Upload
others
View
0
Download
0
Embed Size (px)
Citation preview
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 0 -
MEMOIRE En vue de l‟obtention du Diplôme de Sup de Co Reims
REIMS MANAGEMENT SCHOOL
CYCLE MASTER
2007-2009
WEBMARKETING EXPERIENTIEL, UN ENJEU STRATEGIQUE
POUR LES MARQUES A FORTE VALEUR AJOUTEE
PAR : Etienne CHERRIER
JURY : Caroline DUSSAUTOIR - TUTEUR
Emmanuelle RIGAUD - CO-EVALUATEUR
Mars 2010
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 1 -
REMERCIEMENTS
Merci à Caroline Dussautoir de m‟avoir suivi et épaulé durant toute la rédaction de ce
mémoire, durant les petites crises d‟angoisse et d‟énervement, mais surtout pour avoir cru en
moi,
*
Merci à Geneviève Jamin-Dejoie, Nathalie Litvine, Stephan Dupont, Franck Sagne et
Fabienne Huttaux-Moreau pour leur disponibilité et les précieuses informations qu‟ils ont pu
me fournir ainsi que leur expertise qui a permis à mes réflexions d‟être plus poussées et plus
professionnelles,
*
Merci également aux 346 victimes de mon questionnaire quantitatif, qui se sont durement
accrochées pour le comprendre, spécialement Clémence Firmin qui me le reprochera toute ma
vie. Merci aussi à ma sœur Anne-Sophie Siramy qui a pu faire partager mon questionnaire
auprès de bon nombre d‟hommes et de femmes à travers la France grâce notamment à sa
blogosphère,
*
Merci au 10 autres professionnels pour avoir répondu favorablement à mes entretiens
qualitatifs,
*
Merci à Sup de Co Reims pour les kilos en trop, ceux que j‟ai accumulé à force
d‟acharnement, enchaîné à mon bureau pour rendre un travail correct et présentable,
*
Enfin, merci à Christopher Carey pour son travail qu‟il qualifie lui-même de décisif, à savoir
avoir évincé 3 erreurs de syntaxe de ce mémoire - Et surtout parce que je suis beau joueur sur
ce coup-là.
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 2 -
SOMMAIRE
1. INTRODUCTION p. 4
2. ETAT DE L’ART
p. 7
2.1. Définition des termes du sujet P. 7
2.1.1. L’expérience comme nouvelle approche marketing p. 7
2.1.2. L’émotion comme résultante de l’expérience p. 12
2.1.3. Marques de luxe et marques à forte valeur ajoutée p. 16
2.1.4. L’image de marque comme facteur déterminant d’une marque à forte valeur
ajoutée
p. 19
2.2. La place de l’outil internet dans les stratégies de communication de marque p. 22
2.2.1. Internet est un nouvel outil de communication qui prend de l’importance p. 22
2.2.2. Les sites Internet sont élaborés suivant différents critères bien précis p. 25
2.2.3. Les sites Internet peuvent concilier des approches marketing différentes p. 28
2.2.4. Les sites de marque des marques à forte valeur ajoutée ne sont pas tous
performant
p. 30
2.3. L’expérience vécue par le consommateur sur internet p. 32
2.3.1. L’émotion peut aussi être ressentie virtuellement p. 32
2.3.2. Les relations numériques individu-marque p. 36
2.3.3. Une personnalisation virtuelle qui sied au consommateur p. 38
2.3.4. L’expérience virtuelle véhicule une part de rêve car elle est parfois difficilement
réalisable
p. 41
3. PROBLEMATIQUE ET HYPOTHESES
3.1. Problematique
p. 42
p. 44
3.2. Hypotheses p. 44
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 3 -
4. ETUDE EMPIRIQUE, CHOIX DES OUTILS D’ANALYSE p. 45
4.1. Description de la méthode retenue p. 45
4.1.1. Une approche quantitative sur les attentes du consommateur p. 45
4.1.2. Une étude qualitative auprès des professionnels p. 47
4.2. Le choix des marques p. 48
4.2.1. Sélection des sociétés et agences sollicitées p. 48
4.2.2. Portrait des personnes interrogées p. 49
5. RESULTATS p. 50
5.1. La perception du consommateur et son comportement face aux marques a forte valeur
ajoutée
p. 50
5.2. La perception de l’historique d’une marque a forte valeur ajoutée dans la stratégie
marketing interactive
p. 53
5.3. Stratégie marketing de la marque et attentes du consommateur p. 56
5.4. L'expérience sur internet au cœur des stratégies des marques de champagne et spiritueux p. 63
6. DISCUSSIONS p. 73
Hypothèse 1 p. 73
Hypothèse 2 p. 74
Hypothèse 3 p. 75
7. CONCLUSION p. 76
7.1. Limites de l’étude p. 77
7.2. Pistes de réflexion p. 79
8. ANNEXES p. 80
9. BIBLIOGRAPHIE p. 95
10. DOCUMENT INTERMEDIAIRE p. 99
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 4 -
1. INTRODUCTION
Le marketing expérientiel adapté à Internet, un enjeu stratégique pour les Maisons de
champagne & spiritueux à forte valeur ajoutée ?
Nous vivons dans un monde dans lequel le numérique est omniprésent. Tous les
secteurs d‟activités quels qu‟ils soient sont touchés par cette mutation profonde qui oblige à la
fois les marques et les consommateurs à penser et développer de nouvelles approches pour
répondre aux lois de l‟offre et de la demande.
Depuis deux décennies l‟on assiste à l‟avènement d‟Internet. Coco Chanel disait « La
mode se démode, le style jamais ». L‟on pensait qu‟Internet serait une mode et qu‟en vingt
ans, les marques et le consommateur en auraient fait le tour. Mais cette mutation sociétale loin
d‟être surannée s‟encre profondément dans les approches marketing des marques mais aussi
les approches de consommation des individus. Cette fenêtre ouverte vers un monde virtuel où
l‟information est reine, dans laquelle l‟individu cherche à travers son propre contrôle un
exutoire multidimensionnel et émotionnel, c‟est l‟ère d‟Internet.1
Le consommateur voit son mode d‟agissement évoluer. De chez lui il peut accéder à
de multiples informations et perd son statut de consommateur passif au profit de celui de
« consommacteur ».2 Parallèlement, les marques abandonnent l‟impérialisme qui les
caractérisait pour faire enfin du consommateur le roi. Les marques cherchent à séduire et
fidéliser un consommateur de plus en plus volatile et impatient au travers d‟une approche
novatrice, le marketing expérientiel.
Le consommateur est en attente d‟émotions. Il vit par procuration sur Internet et
cherche des émotions virtuelles équivalentes si ce n‟est plus fortes que dans le monde réel. Ce
n‟est pas tant le produit qu‟il consomme à présent mais plutôt la façon dont il devrait le
consommer, le lifestyle qui accompagne la marque et se conjugue avec ses valeurs. Le
marketing expérientiel n‟en étant pas à ses balbutiements, il est donc légitime et envisageable
de développer une application de ces concepts sur Internet. Mais les modes de consommation
sur Internet diffèrent des modes de consommation sur un lieu de vente. La conception d‟un 1 CARU ANTONELLA, COVA BERNARD, « Expérience de consommation et marketing expérientiel », Revue
française de gestion, 2006 – 3 (N° 162), pp. 99-113. 2 DEBOS F., « les relations numériques individu-marque », Document numérique 2007
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 5 -
site Internet est un art qui s‟étudie minutieusement car, non contentes d‟atteindre un
consommateur virtuel, les marques ont bien compris qu‟elles se devaient de susciter chez lui
l‟intérêt, la curiosité, afin de se différencier de leurs concurrents.
Le monde du luxe paraît un support idéal à l‟étude d‟une approche virtuelle de
l‟expérience comme vecteur d‟émotion chez l‟internaute. En effet le milieu du luxe, aussi
nébuleux soit-il, englobe plusieurs catégories de marques : les marques de demi-luxe, ou à
forte valeur ajoutée, les marque de luxe et les marques Über-Premium, ou l‟ultra luxe. Louis
Vuitton Moët Hennessy (L.V.M.H.) comme Richemont n‟hésitent pas à investir lourdement
dans le nouveau médium de communication qu‟est Internet car ils ont saisi le potentiel de
développement des marques et de leur perception chez le consommateur sur la toile virtuelle.
L‟internaute pourra consommer virtuellement n‟importe où, n‟importe quand, avec n‟importe
qui. Les barrières géographiques sont tombées.
Ce qui caractérise une marque à forte valeur ajoutée (sont à forte valeur ajoutée toutes
les marques de luxe dans leur ensemble, qu‟elles soient demi-luxe, luxe ou ultra luxe.) et ce
qui la différencie de ses concurrents est son image de marque, ou la perception qu‟a le
consommateur de ladite marque. Les marques à forte valeur ajoutée voient une mutation de
leur valeur ajoutée d‟une dimension créative et qualitative vers une dimension émotionnelle
forte. Elles sont les marques les plus enclines à créer une part de rêve, un songe onirique, un
lifestyle pluri-émotionnel au travers d‟expériences virtuelles sur leurs sites de marque.
Nous l‟avons bien compris. Internet est un enjeu stratégique marketing majeur pour les
marques à forte valeur ajoutée. Toutefois il ne faut pas voir la stratégie Internet dans sa
globalité comme une stratégie marketing, mais comme un médium faisant partie d‟une
stratégie globale à la fois réelle et irréelle.
Nous allons axer notre recherche autour des marques de champagne et spiritueux à
forte valeur ajoutée. Nous pensons que ces marques sont parmi les plus enclines à développer
un monde virtuel multi-émotionnel au travers d‟expériences sensorielles proposées au
consommateur. Les vins et spiritueux sont des produits qui appellent à l‟émotion par
excellence, à nos sens par le bien d‟un expérientiel autour du produit et de son mode de
consommation unique et privilégié, plus que pour un sac haute couture, ou un bijou en or serti
de diamants. Le bruit des bulles de champagne, la fine odeur épicée d‟un cognac, la sensation
givrée d‟une vodka lors d‟un moment convivial, festif ou unique…toutes ces expériences
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 6 -
forgent le souvenir d‟une consommation. Et les marques doivent inscrire ce souvenir dans un
univers propre à chacune d‟elles au travers de ses valeurs et recherches sémantiques.
Ces maisons ont un fort potentiel à exploiter, pour créer un univers à leur image, chargé
d'émotion et de sensations au travers d‟une expérience unique qui leur serait propre. Elles
accusent néanmoins un retard en termes de développement web. Alors que Hermès et Vuitton,
Chanel et Van Cleef&Arpels transpirent leurs valeurs et leur identité de marque sur la toile,
les marques de champagne, vins et spiritueux à forte valeur ajoutée peinent à tirer leur épingle
du jeu.
L‟intérêt de cette étude est d‟évaluer l‟incidence des émotions suscitées chez le
consommateur au travers d‟une consommation expérientielle sur Internet sur l‟image de
marques de champagne et de spiritueux. Il s‟agit de dégager de cette étude des axes de
recherche qui pourront être développés par la suite au sein des Maisons pour accroître leur
image de marque à long terme.
Dans un premier temps nous discuterons des recherches scientifiques, académiques et
empiriques déjà réalisées sur ce sujet. Nous tenterons de donner une définition à l‟expérience,
l‟émotion et l‟image de marque comme facteur déterminant de la forte valeur ajoutée d‟une
marque. Nous étudierons la place de l‟outil Internet dans une approche stratégique puis les
relations qui lient le consommateur à cet outil.
Dans un second temps, une approche terrain nous permettra de comprendre les enjeux
actuels sur Internet pour les marques de champagne et de spiritueux et leur développement à
venir sur la toile, mais aussi d‟apprendre de la perception d‟un site expérientiel de marque et
son incidence sur l‟image de cette marque par l‟internaute.
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 7 -
2. ETAT DE L’ART
Intéressons-nous donc à l‟apport académique, scientifique et empirique déjà existant
autour des items qui nous intéressent. Cela nous permettra d‟obtenir une vision plus précise
sur les multiples définitions qui composent notre sujet d‟étude, mais aussi une vision
généraliste sur la place d‟Internet et les liens numériques avec les individus.
2.1. DEFINITION DES TERMES DU SUJET
2.1.1. L’expérience comme nouvelle approche marketing
Le comportement du consommateur a été pendant longtemps considéré comme étant la
résultante d‟un processus de collecte d‟informations destinée à satisfaire un besoin lambda
chez le consommateur. Des travaux ont notamment été menés au sujet de cette approche
cognitive par BETTMAN en 1979, mais rapidement, il est apparu que certains comportements
des consommateurs échappaient à ces règles de fonctionnement lorsqu‟il s‟agissait de secteurs
d‟activités tels que le théâtre, la culture ou encore les loisirs. Dans ces secteurs, c‟est une
expérience esthétique, une pratique ludique, un plaisir sensoriel, des réactions émotionnelles
que le consommateur recherche et non pas une optimisation cognitive des besoins objectifs3.
Le concept de marketing expérientiel est apparu pour la première fois en 1982 grâce aux
travaux de M.B. HOLBROOK et E.C. HIRSCHMAN, mais a du attendre HETZEL en 2002
pour que soit proposée une refonte du marketing.
Le marketing expérientiel se veut une proposition d‟immersion dans des expériences
aussi extraordinaires qu‟esthétiques au détriment d‟un simple acte d‟achat de service ou de
produit, « ce marketing étant supposé répondre aux désirs existentiels du consommateur
actuel », d‟après l‟approche de SCHMITT en 1999.
La production d‟expérience peut être rattachée à trois points distincts que sont le
décor, le design et la mise en scène avec une stimulation poly sensorielle qui incite le
3 OLIVER, 1993
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 8 -
consommateur à participer activement autour d‟un récit, d‟une histoire ou d‟une intrigue qui
se noue entre ce dernier et la marque et qui entretient par là même ses souvenirs.4
Les années 1980 ont vu l‟émergence des facteurs hédonistes et esthétiques dans le
marketing qui ont pour ascendance la perception changeante du consommateur par le
marketing, en qualité d‟être émotionnel qui recherche des expériences sensibles
(MAFFESOLI, 1990), et une interaction avec les produits et services qu‟il tend à consommer.
HOLBROOK et HIRSCHMAN définissent la consommation expérientielle comme un
« état subjectif de conscience accompagné d’une variété de significations symboliques, de
représentations hédonistes et de critères esthétiques ». Cette approche veut considérer le
consommateur comme le centre de production de l‟expérience au travers de ce que le produit
lui propose.
L‟approche de HOLBROOK et HIRSCHMAN, en 1982 base le choix du consommateur
sur des facteurs tant internes qu‟externes pouvant jouer un rôle prédominant dans cette prise
de choix. Les facteurs externes sont les facteurs liés à l‟environnement ainsi qu‟au produit. Ils
comportent des caractéristiques symboliques mais aussi subjectives qui peuvent directement
influer sur l‟affect, la perception émotionnelle du consommateur, mais aussi de son
comportement envers le produit proposé.
Les facteurs internes de l‟approche expérientielle de la consommation sont, quant à
eux, basés sur le comportement du consommateur qui est en quête incessante de plaisir,
d‟amusement mais aussi de simulation sensorielle et de fantaisie dans ses choix.
De nos jours ce n‟est donc plus le produit qui est directement consommé, mais c‟est le sens de
ce produit que cherche à consommer le consommateur. Les diverses fonctions que remplissent
les produits sont tenues pour acquises. C‟est l‟image qui, à présent, fait la différence5.
HOLBROOK et HIRSCHMAN précisent eux aussi que cette approche expérientielle de
la consommation est phénoménologique6 dans l‟absolu. En d‟autres termes, dans une vision
de consommation expérientielle, le consommateur est mu par des flux continus de plaisirs, de
sentiments et de fantasmes. « Il s’agit ici d’un état subjectif primaire caractérisé par le
4 CARU et COVA, « Expérience de consommation et marketing expérientiel », Revue française de gestion,
2006 5 J. BAUDILLARD, 1970
6 « La phénoménologie consiste à accepter le principe selon lequel, dans le cadre de l‟étude du comportement du
consommateur, il convient d‟interpréter la dimension symbolique ». BREDA, 2004
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 9 -
symbolisme, l’hédonisme et l’esthétisme du produit. »7 Le concept même d‟expérience
dépasse l‟approche rationnelle car il intègre directement des variables émotionnelles,
sentimentales, ainsi que des sensations que le consommateur peut éprouver. Cette complexité
d‟évaluation oblige la marque à gérer des flux irrationnels, d‟événements et d‟émotions que le
consommateur éprouve afin d‟inscrire cette expérience dans sa continuité. Comme l‟ont
relevée HOLBROOK et HIRSCHMAN, « cette expérience va au-delà du moment de
consommation car elle affecte les valeurs et se construit grâce aux attentes et aux souvenirs. »
Cette approche de consommation expérientielle est très en vogue depuis plus de 20 ans. Bon
nombre de chercheurs ont développé divers concepts d‟expérientiel. FILSER, lui, a dressé un
tableau des différentes recherches menées sur ce sujet8. De ce tableau nous avons pu tirer les
composantes essentielles du contenu de l‟expérience de consommation expérientielle. Ces
composantes sont majoritairement la valeur hédoniste, la pratique sociale et la stimulation.
L‟expérience de consommation se résume par les émotions tant positives que négatives
ressenties par le consommateur entre la prise de décision et la consommation du produit, mais
aussi sur une durée plus étalée. L‟approche expérientielle diffère donc de l‟approche classique
dès lors qu‟elle fait appel à des réactions affectives à la consommation9 : il s‟agit des réactions
hédonistiques et des réactions symboliques.
Les réactions symboliques sont le fruit de plusieurs recherches menées par GRUBB
et GRATHWOHL en 1967, LEVY en 1959, MARTINEAU en 1958, SIRGY en 1982,
SOLOMON en 1983 sur le comportement du consommateur. Ce dernier voit son intension
d‟achat et de consommation mue par des valeurs symboliques hypothétiquement offertes par
le produit. BAUDRILLARD (1972) précise qu‟il ne s‟agit pas tant de besoin de consommation
mais de désir qui s‟inscrit dans une approche sociale afin de permettre à tout individu de se
différencier et d‟afficher son statut. Nous retrouvons ici l‟une des composantes de la
consommation expérientielle, d‟après FILSER. LEIBESTEIN prône l‟idée selon laquelle y a
une demande de type fonctionnel (les fonctions intrinsèques du produit) une autre de type
non fonctionnel (sociale ou influence) et hédoniste qui peut se subdiviser en 3 effets :
- un effet d’entraînement qui consisterait à suivre les actes de consommation d‟un
groupe d‟individus,
7 BOURGEON, 1994
8 Annexe 1
9 ANDRE BOYER et AYOUB NEFZI, « La perception de la qualité dans le cadre d‟une consommation de
nature expérientielle. » - 2007
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 10 -
- un effet de snobisme, qui tend à exprimer sa personnalité et son originalité au travers
d‟un choix de consommation,
- l’effet dit de Veblen qui permet à un individu d‟afficher son appartenance à une classe
sociale dès lors qu‟il acquiert un bien parce qu‟il est onéreux10
.
Les réactions hédonistiques font référence à la consommation hédonique d‟après
HIRSCHMAN et HOLBROOK (1982) : « la consommation hédonique désigne les facettes du
comportement du consommateur qui sont liées aux aspects multi sensoriels, émotionnels,
imaginaire de son expérience avec le produit. » Pour saisir l‟importance de ce concept,
définissons ensemble les différents termes de cette définition.
- Les aspects multi sensoriels : C‟est une expérience sensorielle du produit. Le
consommateur ne réagit pas forcement à des stimuli externes mais aussi internes en
s‟imaginant une consommation multi sensorielle, une réaction de l‟un des cinq sens
voire plusieurs à la fois à la simple pensée ou vue d‟un produit.
- Les aspects imaginaires : il s‟agit ici d‟une image produite par le consommateur lors
de son acte de consommation et qui peut être de deux types : soit historique, qui
rappelle une expérience déjà vécue, soit fantaisiste, totalement nouvelle qui n‟est
basée sur aucune expérience préalablement vécue.
- Les aspects émotionnels : ils se développent et peuvent se traduire par des émotions
chez le consommateur comme la joie, la peine, la tristesse, la colère, l‟envie…
Selon les réactions hédoniques de HIRSCHMAN et HOBLROOK, les motivations que
l‟on peut qualifier d‟utilitaires (notamment le choix d‟un produit en fonction de ses
particularités) sont dominées par des désirs émotionnels. C‟est ce sens subjectif que le
consommateur investit dans un produit qui supplante l‟approche rationnelle de consommation
au profit de l‟approche expérientielle.
L‟approche de consommation expérientielle développée par HOLBROOK et
HIRSCHMAN que nous avons développé ici peut se résumer en un acte de consommation
hédonique et symbolique qui se reflète à des constructions imaginaires de la réalité. « De ce
10
VEBLEN T, 1899, la théorie de la classe de loissir (1969) traduction française de « The theory of the leisure
class », Paris, Gallimard, In BREDA, 2004
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 11 -
fait, on ne s’intéresse pas à ce que les consommateurs savent être vrais mais à ce qu’ils
voudraient que la réalité soit. »11
Cette consommation expérientielle qui, rappelons le, ne nie d‟aucune façon l‟approche
rationnelle et informative intrinsèque au comportement du consommateur, peut tout aussi bien
être étudiée concrètement au travers d‟actions développées par plusieurs marques. Nous
l‟avons vu, les attentes des consommateurs d‟aujourd‟hui vont bien plus loin que la
satisfaction d‟un plaisir personnel. Ils sont à la recherche d‟un lien particulier, unique qui les
lierait à la marque, et qui les considèrerait comme acteurs de la relation.12
La Maison de champagne Krug présente « Krug Odyssey », une initiation destinée à
de très rares privilégiés, qui les entraîne dans des lieux privés, cachés et mystérieux, à la
découverte du style de la Maison, de son lifestyle, qui fait vivre des moments uniques à une
cible de dandys modernes, une expérience de marque en somme.
La Maison Ruinart entretient elle aussi un lien particulier avec ses clients, basé sur
l‟art de recevoir à la Française depuis Louis XIV, un art de vivre et de recevoir que la
prestigieuse Maison de champagne véhicule à chaque instant.
Il ne faut pas non plus sous estimer l‟importance des points de vente des marques à
forte valeur ajoutée qui déclinent dans leurs boutiques « leur propre façon de faire vivre une
expérience distinctive et poly sensorielle ». Le but de ses boutiques est de proposer au
consommateur un voyage initiatique au cœur de la marque. C‟est donc bien une approche
quasi onirique, belle et bien hédonique et symbolique que les marques s‟emploient à
développer afin de plonger le consommateur, non pas dans ce qu‟ils savent être vrai, mais
dans ce qu‟ils souhaiteraient que la réalité soit.
Notons enfin que le retour vers un expérientiel vrai, humain et ordinaire qui pousse le
consommateur à se connaître semble indispensable pour que le marketing expérientiel ne
devienne pas une mode et à terme obsolète. Car plus qu‟un monde imaginaire, plus qu‟une
consommation expérientielle irrationnelle, c‟est bel et bien l‟image de marque de l‟entreprise
qui est en jeu. Et à toute proposition, aussi folle soit-elle, faite par la marque à ses
consommateurs, il faut que cette proposition soit grandement tintée de vérité pour ne pas nuire
11
HIRSCHMAN et HOLBROOK, « The experiential aspects of consumption : Consumer Fantasies, feelings and
fun », Journal of Consumer Research, 1982 12
Un luxe d‟expérience, Média de la Performance Client, La Poste, 2007
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 12 -
à long terme à une image de marque qui se développe rapidement dès l‟ores qu‟elle est
soumise à un jugement émotionnel et irrationnel.13
2.1.2. L’émotion comme résultante de l’expérience
Selon MING-HUI HUANG14
dans The theory of Emotions in Marketing, la gamme des
émotions comme résultante du marketing dépend de si le sujet est traité du côté du
consommateur, comme valeur qui lui est propre ou du côté du marketing. Les émotions
éprouvées par le consommateur semblent être suffisantes à elles mêmes, alors que d‟un point
de vue marketing elles sont potentiellement expérimentées et donc suscitées chez le
consommateur au travers de stimuli externes, du produit marketing. Ce dernier est évalué par
le consommateur non seulement par ses critères objectifs, mais aussi par des critères
subjectifs émotionnels. C‟est le plaisir hédoniste de la consommation du produit que l‟on
cherche et non pas le simple résultat et l‟optimisation du choix. De la sorte, les réponses
affectives (émotions) représentent une partie indispensable des évaluations des biens et
services (HOLBROOK, 1999, SHETH et al, 1991, RICHINS, 1997). Ces émotions ressenties
« affectent les choix comportementaux du consommateur et lui permettent de discriminer
entre des alternatives instrumentales fonctionnellement équivalentes » (HAVELNA et
HOLBROOK, 1986). En outre, l‟émotion est une source primaire de motivations humaines.
Elle exerce une influence importante sur les processus de la mémoire et de la pensée
(WESTBROOK et OLIVER, 1991).
L‟émotion peut être définie comme étant l‟ensemble des dimensions affectives, un
«construit multidimensionnel » régit par trois dimensions principales que sont la polarité, le
contenu et l‟intensité. La littérature précise en outre, que l‟émotion dispose de différentes
composantes (IZARD, 1979). IZARD dénombre d‟ailleurs dix émotions : la joie, la tristesse,
l‟intérêt, la colère, la culpabilité, la timidité/honte, le dégoût, le mépris, la surprise puis la
peur. D‟un point de vue marketing, la gamme émotionnelle dépend des caractéristiques
intrinsèques à l‟individu et du contexte marketing dans lequel il évolue. L‟approche
psychologique diverge de l‟approche marketing. Dans cette dernière, l‟intensité émotionnelle
13
CARU et COVA, Expérience de consommation et marketing expérientiel, Revue française de gestion, 2006 14
HUANG MING-HUI , “The theory of emotions in marketing”, Journal of Business and Psychology, 2001
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 13 -
ressentie par l‟individu est modérée car le contexte même d‟un stimulus marketing porte
atteinte à l‟intimité du consommateur. Le marketing interagit directement sur l‟émotion et en
modifie donc son intensité. Toujours dans une approche psychologique, l‟émotion ressentie
est forte grâce aux liens interpersonnels développés par l‟individu dans son intimité, à l‟abri
des actions des marques.
Selon IZARD, l‟émotion comprend différentes composantes:
- « Une composante neurophysiologique et biochimique (ou émotion I selon BUCK,
1984) : elle est étudiée en se basant sur des mesures physiologiques telles que les
pulsations cardiaques, la salivation, etc.
- Une composante expressive (Emotion II) : concerne l’expression spontanée de l’état
émotionnel et peut être mesurée grâce à l’observation et l’analyse des expressions
faciales ou vocales et des mouvements corporels
- Une composante « expérientielle » subjective (Emotion III) : peut être étudiée en se
basant sur des rapports verbaux. »15
Du point de vue scientifique, une approche a été développée dès 1954 par deux
psychologues américains, JAMES OLDS et PETER MILNER. Ils ont identifié l‟hypothalamus
comme cette zone du cerveau qui procure du plaisir. Stimuler le plaisir revient à stimuler
l‟hypothalamus. La production de dopamine est engendrée, et la substance sécrétée permet la
communication entre les neurones lors de phases de plaisir. C‟est pour cela que le retour sur le
lieu où le plaisir a été ressenti peut engendrer une nouvelle production de dopamine et de fait
influer sur l‟hypothalamus et déclencher des émotions ressenties par le passé. Mais notre
cerveau comprend aussi des neurones miroirs qui, chargés de déclencher une émotion
ressentie ou vue chez autrui, sont la zone barrière de notre mécanisme intellectuel qui oblige
le stimulus reçu à être logiquement décodé et approprié, afin qu‟il implique l‟individu, sous
peine d‟empêcher les neurones miroir d‟influer sur la sécrétion de dopamine. De plus,
aujourd‟hui nous savons que le cerveau ne peut stocker des images. A cause de l‟absence
d‟ères cérébrales dans lesquelles l‟image pourrait être stockée pour une durée limitée ou
illimitée, DOMASIO en conclue que les images sont reconstruites à partir de différents stimuli
reçus par les cinq sens qui par la suite excitent les activités neuronales, et donc la création
d‟émotion.
15
ANDRE BOYER et AYOUB NEFZI, « La perception de la qualité dans le cadre d‟une consommation de
nature expérientielle. » - 2007
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 14 -
Du point de vue de la marque, GEORGES CHETOCHINE fait le lien entre marque et
repère émotionnel. Si une marque peut influer aussi fortement sur la création d‟émotions,
c‟est qu‟elle est une conséquence du plaisir, d‟une émotion préalablement attendue. La
marque se définit donc comme catalyseur d‟un plaisir repérable, voire identifiable par des
signes visibles. C‟est le souvenir de ces signes identifiables qui provoquent le souvenir d‟une
expérience heureuse passée, puis la sécrétion de la dopamine, l‟influence sur l‟hypothalamus
et la création de l‟émotion. L‟émotion, selon l‟auteur, dépend grandement de variables
anxiogènes de la marque.
Du point de vue théorique des approches conceptuelles de l‟émotion dans le
marketing, nous avons dénombré trois approches.
La première approche est l‟approche discrète des émotions. Les émotions
appartiennent à des catégories identifiables et indépendantes16
(AAKER, STAYMAN et
VEZINA, 1988 ; EKMAN, 1992 ; IZARD, 1972, 1977 ; KEMPER, 1978 ; PLUTCHIK, 1970,
1980 ; TOMKINS, 1962, 1963). Les recherches sur ce sujet ont mené les auteurs à dresser une
analyse typologique destinée à différencier chacune des émotions.17
Dans l‟approche discrète
des émotions, celles-ci influent et interagissent les unes avec les autres. En d‟autres termes, ce
n‟est pas parce qu‟une émotion est perçue positivement qu‟elle ne peut pas être par la suite
perçue négativement. Plus loin encore, si l‟on allie la colère au dégout et au mépris, l‟émotion
générée est la haine. Une multitude de combinaisons d‟émotions résultent de différents stimuli
expérientiels externes. Il faut donc se méfier des effets amplificateurs et inhibiteurs de
certaines émotions sur d‟autres.
