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    Au programme Le rcit au XIXe sicle

    Le professeur fait lire au moins une nou-velle raliste et/ou une nouvelle fantastique, intgralement.Les uvres sont choisies parmi celles dau-teurs franais ou trangers : Prosper Mrime, Thophile Gautier, Guy de Maupassant, Edgar Allan Poe, Nicolas Gogol.

    Prsentation du ple Le premier ple du manuel est consacr au genre narratif bref de la nouvelle, dont la lecture est accessible tous les lves de 4e ds le dbut de lanne : elle rpond leur got pour les rcits simples et courts, et rassurera les lecteurs hsi-tants. Elle tablit galement une transition avec la classe de 5e, au cours de laquelle des analyses de rcits ont t effectues, et permettra de sas-surer que les notions vues lanne prcdente sont acquises.

    Le corpusLes deux squences et le dossier thmatique rassemblent de nombreux extraits dauteurs franais (Maupassant, Mrime, Villiers de LIsle-Adam, Gautier) ou trangers (Poe, Gogol). Confor-mment au programme, le corpus contient deux nouvelles intgrales : Pierrot de Maupassant et

    La Cafetire de Gautier. On trouvera galement la lecture intgrale du Petit Ft de Maupassant sur le CD-Rom. Axes sur la peur et ltrange, les pages thma-tiques contiennent aussi une double page pour accompagner la lecture dun recueil de nouvelles et se terminent sur une problmatique artistique sur le thme du visage de la Mort.

    La progressionCette tude sera aborde au choix par les s-quences ou par le dossier thmatique.Les deux squences proposent une progression qui explore dans la squence 1 les caractris-tiques de la nouvelle raliste, puis analyse dans la squence 2 des nouvelles empruntes au re-gistre fantastique. Le dossier thmatique porte sur le registre fan-tastique et rassemble un large choix de textes pour introduire ou conclure les squences, pro-poser en lecture cursive ou en analyse.

    Le cahier activits et mthodes La partie vocabulaire explore le mot crire et le mot nouvelle ; une che Oral propose une mthode pour prsenter une nouvelle, et une che crit permet de sentraner au r-sum dune nouvelle. Une double page de Cls pour lanalyse contient une mise au point et des exercices sur la place du narrateur.

    Problmatique Comment raconter une histoire courte ?

    Prsentation de la squenceElle rappelle la notion de genre littraire en d nissant la nouvelle et elle permet de caractriser le ralisme, travers les textes et liconographie.

    Le corpusLe corpus rassemble des textes de deux nouvellistes fameux que sont Mrime et Maupassant. Les textes ont t choisis pour leurs thmatiques fortes, susceptibles de toucher de jeunes lecteurs et de les inciter ragir. Le genre permet, ds la troisime squence, daborder une nouvelle complte et de se familiariser avec la lecture intgrale dune uvre.

    La progressionAprs avoir tudi lincipit (texte 1) et la chute (texte 2) dune mme nouvelle, on abordera la lecture in-tgrale dune nouvelle complte (texte 3) pour analyser le fonctionnement et les spci cits du genre.

    La nouvelle raliste I. LA NOUVELLE1

    I. La Nouvelle

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    I LA NOUVELLE

    tude de la langue dans la squence 1

    Grammaire

    Les mots

    Les dterminants (> FICHE 3) Texte 1Les pronoms (> FICHE 4) Texte 1Ladjectif quali catif (> FICHE 5) Texte 2Les complments circonstanciels (> FICHE 10) Texte 3 Langue et criture (ex. 6 et 7)

    Texte complmentaire n 1

    Les complments dobjet (> FICHE 11) Texte 3La phrase et le texte

    Les propositions (> FICHE 13) Texte complmentaire n 1Discours direct et discours indirect (> FICHE 16) Texte 3Le verbe

    Le mode indicatif (> FICHE 18) Texte 1 Texte complmentaire n 1Le pass simple (> FICHE 20) Langue et criture (ex. 8)Les temps du rcit (> FICHE 21) Texte complmentaire n 1La conjugaison passive (> FICHE 25) Texte 3Participe prsent, grondif et adjectif verbal (> FICHE 27)

    Texte 2

    Orthographe

    Les familles de mots (> FICHE 36) Texte 1 Langue et criture (ex. 1)Vocabulaire

    volution et formation des mots (> FICHE 37) Langue et criture (ex. 4)Synonymes, antonymes et paronymes (> FICHE 38) Langue et criture (ex. 1)Les niveaux de langue (> FICHE 40) Texte 3Lampli cation et lopposition (> FICHE 43) Texte complmentaire n 2

    Comptences du socle commun travailles et values dans la squence n 1

    Comptence 1 : La matrise de la langue franaise

    Lire> Reprer des informa-tions dans un texte

    Lecture de texte/tude de la langue p. 30

    Comptence 1 : La matrise de la langue franaise

    Lire> Utiliser ses connais-sances sur la langue

    criture et langue p. 29Lecture de texte/tude de la langue p. 30

    Comptence 1 : La matrise de la langue franaise

    crire> crire lisiblement un texte sous la dicte

    Orthographe p. 31

    Comptence 1 : La matrise de la langue franaise

    Dire > Participer un dbat Expression orale p. 19

    Comptence 5 : La culture humaniste

    Avoir des connais-sances et des repres

    > Avoir des connais-sances et des repres littraires

    Connaissance des auteurs et des uvres p. 31

    Comptence 5 : La culture humaniste

    Situer dans le temps, lespace, les civilisations

    > Situer des vnements et des uvres littraires

    Et si les auteurs nous parlaient ? p. 14

    Comptence 5 : La culture humaniste

    Situer dans le temps, lespace, les civilisations

    > tablir des liens entre des uvres littraires et artistiques

    Le texte et lart p. 23Toujours dactualit p. 27

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    LIRE LIMAGE DOUVERTURE p. 12

    Louis Adolphe Humbert de Molard, Scne paysanne : la lessive, vers 1852.1. Cette scne semble tre prise sur le vif parce que les personnages, un couple de paysans, donnent limpression dtre surpris un instant donn de leur vie ordinaire et quotidienne : la femme est en train de faire sa lessive pendant que lhomme fume sa pipe devant leur maison.2. Au XIXe sicle, le temps de pose tait trs long parce que limage devait simprimer sur des plaques photographiques sensibles la lumire, lintrieur de lappareil ; or, ces plaques n'taient pas aussi performantes que les pellicules du XXe sicle, et la pose prenait du temps.

    Parcours textes et images

    Analyser un incipit raliste p. 16-17

    LIRE LE TEXTE Mateo Falcone (extrait 1)

    1 La rgion dcrite par le narrateur est la Corse, cette le qui se trouve tout au sud de la France, juste en dessous de Marseille (voir la carte p. 16 du manuel).

    Un tmoignage prcis2. Le texte indique le point gographique o se trouve le maquis en Corse : au nord-ouest, la sortie de Porto-Vecchio, lune des principales villes de lle : En sortant de Porto-Vecchio et en se dirigeant au nord-ouest, vers lintrieur de lle (l. 1-2).3. [L. 6 14] Ce passage explique la formation des maquis : une coutume corse consiste mettre le feu un champ au lieu dy rpandre du fumier, pour rendre la terre plus fertile grce aux cendres obtenues. Les racines des arbres calcins donnent des jeunes pousses qui forment une vgtation touffue et dense compose darbustes et darbrisseaux.4. [L. 1 6] a. Les verbes sont conjugus au prsent de lindicatif, qui exprime ici une vrit gnrale. b. Dautres indices dans le texte expriment cette valeur de vrit gnrale : lexplication de la forma-tion du maquis, la rputation de ce lieu, connu des bergers corses, qui sert de refuge et de cachette aux criminels. 5. a. Il sagit de la proposition subordonne conjonctive circonstancielle de temps : quand jtais en Corse en 18.. (l. 24).b. Le narrateur se prsente ici comme un tmoin de lhistoire quil va raconter ; cela donne plus de cr-dibilit et dauthenticit son rcit, quil prsente comme une histoire dont il est le tmoin indirect.

    Une entre en matire vivante6. [L. 18 23] a. Les marques de 2e personne sont : le pronom personnel vous (l. 18, 19, 21, 22, 23) ; le dterminant possessif vos (l. 23).b. Le narrateur sadresse directement au lecteur.c. Il lui conseille de se cacher dans le maquis sil sest rendu coupable dun crime et que la justice le recherche.7. [L. 24] a. Le narrateur attend le 3e paragraphe de son incipit pour prsenter le hros de la nouvelle qui porte son nom : Mateo Falcone. Le lecteur est dautant plus intrigu par lapparition tardive de ce hros qui, ds le dbut du rcit, lui parat ainsi plus mystrieux. b. La principale particularit de ce personnage est son habilet au maniement du fusil : il passe pour tre lun des meilleurs tireurs de Corse. Cette particularit rend plus inquitant le personnage.

    8 Le narrateur tablit un lien entre le maquis et Mateo Falcone travers plusieurs points de simi-litudes physiques : Mateo Falcone est petit mais robuste (l. 29-30) comme le sont les cpes trs paisses (l. 12) ; ses cheveux crpus (l. 30) rappellent les maquis si pais et si touffus (l. 16-17). Cette ressemblance laisse prsager que le maquis servira de dcor un vnement dramatique pour le hros : cest grce aux caractristiques physiques que lon peut infrer la valeur morale du personnage ; ainsi, la duret (la violence nest pas encore sensible, elle ne sera rvle que par le meurtre de son ls) perue dans les traits de Falcone est con rme par laspect inhospitalier et nigmatique du maquis.

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    I LA NOUVELLE

    > FICHE 36

    Tous ces mots viennent du latin insula, qui signi e le .a. La presqule de Quiberon se trouve en Bretagne. b. Les Corses sont des insulaires. c. LEspagne forme une pninsule. d. La Polynsie est compose de multiples lots.

    LIRE LIMAGE

    Le document de gauche pourrait apparatre dans un manuel de gographie : cest la photographie dun paysage de maquis tel quon peut le voir en Corse. Le document de droite est raliste , parce que lartiste a peint cette route corse telle quil la voyait, en cherchant tre le plus dle possible la ralit.

    tudier lart de la chute p. 18-19

    LIRE LE TEXTE Mateo Falcone (extrait 2)

    1 Mateo Falcone dcide de tuer son ls, Fortunato, parce que celui-ci a dnonc et donc trahi le ban-dit Gianetto : Mateo t feu (l. 23).

    Un pre implacable2. a. Les adjectifs qui quali ent la voix de Mateo Falcone sont : terrible (l. 9) et forte (l. 11).b. Ils soulignent toute la violence et la duret du personnage, qui reste insensible aux supplications et aux larmes de son ls.3. Plusieurs dtails montrent la dtermination de Mateo Falcone : il connat ds le dpart le lieu dans le maquis o il va tuer son ls : un petit ravin (l. 1-2) ; il choisit un endroit o la terre est molle donc facile creuser (l. 4) pour enterrer le cadavre ; il nhsite pas un seul instant pour armer son fusil et tirer sur lenfant (l. 20) ; il ne jette mme pas un coup dil au cadavre (l. 24).

    Un enfant pathtique4. a. [L. 10] Les deux grondifs sont : en balbutiant et en sanglotant . Ils soulignent la peur de lenfant face la dtermination de son pre.b. Contrairement Mateo Falcone, le lecteur est mu par les pleurs et les supplications de lenfant, pour lequel il ressent de la piti.5. a. Fortunato emploie des phrases exclamatives pour supplier son pre de lpargner : Mon pre, mon pre, ne me tuez pas ! (l. 8) et Oh ! mon pre, grce ! pardonnez-moi ! Je ne le ferai plus ! (l. 18).b. [L. 20 27] La froideur du pre est particulirement souligne dans la phrase suivante : Sans jeter un coup dil sur le cadavre, Mateo reprit le chemin de sa maison (l. 24-25).

