36
LES REFERENCES DES ELEVEURS BRETONS DÉCEMBRE 2009 - N° 40 A Trévarez Des repères pour vos élevages Des repères pour vos élevages Affouragement en vert : intérêts et limites Impact des lactations longues P. 22 P. 32

LES REFERENCES DES ELEVEURS BRETONS DÉCEMBRE 2009 …...† d’innover et d’expérimenter La Recherche Appliquée poursuit ses travaux sur les systèmes de production laitière

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Page 1: LES REFERENCES DES ELEVEURS BRETONS DÉCEMBRE 2009 …...† d’innover et d’expérimenter La Recherche Appliquée poursuit ses travaux sur les systèmes de production laitière

LES REFERENCES DES ELEVEURS BRETONS DÉCEMBRE 2009 - N° 40

A TrévarezDes repères pour vos élevagesDes repères pour vos élevages

Affouragement en vert : intérêts et limites

Impact des lactations longues

P. 22

P. 32

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éditorial

Les travaux du Pôle Herbivores sont conduits avec le soutien financier de :

Dans le cadre dʼun Contrat dʼObjectif

Partenaires associés au Pôle Herbivores

Partenaire santé animale www.capelevage.synagri.com

Les référencesdes éleveurs bretons

Revue éditée par la Chambre Régionale d’Agriculture de Bretagne

(Pôle Herbivores)Rond Point Maurice Le LannouCS 74223, 35042 Rennes cedex

Cap Elevage est la continuité des revuesdépartementales créées en Bretagne par

les Maisons de l’Elevage, les EDEet les Chambres d’agriculture :

Elevage Rentabilité (Côtes d’Armor, en 1967),A La Pointe de l’Elevage (Finistère, en 1968),

Morbihan Elevage (Morbihan, en 1997)et Elevage Avenir (Ille et Vilaine, en 2001)

Directeur de la publication :Alain Hindré

Directeur de la rédaction :Rémi Espinasse

Rédacteur en chef :Roger Hérisset

Comité de rédaction :Roger Hérisset, Rémi Espinasse, Gérard Losq, Jacques Charlery,

Jean-Yves Porhiel, Benoît Rubin,Jacques Lefranc, Marie-Hélène Garrec

Assistante de rédaction :Madeleine Lefaucheur

Responsable promotion et diffusion :Jacques Charlery

PAO :Service communication de la Chambre

d’agriculture des Côtes d’Armor

Crédit photographique :Chambres d’agriculture de Bretagne,

Contrôle Laitier, Institut de l’Elevage, URCEO.

Dessins : Malo Louarn

Imprimerie :Dessalles - St Brieuc

ISSN : 1779 - 5303Dépôt légal : Décembre 2009

Abonnement :10 numéros : 50 € TTC

Vente au numéro :7 € TTC

[email protected]

Etre à l’écoute et accompagner

Prix des produits, contraintes environnementales, plus que jamais les organisations d’élevage doi-vent accompagner les producteurs dans l’adaptation de leurs systèmes de production.

Pour maintenir ce lien de proximité, plusieurs actions ont comme objectif :

• d’accompagner les éleveurs dans la compréhension de leur coût de revient et de leur four-nir les analyses individuelles et collectives des coûts de production. Cette ambition suppose que quelques indicateurs majeurs de gestion technico-économique soient adoptés par tous les acteurs et surtout, accessibles pour les agriculteurs. «Avenir Lait», outil développé à l’échelle régionale doit aussi y contribuer, en associant plusieurs réalisateurs.

• d’innover et d’expérimenterLa Recherche Appliquée poursuit ses travaux sur les systèmes de production laitière innovants et durables. Les travaux engagés ou à venir à Trévarez sur une diversité de systèmes (intensif animal, fourrages, bio) ont comme objectif de vous apporter des perspectives pour optimiser vos systèmes tant au niveau économique qu’environnemental.

• d’informer et de diffuserC’est l’objectif de la campagne d’Année 2010 : «Agir sur son coût de revient» afin de vulgariser des

techniques et des préconisations permettant de diminuer les coûts de production. C’est aussi l’ambition de Cap Elevage : diffuser les résultats des travaux de Recherche Appliquée sous une forme accessible mais rigoureuse à destination des éleveurs.

Alain Hindré, membre du Comité Professionnel HerbivoresPrésident de la Station de Trévarez

Joyeux Noël

Nedeleg Laouen

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sommaire Cap Elevageimprimé sur

papier recyclé

N° 40 - Décembre 2009

Rénovation de la stabulation vaches laitières 36

Parc Stabilisé d’Hivernage (PSH)Conception et fonctionnement

Allonger la lactation Un vêlage tous les 18 mois

Intervalle entre vêlagesPlus de 15 mois pour 90 000 vaches laitières bretonnes

3032

34

Parc Stabilisé d’Hiver-nage de TrévarezUne expérience française

28

Au sein de la station de TrévarezDeux systèmes laitiers étudiés 26

DairymanUn projet Européen

sur l’élevage laitier et l’environnement

25

Alimentation des vaches laitièresIntérêts et limites de l’affouragement en vert 22

Essais Trévarez de 2008 à 2012Deux systèmes pour concilier économie, travail et environnement 21

DOSSIER • TRÉVAREZ

17 Le sommaire 2009 détachable

CAP ELEVAGE

Ensilages de maïs 2009Secs, riches en amidon et ingestibles

Dans un élevage du FinistèreBien gérer sa production laitière et son assolement

L’empreinte carbone du lait et de la viande bovinePremières bases pour l’étiquetage environnemental

Bassins Versants ContentieuxUne adaptation difficile mais réelle

FOURRAGES

4

10

14

Détection des chaleurs:HEATIME® à l’essai

REPRODUCTION

ENVIRONNEMENT

6Avenir laitPour consolider votre exploitation

ECONOMIE

REPRODUCTION

LA VIE DES STATIONS

CONTROLE LAITIER

9

ZOOM SUR

12

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4 DÉCEMBRE 2009 - N° 40

Fourrage

LES ENSILAGES DE MAÏS 2009

Secs, riches en amidon et ingestiblesLa matière sèche moyenne des maïs bretons ensilés en 2009 est plus élevée que les années passées. L’ingestion devrait augmenter ainsi que le lait produit si la conservation du maïs est correcte.

ette année, les ensila-ges de maïs bretons ont une valeur énergétique

moyenne de 0,91 UFL/kg MS, ce qui est habituel dans notre région. Ils ont été récoltés souvent secs, près de 5 points de plus com-paré à l’an dernier. Les teneurs en amidon et donc en grains sont bonnes, voire élevées. Près du quart des maïs dépasse les 35 % d’amidon, avec une proportion plus forte en Ille-et-Vilaine. Des maïs ont été ensilés tardivement cette année compte-tenu des fai-bles prix de vente du grain. Les niveaux de cellulose sont supé-rieurs à 20 % en moyenne, mais cela ne sera pas suffisant pour limiter le risque d’acidose pour les maïs très secs et riches en amidon (voir encart).

Attention à la conservationLe taux d’encombrement est bas : 0,97 UEL par kg MS, ce qui devrait favoriser l’ingestion. Cet encombrement inférieur de

Complémentation : au besoin prévenir l’acidose

Des maïs ensilés tardivement en 2009 sont très secs (40 à 50 % MS) et très riches en amidon (35 à 50 %). Pour les maïs à risques (sur-tout ceux à plus de 35 % d’amidon ou moins de 18 % de cellulose), vous deviez éviter un hachage trop fin à la récolte. Faîtes dorénavant attention à l’affinement lié à certain matériel de reprise lors de la distribution. En règle générale, il faut éviter un apport excessif de concentré. Pas plus de 4 kg de concentré par repas à mélanger de préférence aux fourrages. Le concentré de production n’est pas indispensable, encore moins avec des maïs très riches en énergie cette année. Ne faites pas de mauvaises économies sur les quantités de correcteurs : la ration doit rester en-dessus de 95 g de PDI/UFL. Attention cette année, il y a eu plus de maïs grain de gardé pour les vaches dans les élevages : il ne doit pas se substituer au correcteur azoté.Pour repérer une acidose, surveillez les chutes de taux individuels (plus de 5 points sur le TB, TP inférieurs à 30) et d’ingestion, la rumi-nation, l’aspect des bouses. En cas de doute, apportez 200 g/VL/j de bicarbonate pendant une semaine. Si les taux remontent, c’est que les animaux étaient en acidose. Il faut alors corriger la ration en introduisant des fibres longues (foin, paille) ou revoir les modalités d’apport des concentrés et, en dernier recours, utiliser des aliments tampons (luzerne, bicarbonate). Le bicarbonate doit être maintenu tant que les conditions acidogènes persistent. La rumination peut apporter jusqu’à 2 kg de bicarbonate. L’important est donc bien de faire ruminer les animaux. Une dose inférieure à 200 g de bicarbonate est inutile.

Analyses d’échantillons d’ensilages de maïs breton - Résultats 2009 Récolte 2009/Département

2008 2009 moy 2000/2008

écart 2009-2008

écart 2009-moy 29 22 56 35

M.S. (%) 30,2 35,4 32,8 5,2 2,5 33,9 35,7 34,4 36,6

MAT (% MS) 6,9 6,9 7,2 -0,1 -0,3 7,0 6,5 7,0 6,7

Cellulose (% MS) 20,4 21,4 20,0 0,9 1,4 21,8 24,5 21,7 20,5

Amidon (% MS) 28,8 31,2 31,7 2,4 -0,6 30,1 29,3 31,9 30,8

D.M.O. (%) 70,8 71,6 71,5 0,8 0,1 71,3 70,0 71,4 72,2

UFL (par kg MS) 0,90 0,91 0,91 0,02 0,00 0,90 0,90 0,9 0,92

PDIN (g par kg MS) 44 42 46 -2 -4 42 41 42 43

PDIE (g par kg MS) 66 67 67 1 0 68 65 66 67

UEL (par kg MS) 1,03 0,97 -0,06 0,98 1,00 0,98 0,94

UFV (par kg MS) 0,79 0,81 0,02 0,80 0,72 0,80 0,82

UEB (par kg MS) 1,13 1,05 -0,08 1,07 1,09 1,06 1,02

Nombre 637 314 7 664 Source : Agrilabo, ISAE, LDA 56, LDA 22, Pôle Herbivores des Chambres d’agriculture de Bretagne

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5DÉCEMBRE 2009 - N° 40

0,05 UEL par rapport à l’an der-nier devrait se traduire par une hausse de consommation de 0,5 à 1 kg MS de maïs (s’il est dis-tribué comme unique fourrage), soit 1 à 2 kg de lait en plus permis par la ration de base. Ce potentiel de valorisation complémentaire nécessite cependant une bonne conservation. Avez-vous bien tassé vos silos ? En effet, cette année près d’un tiers des maïs analysés sont à plus de 37 % de MS. Restez vigilants : pas d’entrée d’air, et un avancement au tas suffisamment rapide, au moins 10 cm par jour l’hiver.

Les teneurs azotées observées restent faibles (au-dessous de 7 % pour la moitié des échan-tillons). L’écart entre PDIN et PDIE est constant, il n’y a pas nécessité à changer sa stratégie azotée. Il faut au besoin réa-juster les quantités de tourteau. L’objectif recherché se situe à 95 g de PDI/UFL ou 90 g de PDI/kg de MS. Pour des maïs à 42 g de PDIN, ceci est obtenu avec 195 g de tourteau de soja, soit 3 kg pour 16 kg MS de maïs consommé par jour ou, pour limiter les coûts, préférez 4,5 kg de tourteau de colza.

Analyser son maïsCompte-tenu de l’hétérogénéité des résultats (par exemple 80 % des valeurs énergétiques se situe entre 0,88 et 0,94 UFL), nous vous encourageons à faire une analyse de votre ensilage. Les laboratoires Agrilabo, LDA 22, LDA 35, LDA 56 ont mis en place une charte qualité por-tant sur des méthodes d’analyse identiques dans chaque départe-ment et garantissant l’utilisation des derniers apports de l’Inra, en concertation avec les Chambres d’agriculture. Rappel : Il faut de préférence procéder à une analyse du maïs en vert (à la récolte)

Roger Hérisset – Chambres d’agriculture de [email protected]

Une bonne valeur

alimentaire potentielle

Le maïs 2009 est un très bon cru en rendement avec beaucoup de grain. Les bonnes conditions de culture ont limité l’helminthosporiose du maïs cette année.

BCLO a mis en place cet automne un observatoire «maïs». Ce sont 350 analyses répar-ties sur tout le territoire qui sont en cours de réalisation par Agrilabo. Cette opération a pour objectif d’appréhender la valeur du maïs de l’année et les différences entre zones. Les 275 premiers résultats, répartis par zone (carte des zones fourragères) sont indi-qués dans le tableau, ci-dessous :

Les différences entre zones suivent le gradient de la température et de la pluviométrie :- Le taux de matière sèche, est nettement plus élevé à l’est qu’à l’ouest.- On observe l’inverse pour la matière azotée. Cela se traduit par des valeurs PDIN nettement plus élevées dans les zones du nord-ouest et un très faible niveau en zone très séchante.- L’ingestibilité du maïs suit la matière sèche, ce qui se traduit par des valeurs UEL plutôt meilleu-res en zone séchante qu’en zone humide- Les valeurs liées à l’énergie, UFL et PDIE varient peu d’une zone à l’autre. En zone très séchante, le niveau énergétique est plus faible en raison d’une teneur en amidon plus faible associée à un taux de cellulose plus élevé.

Contact : [email protected]

Observatoire Bretagne Contrôle laitier Ouest : l’effet zone

Zone humide (très) tardif

humide précoce

intermé-diaire

moyen séchante précoce

trèsséchante

Nbre analyses 85 24 103 44 16

Matière sèche 32,4 32,3 34,3 35 37,2

Matière azotée 7,4 7,6 6,9 7 6,3

% cellulose 22 22,5 21,7 21,6 22,4

% amidon 32 31,9 31,9 30,9 29,5

UFL 0,91 0,9 0,9 0,91 0,89

PDIN 45 46 42 42 38

PDIE 67 66 66 67 65

UEL 0,98 0,99 0,97 0,96 0,96

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6 DÉCEMBRE 2009 - N° 40

Reproduction

n élevage bovin, la détec-tion des chaleurs est de plus en plus difficile, que

ce soit en races laitières ou à viande, sur les génisses comme sur les vaches. Au-delà de la mise en œuvre des bonnes pra-tiques de détection, l’efficacité des outils existants d’aide à la détection reste limitée.

