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MAGAZINE DU MINISTÈRE DE L’AGRICULTURE ET DE L’ALIMENTATION 6 € – NUMÉRO 1567 JANVIER-FÉVRIER-MARS 2018 LA RÉVOLUTION NUMÉRIQUE

MAGAZINE DU MINISTÈRE DE L’AGRICULTURE ET DE L ... · appuyée sur de nouveaux outils, pourra être mise au service tant de la sécurité sanitaire que de la relation entre l'agriculteur

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MAGAZINE DU MINISTÈRE DE L’AGRICULTURE ET DE L’ALIMENTATION6 € – NUMÉRO 1567 – JANVIER-FÉVRIER-MARS 2018

LA RÉVOLUTIONNUMÉRIQUE

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Partenaire historique du ministère de l’Agriculture

En renouvelant sa con�ance envers Harmonie Fonction Publique dont l’o�re était déjà référencée depuis 2009, le ministère de l’Agriculture et de l’alimentation reconnaît la qualité et la spéci�cité de l’o�re de notre mutuelle ainsi que son adéquation aux besoins des agents.

Depuis le 1er janvier 2017, elle assure pour une durée de 7 ans la couverture santé et prévoyance (maintien de salaire en cas d’arrêt de travail, capital décès...) des agents du ministère, de l’IFCE, de l’ONF, de FAM, de l’INAO, de l’ODEADOM, de l’IRSTEA et de l’ASP ainsi que leur famille.

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Pour plus d’informations, contactez-nous au :

Harmonie Fonction Publique, mutuelle référencée

ministère de l’Agriculture

www.harmonie-fonction-publique.fr

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7 IntERvIEw dE StéphAnE tRAvERtLe numérique est le moteur de la transition agro-écologique

9 InfographIe Big data agricole

10 IntERvIEw dE fRAnçOIS MOREAuLe partage des données, un enjeu majeur

13 InfographIe La révolution du big data en 6 points

14 MOdélISAtIOn Magestan numérise la culture de tomates sous serre

14 dAtA ScIEncES Un master pour des emplois assurés

15 AccOMpAgnEMEnt dES pMEBpiFrance lance un diagnosticbig data personnalisé

16 cAptEuRS Une moisson de données

19 AugE cOnnEctéEUne mine d'informations pour la recherche

20 SupER cAlculAtEuR Datarmor au service du big data marin

21 InnOvAtIOnS nuMéRIquESLa pêche et l’aquaculture à l'heure du digital

22 pARtAgE dE dOnnéESLe cloud au cœur de l'agroalimentaire

24 RObOtIquE :l’AgRIcultEuR AugMEnté

25 InfographIe Des robots pour protéger l’homme et l’environnement

27 IntERvIEw dE MIchEl gRIffOnLes algorithmes au service de l’agro-écologie

27 écOphytO Le Challenge ROSEau service d'Écophyto II

28 RObOt déShERbEuROz, le robot qui économise les phytos et le temps de travail

30 lunEttES cOnnEctéESSur le terrain de la réalité augmentée

30 En IMAgES Le robot est dans le pré

32 RObOtIquE & pucES Au service des champs et des arbres

34 l’EnSEIgnEMEnt à l’hEuRE du nuMéRIquE

36 REchERchE Digitag, institut de convergence

37 IntERvIEw dE cyRIl kAOL'agriculture numérique française a une ambition mondiale

38 IntERvIEw d’hERvé pIllAudLa révolution producteurs-consommateurs

40 ApplIS/wEb : lES SERvIcES nuMéRIquES En ApplIcAtIOnS

43 InfographIe Équipements et usages des agriculteurssur Internet

SOMMAIRE

janvier/février/mars 2018 1567 ● 3

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45 RéSEAux SOcIAux Quand les agriculteurs cultivent Twitter

46 ApplIS wEb Les outils numériques du ministère

48 dIAgAgROEcO.ORg L’appli de diagnostic agro-écologique

49 SOlutIOn lOgIcIEllEEkylibre, tout-en-un

50 plAtE-fORME Un outil numérique au service de votre forêt

52 vItIplAntAtIOn Planter ses vignes en ligne

53 SERvIcE En lIgnE Louer son matériel à d’autres agriculteurs

54 cOMMERcE En lIgnEÔ'Poisson, la poissonnerie 2.0

55 AppROvISIOnnEMEnt pROfESSIOnnEl Procsea, la start-up du marché pro de la pêche

56 ApplI pOuR tAblEttE Simplifier le travail des opérateurs des lignes de production

57 IntERvIEw dE jEAn-luc pERROtLes enjeux de la transition numérique dans les industries agroalimentaires

60 SyStèMES d’InfORMAtIOnCybersécurité : l’exemple de Rungis

62 tEndAncE Génération digital native

63 InfographIe L’utilisation d’Internet pour l’alimentation

66 gASpIllAgE AlIMEntAIREPhenix, le site de rencontres anti-gaspi 

68 cROwdfundIng Les plate-formes de financement participatif

nuMéRO 1567Édition actualisée du n°1565Direction de la publicationLaurence Lasserre

Rédaction en chefMarielle Roux

Direction artistique & maquetteJean-Charles Federico

RédactionMarie Bel, Stéphanie Gauthier,Cécile Poulain, Magali Poulet,Sylvain Tallon

Photographies Xavier Remongin, Cheick Saidou,Pascal Xicluna

Photothèque Cécile Bouvard

PublicitéXavier Herry

ImpressionDirection de l’information légale et administrative (Dila)26, rue Desaix75727 Paris Cedex 15

Alim’agri/Bimagri est une publication du ministèrede l’Agriculture et de l’Alimentation78 rue de Varenne 75349 Paris 07 SPTél. : 01 49 55 44 93Fax : 01 49 55 83 [email protected] 0152-3295

Couverture Photo © Thinkstock

@Min_Agriculture

Alimagri

Alim’agri

Alim’agri

infographies.agriculture.gouv.frministre-en-images.agriculture.gouv.frle-lab.agriculture.gouv.fragripicture.fr

agriculture.gouv.fralimentation.gouv.fr

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Le numérique bouLeverse L'ensembLedes maiLLons de La chaîne aLimentairepLus profondément sans doute quedans d'autres secteurs.

Bientôt, le numérique permettra la connaissance et l'intelligencetrès fines de l'exploitation et rendra possible la diminution desintrants au profit de la performance économique et environne-mentale ; l'utilisation de robots ou le suivi individualisé de chaqueanimal amélioreront la qualité de vie au travail ; la traçabilité,appuyée sur de nouveaux outils, pourra être mise au service tantde la sécurité sanitaire que de la relation entre l'agriculteur et lesconsommateurs.

Cette révolution, que l'on estime aussi importante que celle pro-duite par l'arrivée de la mécanisation ou de la chimie dans leschamps, bouscule les acteurs traditionnels. Depuis 2014, enFrance comme à l'international, le marché du numérique est enplein développement, et les investissements décollent. En France,plus de 200 start-up de l'Agtech ont fait leur apparition et ellessont encore plus nombreuses dans la Foodtech.La France peut s'enorgueillir d'un terreau fertile : – un vivier de talents, grâce à l'excellence de son savoir-faire scien-tifique et de sa créativité, de ses formations agronomique etmathématique de pointe ;– un dense réseau d'accompagnement, via des fonds d'investis-sement public ou des structures d'incubation et d'accélérationdédiés (PIA, La French Tech, BPI France, Business France, pôles decompétitivité…) ;– un formidable dynamisme, au service de nos agricultures et denotre modèle alimentaire français.

c'ESt dAnS cE cOntExtE, AfIn dE pERMEttRE à l'AgRIcultuRE fRAnçAISE dE pROfItER dES OppORtunItéS

pERMISES pAR lE nuMéRIquE, quE lES étAtS généRAux dE l'AlIMEntAtIOn quI vIEnnEnt dE S'AchEvER, Ont MISEn évIdEncE lA nécESSIté d'étAblIR unE fEuIllE dE ROutE

nuMéRIquE pOuR l'AgRIcultuRE Et l'AlIMEntAtIOn.

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STÉPhAnE TRAvERT,MInISTRE DE L’AGRICULTURE ET DE L’ALIMEnTATIOn

« lE nuMéRIquE ESt lE MOtEuR dE lA tRAnSItIOnAgRO-écOlOgIquE »

queL avenir dessine Le numérique pour L'agricuLture et L'aLimentationfrançaise ?L'utilisation du numérique a un potentiel immense. LesÉtats généraux de l'alimentation l'ont identifié : pourl'aval, c'est l'une des solutions préconisées pour renfor-cer la traçabilité et mieux informer le consommateur.Pour l'agriculture, le numérique est le moteur de la tran-sition agro-écologique. Une transition que je définiraisen quatre points.

Une agriculture économe : ces nouvellestechnologies permettront à l'agriculteur de dis-

poser de données très fines sur la situation de sonexploitation qui seront au service d'une agriculture plusprécise, économe en intrants, plus verte, et d'une meil-leure gestion des risques liés à l'activité agricole.

Une agriculture qui coopère : l'agriculturefrançaise a toujours su s'appuyer sur des outils

collectifs, des réseaux d'échanges de matériels oude pratiques. Grâce au numérique, ce partage pourras'imaginer à une échelle inédite. Il sera un accélérateurd'innovations et d'échanges de savoir-faire, de matériel,de produits agricoles… Chaque exploitation pourra ainsiaméliorer ses performances économiques et environ-nementales. De nombreux groupes d'échange de pra-tiques ou de conseils sur des productions spécialiséess'organisent déjà sur les réseaux sociaux et forumd'Internet.

Une production alimentaire proche duconsommateur : le numérique permet un

contact direct entre les consommateurs et les pro-ducteurs et multiplie leurs liens : Internet permet

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79%des agriculteurs utilisent internet

c’est plus que lamoyenne française !

lA RévOlutIOn nuMéRIquE

de construire des circuits courts selon de nou-velles modalités. Il offre des opportunités pour expliquerle travail des producteurs et des transformateurs et valo-riser notre excellence alimentaire.

Une agriculture qui innove : une moisson-neuse-batteuse et ses milliers de capteurs est

souvent bien plus connectée qu'une voiture. Il y ade la place pour l'invention de très nombreux servicesnumériques à l'agriculture et à l'alimentation. Par exem-ple, les robots offrent des alternatives pour réaliser lestâches pénibles et coûteuses en main-d’œuvre.

n’est-ce pas une évoLution très fortedu métier d'agricuLteur ?Absolument ! Pour inventer de nouveaux services correspondant aux besoins et à la réalité des exploita-tions, il est important de favoriser le contact entre lesagriculteurs et les innovateurs numériques. Il est égale-ment nécessaire de garantir aux agriculteurs que lesinformations qu'ils auront partagées dans ce cadre neseront pas utilisées contre leurs intérêts.L'adoption de ces nouvelles technologies n'est pas neutre : coûteuse en matériel, elle est souvent complexe.L'agriculteur découvre un nouveau métier : face à desflux d'information continus, il a besoin de nouvelles com-pétences. Il faudra donc l'accompagner dans l'équipe-ment de son exploitation et dans l'acquisition decompétences, que ce soit par des outils économiques,par le conseil ou par la formation initiale et profession-nelle. L’État en prendra toute sa part, mais à l'évidence,d'autres acteurs, le conseil agricole, la coopération, sontaussi pleinement concernés.L'autre grand enjeu est la protection des données. Il fautéviter la position dominante de quelques acteurs.Pour répondre à ces grands enjeux, j'ai demandé lors dela clôture des États généraux de l'alimentation qu'unefeuille de route numérique pour l'agriculture et l'alimen-tation soit réalisée. Le numérique apportera une vraievaleur ajoutée à l'agriculteur : il doit pour cela être aucœur de cette révolution.

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Chaque jour 2,5 milliardsde milliards de donnéessont produites dans le monde. Ces données,associées à descapacités de stockagegigantesques et desalgorithmes hyperperformants pour lestraiter et leur donner dusens, sont à l’origine du« big data ». C’est une source deconnaissance nouvelle,pour des services et desretombées incroyablesaussi bien pour notresanté, notre viequotidienne que pour notre agriculture.

lEbIgdAtA

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Source : les défis del’agriculture

connectée dans unesociété numérique /

Renaissancenumérique, nov.

2015.

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SOURCE : IRSTEAMARS 2017

BIG DATA AGRICOLE

BIG DATA AGRICOLE

LA RÉVOLUTION DE LA DONNÉE

Développementdes méthodesde traitementinformatique

CRÉATIONDE NOUVELLES

CONNAISSANCES

Nouveaux modèles d’analyse multicritères Nouveaux services aux agriculteursÊ

OBTENTIONDE NOUVEAUXINDICATEURS

RÉNOVATIONDES MODÈLES(PLUS PRÉCIS)

Satellites * Agroéquipements * Capteurs sur bâtiments * Capteurs au champsStations météo * Drones * Smartphones * Puces électroniques * Robots

Augmentationdes capacités de stockage

informatiques

Collectesystématiquedes données

Développement de technologies

d’acquisitionmassive de données

Développementde technologies

d’acquisition de donnéesde haute précision

Adaptation duconseil agricole

Nouveaux outilsd’aide à la décision (OAD)

Développementd’applications

Nouveauxservices web

Nouveauxinterlocuteurs

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lA RévOlutIOn nuMéRIquE

interview

inteLLigence artificieLLe piLotant des décisions de L'expLoitation,robots autonomes dans Les champs…Le numérique poussera-t-iLL'agricuLteur hors des champs ?Le numérique permettra surtout à l'agriculteur deconsacrer plus de temps à la compréhension de sonexploitation et à la prise de décision stratégique !Depuis quelques années, la robotique est en pleinessor  : des robots accompagnent le maraîcher dansses tâches pénibles (désherbage, portage…), tondententre les rangs de vigne, proposent de la pulvérisationconfinée. Dans les salles de traite, quelques milliers derobots travaillent déjà à réduire les astreintes des éleveurs au pis des vaches.Ces machines intelligentes et connectées ne suppri-meront pas l'homme – qui certes devra s'adapter à unnouveau métier – à condition que leurs données récol-tées soient la base de la réflexion de l'agriculteur. «Le�robot�de�traite�a�détecté�une�infection�de�la�vache :vais-je�décider�de�traiter�ou�non�et�avec�quoi ?»

FRAnçOIS MOREAU, DÉLÉGUÉ MInISTÉRIEL AU nUMÉRIQUE ET à LA DOnnÉE

lE pARtAgE dES dOnnéES, un EnjEu MAjEuR

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octets sont stockés annuellementpar l’Agence spatiale européenne

pour les images de ses satellites Sentinel

5 1015(5 millions de milliards) 79%

des exploitants connectésreconnaissent l’utilité

des nouvelles technologiespour l’agriculture

Les décisions finales doivent être prises par l'agricul-teur. et pour cela l'agriculteur doit avoir une pleineconnaissance des données produites sur son exploi-tation et la capacité de les exploiter.

queLLe est La position du ministèresur Le partage des données agricoLes ?il est important pour l'agriculture que les producteursdisposent d'un écosystème de services numériques leplus efficace possible. Cet écosystème devra être varié :l'agriculture française est diverse et la politique duministère est de favoriser le développement de cettediversité pour que les pratiques de chaque agriculteursoient adaptées à son territoire et au marché qu'il vise.il est donc important de ne pas laisser se développerdes situations de monopole où les exploitants devien-draient dépendants d'une seule technologie dévelop-pée par une seule entité qui imposerait alors une façonde gérer son exploitation.Pour qu'il y ait une diversité d'innovations et de

46%des agriculteurs en 2013

sont équipés de GPS

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Source : Rapport

Agriculture-innovation 2025 /

ministère del’Agriculture & ministère

de la Recherche,oct. 2015.

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lA RévOlutIOn nuMéRIquE

services numériques, les données doivent êtredisponibles facilement pour les innovateurs. maisl’agriculteur doit rester maître de l'usage de ses don-nées. il faut lui garantir que les informations qu'ilacceptera de partager ne seront pas utilisées contreson intérêt.rendre ses données disponibles à l'innovation sans enperdre le contrôle n'est pas un défi simple. Définir col-lectivement la manière d'y arriver est l'un des enjeuxforts.

tout Le monde apprend à coopérerTémoignage de Mehdi Siné, chef du servicesystèmes d'information et méthodologies,Arvalis Institut du végétal.« La révolution du big data implique unemutualisation : tout le monde apprend à coopérer !Nous avons ainsi lancé des partenariats avec desentreprises d’autres univers : Farmstar (voir ci-dessous) a été développé avec les données dessatellites d’Airbus, Taméo (outil de prévision detraitements) avec Météo France qui nous donneaccès à ses serveurs. Nous leur apportons notreexpertise et nos modèles agroclimatiques. Etnous travaillons avec de nombreuses start-up quidéveloppent des capteurs d’analyse de végétationou de sol par drone, par piquets, pour voir si leursdonnées peuvent affiner notre conseilagronomique… Nous sommes également encontact avec des acteurs destélécommunications comme Orange pour faciliterla transmission et l’accès aux données produitessur des fermes de plus en plus numérisées ».

farmstar aLLieagronomie et sateLLitesLancé il y a 15 ans, Farmstar est un

système d’analyse et de pilotage descultures assisté par satellite et drone.

