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Les sept défis de Vatican IIrecherche biblique dans l’Église catholique pour près d’un demi-siècle et dans son sillage s’organise une véritable chasse aux sorcières où

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LesseptdéfisdeVaticanII

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Jean-MarieVezinLaurentVillemin

LesseptdéfisdeVaticanII

DescléedeBrouwer

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prépondérantequejouelacommissionthéologique,calquéesurleSaint-Office, etquepréside sonpréfet lecardinalOttaviani.Dans la mesure où la plupart des questions avaient unedimensionthéologique,cettecommissionestimaitavoirundroitde regard, voire de censure, sur les schémas préparés par lesautrescommissions.

L’ouvertureduConcile

LeConciles’ouvrele11octobre1962enprésencededeuxmille trois cents évêques, d’observateurs d’autres confessionschrétiennes, d’experts et de représentants du corps diploma-tique, au cours d’une longue et grandiose célébration à Saint-Pierre.Lediscoursd’ouverturedeJeanXXIIIprononcéenfindematinée passa un peu inaperçu. À la relecture, il constituecependantunedesclésd’interprétationduConcile.

La plupart des Pères qui arrivaient auConcile ne savaientpastrèsbiencequ’ilsvenaientyfaire.Eneffet, l’habitudedesconciless’étaitperduedansl’Égliselatineetlesévêquesétaienthabitués à entériner les décisions prises à Rome plutôt qu’àdébattre ensemble. Beaucoup pensaient donc qu’ils venaientpour, selon la formule traditionnelle, « célébrer le Concile »,puis s’en retourneraient dans leurs diocèses pour y célébrerNoël, après avoir approuvé les schémas élaborés par lescommissionspréparatoireslargementpilotéesparlaCurie.

L’électiondescommissionsduConcile

Mais les commissions préparatoires disparaissent àl’ouvertureduConcileetpourquecedernierpuissesemettreautravail,ilfallaitdoncconstituerles«commissionsduConcile»qui,auxtermesdurèglement,sontcomposéeschacunedeseize

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membresélusetdeneufmembresdésignésparlepape.Le surlendemain de l’ouverture, le 13 octobre, la première

«Congrégationgénérale»devaitêtreconsacréeàl’électiondesmembres de ces dix « commissions duConcile ». Il s’agissaitd’élire seize membres pour chacune des dix commissions.ChaquePère était donc invité à inscrire au total cent soixantenoms sur des fiches prévues à cet effet. Tâche impossible, lesPèresneseconnaissaientguèreentreeuxetlerisqueétaitqu’ilsreconduisentdesmembresdescommissionspréparatoiresoùlepersonnelde laCurieétaitmajoritaire.LeConcileallait-ilêtreceluidelaCurie?Unelistedenomspréalablementdiffuséeparla Curie allait d’ailleurs dans le sens d’une reconduction depersonneldescommissionspréparatoires.

Le 13 octobre, après l’intronisation de l’Évangile20 quimarque le début d’une Congrégation générale, le cardinalLiénart (archevêque de Lille) demande la parole ; elle lui estrefuséeparleprésidentdeséance(unFrançais,MgrTisserant).Passantoutreàcetteinterdiction(dujamaisvudansl’Église!),ildemandeundélaisuffisantdeconcertationentre lesévêquesavant de procéder au vote de désignation des membres descommissions.IlestaussitôtappuyéparlescardinauxallemandsFringsetDöpfner.ApplaudissementsdesPèresconciliaires:laprésidenceaccordeledélainécessaire.Lapremièrecongrégationn’apasduréuneheure.

Ce jour-là, il s’est produit un « événement » décisif en cesens que les évêques ont pris leurs affaires en main. Leursapplaudissementslemanifestent:leConcileseraleurconcileetnon pas seulement celui de la Curie. Ce jour-là, 13 octobre1962, leConcileest réellementné. Il lui resteraà trouver,nonsansdifficultés,sonrythmeetsesmodalitésdetravail.Retenonsqu’un concile est un « événement » avec tout ce que ce mot

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comported’inattendu.

CommentfonctionneleconcileVaticanII?

Comment réussirà faire travaillerensembleplusdedeuxmilleévêquesvenusdetouteslespartiesdumonde?Unrèglementaétémis en place avant le début duConcile. Il ne couvrira pastous les cas et devra être révisé par Paul VI. Certainesinterventionsdirectesdupapepasserontoutreaurèglement.

LesCommissions

LeConcile fonctionne tout au longde l’année àRome : àl’automneontlieules«sessions»oùsontréunistouslesPères,poursiégerenCongrégationgénérale.Endehorsdessessions,leConcilenes’arrêtepas:àpartirdesdemandesdemodifications(modi) issues des débats en Congrégation générale, lescommissions,souventdiviséesensous-commissions, travaillentpendant les « intersessions »,mais aussi pendant les sessions,pour refondre et amender les textes21. Lorsque le nouveauschémaestprêt, ilestsoumisà lacommissiondecoordinationpourapprobationetdécisiondeprésenterànouveauletexteauxPères.

LesCongrégationsgénérales

Les Congrégations générales qui réunissent, à l’automne,l’ensembledesévêques(les«PèresduConcile»)ontlieudansSaint-PierredeRomeoùdesgradins,disposésenvis-à-vistoutau long de la nef centrale, forment l’aula, appellationtraditionnelle de l’espace où se réunit le Concile. CesCongrégations générales ont lieu lematin et se terminent vers

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Dansuncontextedecritiquerationalisteetanticléricale, leconcile Vatican I a adopté une constitution dogmatique sur lafoi,Deifilius,dontlechapitre2portesurlarévélation.Faceàlacritiquerationaliste,VaticanIveutmontrerque la révélationn’estpas contraire à la raison :«LamêmesainteÉglisenotremère, tient et enseigne que Dieu, principe et fin de touteschoses,peutêtreconnuaveccertitudeparlalumièredelaraisonhumaine à partir des choses créées. »Dei filius cite de plus àl’appuil’épîtreauxRomains(Rm1,20).MaissiDieupeutêtreainsiconnuparlaraisonhumaine,quelbesoinpourDieudeserévéler par une autre voie ? Sur ce point, la constitutionDeifilius répond : « parce que Dieu, dans son infinie bonté, aordonnél’hommeàunefinsurnaturelle,pourqu’ilparticipeauxbiensdivinsquidépassentabsolumentcequepeutsaisirl’esprithumain » et le texte cite la première épître de Paul auxCorinthiens(1Co2,9).

Deifiliusfaisaitsiennel’interprétationdudécretdeTrente,danslesensdedeuxsourcesdelarévélation,etreprenaitàsoncompte ce que cemême décret indiquait sur la liste des livresauthentiques de l’Écriture et leur interprétation en affirmantqu’«écritssousl’inspirationduSaint-Esprit,ilsontDieupourauteur»etque«l’ondoittenirpourvéritablesensdelasainteÉcritureceluiqu’atenuetquetientnotreMèrelasainteÉglise,à qui il appartient de juger du sens et de l’interprétationvéritabledes saintesÉcritures etquedès lors il n’estpermis àpersonne d’interpréter cette sainte Écriture contrairement à cesens ni non plus contrairement au consentement unanime desPères».

Cetteprésentationde larévélationétait familièreauxPèresdeVaticanIIqui«suivantlestraces[…]duconcileVaticanI»citeDeifiliusauparagraphe6deDeiverbum.

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L’ÉgliseetlaBible:du«modernisme»àVaticanII

L’Égliseetlacritiquebiblique

Le travail des humanistes (XIVe-XVIe siècle), qui portaitaussisurletextedelaBible,inaugureune«critique2»quivas’amplifier avec l’émergence, à partir du XVIIe siècle, d’unesciencehistoriquequinecesseraplusd’interrogerlaBible.DèslafinduXVIIIesiècleettoutaulongduXIXesièclesedéveloppeunecritiquebiblique,enparticulierenAllemagnedanslemondeprotestant, mais de façon plus générale dans le mondescientifique (histoire, philologie, étude des textes…). Cesderniers visent à ébranler, du point de vue de leur science, lasolidité de la Bible et, au-delà, l’ensemble de la doctrinechrétienne.

L’Église est alors peu préparée à affronter ces travauxqu’elle perçoit souvent comme autant d’attaques de sa proprefoi. De plus, au XIXe siècle, les études bibliques en mondecatholique sont faibles. Léon XIII (pape de 1878 à 1903),conscient de la faiblesse dumonde catholique en ce domaine,donnera en 1893 une encyclique, Providentissimus Deus,encourageant dans certaines limites les études bibliques. Auparagraphe11,Deiverbum cite en note cette encyclique et auparagraphe24, reprend l’unedeses formulesquidemandeque«l’étudedelaSainteÉcrituresoitdoncpourlasacréethéologiecommesonâme».

Le«modernisme»etsacondamnation

Le mot « modernisme » est à prendre ici en un sens

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spécifique. Il désigne les tendances et la doctrine d’un certainnombredethéologiensetdebiblistes,laplupartfrançais,qui,àlafinduXIXeetaudébutduXXesiècle,cherchentàréinterpréterles données dogmatiques en accord avec les découvertes etméthodesscientifiquesd’étudedestextes.