La deuxième approche est l‟approche continue des émotions qui avancent l‟idée que
l‟ensemble des réponses affectives et émotionnelles à un message sont le résultat d‟une
dimension de trois dimensions18
(BATRA et HOLBROOK, 1990 ; BATRA et RAY, 1986 ;
EDELL et BURKE, 1987 ; HOLBROOK et BATRA, 1987 ; MEHRABIAN et RUSSELL,
1974) : le plaisir, l‟éveil et le contrôle.
La troisième approche est propre à RICHINS. Il s‟agit d‟une création d‟échelle
multidimensionnelle visant à mettre en exergue les similarités tant spatiales que sémantiques
16
FERRANDI JEAN-MARC, DEBARNIER VIRGINIE, VALETTE-FLORENCE PIERRE, « Une première
application de l‟échelle de Richins pour mesurer les réactions émotionnelles à la publicité » 17
Voir annexe 2 18
Voir annexe 3
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 15 -
qui peuvent exister entre les émotions. L‟échelle obtenue19
comporte 16 dimensions avec 43
termes familiers facilement compréhensibles afin de décrire les émotions les plus
fréquemment ressenties chez l‟individu. L‟utilisation de cette échelle a été inter
culturellement validée.
L‟émotion dans le marketing est donc la réponse à des stimuli externes. Cette
expérience marketing est régie par trois dimensions développées par OTTO en 1997 et
DUMAN en 2002 : la nouveauté, l‟hédonisme et le contrôle. La nouveauté est définie comme
« une dimension affective de l’expérience de service indiquant dans quelle mesure
l’expérience était originale, différente et unique ». Elle est basée sur le besoin de stimulation,
la recherche de sensation (ZUCKERMAN, 1979), et la cherche de variété (STEENKAMP et
BAUMGARTNER, 1992).
Le contrôle est le libre arbitre du consommateur et sa liberté dans le choix de ses
actions et agissements. Le contrôle représente « une dimension de l’expérience affective de
service précisant dans quelle mesure l’expérience reflète la participation directe des
consommateurs dans le processus. » L‟hédonisme est la variable de l‟expérience qui renvoie
le plus aux émotions, aux sensations et aux fantasmes que le consommateur peut éprouver lors
d‟un acte de consommation dans un environnement favorablement multi sensoriel. Les
réponses émotionnelles incluent des sentiments tels que la joie, la jalousie, la crainte, la fureur
et le ravissement.20
L‟hédonisme répond à trois dimensions : le plaisir, l‟évasion et la détente.
Le concept expérientiel développé par OTTO en 1997 et DUMAN en 2002 se base
donc sur les approches discrètes et continues des émotions. Les études menées ne s‟accordent
toujours pas quant aux émotions ressenties par le consommateur. Le contexte de
consommation influe directement sur la polarité, le contenu et surtout l‟intensité de l‟émotion.
Nous avons vu qu‟une émotion ressentie suite à un stimulus externe comme la communication
a une intensité modérée car le marketing même porte atteinte aux frontières privées du
consommateur. Nous pouvons penser que Internet permet aux marques de déployer une
palette d‟actes sensoriels qui ne devant pas être considérés comme intrusifs dans l‟intimité du
consommateur et de fait provoquer chez lui des émotions d‟une intensité supérieure. De plus
le site Internet d‟une marque, s‟il est développé de façon intelligente et réfléchie peut
permettre au consommateur de revenir plusieurs fois sur ce lieu où il aura ressenti des
19
Voir annexe 4 20
ANDRE BOYER et AYOUB NEFZI, « La perception de la qualité dans le cadre d‟une consommation de
nature expérientielle. » - 2007
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 16 -
émotions fortes suites à une expérience particulière à laquelle il s‟est identifié et qu‟il a
assimilé et qu‟il est plus aisé de cultiver pour une image à forte valeur ajoutée.
2.1.3. Marques de luxe et marques à forte valeur ajoutée
Le luxe aujourd‟hui a changé de façon d‟être. Ce n‟est plus tant un moyen de
paraître aux yeux des autres, qu‟une consommation égoïste, visant l‟autosatisfaction du
consommateur.21
Le concept même de luxe, de marque de luxe, ou même d‟industrie du
luxe n‟est pas clair. Il existe autant de définitions du luxe que de versions du dictionnaire.
Par essence même, le luxe n‟est pas définissable. Historiquement, ses racines remontent au
Moyen-âge, aux « articles de Paris » confectionnés par les orfèvres de la capitale, grâce à
un savoir-faire unique et un travail d‟artisan hors du commun.22
De nos jours, luxe
classique (ex : Hermès), luxe moderne (ex : Chanel) et luxe contemporain (ex : Ralph
Lauren) se côtoient et scindent les définitions jusqu‟alors établies en différentes approches
du luxe.23
Encore aujourd‟hui l‟on peut se rendre compte que la frontière entre maisons de
luxe au sens de la France, à savoir Luxe classique, franco-français, à la base de toute idée
dominante du luxe (n‟est de luxe que la France) et les maisons à forte valeur ajoutée, où le
culte de l‟identité de marque va bien plus loin que la grande consommation, n‟est pas
tranchée. Plusieurs ouvrages discutant de l‟essence même du luxe s‟interrogent notamment
sur le cas de Ralph Lauren et de Cartier, qui pour cette dernière, n‟a pas été reconnue par le
Comité Colbert avant bon nombre d‟années, alors que Lacoste en faisait déjà partie. L‟idée
intéressante est ici que ces marques, qu‟elles soient dites luxueuses, ou haut de gamme et à
forte valeur ajoutée jouissent ostensiblement des mêmes codes marketing et
communication.
Il est d‟ailleurs intéressant de noter que pour différencier une marque que nous
appellerons in fine « à forte valeur ajoutée » d‟une marque de distribution le concept de
21
STEPHANE TRUCHI, BENOIT TRANZER, LAURENCE NOUGARO-SOUBRANE, Le marketing du luxe,
enjeux pour les marques en 2006 22
Des métiers d‟arts et l‟industrie du luxe en France ou la victoire du marketing sur la création. 23
MARIE-CLAUDE SICARD, Luxe, mensonges et marketing
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 17 -
rosace de marque a été créé24
. Cette rosace se compose de 7 pôles de la méthode de
l‟empreinte :
- le pôle physique : la place des produits
- le pôle du temps : l‟ancrage de la marque dans le passé, le futur, ou l‟intemporalité
- le pôle de l’espace : les lieux symboliques où contact et démonstration ne font pas
bon ménage
- le pôle des normes : l‟implicite, la magie, ostentation ou prestige
- le pôle des positions : supériorité ou symétrique de la marque dans son univers
concurrentiel et marchand
- le pôle des projets : création, excellence technique, perfection, savoir, immortalité
- le pôle des relations : classique et modernes jouent sur des relations
contradictoirement émotionnelles et inaccessibles, alors que le contemporain joue
sur une gamme de relations froides.
Cette rosace de la marque est aussi utilisée en grande consommation, comme outils
de comparaison de viabilité et d‟efficacité entre deux produits similaires.
Le luxe est donc pétri de contradictions.25
La première contradiction est que le
marketing du luxe (ou, nous l‟avons vu, des marques à forte valeur ajoutée) est pauvre de
tout concept qui lui est propre, et s‟inspire à quelques exceptions près du marketing de la
grande distribution. C’est le couple [produit+imaginaire] qui pré-pondère, avec une
dimension « imaginaire » plus prononcée et travaillée pour les marques à forte valeur
ajoutée. La deuxième contradiction est que le « marketing du luxe, quand il existe, a
tendance à se renier lui-même ». En effet, à force de clichés préétablis, le luxe s‟interdit
d‟utiliser les mêmes règles de marketing que la grande consommation, et cela passe aussi
par Internet !
Les marques de luxe et par dérivation celles à forte valeur ajoutée accusent un
retard certain sur le milieu virtuel du web, alors qu‟elles se targuent de vouloir rajeunir leur
cible, mais aussi leur image de marque (cf : le cas de Dior). Qu‟en est-il de la place de cet
outil marketing et communication fort qu‟utilisent à raison la grande distribution, mais que
boudent à tort les marques à forte valeur ajoutée ? MARIE-CLAUDE SICARD prend
d‟ailleurs le cas de Veuve Clicquot, Heidsieck, Hennessy, Taittinger ou encore
Moët&Chandon. Ces maisons abondent d‟histoires, de potentiel aspirationnel et imaginaire
24
MARIE-CLAUDE SICARD, Luxe, mensonge et marketing 25
BERNARD DUBOIS
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 18 -
qu‟il est bon d‟utiliser à condition de surmonter cette fausse pudeur et de communiquer à
l‟aide de moyens modernes comme le fait Hennessy. Ce livre a été écrit en 2003. Force est
de constater que sur les marques suscitées, seule Hennessy tire son épingle du jeu sur
Internet.
Il apparaît clairement que la frontière entre marque à forte valeur ajoutée et marque
de luxe est floue26
. Certains auteurs créent le concept de demi-luxe qui s‟apparente à ces
marques qui rentrent difficilement dans des cases27
. L‟industrialisation du luxe,
l‟avènement de grands groupes tels que L.V.M.H. (Louis Vuitton Moët Hennessy) ou
Vranken notamment dans le paysage champenois et bordelais laissent planer nombre de
craintes quand à l‟essence même du produit créé, aussi ancestral et artisanal soit-il. C‟est
en 1980 que le les vins et spiritueux de luxe se vulgarisent et font leur entrée en grandes
surfaces. S‟en suivent les stratégies marketing des foires aux vins et autres offres
promotionnelles. C‟est donc en quelques sortes, d‟après Marc DE FERRIÈRE LE VAYER
le marketing qui tend à modifier les frontières d‟un monde déjà bien flou. Les champagnes,
vins et spiritueux tendent à être considérés comme demi-luxe dès lors qu‟on émet
l‟hypothèse qu‟un produit de luxe ne peut être vendu en grande distribution. Dans ce
concept de demi-luxe s‟inscrivent à leur tour les marques telles que Ralph Lauren ou
Lacoste, même si ces dernières, au même titre, par exemple que Veuve Clicquot Ponsardin,
sont inscrites parmi la prestigieuse liste du Comité Colbert28
.
L‟offre des produits de luxe tend donc à devenir plus « massive ». On privilégie la
logique financière et marketing au détriment des dimensions artisanales et familiales
d‟origine. On adopte les pratiques du « mass marketing ». Cependant, côté demande, le
consommateur souhaite que les marques de luxe, premium, in fine à forte valeur ajoutée les
séduisent en utilisant des leviers émotionnels que le mass-marketing peut d‟ores et déjà
utiliser. Face à cette double « mass-marketisation », les marques doivent donc revenir à
l‟essence même de ce qui fait leur forte valeur ajoutée.
- « Pérenniser la vision de la marque, la rendre lisible par ses actes et sur –exprimer
ses codes identitaires ». Cela passe par la réaffirmation de la vision de la marque, la
26
Jean-Claude BRONNER, Claude REININGER, Michel ROUGET, JaumeTAPIES, Jean-Claude DAUMAS,
Marc DE FERRIÈRE LE VAYER et Mathias BÉJEAN, Le luxe aujourd‟hui 27
Des métiers d‟arts à l‟industrie du luxe français ou la victoire du marketing sur la création 28
Annexe 5
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 19 -
re-sacralisation du métier, la sublimation des codes identitaires et la dotation d‟une
sémantique propre au luxe.
- « S‟intéresser à son client non pas comme un acheteur, mais comme un initié
faisant partie du cercle de la marque »
- « Surinvestir ce média essentiel qu‟est le point de vente. L‟acte d‟achat lui-même
ne doit plus être un plaisir honorifique mais un plaisir passant par l‟émotion, les
sens et l‟expérience ; un voyage initiatique au cœur de la marque »
Le consommateur est de plus en plus à la recherche de la rationalité de la marque, des
preuves concrètes gages de qualité et de savoir-faire…
C‟est l‟émergence du « Me Power », qui place le consommateur au centre de la stratégie
des marques, qui visent à le séduire, créer un lien interactif émotionnel entre elles et lui,
pour le fidéliser in fine.29
L‟approche de HOOLBROCK et HIRSCHMAN révèle que la
dimension émotionnelle doit être toujours présente et que les marques dont la variable
« imaginaire » du couple [produit+imaginaire]30
est plus développée se doivent de cultiver
l‟émotionnel et le sensoriel afin de se différencier des marques du mass-premium. Il s‟agit
de créer des univers intimement et intensément liés à la marque.
Pour conclure, les approches marketing et communication des marques à forte
valeur ajoutée empruntent les codes du luxe. La frontière entre le luxe et le demi-luxe est
flou et réside essentiellement dans la perception du consommateur quant aux canaux de
distribution choisis et aux modes de productions et d‟industrialisation développés. En ce
sens, le demi-luxe se veut être l‟ombrelle des marques prestigieuses qui n‟ont pas trouvé
grâce aux yeux de tous au sein du luxe, mais lui emprunte les mêmes particularités comme
celles liées à l‟image de marque.
2.1.4. L’image de marque comme facteur déterminant d’une marque à forte
valeur ajoutée
Le vocabulaire marketing qui tourne autour de l‟image de la marque, de l‟entreprise
et de la perception de cette même entreprise, de cette même marque par les différentes
29
Stéphane TRUCHI, Benoît TRANZER, Laurence NOUGARO-SOUBRANE, le marketing du luxe, enjeux
pour les marques en 2006 30
MARIE-CLAUDE SICARD, Luxe, mensonges et marketing
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 20 -
parties prenantes est flou. Les termes se mélangent et il est difficile d‟en tirer une idée
claire, afin de mener des études approfondies sur le sujet. BROWN et ses collègues ont
tenté d‟identifier clairement les définitions de plusieurs termes techniques en 2006. Des
études importantes ont été menées sur le thème de la réputation institutionnelle, mais peu
ont été faites sur l‟image et l‟identité. Ces deux concepts font appel à la perception que les
organisations ont d‟elles-mêmes et la perception qu‟elles voudraient transmettre aux autres
parties prenantes, plus que ce que les différentes parties prenantes peuvent penser31
.
HOGGAN (1991) a soulevé deux définitions du terme « identité », une identité
personnelle : ce que l‟organisation peut dire d‟elle-même, et une identité communautariste,
ou la perception, les évocations, les associations, les représentations mentales des autres
sur l‟organisation. Cette dernière est l‟image de marque.32
Une des plus importantes décisions stratégiques que les directions institutionnelles
doivent étudier concerne le positionnement et la perception de l‟organisation dans l‟esprit
de certaines parties prenantes prescriptrices. L‟image que souhaite véhiculer l‟organisation
à ses parties prenantes peut être véritablement différente de l‟image perçue par ces
derniers, à savoir l‟image de marque. Il apparaît essentiel que l‟organisation procède à un
travail approfondi sur ses outils de positionnement et les différentes caractéristiques qui le
compose par lesquelles elle souhaite être identifiée. Le cas contraire, le risque d‟être perçu
négativement par la cible choisie peut entraîner des répercutions dévastatrices quant à
l‟image de la marque.
L‟image des marques à forte valeur ajoutée a fortement évolué lorsque le luxe a
évolué d‟une dimension culturelle à une dimension de consumérisme. Les groupes
financiers, les holdings ont aidé à passer outre cette difficulté d‟adaptation car ils ont jugé
que « le patrimoine culturel et social des marques était une assurance de réussite et
donnait une caution suffisante aux maisons de luxe pour progresser. »33
Ce patrimoine
comprend l‟image de marque, qui apparaît comme le bien le plus précieux de toute marque
de luxe et/ou à forte valeur ajoutée, car le luxe apparaît comme le secteur producteur de
prestige et de valeur ajoutée.
31
PITT et PAPANIA, In the words : managerial approaches to exploring corporate intended image through
content analysis, Journal of General Management, 2007 32
Mercator Publicitor 33
CHIROUZE et DEREUMAUX, les nouveaux défis du marketing, 2001
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 21 -
L‟image de marque apparaît comme l‟outil de promotion par excellence mais aussi
et surtout l‟outil de différenciation des marques à forte valeur ajoutée entre elles.
L‟image de marque est ici décrite comme « le besoin ostentatoire assouvi lors de l’achat
d’un produit de luxe »34
. Cela tient au fait que le consommateur s‟identifie à une élite
sociale privilégiée qui partage les mêmes signes particuliers de reconnaissance.
L‟image de marque est donc liée à la fidélité du consommateur à cette même
marque. Les recherches d‟AACKER en 1997 mettent en exergue le lien entre variables
émotionnelles comme l‟attachement ou la personnalité de la marque avec le
consommateur. C‟est ici un système identitaire pour le consommateur afin de se
positionner par rapport aux autres mais aussi par rapport à lui-même.35
Pour HEIBRUNN
(2001), l‟attachement du consommateur à une marque se traduit par une image de marque
forte et tissée d‟un lien émotionnel et affectif entre les différentes parties prenantes.36
HEIBRUNN identifie six racines qui relient le consommateur à la marque : les variables
psychologiques liées à l‟individu, objectivement mesurables liées à la situation de la
marque, la perception psychologique de la marque par le consommateur, la catégorie de
produits, la genèse dans la relation consommateur-marque et la situation affective du
consommateur.37
Les fondements de l‟image reposent sur des paradoxes propres au luxe que la
marque doit entretenir : un certain équilibre entre tradition et modernité, sobriété et éclat.
L‟entreprise du luxe réside donc dans son habilité à produire une image. Comme la
différenciation des produits du luxe n‟est pas à chaque fois possible, elle passe par les
attentes du consommateur qui cherche un accès « à un autre monde ». Le plaisir passe dans
l‟acte d‟achat lui-même, comme ouverture vers un monde particulier, immatériel, un
univers idéal et d‟exception, parfois même onirique comme aiment à le clamer les marques
de luxe elles-mêmes, qui se disent créatrices de rêves.38
La marque doit être associée à un univers de mots, d‟images et de sentiments ainsi
qu‟une représentation sociale recherchée. C‟est cette assimilation d‟idées qui fait d‟une
34
DEREUMAUX, Le luxe et l‟image de marque, 2007 35
LACOEUILLE, 2000 36
FATMA SMAOUI, Les déterminants de l‟attachement émotionnel à la marque : Effets des variables
relationnelles et des variables relatives au produit, 7ème
congrès des tendances marketing, 2008 37
MATTHEW THOMSON, DEBORAH J. MACINNIS, C. WHAN PARK, Les liens attachants : mesurer la
force de l‟attachement émotionnel des consommateurs à la marque, 2005 38
Chirouze et Dereumaux, Les nouveaux défis du marketing, 2001
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 22 -
marque une marque à forte valeur ajoutée, voire une marque de luxe. Cette assimilation se
construit par la marque à tout moment, en relation entre le marketing et la communication.
L‟image de marque dépend donc de plusieurs critères : la garantie, la signature, la
notoriété, l‟image, la fidélité, la durée, la pérennité et l‟adaptation au marché.39
Notons que
ces critères se retrouvent souvent dans les marques patronymiques à forte valeur ajoutée,
comme, dans le cas des maisons de vins et spiritueux, chez Veuve Clicquot Ponsardin,
Moët&Chandon, Perrier Joët, Hennessy, Rémy Martin, Krug, Pommery, Yquem… Ces
marques patronymiques ont un avantage qui réside en leur nom. Elles jouissent d‟une
sensibilité tout autre aux yeux du consommateur qui peuvent de facto plus facilement
s‟identifier et s‟attacher à la marque. Le facteur fidélité est par nature mis en avant. Cet
attachement émotionnel (AE) est intense pour une quantité infime de produits et de
marques. Mais ces marques suivront le consommateur durant toute son existence.40
C‟est
ce qu‟on appelle le Brand Effect, selon MATZLER et al (2006). L‟image de marque est
donc la perception d‟un produit par le consommateur à travers une image « subjective »
cultivée par la marque.
2.2. LA PLACE DE L’OUTIL INTERNET DANS LES STRATEGIES DE
COMMUNICATION DE MARQUE
2.2.1. Internet est un nouvel outil de communication qui prend de
l’importance
Internet se présente comme le futur de la communication marketing (GHOSE and
DO, 1998) car il offre la possibilité d‟accéder à de nombreuses informations, tout en créant
un univers expérientiel de ses produits pour l‟internaute. (KLEIN 2003). La communication
sur Internet est assimilée à une forme de publicité car les marqueteurs planifient à la fois le
contenu et le contenant de leur communication. (HWANG, MACMILLAN, LEE 2003 ;
SHEEHAN & DOHERTY 2001).
39
Bernard LOGIE, Dora LOGIE-NAVILLE, Leur nom est une marque, 2002 40
Schouten et McAlexander, 1995
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 23 -
D‟après The Elaboration Likelihood Model (ELM)41
, le traitement de l‟information
par le consommateur est étroitement lié à la qualité de l‟information sur le site ainsi que la
durée d‟exposition. Les études qui reprennent ce modèle tendent à démontrer le travail
cognitif que cela implique pour l‟individu. Les réponses individuelles cognitives qui en
émergent sont définies comme les pensées et comportements émergeants durant le
processus d‟élaboration. (MEYER-LEVY et MALAVIYA 1999).
L‟interaction entre la marque et son internaute via le site web est affectée par
l‟atomicité de trois raisons exogènes. La première raison est l‟augmentation de la
participation de l‟interactivité et de la signification de la présence de l‟internaute qui
conduisent à la persuasion42
. Seconde raison : l‟internaute est exposé à une communication
interactive qu‟il peut contrôler à tout moment, que ce soit sa diffusion, ou encore son flux
d‟information. Ce contrôle augmente le plaisir que ressent l‟internaute au moment même
de l‟événement43
qui conduit probablement l‟internaute à une meilleure évaluation du
contenu. La troisième raison réside, quant à elle, dans le seul fait que l‟interactivité elle-
même constitue un élément distinctif qui rend la communication plus attrayante.
L‟exposition des produits sur Internet via une communication interactive émanant des
entreprise produit aussi un effet certain quant aux avantages et aux points forts de ces
produits, car le flux d‟information est contrôlé directement par la marque, et non une tierce
personne extérieure. 44
Notons que la réponse de l‟internaute à des stimuli expérientiels dépend aussi du
NFC (Need For Cognition), qui tend à dresser un portrait dichotomique de la population
virtuelle : les NFC + qui ont tendance à rechercher la stimulation intellectuelle, et les NFC
– qui ne chercheront pas un flux massif d‟informations, mais qui se laisseront séduire par
l‟environnement design d‟un site. Les marqueteurs doivent donc prendre en considération
ces deux volets de la population pour travailler à la fois le contenu (flux d‟information) et
l‟habit du site (l‟environnement design).
L‟analyse de la communication est donc intéressante sur Internet car « L’utilisation de
l’information sur Internet est compatible avec l’image que construisent les organisations à
41
PETTY, CACIPPO et SCHUMMAN, 1983 42
LOMBARD et SNYDER-DUCH 2001 43
HOFFMAN et NOVAK, 1996 44
Maria SICILIA, Salvador RUIZ, Jose L. MUNUERA, Effects of interactivity in a web site – The moderating
effect of need for cognition, Journal of Advertising, 2005
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 24 -
travers une communication délibérément orientée sur leur identité »45
. Internet présente la
particularité d‟exporter le marketing dans toutes les géographies imaginables. De plus pour
appuyer la nécessité de cultiver une image forte, LIU, en 2003 a mis en exergue la possibilité
de la mesure de l‟interactivité sur Internet, puis STEWART et PAVLOU en 2002, l‟interaction
comme une mesure efficiente de ce média. Afin de travailler la personnalité des marques, leur
positionnement donc, AACKER (1997) a mis à jour 42 points formant le Brand Personality
Scale (BPS) qui se base sur 5 dimensions clé : « Sincerity, Excitement, Competence,
Sophistication, Ruggedness ».
Même s‟il apparaît qu‟Internet prend toute son ampleur dans les stratégies de
communication des marques, certaines recherches tendent tout de même à pallier le
manque de recherches faites sur le médium Internet et ses effets sur l‟image de marque
d‟une compagnie. Cette image de marque est appelée ici CBI (Corporate Brand Image)
(MARRILEES and FRY, 2002).
Le CBI doit être perçu comme un terme et un élément propre à la réputation
institutionnelle d‟une marque. (FOMBRUN – 1996, CHERNATONY -1999) et dépend de
plusieurs facteurs comme les biens que la société produit, les actions qu‟elle mène et la
manière dont elle communique avec les consommateurs. C‟est en partie la perception des
consommateurs qui forge la réputation d‟une image de marque. La publicité joue un rôle
dominant dans la perception de la marque par le consommateur. C‟est en réponse à des
stimuli émis par la publicité de la marque que le consommateur sera influencé dans ses
perceptions de l‟image de la marque. D‟après AAKER (1991), l‟image de marque aide les
entreprises à créer de la valeur. Le CBI peut donc être vu comme un élément émotionnel
intrinsèque aux valeurs, associé à l‟expérience de la marque.
L‟étude46
tend à démontrer qu‟Internet est un média qui doit être considéré à sa
juste valeur et prendre une place importante dans la stratégie marketing de la marque, sans
pour autant différer d‟une stratégie préalablement établie. C‟est un support. Le CBI offline
et online apparaissent comme différents car non basés sur les mêmes caractéristiques : le
online CBI est basé sur l’agréabilité, l‟innovation, les compétences, le chic et l’absence
de formalité ; le offline CBI se base sur 4 dimensions : agréabilité, entreprise,
45
LAMERTZ et al., 2005 46
S. F. SYED AKWI, R. V. DA SILVA, Online and offline Corporate Brand Images : do they differ ?,
Corporate Reputation Review, 2007
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 25 -
compétence et chic. Le « chic » sera une dimension à mettre extrêmement en avant pour
les marques à forte valeur ajoutée.
Ainsi Internet devient un médium de communication incontournable dans la course
aux NTIC. Plus qu‟un support, c‟est aussi un parti pris qui doit concilier la juste quantité
d‟information et l‟agréabilité du support de communication lui-même. Les marques l‟ont
bien compris : Internet est incontournable pour dépasser les frontières et toucher toujours
plus de consommateurs.
2.2.2. Les sites Internet sont élaborés suivant différents critères bien
précis
Comme nous l‟avons vu précédemment, au travers, le CBI de MARRILEES and
FRY se doit de respecter cinq dimensions lorsqu‟il est dit CBI online. Ces cinq dimensions
sont, pour rappel, l’agréabilité, l‟innovation, les compétences, le chic et l’absence de
formalité.
Déjà l‟approche du médium Internet impose une élaboration des sites de marques
selon plusieurs critères préalablement établis. Il paraît évident qu‟une communication
quelle qu‟elle soit ne peut être laissée à elle-même. Une étude scientifique47
tend à
démontrer que les sites Internet de marques de services s‟orientent vers une culture de
l‟image de marque, tandis que les sites Internet des marques de produits cherchent à
fidéliser le consommateur en l‟amusant via des interactions.
Afin d‟augmenter le capital de séduction, de travailler toujours mieux l‟image de
marque et la valeur de celle-ci, les marques créent des sites Internet au design étudié, que
l‟on appelle les « sites de marque » (ARGYRIOU, KITCHEN et MELEWAR, 2006).
En premier lieu, les sites de marques sont une excellente plate forme pour créer et stimuler
de vrais rapports entre marque et consommateur par le biais d‟une communication
continue48
. De surcroit, la mise en place de sites de marque performants octroie aux
marqueteurs un meilleur contrôle en leur donnant une plus grande flexibilité quant aux
47
W. DOU, S. KRISHNAMURTHY, Using brand websites to build brands online : a product versus service
brand comparison, Journal of Advertising Research, 2007 48
CHRISTODOULIDES, CHERNATONY, 2004
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 26 -
modes de communication en ligne, via l‟analyse des variables de fréquentation des sites
Internet, du taux de clics ou encore de l‟accroissement des bases de données. Cette étude
met en exergue plusieurs critères que tout site Internet doit respecter, pour enrichir leur site
et susciter l‟intérêt du consommateur.
- l‟information textuelle,
- le multimédia,
- l‟interface et le design,
- la fidélisation de l‟internaute,
- les promotions,
- l‟interactivité,
Les points qui font défaut, et qu‟un site de marque doit développer sont avant tout
la fidélisation de l‟internaute via des sections réservées aux adeptes, aux fans, des espaces
de partage qui peuvent aussi servir à la marque comme terrain d‟enquête, des souvenirs ou
encore des recommandations de la marque. Rappelons ici que la fidélisation fait partie
intégrante de l‟image de marque d‟une entreprise, et est d‟autant plus présente chez les
marques à forte valeur ajoutée. Les promotions, pour des marques à forte valeur passent
par exemple par des sections qui permettent à l‟internaute de retrouver les produits « off
line » comme Louis Vuitton le propose dans son « City Guide », publié par l‟agence Euro
RSCG. Cela permettrait aux marques de synthétiser virtuellement leurs programmes
marketing offline49
.
Une étude50
a été effectuée sur des internautes et les résultats sont intéressants. Ils
ont du juger un site Internet selon plusieurs critères et ce qui paraît le plus important est la
navigabilité, ou le processus d‟orientation spatiale. Viennent ensuite les caractéristiques
environnementales, le plus souvent évoquées par la couleur, les animations, les sons, puis
enfin les agents virtuels ou widget / FAQ (Foire Aux Questions) qui visent à aider et
aguiller le consommateur.
Il est intéressant de noter que les couleurs remplissent tout d‟abord une fonction
utilitaire, qui sert à « retenir l’internaute le plus longtemps possible, faciliter la recherche
d’information et de lecture, faire ressortir le texte, faire gagner du temps car elles
permettent d’aller directement là où l’on veut. ». Tout comme les agents qui n‟ont pas
encore une utilité mesurée par le consommateur, mais par les professionnels, les couleurs
49
AAKER et JOACHIMSTHALER, 2000 50
J.F. LEMOINE Atmosphère des sites web marchands et réactions des internautes, Revue française du
marketing, 2008
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 27 -
doivent épouser les codes de la marque afin qu‟elles soient facilement identifiables et
homogènes. Les éléments environnementaux donnent au consommateur l‟envie de rester
sur le site, un des buts recherchés par les communicants, avec la hausse de la fréquentation,
essentiellement par visiteur unique. De plus, le taux de clics est apparu comme primordial.
Toute information doit être suffisante à elle-même, ni trop longue ni trop courte, et
facilement trouvable par l‟internaute, sous risque de désintéressement et d‟agacement.
L‟interactivité permet à la marque de véhiculer facilement ses valeurs.