    6 Mateo Falcone est un vritable barbare parce quil ne fait preuve daucune motion, daucune sen-sibilit, daucune humanit. Brutal, violent et sans piti, il nhsite pas tuer son ls comme il le ferait dun vulgaire gibier. Il fait feu au moment mme o lenfant, dans un geste daffection dsespre et de panique, tente dembrasser les genoux de son pre. On pourra insister sur le nom du personnage : falcone, le faucon en italien, donc un prdateur cruel et impitoyable, et Mateo , qui rappelle trangement le verbe espagnol mato, je tue .

    [L. 1 4] Cependant Falcone a march quelque deux cents pas dans le sentier et ne sest arrt que dans un petit ravin o il est descendu. Il a sond la terre avec la crosse de son fusil et la trouve molle et facile creuser. Lendroit lui a paru convenable pour son dessein.

    LIRE LIMAGE

    Les lments qui soulignent la diagonale descendante de limage sont : le canon du fusil point vers lenfant agenouill ; la position des bras de lhomme qui sapprte tirer ; le geste de lenfant qui lve les bras en signe de supplication vers son bourreau.Cest naturellement le fusil qui est ici mis en valeur. En arrire-plan de cette scne apparat le maquis.

    VOCABULAIRE

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    Lire une nouvelle intgrale p. 20-25

    LE TEXTE ET LART p. 23

    SOCLECOMMUN5 Cette activit permet de travailler la comptence 5, et plus particulirement tablir des

    liens entre des uvres littraires et artistiques , du socle commun de connaissances et de comptences.

    > CARNETS ARTS N 3 ET N 4 Les indices du texte qui renvoient au monde rural sont : le statut social des personnages (Mme Le-fvre est une dame de campagne [] une de ces demi-paysannes , l. 1-2, et Rose, sa servante est une brave campagnarde , l. 6), leur faon de parler avec lemploi dexpressions locales comme piquer du mas (l. 68), et le cadre de la nouvelle, la campagne normande. Dans le tableau de Gustave Courbet, le monde rural est reprsent par certains personnages qui assistent lenterrement, notamment le groupe de femmes coiffes de bonnets blancs lextrme droite du tableau et les quatre hommes coif-fs dun chapeau noir qui portent le cercueil lextrme gauche. Le paysage qui occupe larrire-plan du tableau nous montre une vue panoramique sur la campagne dOrnans. Lcrivain comme le peintre cherchent tre dles la ralit, quils ne vont pas modi er pour la rendre moins laide, plus attrayante. Cest pourquoi Maupassant insiste sur lavarice et lgosme de Mme Lefvre et que Courbet ne gomme pas les rides, les traits plus marqus des personnages quil a peints ; ils sont reprsents tels quils sont dans la ralit. Les protagonistes de la nouvelle de Maupassant sont des personnes ordinaires et modestes (une veuve demi-paysanne et sa servante dvoue) ; Gustave Courbet, lui, dtourne le grand format rectan-gulaire (habituellement rserv aux scnes historiques clbres) pour offrir une vue panoramique sur la crmonie denterrement et souligner ainsi le ralisme de ce moment banal qui runit des person-nages ordinaires : le prtre et ses enfants de chur, la famille et les proches (au milieu du tableau, avec en particulier la femme essuyant ses larmes avec un mouchoir), les voisins et familiers du dfunt qui viennent lui rendre un dernier hommage avant la mise en terre du corps. Guy de Maupassant et Gustave Courbet ont vcu au XIXe sicle ; le mouvement artistique qui les relie est le ralisme.

    LIRE LE TEXTE Pierrot p. 25

    1 Le titre de la nouvelle, Pierrot, correspond au nom du chien adopt par Mme Lefvre ; cest en quelque sorte lun des trois personnages principaux du rcit.

    Une histoire courte et raliste2. Les deux personnages principaux sont : Mme Lefvre : une demi-paysanne veuve (l. 1), coquette (l. 2), peu cultive (l. 2-3), qui prend des grands airs en socit et se rvle en fait sans cur, goste et trs avare (l. 26-27), qui cherche cacher son origine modeste en dissimulant ses grosses mains rouges sous des gants de soie crue (l. 5) ; Rose, sa servante, une brave lle de la campagne qui a bon cur et est dvoue sa matresse (l. 6) ;3. [L. 7 et 8] a. Les groupes nominaux complments du verbe habitaient sont : un complment dobjet direct : une petite maison volets verts ; trois complments circonstanciels de lieu : le long dune route , en Normandie , au centre du pays de Caux .b. Le rcit se droule en Normandie.4. Les paroles des deux femmes re tent avec ralisme le milieu paysan : elles commettent des fautes de conjugaison en employant le mauvais auxiliaire : ils ont pass par l (l. 17) au lieu de ils sont passs par l ; elles prononcent le mot chien , quin (l. 40) ; elles emploient des expressions locales comme piquer du mas (l. 68).

    Un texte critique5. Une nuit, Mme Lefvre sest fait drober une douzaine doignons dans son potager (l. 11). Un voisin fermier lui conseille de prendre un chien pour dissuader les voleurs (l. 24).6. a. [L. 49 55] Les verbes la voix active sont : on lui offrit (l. 49), Il but (l. 50), On lui prsenta (l. 50), Il mangea (l. 50), Mme Lefvre eut une ide (l. 51), il sera bien accoutum (l. 51), on le lais-sera (l. 52), Il trouvera (l. 52), On le laissa (l. 53), ce qui ne lempcha point (l. 53), il ne jappait (l. 54), il jappait (l. 55). Il ny a quun seul verbe conjugu la voix passive : Il fut install (l. 49).

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    I LA NOUVELLE

    b. Mme Lefvre fait tout pour que ce chien, quelle na mme pas achet puisque cest le boulanger qui le lui a offert, lui cote le moins possible. Ce roquet immonde (l. 46) plat avant tout sa nouvelle matresse parce quil est petit, donc il ne cotera pas trop cher en nourriture. Elle ne lui donne pas manger et laisse lanimal rder dans le village pour se trouver lui-mme sa maigre pitance (l. 52). La veuve shabitue cependant la prsence de Pierrot et lui tmoigne mme parfois des marques daffec-tion, du moment quelle peut viter de dpenser de largent pour lentretenir (l. 58-60). 7. Mme Lefvre prfre largent : horri e par le montant de la taxe exige par les impts (l. 64), elle pr-fre se dbarrasser de son chien (l. 65). Elle refuse mme de payer les services du cantonnier et de lap-prenti du voisin parce quelle trouve les sommes demandes bien trop exagres et prfre sacquitter de la tche toute seule, accompagne de la dle Rose (l. 91-97). Saisie de remords, elle court chez le puisatier a n quil puisse ressortir Pierrot du puits (l. 131) ; mais, refusant de payer les quatre francs de-mands (on notera que la somme pour sauver le chien ne cesse de diminuer), elle prfre le laisser l et venir le nourrir chaque jour dun morceau de pain (l. 150-151). la n de la nouvelle, lorsquelle dcouvre quil y a un autre chien, bien plus gros que Pierrot, dans le puit, elle panique lide de devoir nourrir tous les chiens abandonns et retourne chez elle en mangeant le morceau de pain destin son chien (on ne manquera pas de faire relever aux lves dans ce geste toute lironie cruelle de lauteur vis--vis de Mme Lefvre, que la mesquinerie nit par rendre ici ridicule et pitoyable).8. La chute con rme la pingrerie de Mme Lefvre : elle prfre se passer des services dun chien plutt que de dpenser le moindre sou pour lentretenir. Cette femme se rvle tre un monstre davarice et de mesquinerie qui nhsite pas abandonner et violenter son chien ; elle a donc bien une me de brute prtentieuse (l. 3-4).

    9 Les diffrentes tapes du droulement de ce rcit sont les suivantes : Situation initiale > Mme Lefvre, une demi-paysanne veuve, vit seule la campagne avec Rose, sa dle servante. lment perturbateur > Une nuit, on lui vole une douzaine doignons dans son potager. Pripties > Aprs avoir consult son entourage, et sur le conseil dun fermier voisin, Mme Lefvre dcide dadopter un petit roquet prnomm Pierrot que le boulanger lui cde gratuitement. La veuve shabitue la prsence de son tout nouveau compagnon, pour lequel elle ne dpense rien en nourriture. Un jour, les impts lui rclament une taxe de huit francs prleve pour les animaux. Horri- e, Mme Lefvre refuse de payer et dcide de se dbarrasser de Pierrot en le jetant dans le puits dune carrire o sont abandonns tous les chiens non dsirs. Hante par deffroyables cauchemars, elle retourne au puits et constate que Pierrot est toujours en vie et ne cesse de japper. Refusant une fois encore de payer les services dun puisatier pour librer lanimal, prise de remords, elle se propose de lui jeter chaque jour un morceau de pain beurr. lment de rsolution > Un matin, Mme Lefvre et Rose dcouvrent quun autre chien, plus fort et plus gros que Pierrot, a t abandonn dans le puits. Situation nale > Prise de panique lide de devoir nourrir tous les chiens abandonns, elle repart chez elle en mangeant le morceau de pain quelle destinait Pierrot, suivie de Rose les larmes aux yeux.

    > FICHE 16

    [L. 40 et 41] Elle dclara : Je veux bien nourrir un quin, mais je nen achterai pas.

    > FICHE 40

    Langage familier : un cabot, un clbard, un toutou. Langage courant : un chien. Langage soutenu : un mtin.

    LIRE LIMAGE p. 25

    Le texte prcise le nom du chien et de la llette pour montrer quils sont lis lun lautre et entre-tiennent une relation complice. La photo nous montre La en train de sourire, ravie de partir en vacances et ignorant tout de ce qui se prpare, tenant son chien Benji dans ses bras, contre son cur. Cest une image de bonheur que le texte du slogan vient contredire. Cette af che publicitaire, ralise par la Fondation 30 millions damis, cherche convaincre les pro-pritaires danimaux domestiques de ne pas les abandonner lt lorsquils partent en vacances.

    VOCABULAIRE

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    Construire le bilan p. 26

    LIRE LE TEXTE Le petit ft

    1. Cette nouvelle de Maupassant a t publie dans le journal Le Gaulois le 7 avril 1884, donc au XIXe sicle.2. Les personnages principaux de ce rcit sont : la mre Magloire, une vieille femme encore en bonne sant, et matre Chicot, un aubergiste qui doit hriter de la ferme de la vieille dame.Le sujet de laction est largent et lappt du gain : laubergiste pousse la mre Magloire boire pour la faire mourir plus vite et hriter ainsi de sa ferme.3. Les diffrentes tapes de laction sont : Un matin, laubergiste, matre Chicot, apporte chez la mre Magloire un petit tonneau dalcool : il le lui fait goter puis lui laisse le tonneau. La vieille femme se met boire toute seule et devient alcoolique. Sa sant ne cesse de dcliner. Lhiver suivant, vers Nol, suite une mauvaise chute dans la neige, la mre Magloire, compltement ivre, meurt. Matre Chicot hrite de la ferme de la vieille femme tout en dplorant que, sans lalcool, elle aurait encore pu vivre dix ans de plus.4. Les dtails ralistes qui caractrisent le langage des paysans sont : des tournures ngatives incorrectes : quand ny en aura pu, y en a encore (l. 6) ; des syllabes avales : nvous gnez point. Je nsuis pas regardant (l. 7), Ptt (l. 7) ; pu que je serai content (l. 8) ; une syntaxe malmene avec une concordance des temps non respecte : Ptt que ce sera ni, pu que je serai content (l. 7-8) ; un nologisme : boissonne (l. 21), verbe construit partir du substantif boisson 5. Le petit ft provoque la mort de la mre Magloire : tel un poison, il est larme secrte de lauber-giste pour abrger les jours de cette vieille femme qui, en bonne sant au dbut de la nouvelle, sem-blait encore avoir de longues annes de vie devant elle.

