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Luttwak, Edward N., Le grand livre de la stratégie, de la ... · Luttwak aborde tour à tour le paradoxe dans la stratégie, la logique paradoxale en action, le point culminant du

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Document généré le 2 juin 2018 15:46

Études internationales

Luttwak, Edward N., Le grand livre de la stratégie, de

la paix et de la guerre, Paris, Odile Jacob, 2e éd. (1ère

éd. 1987), 2002, 400 p.

Hugo Loiseau

Volume 34, numéro 4, décembre 2003

URI : id.erudit.org/iderudit/038695arDOI : 10.7202/038695ar

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Éditeur(s)

Institut québécois des hautes études internationales

ISSN 0014-2123 (imprimé)

1703-7891 (numérique)

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Citer cet article

Loiseau, H. (2003). Luttwak, Edward N., Le grand livre de la

stratégie, de la paix et de la guerre, Paris, Odile Jacob, 2e éd. (1ère éd. 1987), 2002, 400 p.. Études internationales, 34(4), 663–665. doi:10.7202/038695ar

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Tous droits réservés © Études internationales, 2003

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nement, l’auteur accorde une grandeimportance au trop célèbre premierrapport du Club de Rome, publié sousle titre Halte à la croissance. Il dresseune comparaison élaborée avec lesthèses du rapport Brundtland. Cetteimportance accordée au premier rap-port du Club de Rome étonne quandon connaît toute la critique qu’il n’a pasmanqué de soulever. Alfred Sauvy avaitrefusé de le commenter sous prétexteque ses auteurs n’étaient pas sérieux.L’ ensemble des critiques avait d’ailleursincité le Club de Rome à publier deuxans plus tard un deuxième rapportbeaucoup mieux reçu : Stratégie pourdemain. L’ auteur aurait pu s’y référer.

Les économistes accorderont uneattention particulière à un chapitreintitulé Approches économiques où sontreprises des définitions d’économistesreconnus. Ainsi, on trouve une citationdu prix Nobel de l’économie, RobertSolow qui a écrit : « La meilleure imageque vous pourrez prendre est de direque la durabilité est une obligation denous conduire de façon à laisser aufutur les options ou la capacité d’êtreaussi bien que nous. La durabilité estune injonction à ne pas nous satisfaireen appauvrissant nos successeurs. »Suivent d’intéressantes considérationssur l’État stationnaire auquel s’étaientintéressés les premiers économistesclassiques, dont John Stuart Mill plusparticulièrement.

Ces lignes ne rendent pas justiceà un ouvrage fort bien documenté surun sujet très vaste qui ne manque pasde faire couler l’encre depuis mainte-nant quelques décennies. Le mérite del’auteur consiste à présenter une bril-lante synthèse des principales contri-butions sur un sujet qui, personne n’endoute, continuera encore bien long-

temps à hanter les esprits et à susciterles espoirs pour le mieux-être del’humanité.

André JOYAL

Département d’économieUniversité du Québec à Trois-Rivières, Canada

ÉTUDES STRATÉGIQUESET SÉCURITÉ

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LUTTWAK, Edward N. Paris, Odile Jacob,2e éd. (1ère éd. 1987), 2002, 400 p.

Les études sur la guerre et sur lapaix produisent chaque année denombreux ouvrages. Chaque nouvelleguerre et chaque nouveau conflitapportent une série de réflexions origi-nales sur la stratégie des belligérants etsur les conséquences géopolitiques deces événements. Mais il demeure néan-moins vrai que les fondements de lastratégie restent constants depuis lesdébuts de l’humanité. C’est le postulatimplicite que propose Edward N. Lutt-wak dans Le grand livre de la stratégie,de la paix et de la guerre. Plus précisé-ment, l’auteur postule qu’il y a unelogique particulière au déroulement desconflits, une logique qui découle de lastratégie comme mode d’anticipation etd’action durant les conflits. Il s’agitd’une logique qu’il nomme paradoxalecar, à tous ses niveaux, horizontaux ouverticaux, la stratégie est empreinte deparadoxes. La logique linéaire d’unesituation non conflictuelle (partir dupoint A pour aller au point B) est com-plètement bouleversée en situation deconflit. La logique paradoxale inhérenteà la situation conflictuelle fait en sortequ’une multitude de paradoxes et defacteurs entrent en jeu et complexifient

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de manière infinie le déroulement duconflit (pour partir du point A pouraller au point B, il faut passer par C).Par exemple, un de ces paradoxes indi-que que la guerre et la paix sont cycli-ques. Paradoxalement, l’un engendrel’autre et vice versa. Luttwak approfon-dit et pousse cette logique paradoxaleet démontre ses implications du niveautechnique (la qualité de l’armement parexemple) jusqu’à la politique interna-tionale (le jeu des grandes puissancespar exemple).

Pour expliciter sa thèse, l’auteurdivise son livre en trois parties. La pre-mière partie se consacre à définir lalogique de la stratégie. Luttwak abordetour à tour le paradoxe dans la stratégie,la logique paradoxale en action, le pointculminant du succès dans un conflit etl’aboutissement de la logique para-doxale, ce qu’il nomme la convergencedes contraires. La deuxième partiedécrit en profondeur les quatre diffé-rents niveaux de la stratégie que dégagel’auteur. Il s’agit des niveaux technique,tactique, opérationnel et de la grandestratégie. Par ailleurs, cette partie expo-se aussi les principes de base de la stra-tégie au cours d’un conflit. Les princi-pes de la stratégie y sont décrits de lapériode préconflictuelle jusqu’à lapériode postconflictuelle. Ainsi, l’au-teur dessine à grands traits les choixpolitiques à l’origine du conflit et lesoptions militaires envisageables par lesbelligérants durant le conflit. L’ auteurdémontre habilement dans cette partieque tous les niveaux de la stratégie sesuperposent et s’influencent mutuelle-ment dans leur dimension verticale (lesqualités et les faiblesses de chaqueniveau se répercutent à travers tous lesniveaux) et dans leur dimension hori-zontale (c’est-à-dire l’enchaînement