Se sentant encouragés par l’encyclique de Léon XIII, desbiblistes vont abandonner les efforts artificiels du«concordisme3»etutiliserlesméthodesdelacritiquebiblique,avec le souci d’un travail crédible vis-à-vis du mondescientifiquemoderne.Maisl’Églisedel’époquen’étaitguèreenmesure d’accueillir ce type de recherches, qui préconisait (defaçon parfois doctrinaire) une indépendance de la « critique »visà-visdelaRévélationetdesdogmes,auxquelslemagistèredel’Église donnait une valeur intemporelle alors que la critiquepréconisait de les interpréter historiquement dans leurenracinement temporel. Du point de vue du magistère, ce quirelève de la foi pouvait-il être dépendant de la critiquehistorique?Lespositionsvontsedurcirdepartetd’autre.Déjà,vers la fin de son pontificat, Léon XIII s’inquiète de cesrecherches nouvelles,mais c’est son successeur le pape PieX(papede1903à1914)quivaleurdonnerunbrutalcoupd’arrêt,avec la publication du décret Lamentabili et de l’encycliquePascendi (8 septembre 1907). Cette encyclique bloque larecherche biblique dans l’Église catholique pour près d’undemi-siècle et dans son sillage s’organise une véritable chasseauxsorcièresoùdeprochescollaborateursdePieXrivalisentdezèle. Dans un climat de délation, qui perdurera longtemps,toutes les personnes suspectées de « modernisme » sontsanctionnées4.L’encycliquedePieXseterminaitenpréconisantlestrict retouràune théologiescolastiquedont l’enseignementétait rendu obligatoire dans les séminaires. En 1910, Pie X

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accentue, dans le monde catholique, ce retour à la Bible quiavaitdébutéavantleConcile.

Enrésumé,laconstitutionDeiverbumacontribuéàreplacerla parole deDieu au cœur de la vie des chrétiens et de touteréflexionsurlafoi.

LesconséquencesdeDeiverbum

UnelargediffusiondelaBibleenmilieucatholique

L’influencelaplusvisibledeDeiverbumestcertainementladiffusiondelaBibledanslesmilieuxcatholiquesetlamiseenplacedeformationspouruneinitiationvéritable.Onvitdefaitdes groupes bibliques fleurir dans les paroisses, ainsi que descommentaires variés et des guides de lecture. Le soutien de lalecture continue de l’Écriture dans la liturgie y est pourbeaucoup. Il faut aussimentionner les nombreuses traductionsdelaBiblequiontvulejourcescinquantedernièresannéesetquiontpermisde s’adapter aussi bien auxdifférents chrétiensqu’aux différents usages que l’on voulait faire du texte. Celapermettait aussi de comparer les traductions et ainsi d’entrerdans la profondeur des textes même si on n’avait pas lescompétencespourlesliredansleurlangued’origine.Parmilesplusconnusenlanguefrançaise,onciteralesBiblessuivantes:laBJ(BibledeJérusalem),laTOB(TraductionœcuméniquedelaBible),laBibleOsty-Trinquet,laBibleBayard,laBibledelaliturgie, laBible en français courant,ZEBible,…sansparlerdesBiblespourenfants.

Mais dans la droite ligne de Dei verbum, la lecture destextesbibliquesdevientégalementunevéritableprière.C’estle

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casdans lessacrementsdontnousavonsdéjàparlé,c’estaussile cas dans la liturgie des heures, spécialement avec lesPsaumes.Deplus, laLectiodivina, qui était jusqu’icipresqueexclusivement réservée aux milieux monastiques et religieux,devient une expérience à laquelle se livrent beaucoup decatholiques. Dans la Lectio divina, le croyant lit des parolesbibliques pour écouter la Parole de Dieu. Elle permet auchrétiendesecomprendred’unemanièrenouvelleàpartirdelalumièreprovenantdutexte,duvisageduChristquiémergedelapage biblique.Dans le silence et la solitude, le chrétien lit letexte(lectio); luilaissefairesoncheminenluidansunesortede«rumination»lente(meditatio);jaillitalorsuneprièrequ’iladresse à son Dieu (oratio) et qui débouche sur lacontemplation (contemplatio). Même si ces quatre momentsclassiques ne sont pas toujours respectés ou sont interprétéslibrement,ilestclairquedeplusenplusdecatholiquesprientàpartirde laBible. Il s’agitd’un rapport redécouvert à laBibledontVaticanIIestdirectementresponsable.

Lesconséquencespourl’exégèsebiblique

Lesconséquencesfurentgrandespourl’étudedelaBibleetl’on vit se multiplier les méthodes de lecture. La méthodehistorico-critique eut une grande influence dans les années1970.Ellereposesurunretouraucontextehistoriqueetcultureld’élaboration et d’écriture du texte pour en donner uneinterprétation. Mais on vit apparaître aussi des lecturessémiotiques, rhétoriques, littéraires, narratives, canoniques…Undesmultiplesenjeuxderrièrecesdifférenteslecturesétaitlamanièred’opérerlelienentrel’AncienetleNouveauTestamentqui avait été rappeléparDeiverbum. En 1974, la commissionpourlesrelationsavecle judaïsmeformuladesOrientationset

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suggestions pour l’application de la déclaration conciliaireNostra aetate et y invita à « mieux comprendre ce qui dansl’AncienTestamentgardeunevaleurpropreetperpétuelle,celle-ci n’étant pas oblitérée par l’interprétation ultérieure duNouveauTestamentquiluidonnesasignificationplénière,alorsqu’ilytrouveréciproquementlumièreetexplication19».

En 1993 est publié un texte de la commission bibliquepontificale, important pour se forger un jugement sur lesdifférentesméthodesdelectureetd’interprétationdelaBible:L’interprétation chrétienne de la Bible. Celle-ci porte àreconnaître la présence d’un dynamisme dans la Bible.Concernantlesrapportsentrel’AncienetleNouveauTestament,le texte affirme que « les rapports intertextuels prennent unedensité extrême dans les écrits du Nouveau Testament, touspétrisd’allusionsàl’AncienTestamentetdecitationsexplicites.Les auteurs du Nouveau Testament reconnaissent à l’AncienTestament valeur de révélation divine. Ils proclament que cetterévélation a trouvé son accomplissement dans la vie,l’enseignement et surtout lamort et la résurrectionde Jésus…On constate à la fois que les Écritures révèlent le sens desévénementsetquelesévénementsrévèlentlesensdesÉcritures,c’est-à-dire qu’ils obligent à renoncer à certains aspects del’interprétation reçue pour adopter une interprétationnouvelle20».

En 2010, le pape Benoît XVI publia l’exhortationapostolique post-synodale Verbum Domini faisant suite ausynodedesévêquessurlaParoledeDieuquis’estréuniàRomeen 200821. Dans ce texte très riche, il dit sa préférence pourl’exégèsecanonique,dontl’objectifestd’interpréterletexteentenant compte de l’unité de l’ensemble de l’Écriture. C’estd’ailleurscetteméthodedelecturequ’ilmetenœuvredansson

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LecturedepassagesclésdesdeuxpremierschapitresdeLumengentium

Lemystèredel’Église(chapitreI)

Par rapport à une conception hiérarchique et juridique del’Églisequiavaitencore largementcours, ilestsignificatifquele Concile commence par une présentation du « mystère » del’Église. L’Église, en effet, est d’abord à comprendre commemystèredefoi.C’estpourquoiellefiguredanslesCredos,aprèslestroisarticlessurlespersonnesdelaTrinité.

L’Églisesacrementdusalut(§1)

Laconstitutionsurl’Églisedébuteainsi:

«Puisque leChrist est la lumièredespeuples, le saintConcile réuni dans l’Esprit Saint souhaite ardemment,en annonçant à toute créature la bonne nouvelle del’Évangile, répandre sur tous les hommes la clarté duChrist que reflète le visage de l’Église (cf.Mc 16,15).L’Église étant dans le Christ, en quelque sorte lesacrement,c’est-à-direà la fois lesigneet lemoyendel’union intime avecDieu et de l’unité de tout le genrehumain,elleseproposedepréciserdavantage,poursesfidèles et pour le monde entier, en se rattachant àl’enseignementdesprécédentsconciles,saproprenatureetsamissionuniverselle.»

Nous sommeshabituésà entendre lemot« sacrement»ausens des « sept » sacrements de l’Église, dont la liste n’a étéfixéequ’auXIIe siècle.Mais auparavant, lemot « sacrement »

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avait été utilisé, dès le IIe siècle, pour traduire en latin lemot«mystère » (décalque en français dumot grecmusterion). Enappliquant à l’Église le mot « sacrement », les Pères nel’emploient donc pas au sens habituel, comme s’il s’agissaitd’un«huitième»sacrement,maisenunsensparticulier,commel’indique le « en quelque sorte » qui précède le mot etl’explication (« c’est-à-dire ») qui en est donnée : « L’ÉgliseétantdansleChrist,enquelquesortelesacrement,c’est-à-direàla fois le signe et lemoyen… »Un « signe » renvoie à autrechosequelui-même;demêmeun«moyen»estcequisertpourarriveràunefin.LeConcile indiqueainsique l’Égliseestuneréalitévisible(quoideplusvisiblequ’unsigne?)quidoitfaire« signe » vers une autre réalité, qui, elle, ne peut êtreappréhendée que par ce «moyen ». L’Église est « à la fois lesigne et le moyen », autrement dit en un seul mot :«sacrement».Cettefaçondes’ex-primerestuneanalogie,étantentenduqu’uneanalogien’estpasunesimilitude.

