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Le nouveau data.gouv.fr / Entretien avec MA Trojette : principe de gratuité des données publiques / Le mémo de fin de conversation téléphonique / Scope Santé : le site d'information sur la qualité dans les établissements de santé / E-administration en e-Estonie
Citation preview
L
Le 18 décembre 2013 a été lancé le nouveau portail
data.gouv.fr d’ouverture et de partage des données pu-
bliques. Cette plateforme entend créer une communauté
de producteurs et d’utilisateurs des données……..……..… p. 5
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Secrétariat du Conseil d’orientation de l’édition publique et de l’information administrative
26, rue Desaix 75727 Paris cedex [email protected] www.gouvernement.fr/premier-ministre/coepia
DDOONNNNÉÉEESS PPUUBBLLIIQQUUEESS
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CCrrééeerr llaa ccoommmmuunnaauuttéé ddeess pprroodduucctteeuurrss eett ddeess uuttiilliissaatteeuurrss
N° 16 Décembre
2013
INFORMATION ADMINISTRATIVEDONNÉES PUBLIQUESPUBLICATIONS ADMINISTRATIVES
Principe de gratuité
des données publiques :
entretien avec M. A. Trojette
Auteur d’un rapport sur les modèles écono-
miques des redevances existantes, M. A.
Trojette présente ses conclusions…….. p. 2
Nouveau mode de contact : le mémo
de fin de conversation téléphonique... p. 8
Scope santé : le site d’information sur
la qualité dans les établissements… p. 9
E-administration en e-Estonie : des
services numériques plébiscités... p. 12
Agenda des travaux……….…... p. 7
Suivi des recommandations…. p. 9
Initiatives……………....………..….. p. 14
À lire……………….………………….. p. 14
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2
ENTRETIEN MOHAMMED ADNÈNE TROJETTE
Chargé par le Premier ministre « d’évaluer les modèles économiques de chaque redevance
existante portant sur l’utilisation des données publiques », M.A. Trojette, magistrat à la Cour des
comptes, revient sur les conclusions de son rapport, remis le 5 novembre.
Quel est le champ couvert
par votre analyse en matière de
redevances de données pu-
bliques ? Vos conclusions peu-
vent-elles trouver à s’appliquer
aux services publics industriels
et commerciaux et,
plus généralement,
aux données détenues
par les administrations
mais non ouvertes ?
M.A.T. : Les services
publics produisent et
collectent un grand
volume de données.
Certains de ces jeux de
données publiques ont
naturellement voca-
tion, en application de la loi CADA
de 1978 [loi n°78-753 du 17 juillet
1978 modifiée] à être diffusées
pour être réutilisées, notamment
par les citoyens, les associations,
les administrations ou les entre-
prises.
Au printemps dernier, le Premier
ministre m’a demandé d’apporter
un éclairage sur le cas où la réutili-
sation de ces données publiques
donne lieu à la perception d’une
redevance par le service producteur
ou collecteur de données. Il souhai-
tait connaître précisément les rai-
sons pour lesquelles ces tarifica-
tions ont été mises en place, les
modèles économiques retenus et le
montant des recettes ainsi perçues.
Les services publics à caractère
industriel et commercial disposent
aussi de données très intéressantes
mais elles ne sont pas considérées
comme des informations publiques,
au sens de la loi CADA. Pour au-
tant, la plupart des constats et des
analyses présentées dans mon
rapport leur sont très directement
transposables, ainsi qu’aux don-
nées détenues mais pas encore
ouvertes, notamment le caractère
opportun de développer des straté-
gies fondées sur des plateformes de
diffusion de données.
Quels principaux enseigne-
ments tirez-vous de votre tra-
vail ?
M.A.T. : Le rapport que
j’ai remis au Premier
ministre permet de faire
partager un constat sur le
montant total des recettes
tirées de la réutilisation
des données publiques,
afin de mettre un terme à
la divergence des chif-
frages présentés anté-
rieurement.
En 2012, ces recettes s’élevaient à
environ 35 millions d’euro, dont
près de 15% acquittés par des ac-
teurs publics, notamment les collec-
tivités territoriales. En forte baisse
(-33%) par rapport à 2010, elles
étaient, de plus, caractérisées par
leur concentration importante sur
quelques services : un cinquième
des services considérés (l’INSEE,
l’IGN, le ministère de l’Intérieur et
l’INPI) percevaient en 2012 près de
80% des recettes totales.
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Principe de gratuité des données : entretien avec Mohammed Adnène Trojette
“ En passant à une logique de pla-teforme, l’administration peut, si elle le souhaite, constater préci-sément le moment où la valeur est créée par les réutilisateurs et la na-ture de cette valeur ”
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Votre travail met en évidence
l’émergence d'une concurrence
des données « collaboratives »
ouvertes par rapport à celles
détenues par les administra-
tions, notamment en matière
géographique ou météorolo-
gique. Est-ce un aiguillon salu-
taire pour ces administrations ou
un danger pour leurs missions
de service public ?
M.A.T. : Plus qu’un aiguillon salu-
taire, il s’agit d’une opportunité
formidable à plusieurs égards, à
condition de ne pas faire preuve
d’une naïveté excessive. Lorsque
ces projets collaboratifs sont fon-
dés sur l’idée de partage
d’informations et d’utilité sociale,
ils s’inscrivent dans la continuité
des valeurs du service public. De
plus, les démarches techniques et
méthodologiques de ces commu-
nautés d’utilisateurs offrent des
exemples de manières de faire
mieux. Par exemple, la mise en
place de plateformes, permettant à
des groupes d’utilisateurs de corri-
ger et d’enrichir en temps réel les
bases de données, s’appuie sur ce
que le rapport Collin et Colin sur la
fiscalité du numérique appelle le
« travail gratuit ».