À l’aide d’analyse d’images des cultures etde modèles agronomique, il fournit des conseilssur l’état des cultures (nutrition, risque maladie,

risque de verse…), et permet la modulation desapports d’intrants. Assisté par GPS, le tracteurdélivre la bonne dose préconisée par Farmstar aubon endroit ! Selon Airbus, l’agriculteur peut ainsiéconomiser jusqu’à 57 € par hectare de blé.Aujourd’hui 18 000 agriculteurs font appel à ceservice pour 800 000 hectares.

une écLosion de start-upSmag, start-up en big data agricole, rachetée parle géant des coopératives In Vivo en 2012, afficheune croissance de 15 % par an. Ayant doublé seseffectifs en quatre ans pour atteindre les 145salariés, Smag héberge un studio agro-digital de600 m2 dédié à l’expertise des données agricoles.« Le véritable enjeu est d’utiliser la bonnetechnologie pour extraire et valoriser desinformations de multiples donnéeshétérogènes comme des imagessatellitaires, des tweetsd’agriculteurs, des donnéesmétéo…Les algorithmes quianalysent ces donnéessont fantastiques, mais ona encore quelques annéesdevant nous avant d’enobserver véritablement lesfruits ».

vers une agricuLture totaLeEn 2015, les investissements dans des start-upen technologies agricoles et alimentaires ontdoublé, atteignant les 4,6 milliards de dollars. Chez le tractoriste Claas, le départementnouvelles technologies est passé de 50 à 250salariés en cinq ans. « On est en train de passer à l’agriculture totale, à l’automatisation dutraitement des données collectées par lesmachines », analyse Bruno Pierrefichecoordinateur des chefs produit tracteurs etnouvelles technologies. En 2013 a été lancé365FarmNet, une start-up qui travaille encollaboration avec l’ensemble des fournisseurs dumonde agricole (préconisation semences, engrais,alimentation animale, banques, assurances…)pour proposer une plate-forme de services issusdes données collectées sur les exploitations.

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LA RÉVOLUTION DU BIG DATA EN 6 POINTS

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GESTION DES RISQUES : la masse de données disponibles analysées par des modèles prédictifs accom-pagnent l’agriculteur avec une incroyable précision dans sa gestion des risques climatiques, sanitaires, mais aussi économiques et environnementaux.

RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT : l’arrivée de capteurs de plus en plus nombreux dans les stations expérimentales ouvre des perspectives de recherches immenses. Les fermes, de plus en plus connectées, deviennent elles aussi des lieux d’expérimentation collaboratifs.

OBJETS CONNECTÉS : l’essor de la robotique couplée à l’intelligence artificielle appuie l’agriculteur dans la conduite des troupeaux et des cultures : aide aux décisions, un gain de précision et une réduction de la pénibilité des travaux.

CONSEIL ET FORMATION : le smartphone, associé aux outils d’aide à la décision, contribue à l’indépendance intellectuelle de l’exploitant. Le conseil et la formation ne disparaissent pas mais peuvent être virtuels, délocalisés.

CONSOMMATEUR : la chaîne alimentaire devient transparente. Cette traçabilité rapproche le producteur du consommateur et facilite leurs échanges.

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MUTUALISATIONÊ: le numérique et ses données collectées à grande échelle – son coût – accélère les collaborations, les partages de données, de savoirs, de matériels.

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lA RévOlutIOn nuMéRIquE

« Notre ambition est d'utiliser toutes les technologiesnumériques pour développer la culture sous serre »,explique Christian Saguez, président de CybeleTech.Subtil mélange entre les calculs de précision et le bigdata, les outils permettent de développer des modèlesde croissance des plantes selon un ensemble de para-mètres propre à la culture des tomates sous serre. « Ons'est appuyé sur le développement important des cap-teurs pour acquérir et centraliser des données de touttype, explique Christian Saguez. Nos modèles permet-tront d'optimiser l'éclairage, le chauffage, l'irrigation etla consommation d'intrants. La maîtrise des coûts éner-gétiques est très importante pour la compétitivité desmaraîchers », rappelle le président de CybeleTech. La gestion globale de tous les paramètres de la serredevrait apporter un gain de compétitivité de 30 % auxcultivateurs selon les objectifs de l'entreprise.Le projet est porté par un consortium regroupant deuxPME, Cybeletech, porteur du projet spécialisé dans lamise au point de méthodes numériques et statistiquesà partir de traitement de données, et Wi6labs, jeunePME créée en 2014 qui développe des réseaux de cap-teurs intelligents. Deux organismes de recherche sontassociés au projet : l'Inra pour les qualités gustatives etle CTIFL pour la validation des résultats expérimentaux.« La tomate souffre d'un déficit de production enFrance et d'un manque certain de qualité, précise Christian Saguez. On constate aussi un besoin de pro-duire sur place pour protéger l'environnement. »Le projet Magestan a débuté en mai 2016 pour un programme de R&D de 31 mois. Il est financé par leprogramme d'investissement d'avenir à hauteur de1,3 million d'euros pour un montant du projet de 2,2 mil-lions d'euros.

qu'est-ce qui différencie Les « data sciences » des « statistiques appLiquées » ?Une spécialisation, de niveau master, sur les questionsd'analyse de données en sciences agronomiques etagroalimentaires est proposée par Agrocampus Ouestdepuis 2004. L'insertion professionnelle de cette spé-cialisation est excellente avec un taux net d'emploiproche de 100 %, un très bon niveau de salaire de pre-mière embauche et une évolution rapide vers des

magestan est un projet de serres innovantes qui permettraient de réduire de 20 % la consommationd'énergie et d'intrant tout en améliorant la qualité gustativedes produits. ce projet piloté par la société cybeletechs'appuie sur les nouvelles capacités offertes en matière de modélisation par le calcul à haute performance et le big data.

agrocampus ouest, en collaboration avecmontpellier supagro, propose aux étudiants de 3e année une spécialisation de niveaumaster intitulée « data science pourl'agronomie et l'agroalimentaire ». expLications de david causeur, directeur du département statistique et informatique d'agrocampus ouest.

magestan numérise La cuLture de tomates sous serre

un master qui assure un empLoi

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MODÉLISATIOn

DATA SCIEnCES

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postes à fortes responsabilités.Depuis quelques années, on observe une évolution dece marché de l'emploi vers des compétences autantinformatiques que mathématiques. On parle de « datascience » pour cet ensemble pluridisciplinaire de com-pétences permettant de décupler la gestion et le trai-tement de données massives et hétérogènes. Dans lecadre de l'enseignement supérieur agricole, cette for-mation est aujourd'hui unique, par son adossement àdes cursus d'ingénieur agronome et sa forte interactionavec les milieux professionnels.

comment Les data sciences se traduisent-eLLes dans La vieprofessionneLLe ?Agrocampus Ouest est au cœur du premier bassin agri-cole et agroalimentaire en Europe. Notre objectif est deformer des jeunes qui peuvent répondre aux enjeux dubig data dans le domaine des sciences du vivant et del'industrie agroalimentaire, en leur apportant lesmoyens d'analyser des bases de données stratégiquespour les entreprises et les organismes qui veulent développer des applications ou des services d'avenir.Par exemple, le recours au digital pour comprendre les

choix des consommateurs requiert les capacités d'analyse des data science, afin d'améliorer la percep-tion sensorielle de produits alimentaires. Celle-ci étantsubjective, l'approche mathématique permet d'en déduire de précieuses indications pour le marketing oula R&D. L'intérêt pour ces approches dépasse le cadrede l'agroalimentaire. Des étudiants ont été recrutéspour l'évaluation sensorielle de parfums par l'industriecosmétique ou même d'équipements sportifs.

La data science est-eLLe enseignéeen dehors de ce master ?Les modules de formation de niveau Licence évoluentégalement en réponse à cet essor des data science.Avec un enseignement mêlant plus systématiquementles aspects informatiques et mathématiques.Ces évolutions sont rendues possibles par le recours àdes pédagogies nouvelles, permettant l'autoformationau moins partielle des étudiants. Ainsi, AgrocampusOuest fut le premier établissement dans le périmètrede l'enseignement supérieur agricole à proposer unMOOC sur l'analyse des données. Ce MOOC est suivi surla plate-forme France Université Numérique (FUN) par5 000 apprenants chaque année.

ACCOMPAGnEMEnT DES PME

bpifrance Lance un diagnostic big data personnaLisé

Le big data révolutionneles marchés et lesentreprises à tous les niveaux :approvisionnement,marketing/ventes,production, logistique,etc. Pour accompagnerles PME dans cettedémarche stratégiqueet accélérer l’accès auxopportunités décisivesde la data, BpiFrancepropose un nouveaudispositif de diagnosticbig data personnalisé.Ce diagnostic permet au dirigeant d’une PMEd’identifier très

rapidement les axesprioritaires de créationde valeur apportés parl’utilisation des data,modèles et algorithmesafin d’optimiser lacroissance et lacompétitivité, voireopérer unetransformationstratégique.Cette mesure estaccessible sur simpledemande sur le sitehttps://operationdata.frLe diagnostic flashs’appuie sur une analysepréalable et un entretienapprofondi avec le

directeur général de l’entreprise.. À l’issue du diagnostic,le plan d’actions assortid’une tactiquepartenariale decofinancement permetalors d’optimiser la miseen œuvreopérationnelle.BpiFrance cofinance cediagnostic d’une valeurde 700 € HT à hauteurde 50 %.

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lA RévOlutIOn nuMéRIquE

CAPTEURS

unE MOISSOn dE dOnnéEStoutes les cinq secondes, la moissonneusebatteuse en pilotage automatique de mathieu imbault, agriculteur en beauce, lui fournit des données géolocalisées. elles optimisent en temps réel le chantier de récolte et servirontplus tard, via des cartes de rendements ou de préconisation, à optimiser son travail pour trouverla juste dose au bon endroit et au bon moment.

quaLité du grain, quantité, humidité, décLivité… La machine s’adapte aux conditions de récoLte, une incroYabLe inteLLigence technique.

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big data

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29 juillet, Ormoy la Rivière, Beauce. Seul, dans sacabine à trois mètres au-dessus des blés, MathieuImbault pilote la bête à l’aide de ses trois écrans. Il touche à peine le volant. Monstre de précision, assistéed’un guidage GPS d’une minutie de géomètre, la mois-sonneuse-batteuse suit automatiquement ses mêmestraces d’une récolte à une autre… En cet été 2016 inaccoutumé, les graines se font rares et rabougries. Larécolte sera mauvaise pour Mathieu. La moissonneusen’en travaille que plus vite, avalant ses quintaux de blé.Dans son ventre, caméras et capteurs multiples suiventson transit… Qualité du grain, quantité, humidité, décli-vité… L’information est enregistrée, transmise et digérée ; la machine s’adapte aux conditions de récolte, uneincroyable intelligence technique.

« Cette moissonneuse-batteuse est truffée de plus de 1 500capteurs ! Elle possède un véritable système nerveux danslequel circule une incroyable quantité de données.Consommation en temps réel de carburant, vitesse de rota-tion et température du moteur, rendement de chaque mètrecarré pour réaliser des cartographies de rendement… Toutesles cinq secondes des données sur son travail ou son envi-ronnement sont enregistrées », s’enthousiasme BrunoPierrefiche coordinateur des chefs produit Tracteurs etnouvelles technologies de l’équipementier Claas, venuce jour-là sur l’exploitation. «Le développement des TIC enagriculture a accompagné l’essor d’une mécanique de pré-cision ; les composants mécaniques intègrent de plus en plusd’électronique, automatisant leur pilotage, facilitant la détec-tion de pannes et les opérations de maintenances. La machine s’optimise toute seule, minimise les risques d’erreurs humaines sans supprimer l’humain, simplifie

cEttEMOISSOnnEuSEbAttEuSE ESt tRufféE dE pluS dE1 500 cAptEuRS.

62%des agriculteurs

en grandes culturesestiment utile de

disposer d’Interneten dehors de leur

bureau

-20 %la baisse d’intrants

utilisés par lesvignerons

espagnols utilisantdes capteurs

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lA RévOlutIOn nuMéRIquE

le travail. Reliée à internet, la machine renseigne en per-manence de ce qu’elle fait ou de ce qu’elle observe», analyseGilbert Grenier, professeur d’automatique et génie deséquipements à Bordeaux Sciences Agro.

parLer ensembLesur pLace et à emporterCes informations collectées par les machines améliorentles interventions sur place, comme le capteur CropSensor. nouveauté proposée depuis 2016 par Claas,cette rampe fixée à l’avant du tracteur analyse la chloro-phylle des plantes et en déduit les besoins des plantesen azote. Transmettant ces informations au distribu-teur d’engrais connecté, cet outil module desapplications de fertilisants à l’intérieur d’unemême parcelle. « La collecte des données n’estpas nouvelle : cela fait 20 ans qu’on est capa-ble de cartographier l’hétérogénéité des ren-dements sur une parcelle. Mais elles étaientjusqu’à présent traitées “manuellement” aubureau. Depuis une dizaine d’années, l’en-semble des équipementiers agricoless’est doté d’un langage informatiquecommun (norme ISOBUS). Tracteurs,distributeurs d’engrais, pulvérisateurs,presses, semoirs… Aujourd’hui, tous lesnouveaux matériels peuvent être géolocali-sés, connectés et dialoguent entre eux»,explique Bruno Pierrefiche.

dES cAptEuRSdétERMInEnt lES bESOInS EnAzOtE dES plAntESpOuR MOdulER lA dIStRIbutIOnd’EngRAIS à chAquE zOnEd'unE pARcEllE.

crop Sensor, le capteur proposé par claas.

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«�L’arrivée�de�capteurs�de�plus�en�plusnombreux� dans� les� stations� expéri-mentales�révolutionne�notre�manièrede�chercher�et�d’expérimenter.�Nousavons�installé�à�l’Herbipôle�des�outilsqui�mesurent� automatiquement� ceque� mange� chaque� animal.� Cesmesures,� en� routine� sur� un� nombreimportant�de�bêtes,�sont�essentiellespour�le�phénotypage.�Elles�nous�per-mettent� de� mieux� comprendre� lesrelations�entre�les�gènes�et�leur�expres-sion,� les� caractères� de� l’animal.�Nos«auges� connectées�»� collectent� ainsides� données  en� temps� réel� sur� lesquantités�ingérées�mais�également�surles�modes�de�consommation�des�ani-maux :�quel�animal�mange�quoi,�pen-dant� combien� de� temps� et� à� quelmoment� dans� la� journée…�Grâce� à

des� instruments� de� pesée� automa-tique,� nous� sommes� passés,� depuispeu,�d’une�pesée�quotidienne�ou�heb-domadaire� à� plusieurs� pesées� parjour.�Toutes�ces�informations�peuventêtre� utiles� à� plusieurs� équipes� derecherche� sur� différents� sujets  :� ali-mentation,�croissance�comportementanimal,�production�de�gaz�à�effet�deserre,�etc.�Sur�l’ensemble�de�nos�ins-tallations�nous�sommes�capables�derecueillir�un�nombre�exponentiel�d’en-registrements�ce�qui�génère�des�mil-liers�de�données.�Valider�et�traiter�cevolume� devient� un� challenge� essen-tiel :� depuis� quelques� années� notrerecrutement� a� évolué� vers� des� ingé-nieurs�et�techniciens�plus�spécialisésen� informatique� et� électronique.�»

AUGE COnnECTÉE

unE MInE d'InfORMAtIOnS pOuR lA REchERchE

Des tracteurs plus intelligents… Et plus chers ? non, répond leconstructeur, pour qui ce ne sontpas les capteurs embarqués quichargent le plus le prix desmachines mais la réponse auxnormes antipollution. MathieuImbault estime qu’avec sesmachines intelligentes et l’automa-tisation du guidage, il peut gagnerjusqu’à 10 % de temps sur laconduite de tracteur et réduire de 5 % d’utilisations d’intrants(engrais, pesticides, graines). Uneévolution plus qu’une révolution ?Pour ce céréalier, le numériqueoptimise son travail mais la révolu-tion promise se fait encore attendre.

Des nezembarqués sur le tracteur ?

Des capteurs de plus en plus miniatures,perfectionnés par destechnologies nouvelles(fréquences terahertz,imagerie thermiques…)issues d’autres domaines,permettront de détecterprécocement des maladiesou les stress des plantes.Des nez électroniqueshumant les particules dans l’air pourraient ainsidétecter l’arrivée de virusou de spores, cellules de champignons, bienavant le déclenchementdes maladies de plantes.

L'herbipôle, unité expérimentale de l’inra de clermont-ferrand(puy-de-dôme) est une infrastructure de recherche unique

en europe : dévolue à l'élevage des herbivores en zone de montagne, elle rassemble 900 bovins et 800 ovins

sur 1 100 hectares de prairies. Le numérique ouvre de nouvellesperspectives à la recherche sur le vivant.

témoignage de bernard sepchat, ingénieur en expérimentation animaLe bovin viande.

