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UNE PUBLICATION DE LA FÉDÉRATION DES ÉTUDIANTS LIBÉRAUX I MARS 2016 news N° 8 LE MAGAZINE QUI DÉVOILE Le triomphe de la diplomatie 14 Bruxelles désertée par sa classe moyenne 20 Bernie Sanders, ce socialiste libéral ? 18 p. 12 p. 4 Dossier Mobilité

Libertines n°8

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Fédération des Étudiants Libéraux

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Page 1: Libertines n°8

UNE PUBLICATION DE LA FÉDÉRATION DES ÉTUDIANTS LIBÉRAUX I MARS 2016

newsN° 8

LE MAGAZINE QUI DÉVOILE

Le triomphe de la diplomatie14

Bruxelles désertée par sa classe moyenne20Bernie Sanders, ce socialiste libéral ?18

p. 12p. 4

Dossier

Mobilité

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Avec le soutien

FlashbackVous le savez, la FEL n’est jamais à court d’activités. Conférences,

débats ou activités folkloriques, il y en a pour tous les goûts. Voici donc un petit aperçu de ce qui s’est déjà passé depuis janvier...

Éditeur Responsable :François Lamy

Rédaction :Avenue de la Toison d’Or, 84 - 86

1060 BruxellesRédacteur en chef :

Gauthier VlassenbroeckComité rédactionnel :

Laura Borgers Thomas Cals

Thomas Caulier Laurent CostasJohn De Coster

Florence DelellioDenis Devivier Bàlint Gyévai

Laura Hidalgo François Lamy

Bastien Lombaerd Cédric Pierre

Louis Trouveroy Emilie Verstraeten

Direction artistique :Daphné Algrain

Dossier : Mobilité

POINT DE VUE : Un mandat en apnée pour Milquet

ACTU : Le triomphe de la diplomatie

INTERVIEW : Viviane Teitelbaum

CARTE BLANCHE

ACTU : Bernie Sanders, ce socialiste libéral ?

ACTU : Bruxelles désertée par sa classe moyenne

ACTU : Louvain-la-Neuve figée

CARTE BLANCHE

ACTU : Vu en Erasmus. L’enseignement hongrois à l’agonie

ACTU : État d’urgence. libertés sacrifiées ?

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19 Février 2016Mise au Vert

22 Février 2016Conférence " La Turquie et l'Europe "

01 Mars 2016Conférence " Quel avenir pour la Belgique ? "

03 Mars 2016Conférence " Les solutions face au radicalisme en Belgique "

La FELU a fêté ses 120 ans d'existence et de réflexion libérale. L'occasion de réunir les anciens et de discuter de l'évolution de la section.

Face aux propos tenus par la N-VA, le CEL ULB a souhaité ouvrir le débat sur l'avenir de la Belgique et notamment sur l'évolution du communautarisme.

Lors de sa conférence, le CEL ULB s'est interrogé sur l'éventuelle entrée de la Tur-quie au sein de l'Europe.

L'équipe d'animation de la FEL s'est réunie lors d'une mise au vert afin de préparer sa nouvelle campagne.

Pour sa première grande conférence, le CEL Ichec a reçu Didier Reynders, Ministre des Affaires étrangères afin de parler de la lutte contre le radicalisme.

17 Février 2016Midi politique au CEL ST-LOUISOlivier Maingain était l'invité du CEL Saint-Louis pour un midi politique traitant de la laïcité et du parti DéFi.

01 Mars 2016120 ans de la FELU

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Chers étudiants,Chers étudiantes,

Le premier quadrimestre fut empli d'émotions pour la plupart de nos concitoyens. Les attentats de Paris, le lockdown, la peur du lendemain assortis des habituelles épreuves de fin d'année

nous ont tous épuisés.

Quoi qu'il en soit, tel le phénix qui renaît de ses cendres, les Belges et les étudiants ont réussi à effacer ces mauvais souvenirs et, comme toujours, à regarder vers l'avenir,

tout ça dans l'optimisme.

En effet, le risque était grand de non seulement tomber dans l'amalgame mais aussi de succomber à la peur et au rejet de l'autre. C'est principalement le rôle de la jeunesse de favoriser et de promouvoir les douces vertus de la tolérance, de

l'acceptation et de l'accueil.

Ce Libertines est un très bel exemple d'avancée libérale. L'actualité récente de Bruxelles mais aussi les enjeux du 21ème siècle en termes écologiques principalement nous ont poussés à écrire sur le sujet très sensible qu'est la mobilité. Vous pourrez lire tout un dossier sur le sujet mais aussi de nombreux articles sur

des thèmes divers et variés.

Je vous souhaite à toutes et à tous une très belle lecture de ce Libertines et je vous donne rendez-vous sur nos campus pour

participer à nos activités libérales !

Édito MOT DU PRÉSIDENT

Rédacteur en chef

Président de la FEL

Les problèmes de mobilité sont endémiques à toutes les grandes villes. Certaines les règlent en demandant une participation financière des automobilistes, d’autres interdisent l’accès à leur centre-ville, d’autres encore, telle Bruxelles, ne les règlent pas. L’enjeu est pourtant crucial puisque notre société est fondée sur la mobilité. Déplacements pour se rendre au travail, pour aller étudier, pour des visites familiales,... Il est aujourd’hui impossible de ne pas se déplacer. Et pourtant, ici-même, au cœur de l’Europe, nous avons réussi, pendant des années, à nous désintéresser de cet enjeu fondamental. La mobilité a été négligée par tous et il était temps qu’elle revienne au centre du débat politique.

Loin de nous l’idée de prôner une approche du « tout pour la voiture ». Non, bien plus que cela, nous souhaitons une liberté de choix, une liberté où chacun peut décider quel moyen de transport il utilise pour se déplacer. Et même s’il est évident qu’il faut résoudre le problème des tunnels bruxellois, il faut aussi concentrer ses efforts sur les moyens alternatifs de transport, en favorisant la mise en place rapide et efficace du RER, en incitant le covoiturage, en augmentant les fréquences des transports en commun. Nous devrons faire des choix, oui, mais ne soyons pas dupes : une mobilité libérale et durable ne se construit pas seulement grâce à des tunnels bien entretenus.

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Avec la fermeture successive de plusieurs tunnels bruxellois, l'immobilisme belge en matière de mobilité refait encore surface. Si l'augmentation constante de la voiture est le cheval de bataille des écologistes, rappelons tout de même que la mise en place du RER et celle du Tram liégeois sont toujours au point mort.

La Capitale est pointée du doigt mais les autres grandes villes belges ne sont pas mieux loties.

Pourtant, le danger économique guette car la Belgique manque cruellement d'une vision libérale et écologique pour la mobilité de demain. Chaque jour, les Belges sortent de chez eux pour se rendre au travail. Un parcours qui s'apparente plus à celui d'un combattant en heure de pointe. Il est grand temps d'agir !

MOBILITÉ

DOSSIER p.05 Couvrez ce tram

que je ne saurais voir

p.06 Et si la Belgique était victime de son histoire ?

p.08 Réaction des libéraux sur la mobilité

p.10 Bruxelles immobilité. Bonjour !

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Des amourettes difficiles avec EurostatLa ville de Liège de Willy Demeyer (PS) et de son Premier Échevin Michel Firket (cdH) s’est pourtant faite toute belle pour obtenir l’aval de l’organisme européen de surveillance des normes comptables des pouvoirs locaux. Cependant, ce dernier est assez difficile et ne se laisse pas séduire facilement. À tel point qu’il inflige à Liège trois râteaux en dix mois. Le premier aura lieu en mars 2015 où la dépense de 380 millions d’euros projetée dans le partenariat public-privé devait être inscrite en une fois dans le budget régional. En juillet 2015, rebelote, le cœur de la Belle Dame se retrouve à nouveau brisé malgré les initiatives prises et des travaux autour du stade du Standard qui laissent à penser que l’équipe est en chantier depuis quelques temps. Pour finir, fin janvier, le refus du Ministre Di Antonio de se tourner exclusivement vers le privé afin de permettre l’étalement de la dépense persiste.

Quelle solution pour la Ville de Liège ?Afin d’attirer l’attention de son Don Juan, Liège ne baisse pas les bras et lance l’arme terrible qu’est … la pétition. Une arme qui pose pas mal de questions quant à son utilité. C’est un peu comme si la bête blessée allait " matcher " avec le premier venu sur Tinder pour rendre jalouse sa cible. Début février, on ne comptait que 6.500 signatures laissant ainsi retomber Liège dans la réalité. Dans Le Soir, Diana Nikolic (conseillère communale MR) considère que « c'est bien gentil mais ce n’est pas cela qui va sauver le tram ».

La mobilité : enjeu important en Cité ArdenteL’offre de transports à Liège se doit d’être importante. En effet, 36% des ménages ne possèdent pas de voiture. L’intermodalité – le fait de pouvoir combiner plusieurs moyens de transport - se doit d’être présente en Cité Ardente. Le réseau de bus est saturé avec une offre qui se réduit de plus en plus. La congestion automobile est en pleine croissance, laissant énormément de difficultés en termes de mobilité. Le tram n’est qu’un point de ce problème typiquement liégeois. D’autres solutions existent pourtant : la création de parking-relais en périphérie permettant l’intermodalité et la réorganisation du réseau de bus peuvent servir de contrepoids en cas de non-livraison du Tram.

COUVREZ CE TRAM QUE JE NE SAURAIS VOIRPrévue en grande pompe dans le cadre de la campagne de l’exposition internationale Liège 2017 qui ne verra jamais le jour, la ligne de tram censée relier le stade du Standard à Sclessin jusqu’à Coronmeuse est actuellement le monstre du Loch Ness belge, une chose dont tout le monde parle mais que personne ne voit. Mais pourquoi en parle-t-on autant ?