Le véritable danger, à mes yeux,
est surtout lié au choix de certaines
administrations de privilégier la
tarification comme ressource de
court terme et barrière à la réutili-
sation massive, au risque d’une
perte de compétitivité relative des
données publiques de référence.
C’est en effet ainsi qu’elles per-
dront leur statut de données de
référence, y compris pour les ad-
ministrations censées s’appuyer
dessus. Est-il cohérent que le por-
tail d’information sur le prix des
carburants (entre autres) recoure à
des données cartographiques pri-
vées payantes quand le référentiel
de l’IGN lui est disponible gratui-
tement ?
Votre rapport comporte de
nombreuses comparaisons in-
ternationales. Où situez-vous la
France en matière d'ouverture
de données publiques ?
M.A.T. : Les acteurs français,
publics comme privés, ont bien
compris l’intérêt des données pu-
bliques et de l’ouverture. Les ac-
tions lancées par l’État et les col-
lectivités permettent à la France de
disposer d’une politique publique
d’Open Data dont nous n’avons
pas à rougir.
Très récemment, l’Open Kno-
wledge Foundation a placé la
France au 16e rang, sur 70 pays
analysés. En réalité, la France est
dans le peloton de tête, qui est tiré
par le Royaume-Uni – où le béné-
fice de l’ouverture des données
publiques est estimé à 8 millions
d’euros environ – et les États-Unis.
La France pourrait très facilement
se hisser dans le trio de tête, dans
ce type de classement, sous réserve
d’approfondir les efforts déjà réali-
sés, par exemple en matière de
transparence des dépenses pu-
bliques ou des codes postaux, ou
en passant à une stratégie de plate-
forme.
Vous proposez de développer
une stratégie de plateforme
permanente pour la mise à dis-
position des données ouvertes.
Comment imaginez-vous cette
plateforme ?
M.A.T. : La stratégie de plateforme
permanente n’est pas une stratégie
révolutionnaire en France. La place
du marché, la bourse, le port ou
l’université sont autant d’exemples
de lieux où la puissance publique
met à disposition un espace et un
ensemble de services favorisant les
échanges de biens, d’informations
et de compétences.
À l’heure des nouvelles technolo-
gies, il s’agit simplement de trans-
poser cette approche, à l’image des
modèles caractéristiques des éco-
systèmes numériques à succès. Une
plateforme de mise à disposition
des données publiques pourrait
notamment offrir une interface
automatisée d’échanges et
d’enrichissement d’informations,
un hébergement pour les applica-
tions et les visualisations de don-
nées ainsi créées, etc. Elle permet-
trait à des communautés de réutili-
sateurs de se constituer, de partager
des savoirs, de créer des services à
valeur ajoutée et de nouer des liens
avec l’administration.
Une telle plateforme participe
d’une infrastructure information-
nelle, que l’État a la responsabilité
de mettre en place.
Certains organismes publics
dépendent financièrement des
revenus de la réutilisation des
données publiques. Dans l'hypo-
thèse d'un développement pro-
gressif de la gratuité des don-
nées publiques, vous évoquez la
nécessité d'une transition. Sous
quelle forme peut-on imaginer
cette transition ?
M.A.T. : Réduire la conclusion de
mon rapport à une ouverture abso-
lue, gratuite et sans condition des
données relèverait d’un contresens. ▪▪▪
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Mohammed Adnène
Trojette
Ingénieur de l’École centrale des
arts et manufactures, spécialisé en
informatique et télécommunication,
ancien élève de l’Institut d’études
politiques de Paris (Sciences Po) et
de l’École nationale
d’administration (promotion « Ro-
bert Badinter »), Mohammed Ad-
nène TROJETTE est magistrat à la
Cour des comptes.
Ancien rapporteur au Conseil des
prélèvements obligatoires, rédac-
teur de plusieurs rapports portant sur
l’impact des nouvelles technologies
sur l’organisation et le fonctionne-
ment de l’administration (notam-
ment sur l’observatoire des services
d’eau et d’assainissement, sur la
liberté de communication audiovi-
suelle à l’heure des nouvelles tech-
nologies et sur la télévision connec-
tée), il enseigne les questions inter-
nationales à Sciences Po et y ani-
mera une conférence de méthode
intitulée « État et révolution numé-
rique » à partir de janvier 2014.
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Le principe de gratuité a été affir-
mé à plusieurs reprises par plu-
sieurs gouvernements successifs et
réaffirmé par le Premier ministre.
Les redevances de réutilisation ne
peuvent pas mettre ce principe en
échec, a fortiori lorsque
l’administration y recourt pour
limiter la demande de réutilisation
ou pour défendre des acteurs éco-
nomiques établis, en érigeant des
barrières aux nouveaux entrants.
Par ailleurs, l’estimation a priori
de la valeur actualisée des données
publiques est une gageure.
L’exemple de la cession de don-
nées cartographiques de l’IGN à
plusieurs géants du numérique est,
à cet égard, parlant et cet établis-
sement public a d’ores et déjà
commencé à faire évoluer son
modèle. L’État ne doit pas céder à
la tentation de monétiser à court
terme ses données, sous peine de
les céder à vil prix, en termes di-
rectement économiques ou en
termes de manque à gagner socio-
économique pour la Nation.
En passant à une stratégie de plate-
forme, l’administration peut, si elle
le souhaite, constater précisément
le moment où la valeur est créée
par les réutilisateurs et la nature de
cette valeur. Sans léser le citoyen,
l’association ou la jeune pousse,
elle peut dès lors s’inscrire dans
une logique de partage de valeur
avec les réutilisateurs ainsi identi-
fiés.
En savoir plus :
Rapport au Premier ministre, Ouver-
ture des données publiques - Les
exceptions au principe de gratuité
sont-elles toutes légitimes ?, Mo-
hammed Adnène Trojette, nov. 2013
Bénéficiaires des redevances en 2012
Source : « tableau de synthèse des données quantitatives sous-jacentes au rapport relatif à l’évaluation des redevances
existantes », data.gouv.fr. N’apparaissent sur ce graphique que les intitulés des 19 bénéficiaires de licences dont le pro-
duit 2012 est supérieur à 100 000 euros, sur les 27 recensés dans le rapport suivant le périmètre retenu pour son analyse.
