Mediapart Du 14 Juillet 2015

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  • 7/24/2019 Mediapart Du 14 Juillet 2015

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    Directeur de la publication :Edwy Plenel Mardi 14 Juillet www.mediapart.fr

    Ce document est usage strictement individuel et sa distribution par Internet nest pas autorise. Merci de vous adresser [email protected] si vous souhaitez le diffuser.1/49

    SommaireEn Centrafrique, les accusations contre l'arme franaise semultiplientLE MARDI 14 JUILLET 2015 | PAR THOMAS CANTALOUBE ET CELHIA DE LAVARNE

    p. 7

    La France arme le Mexique et snobe les droitshumainsPAR EMILIE BARRAZA

    p. 9

    Quand Les Rpublicains s'veilleront anti-14-JuilletPAR ANTOINE PERRAUD

    p. 10

    L'accord sur le nuclaire iranien va pouvoircompter ses ennemisPAR REN BACKMANN

    p. 13

    Grce : les Europens imposent Tsipras unereddition sans conditionPAR LUDOVIC LAMANT

    p. 16

    Grce : l'trange victoire de Franois HollandePAR LNAG BREDOUX

    p. 18

    Une Europe contre les peuples et la dmocratiePAR FRANOIS BONNET

    p. 20

    Grce : la droite franaise ne sait plus commentelle sappellePAR ELLEN SALVI

    p. 22

    Les dirigeants de la mosque dEvry viss parune enqute financirePAR KARL LASKE

    p. 23

    Adoptes, les lois Macron et Rebsamen taillent la hache dans le droit du travailPAR MATHILDE GOANEC

    p. 27

    Scandale LuxLeaks : les eurodputs avancentavec des boulets aux piedsPAR DAN ISRAEL ET LUDOVIC LAMANT

    p. 30

    Srebrenica : vivre ensemble aprs le gnocidePAR JEAN-ARNAULT DRENS ET LAURENT GESLIN, SIMON

    RICO, RODOLFO TO

    p. 33

    Renseignement : la France a dj ngoci l'achatde logiciels espionsPAR JRME HOURDEAUX

    p. 35

    Center Parcs: enqute sur une aberration faite debton et de niches fiscalesPAR JADE LINDGAARD

    p. 39

    Nuclaire iranien: Barack Obama pousse pouraboutir un accordPAR IRIS DEROEUX

    p. 41

    En direct de Mediapart : la parole aux GrecsPAR LA RDACTION DE MEDIAPART

    p. 42

    Pablo Servigne: penser leffondrement de notremonde

    PAR JOSEPH CONFAVREUX ET JADE LINDGAARDp. 42

    Etrennes des snateurs UMP : Anticor adpos plaintePAR MATHILDE MATHIEU

    p. 44

    Un tmoin cl ruine les prtentions exorbitantesde TapiePAR LAURENT MAUDUIT

    p. 45

    Des migrants Vintimille : Pourquoi la Francenous traite-t-elle ainsi?PAR LOUISE FESSARD

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    En Centrafrique, les accusations

    contre l'arme franaise semultiplientLE MARDI 14 JUILLET 2015 | PAR THOMAS CANTALOUBE ETCELHIA DE LAVARNE

    Deux mois aprs la rvlation de viols commis par des soldatsfranais en Centrafrique, Mediapart a pu tayer la validit des

    accusations et le fait que les abus sexuels continuent aujourd'huiavec diffrents contingents. Ces crimes se droulent dans lecontexte d'un pays o les Occidentaux se croient souvent toutpermis.

    Quand on sintresse la Rpublique centrafricaine, il devientvite difficile de ne pas songer la fameuse maximedu dictateurmexicain Porfirio Diaz sur sa propre nation, et davoir envie dela paraphraser : Pauvre Centrafrique, si loin de tout et si prochedes Franais

    Depuis les annes 1970, le pays est littralement en chute libre,gr par des satrapes qui se chassent coup dtat aprs coupdtat, bien souvent avec la bndiction de lancienne puissance

    coloniale ; lconomie, mme celle du diamant, tourne au ralenti ;les infrastructures se dtriorent, rendant de nombreux pans duterritoire inaccessibles ; les frontires sont des passoires dontprofitent les puissants voisins (Tchad, Soudan, Congo) oudes milices transnationales comme lArme de rsistance duSeigneur de Joseph Kony. En 2013, un groupe rebelle majoritmusulmane, la Slka, sest empar du pouvoir et a souffl surles braises du confessionnalisme au point de susciter la craintedun gnocide. Cette angoisse, sincre, dun nouveau Rwanda enminiature a brivement mobilis la communaut internationaleet provoqu lintervention en urgence de larme franaise dbutdcembre 2013 : ce ft lopration Sangaris, approuve par

    lONU et soutenue par la plupart des puissances occidentales etafricaines.

    Depuis cette date, la seule chose positive que lon puissehonntement affirmer est que la situation nest pas devenue pire.Pas pire. Sagissant de la Centrafrique, les capitales trangreset les institutions internationales se contentent de ce bilan LaFrance en premier lieu.

    La rvlation, fin avril 2015 par le journal britannique Guardian,dun rapport de lONU dnonant des abus sexuels commis pardes soldats franais de la force Sangaris entre dcembre 2013et juin 2014, est venue sortir tout le monde de sa torpeur. Leministre de la dfense, Jean-Yves Le Drian, est rapidement mont

    au crneau en assnantdans le Journal du dimanche: Si les faitssont avrs, je ne mesurerai pas ma colre, parce que lorsque

    le soldat franais est en mission, il est la France. Si d'aventureun seul d'entre eux a commis de tels actes, qu'il se dnonceimmdiatement.

    La formule tait curieusement alambique, car non seulementle ministre de la dfense tait au courant du rapport internede lONU dcrivant ces violences sexuelles depuis au moinshuit mois, mais les enqutes diligentes par la justice franaiseet larme ne laissent gure de doutes. Selon de nombreuxtmoignages recueillis et recoups par Mediapart Paris, Bangui, Genve et New York, les abus sexuels commis pardes soldats franais ont bel et bien eu lieu, entre dcembre 2013et juin 2014 en Centrafrique, des officiers taient au courant,et il y en eut dautres que ceux contenus dans le rapport. Parailleurs, les viols et le recours la prostitution de mineures de lapart des contingents internationaux, pas ncessairement franais,continuent la date daujourdhui. Enfin, le comportement denombreux reprsentants hexagonaux sur place tant tout saufirrprochable, il est probable que cette affaire de viols a tvolontairement balaye sous le tapis, pour ne pas exposer dautresdrives.

    Cette histoire dmarre entre fvrier et mars 2014 quand desenfants du camp de MPoko Bangui, un vaste rassemblement deprs de 100 000 rfugis qui jouxte la base de larme franaisesur laroport, se plaignent dabus sexuels commis par des soldatstricolores, auprs dune ONG locale qui assiste les gamins desrues. Ces dnonciations remontent lentement jusqu lantennedes Nations unies charge des droits humains (OHCHR), quisempare du sujet fin avril. Aux mois de mai et juin, une experte dela section justice et droits humains de la Mission des Nations uniespour la stabilisation en Centrafrique (MINUSCA), spcialise

    http://archives-fig-st-die.cndp.fr/actes/actes_2006/monnet/resume.htmhttp://www.lejdd.fr/International/Jean-Yves-Le-Drian-sur-les-accusations-de-viols-en-Centrafrique-Que-les-soldats-se-denoncent-730598http://www.theguardian.com/world/2015/apr/29/un-aid-worker-suspended-leaking-report-child-abuse-french-troops-carhttp://www.ohchr.org/FR/Pages/WelcomePage.aspxhttp://www.lejdd.fr/International/Jean-Yves-Le-Drian-sur-les-accusations-de-viols-en-Centrafrique-Que-les-soldats-se-denoncent-730598http://www.theguardian.com/world/2015/apr/29/un-aid-worker-suspended-leaking-report-child-abuse-french-troops-carhttp://www.mediapart.fr/journal/international/291113/la-centrafrique-un-pays-pauvre-de-ses-diamantshttp://archives-fig-st-die.cndp.fr/actes/actes_2006/monnet/resume.htmhttp://www.mediapart.fr/node/550891http://www.mediapart.fr/node/550891http://www.mediapart.fr/node/550891http://www.mediapart.fr/
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    dans la protection de lenfance et accompagne, selon les cas, dunou deux reprsentants de lUNICEF, interroge six jeunes garonsgs de 9 13 ans.

    Cliquez pour ouvrir le rapport au format PDF

    Leurs tmoignages sont prcis, dtaills et concordants (voir ci-contre le rapport de lONU sur leurs interviews, o nous avonsnoirci toutes les identifications des enfants, de leur famille, etdes personnels humanitaires). Les six garons, certains orphelins,dautres vivant avec leur famille sur le camp, dcrivent dessituations souvent identiques : ils rclament de la nourriture aux

    soldats franais stationns au check-point lentre de la base,ces derniers les font venir dans un abri juste ct, et leurdemandent une fellation. Les militaires leur font parfois visionnerune vido porno sur leur tlphone portable pour leur montrer cequils attendent deux, et dans au moins un des cas, un gamin estsodomis. chaque fois, cela se termine de la mme manire :les enfants reoivent des rations militaires, un peu dargent et laconsigne de se taire. La lecture de ces tmoignages est crue etmontre une ralit de domination particulirement malfaisante.

    Dans ce document, les victimes identifient galement unedouzaine dagresseurs soit avec des dtails physiques (grain debeaut, tatouage, couleur de peau), soit avec leur surnom

    (Batman, Nico, Jean), et mme dans un cas leur fonction (snipersur le toit de laroport). Surtout, il ressort de ces tmoignages queles garons servaient galement de rabatteurs de prostitues pourles soldats. Quand cette histoire a t rvle, ce qui a surpris lesBanguissois cest quil sagissait de jeunes garons, alors que lesjeunes filles violes sont monnaie courante , raconte le directeurdune ONG qui fait la navette entre Bangui et lEurope. Nousavons rcemment recueilli le tmoignage de plusieurs jeunes fillesentre 12 et 15 ans qui disent avoir t violes par des soldatseuropens, sans tre capables de dire sil sagissait de Franaisou de ceux de lEUFOR.

    Le gouvernement franais ne remet pas en causele fond de lhistoire

    Pour la directrice juridique dune grande ONG internationale, quia pass plusieurs mois Bangui en 2015, ces jeunes garonssont avant tout des rabatteurs de prostitues. Ils se sont sentishumilis quand ils ont t viols et cest probablement pourcela quils ont dnonc les soldats. Mais la ralit, cest quece sont principalement des jeunes filles qui sont victimes : untiers de celles qui viennent nous voir pour des violences sexuellessont des mineures. Cest malheureusement un cas classique de"sexe contre nourriture", que lon voit frquemment dans cessituations.

