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Nutr Clin M4tabol 1998; 12:55-56 Lettre a 1'6diteur Comme le soulignent Cuntz et al. [1], les m~langes ternaires ont 6t~ utilis6s chez l'adulte en nutrition parent6rale (NP) de moyenne dur6e, sup6rieure ou 6gale ~ 3 mois. Les auteurs ont indiqu~ qu'il s'agis- sait d'une nutrition prolong6e administr6e A des nourrissons et fi des nouveau-n6s, mais ils n'ont pas precis6 la dur6e de nutrition pour leurs deux grou- pes. La conclusion des auteurs : << La NP ternaire est plus pratique d'utilisation que la nutrition binaire >> est tout fi fait admissible [1]. Les auteurs concluent/t une tendance fi moins d'ano- malies des tests fonctionnels h6patiques (cholestase) en nutrition ternaire par rapport fi une nutrition binaire, en revanche, une telle constatation n'a pas ~t6 observ6e chez l'adulte [2]. En effet, en NP pro- long6e intra-hospitali~re, en nutrition isocalorique et iso-prot6ique, la cholestase a 6t~ significativement plus fr6quente en nutrition ternaire par rapport /t une nutrition binaire [2]. La cholestase 6tant multi- factorielle [3], il est cependant hfitif de tirer une conclusion radicale de cette derni+re observation. I1 faut cependant noter que l'inconv~nient des m~lan- ges ternaires en NP prolong6e a longtemps r6sid6 dans le fait que l'apport lipidique constituait 50 % de l'apport 6nerg~tique. Si le rapport iddal entre glucides et lipides, tout autant que le niveau d'apports (par rapport aux d6penses ~nerg6tiques de repos ou tota- les) est probablement sp6cifique /t chaque type de patients trait6s, il faut cependant noter que les besoins nutritifs en NP prolong~e sont susceptibles de chan- ger dans le temps chez une m~me personne. De plus, nous venons de d~montrer chez l'adulte, par une 6tude multivari6e, chez 90 patients en NP prolong6e (fi domicile), qu'un apport lipidique moyen (TCL et non TCM) sup~rieur ou 6gal /t 1 g/kg.j 6tait un facteur ind6pendant de la survenue de cholestase [4]. Enfin, en NP prolong6e, l'accumulation lipidique est docu- ment6e au niveau du syst~me r~ticulo-endoth~lial avec activation macrophagique, au niveau hbpatique [5] et au niveau m~dullaire [6]. Que les points citbs ne concernent pas les 6mulsions lipidiques d'introduc- tion plus r6cente sur le march6 reste/t dbmontrer. Pr Bernard Messing Hbpital Saint-Lazare, 107 bis, rue du Faubourg Saint-Denis, 75475 Paris cedex 10 Bibliographie 1. Cuntz D, Gottrand F, Michaud Let al. Int6r~t des m61anges ternaires pour la nutrition parent6rale pro- long~e chez le nourrisson. Nutr Clin M4tabol 1997; 11: 169-73. 2. Beau P, Chammartin F, Matuchansky C. Anomalies biologiques h6patiques, ict6res chol6statiques et nu- trition artificielle ~i l'h6pital. Gastroent4rol Clin Biol 1988; 12: 326-31. 3. Cano N, Messing B. Cons6quences physiopathologi- ques h6patobiliaires de la nutrition artificielle: in- fluence de la voie d'administration ent6rale versus parent6rale. Nutr Clin M4tabo11994; 8: 149-62. 4. Cavicchi M, Crenn P, Beau P, Degott C, Boutron MC, Messing B. Pr6valence et variables explicatives des complications h6patiques s6v~res associ6es ~ la nu- trition parent6rale de longue dur6e. Gastroentdrol Clin Biol 1997; 21: A203. 5. Degott C, Messing B, Moreau D et al. Liver phospho- lipidosis induced by parenteral nutrition: histologi- cal histochemical and ultrastructural investigations. Gastroenterology 1988; 95: 183-91. 6. Bigorgne C, Le Tourneau A, Messing Bet al. Sea-blue histiocyte syndrome in bone marrow secondary to total parenteral nutrition including fat-emulsion sources: a clinicopathological study of seven cases. Br J Haemato11996; 95: 258-62. R6ponse fi la lettre du Pr Messing La lettre du Pr Messing attire l'attention sur les cons6quences potentiellement n6fastes de la nutri- tion parent6rale ternaire sur la cholestase, li6es peut-~tre au fait que la stabilit~ de ces m61anges n~cessite une augmentation de l'apport lipidique, pouvant atteindre 50 % des apports caloriques de la nutrition parent6rale. Nos r6sultats ne semblent pas confirmer cette hypo- th6se, mais il nous paralt effectivement utile de r6p6ter les r~serves que nous avons apport~es /t ce travail : - il s'agit d'une comparaison historique, et mame si nous avons pu v6rifier la comparabilit~ sur un certain nombre de crit~res cliniques et nutritionnels des deux populations 6tudi~es, il faut rester tr+s prudent dans les conclusions que l'on peut tirer de ce type d'6tude ; - la dur6e de nutrition parent~rale 6tudi6e variait de 3 fi 6 mois dans les deux groupes, et on ne peut 55

Lettre à l'éditeur

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Nutr Clin M4tabol 1998; 12:55-56