Denis Devivier

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Quelle Région est plus propice à la mobilité, de ses citoyens ? La Wallonie ou la Flandre ? Chaque année, les travailleurs belges qui se rendent au travail en voiture passent 59 heures dans les embouteillages soit 8 jours de travail perdu. Les 5 grands axes routiers se divisent entre nos trois Régions : Gand, Anvers, Bruxelles, Charleroi et Liège. Bien que la voiture soit le mode de transport où le Belge perd le plus son temps, elle reste celui le plus utilisé par les travailleurs. Environ 2 Belges sur 3 l'empruntent pour se rendre sur leur lieu de travail, bien souvent par manque d'alternatives. C'est d’autant plus le cas dans les zones les moins peuplées et les moins urbanisées du pays. C’est donc de facto, en Wallonie, que la voiture est la plus utilisée et où une mobilité durable tarde à voir le jour.

Ce ne sont pas moins de 82% des Wallons qui utilisent la voiture pour se rendre au travail, parcourant ainsi de longues distances : entre 20 et 60 kilomètres de trajet entre leur domicile et leur lieu de travail.

En Flandre, 14% des travailleurs utilisent le vélo pour effectuer le trajet du domicile à leur lieu de travail contre 69% pour la voiture, les distances étant généralement plus courtes : entre 10 et 30

kilomètres. Le lien à faire entre les deux est sans doute celui de la Région de Bruxelles-Capitale, région la plus peuplée du pays mais aussi la mieux desservie par les transports en commun. Trains, trams, métros et bus parviennent à faire détrôner l’usage de la voiture aux Bruxellois qui font en moyenne entre 0 et 20 kilomètres pour rejoindre leur travail.

La Wallonie, plus que la Flandre, doit soutenir le développement des transports en commun, mais aussi favoriser les entreprises à s’installer sur ses terres, afin de réduire les distances “ domicile-travail ”. La SNCB doit changer sa politique actuelle et faire en sorte que plus d’endroits en Wallonie, mais aussi en Flandre, soient desservis afin d’augmenter le nombre d’utilisateurs et donc, de travailleurs au sein de cette entreprise.

D’après une étude de la Commission européenne, ce sont le niveau des prix et l’attention portée aux utilisateurs des transports en commun qui sont les deux principales revendications des consommateurs insatisfaits. De plus, les grèves répétées des TEC ont terni l’image de ces transports en commun wallons, les rendant peu attractifs aux yeux des navetteurs.

ET SI LA BELGIQUE ÉTAIT VICTIME DE SON HISTOIRE ?

L’industrialisation wallonne qui fit de la Belgique, à un moment de son histoire, le pays le plus industrialisé au monde, fut le point de départ d’une politique de mobilité performante. Il fallait, pour permettre notamment aux travailleurs flamands de se rendre de l’autre côté de la frontière linguistique, développer un réseau ferroviaire. Le premier train sur le continent européen était alors mis sur rail dans notre pays. La Belgique était traversée de long en large par la machine à vapeur en vogue à l’époque. Plus tard, on développa la politique bruxelloise du “tout pour la voiture” qui permettait aux nombreux navetteurs de se rendre à la Capitale. Mais très vite, l’idée d’organiser des “ dimanches sans voiture ” fut émise tout comme le développement du tram. Les problèmes étaient en marche !Malheureusement, nous en arrivons au triste constat de la situation actuelle où chaque région est compétente pour gérer sa mobilité et où la SNCB est devenue ingérable.

Florence Delellio et Bastien Lombaerd

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Comment redynamiser la mobilité entre les deux Régions ?N’est-il pas surprenant de voir Madame Flandre manquer de main d’œuvre, pendant que ses deux voisines Mesdames Bruxelles et Wallonie souffrent du chômage ? La politique sociale aura beau tout faire, si aucune mesure n’est prise en faveur du développement de l’infrastructure favorisant la mobilité des travailleurs entre les deux régions, cette situation n’évoluera point.Certes, la Tec et De Lijn exploitent déjà 65 lignes interrégionales en plus de lignes supplémentaires de bus répanduent sur dix points sensibles proches de la frontière linguistique mais cela est loin d'être suffisant.

PLUSIEURS ÉLÉMENTS SONT À ENVISAGER SI L’ON VEUT

AMÉLIORER LA MOBILITÉ BELGE.

Il faut sans doute créer des lignes encore plus directes entre des villes plus éloignées, permettant aux Wallons de se rendre dans une ville flamande sans forcément devoir changer deux fois de trains, rentrer dans cinq bus différents et parcourir 5 kilomètres en tram pour arriver sur leur lieu de travail.

Construire des parkings de dissuasion sécurisés aux abords des grandes villes permettrait aux navetteurs de déposer leur voiture en toute tranquillité et de prendre l'un des moyens de transport en commun qui les amènerait vers leur lieu de travail.

Favoriser l’usage du vélo combiné à celui de transports en commun, grâce à l'intermodalité.

Réunir tous les titres de transport en un seul, permettant de prendre le bus à Florennes, le train à Anvers et le métro à Bruxelles avec le même abonnement.

Plus que jamais, nous pensons que les Régions doivent travailler avec les entreprises qui embauchent un certain nombre de travailleurs et réfléchir ensemble aux moyens qui faciliteraient la mobilité de ceux-ci à court et à long terme.

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Conseiller communal et Président des Jeunes MR de Ganshoren

LES SOCIÉTÉS COMME DJUMP OU UBER ONT LA COTE À BRUXELLES. ELLES RÉPONDENT À LA DEMANDE DES ÉTUDIANTS MAIS AUSSI À LA CONGESTION BRUXELLOISE. CROYEZ-VOUS QUE NOUS DEVONS FAVORISER CE GENRE D'ALTERNATIVE ? Je pense que des initiatives telles qu'Uber ou Djump doivent être favorisées et ce pour plusieurs raisons. J'en citerai 5. Le premier argument en faveur de ces alternatives est tout d'abord économique. Uber, avant son interdiction, c'était plus de 50.000 clients et des centaines de chauffeurs. Ces plateformes répondent à nouvelle demande. Uber et Djump répondent à un besoin exprimé par des jeunes. Ces derniers ne peuvent pas forcément se payer un taxi en fin de soirée et sont tributaires des transports en commun (inexistants après minuit). Le deuxième élément est relatif au coût pour la collectivité du secteur des taxis. À titre d'exemple, ces derniers ont été subventionnés à hauteur de 1.947.000 euros en 2015. Uber et Djump n'ont pas coûté 1 centime aux contribuables. En outre, le service Collecto coûte 1 million d'euros à la Région bruxelloise chaque année et est moins efficace que les nouveaux services. Le troisième point que j'aimerais soulever, c'est que l'avènement de ces nouvelles plateformes fait partie d'une mouvance que l'on ne peut ignorer, celle de l'économie collaborative. Cette nouvelle économie pèsera, selon une récente étude de PWC, près de 335 milliards d'ici 2025. Bruxelles, capitale de l'Europe, peut-elle rater ce virage ? Ce serait dramatique pour notre économie qui compte malheureusement encore des milliers de jeunes sans emploi.C'est au monde politique de s'adapter à l'innovation et non l'inverse.Le quatrième argument en faveur de ces plateformes provient du fait qu'elles permettent de mettre en exergue les réglementations obsolètes et liberticides. À titre d'exemple, l'ordonnance bruxelloise relative aux taxis date de 1995, j'avais 6 ans ! Le monde évolue et le législateur doit accompagner voire encadrer cette évolution, pas la freiner. Le cinquième et dernier argument défend l'idée d'une mobilité qui soit choisie et non subie. On le sait, les alternatives sont encore trop rares en Région bruxelloise afin de se déplacer efficacement. Ces nouvelles plateformes permettent d'élargir l'offre existante. La mobilité, selon moi, est le premier des droits car sans ce dernier nous n'avons tout simplement pas accès aux autres (droit de travailler, droit de s'éduquer, droit de santé etc).

LES BRUXELLOIS PAIENT LES POTS CASSÉS EN CE MOMENT SUITE AUX NOMBREUX PROBLÈMES DE MOBILITÉ (LE RER, LA FERMETURE DU TUNNEL DE L'AVENUE LOUISE,...). LA SOLUTION QUI A ÉTÉ CITÉE À PLUSIEURS REPRISES EST L'INSTALLATION D'UN PÉAGE URBAIN À BRUXELLES. EST-CE POSSIBLE SELON VOUS ?À titre personnel, je ne suis pas opposé au péage urbain en tant qu'outil de décongestion et ce, à moyen terme. Néanmoins, à court terme, je ne pense pas que ce soit la solution aux maux de mobilité dont souffre Bruxelles. L'offre de transports en commun à Bruxelles n'est pas performante. Il est malheureux de constater qu'il faille parfois plus d'une heure pour se déplacer de quelques kilomètres alors qu'en voiture, embouteillages compris, nous mettons beaucoup moins de temps pour le même déplacement.L'impact économique d'un péage urbain pour Bruxelles est inconnu. Si l'impact de l'instauration d'un péage s'avérerait neutre voire bénéfique par rapport au coût des embouteillages pour les entreprises, alors je n'ai aucun problème avec le péage urbain.En outre, si le péage urbain a pour unique objectif de financer la rénovation des tunnels, qui sont dans un état de vétusté avancé, je pense que cela constitue une erreur de raisonnement.En résumé, selon moi, le péage urbain ne fonctionnera que si nous disposons d'une offre suffisante de transports alternatifs d'une part et que les bénéfices dudit péage finance cette même offre alternative d'autre part. Le péage urbain c'est un outil parmi d'autres, pas une fin en soi.