L‟interactivité permet aussi de rapprocher le consommateur d‟une marque et de créer un
lien affectif entre ces deux derniers, afin d‟établir un Customer Relationship Management
durable. Mais n‟oublions pas qu‟un site pauvre et mal structuré porte préjudice à la marque
et la place en recul face à la concurrence. Si le site de la marque ne répond pas aux attentes
du consommateur, cela peut entrainer l‟érosion de l‟image de la marque et influer sur les
ventes.
Le Customer Relationship Management serait apparemment lié à l‟émotion au
travers de la fidélisation51
. L‟étude de ces émotions permet aux marqueteurs de créer de la
valeur intrinsèque à leur site internet. Effectivement si l‟internaute revient plusieurs fois, se
fidélise à la marque et adhère à l‟environnement créé, il est poussé à l‟acte d‟achat. Plus
l‟environnement Internet est agréable et fluide, plus l‟image de marque sera entretenue.52
Ce qui ressort principalement est que les « facteurs de design (navigabilité du site et
accessibilité de l’offre) et d’ambiance (couleur et images/photos) [qui] génèrent le plus de
réactions émotionnelles chez l’internaute. »53
Elles apparaissent donc comme moyen potentiel de différenciation d‟une marque à
l‟autre. La création de l‟univers conforme à l‟image de marque est un travail à accomplir
pour fidéliser le consommateur sur la toile.
Notons au passage que l‟identification d‟un widget est un plus. Tout comme la
musique et les typographies qui ne présentent pas de contestation, même si elles ne sont
pas des variables importantes à part entière.
51
MATTHEW THOMSON, DEBORAH J. MACINNIS, C. WHAN PARK, Les liens attachants : mesurer la
force de l‟attachement émotionnel des consommateurs à la marque, 2005 52
J.F. LEMOINE, Atmosphère des sites web marchands et réactions des internautes, Revue française du
marketing, 2008 53
idem
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 28 -
Sur Internet, les marques à très forte valeur ajoutée accusaient un retard en termes
de e-commerce. Celui-ci s‟explique par la volonté des marques à forte valeur ajoutée de
proposer à leurs consommateurs le service le plus complet, le plus performant et de la plus
grande qualité, le plus prestigieux possible. Internet permet de travailler l‟individualisation
des relations entre consommateurs et marques54
. C‟est en quelques sortes un luxe
d‟expérience, au travers de l‟identification, la personnification, voire même la livraison,
comme l‟exemple d‟Hermès est cité, avec sa livraison de cravates dans un étui sophistiqué,
dans les trois heures qui suivent la commande, partout dans Paris. Mais ce prestige virtuel
se doit donc d‟être étudié avec le plus grand soin au travers de plusieurs variables qui
posent le fondement d‟un bon site Internet de marque.
2.2.3. Les sites Internet peuvent concilier des approches marketing
différentes
L‟étude académique55
qui nous servira de support pour prouver la dimension
informative et rationnelle sur Internet se veut une étude du comportement des
consommateurs sur Internet face à une variable externe, qu‟est le fond design et graphique,
appelé ici „prime‟. L‟étude porte sur un échantillon d‟étudiants non diplômés d‟une
université américaine. L‟échantillon d‟étudiants est composé de novices et d‟experts (quant
aux produits étudiés).
L‟impact du graphisme de la trame, et de son design n‟est pas une variable
subliminale car ouvertement proposée aux yeux du consommateur. Cependant les impacts
qu‟il peut avoir sur le comportement du consommateur semblent être inconscients, car
aucune des personnes interrogées ne reconnaît l‟impact que peut avoir ce facteur.
L‟étude propose un même produit avec un fond graphique différent qui sous entend
par exemple la sécurité, pour une voiture (un fond orange et rouge avec des flammes) et
une économie d‟argent pour un véhicule peu cher (un fond avec des pièces).
Les novices, ceux qui ne connaissent pas le produit, basent donc leur à priori sur ce que le
fond propose. Ils basent leur recherche d‟information sur tout le site en fonction du
stimulus reçu lors de cette première confrontation au „prime‟.
54
Un luxe d‟expérience, Média de la Performance Client, La Poste, 2007 55
N. MANDEL, E.J. JOHNSON, When web pages influence choice : effects of visual primes on experts and
novices, Journal of consumer Research, 2002
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 29 -
A l‟instar des novices, les experts, eux, ne prêtent quasi pas attention à la trame
dans le choix de leur produit. Ils connaissent les fondements intrinsèques de chaque
produit. Leur recherche sera aussi orientée d‟une façon moindre vers ce que le „prime‟ leur
inspire, mais leur recherche d‟information ne sera donc pas basée sur cette proposition,
contrairement aux novices qui accordent plus d‟importance à l‟impact de stimuli extérieurs
que les experts qui eux, accordent plus d‟importance à leur connaissance du produit.
Cette première étude prouve que l‟approche du consommateur sur Internet est rationnelle
et informative. La part du subconscient est légère et n‟interfère que moyennement dans la
prise de connaissance de l‟information et, in fine, dans l‟acte de consommation lui-même.
L‟émotion sur Internet est aussi réelle. Elle est apparentée à une variable
irrationnelle. Mais le rationnel doit aussi être pris en compte, notamment au travers des
taux de clics, des accessibilités des pages, qui visent au confort de navigation du
consommateur. Si l‟émotion provoquée est forte et ne correspond pas à l‟idée que se fait le
consommateur une fois qu‟il découvre réellement le produit, sa forte émotion positive peut
se transformer en forte émotion négative.56
Il doit donc y avoir une concordance entre
réalité et virtualité.
L‟attitude des consommateurs, quant à elle, doit être en adéquation avec le but fixé
par les marqueteurs en termes d‟impact émotionnel, sous peine de provoquer la confusion
et de devenir néfaste pour la marque et son image.
L‟article57
met en relief l‟importance du processus stratégique expérientiel qui fait
appel au cœur et non à la tête des consommateurs. Plus la valeur du produit est importante
aux yeux du consommateur, plus son émotion sera déraisonnée et ressentie, sans fort appel
à son système cognitif. Cela reste toute de même subjectif.
Les auteurs avancent donc la nécessité d‟une stratégie du processus heuristique (art
d‟inventer, de faire des découvertes), afin de séduire l‟internaute de façon autonome et
personnelle.
Le modèle de communication proposé dans l‟article58
est basé sur l‟intensité
émotive, définie comme la quantité d‟information contenue dans un site Web qui permet à
56
SADARANGANI PRADIP HIRA, GAUR SANJAYA S. , “Being More Effective on the World Wild Web: A
Communication Model”, IIMB Management Review, June 2004 57
idem 58
idem
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 30 -
l‟individu de s‟approprier de façon subjective le positionnement préconisé de la marque, et
sur le « product involvement » ou la perception de la différence des attributs d‟un produit,
de l‟importance de l‟engagement dans le choix de ce produit. Il s‟agit de la pertinence
perçue par une personne de l'objet basé sur des besoins, des valeurs, et des intérêts
inhérents. Le modèle prône l‟idée que l‟intensité émotive d‟un site Web impacte fortement
le consommateur et son attitude face à la marque lorsque le « product involvement » est
élevé (BATRA et RAY).
Enfin, une émotion créée sur Internet persiste dans l‟esprit du consommateur plus
d‟une semaine après l‟impact. Cela prouve que les émotions ressenties lors d‟une
expérience sur Internet marquent à long terme le consommateur et in fine permettent à la
marque d‟exister et perdurer plus longtemps chez le consommateur que si elle n‟avait pas
développé d‟expérience.
Sur Internet, différentes approches marketing peuvent donc se mêler : l‟approche
rationnelle et informative et l‟approche irrationnelle, émotionnelle et expérientielle.
Internet est donc un médium de communication hors du commun qui permet de toucher le
consommateur chez lui, à tout moment, en utilisant une stratégie globale qui reflète
l‟image même de la marque.
2.2.4. Les sites de marque des marques à forte valeur ajoutée ne sont pas
tous performants
Moët Hennessy a compris l‟importance à accorder au «rich media » qu‟est Internet
dans la politique de communication des marques à forte valeur ajoutée sous son ombrelle.
Cette étude a été réalisée par le Marketing Intelligence Service de Moët Hennessy, dans
l‟optique de souligner les failles des sites Internet des marques du portefeuille de vins et
spiritueux de L.V.M.H.
La méthode de notation est binaire. Si le critère de notation est rempli, la note 1 est
attribuée. Si rien ne correspond à ce critère de notation, la note attribuée pour la marque est
de 0. Cette méthode, quoi qu‟un peu limitative, permet une vision claire des efforts à faire
dans les différentes catégories de points d‟amélioration. La méthode retenue est le « World
Best Entreprises ». Les critères de notation sont la fonctionnalité, le design, le contenu,
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 31 -
l‟originalité, le professionnalisme et l‟efficacité. Chacun de ses critères est subdivisé en 20
autres critères. Ainsi, la note maximale que peut recevoir un site Internet est de 100, la note
minimale que peut recevoir un site Internet est 0.
Sur les 45 marques à forte valeur ajoutée (les marques de luxe comme Louis
Vuitton, Gucci, mais aussi Nike, Apple, Barneys ou encore Condenast), 4 n‟ont pas été
notées. Les sites les mieux notés sont Nike et Apple avec respectivement 92 et 90 points.
Les marques de vins et spiritueux se situent à la 11, 12, 15, 19 et à partir de la 21eme place.
Notons que les marques de champagne et de spiritueux à forte valeur ajoutée sont à la
21eme, 23eme place, puis après la 29eme place. Les marques de vins et spiritueux de type
Grey Goose, Smirnoff ou Reykvodka ne sont pas des marques que l‟on qualifie de marque
à forte valeur ajoutée, pourtant elles remportent un score correct et supérieur aux marques
qui nous intéressent. L‟étude est intéressante car elle met en exergue les faiblesses des
marques qui nous intéressent sur Internet, et permet à ces dernières de s‟orienter vers
certains facteurs qu‟ils ne maîtrisent pas, afin de pouvoir y répondre favorablement, et
satisfaire toujours mieux le consommateur. Le retard des marques de W&S se situe dans la
créativité, la fidélisation et l‟originalité de leurs sites. Ils sont jugés trop complexes et
l‟information n‟est pas facilement atteignable. La technologie multimédia n‟est pas utilisée
au maximum de son potentiel et les marques ne se distinguent pas les unes des autres grâce
à leur site Internet. Ils ne reflètent ni le positionnement, ni les valeurs ni la créativité de
chacune de ses marques. Les sites sont donc considérés comme trop informatifs.
Cette étude menée par L.V.M.H. est renforcée par une étude de R.o.I. (Republic of
Ideas), un cabinet de conseil en stratégie, co-fondé par ANNY-CLAUDE LEMEUNIER et
l‟agence de publicité internationale LEO BURNETT.
Cette étude, intitulée « Sites Internet, Luxe & Champagne – Comment refléter le
statut luxe de la marque Veuve Clicquot dans un site Internet efficace et visionnaire ? » est
une guideline basée principalement sur le benchmark des sites de marques de luxe et/ou à
forte valeur ajoutée, en se basant sur des principes théoriques développés par Business
Unusual, à savoir les « World Best Entreprises » et les « Eigh Golden Rules ». Ces deux
études théoriques sont les bases de toute étude empirique, basée sur des valeurs simples :
fonctionnalité, design, contenu, originalité, professionnalisme & efficacité selon un seul
curseur : bon ou mauvais (pour « World Best Entreprises ») et Prioritise « experience »,
be consumer centric, take a decisive editorial stance, update content, importance of design,
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 32 -
important of integration, create universal sites, create consumer databases, pour les
« Eight Golden Rules ».
L‟étude est intéressante car elle ne considère pas les marques de Vins et Spiritueux
comme du luxe Über-Premium, mais une certaine forme de luxe, plus proche des marques
à forte valeur ajoutée. A chaque marque correspond un certain nombre de valeurs qu‟il faut
véhiculer sur Internet, sans tomber dans la facilité du web, comme rajeunir sa cible, ou
proposer un e-CRM ouvert à tous. Bien au contraire. Les marques à forte valeur ajoutée
doivent cultiver leur unicité et retravailler par le biais du web une relation one-to-one
privilégiée. Pour se faire, R.o.I. propose de créer des Clubs très privés, aux antipodes des
communautés d‟aficionados ouvertes à tous. La cible que propose Internet peut être aussi
intéressante pour ses marques, car Internet propose des opportunités de ciblage homme,
jeunes urbains, hyperactifs, seniors, et/ou mode de vie différent (loin des métropoles).
R.o.I. benchmarke les sites web de marques de luxe, comme Chanel, Hermès, Prada ou
Van Cleef & Arpels, afin d‟en tirer la quintessence de leur positionnement sur la toile.
Ainsi Chanel reste Chanel au travers le temps, Prada souligne sont talent créateur, Hermès
sa sophistication et son originalité, Van Cleef & Arpels leur onirisme éblouissant… Même
Nespresso est étudié, sous le côté glamour et marchand. R.o.I. passe en revue les
nouveautés apportées par Internet ainsi que les sites Internet des grandes marques de
champagne comme Dom Pérignon, Moët&Chandon, Laurent-Perrier ou encore Roederer
ou Hennessy. Ces sites sont comparés à celui de Veuve Clicquot, et critiqués ouvertement
sur leurs failles et leur manque d‟originalité, du manque de cette rigueur que l‟on prête à
ces marques à forte valeur ajoutée, en bref : leur retard flagrant parmi les marques de leurs
paires, et quelles seraient les guidelines à respecter par VCP pour cultiver sa prestigieuse
image de marque sur Internet.
2.3. L’EXPERIENCE VECUE PAR LE CONSOMMATEUR SUR INTERNET
2.3.1. L’émotion peut aussi être ressentie virtuellement
Nous avons abordé précédemment l‟importance du marketing expérientiel dans les
approches au consommateur de nos jours et l‟émotion qui découle de cette pratique. Il
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 33 -
semble judicieux de nous questionner sur la possibilité d‟appliquer à Internet une approche
expérientielle au travers de laquelle l‟internaute ressentirait diverses émotions.
L‟étude des émotions dans le marketing tend à faire la différence entre émotion,
état d‟esprit, affect, et attitude.59
COHEN et ARENI (1991) distinguent l‟émotion de l‟état
d‟esprit, du ressenti par le fait que l‟émotion est plus intense, et répond à des stimuli
spécifiques. Les émotions sont de courte durée, alors que l‟état d‟esprit s‟inscrit dans le
temps.
Certains chercheurs comme LEONG, HUANG et STANNERS sont sceptiques quant
à l‟idée de créer de l‟émotion, sensation humaine par excellence, à travers un monde
virtuel. Mais il s‟agit bien ici de la richesse du média, plus que les médias traditionnels qui
peut créer un potentiel émotif par la combinaison de mots, de photos, de sons60
afin de
forger un lien et une interaction entre marque et individu comme le soutient LINDSTROM
en 1999.
L‟étude de LEONG, HUANG et STANNERS montre que les internautes peuvent
ressentir plusieurs émotions : la plus importante est le plaisir, puis le contentement, la
détente, la colère puis l‟ennui.61
L‟exemple de BMW est un cas d‟école. Les acheteurs potentiels peuvent configurer
la voiture de leur rêve, peuvent se prendre à rêver en regardant en détail les différentes
conceptions de BMW depuis les trente dernières années. BMW travaille son image de
marque, et augmente la valeur propre à sa marque par le biais d‟Internet en construisant un
style de vie spécifique auquel s‟identifient volontairement ou non les consommateurs. En
bref, Internet propose pour les propriétaires de BMW d‟entretenir leur fascination pour la
marque.
L‟émotion sur un site B2C passe par six variables qu‟il faut utiliser avec
parcimonie : « vividness, interactivity, challenge, interaction speed, machine memory,
social interactions ».62
59
M.Y. JONES, M.T. SPENCE, C. VALLASTER, Creating emotions via B2C websites, 2008 60
ALLEN, 2001 61
J.F. LEMOINE Atmosphère des sites web marchands et réactions des internautes, Revue française du
marketing, 2008 62
SHIV & FEDORIKHIN, 1999, COYLE & THORSON, 2001; KLEIN, 2003;STEUER, 1992
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 34 -
Le document en annexe 6 reprend différentes actions possibles sur Internet et les émotions
qui en découlent.
L‟article avance aussi la particularité que des émotions sont à double tranchant.
Elles peuvent être bonnes comme mauvaises. Il est important de noter que le ressenti de
l‟internaute après avoir visité un site Internet n‟est pas la résultante de l‟addition de toutes
les émotions ressenties au cours de son expérience. L‟émotion qui reste le plus longtemps
gravée dans la mémoire du consommateur est la dernière émotion vécue (exemple des
happy-endings en général).
L‟atmosphère d‟un site peut influencer indirectement ou directement l‟internaute
via des réactions émotionnelles comportementales sur Internet qui découlent de
l‟expérience proposée. Sur Internet, l‟émotion découle donc bien de l‟expérience. Le cas
de la publicité en 3D sur Internet, les animations flash qui donne vie à un site Internet
statique est un cas intéressant car le but premier de la création d‟une publicité efficiente est
de rattacher les consommateurs à la marque, et séduire une cible en captant son attention,
tout en éduquant le consommateur aux produits de la marque.63
La publicité en ligne apparaît clairement comme une forme de consommation
expérientielle dont il nous faut connaître les impacts (LI, DAUGHERTY et BOCCA en
2001). Ces publicités qui appellent à l‟émotion et au ressenti du consommateur tendent à
diminuer le risque de perception du produit chez le consommateur. Les marques jouissent
de nombreux leviers afin de créer une plus grande notoriété et cultiver leur image de
marque au travers des ressentis positifs émotionnels des consommateurs en fonction des
stimuli qu‟ils rencontrent64
. La publicité tend à travailler la notoriété de la marque par le
flux d‟informations.
63
H.Y. HA, The relationships between 3-D Advertisings and Risk Perceptions on the web : The role of Brand
and Emotion, Journal of Current Issus and Research in Advertising, 2005 64
ZAJONC, 1980
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 35 -
Cette étude démontre que même si le risque est une part indissociable d‟un acte
d‟achat, (on parle ici des deux principaux risques : le risque de perception du produit et le
risque financier) il existe un lien de corrélation entre émotion créée par une marque sur
Internet via une communication 3D expérientielle et la réduction du risque de perception
du produit, car le niveau d‟intérêt que porte le consommateur à cette forme de publicité a
un impact positif sur ses attitudes (BRUNER et KUMAR, 2000).
SHANKAR, SMITH et RANGASWAMY (2000) puis KORGAONKAR et WOLIN
(2002) ont prouvé que les consommateurs qui avaient eu par le passé bon nombre
d‟expériences virtuelles sont bien plus satisfaits que les consommateurs qui n‟auraient pas
eu cette démarche, et de facto n‟auraient pas eu connaissance de ces publicités
émotionnelles expérientielles. Par contre aucun lien n‟a été mis en évidence entre le risque
financier et cette forme de communication.
Les recherches sur le comportement décisionnel du consommateur reconnaissent à
présent la nécessité de considérer à sa juste valeur le rôle de l‟affectif et l‟émotionnel pour
comprendre les décisions d‟achat et les comportements du consommateur.
Un autre concept largement utilisé de « corporate branding »65
sur Internet a été
proposé par CHERNATONY et CHRISTODOULIDES en 2004, ou la marque est un
ensemble de valeurs rationnelles et émotionnelles qui permettent aux parties prenantes
d'arriver à un compromis sur une expérience unique et très agréable.
SUPPHELLEN et NYSVEEN (2001) avancent l‟idée que dans le cas précis du site
Internet d‟une marque, les consommateurs semblent évaluer l‟image de la marque dans une
approche émotionnelle plutôt que cognitive. C‟est d‟ailleurs pour cela que les marqueteurs
travaillent ou doivent travailler sur les valeurs émotionnelles rattachées à la marque, au
travers de métaphores pour créer une personnalité à la marque, proche de celle d‟une
personne physique.
L‟émotion sur Internet est un vaste sujet qu‟il est difficile d‟étudier. Elle va jusqu‟à
proposer au consommateur une consommation virtuelle du produit. Elle est indéniablement
ressentie par le consommateur au travers d‟une communication Internet expérientielle qui se
veut proche d‟une personne physique. L‟expérience sur Internet éveille des émotions chez
l‟internaute qui jouent un rôle déterminant dans la perception de l‟image de marque d‟une
65
S. F. SYED AKWI, R. V. DA SILVA, Online and offline Corporate Brand Images : do they differ ?,
Corporate Reputation Review, 2007
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 36 -
entreprise ou encore l‟acte d‟achat en lui-même. Les recherches empiriques sur le sujet ont
nettement mis en exergue la possibilité de ressentir des émotions sur le web, soit par la
méthode S-O-R, soit par la théorie optimale des flux66
qui souligne de fortes similitudes entre
les flux expérientiels et émotionnels d‟un individu dans un milieu réel et dans un milieu
virtuel. HOFFMAN et NOVAK (1996) définissent cette expérience comme « l’état qui
apparaît durant la navigation, se caractérisant par une séquence ininterrompue de réponses
facilitées par l’interactivité de la machine, intrinsèquement agréable, accompagnée d’une
perte de la conscience de soi et d’un auto-renforcement »67
Même si l‟émotion, pour certains
chercheurs, reste humaine, elle peut néanmoins être ressentie par un consommateur
physiquement humain par le biais d‟une expérience virtuelle et totalement imaginaire. Internet
s‟impose donc comme un médium de communication largement porteur de valeur ajoutée.
2.3.2. Les relations numériques individu-marque
Le consommateur appréhende le monde d‟une nouvelle façon via Internet. « La
proximité technologique provoque un surinvestissement de l’immédiat sans recul, sans esprit
critique où en face de son écran, le corps s’efface progressivement pour laisser place à un
sujet « machinal » en recherche de satisfactions partielles et momentanées ».68
Une nouvelle logique économique virtuelle basée sur l‟immatériel (LEVY et JOUYET, 2006)
s‟appuie sur une relation, des liens interactifs entre marque et consommateur (MAURIAC et
al, 1999). Cette approche est basée sur une logique de service « quasi universelle » mais aussi
une compétence et une performance des entreprises sur Internet qui se fonde sur
« l’expérience promise ou pressentie par le consommateur plutôt que le produit stricto
sensu ».69
Il existe quatre facteurs qui rapprochent l‟internaute des marques sur le web :70
- La création de communautés, qu‟elles soient marchandes ou non marchandes, qui sont
basées sur les caractéristiques propres de l‟outil web : la connectivité, la fluidité,
l‟ubiquité, la rapidité et l‟universalité
66
CSIKSZENTMIHALYI, 1975. Dans « L‟atmosphère des sites web marchand : impact de la couleur, des
animations et de la musique sur les réponses du consommateur », Saïd Ettis, 2005 67
Idem 68
LUPIERI, 2004 69
DEBOS F., « les relations numériques individu-marque », Document numérique 2007 70
DEBOS F., « les relations numériques individu-marque », Document numérique 2007
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 37 -
- Une transparence du monde virtuel caractérisée par un accès large et incessant à
l‟information
- La connaissance du consommateur internaute qui devient un enjeu stratégique pour les
marques
L‟individu devient un véritable « consommacteur », en atteste le développement des
blogosphères, forums et web 2.0 « ascendant » d‟après TILLINAC (2006), les podcastings ou
les flux RSS (Real Simple Syndication). Les marques doivent savoir contrôler le contenu de
ces canaux de communication en devenant émetteur de sources fiables de l‟information. Les
blogs sont un moyen très intéressant de se tenir informer des courants, modes et tendances et
de l‟évolution de la perception d‟une marque chez le consommateur, même si 82% des
lecteurs ont moins de 24 ans. La blogosphère peut être intégrée aux sites, en laissant une
partie intime et protégée à l‟information de l‟internaute lui-même.
La révolution numérique est donc dans l‟air du temps. Elle s‟inscrit dans une logique
de besoin d‟interactivité éprouvé par les consommateurs et traduit donc un désir de
reconnaissance, de participation et de considération par ces derniers dans le paysage social,
économique, voire même politique. L‟individu rentre dans la « troisième génération »71
où il
cherche non pas un flux d‟informations mais un sens dans ces milliards d‟informations.
Les marques développent actuellement une « proximité relationnelle physique, intime
sinon complice qui va les renseigner sur le comportement d’achat de l’internaute et ses
pratiques sociales »72
. Face à ce que JEAN-PIERRE BAUDOUIN énonce comme étant la
fidélité des internautes à leur impatience, les marques à forte valeur ajoutée et à forte image
ont la capacité de produire régulièrement du contenu informationnel innovant et pertinent qui
répondra aux attentes de sa cible et poussera ses internautes à fréquenter assidument et plus
fréquemment le site de la marque. La fidélisation sur Internet passe donc par cette condition.
Afin d‟augmenter cette satisfaction de fidélité, les marques s‟inscrivent de plus en plus dans
une logique de création et de pénétration de la famille, de la tribu du consommateur soutenue
par une création de valeurs émotionnelles et expérientielles visant à se diversifier par rapport
aux concurrents. « La valeur ajoutée «émotionnelle » d’une marque permet d’élaborer un
véritable engagement relationnel et éthique entre le consommateur et les organisations. »73
71
CARTIER M., 2004 72
DEBOS F., « les relations numériques individu-marque », Document numérique 2007 73
DEBOS F., « les relations numériques individu-marque », Document numérique 2007
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 38 -
Les marques à forte valeur ajoutée doivent devenir des marques « guide » pour le
consommateur. Alors que l‟internaute veut de plus en plus avoir accès à la « richesse du
monde », il est de plus en plus demandeur d‟un soutien sur la toile nébuleuse du net. A partir
de leur univers sémantique riche, les marques à forte image et forte valeur ajoutée
émotionnelle peuvent donc séduire et attirer le consommateur tout en lui permettant de
conserver des repères réels. L‟identification entre l‟univers réel et virtuel de la marque par le
consommateur passera donc par un design, des symboles, une charte graphique et un langage
propre à la marque. Le « sur-mesure » est donc devenu indispensable dans l‟attente du
consommateur sur Internet. Mais trop de marques sous estiment ce « sur-mesure ». Elles
pensent qu‟un trafic d‟informations et de personnes se créera de lui-même autour de leurs
sites, alors que c‟est à la charge de la marque que de devenir un passage obligé, un créateur de
valeur ajoutée et de curiosité, d‟intérêt pour l‟internaute. D‟où la nécessité d‟un référencement
pertinent au sein des moteurs de recherche.
L‟émergence d‟une relation numérique individu-marque qui décoche de l‟approche
traditionnelle met fin à la logique impérialiste des marques et les forcent à instaurer un
dialogue et une communication sur-mesure, one-to-one, pour devenir une marque repère dans
le paysage virtuel et émotionnel du consommateur.
Comme le souligne FRANCK DEBOS, « l’interactivité va inciter l’entreprise à revoir
ses méthodes de qualification du consommateur, entre masse anonyme indifférenciée et utopie
individualisante ingérable commercialement. »74
2.3.3. Une personnalisation virtuelle qui sied au consommateur
Internet constitue un point d‟encrage entre marques à forte valeur ajoutée et
consommateurs. Plus de 85% des consommateurs de ces marques consultent les sites sur
Internet avant l‟acte d‟achat75
. Certaines marques à forte valeur ajoutée sont devenues des
emblèmes sur Internet, tant en qualité de design que de contenu et de proposition, comme
Louis Vuitton, Chanel, BMW, Apple… L‟adaptation de la communication et la publicité
74
DEBOS F., « les relations numériques individu-marque », Document numérique 2007 75
Benchmark Group, 2007
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 39 -
sur Internet est devenue un concept clé des stratégies marketing d‟aujourd‟hui. Internet
offre une voix royale à l‟interaction des marques avec leurs consommateurs.76
Internet permet aussi aux marques autocentrées de placer au centre de leur stratégie
marketing et de communication sur la toile le consommateur, afin de créer un lien one-to-
one privilégié.77
Les NFOC (New Forms Of Communication) comprennent plusieurs
caractéristiques propres : la personnalisation, la convergence, l‟amusement/expérience,
l‟esprit communautaire, la recommandation à ses pairs et la mobilité.
La personnalisation passe tout d‟abord par l‟individualisation de l‟information. Les
marques doivent prêter une attention particulière à cette caractéristique, qui tend à
entretenir un lien privilégié entre le consommateur et sa marque favorite, au travers d‟une
navigation simple et intuitive, qui lui permettra d‟accéder le plus rapidement possible à
l‟information essentielle.
La convergence doit permettre à la marque de passer outre les barrières des médias
pour proposer à son consommateur une expérience propre à cette marque. Il n‟y a plus de
frontière entre média online et offline. Différentes variables du marketing doivent
converger vers un intérêt commun, l‟expérientiel de la marque, qu‟elles soient Buzz,
relations publiques, esprit communautariste, participatives, intuitives.
L‟amusement / l‟expérience, au travers des exemples de Prada, Kiehl‟s, Apple ou
encore Redbull est une variable de plus en plus indispensable pour se différencier de ces
concurrents. Le produit ne doit plus être uniquement placé dans une campagne de
communication, mais le consommateur doit vivre le produit au travers d‟une expérience
propre à la marque, afin qu‟il puisse lui-aussi s‟identifier à l‟essence même de l‟identité de
la marque. L‟expérientiel se trouve être une vision à long terme d‟une stratégie que les
marques à forte valeur ajoutée commencent à développer ou se doivent de développer pour
rester compétitives. L‟esprit communautariste a été bien employé par Patron (Social Club)
ou Rémy Martin sur Asmallworld, où la marque à fait la publicité du Louis XIII, où la
marque a touché un cible jeune, branchée et fortunée qui devait proposer une façon de
déguster ce produit. Le succès a été énorme et Rémy Martin a fort bien tiré parti de cet
esprit communautariste. Chaque variable doit être bien entendu en adéquation avec les
76
M. SRIVASTAVA et M. SHARMA, The role of emotional appeals in Internet Advertising, a study of the
contributing factors involved, 2008 77
New Forms of Communication and Marketing, Moët-Hennessy, 2007
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 40 -
valeurs et le positionnement des marques. La recommandation à ses pairs apparaît comme
importante dès lors que l‟on sait que le consommateur parle aux autres des expériences qui
l‟ont émotionnellement touché, positivement ou négativement. Ce qui sera dit aura raison
de l‟image de la marque, dans une moindre mesure certes, mais pourra tout de même
s‟avérer néfaste si l‟adéquation avec l‟identité de la marque n‟est pas correctement faite.
