation de restaurer — ce travail devant être effectué par le brugeois Callewaert — était toute symbolique.

L a Commission royale des Monuments 6 (cfr pp. 98- 100, doc. n° 38) contesta l’assertion selon laquelle les panneaux de la Justice de Cavibyse étaient en bon état. Elle s’insurgea contre le système tendant à faire respecter, à l ’égal de la conception artistique, les altérations graves que le temps peut infliger à une œuvre d ’art.

Le 11 décembre (cfr p. 101, doc. n° 39), faisant état que la ville de Bruges se ralliait à l’une de

1 ACRM., Indicateur n° 2598, minute d’une lettre adressée au Ministre en date du 8 juin 1869 : [...] Nous avons l'honneur de vous renvoyer ci-joint le rapport fait par la Direction de V Académie de Bruges, à /’administration communale de cette ville, au sujet des tableaux du musée représentant : la Vierge, le Jugement de Cambyse et VEcorchement du Juge prévaricateur.Après avoir pris connaissance de cette pièce, nous croyons devoir persister dans les conclusions que l'inspection des peintures nous avait suggérées. Toutefois, comme il importerait d'arriver à une entente au sujet de ces chefs-d'œuvre, dont la conservation intéresse le pays tout entier, nous nous proposons de nous rendre de nouveau à Bruges pour conférer sur cette affaire avec la direction de l'Académie. Il serait sans doute utile, Monsieur le Ministre, que M. le Bourgmestre de Bruges assistât à la conférence. Nous vous prions aussi de vouloir bien nous autoriser à nous faire accom­pagner de M. Etienne Le Roy, dont l'avis, en ces sortes de question, jouit d'une grande et légitime autorité [...].

2 ACRM., Indicateur n° 2598, original d’une lettre du 26 novembre 1869 adressée par le Ministre de l’intérieur : [...] J 'a i appris avec plaisir par votre rapport du 13 de ce mois, n° 4914, que l'administration communale de Bruges a consenti à s'entendre avec les délégués de votre collège pour la restauration des deux tableaux qui se trouvent à l'Académie de cette ville, et qui représentent, l'un le Jugement de Cambyse et l'autre l'Ecorchement du Juge prévaricateur.Lorsque vos délégués feront une nouvelle inspection de ces œuvres d'art, il me serait agréable qu'ils puissent également déterminer l'autorité locale à faire au tableau de Jean Van Eyck, représentant « La Sainte Vierge avec l'Enfant Jésus, S1 Donatien, S1 Georges et le donateur », qui se trouve au musée de l'Académie de Bruges, les travaux que réclame la bonne conservation de cette précieuse œuvre d'art.Vous voudrez bien inviter aussi vos délégués à profiter de leur séjour à Bruges, pour aller examiner à l'hôpital .S'1 Jean en cette ville les œuvres de Memling, afin de constater officieusement leur état de conservation [...].

3 Bulletin des Commissions royales d'Art et d'Archéologie, neuvième année, Bruxelles, 1870, p. 6 : [année 1869] [...] Il a été décidé de commun accord que M . Etienne Leroy commencerait par refixer les parties de couleur prêtes à se détacher dans les deux tableaux représentant le Jugement de Cambyse et l'Ecorchement du juge prévaricateur, lorsque celte opération sera terminée, on examinera quelles devraient être la portée et les limites du travail de restauration que demandent ces œuvres d'art [...].

4 L’attitude hostile du docteur Vanden Abeele est fort bien illustrée par le doc. n° 29, p. 85.5 Cfr ici même pp. 21-22.6 II est probable que la Commission royale des Monuments dressa un rapport à cette occasion. Il n’a pu être retrouvé.

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HISTOIRE M ATÉRIELLE DES COLLECTIONS BRUGEOISES 35

ses propositions (fixage des couleurs soulevées), la Commission repoussa la candidature Callewaert et proposa, Etienne Le Roy s’étant désisté, le restaurateur bruxellois Paul Buéso. Le 26 février 1873, après un retard inexplicable dans la transmission des documents, le ministre proposa sans le nommer un restaurateur de Y Agneau mystique 1 (cfr pp. 102- 103, doc. n° 40). Cette proposition n’eut aucun succès. Le 16 juin, le gouverneur de la province insista pour qu’une solution soit trouvée (cfr p. 105, doc. n° 42). De guerre lasse, le 3 novembre 1874, le ministre menaça Bruges de la confiscation pure et simple des tableaux de l’Académie 2 (cfr pp. 106- 107, doc. n° 43).

Le Conseil communal fut saisi de l’ affaire le 7 novembre 1874 (cfr p. 159, doc. n° 1). Le docteur Vanden Abeele y insista sur un point litigieux : le transport et la restauration des tableaux à Bruxelles. Le 9 novembre, il fut communiqué à l’Académie que l’ administration communale ne tolérerait plus de manœuvres dilatoires (cfr pp. 108- 109, doc. n° 44), d’autant plus que l’Etat venait de soulever la question de la propriété des œuvres (cfr pp. 106- 107, doc. n° 43). Le 29 janvier 1875, la Jointe ratifia le point de vue de la ville 3 (cfr pp. 110- 111, doc. n° 45).

Un début de solution fut trouvé vers le 25 mars 1875. L a ville fut avertie que M . De Brou, désigné par le ministre, était disposé à procéder immédiatement et sans déplacement des tableaux, au refixage, masticage et remise en état des panneaux, la restauration proprement dite devant s’effectuer dans le courant de 1876. L ’administration communale appuya ce projet et conseilla à la Jointe d’agir avec prudence aux fins d’éviter de fournir à l’Etat des armes en faveur de la confiscation (cfr p. 112, doc. n° 46). L ’affaire suivit son cours puisqu’aux environs du 18 avril 1876 4, M . Dcheuvel, assistant de Ch. De Brou, fut chargé des travaux d’expertise. Le devis se monta à 2.923 francs (cfr p. 113, doc. n° 47). Il ne restait plus qu’à discuter la répartition des dépenses 5.

1 II s’agit peut-être du restaurateur Donsclaer (cfr P. C o r e m a n s , L'Agneau mystique au laboratoire [...], pp. 54-55, doc. n° 63 à 65).2 Cfi ici même pp. 22-23.3 AVB., portefeuille Académie. 1859-1890, 1 dossier Beaux-Arts. Restauration de tableaux d'administrations publiques, année 1869, original

d’une lettre de l’Acadétnie à la ville de Bruges en date du 2 février 1875 : [...] En réponse à votre lettre du 9 novembre 1874par laquelle vous nous adressez la copie d'une dépêche de Mr le Gouverneur de la Province, relative à la restauration de certains tableaux de l'Académie, nous avons l'honneur de vous faire parvenir le rapport ci-joint, qui a été adopté à l'unanimité des membres de la Direction, dans leur réunion du 29 janvier dernier [...]. Cfr pp. 110-111, doc. n° 45. Ce rapport eut des échos au Conseil communal. Bulletin Communal de la Ville de Bruges, année 1875, t. 19, pp. 844-845 :Séance du 9 octobre 1875.13. Tableaux de l'Académie.M. le BOURGMESTRE communique : 1° la lettre de M. le Gouverneur en date du 3 novembre 1874, rappelée le 1er octobre courant, relative­ment aux soins de conservation à donner aux précieux tableaux de Van Eyck et d'autres maîtres primitifs, qui se trouvent dans le local même du musée, tout transport pouvant avoir des ejfets désastreux pour les tableaux dont il s'agit.La Commission des Beaux-Arts s'est ralliée entièrement aux considérations contenues dans ce rapport, tant ai ce qui concerne la manière d'effectuer les restaurations qu'en ce qui concerne la question de la propriété de ces tableaux, revendiquée par le Gouvernement.AI. HERREBOUDT émet l'espoir que l'Administration communale fera tous ses efforts pour défendre la propriété de la ville.M. DE RIDDER dit que les hospices doivent également faire des réserves pour un des tableaux qui leur appartient et qui est déposé au musée. AI. le BOURGAIESTRE. Dans tous les cas, ces tableaux appartiennent à la ville, et nous ne manquerons pas de faire valoir nos droits.

4 AVB., portefeuille Académie. 1859-1890, 1 dossier Beaux-Arts. Restauration de tableaux d'administrations publiques, année 1869, original d’une lettre adressée par le gouverneur de la ville en date du 18 avril 1876 : [ ...J/’û! l'honneur de vous faire connaître que Air De Hcuvel se rendra dans le courant de celte semaine à l'Académie des Beaux-Arts de voire ville pour faire l'expertise des frais de restauration des tableaux de Van Eyck el autres du musée de l'Académie [...].

5 AVB., portefeuille Académie. 1859-1890, 1 dossier Beaux-Arts. Restauration de tableaux d'administrations publiques, année 1869, copie d’une lettre adressée par le Ministre au gouverneur en date du 27 avril 1876 : [...] j'a i l'honneur de vous transmettre en copie le devis dressé par M T De Heuvel, pour les travaux de restauration à effectuer aux tableaux du Musée de l'Académie de Bruges.Ce devis qui a été fait d'après les données et les annotations de M r Ch. De Brou, évalue le coût des dits travaux à la somme de Fr 2.923, chiffre qui est approuvé.Je vous prie, Monsieur le Gouverneur, de vouloir bien me faire savoir quelle est la part d'intervention que la province et la ville de Bruges consen­tiront à assumer respectivement à leur charge dans cette dépense [...].Cette lettre fut communiquée à l’administration communale le 3 mai 1876 (cfr AVB., ibidem, original du 3 mai 1876).

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36 HISTOIRE M ATÉRIELLE DES COLLECTIONS BRUGEOISES

L a Commission brugcoise des Beaux-Arts marqua son accord (cfr p. 114, doc. n° 48). Le 20 mai 1876, le gouverneur fit savoir que les travaux préparatoires de De Heuvel devaient être terminés pour le 15 ju in, Ch. De Brou désirant commencer les restaurations à cette date ». L ’Académie prit toutes les dispositions nécessaires 2, 3, 4, 5.

Chose curieuse, le ministre de l’ intérieur semblait prévoir des incidents. Le 6 juillet 6, il insista auprès du docteur Vanden Abeelc sur la compétence et le dévouement de Ch. De Brou, sur la sollicitude témoignée par le gouvernement pour les chefs-d’œuvre du musée de l’Académie. Même antienne le 11 juillet 7. Le docteur Vanden Abeele assura le gouverneur de son dévouement et fit état de l’avancement des travaux préparatoires de Deheuvel 8. Il est probable que peu avant le

» AVB., ibidem, original adressé par le gouverneur à l’administration communale en date du 20 mai 1876 : [...] Je reçois de M r le Ministre de l'intérieur la communication suivante :« J 'a i l'honneur de vous informer que M T De Brou, qui a bien voulu se charger des travaux de restauration des tableaux du Musée de l'Académie » de Bruges, pourra se mettre à l'œuvre du 15 au 20 juin prochain.» Il est par conséquent à désirer que les travaux préliminaires à exécuter par M. De lleuvel soient terminés en partie pour l'époque indiquée » [...].

2 AVB., ibidem, lettre adressée par le docteur Vanden Abeele à la ville en date du 26 mai 1876 : [...] les mesures nécessaires seront prises pour fournir à M M . de Brou et De Heuvel un local convenable près du musée, pour y faire les travaux de restauration de quelques ta­bleaux [...].

3 AVB., ibidem, lettre du 29 mai 1876 avertissant le gouverneur que toutes les mesures sont prises.4 AVB., ibidem, original d’une lettre adressée par le gouverneur à la ville en date du 10 juin 1876 : [...] Je reçois de M . le Ministre

de l'intérieur la communication suivante et j'a i l'honneur d'attirer votre attention sur la finale :« Bruxelles, le 9 juin 1876.» A la réception de votre dépêche du 2 du courant, j'a i prévenu M. Ch. De Brou que la direction de l'Académie de Bruges avait pris les mesures » nécessaires pour lui fournir, ainsi qu'à M. De Heuvel, un local convenable, pour y exécuter les travaux de restauration des tableaux du musée » de cette ville.» I l est à supposer que Mr De Brou compte toujours se mettre à l'œuvre du 15 au 20 juin prochain.» Mais il résulte de renseignements qui m'ont été fournis par M. Deheuvel, que celui-ci se propose de se rendre à Bruges au commencement de la » semaine prochaine, afin de commencer sans retard l'exécution de sa tâche.» Je vous saurai gré, Monsieur le Gouverneur, de vouloir bien donner d'urgence connaissance de ce qui précède à la Direction de l'Académie, avant » l'arrivée de M . De Heuvel » [...].

5 AVB., Académie, n° 14, liasse de 1876, proccs-vcrbal du 26 juin 1876 :Réunion de la Commission le 26 juin 1876; étaient présents M M . Buyck, Dobbelaere, Van Hollebecke, Cloet, Wallays, Legendre, Dennewet. Les tableaux n° 25 et 14 sont mastiqués et les panneaux sont recollés; la Commission décide de permettre la restauration par Mr De Brou dont elle surveillera les opérations. Les tableaux n° 5, 7 et 8 portent des soufflures et des écaillures qui seront fixées sans aucun masticage ni disjonction des panneaux.

6 AVB., Académie, n° 14, liasse de 1876, original d’une lettre adressée par le ministre de l’intérieur au Dr Vanden Abeele en date du 6 juillet 1876 : [...] M. de Brou qui a donné les preuves les plus satisfaisantes de l'habileté prudente qu'il apporte dans les travaux de l'espèce, lors des nombreuses restaurations qu'il a eu à accomplir à l'époque de la réouverture du musée de l'Etat, s'acquittera à Bruges avec le même dévoue­ment de la mission qui lui est confiée.Il ne doit pas être perdu de vue que c'est un service qu'il rend au gouvernement comme à la ville de Bruges, par pur amour de l'art et surtout par un effet de la religieuse admiration qu'il voue à nos anciens maîtres primitifs.D'un autre côté, les soins à donner aux précieuses œuvres de l'Académie de Bruges préoccupent le Gouvernement depuis huit ans déjà, et vous recon­naîtrez que le moment est venu de donner à sa sollicitude la satisfaction que réclame un intérêt national.Je crois, Monsieur le Secrétaire, ne pas me tromper, en osant compter à cette fin sur votre concours personnel, et j'aime à espérer que, grâce à vous, M . de Brou, pourra sans encombre terminer le plus tôt possible sa tâche [...].

7 AVB., Académie, n° 14, liasse de 1876, original d’une lettre adressée par le ministre de l’intérieur au Dr Vanden Abeele en date du 11 juillet 1876 : [...] M r De Brou n'en est plus à devoir faire ses preuves. Au surplus, le Gouvernement assume la responsabilité de son travail. Veuillez ne pas perdre de vue, Monsieur le Secrétaire, qu'il est le plus intéressé à la conservation des œuvres dont il s'agit, attendu qu'il peut en revendiquer la propriété au nom de l'Etat et que, par conséquent, sa responsabilité est directement engagée.D'un autre côté, M T De Brou qui rend service au gouvernement, ainsi que je l'ai déjà dit, en voulant bien donner les soins de son expérience reconnue à la conservation des dites œuvres, ne peut consacrer à ce travail que les mois de la bonne saison, et il désire commencer comme de raison par celles qui réclament les soins les plus urgents et qui sont les plus précieuses.C'est donc par les tableaux de Van Eyck et de Memling qu'il doit commencer.De plus longues entraves ne peuvent être apportées et je vous prie, Monsieur le Secrétaire, de faire en sorte qu'il en soit ainsi [...].

8 AVB., Académie, n° 14, liasse de 1876, minute de la réponse à la lettre du ministre du 11 juillet 1876 : [...] J 'a i communiqué la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire en date du 11 et, à la commission chargée par la ville et l'Académie, de surveiller les tableaux du musée. Ces Messieurs ne mettent nullement en doute la compétence spéciale et l'expérience de M. De Brou en fait de restauration de tableaux anciens; néanmoins comme il y a deux panneaux l'un d'Antoine Claeyssens c. 1559 et l'autre d'un maître inconnu de la primitive école, entièrement préparés par AI. De Heuvel pour recevoir des repeints, la commission a déclaré qu'elle croit devoir persister dans sa première résolution et qu'elle prie M. De Brou de bien vouloir commencer ses travaux par ces deux œuvres d'ailleurs fort remarquables.La commission fera tout ce qu'elle peut pour faciliter l'installation de Air De Brou dans les locaux du Musée et lui rendre son séjour à Bruges aussi commode que possible [...].

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Pl. IV

J.-A. GAREMYN (1712-1799), Tir à l'arc dans la cour de P école Bogaerde. La chapelle de l’école Bogaerde, représentée à gauche du tableau, abrita les collections tic P Académie des Beaux-Arts de Bruges de 1885 à 1931.(Bruges, Musée des Hospices).

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HISTOIRE M ATÉRIELLE DES COLLECTIONS BRUGEOISES 37

mois d’août, ce dernier avait terminé ses travaux sur la Mort de la Vierge de H. van der Goes, le Baptême du Christ et les deux panneaux de la Justice de Cambyse de G. David (cfr p. 119, doc. n° 51). Ch. De Brou pouvait donc commencer la restauration proprement dite. C ’était compter sans la conduite étrange du docteur Vanden Abeele ».

Le 1er août (?), De Brou notifia au gouvernement son désistement formel. Dans une curieuse missive, visiblement rédigée sous l’empire de la colère 2 (cfr p. 115, doc. n° 49), il se plaignit d’avoir été reçu comme un commis voyageur et soutint que la direction de l’Académie préférait la destruction des œuvres à leur restauration.

Le gouvernement se devait d ’intervenir énergiquement. Dans une longue lettre adressée le 18 août 1876 (cfr pp. 116- 118, doc. n° 50) à la ville de Bruges, le ministre de l’ intérieur refit l’histo­rique de l’affaire et déclara que le gouvernement avait suffisamment fait preuve de longanimité et qu’ il était prêt à user de mesures coercitives 3. L a réaction de l’Académie des Beaux-Arts fut surprenante. En contradiction formelle avec ses décisions précédentes, elle nia la nécessité des restaurations— elles étaient en cours d’exécution par les soins de Deheuvel — et se déchargea de ses respon­sabilités sur l ’administration communale (cfr pp. 120-121, doc. n° 52). Mise dans une situation fort délicate, celle-ci s’efforça de renouer le dialogue le 3 février 1877 (cfr pp. 123- 127, doc. n° 54). Cette tentative dut réussir car le 21 février 1877 4, Ch. De Brou se déclara prêt à reprendre les travaux. Saisissant l’occasion, le bourgmestre de Bruges fit part de son intention de rendre visite à De Brou 5. Chose curieuse, l ’affaire n’eut plus aucune suite.

L a restauration des chefs-d’œuvre de l’Académie ne préoccupa plus personne jusqu’en 1885. A ce moment, le directeur des travaux de la ville de Bruges, Louis Delà Censerie 6, attira l’attention de l ’ administration communale sur le fait que le mur de la salle des tableaux anciens était couvert de moisissures ducs à l’humidité.

L a Vierge au chanoine van der Paele semble avoir été à nouveau à l’ordre du jour en décembre 1889 7 (cfr pp. 162- 171, doc. n° 4). Cette œuvre qui aurait dû être restaurée par Deheuvel et De Brou 8 fut

1 Ce dernier avait dey à été la cause du désistement d’Etienne Le Roy (cfr ici même p. 34).2 Cette lettre n’est pas exempte d’inexactitudes. L’affirmation selon laquelle M. Deheuvel n’avait pu toucher aux tableaux

est dénuée de fondements. Dès le 11 juillet 1876, certaines œuvres avaient déjà été traitées (cfr ici même pp. 36-37) et il est probable que tout le travail préparatoire était achevé avant le 1er août (cfr p. 113, doc. n° 47).

3 Sur celles-ci, cfr ici même pp. 22-23.4 AVB., portefeuille Académie. 1859-1890, 1 dossier Beaux-Arts. Restauration de tableaux d'administrations publiques, année 1869, original

d’une lettre adressée par Ch. De Brou au ministre de l’intérieur en date du 21 février 1877 : [...] N'ayant fait au gouvernement et à la ville de Bruges mes offres de service pour la restauration de quelques tableaux du Musée de la Ville et notamment ceux de Van Eyck et de Memling, que dans des vues complètement désintéressées et à la seule fin d’assurer la conservation de ces œuvres, je suis toujours disposé à prêter mon concours dans ce but que je place au-dessus de toute autre considération.Si vous croyez, Monsieur le Ministre, qu'en me mettant en rapport avec les autorités communales, les difficultés qui ont mis obstacle à mon bon vouloir et au légitime désir du gouvernement viendront à disparaître, je me mets bien volontiers à la disposition de A4. le Bourgmestre de Bruges [...].

5 AVB., ibidem, original d’une lettre adressée par le bourgmestre de Bruges au ministre de l’intérieur en date du 3 mars 1877.6 AVB., portefeuille Académie. Transfert des tableaux [...], copie d’une lettre de L. Delà Censerie à l’administration communale

en date du 22 avril 1885 : [...] j'a i l'honneur de porter à votre connaissance qu'il y a urgence de faire modifier le plus tôt possible le cheneau du bâtiment de l'Académie vers la rue de ce nom. Les nombreuses réparations faites jusqu'ici, n'y ont apporté qu'un mieux momentané, car actuelle­ment les infiltrations ont repris par suite d'un affaissement de la volige, ce qui détermine la stagnation des eaux, qui débordent à chaque averse, en mouillant le mur de la salle du musée des tableaux anciens, qui, malgré le chauffage fait cet hiver, reste couverte de moisissures.Afin de ne pas produire d'avaries aux chefs-d'œuvre de nos plus grands maîtres qui s'y trouvent, je viens vous prier, M M ., de vouloir m'autoriser à les enlever, et m'indiquer où ils pourraient être déposés pendant tout le temps qu'il faut pour assécher complètement les murs [...].

7 II est probable que les archives postérieures à 1889 n’ont été que partiellement conservées.8 Cfr ici même pp. 35-36 et pp. 116-118, doc. n° 50.

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38 HISTOIRE M ATÉRIELLE DES COLLECTIONS BRUGEOISES

jugée en bon état par la commission locale >. L ’afl'aire fut cependant soumise au Conseil communal le 26 décembre 1895 2, la restauration admise le 30 décembre 1896 3.

Les négociations se sont vraisemblablement poursuivies puisque le 21 novembre 1902, le restaurateur Paul Buéso fit parvenir à l’administration communale un devis de 10.500 francs (cfr pp. 133- 136, doc. n° 58). Ce remarquable document dressait un constat précis de la Vierge au chanoine van der Paele

de Jean van Eyck, du Saint Christophe de Hans Memlinc, de la Mort de la Vierge d’Hugo van der Goes, des deux panneaux des Scènes de la légende de saint Georges, œuvres anonymes 4, du Baptême

du Christ et de la Justice de Cambyse (les deux panneaux) de Gérard David s. Le 27 janvier 1903, la ville approuva les termes du devis Buéso; la Commission royale des Monuments fit de même le 30 mars 1905 6 (cfr pp. 142- 143, doc. n° 63). Toutefois, elle ne rendit son rapport que le 5 janvier 1907 (cfr pp. 140- 141, doc. n° 62). 11 était demandé de ne procéder d’abord qu’à des essais très limités sur la Vierge au chanoine van der Paele et le Saint Christophe : enlèvement des retouches, fixation des parties soulevées et nettoyage. Le baron Kervyn de Lettenhove fut chargé de surveiller les travaux. L ’administration communale fit observer au gouverneur de la province que, contrairement au devis Buéso, le rapport de la Commission était ambigu : que fallait-il entendre par essai ou restau­ration définitivement autorisée ? De toute façon, elle préconisait l ’enlèvement des embus et des chancis, la fixation des craquelures et des boursouflures, la consolidation des joints (cfr pp. 142- 143, doc. n° 63).

Les travaux débutèrent vraisemblablement durant le second semestre de 1907. Le grand public en fut informé par un épisode tragi-comique. En septembre 1907, le baron Kervyn de Lettenhove remarqua des traces de grattages violents sur plusieurs panneaux anciens 7; des trous dans le bois pouvaient être constatés (cfr p. 144, doc. n° 64). Une enquête démontra que le responsable de ces opérations intempestives n ’était autre que le conservateur des musées communaux, Eugène Copman. L a réaction de la Commission fut immédiate: le 19 octobre (cfr pp. 145- 146, doc. n° 65), elle pria les autorités communales de défendre au conservateur de son musée de prendre une part active à la restauration

des tableaux uniques de ce merveilleux musée. L ’administration communale n’avait pas attendu le rapport

1 Ce jugement n’est guère étonnant si l’on sait que le docteur Vanden Abeele faisait partie de la Commission locale des Beaux- Arts (cfr ici même p. 36).

2 AVB., Résolutions du Conseil communal de la Ville de Bruges, n° 57, registre du 26 décembre 1895 au 1er mai 1897, f° 6 :[Séance du 26 décembre 1895]II. Motions.M . vande Walle entretient le conseil de l'état dans lequel se trouve le tableau de Jean Van Eyck, du musée, « La Vierge et St. Donatien ». D'après ce qui lui a été rapporté, la partie supérieure de ce tableau serait menacée.M . le bourgmestre répond qu'il sera écrit à la commission des musées.

3 AVB., Résolutions du Collège échevinal de la Ville de Bruges, n° 63, registre du 23 décembre 1895 au 30 décembre 1896, f° 215 v. : [Séance du 30 décembre 1896]Le collège prend communication d'une dépêche de Mr le AUnistre de l'Agriculture, des travaux publics et des beaux-arts datée du 16 décembre et relative à la restauration du tableau de Jean Van Eyck, « La Vierge et Si Georges », du musée de la ville.Il admet la restauration, mais il ne consent pas à envoyer le tableau à Bruxelles; il craint qu'il n'ait à subir plus de dégâts par suite du transport, aller et retour, que ceux que le rapport signale. D'ailleurs le transport a toujours été refusé.

4 Sur ces tableaux cfr A. J anssens d e B ist h o v e n , Musée communal des Beaux-Arts (Musée Groeninge). Bruges (Les Primitifs flamands. I. Corpus de la peinture des anciens Pays-Bas méridionaux au quinzième siècle, 1), 2e edit., Anvers, 1959, pp. 1-4.

5 Chose curieuse, l’ensemble de ce document ne semble pas avoir été connu de A. J anssens d e B is t h o v e n , op. cit. En effet, ce texte n’est pas cité pour les deux panneaux de la Justice de Cambyse et les panneaux des Scènes de la légende de saint Georges.

6 Ces documents n’ont pu être retrouvés. Il est étonnant que la Commission royale des Monuments et des Sites n’en ait conservé aucune trace dans ses archives, les restaurations Buéso ayant été effectuées sous son contrôle.

7 Le Jugement dernier de P. Pourbus fit l’objet des soins d’Eugène Copman. La Vierge au chanoine van der Paele faillit subir le même

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HISTOIRE M ATÉRIELLE DES COLLECTIONS BRUGEOISES 39

envoyé de Bruxelles pour tancer E. Gopman >. Ce dernier se défendit maladroitement le 20 octobre (cfr pp. 147- 149, doc. n° 66) et le 8 novembre (cfr pp. 150- 151, doc. n° 67) en affirmant que les grattages, objets du litige, avaient pleinement réussi ..., que son dévouement était au-dessus de tout reproche et qu’il ne s’agissait que d’ une obscure cabale. Le 28 novembre, l ’administration communale réclama la stricte application des décisions de la Commission (cfr p. 152, doc. n° 68). L ’affaire fit grand bruit et eut même des échos au Parlement. Le 22 avril 1908 (cfr p. 181, doc. n° 8), le leader socialiste Emile Vandervelde interpella le ministre Descamps sur la restauration de la Vierge au chanoine van der Paele et parla d’ un nettoyage qui serait un véritable acte de vandalisme. Le comte Visart de Bocarmé, bourgmestre-député de Bruges, répondit à Emile Vandervelde le lendemain en s’abritant derrière les décisions de la Commission (cfr pp. 182- 183, doc. n° 9).

Quels furent les tableaux restaurés par Paul Buéso ? Aussi extraordinaire que cela puisse paraître, il est difficile de le préciser 2. Si l ’on peut affirmer que les deux panneaux des Scènes de la légende

de saint Georges (cfr p. 153, doc. n° 69) furent effectivement restaurés, on ne sait rien des Jean van Eyck, des Gérard David et des Hans Memlinc mentionnés dans le devis de 1902 3. Concevant mal que des chefs-d’œuvre aussi célèbres n’aient fait l’objet d ’aucun traitement, ce d’autant plus que leur restauration était à l ’ordre du jour depuis 1856 avec les avatars que l’on sait, nous inclinons à penser qu’ils le furent également 4.

3° Collections des Jabriques d'église s

a) Eglise cathédrale du Saint-Sauveur

Au mois de septembre ou d ’octobre 1879, la Commission royale des Monuments informa le gouvernement du mauvais état de conservation du triptyque du Martyre de saint Hippolyte de Dieric Bouts et Hugo van der Goes : les grisailles étaient écaillées et de nombreux fragments de peinture s’étaient détachés (cfr p. 161, doc. n° 3). Rappellant qu’ il avait déjà été question de restauration en 1856 et en 1862 (cfr pp. 128- 129, doc. n° 55), la fabrique admit la restauration à la condition qu’elle se fit sur place. Le 14 février 1880, la Commission proposa le restaurateur anversois Nicolié (cfr p. 130, doc. n° 56). Le tableau fut-il restauré? Les archives sont muettes à ce sujet.

b) Eglise Saint-Jacques

En 1890, le peintre Ch. De Pape adressa à la fabrique un rapport sur l’état de conservation des tableaux de l’église. 11 était constaté que le retable de la Légende de sainte Lucie, du M aître de la légende de sainte Lucie, était horizontalement fendu en deux endroits et que des glacis avaient été enlevés (cfr pp. 172- 176, doc. n° 5). Un devis fut dressé par le restaurateur Van Leemputten 6 pour un montant de 100 francs (cfr pp. 172-176, doc. n° 5). Le Conseil communal fut saisi de l’affaire le

1 L’administration communale n’infligea d’abord qu’un blâme à son conservateur. AVB., portefeuille Musea. Restauration de tableaux par Buéso, 1 dossier de même titre, liasse 6, copie du 10 octobre 1907 : [...] Nous sommes obligés de blâmer cette manière d’agir et de protester contre l'oubli sinon contre la méconnaissance de nos instructions formelles.

2 Voir note 6, p. 38.3 Cfr pp. 133-136, doc. n° 58.4 Cfr pp. 32-39.5 Les archives de la ville de Bruges ne contiennent que fort peu de documents relatifs aux fabriques d'église.6 Ce restaurateur traita le Mariage mystique de sainte Catherine en 1890-1891 (cfr ici même p. 32).

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40 HISTOIRE M ATÉRIELLE DES COLLECTIONS BRUGEOISES

17 octobre 1891 (cfr pp. 172- 176, doc. n° 5). Une commission spéciale fut nommée 1 (cfr pp. 172- 176, doc. n° 5). Il n’est pas possible de savoir si la restauration fut effectuée.

c) Eglise Notre-Dame 2

Le 10 décembre 1902, le bureau des marguilliers de la fabrique d’église avisa le Conseil communal que la restauration de la Transfiguration de Notre-Seigneur, de Gérard David, était projetée par Paul Buéso (cfr pp. 177- 178, doc. n° 6). Le 4 janvier 1903, le conseil de fabrique approuva le devis Buéso et demanda l’intervention financière de la ville, de la province et de l’ Etat (cfr pp. 177- 178, doc. n° 6). Le 14 mars, M . De Schrevel, rapporteur de la Commission locale des Beaux-Arts, approuva la restauration envisagée (cfr pp. 179- 180, doc. n° 7). Le 28 avril, la Commission royale des Monuments se rendit sur place. Elle préconisa des travaux préparatoires : nettoyage du panneau, fixation des parties soulevées (cfr p. 137, doc. n° 59). Cette besogne fut accomplie à la satisfaction de tous et la suite du travail fut autorisée : retouche des parties mastiquées (cfr p. 138, doc. n° 60) et enlève­ment éventuel des surpeints. L a liquidation des subsides fut décidée le 17 novembre 1904 (cfr p. 139, doc. n° 61).

** *

Avant 1850, toutes les restaurations effectuées aux tableaux flamands du X V e siècle conservés à Bruges se déroulèrent sans heurt ni récrimination. Après 1850, ce ne furent que discussions oiseuses et contretemps. Est-il possible d’expliquer ce contraste ?

Trois faits pourraient constituer un élément d’explication : le conflit qui, durant la seconde moitié du X I X e siècle, opposa la Jointe de l’Académie à l’ administration communale de Bruges; le zèle teinté de chauvinisme du docteur Vanden Abeele; la peur de voir partir les tableaux à Bruxelles. Largement et presque exclusivement subsidiée par la ville de Bruges, la Jointe s’était toujours refusée d’admettre un contrôle communal de sa gestion. Le 5 avril 1848, les autorités brugeoises tentèrent de réagir contre cette situation anormale. Invoquant le statut octroyé en 1775 par l’impératrice Marie-Thérèse, les membres de la Jointe refusèrent énergiquement et à l’unanimité le contrôle souhaité. Les choses s’envenimèrent au point que le 28 mai 1881, une Académie d’obédience strictement communale fut créée et mise en route en 1883. Cette situation dut avoir des répercussions dans les négociations relatives aux restaurations de tableaux aussi bien de l’Académie que des Hospices. Il est remarquable qu’à partir de 1881- 1883, époque de la création de la nouvelle Académie, les conflits avec l’Etat furent beaucoup moins nombreux sinon inexis­

1 Un résumé du doc. n° 5, pp. 172-176, est contenu dans AVB., Résolutions du Conseil communal de la ville de Bruges, n° 54, registre du 13 juin 1891 au 20 août 1892, f° 56-56 v. :[Séance du 17 octobre 1891]M. Visart fait lecture de la lettre de la fabrique du 5 septembre et dépose le rapport de M. Depape et le devis dressé par M. Van Leemputten, devis qui s'élève à Fr 7520,00.AL Visart parlant au nom de la commission des beaux-arts, fait remarquer que beaucoup de ces tableaux n'ont qu'une minime valeur, et qu'il semble convenable de soumettre les études faites jusqu'à présent à l'avis d'une commission qui déterminerait quels sont ceux dont le mérite artistique ou archéologique justifie l'intervention de l'Etal et de la Ville dans les frais à faire. Si telle était l'opinion du conseil, la désignation des membres de cette commission pourrait être faite en séance à huis clos [...].

2 Sans qu’il soit possible de déterminer les tableaux traités, une restauration de tableaux anciens fut effectuée entre 1897 et 1899 par M. Noë, cfr Bulletin des Commissions royales d'Art et d'Archéologie, 36e année, 1897, p. 120.Cette restauration fut jugée satisfaisante, cfr le Bulletin susdit, 38e année, 1899, p. 122.

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HISTOIRE M ATÉRIELLE DES COLLECTIONS BRUGEOISES 41

tants J. Il est raisonnable cle penser que ceux-ci n’étaient qu’un moyen pour la Jointe d’affirmer son autonomie 2.

En ce qui concerne le docteur Vanden Abeele, il est probable que son action fut déterminante. Secrétaire de la Jointe, il fut une des causes des désistements de M M . E. Le R oy et Ch. De Brou 3. Il suffit de prendre connaissance de ses interventions au Conseil communal, même après la création de la nouvelle Académie, pour constater son opposition à toute directive venant de Bruxelles 4.

Enfin, la crainte de laisser les tableaux partir définitivement pour Bruxelles joua aussi un rôle. Si le motif officiellement invoqué était les dégâts pouvant résulter d’un transport, il est évident qu’ il s’ agissait beaucoup plus de la peur de ne pas voir revenir les tableaux de la capitale 5.

Quoiqu’il en soit, il est réconfortant de remarquer que le souci de conserver un des fleurons de notre patrimoine culturel fut constant. Même s’ il donna lieu à des manœuvres discutables, il était fondamentalement sain. Nul ne pourrait le contester.

1 Cfr ici même pp. 37-39.2 A. S c h o u t e e t , Inventaris van het archief van de Koninklijke Academie voor Schone Kunsten te Brugge (1717-1892), Gemeentebestuur

Brugge, 1958, pp. 12-14; W .H.J. W e a l e , Catalogue du Musée de 1’Académie de Bruges, Bruges/Londres, 1861, pp. 6-8.3 Cfr ici même pp. 35,37.4 Cfr pp. 123-127, doc. n° 54; pp. 162-171, doc. n° 4.

5 Cfr p. 91, doc. n° 33; pp. 98-100, doc. n° 38; pp. 110-111, doc. n°45; p. 112, doc. n° 46; p. 114, doc. n° 48; pp. 123-127,

doc. n° 54; pp. 128-129, doc. n° 55; p. 159, doc. n° 1; pp. 162-171, doc. n° 4.

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TE X TE S : SOURCES D'ARCHIVES 47

11 août 1815. La ville de Bruges demande au Commissaire général de l'intérieur à Bruxelles de vouloir bien

interposer ses bons offices aux fins de recouvrer les œuvres d'art confisquées par la République française.

A Son Excellence Monseigneur le Duc d’Ursel, Commissaire Général de l’ intérieur à Bruxelles.

Monseigneur,

J e viens de voir, avec bien de la satisfaction, au n° 47 de la Gazette Générale des

Pays-Bas que Sa Majesté notre bien aimé monarque a déjà porté sa paternelle sollicitude pour

ses sujets de la Belgique, sur l’importante affaire de la restitution à exiger de tous les objets d’art

dont les français nous ont si injustement dépouillés.

J e m’empresse en conséquence de supplier Votre Excellence de vouloir bien inter­

poser ses bons offices à l’effet que notre ville puisse aussi obtenir la restitution de ce qu’elle a perdu

à cet égard et dont voici la notice.

1° Deux tableaux représentant le Jugem ent de Cambyse, par Antoine Claissens, enlevés de la

grande salle de notre hôtel de ville.

5° Un tableau de l’hospice de S4 Ju lien représentant S 1 Christophe qui passe la mer portant

PEnfant Jésus. S 1 Benoît et S 1 Gilles sont auprès. Sur les volets on voit : à la gauche Ste Barbe

et une femme avec sa fille à genoux; à la droite S4 Guillaume et un homme avec son fils par

Hans Hemmelinck.

1

8° Un tableau de l’ancienne Cathédrale représentant l’ adoration des mages, S 1 Donatien et

d ’autres saints. On le dit de Jean van Eyck; mais il est plus probable qu’il est de Hans

Hemmelinck.

Tels sont, Monseigneur, les articles que nous avons à demander à la France, comme

nous ayant été enlevés par ses commissaires en 1794. J e suis persuadé d ’avance, Monseigneur,

qu’un ministre, aussi ami des arts et de son pays, voudra bien être notre intercesseur auprès de

Sa Majesté, à l ’effet qu’elle daigne prendre telles mesures que dans Sa haute Sagesse elle jugera

convenir pour nous faire restituer ces chefs-d’œuvres [tt’c] [...].

(AVB., Copie de lettres expédiées, farde 1814-181G, registre du 29 mai 1815 au 13 janvier 1816, n° 20.119, 11 août 1915).

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48 TE X TE S : SOURCES D'ARCHIVES

4 octobre 1815. J . Odevaere signale au bourgmestre de Bruges la découverte de la Vierge de Michel-Ange,

de deux panneaux de la Justice de Gambyse de Gérard David et du Saint Christophe de Hatis Memlinc.

A Monsieur De Zuylen, maire de la ville de Bruges.

Monsieur,

J ’ai le plaisir de vous annoncer qu’après bien de recherches infructueuses, j ’ai enfin

trouvé notre célèbre Vierge de Michel-Ange. Ce matin, à 7 heures je l’ai découvert [jîV] dans la

chapelle de l’archevêché de paris ou [«c] depuis longtemps elle était cachée et ignorée de tout

le monde, depuis deux heures elle est à mon dépôt [.ne] d’ou [mV] j ’espère pouvoir la rendre en

bon état à ma Patrie qui en a été injustement privée depuis vingt ans. Depuis quelques jours,

j ’avois deja [jzV] Le Jugement de Cambise ainsi que les tableaux appartenants à l’hospice de

St. Julien. Quelques uns de ceux que nous réclamons sont dans des départements éloignés et ou [mê]

il n ’y a point de troupes alliées; malgré cette contrariété nous allons faire tous nos efforts afin de

récupérer jusqu’au dernier tous les objets qui nous ont été enlevés et nous ne céderons qu ’à

l’impossibilité absolue. Je saisis cette occasion Monsieur le Maire pour vous assurer que j ’ai

l’honneur d ’être avec votre respect

Votre très humble et très obéissant serviteur,

(s.) J . O D EV A ERE

Peintre de SM. le Roi des Pays-Bas

délégué à Paris.

Paris, ce 21 8bre 1815.

2

(AVB., portefeuille 24 liuisen. « Huis Deljoutte ». Objets d'art. 1753-1816, pièce 10).

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TE X TE S : SOURCES D'ARCHIVES 49

1 novembre 1815. Extrait conforme de la liste Lavallée dressé par J . Odevaere.

3

Liste des tableaux et objets d ’art réclamés par la ville de Bruges, tant de ceux que

les délégués de Sa Majesté Le Roi des Pays-Bas ont retrouvés au musée de Paris, que de ceux qui

se trouvent dans les départements de la France non occupés par les troupes alliées et que les

Ministres de Sa Majesté Le Roi de France ont promis de faire restituer [?] le nom des villes qui

les possèdent, d ’après l’attestation formelle de Mr. LA VA LLÉE , secrétaire général du musée

de Paris, ainsi que celui des Eglises ou établissements publics de la ville de Bruges auxquels ils

appartenoient.

1° Deux tableaux représentants le jugement de Cambyse par Provenant de recouvrés.

A. Clayssens. l’hôtel de ville

de Bruges

3° L ’Adoration des Mages 1 et autres saints, par Van Eyck

ou Hemmelinck.

4° Un tableau représentant St Christophe qui passe la mer

portant sur ses épaules L ’Enfant Jésus, à gauche Ste Barbe et

une femme et sa fille à genoux, à droite S1 Guillaume et un

homme et son fils à genoux par Hemmelinck. Ce tableau est en

trois parties le milieu et les deux volets.

de l’église de

St. Donas de

Bruges.

de l’hospice de

St. Julien à

Bruges.

recouvrée.

recouvré.

Extrait de la liste générale signée par Mr. LAVALLÉE , secrétaire général du

Musée Royal de paris et certifié conforme à l’original par le soussigné Peintre de Sa Majesté Le

Roi des Pays-Bas, Délégué à Paris pour le recouvrement des objets d ’art et tableaux appartenants

aux provinces méridionales du Royaume.

A Paris, Le 1 9bre 1815.

(s.) J . O D E V A E R E

Peintre de S.M. Le Roi des Pays-Bas.

(AVB., portefeuille 24 huisen. « Huis Deljoulte ». Objets d'art. 1753-1816, pièce 15; la liste Lavallée est publiée dans Ch. P io t , Rapport à Mr le Ministre de l’intérieur sur les tableaux enlevés à la Belgique en 1794 et restitués en 1815, Bruxelles, 1883, pp. 313-348 et plus spéciale­ment pp. 331-333).

1 La Vierge au chanoine van der Paele de Jean van Eyck.

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50 TE X TE S : SOURCES D'ARCHIVES

21 novembre 1815. Le peintre J . Odevaere annonce au maire de la ville de Bruges Varrivée à Bruxelles des

œuvres d'art récupérées en France. Les œuvres brugeoises seront transportées par eau.

Bruxelles, le 21 9bre 1815,

A Monsieur le Maire de la Ville de Bruges.

Monsieur,

Avant hier le grand convoi de tableaux et d ’objets d ’art que j ’avais été chargé par

Sa Majesté de réclamer à paris [jîV], est arrivé en cette capitale, il restera ici quelques jours jusqu’à

ce que le triage pour les différentes villes soit fait. Comme le chargement n ’est accordé que jusqu’à

Bruxelles par le gouvernement, je tacherai de faire un accord favorable avec le voiturier qui a

chargé les objets appartenants à la ville de Bruges. Si je ne puis y réussir je les enverrai par eau

dans tous les cas j ’en prendrai le plus grand soin. Je joins ici la liste autentique [jîV] de tout ce

que la ville de Bruges a réclamé, ce qu’elle a recouvré, et ce qui reste encore dans les départements

non occupés par les Alliés, et qui sera rendu par Sa Majesté le Roi de france [jfc] d ’après la

promesse officielle qu’en a faite M . De Vaublanc à M . Faget Ambassadeur de notre Roi à paris [jfc].

J ’aurai l’honneur de vous avertir, Monsieur le Maire, du moment ou [«V] ce qui

revient à Bruges partira d ’ici. J ’aurai alors aussi le plaisir de m ’y rendre.

Votre très humble et très dévoué

serviteur

(s.) J . Odevaere

peintre de S.M . Le Roi des Pays-Bas.

4

(AVB., portefeuille 24 huisen. «H uis Deljoulte ». Objets d'art. 1753-1816, pièce 14, 21 novembre 1015).

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5

3 janvier 1816. Procès-verbal du retour à Bruges des œuvres d'art confisquées par la République française.

TE X TE S : SOURCES D'ARCHIVES 51

L ’an m il huit cent seize, le trois janvier à dix heures du matin, nous Jean Charles

Stochove, premier adjoint de la Mairie de la Ville de Bruges, faisant fonction de Maire en l’absence

de ce magistrat siégeant aux Etats Généraux, nous sommes rendus à l’hôtel de ville avec Monsieur

le Baron Pecsteen, aussi adjoint, et Messieurs les membres du Conseil Municipal, à l’effet d’y

recevoir solennellement ceux des objets d ’arts [m'c] enlevés à cette ville, il y a vingt ans, par les

Commissaires du gouvernement français, qu ’on est parvenu à retirer de la France, par suite de

la réclamation qui en a été faite par les ordres de Sa Majesté, le débarquement de ces objets

arrivés à Bruxelles, par eau, ayant été annoncé par le son du carillon et du bourdon du beffroi,

un cortège composé de Messieurs les Membres de la direction de l’Académie royale des beaux-

arts de cette ville, de Messieurs les Professeurs, avec les élèves, ainsi que de Messieurs les Curé et

marguilliers de la paroisse de Notre-Dame, escorté de détachements de cavalerie et d ’infanterie

et précédé de la musique de la garnison a été les chercher au lieu du débarquement, près du pont

des Dominicains, et les a conduits comme en triomphe, jusqu’à l’hôtel de ville. Là les tableaux

ont été introduits dans la grande salle, où les caisses ayant été ouvertes, on en a retiré, en très

bon état, 1° Le Jugement de Cambyse [f° 1 v.] en deux pièces, par A. Clayssens, provenant de

la même salle de l’hôtel de ville, 2° S1 Christophe en trois pièces y compris les deux volets, par

Hemmelinck, 3° L ’Adoration des mages, en une pièce, par Jean Van Eyck, dit Jean de Bruges.

En conséquence d ’une décision prise en vertu des articles 1 et 2 de l’arrêté de Sa

Majesté du 25 novembre dernier, par Monsieur le Baron de Loen, gouverneur de cette province,

chevalier de l’Ordre du Lion Belgique et chambellan de Sa Majesté, ces deux derniers tableaux

représentant l’un S1 Christophe etc., l’autre l’Adoration des mages, ont été provisoirement remis

aux Messieurs de la direction de l’Académie royale des Beaux-Arts de cette ville, pour être

déposés dans les salles de cet établissement, à la charge pour ces Messieurs de pourvoir à leur

conservation jusqu’à décision ultérieure.

Quant à la statue de la Vierge par M ICHEL-ANGE, en vertu de l’article lr de

l’arrêté de Sa Majesté du 6 octobre 1815, nous en avons de suite fait la remise à Messieurs les

Curé et marguilliers de l’église paroissiale de Notre-Dame, de laquelle elle provient. Aussitôt ces

Messieurs l’ont fait trainer jusqu’à la dite église par les élèves de l’école Bogaerde, avec l’escorte

de cavalerie et d ’infanterie, précédée de la musique. La caisse ayant été ouverte, cette [f° 2]

précédente statue a été reconnue et retirée en bon état et Messieurs les Marguilliers se sont chargés

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52 T E X TE S : SOURCES D'ARCHIVES

de pourvoir à sa conservation et de la faire exposer aux regards et à la vénération du public, dans

son ancienne place, sans souffrir qu’elle soit aucunement voilée ni enfermée dans une niche vitrée;

comme aussi sans pouvoir jamais aliéner, si ce n’est avec l’autorisation du Gouvernement.

En foi de quoi nous avons rédigé le présent procès-verbal, que Messieurs les membres

de la direction de l’Académie et Messieurs les Marguilliers susdits ont signé avec nous.

D ’H O L LA N D E R

Marguillier

B. G IL L IO D T S van POEK E

Marguillier

P. V ERH U LST

Marg.

VAN H A M M E

J . RO ELS

F.J. W Y N C K E LM A N

Prés, de l’Acae.

G. DU CQ .

Doyen de PAcae.

RO ELS

J . C. ST OGH O V E

(AVB., portefeuille 24 huisen. « Huis Deljoutte ». Objets d'art. 1753-1816, pièce 1 ; signalé par H . Pa u w e l s , Musée Groeninge. Catalogue, Musée communal des Beaux-Arts, Bruges, 1963, p. 37, note 3).

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T EXTES : SOURCES D'ARCHIVES 53

3 janvier 1816. La Ville de Bruges adresse à la Gazette générale des Pays-Bas un compte rendu relatif au

retour des œuvres d'art confisquées par la République française.

6

A Messieurs les rédacteurs de la Gazette Générale des Pays-Bas

chez M r Weissenbruch, imprimeur du Roi à Bruxelles.

J ’ai l’honneur de vous adresser ci-joint une relative de l’arrivée en cette ville des

objets d ’arts [.sic] qui nous avaient été enlevés par la France et que grâce à la sollicitude de Sa

Majesté pour le bien être de Ses sujets, nous avons eu le bonheur de recouvrer. Vous pouvez,

Messieurs, faire avec assurance tel usage de cette pièce que vous jugerez convenir pour la rédaction

de votre journal.