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ACTUALITÉ
Le nouveau data.gouv.fr : créer la communauté
des producteurs et des utilisateurs
des données publiques
Le 18 décembre 2013, le Premier ministre, accompagné de Marylise Lebranchu, Ministre de la
réforme de l’État, de la décentralisation et de la fonction publique, et de Fleur Pellerin, Ministre
déléguée aux PME, à l’innovation et à l’économie numérique, a inauguré la nouvelle version du
portail de l’open data www.data.gouv.fr
e portail, mis en œuvre par
ETALAB, la mission char-
gée de l’ouverture et le
partage des données publiques du
SGMAP (Secrétariat général pour
la modernisation de l’action pu-
blique), prend une dimension réso-
lument sociale, en accueillant les
données et les contributions de
tous.
Ce nouveau portail, inspiré des
nombreux échanges du CoDesign
mené au printemps par Etalab, a
été développé autour de trois exi-
gences :
- permettre à l’utilisateur
d’accéder facilement aux données
les plus pertinentes pour répondre
aux questions qu’il se pose ;
- permettre à tout détenteur de
données publiques de les partager
en quelques clics : le travail sur
l’interface de backoffice a été ex-
trêmement poussé, afin que les
difficultés techniques ou
l’appropriation du mode d’emploi
ne puissent plus jamais représenter
une difficulté pour l’ouverture des
données ;
- enrichir les données publiques
grâce aux améliorations ou aux
interprétations des réutilisateurs.
Il devient ainsi l’outil d’une
communauté de producteurs et
d’utilisateurs de données
d’intérêt public, qui concourent
à l’amélioration et à
l’interprétation de ces données,
et dont les règles de fonctionne-
ment vont évoluer en fonction
des interactions à venir.
Le nouveau www.data.gouv.fr
continue à héberger les données
des administrations et des autorités
qui le souhaitent, comme, par
exemple, les comptes détaillés des
partis politiques publiés par la
Commission nationale des comptes
de campagne et des financements
politiques, ou, prochainement, les
avis de la Commission d’accès aux
documents administratifs (CADA).
Il choisit par ailleurs de référencer
les données des institutions qui ont
déjà fait l’effort de développer
leurs propres portails de diffusion
des données publiques, en ren-
voyant directement les internautes
sur leur site. Ce nouveau position-
nement a permis de rassembler
dans data.gouv.fr les données de
plus de 50 collectivités locales,
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. Le nouveau portail data.gouv.fr
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ainsi que d’institutions comme
l’ONEMA, l’INED, etc. Il trans-
forme ainsi data.gouv.fr en point
d’entrée unique pour les recherches
des Français.
Chaque jeu de données peut dé-
sormais être enrichi par les réutili-
sations des administrations, des
journalistes, des chercheurs et des
citoyens… Dès l’ouverture de cette
maquette, ce sont ainsi près de 450
réutilisations qui donnent un sens
nouveau aux données publiques.
Cet enrichissement est l’un des
apports importants du nouveau
portail pour les administrations qui
partagent leurs données, et rencon-
trent ainsi toute une communauté
d’innovateurs, testant sur leurs
données de nouvelles interpréta-
tions, de nouveaux points de vues
ou de nouvelles technologies.
Par ailleurs, l’État n’a pas le mo-
nopole de la production de données
d’intérêt général. Le portail da-
ta.gouv.fr a donc choisi d’accueillir
aussi ces données produites par des
entreprises, des citoyens, des col-
lectifs bénévoles…
Un visuel très précis permet de
repérer du premier coup d’œil les
informations d’autorité, proposées
par des administrations dont Etalab
garantit l’identité, et les informa-
tions proposées par des contribu-
teurs extérieurs, qui ne sont pas
certifiées par l’administration.
Cette nouvelle approche a d’ores et
déjà permis de rassembler autour
du portail plus de 200 producteurs
de données, comme l’École
d’économie de Paris, OpenStreet-
Map, OpenFoodFacts, NosDon-
nées.fr (Regards Citoyens et Open
Knowledge Foundation), ainsi que
des données produites ou référen-
cées par des entreprises comme
DataPublica ou OpenDataSoft.
▪▪▪ Les collectivités ayant contribué à data.gouv.fr au 18/12/2013
Exemples de réutilisations de données du nouveau data.gouv.fr et
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Du fait de ces différentes décisions,
le nouveau data.gouv.fr comprend,
dès son ouverture, quatre fois plus
d’informations que la version pré-
cédente.
Pour faciliter la recherche, Etalab a
entrepris de rassembler les fichiers
épars en séries complètes et conti-
nues (agrégeant les données dans
des tableaux portant sur la plus
grande série temporelle, ou la plus
grande surface géographique pos-
sibles). Ainsi, les 350 000 jeux de
données de la version antérieure
deviennent-ils désormais 2 900
séries complètes. Au total, il y a
désormais 13 000 séries dans
data.gouv.fr.
Cette concentration des données en
série moins nombreuses, ainsi que
les nombreuses possibilités de
contribution par les utilisateurs
(ajout de réutilisations, signalement
des fichiers les plus utiles, etc.)
permettent de simplifier grande-
ment la recherche, notamment en
faisant remonter en haut de réponse
les résultats les plus utiles, les plus
réutilisés ou les mieux notés.
