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BEAT ip hop, un style de vie… C’est par la danse que Maalkhéma initie son entrée dans le monde du hip hop. Né en métro- pole, il déménage en Guadeloupe vers l’âge de six ans et s’installe au Moule chez sa grand-mère. Faire de la musique ou de la danse, n’était pas considéré comme un « vrai » métier dans son milieu familial. Il ne se reconnaît pas d’influences particulières, écoutant un peu tout ce qui passait sur les ondes ou à la télévision : du compa, les premiers Kassav’, Mickael Jackson en pas- sant par Madonna en particulier pour les chorégraphies. Ce n’est que dans les années 1993-1994, H >> Précurseur du rap alternatif caribéen sur la Guadeloupe, Maalkhéma continue de se battre pour imposer son style décalé dans le milieu très codifié des musiques urbaines. Toasteur, MC, beatmaker, il a plus d’un tour dans son rap ! Suivez le beat... R . a . C . lternatif ap aribéen © M. Montel

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article de presse hip hop de Maalkhema

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BEAT

ip hop, un style de vie…C’est par la danse que Maalkhéma initie son entrée dans le monde du hip hop. Né en métro-

pole, il déménage en Guadeloupe vers l’âge de six ans et s’installe au Moule chez sa grand-mère. Faire de la musique ou de la danse, n’était pas considéré comme un « vrai » métier dans son milieu familial. Il ne se reconnaît pas d’influences particulières, écoutant un peu tout ce qui passait sur les ondes ou à la télévision : du compa, les premiers Kassav’, Mickael Jackson en pas-sant par Madonna en particulier pour les chorégraphies. Ce n’est que dans les années 1993-1994,

H

>>

Précurseur du rap alternatif caribéen sur la Guadeloupe, Maalkhéma continue de se battre pour imposer son style décalé dans le milieu très codifié des musiques urbaines. Toasteur, MC, beatmaker, il a plus d’un tour dans son rap ! Suivez le beat...

R.a. C.

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qu’il commence vraiment à s’inté-resser au rap lyrique et qu’il intègre le groupe « Big MC », en tant que danseur dans un premier temps. Il écoute alors MC Solaar, Benny B et se rend compte que le rap n’est qu’un effet mode dans son île. Avec « Big MC », il se met à écrire quelques textes. À cette époque, le hip hop était vraiment un état d’esprit re-groupant des disciplines artistiques comme le b-boying (breakdance), le dejaying, le rap et le graffiti. Il vé-hiculait les principes de l’afrocen-trisme, une manière d’être au quo-tidien, une « débrouillardise ». Les rappeurs créaient de la musique avec peu de moyens et ne se préoc-cupaient pas du lendemain, parce qu’ils étaient dans l’action et non dans le calcul. Mais, le mouvement hip hop manque d’émulation et de dynamique locales, le zouk mono-polisant tout le devant de la scène. Il était aussi difficile d’avoir accès au rap produit à l’extérieur, à moins

d’avoir de la famille, des amis rame-nant des mixtapes des États-Unis ou de métropole.

Scènes et groupes : la génèseEn 1996, Maalkhéma monte le grou-pe A.R.M.A.F.E.U. (Assassins Réu-nis pour la Mise À Feu des Ennemis de l’Underground) avec deux amis, Osteel et Deecta. Ils feront quelques scènes en Guadeloupe, invités dans les sound systems, plates-formes sonores qui accueillent un public exigeant. Deux ans après, se forme le concept «boulamawon», dispositif fédérant quinze intervenants, un Dj sur une durée d’un an. L’idée est venue d’un spectacle monté pour l’abolition de la fin de l’es-clavage. De cette collaboration va naître « Le Tchö », un regroupement de plusieurs musiciens locaux : A.R.M.A.F.E.U., Rasta Connection, MDG (feu gestapo), Jess, Le Spectre, Bugfu Wanted, Zion, RasKana, Ras-taco. Maalkhéma réalise sa première

Kong

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Maalkhéma

Babiéhttp://youtu.be/1fq8xOry_TE

J’ai d’abord écrit le texte. Je me suis inspiré de ce que je vivais chez ma grand-mère, qui se plaignait de mes manquements, de la musique que j’écoutais. Il s’agit donc d’une parodie. Avec Dj Parrain, nous avons ensuite créé la musique sur ces paroles.

©DR

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C’est difficile d’être

reconnu en tant que

rappeur de langue créole

en France métropolitaine. »

«

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BEAT

mixtape avec Dj Parrain, sur laquelle se trouve le morceau « Babié ». Cette cassette a eu beaucoup de succès et est tombée entre les mains d’un producteur de RFO. Maalkhéma est alors invité à participer à l’émission « Reyel Attitudes ».

Une conscience humoristiqueQuand on lui pose la question de son nom de scène, « Maalkhéma », on commence à cerner le personnage. Ce surnom lui vient de la pièce de José Jernidier « Mal Maké », comédie typiquement antillaise. Parce qu’il a de l’humour, et qu’il l’utilise à la fois dans son écriture et dans ses clips ! Il suffit d’aller regarder « Buraliss » ou « Babié », pour bien comprendre l’écueil auquel il se confronte : pas de belles voitures, de mannequins près de la piscine, de misogynie, d’égotrip caractérisé de rappeur. On se trouve très loin des codes du rap et cela explique en partie l’incom-préhension du public et des labels

pour sa production. Maalkhéma a aussi le gros défaut de ne pas vou-loir s’enfermer dans un style et re-jette les étiquettes, ragga ou reggae, même s’il s’est beaucoup produit dans les sound systems.

