101
Les tendances démographiques et migratoires dans les régions ultrapériphériques : quel impact sur leur cohésion économique, sociale et territoriale ? RAPPORT GUYANE Claude-Valentin MARIE et Jean-Louis RALLU Ce document a été commandé par la Commission Européenne, Direction Générale des Politiques Régionales Publication : Unité de la Coordination des Régions Ultrapériphériques (FR) Réserves : « Les opinions exprimées dans ce document sont la seule responsabilité des auteurs et ne représentent pas les positions officielles de la Commission Européenne (CE). La reproduction et la traduction à but non commercial sont autorisées, sous la condition que la source soit mentionné et que l’éditeur (CE OIB) en ait été averti et en ait reçu un exemplaire à l’avance.

Les tendances démographiques et ... - European Commission

  • Upload
    others

  • View
    5

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Les tendances démographiques et ... - European Commission

Les tendances démographiques et migratoires dans les régions ultrapériphériques : quel impact sur leur cohésion économique, sociale et territoriale ?

RAPPORT GUYANE

Claude-Valentin MARIE et Jean-Louis RALLU

Ce document a été commandé par la Commission Européenne, Direction Générale des Politiques

Régionales

Publication : Unité de la Coordination des Régions Ultrapériphériques (FR)

Réserves : « Les opinions exprimées dans ce document sont la seule responsabilité des auteurs et ne

représentent pas les positions officielles de la Commission Européenne (CE).

La reproduction et la traduction à but non commercial sont autorisées, sous la condition que la source soit mentionné et que l’éditeur (CE OIB) en ait été averti et en ait reçu un exemplaire à l’avance.

Page 2: Les tendances démographiques et ... - European Commission

2

Page 3: Les tendances démographiques et ... - European Commission

3

Objectifs de la présente étude

Suite à sa communication "Les Régions UltraPériphériques, un atout pour l’Europe », adoptée le 17 Octobre 2008, la Commission a pour but, par cette étude, d’améliorer les connaissances des impacts démographiques et de la migration dans les RUP, par : * Une description et une analyse des dynamiques démographiques et des migrations propres à chacune de ces régions et des tendances prévisibles à court et moyen terme; * Une analyse des enjeux qui en découlent - en prenant en compte les handicaps auxquelles elles font face, tels qu'énumérés à l'article 299.2 du Traité - pour la cohésion économique et sociale de ces territoires et de l’Union.

Comme l’avait montré la communication mentionnée, cette étude prend en compte le contexte particulier des RUP, marqué par la rapidité avec laquelle s'y opèrent les changements démographiques et migratoires, et espère répondre à « la nécessité de disposer d'informations et de projections fiables sur ces changements en vue de les intégrer dans les politiques de gestion des territoires ».

« Les Régions UltraPériphériques de l’Union Européenne sont des îles ou des archipels situés dans la Caraïbe (Guadeloupe, Martinique, St Martin), dans l’Atlantique (les Canaries, Madère et les Açores) et dans l’Océan Indien (La Réunion), sauf pour la Guyane, qui est une petite enclave dans la région amazonienne.

En 1997, le Traité d’Amsterdam a introduit les bases légales du concept de Régions UltraPériphériques.

Celui-ci a été consolidé et renforcé par le Traité de Lisbonne (art 349, 107(3)(a) TFEU.) qui reconnaît le caractère spécial des Rup et le besoin d’actions spécifiques pour favoriser leur développement. »

Ont participé à cette étude : Claude Valentin Marie (INED) (Responsable de projet) Jean Louis Rallu (INED) (Coordinateur) Didier Breton (Univ. de Strasbourg) Stéphanie Condon (INED) Franck Temporal (INED) Jonas Roux(INED) Caroline Regnard (INED) Claudia Simoes (INED)

Page 4: Les tendances démographiques et ... - European Commission

4

Page 5: Les tendances démographiques et ... - European Commission

5

TABLE DES MATIERES

PREMIERE PARTIE : ANALYSE DE LA SITUATION ............................................................. 7

Section 1 : Situation démographique ........................................................................... 8 Introduction : Evolution de la population aux recensements et densité. ................................ 8 1.1.1- La dynamique de croissance ........................................................................................ 9

1.1.1.1.- L’évolution de la natalité .............................................................................................. 9 1.1.1.2.- L’évolution de la mortalité.......................................................................................... 11 1.1.1.3.- L’accroissement de la population ............................................................................... 12 1.1.1.4.- Les dynamiques migratoires ....................................................................................... 14 1.1.2 Structures de la population.............................................................................................. 16 1.1.2.1.- Structures par âge ....................................................................................................... 16 1.1.2.2.- Population selon lieu de naissance ............................................................................. 18 1.1.2.3.- Taux de dépendance et indices de vieillissement ...................................................... 19 1.1.2.4.- Les Domiens en métropole ......................................................................................... 21

Section 2 : Education................................................................................................. 24 1.2.1.- Niveau de diplôme ................................................................................................... 24 1.2.2.- Scolarisation ............................................................................................................ 28 1.2.3.- Echec scolaire, illettrisme, abandon prématuré ........................................................ 32

Section 3 : Population active ....................................................................................... 33 1.3.1 - Population active, emploi ......................................................................................... 33 1.2.2.- Chômage ................................................................................................................. 37 1.2.3.- Pauvreté et minima sociaux ..................................................................................... 39 1.2.4.- Le bénéfice socio-économique de la migration en métropole .................................... 40

Accès à l’emploi des natifs dans leur Dom et en métropole .................................................... 40 Qualification des emplois occupés par les natifs dans leur Dom et en métropole .................. 41

1.2.5.- La concurrence dans les Dom ................................................................................... 43 Accès à l’emploi des natifs et des immigrants dans le Dom ..................................................... 43 Qualification des emplois occupés par les natifs et les immigrants dans les Dom .................. 44

Section 4 : Economie .................................................................................................. 47 1.4.1 Le PIB par habitant ..................................................................................................... 47 1.4.2 Productivité .............................................................................................................. 50 1.4.3 La contribution des secteurs au PIB ............................................................................ 50 1.4.4 Le commerce extérieur .............................................................................................. 51

SECTION 5 : Ménages, familles, Logement................................................................... 53 1.5.1 Ménages – familles .................................................................................................... 53 1.5.2 Logements ................................................................................................................. 56

SECTION 6 : Santé ...................................................................................................... 61 1.6.1.- Evolution de l’état de santé 1990-2008 ..................................................................... 61 1.6.2.- Causes de décès ....................................................................................................... 63 1.6.3.- Accès aux soins. ....................................................................................................... 72 1.6.4.- Infrastructures et équipements ................................................................................ 74

SECTION 7 : Environnement ........................................................................................ 77 1.7.1.- Energie .................................................................................................................... 77 1.7.2.- Eau .......................................................................................................................... 78 1.7.3.- Traitement des déchets. ........................................................................................... 79

Page 6: Les tendances démographiques et ... - European Commission

6

DEUXIEME PARTIE : Impact des tendances démographiques ....................................... 80

Section 1 : Projections démographiques ..................................................................... 81 2.1.- Les structures démographiques ................................................................................... 81

Section 2 : Projection des effectifs scolarisables .......................................................... 84 2.1.- Evolution des effectifs ................................................................................................ 84

Section 3.- Projection de la population active ............................................................. 85 2.3.1.- Evolution de la population active ............................................................................. 85 2.3.2. Les objectifs EU2020 de taux d’emploi à 20-64 ans ..................................................... 85

Section 4.- Projection de ménages .............................................................................. 87

Section 5.- Impact des tendances démographiques dans le domaine de la santé ......... 88

TROISIEME PARTIE : RISQUES ET OPPORTUNITES, ATOUTS ET HANDICAPS .................. 89

Section 1 : Cohésion ................................................................................................... 91

Section 2 : Risques et opportunités ............................................................................. 95

Section 3.- Opinions des responsables ........................................................................ 98

Bibliographie ........................................................................................................................... 101

Page 7: Les tendances démographiques et ... - European Commission

7

PREMIERE PARTIE

ANALYSE DE LA SITUATION

Page 8: Les tendances démographiques et ... - European Commission

8

Section 1 : Situation démographique

Introduction : Evolution de la population aux recensements et densité.

La Guyane, département et région d’outre mer, est un territoire d’Amérique du Sud, situé à 7 000 kilomètres de la métropole. D’une superficie de 83 846 km², la Guyane est le plus grand département français. Il partage 520 kilomètres de frontières avec le Surinam, et 700 kilomètres avec le Brésil, et 96% du territoire est occupé par la forêt équatoriale. L’essentiel de la population guyanaise est donc installée le long des 300 kilomètres de côtes qui bordent l’Atlantique, sur environ 10% du territoire. La densité de population est donc globalement extrêmement faible (2,3 habitants / km²), mais très forte autour des grandes villes du littoral : on compte, par exemple 2 458 habitants / km² à Cayenne. Figure 1.1 : Evolution de la population aux recensements depuis 1975, (source : INSEE)

Evolution de la population en Guyane

219 266

157 213

114 678

55 125

73 022

0

50 000

100 000

150 000

200 000

250 000

1975 1982 1990 1999 2008

La population guyanaise croit à un rythme soutenu depuis le milieu des années 70. En un peu plus de 30 ans, elle a été multipliée par quatre. De 1975 à 1982, sa croissance globale a été de 32,5%, puis de 57 % entre 1982 et 1990, la Guyane gagnant alors plus de 40 000 habitants sur cette période. Depuis 1990, la croissance s’est ralentie, avec des taux de 37,1 % entre 1990 et 1999 et de 39,5% de 1999 à 2008. La Guyane compte aujourd’hui 219 266 habitants (2008), contre 55 125 en 1975.

Page 9: Les tendances démographiques et ... - European Commission

9

1.1.1- La dynamique de croissance

1.1.1.1.- L’évolution de la natalité

Le taux brut de natalité (TBN) est très élevé en Guyane (28%o). Alors que dans les autres Dom il se rapproche du niveau de la métropole (surtout aux Antilles), l’écart entre la Guyane et la France hexagonale demeure pratiquement constant : en 2008, il est de 15 points1 . Ce taux brut de natalité élevé en partie dû à une structure par âge jeune et favorable à la natalité il ne reflète pas simplement une tendance plus forte des femmes guyanaises à procréer ;

Figure 1.1.2 : Evolution du taux brut de natalité depuis 1990

Source : EUROSTAT

La fécondité

De 1990 à 2008, l’indice conjoncturel de fécondité (ICF) fluctue entre 3,4 et 4 enfants par femme en Guyane. Après avoir légèrement baissé jusqu’en 1997, passant de 3,7 enfants par femme à 3,4, l’indice est remonté à la fin des années 1990 se situant à 3,9 enfants par femme au tournant du millénaire. Il diminue de nouveau au début des années 2000 avant une nouvelle hausse qui le porte à 4 enfants par femme en 2007, soit 2 enfants de plus que la moyenne métropolitaine. En comparaison, l’écart est de 0,5 enfants pour la Réunion et 0,3 pour la Guadeloupe, la Martinique se situant au niveau de la moyenne nationale.

1 18,8 avec le TBN moyen dans l’Union européenne

Page 10: Les tendances démographiques et ... - European Commission

10

Figure 1.1.3 : Evolution de l’Indicateur conjoncturel de fécondité depuis 1990,

Source : EUROSTAT

Les taux de fécondité par groupes d âges

Alors que dans les autres Dom, l’essentiel des différences de fécondité avec la métropole s’explique par le comportement des femmes avant 25 ans, en Guyane ces différences se retrouvent à tous les âges. Le taux de fécondité des adolescentes de 15-19 ans (100%o) est d’un niveau rarement observé pour une région d’un développement comparable. Le taux à 20-24 ans est aussi inhabituel dans les régions européennes. Ces taux dénotent une fécondité précoce qui va s’oppose à la poursuite d’un cursus complet d’études et peut contribuer à limiter l’accès l’emploi dans les jeunes générations de femmes. Entre 1990 et 2006, la fécondité avant 25 ans a modérément baissé, mais elle a augmenté aux âges supérieurs. Après 30 ans, ils traduisent l’importance des familles nombreuses. Figure 1.1.4 : Taux de fécondité par âge, 1990 et 2006

Taux de fécondité par groupes d'âges en Guyane

et en France métropolitaine (1990)

0

50

100

150

200

15-19 ans 20-24 ans 25-39 ans 30-34 ans 35-39 ans 40-44 ans 45-49 ans

Guyane France métropolitaine

Taux de fécondité par groupes d'âges en Guyane

et en France métropolitaine (2006)

0

50

100

150

200

15-19 ans 20-24 ans 25-39 ans 30-34 ans 35-39 ans 40-44 ans 45-49 ans

Guyane France métropolitaine Source : INSEE

L’âge moyen des mères à la maternité

Entre 1999 et 2005, l’âge des mères à la maternité en Guyane a été en léger recul, passant de 27,1 ans à 27,6. Il reste cependant extrêmement bas, illustrant la précocité du calendrier de la fécondité comparé à la métropole où l’âge moyen à la maternité des femmes se rapproche des 30 ans. De plus, l’âge moyen à la maternité des guyanaise apparaît se stabiliser depuis 2002.

Page 11: Les tendances démographiques et ... - European Commission

11

Figure 1.1.5 : Evolution de l’âge moyen des mères à la naissance depuis 1999,

Âge moyen des mères à la maternité en Guyane

et en France métropolitaine

26

27

28

29

30

31

32

1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005

Âg

e

Guyane France métropolitaine

Source : INSEE

1.1.1.2.- L’évolution de la mortalité

Le taux brut de mortalité en Guyane est extrêmement faible et l’écart considérable avec la France métropolitaine et l’Union européenne. En 1990 Ce taux qui était de 5,2‰ en 1990, n’a cessé de baisser au fil dans ans, pour atteindre 3,4‰ en 2008. L’écart est de 5 points avec la métropole et de 6 points avec l’UE. Ce constat n’indique pas une mortalité plus faible en Guyane. Il traduit une fois encore une fois, la jeunesse de la population guyanaise qui, on l’a vu, expliquait déjà le fort taux de natalité en Guyane et est aussi moins soumise aux risques de décès qui sont les plus forts aux âges élevés. Figure 1.1.6 : Evolution du taux brut de mortalité depuis 1990

Source : EUROSTAT

Page 12: Les tendances démographiques et ... - European Commission

12

1.1.1.3.- L’accroissement de la population

L’accroissement naturel

Porté par un grand nombre de naissance et un nombre de décès limités, le taux d’accroissement naturel en Guyane est extrêmement fort et l’écart là encore très important avec la France métropolitaine et l’UE. Comme pour la natalité qui en est la principale composante, ces écarts restent globalement constants sur toute la période 1990-2008. Ce taux. Le taux d’accroissement naturel qui oscille autour de 27‰ participe encore largement à l’évolution démographique du département. A ce niveau, une population double en 26 années Figure, 1.1.7 : Evolution du taux d’accroissement naturel depuis 1990

Source : EUROSTAT

L’accroissement migratoire

Le taux d’accroissement naturel n’explique pas à lui seul l’évolution démographique qui dépend aussi de la migration. Alors que dans les autres Dom, la migration a un effet négatif ou neutre sur l’accroissement de la population, c’est l’inverse que l’on observe en Guyane. Le taux d’accroissement migratoire y est toujours positif et parfois très élevé, dépassant 20%o sur plusieurs années. Figure 1.1.8 : Evolution du taux d’accroissement migratoire depuis 1990

Source : EUROSTAT

Page 13: Les tendances démographiques et ... - European Commission

13

L’accroissement total

La combinaison d’un accroissement naturel fort et constant et d’un accroissement migratoire fluctuant mais toujours positif, l’accroissement total de la population en Guyane est donc très élevé. Alors qu’il tend à baisser dans les autres Dom, le taux d’accroissement naturel reste supérieur à 30‰ en Guyane sur la période 1994-2005, avec des pointes au-dessus de 40%o, selon la conjoncture politique et sociale des pays dont sont originaires les nouveaux arrivants. Avec un taux d’accroissement total de 30‰, une population double en 23 à 24 ans. Figure 1.1.9 : Evolution du d’accroissement total depuis 1990

Source : EUROSTAT

Les évolutions intercensitaires

L’analyse des facteurs influençant la croissance démographique aux différents recensements permet de dresser un panorama synthétique des moteurs de la croissance en Guyane sur le plus long terme. Si l’accroissement de la population a légèrement faibli en Guyane depuis le début des années 90, les taux moyens de variation annuels restent tout de même largement supérieurs à ceux observé en France métropolitaine. Sur la période 1982-1990, on constate une hausse du taux de variation due, pour l’essentiel, au solde apparent des entrées et des sorties (3,5% sur cette période). Si le taux d’accroissement naturel progresse depuis 1974 du fait de la baisse de la mortalité, le taux de solde migratoire lui, fluctue selon les périodes. De 2% entre 1974-1982, il s’élève à 3,5% entre 1982 et 1990, sous les effets de la situation politique au Surinam2. Ce taux reflue à 0,8% dans les années 90, avant de s’élever de nouveau (1,2%) de 1999 et 20083.,

2 La répression par le gouvernement Bouterse de l’insurrection menée au Surinam par un mouvement rebelle

de descendants des noirs marrons provoque un afflue de réfugiés en Guyane. 3 Avec en 2001 le retour d’Aristide et la crise politique en Haïti.

Page 14: Les tendances démographiques et ... - European Commission

14

Tableau 1.1.1 : Composantes de l’évolution de la population entre les recensements depuis 1974.

Taux de variation annuel moyen (%) Guyane France métropolitaine

Total

1974-1982 3,9 0,5

1982-1990 5,8 0,5

1990-1999 3,6 0,4

1999-2008 4,0 0,7

Dû au mouvement naturel

1974-1982 1,9 0,4

1982-1990 2,3 0,4

1990-1999 2,7 0,4

1999-2008 2,8 0,4

Dû au solde apparent des entrées et des sorties

1974-1982 2,0 0,1

1982-1990 3,5 0,1

1990-1999 0,8 0,0

1999-2008 1,2 0,3 Source : INSEE ; * 1975 -1982 pour la France métropolitaine

1.1.1.4.- Les dynamiques migratoires Les soldes intercensitaires

Importante région d’immigration, la Guyane connaît aussi, comme les autres Dom, une dynamique complexe d’entrées et de sorties qui modifie la structure de sa population, comme le montre l’analyse par âges et lieu de naissance des soldes migratoires entre les recensements de 1999 et 2006. Comme aux Antilles et La Réunion, la migration des natifs de Guyane présente un solde globalement négatif, mais aussi des différences importantes selon l’âge. Le solde net des entrées et sorties négatif pour les 15-34 (- 2603)4 est, à l’inverse, positif pour les adultes de 35-64 (+ 559), dont les retours nets ne suffisent pas à compenser les départs des plus jeunes. On observe que l’émigration des natifs reste modérée. En 2006, la part des émigrants nets âgés de 15-34 ans est de 10% pour les hommes et 6% pour les femmes, contre environ 20% aux Antilles. La migration des personnes nées métropole se caractérise, à l’inverse de celle observée dans les autres Dom, par des soldes positifs pour les plus jeunes adultes et négatifs les adultes d’âge mûr, où se concentre la migration métropolitaine dans les autres Dom. En Guyane, de nombreux jeunes adultes arrivent seuls pour travailler et quittent la région après quelques années. La Guyane affiche ainsi le taux de renouvellement le plus rapide de la population métropolitaine5, avec, en 2007, 44% des résidents qui n’y résidaient pas cinq ans auparavant ; la proportion est à peine supérieure à 30% dans les autres Dom.

4 Principalement pour les hommes qui contribuent pour 63% au solde net à ces âges.

5 Les conditions climatiques difficiles font qu’on y migre moins souvent en famille.

Page 15: Les tendances démographiques et ... - European Commission

15

Tableau 1.1.2 : Soldes migratoires selon le lieu de naissance (effectifs et distribution %) entre les recensements de 1999 et 2006.

Lieu de naissance

Guyane Métropole Dom/Com Etranger Total

Hommes

15-34 ans -1652 351 -353 4856 3202

35-64 ans 384 -441 -369 2401 1976

15-64 ans -1269 -90 -722 7257 5177

Femmes

15-34 ans -951 431 -39 6570 6011

35-64 ans 175 -488 -283 2171 1575

15-64 ans -776 -57 -323 8741 7585

% Lieu de naissance

Guyane Métropole Dom/Com Etranger Total

Hommes

15-34 ans -10,4 11,0 -32,9 64,2 11,6

35-64 ans 4,0 -7,9 -14,4 20,5 6,7

15-64 ans -5,0 -1,0 -19,9 37,7 9,1

Femmes

15-34 ans -6,0 16,1 -4,9 78,5 21,7

35-64 ans 1,7 -11,3 -13,1 18,0 5,5

15-64 ans -3,0 -0,8 -10,9 42,7 13,4 Source : calculs de l’auteur à partir des recensements de 1999 et 2006

Les soldes des natifs des autres départements et collectivités d’outre-mer sont eux négatifs à tous les âges, marquant une baisse de la migration inter-DOM dans les années 2000 plus importante en Guyane qu’ailleurs. Les soldes intercensitaires confirment que les personnes nées à l’étranger forment la composante la plus importante de la migration en Guyane. Entre 1999 et 2006, leurs entrées nettes étaient s’élevaient à + 15 998, avec une légère majorité de femmes (55%). Cette migration étrangère est plutôt, avec un solde de + 11 426 à 15-34 ans, soit près des trois quart de l’ensemble des arrivées.

2.2 Les flux d’entrée des individus nés à l’étranger (par âge, origine, type de visa…)

Figure 1.1.10 : Répartition des flux d’entrées par âge, sexe, origine et motif, 1997-2008

Flux d'entrée de personnes nées à l'étrangerÂge à l'arrivée

30%

43%

19%

7% 1%

18 - 24 ans

25 - 34 ans

35 - 44 ans

45 - 59 ans

60 ans et +

Flux d'entrée de personnes nées à l'étrangerSexe

39%

61%

Hommes

Femmes

Page 16: Les tendances démographiques et ... - European Commission

16

Flux d'entrée de personnes nées à l'étrangerMotif d'installation

52%

19%

0%

7%

4%

13%

5%

Membre de famille

Travailleur

Etudiant

Protection humanitaire

Indépendant économiquement

Régularisation

Motif indéterminé

Flux d'entrée de personnes nées à l'étrangerOrigine

3%

0%

2%

5%

90%

0%

Europe UE27

Europe hors UE

Afrique

Asie

Amérique

Autres

Source : calculs de l’INED à partir du fichier AGDREF

Les données extraites du fichier des titres de séjour confirment la jeunesse de la population étrangère installée en Guyane. Près des trois quart des jeunes adultes de moins de 35 ans : 30% sont âgés de 18 à 24 ans et 43% de 25 à 34 ans. Après 35 ans, le flux d’entrée diminue progressivement avec l’âge. Comme on l’a vu avec l’analyse des soldes migratoires, cette population est majoritairement féminine (61%). On observe du reste que 52% des motifs d’installation sont liés au regroupement familial. Les migrations pour travail ne fournissent que 19% de ces motifs. Les réfugiés représentent 7% des entrées et les régularisations 13%. Enfin, 9 migrants sur 10 sont issus du continent américain et plus particulièrement d’Haïti, du Brésil et du Surinam.

1.1.2 Structures de la population

1.1.2.1.- Structures par âge

Pyramides des âges

La forme de la pyramide des âges de la Guyane est caractéristique des populations jeunes, avec une base très large jusqu’à 19 ans. Ce trait la distingue fortement de la métropole traduit un fort potentiel de croissance lorsque ces jeunes seront en âge d’avoir des enfants. Le creux à 20-24 ans qui reflète les départs de jeunes adultes, est fortement atténué par les arrivées de métropolitains et d’étrangers. Ce sont également ces migrants qui concourent au renflement de la pyramide aux âges adultes après 25 ans. Dès 45 ans, les effectifs se réduisent très rapidement. A la base comme au sommet, la pyramide de la Guyane apparaît ainsi beaucoup plus jeune que celle de la métropole.

Page 17: Les tendances démographiques et ... - European Commission

17

Figure 1.1.11 : Comparaison des pyramides des âges de la Guyane et de la France métropolitaine en 2007,

Pyramide des âges en Guyane

et en France métropolitaine (2007)

7 5 3 1 1 3 5 7

0 - 4 ans5 - 9 ans

10 - 14 ans15 - 19 ans20 - 24 ans25 - 29 ans30 - 34 ans35 - 39 ans40 - 44 ans45 - 49 ans50 - 54 ans55 - 59 ans60 - 64 ans65 - 69 ans70 - 74 ans75 - 79 ans80 - 84 ans85 - 89 ans90 - 94 ans95 - 99 ans

100 ans et +

%

FemmesHommes

France

métropolitaine

Guyane

Source : INSEE

La pyramide de 1999 diffère peu de celle de 2007, la croissance naturelle et la migration soutenues lui assurent une forme quasi stable, mis à part l’indentation due aux départs de jeunes adultes. On observe déjà une part plus importante de femmes âgées de 25 à 40 ans que d’hommes liée à une migration majoritairement féminine. Figure 1.1.12 : Comparaison des pyramides des âges de la Guyane et de la France métropolitaine en 1999

Pyramide des âges en Guyane

et en France métropolitaine (1999)

7 5 3 1 1 3 5 7

0 - 4 ans5 - 9 ans

10 - 14 ans15 - 19 ans20 - 24 ans25 - 29 ans30 - 34 ans35 - 39 ans40 - 44 ans45 - 49 ans50 - 54 ans55 - 59 ans60 - 64 ans65 - 69 ans70 - 74 ans75 - 79 ans80 - 84 ans85 - 89 ans90 - 94 ans95 - 99 ans

100 ans et +

%

FemmesHommes

France

métropolitaine

Guyane

Source : INSEE

Page 18: Les tendances démographiques et ... - European Commission

18

1.1.2.2.- Population selon lieu de naissance La pyramide des âges selon le lieu de naissance permet de mieux apprécier l’impact des migrations sur les structures de la population. En 2007, 55% des individus recensés sont nés en Guyane, 10% en métropole, 3% dans un autre Dom ou Com, 0,5% dans les pays de l’UE et 32% dans un pays-tiers. C’est donc la Guyane qui compte la plus forte proportion d’individus nés à l’étranger de tous les Dom. Entre 25 et 59 ans, ils sont même plus nombreux ceux nés dans le département. A contrario, la base de la pyramide est très élargie pour la population native de Guyane reflète les effets de la forte fécondité observée en Guyane, à laquelle contribuent les femmes nées à l’étranger dont les enfants, notamment les plus jeunes, sont souvent nés en Guyane. Néanmoins, la part des enfants nés à l’étranger reste, mêmes aux bas âges, significative en raison du fait du regroupement familial. Figure 1.1.13 : Pyramide des âges de la Guyane selon le lieu de naissance, 2007

Pyramide des âges de la Guyane

selon le lieu de naissance (2007)

7 6 5 4 3 2 1 0 1 2 3 4 5 6 7

0 - 4 ans5 - 9 ans

10 - 14 ans15 - 19 ans20 - 24 ans25 - 29 ans30 - 34 ans35 - 39 ans40 - 44 ans45 - 49 ans50 - 54 ans55 - 59 ans60 - 64 ans65 - 69 ans70 - 74 ans75 - 79 ans80 - 84 ans85 - 89 ans90 - 94 ans95 - 99 ans

100 ans et +

%

Hommes Femmes

Nés dans le

département

Nés en

métropole

Nés dans un

autre Dom/Com

Nés dans un

pays de l'UE

Nés dans un

autre pays

Source : INSEE

La Population née à l’étranger

Plus de 30% de la population guyanaise est née à l’étranger, soit une proportion nettement supérieure à celle observée en métropole, mais aussi beaucoup plus jeune et une part un peu plus importante de femmes. Aux âges jeunes, les étrangers sont aussi beaucoup plus nombreux qu’en métropole en raison de l’immigration familiale, notamment de femmes avec leurs enfants, des pays frontaliers et du regroupement familial en Guyane. Parce que leur arrivée en Guyane est un phénomène relativement récent, les plus âgées sont proportion plus faible qu’en métropole.