Maisl’Églisen’estcelaque«dansleChrist».L’Égliseenson « mystère » ne peut véritablement se comprendre qu’enréférenceauChristJésus,commel’indiquentlespremiersmotsdecetteconstitution:Lumengentium,lalumièredespeuples–c’est leChrist,biensûr,etnonpas l’Église!Ellen’existepaspourelle-même,maispourpermettreauxhommesderencontrerleChristJésus.CerecentragesurleChrist,quiportelamarquedePaulVI,esttypiquedeLumengentiumetdefaçongénéraledetoutleconcileVaticanII.

Le Concile applique assez rarement à l’Église ce mot de« sacrement », qu’il complète parfois par les expressions« sacrement du salut » ou encore « sacrement universel dusalut3 ». Mais qu’est-ce que le salut ? Réponse : « l’union

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intime avec Dieu ET l’unité de tout le genre humain ». Cetteformulationnousdélivred’unecompréhensionégoïstedusalut(« faire son salut ») et permet, par exemple, de comprendrepourquoil’Églisesemontredésormaisattachéeauxinstitutionsinternationales, telle l’ONU, qui visent à rassembler leshommes4.

Soulignonsenfindeuxpoints,asseztypiquesdeVaticanII:le souci de se rattacher « à l’enseignement des précédentsconciles » et la volonté de ne pas s’adresser seulement aux«fidèles»maisau«mondeentier»,à«tousleshommes».

LasuitedecechapitreI inscrit l’Églisedanslaperspectivebibliquedudessein5–oumystère–deDieuetenréférenceaumystèretrinitaire,carc’estsurcemodèlequel’unitédel’Égliseest à comprendre, comme le rappelle la fin du paragraphe 4,citantsaintCyprien(évêquedeCarthageauIIIesiècle):«Ainsil’Église tout entière apparaît comme un “peuple qui tire sonunitédel’unitéduPèreetduFilsetdel’Esprit-Saint”.»Aprèsavoirrappelélelienquiunitl’ÉgliseàJésus-Christ(§5),pourprésenter la«nature intimede l’Église», leConcile recourt àdes images empruntées tant à l’Ancien qu’au NouveauTestament. Alors que la théologie néoscolastique, encoreofficiellement dominante au temps de l’avant-Concile,privilégiait une approche abstraite par définition et concept, leConcileoptepourunlangagebibliquequi,commenousl’avonsvu, présente l’Église par une série d’images. Ce retour à lasourcebibliqueestcaractéristiquedeVaticanII.

L’ÉglisecorpsmystiqueduChrist(§7)

Dansleprolongementdecettedescriptionpardesimages,eten référence explicite à l’encyclique de Pie XII (Mystici

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etdel’EspritSaint”.»

LabienheureuseMariemèredeDieudanslemystèreduChristetdel’Église(chapitreVIII)

Ce dernier chapitre n’a été rattaché àLumen gentium quesuite à un vote du 29 octobre 1963 qui ne fut acquis qu’avecquarante voix de majorité. Or « le but poursuivi – et quid’ailleurs a fini par s’imposer– était d’éviter l’impressionqueMarie constitue dans le plan divin […] un élément à part etisolé»(GuilhermeBaraùna).

Le texteestd’uneassezgrandesobriété, fondé,notammentdans un souci œcuménique, sur ce qui nous est dit deMariedans le Nouveau Testament. Théologiquement irréprochable,cette sobriété décevait les « mariolâtres » pour qui l’on n’endisait et n’en faisait « jamais assez » (numquam satis) pourMarie.IlssouhaitaientetespéraientencoredonnerdenouveauxtitresàMarieetlaproclamermédiatrice,malgrélerefusqueleuravaitdéjàopposéPieXIIsurcepoint.Ontrouvedeséchosdecette affaire dans le chapitre qui, au début du paragraphe 60,rappelle,citant1Tm2,5-6,qu’iln’ya«qu’unseulmédiateurentreDieuetleshommes,leChristJésus».Auparagraphe62,ce mouvement marial réussit à faire ajouter des titres parlesquelsoninvoqueMarieetoùfigureceluide«médiatrice»,ensorteque textedoitpréciserque« toutcelacependant [est]entendudetellesortequenulledérogation,nulleadditionn’enrésultequantàladignitéetàl’efficacitédel’uniqueMédiateur,leChrist.AucunecréatureeneffetnepeutjamaisêtremisesurlemêmepiedqueleVerbeincarnéetrédempteur».

Dans sa sobriété biblique et théologique, ce chapitreconstitueuntextederéférencesurMarie,quidansl’Église (etnonhors)occupelapremièreplace.MaisleConcileprécise(fin

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du§54)que«leConcilen’apasl’intentiondefaireausujetdeMarieunexposédoctrinalcomplet,nidetrancherlesquestionsque le travail des théologiens n’a pu encore amener à unelumièretotale».Letexteestconstruitencinqparties.Aprèsune« introduction» (I), unedeuxièmepartie traitedu« rôlede labienheureuseViergeMariedansl’économiedusalut»(II):cettepartie s’en tient au texte biblique. Après cet exposé biblique,une troisième partie constitue une reprise théologique : « labienheureuseViergeetl’Église»(III).Puisunequatrièmepartiesur«lecultedelabienheureuseViergedansl’Église»(IV)oùilest précisé que « ce culte, tel qu’il a toujours existé dansl’Église, présente un caractère absolument unique ; il n’en estpasmoinsessentiellementdifférentduculted’adorationquiestrenduauVerbeincarnéainsiqu’auPèreetàl’EspritSaint».EtleConcileajoute(§67):

« Que les fidèles se souviennent qu’une véritabledévotion ne consiste nullement dans un mouvementstérile et éphémère de la sensibilité, pas plus que dansunevainecrédulité;lavraiedévotionprocèdedelavraiefoi, qui nous conduit à reconnaître la dignité éminentede laMèredeDieu,etnouspousseàaimercetteMèred’un amour filial, et à poursuivre l’imitation de sesvertus.»

Cechapitre se termineparunedernièrepartie en formedeconclusion:«Mariesigned’espéranceassuréeetdeconsolationpourlepeupledeDieupérégrinantsurterre»(V).

Ce dernier chapitre sur Marie, première dans l’Église,répondaupremierchapitresur lemystèrede l’Égliseetclôt laconstitutionLumengentium.

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L’ÉglisecommemystèreaprèsleconcileVaticanII

Lerôledelaviereligieuse

Appréhenderl’Églisecommemystère,c’estéviterdetomberdansunepenséefonctionnaliste.Laviereligieusemanifesteparexcellence lagratuitédudondeDieu.Commenous leverronsdanslechapitresuivant,leconcileVaticanIIareditlanécessitéde la vie religieuse pour la vie de l’Église.C’est une suite duChristquisefaitdanslestroisvœuxdepauvreté,dechastetéetd’obéissance.Tousleschrétiensn’ysontpasappelésmaislaviereligieuse rappelle que la vocation de chacun est de suivre leChrist. Tel est bien le mystère dont l’Église est porteuse etqu’ellesedoitd’annoncer.Lavariétédescharismesetdesétatsdevieestunsignedeladiversitéetdelaprodigalitédesdonsdel’Esprit.C’estcequerappelaitlepapeJean-PaulIIaudébutdeson encycliqueVitaconsecrata qui fait suite au synode sur laviereligieuse:

«LeSynode,àlasuitedeceuxquiontétéconsacrésauxlaïcsetauxprêtres,complètel’examensystématiquedesdonnées particulières qui caractérisent les états de vievoulusparleSeigneurJésuspoursonÉglise.Eneffet,sile concile Vatican II a souligné la grande réalité de lacommunion ecclésiale où convergent tous les dons envue de la construction du Corps du Christ et de lamission de l’Église dans le monde, au cours de cesdernièresannées,ilaparunécessairedemieuxexpliquerl’identitédesdifférentsétatsdevie,leurvocationetleurmissionspécifiquedansl’Église.Dansl’Église,eneffet,lacommunionn’estpasuniformité,maiselleestundondel’Espritquipasseàtraverslavariétédescharismeset

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d’uncollège,c’est-à-dired’ungroupestable,àlatêteduquelilmitPierrechoisiparmieux»(§19).Ceparagraphementionneàl’appuiunesériedetextesduNouveauTestament.

Se référant ensuite à la fin de l’évangile deMatthieu (Mt28,20) leConcilerappelleque lamissionconfiéepar leChristauxapôtres«devradurer jusqu’à la findessiècles […].C’estpourquoi les apôtres, en cette société hiérarchiquementordonnée, ont pris soin d’instituer des successeurs ». Puis leConcile donne une argumentation biblique et tradition-nelle,pourconclure:«LesaintConcileenseignequelesévêquesenvertu d’une institution divine [et non pas d’une institutionhumaine]succèdentauxapôtres»(§20).C’estenvertudecetteinstitutiondivinequ’ils«présidentaunometàlaplacedeDieuletroupeaudontilssontlespasteurs.»Présidant«aunometàlaplacedeDieu»,ilsnesontdoncpasdesdéléguésoulégatsdu pape. Le Concile le mentionne d’ailleurs explicitement auparagraphe27où ils sontdésignés comme« vicaires et légatsduChrist»et,leConcileinsistesurcepoint,«onnedoitpasles considérer comme les vicaires des pontifes romains, car ilsexercent un pouvoir qui leur est propre » (§ 27). En effet, cepouvoir propre leur est conféré par la « consécrationépiscopale » : « Le saint Concile enseigne que par laconsécrationépiscopale,estconféréelaplénitudedusacrementde l’ordre,que lacoutume liturgiquede l’Égliseet lavoixdessaints Pères désignent en effet sous le nom de sacerdocesuprême, de réalité totale du ministère sacré » (§ 21).L’expression « le saint Concile enseigne que » indique lavolontédedéfiniruneaffirmationdogmatique.