Lettre a 1'6diteur

Comme le soulignent Cuntz et al. [1], les m~langes ternaires ont 6t~ utilis6s chez l'adulte en nutrition parent6rale (NP) de moyenne dur6e, sup6rieure ou 6gale ~ 3 mois. Les auteurs ont indiqu~ qu'il s'agis- sait d 'une nutr i t ion prolong6e administr6e A des nourrissons et fi des nouveau-n6s, mais ils n'ont pas precis6 la dur6e de nutrition pour leurs deux grou- pes. La conclusion des auteurs : << La NP ternaire est plus pratique d'utilisation que la nutrition binaire >> est tout fi fait admissible [1]. Les auteurs concluent/t une tendance fi moins d'ano- malies des tests fonctionnels h6patiques (cholestase) en nutri t ion ternaire par rapport fi une nutrit ion binaire, en revanche, une telle constatation n'a pas ~t6 observ6e chez l'adulte [2]. En effet, en NP pro- long6e intra-hospitali~re, en nutrition isocalorique et iso-prot6ique, la cholestase a 6t~ significativement plus fr6quente en nutrition ternaire par rapport /t une nutrition binaire [2]. La cholestase 6tant multi- factorielle [3], il est cependant hfitif de tirer une conclusion radicale de cette derni+re observation. I1 faut cependant noter que l'inconv~nient des m~lan- ges ternaires en NP prolong6e a longtemps r6sid6 dans le fait que l 'apport lipidique constituait 50 % de l 'apport 6nerg~tique. Si le rapport iddal entre glucides et lipides, tout autant que le niveau d'apports (par rapport aux d6penses ~nerg6tiques de repos ou tota- les) est probablement sp6cifique /t chaque type de patients trait6s, il faut cependant noter que les besoins nutritifs en NP prolong~e sont susceptibles de chan- ger dans le temps chez une m~me personne. De plus, nous venons de d~montrer chez l'adulte, par une 6tude multivari6e, chez 90 patients en NP prolong6e (fi domicile), qu'un apport lipidique moyen (TCL et non TCM) sup~rieur ou 6gal /t 1 g/kg.j 6tait un facteur ind6pendant de la survenue de cholestase [4]. Enfin, en NP prolong6e, l 'accumulation lipidique est docu-

ment6e au niveau du syst~me r~ticulo-endoth~lial avec activation macrophagique, au niveau hbpatique [5] et au niveau m~dullaire [6]. Que les points citbs ne concernent pas les 6mulsions lipidiques d'introduc- tion plus r6cente sur le march6 reste/t dbmontrer.

P r B e r n a r d M e s s i n g Hbpital Saint-Lazare,

107 bis, rue du Faubourg Saint-Denis, 75475 Paris cedex 10

Bibliographie

1. Cuntz D, Gottrand F, Michaud L e t al. Int6r~t des m61anges ternaires pour la nutrition parent6rale pro- long~e chez le nourrisson. Nutr Clin M4tabol 1997; 11: 169-73.

2. Beau P, Chammartin F, Matuchansky C. Anomalies biologiques h6patiques, ict6res chol6statiques et nu- trition artificielle ~i l'h6pital. Gastroent4rol Clin Biol 1988; 12: 326-31.

3. Cano N, Messing B. Cons6quences physiopathologi- ques h6patobiliaires de la nutrition artificielle: in- fluence de la voie d'administration ent6rale versus parent6rale. Nutr Clin M4tabo11994; 8: 149-62.

4. Cavicchi M, Crenn P, Beau P, Degott C, Boutron MC, Messing B. Pr6valence et variables explicatives des complications h6patiques s6v~res associ6es ~ la nu- trition parent6rale de longue dur6e. Gastroentdrol Clin Biol 1997; 21: A203.

5. Degott C, Messing B, Moreau D et al. Liver phospho- lipidosis induced by parenteral nutrition: histologi- cal histochemical and ultrastructural investigations. Gastroenterology 1988; 95: 183-91.

6. Bigorgne C, Le Tourneau A, Messing Bet al. Sea-blue histiocyte syndrome in bone marrow secondary to total parenteral nutrition including fat-emulsion sources: a clinicopathological study of seven cases. Br J Haemato11996; 95: 258-62.

R6ponse fi la lettre du Pr Messing

La lettre du Pr Messing attire l 'attention sur les cons6quences potentiellement n6fastes de la nutri- t ion parent6rale ternaire sur la cholestase, li6es peut-~tre au fait que la stabilit~ de ces m61anges n~cessite une augmentation de l 'apport lipidique, pouvant atteindre 50 % des apports caloriques de la nutrit ion parent6rale. Nos r6sultats ne semblent pas confirmer cette hypo- th6se, mais il nous paral t effectivement utile de

r6p6ter les r~serves que nous avons apport~es /t c e travail : - il s'agit d'une comparaison historique, et mame si nous avons pu v6rifier la comparabilit~ sur un certain nombre de crit~res cliniques et nutritionnels des deux populations 6tudi~es, il faut rester tr+s prudent dans les conclusions que l 'on peut tirer de ce type d'6tude ; - la dur6e de nutrition parent~rale 6tudi6e variait de 3 fi 6 mois dans les deux groupes, et on ne peut

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