J ’ai l’honneur de vous saluer, Messieurs, avec une parfaite considération.

BRUGES, 3 JA N V IE R 1816

Neuf tableaux du plus grand mérite et une statue de la Vierge par Michel-Ange

avaient été enlevés de notre Ville il y a vingt ans par les commissaires du gouvernement français.

S.M . notre bien aimé monarque, jaloux de faire jouir, autant que possible ses fidèles sujets, de tous

les fruits de la victoire de Waterloo, à laquelle l’héroïque vaillance de son digne fils, le Prince

héréditaire, a si glorieusement contribué, s’empresse d ’envoyer des commissaires pour retirer de

France les objets d ’arts dont la Belgique avait été injustement dépouillée. Malheureusement,

malgré tous les soins et toutes les recherches de ces commissaires, et particulièrement de notre

concitoyen M r Odevaere, peintre de S.M ., on n ’a pu retrouver aucune trace de plusieurs de nos

chefs-d’œuvre, et l’on a appris de quelques autres qu’ils étaient dans des départements non

occupés par les troupes alliées et où les réclamations n ’ont pu avoir aucun effet.

Ce que nous avons recouvré se borne à la statue de la Vierge de Michel-Ange, à

trois tableaux, savoir : le Jugement de Cambyse en deux pièces, par A. Glayssens; S1 Christophe,

en trois pièces y compris les deux volets, par Hemmelinck; et l’adoration des mages, en une pièce,

par Jean Van Eyck dit Jean de Bruges, l’inventeur de la peinture à l’huile.

Ces quatre chef-d’œuvres, ramenés de Paris dans la Belgique, sous la direction de

M r Odevaere, avaient été embarqués depuis longtemps à Bruxelles pour notre ville; mais la gelée

qui était survenue les avait retenus en route, et ce n ’est qu ’aujourd’hui à dix heures du matin que

nous avons eu la satisfaction de les voir arriver comme en triomphe.

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54 T E X TE S : SOURCES D'ARCHIVES

Leur transfert depuis le lieu du débarquement jusqu’à l’hôtel de ville, pour les

tableaux qui y ont été reçus par le Corps municipal, et jusqu’à l’église de Notre-Dame, pour la

statue qui y a été trainée par les élèves de l’école Bogaerde suivis de M M . les Curé et marguilliers

de la paroisse, s’est fait avec beaucoup de pompe, au son du carillon et du bourdon du beffroi.

M M . les membres de la direction de l’académie avec les professeurs et un grand nombre d ’élèves

faisaient partie du cortège qui était précédé de la musique de la garnison et escorté de détache­

ments de cavalerie et d ’infanterie nationales.

Malgré le temps pluvieux qu’il faisait, une très grande partie de la population de

la ville s’était portée sur le passage de ces nouveaux trophées de la victoire de Waterloo; à chaque

pas on entendait éclater par des cris de Vive le Roi l’allégresse des habitants et leur reconnaissance

envers le gouvernement protecteur qui nous a fait recouvrer ces précieux ouvrages.

(AVB., Copie de lettres expédiées, farde 1814-1816, registre du 29 mai 1815 au 13 janvier 1816, n° 20.999, 3 janvier 1816; un texte semblable, mais en flamand, a été publié par A. J anssens d e B is t iio v e n , Musée Communal des Beaux-Arts (Musée Groeninge) Bruges (Les Primitifs flamands. I. Corpus de la peinture des anciens Pays-Bas méridionaux au quinzième siècle, 1), 2e édit., Anvers, 1959, pp. 28-29, doc. n° 6).

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TE X TE S : SOURCES D'ARCHIVES 55

9 janvier 1816. La Commission des Hospices civils de Bruges est avisée de ce que le retable de Saint Christophe

ne sera pas replacé à l'hospice de Saint-Julien.

Bruges, le 9 janvier 1816.

Le Maire de la Ville de Bruges,

A Messieurs les administrateurs composant la

Commission des Hospices.

Messieurs,

Le tableau de St.-Christophe, provenant de l’hospice St.-Julien, ne pouvant plus

convenablement être replacé dans cet établissement qui est régi par un entrepreneur, il m ’a paru

que le meilleur usage qu’on pouvait en faire c’était de l’exposer à l’Académie pour l’instruction

des élèves. J ’ai lieu de penser, Messieurs, que, prenant comme tous les brugeois, le plus vif intérêt

à une institution qui fait tant d ’honneur à la ville, vous n’aurez rien de contraire à cette disposi­

tion : mais je désirerais que vous m ’en donnassiez l’assurance le plus tôt possible.

J ’ai l’honneur de vous saluer, Messieurs, avec une parfaite considération.

signé : le Baron Pecsteen.

Pour copie conforme :

Le secrétaire de la Commission des

Hospices civils de Bruges.

7

(AVB., portefeuille Académie 1859-1890, 1 dossier Académie. Tableau de Memlinc revendiqué par les hospices, année 1864, copie conforme).

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56 TE X TE S : SOURCES D'ARCHIVES

4 mars 1816. Procès-verbal de la cérémonie donnée en /’honneur de J . Odevaere lors du retour des œuvres d'art

confisquées par la France.

8

Séance extraordinaire du Conseil municipal du 4 mars 1816. Presens [«V] messieurs J .J . van

Zuylen, maire président, M . Bouwart, M . Denet, le comte de Carnin, M r Van Hucrne,

M r Wynckelman, Arents Coppieters, D ’Hont, Van Demale, de L ’Escluze et Liénart-Odevaere,

conseillers municipaux.

M r le Président annonce à Messieurs les membres réunis que cette réunion qui est autorisée par

M r le Gouverneur a pour objet de présenter au nom de la ville une médaille à M r J . Odevaere,

peintre de Sa Majesté, en reconnaissance de scs soins pour le recouvrement et le retour des objets

d ’arts [jîV] qui avoient été enlevés par les français à cette ville il y a vingt ans. Il présente cette

médaille qui est encore à l’inspection des membres. O n y voit d ’un côté les armes de la ville

entourées de cette légende : «Josephe Odevaere, pictori regio, civi suo urbs Brug. g ra ta»; et de

l’autre côté ces mots : « O b revertu Parisijs artium monumenta hinc quondam a gallis rapta »,

et de plus les chiffres M D C C C X V I en exergue.

M r Odevaere s’étant rendu dans la salle d ’après l’invitation qu’il en avoit reçue, M r le Maire l’a

prié au nom de la ville de vouloir bien accepter cette médaille comme une faible marque de la

reconnaissance de ses habitans [jtV], et notamment de l’administration pour les soins qu’il a pris

à l’effet de recouvrer et de ramener dans le pays en très bon état de conservation les objets d ’arts

[mV] provenant de cette ville qui ont pu être retrouvés en France. Les quels objets sont :

1° le jugement de Cambyse, beau tableau en deux pièces peint par A. Clayssens; 2° S1 Christophe

en trois pièces y compris les deux volets peints par Hemmelinck; 3° l’adoration des mages en

une pièce par Jean Van Eyck dit Jean de Bruges; 4° une statue de la Vierge, en marbre blanc

par Michel-Ange.

(AVB., Résolutions du Conseil communal de la Ville de Bruges, registre n° 3, 8 novembre 1811-20 août 1817, f° 136-136v.; ce texte a été édité par A. Sc iio u t e e t , Kunstschilder Jozeph Odevaere en de terugkeer van geroofde kunstschatten uit Frankrijk naar Brugge in 1816, dans Album Archivaris Jos. De Smet, Bruges, 1964, pp. 311-312).

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TE X TE S : SOURCES D'ARCHIVES 57

18 janvier 1818. Le baron de Keverberg de Kessel, gouverneur de Flandre orientale, signale à M . Sandelin,

président du tribunal de première instance de Bruges, l'état de conservation déplorable des Memlinc de l'hôpital

Saint-Jean et notamment du Mariage mystique de sainte Catherine. Il signale les procédés de restauration

de M . Van Brée.

9

Pour Monsieur Winkelman

Président de l’Académic

de Peinture à Bruges.

Extrait d ’une lettre de Son Exce. le Baron de Keverberg de

Kessel, Gouverneur de la Province de Flandre Orientale, etc.

à M r Sandelin, Président du Tribunal de Première Instance

de Bruges.

Gand, le 26 janvier 1818.

Monsieur,

[...] mais ces chefs d ’œuvres (les chefs d’œuvres d ’Hemling) dépérissent; ce n ’est

pas seulement la crasse qui les couvre dont je me plains, c’est l’écaillage dont plusieurs de ces

tableaux sont atteints et qui, si l’on n’y porte très promptement remède, les perdront sans ressource.

L ’occasion dont j ’ai l’honneur de vous entretenir est trop importante, pour ne pas

réveiller eh moi le souvenir des beaux succès que j ’ai obtenus à Anvers et qui ont été obtenus

ensuite à La Haye.

Les magnifiques productions de l’art de peindre qui nous sont revenus [mc] de Paris,

(à Anvers) étaient assez généralement dans un état pitoiable; leur restauration s’est faite sous ma

direction par un comité de peintres et de restaurateurs, et aujourd’hui, tous ceux qui ont déjà subi

le procédé auquel un petit nombre doit encore être soumis sont beaux et neufs, comme sortant de

l’attelier [râ] du peintre.

Je cite dans le nombre la fameuse descente de croix de Rubens, les couleurs s’en

détachaient par écaille, comme p/E: cela a eu lieu dans le Mariage de Ste Catherine à l’hôpital

de S1 Jean; tous ces éclats sont fixés; toute la crasse est enlevée; et jamais ce tableau ne fut plus

beau que maintenant.

Lorsque je fus à La Haye, je parlai au Roi de ce succès et de la grande facilité de

l’obtenir; j ’appelai l’attention de S.M. sur plusieurs tableaux de sa collection à La Haye et à

Amsterdam qui avaient le besoin le plus pressant d’une pareille restauration.

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58 TE X TE S : SOURCES D ’ARCHIVES

Quelques tems [jiV] après, M . de Repelaer convoqua un Comité des principaux

peintres du Royaume, M r Van Brée d ’Anvers en fut, et la [jiV], comme à Anvers, son procédé

qui est d ’une admirable simplicité prévalut; et sous les yeux du Roi et aux applaudissemens des

peintres présens [sic], les plus belles reproductions de Potter et YVouvermans, reprirent l’éclat de

leur jeunesse. M r Van Brée, chargé par le Roi d ’un grand tableau national pour lequel il lui faut

les portraits de Hembise et de sa femme, m ’accompagnera samedi matin à Bruges, il y passera

quelques jours avec moi; voici, Monsieur, ce que je désire. Q u ’on trouve quelques vieux tableaus

[wV], dont les couleurs se détachent et qui soit [m ’c] méconnaissable [jz'c] par la crasse qui les ronge !

Que ce soit un panneau ou une toile sans prix, et uniquement d ’essai ! Que l’expérience se fasse

devant le Gouverneur M r De Loen, M r De Croeser et les Membres de l’Académie ! Enfin que si

elle réussit (et c’est infaillible) on songe à conserver et à restaurer ce qui est unique au monde et

qui court les plus grands risques.

C ’est vous, Monsieur !, que j ’ose prier au nom des Arts de vous charger de cette

négociation après cependant vous être concerté avec M M . Winkelman et Ducq etc. Signé Le

Bn de Keverberg.

Pour extrait conforme

(s.) A. Sandelin

(AVB., Fonds Académie, n° 10, liasse 1818, 18 janvier 1818 (copie).

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TE X TE S : SOURCES D'ARCHIVES 59

... Ensuite M r van Brée après avoir expliqué que les crevasses et les écailles ont principalement

pour cause l’humidité et la sécheresse que [mV] contracte successivement la toile ou le bois, a dit, que

son procédé consistoit à appliquer sur le tableau une composition dont la qualité est d’amollir les

écailles de manière à les rendre pliables et flexibles, et de pénétrer même dans le bois en laissant

entre la croûte de la peinture et le bois, une matière collante, servant à fixer cette croûte sur le

bois et rendre la surface du tableau unie et lisse.

M r van Brée a déclaré ensuite que la matière qui réunissait toutes ces qualités était

la térébenthine de Venise dans lequel [jiV] il laisse fondre au bain marie une quantité de cire jaune

égale au quart du poids de la térébenthine. Il étend ensuite cette composition toute chaude sur

les endroits endommagés du tableau et la tient liquide au moien d ’un fer chaud qu’il présente à

une distance convenable pour ne pas trop chauffer la peinture, afin que cette matière pénètre

mieux dans le bois ou la toile; et pour que les écailles s’applanissent et se fixent peu à peu il

promène avec précaution le plat bout des doigts sur la partie endommagée en appuiant d’abord

très légèrement et en augmentant successivement la pression.

Il laisse le tout refroidir ce qui se fait dans peu de minutes; alors il se sert d ’un petit

bâton de bois de sureau et d’un bouchon dont le bout est applati obliquement et au moien duquel

il appuie plus fortement encore sur les écailles pour les fixer définitivement et en enlever en

même tems la plus grande partie de la matière superflue de sa composition. Enfin il lave l’endroit

restauré avec l’esprit de térébenthine et c’est alors que l’on aperçoit que toute la partie endommagée

est parfaitement rétablie sans qu’il soit porté la moindre atteinte à la couleur.

C ’est en opérant ainsi que M r van Brée est parvenu aujourd’hui et dans l’espace

de moins d ’une heure à réparer quelques endroits fortement endommagés du tableau sur lequel

il a fait son essai; l’opération auroit été moins longue si le bois du tableau n ’avoit pas été trempé

quelques tems [mV] auparavant dans l’eau, expressément pour rendre la démonstration plus sensible.

1 0

Circa 1818. Description des procédés de restauration de M . Van Brée.

(AEB., Modem Archief, 1ère série, n° 2097; R . D e w it t e , Over hel herstel van schilderijen van Oude Meesters, dans Annales de la Société d'Emulation de Bruges, t. L X V I, Bruges, 1923, pp. 45-48 ; ce document n ’a pu être retrouvé, le dossier qui devrait le contenir étant

vide).

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60 TEXTES : SOURCES D'ARCHIVES

6 février 1825. La Jointe de VAcadémie des Beaux-Arls de Bruges sollicite Vautorisation de faire restaurer

par le gantois Lorent la Vierge au chanoine van der Paele de Jean van Eyck. Elle insiste sur la dislocation

des joints du panneau.

KONINKLIJKE Schilderie van Brugge, 6 february 1825.

AKADEMIE j an y an £yCk

VAN B R U G G E

(Den 15 february 1825 geschreven aen

de Commissie te', goude bewaering om

advies. Rép. 2271.

Den 8 april 1825, de magtiging gegeven

om de herstelling te laeten doen door

den heer Laurant)

De President en leden der Koninklijke Akademie van Fraaye Kunsten, te Brugge,

heeft de eer U Edele Achtbare te berigten dat eene der schilderijen van JA N VAN EYCK , die

na de scheiding der Nederlanden van Frankrijk uit Parys is wederom gebragt en aan deze Akademie

terug gegeven, jammerlijk is beschadigd namelijk door de afrukking der deelen van het panneel,

welke eene spleet opleverd van boven tot onder.

Vernomen hebbende dat er te Gend zich bevind een persoon met name Laurant

die in herstel van schilderijen zeer ervaren is waar van hij reeds alhier blijkend heeft gegeven,

dat hij het beschadigde stuk reeds heeft gezien, en zich heeft aangeboden om het zelve te herstellen,

hebben wij het raadzaam gevonden van de talenten van den heer Laurant gebruik te maken om

de bedoelde schilderij van JA N VAN EYCK , mits Redelijke vergelding, in goeden staat te doen

brengen. Maar dewijl dit niet kan geschieden zonder de autorisatie van U Edele Achtbare, zoo

bidden wij U Edele na de Commissie belast met de bewaring de gedenkstukken gehoord te hebben

om die autorisatie te willen vergunnen.

De Secretaris,

(s.) Roels

Aan de stedelijke

Regering te Brugge.

(AVB., portefeuille Beaux-Arts. Monuments. 1815 a 1830, 6 février 1825; signalé par H. Pa u w e l s , Alusée Groeninge. Calalogue, Muséc comrnunal des Beaux-Arts, Bruges, 1963, p. 25, note 3).

1 1

De President,

(s.) F. Wynckelman

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TE X TE S : SOURCES D'ARCHIVES 61

15 février 1825. La Jointe de /’Académie des Beaux-Arts de Bruges sollicite Vautorisation de faire restaurer

par le ganlois Lorent la Vierge au chanoinc van der Paele.

REGEERING DER STAD B R U G G E Brugge, den 15 february 1825.

Onderwerp :

Schilderie van

Jan Van Eyck,

in de Academie.

Rep. n° 2271.

De President en Leden der Koninglijke Academie van Schilder-, Bauw- en Bccld-

houwkunste dezer stad komen ons te kennen geven dat de schilderie van Jan Van Eyck, in 1815

van Parijs wederom gebragt, jammerlijk is beschadigt door de losrukking namentlyk van het

panneel welk van boven tot onder gespleten is, en verzoeken de autorisatie om die schilderie te

mogen laeten herstellen door zekeren Laurant, van Gend, welken zij zeggen zeer ervaeren te zijn

in dat vak.

Alvoorens deze autorisatie te verleenen, wij bidden u Edel gestrenge wel te willen

gemelde schilderie gacn naerzien en informaticn te nemen op de bekwaemheijd van gemelden

Laurant en eijndelinge U Edel gestrenge gevoelens op die zaek, zoo spoedig mogelijk te laeten

toekomen.

Ter ordonnantie : Burgemeester en Schepenen,

Den Secretaris,

(s.) Scourion (s.) Bon de Croeser

Aen de Edel Gestrenge Heeren President en Leden der Commissie ter

goede bewaering van gedenkstukken van geschiedenis of kunst, te Brugge.

1 2

(AVB., portefeuille Beaux-Arts. Monuments. 1815 à 1830, 15 février 1825; copie dans Copie de lettres expédiées, portefeuille 1824-1826, registre du 3 ju in 1824 au 19 avril 1825, n° 33.780, 15 février 1825; signalé par H . P a u w e l s , Musée Groeninge. Catalogue, Musée communal des Beaux-Arts, Bruges, 1963, p. 25, note 3).

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62 TE X TE S : SOURCES D'ARCHIVES

25 mars 1825. La Commission brugeoise des Beaux-Arts accorde /’autorisation de faire restaurer par le gantois

Lorent la Vierge au chanoine van der Paele.

13

Op heden vif en twintigsten der maand Maart achtien honderd vif

en twintig ten vif uren des namiddags.

Ter gewoonelyke vergadering der Commissie van toezigt ter goede

bewaring van gedenkstukken van geschiedenis en kunst gevestigdt

te Brugge, alwaar tegenwoordig zyn geweest, de heeren Wynckel-

man, president, Vermeire (bedienende de plaats van sekretaris),

Calloigne, Mys en Dehondt.

Gezien den brief van de commissie toegezonden door Edele achtbare heeren der

regeering dezer stede van Brugge, van daten 15 dezer loopende maand Ner 2271 waar by de

commissie bericht word dat de heer President en leden der koninglyke Academie van Schilder,

Beeldhouw en Bouwkunsten dezer stad aan hunne Edele achtbare hebben voorgedragen dat de

schildery door Johan van Eyck in 1815 van Parys teruggebracht jammerlyk is beschadigd door

de losrukking van deszclfs panneel, ’t welke van boven tot beneden gespleeten is, met verzoek om

verlof te bekommen om dit kunststuk te doen herstellen door den heere Laurent van Gend, welken

zy als ervaren achten en dat vak; en by welken brief hun edele achtbare, voor alhier het zelfve

verlof toctcstaan, de commissie verzoeken om gemelde schildery natezien, de noodige berichten

te willen nemen wegens de bekwaamheed van den heere Laurent en hare gevoelens op de zaak,

zoo spoedig mogelyk te laten toekommen.

Ingezien dat de gedachte schildery aan alle de leden der commissie, ook deszelfs

jammerlyken staat genoegzaam bekend zyn, zoodanig dat het nazien der zelfve teenemaal

onnoodig is.

Ingezien dat de ervarenheid van den heere Laurent konstschildcr en schildery

vermaker te Gand, niet allcnclyk aan de leden der commyssie ook genoegzaam bekend, neen

maar ook dat hy reeds onlangs binnen deze stad daaraf blykens gegeeven lieift en verdiend den

lof der kunstkenners en oeffenaers dat hy zelfs als den eenige konstenaar moet beschouwt worden

aan wien de gevraagde herstelling van zulk dierbaar kunststuk mag worden toevertrouwt.

Overweegende dat het hoognodig is zoo tot de behouding der opgemeld schildery

als tot deszelfs meerderen luister, dat er zoo haast doenelyk overgegaan worde tot deszelfs schoon-

making en herstelling door eene bekwame en voorzigtege hand.

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TE X TE S : SOURCES D'ARCHIVES 63

Dc commissie is van gevoelens dat het verlof gevraagd door de heeren President

en Leden der Koninglykc Academie dezer stad dient te worden toegestaan.

Afschrift dezer zal by brieve toegezonden worden aan Edele Achtbare de heeren

der stedelyke regeering.

De President der Commissie, geteekend F. Wynckelman.

Ter ordonnantie. Geteekend Vermeere.

(AVB., portefeuille Beaux-Arts. Monuments. 1815 à 1830, 25 mars 1825; signalé par H . Pa u w e l s , Musée Groeninge. Catalogue, Musée communal des Beaux-Arts, Bruges, 1963, p. 25, note 3).

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64 TE X TE S : SOURCES D'ARCHIVES

14

7 juillet 1825. La Commission administrative des hospices civils de la ville de Bruges sollicite 1'autorisation

de faire restaurer les tableaux de l'hôpital Saint-Jean.

W E S T -VLAANDEREN Brugge, den 7sten Ju lij 1825.BESTUUR DER BURGERLIJKE

GODSHUIZEN VAN DE STAD BRUGGE

Onderwerp :

Gedenkstukken n° 4484 (den

15 julij 1825 de autorisatie gegeven

aen de burgerlyke godshuizen).

Ter gelegentheid van het verblijf in deze stad van zekeren Heer Laurent, bekent

voor eenen vermaarden en alle trauwe waardigen schilder, heeft men met zijne edel gehandeld

nopens het schoonmaken en repareren der fraaï gedenkstukken die zich in het Sl Jans hospitaal

bevinden; en daar dit werk slegter tot ongeveer de twee honderd guldens zoude konnen belopen,

wy nemen de vryheid aan Uwe Edel Achtbare er den uitvoer van voor te stellen en te verzoeken

de daar toe noodige autorisatie.

De Kommissie der burgerlijke godshuizen van de stad Brugge.

Aan de Stedelijke regering van Brugge.

(AVB., portefeuille Beaux-Arts. Monuments. 1815 à 1830, lettre du 7 juillet 1825).

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TE X TE S : SOURCES D'ARCHIVES 65

13 juillet 1825. La Commission brugeoise des Beaux-Arts émet un avis favorable sur la restauration des

Memlinc de l'hôpital Saint-Jean par le sieur Lorent.

15

Op heden woensdag dertienden der maand Julius achtien

honderd vif en twintig om vif uren en half der namiddags.

Ter buitengewoonlyke vergadering der commissie van toezigt ter goede bewaring

van gedenkstukken van geschiedenis of kunst gevestigd te Brugge alwaar tegenwoordig zyn

geweest de heeren Wynckelman, president, Imbert de Stoop, Vermeere, Calloigne, van den Steen,

sekretaris, Dumery en Dehondt.

Gezien den brief toegezonden door Edele achtbare de heeren der stedelyke regering

van dato 12 dezer nummer 2742, om consideratien en advis op zegtelyk de vraag gedaan door

het bestuur der burgerlyke godshuizen dezer stad; by verzoek brief van den 7sten dezer maand,

(alhier ook gezien) om door den heer Lorent, zich thans binnen deze stad bevindende, te laten

schoonmaken en herstellen de koostbare gedenkstukken van Hemling die zich bevinden in Sint

Jans hospital binnen deze gemelde stad.

Waar op beraamd hebbende.

Ingezien dat de gestaathede van gedachte kunststukken hoogst veruscht eene dade-

lyke schoonmaking en herstelling, dat het verblyf in deze stad van den heer Lorent en deszelfs

bekende zorg en ervarenheid in dat vak eene gunstige gelegenheid op tuverd (?) om dat werk

te laten verrichten.

De commissie is van gevoelen dat de gevraagde autorisatie dient te worden vergunt [...].

(AVB., portefeuille Beaux-Arts. Monuments. 1815 à 1830, 13 juillet 1825).

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66 TE X TE S : SOURCES D'ARCHIVES

15 mars 1850. Le comte de Beaujfort et F. Navez signalent au gouvernement le mauvais état de conservation

du Mariage mystique de sainte Catherine de Hans Memlinc.

Bruges, le 15 mars 1850.

16

Monsieur le Ministre,

Nous nous sommes rendus à Bruges, le 13 du courant, et avons visité les tableaux

si remarquables qui se trouvent à l’Hôpital St. Jean. Nous croyons devoir appeler votre spéciale

attention sur l’état dangereux dans lequel se trouve une partie des draperies du tableau

d’Hemling, représentant le Mariage mystique de Ste Catherine.

La couleur des draperies, des figures de la Ste Vierge et de Ste Barbe (notamment

celles d ’un ton vert) est boursoufïîée [jîV] et les écailles qui se sont formées peuvent se détacher d ’un

moment à l’autre. Nous pensons qu’il serait urgent de prendre, le plus tôt possible des précautions

minutieuses pour sauver ce précieux objet d ’art.

Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l’assurance de notre haute considération.

(Signés) Cte A. de Beauffort

F.J. Navez

Pour copie conforme :

Le Greffier de la Province,

(s.) [illisible]

A Monsieur le Ministre de l’intérieur.

(AAPB., Karton K2, Dossier 44, Farde relative à la restauration du tableau de Memlinc représentant le mariage mystique de Ste Catherine, ainsi qu'aux autres tableaux à l'hôpital St. Jean, pièce 1, copie).

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TE X TE S : SOURCES D'ARCHIVES 67

9 avril 1855. La Commission des Hospices civils avise l’administration communale de restaurations effectuées

au Mariage mystique de sainte Catherine par le sieur Maes.

17

Bruges, le 9 avril 1855.

N° 30704

Messieurs,

Comme suite à la lettre que vous nous avez fait l’honneur de nous adresser le

23 mars dr, nous venons vous informer que nous avons fait exécuter dans le courant de l’année

dernière quelques réparations qui nous paraissaient urgentes au magnifique tableau de Memling,

représentant le mariage mystique de Stc Catherine et les épisodes de la vie de S1 Jcan-Baptiste et

de S1 Jean l’Evangéliste. Elles ont été effectuées à notre satisfaction par le Sr Maes, restaurateur

en cette ville. Il nous serait agréable de voir que la Commission des monuments, qui a signalé cet

objet à l’attention de l’autorité supérieure, voulût bien, à l’occasion d ’une de ses prochaines

visites, se rendre sur les lieux pour examiner de nouveau le chef-d’œuvre; et si elle estimait alors

que d ’autres ouvrages sont indispensables, elle nous obligerait en signalant le nom de ceux d ’entre

les artistes belges qui lui paraîtraient le plus à même de les entreprendre.

La Commission administrative des hospices civils de la Ville de Bruges.

A l’Administration communale à Bruges.

(AVB., portefeuille Beaux-Arts, 1849-1858, 1 dossier Beaux-Arts : Tableau de Hemling. Mariage mystique de S. Catherine. Restauration.1850-1858, original du 9 avril 1855).

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68 T E X TE S : SOURCES D'ARCHIVES

8 septembre 1855. La Commission administrative des Hospices civils de la ville de Bruges précise la nature

des restaurations effectuées par le sieur Maes au Mariage mystique de sainte Catherine et justifie sa position

quant au règlement provincial de 1845.

N° 31.338 Bruges, le 8 septembre 1855.

Messieurs,

Par votre lettre du 3 du mois courant, Secrétariat Répre A. n° 11, vous nous avez

fait l’honneur de nous demander en quoi consistent les réparations faites au tableau représentant

le mariage mystique de ste Catherine et pourquoi, avant d ’entreprendre ces travaux, nous n’avons

pas observé toutes les formalités du § 2 de l’art. 8 du règlement provincial du 9 juillet 1845.

En réponse à cette communication nous nous empressons de vous faire connaitre

que les restaurations dont il s’agit nous ont paru trop peu importantes pour en saisir l’autorité

supérieure.

Le peintre Maes avait été chargé de réparer et de vernir quelques portraits et d ’autres

tableaux d ’une valeur secondaire à l’hôpital S1 Jean; pendant ce temps nous avons remarqué

qu’il y avait près des bords du cadre du grand tableau de Hemling, notamment au bas du panneau,

quelques petits points blancs, qui, pour être d ’une dimension extrêmement restreinte, n’en faisaient

pas moins un très fâcheux effet et nuisaient à l’aspect de cette partie du chef-d’œuvre. L ’artiste

qui se trouvait sur les lieux a entrepris de remplir ces petites lacunes; il lui a suffi de quelques

minutes pour s’acquitter de cette besogne.

L ’opération était si peu importante et elle a été, d ’ailleurs, exécutée avec tant de

soin, qu ’il serait difficile sinon impossible à l’œil exercé d ’un artiste, d ’en découvrir les traces.

Nous aurions volontiers attendu quelque temps pour procéder à cette restauration mais il nous

a semblé très désirable de la faire exécuter immédiatement, parce que nous étions alors au mois

de ju in, à l’époque où les visiteurs étrangers affluent en plus grand nombre dans nos murs.

Nous n ’avons pas besoin, Messieurs, de vous dire combien nous apprécions 1 impor­

tance des décisions sanctionnées par le règlement provincial de 1845. Notre lettre du 9 avril

dernier n° 30.704 en est une nouvelle preuve : elle a, en effet, pour objet, de vous prier d ’appeler

l’attention de la Commission des monuments sur les réparations urgentes qu’il y aurait lieu de

faire au tableau dont il s’agit.

La Commission administrative des hospices civils de la ville de Bruges.

Au Collège échevinal à Bruges.

18

(AVB., portefeuille Beaux-Arts, 1849-1858, 1 dossier Beaux-Arts : Tableau de Hemling. Mariage mystique de sainte Catherine. Restauration.1850-1858, original du 8 septembre 1855).

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TE X TE S : SOURCES D'ARCHIVES 69

15 novembre 1855. Le gouverneur de la Flandre occidentale commente les restaurations effectuées par le sieur

Maes au Mariage mystique de sainte Catherine, recommande la plus grande prudence et réclame l'inter­

vention de la Commission royale des Monuments.

19

PROVINCE

DE LA FLANDRE OCCIDENTALE3° DIVISION

N° 24840

Bruges, le 15 novembre 1855.

Messieurs,

Vous m ’avez fait parvenir avec votre lettre du 20 septembre dernier, Secrétariat

Répre A. n° 232/1, les explications données par la Commission des hospices civils de Bruges, par

suite de la demande que vous lui avez adressée, à l’effet de savoir en quoi consistent les réparations

que la Commission a fait effectuer au tableau représentant le mariage mystique de Ste Catherine

et pourquoi, avant d ’entreprendre ces travaux, elle ne s’est pas conformée au Règlement provincial

du 9 juillet 1845.

Il résulte de ces explications que l’on s’est borné à faire disparaître près des bords

du cadre, notamment au bas du panneau, quelques petits points blancs qui, pour être d ’une

dimension extrêmement restreinte, n ’en faisaient pas moins un très fâcheux effet et nuisaient à

l’aspect de cette partie du chef-d’œuvre. Je ne puis que faire de nouveau l’observation qu’il

importe qu’on ne touche pas à des productions d ’art, surtout à des œuvres aussi importantes que

celles de Hemling, sans qu’on ait pris toutes les précautions désirables. Ces précautions font

l’objet des dispositions du Règlement.

Je remarque que la Commission a fait réparer quelques portraits et d ’autres tableaux

d’une valeur secondaire, portent les explications [«V]. Le cabinet des hospices, outre ses princi­

paux chefs-d’œuvre, est extrêmement remarquable dans son ensemble. Il serait très regrettable

que quelques-unes de ses toiles, fussent détériorées par des restaurations inopportunes ou peu

heureuses; dans un cabinet, certains tableaux que l’on considère comme n ’ayant qu’une valeur

secondaire, surtout relativement aux œuvres les plus précieuses, n ’en peuvent pas moins être très

importants. D ’ailleurs les opinions peuvent varier au sujet de cette valeur. Dans tous les cas, il

était désirable qu’avant d ’effectuer les restaurations, l’on se conformât au règlement. Je suis

persuadé que la Commission instituée à Bruges dans l’intérêt de la conservation des objets d ’art,

se serait empressée de répondre à l’appel que la Commission des hospices aurait fait à ses appré­

ciations et à ses conseils.

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70 TE X TE S : SOURCES D'ARCHIVES

Quant au tableau de Hemling, le mariage mystique de Ste Catherine, vous savez

que quelques membres de la Commission Royale des Monuments ont signalé cette œuvre comme

exigeant des réparations urgentes. La Commission locale de Bruges m ’a informé, au contraire,

qu’elle a toujours considéré cette restauration comme dangereuse et inutile. Elle a ajouté qu’après

un examen attentif dont s’étaient chargés deux de ses membres, il avait été reconnu que le tableau

se trouvait dans un état de conservation très satisfaisant et qu’il ne réclame que l’application d ’un

léger vernis à l’extérieur des volets.

Ces appréciations divergentes de la part d ’hommes compétents, prouvent de nouveau

combien il faut être prudent lorsqu’il s’agit de restauration d ’objets d ’art. Je pense, Messieurs,

que le moyen le plus sûr pour pouvoir sortir de l ’incertitude où les avis dont il s’agit nous placent,

serait de prier la Commission Royale, lors de la prochaine tournée de quelques-uns de ses membres,

d ’inviter ceux-ci à se mettre en rapport avec la Commission locale, à l ’effet d’examiner le tableau

ensemble et de faire ensuite connaître leurs appréciations.

Toutefois, avant d ’écrire à la Commission Royale, j ’attendrai, Messieurs, votre

réponse à la présente.

Le Gouverneur,

(s.) A. de Vrière

A l’Administration communale de Bruges.

(AVB., portefeuille Beaux-Arts, 1849-1858, 1 dossier Beaux-Arts : Tableau de Hemling. Mariage mystique de Sainte Catherine. Restauration.1850-1858, original du 15 novembre 1855).

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TE X TE S : SOURCES D'ARCHIVES 71

11 août 1856. Rapport d'Etienne Le Roy sur l'état de conservation de la Vierge au chanoine van der Paele

de Jean van Eyck et du triptyque du Baptême du Christ de Gérard David.

Bruxelles, le 11 août 1856.

Monsieur le Comte,

J ’ai l’honneur d ’appeler votre attention au sujet des deux tableaux appartenant au

Musée de l’Académie de Bruges, que nous avons examinés dernièrement avec Messieurs Navez

et Dugniolle, et qui réclameraient quelques légères réparations.

Le premier de ces panneaux est le triptyque peint par Hemling, représentant le

Baptême de Notre-Scigneur. La peinture des volets extérieurs a souffert des détériorations; dans

les habillements de la Vierge plusieurs parties sont écaillées, et même en deux ou trois endroits

la couleur en est déjà tombée. Le même mal se remarque dans le second volet, notamment dans

la draperie rouge ainsi que dans le fond, près de l’architecture, qui a une assez grande partie

soulevée.

Le deuxième tableau est le grand Van Eyck représentant la Sainte Vierge avec

PEnfant Jésus assise sur un trône. La draperie placée derrière la Vierge est écaillée en plusieurs

endroits. Ce tableau est traversé horizontalement par une restauration qui a été très mal faite

dans le temps, pour cacher le joint du panneau et qu’il faudra faire disparaître. Je suis certain,

qu’on a passé fort inutilement sur la peinture originale que l’on pourra probablement faire

reparaître sans difficulté.

Les travaux à faire à ces œuvres consisteraient, Monsieur le Comte, à refixer avec

le plus grand soin les parties soulevées, à restaurer les parties qui sont endommagées et à les

revernir ensuite légèrement; ces divers travaux seraient peu dispendieux mais il y a urgence à les

exécuter le plus tôt possible au Baptême de N.S. si l’on veut éviter d’avoir de nouveaux dégâts à

déplorer dans cette belle œuvre.

Quant au Van Eyck, il n ’y a pas nécessité pour le moment.

Daignez agréer, Monsieur le Comte, l’assurance de mon profond respect.

(s.) Etienne Le Roy

A Monsieur le Comte A. de Beauffort,

Président de la Commission royale des Monuments.

20

(ACRM ., indicateur n° 8342, 11 août 1856).

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72 TE X TE S : SOURCES D'ARCHIVES

11 août 1856. Rapport technique d'Etienne Le Roy sur le Mariage mystique de sainte Catherine de

Hans Memlinc.

2 1

Devis des travaux de réparation à faire aux tableaux composant le triptyque peint

par Hemling, représentant le mariage de Sainte Catherine, et appartenant à l’hôpital Saint Jean,

à Bruges.

1° Le sujet principal, représentant le Mariage mystique de Sainte Catherine, est en assez bon

état, à l’exception de quelques petites parties telles que : dans le manteau de la Vierge, le voile

du côté du bras droit, et le tapis sur lequel elle est où la couleur est écaillée et se soulève

du panneau, dans la robe verte de sainte Barbe, qui a été mastiquée et repeinte et dont la couleur

tend à se détacher ainsi que dans le fond près de St. Jean où l’on remarque des endroits écaillés

mais de peu d ’importance.

2° Le volet de droite du retable, la décollation de Saint Jean Baptiste. Des parties de couleur

soulevée et écaillée existent dans le vêtement du jeune seigneur, notamment à la main où une

boursoufflure [jiV] est prête à tomber, dans la tunique du vieillard, laquelle a souffert, dans le voile

et le vêtement de Salomé; le bas de la robe verte de cette figure a été mastiqué et repeint, des

parties tendant à se soulever s’y remarquent encore ainsi que dans la draperie de St. Jean, et

dans quelques autres endroits de ce volet.

Le revers de ce panneau, représentant les portraits de deux frères hospitaliers,

sous le patronage de St Jacques de Compostelle et de St. Antoine l’ermite, a également souffert

et réclame des soins.

3° Le volet de gauche.

La tunique de St Jean est en plusieurs parties écaillée et la préparation se détache

du panneau ainsi que dans le fond du paysage où quelques parties ont été anciennement masti­

quées et restaurées. Le revers de ce volet représentant les portraits de deux sœurs hospitalières

sous l’invocation de sainte Agnès et de sainte Claire est celui d ’entre tous ces tableaux qui a le

plus souffert; on y remarque de nombreux repeints et des parties écaillées s’y trouvent en grand

nombre, notamment dans le haut de la composition.

Les travaux à exécuter pour mettre ces chefs-d’œuvre en état de conservation,

consisteraient à repérer les parties susceptibles de l’être, avec tout le soin et la prudence qu’exige

un tel travail, ensuite à harmoniser les anciennes retouches, là où il sera nécessaire de le faire, et

à renouveler par un léger vernis celui qui existe actuellement.

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J ’estime que ce travail nécessiterait une dépense qui ne s’élèverait pas au delà de

quinze cents francs.

Bruxelles, le 11 août 1856. (signé) Etienne Leroy.

Pour copie conforme : le Secrétaire général du Ministère de la Justice.

(signé) de Crassier.

Pour copie conforme.

Le Secrétaire de la Commission des Hospices civils de la ville de

Bruges.

(s.) Bethunc-d’Ydewalle.

T EXTES : SOURCES D'ARCHIVES 73

(AAPB., ICarton K 2, Dossier 44, Farde relative à la restauration du tableau de Memlinc représentant le mariage mystique de Ste Catherine, ainsi qu'aux autres tableaux à l'hôpital St. Jean, pièce 15, 11 août 1856).

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74 TE X TE S : SOURCES D'ARCHIVES

20 septembre 1856. La Commission administrative des Hospices civils de la ville de Bruges récuse les décisions

de la Commission royale des Monuments relatives à la restauration par Etienne Le Roy du Mariage mystique

de sainte Catherine de Hans Memlinc. De plus, elle se déclare dans l'impossibilité de payer le prix de celle-ci,

soit 1.500 francs.

Bruges, le 20 septembre 1856.

No 33.247

Messieurs,

Nous avons l’honneur de vous adresser ci-joint de retour les lettres de Monsieur

le Gouverneur de la province des 30 juillet et 30 août, 3ème D on n° 24.840 et 32.254, ainsi que le

rapport de la Commission royale des monuments et le devis y annexé que vous nous avez transmis

en communication, par vos apostilles des 30 juillet et 2 de ce mois, Répre A. n° 232.

Nous avons été extrêmement surpris, Messieurs, en lisant dans le rapport prérappelé

de la Commission royale des monuments que Messieurs les délégués de cette Commission et

Monsieur Etienne Le Roy ont constaté, de concert et à l’unanimité avec les Membres délégués

de notre administration, qu ’il y a utilité de faire quelques travaux de restauration au tableau de

Hemling, représentant le mariage mystique de Ste Catherine et qui se trouve à notre hôpital

St Jean.

Cette allégation n ’est pas exacte et nous devons la repousser bien loin.

Nos délégués, Monsieur le Président D ’Hanins de Moerkcrke et Monsieur Coppieters-

Arents étaient sur l’invitation de Monsieur le Gouverneur de la province, présents, il est vrai,

quand, le deux août dernier, Messieurs les délégués de la Commission royale des monuments et

Monsieur le Roy ont examiné le susdit tableau; mais ces trois Messieurs après avoir conféré entre

eux et uniquement entre eux, sont partis sans faire la moindre communication à aucun de nos

deux délégués.

Ainsi donc ces deux délégués loin d ’avoir pris part à une décision quelconque n ’ont

pas même été consultés.

En présence de ces faits et comme d’une part d ’ailleurs, les travaux de restauration

dont nous avons parlé tantôt, ne sont pas nécessaires, que d ’autre part il n ’y a pas de fonds

disponibles pour payer les 1,500 francs demandés par Monsieur Etienne Le Roy et que la plus

grande économie possible nous est aujourd’hui vivement recommandée, nous avons résolu que,

22

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TE X TE S : SOURCES D'ARCHIVES 75

pour le moment, il ne sera pas touché à notre tableau de Hemling, et qu’aussi nous entendons

conserver notre droit d’intervenir dans le choix à faire de l’artiste qui plus tard serait chargé d’y

faire des restaurations quelconques.

Quant au local spécial pour y placer les œuvres artistiques que l’hôpital S4 Jean

renferme, il a été compris dans le plan d’ensemble du nouvel hôpital.

La Commission administrative des hospices civils de la Ville de Bruges.

Au Collège échcvinal à Bruges.

(AVB., portefeuille Beaux-Arts, 1849-1858, 1 dossier Beaux-Arts : Tableau de Hemling. Mariage mystique de sainte Catherine. Restauration.1850-1858, original du 20 septembre 1856).

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76 TE X TE S : SOURCES D'ARCHIVES

3 novembre 1856. Rapport de la Commission brugeoise chargée de donner son avis sur l'état de conservation

du Mariage mystique de sainte Catherine de Hans Memlinc.

23

Rapport sur le tableau de Hemling représentant le Mariage Mystique de Ste Catherine

[f° 2]. Compte-rendu de la commission nommée pour dresser un rapport détaillé sur l’état de

conservation et de détérioration du tableau de Hemling à l’hôpital S* Jean de cette ville et

représentant le Mariage Mystique de Ste Catherine.

Sur l’invitation de Messieurs les Bourgmestre et Echevins de la Ville de Bruges,

nous soussignés nous sommes rendus le 3 novembre 1856 au Musée de l’hôpital et après avoir

examiné aussi attentivement que possible la magnifique page de Hemling nous avons constaté

d’un commun accord les retouches modernes suivantes ainsi que quelques gerçures, principale­

ment dans le bas de la robe de sainte Barbe et vers le haut de sa manche. Ces retouches nous

paraissent avoir été faites à l’huile et dater d’une trentaine d’années; on en remarque encore une

dans la manche de la [f° 2v.] Vierge, il n’en existe aucune autre dans tout le grand panneau du

milieu, si ce n’est quelques pointillés invisibles à distance.

Une seule boursoufflure [jzV] existe dans ce panneau. Elle se trouve dans le terrain au

dessus de la tête de sainte Catherine. La couleur, simplement soulevée n’offre aucune trace de

lésion et son adhérence aux parties fixes est telle, qu’il n’y a aucune crainte de la voir tomber.

Après un examen sévère de toutes les parties du tableau, nous n’avons pu découvrir la moindre

altération dans les chairs; leur conservation est parfaite et nous en avons conclu à l’unanimité

qu’il n’y avait nullement lieu de procéder à une restauration de ce chef-d’œuvre dont la conser­

vation nous paraît assurée pour un grand nombre d’années encore.

Le volet de droite n’a pas moins attiré notre attention, et nous avons [f° 3] pu

constater également quelques retouches à l’huile qui nous ont paru être de la même époque;

elles n’existent que dans les terrains, surtout sous le ventre du cheval du cavalier bardé de fer, et

dans le rocher sur lequel se trouve assis S1 Jean écrivant l’Apocalypse. Aucune boursoufflure [j£e]

ou gerçure ne se fait remarquer dans ce panneau; les chairs sont également inaltérées, et nous

émettons comme pour le premier l’avis, qu’aucune restauration n’est urgente pour ce compar­

timent.

Le volet de gauche, représentant la décollation de S1 Jean, se trouve le mieux

conservé; son état de conservation est tel que nous émettons vivement le vœu qu’il n’y soit pas

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TE X TE S : SOURCES D'ARCHIVES 77

touché. Une très légère retouche nous a paru exister dans le haut de la robe d’Hérodiade; nous

n’avons pu en découvrir aucune autre si ce n’est dans quelques parties du fond, et encore ce ne

sont [f° 3v.] que des pointillés sans apparence.

Un soulèvement assez marqué de la couleur, y compris la pâte d’apprêt, se trouve

sur le doigt indicateur et un peu sur le justeaucorps du personnage placé à gauche. Pour cette

boursouflure [«V] comme pour la première que nous avons signalée, aucun danger n’existe de la voir

grandir ou s’écailler, aucune fissure ne permettant la circulation de l’air ou l’introduction de

l’humidité.

On peut être parfaitement rassuré, aucun accident n’est à craindre de ce côté. Deux

ou trois petites bosses se remarquent encore sur les bords du tableau, ainsi que sur le fourreau de

l’épée du bourreau, mais elles n’ont pas un millimètre de rayon. Les chairs sont aussi parfaitement

conservées que dans les deux autres panneaux examinés, et nous concluons pour ce volet qui

complète le magnifique triptyque, qu’il n’y a nullement lieu de lui faire subir la moindre [f° 4]

retouche ou restauration. Bien qu’il y ait des parties entièrement embues et d’autres luisantes,

ces dernières appartiennent aux retouches à l’huile; nous pensons qu’un vernis, quel qu’il soit,

pourrait avoir des conséquences graves, en s’introduisant dans les rares gerçures, il pourrait par

la dilatation ou autres causes, mettre en mouvement les parties légèrement altérées du tableau

dont la stabilité nous semble acquise pour un laps de temps qu’on ne saurait déterminer.

Fait en séance à Bruges, le 3 novembre 1856.

Ed. WALLAYS, GENISSON, J.B. VAN ACKER

(AVB., portefeuille Beaux-Arts, 1849-1858, 1 dossier Beaux-Arts : Tableau de Hemling. Mariage mystique de Ste Catherine. Restauration.1850-1858, original du 3 novembre 1856).

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78 TE X TE S : SOURCES D'ARCHIVES

7 mai 1857. La Commission locale des Beaux-Arts préconise le restaurateur brugeois Callewaert pour la

restauration du Mariage mystique de sainte Catherine de Hans Memlinc.

Bruges, le 7 mai 1857.

Messieurs,

Nous nous empressons de répondre à votre lettre du 28 avril 1857, par laquelle

vous nous priez de bien vouloir vous guider dans l’appréciation d’un conflit qui s’est élevé entre

la Commission royale des monuments et l’administration des Hospices civils, au sujet des restau­

rations à effectuer à un tableau de Memling déposé à l’hôpital S1 Jean et représentant le mariage

mystique de Ste Catherine.

Votre commission, après un sérieux examen, avait depuis longtemps, émis l’opinion

consignée dans ses procès-verbaux, que cette réparation ne lui paraissait pas urgente. Le 2 août

1856, plusieurs de ses membres ont été invités par les délégués de la Commission royale, à examiner

de nouveau cet objet d’art et à constater la nécessité des restaurations.

Voici, Messieurs, le résultat de cet examen.

Le tableau présente, en effet, quelques ampoules ou boursouflures [mc] dont la dispa­

rition nous paraît désirable, sans être, toutefois, d’une bien grande nécessité.

Dans tous les cas, nous considérons le travail de restauration comme insignifiant

et plus matériel qu’artistique. Mais, eût-il même ce dernier caractère, nous n’hésitons pas à vous

déclarer qu’il existe à Bruges des artistes tout-à-fait capables de le mener à bonne fin. Nous nous

permettrons même de vous signaler le peintre Callewaert, dont le talent de restaurateur n’a plus

besoin d’épreuves, après les travaux importants qu’il a exécutés avec autant d’habileté que de

modestie.

Veuillez agréer, Messieurs, l’assurance de notre parfaite considération.

La Commission instituée pour la conservation des objets d’art.

Le Secrétaire, Le Vice-Président,

(s.) Bouvez (s.) J . Steinmetz

A l’Administration communale de Bruges.

24

(AVB., portefeuille Beaux-Arts, 1849-1858, 1 dossier Beaux-Arts : Tableau de Hemling. Mariage mystique de Ste Catherine. Restauration.1850-1858, original du 7 mai 1857).