Page 19: Les tendances démographiques et ... - European Commission

19

Figure 1.1.14 : La répartition par âge de personnes nées à l’étranger - Comparaison Guyane - France métropolitaine

Population née à l'étranger en Guyane

et en France métropolitaine (2007)

3 2,4 1,8 1,2 0,6 0 0,6 1,2 1,8 2,4 3

0 - 4 ans5 - 9 ans

10 - 14 ans15 - 19 ans20 - 24 ans25 - 29 ans30 - 34 ans35 - 39 ans40 - 44 ans45 - 49 ans50 - 54 ans55 - 59 ans60 - 64 ans65 - 69 ans70 - 74 ans75 - 79 ans80 - 84 ans85 - 89 ans90 - 94 ans95 - 99 ans

100 ans et +

%

Hommes Femmes

France

métropolitaine

Guyane

Source : calculs de l’auteur à partir du RP 2007

1.1.2.3.- Taux de dépendance et indices de vieillissement En 2007, 35% de la population de Guyane avait moins de 15 ans en 2007, contre 18% en métropole. A l’opposé, les plus âgés (65 ans et plus) formaient 16,5% de la population métropolitaine, contre 3,8% en Guyane. En conséquence, le taux de dépendance en Guyane est plus élevé qu’en métropole tient non la vieillesse de la population, mais à la part élevée des enfants âgés de 0-14 ans. En 2007, pour 100 individus en âge de travailler (15-64 ans), on comptait 64 personnes à charge, dont 60 de moins de 15 ans et 4 de 65 ans et plus. Plus élevé qu’en métropole (53 %), ce rapport de dépendance crée un contexte moins favorable à la croissance économique. Principalement composé d’actifs, les immigrants comptent un part plus réduite de jeunes (moins de 15 ans) et de séniors (plus de 65 ans) que la population native. Leur arrivée a donc pour effet de rééquilibrer le rapport de dépendance économique en renforçant la part des actifs.

Page 20: Les tendances démographiques et ... - European Commission

20

Tableau 1.1.3 : Part des grands groupes d’âge, rapport de dépendance et indices de vieillissement et de jeunesse (%), en 1990, 1999 et 2007, en Guyane et en métropole

France métropolitaine Guyane

1990 1999 2007 1990 1999 2007

Parts

0-14 20,1 18,9 18,3 34,9 35,6 35,3

15-59 60,8 60,5 60,2 59,7 58,7 58,9

60+ 19,0 20,6 21,5 5,5 5,6 5,8 15-64 66,0 65,2 65,2 61,3 60,5 60,9

65+ 13,9 15,9 16,5 3,8 3,8 3,8

Taux de dépendance Dep jeunes 15/60 33,1 31,3 30,4 58,5 60,7 60,0 Dep âgés 15/60 31,3 34,0 35,6 9,2 9,6 9,9 De total15/60 64,4 65,3 66,1 67,6 70,3 69,8 Dep jeunes 15/65 30,5 29,1 28,1 56,9 58,9 57,9

Dep âgés 15/65 21,1 24,4 25,4 6,2 6,3 6,2

Dep total15/65 51,6 53,4 53,5 63,0 65,2 64,1

Indices Vieillissement 50,1 61,8 66,7 8,6 8,6 8,5 Jeunesse 199,7 161,7 150,0 1163,0 1157,4 1178,7 Nombre de moins de 20 ans 15719647 15017908 15315094 49987 69234 94722 Nombre de 65 ans et plus 7871514 9285296 10208292 4298 5982 8036

Source : calculs de l’auteur à partir du RP 2007, INSEE

Tableau 1.1.4 : Part (%) des grands groupes d’âge, rapport de dépendance et indices de vieillissement et de jeunesse, selon l’origine, 2007, en Guyane et en métropole

GUYANE Population totale Natifs Immigrants

Parts (%) 0-14 (%) 35,6 53,3 13,9 15-59 (%) 58,6 41,7 79,5 60+ (%) 5,7 5,0 6,6 15-64 (%) 60,6 43,0 82,3 65+ (%) 3,8 3,7 3,9

Taux de dépendance (%) dep jeunes 15/60 60,8 127,7 17,4 dep âgés 15/60 9,8 12,0 8,3 dep total15/60 70,6 139,7 25,8 dep jeunes 15/65 58,8 123,8 16,8 dep âgés 15/65 6,2 8,7 4,7 dep total15/65 65,1 132,5 21,5

Indices (%) Vieillissement 8,4 5,8 17,8 Jeunesse 1191,1 1719,3 560,4 Nombre de moins de 20 ans 92668,4 72796,1 19872,2 Nombre de 65 ans et plus 7780,2 4234,1 3546,1

Source : calculs de l’auteur à partir du RP 2007, INSEE

Page 21: Les tendances démographiques et ... - European Commission

21

1.1.2.4.- Les Domiens en métropole La migration des natifs de Guyane vers la métropole est un phénomène plus récent que celle des natifs des autres DOM, ce qui explique la faiblesse de leurs effectifs. Seuls 6,4% des Guyanais y sont installés, à comparer aux 15% de Réunion et au plus de 30% d’Antillais. Leur pyramide des âges, très large dès les plus jeunes âges, indique une migration familiale importante. Le pic est atteint entre 20 et 30 ans entre l’âge des études et celui des premiers emplois. Après 40 ans, cette part décroit rapidement confirmant le caractère récent de leur migration. En effet, jusqu’en 1975, comparé aux natifs des autres Dom, les effectifs des Guyanais en métropole n’augmente qu’à un rythme relativement lent. Entre 1968 et 1975, leur taux de croissance est de 38%, contre 300% pour les natifs des Antilles et près de 800% pour les natifs de la Réunion. Ce rythme s’intensifie dans la période suivante (1975-1982), et leurs effectifs passent de 6 275 à plus de 9 900. Le ralentissement des années 80, communs à tous les Domiens, est suivi d’une plus forte reprise dès le début des années 1990 : + 38,2% entre 1990 et 1999 et + 49,4% entre 1999 et 2007. Une accélération qui contraste avec le fléchissement observé pour les Antillais et les Réunionnais. Figure 1.1.15 : Pyramide des âges des natifs de Guyane en France métropolitaine en 2007,

Pyramide des âges des natifs de Guyane

résidant en France métropolitaine (2007)

-0,6 -0,4 -0,2 0 0,2 0,4 0,6

0 - 4 ans5 - 9 ans

10 - 14 ans15 - 19 ans20 - 24 ans25 - 29 ans30 - 34 ans35 - 39 ans40 - 44 ans45 - 49 ans50 - 54 ans55 - 59 ans60 - 64 ans65 - 69 ans70 - 74 ans75 - 79 ans80 - 84 ans85 - 89 ans90 - 94 ans95 - 99 ans

100 ans et +

%

FemmesHommes

Source : INSEE

Page 22: Les tendances démographiques et ... - European Commission

22

Figure 1.1.16 : La population native de Guyane en France métropolitaine - Evolution depuis 1954

Evolution de la populations des natifs

de Guyane vivant en métropole

6 275

23 365

15 637

11 314

9 904

43843180

0

5000

10000

15000

20000

25000

1954 1968 1975 1982 1990 1999 2007

Source : INSEE

Figure 1.1.17 : Proportion des natifs de Guyane résidents en France métropolitaine, selon l’âge, 2007

Ratio des natifs de Guyane résidant

en métropole / ensemble des natifs (2007)

0

5

10

15

20

25

30

35

40

45

50

< de

15 an

s

15-19 an

s

20-24 an

s

25-29 an

s

30-34 an

s

35-39 an

s

40-44 an

s

45-49 an

s

50-54 an

s

55-59 an

s

60-64 an

s

> de

64 an

s

%

Source : INSEE

Si dans l’ensemble, la part des natifs de Guyane en métropole est encore relativement restreinte, on observe depuis 1990 et surtout 1999 une accélération des installations de jeunes en métropole

Page 23: Les tendances démographiques et ... - European Commission

23

(études, premier emploi). La part des 20-29 ans approche 35%, soit un niveau peu éloigné de celui des Antillais du même âge (environ 42%), Après 30 ans, cette part décroit rapidement et se stabilise vers 40 ans autour de 20%. Pour les Antillais, la part des résidants en métropole reste stable ou presque jusqu’à 50-54 ans.

Rapports de masculinité

Les migrations ont accentué le déséquilibre entre les sexes, notamment pour les natifs 25 et 49 ans qui comptent 90 hommes pour 100 femmes. Chez les métropolitains la surreprésentation des hommes est nette aux âges de 40 à 75 ans, indiquant une migration ancienne principalement masculine. A l’opposé, les étrangers se caractérisent par une prépondérance féminine, notamment de 20 à 35 ans.

Figure 1.1.18 : Rapport de masculinité de la population selon l’âge et le lieu de naissance, 2007, (source : INSEE)

Page 24: Les tendances démographiques et ... - European Commission

24

Section 2 : Education

1.2.1.- Niveau de diplôme

En Guyane, en 2007, plus de 50% de la population de plus de 14 ans non scolarisée ne possède aucun diplôme, contre 20 % en moyenne nationale. Les diplômés les mieux représentés sont les titulaires de CAP et BEP en France (23,8 %) comme en Guyane. (15,5%). Au niveau du baccalauréat, les proportions sont plus modestes et l’écart avec la métropole plus faible (15% en France, contre 11% en Guyane). Cet écart se creuse de nouveau pour les diplômés du supérieur : 14,2% en Guyane, contre 23% au niveau national. Figure 1.2.1 : Distribution de la population de 15 ans et plus ayant terminé les études par niveau de diplôme en Guyane et en France, 2007

Source : INSEE

L’évolution de ces huit dernières années ne montrent pas d’amélioration significative ni ne laissent en espérer dans les années à venir. La Guyane est même le seul Dom où la part de non-diplômés s’est renforcée en huit ans (+ 2points)6 de même que celle des titulaires d’un CAP-BEP7. L’évolution est plus positive pour les bacheliers et les titulaires d’un diplôme du supérieur même si les progrès demeurent très modestes. Alors qu’en métropole, les premiers voient leur part progresser de plus de 3 points et les seconds de 6 pts, en Guyane, la progression a été de moins de 2 points dans les deux cas (fig. 1.2.2).

6 Elle a perdu 1 point au niveau national

7 A un rythme légèrement plus soutenu comparé au niveau national

Page 25: Les tendances démographiques et ... - European Commission

25

Figure 1.2.2 : Evolution (en points) de la population par niveau de diplôme en Guyane et en France, 1999-2007

Evolution en points du niveau de dipôme (%) en France

et en Guyane sur la période 1999-2007

-8

-6

-4

-2

0

2

4

6

8

Aucun diplôme CEP-BEPC CAP-BEP Bac Diplôme > Bac

France

Guyane

Source : calculs d’auteur à partir des recensements INSEE

Figure 1.2.3 : Pyramide des âges de la population selon le niveau de diplôme, 2007

Niveau de diplôme par âge en Guyane (2007)

8 6 4 2 0 2 4 6 8

15 - 19 ans

20 - 24 ans

25 - 29 ans

30 - 34 ans

35 - 39 ans

40 - 44 ans

45 - 49 ans

50 - 54 ans

55 - 59 ans

60 - 64 ans

65 - 69 ans

70 - 74 ans

75 - 79 ans

80 - 84 ans

85 - 89 ans

90 - 94 ans

95 - 99 ans

100 ans et +

%

Diplôme > Bac

Bac

CAP-BEP

Peu ou pas diplômé

Hommes Femmes

Source : INSEE

Page 26: Les tendances démographiques et ... - European Commission

26

Le poids des non-diplômés dans la population guyanaise apparaît clairement dans la pyramide des âges par niveau de diplôme. Alors que dans les autres Dom, ce groupe n’est majoritaire que passé 40-45 ans, il l’est en Guyane dès 20-24 ans. Aux âges de la vie active (20-64 ans) la part de diplômés, souvent en provenance de métropole ou de l’UE, s’accroit jusque vers 45 ans. Mais, après 60 ans, elle se réduit rapidement pour être quasi imperceptible au sommet de la pyramide (fig. 1.2.3). Figure 1.2.4 : Distribution de la population par niveau de diplôme et lieu de naissance, 2007

Niveau de diplôme par lieu de naissance en Guyane (2007)

48,4

28,7

13,0

27,2

83,5

25,1

23,2

15,7

15,1

7,514,5

18,2

21,3

22,5

4,711,9

29,9

50,0

35,2

4,4

0%

20%

40%

60%

80%

100%

Nés d

ans le

départ

em

ent

Nés d

ans u

n

Dom

/Com

Nés e

n

métr

opole

Né d

ans u

n

pays d

e

l'U

E27

Nés à

l'étr

anger

Diplôme > Bac

Bac

CAP-BEP

Peu ou pas diplômé

Source : INSEE

Cette distribution par niveau de diplôme de la population guyanaise cache en réalité de très fortes inégalités entre les populations selon leur lieu de naissance. Ainsi, la part des non-diplômés d’environ 50% en moyenne d’ensemble, s’élève à 83,5% pour les personnes nées à l’étranger, contre 48,4% pour les natifs du département, et elle n’est que de 13 % pour les natifs de métropole. A l’inverse, une fois sur deux, ces derniers sont titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur. Si on y ajoute les bacheliers, on observe que près des trois quart des natifs de métropole possèdent un diplôme attestant la fin des études du secondaire. Les natifs de Guyane ne sont que 26% à avoir atteint ce niveau, et seulement 9% pour les individus nés à l’étranger.

Proportion de personnes âgées de 30-34 ans et ayant un diplôme du supérieur

La comparaison des niveaux de formation supérieurs des adultes de 30-34 ans en Guyane et en France souligne le retard important du département. L’écart est en effet considérable entre les taux guyanais et la moyenne nationale (23 points). La Guyane est le Dom qui affiche sur ce point le plus gros retard. Toutefois, et contrairement aux autres Dom, on ne note sur ce plan d’inégalités entre les sexes (tab.1.2.1). En revanche, on observe là encore des écarts considérables entre les populations selon leur lieu de naissance. Pour les individus nés à l’étranger, la part de diplômés du supérieur ne dépasse pas les 5%. Elle est proche de 17 % pour les natifs du département, avec ici un net avantage pour les femmes (19,4% contre 13,7% pour les hommes). A

Page 27: Les tendances démographiques et ... - European Commission

27

l’autre extrême, les natifs de métropole comptent plus de 60% de diplômés du supérieur, le taux frôle même les 66% chez les femmes (tab.1.2.2). Tableau 1.2.1: Part (%) de diplômés du supérieur dans la population âgée de 30-34 ans selon le sexe, Guyane et France métropolitaine (recensement de 2007).

% France Guyane

Hommes 37,9 19,2

Femmes 46,1 19,2

Total 42,0 19,2

Tableau 1.2.2: Part (%) de diplômés du supérieur parmi la population âgée de 30-34 ans selon le sexe et le lieu de naissance, (recensement de 2007).

% Dans le

département Dans un autre

Dom/Com En métropole UE27 Etranger Total

Hommes 13,7 49,3 58,7 55,4 3,9 19,2

Femmes 19,4 53,6 65,8 37,5 4,8 19,2

Total 16,8 51,6 61,9 48,2 4,4 19,2

Niveau de diplôme de la population des natifs en métropole en 2007

Si les natifs de Guyane installés en métropole sont encore peu nombreux, leur niveau de diplôme est bien supérieur à la moyenne nationale. La part de « peu ou pas diplômés » est nettement inférieure (27,2%) que celle observée à l’échelle de la France hexagonale (37,5%). Celle des diplômés d’un CAP-BEP est supérieure de 2 points et celle des Bachelier de 7 points, tandis que celle des diplômés du supérieur est sensiblement égale avec un léger avantage (2 points) aux Guyanais (fig.1.2.5). Ces résultats traduisent clairement le caractère très sélectif de l’émigration guyanaise, créant un déséquilibre avec les natifs restés dans leur département. Ainsi en 2007, près de 60% des natifs de Guyane âgés de 20 à 24 ans et diplômés du supérieur, résidaient en métropole. A contrario, on ne comptait en métropole que 17% d’individus de cette tranche d’âge ne possédant qu’un faible niveau de diplôme (fig.1.2.6).

Figure 1.2.5 : Distribution de la population native de Guyane en métropole par niveau de diplôme, 2007

Source : INSEE

Page 28: Les tendances démographiques et ... - European Commission

28

Figure 1.2.6 : Part des natifs de Guyane résidents en métropole par âge et niveau de diplôme, 2007

Ratio des natifs de Guyane résidant en métropole

selon le niveau de diplôme

0

10

20

30

40

50

60

< de 1

5 ans

15-19 a

ns

20-24 a

ns

25-29 a

ns

30-34 a

ns

35-39 a

ns

40-44 a

ns

45-49 a

ns

50-54 a

ns

55-59 a

ns

60-64 a

ns

> de 6

4 ans

%

Peu ou pas diplômé Diplôme > Bac

Source : INSEE

1.2.2.- Scolarisation

Evolution des effectifs d’élèves par niveau

Les effectifs d’élèves dans le premier et le second degré en Guyane connaissent une croissance très rapide en lien avec la croissance de la population et sa structure par âge. Alors qu’à la rentrée 1998 l’Académie comptait 48 755 inscrits, 10 ans plus tard ils étaient près de 70 000 soit 43% de plus. La progression a été plus vive encore dans le second degré qui sur la même période a vu doubler ses effectifs. Tableau 1.2.3: Evolution des effectifs d’élèves par niveau d’enseignement en Guyane et en France, 1998-2008.

Premier degré Second degré Ensemble 1998 2008 Evolution 1998 2008 Evolution 1998 2008 Evolution

Guyane 29 586 40 890 38,2 19 169 28 758 50,0 48 755 69 648 42,9

France (en milliers) 6606,8 6643,6 0,6 5688,8 5339,7 -6,1 12295,6 11983,3 -2,5

Source : DEPP-MEN

Tableau 1.2.4 : Effectifs du premier degré par niveau en Guyane à la rentrée 2009

Guyane

France (en milliers)

Préélémentaire 14 292 2532,8 CP-CM2 27 074 4070,5 ASH 483 43,8

Total premier degré 41 849 6647,1

Evolution 2009/2008 (%) 2,3 0,1 Part du public (%) 94,1 86,5

Source : DEPP-MEN

Page 29: Les tendances démographiques et ... - European Commission

29

Tableau 1.2.5 : Effectifs du second degré par niveau en Guyane à la rentrée 2009

Guyane

France (en milliers)

Premier cycle 18 723 3107,2 Second cycle professionnel 4 786 694,3 Second cycle général et techno 5 304 1431,3 Second degré adapté (SEGPA) 937 98,9

Total second degré 29 750 5331,7

Evolution 2009/2008 (%) 3,4 -0,1 Part du public (%) 93,8 78,8

Source : DEPP-MEN

Au niveau du second degré, la Guyane scolarise beaucoup plus d’élèves dans les filières professionnelles qu’en France. A la rentrée 2009, 43% des inscrits en second cycle suivaient un cursus professionnel, contre 31% en France. A l’opposé, ils étaient 48% à suivre un cursus général et technologique en Guyane, contre 64% au niveau national.

Taux de scolarisation de la population par âge et sexe

Figure 1.2.6 : Taux de scolarisation selon le sexe et l’âge, 2007,

Taux de scolarisation par âge

et par sexe en Guyane (2007)

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30

Âge

%

Hommes Femmes France entière (H/F)

Source : RP 2007, INSEE

Le taux de scolarisation en Guyane est assez éloigné de celui de la France entière, y compris aux âges de la scolarité obligatoire. Le début de scolarisation est tardif : à 5 % des enfants ne sont pas scolarisés. Ensuite, les taux oscillent entre 4 et 2 %. On observe un décrochage dès 12 ans pour les jeunes filles (5 points d’écart avec le niveau national) et à partir de 14 ans chez les garçons. Après 16 ans, cet écart s’accentue encore, autant pour les garçons que pour les filles : il dépasse 20 points à 19 ans. Le taux de scolarisation est plus faible encore des étrangers, allant de 90% à 93%

Page 30: Les tendances démographiques et ... - European Commission

30

aux âges obligatoires. Il est probable que les jeunes natifs non scolarisés soient souvent des enfants de migrants nés en Guyane. Réussite aux principaux examens

Les taux de réussite aux différents examens constatés sont aussi bien plus faibles que moyenne nationale et les effectifs qui se présentent à ces examens sont également très peu nombreux.

Tableau 1.2.6 : Taux de réussite aux examens en Guyane et en France, 2009.

Session 2009

Guyane France

Présentés Admis % Présentés Admis %

Brevet 3 386 2 566 75,8 736 836 609 425 82,7 Collège 3 092 2 410 77,9 660 192 552 155 83,6 Technologique 226 142 62,8 36 480 29 958 82,1 Professionnel 68 14 NS 40 164 27 312 68,0 Baccalauréat général 958 698 72,9 322 576 286 762 88,9 L - Littéraire 261 173 66,3 54 774 47 765 87,2 ES - Economique et social 319 247 77,4 102 116 90 466 88,6 S - Scientifique 378 278 73,5 165 686 148 531 89,6 Baccalauréat technologique 664 376 56,6 164 894 131 602 79,8 Hôtellerie 0 0 0,0 2 866 2 533 88,4 SMS - Sciences médico-sociales 134 39 29,1 25 030 18 542 74,1 STI - Sciences tech. industrielles 128 72 56,3 38 405 30 281 78,8 STG - Sciences tech. de la gestion 369 247 66,9 83 520 67 918 81,3 STL - Sciences tech. de laboratoire 18 10 55,6 8 044 6 976 86,7 STAV - Sciences tech. de l'agronomie 15 8 53,3 6 699 5 048 75,4 Autres séries technologiques 0 0 0,0 330 304 92,1 Baccalauréat professionnel 506 424 83,8 138 243 120 728 87,3 Ensemble des baccalauréats 2 128 1 498 70,4 625 713 539 092 86,2 Enseignement technique (hors bac) 2 410 1 432 59,4 625 011 465 760 74,5 Certificat d'Aptitude Professionnelle 862 666 77,3 181 182 146 855 81,1 Brevet d'Études Professionnelles 1 223 630 51,5 228 102 170 536 74,8 Mentions complémentaires 16 9 56,3 13 318 11 358 85,3 Brevet professionnel 42 16 38,1 29 137 20 594 70,7 Brevet de technicien 0 0 0,0 1 682 1 293 76,9 Brevet de technicien supérieur 267 111 41,6 162 773 110 483 67,9 Source : DEPP-MEN

En 2009, sur 3 386 inscrits présents à l’examen du Brevet, 2 566 l’ont obtenu, soit 75 % de réussite contre 83% en moyenne nationale. L’écart est plus important encore pour le Baccalauréat. En 2009, moins des trois quart des jeunes en Guyane (73%) ont obtenu le Baccalauréat général (contre 89% au niveau national) et 57% le Baccalauréat technologique (80% en France). Les résultats sont meilleurs pour le baccalauréat professionnel, pour lequel on enregistre un taux de réussite proche du niveau national avec 84% contre 87%. Enfin, le taux de réussite dans l’enseignement technique (hors bac) reste très en deçà de la moyenne nationale avec 59% contre 75%, et plus encore au niveau du BEP où l’écart est de 23 points.

Evolution des taux d’accès en Guyane et en métropole

Les taux d’accès au niveau IV de formation, c’est à dire en classe de terminale, sont très faibles en Guyane. Cela signifie qu’une minorité de jeunes arrivent au niveau du Baccalauréat, comme le

Page 31: Les tendances démographiques et ... - European Commission

31

montrent les effectifs inscrits à cet examen en Guyane. En 2008, 41,3% des jeunes guyanais accédaient au niveau Baccalauréat contre 64,5% en France. Les jeunes femmes guyanaises accèdent un peu plus fréquemment à ce niveau (46,4%). La prise en compte des autres voies de formation (apprentissage) et hors Education Nationale (Ministère de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Pêche) creusent davantage l’écart entre la Guyane et la France. L’apprentissage étant moins présent en Guyane. Figure 1.2.7 : Evolution des taux d’accès au niveau IV de formation en Guyane et en France, 1995-2008

Source : DEPP-MEN

Tableau 1.2.7: Taux d’accès par sexe au niveau IV de formation en Guyane et en France (2008)

MEN-scolaire Toutes voies de formation

Hommes Femmes Ensemble

Guyane 36,7 46,4 41,3 42,3 France entière 59,1 70 64,5 71,5

Source : DEPP-MEN

Inscriptions dans l’enseignement supérieur (universités uniquement)

En 2009, l’université des Antilles et de la Guyane comptait 12 613 étudiants inscrits, soit 5,7% de plus que l’année précédente. Parmi ces 12 613 inscrits, les étudiants de Guyane représentaient 13,6%, soit 1 716 étudiants, soit un poids très inférieur à celui des jeunes Guyanais (25%) dans la population des 20-24 ans recensés dans les trois Dom des l’Atlantique. Il est certain qu’une part des jeunes suivant des études se dirige directement vers la métropole, plutôt que vers les Antilles. Quoi qu’il en soit, comparés aux Antillais, les jeunes guyanais sont en proportion moins nombreux à poursuivre des études supérieures du fait d’un accès moindre au niveau bac.