L’ensemble du projet a été mené à
travers une méthode développée
par Etalab et la Direction intermi-
nistérielle des systèmes
d’information et de communication
(DISIC) : une start-up d’État, libre
de ses choix stratégiques et techno-
logiques, privilégiant le recours
aux solutions open source et au
cloud computing. L’investissement
sur cette nouvelle plateforme sera
donc entièrement amorti, dès 2014,
par les économies générées par le
fonctionnement de cette nouvelle
plateforme. De ce fait, la France a
choisi de travailler à partir du logi-
ciel open source le plus utilisé au
monde (la plateforme CKAN,
développée sous l’égide de l’Open
Knowledge Foundation), et de
rendre à la communauté, sur
GitHub, les codes du « French
Social CKAN », qui suscite un très
vif intérêt dans la communauté
internationale de l’open source.
Bien plus qu’un portail de données,
data.gouv.fr devient désormais la
plateforme commune d’une com-
munauté de producteurs et
d’utilisateurs des données pu-
bliques. La France ouvre ainsi une
voie extrêmement innovante dans
le mouvement mondial qui veut
que l’open data débouche sur un
engagement accru des citoyens et
sur de nouvelles pratiques de gou-
vernement ouvert.
Par Henri Verdier
Directeur d’Etalab
au Secrétariat général pour la
modernisation de l’action publique
(SGMAP)
Co-rapporteur général de la for-
mation spécialisée « Mise à dispo-
sition et valorisation des données
publiques » du COEPIA
Agenda
15/11/2013 Politiques de l’édition
publique >> groupe de travail sur
la diffusion du droit par l’État sur
internet : audition de la DGAFP
(Véronique TAUZIAC, Antoine
THOMAS) et de la DILA (Héléna
ALVES, Pierre LARRÈDE).
19/11/2013 Qualité de
l’information administrative des
usagers >> auditions de la Pré-
fecture de police de Paris (Denis
COTTIN, Emmanuel COCAUL,
Michel BARTHE), de la Direction
générale des douanes et droits
indirects (Yann HELOUET) et de la
Délégation générale à la langue
française (Jean-François BALDI,
Bénédicte MADINIER).
21/11/2013 Politiques de l’édition
publique >> groupe de travail sur
la diffusion du droit par l’État sur
internet : audition des ministères
des Affaires étrangères (Fran-
çoise JANIN) et de l’Agriculture
(Pascal RIPAULT).
29/11/2013 Politiques de l’édition
publique >> échanges sur des
pistes d’orientations concernant
la diffusion du droit par l'État sur
internet et sur les obligations de
publier des administrations.
02/12/2013 Mise à disposition et
valorisation des données pu-
bliques >> auditions sur la possibi-
lité d’étendre la politique
d’ouverture des données aux
collectivités territoriales et aux
délégataires de service public :
Pierre MARTINERIE, Vice-président
du Conseil général de Saône-et-
Loire, Jean-François CAILLARD,
Vice-président chargé de l’inno-
vation de Suez Environnement.
19/12/2013 Réunion plénière
07/01/2014 Politiques de l’édition
publique
13/01/2014 Mise à disposition et
valorisation des données pu-
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16/01/2014 Qualité de
l’information administrative des usagers
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Exemple de données produites par OpenStreetMap
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ACTUALITÉ
Un nouveau mode de contact à l’usager :
le mémo de fin de conversation téléphonique
Lancé par la Direction de l'information légale et administrative (DILA) pour les usagers du 3939
« Allo service public », un mémo permet aujourd’hui d’apporter un service complémentaire
aux usagers, tout en rendant plus efficace l’action de l’administration. Ce dispositif rejoint les
recommandations sur le renseignement téléphonique émises par le COEPIA en décembre 2012.
epuis le 12 juillet 2013, les
usagers du 3939 reçoivent
un document complet et
actif directement sur leurs smart-
phones et ce dès la fin de
l’entretien.
Un résumé et des informations
complémentaires
Baptisé « mémo », ce mode
d’interaction est une création origi-
nale qui permet de faire parvenir
un résumé complet de l’échange
téléphonique ayant eu lieu entre
l’usager et l’agent du 3939. Il se
fabrique dynamiquement en temps
réel pendant la conversation et sera
reçu et consulté quelques secondes
après avoir raccroché, par sms ou
par mail. Il se compose de la fiche
du guide « vos droits et vos dé-
marches », version mobile, corres-
pondant à la question posée, des
coordonnées nécessaires pour la
démarche concernée ainsi que des
détails pratiques personnalisés.
Tous les éléments dynamiques sont
conservés ; ainsi, les numéros de
téléphones sont cliquables, les
adresses ouvrent directement le
navigateur et les coordonnées sont
interprétées par le système de na-
vigation du smartphone. Ce sont
ainsi 25 000 mémos qui ont été
envoyés sur la période de juillet à
octobre 2013.
Des avantages pour l’usager
comme pour l’administration
En termes d’usage le mémo évite
d’avoir à lire et à décrire des listes
de pièces interminables, il évite
d’avoir à prendre des notes avec
tous les risques d’erreur que cela
comporte. Il permet une interaction
au téléphone plus rapide et plus
efficace en adéquation avec les
usages en mobilité, et surtout il
rentabilise l’usage du smartphone
pour l’usager et pour
l’administration. Enfin il répond à
une demande sociale d’un plus
grand engagement de
l’administration dans ses rapports
avec l’usager. En effet quoi de plus
rassurant que d’avoir une voix
humaine qui répond à votre de-
mande et une trace matérielle des
échanges qui ont eu lieu ?
L’usage du mémo est à ce stade
volontairement limité aux dé-
marches cartes grises. 38% des
mémos envoyés traitent de la dé-
marche d’acquisition d’un véhicule
et 29% du changement d’adresse,
de l’ajout ou du retrait d’un nom
sur la carte grise. Il est bien enten-
du prévu de continuer son déve-
loppement aux autres thématiques
utiles aux usagers de ce service qui
diffuse procédures et orientations
au rythme de 6 500 appels par jour
dans tous les domaines de l’action
administrative.