    Une journaliste franaise, qui sest rendue plusieurs fois au campde MPoko au premier semestre 2014, se souvient que des

    gamins vendaient des rations militaires franaises dans la rue,ce qui est frquent dans ce genre de cadre, mais il y avaitdes rumeurs persistantes, que je nai jamais entendues ailleurs,sur le fait que les rations taient achetes. Cela revenait sansarrt dans les conversations . Par ailleurs, souligne-t-elle, lesrelations entre les soldats franais et la population du camp sesont trs vite dtriores, en quelques semaines seulement. Il yavait bien sr le contexte politique tendu entre les Slkas etleurs opposants anti-balakas, dont les Franais taient jugs tropproches, mais aussi des questions personnelles entre les rfugiset les militaires tricolores qui taient frquemment traits de"voleurs de diamants". Lambiance tait franchement malsaine.

    LUNICEF a confirm Mediapart navoir effectu que sixentretiens, mais au moins trois sources diffrentes, Genve et New York, lONU et dans des ONG oprant en Centrafrique,affirment quil existe dautres cas dabus sexuels qui ne figurentpas dans le rapport onusien. Il y a plus denfants concernsque ceux du rapport , indique une des sources. Des soldatsgorgiens de lEUFOR sont galement impliqus lorsquils ontpris la relve des Franais au contrle du check-point lentrede la base.

    Sur mediapart.fr, un objet graphique est disponible cet endroit.

    Quand laffaire des viols a t rvle fin avril 2015, uncertain nombre de voix (dans larme franaise, mais aussi dansla presse) ont mis en doute la vracit des tmoignages, enattribuant les rcits des garons centrafricains la rumeur decamps de rfugis. Mais cest une donne que les personnelsspcialiss de lOHCHR et de lUNICEF connaissent trs bien,notamment la question du tmoin contamin(un individu quirpte ce quil a entendu et non pas ce qui lui est vraimentarriv). LUNICEF assure que les personnes qui ont menles entretiens taient parfaitement formes et, de plus, deuxfonctionnaires internationaux qui connaissent bien la spcialistede lOHCHR ayant conduit les interviews garantissent son grandprofessionnalisme (jointe par Mediapart, elle na pas souhaitnous rpondre, attendant le rsultat dune enqute interne de

    lorganisation).

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    Par ailleurs, et cest le point principal, le gouvernement franais,en dpit des prcautions oratoires de Jean-Yves Le Drian ( Si lesfaits sont avrs ) ne remet pas en cause le fond de lhistoire.Un spcialiste franais des questions de dfense qui a suivicette affaire, lui-mme officier, indique : Personne dans ltat-major ne dit "Ce nest pas possible", et tout le monde dit "apeut arriver". Toutefois, pour lui, il ny a pas eu de tentativedtouffer laffaire au plus haut niveau : Il est possible queplusieurs bataillons soient concerns et quun ou deux soldatspar bataillon soient responsables de ces abus, ce qui dilueraitcette affaire et laurait rendue invisible. Il est possible aussi quunofficier ait dcid de ne pas faire remonter les abus quil auraitappris.

    Il est difficile de croire quentre la date des premiers abus(dcembre 2013), la priode o ils parviennent aux ONG (fvrier-mars 2014), puis lONU (avril 2014) et les entretiens avecles enfants (mai-juin 2014), le commandement militaire franaissur place nait rien su. Officiellement, les Franais dcouvrentles faits lorsque Anders Kompass, le directeur des oprations delOHCHR, transmet le rapport avec les interviews des enfants lambassadeur franais Genve, qui le fait remonter Paris.

    Pourtant, un expert des droits de lhomme travaillant pourune ONG franaise, qui sest rendu plusieurs reprises enCentrafrique, est parvenu confirmer cette histoire auprsde plusieurs sources : Un soldat franais changeait de lanourriture contre des fellations avec un gamin. Un jour, il y at un peu trop fort avec le gamin, qui a eu trs mal et la dit sa mre. Celle-ci la battu puis a t se plaindre auprs desONG (cest probablement le rcit de linterview n 3 dans lerapport de lONU). Le chef de section du soldat la appris etlui a cass la gueule. Cela a t tellement violent quil a fallurapatrier le soldat en France. Autrement dit, au moins unofficier franais aurait t au courant dun abus sexuel. A-t-il pule garder pour lui au vu des circonstances, ou la-t-il fait remonterdans la hirarchie ?

    Deux autres sources, lune dans une institution internationaleen Centrafrique, et lautre lOHCHR Genve, affirment Mediapart que le commandement franais Bangui tait aucourant de ces abus bien avant le rapport onusien. Elles portentces accusations sur la base de discussions avec des fonctionnairesinternationaux, mais ne sont pas en mesure den apporter lapreuve.

    Les militaires franais ne savaient pas o ilstaient !De toute manire, il y a forcment une dfaillance de larmefranaise selon la directrice juridique de la grande ONGinternationale : Le rle dun commandant, cest de se tenirau courant, pas juste dtre inform par ses troupes. Il y auratoujours des brebis galeuses partout, et cest pour cela quil fautdes procdures de prvention et un dispositif de lanceur dalerte.

    Et elle ajoute : Le vrai problme, cest que cela continueaujourdhui, quil sagisse des Franais ou dautres contingentsde soldats.

    Chose rare, lONU elle-mme a rendu publicsau mois de juin2015 dautres cas dabus de casques bleus sur des mineurs enCentrafrique, dont certains auraient donn lieu des grossesses.La nationalit des soldats na pas t rvle. Cest une affairequi sajoute au lourd passifdes casques bleus en la matire. Latradition du silence est lourde et le ministre de la dfense franaisnest pas en reste : sachant quil a t inform, au plus tard, durapport de lONU sur les abus en juillet 2014, il a choisi de se tairependant huit mois, attendant larticle du Guardianpour lancer uneenqute pnale.

    Selon un proche de ltat-major franais, larme dit ne pas

    russir identifier la douzaine de soldats dcrits dans le rapport,notamment parce que certains dentre eux auraient quitt lesarmes (il y a un taux de rotation de 20 % par an au niveau dessimples soldats). Pourtant, une source militaire a du mal croire cette version : Larme tient des registres trs prcis de qui taitsur le check-point et quand. Il suffit de passer tous ces noms aucrible. Et, selon un fonctionnaire international Bangui qui aeu connaissance de laffaire trs tt : Plusieurs soldats franaisidentifis dans le rapport sont rests en Centrafrique jusqu lafin 2014.Cest--dire bien aprs que les autorits franaises ontreu le rapport de lONU.

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    Si la Centrafrique na pas lapanage de ces histoires de violset de sexe contre nourriture, il y a nanmoins quelquechose de spcifique la manire dont lopration Sangarisa t mene et la manire dont la France (et, dans unemoindre mesure, les autres Occidentaux) se comporte dans cepays. Les Franais en Rpublique centrafricaine ne cessentde faire des accommodements avec la ralit , juge RolandMarchal, chercheur au CERI qui connat bien le pays. Il y a enpermanence cette ide que lon fait dj beaucoup pour ces gensqui ne le mritent pas.

    Lopration Sangaris a t dcide trs vite, sous-tendue par lidequil fallait intervenir rapidement pour prvenir un gnocide.

    Pour lofficier spcialiste des questions de dfense, cest uneopration dont les difficults ont t sous-estimes par leresponsable oprationnel Paris, le gnral Didier Castres.Lofficier plac la tte de lopration, Francisco Soriano, estconsidr comme un bon mec, mais il est devenu gnral sur letard et il nest pas de la trempe dont on fait un chef dtat-major. Selon plusieurs journalistes et humanitaires qui ont suivi ledploiement des forces franaises en dcembre 2013 et janvier2014, les conditions sont trs rudes : la fois sur le terrain(campements sommaires, beaucoup de cas de paludisme), maisaussi dans les ordres qui sont donns. Les soldats ne doivent

    http://www.mediapart.fr/journal/international/170615/un-rapport-denonce-linaction-de-lonu-face-aux-abus-sexuels-des-casques-bleushttp://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20150625.OBS1556/casques-bleus-en-centrafrique-le-scandale-de-trop.htmlhttp://www.mediapart.fr/
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    pas intervenir lorsquils ne sont pas eux-mmes en danger. Ilsassistent donc des scnes de massacre et des exactions endevant se contenter de tirer en lair.

    Les militaires franais ne savaient pas o ils taient ! Ils taienttrs ennuys dans leurs interventions , explique un photoreporterfranais qui a suivi larme cette priode-l. Ils ont dsarmles Slkas en laissant la bride libre aux anti-balakas, avant dese rendre compte au bout de quelque temps que ctait une erreurcar les seconds en ont profit. Les ordres taient confus, lachane de commandement flottante. Le moral des soldats tait trsbas et leur frustration intense , se souvient un humanitaire quiles a accompagns Bangui et en brousse. Un autre humanitairebas Bangui, moins indulgent, dcrit les soldats franais comme de petits cads sans aucun respect pour la population locale.Beaucoup dentre eux sont l pour toucher une solde confortabledes oprations extrieures et ils se moquent compltement desdifficults du pays ou de leur mission .

    Ds dcembre 2013, le camp de rfugis de MPoko a grossitrs vite, dpassant les capacits des humanitaires. Les soldatsfranais se sont retrouvs pris entre les deux parties du camp :les musulmans, souponns dappartenir la Slka, et les anti-balakas, dsireux de les chasser. Trs vite, il y a eu beaucoup deviolence, dont des meurtres, et beaucoup de trafics MPoko ,rapporte un autre photoreporter. Le nombre de soldats franaisvictimes de stress post-traumatique aprs avoir t dploys enCentrafrique est lun des plus levs de toutes les oprationsextrieures franaises rcentes, touchant 12 % des militaires,selon un rapportde dbut 2015.

    Ces circonstances difficiles dune opration htivement prparenexpliquent en rien les abus sexuels, mais elles permettentdapprhender le contexte dun pays o ltat nest quun lointainsouvenir et o, loin de tout, de nombreuses barrires tombent. En2008, un diplomate franais qui quittait Bangui avait envoy sescollgues un texte dhumour noir racontant sa vie de troisimesecrtaire lambassade de France au Nyamangwa, dans lequelil relatait une journe de ses pripties dans un pays en rbellionpermanente, o rien ne fonctionnait et o les diplomates et lesexpatris franais se laissaient aller. Ce texte (reproduit souslonglet Prolonger) est devenu un rcit collector au QuaidOrsay, mais il na visiblement pas servi faire changer lamanire dont la France se comporte au Nyamangwa-Centrafrique.

    Ces drives rappellent le pire des comportementscoloniauxCharles Malinas, lambassadeur nomm par Laurent Fabius etFranois Hollande au tout dbut de lopration Sangaris, estlapidairement balay du qualificatif dabruti qui na aucuneexprience de lAfrique par l'un des spcialistes franais du pays.Cest, de fait, son premier poste dambassadeur et sa premireexprience africaine. Il est par ailleurs prcd d'une rputationpeu flatteuse. Un ancien directeur du Quai dOrsay qui a suivi

    de loin en loin sa carrire dit de lui : Cest un sale type. Il a

    dbut dans le cabinet de Roland Dumas, dans le pire des milieuxaffairistes et tordus. Il tait lme damne du cabinet. Commenta-t-il atterri Bangui, dans un pays au bord de la guerre avec uneintervention militaire tricolore en cours ? On envoie les pires enRCA, ceux quon ne peut pas mettre ailleurs et dont on veut sedbarrasser , conclut cet ancien haut diplomate, ordinairementplus indulgent avec ses pairs.