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TEXTES : SOURCES D'ARCHIVES 79

12 février 1858. Le Conseil communal de la ville de Bruges décrète que la restauration du Mariage mystique

de sainte Catherine de Hans Memlinc par E. Le Roy n'est pas nécessaire.

[Séance du 12 février 1858]

Monsieur le Bourgmestre fait connaître que déjà depuis deux ans, la Commission

royale des Monuments a signalé à M. le Ministre de la Justice l’état prétendument défectueux du

tableau de Memling représentant le Mariage mystique de Ste Catherine et qu’elle a proposé d’y

faire effectuer par M. Leroy, restaurateur de tableaux à Bruxelles, des travaux de réparation à

concurrence de 1500 Fr. ; que la Commission des Hospices, propriétaire de ce chef-d’œuvre, ayant

contesté l’urgence de ces réparations, le Collège, de l’avis conforme de la Commission des Beaux-

Arts, avait chargé M M . Génisson père, Jean Van Acker et E. Wallaeys, directeur de l’Académie,

d’examiner le tableau dont il s’agit et que ces artistes, dans un rapport longuement motivé, ont

exprimé l’opinion que bien qu’il existe quelques boursouflures [w] dans ce tableau, il n’y a pas

lieu néanmoins de faire subir de retouche ou restauration à ce chef-d’œuvre.

M. le Bourgmestre ajoute que ce rapport a été communiqué à M. le Gouverneur

de la Province ainsi qu’au département de la Justice, et que le chef de ce département a témoigné

le désir de recevoir à ce sujet l’avis du Conseil communal et de la Députation permanente, qu’un

supplément d’information a été fait sur la demande d’avis à la Commission provinciale chargée

de la conservation des objets d’art et que celle-ci, par son rapport du 7 mai 1857 a fait connaître

que le travail de restauration ne lui paraît pas urgent; qu’il est insignifiant et plus matériel

qu’artistique et que quand bien même il aurait ce dernier caractère, le peintre Callewaert de

Bruges est un artiste parfaitement capable de le mener à bonne fin.

Le Conseil délibérant sur cette communication, décide à l’unanimité adopter les

vues émises dans le rapport de M M . Génisson, Van Acker et Wallaeys ainsi que dans la lettre

de la Commission provinciale.

25

(AVB., Résolutions du Conseil communal de la ville de Bruges, registre n° 30, 15 janvier 1858- 21 avril 1860, f08 7r.-7v.).

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80 TEXTES : SOURCES D'ARCHIVES

8 juillet 1858. Le photographe bruxellois E. Fierlants ayant sollicité Vautorisation de photographier les Memlinc

de l'hôpital Saint-Jean, la commission instituée à cet ej/et, émet un avis favorable.

26

En présence de la demande d’avis, qui nous a été adressée par le Collège échevinal

de Bruges sur cette question, s’il y avait lieux [mV] d’accorder l’autorisation de photographier les

tableaux de Hemling à l’hôpital S1 Jean en cette ville, nous devons déclarer qu’aucune considération

étrangère ou locale de quelque nature qu’elle soit, n’a pu avoir la moindre influence sur l’avis

motivé que nous avons l’honneur de présenter en réponse à la question qui nous a été posée.

L ’esprit du siècle tend évidemment à répandre autant que possible parmi le public et le peuple

en général le gout [«V] des Sciences et des Arts. Le Gouvernement belge en créant le Muséum

populaire, s’est proposé en vulgarisant et en répandant à profusion dans toutes les classes de la

société, les images de nos chef d’œuvres [jîV] [f° lv.], de rendre le peuple fier des richesses qu’il

possède et par conséquent de l’attacher à leur conservation, il en résulte aussi une plus value de

ces mêmes chef d’œuvres [mc], par l’admiration et le respect qu’ils inspirent.

Une administration possédant des œuvres d’art du plus haut mérite pourrait-elle

sans soulever des rumeurs, repousser toute mesure qui tendrait à leur donner de la publicité ?

Nous ne le pensons pas, et nous en concluons qu’il y a lieu en principe, de permettre la réproduc­

tion [jîV] des tableaux de l’hôpital S1 Jean au moyen de la photographie. Mais les administrateurs

ou conservateurs de ces objets ont, il nous semble, à s’enquérir si les personnes se proposant pour

cette reproduction offrent les garanties suffisantes pour atteindre le but ci-dessus mentionné, car

sans cette précaution les demandes pourraient se multiplier à l’infini, et les images mal rendues

devenir une spéculation commerciale peu digne de leur objet. [f° 2] Nous nous rappelions fort

bien que, dans le dernier rapport que nous avons eu l’honneur de présenter au Collège échevinal

au sujet de l’état de conservation du grand tableau de Hemling, le Mariage mystique de

Ste Catherine, nous recommandions la plus grande prudence pour cette œuvre capitale. Nous

étions donc unanimement d’avis de ne pas admettre le déplacement de ce tableau, lorsque nous

avons pensé qu’on pourrait par exception l’accorder une seule et unique fois en prenant les

précautions les plus rigoureuses. Ce qui a motivé ce nouvel avis, c’est que ce déplacement nous

permettrait d’examiner scrupuleusement l’état de conservation du panneau, qui depuis quarante

trois ans n’a pas vu le jour; il pourrait s’y être introduit des mites ou vers rongeurs et dans ce cas

il faudrait prendre des mesures énergiques pour combattre leur [«V] ravages.

S’il arrivait que deux photographes à mérite égal, adressaient simultanément la

même demande, nous pensons qu’on pourrait leur accorder la même [f° 2v.] faveur. Nous pensons

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TE X TE S : SOURCES D'ARCHIVES 81

aussi que dans aucun cas, dans l’avenir on ne devrait admettre le déplacement du grand tableau.

Nous sommes aussi unanimement d’avis que prendre des épreuves photographiées d’un tableau

ne peut en aucune façon lui apporter la moindre altération matérielle, toutefois nous pensons

qu’on pourrait prescrire au photographe, de faire ses opérations chimiques dans un autre local.

Ainsi délibéré et arrêté

par nous ce 8 juillet 1858.

(s.) J.B. Van Acker, Génisson, E. Wallays

(AVB., portefeuille Beaux-Arts, 1849-1858, 1 dossier Beaux-Arts. Photographie des peintures de llemling, année 1858, orig ina l d u 8 ju ille t

1858; éd ité p a r J.-P. Sosson , Les Primitif s flamands de Bruges et les premiers albums de reproductions photographiques, à para ître dans Bulletin de l'institut royal du Patrimoine artistique, t. V III ) .

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82 TE X TE S : SOURCES D'ARCHIVES

Circa novembre 1861. La Jointe de /’Académie (? ) envoie, suite à un article d’A. Siret reproduit dans un

journal brugeois, un droit de réponse à ce journal réfutant les allégations d’A. Siret.

Monsieur le Rédacteur,

Le N° du 31 oct. 1861 du Journal des Beaux-Arts de Mr Siret contient un article

reproduit (dans vos colonnes) par d’autres journaux et intitulé Comment on conserve les anciens

tableaux à Bruges. Si l’auteur [?] n’accusait pas l’ignorance la plus complète du sujet qu’il traite

— ce qui le rend simplement ridicule — {barré : pour les personnes compétentes), nous croyons

que les personnes préposées à la conservation des vieux trésors de l’Ecole de Bruges et qu’on y

accuse « d’être tellement dévorées de la soif du lucre jusqu’à oublier dans leur aveuglement le

sentiment de leur position », relèveraient sans retards ces phrases outrecuidantes, burlesques et

impolies. Mais heureusement pour les Membres de la Direction de l’Académie, le musée est ouvert

au public et chacun peut constater la malveillance (la réalité des reproches) de l’auteur de la

Correspondance Brugeoise {en surcharge : la valeur des allégations de la feuille artistique).

Nous avons rendu une nouvelle visite aux chefs d’œuvre que nous étudions avec

amour depuis bien des années et nous avons reconnu en tout point la fausseté (malveillant, exagé­

ration) des allégations du Journal des Beaux-Arts.

On s’y plaint de l’humidité de la salle des gothiques et l’on demande que l’on fasse

de temps en temps du feu pour chasser l’élément destructeur. L ’auteur ne sait donc pas que depuis

le 1 er Oct. jusqu’au 30 mars, il brûle tous les soirs pendant trois heures 300 becs de gaz dans les

salles de l’Académie et que chaque bec au dire du physicien dégage en une heure assez de calorique

pour porter à 100° un hectolitre d’eau à 0°. Ne sait-il pas d’autre part que la grande salle de

cérémonie et le musée des statues antiques s’ouvrent par deux grandes portes sur la salle d’exposition

des tableaux gothiques et que cette circulation constante de l’air est la meilleure garantie contre

l’humidité? Le musée est pavé en dalles, dit-on, raison absolue d’humidité; mais ces dalles sont

posées sur une voûte dans laquelle circule abondamment l’air et elles constituent ainsi la meilleure

garantie contre les dangers d’incendie.

Quant aux volets du triptyque il n’est pas vrai du tout que le public peut les ouvrir

et les frapper contre le mur; le règlement défend sévèrement de toucher aux tableaux et le

concierge seul est autorisé à les manier avec toute la prudence que réclame leur conservation

(vétusté).

Si le critique du Journal des Beaux-Arts avait été à Bruges, vu les tableaux il y a

cinq ans (quelques dix ans) alors qu’ils étaient exposés dans la grande salle, il aurait pu voir ce

21

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TE X TE S : SOURCES D'ARCHIVES 83

qu’il appelle des traces de chancissures couvrant depuis longtemps les tableaux et que c’est tout

simplement l’efflorescence des vernis résineux qui couvrent les vieux panneaux.

Les tableaux de Van Eyck, la tête du Christ et le portrait de sa femme (de van

Eyck) sont attachés à la plinthe qui les porte au moyen de quelques vis à une distance convenable

du mur. On nous a donné une excellente raison de cette mesure de précaution; ces tableaux sont

de très petite dimension et il ne faudrait pas être un bien habile (grand) prestidigitateur pour les

faire disparaître sous un manteau. Les soustractions de ce genre commises il n’y a pas si longtemps

à la bibliothèque de la ville et à celle du séminaire n’autorisent que trop cette utile précaution.

Enfin, M. le R., les boursoufllures de la couleur s’en détachent sous forme d’ampoules

du panneau ainsi que les légères écaillures dans quelques points (endroits) peu importants des

anciens tableaux, sont les traces évidentes de l’action du soleil quand les tableaux étaient exposés

dans la grande salle. Ce genre de détérioration n’est plus possible aujourd’hui, et les anciens

membres de la Direction de l’Académie qui connaissent nos trésors depuis plus d’un demi siècle,

n’ont observé aucun progrès dans la prétendue destruction si prochaine de nos vieux maîtres.

Quant à la somme de lumière qu’exige l’étude de nos tableaux, nous la croyons

suffisante dans le musée actuel. Presque tous les tableaux ont été peints pour des chapelles ou des

églises où la lumière n’était pas plus intense, et l’effet a été indubitablement calculé par les maîtres

d’après ces emplacements connus à l’avance.

Nous aimons ce jour mystérieux et doux et nous sommes certains pour les avoir vus

dans (un jour plus éclatant) une vive lumière lorsque Mr Fierlants les a photographiés, que les

anciens gothiques du musée sont suffisamment éclairés.

Les chercheurs de monogrammes et de dates ne trouveront peut-être pas assez de

jour là où les vrais amateurs trouveront dans l’effet mystérieux des chefs d’œuvres [jîV] des jouis­

sances pleines de charmes.

Il me semble inutile M. le Rédacteur de suivre plus loin la critique du Journal

des Beaux-Arts.

J ’ai pu constater ce que j ’ai avancé plus haut et (on) pourra juger ainsi de l’impor­

tance qu’il faut ajouter à d’aussi fausses critiques.

Que la Direction de l’Académie continue à sauvegarder comme elle l’a fait jusqu’à

présent les précieux legs de nos ancêtres; qu’elle se refuse surtout à ces malencontreuses restau­

rations qui dénaturent les vieux tableaux et leur ôtent ce parfum d’authenticité (d’authentique

vétusté) qui les rend si attrayants pour le véritable connaisseur et nous sommes certains que nos

descendants leur en sauront gré quoiqu’en dira le Journal des Beaux-Arts.

(AVB., Fonds Académie, n° 14, liasse de 1861, minute non datée; ce document constitue un droit de réponse au texte n° I I , pp. 191-192, Annexes, A. Sources littéraires).

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84 TE X TE S : SOURCES D'ARCHIVES

12 janvier 1862. La Jointe de VAcadémie des Beaux-Arts de Bruges refuse de procéder à la restauration de

ses anciens tableaux.

Bruges, 12 janvier 1862.

Messieurs,

Afin de satisfaire à la demande d’éclaircissements contenue dans votre lettre du

30 N bre 1861 n° 892, nous avons l’honneur de vous faire savoir, que nous ignorons complètement

à quelle source la commission des monuments a puisé ses renseignements, lorsqu’elle écrit à

M r le Ministre de l’intérieur, que la société qui administre le Musée de l’Académie refuse de

reconnaître à l’autorité supérieure le droit de contrôle sur les collections.

Nous n’avons eu qu’une seule fois des rapports avec la Commission des Monuments,

lorsque trois de ses membres M M . Suys, Partoes et Piot, accompagnés de M r E. Leroy, restau­

rateur de tableaux, sont venus inspecter les parties restaurées de l’ancien bâtiment.

Comme nous avons eu l’honneur de vous écrire, Messieurs, au 30 Nbre 1856, afin

de soustraire nos anciens tableaux à toutes les causes de détérioration et en particulier à l’action

des rayons solaires pendant l’été, nous les avons placés à cette époque, dans une salle éclairée par

le haut, parfaitement sèche et bien aérée. Lors du déplacement des tableaux, une commission

composée de trois artistes, membres de la direction, M M . Van Ackere, De Graeve et Wallays,

a été chargée de vérifier avec soin l’état dans lequel se trouvaient nos vieux chefs d’œuvre et de

proposer, le cas échéant, les réparations jugées nécessaires. Après un examen des plus minutieux,

ces Messieurs ont déclaré que nos tableaux n’exigeaient aucune restauration.

Il nous serait fort agréable, Messieurs, de recevoir la visite de M M . les membres

de la Commission centrale des Monuments; nous sommes convaincus qu’ils seront pleinement

rassurés sur l’état de nos vieilles reliques d’art national, et ils seront alors à même de constater que

les confrères de l’Académie ont autant de souci que n’importe qui de la conservation des glorieux

monuments de l’Ecole Brugeoise.

Agréez Messieurs, l’assurance de notre parfaite considération.

Le Secrétaire, Le Président,

(s.) D r Vandcn Abeele (s.) Vanderplancke

Messieurs le Bourgmestre et Echevins de la Ville de Bruges.

(A V B ., portefeu ille Beaux-Arts, 1859-1866, 1 dossier Musées de l'Académie et de l'Hôpital St Jean. Conservation des objets d'art, an n ée 1862, o r ig in a l du 12 ja n v ie r 1862 ; ibidem, Académie, n ° 14, liasse de 1862, m in u te du 12 ja n v ie r 1862).

28

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T EXTES : SOURCES D'ARCHIVES 85

19 mai 1863. Le docteur Vanden Abeele écrit à F. Van Acker au sujet du Mariage mystique de sainte

Catherine de Hans Memlinc. Bien que l'état de conservation de ce tableau soit peu satisfaisant, il est conseillé

de minimiser l'affaire.

Les tableaux exposés à l’hôpital St Jean sont nombreux, mais d’une valeur artis­

tique fort différente; les plus anciens et de beaucoup les plus précieux sont ceux de Memlinc. Ces

admirables productions, qui datent de la seconde moitié du 15me siècle, ont toujours été l’objet

des soins les plus religieux, aussi leur état de conservation est vraiment remarquable. A l’exception

du grand triptyque (mariage mystique de Ste Catherine) qui présente quelques boursouflures [jzV]

où la couleur, surtout dans les tons foncés, menace de se détacher en écailles, tous les panneaux

de Memlinc sont intacts [...].

Ce qui précède suffit pour la réponse au

gouvernement; les remarques suivantes sont

destinées à la Commission des Hospices.

1 ° Le grand triptyque doit être mieux fixé sur les plinthes, à chaque mouvement des volets tous

les panneaux tremblent ce qui les détache et fait écailler les points où la couleur est soulevée.

2° Le volet gauche heurte le fermoir du petit triptyque d’où sont résultées de fortes lésions au

revers de ce volet.

3° Il sera urgent de faire adhérer les boursouflures [mV] nombreuses qui menacent de se détacher

tout à fait, en particulier dans la robe de la Vierge du panneau principal.

4° Un des volets du petit triptyque, celui de gauche est piqué ou moisi sous la glace.

5° Il faut mettre la table mobile qui porte la châsse sur un pivot plus élevé; la table frotte en

tournant sur le piedestal, d’où des secousses très nuisibles aux peintures.

29

(AAPB., Karton K 2, Dossier 44, Farde relative à la restauration du tableau de Memlinc représentant le mariage mystique de Ste Catherine, ainsi qu'aux autres tableaux à l'hôpital St. Jean, pièce 24, 19 mai 1863).

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86 TE X TE S : SOURCES D'ARCHIVES

24 mars 1864. La Commission administrative des Hospices civils de la ville de Bruges réclame à l'adminis­

tration communale le triptyque de Saint Christophe de Hans Memlinc.

30

Bruges, le 24 Mars 1864.

N° 45.987

Messieurs,

Sous le régime français l’une des toiles remarquables de Hemling provenant de

l’hospice S1 Julien dépendant de notre administration avait été envoyée au Muséum de Paris. Le

triptyque qui est notre propriété et représentant S4 Christophe portant sur son épaule l’Enfant

Jésus à travers les eaux du Jourdain, est revenu ensuite à Bruges.

M r le Maire de cette ville nous écrivit le 9 janvier 1816 que ce tableau ne pouvant

plus convenablement être replacé dans l’établissement où il était antérieurement et qui était régi

par un entrepreneur, il lui avait paru que le meilleur usage qu’on pouvait en faire c’était de

l’exposer à l’Académic pour l’instruction des élèves et ce Magistrat nous demandait de lui donner

l’assurance que nous n’avions rien de contraire à cette disposition.

Il ne nous était pas possible, Messieurs, d’entrer dans les vues de M r le Maire et

par lettre du 13 janvier suivant nous lui faisions connaître que notre désir était de mettre au local

de nos séances où nous conservons soigneusement les tableaux de nos établissements qui n’y

peuvent trouver place, l’œuvre de Hemling, tout en donnant l’assurance qu’afin de seconder le

zèle des élèves de l’Académie, au progrès desquels nous nous intéressons vivement, nous donnerions

toujours avec plaisir un libre accès dans la salle de nos réunions à ceux d’entre eux qui désireraient

s’y instruire.

Nous nous persuadions de donner ainsi pleine satisfaction aux exigences de l’art tout

en sauvegardant notre droit sur cette page brillante de l’école du moyen âge.

Le 29 du même mois de janvier, nous écrivîmes à M r le Gouverneur de la province

pour exprimer notre surprise de ce qu’on eut [m'c] pas encore satisfait à notre juste réclamation

le priant en même temps de vouloir faire restituer le tableau à ses véritables propriétaires.

Mais il n’y fut pas fait droit et depuis l’année 1816 notre tableau se trouve dans votre

établissement. Toutefois, nous considérons, Messieurs, comme un devoir pour nous de maintenir

et de revendiquer s’il y a lieu au profit de nos administrés leur droit de propriété sur le tableau

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TE X TE S : SOURCES D'ARCHIVES 87

en question, vu sa possession anormale que malgré tous nos efforts nous n’avons pu empêcher,

et dans ce but nous avons l’honneur de vous prier, Messieurs, de vouloir tout au moins nous

confirmer ce droit et nous faire connaître si cette œuvre d’art est encore dans le même état de

conservation.

La Commission administrative des hospices civils de la ville de Bruges.

A la Direction de l’Académie des Beaux-Arts à Bruges.

Pour copie conforme :

Le Secrétaire de la commission des hospices civils de la ville de Bruges.

(AVB., portefeuille Académie 1859-1890, 1 dossier Académie. Tableau de Memlinc revendiqué par les hospices, année 1864, copie conforme du 24 mars 1864).

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88 T E X TE S : SOURCES D'ARCHIVES

25 mai 1867. La Commission administrative des Hospices civils de la ville de Bruges signale une petite restau­

ration apportée au Mariage mystique de sainte Catherine de Ilatis Memlinc. Une restauration d'un des

volets est annoncée.

HOSPICES CIVILS Bruges, le 25 Mai 1867.

Objet :Musée de l’Hôpital

S1 Jean

N° 50303

Messieurs,

[...] Nos tableaux se maintiennent dans un état satisfaisant et toutes les précautions

continuent d’être prises dans l’intérêt de leur conservation. C ’est ainsi qu’après une inspection

faite à l’intervention de M r le Directeur de l’académie Royale des beaux-arts et conformément

à son avis, une légère opération a eu lieu pour maintenir une boursouflure [jîV] qui avait été signalée

par une Commission spéciale composée de M M . Génisson, Wallays et Van Acker le 3 9bre 1856,

dans le tableau de Hemling, représentant le Mariage Mystique de Ste Catherine. Cette opération

délicatement faite, avait pour but de faire adhérer la boursouflure [jzV] au panneau, au moyen de

colle de poisson et de couvrir de couleur à l’aquarelle la partie restée visible du panneau d’environ

0 m 005 carré. On pense qu’il y aura lieu ultérieurement de prendre pareille précaution pour l’un

des volets.

[...] A cette occasion nous croyons ne pas pouvoir passer sous silence la réclamation

dont nous avons eu l’honneur de vous entretenir, Messieurs, par lettre du 6 Mars 1865 n° 43744,

réclamation qui a pour objet la reconnaissance de la part de la direction de l’académie des beaux-

arts que le triptyque peint par Hemling représentant S1 Christophe portant sur son épaule

l’Enfant Jésus à travers les eaux du Jourdain, est notre propriété bien qu’il figure au Musée de

l’Académie.

Nous vous prions itérativement, Messieurs, de vouloir bien nous écrire un mot

à cet égard [...].

31

(AVB., portefeuille Académie 1859-1890, 1 dossier Académie. Tableau de Memlinc revendiqué par les hospices, année 1864, original du 25 mai 1867).

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TE X TE S : SOURCES D'ARCHIVES 89

6 octobre 1868. La Commission royale des Monuments dresse un bref rapport concernant l'état de restauration

de la Vierge au chanoine van der Pacle de Jean van Eyck et des deux panneaux de la Justice de

Cambyse de Gérard David. La Commission préconise une sérieuse restauration et propose Etienne Le Roy.

R O Y A U M E DE BELGIQUE Bruxelles, le 6 octobre 1868.

COMMISSION ROYALE DES MONUMENTS

No 4914

Monsieur le Ministre,

Comme suite à votre dépêche du 9 septembre dernier, D on des Beaux-Arts, n° 14,355,

nous avons l’honneur de vous faire connaître que les délégués de notre collège se sont rendus à

Bruges, pour examiner, dans le Musée de cette ville, les tableaux qui vous avaient été signalés

comme étant en voie de restauration.

On désignait particulièrement, Monsieur le Ministre, le tableau de Jean Van Eyck :

la Stc Vierge avec l’Enfant Jésus, S4 Donatien, S4 Georges et le Donateur, et les deux tableaux

qui représentent le Jugement de Cambyse et l’Ecorchement du Juge prévaricateur, tableaux dus

l’un et l’autre à un maître inconnu.

Les délégués ont constaté en effet :

1° dans le Van Eyck de nombreuses craquelures qui régnent surtout autour de la figure de la

vierge. Il y a aussi, dans la draperie rouge de la vierge, des repeints qui ne sont pas dans le ton

primitif et qu’il importera de corriger.

2° Dans le tableau qui représente l’Ecorchcment du Juge prévaricateur des soufflures qui s’étendent

sur une surface considérable et notamment dans les draperies des personnages. Les têtes n’ont

pas été atteintes. Ces soufflures se trouvent encore dans le haut du tableau dont le paysage a

beaucoup souffert.

3° Dans le tableau du Jugement nous trouvons de sérieuses dégradations du même genre, bien

que moins considérables. Le personnage en costume noir debout, à la droite du spectateur, est le

fragment le plus compromis. La couleur ici, se soulève en écailles presque d’un bout à l’autre de

la figure dont la tête seule paraît intacte.

Il sera aisé de refixer la couleur dans les endroits où elle s’est soulevée et détachée;

mais il importe de procéder sans délai à cette opération si l’on veut sauver les ouvrages dont il

s’agit et prévenir des dégradations d’une nature plus sérieuse. Il importerait surtout, Monsieur

32

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90 TE X TE S : SOURCES D'ARCHIVES

le Ministre, que l’administration fut avertie aussitôt que des accidents de ce genre se manifestent.

Nous sommes informés qu’on a essayé quelque fois de les déguiser par des repeints à l’eau. Ces

repeints n’offrent pas de grands inconvénients en eux-mêmes puisqu’il est toujours aisé de les

faire disparaître; mais il convient cependant de ne toucher à des tableaux de cette valeur que

pour en faire une restauration sérieuse, et des palliatifs de ce genre, en dissimulant l’état réel de

la peinture, pourraient faire ajourner trop longtemps le travail définitif et compromettre ainsi

plus d’un chef-d’œuvre.

Malgré la simplicité des opérations que demandent les tableaux précités, nous

pensons, Monsieur le Ministre, que ce travail, eu égard à la valeur même des peintures, ne doit

être confié qu’à un artiste d’une science consommée, et nous ne pouvons proposer pour cette

tâche que M. Etienne Leroy [...].

Le Secrétaire,

(s.) Rousseau

Le Président,

(s.) Wellens

(AVB., portefeuille Académie, 1859-1890, 1 dossier Beaux-Arts. Restauration de tableaux d'administrations publiques, année 1869, copie du 6 octobre 1868; A C RM ., indicateur n° 2598, minute du 6 octobre 1868; édité dans Bulletin des Commissions royales d'Art et d'Archéologie, 7e année, Bruxelles, 1868, pp. 530-532).

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TE X TE S : SOURCES D ’ARCHIVES 91

15 avril 1869. La Jointe de F Académie des Beaux-Arts de Bruges estime que la Vierge au chanoine van

der Paele de Jean van Eyck n'a besoin d'aucune restauration. Les deux panneaux de la Justice de Cambyse

de Gérard David pourraient subir, sur place, un traitement destiné à fixer les soufflures.

B R U G E S Bruges, le 15 avril 1869.ACADÉMIE ROYALE DES BEAUX-ARTS

Messieurs,

En réponse à la lettre de M r le Ministre de l’intérieur, transmise par votre apostille

du 23 Mars dernier et relative à l’état de conservation des anciens tableaux du musée de l’Académie

confiés à nos soins, nous avons l’honneur de vous faire savoir que la direction a nommé une

commission, parmi ses membres les plus compétents, pour examiner la question soulevée par la

commission royale des monuments et que ces M M 8 ont formulé les conclusions suivantes, qui

ont été ratifiées par la jointe :

1° L’œuvre de Van Eyck avec l’Enfant Jésus, S1 Donatien et S* Georges présente quelques craque­

lures, mais la couleur adhère parfaitement au panneau; l’ancienne retouche de la draperie rouge

de la Vierge d’un ton trop clair est de trop minime importance dans l’effet général du tableau,

pour risquer l’essai d’un nouveau repeint. Ce tableau n’a besoin d’aucune restauration.

2° Les tableaux représentant l’écorchement du juge prévaricateur et le jugement de Cambyse

offrent en effet quelques soufflures dans les parties sombres, dues à l’action du soleil lorsque ces

tableaux étaient exposés dans la grande salle éclairée latéralement. Ces soulèvements de la couleur

exigeraient qu’on fit de nouveau adhérer la pâte au panneau, en introduisant entre les deux, un

liquide approprié. La direction est disposée à admettre cette opération, à la condition que les

tableaux ne soient pas transportés hors du musée, et que les membres de la commission y assistent.

Elle maintient sa décision antérieure de ne laisser faire aucune retouche soit à l’eau, soit à l’huile

et de ne faire renouveler aucun vernis.

3° Le tableau inscrit sous le N° 57 pourrait être utilement nettoyé comme l’indique la Commission

des Monuments.

Agréez, Messieurs, l’assurance de notre parfaite considération.

Le secrétaire, Le président,

(s.) F. Vanden Abeele (s.) F. Vander Plancke

Messieurs les Bourgmestre et Echevins de la Ville de Bruges.

(AVB., portefeuille Académie 1859-1890, 1 dossier Beaux-Arts. Restauration de tableaux d’administrations publiques, année 1869, original

du 15 avril 1869).

33

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92 TE X TE S : SOURCES D'ARCHIVES

2 février 1870. Devant les obstacles mis à la restauration des deux panneaux de la Justice de Cambyse de

Gérard David, Etienne Le Roy notifie son désistement à la Commission royale des Monuments.

Messieurs,

J ’ai l’honneur de répondre à la dépêche que vous m’avez adressée sous la date du

17 décembre 1869, n° 4914.

Elle se rapporte aux travaux de restauration réclamés par l’état de deux tableaux

représentant l’un le Jugement de Cambyse, l’autre l’Ecorchement du juge prévaricateur, ordonnés

par le monarque.

Comme vous le savez, Messieurs, ces deux précieuses compositions ont motivé la

réunion de différentes commissions, entr’autres le 3 Novembre dernier. On reconnut alors l’utilité,

ou pour mieux dire l’urgence des travaux devenus indispensables à la conservation de ces tableaux.

Mais je dois rappeler ici que j ’ai déjà déclaré ne pouvoir pas accepter la mission

que vous voulez me confier. Mon refus est fondé sur le langage tenu par M. le Docteur Van den

Abeele, secrétaire de l’Académie, lequel s’est toujours prononcé en termes hostiles à toute restau­

ration et qui, d’après sa manière d’entendre la conservation des œuvres d’art, aime mieux les voir

tomber par morceaux que d’y laisser intervenir aucune mesure de préservation et de restauration

intelligente.

Déjà en 1856 existaient pourtant quelques légères détériorations bien aggravées

depuis, au détriment de plusieurs chefs-d’œuvre qui figurent à l’Académie. Ces faits ont été en

vain signalés par votre Commission.

En face d’une semblable opinion, si nettement exprimée, et d’idées préconçues et

arrêtées, l’artiste qui se chargerait de travaux de restauration, sous une pareille surveillance, se

placerait dans une position difficile et même humiliante.

Pour mon compte, je décline donc une mission ingrate. D ’ailleurs, Messieurs, je me

trouve absorbé jusqu’à la fin de l’été de l’année 1870, par d’importants travaux de restauration

dont j ’ai été chargé pour des Musées et établissements publics, soit nationaux, soit étrangers. Je

tiens à terminer ce que j ’ai commencé.

En même temps, j ’ai des engagements pris avec différents souverains qui ont bien

voulu m’envoyer des chefs-d’œuvre, sortis de leurs galeries, pour les confier à mes soins. Le temps

me manque absolument pour revenir, du reste, sur un refus que vous apprécierez comme bien

fondé.

Veuillez agréer, Messieurs, l’assurance de mes sentiments respectueux.

Bruxelles, le 2 février 1870. (s.) Etienne Leroy

34

(ACRM ., indicateur n° 2598, original du 2 février 1870).

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TE X TE S : SOURCES D'ARCHIVES 93

31 mai 1871. Sans transiger sur la nécessité de restaurer les tableaux anciens du musée de /’Académie des

Beaux-Arts de Bruges, la Commission royale des Monuments admet la restauration sur place et insiste sur les

dangers que court la Vierge au chanoine van der Paele de Jean van Eyck.

R O Y A U M E DE BELGIQUE Bruxelles, le 31 mai 1871.

COMMISSION ROYALE DES MONUMENTS

No 4914

Monsieur le Ministre,

Des délégués de notre collège ont visité, le 22 mai courant, le Musée de l’académie

de Bruges. Us ont constaté avec un profond regret qu’aucune mesure conservatoire n’a été prise

pour arrêter les dégradations qui se produisent dans quelques-uns des tableaux les plus importants

de cette galerie. La Commission n’a pas à revenir sur son rapport du 6 8bre 1868 qui a établi

toute la gravité de ces détériorations et toute la nécessité d’y remédier dans le plus court délai

possible. Mais nous croyons de notre devoir d’observer que la continuation de cet état de choses

fait courir des périls sérieux aux œuvres d’art précitées parmi lesquelles figure un des tableaux

les plus précieux de Jean Van Eyck, et constitue un véritable scandale que nous ne saurions trop

déplorer. Les précautions les plus élémentaires en effet sont négligées : c’est ainsi qu’on ne prend

même pas la peine de retendre sur son châssis une toile intéressante portant le n° 57, toile où

s’impriment des plis de plus en plus visibles, et que nous avons déjà signalée dans notre rapport

du 6 8bre 1868 en demandant qu’un prompt nettoyage fit disparaître les souillures qu’elle a subies

par suite de l’altération des huiles et des vernis.

Nous devons remarquer encore que la plupart de ces tableaux sont placés trop près

du mur, ce qui peut entretenir une humidité dangereuse pour leur conservation.

Il se peut, Monsieur le Ministre, que la cause du statu quo que nous déplorons

soit dans un désaccord qui existe, croyons-nous, entre Mr Etienne Leroy et l’administration de

l’Académie de Bruges; chargé de restaurer ces peintures ou du moins de les nettoyer et de les

refixer au besoin, M. Etienne Leroy demandait qu’elles fussent transférées dans son atelier de

Bruxelles; à l’appui de cette proposition il invoquait à la fois des raisons de santé et les facilités

particulières qu’il rencontrait dans le local habituel de ses travaux. L ’Académie de Bruges,

d’autre part, se défendait d’accéder à cette demande en raison des périls qu’un voyage peut faire

courir à des tableaux.

35

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94 TE X TE S : SOURCES D'ARCHIVES

Si peu probables que soient les dangers redoutés nous ne pouvons disconvenir que

les scrupules de l’Académie sont respectables, surtout quand ils s’appliquent à des objets d’une

aussi haute valeur artistique que certaines de ces peintures. En conséquence, Monsieur le Ministre,

aucune concession n’étant faite de part ni d’autre, et M. Etienne Leroy ayant déclaré d’ailleurs

il y a quelque temps qu’il ne lui était plus possible d’accepter de nouvelles commandes, nous

croyons devoir vous proposer de confier le travail à faire à un autre restaurateur.

Veuillez agréer etc.

Le Membre secrétaire, Le Vice-Président,

(s.) Rousseau (s.) Chalon

(AVB., portefeuille Académie 1859-1890, 1 dossier Beaux-Arts. Restauration de tableaux d'administrations publiques, année 1869, copie du31 mai 1871; A C R M ., indicateur n° 2598, minute du 31 mai 1871).

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TEXTES : SOURCES D'ARCHIVES 95

26 juin 1871. Le gouverneur de la Flandre occidentale communique à Vadministration communale de Bruges

le contenu d'une lettre du Ministre de /’Intérieur. Ce dernier insiste sur le fa it que la restauration des van Eyck

et des David du musée de VAcadémie doit être entreprise sans tarder.

PROVINCE Bruges, le 26 juin 1871.DE LA FLANDRE OCCIDENTALE

QUATRIÈME DIVISION

N° 7532

Objet : Beaux-Arts.

Messieurs,

A plusieurs reprises le Département de l’intérieur a signalé le mauvais état de

conservation de quelques tableaux importants qui se trouvent au musée de l’Académie de Bruges.

Ces recommandations étant restées sans résultat, Monsieur le Ministre de l’intérieur

vient de m’écrire de nouveau au sujet de cette affaire.

Il me prie de vous envoyer, en communication, les copies des rapports de la commis­

sion des monuments, respectivement datés du 6 8bre 1868 et 31 mai dernier, et d’insister vivement

auprès de vous pour que la grave question soulevée obtienne le plus promptement possible une

solution favorable aux intérêts de l’art.

Je ne saurais assez recommander l’affaire à votre sollicitude particulière et vous

engager, Messieurs, à user de toute votre influence auprès de la Direction de l’Académie de Bruges

afin que cette fois-ci une décision utile soit immédiatement prise.

« Il est à croire, dit Monsieur le Ministre de l’intérieur que l’administration

» communale comprendra que la conservation d’une des œuvres les plus importantes de la primitive

» école de peinture flamande, intéresse toute la nation et qu’elle hésitera par conséquent à

» assumer plus longtemps la responsabilité attachée à l’état d’abandon qui a été signalé à sa solli-

» citudc. Si le choix de l’artiste qui a été proposé pour la restauration des tableaux dont il s’agit,

» pouvait être une cause de difficultés ou de retards, il conviendrait que l’administration commu-

» nale présentât scs observations à cet égard. Il y a lieu d’adopter dans le plus bref délai possible,

» les mesures nécessaires pour sauver de la destruction, des œuvres qui peuvent être considérées

» comme faisant partie du glorieux patrimoine du pays. »

Le Gouverneur,

(s.) B. Vrambout

A l’administration communale de la ville de Bruges.

(AVB., portefeuille Académie 1859-1890, 1 dossier Beaux-Arts. Restauration de tableaux d'administrations publiques, année 1869, original

du 26 ju in 1871).

36

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96 TEXTES : SOURCES D'ARCHIVES

8 septembre 1871. Le gouverneur de la Flandre occidentale communique à 1'administration communale de Bruges

le contenu d'une lettre du Ministre de VIntérieur. Ce dernier, rappellant que depuis trois ans le gouvernement

s'efforce de trouver une solution satisfaisante en ce qui concerne la restauration des tableaux du XVe siècle de

l'Académie, estime qu'un accord doit être trouvé d'urgence.

37

PROVINCE Bruges, le 8 septembre 1871.DE LA FLANDRE OCCIDENTALE

QUATRIÈME DIVISION

N° 7532

Objet :

Tableaux à restaurer

au Musée de Bruges.

Messieurs,

J ’ai l’honneur de vous rappeler ma lettre du 26 juin dr restée sans réponse jusqu’à

ce jour, et relative aux mesures à prendre pour la conservation de quelques tableaux du musée

de l’Académie de Bruges.

Monsieur le Ministre de l’intérieur insiste vivement pour cjue cette question reçoive

une solution immédiate. Il est, en effet, regrettable, Messieurs, que le plus précieux des tableaux

qu’il s’agit de préserver de la destruction, c’est-à-dire le chef-d’œuvre de Jean Van Eyck, reste

atteint d’altérations qui ne font que s’aggraver.

« En présence de la responsabilité qui incombe aux magistrats qui sont les gardiens

» naturels de ces richesses artistiques, j ’ai lieu de m’étonner du silence que l’on garde au sujet de

» ma communication si sérieusement motivée du 20 juin, précitée.

» Les instances réitérées que le Gouvernement a faites directement depuis plus de

» trois ans auprès des autorités locales afin d’aboutir à une solution satisfesante [«V], témoignent

» suffisamment de la sollicitude que le Gouvernement porte à la conservation des chefs-d’œuvre

» qui sont une des gloires du pays.

» Je ne puis donc, Monsieur le Gouverneur, que recommander à toute votre vigi-

» lance la suite qu’il convient de donner à cette affaire sur laquelle j ’appelle votre plus sérieuse

» attention ».

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T E X T E S : SO U R C E S D 'AR CH IVES 97

Tels sont les termes de la dépêche que Monsieur le Ministre de l’Intérieur vient de

m’adresser au sujet de cette importante affaire, que je recommande à nouveau à votre attention

et à votre sollicitude spéciales.

Le Gouverneur,

(s.) B. Vrambout

(AVB., portefeuille Académie 1859-1890, 1 dossier Beaux-Arts. Restauration de tableaux d'administrations publiques, année 1869, originaldu 8 septembre 1871).

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98 T E X T E S : SO U RC ES D 'A R C H IVE S

5 octobre 1871. Rapport de la Commission nommée par la Jointe de /’Académie des Beaux-Arts de Bruges

relatif aux restaurations à effectuer à la Vierge au chanoine van der Paele de Jean van Eyck et aux deux

panneaux de la Justice de Cambyse de Gérard David. Ce rapport est commenté par la Commission royale

des Monuments.

Bruges, le 5 8bre 1871.

Messieurs,

Nous avons reçu, avec votre apostille du 21 7bre 1871, la lettre de Mr le Gouverneur

de la Province du 8 7brc 1871, où il est question de mesures à prendre pour la conservation de

quelques tableaux du musée de l’Académie.

A la suite de cette communication, une commission a été nommée par la junte,

composée de peintres, d’archéologues et d’autres membres de la confrérie s’intéressant plus

spécialement aux œuvres d’art que renferme notre ville.

Cette commission, dont plusieurs membres avaient déjà délibéré sur la même

question il y a plusieurs années, a de nouveau constaté, avec le plus grand soin, l’état des tableaux

signalés par la commission des monuments comme menacés d’une destruction prochaine. Elle a

reconnu à l’unanimité de ses membres :

1° Que depuis que les tableaux sont exposés dans la salle qui leur a été destinée il y a seize ans

environ, ils n’ont plus subi aucune détérioration.

(Du moment que des écaillures se produisent nul ne peut garantir qu’elles se maintiendront

pendant trois jours !).

2° Que les soufflures, craquelures, disjonctions des panneaux causées autrefois par l’action du

soleil et des transports imprudents, ne peuvent plus se reproduire.

3° Que les repeints faits à quelques tableaux et en particulier à celui de la Vierge de Van Eyck,

restauré il y a environ soixante ans, n’ont pas assez d’importance pour les enlever, d’autant plus

que le défaut d’harmonie de couleurs qui existe ajourd’hui, ne manquerait pas de se reproduire

après une nouvelle restauration, dont le ton se modifierait nécessairement après quelques années.

(Ces repeints à l’eau ne sont que des taches qui ne remédient à aucune détérioration et qui, en

trompant le regard sur l’état réel du tableau, empêchent, nous l’avons déjà dit, de lui donner les

soins nécessaires, tandis que des retouches à l’huile habilement exécutées seraient une véritable

réparation).

1 Les textes cités entre parenthèses émanent de la Commission royale des Monuments et constituent les commentaires de ce collège sur le rapport brugeois.

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T E X T E S : SO U RC ES D 'AR CH IVES 99

4° Que l’état actuel de ces tableaux est encore fort convenable, quand on songe qu’ils ont été

peints il y a quatre siècles; qu’ils portent un cachet de vétusté inévitable mais qui en établit la

parfaite authenticité et que dans leur situation actuelle ils donnent encore une idée complète de

la grande habilité technique des peintres de la renaissance flamande.

(Il est impossible de dire que l’état des deux tableaux du Jugement de Cambyse soit convenable.

Il est déplorable à tous égards).

5° Que la restauration d’un tableau de la cathédrale, faite par les soins de la Commission des

monuments, n’a pas paru, aux membres de l’Académie qui ont bien connu ce tableau avant

qu’on l’eut restauré, assez satisfaisante, au point de vue de la conservation de l’harmonie des

couleurs, de la touche et du cachet particulier à la technique des maîtres de la primitive école,

pour les engager à entrer dans cette voie.

(Les restaurations ne se font pas par les soins, mais sous le contrôle de la commission des monu­

ments. On ne dit pas d’ailleurs à quel tableau on fait allusion).

6° Qu’en faisant adhérer, par un procédé convenable, les couleurs soulevées en certaines parties

des tableaux par l’action du soleil, ces parties ne pourront plus s’écailler et n’exigent aucun repeint.

(C’est ce que personne ne conteste et c’est la première mesure que nous avons conseillée).

7° Que l’opération indiquée ci-dessus a déjà été consentie par la junte de l’Académie en 1869;

que la commission des monuments a été priée de désigner un restaurateur habile pour l’exécuter

sans que les tableaux dussent quitter le local, et qu’il n’a été donné aucune suite à cette proposition.

(Voir nos rapports précédents qui suffisent à établir l’inexactitude de ce § ).

8° Enfin que les précieuses reliques de l’Ecole de Bruges, déposées depuis environ un siècle au

musée de l’Académie, ont toujours été de la part des confrères de l’association, l’objet d’une

surveillance et d’un soin incessants, et que s’ils reconnaissaient un péril sérieux menaçant l’exis­

tence de ces chefs-d’œuvre, ils en avertiraient immédiatement la ville et le gouvernement.

(Ni les repeints à l’eau du tableau de Van Eyck, ni les dégradations lamentables du Jugement de

Cambyse ne sont une preuve de la sollicitude de l’association pour les chefs-d’œuvre dont il s’agit).

En conséquence, la commission propose :

1° De faire adhérer par un procédé adhoc, les soufflures qui existent sur quelques tableaux

anciens; de confier cette opération à un homme qui a fait scs preuves en ce genre de travail, tel

que Mr Callewaert, restaurateur à Bruges; de la faire exécuter sous les yeux de la commission et

sans déplacement des tableaux hors du musée; enfin de faire un essai sur une peinture de valeur

inférieure et bien constater le résultat de ce travail.

(Voir notre rapport ci-joint i).

• Ce rapport n’a pu être retrouvé.

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100 T E X T E S : SO U RC ES D 'A R C H IV E S

2° De ne faire aucun repeint à l’huile, soit sur les parties autrefois restaurées, soit sur les parties

qui ont souffert par des chancissures, de petites écaillures ou des décompositions de vernis.

(Il est à remarquer, comme nous venons de le dire, qu’il s’agit de retouches et non de repeints.

Si l’on avait admis les théories de l’administration du musée de Bruges en matière de restauration,

les Rubens de la Cathédrale d’Anvers, si admirablement restaurés par Mr Etienne Leroy, auraient

gardé les repeints qui les déshonoraient et le beau retable de Quentin Metzys, à Louvain, n’aurait

jamais retrouvé les qualités d’éclat et de fraîcheur qui le font admirer aujourd’hui. Nous devons

protester contre ce système inouï qui tend à faire respecter, à l’égal de l’artiste lui-même, les

altérations les plus graves que le temps lui inflige, système qui amènerait, si l’on y souscrivait,

dans un délai plus ou moins long, la destruction assurée et infaillible de tous les chefs-d’œuvre).

3° De ne faire, pour le moment aucun nettoyage soit des panneaux, soit des cadres; et de ne pas

y mettre de nouveaux vernis.

4° Enfin, vu l’action lente et nuisible de l’air humide sur les panneaux et les toiles, de chercher

un moyen pour maintenir le musée dans un état de température égale, en éloignant bien entendu

tout danger possible d’incendie [...].

Le Secrétaire,

(s.) Dr F. Vandenabcele

Le Président,

(s.) Jules Roels

(AVB., portefeuille Académie, 1859-1890, 1 dossier Beaux-Arts. Restauration de tableaux d'administrations publiques, année 1869, original (?)du 5 octobre 1871).

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T E X T E S : SO U RC ES D 'AR CH IVES 101

11 décembre 1871. La Commission royale des Monuments, eu égard au désistement d’Etienne Le Roy, repousse

la candidature du restaurateur brugeois Callewaert et propose le Bruxellois Paul Buéso. Elle consent à ce que

la restauration de la Vierge au chanoine van der Paele de Van Eyck se fasse à Bruges.

ROYAUME DE BELGIQUE Bruxelles, le 11 Xbre 1871.

C O M M ISS IO N ROYALE

DES MONUMENTS

N° 4914

M. le M. Intérieur,

Par sa dépêche du 28 8bre dernier, Adn des B.A. n° 14355, votre honorable

prédécesseur a bien voulu nous communiquer la lettre ci-jointe de l’Adn du Musée de l’Académie

de Bruges. Cette administration s’attache à réfuter les arguments que nous avons fait valoir dans

notre rapport du 31 mai dernier, en faveur des mesures de conservation à prendre pour certains

tableaux remarquables de ce musée.

Vous trouvez, M. le M., en marge même du rapport de la Jointe brugeoise, les

réflexions que nous suggèrent ses théories en matière de restauration. Nous remarquons toutefois

qu’en fait elle se rallie à l’une de nos principales propositions, car elle demanda comme nous

l’avons déjà fait, que les peintures qui tendent à s’écailler soient soigneusement refixées. Seulement

elle propose de confier ce travail au sieur Callewaert jusqu’à cette heure peu connu comme

restaurateur, tandis que notre collègue, eu égard à l’importance de certains tableaux tels que le

Van Eyck, était d’avis de n’en charger qu’un homme d’une expérience consommée et avait désigné

M. Etienne Leroy. A défaut de cet artiste qui vient de traverser une longue maladie, nous avions

proposé en dernier lieu son principal élève, M. Buéso, restaurateur des peintures du musée de

Bruxelles, et désirant que le travail continuât à être entouré de toutes les garanties de succès

possibles, nous demandons que M. Buéso soit placé sous la direction et le contrôle de notre

collègue M. Portaels.

Il appartient à l'administration supérieure, M. le M., de se prononcer entre les

artistes qui lui sont proposés pour le travail [...].

39

(ACRM., indicateur n° 2598, minute du 11 décembre 1871).

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102 T E X T E S : SO U RC ES D 'A R C H IV E S

26 février 1873. Le Ministre de l'intérieur propose pour la restauration de la Vierge au chanoine van der

Paele de Jean van Eyck un restaurateur de /’Agneau mystique.

40

MINISTÈRE DE L’INTÉRIEUR Bruxelles, le 26 février 1873.ADM INISTRATION DES LETTRES,

SC IEN CES ET DES BEAUX-ARTS

N° 14.355

Monsieur le Gouverneur,

Par suite d’un malentendu, la Commission Royale des Monuments a fait connaître

seulement tout récemment les observations qu’elle avait à présenter au sujet du rapport de la

direction du Musée de Bruges, concernant la restauration des tableaux de Van Eyck, rapport

que vous m’avez communiqué par votre dépêche du 21 octobre 1871.

Vous trouverez ci-joint, Monsieur le Gouverneur, la copie de ce rapport en marge

duquel la Commission a consigné ses observations. Ce rapport est accompagné de la lettre d’envoi

du dit Collège, qui bien que datée du 11 décembre 1871, n’est parvenue au Ministère de l’intérieur

que le 24 janvier 1873.