Les marques doivent s‟adapter à l‟évolution de la communication sur Internet.
Hier, elles créaient des histoires qu‟est racontaient / lançaient au consommateur
passif. Aujourd‟hui les consommateurs participent activement à une communication à
double sens entre ces derniers et la marque. La marque crée avec le consommateur des
scénarii interactifs qui les enrichissent et les ouvrent culturellement et émotionnellement.
“Brands can’t just ignore these evolutions (they were facilitated by the net but are REAL
LIFE desires and expectations)”.
La marque peut s‟adapter au consommateur au cas par cas. La cible aspirationnelle
peut être touchée plus rapidement par une communication one-to-one, où le consommateur
internaute est fidélisé à sa marque par le biais d‟un Customer Relationship Management,
de groupes privés réservé aux aficionados et qui correspond aux attentes de cette cible
aspirationnelle, afin qu‟elle se sente chez elle sur Internet. Bon nombre d‟études révèlent
l‟utilisation d‟une prise de contact émotionnelle avec l‟internaute afin de créer un lien
émotionnel unique et privilégié entre ce dernier et la marque. Elle se fixe sur les besoins
psychologiques et/ou sociaux du consommateur pour le pousser à l‟acte d‟achat. Un
consommateur lié affectivement à une marque le pousse donc, de facto, à être plus réceptif
et sensible à un produit d‟une marque, voire à la marque en général, et aux attributs qu‟elle
propose au travers de ses produits.78
CACIOPPO écrit « Emotions guide and enrich and ennoble our life: they provide
meaning to everyday existence; they render the valuation placed on life and property.79
»
C‟est pourquoi le consommateur accorde beaucoup d‟importance à une personnalisation
virtuelle qui augmentera sa satisfaction de la marque et sa fidélité à cette même marque.
Internet est donc un remarquable outil de consolidation de la relation client.80
78
M. SRIVASTAVA et M. SHARMA, The role of emotional appeals in Internet Advertising, a study of the
contributing factors involved, 2008 79
CACIOPPO, BERNTSON, LARSEN, POEHLMANN, & ITO, Designing Emotions, 2000 80
Le livre blanc du e-luxe
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 41 -
2.3.4. L’expérience virtuelle véhicule une part de rêve car elle est parfois
difficilement réalisable
L‟atmosphère d‟un site Internet, par dérivation de la définition de KOTLER est « le
développement d’environnements virtuels destinés à créer des effets positifs, tant au niveau
cognitif qu’émotionnel, chez les internautes, afin d’engendrer des réponses favorables
vis-à-vis du site (revenir sur le site, passer du temps sur le site, etc.) »81
Un site Internet suit la règle de la richesse des médias, théorie de PERROW, 1967 et
WALTHER, 1992. Un site Internet est composé de facteurs fortement pertinents (éléments
visuels, description, images, avis etc…) et faiblement pertinents comme la couleur,
l‟écriture, les animations, la musique. MEHRABIAN et RUSSEL on proposé en 1974 de
rendre compte de l‟influence de l‟environnement individuel au travers du paradigme S-O-
R (Stimulus – Organisme – Réponse)82
. Tout stimulus a un impact sur les réactions de leur
sujet, réponses, via leurs émotions, à savoir les organismes. Ce sont ces stimuli qui
agissent au travers des émotions (au nombre de trois : le plaisir, l‟excitation, la dominance)
sur l‟internaute visant à le fidéliser.
HOFFMAN et NOVAK (1996) suggèrent que le succès de cette communication en
ligne réside en la capacité des marqueteurs à créer l‟opportunité pour le consommateur de
rentrer dans un flux expérientiel. C‟est ce flux d‟expériences, celles-là mêmes qui sont
extrêmement agréables et optimales, qui pousse l‟internaute à éprouver un intérêt tout
particulier, quasi intrinsèque et intemporel pour l‟expérience qu‟il est en train de vivre.83
(CHEN, WIGAND et NILAN, 1999). Durant l‟expérience que l‟internaute vit et ressent,
plus rien d‟autre ne semble compter sur le moment. (CSIKSZENTMIHALYI 1990). Prada
exploite ce besoin de rêver et d‟intemporalité au travers d‟une expérience que le
consommateur cherche à vivre. Les valeurs d‟une marque ne sont pas ostensiblement
toutes réalisables dans la vie physique. La valeur onirique présente chez Prada tient plus du
subjectif que de la réalité. Pourtant Internet offre à la marque la possibilité de créer un
monde qu‟il est impossible de visiter dans la réalité et qui pourtant témoigne des idéaux et
des valeurs intrinsèques de la marque. Dom Perignon créé sur Internet un monde porno
chic, sulfureux et emprunt de luxure. Ces valeurs qui lui sont chères ne peuvent être
81
DAILEY, 2004 82
M.Y. JONES, M.T. SPENCE, C. VALLASTER, Creating emotions via B2C websites, 2008 83
Maria SICILIA, Salvador RUIZ, Jose L. MUNUERA, Effects of interactivity in a web site – The moderating
effect of need for cognition, Journal of Advertising, 2005
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 42 -
partagées par le consommateur dans sa vie au jour le jour. Mais Internet offre la possibilité
à ce dernier de vivre par procuration au travers d‟une histoire, d‟une expérience propre à la
marque, créée de toute pièce, tintée de réalité mais objectivement irréalisable et virtuelle, le
storytelling.
En 2004, SMITH et SIVAKUMAR ont distingué deux flux : l‟intensité et la durée de
l‟expérience sur le net. La durée n‟est pas un flux marquant à proprement parlé car il
dépend indirectement du flux d‟intensité. En effet une campagne de communication
interactive sur Internet ne marque le consommateur sur la durée que si elle est intense. A
contrario, une campagne longue mais peu intense recoupe l‟idée que les chercheurs ont
d‟un site Internet non interactif : on se lasse et on le délaisse.
L‟intensité via l‟expérience tend à séduire le consommateur et à le faire revenir
maintes et maintes fois, ce qui constitue à part entière un des buts principaux des
marqueteurs sur Internet. Cette intensité via l‟expérience constitue ce que l‟on appelle le
« flow state »84
, qui n‟est pas traduisible en français. C‟est un état d‟esprit dans lequel se
plonge toute personne concentrée et assidue, qui évolue dans un environnement qui la
déconnecte de tout stimulus extérieur, un monde virtuel dans lequel elle a la possibilité de
s‟identifier ou d‟accepter les valeurs véhiculées et enfin se laisser séduire par la marque et
son monde virtuel plus que son monde réel.
3. PROBLEMATIQUE ET HYPOTHESES
« La retranscription rigoureuse de l’environnement émotionnel d’une marque est un
élément essentiel dans l’approche d’Internet. En effet, l’image de marque est un élément très
subjectif, elle correspond à un ensemble de valeurs. Au-delà d’une approche purement
unidirectionnelle où les prospects sont les acteurs passifs d’une publicité, Internet permet aux
utilisateurs de réellement plonger dans l’univers de la marque et de faire passer un message
beaucoup plus fort. »85
84
MARIA SICILIA, SALVADOR RUIZ, JOSE L. MUNUERA, Effects of interactivity in a web site – The
moderating effect of need for cognition, Journal of Advertising, 2005 85
Le livre blanc du E Luxe, Framfab France.
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 43 -
Comme nous l‟avons évoqué, Internet offre aux marques à forte valeur ajoutée une
opportunité immense en termes de stratégie marketing. Nous n‟avons sciemment pas évoqué
la dimension e-commerce, car appliquée aux maisons de champagne & spiritueux, la
dimension e-commerce pose des problèmes juridiques dans bon nombre de pays, dus à la
personnalité même du produit (alcool).
Internet n‟agit pas comme un canal supplémentaire mais un canal complémentaire.
C‟est un outil stratégique à incorporer à une stratégie globale de la marque86
. Le
développement d‟un site de marque sur Internet doit être réalisé en étroite collaboration avec
les agents identitaires de la marque. Mais il faut prendre garde à l‟avènement d‟Internet.
Même si le consommateur recherche de plus en plus d‟informations, une marque à forte
valeur ajoutée ne doit pas risquer son image de marque et les vérités établies quant à leurs
particularités doivent se vérifier aussi sur le web. Une marque de luxe doit rester magique,
pure et mystérieuse. Elle est à même de susciter l‟envie chez le consommateur mais doit se
refuser de se livrer totalement. Internet est un moyen de planter le décor, mettre en avant les
différents protagonistes et acteurs qui forment l‟identité même de la marque et de l‟entreprise.
C‟est l‟aspect théâtral qui, à travers une expérience virtuelle, provoquera dans l‟esprit du
consommateur une déferlante d‟émotions.
Internet offre aux entreprise un formidable outil visant à connaître son consommateur,
appréhender ses envies, comprendre son comportement. La création de l‟expérience sur
Internet permet aux marques de provoquer une ou plusieurs émotions chez le consommateur,
de l‟atteindre dans sa dimension subjective et incontrôlable afin de le faire adhérer au style de
la maison, à ses valeurs et in fine le fidéliser. Donner la parole aux consommateurs permet à
la marque de tirer profit d‟une source inconsidérée d‟informations pour évoquer l‟avenir avec
plus de sérénité. C‟est donc un procédé consensuel qui s‟instaure entre la marque et le
consommateur sur le web.
Les règles du jeu sur Internet ont évolué pour les marques du secteur du luxe toutes
confondues, qu‟elles soient à forte valeur ajoutée : demi-luxe, luxe ou Über-Premium.
Nonobstant, une question reste en suspend. Nier la concurrence au sein-même de la
branche des vins & spiritueux à forte valeur ajoutée sous prétexte que du champagne reste du
champagne ou du cognac reste du cognac serait une grave erreur. Il s‟agit ici de savoir quel
86
SHARIFAH FARIDAH SYED ALWI, RUI VINHAS DA SILVA, Corporate Reputation Review, 2007
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 44 -
est l‟impact de l‟application de l‟approche marketing expérientielle sur Internet sur l‟image de
marque des Maisons de champagne et spiritueux à forte valeur ajoutée. Notre problématique
que nous nous proposons d‟étudier ici est donc :
L’EMOTION DECOULANT DE L’EXPERIENCE DU CONSOMMATEUR SUR
INTERNET PERMET-ELLE AUX MAISONS DE CHAMPAGNE ET SPIRITUEUX A
FORTE VALEUR AJOUTEE DE RENFORCER LEUR IMAGE DE MARQUE ?
L‟objectif de cette problématique est d‟analyser les différentes composantes d‟une
stratégie marketing sur Internet et le degré de créativité nécessaire qui permettraient aux
marques de champagne & spiritueux à forte valeur ajoutée de se différencier les unes et des
autres en tirant profit de leur stratégie déjà existante et en se basant sur les attentes des
consommateurs.
Les hypothèses que nous souhaitons étudier afin de répondre à cette problématique
sont les suivantes :
Hypothèse 1 : Le rationnel n‟est pas suffisant pour définir une marque forte mais il
est nécessaire.
Hypothèse 2 : Les marques fortes ont besoin d‟un historique bien ancré pour créer
l‟émotion.
Hypothèse 3 : L‟univers de la marque doit être développé et appliqué au site dans
sa totalité pour créer une expérience suffisamment marquante afin que l‟émotion
soit plus vive à travers le temps.
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 45 -
4. ETUDE EMPIRIQUE, CHOIX DES OUTILS D’ANALYSE
4.1. DESCRIPTION DE LA METHODE RETENUE
Afin d‟apporter une réponse à notre problématique et de valider ou d‟infirmer nos
hypothèses citées précédemment, un travail tant quantitatif que qualitatif sera réalisé.
Nous l‟avons vu dans notre étude liminaire, il est difficile d‟appréhender les
différentes variables émotionnelles chez le consommateur. Plusieurs auteurs ont tenté
d‟identifier tant bien que mal ces émotions et de mettre sur pied des mesures pour analyser
l‟intensité de celles-ci. Notre étude liminaire nous informe aussi sur ce que le consommateur
lambda attend de nos jours d‟Internet.
4.1.1. Une approche quantitative sur les attentes des consommateurs
Une étude quantitative sur les réactions émotives des consommateurs lors de leur
navigation sur un site Internet d‟une marque de champagne ou de spiritueux à forte valeur
ajoutée sous entend une étude sur le comportement avant, pendant et après l‟exposition au site
Internet, sur les réactions faciales et gestuelles mais aussi verbales. De plus, il est aujourd‟hui
impossible d‟obtenir une répartition fidèle de la population mondiale qui utilise
quotidiennement ou fréquemment l‟outil Internet. Des grands axes de réflexion se dessinent
cependant. Au niveau français, selon une étude réalisée par IAB (Interactive Advertising
Bureau), Ipsos et le Journal du Net, près de 53% des utilisateurs d‟Internet sont âgés de 25 à
49 ans.87
Les cibles aspirationnelles des maisons de champagne et de spiritueux à forte valeur
ajoutée sont étroitement liées à leur positionnement demi-luxe. Leurs produits sont proposés à
des prix élevés comparés à leurs concurrents. Ces marques s‟adressent donc à une population
qui n‟est pas plus jeune que 25 ans, issue de catégorie socioprofessionnelle supérieure. Les
lois nationales de consommation d‟alcool interdisent, de toutes façons, majoritairement les
jeunes de consommer de l‟alcool s‟ils sont âgés de moins de 18 voire 21 ans.
87
http://www.seoplayer.com/dossiers-search-marketing/marche-de-la-recherche-en-europe/france/profil-type-de-
linternaute-francais.html
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 46 -
Selon cette étude, réalisée par IAB, Ipsos et le Journal du Net, le profile cible de
l‟internaute français est un homme issu d‟une catégorie socioprofessionnelle supérieure
(CSP+), âgé de 25 à 49 ans.
Une enquête réalisée par Médiamétrie, révèle que environ 80% des internautes en
Europe et aux Etats-Unis ont moins de 49 ans, contre moins de 55% en France88
. De plus,
alors qu‟une faible majorité des internautes reste de sexe masculin en Europe, depuis les
années 2005 -2006, la faible majorité des internautes est devenue de sexe féminin aux Etats-
Unis. Ces statistiques évoluent d‟année en année. La répartition des internautes au sein d‟une
population nationale change d‟un continent à un autre, mais aussi d‟un pays à un autre dans le
même continent. Il nous est donc impossible de dresser un portrait type de l‟internaute au
niveau mondial.
Néanmoins, l‟individu âgé de 25 à 49 ans, issu de CSP + semble récurrent dans les
différentes statistiques que nous avons pu observer lors de nos recherches et semble
représentative des cibles des marques que nous nous voulons d‟étudier.
Notre étude quantitative89
ne serait donc pas fidèle à une représentation objective de la
population internaute mondiale, et s‟en trouverait d‟autant plus faussée qu‟une étude sur les
réactions émotionnelles n‟est pas envisageable par manque de ressources disponibles. Même
si notre anticipation de résultat est d‟ores et déjà faussée, nous pouvons toujours réaliser cette
étude quantitative sur un échantillon de population multi-sexe âgé de 18 ans et plus, sur un
échantillon de population mixte composé à 50% d‟hommes et à 50% de femmes. La majorité
des personnes interrogées devront correspondre à la tranche d‟âge 20 à 50 ans afin de dresser
quelques axes de réflexions quant aux attentes de ces consommateurs numériques concernant
88
http://www.linternaute.com/0redac_actu/0504-avril/internaute_feminise.shtml 89
Annexe 7
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 47 -
les sites de marque des maisons de vins et spiritueux à forte valeur ajoutée. Ces attentes
pourront être utilisées avec parcimonie et confrontées aux autres formes d‟études que nous
allons réaliser par la suite. La répartition de l‟échantillon de la population interrogée se
répartit, selon l‟âge et le sexe comme suit :
18-24 ans 25-34 ans 35-50 ans 50 + ans TOTAL
Hommes 62 44 42 27 175
Femmes 70 56 31 14 171
TOTAL 132 100 73 41 346
4.1.2. Une étude qualitative auprès de professionnels
Afin de valider ou d‟infirmer nos hypothèse préalablement énoncées, nous recourrons
à une étude qualitative auprès de professionnels issus des marques de champagne et spiritueux
auxquelles nous nous intéresserons mais aussi des agences de communication et Internet qui
ont pour habitude d‟accompagner ces mêmes marques dans la réalisation de leurs projets
multimédia et majoritairement de leurs sites Internet de marque. Nous avons jugé intéressant
de mixer à la fois des professionnels marketing et communication chez l‟annonceur mais aussi
en agence afin de recouper leurs impressions, leurs volontés, leurs stratégies et leur vision de
ce qu‟un site Internet de marque pour des maisons de champagne et spiritueux devrait être au
travers de leurs diverses expériences et de leurs connaissances dans ce domaine.
Au travers d‟entretiens semi-directifs, dans lesquels nous poserons à la fois des
questions ouvertes et des questions fermées, les professionnels interrogés pourront nous faire
part de leurs impressions, de leurs réactions, de leurs visions tant professionnelles que
personnelles sur les sujets évoqués. Ils seront guidés durant l‟entretien afin de répondre le plus
précisément possible à notre problématique, à nos hypothèses mais pourront tout aussi bien
enrichir ces données récoltées par des anecdotes et autres citations que nous nous permettrons
d‟utiliser, dans leur contexte, dans la restitution des résultats de notre étude.
Nous sommes conscients qu‟il ne nous faudra pas inhiber leurs réponses au travers de
questions trop ciblées et/ou trop précises, et que nous nous devrons de prêter attention à toute
subjectivité ou interprétation qui pourrait apparaître dans ces réponses.
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 48 -
4.2. LE CHOIX DES MARQUES
4.2.1. Sélection des sociétés et agences sollicitées
Notre étude porte sur les marques de champagne et spiritueux à forte valeur ajoutée.
La plupart des marques de champagne à forte valeur ajoutée appartiennent au leader mondial
du luxe, à savoir le groupe L.V.M.H. Nous avons interrogé la maison Veuve Clicquot
Ponsardin, deuxième plus grande marque de champagne en volume et valeur au monde, car
forte de son histoire depuis 1772, cette maison concilie à la fois créativité, audace, modernité
et histoire. Ruinart et Krug, des maisons à taille plus humaines mais à très forte valeur ajoutée
ont été sollicitées. Pour ne pas développer une analyse centrée sur le groupe L.V.M.H., nous
avons interrogé la maison de champagne Deutz. Face à la particularité des informations et du
secteur d‟activité, de nombreuses marques de champagne comme Moët&Chandon, Dom
Pérignon, Bollinger, Piper Heidsieck, Pommery, Taittinger et Perrier-Jouët n‟ont pas souhaité
donner suite à nos multiples relances.
Outre ces grands noms de Champagne, nous sommes rentrés en contact avec des
marques de spiritueux comme Hennessy, Remy Martin, GlenMorangie et Absolut. Pour ces
deux dernières, compte tenu de leur nationalité (Royaume-Uni, Suède), nous avons mené un
entretien via internet en anglais. Les marques sélectionnées sont assimilées comme les
marques ayant les images les plus fortes. Nous avons vivement souhaité requérir les avis
d‟Absolut, car notre recherche se basant sur les marques à forte valeur ajoutée, Absolut fait
office de référence comme challenger direct des marques assimilées au luxe.
Nous avons pu enrichir nos entretiens auprès d‟agences de communication. Ont
répondu favorablement à nos sollicitations Euro RSCG, Duke et 5ème
Gauche. Nous avons pu
nous baser sur les recommandations de Publicis Net et EURO RSCG faites à Veuve Clicquot
l‟année passée. E-Mazarine, Funktrip, Kassius et Ogilvy ont préféré ne pas donner suite.
Aussi, afin de parfaire nos études qualitatives, nous avons sollicité l‟agence Gibory qui traite
avec à la fois l‟annonceur et l‟agence à des fins de réalisation de grands projets par un cahier
des charges précis et rigoureux, mais aussi Le Marketing Intelligence Service de Moët-
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 49 -
Hennessy ainsi qu‟une alliance de marques de joaillerie de luxe, moderne, basée à Londres,
Platinium Guild International, afin de comparer les différentes approches de ces marques
luxueuses qui semblent partager les mêmes convictions, adaptées néanmoins à des secteurs
d‟activité bien différents.
4.2.2. Portrait des personnes interrogées
Le tableau ci-dessous est une synthèse des personnes sollicitées durant notre étude
qualitative, effectuée entre novembre 2009 et février 2010.
Identité Société Poste occupé
- Perrine Kleinau VEUVE CLICQUOT Responsable de la Communication
Institutionnelle et Internet
- Sabine Fraysse VEUVE CLICQUOT Responsable de la communication
- Fabienne Huttaux-
Moreau
KRUG
VEUVE CLICQUOT
Responsable des Ressources Historiques
et Mécénat
- Geneviève Jamin-
Dejoie DEUTZ
Directrice Marketing Stratégique et
Communication
- Andrea Crippa RUINART Directeur Marketing International
- Stephan Dupont HENNESSY Responsable Marketing International &
CRM & Travel Retail
- Anne Morrow GLENMORANGIE Brand Manager
- Sylvain Bourbon REMY MARTIN Responsable Web
- Fredrik Tallroth ABSOLUT Senor Manager Interactive Marketing
- Philippe Matine EURO RSCG 4D Directeur Général Adjoint
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 50 -
- Nathalie Litvine 5EME GAUCHE Directrice Développement Communication
- Aurélie David DUKE RAZORFISH Senior Account Manager
- Bénédicte Henry GIBORY Chef de projet
- Franck Sagne
M.I.S.,
MOËT-HENNESSY
Chef des projets de marketing interactif
- François Demouy PLATINIUM GUILD
INTERNATIONAL Responsable de la Communication Digitale
Ces entretiens ont été menés soit par Internet (échange de courriels), soit par entretien
en vis-à-vis, soit par téléphone. Ces entretiens sont composés d‟une quinzaine de questions
ouvertes ou fermées, en français ou en anglais.90
Pendant ces entretiens, chaque professionnel
a pu donner son avis, revenir sur les questions précédentes, fournir des exemples concrets, des
documents annexes et ajouter ce qui leur semblait pertinent d‟ajouter.
5. RESULTATS
5.1. LA PERCEPTION DU CONSOMMATEUR ET SON COMPORTEMENT
FACE AUX MARQUES A FORTE VALEUR AJOUTEE
Le consommateur a une bonne perception des marques de luxe. Il n‟est pas dupe
cependant. La perception des marques à forte valeur ajoutée par le consommateur diffère
selon le secteur d‟activité. Ainsi son comportement dépendra avant tout des particularités
intrinsèques au produit vers lequel il se tournera. L‟étude quantitative révèle que 80,8% de
l‟échantillon de population interrogé se déclaration aussi fidèle sinon plus à une marque à
forte valeur ajoutée qu‟à une autre marque. Au sein de ses 80,8%, 41,1% de la population se
déclare fidèle aux marques à forte valeur ajoutée. Cette réponse, quoi que peu surprenante
90
Annexe 8
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 51 -
peut être analysée comme la résultante du travail de l‟image de la marque à forte valeur
ajoutée dans le processus d‟identification du consommateur à ses valeurs, qui pousse se
dernier à se fidéliser. Il est intéressant de noter que 11,5% de la population interrogée émet
des réserves, se méfie des marques à forte valeur ajoutée.
Il est intéressant de noter que la tranche d‟âge la plus fidèle aux marques à forte valeur
ajoutée sont les 25 – 49 ans et qu‟ils représentent la tranche de population la plus active sur
Internet ainsi que les cœurs de cible des marques de champagne et spiritueux à forte valeur
ajoutée.
En parallèle de cette approche globale des marques à forte valeur ajoutée, il semble
qu‟une écrasante majorité de l‟échantillon interrogé (74,7%) ne soit fidèle à aucune marque
de champagne et spiritueux particulière. La perception du consommateur quant à ce type de
produit diffère des produits de maroquinerie, cosmétiques, parfumeries ou Haute Couture
propres au luxe. En effet, pour le consommateur, un champagne ou un spiritueux à forte
valeur ajoutée est un produit de consommation éphémère et immédiat qui ne peut dans la
majorité des cas être ostentatoire. Contrairement à une ceinture Hermès, une paire de souliers
Louboutin que tout un chacun peut reconnaître, et assimiler comme un signe d‟appartenance
sociale, la particularité du champagne ou d‟un spiritueux à forte valeur ajoutée, tout en étant
plus discrète et méconnaissable, réside dans une identification à une catégorie sociale induite
et sélective qui fonde ses valeurs non pas sur le regard et la perception de son environnement
mais sur un accomplissement personnel.
Parmi les 25,3% fidèles à une marque, les marques à forte valeur ajoutée tirent leur
épingle du jeu. Veuve Clicquot Ponsardin est citée 19 fois, Moët&Chandon 8 fois, Ruinart 7
fois, Mumm 5 fois, Pommery 5 fois, Hennessy 2 fois. Les marques citées comme étant celles
auxquelles les consommateurs sont les plus fidèles sont plus souvent des marques de
champagne que de spiritueux. Cette particularité est due à la population interrogée,
majoritairement française. Hors la France n‟est pas un marché principal des marques de
spiritueux comme le souligne STEPHAN DUPONT, International Brand Manager chez
Hennessy.
Les consommateurs ici étudiés ont un comportement particulier face à Internet. A la
question « fréquentez-vous les sites Internet de marques à forte valeur ajoutée », 50 ,8% ont
répondu soit souvent soit parfois, 35,2% rarement et 13,9% jamais. Nous pouvons en déduire
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 52 -
qu‟une majorité de la population interrogée est familière avec le site des marques à forte
valeur. Toutefois, la même question a été posée concernant cette fois-ci les sites des marques
de champagne et spiritueux à forte valeur ajoutée, et 57,6% de l‟échantillon a répondu
« jamais ». Les réponses « souvent et parfois » n‟obtiennent qu‟un faible score de 17,9%. Un
rapprochement entre fidélité à une marque de champagne ou de spiritueux et fréquentation de
leur site Internet peut être fait. De plus, comme le souligne PHILIPPE MATINE, Directeur
adjoint de EURO RSCG 4D, cela est sûrement du à la faible qualité des sites Internet
proposés par ces marques. En effet, plus de 60% de l‟échantillon de la population interrogée
serait prête à se laisser séduire par une marque de champagne ou spiritueux à forte valeur
ajoutée si son site Internet était performant et 65,9% pensent qu‟il devrait être original. Cette
réponse est corrélée par le fait que 64% des personnes qui pourraient être séduites par un site
Internet performant sont fidèles à une marque à forte valeur ajoutée et que 86% des personnes
interrogées fidèles à une marque retourne de nombreuses fois sur le site Internet de cette
marque.
Précisons enfin que les attentes du consommateur sont particulièrement claires sur
Internet quant aux marques à forte valeur ajoutée. 69,2% de l‟échantillon de population
interrogée recherche des informations sur les produits. Vient ensuite la recherche du rêve pour
près de 36% d‟entre eux. La même question centrée sur les attentes du consommateur pour un
site Internet d‟une marque de champagne ou de spiritueux à forte valeur ajoutée n‟obtient pas
les mêmes réponses. Même si dans ce cas aussi 69,4% de la population interrogée recherche
des informations sur les produits, ils ne sont que 18% à chercher du rêve, derrière la recherche
d‟informations sur la marque pour 34,4% d‟entre eux (contre 22% pour les autres sites
Internet de marques à forte valeur ajoutée), et une expérience de consommation pour 22,1%
d‟entre eux (contre 21,6% pour les autres sites Internet de marques à forte valeur ajoutée.).
Il apparaît clairement que la perception d‟un produit à forte valeur ajoutée diffère chez
le consommateur selon les particularités propres à ce produit. Fort heureusement, il apparaît
aussi clairement que les marques de champagne et spiritueux à forte valeur ajoutée peuvent
emprunter les mêmes codes que les marques de luxe en général sur Internet, avec toutefois
quelques modifications à apporter car pour ces marques particulières, le consommateur fait
appel d‟abord à la cognition plutôt que l‟affect ou l‟expérience. Cette perception engendre
directement un comportement différent envers la marque. A charge pour toutes ces marques à
forte valeur ajoutée de réfléchir sur les particularités qui leurs sont propres car un sac ne se
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 53 -
vend in fine pas de la même façon qu‟un parfum, qu‟une robe, qu‟une bouteille de champagne
ou qu‟un flacon de spiritueux.
Qu‟en est-il de l‟influence de l‟historique d‟une marque sur la perception du
consommateur ?
5.2. LA PERCEPTION DE L’HISTORIQUE D’UNE MARQUE A FORTE
VALEUR AJOUTEE DANS LA STRATEGIE MARKETING INTERACTIVE
L‟historique d‟une marque à forte valeur peut être considéré comme son essence
même. BERNARD ARNAULT insiste sur cette dimension historique, qui associe à une
marque soit un nom, une date, un lieu et qui par là même permet de faire entrer cette marque
dans le domaine du luxe. Point important, cet héritage constitue un socle fondé sur des
éléments concrets (et non sur l‟économie financière) et donc qui présente tous les armes
nécessaires pour résister aux crises. « La dimension historique qui à chaque marque, quand ce
n’est pas à chaque produit, associe en Ecosse, à Paris, en Toscane, à Madrid, en
Scandinavie, sur la côte baltique, (je me permets d’ajouter Reims) un nom, une date, un lieu
qui font légende, constituant un patrimoine immatériel, non substituable et peu égalable est la
source de mécanismes vertueux. »
L‟étude quantitative menée dans le cadre de cette recherche met en exergue le lien
indéfectible qui existe entre une marque et la qualité de ses produits au travers de son
historique. Ainsi 59,6% de la population interrogée pense qu‟une marque qui à un historique
bien ancré jouit de plus de crédit à leurs yeux, 44,9% pensent que l‟historique est toujours
intéressante à découvrir, 41,4% pensent que l‟historique d‟une maison est un gage de qualité.
Le faible chiffre de 4,1% qui représente le pourcentage de la population questionnée qui ne
prête aucun intérêt à l‟histoire est révélateur, même si étrangement, cet échantillon de
population a uniquement plus de 50 ans, alors que 60% des populations interrogées pensent
qu‟en général, l‟historique d‟une marque apporte plus de crédibilité à cette marque.
L‟étude qualitative a été des plus intéressantes, notamment d‟un point de vue
comparatif des approches stratégiques au cœur des marques ou extérieure.