Un essai en stationL’essai a été mis en place sur la ferme expérimentale de l’INRA à Avord, entre le 15 juin 2008 et le 2 octobre 2008, sur 36 génis-ses charolaises âgées de 15 à 16 mois élevées en cases collectives (3 cases).Le fonctionnement du système Heatime® (figure 1) est basé sur l’enregistrement en continu de l’activité individuelle des ani-maux, dans les trois dimensions de l’espace (notamment : haut-bas). Un algorithme compare l’activité moyenne de la femelle pendant les 8 dernières heures, à l’activité moyenne de cette femelle pendant les 10 derniers jours, et aussi à l’activité moyenne du troupeau pendant les 8 dernières heures. Au-delà d’un certain seuil de suractivité, la femelle est consi-dérée en chaleurs par Heatime® : une ampoule rouge située au-dessus du boîtier de l’unité centrale clignote, signalant la détection.Chaque femelle était équipée d’un collier portant l’électroni-que de détection, de traitement et de stockage des informations relatives à l’activité. Dans cha-que case, une antenne était fixée au-dessus de l’abreuvoir, de

façon à capter les informations des colliers à l’occasion de cha-que abreuvement. Les antennes étaient reliées à l’unité centrale, responsable de l’enregistrement et du traitement des données. La détection des chaleurs était réalisée par deux méthodes dis-tinctes, avec une notation effec-tuée sur un document de saisie propre à l’essai :

- la détection pratiquée habituellement par le personnel de l’INRA, au moyen d’un tau-reau vasectomisé, introduit matin et soir dans chaque case. Pour chaque détection par

le taureau étaient notés : la date, l’heure et les signes de chaleurs éventuellement observés ;- la détection par le système Heatime®. Le boîtier était obser-vé au moins 3 fois par jour. Lorsqu’un clignotement était observé, la date et l’heure de l’observation étaient notées.Après chaque détection par Heatime®, un prélèvement de sang était réalisé et expédié au laboratoire d’hormonologie de l’UNCEIA, afin de mesurer la progestéronémie.

Des résultats «à filtrer»Sur la base des enregistrements des détections et des valeurs de progestéronémie, la cyclicité de chaque génisse a été entièrement reconstituée.Sur l’ensemble des 36 génisses suivies, 169 chaleurs vraies ont ainsi été validées, correspondant à 133 cycles.La distribution des cycles des génisses est caractérisée par une moyenne à 20,5 jours, une média-ne à 20 jours, un minimum à 17 jours (2 cycles) et un maximum à 25 jours (un cycle). 98 % des cycles sont compris dans l’inter-valle [18-24] jours. Ces éléments sont conformes aux connaissan-ces acquises sur la cyclicité des génisses bovines.Dans un premier temps, les 151 détections effectuées par le tau-reau et les 186 détections par Heatime® sont comparées aux 169 chaleurs vraies, en consi-dérant chaque détection par Heatime® (clignotement suite à suractivité) comme étant une détection de chaleur. Les sensibilités (Se), spécificité (Sp), valeurs prédictives positive

DÉTECTION DES CHALEURS:

HEATIME® à l’essaiDepuis septembre 2007, un nouveau système de détection des chaleurs des femelles bovines, basé sur la mesure de l’activité, Heatime®, est proposé en France. Il est apparu utile d’en préciser les qualités en élevage bovin de viande, sur les génisses.

Dites-moi quelles sont

leurs atctivités...

Figure 1 : Présentation du système

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7DÉCEMBRE 2009 - N° 40

Jean-Michel Philipot - URCEO [email protected]

avec la participation de Daniel Krauss (INRA Avord), Pierre Paccard (Institut de l’Elevage), Julie Gatien (UNCEIA), Alain Chevallier (GENOE), Claire Ponsart (UNCEIA)

(VPP) et négative (VPN) sont res-pectivement :- détection par le taureau : 85,2 %, 94,7 %, 95,4 %, 83,4 % (tableau 1),- détection par Heatime® sans règle de décision : 85,2 %, 74,4 %, 80,9 %, 79,8 %.Utilisé uniquement sur la base du clignotement, Heatime® détecte les chaleurs des génis-ses aussi souvent que le taureau (85,2 % de chaleurs détectées). Cependant, il déclenche à tort une fois sur 5 (valeur prédictive positive : 79,8 %). Dans cet essai, ces détections à tort sont reliées à 2 évènements inhabituels et de courte durée : l’apport dans le râtelier, d’abord de foin, puis ultérieurement d’enrubannage. La suractivité des génisses lors de ces 2 évènements (déplacements vers le râtelier, fréquents mouve-ments de la tête) est interprétée par Heatime® comme étant due à des chaleurs.Il faut donc un «filtre» capable d’expurger les détections parasi-tes. Ce filtre, c’est l’examen de la courbe d’activité sur les 60 derniers jours (exemple en figure 2) : s’il y a eu une détection de chaleur 3 ou 6 semaines avant (± 3 jours), la génisse est considérée en chaleurs ; sinon, le clignote-ment n’est pas considéré comme une détection de chaleur. Avec cette règle de décision, parmi les 186 détections, seu-lement 114 sont considérées comme chaleurs. Les sensibilité (Se), spécificité (Sp), valeurs pré-dictives positive (VPP) et néga-tive (VPN) sont respectivement : 81,2 %, 95,6 %, 94,7 %, 83,8 % (tableau 2).

Aussi efficace qu’un taureauPour être efficace, le système doit être utilisé avec la règle de décision ci-dessus. Dans ces conditions, Heatime® détecte les chaleurs des génisses aussi effi-cacement qu’un taureau : 94,7 % des génisses considérées en cha-leurs, sont effectivement en cha-leurs (taureau : 95,4 %). Par ailleurs, la règle de décision étant basée sur la régularité des cycles, une génisse n’est jamais inséminée sur sa première cha-leur validée, mais au plus tôt sur sa deuxième. De ce fait, en conditions d’élevage des génis-ses, il est conseillé de mettre en place Heatime® deux mois avant l’âge de mise à la reproduction souhaité.

… et sur les vaches ?En France, près de 200 éleva-ges sont aujourd’hui équipés d’un système Heatime®, princi-palement pour la détection des chaleurs des vaches laitières. Le système donne satisfaction aux utilisateurs. Cependant, l’essai effectué sur les génisses présenté ici, montre l’intérêt de chercher à optimi-ser les conditions d’utilisation

du système. Plusieurs essais ont été ou sont effectués dans un cadre expérimental : un essai a été effectué sur le troupeau laitier Prim’Holstein de la ferme expérimentale de Derval (Loire-Atlantique), un autre sur les vaches charolaises de la ferme de l’INRA à Avord (Cher), et un troi-sième évalue la fonction activimè-tre sur les vaches Prim’Holstein de la ferme expérimentale de Trévarez (Finistère)

Un peu de vocabulaire

Sensibilité (Se) = pourcentage de chaleurs détectées par la méthodeSpécificité (Sp) = (nombre de périodes inter-chaleurs sans détection)/(nombre total de périodes inter-chaleurs)Valeur prédictive positive (VPP) = pourcentage de détections à bon escient = (nombre de chaleurs détectées par la méthode)/(nombre total de détections par la méthode)Valeur prédictive négative (VPN) = pourcentage de non-détections à bon escient = (nombre de périodes inter-chaleurs sans détection)/(nombre de chaleurs non détectées par la méthode)+(nombre de périodes inter-chaleurs sans détection)

En chaleurs

Oui Non Total

Taureau

Oui 144 7 151 VPP 95,4 %

Non 25 126 151 VPN 83,4 %

Total 169 133 302

Se Sp

85,2 % 94,7 %

Tableau 2 : Détection par Heatime (clignotement + règle de décision)

En chaleurs

Oui Non Total

Heatime +règle dedécison

Oui 108 6 114 VPPN 94,7 %

Non 25 129 154 VPN 83,8 %

Total 133 135 268

Se Sp

81,2 % 95,6 %

Tableau 1 : Détection par le taureau

Figure 2 : exemple de courbe d’activité (sortie graphique sur PC)

3 alertes de suractivité depuis 60 jours correspondent à une très bonne cyclicité

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8 DÉCEMBRE 2009 - N° 40

Noms régionaux

- En Haute-Bretagne -

Fagotë(e) (habillé-e)Fale (poitrine)Faluron (mamelle)Fanchette, Fanchon (Françoise)Fanchin (François)Fatume (temps lourd)Faraod(e) (coquet-te)Farin (bigorneau)Fenace (petit foin)Fenette, Fenoche (petit herbe)

Ferlée (glissade)Fernelle (étoffe)Ferrette, Ferrot (plaque sous la galettière)Ferzae (chouette effraie)Fezance (exploitation agricole)Fiance (fiançailles)Fichet(te) (poche de jupe)Fichu (châle)Fierouz(e) (dédaigneux)Fifine, Finette (Joséphine)

Fin (lutin)Foleyant(e) (extravagant-e)Fouraije (fourrage)Foulquet (écureuil)Fraodou(ze) (sorcier-e)Frezi (escarbille)Fricaod(e) (coquin-e)Frissonne (holstein)Fublle(e) (animal bouclé)Fuzet (longiligne)

Source : Régis Auffray « Le Petit Matao : motier galo-françoez » Rue des Scribes éditions, 2007, 999 pages

- Anvioù brezhonek -

Fall (mauvais-e, méchant-e)

Falz (faucille)

Faro (bien mis-e, content-e de soi)

Farouell (boufon)

Fest (fête)

Fest-noz (fête de nuit)

Fetis (épais-se, dense, compact-e)

Feuls (fougueu-se, farouche, violent-e)

Feunteun (fontaine)

Feur (fourrure)

Fich (bien habillé-e, parure)

Fichfich (frétillant-e)

Fifil (agitation, frétillement, mouvement)

Figus (délicat-e)

Fistilh (babil, bavardage)

Flamm (ardent-e, éclatant-e, brillant-e)

Flamm (flamme)

Flap (bavardage)

Flip (lobe de l’oreille)

Flour (doux, tendre, agréable)

Flouradenn (caresse)

Flugach (balivernes)

Fo (ardeur)

Foenn (foin)

Fonnus (abondant-e, avantageux-se)

Framm (charpente)

Frammet (charpenté-e)

Frankiz (liberté)

Fri (nez, museau)

Friant (sensuel-le, voluptueu-se)

Frond (odeur, parfum)

Fronell (narine, naseau)

Froudenn (caprice)

Fur (sage)

Furlukin (boufon, baladin)

Furnez (sagesse)

Les noms de lieu sont possibles comme :Faouët, Folgoët, Fougères, Finistère, Fréhel, Faou

Lettre initiale pour les veaux nés en 2010Lettre F pour toutes les races

En 2010, les animaux d’élevage porteront comme première lettre le « F ». « Facile à Faire ! »

Identification bovine

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9DÉCEMBRE 2009 - N° 40

Michel Grasset – Chambres d’agriculture de [email protected]

onfronté à la baisse du prix du litre de lait, chaque éleveur doit se

fixer un objectif d’équilibre éco-nomique à atteindre et mettre en œuvre les solutions techniques pour s’adapter.Elles résident avant tout dans la valorisation de vos atouts. Parcellaire, troupeau, alimentation, bâtiment, mécanisa-tion autant d’éléments à analyser précisément pour en dégager les possibilités de valorisation. De plus, un audit de l’exploitation permet de dégager les voies d’adaptation possibles. Là aussi ce sont des atouts à valoriser pleinement.

Choisir ses solutionsMise au point au niveau régio-nal, Avenir Lait est une méthode simple de construction de pro-jet d’exploitation. Elle part de vos questions sur l’avenir de votre exploitation. Parmi celles qui reviennent le plus souvent : comment faire face à la baisse du prix, comment maintenir le revenu, comment faire face aux annuités, puis-je investir sans me fragiliser, comment simplifier le travail pour faire face… ?Ensuite, nous recensons avec vous, tous les atouts de votre exploitation, y compris les mar-ges de progrès. Et à partir de ces atouts, nous élaborons avec vous les différentes solutions techni-ques possibles pouvant répondre aux questions essentielles d’ave-nir de votre exploitation.Enfin, après un temps de réflexion, vous déterminez votre choix de solutions et nous élabo-

rons ensemble votre plan d’ac-tions pour les mois à venir et les prochaines années.Gage de sécurité, Avenir Lait vous permet ainsi de clarifier l’avenir de votre exploitation en toute sérénité.

2009-2010 constitue une période cruciale d’adaptation pour tou-tes les exploitations laitières. Les solutions sont toujours nom-breuses. Leurs mises en œuvre dépendent

de votre stratégie et de votre volonté

AVENIR LAIT

Pour consolider votre exploitationFace aux nombreuses incertitudes générées par le nouveau contexte, assurer le revenu constitue l’objectif prioritaire. De nombreuses solutions existent. A court terme pour gérer la trésorerie, à moyen terme pour consolider votre exploitation. Avenir lait vous y aidera.

Economie

Un nouveau regard pour de nouvelles perspectives

Notre démarche Avenir LaitConcrètement, Avenir Lait est réalisé par un conseiller spécialisé avec deux visites :- une visite «Tour d’exploitation» pour recenser vos atouts et identifier les

solutions d’adaptation possibles- une visite «Projet» pour élaborer votre projet, pour faire face aux besoins immédiats

de trésorerie et établir un plan d’actions pour assurer à partir de vos choix techniques l’équilibre économique pour les prochaines années

L’ensemble de la démarche avec votre projet et votre tableau de bord est formalisée dans le document synthétique « Avenir Lait ». Il vous servira de guide pour bien conduire votre exploitation.