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lA RévOlutIOn nuMéRIquE

L'Institut français de recherche pour l'exploitationde la mer vient de se doter d'un nouveau super cal-culateur d'une puissance de traitement 15 fois supé-rieur au précédent. L'ifremer collecte quotidiennementd'innombrablesdonnées très précieuses pourles chercheurs,tant pour étudierl’évolution desespèces que pourmesurer les cou-rants, les vents, lahoule, l'ensable-ment des portsou les conditionsde la proliférationdes algues. Datarmor est l’un des 500 premiers supercalculateursmondiaux, et le seul à 100% au service de la mer. «Cecalculateur�nous�permet�de�changer�d’échelle�et�d’imagi-ner�des�applications�et�des�traitements�de�données�incon-nus� jusque-là.� Nos� chercheurs� observent� déjà� despuissances�de�calcul�dix�fois�plus�rapides�pour�faire�tour-ner�leurs�modèles�de�prévision ! » explique Pierre Cotty,responsable du département infrastructures marineset numériques de l’ifremer.Ce big data marin sera également accessible aux Pmeet start-up en open source.

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SUPER CALCULATEUR

dAtARMOR Au SERvIcE du bIg dAtA MARIn

sur LesnaviresscientifiquesLes sondeurs et sonars sontcapables delocaliser trèsprécisément les bancs depoissons : nombred'individus,espèces, calibre…Les drones sous-marins ou de surfacecommencent à être utilisés.

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du vendeur à L’acheteurLes mareyeurs ont très vitecompris l’intérêt du numériquepour apporter à leurs clients(grossistes, grandes surfaces)des informations commerciales etréglementaires. Le groupe Mericqpropose une applicationpermettant la gestion de laplupart des échanges. Le comitérégional des pêches de Martiniquea sorti fin 2017 une applicationmobile, Pwason Matinik, qui permet aux consommateurs de suivre en temps réel la disponibilité sur les points de vente directe de produits fraispêchés. Sur Internet, les poissonneries en ligne se sont multipliées et la nouvellegénération de pêcheurs valorisenten direct leur pêche sur les réseaux sociaux.

à La criéeSi le débarquement et le tri du poisson se font encoremajoritairement de manièremanuelle, toutes les criéesfrançaises sont informatisées.Le traitement des milliers dedonnées ainsi récupérées aujour le jour par des organismestel que FranceAgriMerapportera des informationsprécieuses sur la structuration

InnOvATIOnS nUMÉRIQUES

La pêche et L’aquacuLtureà L'heure du digitaL

sur Les navires de pêcheÉcrans, capteurs,senseurs… Il suffit demonter à bord pour se rendrecompte combien le numérique est présent ; le journal de pêcheélectronique – obligatoire –transmet les données de capture, plusieurs fois par jour, par connexionsatellitaire.Divers écrans informent le pêcheur sur la météo, la présence du poisson ouencore les cours du marché.Le train de pêche ressemblede plus en plus à unevéritable console depilotage ; et le chalut est équipé de capteurs pour en contrôler le bonfonctionnement au fond de l'eau.

du marché de la filière pêche.La vente à distance représenteaujourd'hui 60 % destransactions, des caméraspermettent de voir les produitsen temps réel. Fin 2018, la criée de Lorient fournira auxpêcheurs des bacs équipés de puces électroniques (RFID)pour une meilleure traçabilitédes produits.

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lA RévOlutIOn nuMéRIquE

PARTAGE DE DOnnÉES

lE clOud Au cœuR dE l'AgROAlIMEntAIREfaciliter le partage des données des produitsagroalimentaires grâce au cloud, c'est la vague sur laquelle surfe la start-upfrançaise alkemics. avec sa plate-forme en lignequi connecte fabricants et distributeurs, la jeune pmese taille la part du lion du e-commerce et continue sa progression.

Sur le marché de la grandeconsommation, on retrouve lesproducteurs, les industriels et autresmarques qui cherchent à faireconnaître leurs produits alimen-taires aux distributeurs. viennentensuite la négociation et l'accord surles produits pour le référencementdu produit dans le catalogue devente du distributeur. Aujourd'hui, avec la diversificationdes packaging et la multiplicationdes supports de vente, les industriesagroalimentaires et autres profes-sionnels du secteur se retrouvent endifficulté pour gérer ce processusavec des procédés manuels commedes échanges de mails ou destableaux Excel. Or ces données sontimportantes pour valoriser les pro-

données sont synchroni-sées et actualisées enpermanence et la sécuri-sation assurée par login.Une formule gratuiteest accessible, avecdes fonctionnalitésbasiques, pour lesplus petites struc-tures. « De la PMEau grand groupeindustriel, Alkemicsvise la démocratisa-tion du référencementen grande surface grâceau partage de donnéescollab oratif » précise AntoineDurieux, l'un des fondateurs de l'en-treprise. Au total 55 personnes sontemployées à Paris, majoritairementen recherche et développement,pour analyser, structurer les don-nées et répondre aux adaptationsergonomiques du logiciel. Depuisson lancement en 2011 par troisassociés spécialisés dans le big data,l'entreprise a fait ses preuves. Cesont près de 500 industriels soit2 500 marques qui utilisent ce ser-vice en ligne aujourd'hui partageant,au total, près d'1,5 million de don-nées. Les distributeurs présents surAlkemics représentent 78% du mar-ché e-commerce.

duits jusque, en bout de chaîne,auprès du consommateur.«Côté distributeurs, c'est la course auxdonnées pour valoriser les produitsauprès du consommateur notammenten e-commerce. Or qui mieux que leproducteur lui-même pour présenterson produit ? La plate-forme Alkemicsfacilite l'ensemble du processus en sim-plifiant la mise en relation et en auto-matisant la collecte et le partage dedonnées», explique Antoine Durieux,polytechnicien de 29 ans. Les signesde qualité d'un jambon, la valeurnutritionnelle d'une mousse au cho-colat, les allergènes contenus dansune boisson… La demande d'infor-mation sur les produits agroalimen-taires est forte sans compter lesobligations réglementaires relativesà l’étiquetage des produits.

1,5 miLLion de données en partageL'objectif d'Alkemics est de mettre àdisposition des marques et des dis-tributeurs une plate-forme simpled'accès en mode Saas (software as aservice) qui permet au fabricant departager ses fiches produits et dedialoguer avec les distributeurs enligne. Il s'agit d'un service sur abon-nement, avec un stockage des don-nées sur le cloud. L'avantage ? Les

smart data

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en 2016, La start-up parisienne a réaLisé une Levée de fonds de 20 miLLions d'euros.

son avenir se joue au-deLà de nos frontières :après L'espagne vient L'amérique du nord où aLkemics a signé un contrat avec Le géant waLLmart.

open foodsYstem ou Lacuisine de demainCuisiner vite et bien grâceà un électroménagervendu avec des recettesintégrées aux appareils.C'est le projet Open FoodSystem, au carrefour del'agroalimentaire, del'électroménager et dunumérique.

Depuis trois ans, il réunitles Groupes Seb etBonnet Thirode grandecuisine, six PMEtechnologiques et quinzelaboratoires de recherchedont le CNRS, desuniversités, l'Anses etl'Institut Paul Bocusepour la recherche sur legoût des recettes.Les travaux ont permisd'établir des recettesnumériques sur un formatuniversel, avec un moteurde recommandationfondé sur des profilsutilisateurs individualiséset de concevoir desappareils de mesuredigitalisés. Open FoodSystem est porté par sixpôles de compétitivité et financé par l’État et la région Franche-Comté dans le cadre du programmed’investissementsd’avenir.

AlkEMIcS vISElA déMOcRAtISAtIOn du RéféREncEMEntEn gRAndE SuRfAcE gRâcE Au pARtAgEdE dOnnéES.

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lA RévOlutIOn nuMéRIquE

l’AgRIcultEuRAugMEnté

50%

des agriculteurs français qui s’installenten élevage laitier achètent

un robot de traite

Dans les espaces fermés, la robotique est déjà lar-gement établie  : une exploitation laitière sur deuxpossède un robot pour traire, distribuer le fourrage ounettoyer les étables. Ces robots effectuent essentielle-ment des tâches chronophages ou pénibles pour l'ex-ploitant. Depuis un an ou deux, les robots débarquent

aussi dans les exploitations maraîchères et viticoles. Àl'horizon 2020, on estime ainsi à 16,3 milliards d'euros lemarché mondial de la robotique agricole.

Les freins technologiques sont en passe d'être levés.Principale difficulté? Le milieu extérieur! Hors milieuxconfinés, serres ou étables, le robot doit s'adapter à unenvironnement changeant : sol sec ou humide, météocapricieuse, obstacles imprévus… il prend des décisionsen toute autonomie et nécessite capteurs, systèmes detraitement d'images, algorithmes en pagaille et intelli-gence artificielle. Les chercheurs imaginent déjà, à lasortie des laboratoires, des robots interconnectés entreeux, légers pour éviter le tassement des sols et confi-gurables pour différentes tâches : cartographie, traite-ments, semis, désherbage… D'ici 2025, irstea lanceracinq types de robots intervenant, soit en appui des agri-culteurs (accompagner l'agriculteur pour lui porter descharges), soit en essaim ou soit en totale autonomie. Cesnouvelles technologies coûteront cher et nécessiterontd'aller vers encore plus de collectif – déjà bien installédans le monde agricole, Cuma, entreprises du terri-toire, Giee, assolements en commun – et vers plus d'uti-lisation. On verra émerger de nouveaux modesd'organisation entre acteurs à l'échelle du territoire.

L'essor des tic coupLé au déveLoppement des nouveLLes sources de stockagesd'énergie est une révoLution pour Le monde agricoLe. La capacité à s'affranchir du modèLe tracteur-outiLs et son moteur à expLosion pouraLLer vers des automoteurs éLectriques beaucoup pLus faciLes à travaiLLer et pLus Légers, Lance de nouveaux acteurs sur Le marché de L'agroéquipementagricoLe qui s'enrichit d'innovations.

robotique

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SURVEILLER, COLLECTER DES DONNÉES POUR L’AGRICULTEUR ASSISTER

L’AGRICULTEUR POUR RÉDUIRE LA PÉNIBILITÉ PRODUIRE MIEUX

EN INTERVENANT AU BON ENDROITAU BON MOMENT

Cartographier les cultures, analyser le lait des vaches, mesurer la qualité et la quantité d’herbe des pâtures, estimer la maturation des récoltes… Les capteurs embarqués sur les robots récoltent et analysent en temps réel des informations pour une agriculture de haute précision.

Porter de lourdes charges, nettoyer… Les robots sont utilisés dans les serres, les étables, les vignobles et les champs pour accompagner l’agriculteur, le soulager de certaines tâches et optimiser son temps de travail.

Désherber, réduire l’exposition des travailleurs aux produits phytopharmaceutiques…En réalisant des tâches de haute précision, les robots sont écolos !

DES ROBOTS POUR PROTÉGER L’HOMME… ET L’ENVIRONNEMENT

72%des Européens estimentque les robots sont bons

pour la société(77 % des jeunes)

1300chercheurs en robotique

en France, potentiellementmobilisables sur

la robotique agricole

Source : rapport Agriculture-innovation 2025 /ministère de l’Agriculture & ministère de la Recherche, oct. 2015.

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lA RévOlutIOn nuMéRIquE

L’agriculture est le 2emarché mondial de la robotique

de service professionnelle

Il est estimé à 16,3 md$à l’horizon 2020

S

« Les agriculteurs doiventfaire face à des pénuries de main d'œuvre, réduire la pénibilité de certaines

tâches comme le désherbage manuel en agriculture biologique ou l'expositiondes travailleurs aux pesticides enconventionnel… Ils sont mûrs pourtravailler avec des robots. Mais je n'imaginepas des robots en totale autonomie dansles champs, même si des tracteurs sans chauffeurs existent déjà en essaim, on aura toujours besoin d'un opérateurpour des tâches de logistique de ces robots.L'association robot-agriculteur sera plusune coopération qu’un remplacement. »gilbert grenier, professeurd’automatique et génie des équipementsà Bordeaux Sciences agro.

laboratoires dans le mondespécifiquement positionnés

sur la robotique agricole,en particulier en élevage,

cultures en serres etrécolte de fruits et légumes

20

Anatis est un robotagricole connecté agro-écologique qui assisteles maraîchers dans leurquotidien en réalisantl’entretien des culturespar binage automatique.Il sert aussi d’aide à ladécision dans le suivides cultures et émet unrapport de synthèse

pour chaque parcelleavec un ensemble dedonnées permettant à l’agriculteur maraîcherd’anticiper la gestion de ses cultures. Conçuen Vendée, le robotAnatis est un assistantautonome qui peut êtrerelié à un smartphone ou à une tablette.

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C’est une opportunité considérable pour l’écologie ; lesdonnées collectées en très grande quantité déboucheront surde nouvelles découvertes et outils pour l’agriculteur. Pour lesexploitations – mais surtout pour le territoire –, robots, drones,satellites, donnent des informations précises sur les situationsnutritionnelles, les probabilités d’attaques de maladies et deravageurs… La manière de faire de l’agro-écologie appuyée parle numérique sera beaucoup plus précise et intelligente. Il n’yaura pas de bonne agro-écologie sans numérique hyperdéve-loppé et contrôlé par le collectif. à condition toujours que l’in-formation reste totalement disponible et partagée pour servirune écologie au-delà de l’exploitation. à l’aide de ce savoir, l’agri-culteur interviendra avec une précision chirurgicale, plus effica-cement, plus rapidement ! Ces opportunités intéresserontcollectivement et créeront la nécessité de se regrouper. Investirdans le numérique nécessitera sans doute de s’organiserensemble afin de partager les coûts. Le numérique touche dudoigt les enjeux d’agriculture individuelle et collective.

lES AlgORIthMES Au SERvIcE dE l’AgRO-écOlOgIE

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micheL griffon,agronome,

économiste, est président de

L’associationinternationaLe pour

une agricuLtureécoLogiquement

intensive (aei).

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protéger les cultures grâce à des solutions tech-nologiques innovantes, c'est l'objectif de l'appel àprojets Challenge rOse. Les lauréats seront connus enfévrier 2018, lors du salon international de l'agricul-ture. Le dispositif « Challenge » vise explicitement àencourager la collaboration entre chercheurs de diffé-rentes disciplines – agronomie, écologie, sciencessociales, sciences numériques et robotiques – et à fairetravailler simultanément plusieurs équipes sur unemême problématique : la mise au point de stratégiesde désherbage économes en herbicides.Une retombée supplémentaire collective du ChallengerOse est de favoriser l’établissement de référencescommunes afin de pouvoir comparer les travaux scien-tifiques et d’en faire bénéficier l’ensemble des com-munautés.Cet appel à projet est cofinancé par l'agence nationalede la recherche (anr) et les ministères en charge del'agriculture et de la Transition écologique.

Le chaLLenge

rose au service

d'écophYto ii

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lA RévOlutIOn nuMéRIquE

Xavier outre cultivehuit hectares de légumes en bioprès de Toulouse. Il s’est équipé d’un prototype ozdepuis fin 2013.«On peut être amenéà désherber jusqu’àtrois fois par semainedans une mêmeparcelle. Le robotnous a fait gagner dutemps et sans doutedu rendement. Il est perfectible maisépatant ; autonome,nous le laissons seultravailler sur uneparcelle. Là où ilpasse, on n’intervientplus. Nous avonssurtout dû nousadapter en apprenantà lui faire confiance,comme à un salarié !»

oz économise Les phYtos et Le temps de travaiL

page de droite :

xavier Outre,maraîcher

à belberaud et Aymeric

barthes,président dg

de naïotechnologies.