Vous remarquerez, Monsieur le Gouverneur, ainsi que le fait observer la Commis­

sion, la direction du Musée de Bruges se rallie à une des principales propositions de la commission,

puisqu’elle demande que les peintures qui tendent à s’écailler soient soigneusement refixées.

Il ne s’agit plus que de se mettre d’accord sur le choix d’un peintre restaurateur.

Je crois à ce propos devoir signaler à votre attention le fait de la restauration qui

a été faite il y a quelques années, par un artiste gantois du chef-d’œuvre de Van Eyck « l’Adoration

de l’Agneau » appartenant à la cathédrale de S4 Bavon, restauration qui n’a donné lieu à aucune

réclamation.

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T E X T E S : SO U RC ES D'AR CH IVES 103

Je vous prie, Monsieur le Gouverneur, de vouloir bien soumettre à la direction du

Musée, la question de savoir si la restauration des tableaux du Musée de Bruges ne pourrait être

confiée aux soins du même praticien.

Quoiqu’il en soit, il est temps que cette affaire reçoive une solution et je ne puis que

la recommander d’une manière toute spéciale à votre active sollicitude.

Le Ministre de l’intérieur,

(signé) Delcour.

Pour copie conforme,

Le Greffier de la Province,

(signé) Roels

(AVB., portefeuille Académie 1859-1890, 1 dossier Beaux-Arts. Restauration de tableaux d'administrations publiques, année 1869, copieconforme du 26 février 1873).

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104 T E X T E S : SO U RC ES D 'A R C H IVE S

10 avril 1873. Le Mariage mystique de sainte Catherine de Hans Memlinc est restauré par le brugeois

J . Callewaert pour une somme de 6.00 francs.

Doit la Commission des Hospices Civils de la Ville de Bruges à J. Callewaert,

peintre à Bruges.

Musée de l’hôpital St Jean.

1873. Adhérence au moyen de la colle de poisson, de quelques petites boursouflures sur

24-29 le grand triptyque de Memlinc, représentant le mariage mystique de Ste Catherine

Mars et retouches à la gouache sur le panneau extérieur, conformément à l’avis de Mon­

sieur Wallays, directeur de l’Académie

Frs 6.00

Certifié à la somme de six francs.

(signé) J. Callewaert.

Vu par le Membre soussigné des Hospices civils de la ville de Bruges, ce 10 avril 1873,

(signé) L. Derrider-Dujardin

41

(AAPB., Karton K 2, Dossier 44, Farde relative à la restauration du tableau de Memlinc représentant le mariage mystique de Ste Catherine, ainsi qu'aux autres tablea'ix de l'hôpital St. Jean, pièce 32, 10 avril 1873).

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T E X T E S : SO U RC ES D 'AR C H IV E S 105

16 juin 1873. Le gouverneur de la Flandre occidentale communique à Vadministration communale de Bruges

le contenu d'une lettre du Ministre de l'intérieur relative à la restauration des tableaux anciens de l'Académie.

Celui-ci insiste sur le fa it que des manœuvres dilatoires ne seront plus tolérées.

PROVINCE Bruges, le 16 juin 1873.DE LA FLANDRE OCCIDENTALE

QUATRIÈM E D IV ISION

No 7532

Messieurs,

J ’ai l’honneur de rappeler à votre attention la communication qui a fait l’objet de

mon apostille du 7 mars dr, n° de la présente, relative à la restauration des tableaux de Van Eyck,

appartenant au musée de l’Académie de votre ville.

Il est à la connaissance du Département de l’intérieur que, depuis cette époque,

l’état de ces tableaux s’est encore aggravé et que si l’on ne prend à temps des mesures pour en

assurer la conservation, il est fort à craindre que ces remarquables œuvres ne soient, dans un

avenir prochain, irrémédiablement perdues pour l’art.

La dépêche ministérielle que je viens de recevoir à ce sujet, se termine comme suit :

« Le Département de l’intérieur qui a sérieusement à cœur de voir se conserver

» des tableaux qui appartiennent en quelque sorte à notre patrimoine national, vous saurait gré

» de bien vouloir insister de la manière la plus pressante auprès de la Direction du Musée de

» Bruges afin qu’il soit mis un terme à un état de choses qui s’il se prolongeait, pourrait avoir

» pour le pays les conséquences d’un acte de vandalisme.

» J ’ai l’honneur de vous prier, Monsieur le Gouverneur, de vouloir bien tenir la

» main à ce que cette affaire puisse recevoir, sans retard, la suite qu’elle comporte ».

Veuillez bien, je vous prie, Messieurs, faire en sorte que les rapports réclamés par

mon apostille susmentionnée, me parviennent à très bref délai.

Le Gouverneur,

(s.) B. Vrambout

A 1*Administration communale de Bruges.

42

(AVB., portefeuille Académie 1859-1890, 1 dossier Beaux-Arts. Restauration de tableaux d'administrations publiques, année 1869, originaldu 16 juin 1873).

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106 T E X T E S : SO U RC ES D 'AR CH IVES

3 novembre 1874. Le gouverneur de la Flandre occidentale communique à /’administration communale de Bruges

le contenu d’une lettre du Ministre de l’intérieur, lettre rappellant que la propriété des tableaux de VAcadémie

compéte à VEtat. Cette menace est motivée par les obstacles mis à la restauration de ces tableaux et notamment

de la Vierge au chanoine van der Paele de Jean van Eyck.

PROVINCE Bruges, le 3 novembre 1874.DE LA FLANDRE OCCIDENTALE

QUATRIÈM E D IV ISION

N° 7532

Objet :

Restauration des tableaux

de Jean van Eyck, au Musée

de l’Académie de Bruges.

Messieurs,

Je viens de recevoir de Mr le Ministre de l’intérieur une dépêche dont le contenu

suit :

« Depuis près de six années, le Gouvernement a fait d’inutiles instances afin qu’une

» décision soit prise par l’autorité locale, quant aux soins de conservation à donner aux précieux

» tableaux de Van Eyck et des autres maîtres primitifs qui se trouvent dans le musée de l’Académie

» de Bruges.

» Cet état de choses ne peut se prolonger sans engager gravement la responsabilité

» du gouvernement, d’autant plus qu’on peut soutenir avec fondement que les autorités brugeoises

» ne sont que les dépositaires, à titre provisoire, de ces œuvres qui sont une propriété nationale.

» Il résulte, en effet, des recherches qui ont été faites dans les archives publiques

» que, lors de la restitution des tableaux enlevés par le Gouvernement français, les œuvres dont il

» s’agit, ont été remises provisoirement à MM. de la direction de l’Académie Royale des Bcaux-

» Arts de Bruges, pour être déposées dans la salle de cet établissement, à la charge par ces

» Messieurs, de pourvoir à leur conservation jusqu’à décision contraire.

»Je vous prie, Monsieur le Gouverneur, d’appeler l’attention de l’administration

» communale sur l’importance de la communication qui vous est faite.

43

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T E X T E S : SO U RC ES D 'AR CH IVES 107

» J ’aime à croire que sa portée n’échappera pas à sa sagacité et qu’elle suffira pour

» mettre un terme aux fins de non recevoir qu’on a opposées jusqu’à présent aux justes demandes

» du Gouvernement. »

Je vous prie, Messieurs, de vouloir bien, sans le moindre retard, me faire parvenir

votre réponse, pour être transmise à Mr le Ministre.

Le Gouverneur,

(s.) B. Vrambout

A PAdministration communale, Bruges.

(AVB., portefeuille Académie 1859-1890, 1 dossier Beaux-Arts. Restauration de tableaux d'administrations publiques, année 1869, originaldu 3 novembre 1874).

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108 T E X T E S : SO U RC ES D'ARCH IVES

9 novembre 1874. Ladministration communale de Bruges attire l’attention de la Jointe de VAcadémie des

Beaux-Arts sur le fa it que le Gouvernement soulève la question de la propriété de ses tableaux.

Bruges, le 9 9bre 1874.

SECRÉTARIAT

Rép. B. n° 131

Beaux-Arts.

A Messieurs les président et membres de la jointe de l’Académie,

Nous avons l’honneur de vous adresser copie d’une dépêche que nous avons reçue

de Mr le Gouverneur le 4 de ce mois, relativement à la restauration de certains tableaux du musée

de 1*Académie. D ’après le désir du Conseil communal auquel nous avons communiqué cette dépêche

nous vous prions, MM., de nous faire un rapport sur cet objet. Nous attirons plus spécialement

votre attention sur l’espèce de revendication qui y est annoncée.

Nous jugeons aussi qu’il n’est pas inutile de rappeler en quelques mots les précédents

de cette affaire. Elle a été traitée en 1869, à la suite d’un rapport adressé le 6 octobre 1868 à

Mr. le Ministre de l’intérieur par la commission royale des monuments. Dès cette époque, il s’est

élevé un dissentiment entre cette commission et la direction de l’Académie. On chercha à l’aplanir

dans une réunion qui eut lieu le 3 novembre 1869, mais aucune résolution ne put être prise.

Le 31 mai 1871, la Commission royale fit un nouveau rapport au Ministre à la suite

d’une visite faite au musée le 22 mai. Nous vous avons adressé le 6 juillet copie de ce rapport et

de la lettre de Mr le Gouverneur de la Province du 26 juin 1871. Le 5 octobre suivant vous nous

avez envoyé un rapport détaillé qui fut par nos soins communiqué à Mr le Ministre dès le

16 octobre.

Par suite d’un malentendu, l’affaire parut oubliée jusqu’au mois de février 1873.

Il y eût alors, sous la date du 26, une nouvelle dépêche ministérielle où il était dit que la direction

du musée de Bruges s’étant ralliée à une des principales propositions de la commission, celle de

fixer les peintures qui tendent à s’écailler, il ne s’agissait plus que de se mettre d’accord sur le

choix d’un restaurateur, et dans laquelle aussi, le Ministre signalait, sans le nommer toutefois, le

peintre qui avait été chargé de restaurer le chef-d’œuvre de Van Eyck, l’Adoration de l’Agneau

de la cathédrale S4 Bavon, avec offre de confier à ce même artiste la restauration des tableaux de

notre musée.

44

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T E X T E S : SO U RC ES D ’ARCH IVES 109

Nous vous avons transmis cette pièce le 13 mars 1873, nous vous avons rappelé

cette affaire le 19 juin 1873 à la suite d’une dépêche du Gouverneur du 16 juin. Mais la jointe ne

nous a fait parvenir aucune réponse à cette communication.

Nous le regrettons d’autant plus que ce retard a fourni au Gouvernement l’occasion

de soulever une nouvelle question, plus importante que toutes les autres, celle de la propriété des

tableaux en question.

Agréez etc.

Par ordonnance, Les Bourgm. et Echevins,

Le Secrétaire, (paraphe)

(paraphe)

(AVB., portefeuille Académie 1859-1890, 1 dossier Beaux-Arts. Restauration de tableaux d'administrations publiques, année 1869, minutedu 9 novembre 1874).

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110 T E X T E S : SO U RC ES D 'AR CH IVES

29 janvier 1875. Rapport de la Jointe de VAcadémie des Beaux-Arts de Bruges sur la lettre du Ministre de

l’intérieur relative à la restauration des tableaux anciens du musée de VAcadémie. Celle-ci consent à une restau­

ration limitée sur place.

45

Rapport sur la lettre du Ministre de l’intérieur relative à la

restauration des tableaux anciens du musée de l’Académie.

Par sa lettre du 9 novembre dernier, M r le Ministre de l’intérieur revient sur les

instances faites précédemment par le gouvernement, pour assurer la conservation des œuvres des

maîtres primitifs de l’Ecole de Bruges, déposées au musée de l’Académie.

Cette question a été longuement examinée par la jointe en 1871, à la suite d’un

rapport fait par une commission spéciale et dont les conclusions ont été transmises au gouverne­

ment par l’intermédiaire de l’administration de la ville. Ce rapport, adopté à l’unanimité des

membres de la jointe, porte la date du 5 octobre 1871; il ne parvint, parait-il, au ministère de

l’intérieur, que le 24 janvier 1873. Il nous est impossible de dire où cette pièce a séjourné pendant

plus de deux ans.

La jointe se ralliait, dès lors, à une des principales propositions du gouvernement

et le priait de bien vouloir désigner un restaurateur capable de bien faire ce travail, à la condition

expresse, que les tableaux ne fussent pas transportés hors du local du musée.

Aucune suite pratique ne fut donnée à cette demande.

Le transport des tableaux paraissait extrêmement dangereux à la jointe, surtout à

cause des soufflures et des écaillures que le moindre choc pouvait faire tomber. Une opération de

restauration sur place n’offrait aucun inconvénient d’autant plus que la jointe pouvait la surveiller

et la faire cesser, si elle dépassait les limites de la nécessité reconnue, pour la conservation de nos

chefs d’œuvres [râ], tels que les siècles nous les ont légués.

Dans sa dernière lettre, M r le Ministre demande de nouveau qu’une décision soit

prise quant aux soins à donner à nos tableaux pour prévenir leur dégradation.

La commission, qui avait antérieurement examiné cette affaire, a été convoquée;

elle a pris connaissance de la nouvelle dépêche ministérielle et elle a décidé, à l’unanimité de ses

membres, de proposer à la jointe :

1° De prier le gouvernement de désigner un artiste capable, pour fixer les soufflures, etc. de nos

anciens tableaux.

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T E X T E S : SO U RC ES D 'A R C H IV E S 111

2° De faire exécuter ces opérations dans le local même du musée, tout transport pouvant produire

sur les tableaux des détériorations irrémédiables.

3° De faire attentivement surveiller les opérations par une commission spéciale.

Quant à nos droits de propriété sur trois tableaux qui ont été transportés à Paris

sous le gouvernement français, nous croyons qu’il serait superflu de les défendre. Ces tableaux

proviennent de nos monuments communaux, églises, hôtel de ville et salle du Franc. Ils ont été

peints à Bruges pour des emplacements déterminés, commandés par des noms connus, avec une

destination spéciale.

Leur réunion dans le musée que se propose de faire l’administration communale

dans l’hôtel des seigneurs de Gruuthuse, qui date de la même époque que les tableaux, constituera

une des collections les plus intéressantes de l’Europe. On pourra y étudier la naissance, le dévelop­

pement rapide et la transformation de l’Ecole de Bruges qui a ouvert par l’intervention de Jean

Van Eyck, une ère nouvelle à la peinture.

Ce rapport soumis aux délibérations de la jointe est adopté à l’unanimité.

Le rapporteur,

(s.) Dr Fr Vanden Abeele

(AVB., portefeuille Académie 1859-1890, 1 dossier Beaux-Arts. Restauration de tableaux d'administrations publiques, année 1869, copie non datée [29 janvier 1875]).

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112 T E X T E S : SO U RCES D 'AR CH IVES

25 novembre 1875. Ladministration communale de Bruges, refusant de reconnaître le droit de propriété de

rEtat, demande à la Jointe de procéder aux restaurations de ses tableaux anciens sur place et en accord avec

la Commission royale des Monuments.

SECRÉTARIAT Bruges, le 25 9bre 1875.

Rép. B. n° 131

Beaux-Arts.

A la Direction de PAcadémie,

Nous venons de recevoir de Mr le Gouverneur une dépêche dont nous croyons

nécessaire de vous faire tenir copie. Il s’agit de la restauration des tableaux de notre musée.

La question soulevée paraît toucher à une solution satisfaisante, en ce sens que

Mr De Brou désigné par M. le Ministre, se déclare disposé à procéder immédiatement et sans

déplacement des tableaux, au refixage, masticage et mise en bon état des panneaux et des toiles.

Il remet toutefois à l’année prochaine la tâche plus délicate de la restauration.

Nous appelons votre attention sur ce dernier point, et serions heureux pour notre

part, de savoir au juste en quoi consistera cette restauration. S’agit-il de repeints, ou simplement

de quelques raccords destinés à combler les vides de craquelures ou d’écaillures ? Nous vous

prions instamment, Messieurs, de veiller à cela et de vous entendre d’avance avec M r De Brou

sur les moindres détails de cette restauration.

Nous désirons aussi que vous vous entendiez avec lui sur le coût de ces travaux, et

que vous tâchiez de savoir si, en les leur confiant, le ministre a pris quelque engagement envers

lui en ce qui concerne le payement.

Il faut que nous soyons prudents à cet égard. Nous avons vu par des dépêches

antérieures qu’il y a quelques velléités de nous disputer la propriété de ces œuvres; laisser payer

par l’Etat sans convention préalable, serait, peut-être, lui fournir des armes en faveur de cette

thèse; nous vous engageons à examiner cette face de la question et à nous communiquer votre

manière de voir.

Par ordonn., Les Bourgmestre et Echevins,

Le Secrét., (paraphe)

(paraphe)

46

(AVB., portefeuille Académie 1859-1890, 1 dossier Beaux-Arts. Restauration de tableaux d'administrations publiques, année 1869, minutedu 25 novembre 1875).

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T E X T E S : SO U RC ES D'AR CH IVES 113

47

23 avril 1876. Devis de restauration dressé par S. Deheuvel.

Rapport des travaux à exécuter aux tableaux exposés au

Musée de l’Académie des Beaux-Arts à Bruges. Ire Série.

N° du Catalogue.

n° 1. Jean Van Eyck. Refixer les couleurs soulevées, mastiquer le panneau et le

dégarnir des boiseries défectueuses qui s’y trouvent derrière i. Fr 100.

n° 4. Hemling. Refixer les tableaux et les volets 2. Fr 100.

n° 5. Recoller les joints du tableau, refixer les couleurs ainsi que les volets à l’exté­

rieur (fait) 3. Fr 150.

n° 6. Refixer les couleurs soulevées et mastiquer (fait) 4. Fr 60.

n° 7 & 8. Tableaux précieux. Refixer les couleurs entièrement soulevées, mastiquer

et recoller tous les joints pour les deux (fait) 5. Fr 500.

n° 9. Mastiquer et recoller les points. Fr 25.

n° 10 et 11. Refixer les couleurs soulevées des deux côtés et recoller tous les joints

pour les deux (fait). Fr 180.

Bruxelles, le 23 avril 1876.

(signé) S. Deheuvel

(AVB., portefeuille Académie 1859-1890, 1 dossier Beaux-Arts. Restauration de tableaux d'administrations publiques, année 1869, copie du 23 avril 1876; signalé par H. P a u w e ls , Musée Groeninge. Catalogue, Musée communal des Beaux-Arts, Bruges, 1963, p. 33, note 5; p. 47, note 8; p. 49, note 3).

1 Catalogue des Tableaux, Dessins et Aquarelles, exposés au Musée de l'Académie royale des Beaux-Arts à Bruges, Bruges, 1872, n° 1 : Jean van Eyck, Vierge au chanoine van der Paele.

2 Ibidem, n° 4, Hans Memlinc, Retable des Saint-Christophe, Saint-Maur et Saint-Gilles (triptyque Moreel).3 Ibidem, n° 5, Gérard David, Baptême du Christ (triptyque).4 Ibidem, n° 6, Hugo van der Goes, Mort de la Vierge.5 Ibidem, nos 8 et 9, Gérard David, La Justice de Carnbyse. Deheuvel indique les nos 7 et 8, ce oui est probablement une erreur.

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114 T E X T E S : SO U RC ES D 'AR CH IVES

11 mai 1876. La Commission brugeoise des Beaux-Arts approuve les restaurations que le sieur Deheuvel

doit effectuer.

Rapport de la Commission des Beaux-Arts sur une demande de subside faite par le gouverne­

ment, pour la restauration de quelques tableaux du musée de PAcadémie.

Par dépêche du 3 C* M. le Gouverneur de la Province communique à l’administration communale

une lettre de Mr le Ministre de l’intérieur à l’effet de savoir quelle est la part d’intervention que

la ville consent à assumer dans la dépense qu’occasionnera la restauration de quelques tableaux

du musée de l’Académie.

D ’après les évaluations détaillées annexées à sa lettre, le gouvernement estime que la dépense

s’élèvera à 2.923 Fr.

Notre Commission, MM., estime qu’il est du devoir de la ville de s’associer à un travail qui a

pour but de conserver les précieux spécimens de sa gloire artistique, et vous propose d’intervenir

pour le tiers de la dépense, le gouvernement et la province se chargeant des deux autres tiers.

Il reste bien entendu que ces travaux de restauration seront faits d’après les conditions posées

dans la délibération du conseil communal de 1875, à savoir que les tableaux ne pourront en aucun

cas, être transportés hors du local du musée et que les travaux se feront sous la surveillance d’une

commission spéciale nommée à cet effet.

Fait en séance du 11 mai 1876; étaient présents MM. Visart, bourgmestre, Ronse, Boyaval,

Thibault de Boesinghe et Vanden Abeele, rapporteur.

48

(AVB., portefeuille Académie 1859-1890, 1 dossier Beaux-Arts. Restauration de tableaux d'administrations publiques, année 1869, copie du11 mai 1876).

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T E X T E S : SO U RC ES D 'A R C H IV E S 115

l eT août 1876 (?). Le restaurateur Ch. De Brou, chargé de la restauration des tableaux anciens de VAcadémie,

notifie au Ministre de l’intérieur son désistement.

J ’ai fait ma visite hier au musée de Bruges et j ’ai été reçu par Mr le Secrétaire à

peu près comme on reçoit un commis voyageur dont on veut se débarrasser le plus tôt possible.

D ’après Mr le Secrétaire, ces MM. de la Commission sont toujours avec la ferme

volonté de ne permettre la retouche de leurs tableaux que sous leur inspection directe et seulement

après un essai d’après lequel ils prononceront (sic).

Ne pouvant accepter de pareilles conditions, cette affaire est donc, en ce qui me

concerne, complètement terminée.

Quant à la Direction des Beaux-Arts, elle n’obtiendra absolument rien de la

Commission de l’Académie de Bruges, laquelle se prétend seule maîtresse et autorisée à agir comme

elle le jugera bon (sic) : et quant aux prétentions de revendication par l’Etat, elle s’en moque en

attendant nos gendarmes (sic).

Non seulement la retouche devra se faire sous direction directe mais de plus, elle

ne permettra aucune restauration au Van Eyck et aux Memling. Mr De Heuvel n’a pu y toucher.

La Commission préfère (sic) plutôt la destruction de ces productions que d’y laisser mettre la main !

49

(AVB., portefeuille Académie 1859-1890, 1 dossier Beaux-Arls. Restauration de tableaux d'administrations publiques, année 1869, copie d ’une

lettre de M r De Brou au ministre Dclcour, [août 1876]).

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116 T E X T E S : SO U RC ES D 'A R C H IV E S

18 août 1876. Le Ministre de VIntérieur rappelle à /’administration communale tout l’historique des restau­

rations à apporter à la Vierge au chanoine van der Paele et aux deux panneaux de la Justice de Cambyse.

Devant les obstacles mis à leur exécution, il menace de recourir à des mesures coercitives.

Bruxelles, le 18 août 1876.MINISTÈRE DE L’INTÉRIEUR

ADM INISTRATION DES LETTRES,

SC IEN CES ET DES BEAUX-ARTS

No 14.355

Messieurs,

Dans le courant de l’année 1868, l’inspecteur des Beaux-Arts ayant attiré l’attention

du Gouvernement sur l’état de détérioration où se trouvaient quelques-uns des tableaux les plus

précieux de l’Académie de Bruges, la commission royale des monuments fut invitée sous la date

du 9 septembre 1868, par l’un de mes prédécesseurs à envoyer des délégués en cette ville, afin de

constater les choses.

11 résulte d’un rapport de ce collège en date du 6 octobre 1868, que l’œuvre de

Van Eyck : « la Sainte Vierge avec l’Enfant Jésus, S1 Donatien et S4 Georges », ainsi que deux

tableaux dus à un maître inconnu et représentant l’un « le Jugement de Cambyse », et l’autre

« l’Ecorchcment du juge prévaricateur » avaient subi des dégradations auxquelles il importait

de remédier.

L’administration communale fut invitée en conséquence à faire connaître si elle

était disposée à faire exécuter le travail nécessaire pour assurer la conservation de ces tableaux.

Elle fit savoir, en réponse à cette communication, que la direction de l’Académic se refusait à

laisser toucher à ces œuvres d’art.

Toutefois, dans une conférence qui eut lieu postérieurement (le 3 novembre 1869)

entre les délégués de la Commission des monuments et la direction de l’Académie, il fut convenu

qu’on refixerait les parties de couleur prêtes à se détacher dans les deux tableaux représentant :

« le Jugement de Cambyse et l’écorchement du juge prévaricateur », et que ce travail serait

confié à M r Et. Leroy, de Bruxelles. Mais rien ne fut fait cependant.

Aussi, lors d’une visite faite en mai 1871 au musée de Bruges par des délégués de la

Commission précitée, ceux-ci constatèrent avec un profond regret qu’aucune mesure de conser­

vation n’avait été prise pour arrêter les dégradations qui se produisaient à quelques uns des

tableaux les plus importants de cette galerie.

50

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T E X T E S : SO U RC ES D 'A R C H IVE S 117

En présence de cette situation, le Gouvernement crut devoir insister particulièrement

auprès de M r le Gouverneur de la province, afin que celui-ci usât de son influence pour amener

une solution satisfaisante.

La Direction de l’Académie tout en s’attachant à réfuter les arguments que la

Commission des monuments avait fait valoir en faveur des mesures de conservation à prendre pour

certains tableaux remarquables du musée, proposait de nouveau de faire refixer les peintures

qui s’écaillaient.

Seulement au lieu de Mr Et. Leroy, c’était cette fois M r Callewaert à qui elle

demandait que le travail fût confié.

Quoiqu’il en soit, de nouveaux atermoiements devaient se produire. Six ans après

les premières démarches de l’autorité supérieure, rien encore n’avait été fait pour donner au

Gouvernement la juste satisfaction qu’il réclamait dans un intérêt non moins digne de la sollicitude

des autorités locales que de celle du Gouvernement.

Frappé de l’inutilité des démarches réitérées ayant pour objet une question où,

après tout, la responsabilité du Gouvernement se trouve engagée, je crus ne pas pouvoir me

dispenser de faire remarquer que cet état de choses devait prendre fin, d’autant plus que les autorités

brugeoises n’étaient en réalité que les dépositaires, des œuvres menacées de destruction.

C’est à ce moment que Mr le Représentant De Clercq intervint d’une manière

officieuse auprès d’un homme qui depuis longtemps s’était fait connaître par son expérience en

matière de restauration d’œuvre d’art et qui, en dernier lieu, a donné des preuves éclatantes de

sa prudence et de son habilité dans la restauration des tableaux des maîtres primitifs du musée

de Bruxelles.

Je veux parler de M r de Brou, membre de la Commission directrice des musées

royaux de peinture et conservateur de la galerie de tableaux de Son Altesse le duc d’Arenberg.

M r de Brou ayant bien voulu déférer au désir qui lui avait été exprimé par M r le représentant

De Clercq, votre administration en fut informée officiellement, et sous la date d’octobre 1875, la

direction de l’Académie sans faire d’opposition, se borna à faire remarquer que les tableaux

précieux dont il s’agit ne pouvaient être envoyés à Bruxelles.

M r de Brou consentit à se rendre à Bruges pour l’accomplissement de sa mission

toute désintéressée. Il devait toutefois attendre la bonne saison pour se mettre à l’œuvre, mais au

moment voulu de nouvelles difficultés surgirent.

En effet, nonobstant les démarches officieuses faites par mon administration dans

les termes les plus convenables auprès de la direction de l’Académie, M r de Brou se trouva dans

l’impossibilité de commencer les travaux dont l’indispensable nécessité était depuis si longtemps

démontrée.

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118 T E X T E S : SO U RC ES D 'A R CH IV E S

Je crois au surplus, Messieurs, devoir vous communiquer une copie d’une lettre où

M r de Brou rend compte d’une conversation qu’il a eue à ce sujet avec le Secrétaire de l’Académie.

Vous reconnaîtrez sans doute, Messieurs, que le Gouvernement a suffisamment fait

preuve de longanimité.

Quoi qu’il en soit, la situation qui lui est faite ne peut se prolonger. Désormais il

est responsable seul de la conservation des œuvres qui sont une propriété nationale et dont 4a

destruction aurait un retentissement dans le monde civilisé.

J ’ai cru devoir vous rappeler toutes les phases de l’affaire; et comme c’est la dernière

démarche que je compte faire, je viens vous demander, Messieurs, d’user de votre autorité pour

que les travaux indispensables à la conservation des tableaux en question n’éprouvent plus le

moindre retard et que M r de Brou soit mis à même sans délai d’en commencer l’exécution.

Je désire recevoir une réponse formelle. J ’espère qu’elle ne sera pas de nature à me

contraindre à recourir aux mesures légales que justifieraient les droits de l’Etat, droits qui seront

constatés le cas échéant.

Agréez, Messieurs, l’assurance de ma considération distinguée.

Le Ministre de l’intérieur,

(s.) Delcour

A Messieurs les Bourgmestre et Echevins de la Ville de Bruges.

(AVB., portefeuille Académie 1859-1890, 1 dossier Beaux-Arts. Restauration de tableaux d'administrations publiques, année 1869, originaldu 18 août 1876).

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T E X T E S : SO U RC ES D 'A R C H IV E S 119

23 août 1876. Note relative aux restaurations des tableaux anciens de /’Académie des Beaux-Arts. Restau­

ration de S. Deheuvel.

51

Le soussigné déclare qu’il lui est dû par le Ministre de l’intérieur du chef de répara­

tions faites aux tableaux exposés au Musée de l’Académie royale des Beaux-Arts, à Bruges, la

somme de deux mille quinze francs dont suit le détail :

Numéros

du

catalogue

n° 5 Tryptique [jiV]. Maître inconnu; Baptême du Christ 1 Fr 150

6 Maître inconnu la mort de la Vierge 2 Fr 60

7 et 8 Maître inconnu le jugement de Cambyse et le pendant, l’écorchement 3 Fr 500

14 Maître inconnu légende de la vie de St Roch Fr 60

deux 22 Maître inconnu portrait du donateur et de la donatrice Fr 40

deux 23 Maître inconnu l’adoration de l’enfant jésus et l’adoration des Mages Fr 50

24 Maître inconnu St Georges terrassant le dragon Fr 60

Certifié véritable la présente déclaration s’élevant à la somme de deux mille quinze

francs.

Bruxelles, le 23 août 1876.

(s.) Deheuver

rue des Minimes, 42. Bruxelles.

(AVB., portefeuille Académie, Budgets [...], 1855-1897, 1 dossier correspondance ordinaire, original du 23 août 1876).

1 Catalogue des Tableaux, Dessins et Aquarelles, exposés au Musée de l 'Académie royale des Beaux-Arts à Bruges, Bruges, 1872, n° 5, Gérard David, Baptême du Christ (triptyque).

2 Ibidem, n° 6, Hugo van der Goes. Mort de la Vierge.3 Ibidem, nos 8 et 9, Gérard David, La Justice de Cambyse. Deheuvel indique les nos 7 et 8, ce qui est probablement une erreur.

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120 T E X T E S : SO U RC ES D 'A R C H IV E S

15 septembre 1876. La Jointe de 1’Académie refuse d’obéir aux injonctions ministérielles du 18 août 1876,

nie la nécessité de restaurer la Vierge au chanoine van der Pacle et les deux panneaux de la Justice de

Cambyse, décline toute responsabilité en matière de restauration et abandonne la décision à l’administration

communale.

ACADÉMIE ROYALE Bruges, le 15 septembre 1876.DES BEAUX-ARTS

52

Messieurs,

La jointe de l’académie royale des beaux-arts a pris connaissance de votre lettre

de Mr le Ministre de l’intérieur, qui est jointe à votre dépêche du 24 août dernier.

Nous croyons inutile de relever plusieurs passages de la lettre ministérielle qui

manquent d’exactitude et exposent certains faits avec une exagération manifeste. La forme de la

missive de M r De Brou qui accompagne le travail de l’administration des beaux-arts, dénote une

susceptibilité d’amour-propre qui rend toute discussion calme impossible.

Afin de laisser à chacun la responsabilité qui lui incombe dans cette affaire, la jointe

a chargé une nouvelle commission composée de six membres, artistes-peintres et archéologues de

constater l’état réel de détérioration des tableaux anciens du musée.

Après un examen minutieux et prolongé la commission a déclaré à l’unanimité de

ses membres, qu’après les travaux de Mr De Heuvel pour fixer les soufflures, craquelures, etc.,

de quelques panneaux, ces précieux spécimens de l’Ecole de Bruges ne courent plus aucun danger

de destruction.

En ce qui concerne en particulier le grand tableau de Jean Van Eyck, les craquelures

qui existent dans le haut du dais, qui surmonte la tête de la Vierge, il peut paraître utile d’en

prévenir, par une opération prudente et limitée les inconvénients possibles.

Au magnifique triptyque de Memlinc, il n’y a que deux endroits, très bornés, où

l’on voit des craquelures : en un point du ciel, à gauche du panneau central, et sur la draperie

d’un personnage du même côté du tableau.

Quant aux repeints, qui existent sur ces deux chefs-d’œuvre, ils datent d’une époque

déjà ancienne et antérieure à leur placement au musée de l’Académie.

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T E X T E S : SO U RC ES D 'A R C H IVE S 121

La Commission estime, Messieurs, que sa mission est maintenant terminée; elle

croit que le cri d’alarme parti de Bruxelles au sujet de la destruction prochaine de nos reliques

d’art local, est absolument exagéré. Malgré tout son désir de conserver aux chefs-d’œuvre de

l’Ecole de Bruges leur aspect original et authentique, la jointe de l’Académie croit devoir décliner

désormais toute responsabilité dans cette affaire et abandonner entièrement la décision à l’adminis­

tration communale, la Ville étant propriétaire du Musée.

Agréez, Messieurs, l’assurance de notre parfaite considération.

Le Secrétaire, Le Président,

(s.) Dr Vanden Abeele (s.) A. Pecsteen

Messieurs les Bourgmestre et Echevins de la Ville de Bruges.

(AVB., portefeuille Académie, 1859-1890, dossier Beaux-Arts. Restauration de tableaux d ’administrations publiques, année 1869, originaldu 15 septembre 1876).

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12 2 T E X T E S : SO U RC ES D 'A R C H IV E S

15 décembre 1876. Paiement de 2.015 francs au sieur Deheuvel pour restauration des tableaux anciens de

ï Académie.

MINISTÈRE DE L’INTÉRIEUR Bruxelles, le 15 Xbre 1876.ADM INISTRATION DES LETTRES,

SC IEN C ES ET DES BEAUX-ARTS

N° 14355

53

Messieurs,

J ’ai l’honneur de vous faire savoir qu’il vous a été alloué sur les fonds du budget du

Département de l’intérieur, un subside de 2015 francs pour les travaux de restauration exécutés

par M. De Heuvel aux tableaux du musée de PAcadémie de Bruges.

Vous trouverez ci-joint le mandat de paiement de l’import de la dite somme.

Je vous prie, Messieurs, de vouloir bien me renvoyer ce mandat duement acquitté

afin que le Département de l’intérieur puisse se rembourser d’une avance de 500 francs qu’il a

dû faire à M. De Heuvel.

Le surplus de la somme sera remis à celui-ci par les soins de mon département.

Agréez, Messieurs, l’assurance de ma considération très distinguée.

Le Ministre de l’intérieur,

(s.) Delcour

A l’Administration communale de Bruges.

(AVB., portefeuille Académie, Budgets [...], 1855-1897, 1 dossier correspondance ordinaire, original du 15 décembre 187G).

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T E X T E S : SO U RC ES D 'A R C H IV E S 123

3 février 1877. Vadministration communale s'efforce de justifier les retards apportés aux restaurations réclamées

par le gouvernement, conteste le droit de propriété de VEtat, admet la restauration à condition qu'elle se fasse

sur place.

3 février 1877.

Sect. B 131/302

Restauration

de tableaux de l’Aeadémie

Monsieur le Ministre de l’intérieur,

Nous vous devons des excuses pour le retard que nous avons mis à répondre à votre

lettre du 18 août 1876 (Lettres 14355). Aussitôt que nous l’avons reçue, nous nous sommes occupés

de l’affaire dont elle traite, mais quelques renseignements nous manquant à cette époque et nous

trouvant ainsi dans l’impossibilité de vous fournir les explications complètes, nous l’avons momen­

tanément perdue de vue.

Nous devons, avant tout, Monsieur le Ministre, affirmer les droits de la ville à la

propriété des tableaux et autres qui forment notre musée communal et réagir contre l’idée que

ces œuvres d’art pourraient, à un titre quelconque, être une propriété nationale et que le gouver­

nement, se considérant comme responsable de leur conservation, aurait le droit de substituer son

action à la nôtre et d’ordonner telles mesures qu’il jugerait convenables pour faire cesser l’état

de choses actuel.

Nous ne pouvons voir, dans la dernière partie de votre lettre qu’une simple mesure

comminatoire et nous restons intimement convaincus que jamais personne ne songera sérieusement

à nous contester un droit de possession séculaire, un instant interrompu pour quelques tableaux

par un abus de puissance, mais solennellement confirmé depuis par des actes du pouvoir souverain.

Si nous nous placions à tout autre point de vue que celui de notre droit de propriété,

nous n’aurions pas à intervenir dans la question de restauration qui, à notre grand regret, s’agite

depuis 1868. Nous pourrions décliner toute responsabilité. Mais telle n’a jamais été et ne sera

jamais notre intention. Nous acceptons la responsabilité avec toutes les conséquences, mais nous

envisageons différemment au point de vue de l’art, les obligations que cette responsabilité nous

impose.

Nous plaçant à ce point de vue, Monsieur le Ministre, nous croyons qu’il y a une

distinction à faire en matière de restauration.

54

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124 T E X T E S : SO U RC ES D 'A R C H IV E S

Nous admettons, sans restriction, la nécessité de veiller à la conservation matérielle

des œuvres et dans cet ordre d’idées nous admettons la nécessité de réparer les dégâts qui peuvent

se produire aux panneaux et aux toiles, comme aussi de fixer les soufflures ou les craquelures qui

viendraient à se manifester dans la couche de couleurs.

Nous n’avons jamais été en désaccord avec personne sur ce point, nos prétentions

se sont bornées à exiger que les réparations fussent faites sans déplacement, dans le local même

du musée et certes personne ne nous fera un grief d’avoir voulu de cette manière, éviter les accidents

graves que l’emballage et le transport auraient pu provoquer. L’expérience a prouvé du reste que

ce travail pouvait se faire sur place; les restaurations de cette nature sont effectuées.

Mais en dehors et à côté de cette restauration matérielle vient se placer la question

de la restauration artistique, c’est-à-dire l’enlèvement des repeints antérieurs, ou l’application de

repeints nouveaux.

Ici nous différons d’avis avec des personnes fort compétentes sans doute et aussi

désireuses que nous de conserver les œuvres des maîtres anciens, mais qui croient qu’il est indis­

pensable de rajeunir, en quelque sorte les œuvres.

Nous pensons, nous, qu’il faut respecter même la patine que le temps a déposée sur

les peintures et que c’est pousser trop loin le culte des anciennes œuvres que vouloir leur rendre

périodiquement leur première fraîcheur. Nous considérons comme dangereuses les tentatives de

ce genre; nous en jugeons par l’état actuel de nos tableaux dont certains portent les traces indélébiles

de retouches sacrilèges. Nous savons qu’on peut répondre que les restaurateurs ont été maladroits

ou malhabiles. Mais nous demanderons quelle preuve on en a ? Peut-on s’imaginer que des chefs-

d’œuvre reconnus tels à toutes les époques, précieusement conservés comme chefs-d’œuvre aient

été confiés à des restaurateurs vulgaires ? Et n’est-il pas plus rationnel de croire que ces repeints,

ces retouches que nous déplorons ont été faits par des artistes de premier mérite, dignes à tous

égards de la confiance des propriétaires des tableaux; que ces retouches et ces repeints paraissaient

dans les premiers moments admirablement exécutés et de manière à tromper les yeux les plus

habiles; mais qu’une cause plus puissante que la bonne volonté des restaurateurs, que leur habileté,

que leur savoir, a agi postérieurement sur leur travail très conciencieusement fait et que c’est aux

réactions de l’air, de la lumière, du milieu ambiant, sur des couleurs autrement composées, autre­

ment broyées, autrement combinées, sur des huiles ou des vernis de qualité différente que ceux

du peintre primitif, qu’il faut attribuer les taches malheureuses que nous constatons aujourd’hui.

Nous l’avouons sans peine, nous nous défions de toutes les restaurations, nous crai­

gnons que tout travail de ce genre, irréprochable au moment où les tableaux restaurés quittent

le chevalet pour reprendre leur place, ne porte en soi un vice caché qui se manifestera vingt ans,

cinquante ans, cent ans plus tard.

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T E X T E S : SO U RC ES D 'ARCH IVES 125

Et c’est à cause de cela que nous avons témoigné une certaine répugnance à laisser

retoucher les tableaux du musée de l’Académie. Personne ne contestera que les restaurations

modernes n’ont pas encore subi l’épreuve du temps et que même pour les travaux les mieux réussis,

il peut se présenter de déplorables mécomptes.

Entre autres choses que nous redoutons, nous citerons le lavage que les peintures

doivent subir avant de passer sous le pinceau des restaurateurs. Ce lavage quelqu’adroitement

qu’il soit fait, peut enlever les glacis intentionnellement posés par le maître et détruire l’harmonie

qu’il avait su imprimer à sa toile.

Toutefois, Monsieur le Ministre, qu’on n’aille pas croire, en présence de cette profes­

sion de notre foi artistique, que nous repoussions d’une manière absolue tout travail de restau­

ration. Nous reconnaissons qu’il y a des cas où il est indispensable d’en faire et nous sommes tout

disposés à permettre à tout restaurateur intelligent et plus spécialement à Mr De Brou, de porter

la main sur nos tableaux, mais nous n’entendons pas aliéner notre droit incontestable de désigner

ceux de ces tableaux qui nous semblent pouvoir être soumis à la retouche et ceux pour lesquels

nous croyons qu’elle serait inutile ou dangereuse. Et ceci nous amène à vous entretenir de ce qui

s’est passé à la fin du mois de juillet lors de la visite de Mr De Brou.

Il s’est présenté à l’Académie sans nous avoir avertis de son arrivée à Bruges ni de

son intention d’y venir vers cette époque. Nous nous serions fait un devoir, si nous avions connu

le jour, de le recevoir nous mêmes, et nous aurions convoqué la commission spéciale instituée pour

donner son avis sur les travaux de restauration à faire. Nous aurions eu tout d’abord avec Mr De

Brou un entretien pour discuter la marche à suivre et déterminer exactement ce qu’il y avait à

faire. Nous lui aurions exposé nos vues et nous aurions écouté ses conseils; entre lui et nous il se

serait établi un accord préalable et tout malentendu ultérieur eut été évité.

Mr De Brou ne nous ayant malheureusement pas avertis, s’est trouvé ce jour là en

présence du secrétaire de la commission administrative et accidentellement du directeur de

l’Académie informés en toute hâte de sa venue, et ces deux personnes, s’appuyant sur des décisions

dont il ne leur était pas permis de s’écarter, sur lesquelles elles n’avaient pas le droit de transiger,

ne sont pas parvenues à s’entendre avec Mr De Brou.

Dans le rapport que celui-ci vous a adressé le 1er août, rapport écrit, ce nous semble,

ab irato, il y a peut-être un peu de fantaisie; mais nous ne voulons pas insister là dessus. Au fond,

cela est exact, on ne s’est pas entendu, et pour les motifs que nous disions tantôt : le secrétaire ne

pouvait faire autrement que communiquer les décisions prises et devait s’en tenir à cela. Il ne lui

appartenait pas de faire de concessions.

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126 T E X T E S : SO U RC ES D ’A R CH IVES

Et parmi ces concessions demandées par Mr De Brou il y en avait une que nous-

mêmes nous n’aurions jamais accordée. Mr De Brou qui était en villégiature à Blankenberghe

désirait que nos tableaux y fussent envoyés pour qu’il pût y travailler là, et ce à commencer par

le plus précieux : le Van Eyck.

Vous même, Monsieur le Ministre, vous conviendrez que cela était entièrement

inadmissible. Quant aux autres points, l’entente eût pu se produire et se serait produite sans doute

si Mr De Brou au lieu de s’en tenir à la conversation qu’il a eue avec le secrétaire de l’Académie

et de considérer les paroles de celui-ci comme un ultimatum, s’était adressé soit à la direction de

l’Académie soit à nous-mêmes. Ce qui aurait pu se faire le premier jour, si nous avions été prévenus

de l’arrivée de Mr De Brou, pouvait encore se faire le lendemain.

Mr De Brou a eu le tort de quitter Bruges et de vous écrire sans s’être mis en rapport

avec les autorités qui avaient seules le droit de traiter avec lui et de modifier le programme qu’elles

s’étaient tracé pour arriver à la bonne exécution des restaurations à faire.

Et quel était ce programme ?

Il faut, Monsieur le Ministre, pour en juger la valeur, vous placer dans la situation

qui nous était faite. Mr De Brou vivement recommandé par quelques personnes était pour nous

un inconnu. Avant qu’il nous eût été signalé par une de vos lettres, nous ignorions même son nom,

et aujourd’hui encore nous ne connaissons de visu aucune de ses œuvres. On nous a dit qu’il a fait

d’excellentes restaurations; nous l’admettons volontiers sous la réserve des réflexions générales

que nous vous avons communiquées plus haut au sujet de l’action du temps sur les couleurs et les

huiles employées; mais ces restaurations nous ne les connaissons pas.

C’est dans ces circonstances, dans cette situation des choses que nous nous étions

dit : quand Mr De Brou viendra, nous l’inviterons d’abord à restaurer une ou deux œuvres d’impor­

tance secondaire, nous pourrons juger de son habileté, de son adresse et nous lui confierons les

tableaux de premier ordre lorsque nous aurons nos apaisements personnels sur ces points importants.

Y avait-il dans ce dessein, dicté par la prudence la plus vulgaire, de quoi effaroucher

Mr De Brou ? Nous ne le pensons pas. Lui-même agirait ainsi vis à vis de tiers qui lui seraient

recommandés. Mr De Brou sûr de lui-même, sûr de son talent et fort de ses succès antérieurs,

n’aurait pas dû craindre l’épreuve bien bénigne que nous avions l’intention de lui faire subir. Il

aurait réussi, et réussissant, il aurait conquis notre confiance absolue; à partir de ce moment, nous

serions allés sans crainte, sans arrière pensée, même au-delà de nos premiers projets et nous aurions

permis peut-être ce qui aujourd’hui encore nous paraît dépasser les bornes d’une restauration

prudente. Nous vous exposons franchement, Monsieur le Ministre, sans aucun ambage, quels

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T E X T E S : SO U RC ES D 'A R C H IV E S 127

étaient nos desseins; c’est à notre sens le moyen le plus sûr de renouer des négociations que nous

n’avons pas rompues et de parvenir à une entente qui nous permettra de mener à bonne fin l’œuvre

commencée par Mr Dcheuvel.

C’est dans ce but et avec cet espoir que nous vous adressons cette lettre trop longue

peut-être.

Nous vous prions, M r le Ministre, d’agréer etc.

Par ordonnance, Les Bourgm. et Echevins,

Le Secrétaire, (paraphe)

(paraphe)

i

(AVB., portefeuille Académie 1859-1890, 1 dossier Beaux-Arts. Restauration de tableaux d'administrations publiques, année 1869, minute du

3 février 1877).

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128 T E X T E S : SO U RC ES D 'AR CH IVES

17 novembre 1879. Vadministration fabricienne de la cathédrale du Saint-Sauveur de Bruges consent à la

restauration sur place du triptyque du Martyre de saint Hippolyte.

église CATHÉDRALE Bruges, le 17 9bre 1879.DE BRUGES

ADM INISTRATION DE LA FABRIQUE

Objet : Tableau de Memlinc

55

Monsieur le Gouverneur,

Nous avons l’honneur de vous accuser réception de votre lettre du 13 courant

4cmc Division n° 215, ainsi que de la copie de celle adressée à Monsieur le Ministre de l’intérieur

par la Commission royale des Monuments, sur l’état où se trouvent les grisailles des volets du

triptyque représentant le martyre de S4 Hippolyte, attribué à Memlinc.

La cathédrale possède en effet quelques œuvres d’art d’un rare mérite. Nous les

devons presque toutes à la munificence d’anciens marguilliers et notamment des Van Huerne de

Puyenbekc, des barons de Steenmaere, des Vermcire, etc., qui ne reculaient devant aucun sacrifice

personnel pour conserver à Bruges les chefs-d’œuvre des artistes qui illustrèrent jadis leur ville

natale et pour en doter nos musées et nos églises.

Parmi ces objets il y en a qui ont été détériorés lors de l’incendie qui ravagea notre

cathédrale en 1839. La fabrique en a fait restaurer quelques-uns au moyen de ses propres ressources,

pour d’autres elle a demandé l’intervention de l’Etat et de la Province. C’est ainsi qu’en 1856 elle

a demandé que l’Etat fit restaurer le tableau de Gérard vander Meeren, représentant le cruci­

fiement et celui de Memlinc dont il est question aujourd’hui. Le tableau de vander Meeren a été

restauré par un artiste de Bruxelles, mais cette restauration a si peu satisfait le monde artistique

qu’on n’a pas osé lui confier le chef-d’œuvre de Memlinc. La fabrique a proposé alors un artiste

de Bruges. Celui-ci a été rejeté par la Commission royale des Monuments. De guerre lasse on a

fini par désespérer de trouver un homme capable, c’est ce qui résulte de la lettre en date du

19 février 1862 que nous avons adressée à M. le Gouverneur de là Province et qui porte ce qui suit :

« ... Ce n’est que depuis les rapports que nous avons eus avec MM. les membres de la Commission

royale des Monuments, arrivés à Bruges, à différentes reprises, pour examiner ce tableau (Memlinc)

que nous avons changé d’avis. Ce chef-d’œuvre de l’école flamande est si précieux et a une si

grande importance artistique que quelques membres de la Commission nous ont conseillé de ne

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T E X T E S : SO U RC ES D ’ARCH IVES 129

pas laisser procéder à cette restauration. Pour ces motifs nous pensons, Monsieur le Gouverneur,

qu’avant de faire choix d’un artiste il serait convenable d’examiner plus mûrement la question

de savoir s’il y a lieu de songer à une restauration quelconque ».