    Toujours dactualit p. 27Du nouveau sur la nouvelle

    SOCLECOMMUN5 Cette activit permet de travailler la comptence 5, et plus particulirement tablir des

    liens entre des uvres littraires et artistiques , du socle commun de connaissances et de comptences.

    1. Il sagit de la vieille mre Magloire et de laubergiste, matre Chicot : ce dernier vient dapporter le petit ft dalcool la vieille femme et ils sont en train de le goter.2. Le champ dsigne la portion de lespace visible travers lobjectif dune camra et limit par le cadre. Le contre-champ est lespace frontal et oppos lespace du champ. Un raccord en champ/contre-champ consiste montrer en alternance les deux axes dune scne : le personnage qui parle puis celui qui lui rpond, dans une scne de dialogue entre deux personnages se faisant face, comme cest le cas dans cette scne de discussion entre la mre Magloire et matre Chicot.3. Le gnrique de ce lm danimation est un ticket de caisse avec les prix des articles achets qui sont des produits dalimentation : des yaourts, des haricots. Le lien avec la nouvelle Pierrot est donc le cot de la nourriture qui rvolte tant Mme Lefvre, si conome et si avare surtout quand il sagit de nourrir son chien. Par ailleurs, le thme principal de la nouvelle, largent, est ici transpos de manire moderne et contemporaine sous laspect dun ticket de caisse de supermarch.

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    I LA NOUVELLE

    Sexercer

    Langue et criture p. 28

    VOCABULAIRE DE LA RALIT ET DE LA FICTION

    1. Synonymes du nom ralit > lauthenticit, la certitude, la vrit.Antonymes du nom ralit > la fausset, la ction, limagination, lillusion, lutopie.2. a. champtre : remettre dans la liste e. b. unique : remettre dans la liste d. c. tangible : remettre dans la liste a. d. chimrique : remettre dans la liste b. e. quotidien : remettre dans la liste c.3. a. Il a mis en scne un lm clbre b. Comprends-tu ce que tu dis ? c. Son mtier lui a permis de spanouir. d. La fe peut combler vos vux. e. Cette statue a t fabrique en terre cuite f. force de travail, nous avons atteint notre idal.4. relle/ment, mot driv suf x : adjectif fminin + suf xe -ment. > Maupassant a rellement vcu en Normandie.la tl-ralit, mot compos de deux radicaux et relis par un tiret, abrviation de tlvision + nom commun. > Cette mission de tl-ralit ne passionne pas les foules.une ralis/ation, mot driv suf x : radical + suf xe fminin -ation. > La ralisation de cette recette de cuisine est trs dif cile.un ralis/ateur, mot driv suf x : radical + suf xe masculin -ateur. > Cest la deuxime fois que James Cameron est cit pour loscar du meilleur ralisateur.ralis/er, mot driv suf x : radical + suf xe verbal -er. > Cet t, je vais en n raliser lun de mes rves : visiter le temple dAngkor au Cambodge. ir/rel, mot driv pr x : pr xe privatif in- + adjectif masculin. > Un lutin est un tre irrel.le sur/ralisme, mot driv pr x : pr xe sur- + nom commun. > En 1924, lcrivain Andr Breton a fond un mouvement artistique appel le surralisme .ir/ralis/able, mot driv pr x et suf x : pr xe privatif in- + radical + suf xe -able. > Ce projet ar-chitectural sest rvl irralisable.5. a. vri er b. vridique c. vritablement d. la vracit e. avrer f. vri able

    GRAMMAIRE

    6. a/b. toujours avant quon se ft aperu de sa prsence : proposition subordonne conjonctive circonstancielle de temps du verbe dguerpissait ; parfois : adverbe de temps, complment circonstanciel de temps du verbe demeurait ; quatre ou cinq jours : groupe nominal, complment circonstanciel de temps du verbe demeurait ; quand il avait recueilli dans sa tourne des provisions suf santes : proposition subordonne conjonctive circonstancielle de temps du verbe demeurait .7. au bord de leau bleue : groupe nominal prcd dune prposition, complment circonstanciel de lieu du verbe sarrondit ; L-bas : locution adverbiale, complment circonstanciel de lieu du verbe savance ; droite : locution adverbiale, complment circonstanciel de lieu du verbe savance ; au loin : locution adverbiale, complment circonstanciel de lieu du verbe savance ; dans la mer : groupe nominal prcd dune prposition, complment circonstanciel de lieu du verbe savance ; gauche : locution adverbiale, complment circonstanciel de lieu du verbe montrent .

    VERBE

    8. Il strangla, toussa, ternua, cracha, et, hurlant, empoigna pleine main son verre quil lana contre la bonne. Elle le reut en plein ventre. Alors, exaspre, elle prit sous son bras la tte du moutard, et com-mena lui entonner coup sur coup des cuilleres de soupe dans le gosier. (Guy de Maupassant, Le Petit.)9. a. Une glise se dresse lhorizon. b. Un manoir stend sur la colline. c. Un lac se situe prs du vil-lage. d. Un sentier senfonce dans la fort. e. Une grotte se cache au milieu de la montagne. f. Une ferme se trouve en haut de la route.

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    valuation

    Lecture de texte/tude de la langue Le petit ft (extrait 2) p. 30-31

    SOCLECOMMUN1 Cette activit permet dvaluer la comptence 1, et plus particulirement Reprer

    des informations dans un texte et Utiliser ses connaissances sur la langue , du socle commun de connaissances et de comptences.

    1. Les personnages principaux de ce rcit sont la mre Magloire, une vieille femme encore en bonne sant, et matre Chicot, un aubergiste ; tous deux cherchent passer un accord : en change dune rente verse par laubergiste chaque mois, la mre Magloire sengage lui lguer sa ferme.

    2. Les expressions ralistes dans le texte sont : Je nen ai pas pour pu de cinq six ans pour sr. Me vla sur mes soixante-treize ans, et pas vaillante avec a. Laute soir, je crmes que jallais passer. Il me semblait quon me vidait lcorps, quil a fallu me porter mon lit (l. 3-6) ; vieille pratique (l. 8), comme lclocher dlglise (l. 8-9), pour sr (l. 10) ; Tu ne crveras donc point, carcasse ! (l. 25).

    3. [L. 16 et 17] a/b. Les verbes sont les suivants : scoulrent : pass simple de lindicatif, action bien acheve et ponctuelle ; se portait : imparfait de lindicatif, action qui dure ; paraissait : imparfait de lindicatif, description.

    4. a. La mre Magloire dsire obtenir une rente de cinquante cus par mois au lieu des trente cus proposs par laubergiste.b. Elle parvient convaincre matre Chicot en af rmant qu soixante-treize ans il ne lui reste pas plus de cinq, six ans vivre, car elle est en mauvaise sant (l. 3-6). Au bout dune journe de discussions, lau-bergiste cde aux exigences de la vieille paysanne, qui obtient en plus dix cus de pot-de-vin (l. 14-15).

    5. Le champ lexical de largent : les cinquante cus (l. 12-13), dix cus de pot-de-vin (l. 14-15), il payait (l. 18), cette rente (l. 18), ruin (l. 19), paysan vol (l. 27).

    6. Matre Chicot se met har la vieille paysanne parce quelle ne semble pas dcide mourir : cela fait dj trois ans quil lui verse une rente de cinquante cus par mois, et la mre Magloire ne vieillit pas ; elle donne mme limpression de se rjouir du tour quelle lui a jou ; laubergiste sestime donc vol et tromp par la paysanne.

    7. a. le lendemain (l. 14) est un groupe nominal, complment circonstanciel de temps du verbe si-gnrent ; trois ans (l. 16) est un groupe nominal, sujet du verbe scoulrent .b. Les indices temporels sont importants car le temps devient un ennemi pour matre Chicot : lel-lipse de trois annes depuis la signature de lacte justi e toute la haine et le dsespoir de lauber-giste, qui constate que le temps ne semble avoir aucune prise sur la mre Magloire, toujours en bonne sant.

    8. On retrouve dans cet extrait les caractristiques dune nouvelle raliste : lhistoire raconte donne limpression dtre vraie grce aux dtails ralistes sur lesquels lauteur sappuie pour mener son r-cit, comme lorigine sociale et modeste des protagonistes (des paysans), la manire particulire dont sexpriment ces personnages avec lemploi du discours direct, le dcor de la ferme et les habitudes de vie des paysans normands (lvocation des moissons en juillet, la prsence du tilbury), le droulement resserr du temps qui met bien en valeur la forte intensit dramatique de lhistoire. Un auteur de nouvelles ralistes cherche rendre compte du rel de la manire la plus dle qui soit : ainsi, pour crer ses personnages, lcrivain observe la ralit, les tres humains pour les dpeindre tels quils sont ; et mme si le personnage et le milieu dpeints restent ctionnels, le lecteur peut son tour les enrichir en projetant sur eux sa propre exprience du monde rel.

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    I LA NOUVELLE

    Orthographe

    SOCLECOMMUN1 Cette activit permet dvaluer la comptence 1, et plus particulirement crire un

    texte sous la dicte , du socle commun de connaissances et de comptences.

    1. dsordonns saccorde avec le nom gestes ; injects saccorde avec le nom yeux ; ou-verte saccorde avec le nom bouche ; devenu saccorde avec le nom visage ; submerg saccorde avec le nom esprit .

    Connaissance des auteurs et des uvres

    SOCLECOMMUN1 Cette activit permet dvaluer la comptence 1, et plus particulirement Avoir des com-

    ptences et des repres littraires , du socle commun de connaissances et de comptences.

    1. a/B ; b/A ; c/B ; d/B ; e/A2. 1631 : Publication de la premire feuille dinformation.1789 : Dclaration des droits de lhomme et du citoyen.1812 : Invention de la presse cylindrique.1826 : Fondation du journal Le Figaro.

    VARIANTES ET OUVERTURES

    On pourra complter cette premire squence par deux extraits de nouvelles ralistes : Un million de Guy de Maupassant, texte qui apparat dans le recueil de Quatre Nouvelles ralistes sur largent pro-pos en lectures personnelles de la squence (p. 49) et qui permet dapprofondir la fois les thmes de largent et de lavarice dj abords dans les nouvelles Pierrot et Le Petit Ft, ainsi que la tonalit comique et grinante des rcits ralistes de Maupassant ; la lecture de lincipit dUn cur simple de Flaubert sera propose comme un prolongement possible pour des lves dun bon niveau. Lanalyse de ce premier chapitre de la nouvelle cherchera sensibiliser les lves la prsentation du cadre spatio-temporel et du hros dun rcit complexe, tout en approfondissant un couple de personnages rcurrent du rcit raliste et dj abord avec Mme Lefvre et Rose dans Pierrot : la matresse iras-cible et goste, et sa servante soumise et dvoue.