Latransmissiondesapôtresauxévêquessefaitparleritedel’impositiondesmainsattestédansleNouveauTestament(1Tm4,14;2Tm1,67).Lorsdelaconsécrationépiscopalequi,selonunetrèsanciennetradition,sefaitenprésenced’aumoinstrois

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évêques, l’évêque reçoit la plénitude du sacrement de l’ordre.«Laconsécrationépiscopale,enmêmetempsque lachargedesanctifier,confèreaussileschargesd’enseigneretdegouverner,lesquellescependantdeparleurnaturenepeuvents’exercerquedans lacommunionhiérarchiqueavec lechefducollègeet sesmembres»(§21).L’expressionde«communionhiérarchique»indique qu’un évêque doit être en communion avec les autresévêques,membresducollège,etenparticulieravecl’évêquedeRome–lepape–quiestàlafoismembreducollègeetchefdece collège. Comment devient-on membre du collège ? Par laconsécration épiscopale et la communion hiérarchique. Leparagraphe 22 précise les pouvoirs respectifs du collège « quin’ad’autoritéqu’uniaupontiferomain»etdupape.

Lestroischargesdel’évêque

Les paragraphes 25 à 27 détaillent les trois charges del’évêque:

– enseigner (§ 25) en soulignant que « parmi les chargesprincipales de l’évêque la prédication de l’Évangile est lapremière»;

– sanctifier (§26), ce paragraphe insiste sur la place del’eucharistieetlerôledel’évêqueparrapportauxsacrementsdebaptême, de confirmation, de l’ordre et la régulation de lapénitence;

– gouverner (§ 27), « l’évêquedoit garder devant ses yeuxl’exemple du bon Pasteur, venu non pas pour se faire servir,maisservir»(cf.Mt20,28;Mc10,45).Lafindeceparagraphe27donneunesortededescriptiondel’évêqueselonVaticanII.

Alors que l’évêque apparaissait souvent encore comme un« prince », habitant significativement un palais épiscopal, leconcileVatican II suscitera une nouvelle figure d’évêque, avec

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unmodedevieplusévangéliqueetplusprochedupeupledontil a la charge, et le paragraphe 24 insiste sur le fait que leministèreépiscopal«estunvéritableservice».

Cechapitre IIIestcomplétépour lesévêquesparundécretsur la charge pastorale des évêques dans l’Église, ChristusDominus.Cedécretprévoitlesynodedesévêques,uneréformedelaCuriedanslesensd’uneinternationalisation.Ilinstitueladémissiondesévêquesàsoixante-quinzeansetdescardinauxàquatre-vingts ans. Il souhaite que les synodes et concilesconnaissent une nouvelle vigueur (fin du § 36). Enfin, ilreconnaît la place des conférences épiscopales. Sur lesconférencesépiscopalesmentionnéesà la finduparagraphe23deLG, on peut lire les paragraphes 36 à 38 du décret sur lesévêques,ChristusDominus.

Églisesparticulières–Égliseuniverselle(§23)

Cetteplacedonnéeauxévêquesvadepairavecuneremiseenvaleurdel’«Égliselocale»,ou«particulière»quiestundesapportsimportantsduconcileVaticanII:«Lesévêques,chacunpour sa part, placés à la tête de chacune des Églisesparticulières, exercent leur autorité pastorale sur la portion dupeuple de Dieu qui leur a été confiée et non sur les autresÉglisesousurl’Égliseuniverselle.»

Soulignons ici le choix du mot « portion » et non pas«partie»,quifiguraitdansuneversionprécédente.Prenonsunecomparaisonconcrète:dansunetarteauxfraises,lesfraisesoula pâte ne sont qu’une « partie » des divers éléments quicomposent la tarte, alors qu’avec une « portion » nous avonstous les éléments qui constituent la tarte, bien que nous n’enayons qu’une partie. Dans l’Église particulière, locale, queconstitueundiocèse,«l’ÉgliseduChristestvraimentprésente»

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Dessignesdecrise

L’après-Concile coïncide avec une crise de société quidébutedanslesannées1960,sansqueleConcile,pasplusqued’autres institutions, s’ensoitavisé.Lacriseéclateraen1968-1969.

Par ailleurs, à l’intérieur de l’Église, une crise latente duclergé existait, que peu d’évêques pressentaient – dans lesenvois de la phase anté-préparatoire, Mgr Veuillot est un desseuls à aborder la question. Dans les années qui suivent leConcile, de nombreuses défections interviendront, notammentenFrance,tantchezlesséculiersquedanslesordresreligieux,et certains seront tentés d’attribuer, sans autres analyses, cesdéfectionsauConcilehâtivementrenduresponsable.RappelonsquePaulVIs’étaitréservélaquestionducélibatdesprêtres,quin’a donc pas été abordée auConcile.Or c’est le plus souventl’abandon du célibat qui explique les défections d’après leConcile.Ces départs seront ressentis douloureusement dans lepeupledeDieu.

Outredesdéfectionsdanslesrangsduclergé,dessignesdecriseapparaissentdès1968-1969.Ons’aperçoitqueleConcilen’a pas enrayé la désaffection massive des Églises dans denombreux pays occidentaux. L’influence de l’Église dans lasociété s’amenuise.À cela s’ajoutent desmesures qui peuventlaisser penser que le mode d’exercice de l’autorité n’a pasvraiment changé dans l’Église. Ainsi, la publication del’encycliqueHumanaevitaesurlarégulationdesnaissancesde1968 est perçue, indépendamment de son contenu, comme unacteunilatéraldupape,quines’appuienisurlacollégialiténisurl’expressiondusentimentdesfidèlescatholiques.En1973,laCongrégationduclergéinterditlatenuedeconseilspastoraux

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à dimensions interdiocésaine, provinciale, régionale, nationaleou internationale11. Par ailleurs, l’institution naissante dusynodedesévêquesmontredéjàdessignesd’essoufflement.

CesdysfonctionnementsnesontpassimplementimputablesàunepeurdeperdrelepouvoirdelapartdupapeetdelaCurie,mais à un déficit institutionnel des textes deVatican II. LouisBouyerlediagnostiquaitdéjàen1970:

« On est frappé par-dessus tout de deux lacunesgénérales de l’enseignement de Lumen gentium, pourlesquelles on chercherait vainement dans les autrestextes conciliaires quelque compensation. Ces deuxmanques peuvent apparaître comme antithétiques, maisleur simultanéité n’en est que plus fréquente. Laconstitutionsurl’Égliseignoreàpeuprèscomplètementle droit canon… mais chose curieuse, à part un beauparagraphepluspieuxquedoctrinal,ellen’ignoreguèremoinscomplètementleSaint-Esprit12.»

Malgrél’exagérationunpeuprovocatricedeBouyer,ilfautreconnaître que les Pères du Concile, voulant rééquilibrerl’ecclésiologieenprésentant l’Égliseenracinéedans lemystèrede Dieu, ont négligé d’en tirer toutes les répercussionsinstitutionnellesdanslestextesduConcile.

Lecodededroitcanonique

Après un long temps de maturation, de discussion etd’élaboration,furentpubliésen1983lecodededroitcanoniquepour l’Église latineet en1990 lecodedescanonsdesÉglisesorientales.L’unetl’autreprennentencompteleconcileVaticanII et sa vision de l’Église.Dans la constitution apostolique de

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promulgation du code de 1983, le pape Jean-Paul II faisait unlienexpliciteentreleconcileVaticanIIetlecode:

«Cetinstrumentqu’estleCodecorrespondpleinementàla nature de l’Église, spécialement comme le décrit lemagistère du concile Vatican II en général, et enparticulier dans son enseignement ecclésiologique. Enuncertainsens,onpourraitmêmevoirdansceCodeungrand effort pour traduire en langage canonique cettedoctrinemêmedel’ecclésiologieconciliairedel’Église.Si, cependant, il n’est pas possible de traduireparfaitementenlangagecanoniquel’imageconciliairedel’Église, leCode doit néanmoins être toujours référé àcettemême image comme à son exemplaire primordial,dont, par sa nature même, il doit exprimer les traitsautantqu’ilestpossible13.»

On constate cette volonté dans le planmême du code quidiffèreduplanducodede1917et intègrelavisiondeVaticanII. Après un premier livre consacré aux normes générales, onpeut découvrir le livre II intitulé « Le Peuple de Dieu ». Leprofesseur français d’histoire du droit Jean Gaudemet étaitmembre de la commission de révision du code. Il racontaitfréquemmentdanssescoursquelaCommissiontravaillaitavecdeux instrumentsprésentssur la tableautourde laquelle ils seréunissaient:laBibleetlestextesduconcileVaticanII.

Desfruitsinstitutionnelsincontestables

La clarification institutionnelle permise par la parution ducode a permis un renouveau indéniable, aumoins pour ce quiregardel’ÉgliseenFrance.C’estd’abordundéveloppementdes

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«UneseuleetuniqueÉgliseaétéinstituéeparleChrist»,c’estrappelerenpréambulelebutdel’œcuménismeconformeàla demande du Christ d’une Église une (Jn 17,21).« Scandale » : le mot est à prendre au sens étymologique etbiblique : c’est la pierre qui fait trébucher sur le chemin,l’obstaclequiempêchedepasser.