Aucune suite n’a été donnée à cette lettre. Si aujourd’hui Monsieur le Ministre de

l’intérieur a trouvé un homme capable de faire la restauration et qu’elle puisse se faire aux condi­

tions convenues en 1856, c’est-à-dire aux frais de l’Etat et de la Province, nous nous estimerons

heureux d’acquiescer aux propositions de M. le Ministre. Seulement nous formons le vœu que

la restauration se fasse à Bruges même sous la surveillance de l’administration fabricienne.

Recevez etc.

Par ordonnance, Pour le Bureau,

Le Secrétaire, Le Président,

signé Verstraete. signé Alph. De Leyn.

Pour copie conforme,

Le Secrétaire de la fabrique de la Cathédrale :

Alb. Verstraete Iserbyt

(AVB., portefeuille Beaux-Arts, 1868-1881, 1 dossier Année 1880. Restauration d'un tableau de Mernlinc à l'Eglise Cathédrale, 17 novembre1879, copie).

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130 T E X T E S : SO U RC ES D 'A R C H IV E S

14 février 1880. La Commission royale des Monuments propose Vanversois Nicolié comme restaurateur du

triptyque du Martyre de saint Hippolyte de la cathédrale du Saint-Sauveur à Bruges.

ROYAUME DE BELGIQUE Bruxelles, le 14 février 1880.

C O M M ISS IO N ROYALE

DES MONUMENTS

No 1464

Monsieur le Ministre,

Vous avez bien voulu nous demander le 5 décembre dernier, Admn. des Beaux-

Arts n° 8372, quel est le restaurateur qui présente les garanties voulues pour être chargé du travail

de restauration à exécuter au tableau de Memlinc représentant le Martyre de S. Hippolyte et

appartenant à la cathédrale de Bruges.

Nous avons cru devoir nous renseigner près de la Commission administrative des

musées royaux de peinture et de sculpture au sujet des artistes qu’elle occupe actuellement à ce

genre de travaux. Ce collège nous a fait connaître que, depuis le décès de Mr Etienne Leroy, aucun

des tableaux du musée de l’Etat n’a dû subir une restauration importante; mais la commission

nous désigne en même temps Mr Nicolié d’Anvers qui lui est signalé comme un peintre restaurateur

des plus habiles. Plusieurs membres de notre collège ayant émis la même opinion sur cet artiste

qui a exécuté avec talent à Anvers la restauration du triptyque de Quentin Metsys, nous pensons

que M. Nicolié pourrait être chargé aussi de restaurer l’important Memlinc de la Cathédrale

de Bruges.

Si vous croyez, Monsieur le Ministre, pouvoir vous rallier à cette proposition,

M. Nicolié devrait être invité à se rendre à Bruges et après s’être entendu avec le conseil de fabri­

que de la Cathédrale, il aurait à vous soumettre des propositions détaillées pour la restauration

de l’œuvre d’art dont il s’agit.

Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l’assurance de notre haute considération.

Le Secrétaire-adjoint, Le Président,

(signé) [illisible] (signé) Wellens

Pour copie conforme :

Le Greffier provincial,

(s.) J. Sheridan

A Monsieur le Ministre de l’intérieur.

56

(AVB., portefeuille Beaux-Arts, 1868-1881, 1 dossier Année 1880. Restauration d'un tableau de Memlinc à l'Eglise Cathédrale, 14 février1880, copie conforme).

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T E X T E S : SO U RC ES D 'A R C H IVE S 131

[1891]. Restauration du Mariage mystique de sainte Catherine de Hans Memlinc par Van Leemputten.

57

ROYAUME de BELGIQUE Bruxelles, le 26 juin 1925.C O M M ISS IO N ROYALE DES

MONUMENTS ET DES SITES

Mr le Gouverneur de la province de Flandre occidentale,

Bruges.

Nous avons l’honneur de vous faire connaître qu’il a été procédé le 9 juin 1925, à

l’examen des tableaux de l’hôpital St-Jean à Bruges.

Ceux-ci comprennent notamment, un grand triptyque représentant le Mariage

mystique de Ste Catherine et la Châsse de Sainte Ursule, deux œuvres de Hans Memlinc.

La dernière restauration du triptyque date de 1891. Elle fut exécutée avec grand

soin par l’artiste peintre Van Leemputten. Les travaux consistèrent en un pointillage et la dissimu­

lation des tâches blanches produites par le mastiquage au grand tableau. Il ne fut touché ni aux

anciens repeints, ni aux contours des points restaurés.

Or, il résulte de l’examen de ce tableau qu’il semble être entré dans une nouvelle

phase de maladie produite vraisemblablement par les déplacements nécessités pendant l’occupa­

tion allemande.

Des nouvelles boursouflures et quelques écaillures se sont fait jour précisément dans

les parties primitivement restaurées. Des boursouflures ont également fait leur apparition sur le

revers des volets.

Il conviendra de remédier à cette situation par le fixage des parties décollées et la

retouche, à la gouache des parties écaillées.

Les peintures de la Châsse de Ste Ursule sont bien conservées; quelques panneaux

cependant, accusent une sécheresse extrême résultant peut-être du manque d’aération sous la

cloche de verre.

On pourrait y remédier en surélevant la cloche de quelques centimètres de façon

à créer un interstice dans le bas et en aménageant dans le haut des glaces latérales, des ouvertures

suffisamment grandes pour que puisse s’établir une circulation d’air.

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132 T E X T E S : SO U RC ES D 'A R C H IVE S

Les ogives des panneaux de la Châsse de Ste Ursule étaient primitivement subdivisées.

Ces subdivisions doivent avoir été enlevées depuis longtemps, car il n’en est fait aucune mention

dans les archives de l’administration des hospices.

Cet enlèvement a nécessité, jadis, des retouches dans les bleus des ciels. Ces bleus

mal amalgamés avec les peintures anciennes ont noirci et se sont couverts de boursouflures; une

petite tache blanche se remarque sur un panneau.

Il conviendra d’appliquer à ce panneau le même traitement qu’aux volets du

triptyque [...].

(ACRM., indicateur n° 8366, minute du 26 juin 1925).

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T E X T E S : SO U RCES D 'AR CH IVES 133

21 novembre 1902. Devis de restauration dressé par Paul Buêso.

Devis pour la restauration de quelques tableaux anciens du Musée Communal de Bruges.

I. JEAN VAN EYCK

La sainte Vierge avec l’Enfant Jésus adorés par Saint Georges, Saint Donatien, et le Chanoine

G. Van de [sic] Paele. Dans le dais, dans la figure de la Vierge, dans la main gauche posée près

du divin enfant, dans les jambes de celui-ci, on aperçoit de toutes petites craquelures qui se

soulèvent.

A gauche dans la figure de Saint Donatien, à droite dans celle de saint Georges, il y a des craque­

lures très prononcées en forme de losanges et de cercles irréguliers.

Dans le milieu de l’œuvre, le joint des deux panneaux se détache très légèrement et cela forme

une ligne horizontale qui traverse le tableau dans toute sa longueur. A cet endroit la couleur

d’une retouche ancienne se soulève légèrement, vers la gauche les planches se sont séparées et il

y a une petite fente. Le tableau est couvert d’embus et de chancis, surtout visibles dans les fonds

à cause de ces deux cas, les couleurs ont perdu leur éclat. Refixer soigneusement les craquelures

et les petites boursouflures. Recoller le joint de la partie fendue pour le maintenir, adapter des

taquets à placer dans le sens du fil du bois. Mastiquer les petits fragments disparus. Enlever les

embus et les chancis, fortifier et raviver les anciens vernis. Bref revoir ceux-ci au point de vue de

la mise en valeur de l’œuvre. 1800.

II. HANS MEMLING. — Triptyque de Saint Christophe. Panneau central — Bois — Haut :

1.21 X Larg : 1.54.

Saint Christophe, Saint Maur et Saint Gilles.

A gauche dans le nuage blanc, près de la crosse abbatiale tenue par Saint Maur il y a plusieurs

boursouflures. Dans le bas de son manteau noir, même état, sur ses pieds dans les herbes émaillées

de fleurs, on remarque une vingtaine de très petites places où l’on voit le bois.

A reporter frs. 1800.

Report. fr. 1800.

Vers le milieu du panneau, près de la main droite de Saint Christophe, dans le ciel, dans sa main,

dans la branche sur laquelle il s’appuie, plusieurs boursouflures.

Dans le corps de l’Enfant Jésus, deux lignes de couleur soulevée. Elles partent de sa poitrine et

aboutissent au manteau rouge du Saint. Sa jambe gauche, un pan de manteau et l’eau portent

58

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134 T E X T E S : SO U RC ES D 'A R C H IVE S

des traces visibles de chancis. Dans la partie droite de l’œuvre, il y a des fragments de couleur

soulevés et d’autres écaillés, principalement dans la soutane de Saint Gilles et sous ses pieds.

Dans le corps de la biche qu’il caresse et dans l’herbe sur laquelle elle se trouve, même état.

Le tableau est couvert d’embus et de chancis, en outre il y a des pellicules de vernis qui se sont

détachées, visibles sous la main gauche de Saint Christophe.

Volet de droite — face — Bois Haut 1.21 X Larg. 0.69.

Le donateur Guillaume Moreel et ses cinq fils protégés par Saint Guillaume de Maleval.

Dans le fond du tableau, près d’un bouquet d’arbres placés près du château fort, la couleur se

soulève.

Dans la robe de bure noire de Saint Guillaume, près de la partie sur laquelle se détache la tête

du donateur, au-dessus dans la robe rouge, ensuite près de la main de son patron qui porte

l’étendard.

Nombreuses petites craquelures qui se soulèvent très légèrement. Les vernis sont consommés

principalement dans les parties foncées. Le panneau est entièrement couvert d’embus, plusieurs

parties chancies.

Revers du volet. — Grisaille.

Saint Jean-Baptiste.

Dans le haut de la robe blanche du Saint près de la bannière il y a quelques craquelures soulevées.

Dans les parties foncées (ombres projetées par le personnage) il y a des traces visibles de moisissure

et de chancis.

Volet gauche. — Face Haut 1.21 X Larg : 0.69.

La Donatrice, Barbe de Vlaenderberch, et ses onze filles

à reporter frs. 1800.

protégées par Sainte Barbe. Report. fr. 1800.

Dans le ciel, dans le fond du paysage, quelques petites parties soulevées.

Les vernis sont consommés.

Revers du volet. — Grisaille.

Saint Georges terrassant le dragon.

Il y a de petites parties de couleur soulevées, principalement dans une des ailes du dragon.

Quantité de traces de moisissures beaucoup plus visibles que dans le revers gauche.

Ce triptyque dans toutes ses parties est relativement malade, la couleur ayant souffert fortement

de l’écaillage des vernis. A fixer avec le plus grand soin et la plus grande prudence. Lorsque ce

travail sera fait, enlever les embus et les chancis, fortifier et raviver les vernis restants, mastiquer,

pointiller s’il y a lieu (à l’aquarelle).

Fr. 1500.

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TE X TE S : SOURCES D'ARCHIVES 135

Panneau central. — Le Baptême du Christ. (Triptyque).

Il y a un joint qui a une tendance à se détacher du haut, en plusieurs endroits les vernis sont

consommés ou couverts de parties chancies, dans le haut du ciel des repeints à examiner.

Volet de droite. — Bois — Haut : 1.32 X Larg : 0.43.

Le Donateur protégé par Saint Jean.

A examiner au point de vue des vernis.

Revers de ce volet.

La Vierge et l’Enfant Jésus.

La couleur se soulève en plusieurs endroits et s’écaille en d’autres; dans le bras gauche de la Vierge

un grand fragment est tombé.

Volet de gauche. — Bois — Haut : 1.32 X Larg : 0.43.

La femme du donateur protégée par Sainte Elisabeth.

Le panneau est couvert d’embus.

Revers de ce volet.

La seconde femme du donateur protégée par Ste Marie-Madeleine.

Une retouche dans l’épaule gauche. Examiner le joint du panneau central, fixer les parties de

couleur soulevées, mastiquer celles écaillées,

à reporter frs. 3300.

I I I . G E R A R D D A V I D . - B o is - H a u t : 1.32 X L a r g : 0 .98 .

Report. Fr. 3300.

dégraisser, enlever les chancis, pointiller à l’aquarelle s’il y a lieu, fortifier et raviver les anciens

vernis.

800.

IV. HUGUES VAN DER GOES. - Bois - Haut : 1.25 X Larg : 1.20.

La Mort de la Sainte Vierge.

Il y a quelques petites parties de couleur soulevées, d’autres se sont écaillées. Il y a aussi des repeints

assez grossiers. A fixer, à mastiquer, à pointiller à l’aquarelle, à examiner les repeints.

500 .

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136 TE X TE S : SOURCES D'ARCHIVES

V. GERARD DAVID. - Bois - Haut : 1.82 X Larg : 1.59.

Histoire de Sisammès, juge prévaricateur. — Le Jugement de Gambyse.

Un joint du panneau a une tendance à jouer, quelques petites parties soulevées, d’autres écaillées.

Certaines parties sont mates.

Vérifier soigneusement les joints, les maintenir à l’aide de taquets, mastiquer les éclats, les poin-

tiller, raviver les vernis. 600.

VI. GERARD DAVID. - Bois - Haut : 1.82 Larg : 1.59.

L’écorchement du juge injuste.

Pendant du précédent.

On remarque deux fentes qui traversent le tableau verticalement dans toute la hauteur.

Même travail qu’au précédent. 600.

XVI. ECOLE FLAMANDE. XVe Siècle.

Quatre épisodes du martyre de Saint Georges.

La couleur se soulève, il y a des taches, restaurations anciennes.

Deux joints verticaux sont visibles. Tableau très mat.

Fixer la couleur. Vérification des joints et des restaurations.

Vernir s’il y a lieu. 400.

XV II. ECOLE FLAMANDE. XVe siècle.

Quatre épisodes du martyre de Saint Georges.

La couleur se soulève, il y a quatre joints verticaux qui se détachent.

Des grands fragments de couleur écaillés.

Fixer la couleur, vérification des joints, mastiquer et pointiller les parties écaillées, vernir s’il y

a lieu. 400.

Total francs 10.500.

Je dis : Dix mille cinq cents francs.

Le 21 novembre 1902. (sé) Paul Buéso

(AVB., portefeuille Musea. Restauration de tableaux par Buéso, original du 21 novembre 1902; ce texte a été partiellement édité par A. J a n s s e n s d e B i s t i i o v e n , Musée communal des Beaux-Arts (Musée Groeninge) Bruges (Les Primitifs flamands. I. Corpus de la peinture des anciens Pays-Bas méridionaux au quinzième siècle, 1), 2e édit., Anvers, 1959, pp. 45-46, doc. n° 15; pp. 77-78, doc. n° 24; p. 89, doc.

n° 2 et pp. 101-102, doc. n° 11).

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TE X TE S : SOURCES D'ARCHIVES 137

Circa 30 avril 1903. La Conmiission royale des Monuments approuve la restauration envisagée par Paul Buéso

de la Transfiguration de Notre-Seigneur de Gérard David en l'église de Notre-Dame.

ROYAUME DE BELGIQUE

C O M M ISS IO N ROYALE

DES MONUMENTS

No 6480

Il a été procédé, le 28 avril 1903, par les soins du Comité mixte des objets d’art,

dans l’église de Notre-Dame, à Bruges, à l’examen des deux tableaux de cet édifice dont la restau­

ration est confiée à M. Paul Buéso.

Il résulte de cet examen que le travail, tel que le propose le restaurateur, est bien

compris. Toutefois il importe que M. Buéso fixe tout d’abord les parties de la couleur qui menacent

de se détacher, qu’il nettoie avec soins les panneaux. Quand ces opérations préliminaires seront

effectuées, le Comité mixte des objets d’art fera procéder à un nouvel examen des œuvres dont il

s’agit et déterminera quels sont les autres ouvrages qu’il y a lieu d’y exécuter.

Il doit être entendu que pour le lavage de la peinture on emploiera l’eau distillée

et la peau de chamois. Les éponges doivent être évitées pour cette opération; aussi bonnes qu’elles

puissent être, elles égratignent la peinture. L’eau distillée est privée des principes impurs, chaux,

etc. qui agissent d’une manière néfaste sur les tableaux qui ont souffert des injures du temps.

Après la restauration des deux œuvres précitées, il conviendra de les protéger par

des glaces placées à quelques millimètres des panneaux, de façon que l’air puisse circuler entre

les glaces et la peinture.

Il importera aussi de faire examiner les autres tableaux de la même église dont

plusieurs réclament des soins. On peut citer, entr’autres, quatre panneaux qui se trouvent dans

la chapelle renfermant les tombeaux de Charles-le-Téméraire et de Marie de Bourgogne, dont

la couleur se soulève par places.

En général, les tableaux de l’église de Notre-Dame sont mal placés au point de vue

de leur éclairage; une révision à cet égard s’impose. D’autre part ils sont placés trop près des murs

pour que l’air circule librement entre ceux-ci et les toiles ou les panneaux [...].

59

(ACRM ., indicateur n° 4323b, n° 38, minute non datée).

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138 TE X TE S : SOURCES D'ARCHIVES

17 juin 1904. A4. Paul Buéso est autorisé par la Commission royale des Monuments à continuer la restauration

de la Transfiguration de Notre-Seigneur de Gérard David.

ROYAUME DE BELGIQUE Bruxelles, le 17 juin 1904.

C O M M ISS IO N ROYALE

DES MONUMENTS

N° 6480

M. le Gouverneur (Fl. occidentale),

M. Buéso ayant effectué les opérations préliminaires de restauration qui lui avaient

été demandées pour deux tableaux de l’église de Notre-Dame, à Bruges, il a été procédé, le

3 mai 1904-, à l’examen de ces œuvres d’art.

L ’artiste s’étant acquitté de sa mission d’une manière très satisfaisante, il y a lieu

d’autoriser la suite du travail consistant dans la retouche des petites parties qui ont dû être

mastiquées et à remettre les tableaux en place.

M. Buéso fera bien d’examiner s’il ne serait pas possible d’enlever le repeint que

l’on constate au vêtement de l’une des figures du tableau représentant la Transfiguration.

Les tableaux dont il s’agit ne doivent pas être revernis, mais il y aura lieu de les

protéger et de leur rechercher, dans l’église, des emplacements plus favorables que ceux qu’ils

occupaient précédemment [...].

60

(ACRM ., indicateur n° 4323b, minute du 17 ju in 1904; édité dans le Bulletin des Commissions royales d'Art et d'Archéologie, 43e année, 1904, p. 76).

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TEXTES : SOURCES D'ARCHIVES 139

17 novembre 1904. La Commission royale des Monuments autorise la liquidation de la somme due au restau­

rateur Paid Buéso du chef de la restauration de la Transfiguration de Notre-Seigneur de Gérard David

en l'église Notre-Dame de Bruges.

61

ROYAUME DE BELGIQUE Bruxelles, le 17 9bre 1904.

CO M M ISS IO N ROYALE

DES MONUMENTS

N° 6480

M. le Gouv. (Fl. occidentale),

Nous avons l’honneur de vous faire connaître qu’à la demande du conseil de fabrique,

il a été procédé, le 8 novembre courant, à l’examen de deux tableaux de l’église de Notre-Dame,

à Bruges, restaurés par M. Buéso.

Ces tableaux représentent la Mater dolorosa et la Transfiguration.

Il a été constaté que le travail de restauration a été effectué avec soin et que rien

ne s’oppose à ce que les œuvres d’art dont il s’agit soient remises en place dans l’église.

En conséquence, il peut être donné suite à la liquidation de la somme due à Partiste-

restaurateur, du chef de cette entreprise [...].

(A CRM ., indicateur n° 4323b, minute du 17 novembre 1904, n° 46; édité dans le Bulletin des Commissions royales d’Art et d'Archéologie, 43e année, 1904, p. 390).

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140 TE X TE S : SOURCES D'ARCHIVES

5 janvier 1907. La Commission royale des Monuments approuve les restaurations proposées par Paul Buéso.

Elle préconise des essais limités sur la Vierge au chanoine van der Paele de Jean van Eyck et le Baptême

du Christ de Gérard David; elle demande que le baron Kervyn de Lettenhove soit chargé de surveiller les travaux.

62

ROYAUME DE BELGIQUE Bruxelles, le 5 janvier 1907.

CO M M ISS IO N ROYALE

DES MONUMENTS

No 8342

A Monsieur le Gouverneur de la Flandre Occidentale,

Nous avons l’honneur de vous faire connaître qu’il a été procédé, le 10 décembre

1906, par les soins du comité mixte des objets d’art, à l’examen des tableaux du Musée communal

de Bruges qui nécessitent des travaux de restauration et qui sont mentionnés dans le rapport ci-joint

de M. Paul Buéso. Les travaux préconisés par le restaurateur paraissent tous utiles au point de

vue de la conservation des deux œuvres signalées de Jean Van Eyck et de Hans Memlinck.

Il importe de commencer par faire au tableau de Van Eyck un essai, sur une petite

surface de quelques centimètres carrés, d’enlèvement des retouches anciennes aux abords du joint

des deux panneaux, de fixer les parties soulevées et de nettoyer la peinture.

Lorsque cet essai sera terminé, le comité mixte en fera constater le résultat et décidera

ce qui reste à faire à cette belle œuvre.

Au triptyque de Memlinc, il y a lieu également de commencer par réparer une

petite surface, fixer les points où la couleur se soulève et nettoyer la peinture.

Ce travail sera examiné en même temps que celui fait au Van Eyck. Il sera alors

décidé quelles opérations resteront à faire à l’œuvre [...].

[...] La délégation est unanime pour demander que Mr le Baron Kervyn de Letten­

hove, membre correspondant de la Commission royale des Monuments, dont la compétence est

connue, soit prié de surveiller toutes les opérations qui s’effectuent aux tableaux du Musée de

Bruges.

Le comité mixte ne peut s’empêcher de signaler l’état lamentable dans lequel se

trouve le local du musée de Bruges. Il est urgent de doter cette collection d’une autre installation

plus digne des œuvres qu’elle renferme. Les tableaux y sont mal exposés au point de vue de

l’éclairage.

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TEXTES : SOURCES D'ARCHIVES 141

D’autre part, les conditions atmosphériques de la salle ne sont nullement en rapport

avec celles qu’on est en droit d’exiger d’un local destiné à la conservation des tableaux [...].

[...] Il importe aussi de les protéger par un double cadre avec glace posée sur des

bandes de feutre pour les préserver de la poussière. Ce second cadre devra pouvoir s’ouvrir de

temps en temps pour aérer la peinture [...].

Le Secrétaire, Le Président,

(s.) A. Massaux (s.) Lagasse de Locht

Pour copie conforme :

Le Greffier de la Province,

(paraphe)

(AVB., portefeuille Musea. Restauration de tableaux par Buséo, 1 farde de même titre, copie conforme du 5 janvier 1907).

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142 TE X TE S : SOURCES D'ARCHIVES

11 février 1907. IJadministration communale de Bruges préconise pour la Vierge au chanoine van der

Paele de Jean van Eyck et le triptyque de saint Christophe de Hans Memlinc, l'enlèvement des embus et

des chancis, la fixation des craquelures et des boursouflures, la consolidation des joints.

ADMINISTRATION COMMUNALE Bruges le U février 1907.DE BRUGES

Objet : Musée communal

Expon n° 1069

Monsieur le Gouverneur,

Vous avez bien voulu nous transmettre par votre dépêche du 14 janvier 1907 la

lettre par laquelle M. le Président de la Commission royale des Monuments vous fait connaître

qu’il a été procédé le 10 décembre 1906 par les soins du comité mixte des objets d’art à l’examen

de tableaux du musée communal de Bruges qui nécessitent des travaux de restauration. Quelques

observations doivent être faites au sujet des propositions du comité mixte. Il s’est occupé d’abord

du grand tableau de Jean van Eyck et du triptyque de Hans Memlinc, recommandant de faire

un essai de réparation sur une petite surface de quelques centimètres carrés et d’examiner ensuite

quelles opérations resteraient à faire à ces œuvres. Dans les mêmes paragraphes il est question

d’enlever les retouches anciennes, de fixer les joints et les parties soulevées, et de nettoyer les pein­

tures. Nous ne discernons pas bien dans cette partie de l’avis du comité mixte ce qui doit être fait

à titre d’essai très limité ou comme restauration définitivement autorisée. Le rapport de M. P. Buéso

du 21 novembre 1902, aux conclusions duquel une commission spéciale nommée par le Collège

échevinal s’était ralliée le 27 janvier 1903 et auquel la commission des monuments avait accordé

son approbation (lettre adressée le 30 mars 1905 à l’administration communale de Bruges), était

plus précis.

Nous pensons cependant que le comité mixte ne veut pas remettre en question

certaines réparations matérielles qui sont nécessaires et qui ne présentent aucun danger réel étant

exécutées par un restaurateur tel que M. Buéso : refixer les craquelures et les boursouflures,

recoller et consolider les joints, même enlever avec de grandes précautions les embus et les chancis

qui nuisent trop à l’éclat des couleurs. Comme ces opérations sont les plus urgentes au point de vue

de la conservation des tableaux, il est à désirer qu’il soit décidé si elles peuvent se faire immédiate­

ment, ce qui est notre avis. Il nous semble, au contraire, que les personnes les plus compétentes

conseillent de n’enlever les repeints, de ne raviver les vernis et de ne faire un nettoyage radical

qu’avec une grande prudence et après des essais soigneusement contrôlés. Tout ce qui concerne

la conservation des chefs d’œuvre de notre musée a une importance capitale et réclame à ce titre

un examen approfondi; mais les opérations qui sont inoffensives et certainement utiles ne doivent

63

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TE X TE S : SOURCES D'ARCHIVES 143

pas être ajournées. Nous désirons même vivement que les nombreuses réparations dont M. Buéso

a fait le devis pour d’autres tableaux de notre musée ne soient plus ajournées avant que les tableaux

soient transférés dans un nouveau musée où ils devront être placés définitivement dans les meil­

leures conditions [...].

[...] Le comité mixte a signalé la défectuosité du local du musée de Bruges. Il est

certain que l’asile où sont déposés les tableaux peu nombreux mais si précieux qui appartiennent

à la ville de Bruges n’est nullement digne des trésors qu’il contient. Il comprend une seule salle où

les tableaux sont réunis ou plutôt confondus. Il n’a pas été construit ni aménagé pour l’affectation

provisoire qu’il a reçue; il n’est pas beau, il n’est pas assez spacieux et il laisse à désirer au point

de vue de l’éclairage quoiqu’il soit possible d’apporter quelque remède à ce dernier inconvénient.

Cependant en dépit de critiques mille fois répétées il est tout à fait inexact que les défauts du local

où les tableaux se trouvent aient été la cause d’aucune dégradation. On peut constater tous les

jours que cette ancienne chapelle, dont le pavement n’est pas en contre-bas comme on l’a dit, mais

fortement en contre-haut de tous les terrains voisins, n’est jamais humide. Des expériences hygro­

métriques plus sûres que les impressions personnelles, montrent que les conditions atmosphériques

n’y sont nullement cc qu’on a dit. Quoiqu’on ait affirmé le contraire par erreur, cette salle est

chauffée jour et nuit pendant la mauvaise saison et jamais la température ne s’y abaisse autant

que dans beaucoup d’autres locaux où des tableaux de grande valeur sont restés impunément

pendant des siècles. Cet asile où nos tableaux sont momentanément, offre encore un avantage

certain; il est absolument à l’abri du danger d’incendie, car il est complètement séparé par des

murs très épais et des voûtes des bâtiments voisins et de l’étage supérieur. L’édifice ne contient

rien de combustible, sauf les tableaux eux-mêmes et leurs supports.

Toutes les personnes qui connaissent les tableaux depuis longtemps et les observent

constamment, affirment de la manière la plus formelle qu’ils n’ont subi dans le local de la rue

Ste Catherine, aucune détérioration, aucun changement quelconque. Tout le monde a pu

constater, du reste, lors de l’exposition des Primitifs que les tableaux anciens de Bruges sont en

meilleur état que ceux de la plupart des autres musées.

Toutes les fentes de boiseries, toutes les craquelures et les boursouflures, toutes les

altérations des couleurs et des vernis ont été constatées antérieurement et doivent être imputées

à l’ouvrage du temps ou aux vicissitudes que ces œuvres ont subies autrefois. Les cris d’alarme

poussés par des personnes animées d’un zèle louable sont dépourvus de fondement en ce qui

concerne la conservation des tableaux [...].

Le Secrétaire, Les Bourgmestre et Echevins,

(paraphe) (paraphe)

(AVB., portefeuille Musea. Restauration de tableaux par Buéso, farde 3, copie du 11 février 1907; A C RM ., indicateur n° 8342, copie du 11 février 1907).

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144 TE X TE S : SOURCES D'ARCHIVES

Septembre 1907. Le baron Kervyn de Lettenhove constate des traces de coups de canif et des grattages violents

sur des panneaux anciens du musée communal.

[...] Lorsque j ’arrivai à Bruges, au mois de septembre 1907, dans l’atelier où

M. Copman opérait avec des canifs et que je vis des traces de grattages, j ’interpellai l’ouvrier qui

travaillait pour le compte mais en l’absence constante de M. Buéso. Je lui demandai des expli­

cations. Il me raconta tout ce que je vous ai alors écrit et il ajouta : « ce que vous voyez n’est

rien; là où les coups de canif ont été les plus violents, on a déjà mis des repeints », et il m’indiqua

une place sur un tableau de l’école néerlandaise du XVe siècle où je trouverais sous la couleur

toute fraîche de vrais trous dans le bois. Il me passa lui-même un morceau d’étouppe imbibée par

lui dans une préparation à lui. J ’en frottai un endroit grand comme une pièce de 2 francs qui, en

effet, cachait de violents coups de bistouri [...].

64

(ACRM., indicateur n° 8342, lettre du baron Kervyn de Lettenhove à la Commission en date du 11 mars 1909).

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TE X TE S : SOURCES D'ARCHIVES 145

19 octobre 1907. La Commission royale des Monuments demande au gouverneur de la Flandre occidentale

d’interdire au conservateur du musée communal de Bruges de prendre une part active à la restauration des tableaux

du musée.

65

ROYAUME DE BELGIQUE Bruges, le 19 octobre 1907.

CO M M ISS IO N ROYALE

DES MONUMENTS

No 8342

A Monsieur le Gouverneur de la Flandre occidentale, à Bruges.

Monsieur le Gouverneur,

La lettre que notre Président vous a adressée le 3 octobre courant, au sujet de la

visite faite au Musée communal de Bruges par une délégation du comité mixte des objets d’art,

a été lue en séance de ce comité mixte le 5 octobre, à 11 heures du matin et, le même jour, à la

séance hebdomadaire de la Commission royale des Monuments. Non seulement, elle a été ratifiée

à l’unanimité des deux assemblées, mais la Commission royale des monuments estime, à l’unanimité

sauf une abstention, que les observations du Président doivent être renforcées eu égard à la gravité

des faits qu’il s’est borné à indiquer sans s’y arrêter plus qu’il ne le devait en une première commu­

nication sur un sujet très délicat et extrêmement pénible.

Le Comité mixte ne s’est point borné à entendre ses délégués et le Président de la

Commission royale des monuments; il a appelé, en séance, l’artiste restaurateur lui-même,

M. Buéso et ses collaborateurs.

Afin de fixer les idées et pour ne pas étendre cette lettre, nous nous bornerons à

consigner ci-après les faits résultant de notre enquête en ce qui concerne le tableau le Jugement

dernier de Pierre Pourbus.

[...] des repeints anciens ont été enlevés au canif par M. Coopman, conservateur

du Musée, sinon à l’insu du moins sans la moindre coopération de l’artiste restaurateur et, de

même, sans le moindre avertissement donné au baron Kervyn de Lettenhove notre correspondant

et notre délégué ! Nous avions chargé expressément ce dernier, d’accord avec l’administration

communale, de nous tenir au courant de la marche des travaux de réparation des tableaux numé­

rotés I, II, V II, IX et X II I dans le devis dressé le 21 novembre 1902 par M. Buéso, devis visé

notamment par la lettre de l’administration communale à vous adressée, Monsieur le Gouverneur,

sous la date du 23 novembre dernier 3e Div. n° 131915.

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146 TE X TE S : SOURCES D'ARCHIVES

Mais l’intervention de M. Coopman ne s’est pas bornée à l’enlèvement au canif de

ces repeints. Il a lui-même repeint les parties grattées du tableau. Il n’est cependant pas possible

d’admettre qu’un artiste s’autorise lui-même, en invoquant les devoirs de sa charge, à retoucher

des tableaux des plus grands maîtres.

C’est avec pleine raison que notre Président, après avoir félicité, à juste titre,

M. l’échevin des Beaux-Arts d’avoir ordonné la suspension des travaux de restauration, a exprimé,

au nom du Comité mixte des objets d’art et de la Commission royale des monuments, le vif désir

que, dès la reprise des travaux ceux-ci soient exécutés :

1° sous la responsabilité exclusive de l’artiste qui les a entrepris, M. Buéso;

2° sous le contrôle de notre correspondant et délégué le baron Kervyn de Lettenhove qui est

chargé de nous avertir, en temps opportun, de tous les cas douteux et difficiles afin que nous venions

les examiner sur place.

Nous avons le devoir d’aller plus loin que le Président. Nous demandons instamment

à la ville de Bruges de défendre au conservateur de son musée de prendre une part active à la

restauration des tableaux uniques de ce merveilleux musée.

Nous sommes obligés de le déclarer ici en toute conscience : M. Coopman a fait

preuve, en cette affaire, d’une initiative qui suscitera les protestations les plus vives et les plus

sérieuses du monde artistique et savant. Nous n’avons pas besoin d’ajouter, Monsieur le Gouver­

neur, que notre unique souci est la sauvegarde de chefs d’œuvre incomparables faisant partie du

patrimoine de la Belgique.

Veuillez avoir l’obligeance, Monsieur le Gouverneur, de délivrer deux ampliations

de la présente, l’une à l’administration communale de Bruges et l’autre au baron Kervyn de

Lettenhove.

Le Secrétaire,

(s.) A. Massaux

Pour copie conforme :

Le Greffier provincial,

(s.) [illisible]

Le Président,

(s.) Ch. Lagasse de Locht

(AVB., portefeuille Musea. Restauration de tableaux par Buéso, 1 dossier de même titre, liasse 6, copie conforme du 19 octobre 1907).

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TEXTES : SOURCES D'ARCHIVES 147

20 octobre 1907. Eugène Copman, conservateur du musée communal, se justifie auprès de l’administration

communale de Bruges de ses travaux de restauration intempestifs.

St. Michel, le 20 octobre 1907.

Messieurs,

En réponse à votre du [jiV] 10 octobre 1907, 3me Div. et N° 3904, j ’ai l’honneur de

vous certifier qu’en prêtant à l’occasion mon aide matérielle au restaurateur des tableaux du

Musée, je ne croyais nullement contrevenir à mes devoirs. C’est, au contraire, par dévouement

aux œuvres à restaurer que je me suis attaché à un travail dont le résultat satisfera tout véritable

connaisseur non prévenu et exactement renseigné.

Veuillez remarquer que c’est Mr Bueso qui est chargé du travail de la restauration;

je ne lui ai rien imposé, mais, ayant à surveiller son travail, je devais, je pense, délibérer avec lui

sur la marche des travaux et les procédés à employer. Nous avons été d’accord que la première

chose à faire était d’enlever les horribles repeints — anciens d’ailleurs, — qui déshonoraient les

tableaux; cette manière de procéder nous semblait conforme aux intentions de la Commission

des Monuments puisque celle-ci ne recule même pas devant l’idée de tenter l’enlèvement du

malheureux repeint qui surcharge notre grand tableau de Van Eyck d’une façon si regrettable;

chose qui sera infiniment plus difficile.

Les repeints à enlever étaient extrêmement durs, — ils ont sans doute plus d’un

siècle, — et nous fûmes d’accord pour en essayer l’enlèvement au moyen d’un grattage à sec,

lentement et avec les plus grandes précautions. L’essai ayant réussi, on a continué.

Si Mr Bueso, homme d’expérience et ayant une longue pratique des restaurations

de tableaux anciens, avait trouvé que le procédé présentât le moindre danger, eût-il hésité à ne

le continuer qu’après en avoir référé à l’autorité supérieure ? Au surplus, nous pourrions démontrer

devant des techniciens experts que le procédé admis par nous est le plus sûr, celui qui offre le

moins de danger de ne pas dépasser l’enlèvement strictement indispensable.

Cela n’empêche que l’opération est très délicate et qu’il doit y être procédé avec

avec [w] infiniment de soin, de prudence et de patience et c’est précisément dans la crainte de

voir les opérateurs n’y pas mettre toutes les précautions nécessaires que j ’ai tenu à les surveiller

de près et à abréger leur tâche en leur prêtant mon concours; mais — notez le bien — sans faire

autre chose que me charger d’une partie du travail matériel-artistique convenu avec le restaurateur.

66

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148 TE X TE S : SOURCES D'ARCHIVES

On ne me contestera pas, je pense, les aptitudes nécessaires pour participer avec

les collaborateurs de Mr Bucso aux opérations de la partie technique et artistique d’une restau­

ration. Qu’on interroge, d’ailleurs, ces hommes assurément experts et rompus à ces travaux et on

verra si mon intervention a pu, en quoi que ce soit, causer préjudice quelconque.

D ’autre part, il est, je crois, de notoriété et plusieurs fois reconnu par vous mêmes

que je porte aux tableaux du Musée un véritable culte, que j ’en ai le souci perpétuel, — on a bien

voulu dire parfois, intransigeant, — comment imaginer que je me serait [jîV] prêté à faire quoi

que ce fût qui put leur nuire ?

Si je me suis laissé cntraincr à intervenir de la manière convenue dans des opérations

convenues, c’est donc par pur dévouement et assurément bien éloigné de croire que l’on pourrait

m’en faire un grief.

Administrativement parlant, je puis avoir eu tort de pousser jusque là le zèle et le

dévouement; mais cc que je puis affirmer c’est que je n’ai nullement eu l’intention de méconnaître

vos instructions. A l’avenir donc, je me bornerai au strict devoir de surveillance qui m’incombe.

Pour finir, je dois dire que l’on ignore généralement l’état où se trouvaient les tableaux

à restaurer antérieurement aux opérations qu’ils ont subies; c’est notamment le cas pour ces

Messieurs de Bruxelles. De là peuvent naître des suppositions erronées au sujet des résultats détenus

et des procédés employés.

Mais, pour nous Brugeois, surtout pour ceux des anciens membres de la jointe qui

depuis de longues années se sont particulièrement occupés de notre Musée, l’avis général est

absolument favorable au sujet du travail exécuté.

Cela n’empêche qu’en ce moment même, on mène à ce sujet contre moi une

campagne acharnée et injuste rappelant celle qui, sans plus de fondement, fut menée jadis contre

vous-mêmes au sujet des prétendus dangers que couraient nos tableaux dans le local provisoire

de la rue Ste Catherine.

Il ne fut pas bien difficile alors de couper court à cette dernière campagne; pour

mettre fin aux attaques dont je suis l’objet en ce moment et dont l’extravagance dans le passé

a été jusqu’à m’accuser de dépouiller le Musée pour meubler ma demeure, il vous suffirait de

convoquer une commission d’artistes et de techniciens, devant laquelle, en présence des tableaux,

le conservateur et le restaurateur donneraient toutes les explications et les renseignements sur les

travaux exécutés. Devant pareille commission, je me fais fort de prouver que rarement une restau­

ration a été faite dans des conditions aussi sages et aussi prudentes.

Puis-je vous demander de recourir à ce moyen si simple qui permettrait de remettre

toutes les choses au point ?

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TE X TE S : SOURCES D'ARCHIVES 149

Vous ne le refuserez pas, je pense le moyen d’établir la vérité à un artiste brugeois,

dont la carrière est connue et qui, s’il n’a pas fait du Musée de Bruges un tremplin pour y mettre

sa personnalité en relief, a du moins consacré à la collection de longues années d’études et de

dévouement et qui — c’est là aussi me parait-il, un titre à votre bienveillance, — figure parmi

ceux qui l’ont remis à la Ville.

Agréez, Messieurs, l’expression de ma considération très distinguée.

Le Conservateur des Musées communaux,

(s.) Eugène Copman

à Messieurs les Bourgmestre et Echevins de la Ville de Bruges.

(AVB., portefeuille Musea. Restauration de tableaux par Bue'so, 1 dossier de même titre, liasse 6, original du 20 octobre 1907).

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150 TE X TE S : SOURCES D'ARCHIVES

8 novembre 1907. Eugène Copman, conservateur du musée communal, justifie auprès de l'administration

communale de Bruges ses travaux intempestifs.

Bruges, le 8 novembre 1907.

Messieurs,

Votre lettre du 28 Octobre 1907 3e Div. N° 124, est arrivée en mon absence et c’est

ce qui m’a empêché d’y répondre dans le délai que vous aviez indiqué, soit avant le 4 Novembre

dernier. Veuillez excuser ce retard involontaire.

La délégation, qui est venue inspecter les travaux de restauration des tableaux du

Musée était composée de MM. Lagasse de Locht et Cardon, accompagnés de Mr le secrétaire

Massaux et Mr Kervyn de Lettenhove. Ni Mr Bueso ni moi, nous n’avions été convoqués, ni

même informés de cette visite. C’est par un pur hasard que je me suis trouvé, en ce moment au

Musée et que j ’ai eu l’occasion de donner des explications qui, sans doute, ont donné lieu à des

observations, mais celles-ci n’étaient assurément pas de nature à faire prévoir l’envoi d’une lettre

conçue dans les termes de celle que vous me communiquez.

Je puis d’autant plus m’étonner des résolutions prises par la Commission et le

Comité qu’en nous séparant Mr le Président Lagasse annonçait une nouvelle inspection à laquelle

Mr Bueso serait convoqué. De plus, dans l’entretien que j ’ai eu avec ces Messieurs, j ’ai formelle­

ment déclaré que voyant les désagréments que mes peines me causaient, j ’étais bien résolu à ne

plus montrer du zèle à ce point, à me borner à la surveillance des travaux et à prier l’autorité

communale de m’adjoindre, pour cette surveillance, un technicien autorisé. Il n’y avait donc

aucun danger à prendre le temps de compléter l’instruction en provoquant la réunion que

Mr Lagasse projetait et à laquelle il convenait, je pense, — vu l’importance de la question — que

plusieurs des Membres de la Commission et du Comité spécialement compétents prissent part sur

place devant les tableaux.

Pourquoi et sous l’empire de quelles influences a-t-on brusqué les choses et cherché

à accabler de suite le conservateur du Musée ? Il ne m’appartient pas de le rechercher; je me

borne à constater que l’on me condamne à la suite d’un simple examen préliminaire, sans avoir

pris les éclaircissements que d’abord on semblait croire nécessaires.

J ’ajoute que l’on me condamne, sans même affirmer que le procédé appliqué par

moi, d’accord avec le restaurateur, ait produit la moindre détérioration à l’œuvre en cours de

restauration et sans tenter d’établir qu’il fût possible d’enlever ces vieux repeints par un procédé

plus avantageux.

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T E X TE S : SOURCES D'ARCHIVES 151

Il semble donc que, dans toute cette campagne, le mobile de ceux qui l’ont suscitée

ait été beaucoup moins l’intérêt des tableaux que le désir de profiter d’une irrégularité pour

chercher à discréditer le conservateur et demander sa tête.

Quand on se rappelle par quels moyens la Commission des Monuments a, il y a

quelques mois à peine, été amenée à adresser à l’Administration communale des rapports

comminatoires manifestement contredits, cependant, par la réalité des faits et, notamment, par

les constatations d’un instrument de physique, on s’explique bien des choses, mêmes ces attaques

réitérées avec passion qu’il est audessous [jîV] de moi de relever, mais que mes concitoyens et les

nombreux artistes qui me connaissent relèveront, au besoin, pour moi.

Je me borne à vous demander de prendre la mesure d’équité que je vous ai demandée

dans mon rapport du 25 octobre dernier, dont je maintiens, d’ailleurs, toutes les allégations, et qui

consiste à faire examiner par une commission de techniciens le point, — que la Commission des

monuments se garde bien d’aborder, — de savoir si tout ce qui a été fait sous ma surveillance ou

avec ma participation n’était pas indispensable ou, au moins, désirable, dans l’intérêt des tableaux

à restaurer.

Je ne puis permettre, en effet, que l’on déplace la question et que l’on transforme

une simple irrégularité en un crime contre nos tableaux. Je fais bon marché du point de savoir

si mon zèle m’a amené à mettre la main à la pâte quand j ’aurais du [sic] laisser ce soin à d’autres,

s’il ne s’agit que de cela voila [jzV] beaucoup de bruit pour peu de chose; mais je ne puis me prêter

à la manœuvre qui, à la faveur de tout ce bruit voudrait laisser croire que mon intervention a eu

pour effet de dégrader les œuvres confiées à ma garde, comme l’on insinue.

Il est bien entendu que, désormais, je me bornerai strictement à la surveillance qui

m’incombe, mais je me demande où l’on trouverait un homme véritablement compétent pour

contester qu’il soit souhaitable que les restaurateurs de tableaux soient toujours secondés par des

artistes de valeur rompus à la technique.

Je vous prie instamment de bien vouloir, afin de tranquilliser tout le monde et de

mettre toutes les responsabilités à couvert, constituer la commission que je demande, chargée de

résoudre la question que la Commission des monuments ne résoud pas et je vous prie aussi de

m’adjoindre dans la surveillance des travaux dont la partie la plus importante reste à exécuter,

deux ou trois artistes érudits et techniciens expérimentés.

Veuillez agréer, Messieurs, l’expression de ma considération très distinguée.

Le Conservateur des Musées communaux,

(s.) Eugène Copman

à Messieurs les Bourgmestre et Echevins de la Ville de Bruges.

(AVB., portefeuille Musea. Restauration de tableaux (>ar Buéso, 1 dossier de même titre, liasse 6, original du 8 novembre 1907).

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152 TE X TE S : SOURCES D'ARCHIVES

28 novembre 1907. U administration communale de Bruges notifie à Eugène Copman, conservateur du musée

communal, qu'il lui est désormais interdit de participer aux travaux de restauration des tableaux dudit musée.

ADMINISTRATION COMMUNALE Bruges, le 28 novembre 1907.DE BRUGES &

T RO IS IÈM E DIV ISION

Objet : Musée : Restauration de tableaux

Monsieur,

Nous avons l’honneur de vous accuser réception de votre rapport du 8 Novembre

1907 concernant la restauration des tableaux appartenant au Musée de la Ville.

Nous regrettons vivement de devoir constater que vous n’ayez pas rencontré les

diverses questions soulevées par la Commission Royale des Monuments.

Il s’agit uniquement de savoir si vous avez suivi rigoureusement les dispositions qui

avaient été prises par notre administration d’accord avec la Commission Royale des Monuments

et avec l’autorité supérieure. L’enquête qui a été faite à cet égard a eu uniquement pour but

d’établir ce fait et il n’est pas permis de supposer que la Commission Royale se soit laissée inspirer

en cette matière par aucune influence quelconque.

Il n’y a pas lieu de rechercher si tout ce qui a été fait avec votre participation était

indispensable ou, au moins, désirable, dans l’intérêt des tableaux. Vous voulez vous-même déplacer

la question en demandant de constituer une commission chargée d’examiner si votre intervention

a eu pour effet de dégrader les œuvres que vous avez pour mission de conserver.

Vous avez reconnu que vous n’avez pas observé les instructions qui vous ont été

données en enlevant au canif des repeints anciens et en retouchant des tableaux. Nous devons

donc maintenir le blâme que nous vous avons infligé par notre lettre du 10 Octobre 1907.

Veuillez agréer, Monsieur, l’assurance de notre parfaite considération.

Le Secrétaire, Les Bourgmestre et Echevins,

(paraphe) (paraphe)

A Monsieur Copman, Conservateur du Musée de Tableaux.

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(AVB., portefeuille Musea. Restauration de tableaux par Buéso, 1 dossier de même titre, liasse 6, copie du 28 novembre 1907),

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TE X TE S : SOURCES D'ARCHIVES 153

31 août 1908. Facture des restaurations opérées par Paul Buéso.

Tableaux anciens. 14, boulevard du Régent

Expertises. Restaurations. Bruxelles, le 31 août 1908.

69

Paul Buéso Fils.

Messieurs les Bourgmestre et Echevins de la Ville de Bruges doit :

6. Ecole néerlandaise. XVe siècle.

Huit épisodes du Martyre de Saint-Georges.

Fixé la couleur soulevée, refait les joints, maintenu ceux-ci à l’aide de taquets,

mastiqué les fentes et pointillé.

Prix convenus suivant le devis remis le 15 Nbrc 1902. 800.

Travail supplémentaire exécuté aux tableaux qui précèdent.

Après une restauration complète en 1907, sans aucune autorisation et en mon

absence un membre du Comité de la Société des Amis du Musée a procédé à des

nettoyages aussi inopportuns que maladroits.

Supplément pour remise en état. Fr 200.

7. Ecole néerlandaise. XVe siècle. Bois.

Episode de la vie de Saint Roch.

Reconstitution complète.

Travail exécuté suivant les instructions de l’Administration communale de Bruges en date du

29 juin 1907. 3e Div. Rep. F. n° 124, annexes 2816 et sous la surveillance de son délégué.

(AVB., portefeuille Musea. Restauration de tableaux par Buéso, 1 dossier de même titre, facture du 31 août 1908; signalé par H . P a u w e ls ,

Musée Groeninge. Catalogue. Musée communal des Beaux-Arts, Bruges, 1963, p. 58).