Une évolution nécessaireEn Guadeloupe, Maalkhéma a été associé au ragga, parce que son style « à part » était difficile à cerner. Ce n’est pas le positionnement qu’il avait choisi et il a souffert de cette in-compréhension. Il réalise quelques collaborations avec Neg Lyrical et préfère assez vite s’éloigner du mi-lieu antillais avec lequel musicale-ment il n’est pas en phase. Décidé à ne pas se limiter, il quitte l’île pour revenir en métropole en 2002. Il entre en contact assez facilement avec des musiciens parisiens et par-ticipe à des compilations. En 2003, sort alors la mixtape « Maalkhéma 2, le retour », compilation de travaux qui synthétise ses années guadelou-

péennes. Rapper en créole en Gua-deloupe est normal, mais en France ? La donne change les mots… Pour se faire comprendre de son nouveau public, et ouvrir sa musique, Maalk-héma commence à mêler le créole et le français. Il s’agit d’une gageure aussi, car pour évoluer, il faut savoir prendre des risques.

De Paris à LyonPour des raisons personnelles et professionnelles, Maalkhéma re-joint la scène lyonnaise des mu-siques dites urbaines. Il n’arrive pas en terrain conquis mais son cousin y a déjà monté un groupe « Killa Sound Massive ». Il tourne un an avec le groupe ragga « Heartical Family », puis entre dans « Mad a Skank » groupe de reggae. Il ne de-vait assurer que quelques scènes et finalement se retrouve en première partie d’Anthony B. Qu’il fasse du reggae, de la soul ou du rap, ce sont toujours ses textes, il reste dans un

Pwoblemhttp://youtu.be/vIf___QZEIA

Sur ce clip, j’ai travaillé sur le détournement d’images : le procès

de DSK, l’émission 90’ Enquêtes,« À l’ombre de la haine » (avec Halle Berry)

et des images trouvées sur le net.« Ou manqué pété on cab’ lè fanm la diw

i ensint’. Ou dwet kopwan sété on jé ou kompwan sété on feinte ».

T’as failli péter un cable quand elle t’a dit qu’elle était enceinte. T’as cru que c’était

une blague, t’as cru qu’elle feintait.

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état d’esprit hip hop, c’est une des caractéristiques de son style. Cette flexibilité, il la tient de son expé-rience dans les sound systems et elle lui permet de se ressourcer musica-lement. Il trouve son inspiration, dans les documents historiques, l’actualité, les humoristes (Dieu-donné, Albè et Léyon), le cinéma (Quentin Tarentino). Il peut traiter de sujets graves sur un ton ironique ou humoristique. Maalkhéma se concentre aussi sur son projet « Phi-losophie créole », un mélange de hip hop et d’acoustique (qui n’est pas sorti faute de producteur). En 2010, le public le retrouve en première

partie du rappeur Youssoupha à Ma-gnitude 39 (CCO de Villeurbanne) et finaliste au festival «L’original, buzzboaster» (Rhône-Alpe).Depuis 2010, Kongobeat – l’autre pseudonyme de Maalkhéma – se concentre sur sa facette de beat-maker. Il propose ses musiques à différents interprètes. Il sort son al-bum «Pawabol» sur le web en 2011. Cette année, il fêtera les dix ans de « Babié » avec un concert et un do-cumentaire backstage… Mais son ambition est de pouvoir mener à bien un projet artistique au niveau international, qu’il soit ou non de-vant le micro.

Twop techihttp://youtu.be/MeKe_w6emsQ

>>

« Laaa mé ka ou ban fimé la ?Ou pa vwè koulè a la fimé la ? »

Mais qu’est-ce que tu m’as donné (à fumer) ?T’as pas vu la couleur de la fumée ??

© M

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© M

eroje

Prod

Maalkhéma1975 Naissance à Villeneuve-Saint-George1998 Il fonde « Le Tchö » avec Dj Parrain 1999 • Première partie de Wyclef Jean• Première partie de Bisso na Bisso

2000 • Première partie de Stomy Bugsy• Première partie de Matt Houston2001 Sortie du single « Babié » 2002 • Maalkhéma revient en métropole. • Titre « Fais passer le mot » avec Neg Lyrical sur la compilation « Pass di rum riddim »• Titre « Jalousie» avec Dainjahman sur la compilation « More Vibes »2003 • « Pilé an mako » sur la compilation « R2D2 Riddim » • Sortie de la mixtape « Maalkhéma 2 le retour »

2004 Titre « Jet Set » avec Neg Lyrical sur la compilation « Megawatt »2005 • Titre « Lanmou épi lajan » avec Neg Lyrical sur la compilation « Attomic’ Riddim » produite par Dj Wilson• Titre « Fewoss épi bon zepiss » sur la mixtape de Neg Lyrical• Première partie de Krys et de Mighty Kalimba 2006 • « Chif » sur la mixtape « Bondamanjak street CD A» de Neg Lyrical 2008 Première partie d’Anthony B avec le groupe Mad A Skank 2010 • Festival des musiques urbaines « Magnitude 39 » à Villeurbanne• Finaliste à « L’Original Festival - Buzzbooster »2011 « Pawabol » album [email protected]/maalkhemamaalkhema.skyrock.com/

DR

Buralisshttp://youtu.be/2VyyQE5G3gg

BEAT

yy u Discographie

« Ki diferens ki ni entre on dilè zeb é on buraliss ? Buraliss la ka van

taba, dilè la ka van kanabiss » Quelle est la diférence entre un dealer d’herbe et un buraliste ?

Le buraliste vend du tabac, le dealer vend du cannabis.

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Maalkhéma for Boucan

05Avril 2012

[email protected]/maalkhemamaalkhema.skyrock.com/

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