    Texte complmentaire n 1 La guerre tait dclare

    Objectifs mettre en valeur le traitement du temps dans un rcit raliste ; comprendre les relations entre les personnages ; reprer le ton satirique dun texte.

    Lopold Bonnin, petit fonctionnaire, a pous la fi lle dun collgue pauvre mais dont la tante, trs riche et sans enfant, doit lui lguer toute sa fortune, qui slve un million de francs. Le couple ne dsire pas avoir denfants mais, louverture du testament, ils apprennent avec stupfaction quils ne toucheront largent que sils ont un hritier dans un dlai de trois ans ; sinon, le million sera revers aux pauvres. Mais Lopold tait malheureux dans son mnage. Sa femme le harcelait dallusions dsobligeantes1, le martyrisait de sous-entendus. Et le temps passait ; un an dj stait coul depuis la mort de la tante. Lhritage semblait perdu.Mme Bonnin, en se mettant table, disait : Nous avons peu de choses pour le dner ; il en serait autrement si nous tions riches. 5

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    Quand Lopold partait pour le bureau, Mme Bonnin, en lui donnant sa canne, disait : Si nous avions cinquante mille livres de rente, tu naurais pas besoin daller trimer2 l-bas, mon-sieur le gratte-papier3. Quand Mme Bonnin allait sortir par les jours de pluie, elle murmurait : Si on avait une voiture, on ne serait pas forc de se crotter4 par des temps pareils. Enfi n, toute heure, en toute occasion, elle semblait reprocher son mari quelque chose de hon-teux, le rendant seul coupable, seul responsable de la perte de cette fortune.Exaspr5, il fi nit par lemmener chez un grand mdecin qui, aprs une longue consultation, ne se pronona pas ; dclarant quil ne voyait rien ; que le cas se prsentait assez frquemment ; quil en est des corps comme des esprits ; quaprs avoir vu tant de mnages disjoints6 par incompatibilit dhumeur, il ntait pas tonnant den voir dautres striles par incompatibilit physique. Cela cota quarante francs. Un an scoula, la guerre tait dclare, une guerre incessante, acharne, entre les deux poux, une sorte de haine pouvantable. Et Mme Bonnin ne cessait de rpter : Est-ce malheureux, de perdre une fortune parce quon a pous un imbcile ! ou bien : Dire que si jtais tombe sur un autre homme, jaurais aujourdhui cinquante mille livres de rente ! ou bien : Il y a des gens qui sont toujours gnants dans la vie. Ils gtent tout. Les dners, les soires surtout, devenaient intolrables. Ne sachant plus que faire, Lopold, un soir, craignant une scne horrible au logis, amena son ami Frdric Morel, avec qui il avait failli se battre en duel. Morel fut bientt lami de la maison, le conseiller cout des deux poux. Il ne restait plus que six mois avant lexpiration du dernier dlai donnant aux pauvres le million ; et peu peu Lopold changeait dallures vis--vis de sa femme, devenait lui-mme agressif, la piquait souvent par des insinuations7 obscures, parlait dune faon mystrieuse de femmes dem-ploys qui avaient su faire la situation de leur mari.

    Guy de Maupassant, Un million, 1882.1. dsobligeantes : vexantes.2. trimer : peiner.3. un gratte-papier : mot pjoratif pour dsigner un employ de bureau.4. se crotter : se salir.5. exaspr : rendu furieux, bout de nerfs.6. disjoints : spars.7. insinuations : sous-entendus.8. qui avaient su faire la situation de leur mari : qui avaient su contribuer lavancement professionnel de la carrire

    de leur mari.

    LIRE LE TEXTE

    1 Lopold Bonnin et sa femme donnent-ils une image heureuse de couple mari ? Justi ez votre rponse.

    Une guerre ouverte

    2. Relevez toutes les indications de temps concernant le dlai impos aux poux Bonnin : la n de lextrait, combien de temps sest coul depuis la mort de la tante ? 3. Relevez le champ lexical de largent. 4. [L. 4 12] a. Relevez les trois complments circonstanciels de temps en prcisant leur classe gram-maticale et le verbe que chacun deux complte. > GRAMMAIRE, FICHE 10b. Quels sont les diffrents reproches formuls par Mme Bonnin son mari ?5. Par quels mots Mme Bonnin dsigne-t-elle son mari ? Quel sentiment traduisent-ils chez elle ?6. [L. 27 30] Relevez les verbes conjugus limparfait de lindicatif. Quelle est la valeur de ce temps ici ? > GRAMMAIRE, FICHE 21

    Un texte satirique

    7. O Lopold Bonnin emmne-t-il sa femme ? Dans quel dessein ?8. [L. 13 17] a. Combien y a-t-il de phrases dans ce passage ? Relevez les diffrents verbes conjugus dans la premire phrase et indiquez le nombre de propositions : comment sont-elles relies entre elles ? > GRAMMAIRE, FICHE 13

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    I LA NOUVELLE

    b. Daprs vous, que cherche suggrer le narrateur par la longueur de cette phrase ? Quen concluez-vous sur la brivet de la phrase suivante ? c. En quoi ce passage est-il comique ? 9. [L. 24 26] Quel personnage apparat dans la vie quotidienne du couple la n de lextrait ? Qui in-troduit ce personnage dans la vie du couple ? Par quels termes est-il dsign ?

    10 Aprs avoir relu la dernire phrase, quel va tre selon vous le rle jou par ce personnage dans le rcit ?

    > FICHE 18

    [L. 27 30] Transposez ce passage au prsent de lindicatif.

    Corrig du texte complmentaire n 1

    1 Lopold Bonnin et sa femme ne donnent pas limage dun couple combl et uni : ds la ligne 1, le narrateur nous prcise que Lopold est malheureux dans son mnage car son pouse ne cesse de le harceler. la n du texte, ils narrtent pas de se disputer et ne se supportent plus (l. 24-25).

    Une guerre ouverte

    2. Les indications de temps concernant le dlai sont : un an dj stait coul depuis la mort de la tante (l. 2-3), Un an scoula (l. 18), Il ne restait plus que six mois avant lexpiration du dernier dlai (l. 27). la n de lextrait, il sest donc coul environ deux ans et demi depuis le dcs de la tante.

    3. Le champ lexical de largent est : Lhritage (l. 3), riches (l. 5), cinquante mille livres de rente (l. 7), la perte de cette fortune (l. 12), Cela cota quarante francs (l. 16-17), perdre une fortune (l. 20), cinquante mille livres de rente (l. 21-22), donnant aux pauvres le million (l. 27).

    4. [L. 4 12] a. Les trois complments circonstanciels de temps sont : en se mettant table , grondif complment circonstanciel de temps du verbe disait ; Quand Lopold partait pour le bureau , pro-position subordonne conjonctive complment circonstanciel de temps du verbe disait ; Quand Mme Bonnin allait sortir par les jours de pluie , proposition subordonne conjonctive complment circonstanciel de temps du verbe murmurait .b. Les diffrents reproches adresss par Mme Bonnin son mari portent sur leur situation nancire et leur statut social : sils avaient hrit de la fortune de la tante, autrement dit, sils avaient conu un hritier, tous deux feraient de meilleurs repas (l. 5) ; lui naurait plus besoin de travailler et de conserver cette place modeste de petit fonctionnaire (l. 7-8) ; ils auraient leur propre voiture et viteraient ainsi de se crotter en marchant sous la pluie (l. 10). Lhritage de la tante pourrait lui permettre dtre rentier sans plus jamais se salir les mains travailler, ce qui au XIXe sicle est considr comme un idal pour la bourgeoisie.

    5. Mme Bonnin dsigne son mari par les termes monsieur le gratte-papier (l. 7-8), un imbcile (l. 20) ; ce sont des termes pjoratifs qui traduisent tout le mpris, puis la haine et la colre que la jeune femme ressent lgard de son poux.

    6. [L. 27 30] Les verbes conjugus limparfait de lindicatif sont : restait , changeait , deve-nait , piquait , parlait . La valeur de ce temps ici est celle dune action itrative, habituelle.

    Un texte satirique

    7. Lopold emmne sa femme consulter un mdecin pour trouver une explication et sans doute une solution au fait quelle ne parvienne pas tre enceinte ; cest une manire aussi pour lui de lui rappeler quils sont tous les deux responsables de cette situation et quil nest donc pas le seul blmer.

    8. [L. 13 17] a. Ce passage est compos dune phrase complexe suivie dune phrase simple. La pre-mire comporte cinq propositions, qui sont toutes relies entre elles par un mot subordonnant elles sont donc subordonnes : [Exaspr, il nit par lemmener chez un grand mdecin] [qui, aprs une

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    longue consultation, ne se pronona pas] ; [dclarant quil ne voyait rien] ; [que le cas se prsentait assez frquemment] ; [quil en est des corps comme des esprits] ; [quaprs avoir vu tant de mnages disjoints par incompatibilit dhumeur, il ntait pas tonnant den voir dautres striles par incompa-tibilit physique]. b. La longueur de cette phrase suggre le long discours du mdecin qui, nalement, avoue son impuis-sance rgler mdicalement le problme des Bonnin, qui semble selon lui tre davantage li une in-compatibilit physique entre les deux poux. La brivet de la phrase suivante, Cela cota quarante francs , apparat dautant plus ironique pour le couple dsargent qui doit en plus payer un prix exorbitant un discours creux qui ne leur apporte aucune solution. c. Les deux personnages sont tourns en ridicule par cette dernire tentative pour rsoudre leur pro-blme dhritage : non seulement la mdecine ne peut rien pour eux, mais ils doivent en plus verser une somme importante pour sentendre con rmer une ralit quils savaient dj : ils ne se supportent plus.

    9. [L. 24 26] Le personnage qui apparat dans la vie quotidienne du couple est le collgue de bureau de Lopold : Frdric Morel. Cest dailleurs Lopold qui, ne supportant plus de passer ses soires en tte tte avec une pouse qui ne cesse de le harceler et de lui faire des scnes, invite un soir le jeune homme dner. Il devient ainsi un familier, dsign par les termes : lami de la maison , le conseiller cout des deux poux (l. 26).

    10 Le jeune homme deviendra bien malgr lui linstrument des poux Bonnin pour toucher lhritage : la dernire phrase de Lopold suggre de faon insidieuse sa femme que les pouses de certains de ses collgues nont pas hsit user de leurs charmes pour obtenir lavancement de leur mari (l. 30). Devant lurgence de la situation avec le rappel des six derniers mois de dlai (l. 27), le lecteur comprend que Morel aura une liaison avec Mme Bonnin, qui tombera ainsi en n enceinte, et le couple pourra hriter du million de francs.

    > FICHE 18

    [L. 27 30] Il ne reste plus que six mois avant lexpiration du dernier dlai donnant aux pauvres le mil-lion ; et peu peu Lopold change dallures vis--vis de sa femme, devient lui-mme agressif, la pique souvent par des insinuations obscures, parle dune faon mystrieuse de femmes demploys qui ont su faire la situation de leur mari.

    Texte complmentaire n 2 Un cur simple

    Objectifs rinvestir ses connaissances sur lanalyse dun incipit raliste ; analyser le portrait dun personnage typique du rcit raliste : la servante.