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 54 -
STEPHAN DUPONT, International Brand Manager chez Hennessy soutient que
« l’histoire d’une marque est un vrai gage de qualité pour le consommateur. Cela signifie
pour lui que depuis plusieurs centaines d’années parfois, malgré les externalités, la marque a
su tirer son épingle du jeu et asseoir sa notoriété, basée sur la qualité du produit. Un produit
non qualitatif ne perdure pas. Pour la marque Patron par exemple, leur stratégie fonctionne
actuellement, mais ne serait-ce pas un feu de paille ? Car rien ne légitime plus la qualité
intrinsèque du produit depuis des années aux yeux du consommateur que l’historique d’une
marque ».
Pour le MIS MH, « L’histoire des marques est un contenu qui, s’il est bien conçu,
apporte un plus mais le vrai plus, c’est toujours le produit. »
GENEVIEVE JAMIN-DEJOIE, directrice Marketing Stratégique et Communication de
la maison Deutz partage ce même avis : « C’est indéniablement un plus, mais pas uniquement
pour la communication sur internet… Cela renforce la crédibilité de la marque et son savoir-
faire : l’ancienneté apporte la fiabilité. » Mais étend sa réflexion à une vision proactive qui
lie passé et avenir d‟un seul tenant : « Sur Internet, cela permet néanmoins de donner de la
profondeur à la marque : on peut avoir 150, 200 ans et afficher sa contemporanéité en
communiquant sur le web. On sait vivre avec son temps et s’adapter… On peut penser que
l’entreprise a la même démarche au niveau de l’élaboration de ses produits, et c’est
rassurant. ». Cette vision est aussi perceptible chez Ruinart au travers de l‟entretien avec
ANDREA CRIPPA, International Marketing Director. Pour ce dernier, le challenge propre à
l‟historique d‟une marque de luxe est de susciter une émotion à travers cette histoire afin
d‟expliquer d‟où la marque provient mais surtout pourquoi elle s‟exprime de la sorte et où elle
veut aller.
Les éléments prêtés à l‟histoire pour GlenMorangie sont plus assimilés à des
anecdotes. Pour la marque écossaise, c‟est un conglomérat d‟anecdotes qui explique, par
exemple, que la qualité que l‟on prête à ses whiskies provient de l‟eau de Tarlogie Springs et
de l‟orge écossais utilisé depuis des années qui représente la matière fondamentale de la
marque. Cette histoire, pour la marque, est synonyme d‟implication émotionnelle pour le
consommateur dans l‟univers de GlenMorangie.
En dehors de la vision des annonceurs, la vision des agences est elle aussi intéressante.
L‟histoire est certes une variable primordiale mais elle n‟est plus, pour elles, synonyme de
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 55 -
qualité comme l‟explique NATHALIE LITVINE, Directrice Developpement et Communication
chez 5ème
gauche.
Pour FRANCK SAGNE, de Moët Hennessy, « L’histoire des marques est un contenu
qui, s’il est bien conçu, apporte un plus mais le vrai plus, c’est toujours le produit. ».
Il serait légitime de douter de l‟impact de l‟historique d‟une marque sur la perception de la
marque chez le consommateur, sur l‟image de marque donc, mais l‟entretien avec FABIENNE
HUTTAUX-MOREAU, responsable des Ressources Historiques & Mécénat des maisons
Veuve Clicquot et Krug apporte un éclairage global au travers duquel on retrouve à la fois les
approches annonceurs et agences.
FABIENNE HUTTAUX-MOREAU par du constat évident que l‟ancienneté caractérise
les maisons de luxe. En se basant sur les membres du Comité Colbert, la majorité des marques
ont été fondées avant le 20ème
siècle et sont parmi les plus prestigieuses qui soient.
« L’ancienneté d’une maison apporte dans l’esprit du consommateur une assurance évidente.
C’est mathématique ! Si la Maison existe depuis si longtemps c’est qu’il y a raison. Mais est-
ce pour autant un gage de qualité ? Dans le domaine du luxe la question est encore plus
cruciale. On peut dire que l’ancienneté n’est pas l’apanage des marques de luxe, comme en
témoigne les dates de fondations de ces établissements : 1128 Grimbergen, Lu en 1846,
Maggi en 1830. Certes la relation au temps des Maisons de luxe n’est pas évidente. Elles
préfèreraient être intemporelles.
Mais il semble que certaines Maisons se montrent particulièrement sensibles au passé : ces
Maisons occupent souvent une adresse historique, conservent leurs archives, disposent d’un
musée. Il semble qu’il faut y voir une vraie relation entre passé et confiance du
consommateur. »
FABIENNE HUTTAUX-MOREAU soulève un point qui paraît essentiel, à la fois pour la
marque mais pour le consommateur : quel sens à l‟avenir si le passé n‟est pas là pour le
définir?
L‟histoire est donc un gisement de thèmes d‟identifications qui apporte cohésion et
légitimité. C‟est l‟élaboration d‟une mémoire collective de substitution pour une communauté
aujourd‟hui incapable de la sécréter naturellement. Les Ressources Historiques interviennent
essentiellement comme source d‟inspiration. Il est inutile de vouloir brider la créativité
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 56 -
contemporaine avec des discours sur le passé. Il faut justement apporter grâce à l‟histoire de
la Maison les éléments d‟une créativité assumée.
Le luxe est un remède au provisoire, à la précarité, à la banalité. C‟est un élément de
réassurance, de solidité. Et l‟on voit ici directement l‟impact de l‟historique d‟une marque.
NATHALIE LITVINE ajoute que l‟histoire ne rime pas avec vieilleries. Au contraire, les
éléments prodigués par les données historiques propres à chaque marque devraient être
utilisées sciemment et dans le respect même de l‟ADN de la marque à la confection de
véritables storytellings qui influeraient émotionnellement directement sur la perception de la
marque chez le consommateur. ANNIE-CLAUDE LEMEUNIER, directrice de l‟agence
Republic of Ideas, fondée en partenariat avec Léo Burnett (Publicis Group) précise d‟ailleurs :
« Au panthéon des grands storytellers, il y a la religion et juste après, le luxe. Toute marque
de luxe a sa légende, enracinée dans la vie, le caractère, la vocation particulière de son
fondateur. Coco Chanel, Christian Dior, Miuccia Prada, Louis-François Cartier, Antoine Le
Coultre, Ferdinand Hédiard, Nicole-Barbe Ponsardin Veuve Clicquot... ces personnages ont
inspiré encore et encore chacun des gestes et des créations de leurs marques, et marqué leur
style pendant des décennies. »
5.3. STRATEGIE MARKETING DE LA MARQUE ET ATTENTES DU
CONSOMMATEUR
Les stratégies marketing et communication des marques de champagne et spiritueux à
forte valeur ajoutée se développent et positionnent majoritairement Internet au cours de leurs
réflexions. L‟avènement d‟Internet a soulevé plusieurs changements radicaux dans la façon de
penser des maisons de luxe et à forte valeur ajoutée. Jusqu‟à présent, le consommateur
répondait à l‟offre des marques, sans mot dire, religieusement. Il subissait. De nos jours, le
consommateur est, comme nous l‟avons vu précédemment, devenu un « consommacteur ».
De plus, Internet est un média qui évolue excessivement rapidement. Les marques
auxquelles nous nous intéressons ont un statut à entretenir, une image de marque forte
qu‟elles doivent tenir à jour perpétuellement. Et Internet les obligent à se focaliser
constamment sur les nouvelles technologies de communication.
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 57 -
A la question « comment différenciez-vous une marque de champagne ou de
spiritueux de ses concurrents », 62% de l‟échantillon interrogé a répondu « au travers des
produits ». En effet, le meilleur moyen de différencier deux produits ou plus, c‟est de les
goûter. La dégustation ne peut être vécue par Internet, cependant, certains moyens de
communication peuvent être développés pour appeler le consommateur à ressentir, par le
processus simple de mémorisation et de souvenir, comme le propose PHILIPPE MATINE, au
travers d‟un triptyque sensoriel où sons, photos, images sont associées à une seul produit
selon les notes relevées et l‟univers à créer autour de ce produit.
D‟un point de vue communicatif, le bouche à oreille n‟est pas un moyen de
communication développé entre les consommateurs de champagne et spiritueux. 12,3% des
consommateurs comparent les produits et se font une idée de la marque via la presse. Ils sont
16,4% à utiliser Internet, et 41,4% à chercher un moyen de pénétrer l‟univers de la marque
afin de comparer différents produits d‟une quelconque façon que ce soit.
Ce faible chiffre de l‟utilisation d‟Internet est lié à la faible fidélisation des
consommateurs aux produits que nous analysons présentement. De plus, l‟analyse des bases
de données virtuelles des marques de champagne et spiritueux ne sont pas comparables à
celles des autres marques appartenant au milieu du luxe. Ces dernières se comptent en
millions de noms, celles des maisons de champagne et spiritueux, Hennessy mis à part, ne se
comptent que par milliers.
La recherche d‟informations sur Internet est à 70% une recherche d‟informations sur
les produits. Même si ce chiffre semble être véridique pour tous les produits de luxe
confondus, la recherche du rêve sur Internet semble être l‟apanage des maisons de
maroquinerie, cosmétiques, joaillerie de luxe (51%) ce qui ne semble pas être le cas pour les
marques de champagne et spiritueux à forte valeur ajoutée (15%) qui, quant à elles, se
focalisent sur une recherche rationnelle d‟informations ciblée sur les vins.
Selon notre étude quantitative, la demande des consommateurs sur Internet est
focalisée sur une approche rationnelle et informative plus que sur des variables irrationnelles
et émotionnelles. Néanmoins il faut traiter ces informations avec méfiance car l‟échantillon de
population interrogé n‟est pas représentatif des aficionados des marques que nous étudions.
Les entretiens menés auprès de professionnels nous apprennent beaucoup sur les stratégies
des maisons de champagne et spiritueux, mais aussi sur l‟approche conseillée par les agences
de communications, bien connues pour être avant-gardistes en matière de digitalisation du
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 58 -
marketing sur Internet. Un point de divergence crucial semble être la cible à qui sont destinés
les sites Internet des marques de champagne et spiritueux à forte valeur ajoutée.
Alors que Chanel et Hermès basent leur communication virtuelle sur les prospects,
comme le souligne THOMAS LANCELOT, International Internet Manager chez Chanel
Parfums & Beauté, Veuve Clicquot fidélise ses aficionados mais ne prospecte pas.
FREDRIK TALLROTH, Senior Brand Manager chez Absolut Vodka considère Internet, quant
à lui, comme un formidable moyen de communication « outre la distribution qui joue un rôle
crucial sur Internet, Internet est la clé pour comprendre la marque, la développer et rester
pertinent aux yeux du consommateur. ». C‟est aussi un moyen de toucher au niveau Internet
tous les consommateurs de la marque en contournant les limites législatives comme on peut
les connaître en France avec la Loi Evin.
GENEVIEVE JAMIN-DEJOIE, Directrice Marketing Stratégique & Communication
de la maison Deutz souligne elle aussi l‟importance d‟Internet dans la stratégie de la marque.
« Nous nous situons dans un univers de connaisseurs, qui aiment découvrir et partager : cette
notion de partage rend le média internet incontournable et utile ». A cela s‟ajoutent les
considérations financières. Internet, outre des coûts moins élevés, permet de mieux cibler,
d‟entretenir un Buzz et une certaine confidentialité qui convient à la marque Deutz. Il s‟agit
donc ici de faire attention aux valeurs intrinsèques de la marque, de son ADN et de son
positionnement pour ne pas tomber dans le un cercle vicieux où toute marque, pour être
présente sur Internet par obligation, prend le risque de développer une communication qui ne
lui est pas appropriée et qui à terme peut lui être extrêmement néfaste.
C‟est justement avec l‟avènement du web 2.0., web participatif depuis quelques
années et le développe des Médias Sociaux que les marques sont confrontées à une nouvelle
refonte intégrale des outils de communication sur Internet.
Alors qu‟il était difficile pour les marques de champagne et spiritueux de prospecter
sur Internet à cause, notamment des législations à travers le monde, le web 2.0. leurs permet
de toucher un plus large public et d‟étendre leur cible. Avec le web participatif, les
consommateurs deviennent des ambassadeurs de la marque. « Ils ont aussi un rôle de
révélateur, de miroir : ils vont des choses qu’on ne voit plus quand on fait partie d’une
Maison, ils ont aussi une vision globale, et peuvent donc provoquer des remises en questions,
et donc des réactions et des améliorations. ». SABINE FRAYSSE chez Veuve Clicquot partage
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 59 -
cet avis. Cette ouverture sur des millions d‟internautes est une richesse précieuse pour les
marques comme Deutz ou Roederer qui ne produisent qu‟un volume restreint d‟unités
bouteilles. GENEVIEVE JAMIN-DEJOIE nous en dit un peu plus sur la stratégie de Deutz sur
Internet : « Nous allons nous différencier en raison de notre positionnement de niche : le
paradoxe qui rend la marque précieuse, c’est d’être présent sur le web et ainsi « offert »
(visible) à des millions de personnes, tout en étant une petite Maison qui produit peu, et dont
chaque produit est donc rare…. »
Le pari est dangereux car quand l‟information est créée par une marque mais véhiculée
par l‟internaute, les effets sont parfois incontrôlables comme le souligne FRANÇOIS
DEMOUY, responsable de la communication Digitale de la marque Platinium Guild
International, marque de joaillerie de luxe en platine basée à Londres. « Cela peut devenir
dangereux mais c’est un formidable canal de diffusion. Ce sont eux qui portent le message,
ils ont tous les pouvoirs. » Le danger est encore plus grand dès lors que l‟on sait qu‟Internet
évolue rapidement et qu‟une technologie développée à N+1 peut devenir obsolète et dépassée
à N+2, portant préjudice à la marque. Le groupe Rémy Cointreau dispose de 10 marques dans
son portefeuille, et compte une trentaine de sites web. Chaque site a ses propres objectifs. Et
tous sont relativement différents à tous niveaux (technologique, graphique, éditorial,
fonctionnel). SYLVAIN BOURBON, responsable web de Remy Martin considère que
« globalement, l’existant est convenable, mais ne sera jamais satisfaisant [car] par essence le
web évolue et il sera toujours question de suivre ses évolutions. »
Chez Veuve Clicquot, les projets vont bon train. SABINE FRAYSSE confie qu‟ « à ce
jour, la communication on-line n’est pas optimisée et valorisée. Les projets 2010 et 2011
devraient faire changer la tendance, avec une réflexion de refonte du site en tenant compte
des réseaux sociaux, du web 2.0 »… alors que le web 3.0. commence à faire parler de lui. Ces
nouveaux sites doivent être « innovants dans la forme et percutants sur le fond. Il faut
aujourd’hui qu’un site soit User Friendly, les outils multimédias accessibles à tous nous
obligent à être moins classiques, il faut penser navigation modulaire, convivialité. »
Ce concept de « User Friendly », Hennessy l‟a bien saisi. STEPHAN DUPONT nous a
accordé beaucoup de temps et a pu nous expliquer la démarche de Hennessy sur Internet,
démarche qui n‟est pas réellement compréhensible pour les néophytes. C‟est d‟ailleurs le mal
que l‟on prête à la marque d‟un point de vue extérieur. STEPHAN DUPONT explique que
Hennessy base sa stratégie sur « the art of blinding », l‟art du mélange. « Le positionnement
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 60 -
de la marque est claire. Au travers d’un historique riche mis en valeur par de nombreux films
à gros budgets, au travers des qualités intrinsèques reconnues mondialement à nos produits,
nous axons notre communication digitale autour de l’art de l’assemblage, l’art du mix, et ce
essentiellement articlé autour de la musique. Nous avons conçu le Hennessy Artistry, milieu
artistique musical d’une portée mondiale car le site de la marque retransmet en direct les
meilleurs sons des meilleures discothèques du monde. Vous pouvez écouter deReims, le matin,
la musique des clubs de Hong-Kong ou Ghenzou, à midi ceux de Los Angeles et le soir les
clubs de Paris, Londres, Berlin ou Amsterdam. » Le plus intéressant est que le Hennessy
Artistry se déploie sur les médias sociaux. Hennessy souhaite fidéliser le consommateur au
niveau international au travers d‟une activité où ce dernier devient acteur et ambassadeur de la
marque. Une fois le site apprivoisé, il est évident qu‟il offre de belles opportunités au
consommateur pour s‟identifier à la marque autour, par exemple, de pages cocktail où
Hennessy partage ses secrets en fonction des goûts de chaque internaute.
Néanmoins le site, bien qu‟ultra complet pose le problème relevé précédemment :
lorsque le consommateur néophyte arrive sur www.hennessy.com il ne sait où se rendre, ou
pire, quelle est la légitimité d‟Hennessy de se positionner sur le segment artistique musical.
Notons au passage que pour NATHALIE LITVINE de l‟agence 5ème
Gauche, ce site est
intéressant dès la page d‟accueil car c‟est un des rares sites à proposer à l‟internaute de se
créer un espace qui lui est propre. La fidélisation commence en un clic. Et STEPHAN
DUPONT rajoute que chacun est capable de customiser à sa manière le site de Hennessy,
grâce à une identification immédiate sitôt l‟adresse www.hennessy.com chargée.
Alors que les sites des marques de champagne ne se distinguent que peu les uns des
autres, les sites de spiritueux commencent à tirer leur épingle du jeu, certes trop fébrilement
d‟après NATHALIE LITVINE. Pour Hennessy, les sites Internet à saluer sont les sites des
marques Chivas et Artberg, détenue par GlenMorangie.
GlenMorangie tente justement de se différencier directement de ses concurrents grâce
à l‟outil Internet. Comme le souligne ANNE MORROW ”Our website has more of a focus on
what makes Glenmorangie different to competitors which is the complexity of our taste, for
example the fact that it has 140 different aromas. The website reflects this point of difference
and focuses on bringing this to life rather than focusing solely on history like a lot of Scotch
malt whiskies. This is really clear when you compare our website visually with our
competitors, as the colours, imagery and tone are totally different to Scotch whisky websites
which are focused on heritage and more old-fashioned colours.”
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 61 -
Le choix de la marque fait. Et alors que notre analyse quantitative argumentait la
recherche d‟informations rationnelles par le consommateur, les faits, quant à eux, sont
différents. Il faut préciser qu‟à l‟instar de Hennessy, les marques de champagne et spiritueux
commencent à investir des sommes colossales dans le développement de sites Internet
performants. C‟est justement les propos recueillis lors de l‟entretien avec BENEDICTE
HENRY, chef de projet chez Gibory, agence coordonnant l‟annonceur et l‟agence autour d‟un
cahier des charges strict et précis qui nous offre des éléments de compréhension, d‟un point
de vue extérieur à la marque et à ses associés. « Internet est devenu un moyen de
communication à part entière. Le consommateur s’y réfère, y cherche et y puise toutes les
informations qu’il recherche. Ce consommateur aime aller vite et attend d’un site qu’il soit
réactif au risque de le quitter et passer à un autre site si la navigation est trop longue. Pour
faire face à la concurrence, la marque, via son site, doit séduire par la qualité de son site, son
design, convaincre par la qualité de son contenu et la facilité de navigation. ». BENEDICTE
HENRY nous apporte des précisions quant aux attentes des annonceurs. Outre le respect
formel de l‟ADN et des valeurs de la marque, le site se doit d‟être international et
institutionnel. La richesse du contenu comme l‟histoire de la maison, l‟explication des savoir-
faire, la mise en avant des produits ainsi que le développement du e-commerce, les éléments
plus techniques comme une navigation facile, une bonne ergonomie, rapidité du
téléchargement sont autant de points cruciaux à englober dans la stratégie de la marque.
Notons cependant la difficulté pour ses marques de passer outre les lois nationales en matière
de consommation et vente d‟alcool. C‟est pourquoi peu de pays peuvent se targuer d‟avoir un
site e-commerce de champagne ou de spiritueux. Si toutefois BENEDICTE HENRY soulève le
point crucial des SMO (Social Media Optimisation), il n‟est pas à prendre à la légère que
contrairement aux maisons de luxe, encore une fois, la stratégie des marques de champagne et
spiritueux est plus la fidélisation que la prospection de nouveaux consommateurs. En atteste
la difficulté d‟appréhension du site de Hennessy. Ceci soulève une question importante : pour
qui développe-t-on un site Internet ? Cette distorsion de stratégie est propre aux marques
elles-mêmes. FRANCK SAGNE, chef des projets Internet des marques du portfolio de Moët-
Hennessy est pourtant direct dans ses réponses : « Internet peut répondre à 5 types d’objectifs,
en général et pour nos marques :
1) Délivrer de l’information aux consommateurs
2) Recruter de nouveaux consommateurs
3) Bâtir de la loyauté
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 62 -
4) Accroître la fréquence d’achats de consommateurs existants
5) Faciliter l’achat
Nombre de nos sites ne répondent qu’à l’objectif n°1, il s’agit là de sites de communication
dits « brochures ». Or nous estimons que c’est plutôt sur les objectifs 2) 3) et 4) qu’internet a
un rôle fort à jouer pour nos marques. ». Il cite d‟ailleurs la marque Hennessy et ses progrès
en matière d‟utilisation des médias sociaux comme Facebook et Twitter ou encore de
Hennessy Artistry qui tend à recruteur de nouveaux consommateurs par le biais d‟une
extension d‟activité. « Concernant l’objectif 5) nous sommes convaincus qu’Internet aide
certains consommateurs à se décider sur l’achat de tel ou tel produit cher (tels que les cuvées
de prestige en champagne par exemple). En revanche, le e-commerce ne fait pas partie du
business model de nos marques (à l’exception du vin pétillant Chandon Californie)… pour
l’instant ! »
FRANCK SAGNE, au travers de l‟entretien, fait preuve d‟une grande clairvoyance et,
alors qu‟il travaille avec les marques de vins et spiritueux de L.V.M.H., sa vision est
pleinement stratégie et critique sur les sites existants. Alors que GENEVIEVE JAMIN-
DEJOIE, directrice Marketing Stratégie et Communication de la maison de champagne Deutz
voit en Internet un potentiel fort et peu onéreux, FRANCK SAGNE pousse la réflexion plus
loin. Internet serait plus onéreux que ce qu‟on peut le croire. D‟après son expertise, si Moët-
Hennessy doit investir dans des sites performants, autant qu‟ils répondent aux objectifs 2) et
4) (ndlr : Recruter de nouveaux consommateurs et accroître leur fréquence d‟achat). « Or ce
type de site est plus cher qu’un simple site vitrine tant en coût d’implémentation que de
maintenance. » Mais le revers de la médaille est intéressant à prendre en compte : « Les sites
dont les objectifs sont très clairement orientés vers la gestion de la relation client, les ventes
incrémentales, la fidélisation… bref, vers le business, sont les seuls dont on peut attendre un
véritable ROI, et le calculer assez finement. C’est beaucoup plus difficile pour un site vitrine
par exemple. » Et c‟est sur ce dernier point que NATHALIE LITVINE de l‟agence de
communication 5ème
Gauche et anciennement chez Duke Razorfish rejoint la pensée de
FRANCK SAGNE. Elle s‟attarde sur le principe de e-commerce car pour elle, le e-commerce
serait un outil hors précieux pour ces marques qui proposent des produits qui sont lourds et
difficilement transportables.
Il semble donc qu‟au terme de cette introspection au cœur des stratégies des marques
de champagne et spiritueux à forte valeur ajoutée sur Internet qu‟il existe une distorsion entre
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 63 -
les attentes du consommateur et l‟offre de service Internet des marques. Cependant les
marques comme Hennessy et Louis Roederer tendent à combler ce fossé par le
développement d‟une communication hors champ de leur produit de base afin de toucher un
plus large public : Hennessy Artistry ou le partenariat de Louis Roederer avec Sophie Calle,
photographe de renom.
Ces marques créent de l‟information qui diffère du « site vitrine » évoqué par
FRANCK SAGNE. De plus, sur le modèle de Hennessy, ces marques souhaitent acquérir une
légitimité sur les média sociaux, ce qui pourrait rapprocher les consommateurs de leur marque
préférée ou hypothétiquement préférée en leur fournissant une communication à la fois
formelle et informelle qu‟ils pourraient relayer dans leurs réseaux et in fine recruter de
nouveaux aficionados. Mais attention. Comme le souligne NATHALIE LITVINE, directrice
Communication Développement de 5ème
Gauche, « il n’est aucune légitimité pour certaines de
ses marques de se placer sur les médias sociaux. Car il ne faut pas oublier que tout acte
allant à l’encontre des valeurs et de l’ADN propre de la marque lui portera préjudice
rapidement et pour longtemps sur ce type de média. Les marques doivent comprendre qu’il ne
s’agit pas seulement d’être présent sur Facebook pour dire qu’on est présent sur Facebook,
mais bel et bien qu’il s’agit d’une réelle stratégie à déployer, à étudier et à contrôler en
temps réel. Parce que le consommateur internaute n’attend pas. »
Il paraît donc nécessaire pour les marques que nous étudions de recentrer leur stratégie
Internet sur les attentes du consommateur et englober dans leurs projets la vision partagée de
FRANCK SAGNE et NATHALIE LITVINE : abandonner le concept d‟un site vitrine pour une
invitation faite au consommateur à entrer réellement dans un univers propre à la marque dans
lequel il pourra interagir et devenir acteur afin de s‟identifier et recruter lui-même de
nouveaux adeptes.
5.4. L'EXPERIENCE SUR INTERNET AU COEUR DES STRATEGIES DES
MARQUES DE CHAMPAGNE ET SPIRITUEUX
Selon les informations collectées pendant nos entretiens qualitatifs et notre étude
quantitative, il semble donc indéniable que les marques à forte valeur ajoutée de champagne
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 64 -
et spiritueux doivent investir Internet d‟une façon qui leur est propre afin de toucher le plus
possible leurs consommateurs ou leurs non-consommateurs relatifs au travers d‟une
prospection virtuelle. Au delà du site Internet dit « vitrine », c‟est donc un site Internet
expérientiel que les marques tendent à développer.
Nous avons vu dans notre état de l‟Art que l‟expérience en marketing n‟était pas
seulement devenue une tendance, une mode, mais un mode de consommation à part entière,
soutenu par les lancements technologiques et leurs accessibilités à tous. Est-il cependant clair
pour ces marques de champagne et spiritueux à forte valeur ajoutée de l‟enjeu de l‟expérience
sur Internet dans leur quête de séduction du consommateur ?
La perception du consommateur paraît ici d‟ores et déjà importante. Le camembert ci-
dessous nous permet de connaître les attentes des internautes quand au site Internet d‟une
marque à forte valeur ajoutée. Il apparaît clairement que ce dernier doit être esthétiquement
abouti et original. Près de 20% attendent une totalement une immersion dans l‟univers de
cette marque. Même si ce score apparaît comme faible, Il ne s‟agit déjà plus uniquement d‟un
site informatif. Et les 5% des personnes interrogées qui attendent d‟un site Internet d‟une
marque à forte valeur ajoutée les mêmes service qu‟un tout autre site prouve bien qu‟une
démarche différente et propre à ce secteur doit être effectuée.
De plus, à la question « Un site Internet d’une marque à forte valeur ajoutée doit :
(plusieurs réponses possibles) », 46,2% de l‟échantillon de population questionné a répondu
5,0%5,6%
69,5%
19,8%
Un site Internet d’une marque à forte valeur ajoutée est semblable à tout autre site Internet Un site Internet d’une marque à forte valeur ajoutée est semblable à tout autre site Internet
Un site Internet d’une marque à forte valeur ajoutée doit proposer un espace privilégié aux internautes qui souhaitent discuter et échanger autour de la marque Un site Internet d’une marque à forte valeur ajoutée doit proposer un espace privilégié aux internautes qui souhaitent discuter et échanger autour de la marque
Un site Internet d’une marque à forte valeur ajoutée doit être original et esthétiquement abouti Un site Internet d’une marque à forte valeur ajoutée doit être original et esthétiquement abouti
Un site Internet d’une marque à forte valeur ajoutée doit proposer une immersion totale dans un environnement inconnu par le consommateur mais qui reste propre à la marque Un site Internet d’une marque à forte valeur ajoutée doit proposer une immersion totale dans un environnement inconnu par le consommateur mais qui reste propre à la marque
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 65 -
« concilier à la fois rationalité et irrationalité », 41,1% a répondu « Proposer des expériences à
l‟internaute autour de la consommation de ses produits mais aussi de son univers propre. »
Cette dualité entre rationalité et irrationalité sur Internet, ou plus simplement
information et émotion est perceptible et semble être nécessaire pour toucher un plus grand
nombre d‟internautes. Cette dualité est d‟ailleurs reprise par GENEVIEVE JAMIN-DEJOIE,
Directrice Marketing Stratégie et Communication de la maison Deutz : « Aujourd’hui, il faut
convaincre et être transparent avec le consommateur : cela passe par un discours factuel,
aucune marque ne peut en faire l’économie. Si on n’est pas d’abord dans ce registre, il n’y a
même pas de consommateur.
L’émotion vient après, une fois que le discours factuel/scientifique a été évacué : l’émotion
c’est l’âme de la marque, ce qui fait qu’on va la choisir plutôt qu’une autre et y être fidèle.
L’enjeu est de trouver le juste équilibre entre les deux. » L‟équilibre est donc à la fois
perceptible chez les professionnels comme GENEVIEVE JAMIN-DEJOIE mais aussi chez le
consommateur.
GENEVIEVE JAMIN-DEJOIE pense qu‟aujourd‟hui « le ton de la communication
factuelle est de plus en plus influencé par la communication émotionnelle : on emploie plus
qu’avant un registre émotionnel pour aborder le factuel. Et cela est plus fréquent et plus
facile sur le web : son, film, photo, …, multiples possibilités, en termes de technique. Et le
pur discours émotionnel (jugé un peu ringard) est plus suggéré que dit (on n’est plus dans la
« promesse produit » des pub des années 80…). »
FRANÇOIS DEMOUY vient corroborer cette approche du rationnel et de l‟irrationnel :
« Je pense qu’il faut des éléments factuels pour asseoir les éléments émotionnels, cela dit cela
Un site Internet d’une marque à forte valeur ajoutée doit: (plusieurs réponses
possibles)
Answer Options Response
Percent
Response
Count
Être majoritairement informatif (rationnel) 21,6% 73
Être majoritairement subjectif et émotionnel
(irrationnel) 18,6% 63
Concilier à la fois rationalité et irrationalité 46,2% 156
Être exclusivement esthétique 18,0% 61
Être commercial 25,7% 87
Proposer des expériences à l‟internaute autour de la
consommation de ses produits mais aussi de son
univers propre
41,1% 139
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 66 -
peut fonctionner exclusivement avec des éléments émotionnels, mais dans ce cas précis les
éléments factuels devront être présents sur Internet par le biais d’un autre support. »
C‟est justement pour cette raison que l‟image réelle d‟une marque à forte valeur
ajoutée et son image numérique doivent être semblable. Cette nécessité se trouve validée par
l‟avis du consommateur.