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ROBOT DÉShERBEUR

témoignage

28 ● 1567 janvier/février/mars 2018

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«Le numérique poursimplifier mon travailquotidien, j y crois ! Pour sécuriser la mise-bas qui peut être uneopération délicate, j’ai équipé mon établed’une caméra de vidéosurveillance qui filme lesvaches qui vont mettrebas. La nuit, en périodede vêlage, je n’ai ainsiplus systématiquementbesoin de descendre à l’étable pour vérifier si tout va bien, je peuxsurveiller directement dechez moi. Cet automne,je complète cettesurveillance avec undétecteur de vêlage :accroché à la queue dechaque vache, il détecteses mouvementsspécifiques, typiques de l’arrivée du veau et m’envoie un SMS. C’est une grande sécuritéqui peut nous permettrede sauver un veau par an.»pascal, éleveur

Il ne paye pas de mine avec ses60 cm de haut et ses 150 kg, mais ilpeut porter jusqu’à 90 kg et tracterjusqu’à 300 kg ! Tout en force et touten finesse  : Oz, ce petit robot élec-trique, créé et développé par unestart-up toulousaine, Naïo Technolo-gies, est aussi capable de désherber,biner en autonomie des parcelles delégumes. À l’aide d’une détection laser,d’un GPS et de deux caméras utiliséesen 3D, cet automate suit les alléesdes cultures et peut désherber méca-niquement dix rangées à la suite sansintervention humaine, soit une auto-nomie d’environ quatre heures selon la batterie utilisée. Équipé d’unmodule GSM, il envoie un SMS à l’agri-culteur lorsqu’il rencontre un problèmeou quand la tâche est finie.Ce robot désherbeur révolutionne le travail en agriculture biologique : l’interdiction d’utiliser des produitsphytosanitaires rend le désherbagemanuel indispensable, une opérationpénible et très chronophage.Pour l'instant, 50 modèles du robot Oz

ont été vendus dont deux en Belgiqueet cinq au Danemark. « C'est notre pro-duit phare, le seul qu'on commercialisepour l'instant», confie Gaëtan Séverac,cofondateur de Naïo Technologies,mais d'autres projets sont en cours.Deux nouveaux robots sont dévelop-pés, encore au stade du prototype.Dino, le grand frère de Oz, permettrade travailler sur plusieurs rangées maraîchères en même temps. « Il estconçu pour enjamber les allées de légumes, explique Gaëtan Séverac, il sera utile pour les exploitations maraîchères qui ont des surfaces trèsimportantes ».L'autre robot en cours de développe-ment, Tep permettra le désherbagesous rang de vigne, avec l'objectifqu’un seul robot Tep gère à lui seul25 hectares.Tous ces robots répondent à un objec-tif : faciliter le travail des agriculteurs.« Ce que l'on veut, c'est soulager l'agri-culteur, lui dégager du temps etréduire la pénibilité de son travail »conclut Gaëtan Séverac.

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En AgRIcultuRE bIOlOgIquE

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témoignage

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lA RévOlutIOn nuMéRIquE

en développant des applications surlunettes connectées

pour les métiersmanuels de terrain,

l'entrepriseadventiel propulse

l'agriculture dans la réalité augmentée.

Le robot est dans Le pré3 exempLes de robots pascommes les autres, développéspar les équipes de l’irstea(1)

le prototype baudet-Rob est chargé de transporter du matériel ou des produits en suivant automatiquement une personne.

(1) Institut national de recherche en sciences et technologies de l'environnement et l'agriculture.

robot «muLe »

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Compter les pucerons,évaluer la progressiondes maladies, noterl’état ou le poids desanimaux… adventiel et arvalis ont imaginé des lunettes intelligentesqui accompagneront le travail de plus d'une

centained'expérimentateurs del'institut de recherchedans les champs.Ces lunettes connectées,conçues pour aider le travailleur lorsqu'il a les deux mains prises,embarquent un «mini-

ordinateur» commandé à la voix. Les opérateurspeuvent alors seconcentrer sur leurtâche grâce à un microqui enregistre leurscommentaires. Une révolution pour desmétiers où le comptageet la saisie de donnéessont souvent fastidieux et sujets à erreurs.Depuis septembre,adventiel proposeégalement la réalitéaugmentée, pour guiderl’utilisateur ensuperposant des

indications dans sonchamp visuel.L'entreprise de 164 personnes travaillepour aller encore plusloin dans les objetsconnectés, la réalitéaugmentée, lareconnaissance vocale,l'ergonomie, lacartographie, l’échangeet la valorisationintelligente des données.

LUnETTES COnnECTÉES

SuR lE tERRAIn dE lA RéAlItéAugMEntéE

le projet européen i-leed a pour objectif l'optimisation de l'alimentation des vacheslaitières : un premier robot mobilemesure la qualité et la quantitéd'herbe au pâturage dans chacune des parcelles, puis un secondtraite les zones dégradées par un semis, une tonte et même un ébousage.

Safeplatoon vise à remplacer les lourdes machines agricoles pardes flottes d'engins de taillemoyenne évoluant en convoiautonome ; l’objectif est de luttercontre le tassement des sols qui altère leur capacité à fixerdu carbone.

convoi de robots

robots coordonnés

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un robot, c'est bien, pLusieurs c'est mieuxSi les robots sont actuellementcapables de se déplacer sur unterrain facile, ils ignorent encorecomment adapter leur mode dedéplacement sur différents terrains. C'est tout l'intérêt duprogramme de recherche AdAP2E,initié par des chercheurs de l'Irstea. « On souhaite définir unrobot qui permet une reconfigu-ration pour s'adapter aux difficul-tés de différents terrains et dedifférentes tâches », explique Roland Lenain, coordonnateur duprojet.Ce robot multitâche est actuelle-ment développé pour la viticul-ture : en traitant les parcelles, lerobot diminue l'exposition des viticulteurs aux pesticides et per-met une agriculture de précisionqui optimise les rendements etévite la dissémination des pesti-cides. « Le robot sera capable de

définir des zones de traitementprioritaires selon une cartogra-phie pour cibler au mieux les besoins ». Au final, le robot seracapable d'agir en autonomie pourprendre la décision de traiter oune pas traiter une partie des rangsde vignes.« En utilisant d'autres outilscomme le suivi GPS, le suivi laserou des capteurs d'humidité, il estpossible d'imaginer d'autres appli-cations », ajoute le coordonnateurdu projet.Une robotique capable d'agir enautonomie, telle est l'ambition du projet. Détecter un manqued'humidité, l'apparition d'une maladie, transporter des récoltesou des outils, les finalités du robotlaissent un large champ de possibilités.La difficulté reste dans la capa-cité du robot à adapter son mode

de déplacement aux conditionsextérieures, aux terrains et à latâche à effectuer. « Deux robotssont en cours de fabrication,confirme le chercheur, on testerales changements de mode et lacapacité du robot à s'adapter auxdifférents terrains ».

Le projet a permis d'établir un premier constat  : les besoinsd'une exploitation peuvent êtretraités par l'association de plu-sieurs robots en interaction. « Onest passé de la création d'unrobot reconfigurable à la créationd'un système robotique reconfi-gurable composé de plusieurs robots ». Avec le soutien del'Agence nationale de la recherche(ANR), via le programme « jeuneschercheurs », les équipes du projet AdAP2E voient l'avenir dela robotique agricole au pluriel.

cartographiedes zones de

traitement enproduits phyto.

le programme de rechercheAdAp2E de l’Irstea est un robotmultitâche développé pour la viticulture.

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robotique & puces

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Le drone – 1 mètre d’envergure pour900 grammes – est une solution précise etrapide pour élaborer un plan de fertilisa-tion des cultures. Le diagnostic de bio-masse, fourni en vingt-quatre heures parla société airinov, permettra à jean-Bap-tiste Bruggeman, agriculteur dans l’aube,d’apporter «�juste�ce�qu’il�faut�d’azote�» pourla bonne croissance des plantes. L’eBee?Une solution pour limiter les résidus dansle sol et qui s’adapte au matériel agricole.maladies de la vigne, désherbage… d’au-tres possibilités sont déjà à l’étude.

des dronesau service de L’environnement

Depuis quelques années, le peuplier est moins utilisé en reboisement, en raison du coût élevé de l'opération. Une solution innovante va permettre de revenir aux peupliers :une machine automatisée, lancée par la coopérative Alliance Forêts Bois, permet de diminuer les coûts du reboi-sement tout en garantissant la qualité de la plantation.Pas de chauffeur à bord de ce tracteur nouvelle génération !Guidé automatiquement par un GPS, il réalise en simultanéjalonnement manuel, travail du sol et plantation, ce quigarantit un gain de temps précieux. Une fois les opérationsterminées, le tracteur se déplace seul jusqu'au point sui-vant. L'opérateur conserve toutefois une télécommandepour arrêter la machine en cas d'urgence.Fruit d'un travail de groupe, ce robot a vu le jour début 2015.Les plans et le cahier des charges ont été dessinés par unbureau d'études, un constructeur de machines forestières,un spécialiste en automatisation via GPS et un spécialisteen hydraulique et électrotechnique. L'expérience de lamécanisation des plantations de Pin maritime est à l'originede ce projet collectif.Ce robot répond aux enjeux de la sylviculture de demain :améliorer la qualité des reboisements, maîtriser les coûts etréduire la pénibilité du travail.

reboiser en peupLiers

des puces dans Les arbres de paris

Les rues de Paris comptentprès de 95 000 arbres qu'ilfaut entretenir, élaguer,soigner… Un travail de chaque jour.Les agents des servicesverts peuvent compter surl'aide précieuse d'une pucenumérique qui enregistretoutes les interventions :date de plantation,arrosages, maladiesdiagnostiquées, mais aussitous les traitements,élagages et autresinterventions à effectuer.Et en bonus, la localisationinfaillible de l'arbre !

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lA RévOlutIOn nuMéRIquE

La révolution numérique dans l’en-seignement supérieur, c’est l’oppor-tunité de diffuser notre savoir à desmillions de personnes en France etdans le monde. Et de valoriser à l’in-ternational le modèle d’enseigne-ment agronomique français, appuyépar une recherche d’excellence.

expLications de phiLippe prevost, chargé de coopérationnumérique à L'institutagronomique vétérinaire et forestier de france(iavff).

Alors que notre recherche agrono-mique française se place au deuxièmerang mondial, notre enseignementagronomique est lilliputien ! Malgré leur

excellence, nos formations et nosécoles d’ingénieurs et vétérinaires nesont pas assez présentes à l’interna-tional. Heureusement, le numériquebouleverse la donne : avec l’essor destechnologies éducatives, l’enseigne-ment en ligne – grâce aux vidéos,textes, serious game, travaux pra-tiques évalués par les pairs, etc. – pro-pose des contenus diversifiés auservice d’un savoir très pointu.Et, autre révolution, le contrôle desconnaissances, avec validation desacquis, est désormais possible à dis-tance  : on est capable de contrôlerl’apprenant présent devant l’ordina-teur au moment de l’examen en ligne.Les Mooc, têtes d’affiche, font actuel-lement le buzz, mais ce sont bientôtdes formations entières qui seront

l’EnSEIgnEMEnt à l’hEuRE

du nuMéRIquE

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disponibles pour tous. Elles devronts’appuyer sur un modèle économiquepérenne. En Australie, l’enseignementen ligne représente le cinquième secteur économique national.

L'expertise française

Aujourd’hui, un peu plus de 15 000étudiants suivent l’enseignementagronomique et vétérinaire français.Dans 10 ans, ils pourraient être150 000  grâce au numérique ! Certains suivront l’enseignementclassique, d’autres seront en blendedlearning, mélange entre du présentielet du distanciel. L’accompagnementdes étudiants sera différent  : c’estune nouvelle ère pour le corps profes-soral. Le mode de transmission dusavoir est bouleversé  : le cours seraconçu presque comme un film, où l’onaura intégré au service d’un mêmemessage plusieurs médias  : vidéo,texte, infographie. Éditer, vulgariser,réduire l’approximatif, organiser le savoir et les documents que l’on metà disposition, et penser marketingpour être visible sur la toile.Les chercheurs, pas toujours impli-qués dans des cours traditionnels,s’investissent déjà dans cette nouvellediffusion du savoir : il est plus rapide-ment partagé, c’est passionnant.Notre enseignement agronomiqueprofessionnel et supérieur français ala particularité d’être pluridisciplinaire,de proposer des compétences

On ESt cApAblE dE cOntRôlER l’AppREnAnt pRéSEnt dEvAnt l’ORdInAtEuR Au MOMEnt dE l’ExAMEn En lIgnE

« approche système ». Par ailleurs,nous sommes les seuls au monde àgérer cet enseignement dans unecontinuité du CAP au doctorat, dansun même ministère, et cela donne unmodèle de développement agricoled’une force incroyable que l’on doitpouvoir valoriser à l’international !Nous devons avoir une approche softpower et apporter cette expertise.

Des tractoristes qui décryptent les infos venues du ciel

« La technologie embarquée sur les tracteurs est si High-tech que lesentreprises de travaux agricoles peinent à trouver des chauffeurs qualifiéspour utiliser le potentiel de ces engins », analyse Emmanuel Catherineau,directeur adjoint du CFA-CFPPA de Bordeaux Gironde. Le CDFA de laGironde propose depuis cinq ans Agricapconduite, un diplôme d’ouvrierqualifié en conduite BPA TCEEA. Pendant sept mois, les apprenantsdécouvrent la conduite d’engins, l’agronomie, la soudure, le certiphyto…Et, originalité, se familiarisent avec l’agriculture de précision. Ils apprennent à analyser une imagerie aérienne de drones ou de satellites,maîtrisent une carte de préconisation et adaptent leur pulvérisation au mètre près en fonction des besoins. « Tout le monde s’arrache ces diplômés ! Nous avons 91 % d’insertion professionnelle directe, et plus de la moitié ont leur poste à l’issue du premier stage ! »

Un parcours de MOOC 100 % formation agricole

@gropass propose depuis la rentrée 2017 un accompagnement numériquepersonnalisé pour près de 190 apprentis autour de diplômes de l’agriculture,du CaP à l’ingénieur. Cette école agricole du numérique offre des formationsaux étudiants pour une meilleure réussite scolaire et insertion professionnelle.elle fournit en ligne des modules soutien « ludiques» pour les apprentis endifficultés d’apprentissage et des modules passerelle pour qui souhaitealler plus loin. Ce dispositif en ligne a déjà été testé cinq ans avec des BTsen préparation aux concours d’ingénieur. Les étudiants volontaires en BTsde toute la région ancienne aquitaine se forment à distance en parallèleavec plus de 8 heures de cours par semaine en anglais, mathématiques,biologie, aisance orale, écrite… Bilan? 40% de réussite en moyenne sur lesconcours d’ingénieur en agronomie. Une performance !

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lA RévOlutIOn nuMéRIquE

comment Le numériqueimpacte La recherche ?Comme de nombreux autres secteurs,l’agriculture et l'agroalimentaire sontentrés de plain-pied dans l'ère dunumérique : les gisements de donnéessont immenses. Et les possibilités deles traiter tout autant ! La recherche aelle-même été révolutionnée depuisquelques années déjà par la massifi-cation de l'acquisition et le traitementdes données : on est aujourd'hui capa-ble d'analyser des écosystèmesmicrobiens entiers via la génomique àhaut débit. Le « numérique » – favorisépar le développement de nouvellestechnologies appliquées aux capteurs

Depuis 2001, l'école de Montpellier Supagro aaccompagné la création de 26 entreprises qui tota-lisent 170 emplois directs et 13 millions d’euros de chif-fre d’affaires. «De�nombreux�étudiants�et�jeunes�diplômésde�SupAgro�souhaitent�se�lancer�dans�l’entrepreneuriat�àla�fin�de�leur�cursus.�Il�y�a�là�un�véritable�potentiel�éco-nomique� et� un� bassin� d’emplois� pour� la�métropole� deMontpellier», explique Pascal Peny, directeur du servicepartenariats. Ouvert aux étudiants, chercheurs, doctorants et toutporteur ayant une innovation à développer en parte-nariat avec un laboratoire, agrovalo propose un gui-chet unique d’offre de services : montage de projets,appui au partenariat avec le secteur professionnel,protection des inventions, gestion de brevets, négo-ciation de licences.

associant recherche, entreprises et enseigne-ment supérieur, Digitag est le premier institut deconvergence dédié à l'agriculture numérique. il vise àstimuler des champions nationaux et s'assurer queles agriculteurs sont acteurs de la révolution numé-rique.Digitag est organisé autour de six axes de recherche :TiC et sociétés rurales, TiC et innovation, acquisition dedonnées, systèmes d’information, big data agricole,simulation. il abritera une graduate school, offrira plusde 150 bourses de masters, 56 contrats doctoraux,l’équivalent de 17 à 19 ans de post-doc et 72 mois desalaire pour l’accueil de scientifiques haut niveau. Troisnouveaux parcours de master seront créés.Porté par irstea, Digitag regroupe d’autres organismesde recherche leaders (inra, inria, Cirad), l’enseigne-ment supérieur et huit entreprises. C'est l’un des cinqlauréats de l’appel à projets anr instituts Conver-gences annoncés par le Premier ministre fin 2015.financé à hauteur de 10 millions d'euros dans le cadredu programme d’investissements d’avenir (Pia), il aété initié dans la dynamique du rapport Agriculture-innovation�2025.

InCUBATEURAgROvAlO MédItERRAnnéE

REChERChE dIgItAg, InStItut dE cOnvERgEncE

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cYriL kao, sous-directeur de La recherche, de L'innovation et des coopérationsinternationaLes à La direction généraLe de L'enseignement et de La recherche, duministère de L'agricuLtureet de L'aLimentation.

interview

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et outils de mesure – est devenu à lafois un moyen puissant au service deschercheurs et un objet de rechercheen soi, qui ouvre de nombreuses fron-tières scientifiques à l'interface desdisciplines traditionnelles.

queLLes conséquencespour La formation desjeunes ingénieurs« agro » ?C'est aussi une révolution pour les for-mations du supérieur. À l’instar desannées 90 qui ont vu de nombreuxingénieurs intégrer les cabinets deconseil en informatique, des « agro »embrassent aujourd'hui des carrièresdans la « Tech » avec des profils dedata scientists ou d'innovateurs. Lesliens que stimule l'agriculture « du

numérique » avec d'autres commu-nautés scientifiques – par exemple lestechnologies de la communication oul'informatique – questionnent nosfilières de recherche et de formation.Aujourd'hui, les formations du supé-rieur doivent former les jeunes pro-fessionnels à des compétences detraitement de données très transver-sales, qui ne sont pas propres aumonde agricole.