    Pendant un demi-sicle, les bourgeoises de Pont-lvque envirent Mme Aubain sa servante Flicit. Pour cent francs par an, elle faisait la cuisine et le mnage, cousait, lavait, repassait, savait brider1 un cheval, engraisser les volailles, battre2 le beurre, et resta fi dle sa matresse, qui cependant ntait pas une personne agrable.Elle avait pous un beau garon sans fortune, mort au commencement de 1809, en lui laissant deux enfants trs jeunes avec une quantit de dettes. Alors elle vendit ses immeubles, sauf la ferme de Toucques et la ferme de Geffosses, dont les rentes montaient 5 000 francs tout au plus, et elle quitta sa maison de Saint-Melaine pour en habiter une autre moins dispendieuse3, ayant appar-tenu ses anctres et place derrire les halles4.Cette maison revtue dardoises, se trouvait entre un passage et une ruelle aboutissant la rivire. Elle avait intrieurement des diffrences de niveau qui faisaient trbucher. Un vestibule troit s-parait la cuisine de la salle o Mme Aubain se tenait tout le long du jour, assise prs de la croise

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    I LA NOUVELLE

    dans un fauteuil de paille. Contre le lambris5, peint en blanc, salignaient huit chaises dacajou. Un vieux piano supportait, sous un baromtre, un tas pyramidal de botes et de cartons. Deux bergres6 de tapisserie fl anquaient7 la chemine en marbre jaune et de style Louis XV. La pendule, au milieu, reprsentait un temple de Vesta8, et tout lappartement sentait un peu le moisi, car le plancher tait plus bas que le jardin.Au premier tage, il y avait dabord la chambre de Madame , trs grande, tendue dun papier fl eurs ples, et contenant le portrait de Monsieur en costume de muscadin9. Elle communiquait avec une chambre plus petite, o lon voyait deux couchettes denfants, sans matelas. Puis venait le salon, toujours ferm, et rempli de meubles recouverts dun drap. Ensuite un corridor menait un cabinet dtudes ; des livres et des paperasses garnissaient les rayons dune bibliothque entourant de ses trois cts un large bureau de bois noir. Les deux panneaux en retour disparaissaient sous des dessins la plume, des paysages la gouache et des gravures dAudran10, souvenirs dun temps meilleur et dun luxe vanoui. Une lucarne au second tage clairait la chambre de Flicit, ayant vue sur les prairies.Elle se levait ds laube, pour ne pas manquer la messe, et travaillait jusquau soir sans interrup-tion ; puis, le dner tant fi ni, la vaisselle en ordre et la porte bien close, elle enfouissait la bche sous les cendres et sendormait devant ltre, son rosaire11 la main. Personne, dans les marchan-dages, ne montrait plus denttement. Quant la propret, le poli de ses casseroles faisait le dses-poir des autres servantes. conome, elle mangeait avec lenteur, et recueillait du doigt sur la table les miettes de son pain, un pain de douze livres, cuit exprs pour elle, et qui durait vingt jours.En toute saison elle portait un mouchoir dindienne12 fi x sur le dos par une pingle, un bonnet lui cachant les cheveux, des bas gris, un jupon rouge, et par-dessus sa camisole13 un tablier bavette, comme les infi rmires dhpital.Son visage tait maigre et sa voie aigu. vingt-cinq ans, on lui en donnait quarante. Ds la cin-quantaine, elle ne marqua plus aucun ge ; et, toujours silencieuse, la taille droite et les gestes mesurs, semblait une femme en bois, fonctionnant dune manire automatique.

    Gustave Flaubert, Un cur simple, chapitre I, 1877.

    1. brider un cheval : lui passer la bride, pice du harnais qui sert le conduire.2. battre le beurre : battre la crme pour obtenir du beurre.3. dispendieuse : coteuse.4. les halles : march couvert.5. lambris : revtement en bois sur les murs intrieurs dune pice.6. bergre : fauteuil large et profond.7. fl anquer : encadrer.8. Vesta : desse du Feu et du Foyer chez les Romains.9. muscadin : au XVIIIe sicle, nom donn des hommes lgants qui se parfumaient de musc.10. Audran : clbre graveur du XVIIe sicle.11. rosaire : grand chapelet dont on graine les grains lorsque lon rcite sa prire.12. indienne : tissu de coton color par impression.13. camisole : chemise.

    LIRE LE TEXTE

    1 Quel est le premier personnage prsent dans lincipit ? Sur quel personnage se referme ce premier chapitre ? Quen concluez-vous sur la place de ce personnage dans la nouvelle ?

    Un rcit raliste

    2. En vous appuyant sur les paragraphes, dlimitez les diffrentes parties de cet incipit puis proposez un titre pour chacune delles.

    3. [L. 1 11] Relevez les indices qui montrent que cette nouvelle appartient au genre de rcit raliste.

    Un couple bien assorti : la matresse dsargente et sa servante dvoue

    4. [L. 11 27] Dans quel ordre est dcrite la maison de Mme Aubain ? Quelle est la dernire pice pr-sente ? Pourquoi ?

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    5. Quels lments dans la maison de Mme Aubain re tent le niveau social modeste de sa propritaire ?

    6. [L. 3 5] a. Quel est le procd dampli cation utilis dans cette phrase ? b. Quel en est leffet sur le rcit ? > VOCABULAIRE, FICHE 43

    7. [L. 28 33] a. quel temps sont conjugus les verbes ? Prcisez la valeur demploi de ce temps dans lextrait. b. quoi ressemble une journe de la vie de Flicit ? quoi la servante est-elle compare la n du texte ?

    8 Aprs avoir prcis le sens du mot flicit , expliquez en quoi la servante porte un nom prdes-tin pour sa matresse, Mme Aubain.

    Corrig du texte complmentaire n 2

    1 Le premier personnage prsent est Flicit, la servante de Mme Aubain, et cest sur elle que se referme le premier chapitre : Flicit sera ce cur simple , cest--dire lhrone de la nouvelle.

    Un rcit raliste

    2. Le texte peut tre divis en quatre parties : [L. 1 5] la prsentation des deux personnages principaux et du cadre spatio-temporel de la nouvelle ; [L. 6 10] le pass de Mme Aubain ; [L. 11 27] la description de la maison de Mme Aubain ; [L. 28 39] le portrait de Flicit.

    3. [L. 1 11] Ce texte est un extrait de rcit raliste parce quil se droule dans un cadre raliste (la campagne normande autour de la ville de Pont-lvque, l. 1) ; les personnages sont issus dun milieu modeste et ordinaire, et lhistoire se concentre sur la vie simple dune servante dvoue corps et me sa matresse (l. 3-5), veuve et mre de deux enfants (l. 6-7).

    Un couple bien assorti : la matresse dsargente et sa servante dvoue

    4. [L. 11 27] Aprs avoir prcis lemplacement de la maison de Mme Aubain dans le village (l. 12-13), lauteur commence par dcrire le vestibule (lentre) qui donne sur deux pices du rez-de-chausse : la cuisine dun ct et la salle o Mme Aubain se tenait tout le long du jour , une espce de petit salon (on peut relever le mot salle en italique, l. 13) de lambris blancs simplement meubl. Dans le para-graphe suivant, le narrateur prsente les deux tages de la maison : au premier, dabord la chambre de Madame puis celle, plus petite, des enfants, et un salon toujours ferm, ainsi quun petit couloir menant un cabinet dtudes (un bureau) ; au second tage se trouve la chambre de Flicit qui est sous le toit, comme le suggre le dtail de la lucarne (l. 26). Cest donc la chambre de la servante situe sous les combles qui clt en une brve phrase (l. 26-27) la description de la maison, con rmant le statut social infrieur de Flicit.

    5. Mme Aubain, dont le mari a dilapid toute la fortune (l. 7-8), est une veuve qui na pas beaucoup dar-gent, comme le con rment certains dtails dans la maison : sa situation dabord (la maison est coince entre un passage et une ruelle , ce qui suppose un endroit sombre) ; elle comporte plusieurs niveaux, ce qui nest pas pratique, voire dangereux puisquon trbuche facilement (l. 12) ; en n, la dcoration et lameublement plus que sommaires tmoignent d un luxe vanoui (l. 26), limage de ces gravures dAudran dans le cabinet dtudes. Par ailleurs, le dtail du salon toujours ferm et dont les meubles sont recouverts de draps blancs prouvent que Mme Aubain ne reoit plus et a donc une vie sociale inexistante. Le dtail de la pendule orne dun temple de Vesta, la desse romaine du Foyer, semble aussi condamner les femmes vivant sous ce toit au clibat et la chastet, limage des prtresses vestales qui entretenaient le feu sacre de la desse.

    6. [L. 3 5] Lauteur accumule une srie de verbes daction dabord conjugus limparfait puis sous leur forme in nitive : elle faisait la cuisine et le mnage, cousait, lavait, repassait, savait brider un cheval, engraisser les volailles, battre le beurre . Cette numration a pour effet dinsister dune part sur les qualits de Flicit qui en font une servante convoite par toutes les bourgeoises de Pont-lvque et, dautre part, sur la multitude de tches domestiques abattues par la servante pour un salaire aussi misrable que cent francs par an.

    7. [L. 28 33] a. Il sagit de limparfait de lindicatif qui a ici une valeur dhabitude : toutes les journes de Flicit respectent le mme rituel immuable et monotone.

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    I LA NOUVELLE

    b. Tous les matins, Flicit se lve laube pour se rendre la messe, puis elle ne cesse de travailler jusquau soir ; aprs avoir ni la vaisselle, elle sinstalle devant la chemine et, son rosaire la main (l. 30), rcite ses prires. Cest donc une femme pieuse. On pourra par ailleurs faire remarquer aux lves que le geste de Flicit enfouissant la bche sous les cendres avant de dire son rosaire nest pas sans rappeler le rle sacr des prtresses du temple de Vesta (voir le dcor de la pendule, l. 17), charges dentretenir le feu sacr de la desse du Foyer. Ses qualits sont sa dtermination et sa vo-lont ( Personne, dans les marchandages, ne montrait plus denttement , l. 30-31) ; elle est conome, propre et excellente mnagre ( le poli de ses casseroles faisait le dsespoir des autres servantes , l. 31-32), et elle ne gaspille pas la nourriture (elle recueillait du doigt sur la table les miettes de son pain , l. 32-33). Elle shabille toujours de la mme manire avec par-dessus sa chemise un tablier bavette (l. 35), les cheveux dissimuls sous un bonnet. Flicit est compare une femme en bois (l. 39), un automate sans motion, qui ne fait que remplir des fonctions, sans avoir de vie elle. Flicit semble navoir jamais t jeune. Le narrateur insiste dune part sur la maigreur du visage de la servante (l. 37) et dautre part sur le fait quelle a toujours paru plus ge (l. 37-38).

    8 Le mot flicit signi e bonheur suprme . La servante porte bien son nom puisquelle est ef-fectivement pour Mme Aubain une vritable perle (une aubaine ?) que lui envient les bourgeoises de Pont-lvque et qui ferait le bonheur domestique de toute bonne matresse de maison.

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    Problmatique Comment installer suspense et frisson ?

    Prsentation de la squenceElle d nit le registre fantastique, par contraste avec le ralisme tudi dans la squence 1, en don-nant aux lves des outils danalyse rigoureux et en tablissant des liens dun extrait lautre.

    Le corpusPrsentant des extraits de quatre auteurs diffrents, Poe, Gautier, Maupassant et Villiers de LIsle-Adam, il offre la vision la plus complte possible des ressources et des thmes fantastiques : la mort, la peur, le rve ou lhallucination.

    La progressionPour circonscrire la notion de fantastique, on commencera par tudier latmosphre trange installe par lauteur (texte 1), puis la manire dont un phnomne mystrieux est mis en scne (texte 2). On analysera ensuite le point de vue adopt (texte 3) et on terminera par le doute qui sinstalle, quand le lecteur hsite entre rationnel et irrationnel (texte 4).