    Quant au numro deux de lambassade de France, il estrgulirement aperu dans Bangui, sans se cacher, avec desprostitues ses bras (quatre personnes ont confirm ce fait Mediapart, dont deux fois sans quon ait eu poser la question).Mme sil ny a rien dillgal ce comportement, tant queles jeunes filles sont majeures, cela fait grincer les dents desdiffrents humanitaires franais et fonctionnaires internationauxqui le croisent.

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    Les drives sont parfois tellement prononces quun spcialistedes droits de lhomme en mission Bangui sest senti oblig derapporter, il y a quelques mois, au Quai dOrsay et au ministrede la justice franais le comportement dun groupe de magistratshexagonaux en mission en Centrafrique, dans le cadre dun projeteuropen dassistance la justice centrafricaine : Ils sollicitaientsexuellement de nombreuses femmes, de lexpatrie blanchetrentenaire la gamine centrafricaine mineure. En France, celatomberait sous le coup du harclement ou du crime sexuel, maisen Centrafrique, ils ont un sentiment total dimpunit. Aprs que

    jai fait un rapport oral aux deux ministres, ils ont poursuivi leurmission.

    [[lire_aussi]]

    Ce laisser-aller et ces drives qui rappellent le pire descomportements coloniaux sont malheureusement monnaiecourante en Centrafrique, qui voque souvent une parodie depays plus quune nation souveraine. Deux sources, lune danslhumanitaire, lautre dans une institution internationale, ontracont Mediapart quil y avait certainement eu une tentativedtouffer, ou en tout cas de taire, laffaire des viols par lessoldats, afin de ne pas ouvrir la bote de Pandore sur toutes lesautres pratiques nausabondes en Centrafrique de la part des

    internationaux : trafic de diamants, usage de drogues, partiesfines avec des mineures, etc. .

    Amer, le chercheur Roland Marchal estime que la communautinternationale a tellement intgr le fait que la Centrafrique taitune catastrophe depuis trs longtemps quelle pense ne plus rienpouvoir changer. Cest le fatalisme complet. Un fatalisme quiconduit larme franaise et le ministre de la dfense dun ct,et lONU de lautre ct, tenter de garder secret un rapportsur des abus sexuels commis par des soldats, voire den minorerla porte et les implications. Un fatalisme qui pousse un actueldirecteur du Quai dOrsay, rencontr au mois de mai 2015, hausser les paules quand on lui parle de Centrafrique, aprs

    avoir t particulirement loquace sur tous les thmes abords

    http://www.lefigaro.fr/international/2015/02/08/01003-20150208ARTFIG00186-en-centrafrique-le-lourd-bilan-du-stress-des-militaires.phphttp://www.lefigaro.fr/international/2015/02/08/01003-20150208ARTFIG00186-en-centrafrique-le-lourd-bilan-du-stress-des-militaires.phphttp://www.lefigaro.fr/international/2015/02/08/01003-20150208ARTFIG00186-en-centrafrique-le-lourd-bilan-du-stress-des-militaires.phphttp://www.mediapart.fr/
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    pralablement, Syrie, Ukraine, Iran : La Centrafrique ? Quest-ce que vous voulez que je vous dise ? On ny peut rien Etdaborder avec gourmandise un autre sujet. Pauvre Centrafrique,si loin de tout, si proche des Franais

    Lire galement sous l'onglet "Prolonger"

    Boite noireCette enqute a t rdige par Thomas Cantaloube, avec lacollaboration de Clhia de Lavarne New York, dAgatheDuparc Genve et de Lnag Bredoux Paris.

    Pour cette enqute, Mediapart a interview plusieurs dizainesde personnes. tant donn la sensibilit de cette histoire, laplupart nont accept de tmoigner qu condition de resteranonymes. Leurs dclarations ont scrupuleusement t vrifiesauprs dautres sources et de documents en notre possession.

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    La France arme le Mexiqueet snobe les droits humainsPAR EMILIE BARRAZALE LUNDI 13 JUILLET 2015

    La visite dtat du prsident mexicain,invit d'honneur du 14-Juillet, met enlumire les rouages de la fameuse diplomatie conomique chre Laurent Fabius : priorit la signaturede contrats, notamment en armement,tandis que les droits de lhomme sontdlibrment oublis.

    De notre correspondante au Mexique.-Le prsident Enrique Pea Nieto se seraitbien pargn cette humiliation lors desa premire visite d'tat en France. LeChapo Guzman, le plus grand trafiquant dedrogue au monde depuis les annes 1990,autrefois le plus recherch par le FBI, vientde se faire la belle pour la deuxime fois.Le nabot , aprs stre dj enfui desa cellule en 2001 en se cachant dans dulinge sale, s'est cette fois-ci volatilis parun tunnel. La prison de scurit maximalede lAltiplano, considre comme tantlune des plus sres du Mexique et dans

    laquelle croupissait le narcotrafiquantle plus clbre du monde, n'est doncpas la hauteur de l'ingniosit duChapo, ou de la corruptibilit des agentspnitenciers. Pour le gouvernement dePea Nieto, l'affront est terrible et l'image linternational dun pays gangren parla corruption est dsastreuse. En fvrier2014, lors dune interview accorde la chane de tlvision amricaineUnivisin, le prsident mexicain dclaraitquune nouvelle vasion du Chapo serait

    impardonnable.Sur la tribune d'honneur installe place dela Concorde, ce 14-Juillet, nul doute quele prsident mexicain n'aura que ce moten tte, impardonnable , en regardantles 150 militaires mexicains ouvrir ledfil au pas, pour honorer linvitationfaite par le chef de ltat franais sonhomologue latino-amricain lors de savisite officielle Mexico en avril 2014 : Chaque fois que nous invitons un chefdtat qui reprsente pour nous un pays

    ami, cest pour partager ses valeurs. Et

    avec le Mexique qui est aussi un paysrvolutionnaire, nous avons en communles valeurs de libert, dmancipation, dedignit et nous voulons aussi btir unordre plus juste.

    Depuis, de leau a coul sous les ponts,et plusieurs massacres ont t commisau Mexique. Iguala o, cette nuitdu 26 au 27 septembre 2014, la policemunicipale, avec la probable complicitde la police fdrale ou de larme, a faitdisparatre 43 tudiants. Ecuandureo, le25 mai 2015, dans ltat du Michoacn,o 34 personnes ont t abattues parla police fdrale, depuis un hlicoptreselon des tmoins. Ctait aussi avantle licenciement brutal et injustifi dela journaliste dinvestigation CarmenAristegui, en mars dernier. Ctait avantles rapports et les dclarations alarmantesde plusieurs organismes internationaux dedfense des droits de lhomme proposde la torture gnralise , des 25 000disparus ou des journalistes assassins.Et puis, ctait avant le massacre deTlatlaya, en juin 2014, o 22 personnesont t froidement excutes par larme

    mexicaine. Aprs avoir tent de couvrirle massacre pendant trois mois, larmemexicaine a d reconnatre quelle taitprsente sur les lieux. La mme arme quiaccompagne le prsident Pea Nieto enFrance et qui sera prsente sur les Champs-lyses ce 14-Juillet.

    Sur mediapart.fr, un objet graphiqueest disponible cet endroit.

    Malgr cette dferlante datteintes gravesaux droits humains, le gouvernementmexicain naura pas grand-chose craindre de sa visite dtat en France.Le parti communiste a certes exprim son indignation et sa rprobation avantlarrive de Pea Nieto, gifle auxfamilles des 43 tudiants disparus enseptembre dernier et un geste de mprisvis--vis de tous ceux qui se battentaujourd'hui contre le rgne de l'impunit. Dans un communiqu de presse intitul Disparus et torturs : les oublis dudfil , Amnesty International France,Acat et le collectif Paris-Ayotzinapa ont,

    de leur ct, demand Franois Hollande

    dinterpeller son homologue mexicainsur le respect des droits de lhomme auMexique et lenqute concernant les 43tudiants disparus . En vain.

    Il ny aura vraisemblablement aucunedclaration de la part du gouvernementlors de la visite dtat dEnrique PeaNieto et de cinq de ses ministres. Cedernier aura en revanche droit au tapisrouge des visites dtat, au dner de gala llyse, ainsi qu une soixantaine decontrats signer. Aprs la violente crisediplomatique entre les deux pays lasuite de laffaire Florence Cassez, en 2009,lheure est en effet la rconciliationet la coopration conomique. Lesrelations franco-mexicaines sont dansune phase dextrme dynamisme adclar, emphatique, Maryse Bossire,lambassadrice de la France Mexico,lors de la clbration anticipe de la ftenationale le 10 juillet. Nos changesconomiques sont dynamiques et ontaugment de 16 % sur les cinq derniresannes se flicite lambassadrice quia pour principale consigne, selon dessources proches de la reprsentation

    franaise au Mexique, de favoriser lasignature du plus de contrats possible .Les investissements franais dans les payslatino-amricains reprsenteraient plus de4 milliards deuros. Depuis 2013, leMexique fait en effet partie des septpays cls avec lesquels la France doit dynamiser ses relations conomiques,contribuant ainsi renforcer la diplomatieconomique , indique le portail officiel dela diplomatie franaise sur Internet.

    La diplomatie conomique, trs chre au

    ministre des affaires trangres LaurentFabius, est donc le matre mot desnouvelles relations franco-mexicaines.

    Pour Sergio Coronado, le dput de la 2e

    circonscription des franais de ltranger(EELV), cest un mauvais calcul de lapart du gouvernement : Dans unerelation damiti entre pays, il faut aussipouvoir conseiller ou proposer son aidepour renforcer ltat de droit.

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    Les hlicoptres ne sont pas lesseules armes que la France vend

    au MexiqueLa priorit est donne ladiplomatie conomique, cense participerefficacement au redressement des financespubliques de la France. Et quoi demieux que lindustrie militaire franaise ?Le gouvernement franais a bien suprofiter de la conjoncture politique etscuritaire mexicaine et du processus demilitarisation en cours Mexico. En 10ans, le budget total de la scurit auMexique a plus que doubl, passant de 2,8

    milliards en 2001 prs de 7 milliardsen 2012. Et justement, selon les chiffrespublis dans les Rapports au Parlementsur les exportations darmes, entre 2009et 2014, la France a vendu au Mexiquelquivalent de 500 millions deuros enarmement. En comparaison, entre 2003 et2007, les exportations darmes franaisesau Mexique ne reprsentaient que 98millions deuros. Une progression qui afait du Mexique, en 2014, lun des 20meilleurs clients de la France pour lesventes darmes, et le second en Amriquelatine, aprs le Brsil. Symbole luitout seul de cette connivence entre ladiplomatie et larmement, Daniel Parfait,ancien ambassadeur de France au Mexiquede 2008 2012, est maintenant lactuelPDG de la filiale mexicaine de Safran,groupe industriel franais spcialis dansla construction de systmes de propulsionpour fuses et missiles ainsi que demoteurs davions et dhlicoptres.