Tableau 1.2.8: Effectifs et évolution des inscrits dans les universités (2008-2009)

Effectifs totaux

Evolution par rapport à 2008-2009 (%)

Nouveaux entrants Poids du cursus

licence (%)

Antilles et Guyane 12 613 5,7 3 548 77,9

France entière 1 444 583 2,9 276 996 59 Source : DEPP-MEN

Tableau 1.2.9: Distribution des effectifs inscrits dans les universités par filières (2009)

Détail disciplines et niveaux Licence (%) Master (%) Doctorat (%) Ensemble

Droit, sciences politiques 2085 83,3 370 14,8 48 1,9 2503 Sciences économiques, AES 1678 88,4 204 10,7 17 0,9 1899 Lettres, sciences humaines - Langues 2573 68,7 1084 28,9 90 2,4 3747 Sciences, STAPS 2305 87,6 212 8,1 113 4,3 2630 Santé 804 55,2 652 44,7 1 0,1 1457 IUT 377 100,0 0 0,0 0 0,0 377 Total 9822 77,9 2522 20,0 269 2,1 12613

Source : DEPP-MEN

Page 32: Les tendances démographiques et ... - European Commission

32

1.2.3.- Echec scolaire, illettrisme, abandon prématuré

Echec scolaire

En 2007, en Guyane, 38,6% des jeunes âgés de 18 à 24 ans non scolarisés étaient sortis du système scolaire sans aucun diplôme ni qualification, soit un taux plus de quatre fois supérieur à celui enregistré au niveau national. La proportion est légèrement plus élevée chez les femmes (40,4%) que chez les hommes (36,7%), à l’inverse de ce qu’on observe au niveau national et dans les autres DOM (Tab.1.2.10). Cette particularité de la Guyane est peut être liée au poids dans la population de l’immigration féminine

Cet échec scolaire est aussi très inégal selon l’origine des individus. Si le taux moyen en Guyane est d’environ 39%, il atteint 60% pour les natifs de l’étranger, alors qu’il n’est que 6 % chez les natifs de métropole (Tab.1.2.11)

Tableau 1.2.10 : Taux d’échec scolaire8 selon le sexe, en Guyane et en France, 2007

% France Guyane

Hommes 10,2 36,7

Femmes 7,4 40,4

Total 8,8 38,6 Source : calculs de l’auteur à partir du RP 2007, INSEE

Tableau 1.2.11 : Taux d’échec scolaire9 selon le sexe et le lieu de naissance, Guyane, 2007

% Dans le

département Dans un autre

Dom/Com En métropole UE27 Etranger Total

Hommes 27,9 3,1 8,0 14,3 56,5 36,7

Femmes 24,6 3,6 4,3 17,4 63,5 40,4

Total 26,2 3,3 6,3 16,2 60,4 38,6 Source : calculs de l’auteur à partir du RP 2007, INSEE

Abandon prématuré des études

Tableau 1.2.12 : Taux d’abandon prématuré des études10 selon le sexe, en Guyane et en France, 2007

% France Guyane

Hommes 4,0 4,7

Femmes 3,3 4,1

Total 3,7 4,4

Source : calculs de l’auteur à partir du RP 2007, INSEE

A la différence du taux d’échec scolaire en Guyane qui est très supérieur à la moyenne nationale, le taux d’abandon prématuré est lui assez proche du niveau national. En Guyane, 4,4% des jeunes de 18-24 ans, non scolarisés mais ayant obtenu le BEPC, ont abandonné prématurément les études, contre 3,7% sur la France entière. On peut cependant remarquer que ce taux est plus élevé parmi les natifs (5,8%) que parmi les étrangers (2,8%) qui semblent continuent plus souvent leurs études au-delà du BEPC que les Guyanais.

8 Proportion des 18-24 ans, non scolarisés et qui n’ont pas le diplôme de fin d’études obligatoire : BEPC

9 Proportion des 18-24 ans, non scolarisés et qui n’ont pas le diplôme de fin d’études obligatoire : BEPC

10 Proportion des 18-24 ans, non scolarisés et qui n’ont pas le diplôme de fin d’études obligatoire : BEPC

Page 33: Les tendances démographiques et ... - European Commission

33

Section 3 : Population active

1.3.1 - Population active, emploi

Evolution de la population active au sens du BIT

En matière d’activité, la Guyane est la plus mal lotie, avec le taux d’activité le faible de tous (56,3 %), contribuant à l’écart le plus important avec la métropole. Les situations diffèrent sensiblement selon le sexe et l’âge. Si les adultes d’âges murs (50-64 ans) le niveau est très proche du celui de la métropole voire même au-dessus pour les hommes guyanais, il en va tout autrement, pour les femmes de 25 à 49 ans, pour lesquels écarts avec la moyenne nationale est de 20 points. Quant aux jeunes (15-24 ans), leur taux n’atteint pas 25% contre 40% en métropole. Tableau 1.3.1 : Taux d’activité (%) et taux d’emploi en Guyane et en métropole, selon le sexe et l’âge, 2007-2010

2007 2008 2009 2010

Métropole Guyane Guyane Guyane Métropole Guyane

Population active 27 800 685 62 577 64 953 70 663 28 180 883 75 358

Hommes 14 626 382 34 351 35 473 37 983 14 736 476 41 040

Femmes 13 174 303 28 226 29 480 32 680 13 444 408 34 318

Taux d'activité 15-64 ans 69,7 53,7 52,9 55,7 70,5 56,3

Hommes 74,4 61,6 60,1 62,2 74,9 63,2

15-24 ans 38,0 17,8 16,8 23,1 42,9 24,1

25-49 ans 94,8 79,7 79,4 78,6 94,8 80,1

50-64 ans 62,1 73,7 68,8 71,7 61,2 72,1

Femmes 65,1 46,4 46,3 49,7 66,1 49,9

15-24 ans 31,8 16,1 13,7 20,0 35,6 19,2

25-49 ans 82,8 58,8 60,7 62,9 84,2 64,8

50-64 ans 54,9 51,4 49,4 54,5 54,1 51,4

Taux d'emploi 15-64 ans 64,1 42,2 41,3 43,9 63,8 44,5

Hommes 68,8 50,9 50,4 51,6 68,1 52,0

15-24 ans 30,9 9,9 10,0 14,0 33,4 14,8

25-49 ans 88,6 66,8 67,4 66,4 87,3 68,0

50-64 ans 58,8 65,1 61,6 63,4 57,4 60,6

Femmes 59,5 34,3 32,9 36,8 59,7 37,4

15-24 ans 25,3 9,1 8,0 12,1 27,2 9,1

25-49 ans 76,1 42,7 42,2 46,5 76,7 50,1

50-64 ans 51,8 45,2 41,3 45,2 50,6 42,4

Source : Enquêtes Emplois

Pour l’emploi, les écarts sont encore plus considérables, surtout pour les femmes guyanaises. Ces dernières affichent un taux d’emploi de 37,4% en 2010 (60% en métropole), contre 52,0% pour les hommes (70% en métropole). Ceux des jeunes guyanais sont également très faibles, pour les hommes comme pour les femmes (inférieur à 15%). Après 25 ans, les taux d’emplois qui se situent au-dessus de 75% en métropole, atteignent tout juste 68% pour les hommes en Guyane et 50% pour les femmes.

Page 34: Les tendances démographiques et ... - European Commission

34

Temps partiel et CDD

Alors que la part du temps partiel a tendance à stagner, voire à diminuer dans les autres Dom, elle a gagné près de 3 points sur la période 2008-2010 en Guyane. Ce sont les jeunes et femmes qui en souffrent le plus. Pour ces dernières, le taux de temps partiel atteint 19,5% en 2010, contre 8,1% pour les hommes. Le temps partiel des femmes est, pour deux tiers d’entre-elles, une situation subie.

Tableau 1.3.2 : Proportion de l’emploi à temps partiel selon le sexe, et part d’emploi à temps partiel non désirée, 2008-2010

Guyane Taux de temps partiel* (%) Dont temps partiel subi (%)

2008 2009 2010 2008 2009 2010

Jeunes (- 30 ans) 18,8 18,7 21,6 60,8 59,6 78,4

Hommes 8,1 8,1 8,7 63,6 67,7 78,0

Femmes 16,3 18,4 19,5 58,9 66,4 67,6

Ensemble 11,5 12,6 13,4 60,9 66,8 71,4

* par rapport à l'ensemble des actifs occupés

Source : Enquêtes Emplois

Le taux de CDD en Guyane est plus fort qu’aux Antilles, mais moindre qu’à La Réunion. Ce sont les jeunes qui sont le plus souvent concernés. Plus de 30% des jeunes guyanais de moins de 30 ans sont en CDD et ce type de contrat est souvent pour eux un moyen d’accéder au marché du travail. Cette part diminue avec l’âge, au profit des contrats à durée indéterminée. Tableau 1.3.3 : Proportion des actifs employés en CDD selon le sexe, 2008-2010

Guyane Taux de CDD* (%)

2008 2009 2010

Jeunes (- 30 ans) 24,8 27,3 34,0

Hommes 11,9 12,7 13,8

Femmes 15,3 15,8 19,5

Ensemble 13,3 14,1 16,3

* par rapport à l'ensemble des actifs occupés

Source : Enquêtes Emplois

Rythme annuel de la création d’emploi

Le rythme annuel de la création d’emploi en Guyane suit les fluctuations de la métropole mais des niveaux supérieurs et des inflexions plus marquées. C’était particulièrement le cas au milieu des années 1990, avec en Guyane une croissance de l’emploi atteignant presque 10%. Après une deuxième période de croissance rapide autour du tournant du millénaire, le département a enregistré une baisse passagère en 2003 avant une reprise au milieu des années 2000. Depuis 2006, avec les effets de la crise économique en métropole et dans les autres Dom, le rythme faiblit semble être à la destruction d’emploi sur les années 2007-2008.

Page 35: Les tendances démographiques et ... - European Commission

35

Figure 1.3.1 : Taux annuels d’évolution des créations d’emploi en Guyane et en France métropolitaine depuis 1990.

Source : INSEE

Evolution de l’emploi salarié par secteur

Dans les années 2006-2008, la Guyane a enregistré la plus forte évolution de l’emploi salarié de tous Dom (9,5%), avec La Réunion (9,8 %), précédant les Antilles (6,5% à 8%) aux Antilles. Cette performance a été principalement portée par le secteur de la construction où l’emploi salarié a progressé de plus de 60%, les effectifs passant de 2460 à 3323 salariés11. L’industrie a également connu une période positive avec des gains de près de 35% en 2 ans, alors que ce secteur a stagné dans les autres DOM. A l’inverse, les très faibles effectifs dans l’agriculture n’ont pas cessé de décroitre, passant de 444 salariés en 2006, à 268 en 2008 soit un recul de près de 50%. Tableau 1.3.4 : Evolution des emplois salariés par secteur, 2004-2008

2004 2006 2008

Evolution 2006-2008

(%)

Part en 2008 (%)

métropole 23 340 364 23 793 897 23 966 694 2,7 100,0

Agriculture 260 258 248 468 226 779 -12,9 0,9

Industrie 3 789 057 3 642 123 3 520 705 -7,1 14,7

Construction – BTP 1 319 358 1 428 090 1 497 653 13,5 6,2

Services marchands 10 687 193 11 017 496 11 158 537 4,4 46,6

Services non marchands 7 284 498 7 457 720 7 563 020 3,8 31,6

Guyane 40346 44080 44 188 9,5 100,0

Agriculture 497 444 268 -46,1 0,6

Industrie 2580 3014 3 462 34,2 7,8

Construction – BTP 2069 2460 3 323 60,6 7,5

Services marchands 12656 13207 14 627 15,6 33,1

Services non marchands 22544 24955 22 508 -0,2 50,9

Source : INSEE

Tout comme en métropole et dans les autres Dom, le secteur des services regroupent plus de 80% des effectifs salariés en Guyane. A la différence de la métropole, la majorité de ces emplois sont dans les services non marchands (50% en 2008), soit une part bien plus grande qu’à La Réunion (40%), et qu’aux Antilles (43,1% en Martinique et 40% en Guadeloupe).

11

Cette forte croissance de ce secteur a été également observée dans les autres DOM.

Page 36: Les tendances démographiques et ... - European Commission

36

Emploi public

L’emploi public en Guyane occupe en conséquence une grande place en Guyane. En 2007, on comptait 42 agents pour 100 salariés en Guyane. C’est plus de 20 points de plus qu’à l’échelle nationale. Cependant, rapporté au nombre d’habitants (en forte progression dans le département), ce ratio est le plus faible des Dom : 8 agents pour 100 habitants. Si l’emploi public est donc fort en Guyane, et d’ailleurs dans les Dom en général, cela tient comme ailleurs dans les Dom à la faiblesse de l’emploi privé.

Tableau 1.3.5 : Proportion des emplois dans la fonction publique dans l’ensemble des salariés et taux par habitant, dans les DOM, 2008

Agents de la

fonction publique en 2008

Agents pour 100 salariés (%)

Agents pour 100 habitants (%)

Guadeloupe 36 961 31,9 9,2

Guyane 18 439 41,7 8,4

Martinique 38 516 30,2 9,7

La Réunion 61 901 27,7 7,7

France 4 893 790 20,0 7,7

Source : INSEE

Cet emploi public se concentre majoritairement dans la fonction publique d’état (50% des effectifs), à la différence des autres Dom où la majorité appartient à la fonction publique territoriale (37% des effectifs en Guyane). Les 13% se retrouvent dans la fonction publique hospitalière qui compte plus de 2 000 salariés en Guyane.

Tableau 1.3.6 : Effectifs des emplois publics par type et part de la Guyane dans le total national de ces emplois

2008

Guyane Guyane / France

(%)

Fonction publique d'État, agents civils 9 330 0,5

Fonction publique territoriale 6 730 0,4

Fonction publique hospitalière 2 379 0,2

Total des agents civils des fonctions publiques 18 439 0,4

Source : INSEE

Page 37: Les tendances démographiques et ... - European Commission

37

1.2.2.- Chômage

Evolution du chômage au sens du BIT

Le chômage en Guyane est très élevé (21%) comparé à celui de la métropole (9%), mais il n’est pas très éloigné de celui des Antilles et bien plus bas qu’à La Réunion. Les femmes en sont bien plus souvent victimes (25%) que les hommes (18%). Les jeunes guyanais des deux sexes éprouvent de fortes difficultés et affichent des taux proches de 40% pour les hommes et supérieurs à 50% pour les femmes.

Tableau 1.3.7 : Taux de chômage en Guyane et en métropole, selon le sexe et l’âge, 2007-2010

2007 2008 2009 2010

Métropole Guyane Guyane Guyane Métropole Guyane

Nombre de chômeurs 2 223 000 13 254 14 167 14 925 2 570 000 15 804

Hommes 1 092 000 5 948 5 678 6 459 1 308 000 7 243

Femmes 1 131 000 7 306 8 489 8 466 1 262 000 8 561

Taux de chômage (%)

Ensemble 8,0 21,2 21,8 21,1 9,1 21,0

15-24 ans 19,5 44,0 41,1 39,6 23,5 45,1

25-49 ans 7,3 21,5 22,3 20,5 8,1 18,7

50-64 ans 5,4 11,8 12,9 13,9 5,9 16,6

Hommes 7,5 17,3 16,0 17,0 8,8 17,7

15-24 ans 18,8 44,4 40,4 39,5 24,7 38,5

25-49 ans 6,6 16,3 15,2 15,5 7,6 15,1

50-64 ans 5,3 11,7 10,5 11,6 5,6 16,0

Femmes 8,6 25,9 28,8 25,9 9,3 25,0

15-24 ans 20,4 43,7 42,0 39,7 22,1 52,7

25-49 ans 8,1 27,4 30,5 26,1 8,7 22,6

50-64 ans 5,6 11,9 16,4 17,2 6,2 17,6

Source : Enquêtes Emplois

Les écarts avec la métropole tendent à se réduire avec l’âge. Ainsi les 50-64 ans en Guyane ont un taux de chômage de 16,6%, contre 5,9% pour les métropolitains du même âge. Les femmes quant à elles conservent également près de 11 points d’écarts avec les métropolitaines de 50-64 ans. Si l’on prend en compte les inactifs souhaitant travailler12, le taux de chômage en Guyane passerait de 21,1% à 34,5% en 2009. Soit une augmentation de 13 points (contre 2,5 points pour le taux de chômage métropolitain). La Guyane est d’ailleurs le Dom qui enregistre le plus fort halo de population souhaitant travailler mais non comptabilisée comme chômeurs. Le chômage et son halo

Tableau 1.3.8 : Proportion des personnes sans emploi souhaitant travailler, 2008-2009

LE CHÔMAGE ET SON HALO

Personnes sans emploi souhaitant travailler (chômeurs + inactifs souhaitant travailler)

Guyane Métropole

2008 2009 2008 2009

En % des personnes actives, ou inactives souhaitant travailler

35,6 34,5 9,4 11,3

Source : Enquêtes Emplois

12

Au delà de la définition du chômage du BIT

Page 38: Les tendances démographiques et ... - European Commission

38

Durée de la recherche d’emploi

Tout comme aux Antilles, les durées moyennes de recherche d’emploi très longues en Guyane (40 mois en 2010). En France, la durée moyenne autour d’un an, soit 28 mois de moins qu’en Guyane. Les femmes guyanaises souffrent plus encore que les hommes de ce chômage de longue durée. Leur durée moyenne de recherche d’emploi dépasse les 45 mois, soit près de quatre ans. Tableau 1.3.9 : Proportion des chômeurs par sexe et âge, selon la durée moyenne (en mois) de recherche d’emploi, 2007-2010

Guyane

Durée moyenne de recherche (en mois)

2007 2008 2009 2010

40.9 44.2 45.2 40.5

Jeunes (- 30 ans) 27.2 26.7 25.3 22.4

Autres (+ 30 ans) 47.4 53.1 55.6 50.8

Hommes 37.2 39.5 35.9 31.8

Femmes 43.6 46.8 51.1 46.8

Source : Enquêtes Emplois

La proportion de chômeurs de longue durée (depuis 1 an ou plus) atteint donc des sommets en Guyane. En 2010, près de 4 chômeurs sur 5 l’étaient depuis une période supérieure ou égale à un an (40% en France métropolitaine). Pour 55% de ces derniers, la durée de chômage est d’ailleurs supérieure à 3 ans, ce qui signifie une certaine exclusion du marché de l’emploi. Tableau 1.3.10 : Proportion des chômeurs au chômage depuis plus d’un an, par sexe (%), 2010

2010

Proportion de chômeurs au chômage depuis 1 an ou plus Hommes Femmes Ensemble

Guyane 74,8 81,0 78,2 (*)

France métropolitaine 42,0 38,7 40,4

(*) Dont 55,2% depuis 3 ans ou plus Source : Enquêtes Emplois

Chômage selon le diplôme

La possession d’un diplôme supérieur au Baccalauréat est comme ailleurs la meilleure de protections contre le chômage. En 2010, le taux de chômage les diplômés supérieurs était de 1,5 %, il s’élevait à 4,4% pour les titulaires d’un Bac+2, contre 21% en moyenne régionale. Pour les jeunes de moins de 30 ans, l’écart entre les peu ou pas diplômés et les diplômés du supérieur est encore plus fort (près de 50 points) que celui constaté sur l’ensemble de la population (environ 30 points).

Tableau 1.3.11 : Taux de chômage selon le diplôme, par sexe (%), 2010

% Sans

diplôme ou CEP

Brevet des collèges BEPC

CAP - BEP BAC Bac +2 Sup,

grandes écoles

Jeunes (- 30 ans) 46,1 44,5 37,1 22,1 6,6 0,0

Hommes 26,8 25,5 16,6 9,7 4,0 2,5

Femmes 42,2 33,1 23,2 13,2 4,7 0,6

Ensemble 33,8 28,8 19,3 11,4 4,4 1,5 Source : Enquêtes Emplois

Page 39: Les tendances démographiques et ... - European Commission

39

1.2.3.- Pauvreté et minima sociaux

Taux de pauvreté

Avec La Réunion, c’est en Guyane que l’on trouve le seuil de pauvreté le plus bas : 5 952 euros/ an. Plus d’un quart de la population vit en dessous de ce seuil, contre 17% à La Réunion (seuil à 5 676 euros / an). C’est deux fois plus qu’en métropole (13,2% avec un seuil à plus de 10 000 euros / an). Tableau 1.3.12 : Taux de pauvreté (%), 2001 et 2006

% 2001 2006 Seuil 2006 (en euros/an)

Guyane 25,0 26,5 5 952 France métropolitaine 13,4 13,2 10 560

Source : INSEE

Minima sociaux

Très logiquement, c’est aussi la Guyane qui a vu le plus augmenter le nombre d’allocataires des principaux minima sociaux ces huit dernières années (+ 29%), dans un contexte notons-le de forte croissance sa population (+ 31%). Cela explique que, rapporté à la population correspondante, le taux d’allocataires (15%) demeure encore en deçà du niveau enregistré dans les autres Dom (24% à La Réunion, 22% en Martinique, et 25% en Guadeloupe). Parmi les minima sociaux, c’est le minimum vieillesse qui touche la plus grosse part de la population éligible (1/4 des individus âgés de 65 ans et plus). Le RMI enregistre un taux d’allocataire quatre fois supérieur à celui en métropole, mais reste relativement bas comparés aux autres Dom. Le nombre de bénéficiaires de l’Allocation de parent isolé (API) a plus que doublé en sept ans et concerne aujourd’hui 5% des femmes guyanaises de 15-49 ans. Tableau 1.3.13 : Evolution de la population bénéficiaire de minima sociaux et taux d’allocataires par type, 1995-2002-2009

1995 2002 2010 Evolution 2002 - 10

(%)

Taux* (%)

Principaux minima sociaux en Métropole 2 971 052 2 789 831 2 884 698 3,4 5,7

Revenu minimum d'insertion** (RMI) 840 839 950 693 1 005 205 5,7 3,4

Allocation aux adultes handicapés (AHH) 593 895 726 648 884 839 21,8 2,7

Minimum vieillesse (ASV / ASPA) 908 801 590 610 490 116 -17,0 4,7

Allocation de solidarité spécifique (ASS) 480 945 359 023 332 600 -7,4 1,2

Allocation de parent isolé** (API) 146 572 162 857 171 938 5,6 1,2

Principaux minima sociaux en Guyane 12 640 17 070 21 983 28,8 15,0

Revenu minimum d'insertion (RMI) 7 304 10 538 11 046 4,8 11,6

Allocation aux adultes handicapés (AHH) 1 073 1 247 1 593 27,7 1,4

Minimum vieillesse (ASV / ASPA) 1 999 2 047 2 198 7,4 24,6

Allocation de solidarité spécifique (ASS) 302 693 1 000 44,3 1,4

Allocation de parent isolé (API) 1 962 2 097 4 789 128,4 4,7

Revenu de solidarité** (RSO) / 448 1 357 202,9 10,6

* Pour 100 habitants de 15 ans et plus ** Pour 2010, utilisation des données

RMI: pour 100 habitants âgés de 25 à 59 ans 2008 (avant mise en place du RSA)

AAH: pour 100 habitants âgés de 20 à 59 ans

ASV / ASPA: pour 100 habitants de 65 ans et plus *** Dom uniquement (depuis 2001)

ASS: pour 100 actifs

API: pour 100 femmes âgées de 15 à 49 ans

RSO: pour 100 habitants âgés de 55 à 64 ans

Sources : CNAF (RMI, RSA, RSO, AAH, API) ; CNAV (ASV / ASPA) ; Pôle Emploi (ASS)

Page 40: Les tendances démographiques et ... - European Commission

40

1.2.4.- Le bénéfice socio-économique de la migration en métropole

Accès à l’emploi des natifs dans leur Dom et en métropole

Les diplômés du supérieur

Les taux d’emploi des natifs de Guyane, diplômés du supérieur, qu’ils soient en métropole ou dans leur département sont assez proches. Les natifs résidant en Guyane enregistrent même des taux d’emploi supérieur à ceux installés en métropole. Le bénéfice de la migration, pour ces populations très diplômées, semblent donc faible. Il faut cependant bien noter que les Guyanais sont très peu nombreux en métropole. Ils représentaient en 2007 seulement 6% des natifs des Dom en métropole. Les ratios sont donc calculés sur des effectifs très faibles. Figure 1.3.2 : Taux d’emploi des natifs de Guyane diplômés du supérieur En Guyane et en métropole, selon le sexe et l’âge

Taux d'emploi des natifs de Guyane,

diplômés du supérieur, dans leur Dom et en métropole (2007)

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

15-19 ans 20-24 ans 25-29 ans 30-34 ans 35-39 ans 40-44 ans 45-49 ans 50-54 ans 55-59 ans 60-64 ans

%

Natifs dans leur Dom Natives dans leur Dom Natifs en métropole Natives en métropole Métropolitains Métropolitaines

Source : calculs de l’auteur à partir du RP 2007

Les peu ou pas diplômés

Pour les natifs peu ou pas diplômés, le bénéfice de la migration apparaît clairement. Pour ceux installés en métropole, le taux d’emploi se situe au niveau de la moyenne métropolitaine, culminant à 80% pour les hommes et 70% pour les femmes. Les natifs restés en Guyane peinent à dépasser un taux d’emploi de 60% pour les hommes et de 50% pour les femmes.

Page 41: Les tendances démographiques et ... - European Commission

41

Figure 1.3.3 : Taux d’emploi des natifs de Guyane peu ou pas diplômés en Guyane et en métropole, selon le sexe et l’âge

Taux d'emploi des natifs de Guyane, peu ou pas diplômés,

dans leur Dom et en métropole (2007)

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

15-19 ans 20-24 ans 25-29 ans 30-34 ans 35-39 ans 40-44 ans 45-49 ans 50-54 ans 55-59 ans 60-64 ans

%

Natifs dans leur Dom Natives dans leur Dom Natifs en métropole Natives en métropole Métropolitains Métropolitaines

Source : calculs de l’auteur à partir du RP 2007)

Qualification des emplois occupés par les natifs dans leur Dom et en métropole En termes d’accès à des emplois élevés, le bénéfice de la migration est plus net pour les natifs (hommes) de Guyane. Pour les diplômés du supérieur, l’installation en métropole semble permettre un accès plus aisé aux postes de cadres : alors que 25% de ceux restés dans le Dom sont cadres, ils sont près de 40% dans ces emplois en métropole, en retrait toutefois de la moyenne métropolitaine qui approche les 50%. Pour les peu ou pas diplômés, les qualifications n’évoluent guère avec la migration. Au contraire même, on compte une proportion plus élevée d’ouvriers parmi les natifs en métropole que parmi ceux restés dans le Dom. Pour les femmes natives, diplômées du supérieur, le bénéfice de la migration en termes de qualifications d’emploi est moins net. La part de cadres parmi les natives diplômées du supérieur est très légèrement plus élevée en métropole qu’en Guyane. A niveau de diplôme égal, les femmes guyanaises accèdent plus souvent aux professions intermédiaires dans leur Dom qu’en métropole. Pour les peu ou pas diplômées, la migration ne change en rien la distribution des catégories professionnelles.