Pour bénéficier de l’action avenir lait, merci de contacter

Côtes d’Armor : 02.96.79.21.77 - mail : [email protected]

Finistère : 02.98.88.97.33 – mail : [email protected]

Ille et Vilaine : 02.23.48.26.80 – mail : [email protected]

Morbihan : Antennes Chambre d’agriculture du Morbihan :- Pontivy : 02.97.28.31.30 - Hennebont : 02.97.36.13.33- Vannes : 02.97.46.22.10 - Ploërmel : 02.97.74.00.60- Le Faouët : 02.97.23.03.55 - Questembert : 02.97.26.60.06

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10 DÉCEMBRE 2009 - N° 40

Economie

DANS UN ÉLEVAGE DU FINISTÈRE

Bien gérer sa production laitière et son assolementPhilippe Sinquin exploite seul une exploitation de 60 ha et 425 000 litres de lait. Il cherche à combiner l’efficacité dans le travail et de bonnes performances technico-économiques. Cette optimisation est possible grâce à une gestion rigoureuse de l’herbe et notamment grâce à une accessibilité importante des pâtures associée à un bon niveau génétique du troupeau. A ces éléments, s’intègrent 3 ha de céréales qui rentrent dans la gestion des rotations.

hilippe Sinquin fait partie du réseau d’éle-vages bretons suivi par

les Chambres d’agriculture de Bretagne. Il s’est installé en 1994 sur l’exploitation familiale sur la commune de Scaër. Aujourd’hui, il exploite seul 60 ha et dis-pose d’une référence laitière de 425 000 litres de lait à 41‰ de MG. En plus des 18,5 ha de maïs ensilage et des 38,5 ha d’herbe, Philippe cultive 3 ha de céréa-les. Les céréales rentrent dans la rotation juste pour renouveler le RGA-TB. Depuis un certain nom-bre d’années, Philippe s’est porté sur l’optimisation des conduites animales et végétales tout en maîtrisant les investissements pour dégager le meilleur revenu possible. Même si Philippe est limité par son nom-bre de places en bâti-ment, il ne souhaite pas investir dans une étable neuve. Il ne souhaite pas dépas-ser 55 vaches pour être en règle avec son autorisation d’effectif. C’est pour cette rai-son qu’il s’est engagé dans une conduite animale intensive tout en atteignant un bon niveau technico-économique, ce qui lui a permis d’être récompensé aux sabots d’or pour ses bons résul-tats. Sur la campagne 2008, l’ex-ploitation a dégagé un EBE de 220 € pour 1 000 l (48 % du pro-duit), grâce notamment à un coût alimentaire très bien maîtrisé de 60 € pour 1 000 l de lait. Les

vaches ont produit en moyen-ne 10 200 kg de lait brut avec moins de 1 300 kg de concentrés.

L’objectif est d’arriver à 115 g de concentrés par litre de lait pour une moyenne à 10 000 l. C’est un résultat qu’il a déjà obtenu les années antérieures. Ces résul-tats illustrent bien à la fois le potentiel géné-tique du troupeau et

la rigueur dans la conduite d’éle-vage, la maîtrise du coût alimen-taire et le rythme de production globale tout au long de la campa-gne. «Ce système ne s’est pas mis en place du jour au lendemain, ça s’est fait progressivement avec la complicité de mon contrôleur lai-tier Hervé Le Menn avec qui j’ai une très bonne complémentarité dans mes choix et mes prises de décisions» souligne l’éleveur.

Pâturer 11 mois sur 12 avec des VL à 10 000L’exploitation dispose de 60 ha «d’un seul tenant». Le parcel-laire est coupé en deux par l’axe Coray-Scaër ce qui ne facilite pas l’accessibilité au pâturage. Cependant, Philippe ne se fixe pas de limites et s’organise en conséquence : «Mes vaches peu-vent pâturer l’ensemble des sur-faces». Philippe fait pâturer de février à décembre. La saison de pâturage démarre le plus souvent par les RGI sous couvert de maïs. Sa priorité est de faire consommer aux vaches laitières un maximum de fourrages de qualité : pâturage et maïs qu’il distribue toute l’an-née. Ainsi, selon les périodes de l’année et le niveau de pousse de l’herbe, Philippe fait varier

Philippe Sinquin a su adapter son système pour atteindre des performances technico-économiques d’un bon niveau.

Intensif économe

pour réduire l’astreinte et dégager du

revenu

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11DÉCEMBRE 2009 - N° 40

Thomas Rocuet – Chambres d’agriculture de [email protected]

les quantités de maïs distribuées pour descendre à 3 kg de matière sèche en forte période de pousse de l’herbe. Dans un souci de sim-plification du travail, l’ensemble des vaches sont complémentées au DAC. En hiver, les plus for-tes productrices peuvent rece-voir jusqu’à 7 kg de concentrés. En ce qui concerne le pâturage, il tourne sur des cycles de 20 jours environ. Son objectif est de rentrer sur des paddocks d’une hauteur de 7-8 cm et de les sortir selon les périodes à une hauteur de 4-5 cm suivant les saisons. En moyenne les vaches font entre 3 et 4 repas par paddock. Philippe fait le tour régulièrement de ses surfaces pour aller faire pâturer les paddocks les plus adaptés à son objectif de production. Il se peut également que les vaches aillent pâturer les prairies per-manentes s’il juge la repousse intéressante. Ce pâturage per-mettra de maintenir le niveau de production, sans les raser de trop pour ne pas pénaliser l’ingestion.Les refus ne sont jamais fauchés. Ce sont les génisses et les taries qui en plus de leurs surfaces attribuées se chargent de les net-toyer.D’une manière générale, Philippe veut garder 38,5 ha d’herbe dont 15,5 ha de prairies permanentes. Tous les 7 ans, il renouvelle 2 à 3,5 ha de RGA-TB, son objectif

étant de les garder en place envi-ron 7 années. Sur les parcelles les plus proches de l’exploita-tion, le cycle de rotation se fait de la manière suivante : RGA-TB, Maïs, Céréales. Les autres surfaces en maïs sont recondui-tes 3-4 années. Selon l’éleveur, l’idéal serait d’avoir 3 cultures intercalaires. Cependant, il favo-rise avant tout la proximité pour la gestion du troupeau laitier. L’objectif de Philippe est de faire 200 tonnes de maïs-ensilage à l’année pour nourrir les animaux. S’il reste du maïs il peut être récolté en grain. Sur les parcelles

les plus éloignées, il implante plus facilement du RGI. Ces parcelles jouent plus un rôle tampon pour faire éventuellement du foin, de l’ensilage ou du pâturage.Philippe s’attache donc à bien valoriser les potentiels des diffé-rentes parcelles de l’exploitation et bien optimiser les productions fourragères réalisées. Les céréales permettent d’assurer en partie les besoins en paille et une part des concentrés pour les génisses.

«Ne pas se laisser déborder par le travail»Philippe s’attache particulière-ment à bien organiser son travail et déteste se laisser déborder. Pour des raisons d’efficacité, il cherche vraiment à anticiper les tâches à réaliser. Ainsi, il fait assez vite appel à l’entreprise pour le fumier, une partie du lisier, les labours, les semis des céréales et la moisson. Il porte également beaucoup d’at-tention à sa vie familiale. Chaque année, il s’oblige à prendre deux semaines de vacances : une l’hi-ver et une l’été et ponctuellement quelques week-ends. Dans ce cas, il se fait remplacer par d’an-ciens stagiaires ou par le service de remplacement

Les vaches pâturent de Février à Décembre

Même si le parcellaire est coupé en deux, Philippe fait pâturer ses vaches sur l’ensemble des surfaces

Témoignage

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12 DÉCEMBRE 2009 - N° 40

Environnement

’Institut de l’Elevage a lancé un programme de travail visant à détermi-

ner l’empreinte carbone du lait et de la viande bovine jusqu’au portail de l’exploitation. Dans ce cadre, une méthodologie nom-mée GES’TIM a été construite en partenariat avec les instituts techniques animaux et végétaux afin d’apprécier l’ensemble des postes émetteurs de méthane, de protoxyde d’azote et de gaz carbonique à l’échelle de l’ex-ploitation. Les postes d’émission sur une exploitation d’élevage sont regroupés en trois sources principales de gaz à effet de serre (l’activité d’élevage, le sol et la

consommation d’énergie fossile), auxquelles est ajoutée la partie relative au stockage de carbone.

Gaz à effet de serre en élevage bovinL’activité d’élevage couvre les émissions de méthane et de pro-toxyde d’azote liées à l’ensemble des ani-maux présents dans l’atelier animal. Il s’agit des émissions associées à la fer-mentation entérique et à la gestion des déjections qu’elles soient resti-tuées à la pâture ou en bâtiment,

stockées puis épandues sur les cultures et les prairies. Le sol produit naturellement du protoxyde d’azote lors des réactions de nitrification et de dénitrification. L’un des facteurs qui influence la formation de protoxyde d’azote est la quantité

d’azote présente dans le sol suite à des apports d’engrais organique ou de synthèse.La consommation d’éner-gie sur une exploitation d’élevage est composée des énergies directes et

indirectes responsables d’émis-sion de gaz carbonique. L’énergie directe est consommée sur l’ate-lier d’élevage. Elle comprend généralement le fioul pour les cultures et les pratiques d’élevage, ainsi que l’électricité. L’énergie indirecte regroupe les énergies consommées en amont de l’ex-ploitation, lors de la fabrication et du transport des intrants tels que les engrais, les aliments du bétail, les produits phytosanitai-res, les semences, la fabrication du matériel et des bâtiments.L’élevage bovin est généralement associé à des surfaces en herbe et à des haies qui constituent un potentiel de stockage de car-bone dans le sol. La végétation synthétise de la matière orga-nique à partir du gaz carboni-que prélevé dans l’atmosphère, grâce à la photosynthèse. Une fraction importante de cette bio-masse (feuilles, racines..) et de ces résidus est incorporée au sol et alimente le pool organique. Le

L’EMPREINTE CARBONE DU LAIT ET DE LA VIANDE BOVINE

Premières bases pour l’étiquetage environnementalLe Grenelle de l’Environnement ambitionne l’affichage des impacts environnementaux des produits alimentaires à l’échéance de janvier 2011. L’agriculture, et notamment l’élevage, doit pour cela faire le bilan de son impact sur l’environnement, plus particulièrement en matière d’émissions de gaz à effet de serre au travers de l’empreinte carbone.

Les pâtures et les haies stockent le

carbone

La prairie : une compensation des émissions de gaz à effet de serre comprise entre 5 et 50 % selon les systèmes

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13DÉCEMBRE 2009 - N° 40

Agriculture et environnement

ZOOM SUR

Jean-Baptiste Dollé – Institut de l’[email protected]

stockage de carbone associé au système de production intervient ainsi comme un phénomène de compensation aux émissions de gaz à effet de serre.Pour cumuler les émissions de gaz à effet de serre et consi-dérer la compensation permise par le stockage de carbone sous prairies, nous utilisons une unité commune qui est l’équivalent CO2 (noté eq-CO2), fixé à 1 pour le gaz carbonique, 25 pour le méthane et 298 pour le pro-toxyde d’azote. Ainsi l’empreinte carbone est exprimée en kg eq CO2/kg lait ou en kg eq CO2/kg viande vive.

L’empreinte carbone du lait et de la viande bovineLa quantification de l’impact environnemental gaz à effet de serre sur des systèmes de pro-duction nationaux a porté sur les émissions nettes après prise en compte du stockage de carbone sous les prairies et les haies. Dans les systèmes de production lai-tière, l’évaluation met en éviden-ce une empreinte carbone nette comprise entre 0,65 et 0,80 kg eq CO2/kg lait selon les systèmes. Compte tenu des incertitudes qui accompagnent ces évaluations, nous pouvons considérer que les empreintes carbone sont relati-vement proches d’un système laitier à l’autre et indépendantes

de la production laitière indivi-duelle, si l’on comptabilise l’en-semble des émissions ainsi que le stockage de carbone.L’empreinte carbone nette d’un atelier d’engraissement de tau-rillons issus de troupeaux allai-tants oscille entre 6,4 et 9,7 kg eq CO2/kg de viande vive. La prise en compte du stockage de carbo-ne sous les prairies, conjuguée à une plus faible intensification du système de production, se traduit par une empreinte carbone nette plus faible comparativement aux systèmes plus intensifs. L’essentiel des émissions est lié à la fermentation entérique qui est responsable de 50 % de l’empreinte carbone au portail de la ferme (figure). Les émis-sions liées aux sols (16 %) et aux consommations d’énergie (14 %) sont plus faibles. Le stockage de carbone sous prairies intervient comme un phénomène de com-pensation très différent selon les systèmes de production. Il est très faible, inférieur à 5 %, dans les systèmes laitiers avec cultu-res fourragères importantes où la part de maïs est proche de 40 %. Il représente jusqu’à 30 % des émissions globales dans les systè-mes laitiers herbagers et jusqu’à 50 % dans les systèmes bovins allaitants 100 % herbe. Au-delà de la seule quantification, ces travaux permettent également de hiérarchiser les différents pos-tes d’émission et d’identifier les

pistes de réduction (réduction du méthane entérique, augmenta-tion du pâturage, utilisation de légumineuses fourragères, dimi-nution des intrants, réduction de la consommation énergétique,…) des émissions de gaz à effet de serre à l’échelle d’un système de production.

L’empreinte carbone et étiquetageL’objectif de l’étiquetage environ-nemental des produits de grande consommation est de proposer au consommateur une meilleure photographie environnementale des produits commercialisés à l’aide d’un nombre d’indicateurs restreints. L’empreinte carbone, indicateur des émissions de gaz à effet de serre incontournable au regard des enjeux climatiques, sera l’un des indicateurs retenus. Au travers des données présen-tées plus haut, ce travail constitue une des premières étapes à l’éva-luation de l’empreinte carbone des produits issus des filières bovines. Toutefois, l’empreinte carbone ne constituera pas le seul indicateur de l’étiquetage environnemental. La sélection d’autres indicateurs environne-mentaux doit permettre la mise en valeur des produits issus de pratiques respectueuses de l’en-vironnement. La biodiversité, reconnue comme un enjeu envi-ronnemental important, consti-tue l’un des indicateurs potentiels qui pourra être retenu dans ce cadre. L’année 2010 sera donc consacrée aux choix de ces indi-cateurs les plus pertinents (bio-diversité, eutrophisation, eau…) et au calage méthodologique de l’évaluation de l’empreinte envi-ronnementale des différents pro-duits

Part des différents postes d’émission de gaz à effet de serre au portail de l’exploitation

70%

16%

14%

Activités d'élevage

Sols

Consommations d'énergie

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14 DÉCEMBRE 2009 - N° 40

BASSINS VERSANTS CONTENTIEUX

Une adaptation difficile mais réelleEn juillet 2007, un arrêté obligeait les exploitations présentes sur les bassins versants en contentieux à réduire d’un quart à un tiers leurs apports azotés sur les cultures. Après deux années d’application, les premières indications sur les adaptations réalisées par les exploitations des bassins versants suivis par Bretagne Contrôle Laitier Ouest permettent de tirer les premiers enseignements.