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Député fédéral

SUITE AUX GRÈVES DE LA SNCB, LA MOBILITÉ ÉTUDIANTE S’EST RÉVÉLÉE BIEN COMPLIQUÉE ET CE N’EST MALHEUREUSEMENT PAS LA PREMIÈRE FOIS QUE CELA ARRIVE. QUE PENSEZ-VOUS DE L’INSTAURATION D’UN SERVICE MINIMUM AU MOINS DURANT LES PÉRIODES D'EXAMENS ? Ce qui est devenu inacceptable, c’est qu’à l’instar de la dernière grève du mois de janvier (la plus dure des 30 dernières années telle qu’annoncée initialement), le mouvement de grève du rail n’est aujourd’hui plus utilisé comme un ultime recours en cas d’échec de négociations. Non, aujourd’hui il est brandi à tout bout de champ et est utilisé comme un outil de chantage servant à mettre la pression sur les directions du rail et du Gouvernement avant même la fin des négociations. Cela ne peut bien entendu plus durer étant donné que ce sont les navetteurs qui en sont les principales victimes dont, a fortiori au mois de janvier, les étudiants. Si nous respectons profondément le droit de grève, celui-ci ne peut entraver le droit de chacun de se rendre sur son lieu de travail, à un examen, à l’hôpital ou à l’école. Ce qui est primordial à mon sens c’est que les pouvoirs publics puissent garantir aux citoyens, navetteurs, travailleurs ou étudiants la continuité du service public de transport. C’est le rôle de l’Etat et, ce faisant, je suis donc pour la mise en place d’un plan de transport alternatif adapté en cas de grève, d’un service garanti. (…)Nous sommes conscients que ce concept ne sera pas aisé à mettre en place parce que les réticences sont grandes. Mais d’autres pays y sont arrivés alors pourquoi pas en Belgique ? Dire que c’est impossible avant même d’avoir essayé est de la mauvaise foi. (…)À l’heure actuelle, quatre scénarios de service garanti sont sur la table, chacun imaginant différents niveaux de capacité, d’heures d’activité, de lignes desservies et de personnel nécessaire. Les principes devant servir de balises étant : la sécurité, la clarté de l’organisation et dispositions spécifiques, la simplicité et bien entendu la communicabilité auprès des navetteurs.

LA VILLE DE LIÈGE EST TOUCHÉE PAR LA CONGESTION AUTOMOBILE. LA RÉGION WALLONNE POURSUIT FINALEMENT LE PROJET DU TRAM DE LIÈGE, MALGRÉ UN TROISIÈME AVIS NÉGATIF D’EUROSTAT. PAR AILLEURS, LA SNCB A DÉCIDÉ DE LANCER UN PLAN TRANSPORT ET D'INVESTIR DANS LE REL (RÉSEAU EXPRESS LIÉGEOIS). EST-CE QUE VOUS CROYEZ QUE SUR LE LONG TERME CELA SOLUTIONNERA LES PROBLÈMES DE MOBILITÉ ? LES JEUNES UTILISERONT-ILS PLUS LES TRAINS ?Nous allons peut-être enfin connaître la fin de la saga du Tram à Liège… jusqu’au prochain épisode ! Quoi qu’il en soit, il faut être conscient que le tram seul ne suffira pas à améliorer durablement la mobilité dans l’ensemble de l’agglomération liégeoise. Le REL, le réseau ferroviaire suburbain, représente à mon avis le rouage essentiel d’une mobilité plus efficace permettant une réelle plus-value pour les citoyens qui se déplacent, pour le développement économique en région liégeoise et pour l’environnement. Liège bénéficie d'une ceinture ferroviaire exceptionnelle avec 3 gares en centre-ville et une série de gares situées en périphérie (Angleur, Esneux, Herstal, Jemeppe, Milmort, etc). Les bâtiments existent, les rails existent, il s’agit là d’un atout inestimable en terme de mobilité à condition d’utiliser cet outil existant de manière optimale. Par exemple, en heures de pointe, les relations actuelles ne sont utilisées qu’à 30% ! La seconde condition est de penser intelligemment les éléments complémentaires à venir greffer au réseau existant, notamment en misant en priorité sur une meilleure accessibilité des gares. Si nous parvenons à garantir un accès aisé aux gares à tous les types de transport nous pouvons alors espérer rentrer dans un système de transport intégré efficace : l’intermodalité (l’interconnexion entre les différents modes de transport : tram, bus, vélo et voitures). (…) Le Réseau Express Liégeois c’est aussi un état d’esprit. Il peut devenir une réalité dans un futur proche mais à condition que l’ensemble des niveaux de pouvoirs partagent une même vision et agissent de concert. Les lignes bougent et les mentalités évoluent, je suis donc optimiste.

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La politique de mobilité adoptée à Bruxelles depuis 1990 est un échec.Ce triste constat n’est que la conséquence d’une

mauvaise politique de mobilité. En effet, Bruxelles paie ses lacunes en termes d’investissements et de vision à long terme au cours des 30 dernières années. Bien que la Région de Bruxelles-Capitale se soit dotée du métro en 1976 et que le réseau ait été en expansion, sporadique certes, mais en expansion tout de même jusqu’en 2003, les infrastructures sont totalement insuffisantes et nul ne peut le nier. On parle également d’une extension du réseau de métro, pour un montant de 20 millions d’euros, partant de la gare du Nord pour rejoindre Bordet mais les permis d’urbanisme, si le projet se concrétise, ne seront pas introduits avant début 2017. Nous pouvons donc espérer, puisque l’espoir fait vivre, une ouverture de la ligne 3 pour 2024…

Il est également question, depuis le début des années 1990, de la création du réseau express régional bruxellois plus communément appelé RER. Aujourd’hui, en 2015, on avance une date d’inauguration en 2025 alors que la mise en service des premières lignes était initialement planifiée pour 2012.En attendant l’arrivée du RER, les tunnels bruxellois restent un élément indispensable et vital à la mobilité. Il n’est donc absolument pas acceptable ni réaliste, contrairement à ce que Bruno de Lille prétend, que l’on puisse imaginer une fermeture des tunnels bruxellois d’ici 10 ans.

Venons-en maintenant à la circulation en voiture dans

la Capitale en surface et dans les tunnels où le constat n’est guère plus flamboyant et enthousiasmant. En effet, Bruxelles connaît une situation dramatique que l’on pourrait qualifier de tunnelgate, en conséquence de l’état d’altération plus qu’avancé des tunnels Léopold II, Stéphanie et Montgomery. Il ne faut pas être devin pour savoir que, tôt ou tard, il aurait fallu fermer les tunnels. On parle de leur état de détérioration depuis plus de 20 ans et rien n’a été fait pour remédier à la situation. Aujourd’hui, alors qu’il est déjà trop tard, le Gouvernement bruxellois décide de créer une commission d’enquête sur les tunnels qui sera présidée par Charles Piqué pour savoir si oui ou non il y a eu des manquements dans la gestion et l’entretien des infrastructures. Pour reprendre les propos du Député Boris Dilliès, alias monsieur tunnels du MR bruxellois, « C’est un peu comme si le patron de Volkswagen présidait la commission d’enquête sur les émissions de CO2. »Nul ne peut nier l’état de délabrement avancé des tunnels bruxellois comme le tunnel Léopold II dont la traversée s’apparente à une visite de la Grotte de Lascaux. On peut y voir de l’eau ruisseler sur les parois, des stalactites et des peintures rupestres d’ingénieurs montrant l’endroit où des sondages ont été effectués dans le but d’éviter la chute de blocs de béton sur les automobilistes.

Ce tunnelgate n’est pas sans conséquences selon Agoria, la fédération des entreprises technologiques, puisque cette dernière annonce que la question de la mobilité à Bruxelles est le problème le plus important des entreprises situées sur le territoire de la Région

BRUXELLES IMMOBILITÉ. BONJOUR ! Le constat est indéniable et les statistiques

le prouvent, Bruxelles rafle le titre de capitale mondiale des bouchons devant Los Angeles,

Londres, Paris et Rotterdam. En effet, selon une étude publiée par INRIX (société qui fournit

des services en ligne liés à la mobilité) en 2013, les Belges passent en moyenne 82% de temps en plus dans leurs véhicules lorsque le trafic est congestionné. En d’autres mots, un

automobiliste belge passe en moyenne une semaine de travail complète dans les bouchons.

Laura Borgers et Laurent Costas

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de Bruxelles-Capitale. En effet, deux entreprises sur trois ont des difficultés à recruter des collaborateurs ou à les garder à cause des manquements en matière de mobilité. De plus, 60% d’entre elles envisagent de déménager en dehors de la Région dans le simple but de garantir l’accessibilité au lieu de travail à ses travailleurs. S’inspirer des autres villes européennesLa mobilité d'une ville est pourtant un facteur important de cohésion sociale puisqu' elle favorise la mixité. Cela permet à tout un chacun de se déplacer librement, sans contrainte de temps et d’un nombre infini de correspondances afin d’aller vers l’autre au lieu de rester cloisonné dans son quartier, sa commune.