    [[lire_aussi]]

    Les hlicoptres militaires franais,justement, sduisent beaucoup lesMexicains. Enrique Pea Nieto visiteramercredi 15 juillet, Marignane, lesite dAirbus Helicopters. Le chef dtatmexicain fera un tour sur la chanede montage des Super Puma, lun deshlicoptres dattaque les mieux vendusde lentreprise franco-germano-espagnole.Mais ce sont surtout les Caracal, fleurondes hlicoptres militaires, petit bijou detechnologie, que souhaitent vendre lesFranais aux Mexicains.

    Selon des donnes fournies par le SIPRI(Stockholm International Peace ResearchInstitute) Mediapart, 15 hlicoptresCaracal auraient dj t commands parle Mexique : 12 pour larme de lair et3 pour la marine, pour des missions descurit civile , cest--dire probablementdes oprations contre le narcotrafic.

    Les hlicoptres ne sont pas les seulesarmes que la France vend au Mexique,loin de l. Mais tenter dtablir la listeexacte de tout le matriel militaire venduoutre-Atlantique relve de lexploit, tantla culture de la transparence ne faitpas encore partie de lindustrie militaire.Les Rapports au Parlement sur lesexportations darmement franais sontcertes obligatoires depuis 1998, mais ilsmanquent cruellement dinformations ,dplore Benot Muracciole, prsident delassociation ASER, Association Scuritthique rpublicaine : Les donnesqui y sont publies ne permettent pasdidentifier le matriel export et il estimpossible de savoir quel sera son usage.

    La France exporte au Mexiqueessentiellement des armes lourdes : entre2010 et 2014, lHexagone tait le troisimepartenaire commercial du Mexique pourles armes conventionnelles majeures,derrire les tats-Unis et lEspagne. Deshlicoptres mais aussi trs probablementdes vhicules blinds. Ainsi, en 1994, ungros contrat avait permis lexportation Mexico de 268 chars blinds AMX-13.Selon les donnes du registre des armesde lONU (fort limit lui aussi, puisqueles chiffres proviennent des tats), la

    France a vendu un char Panhard VBLMK2 et plusieurs mitrailleuses et mortiers.En 2013, le Mexique a acquis auprsde la France pour des millions deurosde matriel de tlmtrie ou de radars,de systmes de camras infrarouges,ou encore de formation et assistancetechnique.

    Il est par ailleurs fort probableque la France exporte au Mexique,notamment travers un accord decoopration policire sign en 1998,

    du matriel et de lquipement policier,

    comme des vtements, mais aussides gaz lacrymognes, des grenadesassourdissantes, des lanceurs de ballestype Flashball, des dispositifs balistiquesde dispersion, ou tout autre matriel de maintien de lordre . Plusieurs indicesmontrent galement que la France estprsente dans le domaine de la scuritpublique mexicaine non militaire : travers son accord de coopration policireet les changes avec la cration de lagendarmerie mexicaine sur le modlefranais.

    De nombreuses formations sont proposespar des organismes franais, comme laDirection de la coopration internationale(DCI coopration policire), une socitfranaise dexportation de matriels,systmes et services relevant du ministrede lintrieur, la Sofremi, ou encoreCivi.Pol, qui met la disposition degouvernements trangers la comptencedes meilleurs experts issus des servicesde la Police et de la Gendarmeriefranaises, spcialistes des questions desret et de scurit selon leursite internet. Entre 2001 et 2008,

    Civi.Pol a dailleurs dlivr plusieursformations au Mexique, essentiellementdans la capitale, Mexico. Pour PatriceBouveret, prsident de lObservatoiredes armements, organisme indpendantspcialis dans lanalyse des transfertsdarmes, ces accords de cooprationsont plus que drangeants : Si l'onvend du matriel et du savoir-faire, onest alors complices en cas de manquementaux droits de lhomme.

    Sur mediapart.fr, un objet graphique

    est disponible cet endroit.Que se passerait-il alors si un jour, malgrle conditionnement des ventes darmesau respect des droits de lhomme dansle pays de destination, un massacre taitcommis au Mexique avec le concoursou laide dune arme franaise ? ce sujet, Patrice Bouveret rapporte uneanecdote intressante : Lorsquonalerte le gouvernement franais sur cesengagements en termes de respect desdroits de lhomme, on nous rpond que

    la France ne vend pas de mitraillettes,

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    mais plutt des hlicoptres et des charsblinds. Un argument faux, car la Francevend des mitrailleuses, certes en petitesquantits, mais qui surtout ne tient pas laroute au regard de lactualit sanglante auMexique.

    Le 22 mai 2015, la police fdralemexicaine tue 42 personnes dans unranch situ dans la petite communedEcuandureo, dans ltat du Michoacn.La version officielle voque unaffrontement avec des narcotrafiquantsqui se serait sold par la mort deces derniers. Or, rapidement, des photoscirculent dans les mdias nationaux,montrant que la scne de crime auraitt modifie par la police fdrale, tandisque plusieurs tmoins affirment que lescivils ntaient en fait pas arms. Plustroublant, des tmoins voquent larrivedes policiers dans un hlicoptre : Lespoliciers ont mitraill tout le monde depuislhlicoptre , dnonce un habitantdEcuandureo Omar Snchez, journaliste Animal Poltico. Le Black Hawk estun hlicoptre de fabrication amricainevendu par les tats-Unis. Mais si, un

    jour, des militaires ou des policiersmexicains commettent une violation desdroits de lhomme dans ce cas-cides excutions sommaires, depuis unhlicoptre franais ?

    Quand Les Rpublicainss'veilleront anti-14-JuilletPAR ANTOINE PERRAUDLE MARDI 14 JUILLET 2015

    Nicolas Sarkozy, qui ne manque jamaisune occasion de manquer une occasion,

    s'en prendra-t-il au 14-Juillet ? Quelbeau dbat clivant et sans tabou enperspective ! Petite fiction annonciatricede la ralit, tant le pire s'avre sr avecLes Rpublicains cataclysmiques, surfond de crise systmique

    Dans sa course lchalote avec lextrmedroite franaise, Nicolas Sarkozy afficheune devise : Pour gagner, il fautse salir les mains. Lancien prsidentadopte une stratgie, ainsi justifie endirection de l'esprit public : ouvrir le dbat

    en ne fermant aucune porte, saffranchir

    de la doxa bien-pensante, refuser touttabou. Traduction pour ceux qui nauraientpas compris : saper les fondements dela Rpublique, au moment o le partipolitique charg dune telle corrosion sebaptise Les Rpublicains.

    Le premier coup denvergure port aupacte rpublicain, en vue de faire lanique Marine Le Pen, date du 13 juindernier. Avec sa dlicatesse dlphantpopuliste dans un magasin de porcelainedmocratique, M. Sarkozy dclarait quelques nouveaux adhrents de saformation, sans doute histoire de leurprouver quils nallaient pas sennuyer auxRpublicains : Faut-il remettre encause le droit du sol ? Cette question,incontestablement, peut se poser.

    Dici 2017, une autre devinette surgira,que l'histrion a sans doute sur le boutde la langue : Faut-il clbrer le 14-Juillet ? Linterrogation mrite, coupsr, quon sy arrte. Il suffira denroberlentreprise de destruction dune pseudo-rflexion constructive, du genre : poursymboliser cette uvre de modernisationde la politique que demeure 1789 le vieux carcan dAncien Rgime futbris par la libert dentreprendre , est-il vraiment ncessaire de se choisir undrapage initial men par la racaille, quonappelait alors la canaille ?

    Ainsi serait fait le lit de lextrme droite,dans la mesure o des Rpublicainsautoproclams reprendraient, mot mot,la vision de lhistorien Jacques Bainville(1879-1936), pilier de lAction franaisede Charles Maurras. En voici ladmonstration, extraite dun best-sellervintage, l'Histoire de Francede Bainville,dont la rhtorique monarchiste va commeun gant certains Rpublicains en peaude lapin de lex-UMP, qui maraudent dans

    les marcages frontistes. Du 14 juillet1789 et de la faon de considrer cefcheux symbole, qui colle la France

    Linsurrection qui clata alors Pariset qui fut pleinement victorieuse ntaitpas ce que rvaient les modrs, lesbourgeois qui formaient la majorit delAssemble et qui avaient conduit dansle pays le mouvement en faveur desrformes. Ce ntait pas la partie laplus recommandable de la population,ce ntaient mme pas des lecteurs quistaient empars de fusils et de canons lHtel des Invalides, qui, le 14 juillet,avaient pris la Bastille, massacr songouverneur de Launay et promen sa tte travers les rues ainsi que celle du prvtdes marchands Flesselles. Dordinaire, labourgeoisie franaise a peu de got pourdes dsordres de ce genre et il faut avouerquaux premires nouvelles quon en eut,lAssemble de Versailles fut consterne.

    Cest aprs seulement que la prise dela Bastille est devenue un vnementglorieuxet symbolique. Elle fut en Francele point de dpart dune anarchie qui nedemandait qu clater. Le dsaveu desmesures dordre, linterdiction de tirer surle peuple, la fraternisation de certainestroupes (les gardes franaises) avecla foule, labsence de toute rpressionaprs lmeute, eurent leurs consquencesncessaires et des suites prolonges. Notons, dans ces lignes de Bainville, lesourd courroux que provoque lincapacitd'une autorit mitrailler les insurgsde juillet 1789. Tout cela sonne sarko-compatible ; un peu moins vallso-compatible, faut-il esprer

    Comment en effet, lheure o la Francefait face la menace terroriste, glorifierde tels agitateurs ayant drob des armespour sattaquer au pouvoir en place,avec une violence barbare conduisant une dcapitation suivie dune mise enscne digne de ltat islamique ? cecompte, pourquoi ne pas encenser lescommunards de 1871, qui commencrentgalement leurs mfaits par un vol decanons Montmartre et non auxInvalides ?! Pouvons-nous dcemment

    continuer dauroler, eu gard ce qui

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    fonde notre vivre-ensemble, la rage etle saccage ; ces coups de fivre menspar des trublions hirsutes prompts auxpogroms antidmocratiques, au nom dupeuple quils prennent ainsi en otage ? Etcteraet ainsi de suite

    Bientt, nos pseudo-Rpublicainscolleront lenvers, sur les enveloppespostales, les timbres leffigie de

    Marianne ; et ils fermeront leursvolets chaque 14-Juillet. Comme lesractionnaires royalistes du dbut delautre sicle. Alors cauchemardons unpeu : une fois (re)bti par la droitefranaise, au sujet de la prise de la Bastille,un repoussoir tout de brutalit, dabjectionet de noirceur, il ne restera plus, sousla frule primesautire de M. Sarkozy,qu (laquement) sanctifier la charteconstitutionnelle du 4 juin 1814, uvrebienvenue de la si sage Restauration. Son

    prambule ne prsente-t-il pas toutes lesqualits d'un texte de rfrence, aux yeuxde Rpublicains rduits aux acqutspost-gaullistes ? preuve :

    Le gouvernement reprsentatif seramaintenu tel quil existe aujourdhui,divis en deux corps. Limpt seralibrement consenti ; la libert publiqueet individuelle assure, la libert de lapresse respecte, la libert des cultesgarantie. Les proprits seront inviolableset sacres. Les juges seront inamovibles etle pouvoir judiciaire indpendant. La dettepublique sera garantie. Tout Franais

    sera admissible aux emplois civils etmilitaires. Enfin nul individu ne pourratre inquit pour ses opinions et ses votes.