    La nouvelle fantastique I. LA NOUVELLE2

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    tude de la langue dans la squence 2

    GrammaireLes motsLes classes et les fonctions Textes complmentaires n 1 et n 2Les dterminants (> FICHE 3) Textes 1, 3 Texte dvaluationLes pronoms (> FICHE 4) Texte 3 Texte dvaluationLadjectif quali catif (> FICHE 5) Texte 1Les mots exclamatifs (> FICHE 7) Langue et criture (ex. 7)La phrase et le texteLes propositions (> FICHE 13) Texte 2Discours direct et discours indirect (> FICHE 16) Texte 3 Texte complmentaire n 1Le verbeLe pass simple (> FICHE 20) Texte 4La forme pronominale (> FICHE 23) Texte 3La conjugaison passive (> FICHE 25) Texte 1Bilan sur le verbe (> FICHE 28) Texte 2OrthographeLa ponctuation (> FICHE 29) Texte 2Les mots numraux (> FICHE 31) Texte 2Vocabulaire volution et formation des mots (> FICHE 37) Texte 4 Texte complmentaire n 2Synonymes, antonymes et paronymes (> FICHE 38) Langue et criture (ex. 1)Champ lexical et mots spci ques (> FICHE 39) Texte complmentaire n 2La comparaison (> FICHE 41) criture et langue (sujet 1) Texte

    complmentaire n 1La mtaphore (> FICHE 42) Textes 3 et 4

    Comptences du socle commun travailles et values dans la squence n 2

    Comptence 1 : La matrise de la langue franaise

    Lire> Adapter son mode de lecture la nature du texte.

    Expression orale p. 43

    Comptence 1 : La matrise de la langue franaise

    Lire> Reprer des informa-tions dans un texte.

    Lecture de texte/tude de la langue p. 48

    Comptence 1 : La matrise de la langue franaise

    Lire> Utiliser ses connais-sances sur la langue.

    criture et langue p. 47Lecture de texte/tude de la langue p. 48

    Comptence 1 : La matrise de la langue franaise

    crire> Rdiger un texte par-tir de consignes donnes.

    Toujours dactualit p. 45

    Comptence 4 : La matrise des techniques usuelles de linformation et de la communication

    Sinformer, se documenter

    > Chercher et slec-tionner linformation demande

    B2i p. 49

    Comptence 5 : La culture humaniste

    Avoir des connaissanceset des repres

    > Avoir des connais-sances et des repres littraires

    Connaissance des auteurs et des uvres p. 48

    Comptence 5 : La culture humaniste

    Situer dans le temps, lespace, les civilisations

    > Situer des vnements et des uvres littraires.

    Et si les auteurs nous parlaient ? p. 34

    Comptence 5 : La culture humaniste

    Situer dans le temps, lespace, les civilisations

    > tablir des liens entre des uvres littraires et artistiques.

    Le texte et lart p. 37

    2 LA NOUVELLE

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    LIRE LIMAGE DOUVERTURE p. 32-33

    1. Le corps de la jeune femme est mis particulirement en valeur parce quil est llment le plus clair du tableau : la blancheur de sa chemise de nuit, lextrme pleur de sa peau et de son teint contrastent avec larrire-plan plong dans la pnombre, de laquelle se dtachent deux cratures effrayantes et menaantes. Les couleurs claires et brillantes de cette femme sopposent aux rouges foncs, aux jaunes et ocre du fond. Le peintre a utilis la technique du clair-obscur pour crer des contrastes forts entre la lumire et lombre.2. Le tableau reprsente une chambre coucher sombre, avec au premier plan un lit et une table de toilette, avec lamorce dun miroir au second plan. Sur le lit est tendue une jeune femme qui parat anantie, compltement abandonne et dune pleur morbide ; sa tte penche vers le bas, exposant son long cou. Au second plan, dans un clair-obscur extrmement goudronneux, apparat dans les cour-tines du lit une tte de cheval avec des yeux blancs normes, globuleux, saillants, brillants et argents comme des opales. Sur la poitrine de la jeune femme est assise en tailleur une crature velue dif -cilement identi able : la fois singe et gnome dmoniaque, des oreilles pointues de chauve-souris surplombant sa tte grimaante dont les yeux noirs xent la jeune femme En fait, nous sommes de-vant le cauchemar : la dormeuse semble sans vie, allonge dans une position qui parat encourager les mauvais rves, reprsente comme une victime offerte, puise, vide de tout souf e de vie par ces monstres, ces espces de vampires, qui la contemplent, comme ns de son propre sommeil.

    Parcours textes et images

    Dcouvrir une atmosphre trange p. 36-37

    LIRE LE TEXTE Le masque de la Mort rouge

    1 Le texte dcrit le palais du prince Prospero o va se tenir un bal masqu : sept grandes salles en en lade ont ainsi t dcores pour loccasion et nous sont tour tour dcrites.

    Le dcor2. Les six premires salles sont toutes tendues dune couleur diffrente : bleu, pourpre, vert, orange, blanc et violet. Les fentres de chacune de ces salles sont faites de verres colors en harmonie avec le ton dominant de la dcoration.3. La dernire salle est diffrente des six premires parce quelle est la seule tre tendue de noir et que les carreaux de ses fentres ne sont pas en harmonie avec le ton de la dcoration : ils sont car-lates, dune couleur intense de sang (l. 19). 4. a. [L. 14 17] Il sagit de la phrase suivante : La septime salle tait rigoureusement ensevelie de tentures de velours noir .b. Cette chambre est entirement noire, recouverte de velours sombre du sol au plafond : elle res-semble un grand cercueil tendu de velours noir ; le dtail des carreaux de fentres carlates, dune couleur intense de sang (l. 19), rend cette pice dautant plus sinistre et morbide.

    Lambiance5. a. [L. 19 22] Les marques de ngation sont : aucune des sept salles (l. 19), on ne voyait de lampe ni de candlabre (l. 21), Ni lampes, ni bougies ; aucune lumire de cette sorte (21-22).b. Ces marques de ngation soulignent labsence totale dclairage direct dans la chambre, ce qui sou-ligne encore davantage son aspect sinistre. Mme lnorme brasier situ dans le corridor projette des ombres menaantes sur les tentures de la pice. 6. a. [L. 25 31] La mtaphore qui exprime une image surnaturelle est : la lumire du brasier qui ruisselait sous les tentures noires travers les carreaux sanglants tait pouvantablement sinistre (l. 27-29) ; les trois adjectifs exprimant le surnaturel sont : fantastiques (l. 26), trange (l. 30) et magique (l. 31).b. Cette ambiance surnaturelle provoque chez le lecteur un sentiment dangoisse, de peur : la pice, dj sinistre et inhospitalire par sa couleur noire et son absence de lumire, est aussi trange, comme si une menace invisible et mystrieuse y planait.

    7 Le lecteur peut sattendre ce que cette septime salle soit le dcor lugubre et funbre dun vne-ment tragique dans la suite de la nouvelle.

    1

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    2 LA NOUVELLE

    > FICHE 5

    Une salle bleu profond, rouge, orange, des fentres vert meraude, blanches, violettes.

    LE TEXTE ET LART p 37SOCLE

    COMMUN5 Cette activit permet de travailler la comptence 5, et plus particulirement ta-blir des liens entre des uvres littraires et artistiques , du socle commun de connaissances et de comptences.

    > CARNETS ARTS N 2 ET N 3 Dans ce tableau de Delacroix, les couleurs dominent, rendues dautant plus vives par une luminosit clatante. Le peintre joue des contrastes dombre et de lumire, du rouge et du blanc, pour suggrer cet pisode dramatique de la mort du roi Sardanapale. Les contrastes de couleurs concernent dabord les corps blancs des favorites et des esclaves du roi, en particulier celle qui se trouve au premier plan et quun garde sapprte poignarder, et larrire-plan plus sombre, derrire le grand lit de Sardanapale, o lon devine lincendie qui ravage la cit. On relvera aussi un contraste entre des couleurs plutt chaudes telles que le rouge, lorange, le rose nacr (le couvre-lit), lor (qui souligne tout le faste et le luxe du roi, notamment travers les toffes, les bijoux et les pices dorfvrerie, le lit monumental) et des teintes plus froides comme le blanc presque cadavrique des corps ou du drap dans lequel Sarda-napale sest envelopp. Il serait intressant dexpliquer aux lves le point commun entre la situation du prince Prospero et celle du roi Sardanapale. Dans la nouvelle dEdgar Poe, le prince sest enferm avec ses amis pour chapper la peste qui ravage son pays. Pour oublier ce au, il dcide dorganiser un bal masqu dans son luxueux palais. La scne reprsente par Delacroix raconte lpisode dramatique de la mort de Sar-danapale, dont la capitale est assige. Refusant de capituler, le souverain dcide de se donner la mort et de sacri er avec lui, sur un norme bcher, ses trsors et tout ce qui servait ses plaisirs, pour vi-ter quils ne tombent aux mains de ses ennemis : ses favorites, ses esclaves, ses chevaux, ses chiens demi allong sur son lit somptueux dcor de ttes dlphant dores, il contemple, er et impas-sible, le massacre de ses favorites. Dans la nouvelle comme dans le tableau, les deux hros sont donc des personnages qui incarnent le luxe, les plaisirs et le pouvoir. Prospero comme Sardanapale dcident de tenir tte leurs ennemis dans un ultime et tragique geste de provocation qui entranera aussi leur mort. Latmosphre tourmente de cet pisode tragique est souligne par ce mouvement de dsordre, de chaos qui rgne autour de Sardanapale, le seul personnage tre spectateur passif et immobile du carnage. Dans le texte de Poe, cest cette en lade luxueuse de salles colores qui aboutit la dernire chambre, la chambre noire , qui donne latmosphre tourmente au dcor o va se jouer une mas-carade forcment tragique. La lumire et les lignes la fois verticales, horizontales et courbes du tableau de Delacroix accen-tuent ce mouvement de dsordre et de panique qui se concentre tout autour du lit majestueux du souverain, placide et implacable. Edgar Poe et Eugne Delacroix appartiennent la premire moiti du XIXe sicle ; le peintre se rat-tache au courant artistique appel le romantisme.

    Observer un phnomne mystrieux p. 38-39

    LIRE LE TEXTE Le pied de la momie

    1 Ltranget du serre-papier tient au fait quil est le pied dune momie, celle de la princesse Hermon-this ; il est assez curieux et plutt morbide de se servir du pied dun cadavre momi comme dun objet usuel.

    Un sommeil troubl2. [L. 1 5] a. Le narrateur se trouve dans sa chambre coucher, il est allong dans son lit.b. La chambre du narrateur est une chambre ordinaire avec une chemine, et simplement meuble dune petite table et dun lit ; des aquarelles sont accroches aux murs et des rideaux pendent aux fentres ; la pice est claire par une lampe huile pose sur la table et surmonte dun globe de cristal.