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154 TE X TE S : SOURCES D'ARCHIVES

14 mars 1909. Le skemhs ̂ L. Cardon communique à la Commission royale des Monuments les constatations

faites par le baron Kervyn de Lettenhove : grattages violents, coups de canif sur les panneaux anciens du musée

communal.

Bruxelles, le 14 mars 1909.

Monsieur le Président,

J ’ai l’honneur de vous soumettre quelques réflexions concernant les travaux exécutés

au Musée Communal de Bruges par le Sieur Paul Buéso, qui essaie d’une façon si singulière de

renverser les rôles, envers M. le Baron Kervyn de Lettenhove.

Il a été convenu après examen et rapports que seul M. Buéso exécuterait les restau­

rations jugées nécessaires à certains tableaux du Musée, de plus comme ces travaux doivent être

exécutés sur place à Bruges, il fut encore convenu que notre collègue Mr le Baron Kervyn de

Lettenhove serait notre fondé de pouvoirs et voudrait bien se charger de suivre ces travaux et

de prévenir la Commission le cas échéant.

Or, jamais, ni M. Buéso notre homme de confiance ni l’administration de la Ville

n’informèrent notre délégué de la marche des travaux il fallut un hasard qui mit en présence le

Baron Kervyn et un conservateur d’un musée étranger qui avait eu l’occasion de constater au

Musée la façon singulière dont on procédait à ces restaurations par des grattages au canif.

Notre honorable collègue s’empressa de se rendre au local du restaurateur et il

s’aperçut qu’on ne lui avait pas exagéré la situation et pour s’assurer de façon certaine de ces

dégradations au canif, il voulut enlever la peinture fraichement appliquée sur ces grattages.

Muni d’un tampon imbibé de matière mordante, il fit disparaître une très minime

partie de ces retouches alors que notre délégué n’eut pu effacer toute la peinture fraichement

appliquée sur ces raclures.

Que devenait dans tout cela la mission de confiance du Sieur Buéso ?

Ignorait-il ces grattages ?

Etait-il d’accord avec le conservateur du musée de Bruges pour laisser ainsi racler

ces vieilles retouches ?

En tout cas il n’était pas d’accord avec la Commission des Monuments qui à la suite

d’une pareille affaire pouvait faire résilier son contrat.

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TE X TE S : SOURCES D'ARCHIVES 155

Or, avec une bienveillance excessive, la Commission forcée de s’incliner devant

les outrages irréparables qu’avait fait subir M. Coopman à certaines parties de tableaux, se

contente d’approuver la façon dont M. Buéso avait dissimulé ces tares en les retouchant.

Aujourd’hui, étant donné l’attitude inexplicable de ce restaurateur qui s’est si mal

acquitté de la mission de confiance dont il s’était chargé envers nous et qui doit être traité de

complice conscient ou inconscient de ces véritables malheurs artistiques; étant donné la haine

qu’il a vouée à notre délégué qui a eu le bon esprit de constater les grattages en enlevant la

couleur appliquée sur ceux-ci pour les dissimuler, la Commission n’a plus les mêmes raisons pour

garder des ménagements envers le sieur Buéso.

Revenant sur sa décision, étant donné la façon dont ce restaurateur agit envers la

Commission des Monuments, celle-ci peut décliner toute responsabilité quant à la question de

confiance et ne permettra la liquidation de ses comptes qu’après une certaine durée de temps qui

lui permettrait de constater que ces travaux sont exécutés suivant les meilleures règles de l’art.

Voilà Monsieur le Président, ma façon de comprendre cette affaire.

J ’ai l’honneur de vous présenter mes salutations les plus distinguées.

(s.) Ch. Léon Cardon

P.S. Il est à remarquer que sans nous en informer le Conservateur du Musée de Bruges a fait

procéder à la restauration de différents tableaux et que de plus il se proposait de gratter aussi au

couteau la bande d’anciennes retouches qui défigure le grand Van Eyck pour lequel nous avions

demandé l’essai sur une surface de deux centimètres carrés. C’est probablement de là que sont

partis en guerre les esthètes qui ont si mal expliqué l’affaire au Parlement; alors qu’il leur eut été

si facile de nous demander un renseignement.

C’est donc aussi à l’intervention du Baron Kervyn que nous avons échappé à cet autre malheur.

A Monsieur Ch. Lagasse de Locht,

Président de la Commission royale des Monuments à Bruxelles.

(ACRM., indicateur n° 8342, 14 mars 1909).

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PUBLICATIONS OFFICIELLES

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T E X T E S : PUBLICATIONS OFFICIELLES 159

7 novembre 1874. Le Conseil communal est saisi du désir de la Jointe de VAcadémie des Beaux-Arts de Bruges

de voir ses tableaux restaurés sur place.

[Séance du 7 novembre 1874]

M. Le BOURGMESTRE. Nous avons reçu de M. le Gouverneur, sous la date du 3 novembre *,

la lettre que voici :

1

Je propose de l’envoyer à la direction de l’Académie, d’attendre la réponse qu’elle nous fera et

de l’examiner ensuite en séance du Conseil. Nous ne pouvons pas discuter une question de cette

importance sans avoir réuni les éléments d’appréciation.

M. VAN DEN ABEELE. Puisque cette lettre reçoit les honneurs de la publicité, tandis que les

actes antérieurs relatifs à cette affaire n’en ont pas reçu, je crois devoir dire que cet objet a déjà

été discuté dans la jointe de l’Académie et a provoqué divers rapports. La jointe est d’accord

avec le gouvernement sur la nécessité de prendre certaines mesures de conservation à l’égard des

divers tableaux du musée : elle consent à ce qu’ils soient restaurés, mais elle y met certaines

conditions. Il n’y a divergence d’opinion que sur le mode d’y procéder. D ’après le gouvernement

les tableaux devraient être transportés à Bruxelles; l’Académie ne veut pas s’en déssaisir; elle

consent à l’exécution des travaux, mais elle veut qu’ils soient faits sur place, elle invoque l’état

de vétusté des panneaux et la difficulté de les transporter. Ces tableaux sont de véritables reliques

de l’art brugeois; les envoyer à Bruxelles c’est s’exposer à les perdre, et d’ailleurs nous savons

qu’ils y resteraient longtemps. J ’espère qu’à la suite de l’examen ultérieur auquel cette affaire sera

soumise, on maintiendra cette manière de voir et dans le sein de la jointe et dans le sein du Conseil.

M. le BOURGMESTRE. Je ne puis que confirmer les dires de l’honorable membre. Nous aurons

du reste l’occasion d’en parler de nouveau, si ma proposition de renvoi est admise.

Le Conseil décide que la copie de la dépêche avec demande d’explications sera adressée à la jointe.

(Bulletin Communal de la Ville de Bruges, année 1874, t. X V III, pp. 758-760).

1 Cfr doc. n° 43, pp. 106-107.

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160 TEXTES: PUBLICATIONS OFFICIELLES

9 octobre 1875. Le Conseil communal approuve la restauration sur place des tableaux de /’ Académie et s'élève

contre les prétentions de l 'Etat relatives à la propriété de ceux-ci.

[Séance clu 9 octobre 1 8 7 5 ]

1 3 . Tableaux de l’Académie.

M. le B O U R G M E ST R E communique : 1 ° la lettre de M. le Gouverneur en date du 3 novem­

bre 1 8 7 4 , rappelée le 1er Octobre courant, relativement aux soins de conservation à donner aux

précieux tableaux de V an Eyck et d’autres maîtres primitifs, qui se trouvent dans le musée de

l’académie de cette ville; 2 ° un rapport de la Jointe de l’académie, faisant des propositions tendant

à faire exécuter les réparations dans le local même du musée, tout transport pouvant avoir des

effets désastreux pour les tableaux dont s’agit.

La Commission des Beaux-Arts s’est ralliée entièrement aux considérations contenues dans ce

rapport, tant en ce qui concerne la manière d ’effectuer les restaurations qu’en ce qui concerne la

question de la propriété de ces tableaux, revendiquée par le Gouvernement.

M. H E R R E B O U D T émet l’espoir que l’Administration communale fera tous ses efforts pour

défendre la propriété de la ville.

M. DE R ID D E R dit que les Hospices doivent également faire des réserves pour un des tableaux

qui leur appartient et qui est déposé au musée.

M. le B O U R G M E ST R E . Dans tous les cas, ces tableaux appartiennent à la ville, et nous ne

manquerons pas de faire valoir nos droits.

Une copie du rapport sera transmise au Gouvernement.

2

(Bulletin Communal de la Ville de Bruges, année 1875, t. X IX , pp. 844-845).

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TEXTES : PUBLICATIONS OFFICIELLES 161

Septembre-octobre 1879. La Commission royale des Monuments signale le mauvais état de conservation du

triptyque du Martyre de saint Hippolyte à la cathédrale du Saint-Sauveur.

[Septembre-octobre 1 8 7 9 ]

Des dégradations graves existent dans les grisailles du triptyque de Memling : le Martyre de saint

Hippolyte, appartenant à la cathédrale de Bruges. La peinture est écaillée et de nombreux fragments

s’en sont détachés. Il importe que de promptes mesures soient prises pour remédier à ce fâcheux

état de choses et le conseil de fabrique a été invité à soumettre d’urgence des propositions en vue

de la restauration d’une œuvre dont la conservation est d’intérêt national.

3

(Bulletin des Commissions royales d'Art et d'Archéologie, 18e année, 1879, p. 287).

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162 TEXTES : PUBLICATIONS OFFICIELLES

23 décembre 1889. La Commission nommée par Vadministration communale de Bruges rend son rapport sur

l'état de conservation du Mariage mystique de sainte Catherine de Ilans Memlinc.

21 juin 1890. Le rapport susdit fa it l ’objet des délibérations du Conseil communal.

[Séance du 2 1 juin 1 8 9 0 ]

M. R O N SE. Messieurs, à l’occasion de la discussion du budget de l’administration des hospices,

je voudrais obtenir quelques renseignements.

Je désirerais savoir quelles sont les intentions de la commission des hospices au sujet

de la conservation des tableaux qui se trouvent au musée de l’hôpital St. Jean. Le gouvernement,

à plusieurs reprises déjà, nous a saisis de cette question et nous a priés de demander à la commission

des hospices quelles mesures elle comptait prendre pour conserver ces chefs-d’œuvre de l’ancienne école flamande.

Je désire savoir où en est cette affaire.

L ’administration communale a choisi quelques personnes pour examiner ces tableaux.

Un rapport a été élaboré par cette commission. Elle est d’avis qu’il y a lieu de prendre certaines

précautions pour fixer les boursouflures qui se sont manifestées sur les panneaux du grand triptyque

de Memlinc.

Jusqu’à présent, nous n’avons pas reçu de réponse de l’administration des hospices

qui a reçu communication du rapport.

M. F O N T E Y N E . Le conseil ne le connaît pas.

M. R O N SE. Si vous le désirez, Messieurs, je vous donnerai lecture de ce rapport (Adhésion).

Le voici :

« Nous soussignés, Louis Delà Censerie, directeur de l’Académie communale des beaux-arts,

Désiré De Meyer, membre de la Jointe de l’Académie, Alfred Ronse, échevin de la ville, François

Vanden Abeele, membre de l’Académie communale et Edmond Van Hove, artiste peintre,

déclarons avoir procédé le Lundi, 1 1 Novembre 1 8 8 9 , à l’examen du rétable [mV] à volets, chef-d’œuvre

de Hans Memlinc, faisant partie de la collection des hospices civils, à l’hôpital St. Jean de cette

ville, et avoir constaté que malgré ses quatre siècles d’âge, il se présente dans un état assez satis­

faisant. Toutefois l’on remarque un nombre assez grand de retouches et de boursouflures de diverses

importances que l’on constate vers le milieu et surtout dans le bas du sujet principal représentant

le mariage mystique de Ste iCathérine [mc] où ces boursouflures sont suffisamment gonflées pour

4

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TEXTES: PUBLICATIONS OFFICIELLES 163

pouvoir s’aplatir sous une légère pression du doigt, ce qui indique que l’apprêt et la peinture se

sont détachés du panneau et qu’à la longue il s’y produira des crevasses qui en se brisant occasion­

neront la chute des parties détachées.

» Nous estimons que ces boursouflures devraient faire l’objet d’un travail prochain

de restauration qui consisterait uniquement à introduire une matière collante, faisant adhérer la

partie détachée du panneau.

» Le volet de droite du triptyque, qui représente comme sujet principal, la décolla­

tion de St. Jean, a été trouvé dans un état peu satisfaisant, attendu qu’une boursouflure très impor­

tante et fort visible depuis longtemps, correspondant à l’emplacement de la main du jeune seigneur

à veston vert, s’est complètement écaillée et brisée, et dont malheureusement une petite partie

est tombée et perdue.

» Afin de prévenir d ’autres dégradations de cette nature, il y a lieu de procéder,

à bref délai, au fixage des écaillures, en procédant, comme il a été dit plus haut et en complétant

la partie manquante de la main, au moyen de peinture à la gouache qui est le seul moyen propre

à effectuer la réparation. Les autres boursouflures devront être traitées, si possibilité il y a, comme

il a été proposé pour le sujet principal.

» Quant aux repeints d’époque inconnue que l’on remarque dans les vêtements et

autre parties du tableau, ils ont été jugés de nature à ne pouvoir être retouchés et à devoir rester

dans l’état où ils sont actuellement.

» Le volet gauche, dont le sujet représente St. Jean dans l’île de Patmos, assis et

absorbé dans la contemplation de la vision de l’Apocalypse, se trouve relativement dans un état

meilleur, mais on y remarque aussi plusieurs boursouflures non encore écaillées qui pourront

probablement être fixées par le procédé indiqué.

» Les revers des volets, représentant des frères et des sœurs hospitaliers ainsi que

leurs patrons, exigent également des soins; des boursouflures s’y sont produites en grand nombre

et il est probable qu’anciennement des écaillures s’étant produites, plusieurs parties tombées ont

été repeintes à l’huile et apparaissent aujourd’hui sous forme de taches d’un effet déplorable.

» L ’un de nous a proposé d’appliquer, comme préservatif, un léger vernis sur toutes

les peintures après que les réparations et les restaurations seraient faites. Mais cette proposition

n’a pas été appuyée, pareeque [jzV] plusieurs d ’entre nous se sont déclarés incompétents pour

décider une telle mesure, dont les conséquences, bonnes ou mauvaises, sont inconnues.

» Afin d’amortir les chocs qui pourraient se produire lorsque l’on ouvre et ferme

les volets, nous proposons le placement de petits tampons en feutre aux endroits où le contact a

lieu. Nous signalons aussi le mauvais état d’une penture de volet qui ne présente plus la sécurité

voulue.

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164 TEXTES : PUBLICATIONS OFFICIELLES

» Finalement il a été décidé, à l’unanimité, que vu l’état dans lequel se trouvent

ces chefs-d’œuvre les travaux de réparation et de restauration doivent être exécutés à l’hôpital

St. Jean, attendu qu’un transport quelconque nuirait bien plus que les lésions possibles de plusieurs

siècles à venir.

» De là, nous nous sommes rendus au musée de la ville, établi provisoirement à

l’école Bogaerde, à l’effet d’examiner le tableau peint par Jean Van Eyck et représentant la Vierge

et l’enfant Jésus, St. Donatien, St. Georges et le donateur Georges Vander Pale, chanoine.

» Après un examen attentif, nous avons trouvé que l’œuvre du grand peintre se

trouvait dans un état satisfaisant; les retouches exécutées à l’huile et qui datent de bien des années

sont nombreuses, elles occupent des emplacements importants et défigurent cette belle œuvre.

» Nous sommes d’avis qu’il n’y a pas lieu de faire disparaître ces retouches sous de

nouvelles, attendu que dans quelques années les mêmes différences de tons se reproduiraient et

qu’actuellement les soins devront se borner à quelques boursouflures encore peu apparentes qu’il

s’agirait de fixer au panneau.

» Ainsi fait à Bruges, le 2 3 décembre 1 8 8 9 .

» (Signé) E. V A N H O V E , A LF. R O N SE, L. D E LA G EN SERIE, Dr D E M E Y E R ,

Dr V A N D E N ABEELE. »

M. G O E T H A L S. Il est extrêmement difficile de savoir quel parti il faut prendre en l’occurrence.

Faut-il toucher à ces chefs-d’œuvre de Memlinc ?

D ’une part des membres de la commission nommés par l’administration communale

désirent y voir faire certaines restaurations et, d’autre part, des personnes très au courant en cette

matière nous ont suppliés de laisser ces tableaux tels qu’ils sont.

Dans cette occurrence, la commission des hospices civils a prié un artiste des plus

compétents de Bruxelles de venir examiner ces chefs-d’œuvre et de nous renseigner sur ce qu’il

croira devoir être fait; la commission des hospices pourra alors prendre une décision en parfaite

connaissance de cause.

La commission des hospices, plus que tout autre administration, désire maintenir

dans le meilleur état possible les chefs-d’œuvre qui lui sont confiés. C ’est précisément pour ce

motif qu’elle ne négligera rien pour atteindre ce but.

Comme le rapport lui-même le constate, on a, à d’autres époques, fait des retouches

fort malheureuses et c’est ce que l’administration des hospices veut éviter.

M. RO N SE. Comme vous l’avez entendu par la lecture du rapport, il ne s’agit nullement,

Messieurs, de faire des retouches. Bien au contraire. La commission s’est formellement prononcée

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TEXTES : PUBLICATIONS OFFICIELLES 165

contre ce mode de restauration. D ’après les propositions de la commission, il s’agit simplement

de fixer les boursouflures en y introduisant une matière collante.

Je crois que c’est là une mesure qui ne doit inspirer aucune crainte.

Je le répète, il ne s’agit pas d ’enlever l’une ou l ’autre partie de la peinture; il n’est

question au contraire que de la fixer.

M. G O E T H A L S. Si cela réussit.

M. R O N SE. On a réussi ailleurs.

Le procédé que je viens d’indiquer est connu. Je crois qu’il ne faut pas perdre de temps pour

mettre la main à l’œuvre, car le gouvernement tient beaucoup à la conservation de ces objets d’art

comme nous y tenons également.

Il faut éviter que le gouvernement ne nous suscite des difficultés en voyant temporiser

la commission des hospices.

C ’est au mois de décembre que le rapport a été adressé à la commission et jusqu’à

présent nous n’avons pas reçu de réponse.

J ’ai ici dans le dossier l’adresse d’un peintre restaurateur recommandé par M. De

Vriendt; il a les aptitudes voulues pour être chargé de ce travail.

La dépense qui en résultera ne sera pas considérable.

Il ne s’agit pas d ’un travail artistique, de retouches, mais d ’un simple travail de

conservation. Du reste le gouvernement intervient largement dans la dépense de ce genre de travail

si celle-ci avait quelque importance. Mais je pense qu’elle ne s’élèverait qu’à quelques centaines

de francs. La dépense à faire de ce chef ne serait pas du genre de celle qu’on se proposait, il y a

une dizaine d’années, quand on voulait restaurer certains tableaux du musée de l’académie.

Alors déjà je faisais partie de l’administration communale. Un artiste de Bruxelles

désirait ardemment faire des retouches aux tableaux de l’académie. Nous avons protesté énergique­

ment et l’affaire n’a pas eu de suite. L ’artiste qui voulait faire ces restaurations est venu à mourir

et il n’a plus été question du travail.

Maintenant il peut se faire encore que des artistes veuillent faire des retouches.

C ’est pourquoi il serait bon de prendre l’initiative et de faire exécuter sans tarder le travail pré­

conisé.

M . G O E T H A L S. Nous avons prié officieusement M. De Vriendt de vouloir se rendre à l’hôpital

pour examiner les tableaux et nous donner son avis.

M . vande W A LLE . Un travail de ce genre exige une main excessivement délicate et très exercée.

Je me suis adressé officieusement à une personne de la plus haute compétence qui m’a dit que

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166 TEXTES : PUBLICATIONS OFFICIELLES

pour rien au monde elle ne voudrait prendre sur elle la responsabilité d’un pareil travail. Nous

avons donc désiré partager cette responsabilité.

Nous nous sommes adressés à Bruxelles et nous attendons l’avis d’hommes sérieux

qu’on nous a promis d’envoyer.

M . R O N SE . Je désire beaucoup voir arriver ces hommes sérieux de Bruxelles.

M. vande W A LLE . Il y a entr’ autres M. De Vriendt.

M. R O N SE. M. De Vriendt a visité le musée de l’hôpital avec moi et il est d’avis qu’il y a lieu

de prendre des mesures.

M. vande W A LLE . Quelles mesures ?

M. R O N SE. Les mesures préconisées par la commission.

C ’est M. De Vriendt lui-même qui m’a donné l’adresse du restaurateur dont j ’ai parlé tout-à-

l’heure.

M. vande W A LLE . Je regrette beaucoup que nous n’ayons pas été admis à entendre cette

commission.

M. RO N SE. Le rapport de cette commission vous a été transmis. Des hommes sérieux arriveront

sous peu dit-on, mais ces hommes sérieux ont parfois quelque peine à se déplacer.

M. G O E T H A L S. C ’est une affaire de grande importance.

M. V A N D E N ABEELE. L ’honorable M. Ronse a rappelé tout-à-l’heure la question de la

conservation des tableaux de notre ancienne école brugeoise. Cette question a déjà été examinée

il y a plus de 1 5 ans, lorsque, comme l’a rappelé l’honorable échevin, on voulait nous imposer

un restaurateur.

La jointe de l’académie, dont j ’avais l’honneur de faire partie, après s’être longuement

occupée de cette affaire, pour être absolument sûre de ne pas faire d’erreur et de ne rien compro­

mettre, proposa à ce peintre restaurateur de restaurer d’abord un tableau de valeur secondaire.

Elle lui confia à cet effet un tableau de Claeyssens de 1 5 5 0 environ, et exigea que cette opération

fût opérée sur place.

Cet artiste commença la restauration de ce tableau très endommagé, en mastiquant

les parties soulevées et tombées, pour les repeindre ensuite à la gouache, afin que ceux qui doute­

raient plus tard de l’authenticité de ce tableau n’eussent qu’à prendre une éponge pour en laver

la couleur appliquée de seconde main.

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TEXTES : PUBLICATIONS OFFICIELLES 167

Ce restaurateur, qui était fortement recommandé, laissa le travail en plan sans

commencer les repeints.

Ce tableau qui se trouve à l’académie est ainsi plutôt détérioré que restauré.

Quant à fixer la couleur plus ou moins soulevée, c’est une autre affaire.

J ’ai maintes fois été voir les tableaux à l’hôpital St. Jean avec un homme de la plus

haute compétence, qui a fait l’histoire de l’école de Bruges, M . Wagen, conservateur du musée

de Berlin. Or, M. Wagen a toujours insisté pour qu’on ne laissât pas tomber les écaillures de

couleur qui commençaient à se détacher, pareeque [jfc] cela produit le plus déplorable effet.

D ’abord si l ’on repeint après leur chute, le niveau de la peinture ancienne et

nouvelle n’est plus le même. La couleur qui reste ayant une certaine épaisseur, la partie restaurée

forme non seulement une tache mais même une sorte de dépression ou de trou.

Pareilles restaurations sont déplorables.

M. Wagen était d’avis, ce qui a été confirmé par l’expérience faite à l’académie,

qu’on avait malheureusement exposé les tableaux détériorés à l’action directe du soleil.

Dans le temps, le musée de l’académie était divisé en compartiments et dans ces

compartiments, à certaines heures du jour, le soleil dardait en plein.

On a reconnu cette fâcheuse installation vers 1 8 5 0 et alors on a bouché les fenêtres

et l’on a pris la lumière d’en haut.

Aujourd’hui, à l’hôpital, les tableaux reçoivent encore la lumière latérale. Il est

heureux que les fenêtres donnent au nord de manière que l’action du soleil n’est jamais ni longue

ni ardente.

M. Wagen, je le répète, était d’avis que les boursouflures étaient produites par l’action

du soleil sur les panneaux.

En effet quand un tableau s’échauffe des boursouflures se produisent. On peut

constater tous les jours le même fait sur les portes des maisons orientées au sud, tout comme sur

les voitures longtemps exposées en été au soleil. Le vernis et la couleur se détachent du fond et

c’est la même cause qui a produit aux tableaux de l’hôpital St. Jean les boursouflures dont parle

le rapport. 11 ne peut être question de repeindre, mais d’attacher, de fixer les couleurs soulevées.

J ’ai vu pratiquer cela par deux personnes, dont un brugeois du nom de Vleminkx,

qui arrivait ainsi à un résultat admirable.

Il pratiquait aux boursouflures, là où adhérait la couleur, une très légère piqûre

au moyen d’une fine aiguille creuse et y introduisait une substance adhésive. Puis, avec plusieurs

couches de papier buvard et une espèce de léger fer à repasser, il appliquait peu à peu les parties

détachées sur le fond.

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168 TEXTES : PUBLICATIONS OFFICIELLES

Cela fait on ne voit plus nulle part de lacération quelconque, ni même la trace de

la pointe de l’aiguille dans la boursouflure.

C ’est certainement un procédé, comme l’a dit M. vande W A LLE , qui exige une main fort habile.

Il n’y a rien d’artistique dans cette opération, c’est tout simplement un procédé

mécanique, mais très délicat.

Il faudrait que celui qui sera chargé de faire ce travail ait donné des preuves de son

habileté ou bien il devra d’abord s’exercer sur des tableaux de moindre valeur. Alors seulement

on verra ce que l’on pourra faire aux chefs-d’œuvre.

Voilà, Messieurs, le procédé qu’on devra employer.

Quant à laisser les tableaux dans l’état où ils se trouvent, cela n’est pas possible. Ces

tableaux sont visités par l’Europe entière.

Non seulement on vient les contempler, mais on vient les étudier de manière qu’on

les voit en détail et de près.

Si un jour ou l’autre une revue artistique nous accusait d’avoir négligé la conser­

vation de nos tableaux, ce serait une déplorable réputation pour la ville de Bruges qui en somme

possède des œuvres d’art d’une valeur inestimable.

A ce point de vue, je suis de l’avis de M. Ronse, et sous prétexte que vous ne trouverez

pas facilement l’artiste que vous désirez, vous ne pouvez pas trop tarder de faire cette restauration.

Là où il y a une retouche à faire qu’on la fasse à la gouache.

La gouache est une couleur détrempée avec de l’eau et de la gomme dans laquelle

on emploie du blanc.

Pour les aquarelles sur papier on n’emploie pas de blanc.

La gouache est le même procédé que celui qu’on employait pour les miniatures au

moyen âge. Il a cet avantage qu’on peut faire disparaître ces repeints en cas de nécessité, par

exemple pour constater l’authenticité d’un tableau.

On enlève la couleur à la gomme sans faire du tort au tableau tandis que quand on

repeint à l’huile il est impossible de l’enlever et de plus la couleur à l’huile avec le temps ne

conserve plus le même ton.

Ainsi on voit à travers le tableau de V an Eyck qui se trouve à l’académie, une ligne

de restauration qui coupe le tableau en deux.

Je crois que la commission des hospices ferait bien de ne pas trop retarder ce travail,

seulement il exige beaucoup de prudence. Comme je viens de le dire, on devrait commencer par

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TEXTES : PUBLICATIONS OFFICIELLES 169

une expérience d’essai. Q u ’on mette d’abord entre les mains du restaurateur un tableau ancien

de moindre valeur; s’il y survient quelque chose le malheur ne sera pas aussi grand que s’il s’agis­

sait d’une œuvre importante.

Puisqu’on parle du musée de l’hôpital et de ses précieux tableaux je dois dire que

j ’ai vu cette semaine-ci pratiquer une opération que je ne désirerais plus voir se répéter.

On a photographié de nouveau les tableaux de Memlinc qui se trouvent au musée

et on les a mis à l’air. On les a extraits du musée pour les placer je ne dirai pas au soleil mais à peu

près en pleine lumière.

Je trouve cette opération des plus imprudentes et d’autant plus nuisible que ces

tableaux non seulement ne doivent pas paraître dans une autre atmosphère que celle dans laquelle

ils se trouvent habituellement, mais surtout pareeque [sic] ces panneaux ne peuvent pas supporter

des secousses. Si dans ces transports les boursouflures tombaient on ne devrait pas s’en étonner.

Si ces chefs-d’œuvre n’étaient pas connus par la gravure ou la photographie, je

concevrais qu’on les photographiât, mais ils ont été tous photographiés en grand par M. Fierlands

il y a quinze ans.

L ’édition en existe encore; elle a été faite à Paris dans les meilleures conditions et

à Londres pour un éditeur anglais.

Ces reproductions, je le répète, sont de belle dimension et ont été faites dans de

bonnes conditions de lumière.

Dans le temps la commission des hospices a aussi laissé copier à l’huile par M. Van-

den Broucke la châsse de Ste Ursule et cette copie a voyagé par toute l’Europe sous le nom de la

châsse authentique de Ste Ursule. Je dois dire que la copie était très soignée et habillement faite,

mais cela ne devrait plus se répéter. Ces reproductions n’ayant pas, tant s’en faut, la vérité ni le

charme de l’original.

J ’estime que les spéculateurs qui veulent publier ces photographies qui, je le recon­

nais, sont assez goûtées, ne doivent plus être admis à faire la reproduction de nos chefs-d’œuvre;

cela ne sert, en définitive, qu’à remettre en vente de belles photographies déjà publiées.

Du reste cela peut nuire aux tableaux. Ceux-ci sont sur vieux panneaux qui par

suite du moindre choc peuvent se disjoindre.

Pour ces motifs, je recommande à la commission des hospices civils de ne plus donner

d’autorisation semblable à l’avenir.

M. G O E T H A L S. La dernière autorisation dont vient de parler M. Vanden Abeele a été donnée

à un photographe qui avait photographié les tableaux de tous les musées de l’Europe. Il venait

d’Anvers et là on lui avait même donné l’autorisation de déplacer les tableaux.

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170 TEXTES : PUBLICATIONS OFFICIELLES

Ceux sur lesquels il y avait des boursouflures n’ont pas été déplacés. A Anvers, au

contraire, ils ont pu être déplacés.

Nous avons longtemps hésité avant d ’accorder cette autorisation, mais nous crai­

gnions que notre refus eût pour effet d ’empêcher que la collection de tableaux de la ville de Bruges

ne figurât pas parmi les collections des tableaux de l’Europe.

M. V A N D E N ABEELE. Je n’ai qu’un mot à répondre à ce que vient de dire l’honorable

M. Goethals : c’est qu’au musée d ’Anvers on n’a pas de tableaux de Van Eyck. Il n’y a là aucun

tableau de la même époque que ceux de Bruges. C ’est l’âge des tableaux et leur vétusté qu’il faut

considérer.

On peut déplacer un Rubens...

M. vande W A LLE . Et Vanderweyden ?

M . V A N D E N ABEELE. C ’est là encore un tableau qu’il ne faudrait pas laisser déplacer. Ceux

qui le déplacent ont tort et ceux qui le restaureraient trop auraient tort également.

Je crois qu’une prudence plus grande doit entourer les tableaux. On devra un jour

engager la commission des hospices à modifier l’installation de son musée. Je ne veux pas traiter

cette question maintenant. Il en a été parlé bien des fois et j ’y reviendrai ultérieurement.

Parmi les chefs d’œuvre les plus authentiques, les plus admirables qui figurent au

musée, se trouvent des tableaux très médiocres. Ce mélange ne devrait pas exister. Il empêche

d’étudier les tableaux de valeur; le sens de la vue s’y fatigue tellement qu’on finit par perdre la

sensation des vraies couleurs.

Je le répète il y figure beaucoup trop de médiocrités.

Vous devrez faire ce qu’on appelle une collection choisie et répondre aux désirs

manifestés par les connaisseurs qui admirent vos chefs-d’œuvre historiques.

Je crois qu’il serait avantageux de déplacer le musée. Il ne faut pas que pour s’y rendre

on soit obligé de traverser un hôpital et de devoir demander à la porte si à l’établissement il ne

règne pas de maladies contagieuses et si l’on peut hardiment entrer (Interruptions) .

Ce sont là des questions quelquefois indiscrètes mais qu’on pose cependant à un

médecin.

M. le B O U R G M E ST R E . Et les conclusions...

Ici nous n’avons autorisé le déplacement que de quelques tableaux.

M. V A N D E N ABEELE. Mes conclusions ?

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TEXTES: PUBLICATIONS OFFICIELLES 171

M. G O E T H A L S. Quant à ce que vient de dire M. Vanden Abeele au sujet des tableaux du

musée de l’hôpital, je lui répondrai que la commission des hospices compte faire un triage des

tableaux et qu’elle déplacera les médiocrités.

M. RO N SE. Et pour ce qui regarde la restauration ?

M. G O E T H A L S. Nous nous en occuperons.

M. RO N SE. Vous nous répondrez donc prochainement.

M. G O E T H A L S. Pour ma part — et je crois que c’est l’avis des autres membres de la commis­

sion, — je ne voudrais pas prendre sur moi la responsabilité d’une affaire aussi importante sans

prier l’administration communale de nous déléguer l’un ou l’autre de ses membres pour convenir

du travail à exécuter et y assister.

M. le BOURGMESTRE. Je parle des conclusions de la commission des hospices.

(Bulletin Communal de la Ville de Bruges, année 1890, t. X X X IV , pp. 293-303; une partie de ce rapport a été publiée par A. J a n s s e n s d e B i s t h o v e n , Musée communal des Beaux-Arts (Musée Groeninge) Bruges (Les Primitifs flamands. I. Corpus de la peinture des anciens Pays- Bas méridionaux au quinzième siècle, 1), 2e édit., Anvers, 1959, p. i l , doc. n° 23).

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172 TEXTES: PUBLICATIONS OFFICIELLES

17 octobre 1891. Le rapport de Ch. De Pape et le devis de F . Van Leemputten, relatifs à la restauration de

la Légende de sainte Lucie du Maître de la Légende de sainte Lucie en l'église Saint-Jacques, sont commu­

niqués au Conseil communal de Bruges. Uassemblée discute de la nécessité de cette restauration.

[Séance du 1 7 octobre 1 8 9 1 ]

M . le B O U R G M E ST R E . Messieurs, la fabrique de l’église de S1 Jacques nous adresse la lettre

suivante :

« Bruges, le 5 septembre 1 8 9 1 .

» Messieurs,

» Il résulte d’un examen minutieux auquel il a été procédé par M M . Depape, artiste-peintre et

» paléographe, et Van Leemputten, restaurateur de tableaux au musée royal de Bruxelles, que

» presque la totalité des tableaux de l’église S4 Jacques se trouvent en très mauvais état et qu’il

» importe que des mesures soient prises sans retard pour leur conservation.

» Nous vous adressons par la présente :

» 1 ° Copie du rapport de M. Depape. Dans cette pièce vous trouverez l’avis émis par cet artiste

» au sujet de l’emplacement des tableaux de Lancelot Blondeel et d’Achtschelling.

» 2 ° Copie du devis estimatif dressé par M. Van Leemputten et dont le montant s’élève à

» Fr 7 5 2 0 .0 0 .

» Nous y joignons une délibération en double du conseil de fabrique, portant décision : A. de

» demander de l’autorité compétente l’autorisation d’effectuer les travaux en question; B. de solli-

» citer le concours financier de la ville, de la province et de l’Etat pour couvrir la dépense à

» résulter de ce chef.

» Agréez etc. »

Il résulte de cette lettre que le concours financier demandé comporte la totalité de la dépense.

J ’ai ici le rapport de M. Depape, mais comme il est assez long, je n’en donnerai

pas lecture au Conseil.

M. Depape passe en revue les tableaux qui se trouvent dans l’église S1 Jacques et

qui, par suite de l’humidité ou du mauvais placement, ont presque tous besoin d’une restauration

plus ou moins considérable. Quelques-uns de ces tableaux sont menacés d ’une destruction complète.

D ’après le rapport de M . Depape il y a parmi ces tableaux un certain nombre

d’œuvres intéressantes qui ont une assez grande valeur et qui partant méritent d’être conservées.

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TEXTES: PUBLICATIONS OFFICIELLES 173

La dépense totale qui est considérable s’élèverait à Fr 7 5 2 0 .

Parmi ces tableaux il s’en trouve aussi plusieurs qui ont peu de mérite et offrent un

intérêt secondaire. Apres avoir été réparés il est probable qu’ils ne vaudraient pas la somme que

devra coûter leur restauration.

Ainsi il y a un tableau de De Deyster troué en plusieurs endroits et dont la restau­

ration devrait coûter 7 5 0 francs, et puis encore d’autres tableaux insignifiants dont la restauration

est évaluée à 3 0 0 Fr. Je crois donc que parmi ces tableaux il y en a un assez grand nombre dont

la valeur artistique ou archéologique ne justifie pas l’intervention de la ville dans les frais que

demande leur conservation.

Je propose au conseil communal de nommer une commission spéciale qui, à son

tour, serait chargée d’inspecter ces tableaux et de rechercher quels sont ceux qui ont du mérite

et qui présentent suffisamment d’intérêt pour que la ville intervienne et sollicite le concours

pécunier du gouvernement et de la province.

D ’après moi, il n’y a pas lieu d ’intervenir s’il ne s’agit pas de conserver ou de

restaurer des œuvres d’art ou des objets qui offrent de l’intérêt au point de vue archéologique ou

artistique.

Je propose de nommer tout-à-l’heure, en séance à huis-clos, une commission de trois

ou quatre personnes compétentes, qui seraient chargées de revoir en détail le devis, de se rendre

sur place et de nous faire ultérieurement des propositions.

M. R O N SE. J ’appuie la proposition de l’honorable bourgmestre, mais je crois que le rapport

de M. Depape mérite d’être inséré dans le bulletin communal quoiqu’il n’ait pas été donné en

lecture au conseil.

Si nous nommons une commission, il sera utile aux membres de cette commission

d’avoir ce document devers eux, quand ils se rendront à l’église S1 Jacques, afin que chacun d’eux

puisse, en se trouvant devant un tableau, voir d ’emblée de quoi il est question, quel est le mérite

du tableau et quel sera l’usage qu’on en fera.

Car il reste à savoir si tous les tableaux doivent rester dans l’intérieur de l’église,

s’il ne vaudrait pas mieux d’en placer quelques-uns dans un autre endroit. Tous les tableaux qui

se trouvent dans nos églises ne sont pas précisément des tableaux religieux.

Je ne sais pas trop comment quelques-uns y sont venus.

On m’en a signalé plusieurs dans différentes églises de la ville et qui certainement

n’y sont pas à leur place. Ces tableaux doivent avoir été volés pendant la révolution aux établis­

sements publics et charitables et il en est qui n’ont pas tout-à-fait un caractère religieux.

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174 TEXTES: PUBLICATIONS OFFICIELLES

M. le B O U R G M E ST R E . Ces tableaux ne pourraient pas être déplacés sans le consentement

des fabriques d ’églises.

M. R O N SE. Les fabriques d ’églises pourraient les placer dans d’autres endroits, par exemple,

dans la chambre des marguilliers.

L ’église S1 Jacques, par suite de travaux qu’on se propose d’exécuter, aura une

construction indépendante de l’église où des tableaux du genre dont je viens de parler pourraient

être placés.

Un M EM BRE. Ou au musée de la ville.

M. RO N SE. Je ne parle pas des musées de la ville; qu’on place les tableaux que je viens d’indiquer

dans la chambre des marguilliers ou ailleurs, si on le juge utile.

A propos des restaurations projetées, je voudrais dire un mot de la restauration des

tableaux du musée de l’hôpital S4 Jean, qui s’est faite dans le courant de l’été.

Ce travail a donné lieu à une polémique assez vive.

Les Français s’occupent beaucoup de nos œuvres d’art, ils leur portent un grand

intérêt, beaucoup plus qu’ils ne l’ont fait pendant la révolution française, et se préoccupent

aujourd’hui de la conservation de nos œuvres.

La restauration des tableaux du musée de l’hôpital S1 Jean s’est faite avec grand soin.

La commission des monuments est dernièrement venue voir le travail et s’est déclarée

très satisfaite de la restauration effectuée.

M. Albert Devriendt a bien voulu nous aider de ses conseils au sujet de la restau­

ration de ces tableaux.

Il est venu fréquemment à Bruges — quatre ou cinq fois — et quand la commission

des hospices a demandé à quel chiffre s’élevaient ses honoraires, il a répondu ne pas en vouloir

recevoir.

Il a dit qu’il avait dirigé ce travail par amour de l’art et qu’il se contenterait de ses frais de route.

Je propose d ’adresser tout au moins à cet artiste une lettre de remercîments, tant

au nom de l’administration communale qu’au nom de la commission des hospices.

J ’espère que les membres de la commission des hospices voudront bien se rallier à

la proposition que j ’ai l’honneur de faire (Adhésion).

Il serait bon d’examiner la question à ce point de vue.

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TEXTES: PUBLICATIONS OFFICIELLES 175

M. G O E T H A L S. Je me rallie volontiers à la proposition de l’honorable M. Ronse, et je suis

heureux de pouvoir ici publiquement témoigner ma reconnaissance à M . Devriendt qui a bien

voulu seconder la commission des hospices dans cet ouvrage si difficile. Je dois aussi remercier

l’honorable M. Ronse (protestations de M . Ronse) et notre ancien collègue, M . Vanden Abeele, qui

ont voulu assister la commission des hospices dans cette mission si délicate.

M. F R A E Y S. J ’appuie volontiers la proposition de M. le Bourgmestre de nommer une commis­

sion spéciale qui serait chargée d’examiner l’état des tableaux de l’église de S1 Jacques. J ’appuie

également la proposition de M. Ronse de mettre entre les mains des membres de cette commission

une copie du rapport de M. Depape.

Je voudrais cependant compléter la proposition de l’honorable M. Ronse en ce sens

que le devis estimatif des restaurations à faire, élaboré par M. Van Leemputten, fût également

mis sous les yeux des membres de cette commission, afin qu’ils puissent se rendre compte du coût

que demandera la restauration des tableaux et voir si réellement chacun d’eux vaut le prix qui

est demandé pour leur restauration.

M. le B O U R G M E ST R E . J ’ai oublié de dire que la proposition que j ’ai faite tout-à-l’heure émane

de la commission de l’instruction qui s’est réunie et s’est mise d’accord sur ce point.

Je suis heureux de voir que plusieurs membres appuient la proposition faite, mais

je voudrais que les intentions du conseil fussent nettement déterminées. Il serait utile de savoir si

les idées exprimées tout-à-l’heure sont partagées par le conseil communal.

Entre-t-il dans les intentions du conseil de voir restaurer et d’intervenir dans les frais

de restauration de tous les tableaux indistinctement...

Des V O IX . Non, non.

M. le Bon de C R O M B R U G G H E . En partie.

M. le B O U R G M E ST R E . ... simplement parce que ce sont des objets appartenant aux fabriques

d’église, ou bien le conseil communal veut-il intervenir dans la restauration des œuvres qui ont

une valeur réelle.

Je crois que notre rôle est d’intervenir seulement quand il s’agit d’œuvres qui

présentent un mérite et un intérêt véritables (Adhésion).

Par conséquent les investigations et l’examen à faire par cette commission spéciale

seront dirigés dans ce sens.

La nomination des membres de cette commission se fera tout-à-l’heure en séance

à huis-clos (Adopté).

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176 TEXTES: PUBLICATIONS OFFICIELLES

Bruges, 2 2 décembre 1 8 9 0 .

A Messieurs les Membres du Bureau des Marguilliers de l'église S1 Jacques, à Bmges.

Messieurs,

En réponse à votre lettre en date du 6 courant, me demandant de dresser un rapport sur les

tableaux garnissant l’église paroissiale de S1 Jacques, j ’ai l’honneur de vous soumettre le dit

rapport :

Restauration des tableaux de l'église S t Jacques à Bruges. Rapport.

N° 7 . Retable. Légende Ste Lucie de Syracuse. Auteur inconnu, peinture flamande datée de 1 4 8 0 .

Tableau excessivement intéressant, bonne peinture, type original de personnages. Le panneau est

horizontalement fendu en deux endroits. Le tableau a souffert de glacis enlevés avant le vernissage.

Valeur quinze mille francs.

(Signé) Charles De Pape

Peintre-paléographe.

Devis estimatif dressé par M . F . Van Leemputten, des travaux de restauration à effectuer aux tableaux garnissant

l'église S 1 Jacques, à Bruges.

1 6 . Rétable : Légende de Ste Lucie de Syracuse.

Ce tableau, d’un auteur inconnu, rappelle l’école flamande. Il est d ’une grande valeur; mais

malheureusement les panneaux sont disloqués.

A rejointoyer les panneaux. 1 0 0 Fr.

Bruges, le [?] août 1 8 9 1 .

(Signé) F. Van Leemputten

(Bulletin Communal de la Ville de Bruges, année 1891, t. XXV , p. 458 et sv.).

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TEXTES: PUBLICATIONS OFFICIELLES 177

17 janvier 1903. Le 10 décembre 1902, le bureau des marguilliers de la fabrique d'église de Notre-Dame

décide la restauration de la Transfiguration de Notre-Seigneur de Gérard David par le bruxellois Paul

Buéso. Le 4 janvier 1903, le conseil de fabrique approuve la décision du bureau des marguilliers. Ceci fa it

l'objet des délibérations du Conseil communal.

[Séance du 1 7 janvier 1 9 0 3 ]

M. le B O U R G M E ST R E . La fabrique d’église de Notre-Dame nous écrit le 1 0 décembre :

« Nous avons l’honneur de vous faire savoir que notre bureau des marguilliers a décidé qu’il y

» avait lieu de remettre en état deux des principaux tableaux de l’église. L ’un représente la « Trans-

» figuration de N.S. ». D ’après l’avis de plusieurs connaisseurs qui ont eu le loisir de l’examiner

» à l’exposition des primitifs, il appartient certainement à l’atelier de Gérard David; c’est donc

» une œuvre qui tant au point de vue archéologique qu’artistique mérite d’être conservée le mieux

» possible. L ’autre représente la « Mater Dolorosa » longtemps attribuée à Mostaert, mais qui

» a été reconnue au cours de la dernière exposition pour être du pinceau du maître brugeois

» Adrien Ysenbrandt. Il s’agit donc de nouveau d’une œuvre capitale. Ces remarques nous font

» espérer, Messieurs, que l’autorité supérieure voudra bien intervenir largement dans les frais

» des restaurations projetées, dont nous vous envoyons ci-joint le devis dressé par M. Paul Buéso,

» restaurateur de tableaux très compétent au dire de tous les connaisseurs.

» Nous vous prions donc, Messieurs, de bien vouloir admettre et faire prévaloir la

» répartition suivante, que nous proposerons aux fabriciens à la réunion de Janvier, et qui certai-

» nement sera admise par eux, c’est-à-dire : part de la fabrique 1/6, de la ville 1/6, de la province

» 1 / 3 et de l’Etat 1 /3 . La délibération que prendra le conseil de fabrique vous sera communiquée

» immédiatement après le 4 janvier. »

Le 7 janvier nous avons reçu le texte de la délibération du conseil de fabrique conçu comme suit :

« Conseil de Fabrique.

» Séance du 4 janvier, Extrait du procès-verbal.

» Le conseil, entendu les explications du bureau etc. prend la délibération suivante :

» Attendu que les tableaux « La Transfiguration » et la « Mater Dolorosa » ont un besoin urgent

» de réparations;

» Attendu que ces réparations de l’avis de gens compétents peuvent se faire facilement;

» Attendu que le restaurateur de tableaux M. Buéso, propose de faire l’ouvrage moyennant

» 7 5 0 francs pour la « Transfiguration » et 2 5 0 francs pour la « Mater Dolorosa »,

» Décide qu’il y a lieu d’y consentir;

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178 TEXTES: PUBLICATIONS OFFICIELLES

» Décide que la fabrique pourra intervenir dans la dépense pour 1/6, d’après la répartition

» admise généralement pour ce genre d’ouvrages, et charge le bureau de demander une inter-

» vention de 1/6 à la ville, de 1/3 à la province et de 1/3 à l’Etat ».

Ce travail est-il déjà commencé ?

M. le Bon van CALOEN. Non.

M. RONSE. Il est à souhaiter que ce travail se fasse à Bruges même et ce sous la surveillance

d’une commission.

Il serait utile, avant de mettre la main à l’œuvre, que l’on constate l’état de ces

tableaux afin qu’on ne vienne pas dire après que l’on y a fait des retouches et des repeints, comme

cela a été le cas pour les réparations effectuées aux tableaux de l’hôpital St Jean.

On a prétendu alors qu’on y avait fait des repeints, or ceux-ci n’avaient pas été

effectués pour le motif qu’il n’y en avait pas à faire. Des repeints y ont été apportés il y deux ou

trois siècles, mais il n’y avait pas lieu d’en faire au moment où l’on y a opéré les dernières répara­

tions. Fort heureusement, avant de mettre la main à l’œuvre, nous avions fait dresser un procès-

verbal relatant l’état de ces tableaux et quand les protestations auxquelles je viens de faire allusion

ont été produites, nous avons pu opposer ce procès-verbal et ainsi prouver que les soi-disant repeints

n’avaient pas été effectués.

Je voudrais que pour les tableaux dont il est question maintenant les mêmes précau­

tions soient prises et que les réparations soient effectuées à Bruges. Dans trois ou quatre jours, un

petit local sera aménagé à l’académie des beaux-arts, dans la salle des plâtres, où l’on se propose

également de faire des réparations à quelques tableaux du musée de l’académie.

La restauration des tableaux de l’église Notre-Dame pourrait s’y faire également [...].

(Gemeenteblad der stad Brugge, année 1903, t. XLV II, pp. 12-15).

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TEXTES: PUBLICATIONS OFFICIELLES 179

14 mars 1903. Le rapport de la Commission brugeoise des Beaux-Arts approuvant la restauration de la Trans-

figuration de Notre-Seigneur de Gérard David est communiqué au Conseil communal de Bruges.

[Séance du 14 mars 1903]

M. DE SCHREVEL, namens het berek van schoone kunsten, geeft lezing van het volgende verslag:

« Mynheeren,

» Het berek van schoone kunsten heeft in zijne vergadering van Vrijdag 13 Maart

» te beraadslagen gehad over de vraag van de kerkfabriek van Onze Lieve Vrouw nopens de

» tusschenkomst van de stad in de onkosten voor de herstelling van twee schilderijen voorstellende

» de eene « La Transjiguration », toegeschreven aan Gérard David, de andere « Mater Dolorosa »

» van den brugschen meester Ysenbrandt.