Et malheureusement, aujourd’hui, dans la capitale de l’Europe, cela n’est toujours pas possible alors que ça l’est à Copenhague qui est aujourd’hui, la capitale du vélo en Europe avec Amsterdam. Cela n’est toujours pas possible alors que ça l’est à Londres. Cela n’est toujours pas possible alors que ça l’est, dans une moindre mesure certes mais tout de même à Paris.Copenhague est la capitale européenne du vélo avec pas moins de 31% des déplacements qui se font sur deux roues et on atteint même une proportion de 55% dans le centre de la capitale. Cela est dû à une politique de mobilité responsable entamée dans les années 1980 par la municipalité. En effet, cette dernière a multiplié les aménagements de pistes cyclables sur les routes déjà existantes et a limité les places de parking dans le centre de la ville.

Une telle chose pourrait se faire à Bruxelles si l’on prévoyait des parkings de délestage gratuits, ou à tout le moins à tarif réduit, à l’extérieur de la ceinture formée par le Ring de Bruxelles et que l’on prévoyait des trams ou bus de la STIB sur des sites propres qui mèneraient au centre de la ville.

La ville de Londres s’est également dotée d’une politique de mobilité efficace, notamment par l’instauration d’un péage urbain aux portes de la ville. Le montant de ce dernier s’élève à 8£ par véhicule motorisé qui entre dans Londres entre 7 heures et 18 heures, sauf pour les riverains et les habitants de Londres intra-muros qui bénéficient d’une réduction de 90% sur le tarif. Cette politique, restrictive certes, a permis de réduire considérablement le nombre de voitures à Londres et un changement du mode de transport des navetteurs puisque l’on observe une hausse de la fréquentation des transports en

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communs. Cette hausse de fréquentation est premièrement due à la restriction de l’accès des voitures de par le péage mais pas uniquement. Elle est également due à une hausse de la qualité du service offert par les sociétés de transport en communs de Londres avec une hausse de 37% de la vitesse moyenne commerciale et une diminution de 50% des retards de bus. En effet, les bénéfices dégagés par l’implémentation du péage ont été réinvestis, de façon directe, dans les infrastructures des services des transports publics.

On pourrait penser que les entreprises ont dû souffrir de l’adoption de cette politique mais les avis sont partagés puisque certains souffrent avec l’usage de la voiture tandis que d’autres bénéficient de l’amélioration des transports en commun. De manière chiffrée, 72% des entreprises estiment que l’expérience est positive et 58% de ces dernières y voient une amélioration de l’image de Londres.

En ce qui concerne la politique de mobilité adoptée à Paris, elle est comparable à celle adoptée à Bruxelles pendant deux décennies. Bien que les infrastructures parisiennes soient en meilleur état que les bruxelloises, Paris a mené, tout comme Bruxelles, une politique anti-voiture qui n’a pas été, pour autant, une politique pro-transport en commun. On a pendant des années restreint l’espace dédié à la voiture dans la ville sans pour autant faire évoluer l’offre de transports en commun.

LE POINT DE VUE DE BORIS DILLIÈS

Les routes bruxelloises sont engorgées. Il est possible qu'à n'importe quelle heure de la journée cela puisse devenir un parcours du combattant. Selon vous, comment faut-il faire pour que les bruxellois utilisent plus les transports publics et les vélos ?

Selon vous, quel est l'avenir pour les grandes infrastructures routières urbaines à Bruxelles?

La solution aux problèmes de mobilité se trouvera dans l'intermodalité, il nous faut un "grenelle de la mobilité" où les différents partis et niveaux de pouvoirs doivent s'accorder sur une vision commune à minimum 25 ans , hors des dogmes et au delà du calendrier électoral, bien trop éphémère en la matière.

À Bruxelles, 400. 000 navetteurs (qui contribuent à l'économie de la Région) viennent chaque jour, dont plus de 200. 000 en voiture et seuls.En réduisant ce volume de 20%, nous approcherions le taux du trafic lors des vacances.

Il faut concilier développement des infrastructures routières et mesures rapides de bons sens, en levant les tabous, dont la voiture de société, où l'avantage fiscal devrait pouvoir se porter sur " l'avantage logement ". Il convient aussi de s'accorder sur les horaires scolaires et ceux du monde de l'entreprise, l'essentiel des véhicules se déplaçant aux mêmes heures.

Aucune ville dans le monde n'a relevé le défi de la mobilité dans le dogmatisme, Bruxelles le peut, Bruxelles le doit.

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REVUE DE TWEETS UN MANDAT EN APNÉE POUR MILQUET

Les temps sont durs pour notre Ministre de l’Éducation, de la Culture et de l’Enfance, Joëlle

Milquet. Comme si les remous liés au passage du « Pacte d’excellence » ne suffisaient pas, les dossiers bancals se suivent et… se suivent encore ! L’un des derniers en date faisait état de l’inutilité flagrante et constatée de certaines mesures anti-radicalisme censées venir en aide au personnel enseignant.

Après la polémique autour de l’appel à la création de safe rooms dans des écoles déjà confrontées au manque de place, voilà que nous apprenons que le numéro vert mis en place afin de venir en aide aux enseignants et directeurs en cas de suspicion de radicalisation d’un élève est en réalité tout simplement inutile. Une bien triste nouvelle lorsqu’on sait qu’un directeur d’école bruxellois a tout de même été temporairement relevé de ses fonctions pour ne pas avoir agi comme il se devait après avoir constaté certains changements chez l’un de ses élèves. Dans une telle situation, pouvons-nous réellement blâmer le directeur d’avoir prévenu certains services mais pas tous ? Qui du directeur ou du système d’aide à la prévention a réellement failli à sa mission ?

Quoi qu’il en soit, le bilan est bien triste pour l’ancienne Ministre de l’Intérieur. Il semblerait qu’elle soit passée à côté de l’importance d’un tel service d’aide pour un personnel déjà en proie à l’inquiétude et faisant face à la massification du phénomène de radicalisation.

Heureusement, nous pouvons tout de même compter sur l’instinct maternel de Joëlle Milquet pour parler aux jeunes enfants de « l’hystérie mortifère et démoniaque » qui règne actuellement sur le territoire belge. Et si vous doutez encore de ses compétences à exercer son mandat, rassurez-vous, seules les marionnettes risquent le chômage, les aquariums, eux, visent l’excellence.

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POINT DE VUE

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Àla suite de la Révolution culturelle de 1979, les États-Unis imposèrent une série de sanctions telles que l’interdiction pour les

firmes américaines de faire du commerce avec leurs homologues iraniens. Ensuite, l’accélération du processus d’enrichissement d’uranium en Iran commença à susciter des craintes dans le chef de la communauté internationale.

Était-ce dans le but de produire de l’énergie, comme le défendirent des dirigeants iraniens ? Difficile à croire lorsque l’on connait les réserves pétrolières du pays. Quoi qu’il en soit, entre 2006 et 2010, s’enchaînèrent les sanctions économiques imposées par le Conseil de Sécurité de l’ONU. Tantôt portant sur les transactions bancaires, tantôt sur le gel d’avoirs iraniens et l’embargo d’armes, elles étouffèrent l’économie iranienne jusqu’à acculer les dirigeants à s’asseoir à la table des négociations.

Que signifie la levée des sanctions pour l’Iran ? Tout d’abord, cela implique le dégel d’avoirs iraniens estimés à plus de 100 milliards de dollars. Le pouvoir d’achat perse s’en retrouvera ainsi

augmenté et aura un impact positif sur la demande mondiale.

Ensuite, cela marque également le retour de l’Iran sur le marché pétrolier mondial. L’Iran a déjà annoncé qu’approximativement 500. 000 barils seront mis sur le marché par jour ! Un petit rappel d’économie politique suffit pour constater que l’augmentation de l’offre d’or noir devrait entrainer la stagnation du prix de celui-ci sur le marché, voire d’un éventuel déclin !

Les sanctions frappant les transactions bancaires

Le 16 janvier 2016 restera à jamais gravé dans les mémoires comme une journée historique. Après avoir constaté que l’Iran avait bien pris les étapes nécessaires à l’implémentation du fameux " deal " conclu, les sanctions économiques contre l’Iran furent officiellement levées, mettant fin à 12 ans de bras de fer entre les États-Unis et l’Iran.

LE TRIOMPHE DE LA DIPLOMATIELE TRIOMPHE DE LA DIPLOMATIE

480 MILLIARDS

14Libertines - Mars 2016

ACTU

Page 15: Libertines n°8

et le commerce levées, cela signifie le retour des firmes iraniennes sur le marché international ainsi que la porte ouverte pour les investisseurs étrangers.

Le président Rohani, en tournée en Europe, a d’ores et déjà conclu 6 deals économiques majeurs. 118 Boeing ont déjà été commandés et les opérateurs touristiques et les hôtels se frottent les mains.

Enfin, à quelques jours des élections législatives iraniennes, l’on ne peut ignorer l’impact politique du deal.

L’Iran est déchirée entre hardliners (radicaux) dont fait partie le Guide Suprême Khameini et les modérés, dont fait partie Rohani. Bien qu’ayant approuvé le deal, Khameini n’en est pas son plus grand supporter. Il craint la " westernisation " de la société et l’effet pervers des valeurs occidentales. Il craint l’arrivée massive des touristes et

multinationales ainsi que l’émancipation de son peuple. L’aspiration croissante à un nouveau modèle de société pourrait sonner le glas de la Révolution Culturelle et par extension, de sa fonction de Guide Suprême.

En effet, l’opinion publique commence à basculer du côté des modérés. Elle réclame ses droits, revendique plus de libertés. Quelle que soit l’issue des élections, elle marquera un tournant dans l’histoire iranienne. Une victoire des modérés pourrait ouvrir les portes de l’Iran à la globalisation et à la libéralisation tandis qu’une victoire des hardliners pourrait opérer une régression abrupte dans le réchauffement des relations diplomatiques de l’Iran avec l’Ouest, et qui sait, mener à l’anéantissement du deal. Aucune majorité ne s'est dégagé suite au vote du 26 février. Un second tour sera organisé en avril afin pourvoir les 69 sièges où aucun candidat n'a récolté un nombre suffisant de voix pour être élu au premier tour.