Page 42: Les tendances démographiques et ... - European Commission

42

Figure 1.3.4 : Répartition par profession des personnes employées selon le niveau de diplôme, hommes, 2007

Qualification des emplois occupés par les natifs de Guyane

dans leur Dom et en métropole (2007)

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100A

rt,

co

mm

,

ch

efs

d'e

ntr

eP

Ca

dre

s >

Pro

f In

t

Em

plo

Ou

vrie

rs

Art

, co

mm

,

ch

efs

d'e

ntr

eP

Ca

dre

s >

Pro

f In

t

Em

plo

Ou

vrie

rs

Art

, co

mm

,

ch

efs

d'e

ntr

eP

Ca

dre

s >

Pro

f In

t

Em

plo

Ou

vrie

rs

Pouplation métropolitaine (hommes - %) Natifs de Guyane en métropole (%) Natifs de Guyane dans leur Dom (%)

%

Peu ou pas diplômés CAP-BEP Bac Diplôme > Bac

Source : calculs de l’auteur à partir du RP 2007)

Figure 1.3.5 : Répartition par profession des personnes employées selon le niveau de diplôme, femmes, 2007

Qualification des emplois occupés par les natives de Guyane

dans leur Dom et en métropole (2007)

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

Art

, co

mm

,

ch

efs

d'e

ntr

eP

Ca

dre

s >

Pro

f In

t

Em

plo

Ou

vrie

rs

Art

, co

mm

,

ch

efs

d'e

ntr

eP

Ca

dre

s >

Pro

f In

t

Em

plo

Ou

vrie

rs

Art

, co

mm

,

ch

efs

d'e

ntr

eP

Ca

dre

s >

Pro

f In

t

Em

plo

Ou

vrie

rs

Population métropolitaine (femmes - %) Natives de Guyane en métropole (%) Natives de Guyane dans leur Dom (%)

%

Peu ou pas diplômés CAP-BEP Bac Diplôme > Bac

Source : calculs de l’auteur à partir du RP 2007

Page 43: Les tendances démographiques et ... - European Commission

43

1.2.5.- La concurrence dans les Dom

Accès à l’emploi des natifs et des immigrants dans le Dom

Les diplômés du supérieur

En Guyane, parmi les diplômés du supérieur, il n’existe pas de réelle concurrence pour l’accès à l’emploi entre les natifs du département et les personnes nées en métropole. Les natives de Guyane ont même, après 30 ans, des taux d’emploi supérieurs aux immigrantes nées en métropole. Les immigrants nés à l’étranger sont les plus en difficulté, à niveau de diplôme égal. Ce sont les hommes âgés de moins de 40 ans, et les femmes de tout âge, qui connaissent le plus de difficultés face à l’emploi. Les taux d’emploi des femmes nées à l’étranger ne dépassent pas 70%, contre 90% en moyenne pour les autres catégories de la population guyanaise. Figure 1.3.6 : Taux d’emploi des diplômés du supérieur selon le lieu de naissance, Guyane, 2007

Taux d'emploi en Guyane des diplômés du supérieur

selon le lieu de naissance (2007)

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

20-24 ans 25-29 ans 30-34 ans 35-39 ans 40-44 ans 45-49 ans 50-54 ans 55-59 ans 60-64 ans

%

Natifs du département Natives du département Immigrants nés en métropole

Immigrantes nées en métropole Immigrants nés à l'étranger Immigrantes nées à l'étranger

Source : calculs de l’auteur à partir du RP 2007

Page 44: Les tendances démographiques et ... - European Commission

44

Les peu ou pas diplômés

Pour les peu ou pas diplômés, la concurrence est plus vive entre les métropolitains installés dans le département et les natifs pour l’accès à l’emploi. A titre d’exemple, dans la tranche des 30-34 ans, on note un écart de plus de 40 points dans leur taux d’emploi au désavantage des natifs du Guyane. Les immigrants et immigrantes nées à l’étranger sont encore une fois les moins bien lotis avec les taux d’emploi les plus faibles. Comparé aux natifs du département, les hommes nés à l’étranger ont un taux d’emploi de 10 à 15 points inférieurs. Pour les femmes, les écarts sont beaucoup plus importants, surtout après 35 ans.

Figure 1.3.7 : Taux d’emploi des personnes peu ou pas diplômées selon le lieu de naissance, Guyane, 2007

Taux d'emploi en Guyane des peu ou pas diplômés

selon le lieu de naissance (2007)

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

20-24 ans 25-29 ans 30-34 ans 35-39 ans 40-44 ans 45-49 ans 50-54 ans 55-59 ans 60-64 ans

%

Natif du département Natives du département Immigrant né en métropole

Immigrantes nées en métropole Immigrant né à l'étranger Immigrantes nées à l'étranger

Source : calculs de l’auteur à partir du RP 2007

Qualification des emplois occupés par les natifs et les immigrants dans les Dom Les métropolitains diplômés du supérieur installés en Guyane ont pour 45% d’entre eux des emplois de cadres, contre 25% pour natifs du département. A niveau de diplôme égal, il existe bien une concurrence selon le lieu de naissance pour l’accès aux emplois de décision.

Page 45: Les tendances démographiques et ... - European Commission

45

Figure 1.3.8 : Répartition par profession des personnes employées selon le niveau de diplôme et le lieu de naissance, hommes, 2007

Qualification des emplois occupés par les natifs

et les immigrants en Guyane (2007)

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

Art, comm,

chefs

d'entreP

Cadres > Prof Int Employé Ouvriers Art, comm,

chefs

d'entreP

Cadres > Prof Int Employé Ouvriers

Natifs (hommes - %) Immigrants (hommes - %)

%

Peu ou pas diplômés CAP-BEP Bac Diplôme > Bac

Source : calculs de l’auteur à partir du RP 2007

Figure 1.3.9 : Répartition par profession des personnes employées selon le niveau de diplôme et le lieu de naissance, femmes, 2007

Qualification des emplois occupés par les natives

et les immigrantes en Guyane (2007)

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

Art, comm,

chefs

d'entreP

Cadres > Prof Int Employé Ouvriers Art, comm,

chefs

d'entreP

Cadres > Prof Int Employé Ouvriers

Natives (femmes - %) Immigrantes (femmes - %)

%

Peu ou pas diplômés CAP-BEP Bac Diplôme > Bac

Source : calculs de l’auteur à partir du RP 2007

Pour les peu ou pas diplômés, la différence se fait essentiellement sur les professions indépendantes. Alors que seulement 10% des natifs peu ou pas diplômés exercent dans ce

Page 46: Les tendances démographiques et ... - European Commission

46

domaine, ils sont plus 30% des métropolitains de même niveau de diplôme à exercer une profession indépendante. Les métropolitaines en Guyane accèdent également plus facilement à un niveau cadre ou profession intermédiaire que les natives du département. Les natives sont quant à elles beaucoup plus souvent employées. Comme pour leurs homologues masculins, on compte une part importe de métropolitaines peu ou pas diplômées exerçant profession indépendante en Guyane, avec 20% contre moins de 5% chez les natives.

Page 47: Les tendances démographiques et ... - European Commission

47

Section 4 : ECONOMIE

Dans cette section, nous ne visons pas une analyse de l’économie en tant que telle, mais dans son rapport à la démographie. Nous considérerons donc principalement le PIB par habitant et sa relation à l’emploi. L’économie est un des domaines clés de la convergence entre les RUP et les moyennes nationale et communautaire, car elle assure que les régions ne s’appauvrissent pas et que les politiques spécifiques aux RUP les ont aidées à se rapprocher de l’ensemble de l’UE. Cependant, les données récentes depuis le début de la crise montrent que la plupart des RUP ont été plus affectés que le continent, et il en est ainsi de la Guadeloupe.

Le PIB SPA La comparaison des tendances économiques entre les RUP et l’UE27 rend nécessaire d’utiliser le PIB SPA (standard de pouvoir d’achat) qui tient compte des différences de pouvoir d’achat entre les pays de l’UE et l’ensemble UE27. Le PIB SPA est calculé pour toutes les régions sur la base du SPA national. Or il existe aussi des différences de coût de la vie entre les régions. Les DOM notamment connaissent un coût de la vie nettement plus élevé que la métropole, en raison - ou à la base - de l’ajustement salarial de la fonction publique de 54%, ratio qui impacte indirectement sur les salaires du privé et sur le coût des denrées. De ce fait, le PIB SPA estimé pour les DOM est trop élevé, mais on ne peut pas le corriger. En tous cas, il faut considérer que le PIB SPA des DOM est inférieur aux estimations d’EUROSTAT. Nous signalerons les conséquences de cette surestimation du PIB SPA des DOM sur les écarts observés entre les DOM et la moyenne communautaire.

1.4.1 Le PIB par habitant

Le PIB par habitant de la France est plus élevé de 14% que son PIB SPA (en standard de pouvoir d’achat) par habitant, en raison d’un coût de la vie plus élevé en France que la moyenne communautaire. Il en est de même dans les DOM, mais cela ne tient pas compte du coût de la vie plus élevé dans les DOM par rapport à la métropole (cf. encadré) et l’écart observé entre les PIB SPA des DOM et ceux de la France ou de l’UE est en réalité plus grand qu’il n’apparaît sur ces indices. De ce fait, les écarts de 54% entre le PIB SPA de la Guyane et la moyenne nationale et de 51% avec la moyenne communautaire, en 2008, sont à considérer comme des minima. L’écart réel étant plus grand encore. C’est à dure que le PIB par habitant de la Guyane est moins de la moitié de celui de l’UE et de la France. Cette situation est pour une grande part due à la structure par âge de la population de ce DOM qui compte 35% de jeunes de moins de 15 ans qui ne participent pas à la production de richesse, proportion plus de moitié plus supérieure à celles observées aux Antilles.

Page 48: Les tendances démographiques et ... - European Commission

48

Tableau 1.4.1 : PIB et PIB SPA par habitant (en euros)

PIB pc PIB SPA pc PIB / PIB SPA France = 100 UE = 100

Guyane 14 100 12 400 1,14 46 49 France 30 400 26 700 1,14 100 106 UE27 25 100 25 100 1 94 100

Source : EUROSTAT

Figure 1.4.1 : PIB SPA par habitant, 1995-2008

0

5000

10000

15000

20000

25000

30000

1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008

France

UE27

Guyane

La croissance du PIB SPA par habitant en Guyane connaît hausse à la fois irrégulière et plus lente que ce qui est observé en moyennes nationale et communautaire (figure ). L’évolution plus lente est une conséquence de la croissance de la population. Si la croissance du PIB en Guyane est voisine de la moyenne des Antilles, ce taux par habitant est lui réduit du fait de la croissance rapide de la population. Pour égaler sur ce point les Antilles, la Guyane devrait connaître une croissance bien supérieure, impossible atteindre en raison de la part élevée des enfants et des jeunes. Cela semble militer pour une action d’information et de prévention en matière de fécondité pour limiter la croissance démographique. Dans les années 1990, la croissance du PIB par habitant en Guyane a été près de moitié moins élevée que celles de la France et de l’UE (tableau 1.4.2). Elle est restée pratiquement stable dans les années 2000, avant la crise de 2008. Depuis, la Guyane est le DOM qui a connu la plus forte baisse du PIB, avec près de -4%, contre -1% en France. Tableau 1.4.2 : croissance du PIB SPA par habitant (%)

Croissance globale (%) Croissance annuelle (%)

1995-96 / 2000-01

2000-01/2007-08

1995-96/2000-01

2000/01-2006/07

2007 / 2008

Guyane 15,3 15,5 2,9 2,6 -3,9 France 29,4 19,6 5,3 2,7 -1,1 UE27 29,2 28,8 5,3 3,8 0,4

Source : EUROSTAT

Page 49: Les tendances démographiques et ... - European Commission

49

Figure 1.4.2: Taux (%) de croissance annuelle du PIB SPA par habitant, 1995-2008.

-15,0

-10,0

-5,0

0,0

5,0

10,0

15,0

20,0

1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008

UE27

France

Guyane

Les taux de croissance annuels du PIB SPA par habitant en Guyane apparaissent très irréguliers, avec périodiquement des années de croissance négative : en 1996, 2000, 2003-2004 et 2008. Ainsi, la Guyane a connu en 2003-2004 un creux plus durable que la France et l’UE où la chute du PIB a été limitée à 2003, et elle a été beaucoup plus affectée par la crise de 2008.

Ecart à la moyenne de l’UE La croissance économique guyanaise globalement inférieure à celle de l’UE sur la période 1995-2008 résulte dans un accroissement de son écart à la moyenne communautaire de 7 points de pourcentage entre 1995-1996 et 2000-2001, et encore de 4 points entre 2001 et 2007 et à nouveau de 3 points en 2008, soit au total 14 points (tableau ). Alors que la PIB par habitant de la Guyane était 63% de la moyenne communautaire au milieu des années 1990, il est maintenant plus de moitié inférieure. L’écart relatif s’est donc accru de 34%.

Tableau 1.4.3 : Ecart du PIB SPA par rapport à la moyenne de l’UE, et proportion de la réduction de cet écart entre 1995-1996 et 2007-2008

Eécart à UE27

Rréduction

de l'écart

(%)

1995-96 2000-01 2007 2008

1995/6 -

2007/8

Guyane 63 56 52 49 -34,2

France 115 115 108 106 na Source : EUROSTAT

Page 50: Les tendances démographiques et ... - European Commission

50

1.4.2 Productivité

La productivité est plus basse en Guyane qu’en France. Cependant, elle a cru un peu plus vite et l’écart s’est réduit, n’étant plus que de 22% en 2007-2008, contre 30% en 2000-2001. Tableau 1.4.4 : Croissance de la « productivité SPA » entre 2000-2001 et 2007-2008

Productivité Croissance Pays = 100

2000-2001 2007-2008 (%) 2000-2001 2007-2008

Guyane 24,5 33,4 36,2 70 78 France 35,1 42,7 21,7 100 100

Source : calculs de l'auteur (rapport du PIB SPA à l'emploi aux âges 15-64 ans) à partir de données EUROSTAT

La croissance plus rapide du PIB total dans les années 2000 en Guyane qu’en France reflète principalement la croissance de la productivité. L’emploi13 n’a cru que de 10%, malgré l’importante croissance démographique. Tableau 1.4.5 Croissance (%) du PIB SPA, de la « productivité SPA » et de l’emploi

Croissance (%) Croissance (%) Croissance (%)

PIB SPA Productivité SPA Emploi

Guyane 49,6 36,2 9,9 France 25,7 21,7 3,3

Source : EUROSTAT et calculs de l’auteur

1.4.3 La contribution des secteurs au PIB

La Guyane est principalement une économie de services qui contribuent à 76% de la valeur ajoutée, soit un peu moins que les autres DOM où la part des services dépasse 80% (tableau ). L’agriculture est relativement importante avec 5%. Mais c’est surtout l’industrie qui la distingue des autres DOM, avec 9% contre moins de 6% dans ces derniers. La construction (9%) est plus importante qu’aux Antilles, aidée en partie par la croissance démographique. Les services non marchands représentent une part élevée de l’économie : 35%, mais comme pour l’emploi, en partie due à la faible part du secteur privé.

Tableau 1.4.6 : Valeur ajoutée par secteurs (%), 2006

Guyane

Agriculture, pêche 5,0 Industrie 9,0 Construction 9,0 Services 76,0 Commerce 9,0 Activités financières 32,0 services non marchands 35,0 Taxes -

Total 100,0 Source : IEDOM et TER

13

Par emploi, nous entendons ici le nombre total d’emplois et non le taux d’emploi; dans ce paragraphe, nous utilisons le PIB total, pas le PIB par habitant.

Page 51: Les tendances démographiques et ... - European Commission

51

Le tourisme est très peu important en Guyane. Celle-ci ne recevait en 2006 que 0,5 touriste par habitant par an. De ce fait, les emplois dans l’hôtellerie-restauration ne représentent que 3% des emplois, niveau bien inférieur à ceux des Canaries (14%) ou de Madère (11%).

1.4.4 Le commerce extérieur

Contrairement aux autres DOM, les produits agricoles et alimentaires représentent une faible part des exportations de la Guyane (17%). Les exportations de biens intermédiaires et d’équipement et de produits automobiles consistent pour beaucoup en réexportations ; elles représentent ensemble plus de 80% des exportations. Le taux de couverture de la balance commerciale de la Guyane (13%) est sensiblement plus élevé que celui des autres DOM, à égalité avec la Martinique. Tableau 1.4.7 : Exportations en 2009 : distribution (%), Valeur (millions d’Euros)

Guyane

Agriculture, sylviculture, pêche 0,8 Industries agri. et alimentaires (IAA) 16,5 Indust. des biens de consommation 1,3 Industrie automobile 24,3 Biens d'équipement 11,5 Biens intermédiaires 45,4 Energie 0,0 Autres -

Total (valeur) 96,3 Total sans énergie (valeur) 96,3

Source : TER

Les partenaires commerciaux La Guyane importe principalement de la métropole et de l’UE, au total 55% de ses importations en valeur. Elle importe peu des pays insulaires de sa région : les pays d’Amérique et de la Caraïbe, qui ne représentent que 7% de ses importations14. Les importations des autres départements et communautés d’outre-mer consistent principalement en carburants et produits alimentaires en provenance de la Martinique.

14

La Guyane importait des carburants de Trinidad et Tobago qui représentait alors un partenaire commercial important, mais ces importations ont été interrompues car les produits ne correspondaient pas aux normes européennes.

Page 52: Les tendances démographiques et ... - European Commission

52

Tableau 1.4.8 : Origine des importations et destination des exportations (en %) en 2008-2009

Origine des imports Destination des exports

Guyane 2009 Guyane 2008

Pays/ Métropole 46,5 Pays/ Métropole 40,0 UE 9,7 UE 23,0 Autre OM 6,6 autre OM 17,0 Région 6,6 Région 2,0 Amérique Nd Amérique 0,0 Asie 4,9 Asie Nd Afrique Nd Afrique Nd Autres 25,6 Autres 18,0

Source : IEDOM

Plus de la moitié (63%) des exportations de la Guyane se dirigent vers la métropole et l’UE et 17% vers les autres DOM, notamment du bois. La part des exportations de la Guyane vers les pays de la Caraïbe et l’Amérique est négligeable (2%).

Page 53: Les tendances démographiques et ... - European Commission

53

SECTION 5 : Ménages, familles, Logement

1.5.1 Ménages – familles

En Guyane, la taille moyenne des ménages est étonnamment stable, à environ 3,4 personnes par ménage (tableau ) et son écart à la moyenne nationale (2,6 en 1990 et 2,3 en 2007) s’est donc accru. Les ménages Guyanais comptent en moyenne plus d’une personne de plus que l’ensemble des ménages français. Les facteurs de réduction de la taille des ménages : baisse de la fécondité, décohabitation des jeunes, raréfaction des ménages multi-générationnelles15 et vieillissement de la population n’ont pas été à l’œuvre en Guyane, contrairement aux autres DOM et aux RUP en général. La fécondité est restée pratiquement stable en Guyane, fluctuant à un niveau élevé entre 3,5 et 4,0 naissances par femme depuis 1990. Le vieillissement y est peu important et la migration se caractérise souvent par des ménages multi-générationnels. La décohabitation des jeunes est difficile en raison des difficultés d’accès à l’emploi, principalement parmi les migrants étrangers. Tableau 1.5.1 : Nombre moyen de personnes par ménage, 1990-2007

1990 1999 2007

Guyane 3,39 3,34 3,39 France 2,6 2,4 2,31

Sources : recensements (années indiquées)

Tableau 1.5.2 : Distribution (%) par types de ménages, 2007

H seul F seule

Couples sans

enfant

Couples avec

enfants

Famille mono-

parentale H Famille

monop. F Deux

familles Autres

Guyane 11,9 8,6 12,6 34,8 3,2 21,5 3,6 3,9 France 13,6 19,4 26,9 28,7 1,3 7,0 0,5 2,6

Source : RP 2007

En Guyane, 21% des ménages sont composés d’une personne seule, homme ou femme (Tableau ). Ces ménages sont surtout des personnes âgées et secondairement de jeunes célibataires. Leur proportion est beaucoup moins élevée qu’en France en raison du faible vieillissement de la population guyanaise et aussi sans doute, d’une décohabitation moins fréquente des jeunes, car l’accès des jeunes Domiens à un logement est limité par le manque de revenu de beaucoup d’entre eux à cause du chômage. En raison de la fécondité élevée, les ménages de couples sans enfant sont moitié moins fréquents en Guyane qu’en France et ceux ayant des enfants sont plus fréquents. A ces derniers, s’ajoutent les ménages monoparentaux, qui sont trois fois plus nombreux dans le DOM qu’en France. Les ménages composés de deux familles ou plus sont beaucoup plus fréquents qu’en France métropolitaine, de même que les « autres » ménages : principalement ceux composés de plusieurs personnes non apparentées, fréquents les migrants étrangers. Les données selon le lieu de naissance de la personne de référence du ménage16 montrent que les ménages incluant 15

Il s’agit le plus souvent de la cohabitation des (ou un des) grands-parents avec leur enfants et petits-enfants 16

On l’appelle aussi parfois chef de ménage, avec un sens sensiblement différent.

Page 54: Les tendances démographiques et ... - European Commission

54

plusieurs familles, souvent des ménages multi-générationnels (cf. ci-dessus), sont aussi les plus fréquents chez les étrangers et secondairement chez les natifs ; ils sont relativement fréquents également chez les migrants inter-DOM (tableau ).

Tableau 1.5.3 : Proportion de ménages incluant 2 familles ou plus selon le lieu de naissance du chef de ménage (%), 2007

Guyane

Natifs 3,9 Métro 0,8 Autre OM 1,6 UE 0 Autre étranger 4,7

Total 3,6 Source : RP 2007

Familles L’importance de la monoparentalité est plus évidente encore lorsqu’on considère les familles et non les ménages17. Les familles monoparentales représentent ainsi 34% des familles en Guyane (tableau ) ; ce sont pour près de 90% d’entre elles des familles composées d’une mère et de ses enfants. La fréquence de ces familles est plus importante chez les natifs (41%). Les familles monoparentales dont la personne de référence est une native du DOM sont près de trois fois plus fréquentes en Guyane qu’en France. Tableau 1.5.4 : Distribution des familles selon le type (monoparentales ou couples), 2007

Population totale Natifs

% mono F

% mono H

Total mono Couples

% mono F

% mono H

Total mono Couples

Guyane 29,8 4,4 34,2 65,8 36,1 5 41,1 58,9 France 11,7 2,2 13,9 86,1 Nd Nd nd Nd Source : RP 2007

Si l’on exclut les couples sans enfant, pour ne considérer que les familles avec enfant(s), le phénomène se révèle plus important encore : 41% des familles avec enfant(s) sont des familles monoparentales en Guyane (Tableau ). Ceci signifie qu’environ la moitié des enfants vivent en famille monoparentale. Tableau 1.5.5: Part des familles monoparentales dans l'ensemble des familles avec enfant(s) (%), 2007

Femmes Hommes H+F

Guyane 36,2 5,3 41,5 France 18,8 3,5 22,3

Source : RP 2007

Les familles monoparentales connaissent des conditions de vie plus difficiles que celles composées d’un couple. D’abord parce qu’elles ne peuvent compter au plus qu’un adulte ayant un emploi. Certes, lorsqu’elles incluent des enfants âgés18, ceux-ci peuvent avoir un emploi, mais le chômage des jeunes étant élevé en DOM, c’est sans doute assez rarement le cas. De plus, les femmes ayant de jeunes enfants peuvent avoir des difficultés à concilier l’éducation des enfants

17

excluant les ménages d’une seule personne et les ménages sans famille. 18

Enfants de moins de 25 ans, au-delà de cet âge, ils ne sont plus comptés comme enfant de la famille.

Page 55: Les tendances démographiques et ... - European Commission

55

avec un emploi, notamment pour les étrangères qui ont des difficultés linguistiques pour s’intégrer sur le marché de l’emploi. Les proportions de familles ayant un ou deux adultes19 en emploi permettent d’apprécier les difficultés économiques des familles selon leur type : monoparentale ou couple (Tableau ). En Guyane, seulement 41% des femmes chefs de familles monoparentales ont un emploi, contre 60% en moyenne nationale. Cependant, 55% des hommes dans la même situation de famille sont en emploi, mais l’écart reste important par rapport à la France, où c’est le cas de 69% de ces hommes. Parmi les couples ayant des enfants, à peine trois sur quatre (73%) comptent au moins un adulte en emploi, contre 91% en France et dans à peine plus d’un sur trois (35%), l’homme et la femme ont en emploi, contre 63% en France. La proportion de couples avec enfant(s) n’ayant aucun adulte en emploi est ainsi trois fois plus élevée en Guyane qu’en France : 27% contre 9%. Globalement, seulement 60% des familles avec enfant ont au moins un adulte en emploi, contre 84% en France. Le désavantage des familles monoparentales par rapport aux couples avec enfants en DOM apparaît aussi beaucoup plus grand qu’en France. Tableau 1.5.6: Proportion des familles avec enfant(s) selon le type dont la personne de référence ou son conjoint est en emploi (%), 2007

Familles monoparentales

Couples avec enfants

Total (au

moins 1 occupé)

H mono F mono Couples

2 occupés

H seul occupé

F seule occupée

Au moins 1 occupé

0 occupé

Guyane 54,7 41,2 35 31,3 6,3 72,7 27,3 60,3

France 68,9 59,6 63,0 21,6 6,2 90,8 9,2 84,2 Lecture : 50,1% des hommes chefs de familles monoparentales sont en emploi ; dans 41,6% des couples avec enfant, l'homme et la femme sont occupés, etc. Source : RP 2007

Ceci montre sous un nouveau jour l’impact du chômage sur les familles et leur situation socio-économique. Les familles guyanaises, et plus particulièrement les familles monoparentales, ont donc beaucoup plus de difficultés pour subvenir à leurs besoins que la moyenne des familles françaises. C’est sans doute plus encore le cas des familles étrangères. Ce désavantage touche particulièrement la santé, avec un recours aux soins moins fréquent, l’éducation des enfants qui se poursuivra moins longtemps au-delà de la scolarité obligatoire – avec souvent une absence de scolarisation pour les enfants étrangers-, et aussi l’accès à un logement convenant à leur taille, plus élevée qu’en France. Les adultes des familles où l’emploi est rare sont généralement des personnes ayant un faible niveau de diplôme ce qui résulte dans la reproduction intergénérationnelle du désavantage socio-éducatif et de la précarité. A cela, s’ajoute pour les étrangers les difficultés d’insertion linguistique et culturelle qui affecte aussi l’éducation de leurs enfants. La Guyane connaît une fréquence élevée de la monoparentalité, notamment chez les natifs, ce qui signifie que celle-ci est moins fréquente chez les étrangers qui constituent la seconde composante de la population de ce DOM. Les familles guyanaises connaissent aussi un accès très difficile à l’emploi, plus que les familles antillaises, ceci est sans doute plus particulièrement le cas des familles étrangères et des familles de l’intérieur. La situation socio-économique des femmes en familles monoparentales est particulièrement difficile, mais celle des hommes est nettement meilleure, bien que beaucoup moins favorable qu’en France.