Les formations dusupérieur intègrentdonc des savoir-faire etdes technoLogiesnouveLLes ?En effet, c'est une belle opportunité :accompagner l'émergence de nou-veaux écosystèmes intégrant la

recherche académique l'enseigne-ment supérieur, et le monde de l'en-treprise avec des start-up, desincubateurs et des pôles de compéti-tivité. #DigitAg est emblématique decette dynamique partenariale encours avec 150 experts rassemblés àMontpellier et à Rennes pour faireconverger formations et recherchesautour d'une ambition pour l'agricul-ture numérique française à portéemondiale.

EnSEIGnEMEnT SUP AGRICOLE

l'AgRIcultuRE nuMéRIquE fRAnçAISE A unE AMbItIOn MOndIAlE

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lA RévOlutIOn nuMéRIquE

hervé piLLaud,agricuLteur-éLeveur, secrétaire généraL de La chambre d'agricuLture de vendée et président d'honneur de La ferme digitaLe

lA RévOlutIOnpROductEuRS-cOnSOMMAtEuRS

aLimenTaTiOn

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L'internet, les blogs, les réseaux sociaux, hervé pillaud les connaitbien et les pratique depuis longtemps. convaincu que le numériqueporte en lui le principe d'une agriculture durable et productive, il a publié en 2015 « agronumericus », livre où il explique comment les agriculteurs vont s'approprier ces nouvelles technologies.

Le numérique est-iL en train de changer notre modèLeaLimentaire ?

aujourd'hui, les consommateurs sont pour l'essentiel,citadins. et s'ils sont plutôt bienveillants à l'égard des pro-ducteurs, il y a une forte méconnaissance de l'agriculture,des modes de production. Le numérique a un rôle clé àjouer dans le renforcement des liens entre producteurset consommateurs. Le consommateur a besoin de lien,il est d'ailleurs en demande si on regarde le développe-ment des circuits courts, des associations pour le main-tien d'une agriculture paysanne (amaP) etc. De la mêmemanière, les blogs de cuisine, les réseaux sociaux sedéveloppent car ils entretiennent ce lien.

que va changer Le numérique pour Le producteur ?

Le numérique va avant tout changer son rapport avec leconsommateur. Demain, nous pourrons davantage indi-vidualiser l'offre, grâce à la data et mieux cibler leconsommateur. C'est ce que font déjà Google et face-book en nous proposant des publicités personnalisées.Cela permettra une mise en production au plus près desbesoins des consommateurs. On pourra affiner la pro-duction pour éviter la discordance de l'offre et de lademande en limitant la fluctuation des prix. On pourraégalement réduire les coûts en matière de logistique, encircuit court comme en circuit long, par une mutualisa-tion des transports. Le numérique est un magnifiqueoutil de mise en relation des acteurs!

Pour l'instant le numérique est intégré à l'agriculturemais le changement est en marche : l'agriculture s'intè-gre progressivement au numérique. Un changementqui s'inscrit dans une évolution globale de la société.Dans le futur, je pense que l'engagement des consom-mateurs et la co-construction entre producteur, citoyenset l'ensemble des acteurs seront essentiels. Les livinglabs se développent dans cet esprit avec des concoursde start-up «vertes» qui boostent l'innovation.

Agronumericus,2015, 250 pages,éditions FranceAgricole

On pOuRRA AffInER lA pROductIOn pOuR évItER lA dIScORdAncE dE l'OffRE Et dE lA dEMAndE

En lIMItAnt lA fluctuAtIOn dES pRIx.

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lA RévOlutIOn nuMéRIquE

lES SERvIcESnuMéRIquES En ApplIcAtIOnS

Vie privée ou vie professionnelle, pas unjour sans une nouvelle application. si lespremiers smartphones proposaient de simplesrelookages des sites internet, très vite les appli-cations dédiées ont fait leur apparition, trans-formant le téléphone mobile en véritable outilde travail. météo et autres services, agriculturede précision, e-commerce, traçabilité et pro-duction de l'alimentation, dans ce marché desapplications en pleine ébullition, on trouve lebon, le meilleur et le vraiment moins bon, maisles utilisateurs savent vite faire le tri. si uneapplication perdure, c'est qu'elle est bien

conçue et répond à un vrai besoin. 79% desagriculteurs connectés reconnaissent l'utilitédes nouvelles technologies pour l'agriculture.Pour @Guyotvincent02, agriculteur céréalierdans l’aisne et suivi par plus de 4000 abonnéssur Twitter, les réseaux sociaux servent devitrine pour montrer au grand public les pra-tiques d’une agriculture responsable. C’estaussi un moyen d’être moins seul. «�Ma�familleest� à� l’école� ou� au� travail� de� 8� à� 18� heures.Je�travaille�seul�sur�l’exploitation�toute�la�journée.Mon�compte�Twitter�me�permet�de�créer�et�tisserdes�liens�avec�l’extérieur,�de�rester�en�contact

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⅔disent les avoir

utilisées au coursdes 3 derniers mois

70%des agriculteurs équipés

installent des applicationsprofessionnelles

(1) (1)

40 000c’est le nombre de produits

à propos desquels l’appliOpen Food Facts a rassemblé

des informations (origine,additifs, etc.) via 1700

contributeurs.

«De nombreuses sociétés proposentdes logiciels de prédiction et d’aide à ladécision installés sur les équipementsinformatiques de l’agriculteur. Maisl’usage grandissant des smartphonesen agriculture a aussi permis lamultiplication des applicationsprofessionnelles ou collaboratives :équipés d’un appareil photo et reliés àInternet et aux réseaux téléphoniques,les smartphones comptent parmi les outils de travail les plus précieux.»Extrait du rapport Les défis del’agriculture connectée dans unesociété numérique / Renaissancenumérique.

témoignage

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lA RévOlutIOn nuMéRIquE

+110%c’est l’augmentation de l’utilisation

d’applications professionnellespar les agriculteurs possédant

un smartphone entre 2013 et 2015

(2)

avec�le�monde�!�»�(article p.43).Compétitivité, enjeux environnementaux,échanges avec les consommateurs… Les agri-culteurs doivent faire face à des objectifs mul-tiples. La prise de décision se complexifie, et lesapplications et nouveaux services numériquessont très utiles pour gagner en pertinence eten efficacité. entre 2013 et 2015, l'utilisation desapplications professionnelles par les agricul-teurs possédant un smartphone a progresséde 110%.Cette évolution vers une e-agriculture est d'or-dre stratégique : c'est la compétitivité des pro-ductions agricoles et de toute la chaîneagroalimentaire qui est en jeu.

biovigiLance

Agiir permet de reconnaître les insectesinvasifs et de déclarer leur présence dans

une situation donnée. Grâce à un outil dereconnaissance et de gestion par l'image,

l’utilisateur est en mesure de lesidentifier à partir de plusieurs

paramètres : stade de développement,période de l'année, zone géographique,

autres insectes prêtant à confusion.L'accès à des fiches permet de confirmer

l'identification de ces insectes, decompléter ses connaissances, en

particulier celles portant sur leur biologieet les stratégies permettant leur gestion

raisonnée et écoresponsable. Une foisl’insecte identifié, on peut déclarer à tout

moment sa présence en un lieugéoréférencé en remplissant un

questionnaire succinct et en réalisant ounon des photos associées.

(1) les défis de l’agriculture connectée dans une société numérique /Renaissance numérique, nov. 2015. (2) Rapport Agriculture-innovation2025 / ministère de l’Agriculture & ministère de la Recherche, oct. 2015.

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72%

MÉTÉO PRO AGRICOLE

71%

SERVICES BANCAIRES

51%

ACTUALITÉS PRO AGRICOLES SACTUALITÉS PRO AGRICOLES S

41%

PETITES ANNONCE

40%

MES DONNÉES D’EXPLOITATION SMES DONNÉES D’EXPLOITATION S

Sur smartphone moins de 15’

8%de 15‘ à 30’

37%plus de 30’

55%

Sur tablette moins de 15’

9%de 15‘ à 30’

38%plus de 30’

53%

Sur ordinateur moins de 15’

14%de 15‘ à 30’

42%plus de 30’

44%

ENQUÊTEÉQUIPEMENTS ET USAGES DES AGRICULTEURSSUR INTERNETAgrinautes Agrisurfeurs BVA-Ticagri pour Terre-net – septembre 2015

ÉQUIPEMENT DES AGRICULTEURS PAR RAPPORT AU GRAND PUBLIC

LES CONTENUS CONSULTÉS AU MOINS UNE FOIS PAR SEMAINE

POUR LEUR ACTIVITÉ AGRICOLEPOUR LEUR ACTIVITÉ AGRICOLE,LES AGRICULTEURS UTILISENT INTERNET

72%

81%

59% 28% 44%47% 58% 36% 54%

OrdinateurOrdinateur

au moinsune fois par jour

Grand public

Ordin abledinateur portab TabletteT e Smartphonea ho

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L’USAGE DES RÉSEAUX SOCIAUX

ACHATS PROFESSIONNELS ACHATS PROFESSIONNELS RÉALISÉS EN LIGNE DEPUIS UN AN ACHATS PROFESSIONNELS RÉALISÉS EN LIGNE DEPUIS UN AN

C S ÉPAR LES AGRICULTEURS CONNECTÉS

RÉALISÉS EN LIGNE DEPUIS UN AN PAR LES AGRICULTEURS CONNECTÉS

N RÉALISÉS EN LIGNE DEPUIS UN AN PAR LES AGRICULTEURS CONNECTÉS

N

NOMBRE NOMBRE D’APPLICATIONS D APPLICATI AGRICOLES AGRICOLES INSTALLÉESAGRICOLES INSTALLÉES

E

POUR DES SUJETSAGRICOLES

POUR LA VIEPRIVÉE

62%au moins 1 3 en moyenne

82% visionnent des vidéos agricoles. 22% une fois par semaine

ont réaliséau moins unachat en ligne

33%utilisent au moins

un réseau socialdont :

44%utilisent au moins

un réseau socialdont :

15%

32%

12%

10%

9%

8%

2%

3%

59%

PETITS CONSOMMABLES 39%

PIÈCES DÉTACHÉES 35%

MATÉRIEL D’OCCASION 15%

ABONNEMENTS 13%

ALIMENTS MINÉRAUX 11%

MATÉRIEL INFORMATIQUE 9%

SEMENCES 9%

PRÉVISIONS MÉTÉO 7%

COURS ET MARCHÉS AGRICOLES 4%

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Depuis trois ans sur Twitter, Vincent Guyot, céréalier dansl’Aisne, twitte, chaque jour, deux à trois photos pour illustrerson travail quotidien. « Mes abonnés viennent de partout :grand public, agriculteur, médias… J’aime partager mafierté d’être agriculteur, montrer que ce métier est capabled’innover malgré les difficultés. On a besoin d’être encou-ragés, d’être soutenus. J’aime communiquer auprès dugrand public. C’est pour moi essentiel de montrer ce que fait

l’agriculture. Toute la profession apeur de communiquer, elle esttraumatisée par les médias, maiselle en a tellement besoin ! »Avant de reprendre l'exploitationfamiliale en 2001, j'ai été technicien chambre d'agricultureen Île-de-France et j'y ai pris conscience du fossé qu'il exis-tait entre la ville et la campagne. Raconter mon quotidiensur Twitter c'est un circuit court de l'information et l'outilidéal pour raconter, expliquer, démontrer que nous sommesdes professionnels de noS agricultureS ».@GuyotVincent02 est suivi par plus de 4 000 abonnés !

https://twitter.com/guyotvincent02

RÉSEAUX SOCIAUX

quAnd lES AgRIcultEuRS cultIvEnt twIttER

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lA RévOlutIOn nuMéRIquE

ALIM’COnFIAnCE

Les résuLtats des contrôLesaccessibLes à tous

appLis / web

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Depuis le 3 avril 2017, les consommateurs ontaccès aux résultats des contrôles sanitaires réalisésdepuis le 1er mars 2017 dans tous les établisse-ments de la chaîne alimentaire. Ces résultats sontpubliés via l'application Alim'confiance pour iOS,Android ou Windows Phone et sur alim-confiance.gouv.fr.

il s’agit de rendre public le résultat descontrôles officiels en sécurité sanitairedes aliments réalisés dans tous les éta-blissements de la chaîne alimentaire :abattoirs, commerces de détail (métiers

de bouche, restaurants, supermarchés, marchés,vente à la ferme, etc.), restaurants collectifs et établis-sements agroalimentaires. Les données sont présen-tées sur une carte interactive de la france permettantde rechercher l’établissement par son nom ou sonadresse. L’utilisateur peut également filtrer la catégoried’établissement recherché ou simplement parcourir lacarte. Les données affichées sont : le nom de l’établis-sement, la date de la dernière inspection et le niveaud’hygiène. Pour les abattoirs, il s’agit d’un niveau demaîtrise sanitaire de l’établissement puisque le résul-tat du contrôle concerne également le respect desnormes en matière de protection des animaux.Chaque jour de nouveaux résultats de contrôles officielssont ajoutés et restent visibles pendant une duréed’un an après la date de réalisation du contrôle. Lesétablissements de remise directe (restaurants, métiersde bouche, distributeurs) et de restauration collectiveont la possibilité d’afficher sur leur devanture le niveaud’hygiène de l’établissement. Cette affichette leur esttransmise par les services départementaux de l’état.elle sera également téléchargeable sur le site internet.

http://alim-confiance.gouv.fr

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Le site officieL des démarches de L’agricuLture,

de L’agroaLimentaire et de La forêt

Mesdémarches répond aux questions les plus simplesdes usagers et permet de réaliser ses démarches en ligne

que l'on soit agriculteur, entreprise agroalimentaire,propriétaire forestier, élève ou candidat

de l'enseignement agricole, particulier, association de producteurs, etc.

http://mesdemarches.agriculture.gouv.fr

inspections en abattoirsDédiée aux inspections en abattoirs, SI2A est utilisée

tous les jours par environ 1 700 agents répartis dans 220 abattoirs.

exportationPour tout savoir sur les conditions sanitaires et phytosanitaires d’exportation vers les pays

tiers d’animaux, de produits animaux, de végétaux et de produits végétaux ainsi que

les conditions d’échanges intracommunautairesd’animaux de rente.

https://teleprocedures.franceagrimer.fr/Expadon

consuLter Les informations sur un chevaL

Vous souhaitez connaître le pedigree complet d’un chevalou consulter un indice ? Accédez gratuitementau service Info chevaux sur le site Internet

des Haras nationaux ou depuis votre mobileou tablette avec la version dédiée.

http://www.ifce.fr

http://m.infochevaux.fr

données économiques en LigneFranceAgriMer met ses données économiques

à la disposition des opérateurs des filières : données surles productions agricoles et alimentaires, tableaux de

synthèse, de conjoncture, bilans, séries chronologiques…

https://visionet.franceagrimer.fr

SélEctIOn d’ApplISEt dE SERvIcES wEb du MInIStèRE

Et SuRlES RéSEAuxSOcIAux

l’ActuAlIténuMéRIquEdu MInIStèRE

minagri-infographies.tumblr.com

minagriculture.tumblr.com

Alim’agri Alim’agri agripicture.fr

Min_Agriculture

Min_Agriculture

Alimagri

Alimagrifr

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Le site du ministèrehttp://agriculture.gouv.fr

Retrouvez l'actualitéinstitutionelle du ministère sur Twitter, Dailymotion,Linkedin, Tumblr et l'actualitémagazine sur Facebook,Instagram, YouTube et Tumblr.

Le Lab est un blog présentanttoutes les innovationsnumériques du ministère et de ses opérateurs. Un médiasimple, sans arborescence, avec un accès rapide à descontenus thématiques, et bien évidemment toutes les fonctionnalités sociales pours’abonner, notifier, partager.

http://le-lab.agriculture.gouv.fr

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lA RévOlutIOn nuMéRIquE

aides pac

Vous êtes agriculteur ?Téléchargez sur votre

mobile ou votre tablettel'application Telepac mobile.

Vous y retrouverez votrecompte personnel telepac envous connectant avec votrenuméro pacage et votre mot

de passe habituel. Vous pourrez : visualiser votreRPG 2015, y compris en vous

positionnant sur le terrainavec le GPS ; consulter les

caractéristiques de vos îlots,parcelles, SNA et ZDH 2015 ;afficher le détail du paiement

de vos aides ; consulter et télécharger les courriers

de la DDT(M)/DAAF ; retrouvertous vos formulaires PAC

télédéclarés depuis 2010 ; et recevoir une notificationautomatique à chaque foisqu'un nouveau document

ou relevé de paiement vousconcernant est mis en ligne.