« À ce mouvement vers l’unité qu’on appelle lemouvement œcuménique, prennent part ceux quiinvoquent le Dieu Trinité et confessent Jésus pourSeigneur et Sauveur, non seulement pris un à un,maisaussi réunis en communautés dans lesquelles ils ontentendu l’Évangile et qu’ils appellent leur Église etl’ÉglisedeDieu.[…]VoilàpourquoileConcileconsidérantavecjoietouscesfaits, après avoir déclaré la doctrine relative à l’Église,pénétré du désir de rétablir l’unité entre tous lesdisciplesduChrist,veutproposeràtouslescatholiquesles secours, les orientations et les moyens qui leurpermettrontàeuxmêmesderépondreàcetappeldivinetàcettegrâce.»

Le texte marque une reconnaissance du mouvementœcuménique dans lequel il s’inscrit et souligne que ce« mouvement vers l’unité » ne concerne pas seulement lespersonnes isolées, contrairement à l’attitude antérieure del’Église catholique qui se préoccupait surtout de conversionindividuelle et était peu disposée à reconnaître auxcommunautés séparées, en particulier protestantes, un statutd’Église.

Lesprincipescatholiquesdel’œcuménisme

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(chapitreI)

Le paragraphe 2 souligne que c’est l’Esprit Saint « quihabite tous les croyants », qui fait l’unité de l’Église dont lemodèleetleprincipe«estdanslatrinitédespersonnesl’unitéd’un seulDieuPère, et Fils, en l’Esprit Saint ».Évoquant lesdivisions qui apparurent dès l’origine de l’Église et queréprouvait l’apôtre Paul (cf. 1 Co 1,11ss), le paragraphe 3considèreque les chrétiensnoncatholiques« se trouventdansune certaine communion bien qu’imparfaite » avec l’Églisecatholique. Le texte distingue entre « pleine communion » etcommunionréellemais«imparfaite».

Faisant implicitement référence au paragraphe 8 deLumengentium, ledécretreconnaîtque«plusieursetmêmebeaucoupd’éléments de grande valeur peuvent exister en dehors deslimites visibles de l’Église catholique », éléments quiappartiennent«dedroitàl’uniqueÉgliseduChrist».Sidoncles « Églises et communautés séparées […] ne sont nullementdépourvues de signification et de valeur dans le mystère duSalut », le Concile croit pourtant qu’elles souffrent de«déficiences»etenconséquencepoursuitainsi:

« C’est, en effet, par la seule Église catholique duChrist,laquelleest“lemoyengénéraldeSalut”quepeuts’obtenir toute la plénitude des moyens de Salut. Carc’estauseulCollègeapostolique,dontPierreestlechef,quefurentconfiées,selonnotrefoi,touteslesrichessesde laNouvelleAlliance, afinde constituer sur terre unseul Corps du Christ auquel il faut que soientpleinement incorporés2 tous ceux qui, d’une certainefaçon,appartiennentdéjàaupeupledeDieu.»

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Auparagraphesuivant (§4),aprèsavoirexhorté« tous lesfidèles catholiques à reconnaître les signes des temps, et àprendreunepart activeà l’effortœcuménique», leConcile endécrittroiscaractéristiques:enpremierlieu,uneffortdevérité« pour éliminer les paroles, les jugements, et les faits » quirendent difficiles les relations avec les frères séparés. Ensuite,un effort mutuel de dialogue « où chacun explique à fond ladoctrinede sacommunautéetmontrede façonclairecequi lacaractérise».Enfin,« tousexaminent leur fidélitéà lavolontéduChrist par rapport à l’Église et entreprennent, comme il lefaut,uneffortsoutenuderénovationetderéforme».

Dans ce but, le Concile recommande aux catholiques defaire les premiers pas vers les frères séparés, d’être attentifs à«toutcequidanslafamillecatholiqueabesoind’êtrerénové»etde«faireensortequel’Église[…]sepurifieetserenouvelledejourenjour».CedernierpointestunleitmotivdeVaticanIIquinefiguraitdansaucundesprécédentsconciles.

Exercicedel’œcuménisme(chapitreII)

Laphrasequidébuteleparagraphe7estfondamentale:«Iln’yapasdevéritableœcuménismesansconversionintérieure.»La démarcheœcuménique ne vise pas à convertir l’autre,maiselle est pour chacun un chemin de conversion pour aller versl’unité voulue par Jésus. Dans ce cheminement, la prièrecommune peut « à bon droit être appelée œcuménismespirituel».Sansmentionnerlasemainedeprièrepourl’unité,leConcile souhaite « que les catholiques s’associent pour prieraveclesfrèresséparés».

Letexte(§11)fixeunemanièred’exprimeretd’exposerladoctrine de la foi : « Il faut absolument exposer clairement ladoctrine dans son intégralité. Rien n’est plus étranger à

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onteuàsubirlapersécutiondeschrétiens.Onaparfoischerchéàdistinguerentre«antijudaïsme»,quineseraitquedenaturethéologiqueet«antisémitisme».Maisquipourraitnierquecetantijudaïsme n’ait favorisé l’antisémitisme, auquel cèdentnombredechrétiensenparticulieraudébutduXXesiècle?LeConcile en tout cas ne s’engagera pas dans cette voie d’unedifférenciationentreantijudaïsmeetantisémitisme.

Lorsque le Concile se réunit, le génocide perpétré par lesnazis est présent à toutes lesmémoires et l’un des buts de ladéclaration, voulue par Jean XXIII, sera de supprimer ce quisubsiste d’antisémitisme chez les chrétiens. La question prendune virulence passionnelle au Moyen-Orient, où lescommunautés chrétiennes arabes ne distinguent guère, saufexception, entre la question des juifs et celle posée par l’Étatd’Israël2.Enfin,ilfautrappelerleclimatpassionnelsoulevéaumilieu du Concile (en 1963-1964) par la pièce de RolfHochhuth,LeVicaire,jouéeavecsuccèspartoutenEurope,quistigmatise de façon caricaturale le silence dePieXII face à lapersécutiondesjuifsparHitler.

JeanXXIIIetlesjuifs

Pendant la guerre, Jean XXIII était vicaire apostolique enTurquie,plaquetournanteparoùdesjuifscherchaientàfuirenPalestineet il estvenuenaideànombred’entreeux.Aussitôtélupape, il fit supprimerde la liturgieduvendredi saintetdubaptêmelesmentionsoffensantespourlepeuplejuif3.Aucoursdel’année1960,ilreçoitle18janvier,l’Organisationmondialejuivequileremerciepoursonactionenfaveurdesjuifspendantlaguerre ; le13juin, il reçoitenaudienceprivéeleprofesseurJulesIsaac4quiavaitperdusafemmeetsafille,brûléesparles

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nazis, et qui consacrait la fin de sa vie à faire cesser ce qu’ilnommaitl’«enseignementdumépris»telqu’ilavaitcoursdansle christianisme. En octobre ce sont cent trente personnes del’UnitedJewishAppealquisontreçuesparJeanXXIII.

Par ailleurs, divers groupes chrétiens demandent que lestermesblessantsàl’égarddesjuifssoientretirésdelacatéchèse.En 1947, une conférence de soixante participants catholiques,protestants et juifs, tenue en Suisse à Seelisberg, avait déjàadopté une charte en dix points pour la prédication etl’enseignement chrétien par rapport au judaïsme. Ces mêmesgroupesdemandent égalementque soit bibliquementprécisé lerôledupeuplejuifdansl’histoiredusalut.

Cequiarendupossibleundocumentautonomesurlesreligionsnonchrétiennes

Sil’idéed’undocumentautonometraitantdesreligionsnonchrétiennesétaitlargementétrangèreauxPèresduConcile,desévêques du Moyen-Orient estimaient, pour des raisonspolitiques,qu’untextesurlesseulsjuifsétaitinopportunetquel’on ne pouvait parler d’une religion non chrétienne (lejudaïsme)sansparleraussidesautresetnotammentdel’islam.Des évêques d’Asie et d’Afrique estimaient qu’il fallait aussiparler des autres « religions », bouddhisme, hindouisme,animisme et que l’Église devait reconnaître des semences devéritésdanscesdiversesreligions.Cescritiquesetsuggestionsontdonccontribuéàélargirletexte.Maisdeuxautresélémentsvontintervenir.

C’est tout d’abord la réflexion des Pères sur l’Église qui(comme nous l’avons vu), après avoir posé que l’Église duChrist a vocation à s’étendre au-delà des limites de l’Églisecatholique(LG8),affirmeque«tousleshommessontappelésà

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fairepartiedupeupledeDieu»(LG13),lequelestappeléà«sedilater aux dimensions de l’univers ». Dès lors, les « non-chrétiens » font pour la première fois irruption dans un texteconciliaire,etleparagraphe16deLumengentium,qui leurestconsacré,constitueunepremièreesquissedeNostraaetate.

C’est ensuite le rôle de Paul VI, qui dans son discoursd’ouverture de la deuxième session avait évoqué la nécessitépourl’Églisede«portersonregard,au-delàdesasphèrepropre,verslesautresreligionsquigardentlesensetlanotionduDieuunique».Plusieursinitiativesdupapevontallerencesens:sonpèlerinage5enTerresainte(4-6janvier1964)oùilestamenéàrencontrer et à s’adresser à des nonchrétiens, principalementjuifs et musulmans ; la création à la Pentecôte 1964 d’unSecrétariat pour les non-chrétiens auquel sera adjoint enmars1965 un sous-secrétariat pour l’islam; la publication le 6 août1964 de l’encyclique Ecclesiam suam où, dans la dernièrepartie,PaulVIappelledesesvœux ledialogueavec lesautresreligions.