Contrôle Laitier

es données de 395 éle-vages, présents sur les bassins versants conten-

tieux des Côtes d’Armor et du Finistère, permettent de compa-rer les années culturales 2006 à 2009. Seules ont été retenues dans le suivi, les exploitations ayant au moins 80 % de leurs surfaces sur le bassin versant en contentieux. Les critè-res retenus pour l’étu-de sont l’évolution de la SAU (Surface Agricole Utile), de la SFP (Surface Fourragère Principale), des effectifs, des assolements, le rendement des fourrages et des quantités d’azote épandu par

ha. L’objectif de cette étude est d’avoir une image des évolutions de pratiques au bout de 2 ans. Elle ne permet pas d’évaluer les diffi-cultés rencontrées par les agricul-teurs ni de mesurer l’impact réel

de ces modifications sur l’environnement ou encore les conséquen-ces économiques pour chaque exploitation.Dans l’échantillon, 85 % des élevages doi-vent respecter le seuil

des 160 unités d’azote total par ha de SAU (élevages bovins spé-cialisés) et 15 % celui des 140 unités (élevages mixtes produi-sant des bovins et du hors sol).

Une évolution des structures identiques quels que soient les secteursEn 2 ans, la surface moyenne des élevages des 2 départe-ments concernés est passée de 69 à 74,1 ha. Sur les bassins versants, les structures évoluent en moyenne dans le même sens (+ 5,6 ha). Cependant, des écarts individuels peuvent bien sûr être observés entre exploitations, voire entre les 8 bassins versants. Les effectifs ont évolué de 44,8 à 50,6 vaches pour les dépar-tements et de 43,4 à 49 sur les bassins versants. Cette tendance découle du contexte économique des années de référence citées. Elle reste à confirmer sur les pro-chaines campagnes. L’évolution de la surface fourragère est plus importante sur les bassins ver-sants : 14 % d’augmentation, pour 9 % en moyenne dans les autres élevages.

Herbe stable et maïs en progressionPour les exploitations soumises au respect des 160 unités, les surfaces de maïs semées passent de 20 à 24 ha (soit 20 % d’aug-mentation) et les prairies de 25 à 26 ha (soit 4 % d’augmentation). Pour les élevages soumis à la règle des 140 unités d’azote par ha de SAU, les surfaces de maïs augmentent de 32 à 37 ha (soit 15,6 % d’augmentation), la sur-face en prairie ne bouge pas (20 ha). La priorité pour les élevages laitiers a été d’assurer les quan-

Des apports azotés réduits

sur les cultures

La préoccupation principale dans un BV contentieux est la production de suffi samment de fourrage pour nourrir les animaux, ce qui impique de maîtriser les mélanges graminées légumineuses et la culture du maïs avec une quantité d’azote limitée

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15DÉCEMBRE 2009 - N° 40

Anne Prigent - Cécile Jadé – Bretagne Contrôle [email protected]

[email protected]

tités de fourrages produits sur l’exploitation en anticipant une éventuelle baisse de rendement.

Un tiers d’engrais minéraux apportés en moinsLes élevages soumis aux seuils des 140 ou 160 unités d’azote, ont une charge organique sta-ble à 120 unités par ha de SDN (Surface Directive Nitrates). La mise en place de la réglementa-tion BV Contentieux n’a donc pas remis en cause les plans d’épan-dage existants. La SDN est plus élevée en moyenne en exploi-tation spécialisée bovins qu’en mixte, du fait de la plus forte pro-portion de parcelles pâturées. La pression organique/ha SAU des exploitations soumises au seuil des 140 est donc plus faible que celles des exploitations soumises au seuil des 160. La quantité d’engrais miné-ral apportée sur les cultures a, quant à elle, fortement diminué : 61 kg/ha apportés en moyenne

en 2006 contre 43 kg/ha en 2008 (29,5 % de baisse) pour les éle-vages soumis au seuil des 160 et passage de 64 à 40 kg/ha (37,5% de baisse) pour les élevages sou-mis au seuil 140.

Plus de déjections sur céréalesMoins d’engrais minéraux entraî-ne un épandage des déjections sur plus de surfaces. Les céréales ont bénéficié de cet étalement. En 2008, les exploitations sou-mises au seuil des 160 unités d’azote ont fertilisé 16 % de la surface en céréales avec des déjections animales, contre 8 % en 2007. Les exploitations sou-mises au seuil des 140 unités ont apporté des déjections sur 32 % des céréales en 2008, contre 22 % en 2007. Le maïs a aussi tout particulièrement bénéficié de ce changement de pratiques avec davantage d’exploitants gérant la culture uniquement avec des déjections animales. 40 % des exploitations mixtes n’ont en effet pas utilisé d’engrais minéral

sur maïs en 2008 contre seule-ment 19 % en 2006. Pour les exploitations bovins spécialisées, ce pourcentage passe de 18 à 25 %. Sur herbe, les impasses en azote minéral sont moins nom-breuses : passage de 3 à 11% en exploitations bovins spécialisées, et maintien à moins de 6 % pour les exploitations mixtes sur la période.

Un rendement maïs en baisseLes conséquences de ces nouvel-les pratiques en terme de ren-dements nous sont données par les résultats des bilans annuels. Les rendements herbe à l’hectare s’améliorent en passant de 5,7 tonnes à 6 tonnes. Cette légè-re augmentation s’explique en grande partie par une meilleure utilisation des parcelles en herbe avec un effet légumineuse un peu plus marqué et, surtout, par une gestion plus rigoureuse des hauteurs d’entrée et de sortie des parcelles pour limiter les refus. Cependant, nous constatons un

Cette étude a été réalisée par Céline Jacob, dans le cadre de la licence professionnelle «Métier du Conseil en Élevage» de l’IUT de Brest

Tableau : Critères techniques et économiques (Bretagne Contrôle Laitier)

Moyenne29 + 22

2006/2007

Moyenne29 + 22

2008/2009

Moyenne des 395 élevages avant mesu-res bassins versants

2006/2007

Moyenne des 395 élevages en bassin

versants contentieux2008/2009

SAU 69 74,1 64 69,6

SFP (ha consommés) 47 51,2 41,5 47,2

Nombre moyen VL 44,8 50,6 43,4 49

Nombre total UGB 74 81,6 68,5 75

Chargement UGB/ha de SFP 1,57 1,6 1,66 1,66

Rendement maïs (T MS) 12,5 12,1 13 11,7

Rendements herbe (T MS) 5,9 6,5 5,7 5,99

Surface en cultures de vente+jachères 23,3 22,5 23,8 21

Moyenne d’étable lait brut (kg) 7 848 7 646 7 870 7 828

% maïs consommé/SFP 38,5 39,5 44,2 45

Témoignage

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16 DÉCEMBRE 2009 - N° 40

tassement du rendement maïs plus marqué sur les exploitations étudiées (de 13 tonnes en 2006 à 11,7 tonnes en 2008), les ren-dements des exploitations des départements variant peu. Ces résultats restent à affiner au fil des années. En effet, il est trop tôt pour évaluer les arrières-effets des apports antérieurs et la variabilité liée aux conditions météorologiques de l’année. Les décisions de 2007 ont engen-dré stress et inquiétude dans les territoires en contentieux. Elles

ont imposé des adaptations contraignantes plus ou moins marquées suivant les systèmes et le pourcentage de terres concer-nées par le BV. Deux ans plus tard, les efforts sont réels mais l’inquiétude est toujours présente par manque de lisibilité sur les conséquences à moyen terme. Les exploitants ont fait des efforts pour s’adapter rapidement, car ils n’ont pas eu de temps pour modi-fier en profondeur les assole-ments. L’implantation de mélange graminées-légumineuses ne peut

se faire que sur plusieurs années, l’apprentissage de la gestion de ces parcelles également. Un tra-vail reste encore à réaliser pour pérenniser les rendements et la production fourragère, moteur de l’exploitation laitière

Contrôle Laitier

Suite à la mise en œuvre de la réglementation bassin versant en contentieux sur l’Aber Wrac’h, Alain témoigne, entre expérience réussie et interrogations sur l’avenir. «Je suis producteur laitier spécialisé avec 50 vaches laitières plus la suite sur 57 ha dont 54 ha sur le bassin versant de l’Aber Wrac’h. La structure de mon exploitation a évolué ces dernières années avec reprise de terres ; mon chep-tel a augmenté en conséquence. Ces nouvelles surfaces m’ont permis de gérer mon assolement de manière plus souple et sans doute d’être un peu moins exigeant quant au niveau de production des surfaces fourragères.La mise en place de la réglementation bassin versant en contentieux a été pour moi l’occasion de repenser certains choix, en particulier en terme d’assolement. Sur la période hivernale, les génisses sont en libre-service avec de l’ensilage d’herbe exclusivement. De ce fait, j’exploitais des parcelles d’herbe fauchée en mélange Ray-Grass trèfle mais mon mode de conduite ne me permettait pas d’en tirer le meilleur parti. Le trèfle disparaissait progressivement et je compensais par l’apport d’azote minéral. Aujourd’hui j’ai ensemencé 10 ha d’un mélange complexe RGH, trèfle violet-luzerne. J’en suis pleinement satisfait : plus aucun apport d’azote, pas de produits phytosanitaires et les rendements sont là avec une qualité de fourrage inté-ressante. Ce genre d’association m’a permis d’économiser de l’azote minéral et ainsi de baisser la pression azotée globale de mon exploitation. Bien sûr, cela ne suffit pas à passer sous le seuil des 160 uN/ha SAU. Ma situation initiale étant de 186 u N orga-nique + minéral/ha SAU avant l’obligation réglementaire, il m’a fallu réduire globalement mes apports d’azote sur tou-tes les cultures. J’ai baissé les apports d’ammonitrate sur céréales de 15 uN/ha et sur maïs, je suis passé d’environ 90 uN efficace/ha à 65 en réduisant l’engrais starter et les apports de déjections. Pour compenser ces diminutions et sécuriser mon système fourrager j’ai implanté environ 2 ha de maïs supplémentaires.Jusqu’à présent je n’ai pas constaté de chute de rende-ments quelle que soit la culture et mon niveau d’étable reste stable à 9 000 l de lait/vache, mais je reste vigilant. Il est sans doute trop tôt aujourd’hui pour mesurer tous les impacts de ces évolutions de pratiques. Je continue à travailler sur les rotations. J’ai un parcellaire groupé qui me permet d’inclure de l’herbe dans presque toutes les rotations. Je peux donc profiter du stockage d’azote par les prairies pour le maïs. Et surtout, je ne néglige pas les apports d’amendements calcaires, le moteur du sol restant le pH. Il faut l’entretenir pour avoir un bon fonctionnement du sol sans quoi les apports azotés ne joueront pas com-plètement leur rôle et la minéralisation du sol ne sera pas optimisée»

Alain Caër de l’EARL de Kergreac’h à Ploudaniel a fait évoluer ses pratiques depuis 3 ans

Alain Caër (à droite) et son conseiller agronomie BCLO René Le Guen

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17DÉCEMBRE 2009 - N° 40

Alimentation-ConduiteJanvier • Alimentation des vaches laitières à l’auge mobile • Février-mars • Gestion de la fin de la campagne laitière • Se ménager 5 à 9 mois sans vêlage • Juin • Le libre service à l’auge • Juillet-août • Du lait produit avec un tourteau maison • Biocarburant et tourteau fermier en Bretagne • Veaux et génissent utilisent bien les tourteaux fermiers • Produire son correcteur azoté en pressant du colza • Intérêt économique du pressage à la ferme • Octobre • L’herbe d’automne : un atout à valoriser • Les critères du bulletin d’analyse maïs • Urée alimentaire et réglementation • Nouvelles règles d’étiquetages des aliments • Décembre • Intérêts et limites de l’affouragement en vert • Expérimentations analytiques et systèmes à Trévarez • Essai culture dérobée à Trévarez • Allonger les lactations : à Trévarez un vêlage tous les 18 mois • Intervalle entre vêlages : plus de 15 mois pour 90 000 vaches laitières bretonnes • Valeurs des maïs 2009 • Observatoire du maïs de Bretagne Contrôle laitier - Ouest

Bâtiments-EquipementsJanvier • Le Libre service à l’auge en Bretagne • Contention des génisses : bâtiments, circulation • Avril • A Mauron, 3 parcs de contention différents • Mai • Robot de traite à Derval : trois voies pour faire circuler les vaches au pâturages • Juin • La recherche appliquée bâtiment en Bretagne • Batiments vaches laitières : des écarts de prix importants • Subventions PMBE nouveauté 2009 en Bretagne • Guide pratique de l’éleveur : stratégies bâtiment mécanisation • La sécurité dans les bâtiments d’élevage • Témoignages : des niches pour vaches laitières • Dossier : installer un robot de traite dans une stabulation • Résultats techniques des élevages avec robot de traite • Station de Mauron : la nurserie des veaux • Octobre • La mise en place d’un chemin : cas concret • Pour réussir un chemin • Traite robotisée et pâturage en Suède • Décembre • Parc stabilisé d’hivernage : une expérience française • Parc stabilisé d’hivernage : conception et fonctionnement • Matelas en logettes et nouveaux DAC à Trévarez

Découverte - InternationalMai • Forte baisse de revenu pour les producteurs de lait aux Pays-Bas en 2008 • Vers un arrêt de l’utilisation de la BST aux USA • Juin • Parc Stabilisé d’Hivernage, rencontre européenne de Trévarez • Novembre • L’atout européen de la filière veaux de boucherie • Décembre • Dairyman : un projet européen sur l’élevage et l’environnement

Economie - ConjonctureJanvier • Répondre aux besoins de la filière bio en Bretagne • Février-mars • Accélaration et freinage dans les élevages • Dans un contexte instable : faire des choix stratégiques ? • Mai • Campagne laitière 2007-2008 : de bons résultats, mais les écarts s’amplifient entre exploitations • Campagne laitière 2007-2008 : les conduites font la différence • Revenu 2009-2010 : attention au coût alimentaire • Perspectives 2015 : éleveurs laitiers d’Ille et Vilaine • Perspectives 2015 : éleveurs lait+porc du Finistère • Transmettre son exploitation… y penser avant • Juillet-août • Bien piloter pour passer les turbulences • Charges opérationnelles : l’herbe paturée toujours d’actualité… • Ajuster sa trésorerie • Pressage à la ferme : une démarche personnelle • Résultats du bilan de campagne contrôle laitier 2008-2009 • Octobre • Dépenses de production et lait • Le conseil stratégique • Le coût alimentaire chez les adhérents du contrôle laitier • Décembre • Avenir Lait • Bien gérer sa production laitière et son assolement

Environnement - EnergieJanvier • Produire du biogaz en élevage bovins • Installations classées «Etes-vous concernés ?» • Février-mars • Le capital bocager de Trévarez • Juillet-août • Pressage à la ferme, mode d’emploi • Les tracteurs qui fonctionnent à l’huile • Le pressage à la ferme est bon pour la planète • Décembre • Dairyman : deux systèmes laitiers étudiés à Trévarez • Empreinte carbone du lait et de la viande : étiquetage environnemental • Bassins Versants contentieux : une adaptation difficile mais réelle

CAP ELEVAGE

Le sommaire 2009Chaque article de Cap Elevage est écrit par un expert. Vous disposez ainsi d’une véritable Chaque article de Cap Elevage est écrit par un expert. Vous disposez ainsi d’une véritable encyclopédie technique permanente. Pour vous aider dans le classement de vos anciens numéros, encyclopédie technique permanente. Pour vous aider dans le classement de vos anciens numéros, voici le sommaire 2009 présenté par rubrique. Il vous permettra de retrouver facilement l’un des voici le sommaire 2009 présenté par rubrique. Il vous permettra de retrouver facilement l’un des 161 articles écrits cette année.161 articles écrits cette année.