    2

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    3. a. Les verbes de perception sont : je regardais (l. 1), je vis (l. 19), jentendis (l. 19), je vis (l. 24).b. Cest le narrateur qui est le sujet de ces verbes de perception ; le lecteur vit cette trange apparition travers son regard, il peut donc plus facilement sidenti er lui et ressentir dautant plus ce senti-ment de frayeur. Il sagit dun point de vue interne.4. [L. 20 23] a. Le verbe dois avouer est complt par trois propositions subordonnes conjonc-tives compltives : que jeus chaud et froid alternativement, / que je sentis un vent inconnu me souf- er dans le dos, / et que mes cheveux rent sauter, en se redressant, ma coiffure de nuit deux ou trois pas. b. Le narrateur est en proie un sentiment de peur de plus en plus fort : il commence avoir des sues, il a des frissons et ses cheveux se dressent sur sa tte. Ce sont les manifestations physiques de la peur qui semparent ici du corps du narrateur quand il voit sentrouvrir lun de ses rideaux et entend le pi-tinement particulier dune personne qui savance cloche-pied.5. [L. 6 15] Le phnomne trange commence par se manifester travers des perceptions sonores : le narrateur entend les boiseries craquer, puis la bche dans la chemine met un jet de gaz bleu, et ce sont ensuite des perceptions visuelles qui troublent la quitude de la pice : les disques des patres paraissent soudain dots dune paire dyeux qui observent la scne ; en n, sur la petite table, le pied de la momie se met sagiter de plus en plus jusqu sautiller telle une grenouille en produisant un petit bruit sec sur le bois.

    Une jeune lle mystrieuse6. La scne laquelle assiste le narrateur est surnaturelle : les rideaux se mettent bouger, le narra-teur entend le pitinement dune personne marchant cloche-pied et, soudain, les tentures sentrou-vrent pour faire apparatre une trs belle jeune lle vtue dun costume gyptien qui savance sur un pied vers le narrateur.7. [L. 26 34] a. La jeune lle est sans nul doute la princesse Hermonthis : elle porte un costume gyp-tien avec un pagne de bandelettes dcores de hiroglyphes et alourdies de bitume comme si elle venait de quitter linstant son sarcophage dans lequel elle tait emmaillote. Sa beaut parfaite montre quelle appartient une grande dynastie gyptienne et, surtout, elle na quun seul pied.b. La princesse a certainement quitt son sarcophage a n de rcuprer ce quon lui avait vol : son pied transform en presse-papier par le narrateur.8. Lexplication rationnelle qui pourrait justi er cette apparition serait que le narrateur, couch dans son lit, en pleine nuit, est en proie un cauchemar : tout ce quil voit et entend nest que le fruit de son imagination pendant son sommeil.

    9 Cette scne est inquitante parce que le narrateur est victime dun phnomne surnaturel qui peu peu le terri e : lapparition de cette jeune lle gyptienne chappe de son sarcophage telle une morte-vivante et savanant sur un seul pied suscite chez lui, comme chez le lecteur, un sentiment dpouvante. Cependant, cest aussi une scne amusante, notamment travers la comparaison du pied une grenouille sautillant sur les papiers de la table et les commentaires du narrateur sur ce quil est en droit dattendre de son presse-papier : Jtais assez mcontent de mon acquisition, aimant les serre-papiers sdentaires et trouvant peu naturel de voir les pieds se promener sans jambes (l. 16-17).

    > FICHE 31

    Gautier vivait au dix-neuvime sicle, il y a cent cinquante ans. Il naquit en mille huit cent onze et mourut en mille huit cent soixante-douze. Sa nouvelle fut publie en mille huit cent quarante.

    LIRE LIMAGE

    On reconnat quil sagit dun sarcophage, donc un cercueil gyptien, grce plusieurs indices : le costume, les coiffes et la pose de pro l des personnages reprsents ; les hiroglyphes qui dcorent le sarcophage ; la prsence de dieux importants de la mythologie gyptienne : Anubis, le dieu la tte de chacal, charg de protger le dfunt et de laccompagner dans lautre monde, et Thot, ici reprsent avec une tte dIbis, dieu des scribes.

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    2 LA NOUVELLE

    Comme le reprsente ici la scne peinte sur le sarcophage, Thot prside laudition des morts au tribu-nal dOsiris pendant quAnubis pse le cur du dfunt en le comparant au poids dune plume (symbole de la justice), a n de dcider si le mort doit tre condamn et livr la Grande Dvoreuse ou sil est digne daccder aux Champs dIalou, sorte de paradis ternel. Comme la jeune lle dans le texte (l. 30-34), les personnages reprsents portent un pagne de ban-delettes, ils ont le mme regard noir en amande et le teint fonc. Les hiroglyphes noirs et rouges qui apparaissent sur le pagne de la jeune lle dcorent ici la paroi du sarcophage.

    Suivre les penses du narrateur p. 40-41

    LIRE LE TEXTE Qui sait ?

    1 Dans cette scne, le narrateur, rentr en pleine nuit chez lui aprs une soire lOpra, assiste, impuissant et terroris, au d l de ses meubles qui quittent deux-mmes sa maison dans un vacarme assourdissant.

    Une dcouverte progressive2. [L. 1 4] a. Les marques de la premire personne sont : les pronoms personnels Je et m (l. 1), et les adjectifs possessifs mes (l. 1), mes (l. 2) et ma (l. 4).b. Cette scne est perue travers les sens du narrateur, qui est aussi le hros de la nouvelle. Cest donc un point de vue interne, qui permet au lecteur de sidenti er plus facilement au hros et de partager ses penses et ses motions.3. Les sensations auditives dcrites sont les suivantes : ces rumeurs (l. 2), un bruit trs particulier, trs confus (l. 2-3), qui, au dbut du deuxime paragraphe, devient un bruit qui sampli e : un bruit continu, plutt une agitation quun bruit, un remuement vague dun tas de choses, comme si on et secou, dplac, tran tous mes meubles (l. 5-7). Dans le quatrime paragraphe, le niveau sonore augmente encore : le bruit qui grandissait, qui prenait, par moments, une intensit violente, qui semblait devenir un grondement dimpatience, de colre, dmeute mystrieuse (l. 15-17). Le fracas de la porte violemment ouverte par le hros provoque un coup qui sonna comme une dtona-tion de fusil (l. 21), et ce bruit dexplosion (l. 21-22) provoque alors un formidable tumulte (l. 22) dans toute la demeure. Terroris par ce bruit si assourdissant (l. 23), le narrateur dgaine son revolver et nose plus bouger tandis qu un extraordinaire pitinement [] de bquilles de bois et de bquilles de fer qui vibraient comme des cymbales (l. 27-28) retentit sur les marches de lescalier et les parquets. Plusieurs mots dans le texte dsignent spci quement un bruit : un remuement (l. 6), un gronde-ment (l. 17), une dtonation de fusil (l. 21), un bruit dexplosion (l. 21-22), un tumulte (l. 22), un pitinement (l. 27).On fera remarquer aux lves que plus le bruit sampli e, plus langoisse, puis la peur du narrateur augmentent pour devenir, la n de lextrait, de la terreur.4. Les deux comparaisons qui traduisent des sensations visuelles sont les canaps bas et se tranant comme des crocodiles sur leurs courtes pattes (l. 31-32) et les petits tabourets qui trottaient comme des lapins (l. 33). Le point commun entre les compars et les comparants est la taille et la forme des meubles voqus.

    Une inquitude grandissante5. Les interjections Oh ! je doutai (l. 8), oh ! peu de temps (l. 25), Oh ! quelle motion (l. 34) tra-duisent la monte dangoisse du narrateur qui assiste, impuissant, cette scne surnaturelle.6. Les quatre synonymes de ladjectif bizarre sont : trange (l. 10), anormal (l. 11), incompr-hensible (l. 11), mystrieuse (l. 17).7. a. [L. 1] Le verbe pronominal qui indique les hsitations du narrateur est se tromper .b. [L. 1 13] Le narrateur exprime aussi ce sentiment de doute par : le lexique : la sret de mon oreille (l. 8-9), trouble trange (l. 9-10), meute mystrieuse (l. 17), le verbe je doutai (l. 8) ; des modalisateurs qui relativisent son jugement : cependant (l. 3), plutt (l. 5), comme si (l. 6), comment (l. 12) ;

    3

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    la ponctuation, avec en particulier lemploi frquent des trois points de suspension qui traduisent sa dif cult employer les mots justes : Je navais pas peur, mais jtais comment exprimer cela effar dtonnement (l. 11-12) ; lemploi du pronom ind ni on ( on et secou , l. 6-7) qui accentue cette ide de doute sur liden-tit exacte des bruits, notamment lorsque le narrateur a limpression dentendre ses meubles remuer lintrieur de la maison.

    8 Le lecteur sachant bien que des meubles ne peuvent se dplacer tout seuls, il peut croire que le narrateur, dont lesprit ne cesse dtre assailli par le doute et langoisse, est en proie une hallucina-tion, une crise de folie. Lexplication rationnelle que le lecteur pourra apporter la disparition des meubles du hros sera alors le cambriolage de la demeure.

    > FICHE 42

    Ces expressions ont un sens gur. Mettre la puce loreille : avertir. > Ce bruit trange dans le moteur ma mis la puce loreille : la batterie de ma voiture tait dcharge. Casser les oreilles : faire trop de bruit ou rpter toujours la mme chose de manire harceler quelquun. > Tu me casses les oreilles avec tes reproches ! Faire la sourde oreille : rester insensible une demande, refuser dentendre. > Chaque fois que sa mre lui demande de ranger sa chambre, Jeanne fait la sourde oreille. Se faire tirer loreille : se faire prier, rappeler lordre. > Sacha sest fait tirer loreille par le surveillant pour avoir doubl ses camarades la cantine.

    LIRE LIMAGE

    Le spectateur dcouvre, en mme temps que Mlanie, lhrone du lm Les Oiseaux dHitchcock, une centaine de corbeaux menaants qui se sont perchs sur un jeu denfants (structure mtallique qui rappelle justement ici une cage oiseaux avec perchoirs) dans une cour dcole et qui semblent prts senvoler pour attaquer le personnage. Dans le photogramme C, le visage de la jeune femme, cadr en gros plan et en plonge, traduit un sentiment de terreur : les yeux carquills, la bouche entrouverte, le mouvement du bras qui tente de repousser une mouette agressive qui, situe de dos au premier plan de limage, sapprte lui crever un il.

    Hsiter entre rationnel et surnaturel p. 42-43

    LIRE LE TEXTE Vra

    1 La prsence de la comtesse Vra dans la chambre est trange, puisque la jeune femme est morte et enterre dans un tombeau.

    Les retrouvailles2. [L. 1 5] Les mots ou expressions qui rappellent que Vra est une femme morte sont : faite de vo-lont et de souvenir (l. 2) et belle en mourir (l. 5).3. a. Ce participe pass est form du pr xe en- ( lintrieur de) et du nom commun paradis ; le verbe emparadiser signi e littralement mettre en paradis , en un tat de dlices ; dans le texte, le participe pass de ce verbe, qui a aujourdhui disparu, prcise que la jeune femme af che un sourire de plaisir, de bonheur.b. Dans ce paragraphe, le champ lexical du bonheur est : un frais clat de rire musical (l. 1), joie (l. 1), un sourire tout emparadis de volupts (l. 4). 4. Lunion du couple se traduit par le long baiser quils schangent : Leurs lvres sunirent dans une joie divine (l. 7).5. [L. 10 et 11] La mtaphore qui montre quils sont hors du temps est : Les heures ef eurrent dun vol tranger cette extase (l. 10).