Destiné aux agriculteurs qui sou-haitent réfléchir sur leurs perfor-mances, leurs pratiques etestimer leur degré d'engagementdans l'agro-écologie, l’outil de diag-nostic agro-écologique des exploita-tions a été réalisé par le ministère del’agriculture et de l’alimentation, etpar l’aCTa. il est issu du travail collec-tif d’un grand nombre d’acteurs de larecherche et du développement enagriculture. Depuis 2015, plus de4000 comptes ont été créés.Les conseillers agricoles et les ensei-gnants bénéficient d’un compte spé-cifique, avec des fonctionnalités quileur permettent de mieux interagiravec les agriculteurs. Le conseillerpourra créer une exploitation pour la«céder» à l’exploitant, suivre lesactions réalisées par l’exploitant, lireou compléter les diagnostics desexploitations dont il aura eu les droits.

jean-Yves Porhiel, conseiller agricole àla chambre d’agriculture du finistère,teste l’application depuis un anauprès de plusieurs groupes d’éle-veurs laitiers. «�Cet�outil�est�pour�moiun�très�bon�support�de�formation�et�desensibilisation� à� l’agro-écologie.� Ilamène�naturellement�les�agriculteurs�àinterroger�leurs�pratiques,�à�discuter�età�échanger.�Une�des�questions�sur�“lenombre de variétés différentes pourune même culture” les� conduit� àdécouvrir�l’intérêt�de�la�biodiversité�cul-tivée�pour� la� lutte�naturelle�contre� lespucerons.� Il� permet�de� suivre�dans� ladurée�l’amélioration�de�pratiques�d’ex-ploitations� au� sein�d'un� groupe,� parexemple�celles�inscrites�dans�un�grou-pement� d’intérêt� économique� et� envi-ronnemental�».

http://www.diagagroeco.org

Tous les résultats auxexamens de l'enseigne-ment agricole (bac pro, bactechno, BePa, BTsa, CaPa)sont désormais accessiblesur ordinateur, mobile ettablette via la nouvelleplate-forme arpent(résul-tats). Les élèves peuventconsulter les résultats auxexamens mais aussi télé-charger les relevés denotes pendant une duréede deux ans après l'exa-men, et recevoir des alertespar mail.

Une recherche par filière,par examen et par établis-sement est également pro-posée. L'accès à arpent(résultats)est libre, mais mais laconsultation des notes estsécurisée, réservée au can-didat ou à la candidate.arpents(résultat) a étédéployée à l'automne 2017sur l'ensemble du territoireaprès une période d'expé-rimentation.Pour les 80 000 candidatsqui se présentent chaqueannée aux examens del'enseignement agricole, laplate-forme arpent(résul-tats) prendra tout son sensà partir de juin 2018.

DIAGAGROECO.ORGl’ApplI dE dIAgnOStIcAgRO-écOlOgIquE

Arpent(résultats)

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Créée en 2008 en Gironde, cette start-up a développéun logiciel qui réunit tous les paramètres de gestiond'une exploitation sur une même interface, et évite ainsiles saisies multiples. «Quand un agriculteur vend à sa coo-pérative, en une seule saisie, le logiciel édite une facture etenregistre l'opération dans la comptabilité. L'objectif premierd'Ekylibre est la simplification administrative, mais Ekylibrepermet aussi de suivre la traçabilité des produits qui entrentet sortent de l'exploitation».

David joulin estime à 500 heures par an le temps passépar les agriculteurs sur les tâches administratives. « Lagestion automatisée des données permet de dégager dutemps, jusqu'à 250 heures par an ! ».Ekylibre est adapté à chaque exploitation, quelle que soitsa taille ou son activité et peut être ajusté au fil du déve-loppement de l’exploitation.La start-up a choisi de développer son logiciel en open

source, accessible gratuitement dans sa version com-plète, mais pour un usage en toute autonomie. Le carac-tère libre du logiciel permet à l’utilisateur d'adapter etd'apporter les modifications nécessaires à ses besoins.« On développe un modèle qui rompt avec une approcheclassique : on ne vend pas de licence de logiciel. Ce que l'onvend, c'est du service qualifié : accompagnement à l'usagepar nos équipes d'ingénieurs mais également du stockagede données», précise David joulin.Avec une communauté de 500 utilisateurs, le logiciel pro-fite des retours d'expérience de chacun pour toujoursmieux répondre aux usages et besoins réels des agri-culteurs.Ekylibre s'adresse également aux étudiants dans l'ensei-gnement agricole. «Le logiciel est diffusable dans les lycéesagricoles pour leur apprendre la gestion et leur donner desoutils plus faciles pour leur avenir » explique le présidentd'Ekylibre.

factures, comptabilité, traçabilité, gestion des stocks, relations avec les fournisseurs, les acheteurs… être à la tête d'une exploitation agricole, c'est aussi assurer les tâchesadministratives qui incombent à tout chef d'entreprise. fils d'agriculteur et spécialiste

de gestion, david joulin est le co-fondateur et président d'ekylibre.

SOLUTIOn LOGICIELLE

EkylIbRE, tOut-En-un

La gestion automatisée des données permet de dégager jusqu'à 250 h. par an

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lA RévOlutIOn nuMéRIquE

un outiL numériqueau service de votre forêtvous êtes propriétaire d'un bois ou d'une parcelle de forêt ? Laforêtbouge.fr vous aide à connaître et entretenir vos parcelles pour mieux les gérer.

La forêt privée française, c'est plus de 3,5 millions depropriétaires privés, dont 70% ont reçu leur parcellepar héritage, souvent une petite surface. Aussi, nombrede ces propriétaires se sentent démunis, voire peuconcernés, par la gestion de ce bien alors que la forêtdemande des connaissances précises pour en assurerune bonne gestion. C'est pour venir en aide à ces «pro-priétaires dormants» et mobiliser la ressource forestièreen forêt privée, qu'a été créé le portail La Forêt bouge.Ouvert en janvier 2018, ce portail est un outil pour guiderles propriétaires dans de nombreuses opérations : loca-liser leur parcelle avec une cartographie, établir une pre-mière description du type de bois, connaître les prix des

J’alertel’Arcep

Pour améliorer la qualitédes réseaux – téléphonie,internet, fixe, mobile etpostal – l'Arcep,l’Autorité de régulationdes communicationsélectroniques et despostes, vient de mettreen place une plateforme,J'alerte l'Arcep, où toutabonné peut signaler lesproblèmes qu'ilrencontre. Ces remontéesutilisateurs permettrontà l'Arcep de mieux ciblerson action auprès desopérateurs. But du jeu :donner encore plusd’informations auconsommateur pourchoisir un opérateur de

téléphonie mobile à l’aidede cartes du territoiretrès détaillées. « Nousvérifions déjà la véracitédes cartes de couverturepubliées par lesopérateurs via descampagnes de mesuresque nous réalisons sur leterrain mais noussouhaitons aller encoreplus loin en régulant lesopérateurs via la data etles retours usagers »,rappelle-t-on à l’Arcep.La connectivité de tousles territoires, et enparticulier en mobiledans les zones les moins

56 %des parcelles agricoles

recevaient la 3G en 2014

Enquête Agrinautes Agrisurfeurs 2014, bvA-ticagri.

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PLATE-FORME

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bois, contacter des professionnels près de chez eux, être informé des propositions d'achat ou de vente deparcelles.La Forêt bouge a aussi pour ambition d’améliorer la ges-tion de la forêt privée en facilitant le développement dela gestion concertée : en effet, les propriétaires intéres-sés peuvent, via la plate-forme, intégrer une structure deregroupement, par exemple un groupement d'intérêtéconomique et environnemental forestier (GIEEF). Moinsisolés, mieux encadrés, les propriétaires prennentconscience du potentiel de leur patrimoine et, à partird'un document de diagnostic, mettent en œuvre un plande gestion concerté avec divers types d'actions : éclair-cies, coupes régulières, création de pistes, ventes debois, certification.La Forêt bouge part d'une expérience de terrain menéedepuis 2011 en Auvergne. Le projet est financé par leministère de l'Agriculture et de l'Alimentation et l'Ademe,avec une maîtrise d'ouvrage confiée au Centre nationalde la propriété forestière (CnPF), avec la contribution del'Institut géographique national (IGn).

denses, est une prioritéde l'Arcep qui veille à ceque les opérateurs detéléphonie mobile (SFR,Bouygues, Orange,Free…) respectent leurs obligations dedéploiement, que celasoit en 2G, 3G ou 4G, etpublie régulièrement surson site internet la miseà jour de sonobservatoire.

http://www.arcep.fr

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Gérer sa forêtdu bout des doigts

Du diagnostic de la forêt jusqu’à la vente debois, la start-up assure un accompagnementdes propriétaires de parcelles en les mettanten lien avec des professionnels qualifiés. « En se rendant sur la parcelle, le professionneldonne des indications aux propriétaires àtravers une application mobile qui leur permetde faire des relevés techniques », expliqueOlivier Forsans. Des conseils sont fournis auxpropriétaires de la parcelle à partir desinformations collectées sur le terrain.

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lA RévOlutIOn nuMéRIquE

éric pauL,viticuLteur à montfort-sur-argens(var).

installé avec son frère, éric paul cultive 70 hectares de vignes dont les deux tiers sonten aoc et un tiers en igp et 17 hectares de céréales pour les rotations. Les deuxviticulteurs restructurent régulièrement leur vignoble à hauteur de 3 à 5 % par an. ils utilisent le service en ligne vitiplantationpour déposer leurs demandes d'autorisation de plantations et de replantations.

en quoi vitipLantationa simpLifié vos démarches ?Avant la mise en place de vitiplantation, il y avait deuxguichets distincts selon les demandes. Tout se faisait surpapier et les délais d'instruction étaient plutôt longs.Dorénavant, toutes les demandes sont centralisées, quelque soit le segment, AOC (appellation d’origine contrô-lée), IGP (indication géographique protégée) ou vSIG(vins sans indication géographique). Le lien entre lesdouanes, l'InAO et FranceAgriMer est fait automatique-ment, sans que nous ne soyons obligés de chercher desattestations dans l'une ou l'autre administration. Pourcertaines autorisations, le processus est très rapide avecune réponse par retour de mail. C'est un gain de tempsconsidérable pour nous tous.

est-ce simpLe d’utiLisation ?C'est un profond changement pour les vignerons. Au furet à mesure des points seront améliorés, notamment lesdessins à réaliser, ou le lien avec les autres outils admi-

nistratifs. Pour ma part, les démarches ont été très sim-ples : inscription sur le portail en 2015 et dès les premiersjours de 2016 j'ai pu faire mes demandes d'autorisation.L'application est conviviale. Il m’a fallu 15 minutes pourdécouvrir l'outil, faire ma demande et obtenir l'autorisa-tion que j'attendais.Dans ce premier cas, c'était une autorisation simple deconversion de droit, donc sans instruction des services.Quand il y a une intervention humaine, le temps de ges-tion des dossiers est de 15 jours environ. C'est assez raisonnable.Pour les situations de changement de statut des exploi-tations, ou quand on s'aperçoit qu'il existe des erreursdans le casier viticole, le temps de traitement peut êtrelong, mais ce n'est pas le fait de l'outil vitiplantation.

https://portailweb.franceagrimer.fr

viTiPLanTaTiOn

plAntER SES vIgnES En lIgnE

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L’agriculture vit avec son temps etn'échappe pas au modèle de l'écono-mie collaborative éprouvé dans lessecteurs du logement (Airbnb) et destransports (Uber). Depuis quelquesannées, des agriculteurs start-

uppeurs ont tissé des réseaux de par-tage dans tout le territoire. « En 2008,les cours des céréales ont chuté endessous de leur prix de revient. Pourréduire nos charges, nous avonsdécidé de louer deux tracteurs denotre Cuma à un chantier de construc-tion d'autoroute », raconte Jean-Michel Lamothe, agriculteur etfondateur de Votremachine.com.Comme sa consœur WeFarmUp, cetteplate-forme de mise en relation entreprofessionnels permet aux agricul-teurs et au Cuma de rentabiliser leurmatériel en le louant tout en garantis-sant la transaction. Autre exemple,Echangeparcelle.fr permet d'échangerune ou plusieurs parcelles éloignées

contre un champ plus proche de sonexploitation. Pour Idriss Aouriri, fonda-teur de Laballeronde.fr, un site d'achatet de vente de fourrage en ligne,« l'agriculteur de demain échangera auquotidien des biens et des servicesen ligne ». Des services ou desconseils précis comme le proposedéjà Agrifind, une plateformed'échange de compétences agricolesqui offre aux agriculteurs la possibi-lité de partager leurs expertises deterrain. Dans un secteur où le collabo-ratif se forge par la géographie, l'ave-nir du cofarming réside dans lapuissance d'interaction du web quifacilite la circulation des actifs et dessavoirs pour une meilleure compétiti-vité du monde agricole.

https://votremachine.com

https://www.wefarmup.com

https://www.echangeparcelle.fr

https://www.laballeronde.fr

https://www.agrifind.fr

La transformation digitale du paysage agricole auracontribué au rapprochementdes exploitations au-delà de leur proche voisinage. en seulement quelques clics,il est désormais possible de prêter son tracteur,d'échanger ses parcelles, de partager ses pratiques, son expérience.

Loisirs-ruraLité

Vous souhaitez découvrirl'univers de la ferme ?Bienvenue à la fermeregroupe plus de 9 000agriculteurs, 450 marchéset magasins maiségalement les 450 marchésdes producteurs de Payset les magasins de producteurs« Bienvenue à la ferme ».Une application pourdécouvrir les bonsproduits fermiers près de chez vous et planifiervos prochaines vacancesà la ferme.

Louer son matérieL à d’autres agricuLteurs

SERvICE En LIGnE

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lA RévOlutIOn nuMéRIquE

COMMERCE En LIGnE

ô'pOISSOn, lA pOISSOnnERIE 2.0se faire livrer en deux clics des produits de la mer à domicile ? rien d'étonnant pour la poissonnerie en ligne ô poisson qui, depuis trois ans, envoie des colis de poissonsfrais, coquillages, crustacés et conserves artisanales dans toute la france. une histoire de famille – et de coursecontre la montre – qui nous emmène des côtes du grandouest jusqu'à votre boîte aux lettres !

Du clic sur la tablette depuis lecanapé du salon ou de la remontéed'un filet en pleine nuit sur un cha-lutier, difficile de dire à quel momentdébute vraiment notre aventure…Une chose est sûre : le poisson arri-vera ultra-frais au domicile du client,pas plus de 24 heures après sapêche.

Sur le site d'Ô'Poisson, véritablepoissonnerie virtuelle, on peut com-poser son panier de la mer en

quelques minutes. Tout est indiqué :le poids, le prix et les transforma-tions possibles. Et ici, pas de surgelé,mais uniquement des produitslocaux et de saison, des arrivagesjournaliers en direct de criées bre-tonnes et vendéennes. «98% de nosproduits référencés proviennent de lapêche locale française », préciseCaroline hennequin, notre webpoissonnière. Petite-fille des créa-teurs des poissonneries et de laconserverie hennequin, à l'Île d'yeu,elle a co-fondé l'entreprise enmai 2014 avec deux cousins et uneidée en tête : dynamiser la filière.

Au moment où Caroline fait le pointsur les commandes passées en lignedepuis les quatre coins de la France,le poisson n'a même pas encore étépêché ! Elle se tourne alors vers ses

page de droite, Maxime le bouffoet caroline hennequin, deux cofondateurs de l’entreprise.

confection des colis réfrigérés qui seront livrés en moins de 24 heures partout en france.

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sePTemBre/OCTOBre/nOvemBre 2017 1567 ● 55

Lancée en septembre 2016, la start-up Procseamet en relation, via une plate-forme en ligne, vendeurs et acheteurs professionnels des produitsde la mer. Ce nouveau service B2B décomplexifieun marché qui n'a pas encore fait sa révolutionnumérique.Avec ses airs de criée 2.0, la plate-forme Procseabouscule les habitudes des professionnels du sec-teur. Elle permet aux restaurateurs, poissonniers etgrossistes de commander des produits de la mer,livrés en 24 heures. « L'idée était de créer un outil

simple et moderne facilitantla rencontre, en temps réel etsans intermédiaire, de l'offreet de la demande », expliqueRenaud Enjalbert, cofondateurde la start-up. Et l'offre estalléchante  : des poissons,

coquillages et crustacés ultra-frais issus en grandepartie de la pêche française proposés directementpar des producteurs et des sociétés de mareyage.

un service compLet, de La mer à L'assietteDu port jusqu'au client, la start-up fournit un servicetout compris  : logistique, formalités douanières,assurance, crédit… De son côté, le vendeur définitles quantités, les tarifs et la qualité de ses produits.Et pas de mauvaise surprise pour l'acheteur : le prixaffiché tient compte de tous les paramètres, traça-bilité incluse. Pour Renaud Enjalbert, « ce businessmodel est duplicable dans d'autres filières… Et estcréateur de valeur ! L'outil digital permet de valoriserdes produits moins connus ou moins réputés ». À cejour, Procsea compte plus de 300 clients, essentiel-lement en France, Suisse et Angleterre.

http://www.procsea.com

APPROvISIOnnEMEnTPROFESSIOnnEL

procsea, La start-up du marché pro de La pêche

partenaires mareyeurs, qui achètentle poisson tous les matins. Son four-nisseur principal se trouve auxSables-d'Olonne, où Ô'Poisson,après trois ans passés en banlieuenantaise, vient justement de jeterl'ancre « pour être au plus proche des pêcheurs ».. Dans la famillehennequin, entrent alors en scènele père de Caroline, Pascal, et soncousin, Benjamin, mareyeurs à lacriée sablaise : ils fournissent 80 %du stock de la poissonnerie en ligne.