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18 DÉCEMBRE 2009 - N° 40

FourragesJanvier • Valeurs des ensilages de maïs 2008 • Un essai prairie de fauche à Mauron • Février-mars • La valeur de l’herbe dans le Morbihan • Demain, quel ensilage de maïs pour nos troupeaux ? • Analyse des pratiques de pâturages des adhérents au contrôle laitier • Avril • Gestion des fauches et de la récolte de l’herbe • Mai • Station de Trévarez : valorisation de l’herbe • Juillet-août • Les alternatives fourragères en zones sèches bretonnes • Dactyle et Ray-Grass d’Italie complètent le Ray-Grass Anglais • Pallier au manque d’herbe estival en groupant les vêlages • Fauche de l’herbe précoce, qualité et repousse assurée • S’adapter aux périodes sèches en prenant en compte le potentiel des parcelles • Ration sèche fermière et sorgho grain sucrier • A retenir du salon de l’herbe de Nouvoitou … • Prairies de fauche de Trévarez : la Biodiversité à l’essai • Novembre • Les ressources fourragères pâturables l’hiver • A Mauron, couverts végétaux ou dérobées

Qualité des produitsJanvier • Traquer l’origine des Butyriques • Février-mars • Aborder un contrôle administratif avec sérénité • Tirer Bénéfice des démarches Qualité : l’expérience d’éleveurs pilotes • Mai • Matières grasses du lait : l’herbe améliore la qualité nutritionnelle des laits • Septembre • Traite et qualité du lait

RenouvellementMai • Faire une belle et bonne vache • Le bon développement des génisses : des points de repère avec le tour de poitrine • Allaitement des veaux au lait fermenté : du nouveau ! • Octobre • Veaux d’élevage : le plan d’allaitement constant est confirmé • Des repères de rationnement de maïs ensilage pour les génisses laitières • Des veaux plus développés à l’âge de 6 mois à Trévarez • Novembre • Le vélage précoce en élevage

Santé - ReproductionFévrier-mars • Analyser la situation mammites leucocytes de son élevage (4 pages joint) • Juin • Courants parasites : une implication relative sur la santé des bovins • Septembre • La santé un équilibre • Organiser la biosécurité • Faites votre autodiagnostic • Le partenariat entre éleveur et vétérinaire • Mieux et moins de médicaments vétérinaires • Elevage en Forme, Space 2009 • Impacts Technico-économique de la FCO • La FCO en Bretagne : la maladie, les vaccins et la reproduction • Les pratiques préventives : ni trop, ni trop peu • Agrael sanitaire • L’impact économique des mammites et des boiteries • Gérer la santé du troupeau : s’informer et se former • Le paquet hygiène : l’ICA bovin bientôt obligatoire • Novembre • Le bilan parasitaire d’automne • Décembre • Heatime

Sélection - GénétiqueJanvier • Développement de la race normande par la transplantation embryonnaire • Mai • Histoire de la génétique et apports de la génomique • Génomique et contrôle de performances • Au cœur d’un élevage sélectionneur • Prim’Holstein et sélection de 1975 à nos jours • Novembre • Le Bilan génétique allaitant de Bovin-Croissance

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19DÉCEMBRE 2009 - N° 40

TravailJanvier • Pénibilité du travail en Bio : mythe ou réalité • La Bio : des choix de travail pour un choix de vie • Des solutions mécaniques pour maîtriser les adventices en Bio • Le binage des céréales dans un élevage bio • Février-mars • S’équiper en contention pour améliorer ses conditions de travail • Septembre • La manipulation des bovins à la corde • Anesthésie et écornage des veaux à Mauron • Octobre • La productivité économique du travail • Diminuer le travail d’astreinte en élevages laitiers • Grouper les vêlages • Alléger le travail avec des investissements raisonnés • Manque de main d’œuvre : déléguer pour mieux gérer • Traire une fois par jour dans un élevage morbihannais • Des élevages bretons qui traient une fois par jour • Novembre • Le travail en élevage allaitant • Décembre • Etat civil des veaux : lettre F

Viande bovineAvril • Offre et demande en viande bovine en France • Le mash : en complément du maïs ou en ration unique • Jeunes bovins alimentés en ration sèche • Allourdissement des carcasses : enquête en élevage • Allourdissement des carcasses : essai de Mauron • Decibov : un outil d’aide à la décision en projet viande • Référentiel jeunes bovins : 13 fiches techniques • Réseau Bio viande : amélioration des résultats • Témoignage d’un éleveur bio • Le contrôle de performances des bovins allaitants • Le nouveau : Agrael viande • Mauron, la station bretonne expérimentale viande bovine • Les études viande bovine conduites à Mauron • Les essais 2009 à Mauron • Novembre • Tableau de

bord de l’élévage breton • Le coût alimentaire en élevages allaitants • Hausse du coût alimentaire : l’autonomie à l’ordre du jour • En vaches allaitantes, progresser en groupe • La finition des génisses blondes au pâturage • Approche comparative des itinéraires d’engraissement entre races • Le travail en élevage allaitant • Bœufs Prim’Holstein

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* enquête téléphonique Agrimage, janvier 2008 auprès de 800 éleveurs.

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20 DÉCEMBRE 2009 - N° 40

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21DÉCEMBRE 2009 - N° 40

Trévarez,des repères

pour vos élevages

DOSSIER

Benoît Portier – Chambres d’agriculture de [email protected]

epuis l’automne 2008, les travaux expérimen-taux se sont orientés

autour de 2 thématiques : • concilier production, économie et environnement, avec la com-paraison de 2 systèmes laitiers représentatifs des exploitations bretonnes : un système à 15 ares d’herbe par vache au pâturage, un autre proche de 40 ares d’her-be par vache, • maintenir le pâturage en sys-tème de traite robotisé, grâce au robot mobile au pâturage.Concrètement, les vaches de Trévarez sont réparties dans 3 troupeaux (schéma p 26). Un troupeau de 48 vaches et un autre de 54 vaches, tous les deux sur le site actuel pour l’étude sys-tème et environnement.

Robot de traite mobileLe troisième troupeau, composé d’environ 50 vaches servira pour l’expérimentation « robot mobile

au pâturage» à partir de 2010. Ce lot «robot mobile» quittera l’emplacement actuel des vaches laitières et sera délocalisé sur 2 sites : un site hivernal doté d’un couchage et d’un minimum d’ac-cessibilité ; un site printemps-été sans couchage mais avec une bonne accessibilité au pâturage. Beaucoup de choses sont à préci-ser pour cette étude, notamment l’aménagement des sites d’hiver et de printemps-été, ou bien la conduite de troupeau à mettre en place pour concilier robot de traite et pâturage. Pour ce faire, deux groupes de travail associant agriculteurs et ingénieurs seront constitués. Le projet bénéficie du soutien du Casdar «robot et pâturage».Des essais analytiques sont pré-vus en complément dans chaque système. Ainsi, dans le système disposant de 15 ares d’herbe par vache au pâturage, l’essai sur l’allongement des lactations sera poursuivi jusqu’à l’automne

2011, sur deux lots de 24 vaches chacun. Dans le système dis-posant de 38 ares d’herbe par vache, un essai de simplifica-tion du pâturage a été réalisé en 2009

PROGRAMME EXPÉRIMENTAL À TRÉVAREZ DE 2008 À 2012

Deux systèmes pour concilier économie, travail et environnementLa question environnementale est au cœur du nouveau dispositif expérimental de la station. Comment concilier production, économie, travail et environnement ? Pour y répondre, deux lots de vaches basés sur deux systèmes fourragers seront constitués. Un troisième lot d’animaux testera la faisabilité du robot de traite mobile au pâturage.

Dispositif d’expérimen-tation pour le troupeau laitier de Trévarez, envi-sagé de 2008 à 2012

Systèmes Etude robot mobile au pâturage

15 ares/VL 38 ares/VL 35-40 ares/VL au pâturage

Nombre VL 48 54 environ 50 VL

Concentrés (kg/VL/an) 1400* 850*

Essais analytiques

Durée de lactation Simplifi ation du pâturage 2 sites physiques :

- un site hivernal avec cou-chage et un peu d'accessibilité

au pâturage- un site printemps-été sans

couchage, pour pâturer

12 mois contre 18 mois

paddocks : 12 j contre 3 j

2 lots de 24 VL 2 lots de 27 VL

* Utilisation de Tourteau de Colza comme correcteur azoté

Les vaches de Trévarez sont réparties dans 3 troupeaux sur la station

Recherche appliquée

avec la contribution financière du compte d’affectation séciale

«Développement agricole et rural»

Action Casdar «Robot et pâturage»

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22 DÉCEMBRE 2009 - N° 40

Alimentation conduite

épandu dans les années 1970, l’affouragement en vert a vu ensuite

sa pratique diminuer avec le développement du maïs et du pâturage. Un regain d’inté-rêt est observé actuellement en Bretagne : la structure des exploi-tations et leur parcellaire éclaté qui limite la surface accessible aux vaches laitières, la présence de couverts hivernaux disponi-bles ou bien la recherche d’auto-nomie alimentaire en hiver. Le Pôle Herbivores des Chambres d’agriculture de Bretagne a conduit un essai à la station expérimentale laitière de Trévarez (Finistère) durant l’hiver 2009 en partenariat avec l’Ins-titut de l’Elevage. Cet essai visait à mesurer l’effet de l’introduction de RGI apporté à l’auge (zéro-pâturage) sur les performances animales, les résultats économi-ques, le bilan énergétique et le temps de travail. Cet essai s’est déroulé pendant 4 semaines, sur deux lots de 20 vaches laitières : le lot témoin recevait une ration

de maïs en plat uni-que. Le RGI avait été implanté en culture dérobée après céréa-les, sur une parcelle située à environ 1 km

du bâtiment des vaches laitières.

Ingestion et TP un peu plus faibles Sur les 4 semaines d’expérimen-tation, les vaches du lot affoura-gement en vert ont consommé en

moyenne 5,4 kg de MS d’herbe par jour (tableau 1). Cela a permis d’économiser quotidiennement 1,5 kg de correcteur azoté (30 %). Cette économie n’a pas été com-pensée par l’augmentation des quantités de fourrages ingérées : l’ingestion totale du lot affouragé en vert est restée inférieure de 1,5 kg de MS/VL/j à celle du lot témoin. Le niveau azoté de la ration du lot expérimental était un peu plus faible (91 g PDI/UFL contre 94 g PDI/UFL). Les valeurs du RGI récolté au champ étaient en effet inférieures à celles atten-dues (MAT : 12 % contre 18 % attendu).La quantité de lait produite et le TB n’ont pas été modifiés (tableau 2). Le TP du lot affou-ragement en vert a été sensible-ment plus faible que celui du lot témoin (- 0,5 g/l). Ce résultat s’explique peut-être par l’écart d’ingestion totale et la teneur en azote du régime du lot expéri-mental.

ALIMENTATION DES VACHES LAITIÈRES

Intérêts et limites de l’affouragement en vertUn essai a permis de mesurer à Trévarez l’effet de l’introduction de 5 kg de matière sèche de RGI sur les performances des vaches laitières. Les résultats zootechniques varient peu et l’économie de correcteur azoté est de 30 %. En revanche, le temps de travail augmente et le bilan énergétique se dégrade.

Plus de 300 élevages en

Bretagne

La faucheuse-autochargeuse permet de récolter un fourrage en brins longs, appétant pour les vaches,

quelles que soient les conditions climatiques.

Tableau 1 : Ingestion des animaux par lot durant l’essai (en kg MS/VL/j)

Lot

Témoin Affouragement en vert

Herbe 0 5,4

Maïs 18,7 13,4

Tourteau colza 5,5 3,9

AMV 0,2 0,2

Total MS ingérée 24,4 22,9

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23DÉCEMBRE 2009 - N° 40

Trévarez,des repères

pour vos élevages

DOSSIER

Benoît Portier – Chambres d’agriculture de [email protected]

Guillaume Sanson - Elève Ingénieur – Agrocampus Ouest – Rennes Valérie Brocard - Institut de l’Elevage

[email protected]

En revanche, l’apport de 5 kg de MS d’herbe a permis d’obtenir un lait de meilleure qualité nutri-tionnelle, avec une diminution du rapport oméga-6/oméga-3 sous le seuil de 5 (seuil préconisé en santé humaine) et une baisse des acides gras saturés.

40 minutes par jour de travail en plusL’effet de l’affouragement en vert sur le système d’exploitation a été estimé à l’échelle d’une exploitation moyenne bretonne (300 000 litres de quota, 44 VL, 60 ha).Pour une pratique de l’affoura-gement deux mois par an, cette méthode d’affouragement entraî-ne une augmentation du temps de travail de près de 40 mn/j par rapport au système maïs seul.

Outre l’augmentation de temps, l’affouragement en vert génère une tâche supplémentaire pour l’éleveur, qui doit tout de même utiliser un silo de maïs en com-plément de l’herbe.Cette pratique permet une éco-nomie en correcteur azoté non négligeable (tableau 3). Le gain de marge brute d’exploitation obte-nu avec l’apport de RGI est faible (736 €), et limite les possibilités d’investissement en équipements (ensileuse, autochargeuse). L’intérêt économique de cette pratique sur une durée plus lon-gue dans l’année (6 mois et plus) n’a pas été évalué dans cette étude. Si la faucheuse-autochar-geuse semble l’outil le mieux adapté (comparé à l’ensileuse à fléaux de type «Taarup®»), son prix d’achat (25 000 €) génère des frais annuels (amortissements,

frais financiers) qui limitent l’in-térêt économique. De même, sur une longue période dans l’année, l’affouragement nécessitera peut-être l’utilisation d’un tracteur dédié à cette tâche.La consommation énergétique globale est augmentée avec l’affouragement en vert (+ 777 EQF ; Equivalent litre de Fioul). Cette augmentation est liée à la consommation de fioul néces-saire à la fauche et la distribution de l’herbe, malgré l’économie énergétique permise par la réduc-tion de concentré. Cela repré-sente une augmentation de 6 % de la consommation énergétique moyenne du poste alimentation en élevage (résultats nationaux Institut de l’Elevage). Cette dif-férence de consommation aurait été certainement plus forte com-parée à un tourteau de soja.En résumé, l’affouragement en vert, dans le cadre de l’essai de Trévarez, n’a pas engendré de différences marquantes sur les performances animales, mais a montré un impact sur le système d’exploitation : le temps de tra-vail, l’économie et la consomma-tion d’énergie.