Ce nouveau médium permet de
faire baisser la durée moyenne de
conversation, et donc de maîtriser
le budget de la relation télépho-
nique et de l’enrichir utilement par
l’usage des terminaux connectés.
Depuis l’entrée en production du
mémo, la baisse des durées
moyennes de conversations est
continue et se confirme d’ailleurs à
ce jour.
L’introduction du mémo constitue
une innovation qui simplifie le
travail des agents au téléphone. À
terme, il peut permettre de prendre
un nombre plus important d’appels
pour un temps de prise en charge
moindre par usager mais avec un
service plus complet et personnali-
sé.
Dans le même temps, les usagers
plébiscitent cet usage et l’exprime
régulièrement. Il est rarissime
qu’un télé-conseiller se voit oppo-
ser un refus lorsqu’il, ou elle, pro-
pose ce mode de transmission de
l’information.
Vers d’autres applications
D’autres applications du mémo
sont également envisagées pour
permettre d’envoyer à l’appelant
des blocs d’informations autres que
les fiches d’une base de connais-
sance et les coordonnées de gui-
chets : il est tout à fait possible de
faire parvenir des formulaires ou
des interactions applicatives sécu-
risées ainsi que des simulations de
calculs. Pour les administrations
qui souhaiteraient ouvrir des télé-
services, mais qui s’y refusent
aujourd’hui pour des raisons de
sécurité, il est en effet possible
d’utiliser cette technique qui auto-
rise une authentification forte du
demandeur ainsi que des transac-
tions sécurisées pour la transmis-
sion de documents officiels.
Dans l’immédiat cet outil permet
d’enrichir « l’expérience usager »
et améliore certainement sa relation
à l’administration car il a
l’avantage indubitable de lever tous
malentendus « téléphoniques ».
Par Marc Missud Responsable 3939 « Allo service
public »
à la Direction de l’information
légale et administrative (DILA)
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ACTUALITÉ
Scope Santé : le site d’information
des usagers sur la qualité
dans les établissements de santé
La Haute Autorité de Santé a lancé, le 28 novembre, le site inter-net « Scope Santé » : un nouvel outil d’information des usagers sur la qualité dans les établissements de santé.
ans un contexte où la place
des usagers dans le
système de santé se
renforce depuis plus de dix ans, la
loi de financement de la sécurité
sociale 2012 du 21 novembre 2011
(article 161-37) a confié à la Haute
Autorité de Santé (HAS) la
mission de « coordonner
l’élaboration et assurer la diffusion
d’une information adaptée sur la
qualité des prises en charge dans
les établissements de santé, à
destination des usagers et de leurs
représentants ».
La qualité des soins est désormais
une exigence forte de notre société.
Elle tient à la fois de la volonté des
professionnels à l’intégrer dans
leur pratique et de celle des usagers
d’être sûrs qu’il en est tenu compte
dans leur parcours de soins.
La HAS a une fonction
d’intégration dans ce mouvement
convergent qui participe de l’open
data. C’est donc logiquement que
la HAS a conçu Scope Santé, site
internet dédié, www.scopesante.fr,
avec ses partenaires, le ministère
des Affaires sociales et de la Santé
et l’Agence technique de
l’information sur l’hospitalisation
(ATIH). Depuis plus de dix ans, la
HAS (et avant l’ANAES) a
développé des outils et démarches
qui ont favorisé la maturation de la
culture qualité au sein de la
communauté professionnelle, mais
aussi plus récemment auprès des
usagers.
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des dern ières
recommandat ions
Information administrative
locale : 10 recommandations
pour améliorer la qualité de
l’information locale délivrée aux
usagers (juin 2013)
>> les recommandations sont
mises en œuvre notamment par
le SGMAP, la DILA, le SIG et le
ministère de l’Intérieur.
Efficience de la publication
de l’État : 10 nouvelles recom-
mandations pour renforcer
l’efficience de la publication de
l’État, notamment en matière de
suivi des activités et de publica-
tion numérique (juin 2013)
>> les suites à donner à ces
recommandations reviennent en
particulier à la DILA, au SIG et au
SGMAP ; le COEPIA les intègre
pour sa part à son programme
de travail. La plupart des rap-
ports ministériels sur la stratégie
de publication, prescrits par la
circulaire du 29/03/2012, ont été
présentés au COEPIA, qui en a
notamment tiré les recomman-
dations ci-dessus.
Renseignement téléphonique
des usagers : série de 30 re-
commandations pour
l’amélioration de la qualité du
renseignement administratif des
usagers par téléphone (déc. 2012)
>> plusieurs recommandations
ont été reprises par le CIMAP du
18/12/2012, mises en œuvre par
le SGMAP, examinées par les
ministères pour intégration dans
leurs dispositifs. En particulier, les
ministères économiques et fi-
nanciers mettent en place un
groupe des bonnes pratiques
des centres d’appels à partir de
leur dispositif interne.
En savoir plus : www.gouvernement.fr/premier-
ministre/coepia
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10
Mouvement partagé par l’ensemble
des acteurs, ce qui permet
aujourd’hui de lancer un site
internet qui met à disposition
l’information sur la qualité des
prises en charge en établissement
et qui valorise les préférences des
usagers et la territorialité.
Cette information mise à disposi-
tion a vocation à s’enrichir au fur
et à mesure de la production d’une
information qui a du sens pour les
usagers. Cette démarche s’inscrit
dans le projet de service public
d’information en santé initié par la
Ministre des Affaires sociales et de
la Santé et s’appuie sur l’accès
ouvert et sécurisé aux données de
santé dont la mise en œuvre a éga-
lement été annoncée par la Mi-
nistre.
Un site destiné prioritairement
aux usagers
Ce site s’adresse aux usagers en
tant que citoyens et consommateurs
potentiels de soins hospitaliers. Il
place l’usager au centre de la re-
cherche d’information en le met-
tant en position d’évaluer les pres-
tations qui lui sont fournies, de les
comparer et de participer à leur
amélioration. Les représentants
d’usagers comme les profession-
nels de santé que le patient ren-
contre dans son parcours de santé
sont des relais de cette information
et de la pédagogie qui doit y être
associée et sont à ce titre une cible
intermédiaire de ce site.