Dès l'arrivée du poisson à l'atelier,vers 6h30, l'équipe se met au travail.C'est le domaine de Maxime LeBouffo, cousin éloigné et poisson-nier de métier. vidés, écaillés,entiers, en pavés, en filets, en bro-chettes… Les poissons sont prépa-rés en fonction des commandesavant d'être mis sous vide. à midi, ilest temps de confectionner les colisréfrigérés qui seront livrés en moinsde 24 heures partout en France viaChronofresh, filiale du groupeChronopost. « Malgré la dimensiondigitale de notre activité, Ô'Poisson estun commerce de proximité. En fait,nous faisons le même métier que nosparents, mais sur Internet ! », conclueCaroline.

http://www.o-poisson.fr

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lA RévOlutIOn nuMéRIquE

«�Le�numérique�investit�nos�industriesagroalimentaires  ;� installé� sur� noslignes�de�production,�il�allège�le�tra-vail�des�administratifs�et�simplifie�letravail�de�la�production�», témoigneThomas Kermorgant, directeur dusite Lesieur Puget à vitrolles(Bouches-du-rhône). son usineembouteille 25 millions de litresd’huile d’olive chaque année. il uti-lise depuis deux ans Usitab, applisur tablettes pour contrôler en per-manence l’utilisation de sesmachines tout en respectant denombreux standards. «�Nousembouteillons� 25 millions� de� litresd’huile�d’olive�par�an.�En�centralisantet�en�analysant� l’ensemble�des�pro-blèmes�qui�nous�arrivent�quotidien-nement,�les�tablettes�nous�ont�permisd’économiser�12�000�litres�».

C’est en 2013 que Loïc le Doussal,après avoir bourlingué dans lesindustries agroalimentaires, a lancéUsitab. «�Je� souhaitais� simplifier� letravail�des�opérateurs�qui�notent�lesdysfonctionnements� rencontrés� surpapier�transmis�aux�supérieurs�puisà�l’administratif.�C’est�très�fastidieux.Remplacer�tout�cela�par�des�tablettesqui� font� des� statistiques� automati-quement� fait� gagner� beaucoup� detemps� à� tout� le� monde�».aujourd’hui, plus d’une vingtainede grandes entreprises et des cen-tres de formation font appel à lajeune entreprise qui développe Usi-chart et synergytab, un ensemblede solutions mobiles et d’offresd’accompagnement pour la perfor-mance des lignes de production.« Le� retour� que� l’on� observe� desusines�est�assez�étonnant ;�l’outil,�trèsparticipatif,� a� beaucoup� fluidifié� lacommunication� en� interne�mais� lesinformations�ne� transitent�plus�parl’encadrement�de�proximité.�Perdantune� partie� de� leur� légitimité,� cescadres� doivent� être� accompagnésvers�de�nouvelles�fonctions�plus�réac-tives�et�décisionnelles�».�

La start-up usitab déveLoppe des appLications pour tabLette numérique destinées aux industrieLs de L’agroaLimentaire. objectif : suivre et anaLYser

en temps réeL Les opérations en cours sur Les Lignesde production. avec à La cLef des économies de papier,

de matérieL et de temps de travaiL.

simpLifier Le travaiL des opérateursdes Lignes de production

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APPLI POUR TABLETTE

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lES EnjEux dE lA tRAnSItIOnnuMéRIquE dAnS lES InduStRIESAgROAlIMEntAIRES

jean-Luc perrot,directeur de vaLoriaL, Le pôLe de compétitivitéagroaLimentaire du grand ouest.

L'innovation est essentieLLe à La compétitivité du secteuragroaLimentaire. qu'apporte La révoLution digitaLe ?

Disruption, Ubérisation, avec la transformation numé-rique, la chaîne alimentaire connaît de profonds bou-leversements, tant dans l’industrie agroalimentaire,que côté distributeurs et consommateurs. Il est essen-tiel de sensibiliser les acteurs de l'agroalimentaire à cesenjeux ainsi que de les inciter à travailler avec desstart-up de la Foodtech. Elles procurent de l’agilitédans un monde qui va tellement vite !

vous parLez de transition pLutôt quede révoLution numérique. pourquoi ?

Je préfère parler de transition car cette évolution se faittant avec les acteurs qui sont dans la place qu’avecl'entrée de nouveaux acteurs. Tous secteurs confondus,cette transition numérique est entamée depuis un cer-tain temps. L’arrivée des GAFA (Google, Apple,Facebook, Amazone) a provoqué des remises en causeprofondes de certains secteurs économiques. Lesacteurs économiques prennent conscience qu'ils doi-vent opérer une bascule forte et massive, avec un sen-timent d'urgence. Jusqu'à présent, les filièresagroalimentaires ont été moins touchées, mais ellesdoivent aussi opérer leur transition numérique, quelleque soit la taille de l'entreprise.

ce n'est pas La première innovationtechnoLogique forte. qu'est-ce qui est spécifique au numérique ?

Dans les années 80, l'usine type se caractérisait par unstade de production auquel succédait une phase decontrôle. On agissait a posteriori. Dans les années 2010,c'est l'usine en temps réel qui s’est déployée permet-tant de fonctionner à flux tendus, et d’accroître la per-formance industrielle. Demain, ce sera l'usineprédictive. L'outillage numérique, le traitement

dAnS lES AnnéES 80, l'uSInE typE SE défInIt pAR lA pROductIOn Et lE cOntRôlE. dAnS lES AnnéES 2010,c'ESt l'uSInE à flux tEnduS. En 2018, c'ESt l'uSInE pRédIctIvE.

…janvier/février/mars 2018 1567 ● 57

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lA RévOlutIOn nuMéRIquE

open data-consommation

Open Food Facts est un projetcitoyen à but non lucratif qui permetde partager les photos, lesingrédients, les informationsnutritionnelles ou sur les additifs et conditionnement des produitsalimentaires. Il s'agit d'uneapplication collaborative dont lesinformations sont mises à dispositionde tous et pour tous usages dans unebase de données ouverte et gratuite.Ces données sont réutilisableslibrement pour : vous aider à faire demeilleurs choix, inciter les industrielsà proposer des produits de qualité et aider la recherche. Confiture de framboise, bière artisanale, échinede porc… Et si vous commenciez à contribuer en ajoutant un produit de votre cuisine ?

massif de données faciliteront les prévisions decommandes et l’anticipation de l’allocation des res-sources de l’entreprise (emplois, matières premières,machines, flux financiers, etc). Le numérique touchetoutes les fonctions de l'entreprise et doit les faireinteragir entre elles, c'est pourquoi cette mutation digi-tale revêt un caractère éminemment stratégique.

en quoi Le numérique modifieLa reLation au consommateur ?

Le numérique modifie profondément la relation avec leclient – distributeur, restaurant ou consommateur –tout simplement parce que celui-ci est massivementutilisateur de ces nouveaux outils. Pouvoir capter l’in-formation sur les réseaux sociaux par exemple consti-tue un gisement riche et nouveau permettant d’établirun lien plus personnalisé avec les consommateurs. Onva pouvoir accélérer le passage d'une production engrand volume peu différenciée à une production seg-mentée et personnalisée. Aujourd'hui, il existe encoredes verrous technologiques dans les outils industrielspour avoir cette souplesse et cette personnalisation del’offre. Les pôles de compétitvité sont là pour accéléreret faciliter ces transformations.

cette reLation directe avec Le consommateur modifie donc La chaîne production-distribution-consommateur ?

Pour être encore plus près du consommateur, la désin-termédiation est un enjeu tant pour les grandes entre-prises leaders sur leurs marchés que pour les PME. Ellesuggère à mon sens de repenser les méthodes et lemanagement de l'innovation en privilégiant agilité etinnovation ouverte et collaborative.

http://www.pole-valorial.fr

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signes de quaLité

La Bio en poche permet de trouver des lieux de vente de

produits bio à proximité, de se tenirinformé des événements autour

du bio durant toute l’année, par simple géolocalisation sur son

smartphone ou sa tablette. Tajine d'agneau, pâtes au pesto

de blettes… L’application proposeune centaine de recettes bio

et de saison et un espace ludo-pédagogique pour sensibiliser les

enfants à la bio avec des quiz, jeux,coloriages, etc. La Bio en Poche est

proposée par l'Agence Bio dans le cadre d'une campagne

cofinancée par l'Union européenne.

anti-gaspi

Optimiam vous informe en temps-réel des promotions sur

les excédents alimentaires descommerçants autour de chez vous !Des viennoiseries à - 50 % à l'angle

de la rue, une formule sandwich à - 30 % dans une chaîne de fast-

food, un camembert en supermarché à moitié prix…

Il y a en a pour tous les goûts pources produits qui méritent d’être

mangés, et non jetés.

forêt

L'ONF, le ministère du Développement durable

et la fondation GoodPlanet vousproposent d’apprendre

à reconnaître les empreintes des animaux et à distinguer les

29 principales essences d’arbresfeuillus et résineux présents dans

les forêts de France métropolitaine.Avec Clés de forêt, de feuille en aiguille, vous saurez bientôt

reconnaître un hêtre d'un charme,un pin sylvestre d'un pin

maritime… Grâce aux planches de dessins, vous pouvez aussi

découvrir à quelle essenceappartient une feuille ou un fruit.

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lA RévOlutIOn nuMéRIquE

SySTèMES D’InFORMATIOn

cybERSécuRIté :l’ExEMplE dE RungIS

L’intensification des usages numériques de la marketplace internationale de rungis tend à faire évoluer les comportements et à renforcer la vigilance en termes de cybersécurité.catherine collinet, haut fonctionnaire de défense et de sécurité au ministère de l’agriculture a proposé à guillaume poupard directeur de l’agence nationale de la sécurité et des systèmesd’information, de sensibiliser les professionnels du secteur agroalimentaire sur le site même du marché de rungis.

Visiter Rungis, c’est parcourir plus d’1 million de m2,une organisation impressionnante dont ont su s’inspirer desvilles comme Dubaï ou Moscou. Avec le développementexponentiel d’activités d’e-commerce représentées pardes opérateurs tels qu’Alibaba ou Amazon, Rungis s’or-ganise pour répondre aux défis des nouvelles formes decommercialisation.Être au cœur du premier marché de produits frais aumonde nécessite une sécurisation accrue des systèmesd’information. Dans ces immenses pavillons, l’opérateurtravaille encore souvent avec le crayon sur l’oreille. Aupavillon de la marée, par exemple, où les négociationsse font encore de gré à gré, le risque de cyberattaqueest moindre que dans le pavillon des viandes où désor-mais l’étiquetage et la traçabilité sont entièrement numé-risés.Il importe donc que chacun soit sensibilisé à desconsignes claires et à l’usage de pratiques simples, sus-ceptibles d’écarter et de dissuader d’éventuels cyberdé-linquants. Penser aux codes que l’on met sur sonordinateur, mettre régulièrement à jour les logicielsqu’on utilise, ne pas utiliser n’importe quelle clé USB, nepas répondre à des mails dont on ne connaît pas la pro-

dans Le paviLLon des viandesL’étiquetage et La traçabiLité sont entièrement numérisés

© MARChÉ InTERnATIOnAL DE RUnGIS

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Le réseau des nouvelles des marchés

Le site Internet RNM délivre auxprofessionnels de l'agroalimentairedes informations sur les prix moyens,cours et cotations des fruits et légumes et d'autres produits fraispérissables (fleurs, viande, poissons).

https://www.rnm.franceagrimer.fr

venance… Les problématiques rencontrées par lespetites et moyennes entreprises pour la sécurité deleurs systèmes d’information sont nombreuses : protec-tion des fichiers clientèle, des données personnelles etdu savoir-faire technologique, sécurité des systèmes deproduction… Or, les TPE/PME sont confrontées, chaquejour, à de nouveaux risques menaçant leur intégrité, leurimage et leur compétitivité : vol de données, escroque-ries financières, sabotage de sites d’e-commerce. La pré-vention des incidents et attaques informatiques relèvesouvent de réflexes simples, qui concourent à une pro-tection globale de l’entreprise.C’est pourquoi l’AnSSI met à disposition des outils quipeuvent aider les entreprises qui cherchent conseil etassistance : des listes de logiciels et d’opérateurs certifiésfigurent déjà sur le site internet de l’agence. Car c’est l’in-térêt de ceux qui commercialisent matériels et logicielsde collaborer avec le gouvernement, l’agrément qu’ilsobtiennent étant le meilleur label et demain leur princi-pal argument commercial. C’est aussi tout un environ-nement qu’il s’agit de sécuriser. D’où la possibilitéégalement pour les PME de déclarer à l’AnSSI lesattaques dont elles sont victimes, ce qui permet à cesgendarmes du Web d’agir en amont, de prévenir, dedéjouer les pièges, voire de les sanctionner.

marché de gros

Rungis Mobile apporte un servicepratique aux clients et à tous les usagersdu marché. Un moteur de recherche trouveles fiches complètes des entreprises et les localise : d'un simple « tap »l'utilisateur a la possibilité de l'appeler, de consulter son site Internet ou de luienvoyer un email. Grâce à lagéolocalisation, il visualise par ailleursl'itinéraire depuis sa position. On y trouveaussi un module de localisation desservices présents à proximité de Rungis(restaurants, stations services etc.), et un module de réalité augmentéepermettant de les visualiser. Des infospratiques : horaires, comment deveniracheteur, accès direct aux fichesdétaillées des services, l'extrait descotations du SNM… Et enfin un modulepour consulter l'état du trafic francilien en temps réel depuis et vers Rungis, avec le calcul du parcours.

Le Guide des bonnes pratiques de l’informatiqueprésente douze recommandations à destination

des non-spécialistes, issues de l’analysed’attaques réussies et de leurs causes.

http://www.ssi.gouv.fr

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lA RévOlutIOn nuMéRIquE

générationdigitaL native

tabLette, appLications numériques, réseaux sociaux, objets connectés… ces nouveLLes technoLogies s'invitent en cuisine et ne font pas que rempLacer des usages existants : c'est une nouveLLe vision de La gastronomie et des modes de consommation aLimentaire qui se met en pLace. cette nouveLLe génération, « Les digitaL natives », a une façon bien à eLLe de consommer. décrYptage.

Le développement des blogs culinaireset du « foodporn », c'est-à-dire les photosde nourriture partagées sur les réseauxsociaux, en particulier sur instagram, enest le révélateur. aujourd'hui les jeunesconsommateurs qui ont grandi avec inter-net, s'approprient leur alimentation envalorisant sur la toile leurs choix alimen-taires. Les tendances actuelles du Webencourageant la mise en avant de soi, deson univers personnel, cette générationest sensible à une image raffinée et natu-relle des produits, au fait maison, au bien-être animal et porte une attentionparticulière à l'origine des produits. enrecherche de sens et de lien, son mode deconsommation alimentaire est ancré dansdes valeurs personnelles : signes de qua-lité, bio, sans gluten jusqu'au végétarisme :il y en a pour tous les goûts !Pour ce qui est du rituel des courses, làaussi se développent de nouveaux modesd'achats. achats en ligne, circuits courts,livraison de plats à la maison comme au

restaurant… La qualité des produits esttoujours un critère fort. et dans tous lescas, le digital�native ne se contente pas deproduits et de services standards. smoothiehome�made aux fruits de saison ou tarteanti-gaspi du week-end, en rechercheconstante d'innovation et de cohérenceentre ses valeurs et ses choix alimentaires,il photographie et partage avec sa com-munauté d'internautes ses avis et coups de cœur alimentaires. Un mode deconsommation qui, comme la tendanceactuelle du Web, se veut résolument socialet collaboratif !

PhOTOS ISSUESDE COMPTES InSTAGRAM

TEnDAnCE

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lE dIgItAl nAtIvE nE SE cOntEntE pAS dE pROduItS Et dE SERvIcES StAndARdS, Il ESt En REchERchE d’InnOvAtIOn Et dE vAlEuRS.

l’utIlISAtIOn d’IntERnEt pOuR l’AlIMEntAtIOntnS Sofres food 360

% d’IntéRêtpOuR…

80%pour chercher des recettes

ou idées de menus

49%pour comparer

les prix des produits

44%pour faire

des coursesalimentaires

34%pour donner

son avis/s’informersur des blogs/forums…

21%pour échanger sur des

marques/produits au seind’une communauté en ligne

31%utiliser une imprimante 3D alimentaire

30%utiliser des objetsconnectés pour cuisiner

27%utiliser des applisqui aident à gérer son régime/calories

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lA RévOlutIOn nuMéRIquE

gastronomie

Guide Fooding recense plus de2 000 tables de genre et chambres

de style, et toutes les actualitésqui font le goût de l’époque.