Tableau 2 : Résultats de production laitière durant l’essai (moyennes ajustées)

Lot

Témoin Affouragement en vert

Lait brut (kg/VL/j) 31,3 31,7 NS

TB (g/kg) 42,2 41,6 NS

TP (g/kg) 33,5 33,0 0,01

NS : Différence statistiquement non significative

Tableau 3 : Impact de l’apport de 5 kg de MS de RGI pendant 2 mois sur la marge brute d’exploitation (écart par rapport au lot témoin)

Dépenses en plus € Dépenses en moins €

Surcoût RGI/phacélie 72 Tourteau colza 1 063

Façons culturales 391 AMV 92

Pratique Aff.Vert (fauche&distribution) 722 Gain ensilage maïs 280

MO supplémentaire --> 38,3h 414 Economie de distribu-

tion du maïs 74

Produits en moins € Produit en plus €

Perte de TP (0,5 g/kg) 184 Vente mais grain à la place du maïs ensilage 1 009

TOTAL 1 783 2 518

+ 736

La plus-value que permet l’apport de 5 kg de MS de RGI sur 2 mois est faible (740 €) et limite les possibilités d’investissement (ensileuse, autochargeuse).

Des pratiques diversifiées en Bretagne

Au moins 342 élevages pratiquent l’affou-ragement en vert en Bretagne (Source Contrôles Laitiers de Bretagne).De quelques mois à toute l’année, en hiver ou en complément du pâturage, les pra-tiques sont variées. Une enquête réalisée dans 10 élevages bretons montre que l’af-fouragement à l’auge est généralement lié à un manque d’accessibilité au pâturage. Il est réalisé sur 5-6 mois en moyenne par an. Les espèces majoritairement rencontrées sont le RGI et les associations graminées–légumineuses. Le matériel utilisé est pour 80 % des exploitations une ensileuse de type «Taarup®». Ces premières enquêtes seront suivies d’une étude plus approfondie en élevage en 2010. L’objectif sera d’étudier les moti-vations des éleveurs, les caractéristiques des exploitations, les modalités de mise en œuvre et les éventuelles limites.

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24 DÉCEMBRE 2009 - N° 40

Trévarez,des repères

pour vos élevages

DOSSIER

Benoît Portier – Chambres d’agriculture de [email protected]

Jean-Philippe Turlin - Chambres d’agriculture de [email protected]

Alimentation conduite

Les interrogations des éleveurs concernant l’affouragement en vert à l’auge des vaches laitières sont importantes. En complément de cette étude sur vaches laitières, un essai comparant différentes espèces a débuté en août 2009 après ensilage d’un mélange céréalier. Ces cultures dérobées seront retournées au printemps 2010 avant l’implan-tation d’un maïs. Les différentes espèces testées sont du RGI, de l’avoine fermière et diploïde en association ou non avec du trèfle incarnat et enfin du colza fourrager. Les espèces ont été implantées sur des bandes de 9 m de large avec deux répétitions. Le sol a été travaillé comme suit : labour puis herse rotative + semoir puis rouleau. L’objectif est de mesurer les rendements de chaque espèce et leur valeur alimentaire.

Un essai agronomique à Trévarez sur cultures dérobées durant l’hiver 2009-2010

Le semis a été réalisé le 6 août 2009. Les bonnes conditions de fi n d’été ont

favorisé la croissance du couvert.

RGI barspectra + trèfle incarnat tardivo

Colza fourrager barsica

Avoine d’hiver fringante

Avoine diploïde mulata

Observation de la taille de l’épi

Surveiller la montaison pour maintenir une bonne valeur

alimentaire

Cette avoine

brésilienne a une

croissance rapide

Un mois de retard à l’implantation, c’est 1 à 2 tonnes de différence de rendement

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DÉCEMBRE 2009 - N° 40

Christelle Raison – Institut de l’[email protected]

Pauline Defrance – Chambres d’agriculture de Bretagne [email protected]

DAIRYMAN

Un projet Européen sur l’élevage laitier et l’environnementUn nouveau programme Européen Interreg, soutenu par le FEDER, permettra de poursuivre les travaux engagés dans le projet Green Dairy, sur le thème de l’élevage laitier et l’environnement avec nos voisins de l’Europe du Nord-Ouest. Le projet débute cet automne et se terminera en 2013.

e projet est piloté par une équipe du cen-tre de recherche de

Wageningen aux Pays-Bas. Cette équipe est connue pour ses tra-vaux sur la réduction des excé-dents d’azote et de phosphore dans les systèmes laitiers hol-landais. Elle a montré qu’avec une gestion très poussée de la fertilisation et de l’alimentation, les systèmes peuvent rester pro-ductifs et respecter les exigences réglementaires en matière d’en-vironnement. Le projet regroupe des partenaires de la recherche et développement de 10 régions laitières de l’Europe du Nord (les Pays-Bas, le Baden-Württemberg en Allemagne, le Luxembourg, la Belgique -Flandre et Wallonie-, l’Irlande du Sud, l’Irlande du Nord et la France). En France, trois régions sont concernées : la Bretagne, les Pays de la Loire et le Nord Pas de Calais. Les partenaires français associés au projet sont les Chambres d’agri-cultures des régions concernées, l’Institut de l’Elevage et l’INRA en tant que membre du comité scientifique.

1 projet, 3 actions Le projet est structuré autour de 3 actions : des bilans régionaux, un réseau d’élevages et un suivi en stations expérimentales.- Des bilans régionaux pour préciser le rôle des activités laitiè-res sur l’économie, l’environne-ment et le territoire. L’objectif est d’amener les différents acteurs (éleveurs, politiques, gouverne-ment, associations de consom-mateurs…) à échanger et débattre sur ces questions. Il s’agira ainsi

de démontrer l’importance des concertations entre les acteurs, mais aussi qu’il est primordial d’intégrer la spécificité des terri-toires et des enjeux locaux pour définir des réglementations effi-caces.- Un réseau d’échanges consti-tué de 120 fermes d’éleveurs (10-12 fermes par région). En Bretagne, les éleveurs sélec-tionnés font partie des réseaux d’élevage et certains d’entre eux étaient déjà associés au projet Green Dairy. Il s’agit d’impliquer les éleveurs dans une réflexion sur les problèmes environnemen-taux et d’identifier avec eux les marges de progrès et les leviers d’action. Les éleveurs pourront aussi s’engager dans un projet d’amélioration de leurs pratiques ou d’évolution de leur système. Le projet prévoit des échanges réguliers entre les éleveurs des différentes régions.- Des expérimentations sys-tèmes comme celle de Trévarez, seront conduites dans les diffé-rentes régions. On pourra ainsi

mieux comprendre pourquoi certaines zones géographiques sont plus sensibles que d’autres aux problèmes d’environnement. Le projet vise aussi à mettre en réseaux les centres de recherche et de développement grâce aux nouveaux outils de communica-tion

INTERREG IVB NWE est un programme de l’Union européenne fi nancé par le FEDER qui concerne le nord ouest de l’Europe

Investing in opportunities

L’Impact des activités agricoles sur l’environnement est un enjeu important en Europe, particulièrement en Bretagne. Ce projet doit contribuer à une meilleure cohésion de la Société européenne. Fondé sur une coopération entre des équipes de différents pays, il vise à répondre à des enjeux de qualité de vie des citoyens européens.

25

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DÉCEMBRE 2009 - N° 40

AU SEIN DE LA STATION DE TRÉVAREZ

Deux systèmes laitiers étudiés A partir de cet automne, la Station de Trévarez va mettre en place une «expérimentation système» afin d’étudier les performances techniques, économiques et environnementales de deux systèmes laitiers représentatifs des exploitations bretonnes. L’étude conduite en collaboration avec l’Institut de l’Elevage sera suivie pendant 4 ans et s’intègre dans un projet Européen, le projet Dairyman.

es exigences environ-nementales viennent s’ajouter à un contexte

économique délicat. Alors que l’azote et les nitrates restent au cœur des problèmes de notre région mal-gré les progrès qui ont été réalisés, nous assistons en parallèle à un élargissement des questions d’environne-ment aux émissions de gaz à effet de serre, aux consommations d’énergies non renouvelables, à l’utilisation de produits phyto-sanitaires, à la biodiversité. Ces domaines, mis à jour lors du Grenelle de l’environnement, feront prochainement partie des critères d’évaluation des perfor-mances environnementales des exploitations agricoles. Souvent perçus comme une contrainte,

ces nouveaux éléments doivent être l’occasion de réfléchir aux moyens d’améliorer encore le niveau de performance environ-nementale des exploitations lai-

tières. Mais comment concilier production, rentabilité et environ-nement ? C’est à ces questions que le nou-veau dispositif expé-rimental de Trévarez veut répondre.

Les deux systèmes étudiésLe choix s’est porté sur deux types de systèmes laitiers repré-sentatifs des exploitations bre-tonnes et de leurs contraintes de production. Le système dit pâturant bénéficie de 38-40 ares pâturés par vache grâce à une

bonne accessibilité (53 ares/VL) et vise une livraison de 7 200 litres/VL. Il met majoritairement en œuvre une rotation basée sur des prairies temporaires de RGA-TB en alternance avec un maïs et une céréale. Cette rotation, assez classique dans nos systèmes d’élevage, présente de nombreux avantages (gestion des adventi-ces, faibles besoins en éléments fertilisants…) mais conduit sou-vent à des fuites d’azote en rai-son de la très forte minéralisation qui suit le retournement de prai-rie. Des travaux seront menés pour tenter de limiter au maxi-mum ces fuites, par exemple en ajustant la durée de vie de la prairie et l’itinéraire technique du maïs et de la céréale qui suivent. L’autre système est caractéris-tique des exploitations qui ont un parcellaire morcelé et une accessibilité au pâturage réduite (environ 15 ares/VL ici). Avec ce schéma, la forte proportion de maïs dans l’assolement conduit à de la monoculture ou à des rotations très courtes alternant maïs et céréales. Cette situa-tion sera l’occasion de conduire une réflexion sur la gestion des intercultures (variétés, date de semis, valorisation des récoltes) et sur des rotations courtes plus diversifiées faisant par exemple intervenir des prairies de très courte durée valorisées en affou-ragement en vert. Les parcelles au potentiel plus faible sont attri-buées aux génisses.

Trois exploitations reconstituéesPour cette étude, la ferme de Trévarez a été divisée en trois «exploitations» conduites en

Appréhender la complexité des

interactions avec

l’environnement

26

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DÉCEMBRE 2009 - N° 40

Trévarez,des repères

pour vos élevages

DOSSIER

Christelle Raison – Institut de l’[email protected]

Pauline Defrance – Chambres d’agriculture de Bretagne [email protected]

grandeur nature : deux corres-pondant aux systèmes étudiés, et une autre qui pourrait accueillir des essais complémentaires à l’avenir. Chaque «exploitation» dispose de ses propres surfaces et troupeaux. Les récoltes et les pâtures de chaque exploitation sont attribuées à ses animaux. Il en est de même pour les déjec-tions produites. L’allocation des parcelles s’est faite de façon à respecter l’équité entre les deux exploitations selon des critères de potentiel de production et d’apti-tude à l’épandage. Une attention particulière sera accordée à la conduite des deux systèmes. Il s’agit en effet de combiner toutes les techniques qui permettent de réduire les risques de fuites vers l’environnement : - conduite des cultures (gestion optimale de la fertilisation, uti-lisation des produits phytosani-taires…)- gestion du pâturage (charge-ment, temps de présence…)- alimentation des animaux (com-plémentations…)- gestion des intercultures (varié-tés, utilisation en dérobées, semis sous couvert…)

Mesure de l’impact environnemental Pendant 4 ans, un suivi très précis sera réalisé pour permettre une évaluation multicritère de chaque système. On s’intéressera aux résultats techniques (production laitière, production fourragère, reproduction...), économiques et

au travail. Pour le volet environ-nement, les mesures permettront de préciser : - Les émissions de Gaz à Effet de Serre (N2O, CH4, CO2) et les émissions d’ammoniac. Une première approche sera réalisée en appliquant des coefficients d’émissions aux données de fonc-tionnement de chaque système, mais des mesures en bâtiment et sur les parcelles seront réalisées ponctuellement.- Les quantités d’azote lessivé au cours de l’hiver grâce à un suivi régulier des reliquats d’azote dans le sol.- Les consommations de fuel asso-ciées aux travaux des champs et les consommations d’électricité en bâtiment.- D’autres aspects : stockage du carbone, utilisation des traite-

ments phytosanitaires seront aussi intégrés au suivi.

Tout s’imbriqueOn voit ici tout l’intérêt d’une approche systémique, intégrant les parcelles, le troupeau, les déjections pour mieux prendre en compte les interactions entre ces différents éléments. Mais aussi, la nécessité d’une évaluation multicritère intégrant les résul-tats techniques et économiques, le travail et tous les indicateurs environnementaux pour éviter de proposer des solutions favora-bles à un critère aux dépends des autres. D’autre part, ces essais s’inscrivent dans la durée pour permettre aux systèmes de se stabiliser et intégrer la variabilité climatique

Principales caractéristiques des systèmes

15 ares/VL 38 ares/VL

Nombre VL 48 54

SAU (ha) 52,5 52,7

SFP/SAU (%) 95 98

Herbe/SAU (%) 53 75

Quota (l) 384 000 388 800

Production laitière attendue(l produit/VL) 9 000 8 000

Période de vêlage Automne/printemps Printemps

A Trévarez, on peut mener des évaluations intégrant des résultats techniques et économiques, le travail et des indicateurs environnementaux

Investing in opportunities

Le projet européen Interreg DAIRYMAN bénéficie du Fonds

Européen pour le DEveloppement Régional.

Ces travaux bénéficient d’un financement du fonds du Développement Agricole et Rural.