Une première étape de diffusion
Dans cette première version du
site, la mission se concentre sur la
publication des données au-
jourd’hui disponibles. Elles recou-
vrent :
- les données d’activité (structure,
volume d’activité, équipement)
diffusées jusqu’ici sur le site
PLATINES et complétées par une
trentaine de nouveaux éléments ;
- les indicateurs nationaux généra-
lisés : les indicateurs de qualité et
sécurité des soins (IPAQSS) et
ceux issus du Tableau de bord des
infections nosocomiales actuelle-
ment diffusés sur Platines ;
- les résultats détaillés de 35 cri-
tères (sélectionnés par le groupe de
représentants d’usagers) jusqu’ici
uniquement accessibles à partir des
rapports de certification publiés sur
le site de la HAS.
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Les principes fondateurs
- La fiabilité des données : les
données publiées sur le site éma-
nent de sources officielles (minis-
tère et HAS) et sont mises à jour
régulièrement. Elles ne font pas
l’objet d’agrégation non validée.
- L’interactivité : au fur et à mesure
que la recherche d’établissement se
précise, les informations s’adaptent
pour rester pertinentes.
- La pédagogie : pour les non-
initiés, les données de santé sont
complexes à comprendre. À tout
moment, l’usager peut consulter
une aide pour connaître la défini-
tion d’un terme, comprendre la
méthodologie de construction d’un
indicateur ou savoir comment
interpréter un résultat. De même,
une information isolée est peu
informative pour le grand public,
c’est pourquoi Scope Santé fournit
des repères permettant de contex-
tualiser les données.
L’utilisateur peut graduer le niveau
de précision de l’information qu’il
recherche : afficher une synthèse
sur un établissement, explorer les
onglets qualité et activité pour
découvrir plus de résultats au tra-
vers d’une sélection d’indicateurs
ou approfondir en consultant la
fiche détaillée de l’établissement.
- L’évolutivité : un tel site se doit
d’évoluer selon les données et les
besoins. L’année 2013 est une
première étape. Les versions fu-
tures intégreront les indicateurs de
qualité et de sécurité des soins qui
seront prochainement généralisés
et soumis à diffusion publique. De
plus, les retours utilisateurs seront
pris en compte pour améliorer
l’application.
Les principales fonctionnalités
- La cartographie avec géolocalisa-
tion : pour consulter les établisse-
ments de proximité ou faire une
recherche par ville, département,
région, etc. La carte s’adapte aux
différents filtres opérés par
l’internaute.
- La recherche multicritères : en
précisant sa demande par profil,
spécialité, équipement. Le site lui
permet également de filtrer sur un
niveau minimum de qualité pour la
certification et certains indicateurs.
- La personnalisation : le site pro-
pose une sélection de 20 indica-
teurs qualité et de 10 données
d’activité correspondant à la re-
cherche de l’utilisateur. Celui-ci
peut aller plus loin en réalisant sa
propre sélection en ajoutant
d’autres indicateurs en fonction de
ses priorités.
- La comparaison : le site offre
deux niveaux de comparaison.
• une comparaison nationale :
l’établissement est positionné sur
une échelle de distribution natio-
nale ;
• une comparaison entre établisse-
ments, indicateur par indicateur.
Par Catherine Grenier Adjoint au directeur de
l’Amélioration de la qualité et de
la sécurité des soins (DAQSS)
et chef du service Indicateurs pour
l’amélioration de la qualité et de la
sécurité des soins (IPAQSS)
à la Haute Autorité de Santé (HAS)
L’information sur la qualité et la sécurité des soins dans les établissements
de santé
Ainsi que le COEPIA l’avait observé en 2012-2013, au cours des travaux menés sur les informations de santé par sa forma-
tion spécialisée « Mise à disposition et valorisation des données publiques », un important effort de transparence sur les
indicateurs de qualité et de sécurité des soins est accompli par les services de la Direction générale de l’offre de soins
(DGOS) du ministère de la Santé et de la Haute Autorité de Santé (HAS) (voir Lettre du COEPIA N°10).
Ainsi que le rappelle le dossier de presse du 28 novembre 2013, « chaque année, le mois de novembre est celui de la
diffusion publique des résultats annuels des différents indicateurs : en 2013, 7 indicateurs du tableau de bord des infec-
tions nosocomiales et 15 indicateurs de qualité et de sécurité des soins. Cette publication annuelle concourt au pro-
gramme national pour la sécurité des patients (PNSP) intégré à la stratégie nationale de santé : elle trouve naturelle-
ment sa place durant la semaine de la sécurité des patients, temps fort de communication auprès des usagers et des
professionnels de santé.
Depuis 2009, chaque établissement de santé – public et privé – a l’obligation de publier ses résultats individuels : dans
cet objectif, la DGOS et la HAS ont diffusé ces résultats sur le site Platines jusqu’en novembre 2012. En quelques années,
ces indicateurs sont devenus un outil de pilotage de la qualité et de la sécurité des soins, essentiel pour les différents
acteurs. Outil de pilotage interne tout d’abord : l’amélioration observée des résultats montre l’implication des profes-
sionnels dans l’amélioration de leurs pratiques et la manière dont les établissements s’en sont saisis pour établir leur stra-
tégie d’établissement. Outil de pilotage régional et national ensuite : et là, les indicateurs sont utilisés comme un outil de
reporting (suivi) pour les agences régionales de santé (ARS). Outil de transparence enfin, à destination des usagers : les
indicateurs sont alors le reflet de l'implication de plus en plus forte de leurs représentants. »
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ACTUALITÉ
E-administration en e-Estonie :
des services numériques plébiscités
Après son émancipation de l’URSS, l’Estonie s’est résolument tournée vers le numérique. Ce
« saut du tigre », qui a produit une administration numérique unique au monde, a été rendu pos-
sible par une forte pédagogie autour des TIC, un partage des données entre administrations et
de solides gages de confiance apportés aux citoyens.
epuis qu’elle a recouvré
son indépendance en 1991,
l’Estonie s’est employée, à
son échelle (1,3 million
d’habitants), à développer un mo-
dèle de société et d’économie ou-
vertes sur le monde et résolument
novatrices, en construisant une
ambitieuse infrastructure numé-
rique.