19

La personne de référence et/ou son conjoint.

Page 56: Les tendances démographiques et ... - European Commission

56

1.5.2 Logements

Une croissance démographique importante, le logement ne suit pas Entre 1999 et 2007, la Guyane a connu une forte croissance démographique de 36%. Celle du logement, de 23%, n’a pu combler cette évolution. Une des difficultés est que cet accroissement de la population n’avait pas été anticipé. La construction fut donc peu ou mal planifiée et par conséquent peu adaptée aux besoins, ne permettant ni la décohabitation des jeunes adultes, ni l’amélioration du niveau d’équipement des logements. Le contexte guyanais est aussi très différent de celui de la métropole : le désir d’appartement y est nettement moindre. Tableau 1.5.7 : Année de construction des logements selon le type, 2007

Année d'achèvements de la construction*

La Guyane

Type de logement

Ensemble Appartement

Maison individuelle

en dur

Habitat traditionnel,

habitat de fortune

Nombre % col Nombre % col Nombre % col Nombre % col

Avant 1982 4 839 28,9 7 552 28,2 2 573 15,9 14 964 25,1

De 1982 à 1989 4 086 24,4 5 618 20,9 2 652 16,4 12 356 20,7

De 1990 à 1998 4 749 28,4 7 392 27,6 4 758 29,4 16 900 28,3

Depuis 1999 2 968 17,7 5 726 21,3 5 628 34,8 14 321 24,0

NSP 100 0,6 532 2,0 560 3,5 1 191 2,0

Ensemble 16 742 100,0 26 820 100,0 16 171 100,0 59 733 100,0

Source : Insee, RP 2007 *Année d'achèvement de la construction: On tient compte de toutes les résidences principales, même celles construites après 2005 contrairement à ce que fait l'Insee dans ses tableaux détaillés

27% d’habitat traditionnel et d’habitat de fortune20 parmi les résidences principales L’habitat traditionnel et de fortune reste important et il concerne plus d’un quart des résidences principales21. Ces logements ont été construits récemment. Un tiers d’entre eux a été construit depuis 1999. Cela marque une forte distinction avec les autres DOM où l’on observe une progressive disparition de ce type d’habitats souvent anciens.

20

Habitat fait de matériaux légers, bois ou tôles, de qualité inégale. Comprend l’habitat de fortune minoritaire, les cases traditionnelles et les maisons ou immeubles en bois. 21

logement habité de façon permanente

Page 57: Les tendances démographiques et ... - European Commission

57

Peu de logements vacants22

Compte tenu des tensions liées à la croissance démographique, la part du parc restant vacant est passée de 10% à 8% entre 1999 et 2007. Cette faible part limite les possibilités de mobilité résidentielle. Elle contraint en effet des ménages à rester dans un logement ne leur correspondant pas. Or, parmi ces logements vacants, un tiers est constitué d’habitat traditionnel ou d’habitat de fortune. Ce parc vacant censé permettre un turnover des ménages est de moindre qualité et ne peut donc pas complètement répondre aux besoins de ces derniers. Tableau 1.5.8 : Distribution des logements selon le type, 1999 et 2007

Evolution par catégorie de logement

Catégorie de logement

Guyane

2007 1999

Nombre % col Nombre % col

Résidences principales 59 735 89,6 46173 85,4

Résidences secondaires 1 652 2,5 2515 4,7

Logements vacants 5 288 7,9 5355 9,9

Ensemble 66 675 100 54043 100 Source : Insee, RP 1999 et 2007

Le parc locatif social Au 1er janvier 2006, on dénombre 10139 logements locatifs sociaux en Guyane. 72% du parc est constitué de logements collectifs. Le taux de mobilité est relativement bas – 7,8%23 contre 10% en France entière – ce qui dénote la tension du secteur locatif social. Sont particulièrement concernés les logements individuels sur la commune de Cayenne. Les loyers ne sont pas très différents dans l’individuel et dans le collectif, respectivement 355€ et 351€ en moyenne. 40% des logements locatifs sociaux sont situés dans les quartiers prioritaires de la ville et 25% des logements sociaux sont à Cayenne. Le parc locatif est récent, 60% des logements ont été bâtis depuis 199024. Logement social a bénéficié de financements importants ces dernières années. Quelques opérations PRHI (plan de résorption de l’habitat insalubre) ont été engagées avec des démolitions dans le quartier de la Mâtine à Cayenne, le Village Saramaca à Kourou).

Peu de propriétaires, beaucoup de personnes logées gratuitement La Guyane est le Dom où la part des ménages propriétaires de leurs résidences principales est la plus faible : 43% contre 55% pour l’ensemble des Dom. Parallèlement, 8% des ménages sont logés gratuitement. Ces deux phénomènes sont révélateurs d’une pauvreté plus importante des

22

22

Logements vacants : il s’agit de logements disponibles pour la vente ou la location ou de logements

neufs achevés mais non encore occupés. 23

Au 1er

janvier 2005 24

«Un logement sur quatre à Cayenne» – Année économique et sociale 2008 en Guyane, Antiane n°71, juin 2009.

Page 58: Les tendances démographiques et ... - European Commission

58

ménages Guyanais qui empêchent les plus démunis d’être locataires et les locataires de devenir propriétaires. Tableau 1.5.9 : Statut d’occupation des logements, 2007

Statut d'occupation

Région du lieu de résidence

Guyane Ensemble DOM

Nombre % col Nombre % col

Propriétaire 25 652 42,9 351 413 54,9

Locataire 29 260 49,0 254 181 39,7

dont d'un logement HLM loué vide 9 457 15,8 92 610 14,5

Logé gratuitement 4 822 8,1 34 125 5,3

Ensemble 59 733 100,0 639 719 100,0 Source : Insee, RP 2007

Les logements collectifs restent en retrait 29% des résidences principales sont des logements collectifs. Comme en Guadeloupe, le logement collectif est peu présent parmi les résidences principales. Les appartements sont toujours plus occupés par des personnes seules ou des familles monoparentales que par les autres types de ménages.

Les constructions neuves en Guyane25 En 2010 Le nombre de logements annuels autorisés atteint 4030, contre 2480 en 2009. Sur 2009 et 2010 la part des logements sociaux est de 46%. Les autorisations de constructions de logements collectifs ont largement dépassées celle des logements individuels. La moitié des permis de construire donne lieu à une ouverture rapide du chantier (moins de 90 jours). Certain comme les logements sociaux, les programmes où le nombre de logements est supérieur à 10 peuvent débuter plus tard (260 jours et 240 jours après l’autorisation de construire). Au-delà de deux ans le permis de construire n’est plus valable. De 1998 à 2006, 1340 logements ont été construits chaque année, et 1364 logements ont été mis en chantier en 2006. Pour moitié, il s’’agit de logements collectifs. Depuis 2001, le collectif occupe dans la construction une place aussi importante que le logement individuel. Ces données concernent uniquement les logements autorisés. Les logements non autorisés sont plus souvent des logements individuels

25

« Tableau de bord interrégional de la construction : Guyane » - Réseau des Cellules Economiques Régionales de la Construction, octobre 2009.

Page 59: Les tendances démographiques et ... - European Commission

59

Tableau 1.5.10 : Nombre de logements autorisés en Guyane 2001-2010

Logements

autorisés Individuel Collectif Total

2001 870 620 1570

2002 740 690 1430

2003 680 480 1050

2004 870 630 1510

2005 860 730 1580

2006 nd nd nd

2007 nd nd nd

2008 nd nd nd

2009 830 1400 2480

2010 1400 2350 4030 Source : Sitadel DDE

Figure 1.5.1 : Répartition de la construction entre logements individuels et collectifs, 1998-2006

Répartition de la construction entre logements individuels et

collectifs

0

100

200

300

400

500

600

700

800

900

1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006

Année

No

mb

re d

e lo

ge

me

nts

mis

en

ch

an

tie

r

INDIVIDUELS COLLECTIFS

Source : Ministère de l’équipement – SITADEL

De petits logements pour de grands ménages En Guyane un ménage est en moyenne composé de 3,5 personnes. Ce sont les plus grands ménages des DOM. Avec un nombre moyen de pièces est de 3,5 (contre 3,8 dans l’ensemble des DOM), la taille des logements n’est pas adaptée aux ménages qui les occupent (3,5 personnes contre 2,6 aux Antilles et 3,0 à la Réunion). Les Guyanais sont donc beaucoup plus nombreux par pièce, d’autant que de la taille des ménages tend à augmenter. En 1999, on comptait en moyenne 3,3 personnes par logement contre 3,5 en 2007. Les ménages, déjà grands, grandissent encore, alors que la taille moyenne des logements ne progresse pas.

Page 60: Les tendances démographiques et ... - European Commission

60

Le surpeuplement26 concerne 21 900 ménages, soit un ménage sur trois. Tous les statuts d’occupation sont concernés, les propriétaires comme les locataires. Mais, les familles monoparentales et les couples avec enfants sont les ménages les plus concernés.

Tableau 1.5.11 : Indicateur de peuplement des résidences principales, 2007

Région du lieu de résidence

Espace et logement La Guyane Ensemble France

entière DOM

Nombre moyen de personnes par logement

3,52 2,8 2,3

Nombre moyen de personnes par pièce 1,02 0,74 0,58

Nombre moyen de pièces par logement 3,45 3,77 3,99

Source : Insee, RP 2007

Le confort ne s’améliore pas Entre 1999 et 2007, aucune amélioration sensible n’a été observée du niveau de confort des résidences principales. Le niveau d’équipement de la Guyane est très en dessous de celui des autres DOM : 13% des ménages n’ont pas accès à l’eau courante ; 20% des résidences principales demeurent sans WC à l’intérieur et 20% ne disposent ni d’une douche ni d’une baignoire. Une telle précarité est préoccupante et doit faire l’objet de mesures pour être résorber rapidement et offrir à un plus grand nombre de ménages un équipement sanitaire de base. Six ménages sur dix n’ont pas accès au tout-à-l’égout, ce qui est proche des autres DOM. Il est primordial, en Guyane comme dans les autres DOM de progresser sur ce point. De plus, dans près de 20% des logements, les installations existantes ne sont pas conformes.

Tableau 1.5.12 : Le manque de confort des résidences principales, 1974-2007

Le manque de confort des résidences principales - Unité :%

Taux de non-équipements

REGION

La Guyane Ensemble

DOM

1974 1982 1990 1999 2007 2007

Sans eau ni électricité à l'intérieur du logement 23 17 13 8,4 8,7 1,1

Sans eau à l'intérieur du logement 52,8 32 22,9 14,1 13,5 1,8

Sans électricité à l'intérieur du logement 28,2 19,7 13,3 10,1 11,6 2,5

Sans W.C à l'intérieur du logement 47 40,9 38 23 20,4 4,1

Sans baignoire, ni douche 48,5 39,8 32,6 21,7 20,5 4,2

Sans tout-à-l’égout nd 65,7 56 60,5 60,6 59,2

Source : Insee, Recensement de la population 2007 (exploitation principale). TER 2009-2010 Guyane

Ces variables sont spécifiques aux recensements des DOM, elles ne sont pas disponibles pour le reste de la France

26

Chaque ménage devrait disposer d’un nombre de pièces minimal en fonction de sa composition. La

comparaison de ce nombre avec le nombre de pièces réelles permet de définir un indice de peuplement. Il y a

surpeuplement s’il manque une pièce ou plus au ménage.

Page 61: Les tendances démographiques et ... - European Commission

61

SECTION 6 : Santé

1.6.1.- Evolution de l’état de santé 1990-2008

Le faible taux brut de mortalité en Guyane est en grande partie liée à l’effet de la structure par âge (96% de la population est âgée de moins de 65 ans), mais on note aussi une amélioration de l’espérance de vie à la naissance, traduisant à la fois la transition démographique (la baisse de la mortalité générale et de la mortalité infantile) et la transition épidémiologique (diminution des pathologies infectieuses et parasitaires et augmentation des maladies dites « de civilisation »).Toutefois, les maladies de l’appareil circulatoire et les maladies endocriniennes, nutritionnelles et métaboliques, notamment le diabète, ont pris une importance inquiétante et contribuent à la surmortalité par rapport à la métropole. Par ailleurs, la persistance ou l’émergence de maladies infectieuses ou parasitaires (dengue, paludisme, VIH) retardent la transition épidémiologique dans ce département. La recherche de solutions pour améliorer l’état de santé en Guyane reste confrontée à un nombre de défis : sa localisation en zone tropicale, l’étendue du territoire, l’éloignement de la métropole, l’importance des populations précaires, le faible niveau moyen de scolarisation, la croissance démographique de la région du bas Maroni (autour de l’agglomération de St Laurent du Maroni).

Espérance de vie En 1990, l’espérance de vie était inférieure à celle de toutes les régions métropolitaines et à celle de ses départements voisins antillais Au cours de la décennie, les progrès sur ce plan ont été considérables et, en 2001, on a vu se réduire les écarts avec la métropole, avec des niveaux de 72,4 ans pour les hommes et de 80,1 pour les femmes (contre respectivement 75,5 ans et 83 ans en métropole). L’amélioration s’est poursuivie pour atteindre 74,1 ans pour les hommes et 81,7 ans pour les femmes en 2005, avant de plafonner ensuite (74,8 ans et 81,2 ans respectivement enregistrés en 2008.27

Tableau 1.6.1 : Evolution de l’espérance de vie en Guyane par rapport à la Métropole, 1990-2008

Guyane Métropole

Hommes Femmes Hommes Femmes

1990 65,5 73,9 72,6 80,8

1995 71,5 79,6 73,80 81,9

1998 70.1 78,4 74,8 82,4

2001 72,4 80,1 75,5 83,0

2005 74,1 81,7 76,8 83,8

2008 74,8 81,2 77,7 84,3 Source : INSEE TER 2002-2003

27

Statiss 1990-2000 ; Insée, S. Planson, données de cadrage ; mortalité et espérance de vie : comparaisons régionales (site Insée mis-à-jour en février 2011).

Page 62: Les tendances démographiques et ... - European Commission

62

Si cette évolution traduit une transition épidémiologique presque achevée, les maladies infectieuses tiennent une place encore importante dans les causes de mortalité. Certaines maladies tropicales, endémiques dans la région (paludisme, dengue), font également obstacle à cette transition. Ces spécificités locales se combinent aux autres considérations, comme l’accès aux soins ; ceci étant conditionné non seulement par la densité médicale et la qualité des services hospitaliers mais aussi par l’isolement géographique de certaines populations. Le taux de mortalité infantile, par exemple, toujours important par rapport à la métropole, s’explique largement par cette combinaison de facteurs et contribue au déficit guyanais en terme d’espérance de vie.

Mortalité infantile Le premier constat est une forte diminution des taux de mortalité infantile en Guyane depuis le début des années 1990, traduisant une amélioration du système de santé et son accessibilité à un plus grand nombre. Parti d’un niveau de 21,3‰ pour mille naissances vivantes en 1985 (Catteau et Bazély, 2004), le taux de mortalité infantile était descendu à 18‰ en 1990 (la baisse en métropole pendant cette période étant de 8,3‰ à 7,3‰). Cette tendance s’est poursuivie jusqu’en 1993 (14,1‰), puis s’est interrompue lorsque le taux est remonté en 1994 (19,1). Ensuite, le taux a repris sa tendance à la baisse pour atteindre 12,4‰ en 2000 (le taux métropolitain étant alors de 4,4‰). Pendant la décennie suivante, les taux ont stagné (12,6‰ en 2006, 12,1‰ en 2007, 13,6‰ en 2008) avec une nouvelle baisse annoncée depuis, car le taux enregistré pour 2009 est de 10,4‰ (taux métropolitain : 3,7)28. Figure 1.6.1 : Evolution des taux de mortalité infantile en Guyane et en métropole (pour 100 000 naissances vivantes)

Source DRASS Statistiques 1985-2001 ; INSEE (pour 2006-2008)

Une étude de l’Inserm sur les 51 337 naissances en Guyane a révélé un taux élevé de prématurité de 14,3% (dont 3,8% pour les moins de 32 semaines), le double du taux métropolitain. C’est l’un des facteurs avancés pour expliquer le fort taux de mortalité infantile. En plus des maladies infectieuses et des difficultés d’accès aux soins pendant la grossesse et après l’accouchement, les problèmes d’accès à l’eau29 et le pauvre niveau de conditions sanitaires rencontrées dans

28

Source pour la métropole : Insee, estimations de population et statistiques de l'état civil, 2011. 29

Plus de 15% de la population n’a pas d’accès à l’eau potable. Cela concerne les populations de l’intérieur mais aussi certaines zones de l’agglomération cayennais (notamment, l’habitat spontané).

Page 63: Les tendances démographiques et ... - European Commission

63

certaines zones contribuent largement au maintien du taux de mortalité infantile relativement élevé (PRS Guyane, 2011).

Mortalité générale Pendant la période 1990-2008, le taux brut de mortalité a diminué de 5,2‰ à 3,4‰. Comme pour les autres départements d’outremer, ce niveau relativement bas par rapport à la métropole s’explique par une structure d’âge plus jeune. Pour évaluer le risque de mort précoce en Guyane, il est donc nécessaire de tenir compte de l’âge dans la comparaison des taux. Ainsi, la standardisation des taux par âge, avec la France métropolitaine comme structure de référence, indique que la Guyane a une mortalité plus élevée : pour la période 2000-2002, 10,9‰ pour les hommes et 10,1‰ pour les femmes (pour l’ensemble, 10,6‰) par rapport aux taux métropolitains respectifs de 9,6‰ et 8,6‰ (9,1‰ pour l’ensemble) (Para et Parriault, 2007). Par ailleurs, la Guyane se démarque par une surmortalité particulièrement élevée : en 2000-2002, elle était de l’ordre de 42% par rapport à la France métropolitaine.

1.6.2.- Causes de décès

Les taux bruts de décès observés pour 2008 donnent une première indication de l’importance de certaines causes par rapport à la mortalité générale. Ainsi, les maladies de l’appareil circulatoire tiennent, pour les deux sexes, le premier rang parmi les causes de décès. Ensuite viennent les maladies infectieuses, dont une part importante de la mortalité est expliquée par le SIDA.

Tableau 1.6.2 : Taux bruts de mortalité (pour 100 000 individus) en 2008 par principale cause

2008 Hommes Femmes

Cause de décès Guyane Métropole Guyane Métropole

Tumeurs 56,1 306,3 34,4 198,1

Maladies de l’appareil circulatoire 62,6 225,5 55,2 239,9

Maladies de l’appareil respiratoire 14,7 56,2 10,8 47,0

Maladies de l’appareil digestif 14,7 40,9 14,5 33,1

Maladies infectieuses – total 20,2 16,8 16,3 14,9

dont SIDA-VIH 11,0 1,8 9,9 0,5

Suicide 13,8 24,6 7,2 8,4

Sources : Inserm-Cepidc ; Insee

Pour mieux rendre compte des enjeux spécifiques de santé dans ce département, nous analyserons l’évolution des principales causes de décès en comparant les causes par sexe ; puis examinerons les taux standardisés par âge pour mieux saisir les risques de mortalité dans le contexte national (comparés à la métropole).

Page 64: Les tendances démographiques et ... - European Commission

64

Evolution de la part des principales causes de décès La répartition des causes de décès en Guyane est assez caractéristique d’une population jeune avec une part relativement moins importante de maladies de l’appareil circulatoire et une forte proportion de causes externes. Les principales causes de décès ont peu évolué au cours de la période étudiée. La répartition des causes selon le sexe révèle certaines spécificités du risque de mortalité. La part des décès suite à une maladie de l’appareil circulatoire est la plus importante (21,6% des décès féminins de tous âges en 2006-2008), ensuite 18,5% sont suite à une tumeur, puis les symptômes et états morbides mal définis sont la cause donnée pour 13,9 des décès. Cette cause arrive en quatrième position pour les hommes (12,7%), pour qui la cause de décès la plus importante est un traumatisme externe (23,1%), les maladies de l’appareil circulatoire et les tumeurs étant la deuxième et la troisième cause. Cet ordre d’importance ne change pas pour les hommes lorsqu’on se limite aux moins de 65 ans ; mais les causes externes de blessure et d’empoisonnement expliquent alors le tiers (32,8%) des décès. A l’inverse, l’ordre des causes se modifie pour les femmes âgées de moins de 65 ans comparé à la répartition pour tous les âges. Les tumeurs sont la cause la plus importante (18,4%), suivie des maladies infectieuses et des maladies de l’appareil circulatoire, chacune de ces causes expliquant environ 10% des décès féminins en-dessous de 65 ans. A signaler aussi, les décès suite aux complications de la grossesse et de l’accouchement (1,3% des décès) : nous reviendrons plus loin sur la mortalité maternelle.

Tableau 1.6.3: Evolution de la part des principales causes de décès par sexe, 2000-2008

Maladies: 2000-2002 2003-2005 2006-2008

causes de décès H F H F H F

Maladies de l’appareil part 12,5 17,4 18,9 23 17,8 21,6

Circulatoire effectif 50 45 83 45 78 64

dont maladies part 5,3 5,7 7,5 9 6,1 8,3

cardiovasculaires effectif 21 15 33 25 27 25

Tumeurs part 12,3 11,5 15,9 16,5 14,4 18,5

effectif 49 30 70 46 63 55

Mal. Infectieuses ou part 5,7 5,8 8,4 9,7 6,4 5,7

parasitaires effectif 23 15 37 27 28 17

dont HIV-SIDA part 3,9 3,0 5,3 5,2 3,0 3,0

effectif 16 8 23 14 13 9

Mal. endocriniennes part 2,4 4 3 6,7 3,3 7,4

effectif 10 10 13 18 14 22

dont diabète sucré part 1,4 2,6 1,8 4,5 2,3 5,1

effectif 6 7 8 12 10 15

Causes externes part 12,2 5,6 24,6 10,3 23,1 8,9

effectif 48 14 108 29 101 26

dont accidents de part 3,3 1,3 7,4 2,2 4,3 1,5

transport effectif 13 3 32 6 19 4 Source : Interrogation de la base de données Inserm-Cépidc

Page 65: Les tendances démographiques et ... - European Commission

65

Figure 1.6.2 : Evolution des causes de décès (taux standardisés) à la Guyane par principale cause (y compris diabète), 2000-2008

Source : Interrogation de la base de données Inserm-Cépidc

Principales causes de surmortalité et de mortalité prématurée Les principales causes de surmortalité en Guyane sont les maladies infectieuses (VIH-SIDA et infections périnatales), les causes externes de traumatismes, et les maladies vasculaires et leurs facteurs de risque (notamment AVC et diabète). Quant à la mortalité prématurée, on rappelle que 96% des habitants étaient âgés de moins de 65 ans en 2006. Etant donné la jeunesse de la population, on retrouve les mêmes causes principales de décès avant 65 ans que dans la population générale. Ceci dit, les plus jeunes sont touchés par les infections dont l’origine se situe dans la période périnatale, particulièrement nombreuses : le taux de mortalité infantile étant de 640 pour 100 000 habitants en 2008. Puis les accidents sont une cause de décès importante entre 15-44 ans, surtout pour les hommes.

Page 66: Les tendances démographiques et ... - European Commission

66

Figure 1.6.3 : Taux comparatifs de mortalité par cause principale de décès en Guyane et en Métropole (taux pour 100 000 habitants), 2008, (sélection des principales causes et des causes émergentes).

Source : Interrogation de la base de données Inserm-Cépidc

En terme de taux comparatifs (taux standardisés par âge30 sur les taux métropolitains), pour les hommes et les femmes, en premier rang se trouvent les maladies cardiovasculaires, suivies des tumeurs. Les hommes sont particulièrement nombreux à décéder suite aux causes externes de traumatismes, notamment les accidents de la circulation. Pour les femmes, le nombre de décès suite aux maladies de l’appareil circulatoire est proportionnellement plus fréquents en Guyane, notamment les décès suite à un AVC. Compte tenu de la jeunesse de la population guyanaise, la prééminence des maladies vasculaires, dont près des deux tiers sont d’origine ischémique, est le probable reflet d’une forte et précoce prévalence de facteurs de risque classiques et couramment intriqués : surpoids, hypertension artérielle et diabète (cf. PSRS 2011). En termes d’années potentielles de vie perdues (APVP), la Guyane devance ses voisins antillais (Parriault, 2007). Ceci résulte de certaines causes qui contribuent plus que d’autres aux décès prématurés : les causes externes de décès, et surtout les accidents de transport ou domestiques. La Guyane a aussi une surmortalité prématurée accentuée par les pathologies infectieuses et par des causes mal définies. Selon l’ARS (PSRS, 2011), plus de la moitié des décès seraient évitables : de 50% des décès suite à un accident de transport à 71% de ceux résultant d’infections périnatales, puis à 93% des décès suite à des complications liées au VIH. Les données sur les causes externes de blessures et d’empoisonnement permettent de distinguer celles qui concernent majoritairement les hommes (105 décès sur le total de 130 en 2008 pour ce groupe de causes, notamment les accidents de transport et les homicides). Cette surmortalité a été signalée depuis le début des années 2000. Une forme de surmortalité féminine qui reste une préoccupation en Guyane est celle des femmes en couches (mortalité maternelle). Si on a constaté une baisse dans les taux de décès depuis la fin des années 1990 (tableau 2), le risque de décéder suite à l’accouchement reste non négligeable.

30

Mise en garde par rapport aux taux standardisés par âge : le relativement faible nombre de décès par cause entraîne des variations statistiques considérables une année sur l’autre ; PSRS 2011. Les moyennes sur des périodes de trois années, fournies par l’Inserm, permettent une meilleure appréciation des tendances.