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480 MILLIARDS

14 FEMMES AU MOINS SIÈGERONT AU PARLEMENT.

LES 10 ANS DE SANCTIONS AURAIT COÛTÉ 480 MILLIARDS DE DOLLARS À L'IRAN.

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ACTU

Page 16: Libertines n°8

COMMENT VOUS SENTEZ-VOUS EN TANT QUE FEMME AU PARLEMENT ? ÊTES VOUS ÉCOUTÉE MAIS SURTOUT ENTENDUE ? TROUVEZ VOUS QU'IL Y A UNE DIFFÉRENCE DE TRAITEMENT ENTRE LES HOMMES ET LES FEMMES AU PARLEMENT BRUXELLLOIS ? Personnellement, je me sens bien en tant que femme élue au Parlement. Je suis présidente de commission et active sur les dossiers que je choisis. Toutefois sur les questions de l’égalité entre les hommes et les femmes, on sent très nettement que ce sont encore des dossiers portés majoritairement par des femmes qui s’entendent sur le sujet même entre majorité et opposition. Sur certains dossiers, on est suivie, sur d’autres nettement moins. Mais il est clair que les impulsions sont données par les femmes et que certaines revendications restent difficiles à faire entendre. En tout cas, on peut affirmer que les quotas des femmes sur les listes ont participé à augmenter leur présence en politique et que cela permet d’orienter différemment certains débats.

QUELLES SERAIENT VOS SOLUTIONS POUR ARRIVER

À UN PLUS GRAND NOMBRE DE FEMMES SUR LES LISTES EN

2018 ET 2019 ? Il y a deux choses qui doivent se

combiner vu que les lois existent, même si on peut encore et toujours améliorer les choses. Il faut que les

partis donnent une voix équivalente aux candidates et candidats, c’est-à-

dire que seule la place sur une liste ne suffit pas. Il faut changer les mentalités

et cela passe par des messages politiques et par une présence dans

les médias sur des sujets souvent masculins ou masculinisés. Il faut que les femmes apparaissent aux électeurs et électrices comme des interlocutrices aussi valables et en qui on peut faire autant confiance.

Elles doivent pouvoir s’exprimer sur des dossiers techniques également. Il faudrait presque une parité dans les prises de parole des débats. Un

équilibre non seulement entre partis mais entre les hommes et les femmes envoyés par les partis sur les plateaux.

Cela contribuerait grandement à changer l’image et à casser les

stéréotypes.

EN TANT QUE FEMME, EST-CE PLUS FACILE OU PLUS DIFFICILE DE FAIRE UNE CAMPAGNE ÉLECTORALE ? Je pense qu’il y a des avantages et des désavantages mais qu’aujourd’hui hommes et femmes ont les mêmes possibilités. La seule chose qui est encore sans doute difficile c’est l’accès aux médias. Certains débats et plateaux sont encore très masculins vu qu’ils sont encore plus nombreux en politique et occupent dès lors plus souvent des postes à responsabilité.

Députée bruxelloise, Présidente du Conseil des Femmes francophones de Belgique et Présidente du Lobby européen des femmes.

AUJOURD'HUI, LE COMBAT DES INÉGALITÉS HOMME-

FEMME EST SOUVENT JUGÉ COMME UN COMBAT QUI

TOUCHE LES PAYS PAUVRES. OR, EN BELGIQUE LES

FEMMES SONT TOUCHÉES PAR LES INÉGALITÉS. NE

DEVRAIT-ON PAS AVOIR UN MINISTÈRE DES DROITS DE LA

FEMME AU NIVEAU FÉDÉRAL POUR TRAVAILLER SUR LES

PROBLÉMATIQUES QUI TOUCHENT LES FEMMES ?Les associations de femmes ont, dans leurs memoranda,

demandé un Ministère des Droits des Femmes. Nous ne l’avons obtenu qu’à la FWB. C’est une occasion manquée. Au sein de

l’administration, il existe déjà avec l’Institut pour l’Égalité entre les

Femmes et les Hommes. Peut-être la prochaine fois ? En Belgique, et ce quel que soit le gouvernement,

nous sommes loin d’une parité ministérielle. À Bruxelles il y

a une parité mais pas dans les fonctions. La plupart des femmes sont Secrétaires d’État et tous les

hommes sont ministres !

AU NIVEAU EUROPÉEN, QU’EN EST-IL DE L'ÉGALITÉ

HOMMES-FEMMES ? EST-CE UNE PRIORITÉ ?

Bien que l’égalité hommes –femmes soit inscrite dans les valeurs fondatrices de l’Europe, la réalité est

malheureusement toute autre. Même si certains progrès ont pu voir le jour. Je m’explique. Au niveau du LEF, que je préside, nous avons demandé une commissaire pour l’égalité h/f et nous l’avons obtenue! C’est la libérale

Véra Jourova, qui est donc la première à endosser cette responsabilité. Nous espérons qu’à l’avenir ce sujet deviendra une priorité. Jusqu’à

présent l’UE s’est penchée sur certains sujets comme l’égalité salariale et là nous voyons des progrès dans la plupart des pays. Par contre, l’écart des

pensions se creuse et les violences faites aux femmes qui sont clairement une discrimination genrée n’est quasi pas abordée dans les textes. Malgré

les promesses du président Juncker il semblerait que la « stratégie pour l’égalité » passe à la trappe. Ce serait un très mauvais signal.

16Libertines - Mars 2016

INTERVIEW

Page 17: Libertines n°8

L’AFFAIRE SAUVAGE. LE DROIT DE GRÂCE, UNE JUSTICE ENFIN JUSTE ?

L’actualité récente a été marquée par la retentissante affaire Jacqueline Sauvage, femme battue durant 47 ans qui a été

condamnée en appel à 10 ans de prison pour avoir tué son mari violent et également père incestueux avec une arme à feu. Sur le seul plan moral, il n’y a nul doute que ces faits sont odieux et révoltants et l’on peut considérer que la peine prononcée à l’encontre de Jacqueline Sauvage, compte tenu des sévices subis est disproportionnée. Néanmoins, sur le plan juridique, le droit de grâce pose question. Comment est-il permis dans une démocratie de démentir ainsi un jury populaire ? En effet, le recours en grâce auprès du Président de la République est une disposition héritée de l’absolutisme royal. Elle a perdu beaucoup de son sens dès lors que la peine de mort fut abolie. Aujourd’hui, elle permet de réduire ou supprimer la peine sans pour autant prononcer un acquittement. La condamnation demeure et figure sur le casier judiciaire.

Dans le cadre de la présente affaire qui fut jugée puis rejugée en appel et prononcée par un jury populaire, il faut se questionner sur le bien-fondé de cette démarche. Outre un enjeu médiatique de taille pour un Président dans le dur dans l’opinion publique, le droit de grâce est dérangeant. Comment peut-on justifier de contrevenir à la décision d’un pouvoir judiciaire qui devrait être totalement indépendant et dont la décision repose sur l’étude des faits, l’application du droit et dont le fin-mot revient à un jury populaire ? Si le droit de grâce est exceptionnel et alors qu'on aurait pu le penser en désuétude, il n’a tout simplement plus sa place dans une démocratie. Ce sont tout de même, deux jurys successifs qui ont condamné Sauvage et la décision d’un seul homme, fut-il Président, vient démentir la décision concertée de 21 citoyens et 6 magistrats selon laquelle l’accusée n’a pas agi par légitime défense et dont la responsabilité dans le meurtre de son mari est entière. Comme le plaidait Florence Rault dans Le Figaro, il ne faut pas confondre justice et féminisme. En effet, « le juge n'est pas là pour faire triompher une cause, aussi honorable soit-elle. Il est là pour juger des faits de transgression de l'ordre public. Et dans une démocratie, c'est lui qui est légitime à le faire ».

En conclusion, plutôt que de recourir à des moyens exceptionnels qui posent question dans une démocratie. Il faut pallier les insuffisances dans la prise en charge des violences conjugales, cette grâce partielle le reconnaît implicitement même si à terme, il est plus opportun d’oeuvrer à la prévention et pour permettre aux victimes de ces faits odieux et révoltants d’être mieux défendue, il faut définir plus clairement les cas susceptibles de légitime défense tout en ne cédant pas à la légitime défense différée qui ouvrirait moult dérives pour couvrir ces actes irréparables. Au-delà des incohérences de la défense de Jacqueline Sauvage, il ne faut pas sombrer dans un féminisme victimaire qui dénature la légitimité et la noblesse du combat féministe et laisser à la seule Justice, le soin de juger.

CÉDRICBLANCHE DELA CARTE

Cédric PierreQUE PENSEZ-VOUS DE PLACE DU VOILE DANS LES SERVICES

PUBLICS ?Je pense que la religion appartient

à la sphère privée et j’ai donc signé l’une des propositions du

MR pour interdire le voile dans la fonction publique. Cela signifie

concrètement que les représentants de l’autorité publique, que ce

soit un guichet communal, une infirmière dans un hôpital public

ou un représentant de quelle qu’administration que ce soit

comme les juges, les policiers, les enseignants ne peuvent en

aucune manière manifester leurs convictions religieuses. De même, l’école publique doit représenter le lieu où les enfants sont considérés

sur base du principe d’égalité et où sont transmises les valeurs

qui conduisent à davantage d’émancipation et de savoirs. L’école est le lieu de tous les

apprentissages et en ce sens doit donner les mêmes chances à tous

les élèves.