    On entend d'ici la rhtorique smillantede lancien prsident qui n'aspire qu'le redevenir : Franchement, vous necroyez pas quun tel texte suffit aubonheur dun peuple ? Jdirais mme plus,du peuple franais ? Y s'rapprocheraitainsi, en pleine mondialisation, desconceptions britanniques et amricainesde la dmocratie : on volue paisiblementet en bonne entente, plutt quedchanger les choses dans des secoussespriodiques et destructrices. Non, meschers compatriotes, jvous ldis commejle pense : laissons le 14-Juilletet ses vieilles lunes une gauchecatastrophique, qui gratte ses ncrosescomme dautres leur gale. Dtournons-nous de cette immondice politique, mesamis, et clbrons, attentifs ensemble, le4-Juin, chelui d'la Charte de 1814 : unprogramme patant, plein davenir, troplongtemps oubli mais que nos grandsdbats ont permis d'redcouvrir, sans

    tabou. a sra la victoire du gagnant-gagnant !

    L'accord sur le nuclaireiranien va pouvoir compterses ennemisPAR REN BACKMANNLE MARDI 14 JUILLET 2015

    L'hostilit revendique d'Isral, desconservateurs iraniens, des rpublicains

    amricains et des monarchies du Golfedepuis la signature d'un accord-cadre le 2avril n'a pas suffi : un accord final entrel'Iran et les grandes puissances du groupeP5+1 a t sign ce mardi 14 juillet Vienne. Le premier ministre isralien parled'une erreur grave aux consquenceshistoriques .

    L'Iran et les grandes puissances du groupeP5+1 (tats-Unis, Allemagne, France,Grande-Bretagne, Russie et Chine) onttrouv un accord sur le programme

    nuclaire de Thran qui permettra une

    leve des sanctions conomiques pesantsur la Rpublique islamique. L'accordmarque un tournant dans les relationsde Thran avec les pays occidentaux,qui souponnent la Rpublique islamiqued'avoir utilis son programme nuclairecivil comme couverture pour chercher dvelopper un savoir-faire en matired'armement nuclaire.

    Le texte, dont les grandes lignes ontt fixes dans un premier texte le 2avril, encadrera le programme nuclairede Thran pendant au moins dix ansen change de la suspension progressivedes sanctions conomiques qui psent surl'conomie du pays et notamment sur sesexportations ptrolires.

    Des sources diplomatiques ont prcis quel'accord prvoyait un maintien pendantcinq ans de l'embargo des Nations uniesvisant les importations d'armes par l'Iranet que celui qui vise les technologiesde missiles ne pourrait tre lev pendanthuit ans. Si l'Iran venait contreveniraux termes de l'accord, les sanctionsconomiques pourront tre remises enplace dans un dlai de 65 jours.

    Principal adversaire la conclusiond'un accord avec l'Iran, le Premierministre isralien Benjamin Netanhayua estim qu'il s'agissait d'une erreurgrave aux consquences historiques d'uneampleur considrable. L'accord seragalement scrut de prs au Congrsamricain, domin par des rpublicains quine cachent pas leur mfiance l'gard dela Rpublique islamique, perue commeennemie depuis l'envahissement en 1979de l'ambassade amricaine Thran.

    Nous republions ci-dessous un article du3 avril 2015, publi au moment de lasignature de l'accord-cadre qui a abouti celui sign ce mardi.

    ------------------------------

    Il faudra attendre trois mois poursavoir si laccord-cadre politique, conclujeudi 2 avril Lausanne entre lIranet ses six interlocuteurs (tats-Unis,France, Royaume-Uni, Russie, Chine,Allemagne), est rellement un vnement

    historique. Cest le 30 juin, au terme de

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    ngociations techniques qui sannoncentardues, donc incertaines, que devrait tresign ou non le vritable accord globalsur le programme nuclaire iranien. Celuiqui pourrait tre historique.

    La visible satisfaction de FedericaMogherini, haute-reprsentante de ladiplomatie europenne, qui a prsentofficiellement laccord, la mine souriantedu ministre iranien des affaires trangresMohammad Javad Zarif, debout sescts, la ferme solennit de BarackObama, pendant sa confrence de presse la Maison-Blanche, ntaient pourtant pasdplaces.

    Le ministre iranien des affaires trangres,Javad Zarif, Lausanne. Reuters

    Non seulement parce que les quatrefeuillets de paramtres issus desngociations mettaient un terme une dernire semaine physiquement etnerveusement trs prouvante pour lesdlgations runies lhtel Beau Rivage.Mais aussi, et surtout, parce que cet accord dtape , selon la dfinitionde Laurent Fabius, bouscule le jeudiplomatique au Moyen-Orient et pourraitavoir des consquences majeures dans largion. Et au-del.

    Pourquoi de telles consquences ? Parcequil met un terme une hostilitrciproque de 35 ans entre les tats-Unis et la Rpublique islamique. Hostilitne du renversement du Shah, allifidle de Washington, par la rvolutionislamiste, et de linterminable prisedotages de lambassade amricaine Thran, qui dura 444 jours etfut un vritable traumatisme pour lesAmricains. Traumatisme aggrav parlhumiliant fiasco du commando aroportamricain, contraint au retrait, dans ledsert, en avril 1980.

    Or Washington a jou un rle majeur dansces ngociations internationales. Elles ontsurtout t, au dpit manifeste dautresparticipants comme Laurent Fabius, unmarchandage amricano-iranien. Oui, lepremier vritable succs de cette offensivediplomatique a t le dialogue renou entrelex- grand Satan amricain et ltatvoyou iranien, pice matresse de laxedu mal . Deux ennemis mortels, dontles diplomates ntaient officiellement pasautoriss se rencontrer depuis plus detrois dcennies, ont men pendant dix-huitmois une ngociation dabord discrte,puis ouverte, et endosse par cinq autres

    grandes puissances.Attention ! Les deux ennemis dhier nesont pas miraculeusement devenus amis,voire allis, comme font semblant dele redouter les dirigeants dIsral et desmonarchies sunnites du Golfe. Il senfaut de beaucoup. Un lourd contentieuxdemeure. Fond chez les Iraniens surla mmoire de limprialisme ptrolieramricain et le renversement par la CIAen 1953 du premier ministre nationalisteMossadegh, prlude linstauration de

    la dictature du Shah. Aliment chez lesAmricains par le fanatisme religieux desmollahs, le soutien apport par Thranau Hezbollah libanais et au terrorismeinternational, et les menaces rptescontre Isral.

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    Mais ce pass encombrant nempche plusdsormais ni les changes diplomatiques,ni une certaine forme complexe, ilfaut ladmettre de tolrance tactiquerciproque sur le terrain. Ennemis enSyrie, o Thran tient le rgime deBachar al-Assad bout de bras, grce auHezbollah et son corps expditionnairede Gardiens de la rvolution, tandisque Washington aide prudemment lesadversaires du rgime, les deux payscombattent de fait cte cte en Irak, oles soldats et miliciens iraniens participent,comme les conseillers militaires et lesaviateurs amricains et occidentaux,

    la bataille contre ltat islamique pourprserver ce qui peut ltre du rgime deBagdad.

    Une puissance rgionale de 80millions dhabitants Nous voulons nous engager avecvous sur la base du respect et desintrts mutuels , a rpt jeudi BarackObama ladresse des Iraniens. Lesdirigeants iraniens nen sont pas encorel. En tout cas pas tous. Le prsidentHassan Rohani et son gouvernement neseraient pas opposs des relationsdiplomatiques, mais le guide suprme,

    layatollah Khamenei bien que partisandes ngociations sur le nuclaire commeses partisans y sont dfavorables, sansparler du clan le plus conservateur,ouvertement hostile. Ce qui, observecependant un expert amricano-iranien, nempche pas dexplorer des zonesde coopration discrtes . Pas devolte-face diplomatique, donc, mais unchangement dapproche rciproque, quibouscule cependant la donne rgionale enintroduisant un coin de doute entre les

    tats-Unis et leurs allis historique : Isralet les monarchies sunnites.

    Manifestation, jeudi soir Thran, pour clbrer lasignature de l'accord sur le nuclaire. Reuters

    Le prsident amricain la implicitementadmis, mardi soir, en indiquant quilallait appeler le premier ministre isralienBenjamin Netanyahou et quil avaitlintention de runir Camp David lesdirigeants des six monarchies du Conseilde coopration du Golfe (Arabie Saoudite,mirats arabes unis, Koweit, Qatar,Bahrein, Oman) pour tudier commentrenforcer la coopration et essayer dersoudre les multiples conflits loriginede tant de souffrances et dinstabilit travers le Moyen-Orient .

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    Depuis des annes, Netanyahou affirmequun Iran dot de la bombe nuclaireconstitue une menace existentielle pour Isral. Cette valuation stratgiqueest conteste par une partie du complexemilitaro-scuritaire isralien. Il surveilledepuis assez longtemps lIran pour ne pasjuger la menace imminente et, surtout, ilfait confiance la capacit de dissuasionde larsenal nuclaire isralien, disponiblecelui-l, labri du plus pais des secrets.

    Inquitude relle ou panique rhtoriquedestine dtourner lattention de sonimmobilisme sur le dossier palestinien,cette menace iranienne a conduitNetanyahou un couac majeur lorsquilna pas hsit, il y a un mois, dfierouvertement Obama Washington enplaidant devant le Congrs runi contreune initiative diplomatique du prsidentdes tats-Unis.

    Contrairement au prsident amricain, quitient cet accord-cadre pour une garantie descurit indite, de nature empcherlIran dobtenir larme nuclaire , etqui sest longuement attard, jeudi, sur savolont de protger Isral, Netanyahou,confort dans sa stratgie politique par savictoire lectorale, juge que ce mauvaisaccord est une erreur historique quiconstitue un grave danger pour lemonde et menace lexistence dIsral .Etson ministre des renseignements YouvalSteinitz, qui tait pass par Paris pourclairer Laurent Fabius sur les risquesdun tel accord, vient de rpter que pourIsral toutes les options, y comprisloption militaire, restent sur la table .