Page 67: Les tendances démographiques et ... - European Commission

67

Tableau 1.6.4 : Décès de femmes en couches pour 100 000 naissances vivantes

Périodes Guyane Métropole

1987-1990

1993-1997

2001-2006

64,6

79,3

47,9

9,5

10.6

7,5

Source INSERM CépiDc- Centre d’Epidémiologie sur les causes médicales de décès (Catteau et Bazély, 2004) ; et de l’ENCMM (Enquête nationale confidentielle sur les morts maternels, exploitée par Saucedo, Deneux-Tharaux et Bouvier-Colle31, 2010)

Pathologies liées à la surmortalité ou à la morbidité spécifique en Guyane. Le VIH-SIDA

La moitié de la mortalité infectieuse est désormais due aux complications du VIH (55% pour la période 2005-2007 ; PSRS 2011). Le nombre de patients adultes suivis dans les trois centres hospitaliers guyanais a presque doublé entre 1999 et 2005 (de 615 à 1215 personnes ; Nacher et Moriame, 200732). Sur l’ensemble des sérologies réalisées en 2007 en Guyane, 13,5% étaient positives (par rapport à 4,3% en Guadeloupe et 2,1% en France entière). Une baisse du taux de sérologies positives a été enregistrée pour la Guyane en 2009 (11,1%) (Source: InVS, LaboVIH : activité de dépistage du VIH hors don du sang, par région, données 2006 à 2009). Avec la Guadeloupe, la Guyane est le département qui connaît la plus forte mortalité masculine suite à l’infection VIH. En 2007, le taux brut de mortalité pour cette cause dans les deux départements a été de 11 pour les hommes (moyenne métropolitaine 1,8). A l’inverse, seule la Guyane se distingue en termes de mortalité pour cause de VIH parmi les femmes. Le taux brut de mortalité féminine suite au VIH en 2007 a été de 9,9, loin devant le taux pour la Guadeloupe (1,9). Cette mortalité correspond à une vraie épidémie, suivie de près par les institutions (DSDS, Assurance maladie, Centre hospitalier de Guyane) et par le centre de recherche CIC-EC guyanais. En 2007, le décès féminins suite au VIH-SIDA en Guyane représentait 5,7 % des décès féminins pour cette cause en France, pour les décès masculins suite au VIH-SIDA, les décès survenant en Guyane représentaient 2%. La mortalité standardisée par l’âge est 15,9 fois supérieure à celle observée en métropole (PSRS Guyane, 2011). Alors qu’en métropole l’arrivée des trithérapies s’est accompagnée d’une baisse soutenue des nouveaux cas de SIDA, la baisse observée entre 1995 et 1998 n’a été que transitoire. Le nombre de cas et le taux d’incidence sont remontés en 1999 et restés stables L’INVS fournit des statistiques sur le nombre de cas déclaré annuellement, mais l’arrivée de populations étrangères en quête de soins (conséquence du succès des thérapies mises en place : 64% des cas de SIDA enregistrés en 2002 étaient de nationalité étrangère ; Info Santé Antilles-Guyane, n°12 octobre 2003) et le dépistage tardif d’autres populations – étrangères ou non - rend les calculs des taux de prévalence dans la population résidente peu aisé. Néanmoins, le pourcentage de femmes enceintes séropositives fournit un indicateur de la prévalence du VIH en population générale. En Guyane, il est supérieur à 1% ce qui indique, selon la définition de l’OMS, que la Guyane est en zone d’épidémie généralisée (c’est-à-dire que le virus ne se limite pas à certains groupes à risque). 31

La plus récente enquête, pour la période 2007-2010, est en cours de dépouillement par cette équipe de l’Inserm. 32

M. Nacher et E. Moriame, « La pression du VIH inquiétant en Guyane », Antiane n°67 février 2007, p.20-23

Page 68: Les tendances démographiques et ... - European Commission

68

Les facteurs de risque sont : la transmission hétérosexuelle (principalement) ; les difficultés d’accès au dépistage ; l’infection lors de relations sexuelles dites « transactionnelles » (limitant le dépistage chez les conjointes de personnes infectées lors de ces relations ; Nacher et Moriame, 2007)33 . L’importance des personnes de nationalité étrangère parmi les VIH-séropositifs en Guyane a généré un débat autour de l’impact de l’immigration sur le budget de la santé en Guyane. Cette problématique a donné lieu à une étude sur les migrations et les soins en Guyane (Jolivet et alli, 201134). Un des objectifs de cette étude35 était la mesure du poids des déterminants sanitaires parmi les motifs de migration de la population immigrée. L’étude a révélé qu’une proportion minime d’immigrés ont migré ou se sont installés en Guyane pour une raison de santé. Le recours aux soins s’est produit à un stade ultérieur de leur séjour. De plus, l’étude a montré que ce sont les étrangers en situation irrégulière et installés en Guyane depuis plus de dix ans qui sont les plus vulnérables, en raison d’un état de santé moins bon que les Français de naissance, quelque soit leur condition socio-économique.

Le paludisme et la dengue

La grande variété de vecteurs potentiels d’agents infectieux constitue une double menace pour la population guyanaise : l’émergence possible d’épidémies de maladies éradiquées (fièvre jaune) ou, jusqu’alors, géographiquement éloignées (Chikungunia), voire de nouvelles, est difficile à identifier précocement ; l’impact socio-économique potentiellement lourd des principales maladies vectorielles en Guyane, le paludisme (endémique) et la dengue (épidémies récurrentes). Le paludisme est à l’origine de plusieurs centaines d’hospitalisations chaque année et l’endémie stagne alors qu’elle est en phase de pré-élimination au Suriname. Une baisse conséquente de cas dans les hôpitaux guyanais a été constatée depuis le milieu des années 2004, tendance qui occulte la nette hausse des cas d’hospitalisation au Suriname de personnes ayant contracté la maladie en Guyane (PRS, 2011, p.43). L’absence de programme de prévention à destination des sites d’orpaillage clandestin, en même temps que le renforcement des opérations contre cette activité, est un facteur majeur dans l’incidence croissante signalée par les hôpitaux surinamiens.

33

Voir aussi « Particularités de l’infection VIH aux Antilles et en Guyane française », Bulletin épidémiologique hebdomadaire 46-47, p. 238-239 ; voir aussi le rapport de E. Carde et D. Pourette, La maternité chez les femmes vivant avec le VIH/Sida dans les territoires français d’Amérique : Guadeloupe, Guyane, Martinique, Saint-Martin, Ceped, Working Paper n°12 2011 ; Jolivet A, 2009, Etude Migration et soins en Guyane, Inserm UMRS 707 34

Jolivet A, Cadot E, Cardo E, Florence S, Lesieur S, Lebas J, Chauvin P, 2009, Migration et soins en Guyane, Inserm UMRS 707, Document de travail n°105, AFD. 35

L’étude s’est déroulée sur plusieurs sites en Guyane et a investigué le poids du motif « sanitaire » parmi les motifs de migration, l’état de santé des populations immigrées, et les raisons de choix d’accouchement à la maternité de l’hôpital de St. Laurent parmi les femmes nées au Suriname.

Page 69: Les tendances démographiques et ... - European Commission

69

Le diabète

Quoique moins préoccupant qu’aux Antilles ou que dans d’autres régions françaises, le faible taux de prévalence du diabète occulte un problème de santé émergeant en Guyane. Le nombre de diabétiques traités a augmenté de 2 467 en 2004 à 3 885 en 2007 (Conan et Garnier, 200836). En plus de la morbidité et de la mortalité où le diabète est directement en cause, les complications ont un grand impact sur ces phénomènes. Deux grands types de complication des risques vasculaires (hypertension, diabète, problèmes nutritionnels) sont l’AVC et la crise cardiaque. Pour la période 2006-2008, le diabète représente directement à elle seule 3,4% de la mortalité régionale (base de données Cépidc-Inserm). Entre les périodes 2000-2002 et 2006-2008, le nombre décès a doublé (de 12 à 25), décès parmi lesquels les décès féminins sont majoritaires (15 sur 25 en 2006-2008). Si le taux de la population concernée est relativement faible par rapport à d’autres régions métropolitaines, l’accroissement du nombre de cas traités annonce un coût croissant pour la collectivité en termes de soins et des nombreux arrêts de travail. Les maladies liées à l’environnement et le « dossier mercure ». L’impact sanitaire de la pollution environnementale par le mercure est un sujet de préoccupation depuis les années 1990. Cette pollution est entraînée par les techniques d’orpaillage employées en Guyane. Le dépôt sédimentaire, puis sa méthylation produisent une forme toxique absorbable par les poissons et accumulée dans leur chair. La consommation de ces poissons par des femmes à partir du deuxième trimestre de grossesse peut avoir des effets néfastes sur le développement neurologique de l’enfant. Les populations les plus exposées sont les communautés amérindiennes vivant sur les cours supérieurs des fleuves Maroni et Oyapock. Des études épidémiologiques ont exonéré cette pollution du risque de malformations congénitales, indiquant que le suivi insuffisant des grossesses en est la cause principale. Toutefois, afin de prévenir les éventuels risques neurologiques de la pollution par le mercure, le PSRS annoncent le lancement en 2011 d’un programme de surveillance de l’imprégnation en début de grossesse. L’investigation des effets de la dispersion du mercure dans les sols sur l’environnement et sur la santé a permis qu’on s’intéresse aux Amérindiens (jusqu’alors ignorés à cause de leur isolement et du poids réduit du groupe dans la population totale). L’attention a été attirée vers la santé mentale de ce groupe : le problème d’identité chez les jeunes qui partent en ville pour les études, déconnectés de leur groupe d’origine, pour lesquels le retour dans leur village est difficile, entrainant des dépressions voire des tentatives de suicide. 500 000 euros ont été affectés pour traiter les problèmes spécifiques du groupe amérindien.

Morbidité hospitalière par cause Pour l’année 2009, les séjours en médecine et en chirurgie, dans le secteur public ou privé, représentent 0,3% de l’activité de court séjour hospitalier en France. En ce qui concerne la gynéco-obstétrique, la proportion est 1%, traduisant la jeunesse et la relativement forte fécondité guyanaise. L’importance de l’obstétrique dans le volume d’activité hospitalière est démontrée par le fait que près d’un séjour sur six en 2009 a été pour la catégorie grossesses pathologiques, accouchements et affections post-partum et qu’un séjour sur dix concerne les nouveau-nés ou les bébés prématurés. En 2009, il y a eu 1044 accouchements pour 10 000 femmes âgées de 15-49 ans et un taux de 265 IVG a été enregistré. Le nombre d’IVG réalisées est en hausse et a augmenté de 22% depuis 2003 (PSRS, 2011, p.22) et ces IVG ont lieu principalement en milieu hospitalier (17% dans le Centre de

36

Conan et Garnier : « Les patients diabétiques traités en Guyane », Antiane n°70, p.30-31, septembre 2008

Page 70: Les tendances démographiques et ... - European Commission

70

planning et d’éducation familial, 4,4% en médecine ambulatoire). Le fait que plus de la moitié (60%) des IVG est réalisée à Cayenne, et seulement le quart (24%) à St Laurent, malgré la similitude du nombre d’accouchements dans les deux villes laisse penser que l’accès à l’IVG est moins aisé dans l’ouest guyanais. Plus de 1% des femmes accouchant dans les hôpitaux guyanais sont séropositives. La file active en milieu hospitalier – environ 1500 patients en 2009 – augmente de 7% par an. Le dépistage tardif dans ces populations est préoccupant, car le tiers des malades accueillis à l’hôpital sont déjà au stage SIDA – mais à l’hôpital de St Laurent, la proportion est le double. La tuberculose, dont l’incidence est plus du double qu’en métropole (23,3 pour 100 000 habitants contre 8,9 en métropole) entraine une activité hospitalière non négligeable. La tuberculose est une maladie opportuniste atteignant les personnes au stade SIDA. La lutte contre la maladie a été redynamisée, car on craint que la prévalence soit sous-estimée (PSRS, 2011). Il faut souligner que le recours aux soins entraine de nombreuses hospitalisations en dehors de la Guyane. En moyenne, 12% des séjours en MCO pour des pathologies diagnostiquées en Guyane sont effectués en métropole, sinon dans l’un des hôpitaux des Antilles. C’est le cas du quart des séjours pour des affections de l’appareil circulatoire, par exemple.

Etat des lieux des priorités sanitaires en 2011 L’état des lieux des priorités récemment définies pour la Guyane est le suivant :

- Santé mère-enfant - une amélioration du suivi des grossesses est impérative et de la prise en charge du nouveau-né, puis un renforcement de la sécurité sanitaire de la mère et des enfants.

- Risques vasculaires (hypertension, diabète, problèmes nutritionnels) et les complications que sont l’AVC et la crise cardiaque.

- Le VIH restera élevé, mais l’ARS considère que le problème est géré (Systématisation de l’observation du VIH sur le littoral et soutien par un bon réseau associatif).

- Les accidents de la circulation restent trop importants, causant une surmortalité des jeunes hommes qui ne baisse pas. La hausse des homicides est également inquiétante (20 hommes tués en 2006-2008 par rapport à 9 entre 2003 et 2005).

- Les professions de santé sont rapidement submergées de cas à soigner en cas d’épidémie de dengue, comme en 2010. Le coût socio-économique s’exprime également en termes de jours de travail perdus.

- En matière de prévention, les initiatives restent limitées géographiquement (Cayenne et St Laurent).

Enjeux pour la cohésion sociale L’enjeu est aussi de parvenir à une meilleure cohésion et à un accès équitable aux soins. Depuis 25 ans, plusieurs Plans Périnatalité ont vu le jour en Guyane et les problèmes de la santé de la mère et de l’enfant ont été inscrits dans les schémas régionaux de santé.37 Un registre d’issue de

37

ORS-Guyane, Analyse et propositions pour la construction d’une politique de santé périnatale en Guyane, décembre 2010.

Page 71: Les tendances démographiques et ... - European Commission

71

grossesse a été mis en place dès 1984. La baisse de la mortalité infantile de 56‰ en 1970 à 17,9‰ en 2007 traduit l’efficacité des mesures proposées. Néanmoins, le niveau de mortalité infantile reste relativement élevé et il a plafonné au cours des années 2000. Le dernier plan régional de santé publique a listé des orientations stratégiques pour la périnatalité, identifiée comme première priorité de santé :

- favoriser l’accès à la prévention pour les femmes enceintes sur tout le territoire ;

- améliorer le suivi des grossesses pour réduire les naissances prématurées et la mortalité périnatale et maternelle ;

- développer des programmes d’information sur la contraception, les IST, l’IVG et le suivi des grossesses et assurer un accès à la contraception et à l’IVG sur tout le territoire ;

- prévoir une fusion des structures préventives et curatives dans les centres de santé frontaliers avec la mise en place d’un réseau périnatalité adapté à chaque territoire de santé, avec un personnel qualifié et en nombre suffisant ;

- améliorer les capacités d’accueil tant en obstétrique qu’en néonatologie.

Trois axes d’actions transversales doivent accompagner à la mise en place de ces actions : l’éducation à la santé ; l’observation sanitaire et sociale ; l’alerte et la gestion de situations d’urgence sanitaire.

Immigration et santé Le plan prévoit également la nécessité de réduire l’ « immigration obstétricale » dans le cadre d’une meilleure coopération transfrontalière. Cela exige une meilleure connaissance des besoins des femmes étrangères accouchant à la maternité de St. Laurent de Maroni pour mieux ajuster les réponses à leurs souhaits et à leurs projets. L’étude très récente d’Anne Jolivet et al., constitue une bonne contribution dans cette voie. Elle confirme en tout cas les femmes accueillies dans cette maternité n’ont pas forcément le projet d’immigrer en Guyane, mais conçoit ce service comme localisé dans leur zone de résidence. On retrouve à la notion de « bassin de vie » auquel se réfère l’ARS. L’un des enjeux pour la cohésion sociale est de prendre en compte les besoins des populations immigrées (qu’elles soient ou non en situation administrative régulière) qui ont recours aux soins dans les centres de santé et les hôpitaux de Guyane. Cela vaut tout particulièrement pour les personnes infectées par le VIH : il convient dans tous les cas de combattre les représentations sociales véhiculées par divers intervenants (services sociaux, services de santé) susceptibles de conduire à une stigmatisation des malades et de leurs groupes d’origine38.

38

Page 72: Les tendances démographiques et ... - European Commission

72

1.6.3.- Accès aux soins.

Evolution de la densité médicale. Tous les observateurs font état d’une offre de soins insuffisante en Guyane. Tous soulignent la pénurie de personnels de santé, l’absence de certaines spécialités et une forte rotation des personnels qui acceptent difficilement de s’y installer dans la durée, aggravant le vieillissement du corps médical dans le département. La population a été longtemps insuffisamment importante pour justifier l’implantation d’une offre de soins variée. Par ailleurs, sa jeunesse impliquait un besoin moindre de médecins. Mais l’évolution de la santé, la persistance de certains risques sanitaires et l’émergence de nouvelles pathologies imposent une réorganisation et une dynamisation impératives de l’offre. La densité médicale y est la plus faible de tous les départements français. L’écart entre la couverture médicale avec celle des autres départements d’outremer est également sensible. On a enregistré les densités suivantes au 1er janvier 2009:

- 167 médecins pour 100 000 habitants, décomposés en 97 généralistes et 70 spécialistes pour 100 000 habitants (contre des densités respectives de 333, 162 et 171 en France métropolitaine

- 358 infirmiers DE (contre 764 en métropole), 26 masseurs kinésithérapeutes (contre 103 pour la métropole), 41 pharmaciens (contre 116 en métropole)

- 2,6 établissements exerçant une activité relative à la santé pour 1 000 habitants (contre 6,5 pour la métropole).

Sachant que ces résultats reflètent, en 2008, les progrès enregistrés au cours des années 2000. De plus, ces personnels sont essentiellement localisés dans les centres urbains de la bande côtière. L’inégalité de répartition des médecins, s’aggrave rapidement au détriment du bassin de St Laurent du Maroni, porté par une croissance démographique plus forte que dans le reste de la région (PSRS 2011). Les centres de santé localisés dans l’intérieur rencontrent de sévères difficultés pour recruter des professionnels en poste sur place. C’est notamment en termes de prévention que le manque de personnels se fait sentir. L’enjeu est d’attirer de jeunes médecins. L’âge moyen des généralistes en 2008 était de 47,4 ans, celui des spécialistes, 52,6 ans. Près de la moitié (46,8%) de ces derniers avaient alors plus de 55 ans ; c’était le cas pour le quart des généralistes (27,2%). (PSRS 2011 p.28). L’insuffisance des sages-femmes dans un département à forte natalité est un aspect particulièrement préoccupant de la pénurie constatée : la Guyane en compte une pour 72 naissances, contre une sage-femme pour 42 naissances en métropole.

Page 73: Les tendances démographiques et ... - European Commission

73

Tableau 1.6.5 : Densité médicale : taux de médecins et d’autres personnels de santé pour 100 000 habitants à la Guyane, comparé aux taux métropolitains, 2008.

Guyane Métropole

Effectif Densité pour 100 000 habitants

Médecins 397 175,9 339

Généralistes 236 104,5 165

Spécialistes 161 71,3 174

Pharmaciens 95 42,1 118

Chirurgiens-dentistes 42 18,6 67

Infirmiers 961 425,7 803

Sages-femmes 86 38,1 130

Masseurs-kinési. 60 26,6 108

Orthophonistes 19 8,4 30

Psychomotriciens 10 4,4 12

Pédicures-podologues 6 2,7 18

Ergothérapeutes 5 2,2 11

Orthoptistes 4 1,8 5 Le nombre de médecins et de personnels de santé hors médecins pour 100 000 habitants est calculé par rapport aux estimations de population au 01/01/2009. Source : PSRS 2011, p30.

L’une des solutions visant à améliorer l’accès aux soins et leur qualité est la télémédecine. Un dispositif a été mis en place en décembre 2001. Depuis, environ 3500 patients en ont bénéficié et le rythme s’est accru depuis 2006, avec une moyenne de 1,3 patient par jour en 2010. Quinze centres de soins sont reliés par satellite au centre hospitalier de Cayenne. La dermatologie et la cardiologie demeurent les deux grandes spécialités qui bénéficient du dispositif. En 2010, la télé-expertise a compté pour 60% des demandes, dépassant la téléconsultation, les personnels des centres de santé sont formatés de façon à devenir autonomes. Le dispositif continue à évoluer, par exemple par la « prise de contrôle à distance ». Ainsi des télé-échographies seront bientôt réalisées à Maripasoula grâce à un robot porte-sonde localisé à Cayenne, c’est-à-dire à plus de 230 kilomètres. De même une unité de télé-dialyse localisée à St. Laurent et pilotée au CHU de Cayenne est à l’étude.

Page 74: Les tendances démographiques et ... - European Commission

74

1.6.4.- Infrastructures et équipements

Le secteur public est largement dominant, assurant plus des trois-quarts de l’activité hospitalière de court séjour, en 2008 : 471 places contre 237 dans le secteur privé (Statiss 2009), avec pour pôle principal le centre hospitalier de Cayenne, où sont localisées également trois cliniques privées (voir Carte). Un établissement privé à Kourou participe au service public hospitalier local. Le Centre Hospitalier de l’Ouest Guyanais, hôpital public localisé à St Laurent, a été inauguré en 1995. La construction d’un nouvel hôpital en 2014 est prévue par le plan 2012. Tableau 1.6.6 : Nombre de lits et de places installés pour 100 000 habitants au 31 décembre 2008. Comparaison avec les taux d’équipement en Guadeloupe et en Métropole.

Guyane Guadeloupe Métropole

Lits MCO 30 38 35

Psychiatrie 4 7 9

Soins de suite et de réadaptation 4 14 16

Soins de longue durée 5 9 10

Places MCO 1 3 4

Psychiatrie 1 4 4

Soins de suite et de réadaptation 0 2 1

Lits et places en MCO

- médecine 17 23 22

- chirurgie 7 11 15

- obstétrique 23 13 8

MCO : Médecine, chirurgie, obstétrique Source : Statiss, 2010.

Le taux d’équipement en lits MCO (Médecine, Chirurgie, Obstétrique) est inférieur d’un tiers (38,3%) à celui de la métropole, et il régresse à mesure que la population croît : il a diminué de moitié depuis 1990, principalement en chirurgie tandis qu’en gynécologie-obstétrique, on a observé une remontée à la fin des années 1990 (Statiss 1990-2000). Notons que la comparaison avec la métropole doit tenir compte des moindres besoins dans certaines spécialités pour une population plus jeune. La diminution sur l’offre obstétricale est moindre, le nombre de lits autorisés dans cette spécialité ayant été relevé de 20% depuis 2006 (PSRS 2011, p31). L’évolution de l’offre de soin en court séjour en MCO sur les deux centres hospitaliers – Cayenne et St Laurent – et quatre établissements privés [donc sans Kourou, qui participe au service public], donne une bonne indication sur l’insuffisance des places en milieu hospitalier. En 1990, on a comptabilisé un total de 595 lits, offrant un taux d’équipement de 5,2‰ ; en 2010, le total était de 647 lits, le taux d’équipement ayant diminué presque à la moitié du niveau de 1990 : 2,8‰ (PSRS 2011) A l’intérieur du département, l’infrastructure se réduit à 21 centres ou postes de santé et trois officines. Des médecins spécialisés, en poste dans les hôpitaux du littoral, y font des missions tous les deux mois environ, notamment pour assurer le suivi des patients séropositifs (Voir Jolivet et al, 2009).

Page 75: Les tendances démographiques et ... - European Commission

75

Les difficultés de l’offre et de la demande de soins L’adéquation entre l’offre et la demande reste un enjeu majeur. Cela suppose d’abord une meilleure connaissance de la demande et aussi une stratégie efficace d’attraction des professions de la santé. Le manque de personnels et de spécialistes conduit pour l’heure à une externalisation des soins et une médecine à deux vitesses, une situation qui fait fuir les spécialistes. En parallèle, l’insuffisance des personnels aboutit à une multiplication des gardes et des remplacements et donc un surcroit de travail et de fatigue pour les personnels en place. Tout le travail s’effectue dans l’urgence, ce qui ne laisse que peu de place aux programmes de prévention. Cela est d’autant plus préjudiciable, qu’il conviendrait de développer une vraie stratégie pour prévenir et combattre le paludisme, la tuberculose, le VIH qui touchent deux grandes catégories de population : les populations étrangères en zone urbaine et les populations de l’Intérieur. On retrouve, là, l’enjeu des populations difficiles d’accès qui, elles-mêmes, ne se rendent à l’hôpital que lorsque la maladie est déjà bien avancée. Il faut noter que le secteur associatif constitue un acteur clé dans la connaissance des populations, par exemple, pour différencier les besoins des populations étrangères installées de longue date et de celles arrivées plus récemment. Pour améliorer l’offre, l’Agence régionale de santé propose d’organiser des délégations de compétences interprofessionnelles afin de faire baisser la pression et d’organiser des complémentarités avec les pays voisins. L’ARS souhaite raisonner en termes de « bassin de vie ». La coopération internationale doit permettre de prendre en compte la réalité des liens qui se développent de part et d’autre du Maroni (par exemple, le bassin de vie des Bushinenge ne tient pas compte de la frontière). Le Suriname a éradiqué le paludisme, et de nombreux Brésiliens,

Page 76: Les tendances démographiques et ... - European Commission

76

Guyaniens, Amérindiens traversent la frontière clandestinement pour se faire soigner dans ce pays. Il serait aussi possible d’organiser un partage des soins selon les spécialités et l’expertise : par exemple, encourager la possibilité (déjà exploitée par certains Guyanais) de consultations en ophtalmologie au Surinam. De même, par l’intermédiaire de l’hôpital, renforcer le centre de santé d’Albina (ville frontalière) pour les fournitures de matériels et d’équipements, de formations et collaboration médicale.39 Le gouvernement surinamais prévoit d’établir un plan pluriannuel de développement afin d’augmenter l’effort de vaincre la pauvreté et fournir l’accès aux services de base et d’améliorer la prise en charge des patients dans les centres de santé d’Albina et le long du fleuve Maroni. Ce plan devrait être mis en œuvre avec l’aide du programme opérationnel de coopération transfrontalière Guyane/France 2007-2013 « Amazonie » et des financements européens. Du côté de la coopération avec le Brésil, une décision a été prise lors d’une rencontre franco-brésilienne en 2009 pour mener des actions concrètes sur les deux rives de l’Oyapock dans le domaine du VIH-SIDA.

39

Observatoire régional de la santé en Guyane (ORSG), Systèmes de santé de la Guyane, du Brésil et du Suriname, Rapport au Groupement régional de santé publique, 2010.