PrésentationdeladéclarationNostraaetate

Avec ses cinq paragraphes, c’est le document le plus court duConcile, dont la présentation ci-dessous ne prétend pasremplacerlalecture.

Préambule(§1)

Le Concile souligne que les peuples forment une seule« communauté », autrement dit qu’il existe bien un destin« commun » des hommes, qui, du point de vue de la foi, ont«uneseuleorigine»et«uneseulefin».Cepréambuleévoquele temps où « tous seront réunis dans la cité sainte » et se

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4.C’estl’historiendescélèbresmanuelsd’histoireMalet-Isaac.Pour défendre sa thèse, J. Isaac écrira divers livres dont lecélèbre Jésus et Israël (1948), ainsi que Genèse del’antisémitisme (1956) et L’Antisémitisme a-t-il des racineschrétiennes?(1960).5. Ce pèlerinage inaugure les voyages du pape. Ce pèlerinagefaitpartieduConciledanslamesureoùunconcile,cenesontpas seulement des textes mais aussi des actes. Pendant leConcile,PaulVIferaencoredeuxautresvoyages,l’un,du2au5 décembre 1964, au Congrès eucharistique de Bombay alorsque l’essentiel de la déclarationNostra aetate était acquis, lepapes’adresseraauxreprésentantsdesreligionsnonchrétiennesdel’Inde; l’autre,pendantladernièresessionduConcile, le4octobre1965,ausiègedel’ONU.6.«Saint»,c’est-à-direcequivientdeDieu.7.RappelonsquecenomdeDieufiguredanstouteslessouratesdu Coran sauf une. Il concerne l’attitude de Dieu face à lafaiblesse de la création, mais n’implique pas, comme enchristianisme, la notion de pardon des péchés. Outre«miséricordieux », on a proposé bien d’autres traductions dumotarabe.8.LacroyanceenunDieucréateurestcommuneauxchrétiensetauxmusul-mans.9.Cettedernièreexpressionplacel’islamparmilesreligionsquise réclament d’une parole divine, sans prendre position surl’authenticité de la révélation dont se réclame la religionmusulmane,quicroitenunDieurévélant.10.DansleCoran,Marieest,eneffet,latrèscroyante,laviergeparexcellence,quiaconçudusouffledeDieuetquiavecsonfilsestsignepourlemonde.Ondonnevolontierssonnomaux

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filles (Myriam) et l’on vient visiter ses sanctuairesmême s’ilssont chrétiens. Mais il ne faut pas exagérer cette piété, d’oùl’adverbe«parfois».11.Letextedelatroisièmeversionétait:«Ilss’efforcentausside mener, en obéissance à Dieu, une vie morale, aussi bienindividuelleque familialeet sociale.»LeConcileacraintquecette rédaction ne puisse apparaître comme une approbationd’une morale familiale qui admet la polygamie, et d’une viesociale réglée par la seule loi musulmane, peu favorable à lalibertéreligieuse.12.Rappelonsquelesdeuxautres«piliers»sontlaprofessiondefoimonothéiste(«Iln’yadeDieuqueDieu,etMohamedestsonprophète»)etlepèlerinageàLaMecque.13. L’importance de ces chapitres de l’épître aux Romains alongtemps été occultée dans l’Église catholique, car ils étaientlusenfonctiondequestions théologiquessur laprédestinationet le libre arbitre. Le renouveau biblique dont bénéficie leConcileapermisderestituerceschapitresfondamentauxàleurobjet:lerapportàIsraël.14.Ilenrésultequelesjuifsn’ontnulbesoindeschrétienspourêtreeuxmêmes,alorsqueleschrétiensn’existentquegrefféssurlaracinejuive.15. Discours au pèlerinage de la radio catholique belge du 6septembre1938.16. Dans son discours à la synagogue de Mayence, le 17novembre1980,Jean-PaulIIrappelleraquelapremièrealliance«n’ajamaisétérévoquée»àcausedesPères.17.Laformuledel’évangiledeLuc(Lc23,34)«Pèrepardonne-leur,ilsnesaventpascequ’ilsfont»tendàexempterlesjuifsducrimecommis,demêmequePierreetPaul,dans lesActes,

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lesexcusentd’avoirpéchéparignorance(Ac3,17;13,27).18.C’estlevotesurlaquestiondelasuppressiondelamentionde déicide qui recueillit le maximum d’opposants : deux centcinquante.19.Demandé et obtenu par des Pères de laminorité, ce verbe(« condamne ») a été supprimé au motif qu’un concile ne« condamne » que des hérésies. L’opinion s’en émut, on avaitl’impression d’un retour en arrière : ne convenaitil pas decondamnerlescrimesdelabarbarieetdespersécutions?20.«Persécution»traduit ici lemotlatin«vexatio»quiaenlatin un sens beau-coup plus fort que « persecutio ». C’estpourquoi dans la version finale approuvée par le Concile, leslatinisteschargésdelarédactionontremplacélemotpersecutiopar vexatio, qu’il ne faut donc pas rendre en français par ledécalque«vexation»!21.Le dialogue interreligieux dans l’enseignement officiel del’ÉglisecatholiqueduconcileVaticanIIàJean-PaulII(1963-2005),documents rassemblésparFrancescoGioia,ÉditionsdeSolesmes,2006.22. F. BŒSPFLUG et Y. LABBÉ (dir.), Assise, dix ans après :1986-1996,Paris,Cerf,1996,p.27.23.Syncrétisme:attitudequi,dansunsouciderapprochement,tendàédul-corerlesdifférencesentrereligionsouopinions.24.Textedans l’OsservatoreRomanodu30décembre1986etdansLaDocumentationcatholiquen°1933,1/2/1987,pp.133-136.25.http://www.le-sri.com/DialogueAnnonce.htm.26.Lumengentium16:«Eneffet,toutcequi,chezeux,peutsetrouver de bon et de vrai, l’Église le considère comme une

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pourrait appeler une« théologie des réalités terrestres », où leConcile reconnaît que le « gigantesque effort » des hommespour«améliorer leursconditionsdeviecorrespondaudesseinde Dieu. L’homme, créé à l’image de Dieu, a en effet reçu lamission de soumettre la terre et tout ce qu’elle contient, degouverner le cosmos en sainteté et justice, et en reconnaissantDieu comme créateur de toutes choses, de lui référer son êtreainsiquel’univers».Cesaffirmationssontaussimarquéespasleur temps, elles veulent répondre à une critique marxiste del’époque qui hante les clercs en montrant que « le messagechrétien ne détourne pas les hommes de la construction dumonde et ne les incite pas à se désintéresser du sort de leurssemblables».

Sur l’« autonomie des réalités terrestres » le Conciledistinguedeuxconceptions:

«Si, par autonomiedes réalités terrestres, onveut direque les choses créées et les sociétés elles-mêmes ontleursloisetleursvaleurspropres,quel’hommedoitpeuàpeuapprendreàconnaître,àutiliseretàorganiser,unetelleexigenced’autonomieestpleinementlégitime.»

Dans ce registre, leConcile souligne qu’il ne peut y avoird’opposition entre la science, sous réserve qu’elle suive « lesnormes de lamorale », et la foi, car « les réalités profanes etcelles de la foi trouvent leur origine dans lemêmeDieu».LeConcile déplore « certaines attitudes qui ont existé parmi leschrétiens»etquiopposaientscienceetfoi(§36.2).

«Maissi,par“autonomiedutemporel”,onveutdirequeles choses créées ne dépendent pas de Dieu et quel’hommepeutendisposersansréférenceauCréateur,la

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fausseté de tels propos ne peut échapper à quiconquereconnaîtDieu…»(§36.3).

Lafindecechapitrenoteque«leprogrès,grandbienpourl’homme,entraîneaussi avec luiune sérieuse tentation».Toutenreconnaissantqueleprogrèspeutcontribueraubonheurdeshommes, le textemetengardecontre toutcequipeutchanger«l’activitéhumaine,ordonnéeauservicedeDieuetdel’homme,eninstrumentdepéché»(§37.3).

Le chapitre se termine (§ 38-39), comme d’habitude, enmontrant comment c’est en Christ, « homme parfait », « venuhabiter la terre des hommes » que s’accomplit l’activitéhumaine.

Lerôledel’Églisedanslemondedecetemps(chapitreIV,§40à45)

CechapitresupposeacquiselaréflexiondeLumengentium.Aprèsavoirexposé(§41à43)l’aideque,desonpointdevue,l’Église peut apporter au monde, le paragraphe 44 exposebrièvement « l’aide que l’Église reçoit du monded’aujourd’hui ». C’est là, à l’époque du Concile, une petiterévolution,unvraichangementderegard–etbeaucoupdePèresenétaientétonnés,pournepasdireplus,carilsétaientsurtouthabitués à ce que l’Église se considère comme guide del’humanité(«étendarddressédevantlesnations»,disaitVaticanI, citant Isaïe, d’après la Vulgate). Il faut souligner lechangementquisemanifesteaulongdecechapitre.

Ledébutduchapitreprésentel’Église,quifait«routeavectoute l’humanité et partage le sort terrestre du monde […]comme le ferment, et pour ainsi dire, l’âme de la sociétéhumaine,appeléeàêtrerenouveléedansleChristettransformée

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en famille de Dieu (§ 40.2). […] Ainsi par chacun de sesmembres comme par toute la communauté qu’elle forme,l’Églisecroitpouvoirlargementcontribueràhumanisertoujourspluslafamilledeshommesetsonhistoire»(§40.3).