Avec photos, news, et lapossibilité de se faire livrer dans

plusieurs grandes villes de France,ou de réserver un restaurant

sans décrocher le téléphone… Un mode de recherche affûté

(géolocalisation tactile optimisée,recherche par ville ou par métro,

filtres) et un carnet « monfooding » pour répertorier ses

adresses préférées, parachèventune application incontournable

des foodistas.

Les commandes de restaurationpassées par téléphone,Internet ou viaune application sont en hausse de 70 % depuis 2009

Selon une étude du cabinetNPD Group, elles ontreprésenté 290 millions de commandes en 2016.Bien qu’en forte progression –les commandes faites via une application mobile entreoctobre 2015 et juin 2016 ont progressé d’environ 30 % –l’utilisation des applicationsmobiles pour commander une livraison ou un « pick up »reste encore marginale. Seuls6 % des Français utilisent une application mobile pourcommander une livraison, alors qu’ils sont encore 62 % à utiliser le téléphone et 32 %Internet (chiffres annuelscumulés à fin juin 2016).

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La Food French Tech

Lancé fin 2013, le dispositif FrenchTech vise à accélérer la dynamiquedes start-up françaises, notammenten leur donnant plus de visibilité,tant sur le territoire national que sur les marchés internationaux. Pour faciliter la structuration de cetécosystème, 13 métropoles sontlabellisées French Tech et neufsréseaux thématiques sont déployésdans les secteurs d'activité les plusporteurs pour l'émergence de start-up. Ainsi, en juillet 2016, a été crééle réseau Food Tech avec les villesde Brest, Rennes-Saint-Malo, Lyon,Montpellier et Dijon.

http://www.lafrenchtech.com

forêt

Une sortie en forêt en Île-de-France?Que vous soyez randonneurs confirmésou amateurs de sorties en familles,connectez-vous à Balade branchée.

Choisissez une promenade etdécouvrez l’exceptionnelle richesse

du patrimoine naturel francilien.Des spécialistes – naturalistes,historiens, artistes, forestiers –

décrivent les paysages, présententla faune et la flore et sensibilisent à

la protection de l’environnement.Cette appli est développée par

l'ONF, l’Agence des espaces verts,et les départements de Seine-et-

Marne et des Yvelines.

Le site http://www.franceagroalimentaire.co assure la promotion de la filiè

agroalimentaire auprès des professionne et des publics à l’export. Actualit

et tendances, faits et chiffre agenda des événements sont au rendez-vou

Le site est produit pour le comp du ministère de l’Agriculture, d

l’Agroalimentaire et de la For dans le cadre d’une délégatio

de service public par Sopex

Le site http://www.franceagroalimentaire.comassure la promotion de la filière

agroalimentaire auprès des professionnels et des publics à l’export. Actualités

et tendances, faits et chiffres, agenda des événements sont au rendez-vous.

Le site est produit pour le compte du ministère de l’Agriculture,

de l’Agroalimentaire et de la Forêt dans le cadre d’une délégation

de service public par Sopexa.

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lA RévOlutIOn nuMéRIquE

GASPILLAGE ALIMEnTAIRE

phEnIx,lE SItE dE REncOntRES

AntI-gASpIune plate-forme numérique qui met enrelation les professionnels concernés par legaspillage alimentaire ? il fallait y penser.grâce à la jeune entreprise phenix,supermarchés, associations et cantines de toute la france se retrouvent sur la toilepour partager des surplus alimentaires.

Une applicationpour les professionnelsdu don alimentairePhenix, c'est avant tout une plate-forme de rencontres. L'objectif ?Regrouper les surplus alimentairesdisponibles, les géolocaliser puisinformer les différents repreneursintéressés, parmi lesquels des asso-ciations caritatives, des fermes, desacteurs du compost, etc. Les surplussont redistribués, dans une logiquede circuits courts, pour l'alimenta-tion humaine ou animale.

5 millionsde repas distribués« Le numérique s'est imposé de lui-même pour créer un projet ambitieuxen faveur de l’économie circulaire. Ilnous a permis de changer d'échelledans la gestion des flux de produits, demassifier les quantités données et deconnecter près de 500 acteurs entreeux. Depuis la création de Phenix en2014, ce sont près de 5 millions derepas qui ont pu être distribués par lesassociations membres», explique jeanMoreau, ancien banquier d'affaires,

cofondateur de Phenix avecBaptiste Corval. Soutenue par laBanque publique d'investissement àhauteur de 400000 € – sous formede subventions et d'avances rem-boursables – l'entreprise a rem-porté, en 2015, le prix du Concoursinnovation numérique qui soutientles projets ambitieux de la FrenchTech.

jean Moreau, ancien banquierd'affaires, cofondateurde phenix avecbaptiste corval.

20 000équivalent-repas

redistribuéschaque jour

45salariés, répartis

dans 8 régions et 3 pays étrangers(Espagne, Portugal,

Danemark)

250associationspartenaires

300magasins,

dont 8 enseignesdifférentes

15tonnes de

marchandises en transit

sur la plate-formechaque jour

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Comment ça marche ?200 kg de biscuits à récupérer àParis Bercy ? Les alertes sont noti-fiées, en temps réel, par SMS et parmails, à toutes les associations d'unsecteur géographique donné. « Lenumérique permet d'être réactif, de dif-fuser les informations en temps réelpour une redistribution le soir mêmeou le lendemain », précise jeanMoreau. Pour autant, les salariés dela start-up prennent le temps derencontrer les futurs membres : unefois rentrés dans ce « réseau deconfiance», les acteurs s'identifientet formulent leurs critères derecherche, en ligne.Rien ne se perd, tout se transforme.Côté donneurs, les chefs de rayondes grandes surfaces scannent lescodes-barres des produits invendus.Les denrées sont classées dans labase de données de Phenix, enfonction de leur date limite deconsommation. Et pour les dons defaible volume, Phenix utilise sa pro-pre logistique pour collecter les pro-duits alimentaires et assurer lalivraison aux associations les plusproches.

anti-gaspi

De la farine, du sucre, deux bananes trop mûres… Avez-vous pensé à préparerdes pancakes pour le petit déjeuner de demain ? L’application Frigo Magicpropose des recettes du quotidien avec les produits disponibles dans votrecuisine. Pour l'utiliser : ajustez la liste de produits présélectionnés à partir desproduits de votre frigo et de vos placardset sélectionnez le produit principal que vous voulez cuisiner. Préparez et dégustez !

Le numérique s'est imposé de Lui-mêmepour créer un projet ambitieux en faveur de L’économie circuLaire

l’économiecirculairedésigne un conceptéconomique quifonctionne en boucle, se passant ainsi de la notion de déchet. Elle s’inscrit dans le cadre dudéveloppement durabledont l’objectif est de produire des biens et des services tout en limitant laconsommation et le gaspillage desmatières premières, de l’eau et des sourcesd’énergie.

© P

hEn

IX

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lA RévOlutIOn nuMéRIquE

L’espace numérique d’internet et des réseaux sociaux a permis L'émergence de pLate-formes de financement participatif (ou crowdfunding),

compLétant ou rempLaçant La traditionneLLe souscription.ce mode de financement se fait sans L'aide des acteurs traditionneLs

en faisant appeL à un grand nombre de personnes afin de financer un projet.

CROWDFOUnDInG

lES plAtE-fORMES dE fInAncEMEnt pARtIcIpAtIf

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rencontre avec fLorian breton, petit-fiLs d’agricuLteurs, iL a créé en 2012miimosa, première pLate-forme françaisedédiée à L’agricuLture et à L’aLimentation.

qu'est-ce qui pour vous caractériseLe financement participatifen agricuLture?

Le financement participatif est un vrai mouvement socié-tal. en parallèle aux circuits courts, notre activité crée unlien social, c'est «le circuit court du financement». en 18mois, on constate un record de levée de dons. 300 por-teurs de projets dont 75% d’agriculteurs et 25% depetites entreprises agroalimentaires, avec 1,5 milliond’euros de dons collectés sur la plate-forme, où chacunpeut donner du sens à son argent, en le fléchant vers unterritoire et de nouvelles formes de distribution. 78% descontributeurs sont des provinciaux. Les gens veulentd’abord défendre le territoire où ils vivent. Les cam-pagnes contribuent aux campagnes. Le financementparticipatif est pour tout le monde, c’est une agriculturequi prend en main son destin. en général, un projetfinancé par la plate-forme s’élève à 6500 euros alors quela moyenne nationale est de 4000, et les contributionssont autour de 100 euros sur miimosa, alors qu’elles nedépassent pas 55 euros sur les autres plate-formes.

êtes-vous en concurrenceavec Les banques?

Le financement participatif est alternatif et complé-mentaire des services des banques. Le coût moyen d’uneinstallation agricole est de 100000 euros. Les banquesredirigent vers miimosa les porteurs de projets de

L'ABC du financementparticipatif

Le marché du financement participatif estrécent et s'est développé autour de la culture.Aujourd'hui ce marché double chaque année, et s'ouvre à de nouveaux secteurs.

Quelle plate-formechoisir ?KissKissBankBank est la plate-forme pionnièreen France du financement participatif, et la plus importante : 950 000 personnes ontparticipé à une collecte et près de 80 000projets ont été soutenus. Centrée depuis sa création en 2010 sur les projets culturels et d'éducation, elle est désormais ouverte auxprojets liés à l'agriculture et à l'alimentation. Et pour renforcer ce marché, elle vient derecruter un jeune chargé de mission, AugustinMille, afin d'aider les porteurs à définir leursprojets. Miimosa est la plus connue des plate-formes dédiées au monde agricole, mais ellen'est pas la seule. Winefooding.comet Fundovino sont deux plate-formes dédiéesau vin. Blue bees revendique de soutenir desprojets allant dans le sens de la transitionécologique.

Quel risquepour l'internaute ?Deux principes sont appliqués : le contre-donen nature – je contribue pour 20 euros pour lacréation d'un atelier de confiture, et je recevraien échange trois pots de confiture – et la loi du « tout ou rien » : une collecte de fonds doitréussir à 100 % pour que le porteur de projetrécupère les contributions. Si l'objectif n'estpas atteint, les contributeurs sontautomatiquement remboursés.« Le don simple ou la contrepartie en naturefédère sans risque, explique Florian Breton de Miimosa, aujourd'hui c'est du don, mais si nos partenaires évoluent, on pourra penser à d'autres modes de financement ».Augustin Mille de KissKissBankBank précise :« depuis le 1er octobre 2014, le cadreréglementaire a évolué et nous permet à tousde prêter de l'argent à des entreprises contreune rémunération sous forme d'intérêts …

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80%REnfORcEMEnt d’ActIvIté

lA RévOlutIOn nuMéRIquE

financiers. Après avoir été micro-mécènessur des plate-formes commeKissKissBankBank ou Hellomerci, nouspouvons dorénavant devenir des micro-prêteurs en prêtant de l’argent à nos TPE/PME,avec Lendopolis, une plate-forme decowdlending (prêt participatif). »

L'agriculteur en première ligne« Nous avons essentiellement deux types deprofils. Les néopaysans qui connaissent bienles outils numériques mais qui n’ont pas deréseaux dans le monde agricole. Et les jeunesagriculteurs, qui eux ont les réseaux mais pastoujours les compétences pour se vendre »,explique Augustin Mille de KKBB. Lefinancement participatif est prometteur maisdifficile pour les porteurs de projet : il fautdéfinir le montant de la collecte, bien expliquerson projet… Et savoir intéresser lescontributeurs ! « Contrairement à ce que l'oncroit, ce ne sont pas des inconnus qui vontcontribuer, ajoute Florian Breton. Il faut faireconnaître son projet auprès des proches, il faut que l'agriculteur prenne un plaisir fou à expliquer son histoire, ses produits. Être agriculteur, c'est aussi être communicant,savoir s'adresser à son marché ».

Quel est le rôle de la plate-forme ?Avant la mise en ligne du projet, la plate-formeassure tout un travail de sélection etd'accompagnement des projets.« Nous avons de vrais coaches. On sent quecertains projets ne marcheront pas car leporteur demande trop », explique FlorianBreton. Si le financement est assuré, Miimosafacture des frais de fonctionnement au porteurde projet. Pour Augustin Mille, il est importantde faire preuve de pédagogie et d’apporter une réponse précise en fonction des enjeux.« L’agriculture c’est avant tout un travailcollaboratif notamment avec les Parc nationaux régionaux, les Civam, les Chambres d’agriculture ».

circuit court alimentaire, ceux qui veulent s’agrandirou se spécialiser. ils peuvent ainsi compléter leur plan definancement et y trouver en même temps la culture digi-tale, virale et communautaire que les banques n’appor-tent pas. C'est une PaC 2.0.

«c'est une agricuLture qui prend en main son destin». auriez-vous un exempLe?

je pourrais citer un producteur de vaches laitières de58 ans, en normandie. Condamné par la politique desquotas laitiers, il a voulu anticiper la crise, sans baisserles bras, en trouvant d’autres moyens de valoriser sa pro-duction. il s'est regroupé avec quatre familles dans unGaeC de plus de 100 vaches, et il a voulu financer unenouvelle activité : fabriquer des glaces artisanales, saléeset sucrées. il est parvenu à lever 21000 euros pour finan-cer un camion réfrigéré, alors qu’il avait seulement5000 euros en poche.autre exemple, une installation dans le Lot-et-Garonne,d'une jeune femme qui voulait s'installer en élevage.elle avait besoin de cinq hectares de prairies. elle aobtenu plus de 10000 euros de collecte, ce qui a incité lesbanques à l’accompagner. ainsi, elle a pu gagner un ansur son installation.

20%AIdE à l’InS-tAllAtIOn

40%Ont pluS dE 40 AnS

40%dAnS lE nORd

45%d’hOMMES

60%dES pORtEuRS dE pROjEtS

Ont MOInS dE 40 AnS

60%dES pROjEtS dAnS lE Sud dE lA fRAncE

55%dE fEMMES pORtEuRS dE pROjEtS

32%élEvAgE

l'élEvAgE ESt lA pROductIOn lA pluS REpRéSEntéE

lES pROjEtS AgRIcOlES fInAncéS AvEc MIIMOSA

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SUR L’APPLICATION MOBILE ALIM’CONFIANCE DANS LES RESTAURANTS & LES COMMERCES

LES RÉSULTATS SONT PRÉSENTÉS SELON QUATRE NIVEAUX

SUR LE SITE INTERNET ALIM-CONFIANCE.GOUV.FR

ALIM’CONFIANCELES RÉSULTATS DES CONTRÔLES SANITAIRES ACCESSIBLES À TOUS

Alim’confiance

Le dispositif Alim’confiance vous permet de connaître le niveau d’hygiène ou de maîtrise sanitaire de tous les établissements de la chaîne alimentaire : abattoirs, commerces, restaurants,marchés & supermarchés, vente à la ferme, etc.

Des filtres permettent de sélectionner les types d’établissement recherchés.

Les professionnels peuvent apposer une affichette indiquant leur niveau d’hygiène.

Une carte interactive présente l’ensembledes résultats des contrôles officiels.

LesLesLes pr pr ffofe issionnels peuvent apposer une affichette indiqu

TRÈS SATISFAISANT

Niveau d’hygiène www.alim-confiance.gouv.fr

DATE DU CONTRÔLE :

Validité 1 an

17 pays dans le mondeont mis en place un dispositif

de mise en transparence

Dans tous les pays,la mise en place de ce dispositif

a favorisé l’améliorationdu niveau sanitairedes établissements

Le niveau d’hygiènedu restaurant

est le 1er critère de choixdu consommateur

Établissements présentant des non-conformités susceptibles

de mettre en danger la santé du consommateur et pour lesquels l'autorité administrative ordonne

la fermeture administrative, le retrait, ou la suspension de l'agrément sanitaire.

Établissements dont l'exploitant a été mis en demeure de procéder à des

mesures correctives dans un délai fixé par l'autorité administrative et qui conduit à un nouveau contrôle des

services de l’État pour vérifier la mise en place de ces mesures correctives.

Établissements présentant des non-conformités qui ne justifient pas l’adoption de mesures de police

administrative mais auxquels l’autorité administrative adresse un courrier

de rappel de la réglementation en vue d’une amélioration des pratiques.

Établissements ne présentant pas de non-conformité, ou présentant uniquement des non-conformités

mineures.

À CORRIGER DE MANIÈRE URGENTEÀ AMÉLIORERSATISFAISANTTRÈS SATISFAISANT

MINISTÈRE DE L’AGRICULTURE ET DE L’ALIMENTATION

Page 72: MAGAZINE DU MINISTÈRE DE L’AGRICULTURE ET DE L ... · appuyée sur de nouveaux outils, pourra être mise au service tant de la sécurité sanitaire que de la relation entre l'agriculteur

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SITE DU MINISTÈRE DE L’AGRICULTURE ET DE L’ALIMENTATION

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