» Ziehier ten anderen wat het verslag opgemaakt door de kerkfabriek dienaangaande

» zegt :

» Attendu que ces réparations de l’avis de gens compétents peuvent se faire facile-

» ment;

» Attendu que le restaurateur de tableaux M. Buéso, propose de faire l’ouvrage

» moyennant 750 francs pour la « Transfiguration » et 250 francs pour la « Mater Dolorosa » ...

» In zitting van 17 Januari 1903 heeft de gemeenteraad reeds deze kwestie besproken.

» De heer Ronse heeft dan aangedrongen opdat de herstellingswerken in stad zouden

» gedaan worden, zonder verplaatsing van de tafereelen. Hij vroeg dat er een proces-verbaal van

» den huidigen staat der schilderijen zou gemaakt worden.

» In vergadering van het berek van schoone kunsten heeft de heer schepen Ronse

» verklaard dat hij, na nauwkeurig onderzoek der schilderijen, hunne herstelling noodig vindt.

» M. Paul Buéso, kunstschilder hersteller te Brussel, aanveerdt de noodige werken

» te doen voor de som van 1000 frank (750 frank voor het tafereel « La Transfiguration » en

» 250 frank voor het tafereel « Mater Dolorosa »).

» Het berek van schoone kunsten, met eenparigheid van stemmen, stelt voor dat

» de stad voor 1/6 in de onkosten tusschenkome mits de voorwaarde dat de heer Buéso zelf de

» herstelling zou volmaken en niet een of met een van zijne medewerkers of leerlingen.

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180 TEXTES: PUBLICATIONS OFFICIELLES

» Waren tegenwoordig : de heeren schepen Ronse, den heer schepenen Schramme

» vervangende; Vercruysse, raadsheer, en

» De verslaggever,

» Dr De Schrevel. »

M. RONSE. Je demande qu’on insiste tout particulièrement pour que M. Buéso lui-même

exécute le travail et non un de ses élèves ou toute autre personne déléguée par lui.

Il est d’ailleurs assez largement payé pour qu’il puisse en personne venir exécuter

le travail.

M. SERESIA. Het is ook verstaan dat de herstelling ter plaats, ’t is te zeggen in Bruggc zal

gedaan worden ?

M. RONSE. Il faut que ce soit M. Buéso lui-même qui fasse la restauration; il ne faut pas que

le tableau soit transféré hors ville, sinon nous ne saurons pas qui a fait la restauration.

M. DELANOTE. C’est une condition de notre vote; il faut que la restauration se fasse sur place

et par l’artiste lui-même.

M. RYELANDT. Je suis de même que M. Ronse d’avis que la restauration doit être faite par

l’artiste lui-même. Il est à remarquer cependant que souvent à l’occasion de la restauration d’un

tableau, certain travail doit y être exécuté qui ne peut être fait par l’artiste-peintre, par exemple,

le parquetage qui consiste à mettre derrière le tableau des cloisonnettes. C’est là un travail de

menuiserie qui ne peut être fait par l’artiste.

Je fais cette remarque pour qu’après on ne puisse tirer prétexte de ce fait pour

refuser la liquidation du subside.

M. RONSE. Il y a le travail artistique et le travail de menuiserie.

M. le BOURGMESTRE. Aucun élève ou ouvrier ne pourra mettre la main à la peinture.

M. TERMOTE. On pourrait faire mention dans la convention des réserves qui viennent d’être

formulées pour que M. Buéso ne puisse se refuser à faire lui-même la restauration.

M. le BOURGMESTRE. Le travail artistique sera fait par M. Buéso, le tout sous sa surveil­

lance. ( Bijtreding) .

(Gemeenteblad, der stad Brugge, année 1903, t. XLV II, pp. 92-94).

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TEXTES : PUBLICATIONS OFFICIELLES 181

22 avril 1908. Le député Emile Vandervelde interpelle le ministre des sciences et des arts sur la restauration

de la Vierge au chanoine van der Paelc de Jean van Eyck.

M. VANDERVELDE.

[...] Tout d’abord me trouvant à Bruges dernièrement, j ’ai eu l’occasion de revoir l’admirable

Van Eyck du Musée Communal et l’on m’a dit que on se proposait, d’accord avec le conseil

communal et la commission royale des monuments, d’y faire des réparations. Il est possible, il est

même probable que certaines réparations sont nécessaires pour mettre le tableau en état; mais

quand on parle de réparations de tableaux, il faut toujours craindre que l’on ne procède à des

nettoyages, dont nous ne savons que trop les résultats. Quand on va aux musées de Berlin, où il

y a tant de chefs-d’œuvre, on est frappé de l’absence complète de patine sur les tableaux. A

l’Exposition des Primitifs, il y avait deux Fouquet formant les deux volets d’un triptyque, l’un

venant du musée d’Anvers, l’autre du musée de Berlin. Le musée d’Anvers présentait un tableau

tout à fait en bon état, avec une patine admirable. Le musée de Berlin présentait un tableau nettoyé

à fond, peint et doré d’hier. Je crains que si l’on touche au Van Eyck de Bruges, on n’arrive à des

résultats analogues. Or, il est peu de tableaux qui soient aussi beaux à voir et dans un état aussi

parfait, que le tableau dont je viens de parler, et je ne doute pas que M. le Ministre ne fasse le

nécessaire pour empêcher un nettoyage qui serait un véritable acte de vandalisme.

M. DESCAMPS, ministre des sciences et des arts.

[...] L’honorable M. VANDERVELDE a parlé du Van Eyck dont on propose la restauration.

Je reconnais que la question est de la plus haute importance. Il y a des restaurations qui peuvent

causer des dommages irréparables. Je ne crois pas que celle dont il est question à Bruges soit de

ce nombre. Néanmoins, je promets à l’honorable membre de m’en occuper personnellement afin

de conserver à l’abri de la moindre atteinte un chef-d’œuvre qui fait notre gloire et est l’objet

de l’admiration de toutes les nations.

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(Chambre des Représentants. Annales parlementaires, séance du 22 avril 1908, pp. 1526-1527).

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182 TEXTES: PUBLICATIONS OFFICIELLES

23 avril 1908. Le comte Visart de Bocarmé, bourgmestre-député de Bruges, répond à l'interpellation d'Emile

Vandervelde relative à la restauration de la Vierge au chanoine van der Paele de Jean van Eyck.

M. STANDAERT.

Messieurs, dans la séance d’hier, l’honorable M. VANDERVELDE a exprimé des craintes au

sujet d’un certain projet de restauration du Van Eyck de Bruges. L’honorable membre semble

redouter que la restauration projetée ne donne lieu à des actes de vandalisme. Je tiens, Messieurs,

à dissiper ces craintes afin qu’elles ne fassent pas boule de neige et ne finissent par émouvoir le

monde des artistes. Il ne s’agit pas dans l’espèce, je m’empresse de le dire, d’une restauration

dans le sens malheureux où ce mot fut trop souvent entendu, il ne s’agit pas non plus d’un nettoyage

d’après le système de Berlin, système qui a été justement réprouvé et condamné par l’honorable

M. VANDERVELDE. Il est question tout simplement du travail que voici : on a constaté que

le Van Eyck portait certaines écaillures et boursouflures qui menacent de tomber. Et il s’agit

uniquement de les fixer. Pour ce travail délicat on s’entoure de toutes les lumières et de toutes les

garanties désirables, et si l’on se borne, comme je l’espère, à ces opérations purement matérielles,

il ne pourra survenir aucun dommage au chef-d’œuvre dont il s’agit.

La ville de Bruges possède une administration communale éclairée, justement soucieuse des

trésors artistiques dont elle a la garde et qui en toutes circonstances a donné la preuve de son

intelligence et de son éclectisme. Cette restauration se fera donc avec toutes les précautions dési­

rables, car Bruges avant tout et surtout a conscience de la valeur incomparable de ce chef-d’œuvre

de la peinture, dont on a dit, lors de l’exposition des Primitifs, qu’il était peut-être le plus beau

tableau du monde, dont le peintre Bonnat, disait : « Au point de vue du dessin et de la couleur,

c’est une des choses les plus merveilleuses qui existent », et dont Fromentin a écrit : « C’est une

peinture qui fait oublier tout ce qui n’est pas elle, et qui donne à penser qu’avec Van Eyck, l’art

de la peinture a dit son dernier mot. »

M. DEMBLON. La citation est beaucoup plus longue que cela, dans les « Maîtres d’autrefois » !

M. VISART DE BOCARME.

Un mot seulement, Messieurs, pour confirmer les observations que vient de faire mon honorable

collègue M. STANDAERT. Naturellement une certaine inquiétude s’est répandue dans le pays

artistique quand on a dénoncé que l’admirable Van Eyck de Bruges, l’œuvre capitale de ce

peintre, allait être soumis à une véritable restauration. Mais il n’en est rien, messieurs, comme

mon honorable collègue l’a dit, il s’agit d’une simple restauration matérielle et il est bon d’indiquer

que les réparations qui vont être faites au Van Eyck de Bruges, et qui ne sont pas commencées,

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TEXTES: PUBLICATIONS OFFICIELLES 183

sont faites d’accord avec la commission royale des monuments. Celle-ci a désigné des délégués qui

ont examiné la question d’une manière très approfondie et très consciencieuse. Cet examen a duré

plusieurs années et un accord parfait s’est établi entre l’administration communale, la commission

des musées, à Bruges, et la commission royale des monuments, pour faire ces réparations dans les

meilleures conditions possibles et avec une prudence excessive. Il s’agit presque exclusivement

de faire disparaître des écaillures et des boursouflures anciennes qui sont un peu inquiétantes. Le

tableau du reste, comme on l’a dit, est admirablement conservé dans son ensemble. Cependant

la commission royale des monuments a été d’avis qu’il y avait lieu de faire un essai très prudent

d’enlèvement d’un repeint regrettable fait au XV IIIe siècle, si je ne me trompe. Une expérience

limitée à une surface de quelques centimètres carrés doit être faite.

M. DENIS.

Je crois que c’est une erreur de s’engager dans cette voie.

M. VISART DE BOCARME.

Il serait évidemment désirable de supprimer toute trace de la restauration déplorable qui a été

faite à une époque néfaste, mais on doit procéder avec la plus grande circonspection. Aussi c’est

sur la surface la plus petite possible que cet essai sera fait. Pour moi, je pense que l’enlèvement

des repeints de ce genre est à la fois très difficile et très dangereux et qu’on n’osera jamais soumettre

le Van Eyck de Bruges à cette opération plus ou moins traumatique. En tout cas le Gouvernement,

la Chambre et tous les esthètes peuvent être rassurés sur le sort de ce chef-d’œuvre et des autres

tableaux du musée de Bruges.

(Chambre des Représentants. Annales Parlementaires, séance du 23 avril 1908, pp. 1551-1552).

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III. ANNEXES

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A. SOURCES LITTÉRAIRES

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ANNEXES : SOURCES LITTÉRAIRES 189

Circa 1818. Mauvais état de conservation du Mariage mystique de sainte Catherine. Description des

procédés de restauration de M . Van Brée.

[pp. 110-111, note a]

[...] Nous déplorâmes souvent en commun, l’état de délabrement auquel plusieurs des meilleurs

tableaux d’Hemling étaient réduits. Il s’en trouvait un surtout, le Mariage de Sainte-Catherine, qui,

placé sur un mur humide, menaçait de s’écailler et de tomber en lambeaux.

J ’avais assisté à la restauration des tableaux revenus de Paris, à Anvers. Dans le

nombre, il s’en trouva qui étaient atteints du même mal, mais à un degré beaucoup moins alar­

mant. Le savant et judicieux Van Bree, qui sait peindre avec génie et conserver avec intelligence,

avait proposé de fixer les éclats, moyennant la térébenthine de Venise et la cire fondue au bain-

marie : le procédé obtint un plein succès.

Je proposai à Bruges de recourir au même remède, et j ’engageai mon zélé ami

Van Bree à me seconder dans cette entreprise.

La prudence voulait qu’on fit des essais. Ils furent exécutés sur de vieux panneaux

trempés dans l’eau pendant vingt-quatre heures, pour augmenter le mal. Les éclats n’en furent

pas moins fixés; et la restauration d’un mauvais tableau donna le courage de procéder à celle

d’un chef-d’œuvre.

Ce grand travail est sur le point de recevoir la dernière main. Il fut dirigé par notre

savant et zélé confrère, M. Ducq, premier professeur de peinture à l’Académie royale de Bruges.

Au-fur-et-à-mesurc que le travail avançait, le tableau sembla sortir de nouveau de l’atelier de

son créateur.

[p. 153]

[...] Et ces admirables figures, recollées depuis un demi-siècle, peut-être, sur des murs humides,

on ignorait jusqu’à leur existence, pendant que le plus dangereux des chancis les rongeait, celui

qui résulte de l’eau qui, suée par les pores ligneux, vient s’établir entre les panneaux, l’apprêt et

les couleurs. C’est encore une leçon sévère pour les amis des Arts. Puisse-t-elle fructifier pour

l’avenir. Rien n’est plus facile que de prévenir de cette espèce de dégradation, depuis qu’on

I

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190 ANNEXES : SOURCES LITTÉRAIRES

connaît l’efficacité du papier imperméable à l’eau. On en fabrique à Liège, que j ’ai examiné, de

concert avec M. Van Brée. Nous y avons fait séjourner, pendant plus de vingt-quatre heures,

une dissolution de sel dans l’eau; pas une seule goutte n’a pénétré jusqu’au papier.

[p. 154; concerne l’ensemble du triptyque]

Il y avait, et il y a encore quelques repeintes grossières et inutiles sur ce tableau. Elles ont disparu,

ou vont disparaître.

( K e v e r b e r g , baron de, Ursula, princesse britannique, d'après la légende et les peintures d'IIemling, Gand, 1818, p p . 110-111, note a , p . 153, p. 154).

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ANNEXES : SOURCES LITTÉRAIRES 191

31 octobre 1861. A . Siret s'indigne de la manière dont les Primitifs flamands de Bruges sont conservés.

COMMENT ON CONSERVE LES ANCIENS TABLEAUX, A BRUGES.

Toute l’Europe sait que Bruges possède d’inappréciables chefs-d’œuvre. Elle vient

les visiter, les admirer sans se douter le moins du monde que ces chefs-d’œuvre sont à deux doigts

de leur perte.

C’est ce que nous allons prouver. Peut-être, après avoir lu cet article, s’ils le lisent,

ceux qui sont préposés à la garde de nos vieux trésors flamands, feront-ils quelque chose pour

échapper à la responsabilité qui pèse sur eux. Toutefois, nous n’osons l’espérer. A Bruges, les œuvres

de Memlinc et des Van Eyck sont une exploitation et rien que cela. La soif du lucre a tellement

fait oublier à ceux qui en sont dévorés, le sentiment de leur position, qu’il leur serait trop dur de

dépenser une obole pour protéger contre la destruction la source de revenus considérables. C’est

contre cette avidité, contre cet aveuglement qu’est dirigé le présent article.

Dans le Musée de l’Académie de Bruges, les tableaux sont insuffisamment éclairés.

Telle est la disposition prise pour les mettre en lumière qu’on s’imagine toujours, dans la salle

des gothiques, être aux approches du soir, même lors [sic] qu’on est en plein midi. De plus, cette

salle est humide, ce qui n’étonnera personne quand on saura, chose inconcevable, qu’elle est

pavée en dalles !

Nous n’avons pas à faire ressortir ici les ravages de l’humidité sur les anciennes

peintures, tout le monde les connaît et tout le monde pensera avec raison que l’administration

de l’Académie, en vue de combattre un peu cette humidité, devrait au moins faire de temps en

temps du feu dans les salles puisqu’on n’a pas jugé à propos d’y placer des calorifères. Point. Par

une économie qu’on essaiera peut-être d’abriter derrière des raisons de prudence, on ne fait

jamais de feu dans les salles. En revanche, l’humidité y suinte par les dalles.

Dans notre numéro du 15 Mai 1859, p. 67, nous avons parlé de trois raies de chaux

sillonnant le tableau n° 32, et venues là à la suite de pluies, en 1857. ELLES Y SONT ENCORE!

Les deux tableaux du Jugement de Cambyse sont émaillés de soufflures dont bon nombre d’écaillures

sont déjà tombées.

Les triptyques accrochés aux murs présentent une circonstance qui révèle une

incroyable incurie. Les volets mobiles que le public peut ouvrir vont frapper contre le mur. Cette

manœuvre, on le comprend, doit infailliblement faire éclater la peinture, disjoindre les bois, et,

dans un temps plus ou moins éloigné, détacher complètement la couleur du fond solide sur lequel

II

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192 ANNEXES : SOURCES LITTÉRAIRES

elle est posée. L’adorable Vierge qui est sur le revers du Baptême, donnera aux incrédules une triste

preuve des ravages que nous signalons et qu’on pourrait éviter en plaçant pour cinquante centimes

de liège ou de feutre sur les bords du cadre extérieur des tableaux à volets.

L’absence de feu, la présence continuelle d’un air chargé de molécules humides,

a exercé sur les vernis une influence fatale. Les traces de chanci y sont visibles. A la longue, ce

chanci sera, non un produit de l’extérieur, mais du panneau lui-même. Dès-lors celui-ci sera

perdu. On nous dit avoir vu aussi deux tableaux, le portrait de la femme de Van Eyck et la Tête

du Christ, fixés à plat au mur par des vis; si ce fait est exact, il constituerait une imprévoyance

sans nom, car on sait que les tableaux derrière lesquels l’air ne circule pas ne tardent point à tomber

en décomposition. Nous ferons remarquer que le portrait de la femme de Van Eyck, contenant

des inscriptions sur le revers du panneau, il serait convenable de le placer sur pivots.

A l’hôpital St. Jean, c’est pire. Les tableaux sont entassés sans goût, les uns sur les

autres, dans une petite chambre bâtie en grande partie en bois, ce qui ne devient un danger que

parce qu’elle est située près de la cuisine ! Oui, près de la cuisine où l’on fait un feu continuel,

hiver comme été et d’où viennent des émanations dont l’analyse chimique a constaté les éléments

pernicieux pour la pureté et la solidité des coloris.

Ces tableaux qui font la dernière et seule gloire de Bruges, qui lui amènent tous les

ans un nombre considérable d’étrangers, qui donnent à l’hôpital un revenu assez important, ces

tableaux jetés à côté d’une cuisine, mettez-les demain aux enchères, vous en auriez plus d’un

million, eh bien ! ils ne sont pas même assurés !

Voilà comment on conserve les anciens tableaux à Bruges.

(Journal des Beaux-Arts et de la Littérature, n° 20, 31 octobre 1861, troisième année, pp. 163-164; cet article a provoqué le droit de réponse publié pp. 82-83, doc. n° 27 (Textes, A. Sources d’archives).

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ANNEXES : SOURCES LITTÉRAIRES 193

12 août 1906. Commentaires de Louis Maeterlinck, conservateur du musée de G and, sur les procédés de restau­

ration.

LA RESTAURATION DES TABLEAUX

Notre collaborateur M. L. Maeterlinck, conservateur du Musée de Gand, fait

remarquer dans un journal gantois que l’art de la restauration des tableaux en Italie, en France,

en Angleterre et aussi en Belgique est en retard d’un demi-siècle et que les procédés surannés ou

empiriques généralement en usage dans ces pays causent parfois plus de dommage qu’ils n’en

réparent.

« C’est surtout, dit-il, l’emploi de moyens et de matières hygroscopiques, c’est-à-dire

de matières soumises à l’humidité de l’atmosphère, qui devrait être proscrit. N’a-t-on pas dans

des commissions soi-disant compétentes préconisé chez nous les lavages à l’eau filtrée et l’emploi

de pommes de terre crues pour nettoyer des tableaux anciens desséchés et sur le point de s’écailler !

Selon M. de Wild, et nous partageons sa manière de voir, il y aurait lieu de remettre

en usage un système basé sur le principe qui a inspiré l’embaumement des morts en Egypte. Au

lieu de colle ou de tout autre ingrédient se dissolvant à l’eau, on emploierait, pour le fixage des

couleurs comme pour les rentoilages, un mélange spécial composé de cire, de résine, de térébenthine

vénitienne et de baume de copahu. Cette préparation a la faculté de pénétrer à travers les pores

et les crevasses de la couche peinte, de telle sorte que la peinture se relie intimement à l’enduit et

à la toile; en outre cette matière imputrescible est tout à fait insensible aux variations atmosphériques

qu’il y a particulièrement lieu de redouter sous notre climat.

Ce procédé qui a fait ses preuves depuis l’époque des Pharaons, est, — chose généra­

lement ignorée, — employé avec succès depuis des années en Hollande et en Allemagne. Pourquoi

ne l’est-il pas chez nous ?

C’est que la routine est bien forte en Belgique... Aussi est-ce par acquit de conscience

que nous croyons devoir pousser ce cri d’alarme.

Puisse-t-il attirer l’attention de nos gouvernants sur leur devoir, lorsqu’il s’agit de

la conservation des chefs-d’œuvre qui forment notre patrimoine le plus précieux! »

I I I

(L'Art Moderne, Revue critique hebdomadaire, 26e année, n° 32, 12 août 1906, p. 256).

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194 ANNEXES : SOURCES LITTÉRAIRES

7 er septembre 1906. Commentaires de L . Maeterlinck sur les procédés de restauration.

LA RESTAURATION DES TABLEAUX ANCIENS

Notre article Nos chefs-d'œuvre en péril, que Y Art moderne a commenté récemment,

nous a valu à l’étranger comme en Belgique des encouragements précieux... et aussi de vives

critiques. Ces appréciations diverses nous font une obligation d’ajouter quelques mots, ne fût-ce

que par acquit de conscience, à ce que nous avons dit déjà de l’impérieuse nécessité d’une rénova­

tion complète dans l’art de la restauration en Belgique.

Qu’il nous soit permis de rappeler, sans fausse modestie, que nous croyons avoir

quelques titres pour nous faire écouter dans l’appréciation de cette grave question, d’où dépend

l’avenir de notre patrimoine artistique. Lorsque la ville de Gand, — il y a plus de vingt-cinq ans

déjà, — nous fit l’honneur de nous confier la conservation de son Musée des Beaux-Arts, notre

premier souci fut d’apprendre la pratique du métier de restaurateur de tableaux, afin de pouvoir

surveiller en connaissance de cause les travaux des praticiens chargés de la mise en état de nos

peintures. C’est M. Briotet, restaurateur des tableaux du Musée du Louvre, considéré alors comme

le spécialiste français le plus compétent, qui voulut bien nous initier à son art, et, grâce à son

enseignement pratique, nous pûmes, — nous lui en gardons une vive reconnaissance, — surveiller

d’une façon efficace tous les travaux de restauration exécutés au Musée de Gand depuis notre

entrée en fonctions.

A l’exemple de MM. Th. Lejeune, H. de Burtin, Horsin-Drion et Briotet, qui

faisaient alors autorité en la matière, nous avons toujours écarté les procédés secrets, les panacées

empiriques et merveilleuses dont l’utilité pratique ne pouvait clairement nous être démontrée.

Mais les principes de restauration jugés parfaits à cette époque sont-ils encore à la hauteur des

progrès modernes ? Faut-il, de parti pris, s’en tenir à des procédés respectables mais surannés, et

refuser d’examiner ce qui se passe actuellement dans les autres musées de l’Europe, — notamment

en Allemagne, le pays scientifique par excellence, et en Hollande, où le culte des oeuvres d’art

est si grand ?

Une nouvelle enquête s’imposait. Nous avons cru devoir la faire en examinant sur

place, d’une façon impartiale et complète, les effets obtenus; puis, en causant avec les spécialistes

à l’ordre du jour, nous avons appris à connaître non seulement les principes des restaurations

actuelles, mais les propriétés diverses de tous les ingrédients employés, leurs mélanges, et jusqu’aux

moindres de leurs manipulations. Le résultat de cette enquête, malgré nos tendances à maintenir

IV

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ANNEXES : SOURCES LITTÉRAIRES 195

l’usage des procédés anciens, — employés et préconisés si longtemps par nous-même, — fut tout

en faveur de théories qui, nouvelles pour nous, sont appliquées depuis près de cinquante ans chez

nos voisins du Nord et que l’expérience a consacrées.

C’est vers 1860, croyons-nous, que feu M. Hopman, d’Amsterdam, appliqua le pre­

mier à la restauration des tableaux anciens les procédés jadis employés par les Egyptiens pour

embaumer leurs morts. La mise en état de centaines de tableaux conservés dans les musées hollandais

et dans diverses galeries particulières date de cette époque. Puis ce furent MM. Alois Hauser en

Allemagne et de Wild en Hollande qui adoptèrent le même genre de restauration en y apportant

de nouvelles améliorations. C’est ce dernier mode de travail qui est actuellement employé avec le

plus grand succès au Kaiser Friedrich Museum de Berlin et dans les galeries royales de la Hollande.

Ce n’est évidemment pas à la légère, et sans des analyses savantes donnant les preuves les plus

convaincantes, que des hommes de la valeur de MM. W. Bode, S.-E. Schöne, Brédius, Hofstede

de Groot, Friedländer, von Tschudi, van Riemsdyk et tant d’autres, adoptèrent et préconisèrent

une manière de restaurer et de conserver absolument rationnelle qu’en Belgique et en France on

semble encore ignorer. Et pourtant n’est-ce pas dans un pays humide comme le nôtre que les

moyens hygroscopiques actuellement en usage devraient s’imposer tout particulièrement ? Les

membres de la commission royale des monuments de Belgique, chargés de surveiller les restau­

rations, devraient s’initier à ce qui se fait avec un succès si complet dans des pays dont le climat

est si analogue au nôtre. Ce serait d’autant plus nécessaire que cette commission, composée d’artistes

de valeur, ne compte malheureusement jusqu’ici aucun praticien ayant étudié d’une façon sérieuse

l’art de la restauration des tableaux.

Il y aurait donc urgence de voir se vulgariser en Belgique une méthode basée sur

les dernières découvertes de la science moderne. L ’Institut des Beaux-Arts d’Anvers serait, nous

semble-t-il, tout désigné pour ouvrir une chaire où un spécialiste compétent enseignerait son art

d’une façon à la fois théorique et pratique. D ’après des renseignements pris à bonne source, nous

avons tout lieu de croire que M. de Wild, l’habile restaurateur des musées royaux de La Haye et

de diverses autres galeries importantes, dont les grands journaux français ont parlé récemment

avec les plus grands éloges, serait disposé à former un ou deux artistes de valeur, s’ils lui étaient

désignés et envoyés par le gouvernement belge. Peut-être M. le professeur Hauser de Berlin nous

accorderait-il la même faveur. Nous aurions ainsi un premier noyau de praticiens nationaux qui,

à leur tour, pourraient enseigner et propager leur méthode en Belgique, pour le plus grand profit

de nos chefs-d’œuvre, dont on pourrait assurer de la sorte la conservation pour ainsi dire indéfinie.

L. MAETERLINCK.

(L'Art Moderne, Revue critique hebdomadaire, 26e année, n° 37, 16 septembre 1906, pp. 294-295).

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196 ANNEXES : SOURCES LITTÉRAIRES

23 septembre 1906. Commentaires de Ch.-L. Cardon sur les procédés de restauration de L . Maeterlinck.

LA RESTAURATION DE TABLEAUX ANCIENS

A M. L. Maeterlinck, conservateur du Musée des Beaux-Arts de Gand.

Mon cher Monsieur Maeterlinck,

A deux reprises, dans Y Art Moderne, vous insinuez que, seule, la restauration des

tableaux telle qu’elle est pratiquée à Gand, sous votre direction, est parfaite et doit servir d’exemple

et de modèle du genre en Belgique.

Permettez-moi de n’être pas d’accord avec vous. Pour ne pas entrer dans de longues

discussions, je vous propose de placer un des tableaux de votre Musée, « régénéré » par votre

restaurateur sous votre direction, à côté d’un des tableaux restaurés au Musée de Bruxelles au

moyen des procédés que vous traitez si légèrement d’archaïques et qui pourtant ont donné des

preuves durables de leur efficacité : citons l’exemple des deux chefs-d’œuvre de Rubens de la

cathédrale d’Anvers, restaurés il y a une cinquantaine d’années par Etienne Le Roy, un Belge

qui fut reconnu comme un maître dans son art par toute l’Europe et que vous ne mentionnez même

pas dans votre liste de spécialistes, tous étrangers. Ces deux chefs-d’œuvres sont à l’abri des accidents

à venir pour un temps indéterminé.

Pour ce qui concerne l’application des nouvelles méthodes dites de « régénération »

inventées par le peintre Pettenkoffen et que nous appelons ici « passage à la boîte » ou plutôt

« passage à tabac », ce procédé violent et dangereux a trop souvent donné des résultats lamen­

tables.

D’ailleurs nous sommes ennemis du récurage à fond qui atteint l’épiderme des pein­

tures et les dépouille du glacis des maîtres, à preuve, à l’Exposition des Primitifs français, la réunion

du diptyque de Fouquet, dont le panneau du Musée de Berlin, clinquant neuf, après des nettoyages

féroces, détonnait à côté du panneau du Musée d’Anvers qui avait conservé sa respectable patine.

Si on donne suite à l’idée de la réunion de l’ensemble du polyptyque des Van Eyck

VAgneau mystique, on pourra se rendre compte des procédés d’impitoyables récurages employés à

Berlin pour rendre propres, reluisants et neufs les panneaux que la ville de Gand a si malencon­

treusement laissé vendre pour quelques billets de mille francs en 1829.

V

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ANNEXES : SOURCES LITTÉRAIRES 197

Rappclcz-vous aussi le triptyque de la famille Paumgartner par Albert Dürer au

Musée de Munich et la polémique du journal Les Arts, de Paris (1903). Dans ce travail de rctapage

à neuf on semble avoir remis en action cette boutade d’un vieux restaurateur auquel on reprochait

de frotter trop nerveusement un tableau et qui, avec ingénuité, répliqua que toute la peinture

qu’il enlevait, il pouvait la remettre !

Hélas ! Que dire du Musée de La Haye ? L’avez-vous vu depuis qu’on a « régénéré »

tous ses beaux tableaux qui étaient si merveilleusement conservés et qui ont subi des nettoyages

à fond ?

Avez-vous examiné tout cela, cher Monsieur, ou parlez-vous de « chic » ? En

tous cas, puisque vous mêlez la Commission des monuments à cette affaire, que dirait-on, si, sous

prétexte de propreté « d’art », on se mettait à ravaler impitoyablement les pierres des anciens

édifices ? On peut se rendre compte du résultat de ce genre de travaux, qui serait le même que

celui que vous admirez si fort pour leur application aux tableaux.

Et pour nous résumer, restaurons le moins possible les vieilles peintures, à moins

de travaux de consolidation : parquetage, rentoilage. Soyons prudents et ne passons pas à tabac

les œuvres des vieux maîtres auxquels le temps ajoute une patine qui très souvent contribue à

leur succès.

P.S. L’expérience pourrait se faire par la comparaison des deux grandes peintures

de Van Utrecht, — l’une au Musée de Gand, l’autre au Musée de Bruxelles. On les placerait l’un

à côté de l’autre. Tous deux, dans ces dernières années, ont dû passer aux mains des spécialistes,

et je dois avouer que lors de ma dernière visite au Musée de Gand ma désillusion fut profonde !

Depuis sa « régénération » par les procédés « dernier cri », cette œuvre superbe de Van Utrecht

a pris un aspect spécial rappelant dans son ensemble les colorations fanées des salades de homard

sortant des boîtes de conserves de Chicago. Les saumons ont pris une teinte de rose mourant et les

poissons ont vraiment l’air de souffrir du mal de mer. J ’ai constaté pour beaucoup de tableaux

une situation analogue, mais il est entendu que nous ne comprenons rien à ces méthodes nouvelles.

Heureusement ! Et nous n’entendons pas nous mettre à la remorque de ces opérateurs

à la diable qui se donnent pour mission d’éreinter les vieilles peintures selon les procédés employés,

ainsi que vous le dites, par les Egyptiens pour embaumer leurs morts.

Je vous présente, cher Monsieur Maeterlinck, l’expression de mes sentiments les

plus distingués.

Ch.-L. CARDON

de la Commission du Musée de Bruxelles,

de la Commission des Monuments,

du Comité mixte des Objets d’art, etc.

(L'Art Moderne, Revue critique hebdomadaire, 26e année, n° 38, 23 septembre 1906, p. 303).

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198 ANNEXES : SOURCES LITTÉRAIRES

7 octobre 1906. Restauration des tableaux anciens. Commentaires de L . Maeterlinck et A . Bredius.

LA RESTAURATION DES TABLEAUX ANCIENS

A M. Ch.-L. CARDON, membre de la Commission du Musée de Bruxelles,

de la Commission des Monuments, du Comité mixte des Objets d’art, etc.

Cher Monsieur Cardon,

J ’ai trop de sympathie pour votre personnalité pour vouloir entrer en discussion

avec vous au sujet de la restauration des tableaux anciens. Toutes les opinions sincères et désin­

téressées sont d’ailleurs respectables.

Qu’il me soit permis, cependant, de constater que vous avez lu bien légèrement mes

articles. Vous semblez croire, notamment, que les tableaux du Musée de Gand sont traités d’après

les procédés nouveaux pour lesquels je professe une préférence toute platonique. Or il se fait que

iusqu’ici toutes nos peintures ont été traitées, en cas de nécessité, selon les anciennes traditions qui

vous sont chères. L’état actuel de certains tableaux de notre galerie gantoise n’est donc pas du

tout un argument en faveur de votre thèse.

Vous vous étendez aussi fort longuement sur le procédé de régénération du professeur

Pettenkoffen ; or, ici encore je dois vous faire observer que je n’en ai pas dit un mot, et que je n’ai

pu par conséquent préconiser ses procédés.

Restent mes préférences personnelles, et mon désir qu’à l ’avenir les travaux de conser­

vation indispensables que vous admettez : « consolidation, parquetage, rentoilage », se fassent

d’une façon hygroscopique, c’est-à-dire en mettant nos tableaux à l’abri des atteintes de notre

atmosphère, par l’emploi de cires, de résines, de térébenthine de Venise, etc. (produits inaltérables

et réfractaires à l’eau), plutôt que par les procédés actuels : colles humides et « pap », si sensibles

à l’humidité.

Je crois qu’on ne peut hésiter entre ces deux modes de restauration.

Agréez, je vous prie, Cher Monsieur Cardon, l’expression de mes sentiments les

plus distingués.

VI

L. MAETERLINCK.

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ANNEXES : SOURCES LITTÉRAIRES 199

A Monsieur Ch.-L. CARDON, membre de la Commission du Musée de Bruxelles,

etc., etc., etc.

Cher Monsieur,

Dans le numéro du 23 septembre de Y Art moderne vous prétendez, avec un « Hélas ! »,

que tous les beaux tableaux du Musée de La Haye qui E T A I E N T si merveilleusement conservés ont subi des

nettoyages à fond. Permettez-moi de vous dire que ceci n’est pas la vérité. Il n’y a peut-être que

deux ou trois tableaux de toute la collection qui ont été nettoyés (pas à fond encore). Quant aux

autres, quand le vernis était devenu opaque, terne, on a appliqué déjà depuis au moins trente ans

la méthode du professeur (pas du peintre) Pettenkoffen, à Munich, qui NULLEMENT est [wV]

un procédé violent et dangereux, parce qu’elle rend seulement la transparence au vernis, et

n'attaque AUCUNEMENT la peinture. Il n’y a pas de moyen plus simple ni moins offensif.

Je vous prie de vous convaincre de nouveau de l’état excellent des tableaux du

Mauritshuis. Ceux qui ont subi de mauvaises restaurations et nettoyages les ont subis il y a cent

ans et plus. Depuis qu’ils sont placés dans une meilleure lumière, les restaurations se voient peut-

être davantage : tel est, par exemple, le cas pour le Rubens attribué jadis par M. de Stuers à

van Balen. Mais ce tableau n’a pas été touché depuis cent ans au moins. Je vous conseille de faire

appliquer sous vos yeux ce système Pettenkoffen; vous serez bientôt convaincu de sa parfaite

innocuité.

A. BREDIUS,

Directeur du Musée royal de La Haye.

(L'Art Moderne, Revue critique hebdomadaire, 26e année, n° 40, 7 octobre 1906, p. 318).

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200 ANNEXES : SOURCES LITTÉRAIRES

30 décembre 1906. Commentaires de Ch.-L. Cardon sur l'état de conservation des collections de 1'Académie des

Beaux-Arts de Bruges.

LES CHEFS-D’ŒUVRE DE L’ACADÉMIE DES BEAUX-ARTS DE BRUGES MENACÉS

D’UNE RUINE COMPLÈTE

L’ensemble des tableaux formant cette collection publique se divise en deux

catégories où, parmi des œuvres d’une insignifiance absolue, se présentent environ quinze des

plus radieux joyaux de l’ancienne Ecole flamande. Ce sont des peintures d’un prix inestimable,

ainsi qu’on en pourra juger par la nomenclature suivante :

JEAN VAN EYCK. Le Chanoine Van der Poele [sic] adorant la Vierge entourée de Saint

Georges et de Saint Donat, — œuvre capitale du plus illustre de nos Peintres.

MEMLING. Saint-Christophe, grand triptyque avec volets et revers, — œuvre capitale

également.

GERARD DAVID. L'Histoire de Sisammès, le juge prévaricateur, — deux grands tableaux

uniques dans leur genre.

HUGO VAN DER GOES. La Mort de la Vierge, — un chef-d’œuvre.

Ensuite, de JEAN PREVOST : le Jugement Dernier; de LANCELOT BLONDEEL :

Saint Luc peignant la Vierge; de POURBUS, quatre magnifiques tableaux : le Jugement Dernier, la

Descente de Croix et les deux portraits de Jean Fcrnayant et de sa femme. Enfin, trois ou quatre

belles œuvres de maîtres non déterminés.

Pénétrons dans le « sanctuaire » qui leur sert de refuge. Au fond d’un jardin, une

ancienne chapelle humide, partiellement en contrebas, dont le dallage repose directement sur la

terre, sans sous sol. Ce local est éclairé par de hautes fenêtres en contact direct avec l’air extérieur

qui ne le défendent par [i'zV] contre le froid glacial et l’humidité des journées d’hiver. Pour renou­

veler l’air extérieur de cet extraordinaire « musée », il faut ouvrir la porte d’entrée, et, chose

incroyable, il n’y a pas moyen d’y faire de feu !

C’est dans cette géôle que sont « conservées » les vieilles peintures sur bois du XVe

et XVIe siècle, œuvres des maîtres qui ont fait connaître la vaillante petite Flandre dans le monde

entier et dont le seul nom fait accélérer les battements de notre cœur !

Le résultat d’un pareil traitement est navrant. Les assemblages de boiseries qui

composent les panneaux sur lesquels sont peints ces chefs-d’œuvre se sont disjoints, de grandes

fentes les séparent; pour les réparer il faudra avoir recours au parquetage et les faire repeindre.

VII

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ANNEXES : SOURCES LITTÉRAIRES ‘201

La préparation à base de colle sur laquelle est exécutée la peinture se pourrit, des boursouflures

apparaissent, les vernis sont chancis, pulvérisés, et ne protègent plus la peinture. Il ne pourrait

d’ailleurs en être autrement : l’action du soleil en été et de l’humidité en hiver doivent nécessaire­

ment détruire ces ouvrages, qui résisteraient si bien à l’action du temps s’ils étaient entourés des

soins nécessaires.

On maudit avec raison les causes diverses de la destruction des fresques de la Cène

de Léonard de Vinci. Ici, une ruine semblable s’accomplit dans un soi-disant « musée », et c’est

misère de voir ces panneaux fendus et ces peintures malades.

Nous adjurons la Ville de Bruges de mettre un terme à cette incroyable incurie.

Il faut que cette mauvaise Mère, qui depuis des années laisse durer et s’aggraver cet état de choses,

construise enfin un local approprié à sa destination, bien éclairé et convenablement chauffé. Si

elle tarde encore, il est du devoir du gouvernement d’intervenir énergiquement et de lui enlever

les merveilles de notre patrimoine artistique qu’elle expose à d’irrémédiables catastrophes. Dans

tous les cas, il est urgent de retirer de leur pourrissoir les quelques quinze peintures énumérées

ci-dessus et de les remiser dans un local sec en attendant une solution définitive. Des dissentiments

personnels, des conflits d’intérêts privés ne peuvent prévaloir sur l’impérieuse nécessité de sauver

nos chefs-d’œuvre. Il importe que l’Etat agisse sans délai. Sa responsabilité morale est engagée.

Il saura, nous n’en doutons point, rappeler une administration communale trop négligente au

respect de l’art et des maîtres qui ont immortalisé notre pays.

Ch.-LEO N C A R D O N .

(L'Art Moderne, Revue critique hebdomadaire, 26e année, n° 52, 30 décembre 1906, pp. 411-412).

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202 ANNEXES : SOURCES LITTÉRAIRES

28 janvier 1907. Commentaires de L . Maeterlinck, conservateur du musée de Gand, sur la restauration des

tableaux anciens du musée de /’Académie de Bruges.

La restauration des tableaux. — Parlant des chefs-d’œuvre du musée de Bruges, dont M . Ch.-L. Cardon

a signalé l’état de délabrement, M. Maeterlinck, conservateur au Musée de Gand, écrit :

« Maintenant qu’il s’agit de réparer Y irréparable, que va-t-on faire ? On mastiquera, avec une

enduit à base de colle, ne résistant pas à l’humidité de notre climat, les parties perdues. C ’est encore

à l’aide de la colle-putrescible et d’une action éphémère que l’on réappliquera les parties détachées

et soulevées. C ’est avec une autre colle (à base de farine celle-là), la pap, que l’on exécutera les

rentoilages et les marouflages nécessaires, suivis de quelques repassages au fer chaud. Puis, comme

nettoyage, des lavages à l’eau de son, ou un ponçage à la pomme de terre crue !

Et pour résultat qu’obtiendra-t-on ? Un replâtrage qui durera trente à cinquante ans au plus,

suivis de nouveaux dégâts précédant une nouvelle restauration semblable.

S’il n’y avait pas d’autre moyen de procéder, on s’inclinerait devant un mal nécessaire. Mais le

remède existe, un remède qui a fait ses preuves depuis l’époque des Egyptiens, approuvé par la

science, employé avec succès, depuis plus de cinquante ans, dans les grands musées de la Hollande

et de l’Allemagne. Les sommités artistiques les plus autorisées de ces deux pays le préconisent, les

grands journaux de l’art français en demandent comme nous l’emploi.

Ce mode de restauration, nouveau pour nous, n’est pas d’ailleurs un secret, comme le furent

longtemps les manipulations empiriques de nos restaurateurs. Il s’agit simplement de saturer les

peintures anciennes avec un mélange de cire, de résine, de copahu, de térébenthine de Venise,

puis de les repasser légèrement au fer tiède. On comprendra que l’œuvre ainsi traitée peut être

impunément plongée dans l ’eau et bravera pendant des centaines d’années les variations de notre

climat. Une enquête s’impose ».

VIII

(Le Soir, lundi 28 janvier 1907, édition B., p. 1 [21e année, n° 28]).

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B. T A B L E A U S Y N O P T IQ U E

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206

Identification

Bruges, Hôpital Saint-Jean, Hans Memlinc, Châsse de

sainle Ursule

Bruges, Hôpital Saint-Jean, Hans Memlinc, Déploration

(triptyque)

Bruges, Hôpital Saint-Jean, Mariage mystique de sainte

Catherine ( triptyque)

Bruges, Musée Groeninge, Anonyme, Scènes de la légende

de saint Georges

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207

Conflits juridiques Photographies Restaurations Restaurations effectuéesen projet

1 8 5 8 , 1 8 9 4 , 1 8 9 5 1818, 1825 circa 1818, 1825

8 5 8 , 1 8 9 4 , 1 8 9 5 1818, 1825 circa 1818, 1825

1 8 5 0 à 1 8 7 7 1 8 5 8 , 1 8 9 4 , 1 8 9 5 1818, 1825, circa 1818, 1825- 1826,

1 8 5 0 , 1856, 1 8 5 5 , 1867, 1873,

1 8 5 7 , 1 8 6 3 , 1889 1890-1891

1902 1863, 1908

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208

Identification

Bruges, Musée Groeninge, Gérard David, Retable de

saint Jean-Baptiste (triptyque)

Bruges, Musée Groeninge, Gérard David, Justice de

Cambyse (diptyq ue)

Bruges, Musée Groeninge, Jean van Eyck, La Vierge et

l'Enfant, le chanoine van der Paele, saint Georges et saint Donatien

Bruges, Musée Groeninge, Hugo van der Goes, La Mort

de la Vierge

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209

Conflits juridiques Photographies Restaurations Restaurations effectuéesen projet

1 8 5 8 , 1 8 9 4 , 1 8 9 5 1 8 5 6 , 1876, 1902 1876, circa 1907 (?)

1 8 6 1 à 1 8 7 7 1 8 5 8 , 1 8 9 4 , 1 8 9 5 1 8 6 8 , 1 8 6 9 , 1 8 7 1 ,1876, 1902 1876, circa 1907 (?)

1 8 6 1 à 1 8 7 7 1 8 5 8 , 1 8 9 4 , 1 8 9 5 , 1825 circa 1825

1 8 9 8 1 8 5 6 , 1 8 6 1 , 1 8 6 8 ,1 8 6 9 , 1 8 7 1 , 1 8 7 6 ,1 8 9 6 , 1902 circa 1907 (?)

1 8 5 8 , 1 8 9 4 , 1 8 9 5 1876, 1902 1 8 6 5 , 1876, 1907 (?)

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210

Identification

Bruges, Musée Groeninge, Hans Memlinc, Retable de

saint Christophe, saint Maur et saint Cilles (triptyque)

Bruges, cathédrale Saint-Sauveur, Thierry Bouts et Hugo van der Goes, Martyre de saint Hippolyte (triptyque)

Bruges, église Notre-Dame, Gérard David, Transfiguration

de Notre-Seigneur

Bruges, église Saint-Jacques, Maître de la légende de sainte Lucie, Légende de sainte Lucie

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2 1 1

Conflits juridiques Photographies Restaurations Restaurations effectuéesen projet

1 8 1 6 à 1 8 7 5 1 8 5 8 , 1 8 9 4 , 1 8 9 5 1902 circa 1907 (?)

1 8 5 8 1 8 5 6 , 1 8 6 2 ,1 8 7 9 - 1 8 8 0

1902-1903 1903-1904

1890

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C. ÉTAT MATÉRIEL DES ŒUVRES : MONTAGES D’APRÈS LES ARCHIVES

N.B. Pour quelques Primitifs flamands conserves à Bruges, les rapports techniques relatifs à leurs restaurations permettent le report sur calque des zones détériorées. La précision relative de ces documents implique que les montages effectués ne peuvent être considérés que comme indicatifs. Aux fins de montrer ce qu’il est possible de tirer des seules archives à l’exclusion de toute autre source de renseignements, il n’a pas été fait usage des documents de laboratoire.

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I. GERARD DAVID, La Justice de Cambyse (diptyque)

a) Le Jugement de Cambyse :

1868 : le soulèvement des couches picturales est généralisé; il est particulièrement grave dans le person nage vêtu de noir situé à la droite du juge.

SOURCES : doc. n° 32 (6 octobre 1868).

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I. GERARD DAVID, La Justice de Cambyse (diptyque)

b) L'Ecorchement du juge prévaricateur :

1868 : soulèvement des couches picturales dans le paysage; les seules zones intactes sont les visages (zones indiquées par le chiffre 1).

SOURCES : doc. n° 32 (6 octobre 1868).

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218

II. JEAN VAN EYCK, La Vierge et VEnfant, le chanoine van der Paele, saint (îeorges et saint Donatien :

1825 : dislocation du joint.

1856 : (lignes verticales) : craquelures et soulèvement des couches picturales dans la draperie située derrière la Vierge; restaurations le long du joint.

1868 : (pointillé) : craquelures autour du visage de la Vierge; repeints indéterminés dans la robe de la Vierge.

1902 : (lignes obliques): restaurations le long du joint; craquelures et soulèvement des couches picturales dans la draperie située derrière la Vierge, dans le visage et la main gauche de celle-ci, dans les visages de saint Georges et de saint Donatien, dans les jambes de l’Enfant-Jésus.

SOURCES : doc. n° 11 (G février 1825); doc. n° 20 (11 août 1856); doc. n°32 (6 octobre 1868); doc. n° 58 (21 novembre 1902).

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%

II. JEAN VAN EYCK, La Vierge et /’Enfant, le chanoine vit

1825 : dislocation du joint.

1856 : (lignes verticales) : craquelures et soulèvent derrière la Vierge; restaurations lt longdujoy

1868 : (pointillé) : craquelures autour du visage de Vierge.

1902 : (lignes obliques) : restaurations le long du joidans la draperie située derrière la Vierge, daj

Paele, saint (îeorges et saint Donatien :

' / / / 'les couches picturales dans m^rraperic situe«“

M g e ; repeints indéterminés dans la robe d< I

tquelures et soulèvement des couche v visage et la main gauche de cell< i. dans les

visages de saint Georges et de saint Donatien, dans les jambes de l’Enfant-Jésus.

SOURCES : doc. n° 11 (6 février 1825); doc. n° 20 (11 août 1856); doc. n°32 (6 octobre 1868); doc. n° 58 (21 novrmln mij

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III. MANS MEMLINC, Retable de saint Christophe, saint Maur et saint Gilles (triptyque)

a) panneau central : Saint Christophe, saint Maur et saint Gilles :

1902 : boursouflures dans le nuage blanc près de la crosse abbatiale tenue par saint Maur et dans le bas de son manteau noir; sur les pieds de saint Maur et dans les herbes, une vingtaine de places où l’on voit le bois; boursouflures dans la main droite de saint Christophe, dans son bâton, dans sa main gauche et dans le ciel. Dans le corps de PEnfant-Jésus, deux lignes de couleur soulevée partant de sa poitrine et aboutissant au manteau rouge du saint; sa jambe gauche, un pan de manteau et l’eau portent des traces visibles de chancis. Soulèvement et écaillage des couches picturales dans la soutane de saint Gilles, sous scs pieds, dans le corps de la biche et dans l’herbe sur laquelle elle se trouve.