    Il ne fait pas de doute que dicile 14 avril, quand le Snat amricaindoit se pencher sur les modalits devalidation de laccord-cadre de Lausanne,Netanyahou va dployer une intenseactivit de lobbying, pour tenter dentraverles progrs des ngociateurs vers unaccord global en juin. Si le chantageau pril nuclaire iranien devient moinscrdible aprs Lausanne, o il est difficiledimaginer que six grandes puissances sesont laiss berner par un Iran obsd parla destruction dIsral, il est clair que pour

    Netanyahou, le retour de lIran, dlivr du

    fardeau du soupon et des sanctions, dansla communaut des nations serait tout demme un cauchemar.

    Car il signerait le retour sur la scneinternationale dune grande puissancergionale de 80 millions dhabitants,au potentiel conomique norme, fortedune arme puissante et dune diplomatiebrillante. Mais il donnerait aussi la Rpublique islamique, cur delislam chiite et de son expansion, unelgitimit nouvelle. labri de laquelle,souponnent les dirigeants israliens mais ils ne sont pas les seuls , Thranpourrait soutenir des courants politiquesou des milices son service, commeaujourdhui en Irak, au Liban, en Syrie,au Bahren ou au Ymen, et poursuivrevoire dvelopper son influence au sein dumonde musulman.

    Cest aussi ce que redoutent les voisinssunnites de lIran. Sans doute, danscette rgion en crise o les conflits encours sont souvent sous-tendus, comme enSyrie, en Irak, au Ymen, par la rivalitentre chiites et sunnites, sont-ils surprisde voir lennemi sculaire chiite, hierparia plantaire, revenir en scne. Sansdoute sinquitent-ils, aussi, du retoursur les marchs du gaz et du ptrole,dun concurrent puissant et aguerri, dotdemain dun formidable pactole de prs de100 milliards de dollars par une ventuelleleve des sanctions.

    Mais ils sont surtout dsaronns lideque face lArabie Saoudite, cur dusunnisme, un second ple de puissancergionale puisse surgir, avec laide destats-Unis. En fait cest la crainte, terme, dun basculement dalliance deWashington qui habite les monarques duGolfe. Ils ont trois mois pour sadapter la nouvelle donne. Ou, comme Isral, pourtenter de faire chouer laccord global.

    Les dtails de l'accord deLausanneCar les scnes de joie dans les ruesde Thran et les visages souriants Lausanne ne doivent pas masquerlessentiel : il reste accomplir, en

    trois mois, une tche colossale. Que

    le gouvernement isralien, la majoritrpublicaine du Congrs amricain, lesconservateurs iraniens et les monarques duGolfe risquent fort de ne pas faciliter. Surquoi se sont entendues les sept dlgationsjeudi Lausanne ? Sur une srie deparamtres rpartis en quatre chapitres :enrichissement, racteurs et retraitement,sanctions, calendrier, qui sont autant dechamps de mines.

    On le sait depuis le dbut de cettephase de ngociations, les deux principauxpoints de blocage ont longtemps tlenrichissement et le mcanisme de levedes sanctions. Sur le premier point, il estaujourdhui convenu que le nombre decentrifugeuses dtenues par lIran passerade 19 000 6 104, dont 5 060 serontautorises produire de luranium enrichi 3,67 %, (au maximum) pendant 15ans. Le stock de 10 000 kg duraniumfaiblement enrichi actuellement dtenu parlIran sera ramen 300 kg, enrichi 3,67 % en 15 ans.

    Toutes les centrifugeuses inutilises etle matriel annexe seront stocks dansdes locaux sous surveillance de lAgenceinternationale pour lnergie atomique(AIEA) et ne pourront tre employs quecomme pices de rechange. Le tempsncessaire lIran pour disposer de laquantit de matire fissile ncessaire lafabrication dune bombe (breakout time),actuellement valu 2 3 mois, seratendu un an. Toutes les centrifugeusesutilisables seront concentres lusine deNatanz, pour faciliter la surveillance.

    Linstallation souterraine fortifiede Fordow, jusque-l affecte lenrichissement, sera transforme encentre de recherche sur la physique etla technologie nuclaire. Aucune activitde recherche sur lenrichissement deluranium, aucune dtention de matirefissile ny sera permise pendant 15 ans.Le racteur eau lourde dArak, destin produire du plutonium, sera redessin etreconstruit, pour permettre des recherchespacifiques et produire des isotopes usagemdical. Le cur de ce racteur seradtruit ou transfr hors dIran.

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    Sur le second point, les paramtresretenus sont les suivants : les sanctionsamricaines et europennes seront levesds que le respect de ses engagementspar lIran aura t certifi par lAIEA.Il est convenu quelles seront rtablies(snap back) si laccord nest pasappliqu. Toutes les sanctions delONU seront leves ds que lIranaura respect tous les points delaccord. Mais une nouvelle rsolutiondu Conseil de scurit, endossantles termes de laccord global, seraadopte. Elle maintiendra les interdictionsdimportation de technologies militaires

    sensibles (missiles balistiques). Lessanctions pour terrorisme et violation desdroits de lhomme demeurent en vigueur.

    [[lire_aussi]]

    La priode dapplication de laccord variede 10 15 ans selon les activits et stendjusqu 25 ans pour les inspections. Curdu dispositif de vrification de laccord,soulign jeudi par Barack Obama, lesinspections seront conduites par lAIEAqui aura accs toutes les installationsnuclaires iraniennes et pourra y utiliserles systmes de surveillance de sonchoix. Les inspecteurs auront aussi accs toute la chane dapprovisionnementdu programme nuclaire iranien ainsiquaux mines duranium et aux usinesdextraction. Toutes les centrifugeuseset leurs rotors seront sous surveillancependant 20 ans. LIran sest engag mettre en uvre le protocole additionnelde lAIEA, qui permet lagencedinspecter toutes les installations liesau programme nuclaire, quelle soient

    dclares ou non.Il ne sera pas simple, on la compris,de transformer en trois mois endcisions concrtes les paramtres clsadopts Lausanne. Dautant quThran, o des lections lgislativessont prvues en 2016, le gouvernementsera sous la pression permanente desconservateurs, qui accusent dj Rohaniet son ngociateur davoir cd surtout aux Amricains et conclu unmauvais accord . Et qu Washington,

    les adversaires rpublicains de Barack

    Obama, relayant la stratgie de la peurde Netanyahou, qui lui a si bien russiaux lgislatives, sont loin davoir rendu lesarmes.

    Les lments dun accord historique sontentre les mains des ngociateurs. Il nersoudrait pas, sil tait sign, tous lesproblmes du Moyen-Orient, il sen fautde beaucoup. Mais il instaurerait sans nuldoute un climat diffrent. Et rendrait lapartie plus difficile aux partisans de laprolifration nuclaire. Ce dont personne,dans la rgion, ne pourrait se plaindre.

    Boite noire

    Cet article a t publi le 3 avril 2015,aprs la signature d'un accord-cadre Lausanne. Nous le republions ce mardi 14juillet 2015 aprs la signature d'un accordglobal Vienne.

    Grce : les Europensimposent Tsipras unereddition sans conditionPAR LUDOVIC LAMANTLE MARDI 14 JUILLET 2015

    Alexis Tsipras a dcroch lundi matin unpr-accord qui ouvre la voie un ventueltroisime plan d'aide la Grce. Lesconditions sont drastiques, plus dures quecelles ngocies avant le rfrendum du5 juillet. La restructuration de la dette estvoque de manire trs floue. Le spectredu Grexit s'loigne pour un temps ?

    De notre envoy spcial Bruxelles.-Le conseil europen est une bote noire.Les discussions des chefs d'tat et de

    gouvernement sont un rituel secret, l'abri des regards. peine laisse-t-on, l'ouverture des sommets bruxellois,quelques photographes tris sur le voletprendre des clichs, pour se faire une idede l'ambiance qui rgne dans la grandesalle du Justus Lipsius (le btiment duconseil). Et pendant ces minutes-l, lesdirigeants jouent le jeu : tout le mondesourit du mieux qu'il peut.

    Le sommet de la zone euro qui s'est achevaprs 17 heures de ngociations, et s'est

    sold lundi au petit matin par un dbut

    d'accord encore fragile pour maintenir laGrce dans la zone euro, n'a pas manqu la tradition. Parmi les photos officiellesenvoyes par le conseil, il y a celle-ci :

    A l'ouverture du sommet de lazone euro, dimanche 12 juillet. Conseil

    Au premier plan, sur la gauche, un couple

    allemand discute : Angela Merkel, lachancelire (CDU-CSU) et Martin Schulz,le prsident du Parlement de Strasbourg(membre du SPD, en coalition avec laCDU-CSU). Les deux voquent peut-trece Grexit provisoire considr commeune option crdible par Berlin, dansunenote de travail date du 10 juillet. Ausecond plan, sur la droite, quatre hommesen costume : le Belge Charles Michel(libral), de dos, aux cts de FranoisHollande et de Jean-Claude Juncker, le

    patron de la commission europenne, dontl'paule touche celle d'Alexis Tsipras.Il est environ 17 heures lorsque la photo estprise dimanche, et le premier ministre grecsourit encore. Il joue la camaraderie avecJuncker. Le psychodrame du rfrendumdu 5 juillet (Tsipras a fait campagnepour le non , quand Juncker aappel voter oui ) semble loin.Mais le sourire est forc. On sent lamise en scne. Alexis Tsipras a prisconnaissance, quelques heures plus tt,de la batterie de nouvelles conditionsfixes par des capitales, en l'change d'unventuel mga-prt, pour viter Athnesla banqueroute. Certaines vont trs loin.Elles organisent de nouvelles pertes desouverainet de la Grce pour les annes venir. ce moment prcis du feuilleton grec,personne ne sait encore comment Tsiprasva ragir face ce qui ressemble unenouvelle humiliation inflige son pays.Un participant aux discussions confiedimanche en fin de journe : Il va devoir

    s'approprier le travail qui a t fait, et

    http://www.mediapart.fr/journal/international/120715/leurogroupe-divise-sur-la-grece-berlin-etudie-un-grexit-temporairehttp://www.mediapart.fr/journal/international/120715/leurogroupe-divise-sur-la-grece-berlin-etudie-un-grexit-temporairehttp://www.mediapart.fr/node/551617http://www.mediapart.fr/node/551617http://www.mediapart.fr/node/551617http://www.mediapart.fr/
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    voir s'il a une base politique pour lepasser. Mais Tsipras a sans doute dj prisconscience de l'ampleur du dilemme qu'ildevra rsoudre dans la soire.

    Soit il accepte, renie une bonnepartie de ses promesses, se met endanger politiquement. L'affaire risque deprovoquer une nouvelle crise politique Athnes cette semaine. Mais au moins, leGrexit est vit pour un temps. Soit ils'y oppose, claque la porte du sommet,et les banques grecques ds lundi sontmenaces d'effondrement, en l'absence dusignal politique des dirigeants de la zoneeuro ncessaire au dblocage d'un nouveauplan d'aide.