UNE DERNIÈRE QUESTION POUR COLLER À L'ACTUALITÉ

DU MOMENT. QUE PENSEZ-VOUS DU SCANDALE DE LA PUBLICITÉ DANDOY QUI A

FAIT LE BUZZ ?Je pense que la publicité est clairement l’un des derniers

bastions machistes et qu’il faut agir fermement contre ces stéréotypes

sexistes. Dandoy n’était qu’un exemple, et malheureusement pas

le pire. Sans doute une goutte d’eau qui a fait déborder le vase.

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CARTE BLANCHE

Page 18: Libertines n°8

BERNIE SANDERS, CE SOCIALISTE LIBÉRAL ?

Si Donald Trump monopolise l’attention ces derniers mois en Amérique et dans les médias du monde entier, il en est un autre qui a surpris ses compatriotes et qui a le vent en poupe : Bernie Sanders. Thomas Cals

Àla surprise générale, y compris celle de son propre parti, ce candidat à la primaire démocrate, seul adversaire d’Hillary Clinton,

s’est lancé dans la course présidentielle. Cet homme de 75 ans, sénateur du Vermont depuis 2007, n’a rejoint le parti démocrate qu’en 2015 pour se présenter à la primaire et est loin de faire l’unanimité chez les cadres du parti. La principale raison de cette méfiance vient du fait que Sanders s’est présenté sur des listes indépendantes depuis le début de sa carrière politique et qu’il n’a jamais hésité à se déclarer « socialiste », ce qui n’est pas toujours bien vu au pays de l’Oncle Sam, y compris au sein du Parti Démocrate. Cela ne l’a pourtant pas empêché d’être soutenu en 2006 par Barack Obama lors de sa campagne pour les sénatoriales du Vermont. Notons tout de même que « socialiste » outre-Atlantique n’a pas la même signification qu’en Europe et que, si Sanders est à gauche aux USA, il serait certainement centre-droit sur le vieux continent en termes de politique, socio-économique et d’enjeux sociétaux. Il faut donc repenser les idées et, a fortiori, un programme présidentiel, comme une production subjective d’un environnement spécifique qu’il faut contextualiser ; ici en l’occurrence ce sont les États-Unis. Loin donc de vouloir convertir mes amis libéraux au socialisme, je tenterai d’analyser les raisons du succès de Bernie Sanders et de pointer des idées pas si éloignées du libéralisme social défendu par notre Premier ministre.

Face à Hillary Clinton, véritable éléphant du parti, qui a non seulement le soutien de son mari, des cadres mais également des supers électeurs, Bernie Sanders a en effet étonné plus d’une fois. Loin de pratiquer le copinage, il décide par exemple en 2010 de prononcer un discours fleuve de 8h30 sans discontinuer devant le Sénat américain pour critiquer la politique fiscale du président Obama, pourtant son ancien soutien.

Sanders fait alors figure d’ovni dans le monde

politique américain. Loin d’avoir bénéficié des formidables réseaux et ressources du parti démocrate, il bâtit sa carrière tout seul et ne fait pas de compromis avec ses convictions.

Sa campagne a été entièrement financée par des donations individuelles de 27$ en moyenne, bien loin des holdings ou des gros lobbies habituels. Ce formidable soutien populaire lui laisse les mains plus libres et la parole plus acérée. Celui qui se qualifie lui-même de social-démocrate a en effet décidé d’attaquer tous les travers des États-Unis et a notamment déclaré la guerre à Wall Street, dont Clinton est plus proche. Sanders bénéficie néanmoins du soutien de grands syndicats comme celui des infirmières ou des employés postaux, qui peuvent s’avérer très utiles pour mobiliser l’opinion publique.

Une stratégie gagnante puisque l’ovni Sanders talonne actuellement la géante Clinton dans les sondages chez les partisans démocrates et, selon certaines estimations, la dépasse.

Convaincu que le système américain s’enraye et qu’aucune société au monde ne peut vivre décemment lorsque sa richesse est détenue par 1% de sa population, il entend ramener un peu plus d’égalité dans une société au bord de la fracture, comme le témoignent et l’attestent les thèses du Prix Nobel américain Joseph Stiglitz.

Pour ce faire, il met en avant de nombreuses idées pour faire repartir la machine en donnant sa chance à chacun (n’y-a-t-il rien de plus libéral que de vouloir donner à chacun la même chance et la même liberté d’entreprendre ?). Concernant Wall Street, il est tout d’abord déterminé à s’attaquer à la séparation des banques de dépôt et des banques d’investissement, ainsi que la poursuite devant la justice des responsables de la crise de 2008. Au niveau de l’enseignement, il

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ACTU

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défend une réforme qui rendrait moins cher et plus accessible l’accès au savoir, dans un pays où s’endetter sur des décennies pour financer ses études est la norme. Il est aussi un grand défenseur du système de santé universel et, à l’heure où bon nombre d’Américains critiquent encore l'ObamaCare, Sanders veut aller plus loin. Réformer la justice, légaliser le cannabis, renforcer le contrôle des armes, en généralisant par exemple les background checks au moment de la vente (vérification de la santé mentale par exemple) sont autant de chantiers qu’il entend également mener à terme.

Tous ces enjeux ne sont pas choisis au hasard puisqu’en redonnant à chacun (et surtout aux plus pauvres) une chance de s’instuire, d’être soigné (sans s’endetter lourdement) et de ne plus être envoyé en prison pour des délits mineurs, il entend redynamiser une jeunesse populaire fortement fragilisée et souvent en colère, comme on a pu le voir à Ferguson. Pour toutes ces raisons, il est donné premier dans les sondages chez les jeunes démocrates pendant que Hillary Clinton cherche désespérément à inverser la tendance.

Chacun se fera les idées qu’il veut sur Bernie Sanders et son programme. Cependant, il est profondément intèressant de constater qu’après leur premier président noir, les Américains (ou du moins les Démocrates) ne sont pas loins d’élire leur première femme présidente ou le premier président juif et socialiste de leur histoire. Il est donc piquant de remarquer que les Américains sont peut-être plus progressistes que nous. Il faut également imaginer qu’à l’heure de la COP 21 et de l’engagement de tous les pays en faveur du développement durable, l’influence sur la scène mondiale d’un président démocrate serait sans doute bien plus bénéfique que celle d’un républicain, a fortiori lorsque tous les candidats du parti à l’éléphant sont tous plus effrayants les uns que les autres en terme de populisme, de racisme et de conservatisme. En matière de politique étrangère, il est à redouter qu’un homme comme Donald Trump arrive à la Maison Blanche.

C’est d’ailleurs là que réside le principal point faible de Bernie Sanders. En gagnant la primaire démocrate, serait-il capable de gagner face à un Trump qui galvanise le ras-le-bol de toute une frange de la société américaine et qui serait, malgré son manque évident de programme (et peut-être d’intelligence) sans doute plus fédérateur qu’un homme qui se déclare « socialiste » dans un pays où bien souvent l’on entend alors « communiste » ?

Toujours est-il que Bernie Sanders est un homme audacieux, courageux et honnête qui n’utilise pas les campagnes agressives pratiquées par ses adversaires, qui défend, souvent seul, ses idées depuis les années 70 et qui, malgré son arrivée tardive chez les Démocrates, est arrivé à rassembler une très grande partie de leur électorat, le tout à la force de son discours et, sans doute, de ses convictions.

Si beaucoup le voient tel un Don Quichotte qui se bat contre des moulins, mon dieu qu’il est bon, dans un monde où les hommes politiques deviennent aseptisés et où les populations sont de plus en plus dégoûtées par ceux-ci, de voir un homme se dresser seul, pendant 8h30, devant ses contradicteurs et leur expliquer par les idées pourquoi ils ont tort.

Certains le diront populiste, je le qualifierais pour ma part d'idéaliste. En effet, même s’il était élu il ne pourrait jamais appliquer tout son programme. Cependant, dans un pays qui se veut être l’un des moteurs du monde, il est parfois bon de faire bouger les lignes et de rêver un peu. Surtout lorsque l’on écoute un seul discours de Donald Trump.

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ACTU

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Bien que la population bruxelloise augmente de façon incontestable depuis ces dix dernières années et que la Région tente de répondre tant bien que mal aux

demandes diverses qui découlent de ce boom démographique, les classes moyennes, en d’autres mots, les ménages gagnant entre 1.500€ et 3.000€ nets par mois ont tendance, elles aussi depuis une dizaine d’années, à fuir la Capitale pour s’installer en Flandre ou en Wallonie, dans la mesure où ces régions répondent davantage et mieux aux aspirations qui sont les leurs en termes de qualité de vie. En juin 2012, Emmanuel De Bock (DéFI) pointait du doigt qu’ « en 7 ans la classe moyenne est passée de 32% de la population bruxelloise à 27% ». Mais attention, cela n’est pas sans conséquences puisque, toujours selon les calculs de ce dernier, cet exode coûterait plus de 261 millions à la collectivité bruxelloise par le biais d’un déficit de l’impôt sur les personnes physiques.

De quoi encore faire grandir la fracture socio-économique que nous connaissions déjà auparavant dans la capitale belge. Sans entrer dans une polarisation manichéenne et simpliste de la réalité, tous les Bruxellois ne vivent pas la même réalité socio-économique et le fossé se creuse entre d’une part les plus nantis et d’autre part les plus modestes.