Un premier paragraphe (§ 41) porte sur l’aide que de sonpoint de vue l’Église veut offrir à tout homme, sans faussemodestie : « l’Église révèle » ; « l’Église sait parfaitementque»;«ellesaitaussi»(§41.1);«l’Églisepeutsoustraireladignité de la nature humaine à toutes les fluctuations del’opinion » ; « l’Église proclame les droits de l’homme » (§41.3).

Leparagraphesuivantportesurl’aidequel’Églisechercheàapporteràlasociétéhumaine.Cetteaide,l’Églisepeutd’autantmieux y contribuer qu’elle « n’est liée à aucune formeparticulière de culture, ni à aucun système politique,économiqueou social » (§42.4)mais« cequ’elledésire, par-dessus tout, c’est de pouvoir se développer librement, àl’avantage de tous, sous tout régime, qui reconnaît les droitsfondamentauxdelapersonne,delafamilleetlesimpératifsdubiencommun»(§42.5).Cedernierparagrapheseradéveloppédans la déclaration sur la liberté religieuse (voir chapitreVIII,ci-après).

Untroisièmeparagrapheportesurl’aidequel’Égliseparleschrétienschercheàapporteràl’activitéhumaine.Enparticulierparleslaïcs.Soulignonsdeuxpoints:

–l’unsurlaresponsabilitépropredeslaïcsdontlamissionestàdistinguerdecelledesprêtres(§43.2);

– l’autrerappellequenuln’estpossesseurde l’Évangile(§43.3);

Dansledernierparagraphe,soulignonslaformule«L’Égliseréalitésocialedel’histoire»(§44.1).Réalité«complexe»(voirLG 8), l’Église se présente d’abord au monde et à chacun

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maissursonexercicedanslecadredelavieensociété.

Unedéclarationendeuxtemps

Après un paragraphe introductif, la déclaration comportedeuxparties.Lapremière,quis’adresseàtouthommeetutiliseprioritairement le langagede la raison,communà tous,montrequelaliberté«civileetsocialeenmatièrereligieuse»estexigéepar la dignité de l’homme ; la deuxième partie, qui s’adresseplusparticulièrementauxchrétiens,montrequecettedoctrinedela liberté est réclamée par la nature de l’acte de foi (§ 10), etqu’elleestconformeàladoctrinedeJésus-Christ.Ledébutduparagraphe9résumecesdeuxpoints,citons-le:

« Ce que le concile Vatican II déclare sur le droit del’homme à la liberté religieuse a pour fondement ladignité de la personne, dont au cours des temps,l’expérience a manifesté toujours plus pleinement lesexigences.Quiplusestcettedoctrinedelalibertéasesracines dans la révélation divine, ce qui pour leschrétiens, est un titre de plus à lui être saintementfidèles.[Parsuite]lalibertéreligieusedanslasociétéesten plein accord avec la liberté de l’acte de foichrétienne»(DH§9).

Fondéesurladignitédelapersonne,lalibertéreligieuseestundroit.Citonsledébutduparagraphe2quiàluiseulrésumepresquetoutelapremièrepartie:

«LeconcileduVaticandéclarequelapersonnehumaineadroitàlalibertéreligieuse.Cettelibertéconsisteenceque tous les hommes doivent être soustraits à toute

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contraintedelapart tantdesindividusquedesgroupessociaux et de quelque pouvoir humain que ce soit, detelle sorte qu’en matière religieuse nul ne soit forcéd’agir contre sa conscience ni empêché d’agir, dans dejustes limites, selon sa conscience, en privé comme enpublic, seul ou associé à d’autres. Il déclare, en outre,queledroitàlalibertéreligieuseasonfondementdansladignitémêmede lapersonnehumaine telleque l’ontfait connaître la paroledeDieu et la raison elle-même.Ce droit de la personne humaine à la liberté religieusedansl’ordrejuridiquedelasociétédoitêtrereconnudetellemanièrequ’ilconstitueundroitcivil.»

«LeconcileduVaticandéclarequelapersonnehumaineadroit à la liberté religieuse. » C’est l’affirmation la plusimportantedetouteladéclaration,etcedroitn’estpasundroitconcédéparlespouvoirsenfonctiondescirconstances.Ilestundroit fondamental et«naturel»de toutepersonneetpar suite« ce droit à la liberté religieuse dans l’ordre juridique de lasociété doit être reconnu [reconnu et non pas concédé outoléré!]detellemanièrequ’ilconstitueundroitcivil».Entantquedroit, il est indépendantdesdispositions subjectivesde lapersonne.

Le droit ne concerne pas des rapports entre des valeurscommelavérité,lebien,etdespersonnes,maisuniquementdesrapports juridiques entre des personnes physiques oumorales.Cesrapportsnesefondentpaspourautantsurl’erreur,maisaucontrairesurune«vérité»,enfinreconnue«ennotretemps»,quiest«ladignitédelapersonnehumaine».

Ce droit, comme tous les droits, peut donner lieu à abus,mais leur éventuelle répression par les pouvoirs publicsn’implique pas sa suppression car ce droit – inhérent à la

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personnehumaine–persistequellesquesoientsesdispositions.Aprèsavoirrappeléquetousleshommessonttenusdechercherla vérité et d’y adhérer dès qu’ils la connaissent, le Concileinsistesurlefaitquelalibertéreligieuseestundroitinhérentàlanaturemêmedel’homme.

«Cen’estdoncpassurunedispositionsubjectivedelapersonne,maissursanaturemêmequ’estfondéledroitàlalibertéreligieuse.C’estpourquoicedroitpersisteenceux-là mêmes qui ne satisfont pas à l’obligation dechercher la vérité et d’y adhérer ; son exercice ne peutêtreentravé,dès lorsquedemeuresaufunordrepublicjuste»(findu§2).

Indépendamment du contenu des croyances religieuses,l’objetdecedroitestuneimmunitéàl’égarddetoutecœrcition.LeConcileinsistesurcepoint,répétantquel’homme«nedoitpas être contraint d’agir contre sa conscience.Mais il ne doitpasêtreempêchénonplusd’agirselonsaconscience»(§3).Lepremierpointatoujoursétéadmisparladoctrinecatholique,aumoins en principe si ce n’est toujours dans les faits : c’est lareconnaissancedelalibertédel’actedefoi3.Ledeuxièmepoint– « agir selon sa conscience » – n’est admis que depuis lestemps modernes. Le droit à la liberté religieuse garantit doncl’inviolabilité d’un espace humain où chacun est responsabled’agir selonsaconscience.Lespouvoirscivilsdoiventgarantiretprotégercetespaceetnulpouvoirnedoityintervenir,dèslorsqu’il n’y a pas atteinte à l’ordre public. Ce droit est uneimmunité.

Ce droit implique que l’homme jouisse de cette immunitédans l’exercicepublicdesareligion,car« lanaturesocialede

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prêtresetàlaquelleilsneparticipentguère.Parailleurs,quellequesoitl’autoritédumisselromainétabliparPieVàl’issueduconcile de Trente, cette liturgie conserve un certain nombred’usagespropres auxdiocèses locauxet est parfois surchargéed’élémentsadventices.C’estpourrestaurer la liturgiedanssonauthenticitéetfavoriseruneparticipationactivedesfidèlesques’estconstituéle«mouvementliturgique».

Ce mouvement est principalement le fait de moinesbénédictins,desabbayesdeSolesmes(France),deMaredsousetduMont-César(Belgique),deMariaLaach(Allemagne).Àcôtéd’études historiques des liturgies anciennes, ce mouvementréagitcontre lapiété individualistequiprévalaitdepuis leXVIesiècle, mais surtout cherche à rejoindre les préoccupationspastorales, en vue d’une participation active des fidèles à laliturgie.Peuconnusdugrandpublic,cesontpourunelargepartles travauxdecemouvementqui serontprisencomptepar lesréformesmisesenplaceparPieXetPieXIIetqueVatican IIdéveloppera. Par ailleurs, contre des tendances jansénistesrépandues, les jésuites au long du XIXe siècle promeuvent lapiétéeucharistiqueetlacommunionfréquente.

PieX(papede1903à1914)prendactedecesmouvements,enpromouvantla«participationactive»desfidèlesàlaliturgieet en instaurant la communion fréquente ainsi que l’accès à lacommunion des enfants en âge de raison.Avant la réforme dePieX,laplupartdeschrétiensnecommuniaientquerarementetla première communionn’avait lieu qu’entre dix et douze ans.LeconciledeTrente(vingtetunièmesession)enseignaiteneffetqu’il n’était pas nécessaire que les petits enfants communient.La réforme de Pie X, notamment pour les jeunes enfants, seheurteraenFranceàuneforteoppositionetnes’instaureraquepeu à peu. Pie X est aussi le restaurateur de la musique

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grégorienne authentique, suite aux études des bénédictins.L’expression « participation active » figure dans un motuproprio (Tra le sollecitudini, 22 novembre 1903), sur lamusiquesacrée.