L‟expérience est donc recherchée à la fois par la marque et les consommateurs.
Selon la question « Cherchez-vous, sur le site Internet d’une marque à forte valeur
ajoutée, à vivre une expérience de consommation unique et particulière que vous ne
retrouvez pas chez une marque de distribution », près de 60% recherchent une expérience
particulière, identifiable et plus précisément identitaire. Car contrairement aux marques de
grande distribution, les marques à forte valeur ajoutée se doivent de créer un rêve, de proposer
une expérience et d‟inviter leurs consommateurs à une immersion profonde afin qu‟un lien
identitaire puisse se créer entre la marque et son aficionado.
62,4%
1,5%
36,1% Oui, absolument semblable Oui, absolument semblable
Non totalement différente Non totalement différente
Pas forcement Pas forcement
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 67 -
Mais alors que la majorité des internautes cherche une immersion dans un univers
expérientiel, la majorité d‟entre eux déclarent ne jamais avoir ressenti d‟émotion sur Internet
(66,4%). Ce contraste s‟explique simplement. Les émotions ne sont pas facilement
identifiables. Et plus globalement, une émotion n‟est pas systématiquement rattachée à des
larmes ou des éclats de rire. Dans une démarche scientifique, l‟émotion est rattachée, comme
nous l‟avons déjà précisé, a une simulation d‟une zone du cerveau, l‟hypothalamus qui créé la
dopamine, une substance chimique. Ces émotions sont difficilement identifiables d‟un point
de vue marketing car l‟émotion dans son essence même est une réponse humaine chimique
non désirée à un stimulus extérieur. Hors le marketing s‟emploie à faire ressentir des
émotions alors qu‟elles ne devraient normalement pas être déclenchées volontairement.
Comme nous l‟avions aussi précisé, le consommateur veut garder le contrôle de ce qu‟il peut
penser et ressentir au sujet d‟une marque. C‟est pour cela qu‟il refusera souvent d‟avouer
avoir ressenti une émotion. Cela reviendrait à accepter « l‟insidieuse réalité marketing » dans
l‟imaginaire collectif. Et le consommateur n‟est pas prêt à perdre ce qui l‟identifie. Ce refus
d‟émotion n‟est donc pour moi qu‟une façade qui illustre bien la volonté du consommateur à
rester maître de lui-même face aux marques. Nous avons pu savoir quelles marques étaient
les plus créatrices d‟émotion pour les consommateurs ayant répondu par l‟affirmative. Il s‟agit
de Chanel, Hermès, Viktor & Rolf, Vuitton, Air France et Apple. Nous retrouvons ici les
marques les plus connues dans l‟univers du luxe, dont Chanel qui fut la première marque à
proposer la retransmission des défilés de ses collections sur son site Internet, Hermès et son
univers web fantaisiste, enfantin et caricatural, la marque de parfumerie où l‟univers des
créateurs est le plus développé et prononcé et qui invite l‟internaute dans un univers
psychédélique et onirique, Vuitton et son invitation au voyage au travers des mini-sites
59,8%
40,2%
Oui Oui
Non Non
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 68 -
chargés d‟émotions où le testimonial est une référence, et enfin Air France et sa campagne de
communication « Pour faire du ciel le plus bel endroit de la Terre » qui est touchante de
simplicité et de sincérité. Apple, enfin, est citée grâce à son caractère populaire, haut de
gamme et intouchable.
Cette intouchabilité est aussi relevée par FRANCK SAGNE : « De tous temps il y a eu
des consommateurs plus influents ou plus actifs que d’autres dans leur relation à leurs
marques préférées. Internet révèle ce phénomène et l’amplifie, bien entendu.
Pour les marques de Luxe cela signifie qu’elles doivent trouver le bon dosage entre créer une
interaction avec leurs consommateurs et garder une certaine distance pour demeurer
mystérieuses et désirables. » Et ces marques citées ci-dessus ont réussi ce pari difficile.
A la question « A quoi se rattache, selon vous, l’émotion que véhicule une
marque ? », les réponses sont mitigées, comme l‟indique le tableau ci-dessous.
Les réponses qui ont remporté une majorité des voix se trouvent être l‟image de
marque, le produit, l‟identité visuelle, l‟ambiance, l‟univers et le rêve. Chacune de ces
réponses obtient un score compris entre 43% et 52%. Etrangement, l‟expérience n‟obtient
qu‟un pourcentage de 22,3%. Cela sous-entend donc que l‟expérience proposée ne doit pas
être vécue comme telle, mais doit s‟incorporer dans toutes les pages du site Internet de la
marque de façon discrète et en totale concordance avec les valeurs véhiculées jusqu‟à présent
par cette même marque.
A quoi se rattache, selon vous, l’émotion que véhicule une marque? (Plusieurs réponses possibles)
Answer Options Response Percent
Response Count
Histoire 33,9% 102
L'image de la marque 49,2% 148
Le créateur 16,6% 50
Produit 48,5% 146
Des images, visuels 47,2% 142
Des films 11,6% 35
Des musiques 31,2% 94
L’ambiance 52,2% 157
Univers 43,2% 130
Rêve 46,5% 140
Expérience 22,3% 67
Autre 2,0% 6
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 69 -
Il semble opportun de préciser qu‟à la question « Comment différenciez-vous une
marque de champagne ou de spiritueux de ses concurrents ? », 41,4% de l‟échantillon de
population interrogée déclare se baser sur l‟univers propre de la marque, près de 62% de
l‟échantillon de population interrogé se base sur le produit. Ces résultats sont une fois encore
corroborés par la vision de GENEVIEVE JAMIN-DEJOIE.
« L’émotion doit se retrouver partout : on est tout de même dans un univers de
consommation, de plaisir, … On est aussi dans une approche universelle : de tous temps, les
hommes ont fait et consommé du vin, cela est historique… Un site de vins et spiritueux doit
faire rêver !
L’émotion découle du produit lui-même et des hommes qui l’élabore : le vin, c’est d’abord le
fruit du travail de l’homme et sa capacité à faire avec ce que la nature lui offre… C’est aussi
la passion d’un Chef de caves, son style, … C’est aussi un goût Maison ; Partager cette
expérience des hommes de la terre et du vin est indispensable ; il faut faire partager cette
aventure, expliquer comment et dans quel esprit les produits sont élaborés, et là on est dans
l’émotion.
Cela passe aussi sur une esthétique du site, par une navigation agréable et intuitive, etc. Un
site doit se consommer comme un produit… »
Pour FRANCK SAGNE, l‟expérience sur Internet n‟est pas une nécessité. C‟est devenu
depuis quelques temps déjà une obligation. « L’expérience a la même place que pour tous les
autres secteurs d’activité : elle est primordiale. Les consommateurs, c'est-à-dire nous,
attendons tous la même chose d’Internet : l’efficacité, la rapidité, la transparence,
l’interactivité, etc. c’est devenu un pré-requis de se préoccuper de l’expérience, c’est comme
la nécessité d’être poli ou respectueux vis-à-vis de nos consommateurs… on ne se pose pas la
question ! »
L‟on retrouve cette obligation chez Hennessy. Comme l‟a dévoilé STEPHAN
DUPONT, la marque de cognac Hennessy base sa communication sur une expérience auditive
qu‟elle souhaite faire partager au plus grand nombre. Cette expérience se base sur le principe
du « Art of Blending », particularité du cognac. Mais cette expérience n‟est pas diffusée telle
quelle sur Internet. Elle est travaillée, incorporée aux valeurs intrinsèques de la marque et
devient une partie intégrante de la stratégie de communication de la marque. L‟expérience est
aussi visible sur les pages historiques de la maison Hennessy grâce à un film esthétique et
institutionnel qui retrace les principales étapes clés de la marque. Même si le consommateur
est dans ce cas passif, il n‟en reste pas moins qu‟il est confronté à une expérience et vivra des
émotions, souvent liées à la musique, aux images et aux voix. Car comme le soutient
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 70 -
FRANCK SAGNE, « Pour que l’émotion passe, il faut que le contenu soit vraiment adapté au
média, en terme de forme, de format, etc… Par exemple si l’on retransmettait la bande son
d’un film TV à la radio, on perdrait toute l’émotion (c’est d’ailleurs une situation absurde,
lorsqu’on l’imagine). Souvent encore, on ne crée pas suffisamment les contenus en tenant
compte des particularités du média internet. »
D‟après l‟étude quantitative, les internautes seraient aussi 75,7% à retourner sur un
site Internet d‟une marque de champagne ou de spiritueux à forte valeur ajoutée si celui-ci
proposait une navigation expérientielle et originale. C‟est justement une des volontés des
professionnels : amener le plus de personnes possible à visiter et revisiter le ou les sites de la
marque.
Pour Absolut, l‟expérience est essentielle. Comme Fredrick Tallroth, Senior Internet
Manager pour la marque de Vodka: “If there is no experience, there is no relevance and then
there is no point - so it is key”.
Pour NATHALIE LITVINE, Directrice Communication Developpement de l‟agence de
communication 5ème Gauche, « le consommateur est ce qu’il a envie d’être. Libre aux
marques de décider de les tenir par la main et de les amener où elles le souhaitent. Mais
l’expérience sur Internet est un moyen de se différencier de la concurrence. Toujours selon
les objectifs que l’on souhaite atteindre : global ou local, les marques de champagne et
spiritueux doivent être conscientes qu’elles proposent un produit qui est cher pour ce qu’il est
réellement. Il n’est pas rare de découvrir un mousseux aussi bon qu’un champagne,
cependant, il ne jouit pas de l’AOC et c’est autour de cette perception que les marques
doivent jouer. Elles se doivent de distiller magie, symbolique et rêve au travers d’une
expérience hautement multi-sensorielle qui caractérise ce produit qu’est le champagne ou le
spiritueux. » Afin de créer et d‟entretenir cette forte valeur ajoutée, nécessaire pour subsister,
les marques de champagne et de spiritueux doivent donc se différencier de la concurrence,
non pas uniquement autour de leurs valeurs et de leur ADN propre, mais comme le précise
justement NATHALIE LITVINE, ces marques doivent réaliser un benchmark, étudier leurs
concurrents indirects. Au lieu de raisonner d‟un point de vue marque, il faut se placer dans le
rôle du consommateur. Ce consommateur ne consomme pas uniquement du Veuve Clicquot.
Il consomme Apple, a un Ipod et un Iphone, il craque sur les derniers souliers Berluti et sort
souvent dans les mêmes boîtes de nuit après un dîner entre amis chez Maxim‟s. Il est friand
de certains produits à forte valeur ajoutée, fond pour une montre Hermès et hésite à se laisser
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 71 -
tenter par l‟écharpe Vuitton qu‟il a pu trouver sur www.vuitton.com. Toutes ces marques qui
constituent l‟univers propre du consommateur s‟identifient à lui au travers de sites Internet
performants, car n‟oublions pas que la majorité des consommateurs des marques à forte
valeur ajoutée utilisent Internet. C‟est donc à Veuve Clicquot d‟observer et de développer sa
stratégie de communication Internet en fonction des sites Internet sur lesquels sont
consommateur peut flâner. « Il s’agit ici de créer un environnement expérientiel qui coïncide
avec celui des marques concurrentes utilisées par le consommateur afin qu’il y trouve une
continuité et qu’il puisse s’identifier sans heurt aux différentes marques qui l’entourent et
auxquelles il reste très attaché. » L‟expérience proposé par Apple est donc nécessaire pour
Veuve Clicquot d‟être examinée et étudiée, non pas pour proposer une expérience similaire,
mais pour créer un lien relationnel entre l‟environnement de son consommateur et non pas
décocher dans le paysage consumériste de ce dernier.
D‟un point de vue sexe, si nous croisons certaines données de notre étude quantitative,
nous nous apercevons que les femmes sont sensibles à 54,7% à l‟ambiance du site et
recherchent à 52,7% du rêve. Elles sont très sensibles à la musique. Les hommes quant à eux
recherchent à 53,5% des informations sur les produits et sont 48,6% à rechercher une
ambiance propre à la marque. Ils ne se considèrent pas sensibles à la musique.
D‟un point de vue âge, les 18 - 34 ans recherchent de l‟émotion sur Internet au travers
de l‟ambiance des sites Internet (60%). 50% des 35-50 ans lient quant à eux l‟émotion à
l‟image de la marque qu‟ils cultivent depuis longtemps et en dehors d‟Internet et aux produits
(50%). Les personnes de plus de 50 ans basent leurs émotions sur les produits de la marque
(38%) et sur l‟image de cette marque (35%).
D‟un point de vue Catégorie Socioprofessionnelle, Les étudiants souhaitent une
immersion totale dans l‟univers de la marque alors que les actifs recherchent essentiellement
l‟esthétisme et un équilibre entre rationalité et irrationalité. Quant aux personnes de plus de 50
ans, elles recherchent des informations sur les produits et ne se considèrent pas comme
touchées par les démarches expérientielles et émotionnelles des sites des marques.
Ainsi, les individus aux forts revenus et les étudiants cherchent une ambiance et du
rêve pour ressentir des émotions sur Internet. Les autres personnes interrogées cherchent des
informations sur les produits afin de ressentir, peut-être, de l‟émotion.
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 72 -
Le camembert ci-dessous donne un aperçu de la répartition de l‟échantillon de
population interrogé en fonction de la catégorie socioprofessionnelle à laquelle l‟individu
interrogé appartient.
L‟expérience sur Internet est donc créatrice d‟émotion. Cette expérience doit être
distillée de façon adéquate et réfléchie pour ne pas noyer le consommateur dans un
environnement qui l‟oppresse et qui ne correspond pas à ses attentes sous risque de créer une
émotion négative qui jouera en la défaveur de la marque. De plus en plus l‟internaute cherche
à retranscrire virtuellement ce qu‟il peut vivre réellement. C‟est pour cela que le marketing
des marques à forte valeur ajoutée de champagne et de spiritueux ainsi que les agences de
communication tentent de développer des approches qui répondront au mieux aux attentes,
parfois floues et indécises du consommateur. L‟analyse de la concurrence et des expériences
que les sites Internet de cette concurrence peuvent proposer est aussi importante, car plus que
chercher une identification du consommateur à la marque du luxe on assiste à une
transgression de la règle du luxe selon laquelle la marque ne doit pas s‟adapter au
consommateur mais bel et bien l‟inverse. A présent, les marques, face à la sphère de
consommation de l‟internaute se doivent de rester performantes, fidèles à elles-mêmes et à
leurs ADN mais surtout fidèles à l‟univers de leur consommateur. Il ne s‟agit pas pour les
marques de donner le pouvoir au consommateur, car comme précisé précédemment, il s‟agit
de cultiver une inaccessibilité et un rêve intouchable. Mais subrepticement, les marques à
forte valeur ajoutée de champagne et spiritueux qui semblent être des marques hautement
12,7%0,3%
27,4%
7,2%4,8%2,1%
45,5%
Employé Employé
Ouvrier Ouvrier
Cadre Cadre
Indépendant Indépendant
Sans profession Sans profession
Retraité Retraité
Etudiant Etudiant
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 73 -
multi-sensorielles (68,5% de la population interrogée le pense) se doivent d‟emprunter
certains codes à leurs concurrents pour s‟identifier et s‟inscrire dans une sphère homogène
dans laquelle le consommateur souhaite évoluer. Le jeu de séduction est donc fortement encré
dans la stratégie de la marque. C‟est son image de marque qu‟elle joue avant tout, et qui peut
soit se développer soit s‟effondrer via un site expérientiel plus ou moins bien développé et
pensé.
6. DISCUSSION
Aux termes de ces études terrain, menées auprès d‟un échantillon de population
composé de 346 personnes et de 15 professionnels, nous sommes à présent aptes à valider ou
infirmer les hypothèses préalablement citées et de discuter de la problématique qui nous
intéresse depuis le début de ce travail.
Hypothèse 1 : Le rationnel n‟est pas suffisant pour définir une marque forte mais il est
nécessaire.
Le rationnel fait appel aux informations que l‟on peut trouver sur Internet. Le
caractère irrationnel, quant à lui, fait référence aux variables émotionnelles et
expérientielles dans leur ensemble. Afin de développer un site Internet pour les marques à
forte valeur ajoutée de champagne et de spiritueux, il semble à présent évident qu‟à la fois
rationalité et irrationalité doivent être étroitement liées. Comme l‟ont précisés plusieurs
professionnels, et comme le souligne aussi la volonté des consommateurs, l‟émotion doit
être basée sur un socle rationnel authentique et informatif, dont la véracité n‟est plus à
prouver. Le discours factuel est donc la base d‟un discours émotionnel proposé par la suite
par la marque.
De plus, nous savons à présent que le consommateur ne recherche pas uniquement
des informations mais cherche aussi à s‟inspirer d‟un univers propre à la marque, afin d‟en
épouser ou rejeter les valeurs propres et s‟identifier à l‟ADN de cette marque. Comme
nous le disions, au Panthéon des grands storytellers on trouve l‟Eglise puis ensuite le Luxe.
Et ce sont ces histoires, cette part de rêve qui fait la différence entre une marque de grande
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 74 -
distribution et une marque de luxe. Il y a un savoir-faire unique, une histoire propre, un
nom mythique qui s‟associe à une marque et qui forme son image de marque.
Une marque sans discours factuel n‟est que feu de paille car en dessous des
strasses, si rien n‟existe, rien ne peut perdurer et aucun discours, aussi séduisant soit-il, ne
pourra résister à l‟absence d‟éléments factuels et d‟ores et déjà considérés comme établis
depuis plusieurs années ou par plusieurs personnes. L‟opposé se vérifie aussi. Une marque
sans discours irrationnel ne peut subsister dans un environnement où toute marque à forte
valeur ajoutée, qu‟elle soit de champagne, de spiritueux, de maroquinerie ou de joaillerie
se doit de créer un univers qui lui est propre, que le consommateur ne peut pas vivre
réellement et qui se présente à lui comme un exutoire à sa propre existence. Un bijou Van
Cleef & Arpels sans son univers ne brille pas autant. Veuve Clicquot sans sa couleur jaune
ne serait pas Veuve Clicquot. Hennessy sans son « art of Blending » ne serait qu‟un
spiritueux à la hauteur d‟une marque lambda. Ce qui les différencient c‟est bel et bien la
variable irrationnelle qui, conjuguée avec l‟autre variable rationnelle leur permet de
développer une image de marque particulière. L’hypothèse 1 est confirmée par les
recherches académiques, scientifiques et les études terrain.
Hypothèse 2 : Les marques fortes ont besoin d‟un historique bien ancré pour créer
l‟émotion.
Pour FABIENNE HUTTAUX-MOREAU, « Il suffit de dire « il était une fois… » à
quelqu’un pour que l’émotion surgisse. Impossible de faire pareil avec des informations
techniques ou comptables … ».
L‟historique bien ancré d‟une marque de champagne ou de spiritueux à forte valeur
ajoutée semble être un pré-requis pour créer de l‟émotion. GlenMorangie utilise cette histoire
pour convaincre son consommateur du savoir-faire unique utilisé pour produire ses whiskies.
Hennessy pense que Patron, qui connait actuellement un franc succès en termes de ventes et
d‟image de marque, ne sera qu‟un feu de paille car contrairement à Hennessy, Patron n‟a pas
plusieurs centaines d‟années d‟expérience derrière elle qui lui confère une perception
qualitative aux yeux du consommateur.
Pourtant, pour le Marketing Intelligence Service de Moët-Hennessy, même si l‟histoire
représente un plus, le réel plus reste le produit. Pour les agences de communication il en va de
même. Euro RSCG et 5ème
Gauche sont unanimes. L‟histoire peut être un plus si elle est
travaillée correctement et originalement, mais Patron ne risque pas de chuter pour autant. Pour
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 75 -
NATHALIE LITVINE, Patron doit tirer avantage de sa nouveauté, créer des outils modernes et
ne chercher sous aucun prétexte à se donner un âge. Car ce n‟est pas l‟âge qui créé l‟émotion.
Pour 5ème
Gauche, la perception de la qualité à travers l‟âge s‟estompe de plus en plus, sur
l‟exemple d‟Apple. L‟histoire d‟une marque à forte valeur ajoutée doit être capitalisée et
conservée afin de créer un storytelling. C‟est ce storytelling qui peut enrichir l‟image de la
marque. Mais en aucun cas l‟histoire bien ancré d‟une maison de champagne ou de spiritueux
à forte valeur ajoutée n‟est indispensable pour créer de l‟émotion. Elle peut être un support,
une aide, un plus, mais n‟est ni suffisante ni nécessaire. L’hypothèse 2 est donc infirmée.
Hypothèse 3 : L‟univers de la marque doit être développé et appliqué au site dans sa
totalité pour créer une expérience suffisamment marquante afin que l‟émotion soit plus
vive à travers le temps.
L‟univers de la marque doit être développé en connaissance totale des concurrents
directs et indirects de la marque. Plus que tenter de séduire une cible aspirationnelle, il s‟agit
pour ces marques de faire partie d‟un univers de consommation dans lequel s‟inscrit chaque
consommateur en fonction de ses affinités. STEPHAN DUPONT précise que l‟expérience
développée sur Internet peut obliger à la fois le consommateur à être actif, passif ou à
interagir. Il y a donc différentes expériences qui créent toutes in fine une émotion. NATHALIE
LITVINE précise que sur Internet, l‟internaute est livré à la marque. C‟est à elle de faire en
sorte de susciter les bonnes émotions au bon moment, afin que le cerveau du consommateur
puisse les mémoriser. Pour FRANCK SAGNE, l‟émotion est un cadeau fait à l‟internaute et
une mise à jour suffisamment entretenue poussera le consommateur à retourner plusieurs fois
sur le site Internet de la marque. Pour FRANÇOIS DEMOUY, l‟expérience commence dès la
page d‟accueil et doit se terminer lorsque l‟internaute ferme la fenêtre, mais elle ne doit pas
être excessive. Car rappelons que l‟émotion suscitée peut être bonne ou mauvaise, voire
même commencée positivement et se dégrader avec le temps. Il ne s‟agit pas de noyer le
consommateur dans un univers, mais de cibler le plus justement possible quelles pages se
doivent d‟être interactives, quelles autres pages doivent proposer une expérience passive,
comme un film, une animation. Et l‟originalité paye toujours. C‟est le cas d‟Hermès et ses
films d‟animation faits d‟ombres et de lumières et de décors en carton-pâte. 5ème
Gauche
avance l‟idée qu‟une expérience globale n‟est pas obligatoirement bonne à développer, car
certaines pages du site doivent être développées pour les spécialistes comme l‟assemblage, le
caractère scientifique et informatif pur qui se doit d‟être dénué d‟expérience.
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 76 -
Mais dans ce cas ne vaut-il mieux pas développer un mini site spécialement réalisé
pour les spécialistes et les livreurs des maisons de champagne et de spiritueux ? NATHALIE
LITVINE conclut finalement par l‟importance de transformer le consommateur en
« consommacteur ».
L‟hypothèse 3 est majoritairement validée, avec cependant une réserve au sujet de la
cible à qui s‟adressent les pages Internet développées. Dans une approche globale, où le site
Internet des marques de champagne et spiritueux à forte valeur ajoutée est destiné au
consommateur lambda, l‟expérience doit être globale et s‟étendre sur l‟intégralité des pages
du site avec des intensités différentes et des buts bien précis : passivité ou activité du
consommateur, interactivité, films, storytelling, musiques… Mais c‟est bel et bien l‟activité
soutenue et suivie de ces sites Internet qui feront la différence et pousseront le consommateur
à venir et revenir sur Internet visiter l‟univers de la marque. L’hypothèse 3 est donc validée.
7. CONCLUSION
Depuis une vingtaine d‟années, Internet est devenu un médium de communication
incontournable. Alors que les marques à forte valeur ajoutée se montraient frileuses en
matière de communication web, la logique de présence, de site vitrine, a évolué en une
logique collaborative, e-business, marketing participatif, web 2.0, Medias Sociaux, peer-to-
peer.
Heureusement toutes les marques à forte valeur ajoutée ne se montrent pas aussi
méfiantes vis-à-vis d‟Internet. Il en va de même pour les marques de champagne et de
spiritueux à forte valeur ajoutée. Ces marques sont par essence même considérées comme
hautement multi-sensorielles et compte tenu de leur richesse sémantique et culturelle, voire
même historique, elles possèdent tous les atouts nécessaires pour développer une approche e-
marketing et e-communication performante au travers de sites institutionnels, mini-sites ou
sites de e-commerce.
L‟avenir de ces marques passe par Internet. Vuitton, Chanel et Hermès sont des
précurseurs dans l‟industrie du luxe sur Internet. Elles ont d‟ores et déjà rempli les objectifs
qu‟elles s‟étaient fixées. Car Internet est l‟outil rêvé pour personnaliser au maximum une
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 77 -
communication qui se veut de plus en plus unique entre le consommateur et la marque. Mais
certains pièges sont à éviter, et ces marques ne doivent pas tomber dans les dérives d‟une
utilisation abusive et non contrôlée d‟Internet. Les modes de consommation ont
irrémédiablement évolué d‟une approche de standardisation à une approche de
personnification des liens individu-marque. Et cette personnification chère au consommateur
influe directement sur sa perception de la marque. Un produit à forte valeur ajouté est
considéré comme un produit « high involvment »91
. Le schéma de consommation d‟un tel
produit est basé sur trois concepts, dans l‟ordre : la cognition, l‟affect et l‟expérience. Une
approche expérientielle visant à faire ressentir des émotions au consommateur abat les
barrières impersonnelles qui pouvaient exister entre l‟individu et la marque en rendant cette
dernière plus humaine et facilitatrice d‟un épanouissement virtuel, d‟une évasion numérique
le temps d‟une recherche. Le schéma de consommation d‟un bien dit de « high involvment »
passe donc de Cognition – Affect – Expérience à Expérience – Affect – Cognition. Le
consommateur s‟identifie plus rapidement et plus aisément à la marque. L‟émotion découlant
de l‟expérience sur Internet est donc un facteur d‟accroissement de l‟image des marques de
champagne et de spiritueux à forte valeur ajoutée. Le potentiel que ces marques détiennent est
immense et peut être utilisé à bon escient pour développer une communication particulière à
chacune des marques, dans le respect de leur ADN et de leurs valeurs, en concomitance avec
les attentes des consommateurs les plus exigeants. Et ce, afin d‟établir un lien particulier
soutenu par une image de marque toujours plus forte et identitaire.
7.1. LIMITES DE L’ETUDE
Lors de notre démarche nous avons été confrontés à plusieurs problèmes qui ont
souligné les limites de notre sujet.
Tout d‟abord la recherche académique et scientifique a atteint ses limites dès l‟ores
qu‟elle touche à l‟émotion. Il est difficile d‟étudier une variable telle que l‟émotion dans le
comportement du consommateur car l‟émotion ne peut pas être définie comme rationnelle.
Jusqu‟à présent, aucune classification des émotions ressenties par le consommateur n‟a été
91
How Advertising Works? What do you really know? Demetros Vakratsas, Tim Ambler, Journal of Marketing,
Vol. 63, No. 1. (Jan., 1999), pp. 26-43.
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 78 -
clairement établie. Alors que mêler la neurologie avec le marketing afin de comprendre les
tenants et aboutissants des actes des consommateurs semble aujourd‟hui nécessaire et dans
l‟air du temps, la science révèle actuellement ses limites et l‟émotion en marketing n‟en est
qu‟à ses balbutiements et ne repose actuellement pas sur un modèle précis.
Notre étude terrain a elle aussi révélé ses limites. Tout d‟abord, les 346 personnes
interrogées ont été choisies arbitrairement. Même si cette répartition de la population tend à
coller avec l‟image de la population utilisant Internet de nos jours, nous n‟avons pas ciblé les
aficionados des marques que nous avons étudiées. STEPHAN DUPONT a pourtant été clair
lors de l‟entretien que nous avons effectué avec Hennessy : les consommateurs de Hennessy
ne sont pas français et la perception de leurs produits n‟est en rien identique en France et aux
Etats-Unis. En termes de champagnes, on dénombre en France environ 1600 marques
différentes de champagne. Les champagnes proposés à l‟étranger sont majoritairement les
marques connues et non les petits producteurs. La perception du consommateur français n‟est
donc pas un total reflet des consommateurs internationaux des marques ici étudiées. Il aurait
été intéressant de cibler notre étude terrain sur les aficionados des marques afin qu‟ils nous
fassent part de leurs attentes et de leurs impressions.
Aussi, le refus de répondre de plusieurs marques comme Moët&Chandon, Dom
Perignon, Bollinger, Pommery, Perrier-Jouët, Patron ou encore Belvedere ne nous permettent
pas de confronter bon nombre d‟approches de marketing interactif. Il aurait été intéressant,
voire enrichissant de connaître plus en détails les stratégies des marques pour les années à
venir, mais il est d‟emblée apparu clairement que de telles stratégies ne pouvaient nous être
communiquées.
Enfin, les juridictions en vigueur dans les différents pays du monde ne permettent pas
aux marques de champagne et de spiritueux à forte valeur ajoutée de développer tel qu‟elles le
souhaiteraient une approche pleinement satisfaisante de leur site Internet. L‟exemple le plus
significatif pour nous, français, reste la loi Evin qui interdit, entre autre, à toute marque de
vins et spiritueux de concevoir un quelconque visuel institutionnel ou publicitaire qui
comporterait un individu autre que le président de l‟entreprise ou le maître de cave/chais.