Page 77: Les tendances démographiques et ... - European Commission

77

SECTION 7 : Environnement

L’essentiel (environ 95%) du vaste territoire de la Guyane est couvert par la forêt équatoriale. Cet écosystème riche en biodiversité est aussi fragile. Les pollutions s’étendent rapidement et sur de longues distances, portées par les cours d’eau et les inondations suites aux pluies tropicales. Il est donc important de préserver l’environnement de manière à garantir un approvisionnement en eau de qualité pour les générations futures. Il faut aussi maitriser la consommation d’énergie de sorte à réaliser une mise en valeur durable du territoire.

1.7.1.- Energie Les caractéristiques géographiques de la Guyane font parfois obstacles à une distribution et une consommation efficaces de l’énergie. L’isolement de certaines parties du territoire génère d’importants surcoûts de production et de transport d’électricité et amplifie les risques de coupure d’alimentation électrique. La répartition très inégale de la population, avec un fort contraste entre le littoral et l’intérieur est aussi cause d’inégalités d’accès à l’électricité. En 2002, l’électrification des ménages de l’intérieur du département n’était que de 50,8% contre 92,8% sur le littoral. Au milieu des années 2000, on prévoyait une insuffisance de la production électrique par rapport à la demande de 20 MW. La production à partir de sources renouvelables a débuté par l’hydroélectricité, profitant de l’avantage des fleuves de la Guyane, même si les variations de la pluviométrie peuvent induire des baisses de production sur certaines années. Environ 70% de la production électrique de sources renouvelables provient des barrages. La Guyane fait partie des régions de l’UE qui dépassent l’objectif européen de 20% d’énergie renouvelable.

L’augmentation de la demande d’électricité renvoi à la question des besoins en hydrocarbures qui représente plus de 80% des énergies consommées en Guyane, soulignant la forte dépendance de la région vis-à-vis de l’extérieur. En 2005, les importations représentaient près de 15% de la balance commercial de la Guyane, part qui peut augmenter à chaque hausse du prix du baril.40 En limiter la consommation constitue donc un réel enjeu pour le département d’autant que les besoins sont en hausse, en ligne avec la croissance de la population et l’augmentation du parc automobile41.

L’approvisionnement en énergie soulève des défis majeurs. Comment satisfaire des besoins en forte croissance tout s’’efforçant de diminuer la dépendance énergétique ? Comment favoriser l’ouverture du marché de production de l’électricité dans un contexte de surcoûts de production ? Comment garantir l’équilibre énergétique en visant l’objectif communautaire d’autosuffisance, malgré l’isolement et les distances entre les centres d’habitat ? En quoi, et à quel degré la découverte récente de potentialités pétrolière aux large des côtes guyanaise qui si les étaient avérées changerait la donne ? En l’état, la Guyane dispose d’un fort potentiel de sources d’énergies renouvelables : des ressources hydrauliques permettant l’établissement de micros centrales ; un potentiel de déchets forestiers important pouvant produire de l’énergie par biomasse (malgré un coût relativement important) ; un potentiel végétal et des relations soutenues avec le Brésil, pays précurseur dans la

40

IEDOM, 2006, L’énergie en Guyane, Les notes de l’IEDOM, Cayenne. 41

Jusqu’au milieu des années 2005, la consommation de l’énergie finale (TEP) était moins élevée que dans

les autres Dom, du fait d’une population jeune et d’un accès moindre aux équipements électriques.

Page 78: Les tendances démographiques et ... - European Commission

78

production de biocarburants qui sont de précieux atouts pour le développement d’une filière « biocarburant » locale ; un fort ensoleillement propice à la production d’énergie photovoltaïque qui est, de plus, bien adaptée aux besoins des sites isolés. A ces spécificités s’ajoute un contexte favorable au déploiement des énergies renouvelables avec, d’une part, des objectifs clairement identifiés (Protocole de Kyoto, Loi programme de 2005) et, d’autre part, de nombreux outils incitatifs (crédits d’impôts, défiscalisation…). Cependant, des obstacles importants demeurent que sont : un nombre limité de porteurs de projets ; filière bois insuffisamment développée pour permettre le recyclage des déchets des scieries ; un foncier agricole pas assez étendu pour le développement efficace de la production de biocarburants ; un coût de l’énergie fossile plus faible que celui d’autres sources d’énergie qui dissuade le développement des sources renouvelables.

1.7.2.- Eau Les sources d’eau sont abondantes en Guyane. Pour la production d’eau potable, le prélèvement se fait principalement dans les cours d’eau (96% de l’eau prélevée), les eaux souterraines étant utilisées dans les villages et les sites isolés (à 100% à Papaïchton, Camopi, Iracubo et Grand-Santi)42. Certaines communes de l’intérieur ne facturent pas l’eau potable ou l’assainissement aux usagers. L’Office de l’Eau de Guyane indique que l’eau y est parmi les moins chères des Dom et des régions de métropole. Le coût annuel par foyer sera de 141 euros pour l’eau potable et 135 euros pour l’assainissement. Mais le département enregistre des pertes importantes entre la collecte et la distribution du fait de la mauvaise qualité des réseaux. Ces pertes sont estimées à 32%. L’autre défi – ayant des conséquences pour la sante – est celui de la qualité de l’eau et des menaces que font peser les pollutions. Il existe une pollution d’origine agricole dans les zones de production maraîchère (pollution des cours d’eau, et pollution des eaux souterraines à Javouey et Corossony). Dans l’intérieur et dans la région du fleuve Maroni, la pollution au mercure est, elle, consécutive à l’action des orpailleurs clandestins. La surveillance qui s’y exerce conduit à déclarer certaines stations d’eau non-conformes (7% des 42 stations contrôlées). Dans chacun des points d’observation, il s’agit de déterminer si les quantités de mercure retrouvées sont celles naturellement présentes dans le sol guyanais ou consécutives aux activités humaines.

Traitement des eaux usées Compte tenu de l’isolement des communes de l’intérieur et de l’importance de l’habitat spontané, la proportion de la population résidente raccordée à un système des eaux usées est plus faible que dans les autres Dom. Si le raccordement au tout-à-l’égout urbain est à un niveau proche de celui de la Martinique (45% contre 49%), le recours au traitement autonome (fosse septique) est lui peu élevé. Le résultat est la part totale des résidents bénéficiant d’un traitement des eaux usées n’est que 62,2% (contre 100% en Martinique).43

42

Office de l’Eau de Guyane, 2010, Données sur l’eau en Guyane en 2008, p.22. 43

Données Eurostat….

Page 79: Les tendances démographiques et ... - European Commission

79

1.7.3.- Traitement des déchets.

Quantité de déchets produits et mode de traitement. Les données existantes montrent de fortes variations entre les Dom et donc incitent à la prudence. La quantité serait moitié moins importante en Guyane qu’à la Réunion. En tout cas, on doit signaler que le recours à la décharge est le principal mode de gestion des déchets municipaux et que seulement 7% sont recyclés. De manière générale, la quantité de déchets triés dans les DOM est encore très faible. En Guyane, il n’y a pas de récupération de l’énergie par incinération des déchets comme il en existe à la Martinique.

Page 80: Les tendances démographiques et ... - European Commission

80

DEUXIEME PARTIE

IMPACT DES TENDANCES DEMOGRAPHIQUES

Page 81: Les tendances démographiques et ... - European Commission

81

Section 1 : Projections démographiques

La Guyane est le Dom qui, sur la période projection, va connaître la plus forte croissance de sa population. En 2010, le département comptait 239 970 habitants, ils seront 200 000 de plus dans 20 ans. Soit une croissance globale sur la période de projection de plus de 85%. La croissance annuelle moyenne de l’île sera de 3,5% entre 2015 et 2010, et se maintiendra par la suite à un rythme situé autour de 3%.

Tableau 2.1.1: Effectifs (en milliers) et taux de croissance annuels (%) de la population de Guyane, 2010-2030

Population : 2010 2015 2020 2025 2030

237 970 281 987 330 406 383 743 441 837

Croissance annuelle : 2010 / 2015 2015 / 2020 2020 / 2025 2025 / 2030

3,5 3,2 3 2,9

Croissance globale : 2020 / 2010 2030 / 2020 2030 / 2010

38,8 33,7 85,7

2.1.- Les structures démographiques La population guyanaise restera jeune sur la période. La part des moins de 14 ans ne diminue que de 2 points et celle des plus âgés devrait également très peu évoluer, passant de 4% en 2010 à 7,4% en 2030. La structure reste également stable pour les adultes : leur part s’établit à environ 60% sur toute la période de projection. Cette jeunesse de la population a pour conséquence un rapport de dépendance totale relativement élevé en 2010 (62,3%). Il va très légèrement croitre d’ici 2030 pour atteindre 66,6%. Les jeunes prennent donc une part essentielle à ce niveau de dépendance (55,8% en 2010) et ce taux devrait demeurer stable sur la période de projection. La dépendance des plus âgés devrait, en revanche, croitre fortement d’ici 2030, son taux devrait doubler passant de 6,5% en 2010 à 12,3% en 2030. L’indice de vieillissement traduit le rapport entre les effectifs des personnes âgées et ceux des jeunes. Ce ratio va lui aussi être multiplié par deux dans les 20 ans à venir, passant de 11,6% en 2010, à 22,5% en 2030. Un indice bien inférieur à celui observé dans les autres Dom. Tableau 2.1.2 : Proportions (%) des grands groupes d’âge, taux de dépendance et indice de vieillissement en Guyane, 2010-2030

2010 2015 2020 2025 2030

0-14 ans % 34,4 33,7 33,2 33,0 32,6 15-64 ans % 61,6 61,6 61,2 60,6 60,0 65ans et plus % 4,0 4,7 5,5 6,4 7,4

Dépendance jeunes % 55,8 54,6 54,2 54,5 54,4 Dépendance âgés % 6,5 7,6 9,0 10,6 12,3 dépendance totale % 62,3 62,2 63,3 65,1 66,6

Indice de vieillissement % 11,6 13,9 16,7 19,4 22,5 Source : projections INSEE

Page 82: Les tendances démographiques et ... - European Commission

82

Figure 2.1.1. : Evolution de la proportion (%) de la population par grands groupes d’âges, 2010-2030

Figure 2.1.2 : Evolution des taux de dépendance par âge et total en Guyane, 2010-2030

Figures 2.1.3 : Pyramide des âges de la population guyanaise, 2010-2020-2030 (source INSEE)

Page 83: Les tendances démographiques et ... - European Commission

83

Avec une base déjà forte en 2010, la pyramide d’âge va s’élargir encore plus dans les 20 ans à venir et plus encore après 2020. Son sommet, représentant les âges plus élevés, va également s’élargir mais de manière plus modérée.

Page 84: Les tendances démographiques et ... - European Commission

84

Section 2 : Projection des effectifs scolarisables

2.1.- Evolution des effectifs Signe de la grande jeunesse de la population guyanaise, les effectifs scolarisables aux âges préscolaires sur l’île vont augmenter de près de 80% entre 2010 et 2030. Ceux du primaire et du secondaire devraient également suivre ce rythme avec 74% de hausse pour les premiers et 75% pour les seconds.

Tableau 2.2.1 : Projection des effectifs scolarisables en préscolaire, primaire et secondaire en Guyane, 2010-2030

2010 2020 2030

Préscolaire 14 482 20 014 25 890 Primaire 27 000 35 517 46 931 Secondaire 29 257 38 097 51 249

2010 = 100 Préscolaire 100 138 179 Primaire 100 132 174 Secondaire 100 130 175

Accroissement annuel (%) Préscolaire - 3,3 2,6 Primaire - 2,8 2,8 Secondaire - 2,7 3,0

Source : calculs des auteurs à partir des projections INSEE

Page 85: Les tendances démographiques et ... - European Commission

85

Section 3.- Projection de la population active

2.3.1.- Evolution de la population active D’ici 2030, la Guyane devrait connaître une forte augmentation de sa population active, passant de 90 237 actifs aujourd’hui à 163 375 d’ici vingt ans. Ce qui signifie donc un taux de croissance globale de 38% sur la première décennie, de 31% sur la seconde. De par l’extrême jeunesse de la population guyanaise, la part d’actifs âgés de 55 ans n’augmentera pas considérablement sur la période de projection. Représentant en 2010 9,5% de la population active, ils atteindront 12% en 2030.

Tableau 2.3.1 : Population active et proportion des actifs âgés de 55 ans et plus en Guyane, 2010-2030

2010 2020 2030

Population active 90 237 124 553 163 375 Croissance globale - 38,0 31,2 55 ans et plus (%) 9,5 11,1 12,1

Source : calculs des auteurs à partir des projections INSEE

2.3.2. Les objectifs EU2020 de taux d’emploi à 20-64 ans Pour atteindre la moyenne communautaire actuelle en 2020, il faudrait créer annuellement en Guyane 5 900 emplois. Pour atteindre l’objectif EU2020, il faudrait en créer 1 100 de plus d’ici dix ans. Si l’on considère ces objectifs avec dix années de retard, en les reportant à l’horizon 2030, il faudrait créer dans le département 4 900 emplois annuellement pour atteindre la moyenne communautaire, et 700 pour atteindre l’objectif EU2020. Tableau 2.3.2 : Nombre d’emplois (en milliers) à créer annuellement pour amener le taux d’emploi au niveau de 69% ou au niveau de 75% en 2020 ou 2030

69% 69% 75% 75% 2020 2030 2020 2030

Guyane 5,9 4,9 7 5,6 Source : calculs des auteurs à partir des projections INSEE

Scénarios d’emploi et dépendance effective Dans l’hypothèse où les taux d’emploi restent stables, la dépendance effective n’augmenterait que très peu en Guyane, passant de 276% en 2010 à 285% en 2030. En effet, si la dépendance des plus âgés gagnerait plus de dix points sur la période de projection, celle des plus jeunes diminuerait légèrement de 5 points. Dans l’hypothèse où le taux d’emploi atteindrait les 69%, la dépendance effective dans le

département diminuerait alors considérablement, passant de 276% à 175% à l’horizon 2030. Si

les taux d’emploi atteignent 75%, la dépendance effective tomberait alors à 151%.

Page 86: Les tendances démographiques et ... - European Commission

86

Tableau 2.3.3 : Taux de dépendance effective par âge dans trois scénarios d’emploi en Guyane, 2010-2030

2010

Taux constants 69% 75%

2020 2030 2020 2030 2020 2030

65+ 14,1 19,6 26,6 13,6 18,4 12,4 16,8 20-64 98,6 100,4 100,6 43,6 43,4 32,3 32,2 0-19 163,8 158,6 158,1 112,5 111,8 103,3 102,7 Total 276,5 278,7 285,4 169,6 173,6 148,1 151,7

Source : calculs des auteurs à partir des projections INSEE

Page 87: Les tendances démographiques et ... - European Commission

87

Section 4.- Projection de ménages

A l’horizon 2030, le nombre de ménages guyanais aura presque doublé, passant de 68 561 en 2010 à 134 446 en 2030. La plus forte croissance du nombre de ménage aura lieu d’ici 2020 avec une croissance annuelle de 3,6%. Entre 2020 et 2030, cette moyenne descend à 3,2%. La taille des ménages devrait quant à elle diminuer sur la période de projection, tout en restant importante par rapport à la moyenne des Dom : elle passerait ainsi de 3,47 personnes par ménage en 2010 à 3,2 en 2030. La part de chef de ménages âgés de 65 ans va progresser, de 9,3% en 2010 à 16,2% en 2030.

Tableau 2.4.1 : Effectifs de ménages projetés, croissance globale et annuelle, taille des ménages et proportion (%) de chef de ménages âgés en Guyane, 2010-2030

2010 2020 2030

Ménages 68 561 98 084 134 446

2010 = 100 Croissance globale 100 143 196

Croissance annuelle (%) - 3,6 3,2

Taille des ménages 3,47 3,37 3,29

Chefs de ménages de 65 ans et plus % 9,3 12,6 16,2 Source : calculs des auteurs à partir des projections INSEE

Page 88: Les tendances démographiques et ... - European Commission

88

Section 5.- Impact des tendances démographiques dans le domaine de la santé Alors qu’en 2010, la Guyane ne comptait que très peu de personnes âgées (3 751 personnes âgées de 75 ans et plus en 2010), elle verra leurs effectifs plus que tripler à l’horizon 2030 pour atteindre un total de 12 974, soit un accroissement de 346%. Il en ira de même pour les plus de 85 ans qui, sur la période de projection, verront également progresser dans les mêmes proportions, passant d’à peine 1 056 individus âgés de 85 ans et plus en 2010 à plus de 3 191 en 2030. Tableau 2.5.1 : Effectifs, proportions (%) et évolution par rapport à 2010 des personnes très âgées en Guyane, 2010-2030

2010 2015 2020 2025 2030

75 ans et plus 3751 4826 6291 9141 12974 85 ans et plus 1056 1360 1765 2363 3191

75 ans et plus % 1,6 1,7 1,9 2,4 2,9 85 ans et plus % 0,4 0,5 0,5 0,6 0,7

75+ (base 100 = 2010) 100 129 168 244 346 85+ (base 100 = 2010) 100 129 167 224 302

Source : calculs des auteurs à partir des projections INSEE

Page 89: Les tendances démographiques et ... - European Commission

89

TROISIEME PARTIE :

RISQUES ET OPPORTUNITES,

ATOUTS ET HANDICAPS

Page 90: Les tendances démographiques et ... - European Commission

90

A partir des indicateurs sociodémographiques analysés dans les développements précédents, cette partie va résumer les écarts qui restent à combler pour la Guyane vis-à-vis de la cohésion de l’UE. Dans un second temps, on présentera les risques et opportunités que dégagent les analyses effectuées au plan sociodémographique. L’avenir de la Guyane comme région d’excellence sera considéré à la lumière de ses handicaps et de ses atouts en tant que RUP tels qu’ils sont reconnus dans le Traité de l’Union. On se référera à des documents de la CE, tels que le rapport sur la cohésion de l’Europe et la matrice de l’ultra-périphéricité. L’intégration régionale sera considérée dans ce cadre. La dernière section de cette troisième partie présentera un compte-rendu des entretiens avec les responsables politiques sur leur vision des problèmes et de l’avenir de la Guyane, et sur les moyens de les résoudre pour réussir son développement social et économique.

Page 91: Les tendances démographiques et ... - European Commission

91

Section 1 : Cohésion

La Guyane est de très loin la seule région de l’EU à conserver une fécondité très supérieure (oscillant entre 3,5 et 4,0 enfants par femme) au niveau de remplacement (2,1). Elle connaît donc une croissance naturelle élevée : supérieure à 2,5% depuis 1990 et qui restera bien au-dessus de 2,0% jusque vers 2020. A la croissance naturelle s’ajoute une migration nette importante, souvent supérieure à 2% annuellement. Il en découle un taux de croissance total oscillant entre 3% et près de 5% au cours des 20 dernières années. La base de sa pyramide d’âge très évasée lui assure un potentiel de croissance très important pour au moins les deux décennies à venir. Cette structure aura pour effet, dans les vingt prochaines années ou plus, des accroissements importants des effectifs, d’une part d’enfants d’âge scolaire et, d’autre part d’actifs entrants sur le marché du travail. Les préoccupations qui découlent de ces tendances démographiques, sont donc totalement à l’opposé de celles des autres RUP (sauf St Martin et secondairement la Réunion) et des autres régions de l’UE affectées à des degrés variables par un vieillissement important et souvent une baisse des naissances. La rapidité de la croissance démographique et la structure jeune de la population impose en effet d’accroitre (d’environ 3% annuellement) la capacité d’accueil des services d’éducation et de santé. Il s’y ajoute une immigration importante en provenance des pays frontaliers et d’Haïti. La part des personnes nées à l’étranger dans la population atteint 40% parmi les 15-64 ans. Peu de régions européennes connaissent une situation identique. Cette migration est principalement peu qualifiée et souvent en situation de grande précarité et une part importante de ces étrangers sont en situation administrative irrégulière. Son impact réduit donc la qualification moyenne de la population active et est un facteur de chômage et d’emploi instable. Si la structure par âge de la population de Guyane va très peut vieillir dans les deux décennies à venir (la part de personnes âgées augmente de manière à peine perceptible), sa croissance se traduit tout de même par un accroissement rapide des effectifs de personnes âgées. Ainsi, le nombre des 75 ans et plus sera multiplié par 3,5 à l’horizon 2030 et celui des 85 ans et plus par 3. Ce qui imposera un accroissement important des services et des dépenses de santé pour les personnes âgées et très âgées. En ce qui concerne la situation socio-économique, la Guyane est la RUP qui, sur la plupart des indices, présente les écarts les plus importants aux moyennes nationale et communautaire. La proportion de jeunes de 18-24 ans en situation d’échec scolaire (37%) est la seconde des RUP44. La part de diplômés du supérieur parmi les personnes de 30-34 ans (19%) est la troisième plus basse des RUP45 et très inférieure à la moyenne nationale (40,8%). Elle est moins élevée encore parmi les natifs (17%), tandis que l’immigration métropolitaine et communautaire compense en partie le très faible niveau des étrangers (4%). Certes, comme pour les autres DOM, une majorité des natifs diplômés de l’université ont émigré en métropole. Plus important encore, est la part notable des enfants qui ne sont pas scolarisés aux âges de scolarisation obligatoire, c’est le ce de 3% à 4% des enfants de 9-13 an ; la proportion approche 10% parmi les enfants nés à l’étranger. C’est dire qu’un effort important reste à faire dans le domaine de l’éducation et de la formation, à commencer par accroitre les services d’éducation primaire et secondaire, et aussi supérieur, pour assurer une scolarisation universelle à une population d’âge scolaire en croissance rapide.

44

Certes, ce taux est pour beaucoup dû aux migrants étrangers (60%) et il est seulement de 26% pour les

natifs de Guyane 45

La part de diplômés du supérieur à 30-34 ans est plus élevée en Guyane qu’aux Açores ou à Madère.

Page 92: Les tendances démographiques et ... - European Commission

92

Le taux d’emploi des 20-64 ans est dans la moyenne des Antilles (55%) et donc très loin de la moyenne communautaire (69%). Il apparait ainsi impossible de réaliser les objectifs EU2020, ni même d’atteindre à cet horizon la moyenne communautaire actuelle. Ce dernier résultat serait éventuellement atteignable à l’horizon 2030, mais cela reste très hypothétique. La part des jeunes de 15-24 ans « inoccupés »46 (35%) est la plus élevée des DOM, et donc très supérieure à la moyenne nationale (13,8%). Là aussi, cela tient en partie à l’immigration étrangère qui affiche un taux près du double de celui des natifs : 53% contre 25%. L’émigration des jeunes, considérée comme la solution pour réduire les contraintes sur le marché du travail, concerne principalement aux natifs, car la plupart des migrants étrangers n’ont pas le niveau de qualification pour trouver du travail en métropole. La difficulté est aussi grande pour les moins qualifiés des natifs, la migration vers le continent étant devenue de plus en plus sélective, elle concerne prioritairement les diplômés de niveau bac ou plus. L’amélioration des niveaux de formation des natifs et des migrants les moins qualifiés est donc un impératif pour les rendre employables dans les métiers qui représentent les perspectives d’avenir de ce DOM. La dépendance effective en Guyane (277%, ou 2,8 dépendant pour 1 adulte) est également la plus élevée des RUP, mais essentiellement en raison de la part importante des jeunes de moins de 15 ans. A la différence des Antilles, elle resterait pratiquement stable à l’horizon 2030 car la Guyane ne connaitra pas un vieillissement important de sa population. Seul une croissance de l’emploi permettra de réduire ce niveau très élevé de dépendance effective, ce qui, on l’a dit, est conditionné par la formation des jeunes entrant sur le marché du travail. L’économie guyanaise connaît une évolution semblable à celle des Antilles. Toutefois, la forte croissance de la population réduit fortement celle du PIB par habitant qui n’a été que de 2,6% en moyenne annuelle en 2000-2007 contre plus de 4% aux Antilles ; un taux également inférieur à la moyenne communautaire (3,8%). Ainsi, la Guyane voit donc s’accroitre son écart par rapport au PIB par habitant du continent. C’est la seule RUP dans cette situation. En 1995, le PIB SPA par habitant de la Guyane était 37% inférieur à la moyenne communautaire ; en 2007, il était 52% inférieur et la crise l’a amené à moins de la moitié (49%) du niveau de l’UE. Dans les 13 années de 1995 à 2008, la Guyane a vu son écart à l’UE s’accroitre de 34%. Cependant, elle a vu aussi sa productivité croitre plus rapidement que celles des Antilles entre 2000 et 2007 : 36% contre 31% en Guadeloupe et 26% en Martinique. Cependant, elle reste 22% en-dessous de la moyenne nationale contre 17% en Guadeloupe et 12% en Martinique. Ceci montre que si on augmentait l’emploi, l’écart de PIB se réduirait. Certes, l’emploi a cru de 10% sur la même période, mais pas assez pour absorber les nombreuses arrivées de jeunes et de migrants sur le marché du travail. La Guyane est aussi la RUP où la qualité du logement s’est améliorée le plus lentement au cours des années 2000. Il y restait 25% de logements « pauvres »47 en 2007. Si on ajoute les maisons en bois ayant les mêmes déficiences, la proportion s’élève à 32%. Un important effort de construction et d’assainissement des logements est donc nécessaire. Seuls 40% des logements sont raccordés au tout à l’égout et 40% disposent d’une fosse septique. Si le logement social (16%) y est 1 point plus élevé qu’en métropole ; sa production est très loin de couvrir les besoins d’une population qui vit souvent dans des conditions de forte précarité. En 2007, 31% seulement des couples avec enfants comptent deux adultes occupés, et 42% seulement des femmes chef de famille monoparentale ont un emploi. Dans l’ensemble des

46

Ni étudiant, ni en emploi 47

Habitation de fortune ou case traditionnelle sans eau ni wc à l’intérieur, ou sans électricité ou sans égout (écoulement à même le sol)

Page 93: Les tendances démographiques et ... - European Commission

93

familles avec enfant(s), 40% ne comptaient aucun adulte en emploi, et c’est le cas de 27% des couples ayant des enfants. Ces situations sont liées au chômage élevé que connait le DOM, et elles représentent un coût social et économique important. Dans le domaine de la santé, l’espérance de vie a progressé plus vite que sur le continent ; cependant, il subsiste un écart d’un peu plus de 2 ans par rapport à la France et d’environ 1 an par rapport à l’UE. La mortalité infantile y est la plus élevée des RUP, 2,5 fois supérieure à la moyenne communautaire. Aux âges adultes, si la mortalité par tumeurs est plus faible qu’en France, certaines causes de décès sont beaucoup plus élevées dans le DOM : c’est notamment le cas des décès liés aux maladies de l’appareil circulatoire et surtout aux maladies endocriniennes et métaboliques, ces dernières étant deux fois plus élevées qu’en métropole. Ces deux types de maladies chroniques sont sans doute les principaux sujets d’inquiétude, en raison de leur augmentation rapide et de leur coût élevé. Cependant, les mortalités par causes externes (accidents) et par maladies infectieuses sont très élevées en Guyane, de même que celles pour symptômes mal définis - ces derniers traduisent les insuffisances de la couverture médicale : les malades ne consultent pas - ou consultent tardivement – un médecin, ou ils ne sont pas suivis et la cause du décès peut être liée à des complications et difficile à déterminer. Le Sida est très élevé en Guyane : 7 fois supérieure à la moyenne nationale ; le taux de mortalité y est quant à lui 16 fois supérieure, témoin du dépistage tardif et du faible accès aux médicaments antirétroviraux. Cette mortalité élevée est pour beaucoup due aux migrants étrangers qui représentent 68% des malades. Cependant, il ne s’agit pas d’une migration pour accéder aux soins car la plupart des patients ignoraient leur statut de séropositivité et celui-ci n’est souvent déterminé qu’à un stade avancé de la maladie. Les décès par troubles mentaux liés à l’alcool et ceux par accidents des transports y sont deux fois plus fréquents que la moyenne nationale. La situation tient aussi pour une part à la faiblesse de l’offre de santé en Guyane, très en retrait par rapport à la métropole et aux autres Dom, tant en équipements qu’en personnels. Les taux de lits d’hôpitaux disponibles par habitant en chirurgie et en court-séjour sont moitié moins élevés qu’en métropole. Le taux de médecins spécialistes est seulement à 41% du niveau métropolitain et celui des infirmiers à 47%. La croissance de la population et sa dispersion sur un vaste territoire renforcent encore les effets de cette inégalité de niveau de services par habitant. Le relever pour atteindre la moyenne nationale apparaît tout simplement impossible, compte-tenu de l’ampleur du retard et de la rapidité de la croissance démographique. Il s’y ajoute un très forts déficit de cohésion interne, principalement liés à sa dimension géographique, avec les deux pôles de Cayenne et St Laurent du Maroni, éloignés l’un de l’autre et avec les différences côte-intérieur. La part importante de la population d’origine étrangère est aussi incluse dans cet enjeu qui recouvre en partie la configuration géographique, notamment les zones frontalières. C’est le cas à St Laurent du Maroni où la présence de l’immigration accompagne une forte croissance de la population. Ce double aspect de la cohésion impose d’accorder une large place au traitement des problèmes liés aux différences linguistiques et culturelles en vue de renforcer l’intégration socio-économique des migrants étrangers dans le système éducatif, sur le marché du travail, dans l’accès aux soins et dans la société guyanaise en général. Le faible niveau d’études et la précarité d’une grande partie de la population contribuent aussi à cette mortalité élevée, retardant les prises de conscience de la maladie et l’accès aux soins. Dans ce contexte culturel, lutter contre l’augmentation des maladies de mode de vie en divulguant l’information auprès de ces populations apparaît particulièrement difficile. Alors qu’elle a un territoire gigantesque pour sa population, la Guyane apparaît, malheureusement, comme la RUP la plus désavantagée et la plus éloignée des moyennes nationales et communautaires. De plus, sa forte croissance démographique y rend difficile de

Page 94: Les tendances démographiques et ... - European Commission

94

maintenir le niveau des services publics. Les efforts à engager sont énormes. Ils concernent principalement l’éducation, la santé, le logement, l’équipement et l’emploi. Ils devraient s’intégrer dans le cadre d’une mise en valeur d’ensemble de son vaste territoire riche de fortes potentialités. Cependant, le handicap éducatif et culturel, en partie en relation à l’immigration intense, est sans doute plus grand dans ce DOM que dans les autres.