    VOCABULAIRE

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    2 LA NOUVELLE

    La sparation6. [L. 12] a. Le verbe tressaillit est conjugu la 3e personne du singulier du pass simple.b. Ce temps exprime ici une action soudaine et ponctuelle : tout coup, le comte se souvient que sa femme est morte, ce qui provoque aussitt la disparition de la jeune femme.7. [L. 15 28] La veilleuse, cest--dire une petite lampe qui claire faiblement et reste gnralement al-lume en permanence dans la chambre coucher, steint et replonge ainsi brutalement le comte dans la pnombre de la pice, dans toute lhorreur de la ralit : sa femme est morte, il la d nitivement perdue.8. [L. 29 31] a. Il sagit de phrases exclamatives ( Oh ! [] cest donc ni ! Perdue ! Toute seule ! [] Indique-moi le chemin qui peut me conduire vers toi ! (l. 29-31) et interrogatives ( Quelle est la route, maintenant, pour parvenir jusqu toi ? , l. 29-30).b. Elles traduisent la fois lamour et le dsespoir dun homme passionn qui a perdu celle quil aimait et qui ne peut se rsoudre vivre sans elle.9. a. La cl tombe du lit nuptial comme si la morte rpondait de lau-del la question pose par son poux ( Quelle est la route, maintenant, pour parvenir jusqu toi ? , l. 29-30) en lui jetant la cl de son tombeau.b. Le comte sest allong sur le lit puisquil a cru rejoindre son pouse qui lappelait ; la cl, quil conser-vait peut-tre prcieusement dans sa poche, a pu glisser, et il aperoit prsent lobjet brillant sur le couvre-lit de fourrure noire.

    10 Ce texte nous montre un homme dsespr davoir perdu celle quil aimait et qui est incapable de loublier et de vivre sans elle ; son esprit en est troubl, ses sens en sont altrs : il a limpression de la voir apparatre, de la toucher, de lembrasser La dcision quil prend la n de lextrait laisse pr-sager quil va descendre dans le tombeau de la morte pour la rejoindre son tour et sunir ainsi elle pour lternit. (On pourra brivement voquer avec les lves dautres couples clbres qui vivent un amour plus fort que la mort : Tristan et Iseult, Romo et Juliette, Heathcliff et Cathy dans Les Hauts de Hurle-Vent dEmily Bront, dont un extrait est propos dans le chapitre 6, p. 140-141 du manuel).

    [L. 1] De frais clats de rires musicaux clairrent de leur joie le lit nuptial.

    > FICHE 37

    un spectre > spectral / un fantme > fantomatique / une illusion > illusoire / une chimre > chim-rique / une hallucination > hallucinant

    LIRE LIMAGE

    Le photogramme, extrait du lm de Rohmer, est un clin dil cinmatographique au tableau de Fssli Le Cauchemar (dont une des nombreuses variantes ouvre ce chapitre sur le fantastique, p. 32) ; les deux images partagent donc : les mmes couleurs (le rouge, le jaune et locre pour la tenture jete sur le lit, le blanc de la longue robe porte par les deux jeunes femmes, larrire-plan plong dans le noir avec droite les plis dun lourd rideau rougetre) ; un effet de clair-obscur qui met en valeur la luminosit diaphane du corps du personnage ; le mme sujet : lassoupissement dune jeune femme alanguie sur un lit, les bras pendus, le cou offert, en train de rver. Dans le photogramme, la dimension cauchemardesque et fantastique du tableau original avec les deux cratures monstrueuses nest pas explicite.

    Les deux jeunes femmes voquent la comtesse Vra puisque celle-ci, dans lextrait de la nouvelle de Villiers de LIsle-Adam, apparat dans sa chambre, assoupie sur son lit, la main passe sous sa longue chevelure noire et la bouche entrouverte (l. 4) : ces trois personnages fminins offrent la mme image de beaut et de sensualit au regard du spectateur.

    Il sagit du tableau p. 32 qui ouvre ce chapitre sur la nouvelle fantastique et qui est une autre version du Cauchemar par Fssli lui-mme (on pourra faire remarquer aux lves que dans cette seconde ver-sion, plus connue de luvre, les personnages sont inverss dans leur disposition et que la crature dmo-niaque assise sur le torse de la dormeuse xe de son regard menaant le spectateur lui-mme.).

    VOCABULAIRE

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    Construire le bilan p. 44

    LIRE LE TEXTE Lintersigne

    1. La scne se droule dans la chambre du narrateur, mais aussi dans le corridor sur lequel ouvre la porte de sa chambre. Le hros a entendu quelquun frapper sa porte et, alors quil savance pour ou-vrir, il aperoit une lueur trange qui claire le trou de la serrure. Il demande qui a frapp ; aussitt la lumire steint et la porte souvre lentement ; apparat au bout du couloir le spectre dun prtre coiff dun tricorne.

    2. Plusieurs indices annoncent cette apparition surnaturelle : le moment : il est plus de minuit (l. 1) ; ltat desprit du hros narrateur : il a des ides [] morbides (l. 2) ; la particularit du faisceau lumineux qui passe par le trou de la serrure et touche la main du narra-teur, avec la comparaison au regard du hibou, un oiseau de proie nocturne (l. 13) ; labsence brutale et totale de lumire et lapparition de la silhouette haute et noire au fond du couloir (l. 17 et 19-20).

    3. Le sujet principal des verbes est le pronom personnel je , donc le narrateur. Le rcit est men selon le point de vue interne : la scne est perue travers les sens du hros narrateur.

    4. Lexplication rationnelle de ces faits tranges pourrait tre que le narrateur a fait un cauchemar : comme il le prcise la ligne 24, il sveille brutalement aprs cette trange apparition. Le texte laisse planer une ambigut : le narrateur dcrit la scne quil vit concrtement, travers ses sensations et ses motions, comme une situation surnaturelle quil est le seul percevoir, mais souligne aussi le doute qui sempare de lui. la n, il prfre privilgier une explication rationnelle qui le rassure, plutt que de croire en la ralit dun vnement surnaturel et inquitant. Le rcit fantastique ne rsout pas cette hsitation et laisse ainsi au lecteur le soin de trancher entre le rationnel et le surnaturel.

    Toujours dactualit p. 45

    Dracula, es-tu encore l ?

    SOCLECOMMUN1 Cette activit permet de travailler la comptence 1, et plus particulirement Rdiger un

    texte partir de consignes donnes , du socle commun de connaissances et de comptences.

    1. [Doc. 2 4] Les dtails dles la description du texte sont diffrents selon le document choisi. Pour le document 2, un photogramme extrait du lm Nosferatu le Vampire, de Murnau, le personnage est cadr en plan moyen et en contre-plonge (ce qui le fait paratre plus grand et menaant) : on re-trouve le nez aquilin, le front haut et bomb, les sourcils pais, lexpression cruelle de la bouche aux dents blanches et aiguises et aux lvres entrouvertes, les oreilles en pointes, lextraordinaire pleur du visage ainsi que les larges mains termines par des ongles longs et pointus. Pour le document 3, un photogramme extrait du lm Dracula, de Browning, le personnage tant ca-dr en plan densemble, on ne peut voir distinctement ses traits ; seule la pleur du teint est dle au texte de Bram Stocker. Pour le document 4, un photogramme extrait du lm Dracula, de Coppola, le personnage est cadr en plan rapproch au niveau de la poitrine ; les dtails voqus sont diffrents, hormis le teint trs ple : mme si le personnage porte un chapeau haut de forme, on peut deviner un front haut, des cheveux clairsems aux tempes mais longs et abondants ailleurs, les sourcils broussailleux, et lpaisse mous-tache qui laisse toutefois apparatre les lvres de Dracula mais sans le dtail des dents.

    2. Dans le texte, plusieurs dtails rendent Dracula inquitant : il semble dou dune trs grande force, il parat cruel comme le suggrent lexpression de la bouche et la forme du nez, qui voque le bec dun aigle, donc un prdateur particulirement menaant , la pleur extrme de son teint voque la mort, le dtail de la couleur rouge vif des lvres rappelle que le vampire se nourrit du sang de ses victimes. En n, plusieurs caractristiques physiques voquent lanimal, et plus particulirement le loup : les dents pointues, les oreilles en pointes, les mains larges aux doigts pais termins par de longs ongles ns et pointus comme des griffes.

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    2 LA NOUVELLE

    3. Dans le document 2, le dcor suggre que Nosferatu se trouve bord dun bateau : larrire-plan, on aperoit des cordages qui voquent la toile dune araigne (que lon retrouve aussi dans la forme et la position des mains), Nosferatu lui-mme guettant sa proie prte tomber dans sa toile. Dans le document 3, le dcor est beaucoup plus suggestif : il sagit dune cave, dune pice souterraine sombre, froide et humide, laquelle conduit un escalier pentu ; la position du comte Dracula avec sa cape voquant la chauve-souris prte fondre sur sa victime. Dans le document 4, il ny a pas proprement parler de dcor : au second plan de limage, derrire Dracula, on devine une jeune femme (Mina) allonge, visiblement vanouie ; elle est prsente comme la victime du prdateur, dont les yeux injects de sang laissent supposer quil est en train de se nourrir du sang de la jeune femme.

    4. [Doc. 5] Ce personnage du lm Twilight est bien un hritier du comte Dracula dans la mesure o lon retrouve certaines similitudes physiques entre les deux vampires : lextrme pleur du teint, le front haut et les lvres rouges. Comme pour le document 3, le dtail des canines pointues est ici rem-plac par celui des yeux injects de sang.

    Sexercer

    Langue et criture p. 46

    VOCABULAIRE DU FANTASTIQUE

    1. Synonymes de lexpression avoir peur : redouter frmir trembler craindreAntonymes de lexpression avoir peur : effrayer terroriser pouvanter terri er2. lanxit > anxieux / la crainte > craintif / linquitude > inquiet / leffroi > effroyable, effar / lpou-vante > pouvantable / la panique > paniqu / la terreur > terroris, terri 3. extraordinaire surnaturel irrationnel illogique impossible paranormal/anormal4. a. Il portait un costume trange. b. Son regard saugrenu moppressait, ainsi que son insolite chapeau. c. Comment fuir ce personnage inaccoutum ? d. Quelle rencontre curieuse ! e. Tout cela me paraissait inou.5. a. le terreau b. cleste c. majestueux d. une ralit e. le festival

    GRAMMAIRE

    6. a. Quelle angoisse la pnombre leur inspirait-elle ! b. Combien cette statue parat-elle pouvantable ! c. Comme elle regrettait amrement dtre venue ! d. Quelle terreur tu as seme ! e. Comme les ombres se pro laient sur le mur ! f. Que de cris et de larmes !7. a. Comment te sens-tu ? b. Qua-t-il vu ? c. O sest-il cach ? d. Pourquoi refusez-vous ? e. Comment paraissait/tait son visage ? d. Pourquoi transpirait-il ?

    VERBE

    8. Sous nos pieds, le sol craquait et on entendait au loin la cloche dune glise qui tintait et rsonnait sinistrement dans la nuit. Arrivs devant le chteau, nous ouvrmes avec dif cult la grille qui grina lugubrement, et nous nous engagemes dans lalle borde de cyprs dont les cimes claquaient au vent qui tapait avec violence contre les volets abms des fentres du chteau. 9. Les voisins auraient vu une trange scne. Un monstre aurait enfonc la porte, serait entr dans la maison, aurait saccag les lieux, serait sorti par le toit. Daprs eux, il ne reviendrait pas. Il se cacherait prsent dans la fort. 10. Ayant pris peur, je me s donner de leau et, avec une serviette, me frottai les yeux : eh bien, oui, je navais pas de nez ! Je commenai ttonner de la main, pour massurer que je ne dormais pas. [] Je me s apporter mes vtements et me prcipitai chez le directeur de la police.

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    valuation

    Lecture de texte/tude de la langue Omphale ou la Tapisserie amoureuse p. 48

    SOCLECOMMUN1 Cette activit permet dvaluer la comptence 1, et plus particulirement Reprer

    des informations dans un texte et Utiliser ses connaissances sur la langue , du socle co