27

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28 DÉCEMBRE 2009 - N° 40

Trévarez,des repères

pour vos élevages

DOSSIER

BâtimentsEquipements

la station de Trévarez, deux essais ont été menés avec des vaches

en lactation, l’un avec des vaches en début de lactation (en mars et avril 2006), l’autre avec des vaches en fin de lactation (de novembre 2006 à janvier 2007). Pour les deux essais, le lot témoin était logé en stabulation logettes et le lot essai sur le PSH avec une litière à base de copeaux.Les essais se sont pour-suivis en 2008 et 2009, avec des vaches taries et des génisses. Le lot témoin était logé en aire paillée et le lot essai sur le PSH avec une litière à base de paille.

Des performances similairesAvec les vaches en lactation, Il n’a pas été constaté de différence de consommation alimentaire, ni

de production laitière entre les deux lots. Avec les vaches taries et les génis-ses, à consommation alimentaire équivalente, les animaux ont un poids et un état d’engraissement comparable en aire paillée et sur le PSH. La production laitière (lait, taux protéique et butyreux) durant le premier mois de lacta-tion est aussi comparable.

Un bien-être des animaux préservéEn comparaison avec la stabulation à loget-tes, le bien-être animal est amélioré sur le PSH

avec moins de boiteries et moins de blessures. Pour les vaches taries et les génis-ses, les boiteries, les blessures et la relation homme-animal ne sont pas détériorés en comparai-son avec un bâtiment standard avec une aire paillée.

Des résultats plus contrastés sur la propretéPour les vaches en lactation, avec une litière à base de copeaux, la dégradation de la propreté des animaux sur le PSH a induit un temps de préparation des trayons plus long (graphique 1) et une augmentation de la contamina-tion du lait par les spores buty-riques.La périodicité du curage, prévue tous les 2 mois, n’a pas été res-pectée. Un colmatage de la litière à base de copeaux a été observé au bout de 5 semaines de stabu-lation.Par contre, le niveau de pro-preté des vaches taries et des génisses, avec une litière à base de paille, est globalement iden-tique entre le lot témoin et le lot PSH (graphique 2). Néanmoins, la propreté des génisses prêtes à inséminer est significativement dégradée sur le parc, dégradation sans doute liée à l’hyperactivité des génisses en période de cha-leur et au fait que les génisses du PSH étaient regroupées alors que les génisses témoin étaient dans deux cases séparées.

La pathologie mammaireAvec les vaches en lactation, les comptages cellulaires, les infec-tions à pathogènes d’origine environnementale et la fréquence de mammites cliniques ont été plus élevés pour le lot PSH avec copeaux par rapport aux témoins en logettes. De plus, il a été constaté plus d’écorchures et de pétéchies avec une litière à base de copeaux.Pour des vaches en lactation,

PARC STABILISÉ D’HIVERNAGE DE TRÉVAREZ

Une expérience françaiseTrois années d’essai à la station de Trévarez et des observations dans quatre autres sites* ont permis de vérifier la faisabilité du PSH (construction et matériau de litière) et de l’évaluer sous plusieurs aspects (coûts, production laitière, croissance, pathologie mammaire, travail et gestion des déjections).

Vue générale du PSH à Trévarez actuellement destiné à des génisses ou des vaches taries

Pas d’impact négatif sur les performances

* Chambres d’agriculture

Calvados, Charente-Maritime, Gironde, Vendée

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29DÉCEMBRE 2009 - N° 40

Jean-Luc Ménard – Institut de l’[email protected]

Yvon Séité – Chambres d’agriculture de [email protected]

l’utilisation de copeaux n’a pas donné de bons résultats. Il n’y a cependant pas d’éléments pour conclure avec une litière à base de paille.Pour des vaches taries et des

génisses, avec de la paille, les numérations cellulaires en début de lactation ont été plus élevées pour le lot PSH. La différence s’atténue par la suite et n’est plus significative après la 3ème semai-

ne. Les infections à pathogènes mineurs (staphylocoque coagu-lase négative) sont plus nom-breuses pour les vaches taries du lot PSH. Pour renforcer la prévention des infections pendant la période de tarissement, il est recommandé d’utiliser un obturateur du canal du trayon en complément des autres mesures (entretien de la litière, antibiothérapie…). Les primipares ont eu moins d’infec-tions par des pathogènes majeurs (notamment streptocoque uberis) que les témoins en aire paillée. La maîtrise de la pathologie mam-maire est donc possible, ce qui confirme les résultats obtenus par le Teagasc en Irlande.

L’environnementLes effluents liquides collectés en sortie de drainage positionné sous le parc stabilisé ont des concentrations plus faibles en DCO, matières en suspensions et azote que celles obtenues avec les effluents peu chargés après décantation (eaux blanches, ver-tes et brunes).Le PSH assure une filtration très efficace et les effluents récupérés peuvent intégrer directement la deuxième étape d’une filière de traitement d’effluents peu char-gés. La présence d’azote sous forme oxydée (nitrate essentiellement) montre aussi que le PSH fonc-tionne bien en aérobiose

Propreté des animaux appréciée avec la méthode INRA (Faye et Barnouin,1985)

Graphique 1 : Temps de préparation des trayons

temps en secondes

0

5

10

15

20

25

30

35

+ 33%

+ 58%

PSH

logettes

début de lactation fin de lactation

L’auge simplifi ée du PSH à Trévarez : non couverte, avec barre au garrot et un muret en bois de 40 cm de hauteur (2 bastaings de 8 x 20 cm)

Copeaux 1 apport par semaine

Paille 3 apports par semaine

0

1

2

3

4

5

6

7

8

9

1 0

PSH témoin PSH témoin PSH témoin

Vaches taries(non significatif)

Génisses gestantes(non significatif)

Génisses à inséminer(significatif)

Note de propreté (0 = très propre)

avec la contribution financière du compte d’affectation séciale

«Développement agricole et rural»

Action Casdar

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30 DÉCEMBRE 2009 - N° 40

BâtimentsEquipements

PARC STABILISÉ D’HIVERNAGE (PSH)

Conception et fonctionnementLe PSH utilisé en continu est adapté pour des bovins adultes (pour des vaches laitières en lactation et en période de vêlage, il faut rester prudent en l’état des recherches actuelles). Il peut être un complément intéressant en plein-air hivernal. La paille est le matériau de litière le plus adapté. L’usage de copeaux est à réserver comme sous-couche drainante sous la paille.

La conception Elle varie selon la nature des sols :• avec un sol suffisamment imperméable, l’étanchéité est obtenue naturellement grâce à un compactage adapté (station de Trévarez et exploitation du Calvados).• avec un sol naturellement per-méable ou sur rem-blai, l’étanchéité est obtenue soit avec une bâche protégée par un géotextile, soit par un béton (ferme en Gironde et Charente-Maritime) ou un enrobé (en Vendée).L’orientation du PSH doit per-mettre un bon ensoleillement. La pente du sol doit être de 2 % minimum pour favoriser l’écou-lement des jus. Les abreuvoirs doivent être protégés ou équipés contre le gel.

Le dimensionnementPour un hivernage à 100 % du temps, le dimensionnement recommandé est de multiplier par 1,7 la surface par animal d’un bâtiment standard (par exemple : 12 m² par vache laitière contre 7 m² pour une aire paillée asso-ciée à une aire d’exercice). Cette surface peut être limitée et identi-que à un bâtiment classique, soit

avec un raclage hebdo-madaire du couchage, soit avec un accès au pâturage y compris en période hivernale.

Le coût Malgré un gain de 40 à 50 % par rapport à une stabulation classique, le coût du PSH de Trévarez reste élevé pour diffé-rentes raisons : la réalisation par entreprise, une surface impor-tante par animal et la gestion de

trois types d’effluents (fumier, lisier, lixiviats)… Il a été conçu et construit sur le modèle irlandais pour des vaches laitières. En fonction du type d’animaux, des alternatives permettent de réduire les coûts : • obtenir un seul type de déjections et traiter les effluents peu chargés • limiter les surfaces du couchage en pré-voyant par exemple un accès aux pâtures • simplifier le système de drainage sous le parc : les drains PVC peuvent être rempla-cés par de petits fossés comblés de gros cailloux (exploitation du Calvados) • valoriser des bétons existants (exploitation de Charente) • faire appel à l’auto construction, ce qui est souvent le cas dans les exploitations sui-vies • réaliser les sols en enrobé, moins onéreux que les sols en béton réalisés par entreprise.

Entretien du PSH : paillage et curageL’utilisation de copeaux à Trévarez lors de la première période d’essai en 2006 – 2007 a montré rapidement les limites de ce type de litière : problème de confort avec des copeaux gros-siers, disponibilité variable, coût d’achat de plus en plus cher (uti-lisation énergétique), difficulté de répartition pour des apports réguliers, dégradation très lente du fumier et acidification proba-ble des sols. Il est cependant inté-ressant d’utiliser le copeau sous la litière (10 cm) pour favoriser le drainage des eaux pluviales et faciliter le curage.La paille est le matériau retenu aujourd’hui par l’ensemble des élevages. L’adaptation de l’en-tretien de la litière du PSH à

PSH dans le Calvados destiné à des bœufs, réalisé par l’éle-veur (124 heures de travail pour 30 places) pour un coût

réduit de moins de 100 euros par place en matériaux.

Coûts d’investissement

réduits

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31DÉCEMBRE 2009 - N° 40

Trévarez

DOSSIER

...et dans d’autres stations

DOSSIER

Jean-Luc Ménard – Institut de l’[email protected]

Yvon Séité – Chambres d’agriculture de [email protected]

la pluviométrie est nécessaire pour maîtriser la propreté des animaux. En période humide, le paillage doit être plus important et plus fréquent. La quantité de paille utilisée est équivalente à un bâtiment standard.

ConclusionCompte tenu des essais menés à la station de Trévarez et des observations réalisées dans d’autres élevages, l’utilisation du PSH en continu semble possible pour des bovins adultes (vaches taries, allaitantes, jeunes bovins). Pour les vaches laitières en pro-duction, avec des copeaux en stabulation continue, les résul-tats ont été décevants. Il n’y a cependant pas d’éléments pour conclure avec la paille. Dans tous les cas, il faut respecter les règles de dimensionnement, de concep-tion et d’entretien de la litière.La mise en place d’un parc sta-bilisé associé au plein-air hiver-nal permet aussi de préserver les prairies implantées en sols peu portants en période pluvieu-se et de protéger l’environne-ment grâce à une gestion adaptée des déjections et des eaux souillées

Les parcs stabilisés d’hivernage testés en France

Utilisation du PSH Descriptif (m²/animal) Originalité

FinistèreStation de TrévarezVaches laitières

Hivernage à 100 % Réalisé à 100 % par entreprise

Conforme aux recom-mandations irlandaises

30 vaches en lactation Aire paillée (12 m²)Aire d’exercice (4 m²)Lisier raclé

30 vaches taries ou gé-nisses gestantes

Vendée70 vaches laitières

Hivernage à 100 %Sol en enrobé

Raclage hebdomadairedu couchage

15 vaches taries+ 20 génisses

Aire paillée (7 m²)Aire d’exercice (3 m²)100 % fumier raclé

Calvados80 vaches allaitantes

Hivernage à 100 % Sol naturelConception simplifi ée

100 % auto-construction30 bœufs Aire paillée intégrale10 m² par animal

Gironde70 vaches allaitantes

Hivernage avec accès aux prairies Aire bétonnéeCaniveaux extérieurs

Auto-construction1 lot de génisses1 lot de vaches

Aire paillée intégrale13 m² par animal

Charente-Maritime40 vaches allaitantes

Hivernage à 100 % Anciens silos couloirs Auge, boxes veaux et

vêlage couvertsEnsemble du troupeau Aire paillée (7,7 m²)Aire d’exercice (7,3 m²)

PSH en Charente-Maritime mis en place dans des anciens silos couloir bétonnés, associé à une aire d’exercice raclée en lisier

PSH en Gironde sur aire bétonnée avec caniveaux extérieurs, associé à un bâtiment existant destiné au stockage et à la distribution du fourrage, et en lien avec le pâturage hivernal

avec la contribution financière du compte d’affectation séciale

«Développement agricole et rural»

Voir aussi Cap Elevage n°35

juin 2009

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32 DÉCEMBRE 2009 - N° 40

Reproduction

ALLONGER LA LACTATION

Un vêlage tous les 18 moisUn essai comparant deux intervalles entre vêlages (12 mois/18 mois) a été réalisé à Trévarez de 2005 à 2008. L’allongement des lactations a eu un faible impact sur la production laitière mais pourrait permettre de réduire le taux de réforme. Cette conduite semble aussi rentable qu’avec un IVV de 12 mois, mais ces résultats demandent à être confirmés.

’augmentation du niveau de production laitière peut altérer

les performances de reproduc-tion. Il est alors plus difficile de maintenir un intervalle entre vêlages (IVV) de 12 mois. De plus, après 10 mois de lacta-tion, certaines vaches produisent encore plus de 20 kg de lait par jour. L’allongement volontaire de l’IVV pourrait ainsi être envi-sagé, mais quelles en seraient les conséquences techniques et économiques ? Des travaux antérieurs mon-traient l’intérêt économique, d’un IVV restant proche de 12 mois ; mais ces calculs n’intégraient pas d’effet sur les troubles de santé. Des essais étrangers ont été réalisés avec des allongements pou-vant atteindre jusqu’à 24 mois. A Trévarez, il est actuellement com-paré un lot dont l’IVV est de 12 mois avec un autre lot dont l’IVV est de 18 mois. Un essai sur 3 ans a débuté à l’automne 2005 avec deux lots de 20 vaches, dont 35 % de primipares. Cet essai a été recon-duit pour 3 années supplémentai-

res en 2008. Cet article présente les résultats des 3 premières années d’essai.Le système fourrager est identique dans les deux lots : de l’ensilage

de maïs toute l’année, 15 à 20 ares d’herbe pâturée par vache et 800 à 900 kg de concentrés par vache et par an. Les lots sont conduits en vêlages groupés sur 3 mois.