Lebesoind’uneliturgieplusadaptéeaubesoindesfidèles

Lebesoind’uneparticipationàlaliturgieapparaît,avantlaSecondeGuerremondiale, dans de petits groupes fervents. Laguerrevadonneruneimpulsiondécisiveàcettetendance,caraufront,commedanslescampsdeprisonniers,laliturgienécessitedes ajustements. Cela se traduit notamment par ce que l’onappelait lamesse«dialoguée»,où les lecturesse fontdans lalanguedesparticipants,qui répondentauprêtre, lequelcélèbreen latin. De même se répand la pratique de célébrer face aupeuple2 et cette pratique se développera après la guerre. Parailleurs, une adaptationde la liturgie aux cultures des peuplesétait requise dans les « pays de mission », et les papes, deBenoîtXV (pape de 1914 à 1922), à PieXI (pape de 1922 à1939)–promoteurdupremierclergéindigène–puisPieXIIontautorisédesmesuresence sens,dansuneÉgliseoù toutes lesdécisionsétaientcentralisées.

LesréformesliturgiquesdePieXII

Le20novembre1947,PieXIIpublieMediatorDei, ency-clique sur la liturgie, qui synthétise certaines propositions dumouvement liturgique et traite de questions liées à laparticipationdesfidèles.

À la suitedecette encyclique,plusieurs réformesvoient lejour. C’est tout d’abord la restauration de la vigile pascale

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(1951)pourtous,avecl’établissementd’unritueldelasemainesainte (1955) et la publication de nouveaux documents. Avantcetteréforme,endehorsdesclercs,pratiquementpluspersonnene participait à la liturgie du samedi saint. C’estl’assouplissement des règles du jeûne précédant l’eucharistiepourfaciliter l’accèsà lacommunionpendant lamesse3.Enfinfut concédée la possibilité d’employer la langue vernaculaire4pourtouslessacrements,exceptél’eucharistie.MaismalgrélesréformesdePieXII,lesévêquesdequatrecontinentsestimaientqued’autres adaptations étaient nécessairespour répondre auxbesoinsdesfidèles,commeentémoigneunepartiedessouhaits(votum), qu’ils adressent dans la phase anté-préparatoire duConcile.

Lescongrèsliturgiquesetlaquestiondelalangue:latinoulanguevernaculaire

Danslesannéesquiprécèdent leConcile, les liturgistesdedivers pays organisent sept congrès liturgiques internationaux,pourpromouvoirla«participationactive»desfidèles.En1956setintàAssiseunCongrèsinternationaldepastoraleliturgique,dontundesthèmessous-jacentsétaitl’introductiondelalanguedupays(languevernaculaire)danstoutelaliturgie.Àl’issuedececongrès,PieXIIadmonesta lesparticipantsen rappelant lesmotifs quimilitaient pour lemain-tien du latin. L’autorisationd’employerlalanguevernaculairepourtouslessacrements,saufl’eucharistie, semblait le maximum de ce que le Saint-Siègepouvaitconcéder.Cependant,partoutdanslemonde,laquestiondelalangueliturgiquerestaitposée.

PrésentationdelaconstitutionSacrosanctum

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de ces déplacements de citer l’incinération, l’intérêtsuscitépartoutcequitoucheauxétatslimites(lesnear-deathexperiences)ouencorelacroyancetrèsrépandueàla réincar-nation. Dans ce contexte, la conceptionbaptismale des funérailles constitue un repèrefondamental pour les chrétiens. Comme le baptême, lerite des funérailles constitue une “proposition de lafoi”:àtraverscerite,nousconfessonsleDieudeJésus-Christ, le Dieu qui ressuscite les morts comme il aressuscitésonFils20.»

Évaluationdelaréformeen1988parJean-PaulII

À l’occasion du vingt-cinquième anniversaire de laConstitution, le pape Jean-Paul II publie une encyclique pourfaire lepointsur lasituationde la liturgie. Il souligned’abordlespointspositifs:

« Il faut rendre grâce à Dieu pour le passage de sonEsprit dans sonÉglisequ’a été le renouveau liturgique(SC43) ;pour la tablede laParoledeDieudésormaislargement ouverte à tous : pour l’immense effortentrepris à travers le monde afin de fournir au Peuplechrétien des traductions de la Bible, duMissel et desautreslivresliturgiques;pourlaparticipationaccruedesfidèles, par la prière et les chants, les attitudes et lesilence,àl’Eucharistieetlesautressacrements;pourlesministèresaccomplisparleslaïcs,et lesresponsabilitésqu’ils ont prises en vertu du sacerdoce commun danslequelilssontétablisparlebaptêmeetlaconfirmation;pour la vitalité rayonnante de tant de communautés

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chrétiennes,puiséeàlasourcedelaliturgie»(n°12).

Le pape Jean-Paul II termine sa vision mondiale del’application en déterminant quatre points qui doivent fairel’objet d’un effort pour renforcer la mise en œuvre de laréforme:laformationbibliqueetliturgiquedetouslesfidèles;leproblèmedel’adaptationauxcultureslocales;l’attentionauxproblèmes nouveaux comme par exemple « les fonctionsconfiéesàdeslaïcs,hommesetfemmes,danslescélébrations»;enfinlesrelationsentrelaliturgieetlapiétépopulaire.

Ledéfidelaliturgieaujourd’hui:diversitéetunité

La diversité liturgique est prise en compte par le concileVatican II lorsqu’il énonce leprincipedu« respectde l’Églisepour les qualités des divers peuples » : « L’Église, dans lesdomaines qui ne touchent pas la foi ou le bien de toute lacommunauté, ne désire pas,même dans la liturgie, imposer laformerigided’unlibelléunique:bienaucontraire,ellecultiveles qualités et les dons des divers peuples et elle lesdéveloppe21.»

Celaapermisunabondantetrichetravaild’inculturationdelaliturgie.OnsesouvientégalementquelepapeJean-PaulIIacélébrédanslemondeentierenadoptantleslangues,lesusagesliturgiquesdeségliseslocales.

Maisc’estaussiencesensquelepapeBenoîtXVIapubliéle motu proprio du 7 juillet 2007 sur l’usage des livresliturgiquesantérieursàlaréformedeVaticanII.Seloncetexte,l’uniqueriteromains’exprimedésormaissousdeuxformes:laformeordinaireselonleslivresliturgiquespubliésparlespapes

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Paul VI et Jean-Paul II pour la mise en application de laconstitution sur la liturgie du concile Vatican II, et la formeextraordinaire selon les livres liturgiques antérieurs à ladernièreréformeliturgique,deslivresliturgiquesissusdutravailaccompli à la suite du concile de Trente, notamment sousl’autoritédupapesaintPieV.

La décision du pape Benoît XVI a créé une situationinédite : c’est la première fois dans l’histoire que l’on peut« choisir » sa liturgie en fonction de ce que l’on nommeaujourd’huiunesensibilité.Danslepassé,onsuivaitlaliturgieen fonction de son appartenance à une Église ou un ordreparticulier. Ilestassezparadoxaldevoircombienunedécisionprise pour rassurer ceux qui sont attachés à la forme de laliturgie antérieure à la réforme au nom d’un attachement à laTradition, a, de facto, apporté une nouveauté dans la vie del’Églisecatholique.

Commentconjuguerl’unitéetlepluralismeliturgiquealorsquecertains revendiquent lepluralismecommel’expressiondurejetdecequefontlesautres?Enliturgie,onnepeutdoncsecontenter d’une simple apologie du pluralisme : il faut que laprise en compte des sensibilités aille de pair avec lareconnaissance de l’autre sans laquelle le pluralisme devientséparateur.Etcelad’autantplusquedansladurée,ladifférencedes pratiques peut engendrer une différence plus grande auniveaudel’expériencechrétienne22.

On peut conclure ce chapitre en laissant la parole auliturgistebénédictinPatrickPrétôt:

«Uneréformeliturgiquemetdutempspourpasserdansla vie de l’Église : parce qu’elle touche des habitudesprofondes,quiviennentde très loin : son rythmene semesure pas en nombre d’années mais en nombre de

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Table

Avant-propos

I.LeconcileVaticanIIaujourlejourAperçusurlecontextehistoriquedeVaticanIIDelapréparationàl’ouvertureduConcileCommentfonctionneleconcileVaticanII?

II.LaParoledeDieupourfondementIntroductionLecturedepassagesclésdeDeiverbumLesconséquencesdeDeiverbum

III.Ledéfidel’ÉglisecomprisecommemystèreIntroductionCommentseposaitlaquestiondel’ÉgliseauxPèresdeVaticanII?LecturedepassagesclésdesdeuxpremierschapitresdeLumengentiumL’ÉglisecommemystèreaprèsleconcileVaticanII

IV.Ledéfid’uneorganisationpourlamissionLescomposantesduPeupledeDieuLesacteursdelamissionaprèsVaticanIIDesdysfonctionnementsinstitutionnelssubsistent

V.Ledéfidel’unitédeschrétiensLecontextehistoriquePrésentationdutextedudécretUnitatisredintegratioAprèsleconcileVaticanII

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VI.Ledéfidesrelationsdel’ÉgliseaveclesreligionsnonchrétiennesL’arrière-planthéologiquedeladéclaration:d’oùvenait-on?PrésentationdeladéclarationNostraaetateLeseffetsdeNostraaetate

VII.LedéfidurapportàlasociétéIntroductionPetitguidedelectureLaréceptiondelaconstitutionpastoraleGaudiumetspes

VIII.LedéfidelalibertéreligieuseContextehistoriquePrésentationdutextedeladéclarationDignitatishumanaeLadéclarationcinquanteansplustard

IX.LedéfidelaliturgieContextehistoriquePrésentationdelaconstitutionSacrosanctumconciliumLaliturgieaprèsleConcile

Annexes

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CompositionetmiseenpagesréaliséesparCompo66–Perpignan

509/2012

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