    Ce que Tsipras, en revanche, ne saitpas encore, c'est qu'il s'engage dans unengociation hors norme, dont il sortiralessiv et vaincu. Il a fallu 17 heures dediscussions, interrompues trois reprisesau cours de la nuit par des runionsen format resserr quatre (DonaldTusk, le prsident du conseil, Tsipras,Merkel et Hollande), pour construire despoints de compromis fragiles, validsensuite au coup par coup 19. Celas'ajoute aux 12 heures de l'Eurogroupe,la runion des ministres des financesde la zone euro, qui s'est ouvertesamedi midi et s'est prolonge jusqu'audimanche aprs-midi. Mais aussi etsurtout cinq mois d'intenses ngociationsdepuis fvrier 2015, ponctues d'unedizaine d'Eurogroupe, et mme d'unrfrendum du peuple grec, le 5 juillet. Lamonumentale salle de presse du conseileuropen, lundi au petit matin, avait desallures de champ de bataille avec des

    grappes de journalistes affals mme lesol ou sur des siges, attendant, assoupis,la fume blanche cense se dgager duconseil, quelques tages plus haut.Donald Tusk, le prsident du conseil,avait annonc la couleur dimanche matin :en dclarant l'annulation du sommeteuropen 28 ( l'origine annonc pourdimanche soir), le Polonais avait pris soinde prciser : Le sommet de la zone euro[ 19 ndlr]durera jusqu' ce que lesdiscussions aboutissent sur la Grce.

    Tusk a choisi d'enfermer les dirigeants,jusqu' ce que quelque chose finisse parsortir de la salle

    Depuis le dbut des ngociations enfvrier, la gestion du temps est cruciale. Les Europens les plus durs veulentjouer la montre et ne cessent de reporterles dcisions, de sommet en sommet.Ils misent sur un pourrissement de lasituation, pour forcer la Grce sortird'elle-mme de la zone euro. De ce pointde vue, le choix de Tusk de faire durer lesngociations tout au long de la nuit, pourcontrer les faucons autour de la table, s'estavr payant.

    Sur mediapart.fr, un objet graphiqueest disponible cet endroit.

    C'est Charles Michel, le premier ministrebelge qu'on voit de dos sur la photo,qui a annonc le premier l'accord, 8 h 57 du matin, sur Twitter. Nousavons un 'agreekment' , a renchriTusk (contraction d'agreement, accorden anglais, et greek). Un accord ? Uncompromis ? Une dfaite ?

    Si Tsipras semble avoir bataill jusqu'au

    bout de la nuit, le texte conclusif est loin,trs loin, de ses promesses de campagne(qui prvoyaient rien de moins que lafin de la Troka et des mmorandums).En une nuit, celui qui a t lu avec36 % des voix en janvier dernier, encorerenforc par la victoire du non aurfrendum (61 % des suffrages) en juillet,a d consentir de nouvelles concessionsmajeures, sous la pression du Grexit.Tsipras avait promis aux citoyens grecsqu'un non au rfrendum le renforceraitdans la ngociation Bruxelles. Mais c'estl'inverse qui s'est produit. Les crancierssont alls jusqu' dfinir le contenu d'uneloi et fixer le jour de son adoption auParlement. l'issue des discussions, Alexis Tsiprasa parl d'un accord difficile : Nousavons obtenu que la rengociation de ladette soit sur la table. Le Grexit appartientau pass. Nous avons lutt dur pourobtenir la meilleure solution possible , a-t-il dclar. En plein milieu de la nuit dengociations, une source grecque cite par

    l'AFPdtaillait les dsaccords sur la table,

    et rsumait bien l'ambiance : Le reste despropositions, c'est OK, mais pas vraimentOK Disons qu'avec un pistolet sur votretempe, vous diriez aussi OK tout

    Un calendrier trs prcis pourfaire adopter des lois ds juilletDans le dtail, le compromis ngocicette nuit met en place une procdureextrmement serre d'ici la fin de semaine.Premire chance : les Grecs s'engagent adopter d'ici mercredi soir un textede loi qui contient certaines actionsprioritaires chres aux cranciers. Parmiles dispositions attendues, un nivellement

    des systmes de TVA (y compris unehausse de la TVA pour les les, a priori)et une rforme du systme de retraite,soit deux des sujets les plus sensibles surlesquels les ngociations s'taient crispesdepuis cinq mois

    Il est galement demand davantagede garanties concernant l'indpendancede l'office des statistiques, ou encorel'application complte du TSCG, lemini-trait budgtaire voulu par AngelaMerkel fin 2011, et en particulier

    l'introduction de coupes budgtairesquasi automatiques dans l'hypothsede dviations des objectifs d'excdentsprimaires ambitieux . Lire ici le texte complet de l'accord

    survenu au sommet de la zone euro

    Ce n'est pas tout. D'ici le 20 juillet,les Grecs doivent aussi proposer deslments de rforme, pour rformer et dpolitiser l'administration publiqueen Grce, avec l'aide de la commission.Un autre texte de loi doit tre adopt

    d'ici le 22 juillet, qui prvoit notammentune rforme du code de procdure civile,afin d' acclrer de manire significativele processus judiciaire et rduire lescots . Paralllement, certains parlementsnationaux de la zone euro seront consults,sans doute d'ici la fin de semaine pour leBundestag allemand, sur le principe d'unenouvelle aide.Si tous ces signaux sont au vert, rien n'estencore rgl : de vritables ngociationsvont s'ouvrir pour ngocier le dtail d'un

    mmorandum ce sera le troisime

    http://www.mediapart.fr/files/20150712-eurosummit-statement-greece_FR.pdfhttp://www.mediapart.fr/files/20150712-eurosummit-statement-greece_FR.pdfhttp://www.themalaysianinsider.com/world/article/greek-compromise-proposed-after-talkshttp://www.themalaysianinsider.com/world/article/greek-compromise-proposed-after-talkshttp://www.mediapart.fr/
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    depuis le dbut de la crise grecque.Une liste de rformes est dj identifie.L'enveloppe globale sera comprise entre82 et 86 milliards d'euros, dbloquersur trois ans, jusqu'en 2018.

    l'origine, les Grecs avaient chiffrleurs besoins 53,5 milliards. Mais lesinstitutions estiment qu'il faut mettre enplace un coussin de fonds propres, pourscuriser les banques grecques, valuentre 10 et 25 milliards d'euros. Quoiqu'il en soit, les institutions de l'ex-Troka sont encore invites rduirele montant de l'enveloppe, en jouant surdes trajectoires budgtaires alternativesou sur des recettes plus importantestires des privatisations , lit-on dans lesconclusions. En clair, elles conseillent dedurcir un peu plus les mesures d'conomiebudgtaire.Les discussions sur le mmorandumpourraient encore durer quelquessemaines. D'o la ncessit, en attendantle premier dblocage d'argent l'automne,d'un prt-relais ( bridge financing ,dans le jargon), qui devrait tre dot d'aumoins 12 milliards d'euros, pour faire face

    aux chances de l't (notamment le 20juillet avec la BCE). Le financement de ceprt-relais par les Europens reste encoretrs flou. C'est un sujet dlicat, l encore,pour les Allemands. Il sera discut par lesministres des finances de la zone euro pasplus que tard que lundi aprs-midi, dansle cadre d'un nouvel Eurogroupe, toujours Bruxelles. C'est une source d'incertitudepour les heures venir.Si la nuit a t longue, c'est que Tsiprasa bataill jusqu'au bout pour ne pas

    donner l'impression de tout lcher inextremis. Il est par exemple parvenu retirer des conclusions les deux lignesqui mentionnaient, dans le projet d'accordngoci au pralable par les ministresdes finances, dimanche, le scnario d'unGrexit provisoire , et avaient glacl'ambiance samedi. Il est aussi parvenu dgonfler en partie l'une des propositionsde dernire minute de Berlin, laquellel'Allemagne est trs attache, celle d'unfonds indpendant, supervis par des

    Europens depuis le Luxembourg, pourgrer les privatisations en cours enGrce l'origine, Berlin imaginait un fonds oseraient transfrs 50 milliards d'eurosd'actifs publics de la Grce, et dontles recettes des privatisations seraiententirement affectes la rduction de ladette. Il aurait t conu sur le modled'une entit grecque mconnue, baseau Luxembourg, l' institution pour lacroissance , qui travaille depuis 2012,notamment, avec la Banque europenned'investissement (BEI, base elle aussi auLuxembourg).

    Pour les Allemands, il s'agissait detourner la page de la TAIPED, cetteagence grecque cense superviser lesprivatisations voulue par la Troka, dont lagestion est trs conteste et qui n'a jamaisdonn de vrais rsultats (lire notre articlesur le sujet). C'tait aussi une manire des'assurer d'un remboursement, terme, del'argent prt.Mais Tsipras a obtenu que ce fonds soitrelocalis en Grce, et surtout qu'unepartie de l'argent tir des privatisations soit

    consacr, non pas au remboursement dela dette, mais l'investissement. En tout,environ 12,5 milliards d'euros sur le totalde 50 milliards. D'aprs les conclusions dusommet, la moiti des recettes devra parailleurs servir rembourser le programmede recapitalisation des banques grecquesmis en place par la BCE.

    Les choix courageux deTsipras, selon Hollande

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    Les ngociations ont aussi achopp surle rle du FMI dans le futur troisimeplan d'aide. Et sur ce point, Tsiprasn'a rien obtenu. Les Europens ontfait de l'implication de l'institution deWashington une condition pralable tout engagement, tandis qu'Athnes auraitprfr pouvoir s'en passer, et se contenterdu Mcanisme europen de stabilit(avec la commission et la BCE). LesEuropens ont prfr que le FMI soit bord. Cela n'a pas t facile pour Alexis

    Tsipras, parce qu'il n'avait pas forcmentce mandat , a reconnu Franois Hollande la sortie des ngociations.Autre point difficile avaler pour Athnes,qui semble avoir t obtenu par le premierministre nerlandais Mark Rutte, trsoffensif toute la nuit sur le sujet : l'excutifgrec s'engage rexaminer dans le butd'amender des lgislations qu'il a lui-mme introduites depuis son arrive aupouvoir. Tsipras avait en effet dcid,peu aprs son lection, d'annuler toutou partie de certaines mesures imposes,ces dernires annes, par la Troka (le rollback , dans le jargon bruxellois, soit

    le retour en arrire). Ce fut le cas, parexemple, de la rouverture de la tlvisionpublique grecque. Il s'est donc engag rouvrir certains dossiers, l'exception,prcisent les conclusions, du programmed'aide humanitaire adopt dbut fvrierSur le front de la dette, les Grecs,qui plaident depuis le dpart pour unerestructuration du fardeau (avec une dette 180 % du PIB), semblent avoir obtenutrs peu. Toute rduction partielle dela dette grecque (un haircut ) est

    explicitement exclue, comme le souhaitaitBerlin. La porte reste ouverte pour desrchelonnements de la dette, mais lecalendrier reste trs flou : Ces mesuresdpendront de l'application complte desmesures dcides dans le cadre d'unnouvel arrangement avec la Grce, etseront considres aprs un satisfecit de lapremire revue du programme , lit-ondans les conclusions.L'numration des renoncements peutdonner le vertige. Dans unentretien Mediapart, en janvierdernier, l'universitaire grec GerassimosMoschonas prvenait : Syriza va testerla flexibilit de l'Europe. Aujourd'hui,la rponse s'est prcise : l'Europeconservatrice se montre plus inflexibleque jamais, prte tout, semble-t-il, pourempcher une alternative d'exister sur lecontinent. mesure que le sommet dela zone euro avanait dans la nuit, lesractions de toute part, sur les rseauxsociaux, se multipliaient.