Autant de lait par anSur un an, les vaches du lot 18 mois ont produit en moyenne 100 kg de lait en moins que celles du lot 12 mois (écart non signifi-catif au seuil p=5 % – tableau 1). Mais les résultats montrent des différences selon la parité. Les primipares ont produit 750 kg de lait en plus que celles du lot 12 mois (écart significatif). On observe une tendance inver-se chez les multipares. Cette

Tableau 1 : Production laitière sur la lactation totale et annuelle. Lactation totale Lactation

annuelle

Effectif Durée (j) LB (kg) TB (g/kg) TP (g/kg) LB (kg)

Lot 12 mois

Primipares 19 312 6 800 41,2 31,4 6 513

Multipares 39 294 8 405 40,0 30,9 8 609

Total 58 300 7 879 40,4 31,1 7 946

Lot 18 mois

Primipares 13 484 10 779 38,8 32,3 7 265

Multipares 27 478 11 863 40,9 32,5 8 163

Total 40 480 11 511 40,2 32,5 7 843

La comparaison a porté sur 2 lots de 20 vaches pendant 3 ans

Bonnes persistances

des primipares 18 mois

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33DÉCEMBRE 2009 - N° 40

Trévarez,des repères

pour vos élevages

DOSSIER

Valérie Brocard - Institut de l’[email protected]

Julien François - Elève Ingénieur – Agrocampus Ouest – RennesBenoît Portier – Chambres d’agriculture de Bretagne

[email protected]

différence de comportement s’explique par la meilleure per-sistance laitière des primipares. Par ailleurs, au moment du taris-sement, les vaches du lot 18 mois produisaient encore de 10 à plus de 15 kg de lait par jour, illustrant la faisabilité technique d’un IVV de 18 mois (graphique).L’allongement des lactations s’ac-compagne d’une augmentation significative du TP (+ 1,4 g/kg), notamment en fin de lactation. En revanche, le TB des deux lots est proche.

Meilleure reproduction ?Le pourcentage de vaches insémi-nées dans les 3 premières semai-nes de la période d’IA est de 85 % dans le lot 18 mois, contre 49 % dans le lot 12 mois (écart significatif, tableau 2). Les autres critères ne diffèrent pas significa-tivement, peut-être par manque de puissance du dispositif, mais la tendance observée est tou-jours favorable au lot 18 mois. En 2008, au début de la 3ème année d’essai, 79 % des vêlages

du lot 18 mois ont ainsi eu lieu le premier mois de la période de vêlage, contre 58 % dans le lot 12 mois. L’amélioration des performances de reproduction en vêlages groupés a ainsi entraîné une baisse du taux de réforme par lactation de 7 points.

Plutôt moins de problèmes sanitairesLa phase autour du vêlage est une période à risques sanitai-res élevés. Ainsi, en réduisant la fréquence des vêlages, l’al-longement des lactations devrait permettre de diminuer le nombre de problèmes sanitaires. Les 3 premières années d’essai sem-blent confirmer cette hypothèse. En effet, le nombre total d’évè-nements sanitaires par lactation est similaire entre les deux lots, bien que les lactations aient des durées différentes. Cependant, parmi ces évènements sanitaires, il y a eu davantage de boiteries dans le lot 18 mois qui restent pour l’instant inexpliquées. Au total sur 3 ans, il y aurait donc eu moins de problèmes sanitaires

qu’avec un IVV de 12 mois. Par ailleurs, l’allongement des lacta-tions a eu peu d’impact sur les comptages cellulaires.

Au moins aussi rentableAfin de mesurer l’impact éco-nomique de cette conduite, une simulation a été réalisée. Plusieurs hypothèses techniques retenues doivent cependant être confirmées. L’allongement volon-taire de l’IVV jusqu’à 18 mois, en vêlages groupés, apparaît comme une technique au moins aussi rentable qu’une conduite avec un IVV de 12 mois, dans les condi-tions de l’essai. Les vêlages groupés tous les 18 mois sont techniquement réali-sables et s’accompagnent d’un faible impact sur la production laitière et la santé des animaux. Les performances de reproduc-tion semblent améliorées. L’essai est reconduit, tant pour conso-lider cette tendance que pour observer l’effet de successions de lactations allongées. Les vêlages groupés tous les 18 mois ne sem-blent pas pénaliser les résultats économiques, mais cette conclu-sion mérite d’être approfondie. Cette conduite modifie égale-ment l’organisation du travail : la fréquence des IA et des vêlages diminue, mais le nombre de jours de traite augmente. Les vêlages groupés à l’année impliquent un changement de saison de vêlages tous les 18 mois, ce qui semble peu envi-sageable. Pourquoi ne pas ima-giner deux périodes de vêlages, avec report des inséminations des vaches non fécondées sur la première période 6 mois plus tard ?

Tableau 2 : Résultats de reproduction et taux de réforme

VL inséminées dans les 3 premières semaines de la période d’IA (%)

Début IA - IAF (en jours)

Taux de réussite IA1+2 (%)

Taux de ré-forme (%)

Lot 12 mois (60 VL) 49 55 59 30

Lot 18 mois (40 VL) 85* 38 77 23

* Ecart significatifAttention, nous sommes ici dans des conditions de vêlages groupés à l’année dans les deux lots, avec des taux de réformes strictes liés à la reproduction.

Production de lait par semaine de lactation pendant les 3 années.

5

10

15

20

25

30

35

40

1 8 15 22 29 36 43 50 57 64 71 78 85 92 99 106 113 120 127 134 141 148Semaines

Quantité de lait produit (kg/j)

Lot 12 mois

Lot 18 mois

Page 34: LES REFERENCES DES ELEVEURS BRETONS DÉCEMBRE 2009 …...† d’innover et d’expérimenter La Recherche Appliquée poursuit ses travaux sur les systèmes de production laitière

34 DÉCEMBRE 2009 - N° 40

Reproduction

INTERVALLE ENTRE VÊLAGES

Plus de 15 mois pour 90 000 vaches laitières bretonnesEntre 2006 et 2009, dans les élevages adhérents de Bretagne Contrôle Laitier, 1 vache sur 5 a réalisé une lactation de plus de 13 mois. 90 000 d’entres elles ont produit en moyenne, plus de 11 000 kg de lait sur la lactation et 8 000 kg sur l’année. 80 % sont inséminées dans les 3 mois après vêlage, mais sont fécondées tardivement. Les 20 % restantes ont été mises à la reproduction près de 6 mois après leur vêlage. On les retrouve dans presque tous les élevages bretons.

n complément de l’es-sai sur l’allongement des lactations réalisé à la sta-

tion expérimentale de Trévarez (voir article page précédente), le Pôle Herbivores des Chambres d’agriculture de Bretagne, a étudié les durées de lactation actuellement pratiquées dans les élevages bretons et analysé les lactations les plus longues. Cette étude a été réalisée en collaboration avec l’Institut de l’Elevage et Agrocampus Ouest. Elle a permis d’analyser les don-nées de production, de repro-duction et les index génétiques de 89 830 Prim’Holstein ayant revêlé suite à une lactation de plus de 395 jours, réalisée entre début 2006 et début 2009. Seules les vaches encore présentes en élevage (donc non réformées) à la date de l’extraction des données par l’ARSOE, ont été étudiées. La moitié de ces animaux ont des lactations comprises entre 13 et 14,5 mois et 39 % sont des primipares.

Presque autant de laitSur l’ensemble de la lactation, les vaches étudiées ont produit en moyenne 11 214 kg de lait en 440 jours. Ramené à l’année, les vaches à lactation «longue» ont atteint plus de 97 % du niveau de production moyen

des troupeaux en Bretagne : 8 016 kg de lait par vache et par an pour les vaches étudiées pour un intervalle moyen entre vêlages (IVV) de 505 jours, contre 8 227 kg de lait et un IVV de 408 jours en moyenne au Contrôle Laitier. Des études antérieures attribuaient une baisse de 6 % sur la production annuelle par

Comme à Trévarez, l’im-

pact de l’allon-gement de la

lactation sur la perte de pro-

duction laitière annuelle sem-ble faible pour

les vaches Prim’Holstein

des troupeaux bretons actuels.

Profils de reproduction des vaches ayant eu une lactation de plus de 395 jours (89 830 vaches Prim’Holstein – lactations terminées entre 2006 et 2009 – source : ARSOE de Bretagne et Bretagne Contrôle Laitier)

Profi ls de vaches %Intervalle V-IA1 *(jours)

Intervalle IA1-IAF*

(jours)

IntervalleV-IAF*(jours)

IntervalleV -V* (mois)

Fécondations tardives 59 85 126 211 16

Fécondations très tardives 20 92 254 346 21

Mise à la reproduction tardive 21 178 41 219 16

Moyenne Bretagne Contrôle Laitier 2007/2008 88 38 126 13

* V (vêlage) - IA1 (première insémination) – IAF (insémination fécondante)

Niveau de production en kg par vache et par jour en fonction du stade de lactation pour les vaches à plus de 395 jours de lactation (source des données : ARSOE de Bretagne)

Lait au pic et au dernier contrôle de 89 830 vaches à lactation longue

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mois d’allongement de l’intervalle entre vêlages, ce qui semble donc surestimé au regard de la nou-velle étude. La persistance de ces vaches est bonne : elles produi-sent en moyenne près de 19 kg de lait par jour par vache entre le 305e jour de lactation et le taris-sement. A partir du 441e jour de lactation, le niveau de production des primipares dépasse celui des multipares (graphique). Le TB des vaches à lactation «longue» est de 40,9 g/kg en moyenne sur la lactation et le TP est de 32,7g/kg soit pour les deux taux, + 0,4 par rapport aux moyennes des troupeaux bretons. 66 % des vaches étudiées avaient moins de 300 000 cellules au tarissement (contre 72 % en moyenne au Contrôle Laitier en 2007/2008).

Des difficultés de reproduction…En moyenne, les vaches à lac-tation longue ont été mises à la reproduction 106 jours après le vêlage, et se caractérisent par un intervalle entre vêlage et fécon-dation de 240 jours (7,9 mois). Leur intervalle entre vêlages (IVV) est en moyenne de 522 jours (17,1 mois). On distingue cependant plusieurs types de vaches (tableau). Pour 79 % des vaches étudiées, l’allongement des lactations semble subi par les éleveurs : le délai de mise à la reproduction est proche de la moyenne bretonne (85 ou 92 jours contre 88 jours en moyenne en Bretagne), mais la fécondation est tardive : 4 ou 8 mois après la première insémination (contre 1 mois en moyenne en Bretagne). Ce qui laisse supposer que ces vaches ont eu des difficultés à rete-nir. En ce qui concerne les 21 % des vaches restantes, la première insémination artificiel-le a lieu 6 mois après le vêlage et la fécondation est rapide. Cette mise à la reproduc-tion tardive peut être volontaire. Elle peut aussi provenir d’un pro-blème de détection des chaleurs.

Presque tous les

élevages concernésPlus de 90 % des adhérents à Bretagne Contrôle Laitier, ont eu au moins une vache à plus de 395 jours de lactation au cours des deux dernières campagnes

et 50 % des élevages en ont eu pendant les deux campagnes. Chez ces derniers, les vaches ayant effectué une lac-tation longue représen-tent en moyenne 11 % des vaches présentes. La part de vaches ayant

réalisé une lactation longue et encore présentes en mars 2009, dépasse rarement 16 % du trou-peau. Les élevages ayant le plus de lactations longues ne diffèrent pas des autres élevages en ce qui concerne le niveau de concentrés,

la part de maïs dans la SFP ou le niveau de production moyen du troupeau

Guylaine Trou – Chambres d’agriculture de [email protected]

Benoît Piquemal - Elève Ingénieur – Agrocampus Ouest – Rennes

Quelles sont les vaches

à lactations longues ?

Selon un échantillon de 26 000 vaches contrôlées par Bretagne Contrôle Laitier, les durées de lactation les plus représentées sont comprises entre 250 et 450 jours de lactations avec un pic d’animaux à 321 jours (histo-gramme ci-dessous). Près de 20 % des vaches ont une lactation de plus de 395 jours. Une partie des vaches sont réformées en cours de lactation, voire peu de temps après vêlage. A l’inverse, la lactation la plus longue observée est de 1 200 jours !

Répartition des durées de lactation en Bretagne (échantillon de 26 000 vaches, toutes races - source ARSOE de Bretagne).

Jusqu’à 1 200 jours de lactation !

0

5

10

15

20

25

30

0-50 51-100

101-150

151-200

201-250

251-300

301-350

351-400

401-450

451-500

501-550

551-600

601-700

701-750

751-800

801-850

851-900

durée de lactation (jours)

nombre de vaches (%)

Cette étude a été réalisée à partir des données de la base de données régionales des organisations d’élevage.

Elle a bénéficié du financement de

Tous les élevages ont au moins une vache avec des lactations de plus de 395 jours, le plus souvent de façon subie

Un index lait supérieur

Le potentiel laitier des vaches à lactation «longue» est légèrement supérieur à la moyenne des troupeaux bretons : + 184 kg d’index lait pour les vaches à plus de 395 jours de lactation contre + 105 en moyenne dans les troupeaux bretons (calcul 2009/1 – source : Institut de l’Elevage). Leur index TB est de - 0,07 (contre - 0,15 en Bretagne). Leur index TP est plus élevé (+ 0,25 contre + 0,15).

Valorisation & Transfert

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La vie des stations

DÉCEMBRE 2009 - N° 40

STATION EXPÉRIMENTALE DE TRÉVAREZ

Rénovation de la stabulation vaches laitièresAprès les travaux réalisés en 2008 autour des silos, du pont bascule et des accès à l’auge et à la laiterie, une seconde tranche vient de s’achever. Elle a concerné l’aménagement intérieur du bâtiment.

es 5 anciennes stalles de DAC ont été rem-placées par 7 nouvelles stalles (3 simples et 2 doubles). Après plus de 15 ans de service,

l’ensemble de l’équipement était devenu obsolète. Nous avons augmenté le nombre de stalles pour permettre plus de souplesse dans la gestion du trou-peau pendant les périodes de pâturage.

Le revêtement des sols des logettesA Trévarez, les logettes sont conduites en système lisier 100 % avec un apport limité de paille (entre 0,8 et 1 kg par jour). La paille est achetée et le lisier obtenu est un lisier pailleux difficile à brasser, à transférer d’une fosse à l’autre et à épandre. Pour améliorer le confort des animaux et obtenir un produit moins pailleux, il a été décidé d’installer des matelas dans les logettes. Les simples tapis ne conviennent pas pour un usage sans paille pour

assurer un bon confort de la vache. Les matelas sont constitués de plusieurs couches (mousse + revête-ment de caoutchouc) pour une épaisseur de 5 cm. Ils offrent plus de confort même avec peu de litière.La propreté des vaches nécessite cependant l’ap-port d’un minimum de litière sous forme de paille broyée, de copeaux ou de sciure de bois. Les trois solutions peuvent être testées à la station. La pré-sence d’un racleur mécanique est conseillée pour limiter les souillures sur les matelas, ce qui est le cas à la station

Yvon Séité – Chambres d’agriculture de Bretagne – pôle [email protected]

Les matelas des logettes sont constitués de plusieurs couches : une mousse et un revêtement de caoutchouc

L’une des 7 nouvelles stalles de distributeur automatique de concentrés (DAC)