Ce pays balte s’est d’ailleurs rendu
célèbre pour sa capacité
d’innovation en matière informa-
tique, comme en témoigne le logi-
ciel Skype, développé par trois
Estoniens en 2003.
Depuis 1991, l’Estonie n’a eu de
cesse de bâtir une société du e-
service autour de solutions numé-
riques dont la clef de voûte est la
carte d’identité électronique. Les
services en ligne sont partout : de
la gestion de son compte en
banque, au paiement des impôts, en
passant par le vote, les Estoniens
n’ont besoin que de quelques clics
pour réaliser leurs démarches ad-
ministratives comme privées.
« Pour les Estoniens, utiliser ces
solutions numériques, c’est éco-
nomiser une semaine dans une
année pour faire autre chose »,
souligne Marit Maks, attachée des
affaires économiques et commer-
ciales à l’Ambassade d’Estonie en
France.
Le « saut du tigre »
La modernisation du pays n’aurait
pu se faire sans la volonté du pré-
sident estonien, Toomas Hendrick
Ilves, et le soutien des banques
estoniennes qui ont été les grandes
promotrices du développement
numérique du pays en finançant les
initiatives prises par le gouverne-
ment.
La première d’entre elles vise, à
travers deux programmes, à former
largement la population estonienne
à l’utilisation des nouvelles techno-
logies.
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Les portails internet :
www.borger.dk (citoyens)
www.virk.dk (entreprises)
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En 1996, le gouvernement lance le
programme « Tiigrihüpe » ou
« saut du tigre », pour équiper
toutes les écoles d’ordinateurs et
les connecter à internet. Parallèle-
ment, le déploiement du dispositif
« Vaata Maailma » (« voir le
monde ») entend mettre fin à la
fracture technologique en offrant à
chaque citoyen un ordinateur et un
programme de formation à
l’utilisation d’internet. Depuis son
lancement, ce programme a formé
quelque 100 000 personnes. Au-
jourd’hui, l’usage d’internet est
devenu une évidence pour les Es-
toniens. Près de 74% de la popula-
tion âgée entre 16 et 74 ans utili-
sent internet. 63% des foyers esto-
niens possèdent une connexion.
Un système d’échange entre
bases de données
La seconde initiative vise à créer
une infrastructure informationnelle
solide et sécurisée. Plutôt que de
créer une seule base de données,
l’Estonie opte pour le « Data Ex-
change Layer X-Road », un envi-
ronnement technologique sophisti-
qué qui permet de croiser les bases
de données administratives entre
elles en un lieu unique. « X-Road »
constitue la colonne vertébrale de
l’administration numérique de
l’Estonie. Il permet aux services
publics, aux entreprises et aux
citoyens, de communiquer et par-
tager des données dans un environ-
nement sécurisé.
Pour les administrations, cet outil
apporte un gain de temps considé-
rable et leur permet de gagner en
efficience. Du côté des citoyens,
« X-Road » offre un accès simple à
un large éventail de services en
ligne regroupés sur le portail cen-
tral de l’administration, eesti.ee.
L’ensemble des services publics y
sont répertoriés par grande théma-
tique (éducation, famille, argent,
voyage, santé, formulaires admi-
nistratifs, obtention de la carte de
vote électronique, services en ligne
de police, etc.).
Les clefs de leurs données sont
entre les mains des citoyens
Leur utilisation est conditionnée
par un processus d’authentification
assuré par une carte d’identité
électronique et un mot de passe.
Un espace personnel permet à
chaque citoyen de consulter et
gérer ses données. Il peut choisir
de les partager ou non avec une
administration ou un agent. Grâce à
un système de traçabilité, il peut
contrôler à tout moment l’activité
de consultation de ses données. En
cas de consultation non autorisée
de celles-ci par un agent, la loi
estonienne lui reconnait le droit
d’ester en justice. « Cette traçabili-
té constitue une garantie pour nous
tous » explique Marit Maks. Dans
une administration dématérialisée,
cette garantie augmente encore la
confiance des Estoniens dans les
services en lignes de l’État.
Une large adhésion aux services
numériques
C’est sans nulle doute cette con-
fiance qui a entraîné une adhésion
rapide au numérique dans le pays.
Pour Sigrid Kristenprun, déléguée
à l’information à l’Ambassade
d’Estonie en France, l’engouement
suscité depuis 2005 par le système
du vote en ligne constitue une
bonne illustration de cette adhé-
sion. Lors des élections locales de
2009, 104 413 électeurs ont voté
sur internet à partir de leur carte
d’identité électronique. Ils étaient
près de 265 000 lors des élections
locales de 2013. Les avantages
offerts par les solutions numériques
sont également appréciés par les
créateurs d’entreprises. Via le site
www.rik.ee, un usager peut créer
son entreprise en ligne en
20 minutes. Les membres du Gou-
vernement et du Parlement esto-
nien ont aussi adhérés rapidement
au numérique. Depuis la mise en
place en 2000 d’un système
d’information pour les sessions du
Gouvernement, la durée des réu-
nions hebdomadaires du Conseil
des ministres a été considérable-
ment diminuée. Une réunion dure
aujourd’hui 30 minutes en
moyenne contre 4 heures aupara-
vant.