En effet, en 2012 dans le quartier du Vivier d’Oie à Uccle, le revenu moyen annuel était de 28.296,4€ tandis qu’il était de 13.535,95€ dans le quartier de Cureghem à Anderlecht.

Mais quelles sont les raisons qui incitent les personnes issues de la classe moyenne à fuir la Capitale ? Elles sont multiples et vont du coût du logement à la mobilité en passant par une qualité de vie moindre à Bruxelles que dans les Régions voisines.

C’est la raison pour laquelle Bruxelles doit faire les yeux doux à la classe moyenne. Il est presque certain qu’on ne fera pas revenir ceux qui ont déjà quitté Bruxelles pour de meilleurs horizons mais il faut, par contre, empêcher la fuite de la prochaine génération, par des assouplissements fiscaux, des aides au logement et une

BRUXELLES DÉSERTÉE PAR SA CLASSE MOYENNEBruxelles et sa région s’appauvrissent de jour en jour et d’année en année. Le constat n’est certes pas neuf mais il gagne en amplitude d’année en année. La proportion de faibles revenus augmente de façon significative, elle est passée de 58,6% à 63,8% en 2015. La raison d’une telle hausse est l’exode de la classe moyenne. Chaque année, plus de 10.000 ménages, soient 30.000 personnes directement issues de la classe moyenne quittent Bruxelles.

Laurent Costas

ACTU

20Libertines - Mars 2016

Page 21: Libertines n°8

amélioration du cadre territorial en ce qui concerne la mobilité.

Il est plus que nécessaire d’agrandir le parc de logements de la Région, et pourquoi pas sous la forme d’un partenariat public-privé, en prenant en compte les besoins et les moyens de la classe moyenne. Ayons l’honnêteté de reconnaître qu’aujourd’hui, il est presque impossible à cette dernière d’acquérir ou de louer un bien dans la mesure où les loyers ou crédits sont totalement disproportionnés par rapport aux revenus.

Nous pourrions également imaginer un système où l’employeur, s’il le souhaite, au lieu de payer un leasing automobile à son employé comme cela se fait beaucoup en Belgique, paierait une forme d’aide au logement soit à la location soit à l’achat et cette dernière serait, bien entendu, déductible fiscalement. On permettrait ainsi aux jeunes issus de la classe moyenne d’accéder au logement plus facilement.

Il est également essentiel d’assouplir les conditions d’accès aux aides diverses car, comme le soulignait il y a peu le Député fédéral Gautier Calomne (MR) dans un article de la Libre Belgique, il est monnaie courante d’entendre qu’une personne issue de la classe moyenne gagne trop pour bénéficier du tarif réduit dans une crèche ou d’une aide financière quelle qu’elle soit.

En guise de conclusion, abordons un point qui n’est pas des moindres puisqu’il s’agit du chômage des jeunes en Région de Bruxelles-Capitale. Nul n’est sans savoir que les chiffres sont catastrophiques puisque nous avons passé la barre des 35% de jeunes chômeurs à Bruxelles. Ce n’est que par l’obtention d’un emploi que ces jeunes graviront l’escalier social qui leur permettra de faire grimper leurs revenus à l’échelon supérieur et de parvenir à intégrer pleinement la classe moyenne.

261 millions d'euros. C'est le coût de l'exode des classes moyennes pour Bruxelles.

2.068LE SALAIRE MOYEN BELGE EST DE 3.261€ BRUT

PAR MOIS CE QUI CORRESPOND À UN SALAIRE NET MOYEN DE 2.068€.

ACTU

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Étudiant en Master en Droit à l’Université Catholique de Louvain (UCL) et koteur sur le site depuis septembre, j’ai d’abord

été émerveillé par toutes les douceurs de cette ville régie par la joie de vivre et le plaisir de la connaissance. Cependant, après avoir fait mes premiers pas à l’intérieur de mon logement, j’ai très vite été abasourdi par les conditions de vie déplorables des étudiants koteurs ainsi que par des réalités immobilières et écologiques abjectes.

Depuis la révolution industrielle, l’objectif des villes a toujours été de lutter contre l’insalubrité dans les habitations. Une idée qui ne devrait pas inquiéter Louvain-la-Neuve qui abrite des logements construits il y a quarante-cinq ans maximum. Malgré tout, elle est aujourd’hui rattrapée par cette dure réalité…

L’article 23 de notre Constitution, qui reste notre source juridique suprême, édicte que chacun a le droit de mener une vie conforme à la dignité humaine et ainsi bénéficier d’un logement décent. Différents critères sont notamment avancés dans le Code wallon du Logement pour évaluer l’état de salubrité d’un logis à savoir la stabilité, l’éclairage naturel, la structure ou encore la dimension du logis. Malgré tout, l’insalubrité des kots est une réalité difficile à contester même dans une ville aussi récente que Louvain-la-Neuve. Prenons l’omniprésence de petits rongeurs et d’insectes

indésirables au sein des bâtiments comme témoignage suffisant.

Bien que depuis 2007, les bourgmestres des communes aient obtenu la compétence d’effectuer des enquêtes de salubrité, celles-ci n’ont que très peu lieu à Louvain-la-Neuve et la pénurie de logements étudiants ne doit certainement pas inciter à la fermeture de logements invivables.

Ensuite, bien que l’Université et certains promoteurs essayent tant bien que mal de construire de nouveaux logements, la pénurie se fait toujours sentir. Afin d’y pallier, une grande partie des logements étudiants proposés appartient à des propriétaires privés. La demande surplombant l’offre, les propriétaires de logement sont davantage scrupuleux quant à l’état de leurs finances qu’à l’état des biens qu’ils proposent.

Loin le temps où Louvain-la-Neuve se considérait comme une ville pour tous ! Le bail emphytéotique n’était-il pas un moyen de récupérer les plus-values foncières ? Dictée par la réalité immobilière et par la courbe d’Adam Smith, cette ville utopique ne permet plus de se loger décemment et à un prix abordable.

Enfin, une ville se doit d’évoluer avec les besoins de sa population. Le projet de départ était de créer une ville moderne et tournée vers l’avenir.

LOUVAIN-LA-NEUVE FIGÉE

Au début des années 1970, le " Walen Buiten " ressenti, les autorités académiques francophones décidèrent de s’installer sur un lopin de terre, dans la commune d’Ottignies. Éclairés par une histoire de plus de six siècles, ils décidèrent de construire une ville neuve, moderne, piétonne et profondément tourné vers le futur. Construite au départ d’une université, de kots étudiants et d’auditoires, il s’agit aujourd’hui d’une ville mixte où cohabitent étudiants et résidents.

François Lamy

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Malheureusement, elle est restée bloquée quarante-cinq ans en arrière. A l’époque, il n’y avait aucune préoccupation écologique. Mais aujourd’hui, les jeunes sont les porte-drapeaux de ce nouveau mouvement. Or, Louvain-la-Neuve n’a pas su s’adapter. Des exemples frappant de cette triste réalité résident dans l’absence de tri sélectif dans les résidences de kots privés - ce qui est, au 21ème siècle une véritable honte-, une consommation d’énergie surdimensionnée, toujours trop peu d’aménagement pour les vélos, etc. Se déplacer dans la ville à vélo reste d’ailleurs un véritable calvaire. Trop peu de pistes cyclables ont été aménagées hors de la zone piétonne. Ecraser un piéton ou se faire écraser par une auto, il faut choisir.

Quarante-cinq ans plus tard, on loue le bon-vivre de cette ville à l’évolution fulgurante. Cependant, une ville n’est jamais terminée et ne doit en aucun cas se figer. Face aux défis d’aujourd’hui et de demain, ce sont les politiques, l’université et la population mixte de Louvain-la-Neuve qui doivent se réveiller. L’utopie de Thomas More, thème choisi par l’Université pour cette année académique, n’a jamais été autant d’actualité. Nous devons rêver d’une ville idéale et sans défaut, d’une ville aux logements décents, accessibles pour tous, d’une ville vigoureusement tournée vers l’avenir.

LE SAVAIS - TU ? Trois grandes idées ont été à la base du développement de Louvain-la-Neuve.

Le rêve d’une ville ordonnée, propre et profondément tournée vers le 21ème siècle.

Le rêve de mai 1968 à réaliser : « Tous égaux ! »

Le rêve d’une ville piétonne où les voitures sont reléguées à l’arrière des bâtiments

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LA LAÏCITÉ EN QUESTION

Le principe de " Laïcité de l'État " est inhérent au libéralisme en tant qu'idéologie politique et ce, à cause des relations souvent ambigües que

le libéralisme a entretenues avec la Religion. La foi étant un acte individuel, il eut été paradoxal de tenter de la restreindre sans entrer en conflit avec l'idée de liberté individuelle et de droit au bonheur qui sont la base de la pensée libérale. D'un autre côté, appelant au raisonnement rationnel, les Lumières voyaient en la religion un dogme refreinant la raison. Il est néanmoins intéressant de noter que ce principe n'est pas appliqué partout de la même manière, bien qu'il soit souvent considéré comme préférable.