SOURCES : doc. n° 58 (21 novembre 1902).

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III. IIANS MEMLING, Retable de saint Christophe, saint Maur et saint Gilles (triptyque)

h) volet gauche : Guillaume Moreel et ses cinq fils :

1902 : soulèvement des couches picturales près d’un bosquet d’arbres placés près du château-fort, dans la robe de bure noire de saint Guillaume, près de la partie sur laquelle se détache la tête du donateur, au-dessus dans la robe rouge, près de la main de sainl Guillaume portant l’étendard.

SOURCES : doc. n° 5!5 (21 novembre 1902).

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III. H ANS MEMLINC, Retable de saint Christophe, saint Maur cl saint Gilles (triptyque)

c) revers gauche : Saint Jean-Baptiste :

1902 : soulèvement des couches picturales clans le haut de la robe blanche du saint, près de la bannière; moisissures et chancis dans les ombres projetées par le personnage.

SOURCES : doc. n° 58 (21 novembre 1902).

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III. HANS MEMLINC, Retable de saint Christophe, saint Maur et saint Cilles (triptyque)

d) volet droit : Barbara van Vlaenderberghe et ses onze Jilles :

1902 : soulèvement des couches picturales dans le c iel et dans le fond du paysage.

SOURCES : doc. n° 58 (21 novembre 1902).

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JII. HANS MEMLINC, Retable de saint Christophe, saint Maur et saint Cilles (triptyque)

e) revers droit : Saint Georges :

1902 : soulèvement des couches picturales principalement dans une des ailes (?) du dragon.

SOURCES : doc. n° 58 (21 novembre 1902).

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IV. HANS MEMLINC, Mariage mystique de sainte Catherine (triptyque)

a) panneau central : Sainte Conversation :

1 1 août 1856 (lignes verticales) : soulèvement des couches picturales dans le manteau et le voile de la Vierge (côté droit), dans le lapis; repeints et masticages dans la robe verte de sainte Barbe; dans le fond, près de saint Jean (lequel ?), écaillages.

3 novembre 1856 (lignes obliques) : soulèvement des couches picturales dans le terrain au-dessus de la tête de sainte Catherine, dans le bas de la robe de sainte Barbe et dans le haut de sa manche.

1889 : (pointillé) : boursouflures et retouches vers le milieu et dans le bas du sujet principal.

SOURCES : doc. n" 21 (11 août 1856); doc. nu 23 (3 novembre 1856); doc. n° 4 (23 décembre IH89).

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V

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1889 : (p o in t il lé ) : b o u rsou flu res et re touches vers le m ilie u et d a n s le bas d u sujet p n n

SOURCES : doc. n" 21 (Il août 1856;; doc. n° 23 (3 novembre 1856); doc. n° 4 (23 décembre 188‘) .

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IV. H ANS MEMLINC, Mariage mystique de sainte Catherine (triptyque)

b) volet gauche : Décollation de saint Jean-Baptiste :

11 août 1856 (lignes verticales) : soulèvement des couches picturales clans le vêtement et la main du jeune seigneur; soulèvement et repeints dans les draperies de saint Jean, dans la tunique du vieillard, dans le voile et le vêtement de Salomé; le bas de sa robe est mastiqué.

3 novembre 1856 (lignes obliques) : soulèvement des couches picturales dans la main et le vêtement du jeune seigneur; retouches dans le haut et le bas de la robe d’Hérodiade (Salomé ?).

1889 : (pointillé) : soulèvement des couches picturales dans la main du jeune seigneur, clans la robe de Salomé.

SOURCES : doc. n° 21 (Il août 1856); doc. n" 23 (3 novembre 1856); doc. n° 4 (23 décembre 1889).

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IV. HANS MEMLINC, Mariage mystique de sainte Catherine (triptyque)

c) volet droit : La Vision de saint Jean VEvangéliste à Patmos :

1 1 août 1856 (lignes verticales) : masticages, repeints et soulèvements des couches picturales dans la tunique de saint Jean et dans le fond du paysage.

3 novembre 1856 (lignes obliques) : retouches clans les rochers, dans le terrain situé au-dessous du cavalier bardé de fer.

SOURCES : doc. n° 21 (II août 1856); doc. n° 23 (3 novembre 1856).

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234

es couches picturales dans la

IV. HANS MEMLINC, MciTuîgr-rn+j qi

c) volet droit : La Visiot,

11 août 1856 (lignes tunique de saii

3 novembre 1856 (lignes obliques) : retouches dans les rochers, dans le terrain situé au-dessous du

cavalier bardé de fer.

SOURCES : doc. n" 21 (11 août. 1856); doc. n° 23 (3 novembre 1856).

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237

N.B. — Les tableaux sont indiqués en CAPITALES ITALIQUES.Les noms de personnes sont indiqués en CAPITALES ROM AINES.

Les noms d’édifices ou d’institutions, de lieux sont indiqués en minuscules romaines.

Les chiffres en italiques désignent les pages se rapportant aux textes édités.

Les renvois à Académie des Beaux-Arts de Bruges, Administration communale, Collège échevinal,

Commission brugeoise des Beaux-Arts, Commission des Hospices, Conseil communal, etc. ne

comprennent pas les notes infra-paginales.

Les personnages figurant sur les divers tableaux étudiés ne sont pas repris dans la table.

TABLE DES NOMS DE LIEUX, DE PERSONNES ET DE TABLEAUX

ABEELE (F. VANDEN), médecin, secrétaire

de la Jointe de l’Académie des Beaux-Arts

de Bruges : 31 et note 6 ; 32; 34 et note 4;

35; 36 et notes 2, 6 , 7; 37; 38 note 1;

40-41; 84-85- 91; 100; 111; 114; 121; 159;

164; 166; 169; 170-171; 175.

Académie des Beaux-Arts de Bruges

Interventions: 17; 20-23; 26-28; 32-33;

35-37; 40; 54; 60-61; 82-84 ; 8 8 ; 91; 93-94;

95-100; 105-112; 114-115; 120-122; 140-

141; 159-160; 162-171; 191-192; 200-201.

Jointe, membres, voir BUYCK, CLOET,

DENNEWET, DOBBELAERE, DUCQ,

(G.), HOLLEBECKE (VAN), LEGEN-

DRE, ROELS, W YNCKELM AN ; secré­

taire, voir ABEELE (VANDEN); prési­

dents, voir PECSTEEN, VANDER-

PLANCKE.

Tableaux, voir Groeninge.

Administration communale de Bruges, inter­

ventions : 15; 17; 19-23; 25; 28; 33-35;

37-40; 47; 53; 86-87; 105-109; 112; 116-118;

120-121; 123-127; 142-143; 150-152.

ACHTSCHELLINCK (Lucas), peintre bru­

xellois : 172.

ACKER (A. VAN) : 31 et note 6 ; 85.

ACKER (J.-B. VAN), artiste brugeois : 21

note 7; 30 et notes 4, 5; 31; 33; 77; 79; 81;

84; 88.

ADORATION DES MAGES (Hans MEM-

LINC, Bruges, Hôpital Saint-Jean, trip­

tyque de 1’) : 26 note 3, 31.

Voir également VIERGE AU CHANOINE VAN DER PAELE.

AGNEAU M YSTIQUE (VAN EYCK, Gand,

cathédrale Saint-Bavon, polyptyque de 1’) :

11; 35; 102; 108; 196.

Restaurateur, voir DONSELAER.

ANONYME, tableaux, voir SCÈNES D E LA LÉGENDE DE SA IN T GEORGES.

Anvers, prov. d’Anvers, ch.-l. de prov. :

25 note 8 ; 28 note 2; 57-58; 100; 130;

169; 189.

Cathédrale : 196.

Musée : 170; 181; 196.

Photographe, voir HERMANS.

Tableaux, voir DESCENTE DE CROIX, LA VIERGE E T UENFANT.

Archives de la Commission d’Assistance publi­

que de Bruges : 13.

Archives de la Commission royale des Monu­

ments et des Sites : 13.

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Archives de l’Etat à Bruges : 13 et note 1.

Archives de la Ville de Bruges : 12; 13 et

note 1 .

ARENBERG (duc d’) : 117.

Autriche, impératrice, voir M A R IE -

THÉRÈSE.

BA PTÊM E DU CHRIST (Gérard DAVID,

Bruges, Musée Groeninge, triptyque du) :

25 et note 8 ; 32; 37-38; 71; 113; 119; 135;

140; 192.

Restaurations, voir BROU (DE), BUÉSO,

DEHEUVEL, R O Y (LE).

BEAUFFORT (comte de), président de la

Commission royale des Monuments : 32;

66 ; 71.

BEERNAERT (Auguste), homme d’état

belge : 32.

Berlin (Allemagne) : 182; 195.

Musée de : 167; 181; 195-196.

Tableaux, voir É TIENN E CHEVALIER PRÉSEN TÉ PAR SA IN T ÉTIEN N E.

BÉTHUNE-D’YDEWALLE, secrétaire de la

Commission administrative des Hospices

civils de la Ville de Bruges : 73.

Blankenberg, prov. de Flandre occidentale,

arr. de Bruges, commune de : 126.

BLONDEEL (Lancelot), peintre brugeois :

172.

Tableaux, voir SA IN T LUC PEIGNANT LA VIERGE. Voir SCÈNES D E LA LÉGENDE DE SAIN T GEORGES.

BODE (W.), historien d’art allemand : 195.

Bogaerde, école à Bruges : 54.

Collections de, voir Groeninge.

BOITTE (A.), éditeur bruxellois : 25 et

note 7.

BONNAT (J.-F.), peintre français : 182.

Bourgogne, duc de, voir CHARLES LE

T ÉM ÉRA IRE ; duchesse de, voir M A R IE

DE BOURGOGNE.

BOUTS (Dieric), peintre flamand.

Tableaux, voir M ARTYRE DE SAIN T HIPPOLYTE (triptyque du).

BOUVEZ, secrétaire de la Commission insti­

tuée pour la conservation des objets d ’art: 78.

BOUWART, conseiller municipal : 56.

BOYAVAL, membre du Conseil communal

de la Ville de Bruges : 114.

BRÉDIUS (A.), conservateur du Maurits-

huis : 195; 198-199.

BRÉE (Mathieu-Ignace VAN), peintre et

restaurateur anversois : 28 et note 2; 58-59;

189-190.

BRIOTET, restaurateur au musée du Louvre:

194.

BROU (Charles DE), peintre et restaurateur:

22; 35 et note 5; 36 et notes 1, 2, 4, 5, 6 ,

7, 8 ; 37 et note 4; 41; 112; 115; 117-118;

120; 125-126.

BROUCKE (VANDEN), artiste-peintre: 169.

BRUCKM ANN (F.), éditeur et photographe

allemand : 24 note 5; 26.

Bruges, prov. de Flandre occidentale, ch.-l.

de prov.

Académie des Beaux-Arts de Bruges, voir

Académie des Beaux-Arts de Bruges.

Administration communale de Bruges, voir

Administration communale de Bruges.

Archives de la Commission d’Assistance

publique de Bruges, voir Archives de la

Commission d’Assistance publique de Bruges.

Archives de l’Etat, voir Archives de l’Etat

à Bruges.

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239

Archives de la Ville, voir Archives de la

Ville de Bruges.

Bourgmestres, voir CROESER (DE),

PECSTEEN (baron), V ISART DE BO-

CARM É (baron), ZUYLEN (baron van).

Cathédrale Saint-Donat, voir Saint-Donat.

Cathédrale Saint-Sauveur, voir Saint-Sau-

veur.

Collège échevinal, voir Collège échevinal de

la Ville de Bruges.

Commission administrative des Hospices

civils, voir Commission des Hospices.

Commission brugeoise des Beaux-Arts, voir

Commission brugeoise des Beaux-Arts.

Conseil communal de la Ville de Bruges,

voir Conseil communal de la Ville de

Bruges.

Directeur des travaux de la Ville, voir

CENSERIE (Louis DELA).

Eglise Notre-Dame, voir Notre-Dame.

Eglise Saint-Jacques, voir Saint-Jacques.

Exposition de la Toison d’Or, voir BUÉSO,

Toison d’Or.

Franc de Bruges, voir Franc.

Gouverneurs de la Flandre occidentale, voir

LOEN (baron de), VRAM BOUT (B.),

V R IE RE (A. de).

Gouvernement provincial de la Flandre

occidentale, voir Gouvernement provincial.

Gruuthuse, voir Gruuthuse.

Hôpital Saint-Jean, voir Saint-Jean.

Hospice Saint-Julien, voir Saint-Julien.

Musée Groeninge, voir Groeninge.

Secrétaire communal, voir SCOURION .

Restaurateurs, voir BRÉE (VAN), BROU

(DE), BUÉSO, CALLEWAERT, DE-

HEUVEL, DUCQ.(J.-F.), LEEMPUTTEN

(VAN), LORENT, MAES, N IC O L IÉ ,

NOË, R O Y (LE).

Tableaux, voir Académie, Groeninge, Hos­

pices, Notre-Dame, Saint-Donat, Saint-

Jacques, Saint-Sauveur.

Tombeau de Charles le Téméraire, voir

CHARLES LE T ÉM ÉRA IRE .

Tombeau de Marie de Bourgogne, voir

M A R IE DE BOURGOGNE.

Tribunal de première instance, voir SAN-

DELIN.

Bruxelles, prov. de Brabant, capitale et ch.-l.

de prov. : 15 note 5; 16; 30 notes 1, 4;

38 note 3; 40-41 ; 47; 50-51; 53; 93; 116-117;

121; 159; 164; 166.

Commission royale des Monuments, voir

Commission royale des Monuments.

Institut royal du Patrimoine artistique, voir

COREMANS (P.).

Ministère de l’intérieur, voir Intérieur.

Ministère de la Justice, voir Justice.

Musée de : 101; 196-197.

BUCK (Adrienne DE), voir PORTRAIT

D ’ADRIENNE DE BUCK.

BUÉSO (Paul), restaurateur : 12; 35; 38 et

note 6 ; 39-40; 101; 133; 136-140; 142;

144-148; 150; 153-155; 177; 179-180.

BURTIN (H.), restaurateur (?) : 194.

BUYCK, membre de l’Académie des Beaux-

Arts de Bruges : 36 note 5.

CALLEWAERT, restaurateur brugeois : 21

note 5; 31 ; 33-35; 78; 79; 99; 101; 104; 117.

CALLOIGNE, sculpteur, membre de la Com­

mission brugeoise des Beaux-Arts : 62; 65.

CALOEN (baron van), membre du Conseil

communal de la Ville de Bruges : 178.

CARDON (Ch.-L.), membre de la Commis­

sion royale des Monuments : 150; 154-155;

196-202.

CARNIN (comte de), membre du Conseil

communal de la Ville de Bruges : 56.

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240

CÈNE (Léonard de V IN C I, Milan, Santa-

Maria-delle-Grazie) : 201.

CENSERIE (Louis DELA), directeur des tra­

vaux de la Ville de Bruges: 32; 37 et note 6 ;

162; 164.

CHALON, vice-président de la Commission

royale des Monuments : 94.

CHARLES LE T ÉM ÉRA IRE , duc de Bour­

gogne, tombeau de : 137.

CHÂSSE DE SAINTE URSULE (Hans MEM-

LINC, Bruges, Hôpital Saint-Jean) : 26

note 3; 28; 131; 169.

Photographies, voir BRUCKMANN, FIER-

LANTS, LAFENESTRE, LAUREYNS,

M ICH IELS.

Restaurations, voir BRÉE (VAN), DUCQ_

(J-F.).Chicago (U.S.A.) : 197.

CLAEYSSENS (Antoine), peintre flamand :

166.

Voir DAV ID (Gérard).

C LE RC Q (DE), membre de la Chambre

des Représentants : 117.

CLOET, membre de l’Académie des Beaux-

Arts de Bruges : 36 note 5.

Collège échevinal de Bruges, interventions :

2 0 ; 80.

Commission brugeoise des Beaux-Arts, inter­

ventions : 21, 28-30; 36; 38; 40; 62-63;

70; 76-78; 98-100; 114; 162-171; 179-180.

Membres, voir ACKER (VAN), CALLOI-

GNE, DEHONDT, DEM EYER, DU-

M ER Y, IM BERT DE STOOP, MYS,

SCHREVEL (DE), STEEN (VAN DEN),

VERM EIRE , WALLAYS.

Secrétaire, voir BOUVEZ.

Vice-président, voir STEINMETZ.

Commission des Hospices, interventions : 17-

23; 27-32; 40; 55; 64-65; 67-68; 74-75;

79; 85-86; 8 8 ; 104; 160.

Membres, voir COPPIETERS-ARENTS,

DERRIDER-DUJARDIN , HANINS DE

M O ERK ERK E (d5), SUYS.

Secrétaire, voir BÉTHUNE - D ’YDE-

WALLE.

Tableaux, voir ADORATION DES MAGES

(triptyque de 1’), CHÂSSE DE SAINTE

URSULE; DÉPLORATION (triptyque de

la), MARIAGE MYSTIQUE DE SAINTE

CATHERINE (triptyque du), SAINT

CHRISTOPHE, SAINT MAUR ET SAINT

GILLES (triptyque des).

Commission des Musées communaux : 24.

Commission provinciale des Beaux-Arts : 31.

Commission royale des Monuments, inter­

ventions : 19-20; 22-23; 29-35; 38-40; 6 6 ;

69-70; 74; 78; 84; 89-90; 92-94; 98-103;

112; 128; 130; 137-143; 145; 150-152;

154-155; 161; 183.

Membres, voir CARDON, CHALON,

PARTOES, PIOT, SUYS.

Secrétaire, voir MASSAUX.

Présidents, voir BEAUFFORT (comte de),

LAGASSE DE LOCHT (Ch. de), WEL-

LENS.

Conseil communal de la Ville de Bruges,

interventions: 20; 22; 30-31; 35; 39-40;

56; 79; 159-160; 172-176; 177-178; 179-180.

Membres, voir CALOEN (baron van),

CARNIN (comte de), COPPIETERS-

ARENTS, CROM BRU GGHE (baron de),

DELANOTE, DEMALE (VAN), DENET,

ESCLUZE (de L ’), GOETHALS, HER-

REBOUDT, HONT (D’), HUERNE

(VAN), LIENART-ODEVAERE, RID-

DER (DE), RYELANDT, SERESIA, TER-

MOTE, WALLE (VAN DE), WYNCKEL-

MAN.

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COPMAN (Eugène), conservateur des musées

communaux de Bruges : 25 et notes 1, 7,

9; 38 et note 7; 39; 144-147; 149-152; 155.

COPPIETERS-ARENTS, membre du Conseil

communal de la Ville de Bruges, membre

de la Commission administrative des Hos­

pices civils de Bruges : 56; 74.

COREM ANS (Paul), directeur de l’institut

royal du Patrimoine artistique : 11.

CRASSIER (de), secrétaire général du Minis­

tère de la Justice : 73.

CROESER (baron de), bourgmestre de

Bruges : 58; 61.

CROM BRU GGHE (baron de), membre du

Conseil communal de la Ville de Bruges: 175.

CRUCIFIXION (MAÎTRE DES SCÈNES

DE LA PASSION DE BRUGES, Gérard

VANDER MEEREN (?), Bruges, cathé­

drale Saint-Sauveur) : 128.

DAVID (Gérard), peintre flamand.

Tableaux, voir BA PTÊM E DU CHRIST (triptyque du), JU S T IC E D E CAMBTSE, TRANSFIGURATION DE NO TRE-SEI­GNEUR.

DEHEUVEL (S.), restaurateur : 22; 35 et

notes 4, 5; 36 et notes 1, 2, 4, 8 ; 37 et

note 2; 113 et note 5; 119 et note 3, 120;

122; 127.

DEHONDT, membre de la Commission bru-

geoise des Beaux-Arts : 62; 65.

DELANOTE, membre du Conseil communal

de la Ville de Bruges : 180.

DELCOU R (Charles), homme d’état belge :

103; 115; 118; 122.

DEMALE (VAN), membre du Conseil com­

munal de la Ville de Bruges : 56.

DEMBLON, membre de la Chambre des

Représentants : 182.

DEM EYER (D.), membre de la Commission

brugeoise des Beaux-Arts : 162; 164.

DENET, membre du Conseil communal de

la Ville de Bruges : 56.

DENIS, membre de la Chambre des Repré­

sentants : 183.

DENNEWET, membre de l’Académie des

Beaux-Arts de Bruges : 36 note 5.

DÉPLORATION (Hans M EM LINC , Bruges,

Hôpital Saint-Jean, triptyque de la) : 28.

Photographies, voir BOITTE, BRUCK-

MANN, FIERLANTS, LAFENESTRE,

LAUREYNS, M ICH IELS, RICHTEN-

BERGER.

Restaurations, voir BRÉE (VAN), D U C Q

(J.-F.).

Députation permanente de la Flandre occiden­

tale, interventions : 30.

DERRIDER-DUJARD IN (L.), membre de

la Commission administrative des Hospices

civils de la Ville de Bruges : 104; 160.

DESCAMPS, homme d’état belge : 39; 181.

D ESCENTE DE CROIX (P. POURBUS,

Bruges, Musée Groeninge, triptyque de la) :

200.

(P.-P. RUBENS, Anvers, cathédrale Notre-

Dame, triptyque de la) : 57; 100.

DEYSTER (Louis DE), peintre brugeois: 173.

DOBBELAERE, membre de l’Académie des

Beaux-Arts de Bruges : 36 note 5.

DONSELAER, restaurateur : 35 note 1.

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242

DUCQ_ (G.), doyen de l’Académie des Beaux-

Arts de Bruges : 52.

D U C Q (J.-F.), restaurateur : 28 et notes 1,

4; 58.

D U RER (A.), peintre allemand.

Tableaux, voir RETA BLE PAUMGART- NER.

DU GN IOLLE : 71.

DUM ERY, membre de la Commission bru-

geoise des Beaux-Arts : 65.

ÉCORCHEMENT DU JU G E PRÉVARICA­TEU R , voir JU S T IC E DE CAMBTSE.

ESCLUZE (de L ’), membre du Conseil com­

munal de la Ville de Bruges : 56.

ÉTIEN N E CHEVALIER PRÉSENTÉ PAR SAIN T ÉT IEN N E (J. FOUQUET, Berlin,

Muséum Dahlem) : 181.

EYCK (Jean van), peintre flamand.

Tableaux, voir AGNEAU M YSTIQUE (polyptyque de 1’), PO RTRAIT DE M ARGUERITE VAN EYCK , T Ê T E DE CHRIST, VIERGE AU CHANOINE VAN DER PAELE.

EYCK (Marguerite van), voir PORTRAIT DE M ARGUERITE VAN EYCK.

FAGET, ambassadeur des Pays-Bas : 50.

FERNAGUUT (Jean), voir PO RTRAIT DE JE A N FERNAGUUT.

FERNAYANT (Jean), voir PORTRAIT DE JE A N FERNAGUUT.

FIERLANTS (Edmond), photographe bru­

xellois : 24; 80; 83; 169.

FONTEYNE, membre du Conseil communal

de la Ville de Bruges : 162.

FOUQUET (J.), peintre français.

Tableaux, voir ÉTIEN N E CHEVALIER PRÉSEN TÉ PAR SA IN T ÉTIEN N E, LA VIERGE E T V EN FAN T.

FRAEYS, membre du Conseil communal de

la Ville de Bruges : 175.

Franc de Bruges, salle du : 111.

Freisling (Allemagne).

Voir VOLL (K.).

FR IEDLÀNDER (M.-J.), historien d’art alle­

mand : 195.

Gand, prov. de Flandre orientale, ch.-l. de

prov. : 60-62; 194, 196.

Cathédrale, voir Saint-Bavon.

Musée de : 193; 197; 198; 202.

Gazette générale des Pays-Bas, voir YVEIS-

SENBRUCH.

GÉNISSON, artiste brugeois : 21 note 7;

30 et notes 4, 5; 77; 79; 81; 88.

GILLIODTS-VAN POEKE (B.), marguillier

de l’église Notre-Dame de Bruges : 52.

GOES (Hugo van der), peintre flamand.

Tableaux, voir M ARTYRE D E SAINT HIPPOLYTE (triptyque du), M O RT DE LA VIERGE.

Groeninge, musée à Bruges.

Tableaux, voir BA PTÊM E DU CHRIST (triptyque du), D ESCENTE DE CROIX (triptyque de la), JU S T IC E DE CAM- BYSE , M O RT DE LA VIERGE, SAIN T CHRISTOPHE, SA IN T MAUR E T SAIN T GILLES (triptyque des), SA IN T LUC PEIGN ANT LA VIERGE (triptyque de),

SCÈNES D E LA LÉGENDE DE SAIN T GEORGES, PO RTRAIT D’ADRIENNE DE BUCK, PO RTRAIT DE JE A N FERNA­GUUT, PO RTRAIT DE M ARGUERITE VAN EYCK, T Ê T E DE CHRIST, VIERGE AU CHANOINE VAN DER PAELE.

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f243

GUILLAUM E, roi des Pays-Bas : 16.

Halen, prov. de Limbourg, arr. de Hasselt,

commune de : 27 note 3.

HAM M E (VAN) : 52.

HANINS DE M O ERK ERK E (d5), membre

de la Commission administrative des Hos­

pices civils de la Ville de Bruges : 74.

HAUSER (Alois) : 195.

HERMANS, photographe anversois : 25 et

note 8 .

HERREBOUDT, membre du Conseil com­

munal de la Ville de Bruges : 35 note 3 ; 160.

HOFSTEDE DE GROOT , historien d’art

néerlandais : 195.

HOLLÄNDER (D’), marguillier de l’église

Notre-Dame de Bruges : 52.

HOLLEBECKE (Bruno VAN), membre de

l’Académie des Beaux-Arts de Bruges : 36

note 5.

HONT (D5), membre du Conseil communal

de la Ville de Bruges : 56.

HOOGSTOELS, restaurateur français : 27

note 2 .

HOPMAN, restaurateur : 195.

HORSIN-DRION, restaurateur (?) : 194.

Hospices.

Hôpital Saint-Jean, voir Saint-Jean.

Hospice Saint-Julien, voir Saint-Julien.

Tableaux, voir Saint-Jean, Saint-Julien.

HOVE (E. VAN), artiste brugeois : 32; 162;

164.

HUERNE (de PUYENBEKE VAN), membre

du Conseil communal de la Ville de Bruges:

56; 128.

Gruuthuse, palais de, à Bruges : 111. IM BERT DE STOOP, membre de la Com­

mission brugeoise des Beaux-Arts : 65.

Intérieur, Ministère de 1* : 15; 21-22; 25;

34-35; 37; 47; 84; 95-97; 102-103; 105-108;

110-111; 114-118; 123-127; 129.

Ixelles, prov. de Brabant, arr. de Bruxelles,

commune de : 30 note 1.

Journal des Beaux-Arts : 82; 83.

JU G E M E N T D E CAMBTSE, voir JU ST IC E DE CAMBTSE.

JU G E M E N T DERNIER (P. POURBUS,

Bruges, Musée Groeninge) : 38 note 7 ; 145.

(J. PROVOST, Bruges, Musée Groeninge):

20 0 .

Justice, Ministère de la : 29; 79.

JU S T IC E DE CAMBTSE (Gérard DAVID,

Bruges, Musée Groeninge) : 15-16; 17 note 2;

18 et note 7 ; 19 ; 21 ; 22 note 7 ; 25 et note 8 ;

26 et note 3; 33; 34 et notes 1, 2, 3; 37;

38 et note 5; 47-49; 51; 53; 56; 89; 91-92;

98-100; 113; 116; 119-120; 136; 191; 200.

Photographies, voir BRUCKMANN,

FIERLANTS, LAUREYNS, M ICH IELS,

WEALE.

Restaurations, voir BROU (DE), BUÉSO,

DEHEUVEL, R O Y (LE).

KERVYN DE LETTENHOVE (baron de),

homme de lettres brugeois : 38; 140; 144-

146; 150; 154-155.

KEVERBERG DE KESSEL (Charles, baron

de), gouverneur de la Flandre orientale :

27 et note 3; 57-58.

Laeken, prov. de Brabant, arr. de Bruxelles,

commune de : 16.

LAGASSE DE LOCHT (Charles, chevalier),

président de la Commission royale des

Monuments : 141; 146; 150; 155.

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LAFENESTRE (Georges), conservateur au

Musée du Louvre : 25 note 5; 26.

LAUREYNS (A.) : 24 et note 4.

La Haye (Pays-Bas) : 27 note 3; 57.

Musée : 195; 197; 199.

Musée du Mauritshuis, voir BREDIUS.

LA VALLÉE, secrétaire général du Musée

royal de Paris : 16 note 3; 49.

Ledegem, prov. de Flandre occidentale, arr.

de Courtrai, commune de : 28 note 1.

LEEMPUTTEN (VAN), restaurateur: 32;

39; 40 note 1; 131; 172; 175-176.

LÉGENDE DE SAINTE LUCIE (MAITRE

DE LA LÉGENDE DE SAINTE LUCIE,

Bruges, église Saint-Jacques).

Restaurations, voir LEEMPUTTEN (VAN).

LEGENDRE, membre de l’Académie des

Beaux-Arts de Bruges : 36 note 5.

LEJEUNE (Th.), restaurateur (?) : 194.

LEYN (A. DE), président de la fabrique de

la cathédrale Saint-Sauveur : 129.

Liège, prov. de Liège, ch.-l. de prov. : 190.

LIENART-ODEVAERE, membre du Conseil

communal de la Ville de Bruges : 56.

LOEN (baron de), gouverneur de la Flandre

occidentale : 22 note 7; 51; 58.

Londres (Grande-Bretagne) : 169.

LORENT (LAURENT, LAURANT), res­

taurateur gantois : 28 et notes 8 , 9, 10, 11;

32 note 8 ; 60-62; 64-65.

LORENT père, restaurateur : 30 note 1.

Louvain, prov. de Brabant, ch.-l. d’arr. : 100.

Louvre, Musée du.

Voir BRIOTET, LAFENESTRE (G.).

M AETERLINCK (Louis), conservateur du

Musée de Gand : 193-198; 202.

M AITRE DE LA LÉGENDE DE SAINTE

LUCIE, anonyme flamand.

Tableaux, voir LÉGENDE DE SAINTE

LUCIE.

M AÎTRE DES SCÈNES DE LA PASSION

DE BRUGES, anonyme flamand.'

Tableaux, voir CRUCIFIXION.

M ARECHAL (Joseph), conservateur aux

Archives de l’Etat à Bruges : 13 note 1.

MARIAGE MYSTIQUE DE SAINTE

CATHERINE (Hans M EM LINC, Bruges,

Hôpital Saint-Jean, triptyque du) : 14 note 2;

19; 20 et note 4; 21 et notes 1, 4, 6, 7;

26 note 3; 27-28; 29 et notes 2, 4, 7; 30 et

notes 1, 4, 5, 8 ; 31 et notes 1, 7 ; 32 et note 5 ;

33 note 1; 39 note 6; 57; 66-70; 72-80 ; 85;

8 8 ; 104; 131; 162-164; 189.

Photographies, voir BRUCKMANN, FIER-

LANTS, LAFENESTRE, RICHTEN-

BERGER.

Restaurations, voir BRÉE (VAN), CAL-

LEWAERT, DUCQ, (J.-F.), LEEMPUT­

TEN (VAN), MAES, R O Y (LE).

M ARIE , duchesse de Bourgogne.

Tombeau de : 137.

MARIE-THÉRÈSE, impératrice d’Autriche :

40.

MARTYRE DE SAINT HIPPOLYTE (Dieric

BOUTS et Hugo van der GOES, Bruges,

cathédrale Saint-Sauveur, triptyque du) :

26 note 3; 39; 130; 161.

Restaurations, voir N ICO LIÉ .

MASS A U X (A.), secrétaire de la Commission

royale des Monuments : 141; 146; 150.

MATER DOLOROSA (A. YSENBRANT,

Bruges, église Notre-Dame) : 139; 177; 179.

MAES, restaurateur : 20 et note 4; 29; 67-69.

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245

MEEREN (Gérard van der), peintre flamand.

Tableaux, voir CRUCIFIXION.

M EM LIN C (Hans), peintre flamand.

Tableaux, voir ADORATION DES MAGES

(triptyque de 1’), CHÂSSE DE SAINTE

URSULE, DÉPLORATION (triptyque de

la), MARIAGE MYSTIQUE DE SAINTE

CATHERINE (triptyque du), SAINT

CHRISTOPHE, SAINT MAUR ET SAINT

GILLES (triptyque des), VIERGE ET

ENFANT (diptyque M ARTIN VAN

NIEU W ENHOVE).

METSIJS (Quentin), peintre flamand.

(Louvain ?) : 100.

MICHEL-ANGE, statue de la Vierge et

Enfant : 16; 48; 51; 53; 56.

M ICH IELS (J.-F.), historien d’art (?) : 24

et note 4.

M ORT DE LA VIERGE (Hugo van der

GOES, Bruges, Musée Groeninge) : 17

note 2; 33; 37-38; 113 et note 4; 119 et

note 2; 135; 200.

Restaurations, voir BUÉSO, DEHEUVEL.

MOSTAERT (Jan ?), peintre hollandais: 177.

Munich (Allemagne occidentale).

Musée : 197.

Librairie artistique et scientifique de, voir

BRUCKMANN.

MYS, membre de la Commission brugeoise

des Beaux-Arts : 62.

NAEGUIER, restaurateur français : 27 note 2.

NAVEZ (F.-J.), artiste-peintre belge : 66 ; 71.

N IC O L IÉ , restaurateur anversois : 39; 130.

NOË, restaurateur : 40 note 2.

Notre-Dame, église à Bruges : 137-139; 177-

180.

Bureau des marguilliers : 40.

Marguilliers, voir G ILLIODTS - VAN

POEKE, HOLLANDER (D’), VER-

HULST.

Tableaux, voir MATER DOLOROSA ,

TRANSFIGURATION DE NO TRE-SEI­

GNEUR.

ODEVAERE (Joseph), peintre brugeois : 15

note 5; 16 notes 5, 6 ; 22 note 7; 48-50;

53; 56.

Oracle (1’), journal bruxellois : 15 note 6 .

PAPE (Charles DE), artiste-peintre : 39; 40

note 1; 172-173; 175-176.

Paris (France, dép. de la Seine) : 50; 53; 62;

111; 169; 189.

Archevêché : 48.

Archives nationales : 27 note 2.

Louvre, Musée du : 194.

Muséum de : 15; 17 note 5; 19 note 1;

49; 86.

Secrétaire général du Muséum de, voir

LA VALLÉE.

PARTOES, membre de la Commission royale

des Monuments : 84.

PAUMGARTNER (Martin) : voir RETABLE

PAUMGARTNER.

PAUWELS (Henri), conservateur aux Musées

royaux des Beaux-Arts de Bruxelles : 11.

Pays-Bas, royaume des, voir GU ILLAUM E.

PECSTEEN (baron), bourgmestre de Bruges :

51; 55; 121.

PETTENKOFFER (M. von), professeur alle­

mand : 196; 198-199.

PINCHART (Alexandre), archiviste belge: 11.

P IOT (Charles), historien belge, membre de

la Commission royale des Monuments : 11;

15; 84.

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246

PORTAELS, membre de la Commission royale

des Monuments : 101.

PORTRAIT D 'ADRIENNE DE BUCK

(P. POURBUS, Bruges, Musée Groeninge) :

20 0 .

PORTRAIT DE MARGUERITE VAN EYCK

(Jean van Eyck, Bruges, Musée Groeninge) :

83; 192; 200.

PORTRAIT DE JE A N FERNAGUUT

(P. POURBUS, Bruges, Musée Groeninge) :

20 0 .

POTTER (P.), peintre hollandais : 58.

POURBUS (P.), peintre flamand.

Tableaux, voir DESCENTE DE CROIX

(triptyque de la), JU G EM EN T DERNIER ,

PORTRAIT D 'ADRIENNE DE BUCK,

PORTRAIT DE JE A N FERNAGUUT.

PROVOST (Jan), peintre flamand.

Tableaux, voir JU G EM EN T DERNIER.

REPELAER VAN DRIEL, fonctionnaire

néerlandais : 16 note 11; 58.

RETABLE PAUMGARTNER (A. DURER,

Munich, Alte Pinakothek) : 197.

RETABLE DE SAINT JEAN-BAPTISTE :

voir BAPTÊME D U CHRIST.

RICHTENBERGER (E.), historien d’art

français : 25 et note 5; 26.

R ID D ER (DE), membre du Conseil commu­

nal de la Ville de Bruges : 35 note 3.

R IEM SDYK (VAN) : 195.

ROELS (J.), secrétaire de l’Académie des

Beaux-Arts de Bruges : 52; 60; 100; 103.

RONSE (A.), échevin de la Ville de Bruges :

32; 114; 162; 164-165; 168; 171; 173-175;

178-180.

ROUSSEAU, secrétaire de la Commission

royale des Monuments : 90; 94.

R O Y (Etienne LE), restaurateur: 21; 27;

28 note 15; 30 et note 1 ; 32-33; 34 et notes

1, 3; 41; 71-73; 74; 79; 84; 90; 92-94; 101;

116-117; 130; 196.

RUBENS (Pierre-Paul), peintre flamand :

170; 199.

Tableaux, voir DESCENTE DE CROIX.

RYELANDT, membre du Conseil communal

de la Ville de Bruges : 180.

Saint-Bavon, cathédrale à Gand.

Tableaux, voir AGNEAU MYSTIQUE

(polyptyque de 1 ’).

SAINT CHRISTOPHE, SAINT MAUR ET

SAINT GILLES (Hans M EM LINC , Bruges,

Musée Groeninge, triptyque des) : 15-16;

17 et note 3; 18 et notes 1, 2, 9; 19 et notes

1, 2, 4, 5; 38; 47-49; 51; 53; 55-56; 86-8 8 ;

113; 133-134; 142; 200.

Restaurations, voir BUÉSO.

Saint-Donat, ancienne cathédrale à Bruges :

25 note 8 .

Tableaux, voir VIERGE AU CHANOINE

VAN DER PAELE.

Saint-Jacques, église à Bruges : 172; 176.

Fabrique : 39.

Tableaux, voir LÉGENDE DE SAINTE

LUCIE.

Saint-Jean, hôpital à Bruges :

Tableaux, voir ADORATION DES MAGES

(triptyque de 1’), CHÂSSE DE SAINTE

URSULE, DÉPLORATION (triptyque de

la), MARIAGE MYSTIQUE DE SAINTE

CATHERINE (triptyque du), VIERGE ET

ENFANT (diptyque M ARTIN VAN

NIEUW ENHOVE).

Saint-Julien, hospice à Bruges : 17 et note 5;

19 note 1.

Tableaux, voir SAINT CHRISTOPHE,

SAINT MAUR ET SAINT GILLES (trip­

tyque des).

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247

SAINT LUC PEIGNANT LA VIERGE

(Lancclot BLONDEEL, Bruges, Musée

Groeninge, triptyque de) : 200.

Saint-Sauveur, cathédrale à Bruges : 39; 128-

129; 130; 161.

Fabrique, présidents, voir LEYN (J. DE) ;

secrétaires, voir VERSTRAETE - ISER-

BYT (A.).

Tableaux, voir MARTYRE DE SAINT

HIPPOLYTE (triptyque du).

SANDELIN, président du tribunal de pre­

mière instance à Bruges : 27; 57-58.

SCÈNES DE LA LÉGENDE DE SAINT

GEORGES (ANONYME, Bruges, Musée

Groeninge) : 33 et note 3; 38 et note 5;

39; 136; 153.

Restaurations, voir BUÉSO.

SCHÖNE (S.-E.), historien d’art allemand :

195.

SCHRAMME, échevin de la Ville de Bruges:

180.

SCHREVEL (DE), rapporteur de la Commis­

sion brugeoise des Beaux-Arts : 40; 179-180.

SCOU RION , secrétaire communal de la Ville

de Bruges : 61.

SERESIA, membre du Conseil communal de

la Ville de Bruges : 180.

SIRET (Adolphe), critique d’art belge : 32;

82; 191.

SHERIDAN (J.), greffier du Gouvernement

provincial de la Flandre occidentale : 130.

STANDAERT, membre de la Chambre des

Représentants : 182.

STEEN (VAN DEN), secrétaire de la Com­

mission brugeoise des Beaux-Arts : 65.

STEENMAERE (baron de) : 128.

STEINMETZ (J.), vice-président de la Com­

mission brugeoise des Beaux-Arts : 78.

STOCHOVE (J.-C.) : 51-52.

STUERS (de) : 199.

SUYS, membre de la Commission royale des

Monuments : 84.

TERMOTE, membre du Conseil communal

de la Ville de Bruges : 180.

TÊTE DE CHRIST (Jean van EYCK,

Bruges, Musée Groeninge) : 83; 192.

Toison d’Or, exposition de la, à Bruges : 12.

THIBAULT DE BOESINGHE, membre du

Conseil communal de la Ville de Bruges: 114.

TRANSFIGURATION DE NO TRE-SEI-

GNEUR (Gérard DAVID, Bruges, église

Notre-Dame) : 40; 137; 138-139; 177; 179.

Restaurations, voir BUÉSO.

TSCHUDI (H. von), historien d’art alle­

mand : 195.

URSEL (duc d’), commissaire général de

l’intérieur, 15; 47.

UTRECHT (Adriaen van), peintre flamand :

197.

VANDERPLANCKE, président de l’Acadé-

mie des Beaux-Arts de Bruges : 84; 91.

VANDERVELDE (Emile), homme d’état

belge : 39; 181-182.

VAUBLANC (de), homme politique fran­

çais : 50.

VERBELEN, restaurateur : 30 note 1.

VERCRUYSSE : 180.

VERHULST (P.), marguillier de l’église

Notre-Dame à Bruges : 52.

VERM EIRE , membre de la Commission

brugeoise des Beaux-Arts : 62-63; 65; 128.

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248

VERSTRAETE-ISERBYT (A.), secrétaire de

la fabrique de la cathédrale Saint-Sauveur

à Bruges : 129.

VIERGE AU CHANOINE VAN DER PAELE

(Jean van EYCK, Bruges, Musée Groe-

ninge) : 15-16; 17 et note 3; 18 et notes 2, 9;

19; 21 ; 25; 27 note I ; 28 et note 12; 32-33;

34 note 2; 37; 38 et notes 3, 7; 39; 47; 49;

51; 53; 56; 60-62; 71; 89-91; 93-94; 98-102;

106; 113; 116; 120-121; 133; 140; 142; 155;

160; 168; 181-183; 200.

Photographies, voir BOITTE, BRUCK-

MANN, FIERLANTS, LAUREYNS,

M ICH IELS.

Restaurations, voir BROU (DE), DE-

HEUVEL, LORENT, R O Y (LE).

VIERGE ET ENFANT (diptyque M ARTIN

VAN NIEUW ENHOVE) (Hans MEM-

LINC, Bruges, Hôpital Saint-Jean) : 26

note 3.

VIERGE ET L'ENFANT (J. FOUQUET,

Anvers, Musée royal des Beaux-Arts) : 181.

V IN C I (Léonard de).

Tableaux, voir CÈNE.

VISART DE BOCARM É (comte), bourg-

mestre-député de Bruges: 39; 40 note 1;

114; 182-183.

V LEM IN K X , restaurateur : 167.

VOLE (Charles), historien d’art allemand.

Voir VOLL.

VOLL (K.), historien d’art allemand : 26

et notes 1, 2.

VRAM BOUT (B.), gouverneur de la Flandre

occidentale : 95-97; 105; 106.

VRIENDT (Albert DE), peintre : 32; 165-

166; 174-175.

V R IÈ R E (A. de), gouverneur de la Flandre

occidentale : 70.

WAAGEN (G.-F.), historien d’art allemand :

167.

WALLAYS (Ed.), membre de la Commission

brugeoise des Beaux-Arts : 21 note 7 ; 30 et

notes 4, 5; 31 note 6; 33; 36 note 5; 77;

79; 81; 84; 88.

WALLE (VANDE), membre du Conseil com­

munal de la Ville de Bruges : 38 note 2;

165-166; 168; 170.

Waterloo, prov. de Brabant, arr. de Nivelles,

commune de : 53-54.

WAUTERS (Alphonse), historien belge: 11.

WEALE (W.H. James), historien d’art an­

glais : 11 ; 25 et notes 8, 9; 26; 33 note 4.

WEISSENBRUCH, imprimeur bruxellois,

éditeur de la Gazette générale des Pays-

Bas : 53.

WELLENS, président de la Commission royale

des Monuments : 90; 130.

WEYDEN (Roger van der), peintre flamand:

170.

W ILD (de), professeur néerlandais (?) : 193;

195.

W OUVERM ANS (Ph.), peintre hollandais :

58.

W YNCKELM AN (F.-J.), président de l’Aca­

démie des Beaux-Arts de Bruges : 52; 56-58;

60; 62-63; 65.

YSENBRANT (Adriaen), peintre flamand.

Tableaux, voir MATER DOLOROSA.

ZUYLEN (J.-L. van), bourgmestre de Bru­

ges : 56.

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T A B L E D E S P L A N C H E S

A. Illustrations

Pl. I. J . ODEVAERE (1775-1830), Portrait du peintre (Bruges, Musée Groeninge) . . 17

Pl. I I . J . ODEVAERE, Portrait de F.-J. Wynckelman, J.-A. Van der Donckt et de l'artiste

(Bruges, Musée Groeninge)........................................................................................... 21

Pl. I I I . Poortersloge (B ruges)....................................................................................................... 29

Pl. IV. J.-A. GAREM YN (1712-1799), Tir à l'arc dans la cour de l'école Bogaerde (Bruges,

Musée des Hospices) ................................................................................................... 37

B. Tableau synoptique ............................................................................................................... 203-211

C. Annexes : montages d'après les archives....................................................................................... 213

I. GERARD DAVID , La Justice de Cambyse (Bruges, Musée Groeninge)

a) Le Jugement de Cambyse................................................................................................... 215

b) L'Ecorchement du juge prévaricateur................................................................................... 217

II. JEAN VAN EYCK, La Vierge et l'Enfant, le chanoine van der Paele, saint Georges et saint

Donatien (Bruges, Musée G roen inge )................................................................................ 219

\

I I I . HANS M EM LINC, Retable de saint Christophe, saint Maur et saint Gilles (Bruges, Musée

Groeninge)

a) panneau central : Saint Christophe, saint Maur et saint G ille s ........................................ 221

b) volet gauche : Guillaume Moreel et ses cinq f d s ................................................................ 223

c) revers gauche : Saint Jean-Baptiste................................................................................ 225

d) volet droit : Barbara van Vlaenderberghe et ses onze f i l le s ................................................ 227

e) revers droit : Saint Georges................................................................................................ 229

IV. HANS M EM LINC, Manage mystique de sainte Catherine (Bruges, Hôpital Saint-Jean)

a) panneau central : Sainte conversation................................................................................ 231

b) volet gauche : Décollation de saint Jean-Baptiste............................................................ 233

c) volet droit : Vision de saint Jean l'Evangéliste à Patmos.................................................... 235

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T A B L E D E S M A T I È R E S

Table des sigles........................................................................................................................... 8

I. Synthèse................................................................................................................................... 9-41

Introduction........................................................................................................................... 11-14

A. Lim inaires....................................................................................................................... 11

B. Cadre chronologique et fonds d’archives dépouillés................................................ 12-13

C. Mode de dépouillement et classement des pièces éditées........................................ 13-14

Chapitre I. Restitution au gouvernement des Pays-Bas des œuvres d'art brugeoises confisquées

en 1794 à la Belgique par la République française. Coriflits portant sur le droit à la

propriété des dites auvres ............................................................................................... 15-23

A. Restitution des œuvres d’art en 1815....................................................................... 15-16

B. Bases juridiques de la restitution............................................................................... 16-17

C. Reconstitution et accroissement des collections de l’Académ ie ............................ 17-19

D. Conflit entre Bruges et la Commission des Hospices civils de la ville de Bruges 19

* E. Conflit entre Bruges et l’Etat belge........................................................................... 19-23

Chapitre II. Les photographies anciennes des Primitifs flamands de Bruges........................ 24-26

Chapitre I I I . Histoire matérielle des collections des Hospices, de /’Académie des Beaux-Arts

et des fabriques d'église ( 1815-1907)........................................................................... 27-41

A. 1815-1850

1 ° Collections des Hospices civils (Hôpital Saint-Jean)........................................ 27-28

2° Collections de l’Académie des Beaux-Arts............................................................ 28

B. 1850-1907

1 ° Collections des Hospices civils (Hôpital Saint-Jean)........................................ 29-32

2° Collections de l’Académie des Beaux-Arts........................................................... 32-39

3° Collections des fabriques d’église........................................................................... 39-40

à) Eglise cathédrale du Saint-Sauveur............................................................... 39

b) Eglise Saint-Jacques........................................................................................... 39-40

c) Eglise Notre-Dame........................................................................................... 40

Préface................................................................................................................................................... 7

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A. Sources d’archives........................................................................................................... 47-155

B. Publications officielles................................................................................................... 159-183

I I I . Annexes............................................................... ................................................................... 185-235

A. Sources littéraires........................................................................................................... 189-202

B. Tableau synoptique....................................................................................................... 203-211

G. Etat matériel des œuvres : montages d’après les archives....................................213-235

Table des noms de lieux, de personnes et de tableaux....................................................... 237-248

Table des planches....................................................................................................................... 249

Table des matières....................................................................................................................... 251-252

II. Textes................................................................................................................................ 43-183

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Imprimé par M. Wcisscnbruch s. a., Imprimeur du Roi, Bruxelles

D/1966/0060/1