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 79 -
7.2. PISTES DE REFLEXION
Le sujet ici étudié pourrait être enrichi en prenant en compte les SMO ou Social Media
Optimisations. Nous avons sciemment choisi de ne pas approfondir ce sujet, mais il semble
primordial dans un futur proche d‟y accorder toute l‟attention que cela demande. Les médias
sociaux tels que Facebook, Twitter, Orkut ou MySpace peuvent avoir une place
prépondérante dans une stratégie de marque à forte valeur ajoutée. Il en est déjà question pour
des marques telles que Dior, Yves Saint Laurent… pourquoi n‟en serait-il pas le cas pour
Piper Heidsieck ou Remy Martin ? Cette ouverture permettrait d‟établir un lien fort entre web
2.0., aussi nommé le web participatif et les marques à forte valeur ajoutée que nous avons
jusqu‟alors étudiées, afin d‟en mesurer l‟impact sur leur image de marque. Il a été observé ces
derniers temps que certaines marques se sont heurtées à une communication trop faible ou peu
contrôlée via les médias sociaux. Les moyens de communication développés pour la
téléphonie mobile, les mini sites 3G ou pour Iphone sont aussi une donnée à prendre en
compte lors de l‟élaboration de futures stratégies marketing et communication.
Il serait aussi intéressant de réfléchir sur la place du Luxe dans l‟environnement du
consommateur. Il semble que les barrières du luxe, déjà floues à la base, doivent être
clarifiées afin de savoir où sont les limites à ne pas franchir dans leurs stratégies de
communication et de marketing. Jusqu‟à présent, le luxe a été considéré comme inaccessible
et intouchable. Hors avec l‟avènement des médias sociaux la distance que les marques à forte
valeur ajoutée s‟imposent de maintenir entre elles-mêmes et leurs consommateurs tend à se
résorber. Quelle sera donc l‟incidence des médias sociaux sur la perception du Luxe chez les
consommateurs ?
Pour conclure, nous pouvons faire nôtre la citation de Peter Drucker : "Le meilleur
moyen de prédire le futur est de l'inventer". A charge aux marques de champagne et de
spiritueux à forte valeur ajoutée de s‟approprier cette citation et de l‟appliquer sur le web.
# # #
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 80 -
8. ANNEXES
ANNEXE 1
Contributions théoriques à l’analyse du contenu de l’expérience de consommation
dans
Boyer A. et Nefzi A.
« La perception de la qualité dans le cadre d‟une consommation de nature expérientielle »,
Market Management 2007/1, n° 5, pp. 4-27.
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 81 -
ANNEXE 2
Trois approches discrètes de l’émotion
dans
Ferrandi Jean-Marc, Debarnier Virginie, Valette-Florence Pierre
« Une première application de l‟échelle de Richins pour mesurer les réactions émotionnelles à
la publicité. »
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 82 -
ANNEXE 3
Les dimensions des réactions affectives
dans
Boyer A. et Nefzi A.
« La perception de la qualité dans le cadre d‟une consommation de nature expérientielle », Market
Management 2007/1, n° 5, pp. 4-27.
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 83 -
ANNEXE 4
L’échelle originale de Richins (1997)
dans
Ferrandi Jean-Marc, Debarnier Virginie, Valette-Florence Pierre
« Une première application de l‟échelle de Richins pour mesurer les réactions émotionnelles à la
publicité. »
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 84 -
ANNEXE 5
Liste exhaustive des marques appartenant à la prestigieuse liste du Comité Colbert, et
institutions partenaires
dans
Rapport annuel 2008 du Comité Colbert
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 85 -
ANNEXE 6
Emotion for the type of actions that can occur when an individual is interacting with a website
dans
Jones Marilyn Y., Spence Mark T., Vakkaster Christine
“Creating emotions via B2C websites”, © 2008 Kelley School of Business, Indiana University,
Business Horizon (2008) 51, pp. 419-428.
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 86 -
ANNEXE 7
QUESTIONNAIRE QUANTITATIF
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 87 -
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 88 -
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 89 -
ANNEXE 8
Exemple de questionnaire qualitatif
QUESTIONNAIRE QUALITATIVE ADRESSE AU MARKETING INTELLIGENCE
SERVICE de MOET HENNESSY
-
Franck Sagne
1) Pouvez-vous succinctement présenter votre rôle dans votre entreprise ?
Je suis chef des projets de marketing interactif pour le groupe d’activité Vins & Spiritueux du groupe
LVMH . A ce titre, j’interviens dans la conception des stratégies de marketing interactif de nos
marques depuis la conception du brief des agences jusqu’au lancement des projets. Lorsque les
marques ont déjà un responsable internet, j’interviens comme un consultant interne, du fait de ma
séniorité dans ce domaine d’expertise.
2) Qu’est-ce que pour vous une marque à forte valeur ajoutée ? (Forte perception du
consommateur, belle image auprès du consommateur, responsabilité Sociale de l’Entreprise,
part de rêve qu’elle offre… ?)
Une marque à forte valeur ajoutée est une marque qui apporte au consommateur plus que la simple
valeur d’usage ou qu’un bénéfice produit trivial: cette marque pourra apporter en supplément une
part de rêve, un sentiment d’appartenance à une communauté (de connaisseurs, par exemple) ou
bien la défense de valeur (le commerce équitable…), par exemple.
3) Quelle place accordez-vous à Internet dans une stratégie de communication pour les
marques de champagne et de spiritueux de LVMH ?
Internet peut répondre à 5 types d’objectifs, en général et pour nos marques :
1) Délivrer de l’information aux consommateurs
2) Recruter de nouveaux consommateurs
3) Batir de la loyauté
4) Accroître la fréquence d’achats de consommateurs existants
5) Faciliter l’achat
Nombre de nos sites ne répondent qu’à l’objectif n°1, il s’agit là de sites de communication dits
« brochures ». Or nous estimons que c’est plutôt sur les objectifs 2) 3) et 4) qu’internet a un rôle fort
à jouer pour nos marques. C’est ainsi, par exemple, que la marque Hennessy a lancé un site internet
international, relayé par la présence sur des média sociaux tels que Facebook, non seulement pour
informer les consommateurs sur la marque et ses produits mais surtout pour consolider la loyauté
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 90 -
des consommateurs existants et aussi en recruter de nouveaux (notamment à travers la promotion
du programme de communication de la marque, Hennessy Artistry). Le site est appelé à devenir un
point de contact important avec la marque, en particulier en terme de gestion de sa relation client.
Concernant l’objectif 5) nous sommes convaincus qu’internet aide certains consommateurs à se
décider sur l’achat de tel ou tel produit cher (tels que les cuvées de prestige en champagne par
exemple). En revanche, le e-commerce ne fait pas partie du business model de nos marques (à
l’exception du vin pétillant Chandon Californie)… pour l’instant !
4) Pensez-vous qu’il est important pour les marques de vins et spiritueux à forte valeur ajoutée
d’investir dans un site Internet performant ?
Je pense que si nous investissons sur un site internet, autant qu’il réponde aux objectifs 2) à 4) . Or ce
type de site est plus cher qu’un simple site vitrine tant en coût d’implémentation que de
maintenance.
5) Pourquoi ?
Les sites dont les objectifs sont très clairement orientés vers la gestion de la relation client, les ventes
incrémentales, la fidélisation… bref, vers le business, sont les seuls dont on peut attendre un
véritable ROI, et le calculer assez finement. C’est beaucoup plus difficile pour un site vitrine par
exemple.
6) Quelle place accordez-vous à l’expérience du consommateur sur les sites Internet des
marques pour ce secteur d’activité ?
La même que pour tous les autres secteurs d’activité : elle est primodiale. Les consommateurs, c'est-
à-dire nous, attendons tous la même chose d’internet : l’efficacité, la rapidité, la transparence,
l’interactivité, etc… c’est devenu un pré-requis de se préoccuper de l’expérience, c’est comme la
nécessité d’être poli ou respectueux vis-à-vis de nos consommateurs… on ne se pose pas la
question !
7) A long terme, quelle stratégie Internet souhaitez-vous développer pour les marques de vins
et spiritueux de votre Portfolio ? (N.B. Bon nombre d’informations sont surement
confidentielles, pouvez-vous tout de même établir un draft, une courte approche d’Internet et
de sa place dans les années futures ?)
Il n’y aura certainement pas de stratégie internet globale pour nos marques, chacune d’entre elle
étant particulière et ayant donc ses propres objectifs business. Ce à quoi nous tendons est de faire
que les dispositifs marketing de nos marques intègrent de plus en plus internet en amont et non en
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 91 -
fin de course comme c’est encore trop souvent le cas. Dans certains cas internet peut être un média
tactique, certes, mais pour être véritablement efficace, il doit être intégré bien en amont dans les
stratégies marketing globales de nos marques.
8) Comment définiriez-vous l’émotion sur Internet ? Selon vous, quelle est l’importance de
l’émotion pour le comportement du consommateur vis-à-vis d’une marque de ce secteur
d’activité ? (Champagne et Spiritueux
L’émotion n’est pas différentes sur internet qu’ailleurs. Internet n’est qu’un média et l’émotion passe
par les contenus que ce média va transmettre : photo, film, vidéo, son, texte... Mais pour que
l’émotion passe, il faut que le contenu soit vraiment adapté au média, en terme de forme, de format,
etc… Par exemple si l’on retransmettait la bande son d’un film TV à la radio, on perdrait toute
l’émotion (c’est d’ailleurs une situation absurde, lorsqu’on l’imagine). Souvent encore, on ne crée pas
suffisamment les contenus en tenant compte des particularités du média internet.
9) Nous assistons aujourd’hui à une mutation du rôle du consommateur qui passe d’un rôle
passif à un rôle de « consommacteur ». Quelle place importance, à vos yeux, représente ce
consommateur pour de telles marques ? Pensez-vous qu’il soit important de créer des
espaces sur les sites de marque qui leur sont destinés ?
De tous temps il y a eu des consommateurs plus influents ou plus actifs que d’autres dans leur
relation à leurs marques préférées. Internet révèle ce phénomène et l’amplifie, bien entendu.
Pour les marques de Luxe cela signifie qu’elles doivent trouver le bon dosage entre créer une
interaction avec leurs consommateurs et garder une certaine distance pour demeurer mystérieuses
et désirables.
10) L’historique de ces marques constitue-t-elle un plus sur Internet ?
L’histoire des marques est un contenu qui, s’il est bien conçu, apporte un plus mais le vrai plus, c’est
toujours le produit.
11) Sur Internet, les éléments factuels sont-ils aussi importants que les éléments émotionnels ?
(ici, nous aimerions savoir si le contenu est plus important, aussi important, moins important
que la forme. )
Je pense qu’en règle général, le fond est toujours aussi important que la forme et vice et versa… S’il y
a déséquilibre cela se fait toujours au détriment des deux. Internet n’échappe pas à la règle.
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 92 -
12) Un site de marque doit-il dispenser toutes les informations possibles ou à contrario être sujet
à un parti-pris et dispenser des informations ciblées et non exhaustives ?
Tout dépend des objectifs et de la cible de la marque! Et sur interntet comme ailleurs, l’attention
portée au détail est décisive pour nos marques de Luxe.
13) Comment imaginez-vous le site Internet idéal pour une marque de champagne et spiritueux
à forte valeur ajoutée de LVMH ?
Ce serait un site-dispositif internet qui répondrait clairement aux objectifs de la marque et serait
parfaitement intégré à sa stratégie globale.
14) Comment, selon-vous, renforcer une image de marque de champagne ou de spiritueux à
forte valeur ajoutée sur Internet ?
Il me semble que cette question est vraiment très (trop) large.
###
QUESTIONNAIRE QUALITATIVE ADRESSE AUX MAISONS DE CHAMPAGNE ET
SPIRITUEUX
- Deutz
Geneviève Jamin-Dejoie
1) Pouvez-vous succinctement présenter votre rôle dans votre entreprise ?
Je m’occupe du marketing stratégique/conceptuel et de la communication.
2) Qu’est-ce que pour vous une marque à forte valeur ajoutée ?
C’est avant tout une question de qualité et de constance.
3) Quelle place accordez-vous à Internet dans votre stratégie de communication ?
Une des premières places… Nous nous situons dans un univers de connaisseurs, qui aiment découvrir
et partager : cette notion de partage rend le média internet incontournable et utile…
A cela, s’ajoutent des considérations financières (petite Maison, sans énorme budget : communiquer
sur le web coûte moins cher (vs de grosses opérations de RP ou des campagnes de publicité), permet
de mieux cibler, et permet à la fois d’entretenir un certain buzz et une certaine confidentialité qui
convient bien à notre marque (et à nos petits volumes).
4) Pensez-vous qu’il est important pour les marques de vins et spiritueux à forte valeur ajoutée
d’investir dans un site Internet performant ?
Oui, c’est aujourd’hui la première vitrine de la marque et d’autant plus pour les vins et spiritueux qui
s’achètent de plus en plus via internet.
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 93 -
5) Comment vous différenciez-vous de vos concurrents sur le net ?
Nous allons… car les sites de Deutz et Delas sont à refaire…. Je pense que notre discours sera axé sur
le pourquoi et pas seulement le comment : le discours vins et spiritueux est encore très technique
dans l’ensemble, plus centré sur les process que sur le bénéfice consommateur et la notion de plaisir.
Nous allons nous différencier en raison de notre positionnement de niche : le paradoxe qui rend la
marque précieuse, c’est d’être présent sur le web et ainsi « offert » (visible) à des millions de
personnes, tout en étant une petite Maison qui produit peu, et dont chaque produit est donc rare….
6) Comment qualifieriez-vous la performance de votre site Internet ? Vous satisfait-il ?
Non, pour l’instant…
7) Quelle place accordez-vous à l’expérience du consommateur sur les sites Internet des
marques de votre secteur d’activité ? (N.B. : l’expérience sur Internet est ici apparentée à une
forme de communication multi sensorielle suscitant chez l’internaute une réaction
émotionnelle subjective qui échappe à son contrôle)
Cf ci-dessus, peu de place est à ce jour accordée à l’émotion, on est dans une approche très
technique (sols, sous-sols, élaboration, …) et peu sur l’émotion, le goût.
8) A long terme, essayerez-vous de proposer au consommateur, sur Internet, une expérience
propre à votre marque dans laquelle il pourra totalement s’immerger ?
Difficile d’afficher cette prétention… mais on essayera…
9) Cette expérience de votre marque doit-elle être globale, c’est-à-dire appliquée à la totalité
de votre site (Toutes les pages confondues) ou doit-être restée cantonnées aux pages
produits ou certaines autres pages ?
L’émotion doit se retrouver partout : on est tout de même dans un univers de consommation, de
plaisir, … On est aussi dans une approche universelle : de tous temps, les hommes ont fait et
consommé du vin, cela est historique… Un site de vins et spiritueux doit faire rêver !
10) Quelle est la place de l’émotion sur Internet et plus particulièrement dans votre stratégie
Internet ? (N.B. ici, l’émotion est apparentée à une réaction chimique naturelle provoquant le
ressenti de joie, peur, angoisse, bonheur et pouvant provoquer des pleurs, des rires, un
émerveillement… Elle découle, selon les chercheurs d’une expérience vécue par le
consommateur)
L’émotion découle du produit lui-même et des hommes qui l’élabore : le vin, c’est d’abord le fruit du
travail de l’homme et sa capacité à faire avec ce que la nature lui offre… C’est aussi la passion d’un
Chef de caves, son style, … C’est aussi un goût Maison ; Partager cette expérience des hommes de la
terre et du vin est indispensable ; il faut faire partager cette aventure, expliquer comment et dans
quel esprit les produits sont élaborés, et là on est dans l’émotion.
Cela passe une esthétique du site, par une navigation agréable et intuitive, etc. Un site doit se
consommer comme un produit…
11) Quel rôle ont les consommateurs pour votre marque sur Internet ?
Ils ont un rôle d’ambassadeur puisqu’à leur tour, ils communiquent sur la marque (en ligne ou dans la
vie réelle) ; ils ont aussi un rôle de révélateur, de miroir : ils vont des choses qu’on ne voit plus quand
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 94 -
on fait partie d’une Maison, ils ont aussi une vision globale, et peuvent donc provoquer des remises
en questions, et donc des réactions et des améliorations.
12) L’historique de votre marque constitue-t-elle un plus dans votre stratégie de communication
sur Internet ?
C’est indéniablement un plus, mais pas uniquement pour la communication sur internet… Cela
renforce la crédibilité de la marque et son savoir-faire : l’ancienneté apporte la fiabilité.
Sur internet, cela permet néanmoins de donner de la profondeur à la marque : on peut avoir 150,
200 ans et afficher sa contemporanéité en communiquant sur le web. On sait vivre avec son temps et
s’adapter… On peut penser que l’entreprise a la même démarche au niveau de l’élaboration de ses
produits, et c’est rassurant.
13) Sur Internet, les éléments factuels sont-ils aussi importants que les éléments émotionnels
visant à développer un univers propre à votre marque ?
Oui, mais aussi dans toute communication au-delà même d’internet… Je dirais même que l’émotion,
c’est le plus…
Aujourd’hui, il faut convaincre et être transparent avec le consommateur : cela passe par un discours
factuel, aucune marque ne peut en faire l’économie. Si on n’est pas d’abord dans ce registre, il n’y a
même pas de consommateur.
L’émotion vient après, une fois que le discours factuel/scientifique a été évacué : l’émotion c’est
l’âme de la marque, ce qui fait qu’on va la choisir plutôt qu’une autre et y être fidèle.
L’enjeu est de trouver le juste équilibre entre les deux.
Je pense qu’aujourd’hui le ton de la communication factuelle est de plus en plus influencé par la
communication émotionnelle : on emploie plus qu’avant un registre émotionnel pour aborder le
factuel. Et cela est plus fréquent et plus facile sur le web : son, film, photo, …, multiples possibilités,
en termes de technique.
Et le pur discours émotionnel (jugé un peu ringard) est plus suggéré que dit (on n’est plus dans la
« promesse produit » des pub des années 80…).
14) Comment imaginez-vous le site Internet idéal pour votre marque ?
Il est esthétique et léger (pas trop de pages) ; agréable à consulter, mis à jour régulièrement,
interactif. On doit avoir envie d’y revenir… et y revenir !
15) Qu’est-ce qui, selon vous, renforcerait votre image de marque sur Internet ?
Notre présence « positive » sur les blogs ; du buzz…
###
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 95 -
9. BIBLIOGRAPHIE
Articles académiques:
- Boyer A. et Nefzi A.
« La perception de la qualité dans le cadre d‟une consommation de nature
expérientielle », Market Management 2007/1, n° 5, pp. 4-27.
- Bronner J.-C., Reininger C., Rouget M., Tapies J., Daumas J.-C., de Ferrière le
Vayer M. et Béjean M.
« Le luxe aujourd‟hui », Entreprises et histoire 2007/1, N° 46, pp. 177-187.
- Carù Antonella, Cova Bernard
« Expérience de consommation et marketing expérientiel », Revue française de
gestion, 2006 – 3 (N° 162), pp. 99-113.
- de Ferrière le Vayer M.
« Des métiers d‟art à l‟industrie du luxe en France ou la victoire du marketing sur la
création », Entreprises et histoire 2007/1, N° 46, pp. 157-176.
- Debos F.
« Les relations numériques individu-marque », Document numérique 2007/3-4,
Volume 10, pp. 63-79.
- Dereumaux R.-M.
« Le luxe et l‟image de marque », Market Management 2007/1, n° 5, pp. 70-78.
- Desmet Pieter
“Designing Emotions – INTRODUCTION”.
- Dou Wenyu, Krishnamurthy Sandeep
“Using Brand Websites to Build Brands Online: a Product versus Service Brand
Comparison”, Journal of Advertising Research, June 2007, pp. 193-206.
- Ferrandi Jean-Marc, Debarnier Virginie, Valette-Florence Pierre
« Une première application de l‟échelle de Richins pour mesurer les réactions
émotionnelles à la publicité. »
- Ha Hong-Youl
“The Relationships between 3-D Advertisings and Risk Perceptions on the Web: The
Role of Brand and Emotion”, Journal of Current Issues and Research in
Advertising, Volume 27, Number 2, Fall 2005, pp.55-65.
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 96 -
- Huang Ming-Hui
“The theory of emotions in marketing”, Journal of Business and Psychology, Vol.
16, No. 2, Winter 2001.
- Jones Marilyn Y., Spence Mark T., Vakkaster Christine
“Creating emotions via B2C websites”, © 2008 Kelley School of Business, Indiana
University, Business Horizon (2008) 51, pp. 419-428.
- Lemoine Jean-François
« Atmosphère des sites web marchands et réactions des internautes », Revue
française du marketing, mai 2008 –N° 217 – 2/5, pp. 47-61.
- Mandel Naomi, Johnson Eric J.
“When Web Pages Influence Choice: Effects of Visual Primes on Experts and
Novices”, Journal of Consumer Research, Vol. 29, pp. 235-245, September 2002.
- Pitt Leyland F., Papania Lisa
“In the words: managerial approaches to exploring corporate intended image through
content analysis”, Journal of General Management, Vol. 32 No. 4 Summer 2007.
- Ratier Michel
“L‟image de marque à la frontière de nombreux concepts”, Centre de recherche en
gestion de Toulouse, Cahier de recherche no. 2003 – 158.
- Sadarangani Pradip Hira, Gaur Sanjaya S.
“Being More Effective on the World Wild Web: A Communication Model”, IIMB
Management Review, June 2004, pp. 36-47.
- Sicilia Maria, Ruiz Salvador, Munuera Jose L.
“Effects of interactivity in a web site - The Moderating Effect of Need for
Cognition”, Journal of Advertising, Vol. 34, No. 3, (Fall 2005), pp. 31-45, © 2005
American Academy of Advertising.
- Smaoui Fatma
“Les déterminants de l'attachement émotionnel à la marque : Effet des variables
relationnelles et des variables relatives au produit », 7ème Congrès des Tendances
Marketing, Venise – 17- 19 janvier 2008.
- Srivastava Manish, Sharma Manu
“The role of Emotional Appeals in Internet Advertising: a Study of the Contributing
Factors Involved”, © 2008 The Icfai University Press, The Icfaian Journal of
Management Research, Vol. VII, No. 9, 2008, pp. 27-36.
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 97 -
- Syed Aldwi Sharifah Faridah, Da Silva Rui Vinhas
“Online and Offline Corporate Brand Images: Do They Differ?”, Corporate
Reputation Review, Vol. 10, No 4, pp. 217-244 © 2007 Palgrave Macmillan Ltd.
- Thomson Matthew, MacInnis Deborah J., Whan Park C.
“les liens attachants, mesurer la force de l‟attachement émotionnel des
consommateurs à la marque”, Recherche et Applications en Marketing, vol. 20, n°
1/2005 pp. 79-98.
- Vakratsas Demetrios, Ambler Tim
“How Advertising Works? What do we really know?”, Journal of Marketing, Vol.
63, No. 1. (Jan., 1999), pp. 26-43.
Ouvrages:
- Chétochine Georges
« Le marketing des émotions, Pourquoi Kotler est obsolète ? », Editions
d‟Organisations. Eyrolles, 2008.
- Chirouze Yves, Dereumaux René-Maurice
« Les nouveaux défis du marketing », Chapitre « Le luxe et l‟image de marque »,
Editions ESKA, octobre 2001.
- Izard Carroll E., Singer Jerome L.
“ Human Emotions ”, Plenum Press, June 1977.
- Logié Bernard, Logié-Naville Dora
« Leur nom est une marque », Editions d‟Organisation. Eyrolles, octobre 2002.
- Sicard Marie-Claude
«Luxe, mensonges et marketing», HIGH CO. Institute, Editions Pearson
Education, 2003.
- Le livre blanc du E Luxe
Framfab France.
Articles et Etudes:
- Le Hub - La Poste, « Un luxe d‟expérience », Média de la Performance Client,
[Lien URL : http://www.laposte.fr/lehub/-Un-luxe-d-experience-, consulté le
01/09/2008], septembre 2007.
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 98 -
- Jeannerot André, Podvin Pascal
“Un site web peut-il rivaliser avec un conseiller commercial?”, Le journal du net,
2009
http://www.journaldunet.com/ebusiness/expert/38407/un-site-web-peut-il-rivaliser-
avec-un-conseiller-commercial.shtml
- Lemeunier Anny-Claude - Republic of Ideas
« Sites Internet, Luxe & Champagne », R.o.I. Pour Veuve Clicquot Ponsardin,
février 2007.
- Möet Hennessy Marketing Intelligence Service
« Grille d‟analyse des sites de Moët Hennessy & de marque à forte valeur ajoutée »,
Moët Hennessy Wines & Spirits, septembre 2007.
- Moët Hennessy Marketing Intelligence Service
“New Forms of Communication and Marketing”, Moët Hennessy Wines & Spirits,
2007.
- Truchi Stéphane, Tranzer Benoît, Nougaro-Soubrane Laurence
« Le marketing du luxe, enjeux pour les marques en 2006 », Les analyses d’Ipsos,
2005.
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 99 -
DOCUMENT INTERMEDIAIRE
-
En vue de la rédaction du Mémoire de Master
REIMS MANAGEMENT SCHOOL
Formation approfondie au Management
2006 – 2010
L’EMOTION DANS LES SITES
INTERNET DES MARQUES DE VINS &
SPIRITUEUX A FORTE VALEUR
AJOUTEE
Etienne CHERRIER
Tuteur : Caroline DUSSAUTOIR
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 100 -
Sommaire
1. Enoncé de la problématique & hypothèses pp. 3-8
- Version française p. 3
- English version
p. 6
2. Bibliographie
pp. 9-10
3. Fiches de lecture
pp. 11-38
4. Etat du travail effectué – Synthèse pp. 39-45
- Version française p. 39-42
- English version
p.43-45
5. Outils d’investigation pp. 46-48
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 101 -
Enoncé de la problématique
« La meilleure façon de résister à la tentation, c’est d’y céder ». Oscar Wilde
Imaginez que le marketing s‟empare de cet adage… Imaginez à présent ce que cela pourrait
engendrer du côté du consommateur. Les marques doivent créer la tentation, pour séduire le
consommateur. Mais comment ? Par l‟expérientiel et l‟émotionnel.
La boutique Louis Vuitton à Paris est le plus grand magasin de luxe au monde. Mais ce n‟est
pas qu‟une boutique, c‟est aussi un musée qui expose des œuvres étroitement liées au
positionnement de la marque, autour du voyage. La maison de champagne Krug présente
« Krug Odyssey », une initiation destinée à de très rares privilégiés, qui les entraîne dans des
lieux privés, cachés et mystérieux, à la découverte du style de la Maison, de son « lifestyle »,
afin de faire vivre des moments uniques à une cible de dandys modernes, une expérience de
marque en somme. Les marques l‟ont bien compris, de nos jours pour séduire le
consommateur il faut lui offrir plus que ce qu‟il ne peut espérer, lui offrir quelque chose de
différent, un parcours expérientiel et initiatique au cœur de la marque et de son univers.
Ce marketing s‟étend même aux musées, comme à Amsterdam et le « House of Bols » qui ne
propose à proprement parler rien d‟autre au visiteur qu‟un parcours initiatique poly sensoriel
dans le milieu de la nuit et des cocktails. Le prix de l‟entrée qui peut en dissuader plus d‟un
est vite oublié car ce que présente Bols, c‟est avec une expérience émotionnelle et sensorielle,
l‟impression d‟avoir pénétré la marque, l‟avoir vécu comme son fondateur l‟avait pensée.
Dans leur politique de séduction, les marques déploient toutes leurs armes pour faire vivre et
ressentir au consommateur une expérience qui leur est propre afin que la rencontre entre
marque et consommateur soit créatrice de lien émotionnel privilégié et personnalisé.
Il en va de même sur Internet. Depuis plus de vingt ans, Internet s‟impose comme le médium
communicatif et marketing par excellence. Internet propose bien plus qu‟un accès à
l‟information, il place le consommateur au centre de l‟information. Il en est souverain, et plus
que souverain il en est aujourd‟hui créateur de valeur ajoutée pour les marques, notamment au
travers du web 2.0.
Mais face à une quantité impressionnante d‟information sur la toile, comment les marques
peuvent-elles tirer leur épingle du jeu? Il semble qu‟appliquer la réalité dans un monde virtuel
n‟est plus une utopie. Internet se propose d‟être un simulacre de vie réelle, au travers, par
exemple, de sites comme Asmallworld ou Seconde Life. Rémy Martin lance sur Asmallworld
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 102 -
le Louis XIII au travers d‟une campagne communicative agressive basée autour de
l‟expérience de ce spiritueux Über Premium. Louis Vuitton invite au travers de mini-sites
dédiés au voyage, le consommateur à pénétrer les valeurs mêmes de la marque de luxe, en
entrant dans l‟intimité de grandes célébrités qui voyagent à chaque fois avec elle. Prada, quant
à elle, invite le consommateur à rêver éveillé au travers d‟un songe onirique esthétiquement
parfait, d‟une histoire porteuse d‟émotions basée autour des valeurs créatives et audacieuses
qui la caractérisent si bien.
Le consommateur semble chercher sur Internet ce qu‟il peut éprouver dans la vie réelle : des
émotions : peur, joie, peine, colère, surprise.
Mais comment susciter des émotions virtuelles alors que la quintessence-même d‟une émotion
est d‟être humaine et réelle ?
Les marques qui semblent le plus enclin à susciter l‟émotion chez le consommateur sur
Internet apparaissent comme appartenant au milieu du luxe. Mais les frontières du luxe sont
trop vagues pour être préétablies. Il faut considérer ces marques comme Über-Premium, à
forte valeur ajoutée.
Pourtant, certaines de ces marques accusent un retard considérable sur Internet. Une marque à
forte valeur ajoutée ne peut se permettre de ne pas être performante sur la toile, ni refléter son
identité propre aux yeux du consommateur, porteuse de ses valeurs. Suite à mon stage en
qualité de chargé de communication et Internet chez Veuve Clicquot, j‟ai pu me rendre
compte que celles appartenant au segment des vins & spiritueux semblent le plus en retard.
Alors que Hermès et Vuitton, Chanel et Van Cleef&Arpels transpirent leurs valeurs et leur
identité de marque sur la toile, les marques de champagne, vins et spiritueux à forte valeur
ajoutée peinent à tirer leur épingle du jeu. Car le champagne reste en tout et pour tout du
champagne, quel que soit la marque. Qu‟est ce qui diffère deux marques de champagne sinon
leur positionnement et leur identité propre ?
Cette différence se doit d‟être cultivée sur Internet. Les vins et spiritueux sont des produits qui
appellent à l‟émotion par excellence, à nos sens par le bien d‟un expérientiel autour du produit
et de son mode de consommation unique et privilégié, plus que pour un sac haute couture, ou
un bijou en or serti de diamants.
Ces maisons ont un fort potentiel à exploiter, pour créer un univers à leur image, chargé
d'émotion et de sensations au travers d‟une expérience unique qui leur serait propre, propre à
ces marques à forte valeur ajoutée.
