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Les villes françaises du Nouveau Monde. Des premiers fondateurs aux ingénieurs du Roi (XVIe-XVIIIesiècles)by Laurent VIDAL; Emilie d'ORGEIX

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Presses Universitaires du Mirail

Les villes françaises du Nouveau Monde. Des premiers fondateurs aux ingénieurs du Roi (XVI e-XVIII e siècles) by Laurent VIDAL; Emilie d'ORGEIXReview by: Pierre VAYSSIÈRECaravelle (1988-), No. 74 (Juin 2000), pp. 275-277Published by: Presses Universitaires du MirailStable URL: http://www.jstor.org/stable/40854820 .

Accessed: 14/06/2014 07:19

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Comptes rendus 275

Au total, malgré des trous inévitables, ce livre est un trésor d'érudition, bien nécessaire dans les bibliothèques universitaires, mais destiné à des chercheurs déjà avertis.

Marie-Cécile BÉNASSY-BERLING Université de Paris III

Laurent VIDAL, Emilie d'ORGEIX.- Les villes françaises du Nouveau Monde. Des premiers fondateurs aux ingénieurs du Roi (XVIe -XVIIIe siècles).- Paris, SomogyEd., 1999.

Cet ouvrage collectif, parrainé par plusieurs institutions, dont le Centre international de la mer de Rochefort et le Centre des archives d'outre-mer d'Aix- en-Provence, a été réalisé par une vingtaine d'auteurs, sous la direction d'un historien latino-américaniste spécialisé dans l'histoire urbaine du Brésil et d'une historienne de l'architecture. Publié par un éditeur d'art, cet in-quarto offre au lecteur tous les agréments d'un ouvrage sur papier glacé, illustré par des cartes, des gravures et des plans datant d'une époque où l'exactitude dans la reproduc- tion n'excluait pas l'esthétique des lignes et des teintes. Une chronologie géographique et thématique, une bibliographie et un index onomastique complètent ce gros travail.

Selon un plan classique en trois parties, l'ouvrage s'intéresse, d'abord, à la politique d'urbanisation de la France dans le Nouveau Monde, puis il dresse un inventaire qui se veut exhaustif en même temps que comparatif, de ces « villes françaises du Nouveau Monde », avant de présenter une galerie de portraits des plus illustres « ingénieurs du roi » qui ont œuvré outre Atlantique. Dès la préface, les éditeurs soulignent l'importance des villes d'émigration que furent La Rochelle et Rochefort dans le dynamisme de la colonisation française, stimulée par la quête des fabuleux trésors, métaux et bois précieux, peaux et fourrures. Incontestablement, la Nouvelle France - immense partie de l'Amérique du Nord qui, jusqu'au traité d'Utrecht (1713), s'étendait de la baie d'Hudson à la Louisiane- fut jusqu'en 1763 le vrai laboratoire de la colonisation française. Mais la France avait aussi des vues coloniales sur la partie méridionale du continent, même si le traité de Tordesillas entre l'Espagne et le Portugal (1494) en avait fortement réduit les réalisations : la « France antarctique » autour de la baie de Rio de Janeiro et la « France équinoxiale » sur l'île de Maragnan ne furent en réalité que des confettis d'empire, trop vite balayés par la réaction violente des Etats ibériques... De la quête de l'eldorado, il ne devait finalement rester à la France que la Guyane (colonisée dès 1604), les Antilles françaises (à partir de 1635) et le petit archipel de Saint-Pierre et Miquelon.

Afin de permettre une histoire comparative enrichissante, les auteurs évoquent en parallèle la spécificité urbanistique des autres conquérants de l'Amérique : l'idéal géométrique utopique du modèle espagnol, symbolisé par le plan en damier et la « plaza mayor » ; le pragmatisme commercial des Portugais, pour qui la ville reste d'abord un comptoir ou un campement minier (il faut attendre la seconde moitié du XVIIIe siècle pour que la nouvelle capitale, Rio de Janeiro, adopte un plan régulier) ; l'espace urbain britannique plutôt désordonné et le style forteresse des Néerlandais. Une grille de lecture comparative nous est également donnée par l'évocation du style architectural militaire français, que ce soit dans les plans ou les réalisations « à la Vauban » (par exemple à Longwy ou à

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Neuf-Brisach), ou encore dans le style « arsenal », avec Rochefort, installé en 1655 dans des marais insalubres pour desservir les mers du Ponant.

Ces références objectives se retrouvent-elles dans l'urbanisme français du Nouveau Monde ? Pierre Pinol et Laurent Vidal apportent une réponse nuancée. Tout dépend de la fonction : comptoir commercial ou ville de peuplement ; zone agricole ou administrative, centre politique ou militaire. Comme l'écrit Franck Lestringant, la France en Amérique, c'est « un territoire en archipel ». D'où l'extrême diversité des projets urbains : « fortins faits de palissades en bois, bourgs aux contours irréguliers, villes fortifiées et planifiées, villes ouvertes en forme de grille » ( p. 57). Il est, bien sûr, possible de repérer quelques constantes dans le choix du site, qui recherche une défense naturelle, un point d'eau et des voies de communication. Mais jusqu'au milieu du XVIIe siècle, on a quelque difficulté à parler d'une politique urbaine digne de ce nom : fortins et comptoirs sont créés à l'initiative des colons eux-mêmes ou des compagnies commerciales ; c'est seulement à partir de la seconde moitié du siècle qu'on repère une plus grande volonté planificatrice, mais plutôt dans le style portugais : « pragmatique, sécuritaire et hygiéniste » (p. 59).