Page 95: Les tendances démographiques et ... - European Commission

95

Section 2 : Risques et opportunités

La Guyane continuera d’enregistrer une forte croissance de sa population sur les prochaines décennies. Elle se trouve de ce point de vue dans la situation des pays en développement qui doivent ajuster en permanence le niveau des services à la croissance démographique, avec l’obligation d’obtenir une progression du PIB supérieure pour obtenir que le PIB par habitant s’accroisse au même rythme que dans l’UE. Le défi est d’autant plus important, qu’il lui faut rattraper le retard accumulé (en volume) dans les services d’éducation, de santé et de conditions de vie (habitat). Mais, il lui faut aussi en renforcer la qualité : car l’échec scolaire est fréquent, les niveaux de qualification sont faibles, et les mortalités infantile, maternelle et par maladies infectieuses sont encore élevées. Au total, la Guyane doit faire face à un double enjeu au niveau de l’ensemble de ses services publics : les développer à un rythme supérieur à la croissance démographique pour rattraper les retards accumulés, tout améliorant leur qualité. Comme dans les autres DOM, cette exigence d’une performance de meilleure qualité vaut pour l’enseignement primaire et secondaire, la lutte contre l’illettrisme et l’échec scolaire, la formation professionnelle, c’est-à-dire tout le dispositif qui forme le socle nécessaire à la croissance de l’emploi, elle-même impérative pour réduire la dépendance effective. Ce sujet de la dépendance effective apparemment commun à tous les DOM prend dans le cas de la Guyane une dimension particulière liée à la croissance démographique. Face à ces défis, la Guyane apparaît aussi comme un territoire riche de potentialités, encore très peu valorisées, dont au premier chef ses hommes et sa biodiversité. La question est celle du modèle de développement autorisant tout à la fois : plus grande efficacité des services publics, une performance économique accrue, une meilleure intégration des diverses populations et une égalité des chances et de traitement dans toutes les parties du territoire. La rapidité de la croissance démographique impose, cependant, de ne pas sous-estimer l’importance des moyens que cela suppose, sachant qu’il convient préalablement de combler les retards accumulés, notamment dans les domaines de l’éducation et de la santé. En effet, la croissance démographique pose d’abord un problème de couverture des services, et souvent les réalisations suivent difficilement l’accroissement des besoins. Il conviendra aussi d’être attentif à la complexité des réalités en cause. Ainsi, faudra-t-il avoir présent à l’esprit que l’absence de vieillissement démographique structurel, n’empêchera pas l’augmentation des effectifs de personnes âgées. Il s’agira certes d’un épiphénomène de la croissance démographique totale, mais sa rapidité posera le même problème d’ajustement de la quantité de services pour ces populations que pour les populations jeunes. D’autant que ces besoins se feront sentir dans un contexte n’offrant aucune possibilité de transferts de ressources des jeunes vers les plus âgés. En parallèle, la population active (native et immigrée) devra bénéficier de programmes importants de formation pour tenter de remonter son très faible taux de qualification et d’emploi. Mais la croissance de la population devrait toutefois permettre des économies d’échelle ; par exemple, le développement de certaines zones, comme St Laurent du Maroni, peut agir favorable dans le sens d’une baisse du coût des services. En matière de santé, le rattrapage de couverture nécessaire devra en partie se fonder sur un développement de la télémédecine, particulièrement adaptée à la réalité guyanaise, à son immensité, à la forte dispersion de la population et à l’isolement parfois important de certaines.

Page 96: Les tendances démographiques et ... - European Commission

96

Le développement de l’éducation à la santé devrait pareillement s’appuyer sur recours aux nouvelles technologies. La perspective envisagée s’inscrit dans un raisonnement en termes de « bassins de vie », s’accompagnant d’un développement des coopérations internationales avec les pays limitrophes de sorte à réduire les coûts des investissements nécessaires. Les migrations pour accoucher ou se faire soigner autour de St Laurent du Maroni pourraient être limitées par une offre de soins partagée. Les soins dentaires ou en ophtalmologie au Surinam pourraient en retour bénéficier aux Guyanais, tandis que les Surinamais pourraient se faire soigner en Guyane pour d’autres pathologies. Une telle organisation suppose d’affiner la connaissance des besoins au niveau local. A ce titre, la Guyane souffre aussi, plus que les autres DOM, du manque d’indicateurs utiles à l’élaboration de politiques publiques efficaces. A titre d’exemple, il est difficile d’adapter, d’améliorer et de gérer les services d’éducation et de santé lorsqu’on ne dispose pas d’une connaissance fine des populations à servir au niveau local. Des efforts devront également être consentis sur ce plan. La Guyane bénéficie certes des secteurs de pointes, avec le centre spatial, mais celui-ci demeure encore une sorte vitrine isolée dans un désert. De nouveaux chantiers à forte valeur ajoutée doivent être ouverts et disséminer leurs avantages sur tout le territoire, notamment dans les domaines des énergies renouvelables et de l’environnement. La région devra pour cela s’ouvrir aux concours extérieurs, car la Guyane souffre encore des traits propres aux pays en développement : faible qualification de sa population active, notamment étrangère et émigration des natifs diplômés, manque de main d’œuvre qualifiée, faible potentiel de formation universitaire au plan local. On ne manquer de souligner également l’effet négatif du travail illégal très répandu. Autant de facteurs qui pourraient limiter l’utilisation de technologies de pointes et freiner la mise en valeur et le développement du territoire. Le développement de l’activité et de l’emploi devrait être porté par le dynamisme démographique qui alimente les besoins en logements et en infrastructures, protectrices de l’environnement (distribution d’eau, collecte et traitement des eaux usées, des déchets, etc.). A la fin de l'année 2010, une évaluation des besoins en logements48 a été établie par le Service des Affaires Économiques et de la Prospective de la DDE, prenant en compte l’évolution du taux de croissance annuel de la population en Guyane : 3,9 % entre 1999 et 2007 contre 3,5 % entre 1990 et 1999 et l’augmentation de la taille moyenne des ménages (3,5 personnes en 2007 contre 3,35 en 1999). Ce point, qui distingue la Guyane de la métropole et des autres DOM, s’explique par la forte natalité qui augmente mécaniquement le nombre d'enfants par ménage, mais aussi par la faible décohabitation49. Il s’y ajoute une baisse du taux de renouvellement des logements, passant de 1,05% sur la période 1990-1999 à 0,4% entre 1999-2007, lié la forte tension sur le marché qui pousse les ménages à accepter des logements de mauvaise qualité. Cette contrainte est d’autant plus vive que la production de logements neufs semble s'essouffler. Le nombre de logements construits chaque année est passé de 2000 entre 1999 et 2004, à 1 800 entre 2004 et 2007. Ces données soulignent l’importance des besoins en logements à court terme. Ils sont estimés entre 3 300 et 3 700 par an50. La prise en charge de la dépendance, l’information-prévention dans le domaine des maladies de mode de vie et les prises de risques devraient pareillement être créateurs d’emplois.

48

La charte de l'habitat réalisée en 2006, comprenait des estimations des besoins en logements sur la période

2006-2012. 49 Celle-ci peut-être contrainte ou recherchée. 50

Si on avait appliqué le taux de renouvellement utilisé dans le scénario recadré de la précédente charte de l'habitat, les besoins en logements estimés auraient été de l'ordre de 4 000 par an.

Page 97: Les tendances démographiques et ... - European Commission

97

Mais, peut-être conviendrait-il également de tirer profit de l’expérience du Brésil dans sa phase récente de transition économique qui a, en partie, reposé sur une action visant à la réduction de la croissance démographique pour, d’une part, faciliter la couverture des services et, d’autre part, augmenter les bénéfices économiques par habitants. Ce mutation (ou fenêtre démographique) ne se vérifie pas en Guyane qui conserve une pyramide dont la base s’élargit en permanence. La question se pose de savoir s’il faudrait engager une action visant à réduire la fécondité par une politique de santé incluant l’information et l’accès aux contraceptifs. Les opportunités sont à l’image du territoire, immenses. On pourrait développer la production de bio-fuel, par exemple, ou de produits issus de la forêt ou de la mer, en tenant compte des contraintes environnementales, pour éviter les erreurs commises par les voisins amazoniens. C’est le cas avec les biocarburants, où l’accroissement des surfaces cultivées pourrait se heurter aux impératifs de préservation de la forêt tropicale. Il en va de même pour l’utilisation des déchets du secteur du bois : l’exploitation forestière est actuellement insuffisante pour que le secteur constitue une véritable alternative, mais déjà la résistance pour s’opposer à l’extension des zones de coupe. L’extension de la production de l’hydroélectricité par des barrages comporte elle un risque de génération de gaz à effet de serre, accru en milieu tropical avec la décomposition des végétaux produisant du méthane. L’évacuation de ces gaz impliquerait des coûts supplémentaires. Le choix de centrales photovoltaïques semble constituer une voie privilégiée susceptible de répondre aux difficultés de transport de l’électricité liées l’étendue du territoire. Une infrastructure composée de centrales non reliées au réseau départemental semble constituer une solution avantageuse. De même que la production domestique par le solaire (chauffage de l’eau, climatisation). L’enjeu est de mobiliser des porteurs de projet et d’attirer des entreprises qui s’investiraient dans l’innovation technologique, en corrigeant l’impact négatif de l’image de la Guyane, associée à son éloignement de la métropole, à un climat supposé difficile à certains et à une vie culturelle peu attractive. Si l’intégration régionale constitue un important facteur de développement, il s’avère plus compliqué en Guyane par le fait que les pays voisins disposent des mêmes ressources et de vaste territoire non encore mis en valeur. L’exigence d’une recherche de complémentarités dans des activités innovantes à forte valeur ajoutée comme socle du développement de nouveaux partenariats est ici plus vive encore. La Guyane pourrait aussi produire des énergies renouvelables pour les autres DOM et pour les pays de la Caraïbe. Pour ces derniers, la question se pose des coûts de production en DOM comparés à ceux des pays d’Amérique du Sud.

Page 98: Les tendances démographiques et ... - European Commission

98

Section 3.- Opinions des responsables

En matière de sante, la mise en place l’Agence régionale de santé (Ars) est doit être - selon ses responsables - l’occasion d’une forte refonte complète de l’organisation des services en Guyane, à travers notamment l’élaboration d’un PRS 2011-2015 (Projet Régional Stratégique de Santé). L’ambition est de trouver la meilleure adéquation entre l’offre et la demande, avec un gros enjeu de « rattrapage » compte tenu des défaillances encore importantes de l’offre de soins. Désormais, il y ne devrait y avoir qu’un seul opérateur dans les domaines de l’observation de la santé publique, des orientations stratégiques, du lancement des appels d’offre, du suivi des opérations de santé publique. Des groupes de travail51 ont été mis en place avec pour objectif l’analyse des parcours de soins et l’identification des points de blocages. L’un de leurs thèmes majeurs est celui l’équité dans l’accès aux soins52. L’ambition est d’en finir avec les politiques de demi-mesure pour, enfin, mettre en place des politiques pérennes. Toutefois, les projections et la prévision des besoins sont très dépendantes de la politique migratoire et du périmètre de la définition des populations exclues du droit. Le cas de l’l’hôpital de St Laurent est un bon exemple. Il y a 20 ans, c’était un dispensaire, il y a dix ans, on a convenu qu’on avait besoin d’un véritable hôpital, entretemps il y a eu le développement de l’offre à Paramaribo. La question est aujourd’hui de définir le type d’offre hospitalière le mieux adapté. La nouvelle approche ambitionne, à cet égard, de donner toute sa place à la coopération régionale, internationale. La coopération internationale permet de tenir compte des liens qui relient les populations de part et d’autre du Maroni (le bassin de vie des Bushinenge ne tient pas compte de la frontière). Le Suriname a éradiqué le paludisme, et de nombreux Brésiliens, Guyaniens, Amérindiens y vont clandestinement pour se faire soigner. L’autre exemple est celui de la possibilité offerte de consultations en ophtalmologie au Surinam. Il s’agit en résumé d’établir des complémentarités plus systématiques avec les pays voisins. L’ARS souhaite raisonner en termes de « bassin de vie ». En interne, le projet est de mettre en place des délégations de compétence interprofessionnelle pour faire tomber la pression sur l’offre de soins et de poursuivre la réflexion sur la santé dans les communes isolées. En complément, le choix est aussi de développer des pôles de compétences forts plutôt que disperser l’offre de spécialités ; par exemple en cardiologie plutôt que répartir les cardiologues entre les sites, créer une équipe forte. En matière d’emploi, les responsables interrogés ont souligné qu’un des enjeux majeurs de la Guyane est la faiblesse de l’emploi salarié. Plus de huit entreprises sur dix en Guyane n’ont aucun salarié déclaré. De plus ces entreprises sont placées dans un contexte fortement marqué par le

51

Y participent des services de la Préfecture, de la Sécurité Sociale, des acteurs du monde associatif, etc. Les synthèses sont attendues en novembre. http://www.gps.gf/images/download/accueil/prs-2010/prs-2010/PRS_agenda_28092010.PDF. Voir aussi le résumé du séminaire organisé par Guyane Promo Santé, sur la professionnalisation des médiateurs de santé http://www.gps.gf/agenda/icalrepeat.detail/2010/11/18/277/-ZDc1ZDgxMDYzYWU4NTUzNWY0ZjFiMGY4N2UyNzk2NjQ=.html 52

Cette démarche participative impose chacun d’évaluer son rôle, avec le risque d’échanges un peu conflictuels. Par exemple, la question du transport entre le dispensaire et l’hôpital, le transport n’est pas pris en charge, lourd de conséquences pour les malades chroniques.

Page 99: Les tendances démographiques et ... - European Commission

99

travail illégal sous toutes ses formes et les étrangers en sont souvent les principales victimes : «les employeurs et les clients en profitent ». Cela se traduit pour eux par des conditions de travail très précaires, notamment pour ceux qui sont en situation administrative irrégulière. Ce sujet constitue à, lui seul, un énorme chantier. Comme l’indique les responsable de Pôle emploi, «on ne peut pas s’attaquer à tout en même temps » et l’orpaillage illégal concentre l’essentiel des moyens de contrôle de l’état. L’autre problème majeur souligner par ces responsables locaux est le manque de qualification de la grande majorité des demandeurs d’emploi (60 %), d’où la difficulté (voire l’impossibilité) de répondre aux demandes du marché. S’agissant des travailleurs immigrés, il s’y ajoute la nécessité d’une mise à niveau en termes d’alphabétisation. A ce titre, l’institution intervient dans le financement de la lutte contre l’illettrisme PREFOP engagée depuis 10 ans en Guyane. Du point de vue du Conseil régional, le secteur minier devrait être un des pôles majeurs du développement de la Guyane, le second après le spatial. Il s’agit d’un secteur porteur avec un potentiel de 30 000 tonnes d’or, dont la valeur est encore renforcée par le niveau actuellement très élevée des cours (30 000 euros le kilo, contre 7000 au milieu des années 2000). Ce potentiel peut aussi fortement aider à un rééquilibrage en termes d’aménagement du territoire53 et de développement de l’emploi qualifié : les sociétés extérieures54 faisant le choix de former l’offre de travail locale plutôt que recourir à des techniciens expatriés, beaucoup trop couteux. La priorité de la Région est de maintenir la confiance des investisseurs étrangers pour les impliquer au-delà de la phase de recherche55. Dans le cadre du schéma départemental d’orientations minières (SDOM), une tentative de quantification du nombre de créations d’emploi a été engagée. Cette réflexion est conduite avec le Suriname56. Le SDOM devait être intégré dans le Schéma d’aménagement régional. Un plan de relance en cours de préparation devait être intégré dans le Plan stratégique de développement qui se fixe, entre autres objectifs, l’autosuffisance dans les secteurs de l’agriculture et de la pêche et le développement du secteur agro-industriel. Plus largement, l’idée qui prévaut est que pour le développement de la Guyane, c’est la logique économique qui doit primer. L’activité économique ne doit pas être dépendante des subventions aussi utiles qu’elles puissent être. Toutefois le rejet de la demande d’exploitation de la société CBJ-Caïman57 pour une mine à ciel ouvert58 à Kaw (secteur de Roura)59 a été très préjudiciable à ce développement60, avec pour conséquence directe la disparition d’un très grand nombre d’artisans (on en comptait plus qu’une dizaine en 2010 contre 120 avant 2008).

53

Potentiel reconnu, notamment sur Mana-St.Laurent, Maripasoula, et Régina. 54

La recherche de gisements est réalisée par des compagnies multinationales. 55

Exemple : la société Newmont, qui bénéficie de 1200 km2 de terrain et d’un permis d’exploration, s’est engagée dans l’exploitation d’une mine au Suriname, mais a déserté la Guyane, sans réclamer de permis d’exploitation ni poursuivre ses recherches. 56

Le Surinam sert de modèle pour les estimations d’emplois directement liés à l’exploitation et des emplois indirectement créés, par exemple, transports, alimentation, services 57

Filiale du groupe canadien Iamgold 58

Début des travaux d’exploration : 1994, arrêt 2008. 59

Voir le rapport de mission aux ministères de l’écologie et de l’intérieur : Projet d’exploitation par la société CBJ-Caïman/Iamgold d’une mine d’or à Roura (Guyane) et perspectives d’élaboration d’une politique minière en Guyane, Allain, Hirtzman et Chalvron, janvier 2008. 60

La production n’est que d’une tonne par an en 2010

Page 100: Les tendances démographiques et ... - European Commission

100

Le secteur bois dispose également, selon le secrétaire général de l’association des moyennes et petites industries, d’un réel potentiel de croissance que la crise de 2009, ne semble pas avoir l’affecté61. Les clients sont principalement les artisans, les constructeurs pavillonnaires et les particuliers. L’exportation demeure encore très modeste, seule la scierie de Kourou « exporte » aux Antilles62. Une des principales entraves à l’expansion de la filière demeure le manque de personnel encadrant qualifiés, faute de formation locale. Pour les ouvriers, celle-ci est réalisée en faisant appel à des intervenants de métropole. Un CAP forestier avait été mis en place (avec le lycée agricole) avec une formation sur 2 ans. Elle a été a été suspendue en 2010 faute de candidats. Les jeunes guyanais sont plus attirés par l’informatique et le commerce. La valorisation de la filière exige, à l’évidence, un effort important de communication, soulignant l’intérêt pour la Guyane d’une industrie du bois et indiquant aux jeunes la très large palette de métiers qualifiés possibles (de l’exploitation forestière, au sciage à la seconde transformation)63. L’apport des ouvriers étrangers est, en conséquence, essentiel pour pallier les manques de main-d’œuvre locale. Ce sont le plus souvent des Brésiliens ayant ont une expérience pratique dans le secteur du bois, mais qui se heurtent au problème récurrent du renouvellement de leur titre de séjour64 Une réflexion a été engagée sur ce point avec la Direction du travail. Le principe de l’établissement de contrats saisonniers a été envisagé pour fluidifier la gestion des embauches. Ce principe pourrait convenir à certains étrangers mais laisserait entier la question du maintien des effectifs. Un rapport au ministre de l’intérieur et l’Outremer65, suggère pour le pour le développement du secteur que la priorité soit donnée à l’autosuffisance du marché intérieur. Elle devrait s’accompagner de mesures incitatives favorisant le bois dans la construction de logements et de bâtiments publics. Dans cette perspective, on pourrait tabler, selon ce rapport, sur un potentiel de 700 à 1000 emplois supplémentaires à horizon 2030. Par ailleurs, la croissance démographique devrait également ouvrir des possibilités nouvelles à la fabrication de meubles pour satisfaire la demande intérieure, permettant du même coup les importations en provenance des pays voisins. Une autre piste serait d’approfondir les perspectives offertes à l’export par la fabrication de produits haut de gamme « sur mesure», types agencements intérieurs et mobilier en bois tropicaux précieux. Une valorisation énergétique systématique des déchets de l’activité forestière devrait, en parallèle, être encouragée dans une triple perspective : gagner en valeur ajoutée et donc en compétitivité pour l’ensemble de la filière ; augmenter les potentialités de substitution d’importations de produits pétroliers ; améliorer le bilan carbone et encourager le respect des bonnes pratiques d’exploitation forestières.

61

A titre d’exemple, le seul ralentissement observé à la Scierie du Larivot a été provoqué, non par une baisse des commandes, mais par la fermeture du pont entre novembre et le début de l’année 62

En l’absence de port en eau profonde limite les perspectives pour les exportations 63

Il y a un réel problème d’image. Les entrepreneurs sont souvent perçus comme acteurs de la déforestation. 64

La préfecture a du mal à traiter rapidement toutes les demandes 65

« Comment faire de la valorisation des ressources naturelles, notamment de la biodiversité, un levier pour le développement économique de la Guyane ? Constats, rapport d’étonnement, recommandations » pour le Ministère de l’Intérieur, de l’outremer et des collectivités territoriales.

Page 101: Les tendances démographiques et ... - European Commission

101

Bibliographie

Antiane Eco, Un logement sur quatre à Cayenne, Année économique et sociale 2008 en Guyane, Antiane Eco n°71, juin 2009, INSEE. Bazély P., C. Catteau, 2001, Etat de santé, offre de soins dans les Départements d’Outre-mer, Document de Travail DREES, série Etudes, N°14, juin 2001, 22p. Catteau C., P. Bazély, E. Nartz , 2004, L’évolution de la mortalité à la Réunion en regard des tendances en Antilles-Guyane et en métropole, Espaces, Populations Sociétés, 2, 397-413 Direction Départementale de l’Equipement de Guyane, 2006, Etat du logement locatif social en Guyane au 1er janvier 2006, Direction Départementale de l’Equipement de Guyane, Décembre 2006. Direction Départementale de l’Equipement de Guyane, 2006, La construction neuve en Guyane en 2005, observatoire économique et statistique, Direction Départementale de l’Equipement de Guyane, Avril 2006. Direction de l’Environnement, de l’aménagement et du logement, 2011, La construction neuve en Guyane 2009- 2010, réactivation des statistiques SITADEL, rapport service planification connaissance évaluation, Pôle connaissance, mai 2011. IEDOM, 2010, L’habitat dans les outre-mer français : progrès, enjeux, disparités, Les Notes de l’Institut d’émission, février 2010. IEDOM, 2010, Les caractéristiques de l’habitat en Guyane, Note expresse N°65, Janvier 2010. Réseau des Cellules Economique Régionales de la Construction, 2009, Tableau de bord interrégional de la construction : Guyane, octobre 2009. SAEP (Service des Affaires Economiques de la Prospective), 2010, L’habitat en Guyane : les perspectives partagées d’une politique de l’habitat, Direction Départementale de l’Equipement de Guyane, octobre 2010. TER, 2010, Tableaux économique régionaux de la Guyane», Insee Guyane, TER 2009- 2010.

Saucedo M, C. Deneux-Tharaux, M.H. Bouvier-Colle, 2010, Disparités régionales de mortalité maternelle en France : situation particulière de l'Île de France et des départements d'outre-mer, 2011-2006. BEH Thématique 2010 ; 2-3 : 15-18 , INSERM, unité 953.