    http://www.mediapart.fr/journal/international/020115/gerassimos-moschonas-syriza-va-tester-la-flexibilite-de-leuropehttp://www.mediapart.fr/journal/economie/080114/grece-les-privatisations-sont-sans-effet-sur-la-dette?onglet=fullhttp://www.mediapart.fr/journal/economie/080114/grece-les-privatisations-sont-sans-effet-sur-la-dette?onglet=fullhttps://www.kfw.de/KfW-Group/Newsroom/Aktuelles/Pressemitteilungen/Pressemitteilungen-Details_203840.htmlhttps://www.kfw.de/KfW-Group/Newsroom/Aktuelles/Pressemitteilungen/Pressemitteilungen-Details_203840.htmlhttp://www.mediapart.fr/
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    Ce que nous avons appris, ces derniressemaines, c'est qu'tre membre de la zoneeuro signifie que les cranciers peuventdtruire votre conomie si vous sortezdu rang , juge Paul Krugman sur sonblog. L'bauche de communiqu sortie del'Eurogroupe, avant le sommet de la zoneeuro, crite dans un style particulirementtechnique, restera comme l'une desdmarches diplomatiques les plus brutalesde l'histoire de l'Union europenne, unbloc construit pour favoriser la paixet l'harmonie et qui menace dsormaispubliquement l'un de ses membres deruines, s'il ne se rend pas , crit un

    ditorialiste du Wall Street Journal. C'est la dictature d'une idologie ,s'emportait, de son ct, l'eurodputPhilippe Lamberts, dimanche soir, avantla conclusion de l'accord. L'lu estimeque l'Europe tait en train de mettre ladmocratie grecque sous tutelle commepourraient le faire les pires rgimescolonialistes . Toute la nuit sur Twitter,le mot-cl This is a coup (C'est uncoup d'tat) tait repris en boucle. EnEspagne, o le suivi du feuilleton grec

    passionne, des leaders indigns d'AdaColau, la maire de Barcelone, PabloIglesias, sont monts au crneau pourdnoncer ce coup ds dimanche soir :

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    Mme certains fonctionnaires europensde premier plan ont ragi, comme l'ex-commissaire europen l'emploi (sousle deuxime mandat de Jos Manuel

    Barroso) Laszlo Andor (dj interviewici sur Mediapart) qui a exprim sansdtour dimanche soir son indignation,voquant l'arrogance, le cynisme etl'incomptence de ceux qui parlent d'unGrexit provisoire (c'est--dire Berlin) :

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    Interrog sur l'humiliation subie par lesGrecs lors de ce sommet, FranoisHollande a rpondu, lors d'une confrencede presse lundi matin : Rien n'aurait t

    pire que de vouloir humilier la Grce. Elle

    demandait un programme, pas l'assistanceni la charit. Elle demandait les principesd'une solidarit. Et le chef d'tat franaisde rappeler la solidarit montaire (concrtise par les aides de la BCEau systme bancaire grec) ou encore leplan de relance de 35 milliards d'eurosdj annonc par Jean-Claude Juncker,le prsident de la commission (qui nefait toutefois que regrouper les fondsstructurels dj budgtiss pour Athnessur la priode 2014-2020 et acclrer leurdblocage).Ces engagements suffiront-ils convaincre les dputs grecs d'adopter

    cette batterie de mesures ? Il tait difficilede prvoir, lundi midi, quelles seront lesconsquences de cet accord sur la viepolitique grecque. Mais il y a fort parier que des recompositions politiquesse produiront Athnes toute la semaine.Franois Hollande, qui sort plutt grandide ce sommet sur la scne europenne,o il a jou l'quilibriste entre AngelaMerkel et Alexis Tsipras, a salu lundi les choix courageux de Tsipras. Reste voir comment les Grecs apprcieront le

    courage de leur premier ministre.Boite noireL'article a t modifi lundi soir,avec le montant exact prvu pourles investissements, dans le fonds deprivatisation.

    Grce : l'trange victoire deFranois HollandePAR LNAG BREDOUXLE LUNDI 13 JUILLET 2015

    Le gouvernement franais veut faire delaccord scell lundi Bruxelles unevictoire politique. Soyons fiers , a lancManuel Valls. Mais la majorit risquedavoir rapidement un got amer.

    Franois Hollande est content. Cela sevoyait sur son visage lundi matin, malgrla fatigue et les 17 heures de ngociations.Le prsident franais ne stait fix quunobjectif : maintenir la Grce dans la zoneeuro. De ce point de vue, il a russi.

    Llyse, son gouvernement et sa majorit

    sen sont aussitt bruyamment rjouis.Mais la victoire apparente du prsidentfranais pourrait trs vite seffacer tantlaccord sign Bruxelles signe lareddition dAlexis Tsipras et consacrelagenda libral allemand.

    Cet accord, la France le cherchait, levoulait, et cet accord est l. Il permet laGrce de rester dans la zone euro, ctaitlobjectif , a indiqu Franois Hollande la sortie du Conseil, ne rpugnant pas user du je . Ce que jai voulu,ctait plus que lintrt de la Grce,ctait lintrt de lEurope et lintrtde la France. Parce que lintrt de laFrance ne se dissocie pas de lintrt delEurope , a-t-il ajout.

    Vido disponible sur mediapart.fr

    Lundi, laccord ntait pas encore signque le plan de communication franaistait dj bien en place. Moi je veuxdire ma fiert dtre aux cts de FranoisHollande, et de russir aujourdhui ce quisemblait impossible. Parce que tout aulong du week-end, on nous disait quil yaurait un chec, que la Grce allait peut-tre sortir de la zone euro. Et si la Grcereste dans la zone euro, ce sera grce laFrance et grce Franois Hollande , adclar Manuel Valls sur France Inter,

    avant mme lannonce officielle dunaccord Bruxelles. Franois Hollandesest hiss au niveau de lhistoire , agalement dit le premier ministre, peuaprs, sur BFM TV. Avant de reprendrele couplet de la fiert : Notre paysjoue un rle essentiel en Europe, dans lesngociations sur lIran, dans la COP 21.Soyons davantage fiers.

    Les ministres, en chur, ont entonn lemme refrain. Ainsi la secrtaire dtatClothilde Valter, nouvellement nomme,

    sur Twitter : L'Europe a gagn. Nos

    http://www.mediapart.fr/journal/economie/291014/un-ex-commissaire-europeen-le-debat-sur-le-role-de-lallemagne-aurait-du-emerger-plus-tothttp://www.mediapart.fr/journal/economie/291014/un-ex-commissaire-europeen-le-debat-sur-le-role-de-lallemagne-aurait-du-emerger-plus-tothttp://www.mediapart.fr/journal/economie/291014/un-ex-commissaire-europeen-le-debat-sur-le-role-de-lallemagne-aurait-du-emerger-plus-tothttp://www.theguardian.com/business/2015/jul/13/thisisacoup-germany-faces-backlash-over-tough-greece-bailout-demandshttp://www.mediapart.fr/journal/economie/291014/un-ex-commissaire-europeen-le-debat-sur-le-role-de-lallemagne-aurait-du-emerger-plus-tothttp://www.mediapart.fr/journal/economie/291014/un-ex-commissaire-europeen-le-debat-sur-le-role-de-lallemagne-aurait-du-emerger-plus-tothttp://www.liberation.fr/politiques/2015/07/13/valls-un-grexit-serait-un-desastre-pour-la-grece-et-la-zone-euro_1347055http://www.liberation.fr/politiques/2015/07/13/valls-un-grexit-serait-un-desastre-pour-la-grece-et-la-zone-euro_1347055http://www.liberation.fr/politiques/2015/07/13/valls-un-grexit-serait-un-desastre-pour-la-grece-et-la-zone-euro_1347055http://www.mediapart.fr/journal/international/130715/grece-les-europeens-imposent-tsipras-une-reddition-sans-conditionhttp://www.mediapart.fr/journal/international/130715/grece-les-europeens-imposent-tsipras-une-reddition-sans-conditionhttp://www.mediapart.fr/node/551961http://www.mediapart.fr/node/551961http://www.mediapart.fr/journal/economie/291014/un-ex-commissaire-europeen-le-debat-sur-le-role-de-lallemagne-aurait-du-emerger-plus-tothttp://www.mediapart.fr/journal/economie/291014/un-ex-commissaire-europeen-le-debat-sur-le-role-de-lallemagne-aurait-du-emerger-plus-tothttp://www.theguardian.com/business/2015/jul/13/thisisacoup-germany-faces-backlash-over-tough-greece-bailout-demandshttp://krugman.blogs.nytimes.com/2015/07/12/killing-the-european-project/?_r=0http://krugman.blogs.nytimes.com/2015/07/12/killing-the-european-project/?_r=0http://www.mediapart.fr/
  • 7/24/2019 Mediapart Du 14 Juillet 2015

    17/49

    Directeur de la publication : Edwy Plenelwww.mediapart.fr 17

    Ce document est usage strictement individuel et sa distribution par Internet nest pas autorise. Merci de vous adresser [email protected] si vous souhaitez le diffuser.17/49

    valeurs l'ont emport. Fire de la France,de notre Prsident @fhollande dont ladtermination a t dcisive. Ou laministre de la culture Fleur Pellerin :

    Sur mediapart.fr, un objet graphiqueest disponible cet endroit.

    Les dputs socialistes ont aussi rivalisdimagination pour rendre hommage laction de Franois Hollande. Fierde mon prsident , a lanc le dputRazzy Hammadi, pass de laile gauchedu PS au fan club de Manuel Valls. Le couple franco-allemand a unenouvelle fois bien fonctionn. Aprs

    De Gaulle et Adenauer, Mitterrandet Kohl, c'est Hollande et Merkel ,sest enflamm Didier Guillaume, unproche de Hollande, prsident du groupePS au Snat. Soulagement et fiertaprs l'accord historique obtenu grce @fhollande#NoGrexit , a plus sobrementcrit sur Twitter la prsidente de lacommission des affaires trangres lAssemble nationale, Elisabeth Guigou.

    Mme des lus critiques de lactiondu prsident de la Rpublique lui ont

    cette fois rendu grce. Jrme Guedja par exemple tweet : .@fhollandeefficace dans l'adversit, quand unecertaine ide de la France est en jeu:Mali, Charlie, NoGrexit. La dputeChaynesse Khirouni, classe parmi lesfrondeurs de lAssemble, a salu dansun communiqu la dtermination etla position centrale du Prsident de laRpublique, Franois Hollande .

    Les dputs des ailes gauches du PS (cellesde la motion B du congrs de Poitiers)