logique des actions et des réactions dechaque niveau). Invariablement, lerésultat de cette interaction entre lesniveaux aboutit à la grande stratégie quiest l’objet de la troisième partie du livre.Dans cette dernière partie, Luttwakexpose le fonctionnement dynamiquede la logique paradoxale qui est àl’œuvre en permanence dans les rela-tions internationales. Sans nécessaire-ment le mentionner, dans cette partiel’auteur fait constamment appel ou réfé-rence à des théories de relations inter-nationales (théorie des alliances, gainset utilités, équilibre de la puissance...).Il explique quels sont les champsd’application de la grande stratégie dansl’arène internationale et quel rôle jouela « suasion » armée dans cette arène.La « suasion » est un néologisme forgépar l’auteur pour expliquer les rapportsde puissance entre les acteurs du sys-tème international. Il s’agit, en fait, durésultat entre la dissuasion et la persua-sion que mettent en branle les acteursdu système international. Fait à noter,le livre contient trois appendices infor-matifs où sont donnés des exemples dedéfinition du terme stratégie et desexemples d’opérations militaires.

D’ailleurs, le livre regorge d’exem-ples de conflits contemporains ou pas-sés pour illustrer les propos de l’auteurdans la réalité. Toutefois, on peut luireprocher de conjecturer souvent surdes bases hypothétiques du type : siHitler avait fait ceci ou cela, le résultataurait été celui-ci... Cette façon de pro-céder, certes originale, ne doit jamaisse faire en histoire ni dans aucune autrescience. Même si cela permet de jeterune lumière nouvelle sur une situation,il est strictement impossible de vérifierles hypothèses de l’auteur, ce qui invali-de la portée de son propos. De plus, cedéfaut s’ajoute au fait que l’auteur n’est

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pas toujours clair dans ses explications.Il s’agit d’un livre hautement théoriqueet dans ce type de livre, un effort parti-culier doit être mis dans la clarté desexplications afin que le lecteur saisisseles propos de l’auteur. Les explicationssur la « suasion » armée sont un bonexemple de ce manque de clarté (p. 299et suiv.). Néanmoins, il s’agit d’un trèsbon livre qui satisfera certainement lesétudiants de polémologie, les militai-res de tout grade et les internationalistescar il y a matière à réflexion et à débattout au long de cet ouvrage. Enfin, ilfaut souligner l’excellente traduction enfrançais. Certains termes militaires trèstechniques sont traduits correctementet parfois expliqués en note infrapagi-nale ce qui augmente la qualité du livre.

Hugo LOISEAU

Centre d’études interaméricainesInstitut québécois des hautes études internationalesUniversité Laval, Québec

Les femmes et la guerrLes femmes et la guerrLes femmes et la guerrLes femmes et la guerrLes femmes et la guerre.e.e.e.e.

VAN CREVELD, Martin. Coll. L’ art de laguerre, Monaco, Éditions du Rocher,

2002, 306 p.

Dans cet ouvrage, à la forme pro-che de sa Transformation de la guerre,publiée aux Éditions du Rocher en1998, l’historien israélien M. VanCreveld explique que l’entrée desfemmes dans les armées pose la ques-tion de savoir si elles doivent faire laguerre. Affirmée d’emblée, sa réponseest négative. En trois parties d’ampleurinégale, il entend démontrer que cechangement, remettant en cause lesrôles de chaque genre, serait à la fois lesymptôme et la cause du déclin desarmées occidentales même si, commeil l’affirme dans la première partie,l’importance des femmes est telle que« la guerre leur doit d’exister » (p. 21) :

qu’elles en soient les instigatrices (selondiverses modalités), les enjeux ou quela guerre ait pour objectif de les protéger.

La seconde partie, vaste cataloguequi va de la guerre, « usage de la vio-lence organisée, exercée dans le butd’atteindre des objectifs collectifs »(p. 61), dans le règne animal auxguerres totales du XXe siècle, voit l’au-teur s’attacher à montrer que, quelsqu’en soient la forme, l’époque ou lelieu, la participation des femmes y futtoujours limitée quoi que laissentpenser les récits qui, évoquant desfemmes guerrières comme les Amazo-nes, manifestent plutôt l’universalitéd’un « goût » masculin pour ces héroï-nes associant, dans une ambivalenceplus ou moins assumée, traits guerrierset féminins, souvent érotisés.

L’ auteur évoque alors les « femmescommandantes et politiques » et cellesqui « jouent » à la guerre, stimulant lacréation de jeux plus violents réservésaux hommes. De leur côté, celles qui,malgré les difficultés, suivaient lesarmées jouaient plus un rôle de soutien.Elles disparaîtront au début du XXe

siècle : « l’armée fut alors plus exclusi-vement masculine que jamais » (p. 116).Plus directe est la participation desfemmes qui, difficiles à dénombrer,sont entrées dans les armées déguiséesen hommes ou celle des guerrières duDahomey. Celles-ci, d’après des témoi-gnages assez imprécis, assuraient laprotection rapprochée des souverainsqui les employèrent au combat avec unindéniable effet de surprise. À chaquefois, les femmes, visant l’autonomie,durent composer avec les attributs mas-culins, ce que l’auteur voit comme lanégation de leur sexe et l’impossibilitéd’accomplir leur « destinée biologiquede mère » (p. 134).