En Europe en général, mais plus particulièrement en France, la laïcité a vu le jour à une époque où le paysage confessionnel était plutôt homogène. Majoritairement chrétienne, et presque " purgée " du protestantisme à la suite des guerres de religion et du règne du Roi Soleil, on ne peut pas vraiment parler de pluralisme confessionnel. La nette séparation entre les intérêts des pouvoirs temporels et ceux du pouvoir religieux sonne dès lors comme une limitation des influences religieuses au sein de l'administration publique, sensée faire fonctionner l'État. Par contre, lorsqu'on s'attarde sur le cas des États-Unis par exemple, on peut observer une méthode tout à fait différente de celle à laquelle se réfère le modèle européen de laïcité. Le pluralisme évoqué ci-dessus était bien présent à la suite du 4 juillet 1776, au détail près qu'il était non seulement confessionnel mais aussi ethnique ou encore philosophique. En plus de cela, l'Amérique s'est construite par cette diversité, sans cesse grandissante. La violence n’est cependant pas étrangère à la construction de cet État. L'obstacle au fonctionnement efficace des institutions de l'État était dès lors moins évident à identifier. Voilà pourquoi le modèle américain a très vite évolué vers une tolérance des cultes, même au sein de l'administration, à condition que les tâches du fonctionnaire soient remplies en bonnes et dues formes.

Les attaques de Paris nous ont forcés à nous remettre en question. Le modèle européen est-il devenu obsolète ? Est-il encore d'application au vu de l'évolution démographique que l'Europe a subi ces cinquante dernières années ? Les manquements de notre modèle sont-ils une des explications que l'on peut fournir pour expliquer " l'échec de l'intégration " ? C'est ce que semble vouloir démontrer un article du quotidien américain The New Republic dont un extrait est à lire dans le numéro 1316 du Courrier International. Notre principe de laïcité, historiquement basé sur une relative homogénéité cultuelle de notre société, n’a-t-il pas atteint ses limites ? En tentant coûte que coûte de garder ce fonctionnement étatique, n’en retire-t-on pas l'opposé ? Lorsque le Président Hollande dépeint la laïcité de l'État comme une chose non négociable, ne sommes-nous pas en quête d'une homogénéité disparue que l'on tente désespérément de retrouver dans " un peuple [français] unique et uni ", derrière des valeurs communes mais qui ne sont pas envisagées de la même manière par tous ? Ne tirons pas un trait sur notre histoire européenne ! La laïcité telle la France l'a conçue est-elle encore celle à laquelle nous aspirons ? Pourquoi ne pas nous inspirer de la laïcité telle qu’elle est pratiquée aux USA afin que chrétiens, musulmans, protestants, athées puissent pratiquer leurs convictions au sein d’un meilleur vivre ensemble.

JOHNBLANCHE DELA CARTE

John De Coster

24Libertines - Mars 2016

CARTE BLANCHE

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C’est ainsi que la situation dramatique de l’éducation hongroise a fait descendre environ 30.000 personnes en face du

parlement hongrois ce samedi 13 février à Budapest. Il était important d’être présent lors de cette manifestation qui a eu une répercussion beaucoup plus large que les désastres occasionnés par le Fidesz, parti au pouvoir, du Premier ministre controversé Viktor Orbàn, dans le système éducatif.

En effet, non seulement les taximen, les infirmiers, les médecins, les parents, les élèves, différents syndicats et évidemment professeurs se sont alliés pour dire ensemble : « On ne va pas laisser faire ». Ce slogan exprime un ras-le-bol très général de la politique menée actuellement par les hommes au pouvoir.

Plus concrètement, au niveau de l’enseignement, le Gouvernement, par une centralisation excessive à un organe extérieur à la réalité de la vie des écoles appelée « La Klik », a créé des réalités qui mettent les différents acteurs à genoux. Le financement est catastrophique et la qualité de l’enseignement est nivelée vers le bas de par des contenus uniformisés et obligeant les enseignants à propager la médiocrité. De plus, une lourdeur bureaucratique est imputable à ce système, rendant l’éducation des enfants inefficace et perverse.

Perverse car nous savons qu’une bonne éducation

est la clé face au futur. C’est un point sensible de la République hongroise qui est une nouvelle fois touchée et affaiblie par le Fidesz. Après le domaine de la santé et le transport ferroviaire, c’est l’enseignement qui se retrouve à bout de souffle. Quel secteur sera la prochaine victime ?

Les dérives et les limitations des libertés deviennent désormais fréquentes dans ce pays pourtant membre de l’Union européenne. Il faut plus que jamais une force de changement qui puisse transcender nos valeurs de liberté et l’envie de démocratie dans une société écrasée et soumise.

Il faut impérativement rendre la liberté d’enseigner aux personnes compétentes dans le domaine. C’est une nécessité pour la génération future hongroise. Il faut donc, malgré le séjour Erasmus, soutenir le mouvement et mettre en avant nos valeurs libérales afin d’espérer le changement.

Selon Mr. Orbàn, il est important pour le futur de demander un référendum sur les quotas « imposés » par Bruxelles. Ce qui serait plus important encore pour le futur, c’est plutôt que de tenter de mener « une guerre d’indépendance » face à Bruxelles via la crise des réfugiés à des fins de légitimation politique nationale, d’investir dans l’éducation pour former les citoyens de demain.

VU EN ERASMUS L’ENSEIGNEMENT HONGROIS

À L’AGONIENous savons que l’Erasmus est un programme d’échange qui permet aux étudiants de vivre toutes sortes d’expériences. Mais un Erasmus à Budapest peut, à bien des occasions, mener également à l’expression de diverses revendications. Bàlint Gyévai

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ÉTAT D’URGENCE. LIBERTÉS SACRIFIÉES ?

Depuis les attentats de Paris, le pays tout entier est en état d’urgence. La loi prévoit que celui-ci doit être prolongé et est dès

lors justifié lorsqu’un danger imminent menace la Nation. Manuel Valls, le Premier ministre, entend par ailleurs faire durer cette situation extraordinaire jusqu’à ce que l’État islamique soit définitivement rayé de la carte. Mais alors, le pays vivra-t-il en état d’urgence perpétuel ?

Le gouvernement actuel a pour objectif de réviser certaines règles constitutionnelles et souhaite que ces modifications soient mises en vigueur dans un futur proche. Ainsi, les mesures exceptionnelles prises aujourd’hui par l’exécutif deviendraient la norme. D’ici là, l’état d’urgence est donc maintenu, coûte que coûte. La question qui se pose alors est la suivante : peut-on sacrifier les droits individuels de chaque citoyen afin de garantir la sécurité de tous ? Cette question déchire actuellement la classe politique française et l’opinion publique, très attachée aux thèmes des droits individuels. Pourtant, il n’existe pas de réponse tranchée. D’un côté, on s’indigne face à ces interdictions abusives (de manifester, de se réunir) et aux nombreuses perquisitions qui sont menées chez de simples suspects. À l’inverse, les médias, certains intellectuels et politiques ont tendance à susciter de façon permanente une inquiétude au sein de la population en appelant à plus de sécurité et aux mesures qui en découlent.

L’état d’urgence a une signification précise : pour de nombreuses personnes, il s’agit d’une situation tout à fait exceptionnelle qui doit rester exceptionnelle

et ne peut, en aucun cas, devenir la norme. Il est bien sûr nécessaire d’assurer la protection de la population, et cela constitue un devoir fondamental de l’État. Néanmoins, les droits des citoyens doivent, eux aussi, être garantis et maintenus sur le long terme, même face à la situation de crise à laquelle la France est actuellement confrontée. Lorsque la Constitution doit être à ce point révisée face à une menace imminente, c’est peut-être que la stratégie d’urgence qui est menée n’est pas la bonne lorsqu’il s’agit de combattre le terrorisme radical.

Faut-il donc en finir avec l’état d’urgence ? Faut-il considérer les mesures d’urgence comme abusives, disproportionnées et discriminatoires ? Rappelons quand même que les attentats de novembre ont fait 149 morts, victimes directes du terrorisme. Ne serait-ce pas une raison suffisante pour mettre en œuvre les mesures sécuritaires qui s’imposent, même si cela doit coûter quelques portes défoncées et quelques centaines d’assignations à résidence chez certains suspects ? N’est-il pas nécessaire, au vu de la gravité de la situation, de maintenir l’autorité forte de l’État qui a pour devoir d’empêcher de futurs attentats ? La France fait face à une situation inédite avec deux attentats qu’elle a subis en une année seulement. Cette tendance, si rien n’est fait sur le terrain, risque de s’intensifier et de perdurer dans les prochaines années. L’enthousiasme pour le djihad ne s’est pas refroidi, bien au contraire et les renseignements sont aujourd’hui débordés par le nombre de nouveaux musulmans radicaux qu’il faut suivre en permanence. Donnons donc les moyens nécessaires aux autorités pour lutter contre la menace terroriste.

Perquisitions sans mandat, personnes assignées à résidence, couvre feux et interdiction formelle de se rassembler ou de manifester : voici la réalité qui durera encore au moins trois mois en France, pays des Droits de l’Homme par excellence. Le projet, lancé par le Gouvernement Hollande, a été mené par son Ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve. Cette nouvelle décision, qui prend un nouveau tournant sécuritaire, fait polémique en France.

Louis TrouveroyÉTAT D’URGENCE. LIBERTÉS SACRIFIÉES ?

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Ce débat met en évidence les limites juridiques et culturelles auxquelles est confronté l’Occident alors qu’un terrorisme aveugle et n’ayant jamais eu d’équivalent dans le passé s’est abattu sur les pays occidentaux. Il est donc important de rappeler que l’État de droit dans lequel nous vivons ne peut être un État de faiblesse et que la peur ne peut pas être institutionnalisée. La loi doit être respectée, de même que la liberté à laquelle nous aspirons tous, c’est une évidence. N’oublions cependant pas que cette liberté, celle qui nous permet de penser, de critiquer, de débattre librement et d’être qui nous sommes, est fragile et que, face à la menace terroriste islamiste actuelle, tout doit être mis en œuvre pour la conserver.

Entre le 14 novembre 2015 et le 14 janvier 2016, 3021 perquisitions ont eu lieu sur le sol français.

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