Le même système a été mis en place
pour les sessions parlementaires où
le processus de création d’une loi
peut être suivi en temps réel.
Le succès du « modèle estonien »
dépasse ses frontières.
L’installation à Tallinn en 2008 du
« Centre d’excellence » de
l’OTAN pour la coopération en
matière de cyber-défense était déjà
une reconnaissance internationale
du savoir-faire de l’État estonien
en matière de systèmes
d’information. En 2013, le gouver-
nement finlandais vient de décider
de créer un dispositif d’échange de
données similaire à « X-Road »
pour développer ses services en
ligne, en ouvrant une coopération
avec les autorités estoniennes.
La politique menée par le gouver-
nement estonien depuis 1991 a
permis de construire une des admi-
nistrations numériques les plus
avancées en matière de services, de
transparence, de démocratie et de
sécurité informatique. Pour Andrus
Aaslaid, conseiller au sein du dé-
partement des systèmes
d’information du ministère esto-
nien des Affaires économiques et
des Communications, les défis à
venir seront cependant plus com-
plexes à relever. L’Estonie devra se
concentrer sur l’amélioration de
son offre existante, sa promotion
auprès des pays européens, et la
généralisation de l’usage des solu-
tions numériques. Pour construire
l’État numérique de demain, le
gouvernement mise sur le potentiel
des nouvelles générations. En
2012, une école de Tallinn testait
auprès d’enfants âgés de 7 à 16 ans
un programme de formation à la
programmation des ordinateurs.
En savoir plus :
Autorité des systèmes d’information
(Riigi Infosüsteemi Amet)
https://www.ria.ee/index.php?lang=en
Look@World Foundation
(Vaata Maailma)
http://www.vaatamaailma.ee/en/
(Rubriques en anglais)
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Directeur de la publication : Michel PINAULT
Abonnement/désabonnement : [email protected]
ISSN 2267-9022
Tous droits réservés
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ACTUALITÉ
À lire…
Nathalie
Silber
« L’édition française face aux défis
du numérique » Les Échos 13/12/2013 Publications
Analyse de la révolution numérique dans
le secteur du livre, pour les distributeurs et
les éditeurs.
S. Belouezzane,
C. Ducourtieux
« Vinton Cerf voit la Toile dans les
étoiles » Le Monde 11/12/2013
Info. adm. /
Données pub./
Publications
Interview de Vinton Cerf, un des scienti-
fiques américain à l’origine d’internet.
Nicolas
Rauline
« Plongée au cœur du web de la
prochaine décennie » Les Échos 10/12/2013
Info. adm. /
Données pub./
Publications
Article sur les perspectives d’internet à
l’occasion de la conférence « LeWeb ».
M.-O. Bherer Evgueny Morozov : « Internet est
soumis à la loi du marché » Le Monde 10/12/2013
Info. adm. /
Données pub./
Publications
Interview de l’essayiste E. Morozov sur le
web, qui invite à davantage prendre en
compte sa complexité dans la réflexion.
Nicolas
Rauline
« L'"open data" se diversifie et
s'étend en régions » Les Échos 04/12/2013
Données
publiques
Article sur la diversification du mouve-
ment « open data », à l’occasion du 4e
concours Dataconnexions.
E. Sabuncu,
A. Blanchard
« Pour un accès aux données sur
la recherche française » Le Monde 02/12/2013
Données
publiques
Tribune en faveur d’une plus grande
diffusion des informations sur l’activité des
laboratoires de recherche français.
Xavier
Sidaner
« Le web, nouvel espace de
participation à la réforme de
l’État »
Acteurs publics
N°100-101 01/12/2013
Données
publiques
Article sur la nouvelle plate-forme
collaborative lancée par le SGMAP pour
la simplification : faire-simple.gouv.fr.
Didier
Pourquery
« La citoyenneté à l’ère numé-
rique » Le Monde 27/11/2013 Publications
Supplément sur la démocratie participa-
tive, à l’occasion du « Forum mondial de
la démocratie ».
Benoît
Georges
« Singularity University, les adora-
teurs du futur » Les Échos 22/11/2013
Info. adm. /
Données pub./
Publications
Article sur la « Singularity University »,
soutenue par Google et la NASA, qui
veut sensibiliser les décideurs aux NTIC.
N° 7 Janvier
2013
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N° 16 Décembre
2013
ACTUALITÉ
Initiatives
Etalab (SGMAP) Lancement du nouveau portail data.gouv.fr 18/12/2013 Données
publiques
Sénat Création d’une mission commune d’information sur l’accès
aux documents administratifs et aux données publiques 11/12/2013
Info. adm. /
Données pub./
Publications
Ministère chargé
du Budget
Arrêté du 4 novembre 2013 portant création par la direction
générale des finances publiques d’un entrepôt de données
dédié aux études fiscales nationales et internationales dé-
nommé « EDEN »
11/12/2013 Données
publiques
Haute Autorité de Santé
(HAS), avec min. des Af-
faires sociales et de la
Santé, Agence tech. d’info.
sur l’hospitalisation (ATIH)
Lancement du site Scope Santé 28/11/2013
Info. adm. /
Données pub./
Publications
Sénat Création d’une mission d’information de la commission des lois
sur l'open data et la protection de la vie privée 27/11/2013
Données
publiques
Valérie Peugeot, dir.
(Conseil national
du numérique)
Rapport Citoyens d’une société numérique – Accès, Littératie,
Médiations, Pouvoir d’agir : pour une nouvelle politique
d’inclusion numérique
26/11/2013 Publications
Mohammed Adnène
Trojette
Rapport Ouverture des données publiques – Les exceptions au
principe de gratuité sont-elles toutes légitimes ? 05/11/2013
Données
publiques
R. Bigot, P. Croutte,
E. Daudey (CREDOC)
Étude sur « la diffusion des technologies de l’information et de
la communication dans la société française » Nov. 2013
Info. adm. / Publications