La seconde partie de l'ouvrage offre un inventaire des initiatives et des réalisations françaises. Ce parcours dans l'espace et dans le temps illustre assez bien le principe déjà affirmé, à savoir que la ville coloniale française d'Amérique a généralement été conçue par des ingénieurs de la marine ou du génie qui tracent plutôt des « comptoirs-forteresses » pour des commerçants qui se sentent menacés par les marines ibériques ou britanniques. Cette prédominance de l'architecture militaire souffre peu d'exceptions : c'est le cas de l'urbanisme « ouvert » des villes tardives de Saint-Domingue (Le Môle saint Nicolas, Port- au-Prince), où la fonction défensive semble avoir été « oubliée », contrairement à la Nouvelle France où elle reste primordiale.

La troisième partie s'intéresse aux « ingénieurs du Roi au Nouveau Monde » : ces militaires ont souvent fait de longs séjours aux Amériques avant de rentrer en France. Ce fut le cas d'Amédée-François Frézier (1682-1773) qui, dans sa « Relation du voyage de la Mer du Sud » (1716) ne cache pas son admiration pour ces villes en damier que sont Santiago du Chili et Lima ; un peu plus tard, à Saint Domingue on lui demandera de réparer des forts et de dessiner des enceintes bastionnées pour le compte de la Compagnie de Saint Domingue. . . De cette galerie de portraits émerge un autre ingénieur militaire, Gaspard-Joseph Chaussegros (1682-1756), qui fit une carrière de quarante ans en Nouvelle France, construisant des ouvrages de fortifications, des casernes, des forges, des

palais et même des églises. . . Voilà un ouvrage d'une grande richesse thématique, qui nous éclaire sur

l'émergence, parfois laborieuse, d'une politique urbaine, et plus généralement coloniale, de la monarchie française, entre le début du XVIe siècle et le milieu du XVIIIe siècle. L'avantage d'une partition multiple - chaque thème fait l'objet d'un bref chapitre confié, sauf exception, à un seul auteur - est de permettre une connaissance affinée de chaque colonie, dont la monographie urbaine est retra- cée minutieusement, et richement illustrée. Mais tout plan a ses revers, et celui qui a été retenu ne va pas sans inconvénient. Nous avons affaire, en effet, à ce

que Jean Leduc appelle un plan répétitif, en ce sens que le même thème - l'urba- nisation française aux Amériques - est plus ou moins repris trois fois, au niveau de la politique, des réalisations et des acteurs. D'où quelques répétitions et

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Comptes rendus 277

quelques maladresses de structuration. C'est ainsi, par exemple, que l'œuvre de l'ingénieur Chaussegros est évoquée au moins deux fois (p. 83-85 et p. 142- 145), par les mêmes auteurs d'ailleurs. De même, on s'étonnera de voir le para- graphe consacré à 1'« éducation des ingénieurs militaires » (p. 49-55) séparé de la troisième partie consacrée aux. . . ingénieurs du roi ! Mais ces réserves apparaî- tront comme mineures si on les rapporte à l'ampleur du projet, à la clarté de l'écriture, à la richesse iconographique. Même en l'absence de conclusion médi- tée, il est facile de dégager de cette lecture le sentiment que l'urbanisation (finalement) médiocre est un bon révélateur du faible intérêt porté par la couronne de France (et plus largement par les Français) à une politique de peuplement s'inscrivant dans la longue durée. Le contraste apparaît alors saisissant avec l'Espagne, qui a créé des centaines de villes dont beaucoup ont survécu, certes dans un espace qui leur était internationalement reconnu, mais avec une volonté de peupler au moins aussi forte que celle d'exploiter.

Pierre VAYSSIÈRE Université de Toulouse-Le Mirait

Eric ROULET.- La conquête des Amériques au XVI ̂ siècle.- Paris, PUF.- (« Que sais-je? »).-2000, 126 p.

C'est une véritable gageure que de se proposer de présenter la Conquête des Amériques au XVIe siècle sur les 120 pages de la petite collection Que sais-je? Projet ambitieux puisqu'il couvre environ un siècle, qu'il s'intéresse à toutes les Amériques et qu'il met en jeu bon nombre d'acteurs différents : les conquistadors, les colonisateurs, les populations indigènes, les Noirs.

Dans une première partie : « Découverte et conquête », E. Roulet présente les conditions de la découverte de l'Amérique en montrant bien tous les aspects aussi bien géopolitiques qu'économiques ou techniques.

Il est certain que le paragraphe consacré aux moyens techniques peut sembler un peu rapide, mais il faut noter la présence de la reproduction d'une gravure - dont on aurait d'ailleurs aimé connaître la provenance - représentant la Caravelle de C. Colomb, qui vient illustrer fort à propos avec quelques autres dessins ou quelques cartes la lecture souvent bien austère de cette collection.

Les ouvrages qui habituellement traitent de la conquête et de la colonisation ne se veulent pas aussi exhaustifs ; ils s'intéressent à l'Amérique hispanique ou à l'Amérique portugaise. Dans ce petit livre, le chapitre concernant les Portugais et le Brésil s'équilibre avec celui des Conquêtes espagnoles du Mexique et du Pérou.

La deuxième partie : « La colonisation du Nouveau Monde », amène exacte- ment les mêmes remarques : un chapitre sur « Français et Anglais en Amérique » fait pendant à la « Constitution des Empires espagnol et portugais ». Le projet est de tout aborder, tout traiter, tout expliquer dans un grand souci de clarté et pour offrir une vision élargie du sujet. C'est pourquoi non seulement il met en scène les Espagnols et les Portugais, mais aussi les Anglais, les Français et les Italiens. La découverte, la conquête et la colonisation ont été une affaire européenne.

L'Eglise n'a droit qu'à un chapitre, ce qui peut sembler léger, proportion- nellement au rôle qu'elle a joué alors. Et ce chapitre est bien succinct, il cite peu

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