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 103 -
Cette approche nous amène à la problématique suivante :
L’émotion découlant de l’expérience du consommateur sur Internet permet-elle aux
marques de vins et spiritueux à forte valeur ajoutée de renforcer leur image de
marque ?
Suite à cette première approche, nous pouvons dégager trois hypothèses :
1 - Le rationnel n’est pas suffisant pour définir une marque forte mais il est nécessaire
Une marque forte n‟est pas uniquement basée sur une dimension rationnelle. Elle tend à se
baser, comme pour le mass-marketing sur la dimension du couple [produit+imaginaire], avec
une dimension « imaginaire » plus prononcée et travaillée pour les marques à forte valeur
ajoutée. Les consommateurs deviennent de plus en plus exigeant quant à la qualité des
produits qu‟ils achètent et de la véracité des informations dispensées par la marque. A
première vue, il semble que rationalité et irrationalité sont deux dimensions nécessaires à la
définition d‟une marque à forte valeur ajoutée.
2 - Les marques fortes ont besoin d’un historique bien ancré pour créer l’émotion
L‟émotion sur Internet n‟est pas liée à l‟antériorité d‟une marque par rapport aux autres.
L‟âge et l‟historique d‟une marque est un variable qui joue sur le comportement du
consommateur, semblant être interprété comme un gage de qualité et de reconnaissance à
travers les âges. L‟émotion quant à elle ne se base pas sur cet historique, comme l‟atteste le
cas de la marque Patron. Cet historique peut, néanmoins être considéré comme un avantage
dont il faut savoir tirer profit.
3 - L’émotion ne peut être créée que si un univers bien précis existe au préalable
L‟émotion est un concept difficilement définissable, d‟autant plus que je souhaite
l‟appliquer sur Internet. Concept humain et réel par excellence, son application sur Internet
semble présenter certaines difficultés, notamment en termes d‟interprétation par le
consommateur, qui peut tout aussi mal réagir et entraîner in fine une dégradation de l‟image
de la marque. L‟émotion sur Internet semble devoir passer par l‟expérientiel, qui est lui-même
l‟interprétation d‟un positionnement et d‟une identité de marque particulière et préalablement
développée et acceptée par toutes les parties prenantes.
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 104 -
Problematic – English version
"I can resist everything except temptation." Oscar Wilde
Imagine the consequences of this quote on the consumer if Marketing decides to use it.
Brands have to create temptation, to seduce their consumers. But it is not as simple as it
seems. They may think about experiences and emotions.
Louis Vuitton opened in Paris the biggest luxury department store in the world, but does not
only sell fashion accessories but also proposed an art experience concept through work of arts
which are closely related to the brand‟s positioning.
Krug champagne‟s brand introduces the “Krug Odyssey”: an initiation for very few privileged
people, which involves them in private, hidden and mysterious places, to discover the Krug
Lifestyle to live single moments for a target of modern dandies, in other words a brand
experience. Brands understood it pretty well. Nowadays to seduce their consumer, brands
have to let them access more than what they can hope for, by offering something different, an
experiment and initiatory course through the brand and its universe.
This marketing concept extends even to museums as the “House of Bols” in Amsterdam,
which strictly does not propose anything else to consumers except from an initiatory and
polysensorial course through the night and cocktail world.
The entrance fee which can dissuade most of the visitors is quickly forgotten because of the
Bols concept with an emotional and sensory experiment, and the impression to penetrate the
brand world, to live it as its founder had thought it.
In their policy of seduction, brands deploy all their weapons to make live and feel an
experiment to the consumer which is particular for him so that the meeting between brand and
consumer can create a privileged and personalized emotional bond.
The same applies on Internet. For more than twenty years, Internet has become one of the
most impressive communicative and marketing medium. Internet proposes much more than
an access to information; the consumer is now at the centre of the information system. He is
now sovereign, and more than sovereign, he is today creator of a brand added-value, in
particular through Web 2.0.
But due to an impressive quantity of information on the web, how could brands draw their pin
from the play? It seems that applying reality in a virtual world is not an Utopia anymore.
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 105 -
Internet is a kind of real life on several websites like Asmallworld or Second Life. Rémy
Martin launches on Asmallworld the Louis XIII thanks to an aggressive communicative
campaign based around the experiment of this Über Premium spirit. Louis Vuitton invites the
consumer to penetrate travelled-dedicated mini-website which has the same values of this
famous luxury brand, while entering celebrities‟ intimacy who often travel with Louis Vuitton
accessories. The example of Prada is also interesting because the brand invites the consumer
to dream of a perfect aesthetically dreamlike universe of a history carrying emotions based
around the creative and daring values which suit it well.
The consumer seems to seek on Internet what he can test in the real life: emotions as fear, joy,
sorrow, anger, surprise.
But how can we cause virtual emotions whereas the quintessence of an emotion is being
human and real?
The brands which seem to empower emotion on the consumer mind on Internet seem to
belong to the luxury world. But luxury world borders are too hazy to be pre-established. It is
necessary to regard these brands as Über-Premium ones, with strong added value.
However, some of these brands show a considerable delay on Internet. A brand with strong
added value cannot allow itself to not be powerful on the web, or reflecting its own identity or
carrying its values. Following my internship as a communication and Internet manager at
Veuve Clicquot, I can tell that those brands which are belonging to the segment of the wines
& spirits seem to be late on that hand. Whereas Hermes and Vuitton, Chanel and Van
Cleef&Arpels are leaking out their values and their brand identity on the web, champagne,
wines and spirits brands with strong added value pain to draw their pin from the play. Because
of the incapacity to distinguish one champagne wine from another except if we are
connoisseur, how can we make any difference between two champagne brands, except from
their positioning and their own identity?
This difference must be developed on Internet. The wines and spirits are products which can
produce real emotion thanks to their sensory characteristics, to the product experiment and its
single privileged lifestyle consumption.
These houses have a strong potential to exploit, to create a universe which could look like
their own image, charged with emotion and feelings through a single experiment which
should be specific to these brands with strong added value.
This approach brings us to the following problem:
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 106 -
Does the emotion rising from the experiment of the consumer on Internet allows wine
and spirits brands with strong added value to enhance their brand image?
Following this first approach, we can release three assumptions:
1 - The rational approach is not sufficient to define a strong brand, but it is necessary.
A strong brand is not solely based on a rational dimension. It tends to be based, as for
farmhouse-marketing on the dimension of the couple [product+imaginary], with a more
pronounced and worked “imaginary” dimension for brands with strong added value. The
consumer begins to pay attention to the quality of the product which he buys and of to the
veracity of the information exempted by the brand. At first sight, it seems that rationality and
irrationality are two dimensions necessary to define a brand with strong added value.
2 - The strong marks need a history anchored well to create the emotion
Emotion on Internet is not related to the anteriority of a brand compared to the others. The
age and the history of a brand are variables which exploit consumer behaviour, seeming to be
interpreted like a pledge of quality and recognition through the ages. Emotion is not based on
this history, as the case of Patron shows. Nevertheless this history can be regarded as an
advantage which is necessary to benefit.
3 - Emotion can be created only if one quite precise universe preliminary exists
Emotion is not an easily definable concept, more especially as I wish to apply it to
Internet. Whereas emotion is a human and real concept on its own, its application on Internet
seems to present several difficulties, in particular in terms of interpretation by the consumer,
who can also badly react and involve a degradation of the brand awareness and its brand
image in the long term. Emotion on Internet seems to be based on experiment, which should
be itself the interpretation of a special brand positioning and identity and being beforehand
developed and accepted by all the stakeholders.
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 107 -
Bibliographie
Articles académiques:
- Carù Antonella, Cova Bernard
« Expérience de consommation et marketing expérientiel », Revue française de gestion,
2006 – 3 (N° 162), pp. 99-113
- Dou Wenyu, Krishnamurthy Sandeep
“Using Brand Websites to Build Brands Online: a Product versus Service Brand
Comparison”, Journal of Advertising Research, June 2007, pp. 193-206
- Ha Hong-Youl
“The Relationships between 3-D Advertisings and Risk Perceptions on the Web: The Role
of Brand and Emotion”, Journal of Current Issues and Research in Advertising, Volume
27, Number 2, Fall 2005, pp.55-65
- Jones Marilyn Y., Spence Mark T., Vakkaster Christine
“Creating emotions via B2C websites”, © 2008 Kelley School of Business, Indiana
University, Business Horizon (2008) 51, pp. 419-428
- Lemoine Jean-François
« Atmosphère des sites web marchands et réactions des internautes », Revue française du
marketing, mai 2008 –N° 217 – 2/5, pp. 47-61
- Mandel Naomi, Johnson Eric J.
“When Web Pages Influence Choice: Effects of Visual Primes on Experts and Novices”,
Journal of Consumer Research, Vol. 29, pp. 235-245, September 2002
- Pitt Leyland F., Papania Lisa
“In the words: managerial approaches to exploring corporate intended image through
content analysis”, Journal of General Management, Vol. 32 No. 4 Summer 2007
- Sadarangani Pradip Hira, Gaur Sanjaya S.
“Being More Effective on the World Wild Web: A Communication Model”, IIMB
Management Review, June 2004, pp. 36-47
- Sicilia Maria, Ruiz Salvador, Munuera Jose L.
“Effects of interactivity in a web site - The Moderating Effect of Need for Cognition”,
Journal of Advertising, Vol. 34, No. 3, (Fall 2005), pp. 31-45, © 2005 American
Academy of Advertising
- Srivastava Manish, Sharma Manu
“The role of Emotional Appeals in Internet Advertising: a Study of the Contributing
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 108 -
Factors Involved”, © 2008 The Icfai University Press, The Icfaian Journal of
Management Research, Vol. VII, No. 9, 2008, pp. 27-36
- Syed Aldwi Sharifah Faridah, Da Silva Rui Vinhas
“Online and Offline Corporate Brand Images: Do They Differ?”, Corporate Reputation
Review, Vol. 10, No 4, pp. 217-244 © 2007 Palgrave Macmillan Ltd
Ouvrages:
- Chirouze Yves, Dereumaux René-Maurice
« Les nouveaux défis du marketing », Chapitre « Le luxe et l‟image de marque »,
Editions ESKA, octobre 2001
- Logié Bernard, Logié-Naville Dora
« Leur nom est une marque », Editions d‟Organisation. Eyrolles, octobre 2002
- Sicard Marie-Claude
“Luxe, mensonges et marketing”, HIGH CO. Institute, Editions Pearson Education,
2003
Articles et Etudes:
- Le Hub - La Poste, « Un luxe d‟expérience », Média de la Performance Client,
[Lien URL : http://www.laposte.fr/lehub/-Un-luxe-d-experience-, consulté le 01/09/2008],
septembre 2007
- Lemeunier Anny-Claude - Republic of Ideas
« Sites Internet, Luxe & Champagne », R.o.I. Pour Veuve Clicquot Ponsardin, février
2007
- Möet Hennessy Marketing Intelligence Service
« Grille d‟analyse des sites de Moët Hennessy & de marque à forte valeur ajoutée », Moët
Hennessy Wines & Spirits, septembre 2007
- Moët Hennessy Marketing Intelligence Service
“New Forms of Communication and Marketing”, Moët Hennessy Wines & Spirits, 2007
- Truchi Stéphane, Tranzer Benoît, Nougaro-Soubrane Laurence
« Le marketing du luxe, enjeux pour les marques en 2006 », Les analyses d’Ipsos, 2005
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 109 -
REFERENCE
Wenyu DOU, Sandeep KRISHNAMURTHY
Using brand websites to build brands online: a product versus service brand comparison
Journal of Advertising Research
2007
Idée dominante : Les sites Internet de marque ont des chartes à suivre (différentes qu’il s’agisse
d’une marque de produits ou de services) s’ils veulent se différencier de leurs concurrents. Mais
certains mediums restent inexploités.
Résumé : Cette étude scientifique tend à démontrer que les sites Internet de marques de services
s‟orientent vers une culture de l‟image de marque, tandis que les sites Internet des marques de
produits cherchent à fidéliser le consommateur en l‟amusant via des interactions.
Afin d‟augmenter le capital de séduction, de travailler toujours mieux l‟image de marque et la valeur
de celle-ci, les marques créent des sites Internet au design étudié, que l‟on appelle les « sites de
marque » (Argyriou, Kitchen et Melewar, 2006).
En premier lieu, les sites de marques sont une excellente plate forme pour créer et stimuler de vrais
rapports entre marque et consommateur par le biais d‟une communication continue (Christodoulides,
Chernatony, 2004). De surcroit, la mise en place de sites de marque performants octroie aux
marqueteurs un meilleur contrôle en leur donnant une plus grande flexibilité quant aux modes de
communication en ligne, via l‟analyse des variables de fréquentation des sites Internet. Cette étude
met en exergue plusieurs critères que tout site Internet doit respecter, pour enrichir leur site et susciter
l‟intérêt du consommateur.
- l‟information textuelle,
- le multimédia,
- l‟interface et le design,
- la fidélisation de l‟internaute,
- les promotions,
- l‟interactivité,
Les points qui font défaut, et qu‟un site de marque doit développer sont avant tout la fidélisation de
l‟internaute via des sections réservées aux adeptes, aux fans, des espaces de partage qui peuvent aussi
servir à la marque comme terrain d‟enquête, des souvenirs ou encore des recommandations de la
marque… les promotions, pour des marques à forte valeur passent par exemple par des sections qui
permettent à l‟internaute de retrouver les produits « off line » comme Louis Vuitton le propose dans
son « City Guide », publié par l‟agence Euro RSCG. Cela permettrait aux marques de synthétiser
virtuellement leurs programmes marketing offline (Aaker et Joachimsthaler, 2000).
L‟interactivité est un point important car il permet à la marque de véhiculer facilement ses valeurs.
L‟interactivité permet aussi de rapprocher le consommateur d‟une marque et de créer un lien affectif
entre ces deux derniers, afin d‟établir un Customer Relationship Management durable.
Enfin, notons qu‟un site pauvre et mal structuré porte préjudice à la marque et la place en recul face à
la concurrence. Si le site de la marque ne répond pas aux attentes du consommateur, cela peut
entrainer l‟érosion de l‟image de la marque et influer sur les ventes.
Liens avec les hypothèses :
Hypothèse 1 : Le rationnel est nécessaire à l‟identification d‟une marque forte via Internet, car il est
le lien entre le réel et le virtuel, qui permettent au consommateur de s‟approprier une marque vivante
et à la marque d‟augmenter sa valeur aux yeux de ce dernier.
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 110 -
REFERENCE
Hong-Youl HA
The relationships between 3-D Advertisings and Risk Perceptions on the web: The role of
Brand and Emotion
Journal of Current Issues and Research in Advertising
2005
Idée dominante : La publicité 3D génère des connexions émotionnelles et expérientielles chez le
consommateur qui diminuent le risque de perception du produit, tout en augmentant sa
perception de la marque, de son image et de sa notoriété.
Résumé : La publicité en 3D est un moyen pour les consommateurs et internautes de tester et
découvrir des produits sur Internet plus librement et plus détaillés que dans un véritable magasin.
Cette étude tend à mettre en exergue le lien qu‟il peut exister entre la publicité 3D sur Internet, le
risque de perception du produit du consommateur, en mettant en lumière le rôle de la marque et de
l‟émotion sur ce même risque.
Le but premier de la création d‟une publicité efficiente est de rattacher les consommateurs à la
marque, et séduire une cible en captant son attention, tout en éduquant le consommateur aux produits
de la marque.
La publicité en ligne apparaît clairement comme une forme de consommation expérientielle dont il
nous faut connaître les impacts (Li, Daugherty et Bocca en 2001). Ces publicités qui appellent à
l‟émotion et au ressenti du consommateur tendent à diminuer le risque de perception du produit chez
le consommateur. Les marques jouissent de nombreux leviers afin de créer une plus grande notoriété
et cultiver leur image de marque au travers des ressentis positifs émotionnels des consommateurs en
fonction des stimuli qu‟ils rencontrent. (Zajonc 1980). La publicité tend à travailler la notoriété de la
marque par le flux d‟informations.
Cette étude démontre que même si le risque est une part indissociable d‟un acte d‟achat, (on parle ici
des deux principaux risques : le risque de perception du produit et le risque financier) il existe un lien
de corrélation entre émotion créée par une marque sur Internet via une communication 3D
expérientielle et la réduction du risque de perception du produit, car le niveau d‟intérêt que porte le
consommateur à cette forme de publicité a un impact positif sur ses attitudes (Bruner et Kumar,
2000).
Shankar, Smith et Rangaswamy (2000) puis Korgaonkar et Wolin (2002) on prouvé que les
consommateurs qui avaient eu par le passé bon nombre d‟expériences virtuelles sont bien plus
satisfaits que les consommateurs qui n‟auraient pas eu cette démarche, et de facto n‟auraient pas eu
connaissance de ces publicités émotionnelles expérientielles. Par contre aucun lien n‟a été mis en
évidence entre le risque financier et cette forme de communication.
Les recherches sur le comportement décisionnel du consommateur reconnaissent à présent la
nécessité de considérer à sa juste valeur le rôle de l‟affectif et l‟émotionnel pour comprendre les
décisions d‟achat et les comportements du consommateur
Liens avec les hypothèses :
Hypothèse 2 : L‟émotion passe par l‟expérientiel et vise à séduire le consommateur en diminuant la
perception de ses risques. Le consommateur est alors séduit sans nécessairement connaître pour
autant l‟historique de la marque.
Hypothèse 3 : La création d‟une émotion est indiscutablement nécessaire pour séduire le
consommateur et augmenter son image de marque auprès de ce dernier. L‟expérientiel joue un rôle
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 111 -
prédominant dans l‟approche séductrice d‟une marque vers sa cible en levant certaines inhibitions, de
préférence de façon stable et durable.
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 112 -
REFERENCE
Marilyn Y. JONES, Mark T. SPENCE, Christine VALLASTER
Creating emotions via B2C websites
Kelley School of Business, Indiana University, Business Horizon
2008
Idée dominante : L’émotion est un facteur clé du succès d’un site Internet et permet aux
marques de créer un lien particulier avec le consommateur, tout en cultivant leur image. C’est
pourtant un pari difficile qui doit être pris en connaissance de cause.
Résumé : L‟émotion sur Internet est un vaste sujet qu‟il est difficile d‟étudier. Elle va jusqu‟à
proposer au consommateur une consommation virtuelle du produit.
L‟étude des émotions dans le marketing tend à faire la différence entre émotion, état d‟esprit, affect,
et attitude. Cohen et Areni (1991) distinguent l‟émotion de l‟état d‟esprit, du ressenti par le fait que
l‟émotion est plus intense, et répond à des stimuli spécifiques. Les émotions sont de courte durée,
alors que l‟état d‟esprit s‟inscrit sur dans le temps.
Certains chercheurs comme Leong, Huang et Stanners sont sceptiques quant à l‟idée de créer de
l‟émotion, sensation humaine par excellence, à travers un monde virtuel. Mais il s‟agit bien ici de la
richesse du média, plus que les médias traditionnels qui peut créer un potentiel émotif par la
combinaison de mots, de photos, de sons (Allen, 2001) afin de forger un lien et une interaction entre
marque et individu (Lindstrom 1999).
Ici l‟exemple de BMW est cité. Les acheteurs potentiels peuvent configurer la voiture de leur rêve,
peuvent se prendre à rêver en regardant en détail les différentes conceptions de BMW depuis les
trente dernières années. BMW travaille son image de marque, et augmente la valeur propre à sa
marque par le biais d‟Internet en construisant un style de vie spécifique auquel s‟identifient
volontairement ou non les consommateurs. En bref, Internet propose pour les propriétaires de BMW
d‟entretenir leur fascination pour la marque.
L‟émotion sur un site B2C passe par six variables qu‟il faut utiliser avec parcimonie : « vividness,
interactivity, challenge, interaction speed, machine memory, social interactions ».
L‟article avance aussi la particularité des émotions qu‟elles sont à double tranchant. Elles peuvent
être bonnes comme mauvaises. Il est important de noter que le ressenti de l‟internaute après avoir
visité un site Internet n‟est pas la résultante de l‟addition de toutes les émotions ressenties au cours de
son expérience. L‟émotion qui reste le plus longtemps gravée dans la mémoire du consommateur est
la dernière émotion vécue. (exemple des happy endings en général).
Liens avec les hypothèses :
Hypothèse 1 : Comme le montre l‟exemple de BMW, les marques à forte valeur ajoutée basent leur
communication sur des faits réels, mais utilisent l‟émotion pour créer une expérience qui augmente la
perception positive de son image.
Hypothèse 3 : L‟émotion décuplée du consommateur n‟est possible et intéressante pour la marque
que lorsque l‟univers de cette marque existe au préalable. L‟émotion via Internet est une expérience
qui s‟ajoute au vécu des marques dans le monde réel, et non uniquement virtuel. C‟est aussi un
moyen d‟accroche de la marque sur certains consommateurs qui cyber-consommeront le produit,
avant de le consommer réellement, avant de revivre l‟expérience dans son entièreté sur Internet.
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 113 -
REFERENCE
Jean-François LEMOINE
Atmosphère des sites web marchands et réactions des internautes
Revue française du marketing
Mai 2008
Idée dominante : Un site Internet, qu’il soit marchand ou non marchand doit suivre certaines
règles afin de fidéliser l’internaute et susciter chez lui l’envie d’adhérer à la marque, voire de la
consommer.
Résumé :
Ce document a pour but de voir dans quelle mesure l‟atmosphère d‟un site peut influencer
indirectement ou directement l‟internaute via des réactions émotionnelles comportementales sur
Internet.
L‟atmosphère d‟un site Internet, par dérivation de la définition de Kotler est « le développement
d‟environnements virtuels destinés à créer des effets positifs, tant au niveau cognitif qu‟émotionnel,
chez les internautes, afin d‟engendrer des réponses favorables vis-à-vis du site (revenir sur le site,
passer du temps sur le site, etc.) » Dailey 2004
Un site Internet suit la règle de la richesse des médias, théorie de Perrow, 1967 et Walther, 1992, est
composé de facteurs fortement pertinents (éléments visuels, description, images, avis etc…) et
faiblement pertinents comme la couleur, l‟écriture, les animations, la musique. Mehrabian et Russel
on proposé en 1974 de rendre compte de l‟influence de l‟environnement individuel au travers du
paradigme S-O-R (Stimulus – Organisme – Réponse). Tout stimulus a un impact sur les réactions de
leur sujet, réponses, via leurs émotions, à savoir les organismes. Ce sont ces stimuli qui agissent au
travers des émotions sur l‟internaute visant à le fidéliser.
Une étude a été effectuée sur des internautes et les résultats sont intéressants. Ils ont du juger un site
Internet selon plusieurs critères et ce qui paraît le plus important est la navigabilité, ou le processus
d‟orientation spatiale. Viennent ensuite les caractéristiques environnementales, le plus souvent
évoquées par la couleur, les animations, les sons, puis enfin les agents virtuels ou widget / FAQ qui
visent à aider et aguiller le consommateur.
Il est intéressant de noter que les couleurs remplissent tout d‟abord une fonction utilitaire, qui sert à
« retenir l‟internaute le plus longtemps possible, faciliter la recherche d‟information et de lecture,
faire ressortir le texte, faire gagner du temps car elles permettent d‟aller directement là où l‟ont
veut. ». Tout comme les agents qui n‟ont pas encore une utilité mesurée par le consommateur, mais
par les professionnels, les couleurs doivent épouser les codes de la marque afin qu‟elles soient
facilement identifiables et homogènes.
Les éléments environnementaux donnent au consommateur l‟envie de rester sur le site, un des buts
rechercher par les communicants, avec la hausse de la fréquentation, essentiellement par visiteur
unique.
De plus, le taux de clic est apparu comme primordial. Toute information doit être suffisante à elle-
même, ni trop longue ni trop courte, et facilement trouvable par l‟internaute, sous risque de
désintéressement et d‟agacement.
L‟étude montre que les internautes peuvent ressentir plusieurs émotions : la plus importante est le
plaisir, puis le contentement, la détente, la colère puis l‟ennui.
L‟étude de ces émotions permet aux marqueteurs de créer de la valeur intrinsèque à leur site internet.
Effectivement si l‟internaute revient plusieurs fois, se fidélise à la marque et adhère à
l‟environnement créé, il est poussé à l‟acte d‟achat. Plus l‟environnement Internet est agréable et
fluide, plus l‟image de marque sera entretenue
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 114 -
Ce qui ressort principalement est que les « facteurs de design (navigabilité du site et accessibilité de
l‟offre) et d‟ambiance (couleur et images/photos) qui génèrent le plus de réactions émotionnelles chez
l‟internaute. »
Elles apparaissent donc comme moyen potentiel de différenciation d‟une marque à l‟autre. La
création de l‟univers conforme à l‟image de marque est un travail à accomplir pour fidéliser le
consommateur sur la toile.
Notons au passage que l‟identification d‟un widget est un plus. Tout comme la musique et les
typographies qui ne présentent pas de contestation, même si elles ne sont pas des variables
importantes à part entière.
Liens avec les hypothèses :
Hypothèse 1 : Sur Internet, la marque forte s‟établie au travers d‟une image forte et travaillée
précisément selon les comportements que l‟on peut connaître d‟un certain type de cible. Le rationnel
ne joue que partiellement dans cette élaboration de marque forte.
Hypothèse 3 : L‟émotion est créée dès lors que l‟univers est préalablement établi et indiscutablement
ancré dans tous les supports web que la marque offre.
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 115 -
REFERENCE
Naomi MANDEL, Eric J. JOHNSON
When web pages influence choice: effects of visual primes on experts and novices
Journal of Consumer Research
Septembre 2002
Idée dominante : Le consommateur, qu’il soit novice ou expert, peut involontairement orienter
ses recherches d’information sur le produit par le biais de stimuli externes.
Résumé :
Cette étude académique se veut une étude du comportement des consommateurs sur Internet face à
une variable externe, qu‟est le fond design et graphique, appelé ici „prime‟.
L‟étude porte sur un échantillon d‟étudiants non diplômés d‟une université américaine. L‟échantillon
d‟étudiants est composé de novices et d‟experts (quant aux produits étudiés).
L‟impact du graphisme de la trame, et de son design n‟est pas une variable subliminale car
ouvertement proposée aux yeux du consommateur. Cependant les impacts qu‟il peut avoir sur le
comportement du consommateur semblent être inconscients, car aucune des personnes interrogées ne
reconnaît l‟impact que peut avoir ce facteur.
L‟étude propose un même produit avec un fond graphique différent qui sous entend par exemple la
sécurité, pour une voiture (un fond orange et rouge avec des flammes) et une économie d‟argent pour
un véhicule peu cher (un fond avec des pièces).
Les novices, ceux qui ne connaissent pas le produit, basent donc leur à priori sur ce que le fond
propose. Ils basent leur recherche d‟information sur tout le site en fonction du stimulus reçu lors de
cette première confrontation au „prime‟.
A l‟instar des novices, les experts, eux, ne prêtent quasi pas attention à la trame dans le choix de leur
produit. Ils connaissent les fondements intrinsèques de chaque produit. Leur recherche sera aussi
orientée d‟une façon moindre vers ce que le „prime‟ leur inspire, mais leur recherche d‟information ne
sera donc pas basée sur cette proposition, contrairement aux novices qui accordent plus d‟importance
à l‟impact de stimuli extérieurs que les experts qui eux, accordent plus d‟importance à leur
connaissance du produit.
Liens avec les hypothèses :
Hypothèse 1 : Les consommateurs experts ont soif d‟informations sur la marque et ce qu‟elle est, ce
qu‟elle propose, d‟où elle vient et où elle va. Ce n‟est pas l‟émotion suscitée qui fera basculer leur
choix vers l‟une ou l‟autre des propositions, mais bien la part de rationnel qui les séduira, même si
leurs recherches seront orientées dans une moindre mesure par l‟aspect visuel et design du site, in fine
la partie irrationnelle.
Hypothèse 2 : L‟émotion peut être créée via plusieurs variables d‟un site web, comme nous l‟avons
vu le design. Mais ce n‟est pas pour autant que la marque assoira de façon pérenne son image de
marque, ni la valorisera aux yeux des experts qui sont à la recherche d‟informations sur l‟histoire, le
devenir, et le passif d‟une marque. Il paraît donc important, pour valoriser une image de marque, de
puiser dans un historique riche afin de créer une émotion qui sera valorisée par ce même historique.
Hypothèse 3 : Il est possible d‟orienter les recherches du consommateur sur Internet en mettant
l‟accent sur le design, afin de prospecter de nouveaux clients. Pour se faire, la marque doit asseoir son
image de manière pérenne et durable afin de créer un univers unique qui lui correspond, et qui
correspond à ses valeurs.
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 116 -
REFERENCE
Leyland F. PITT, Lisa PAPANIA
In the words: managerial approaches to exploring corporate intended image through content
analysis
Journal of General Management
Eté 2007
Idée dominante : L’image d’une marque sur Internet passe par une étude approfondie de son
positionnement, de son identité et de sa cible, développée par les managers eux-mêmes, afin que
l’image que l’organisation tente de véhiculer soit perçue comme telle par les différentes parties
prenantes.
Résumé :
Le vocabulaire marketing qui tourne autour de l‟image de la marque, de l‟entreprise et de la
perception de cette même entreprise, de cette même marque par les différentes parties prenantes est
flou. Les termes se mélangent et il est difficile d‟en tirer une idée claire, afin de mener des études
approfondies sur le sujet. Brown et ses collègues ont tenté d‟identifier clairement les définitions de
plusieurs termes techniques en 2006. Des études importantes ont été menées sur le thème de la
réputation institutionnelle, mais peu ont été faites sur l‟image et l‟identité. Ces deux concepts font
appel à la perception que les organisations ont d‟elles-mêmes et la perception qu‟elles voudraient
transmettre aux autres stakeholders, plus que ce que les différentes parties prenantes peuvent penser.
Hoggan (1991) a soulevé deux définitions du terme « identité », une identité personnelle : ce que
l‟organisation peut dire d‟elle-même, et une identité communautariste : où la perception des autres sur
l‟organisation.
Cet article traite de l‟image attendue, ou la perception que les institutions ont d‟elles-mêmes. Brown
et ses collègues, en 2006, font référence, dans leurs travaux à la question « Quelle image d’elle-
même l’organisation souhaite-elle faire paraître aux yeux des autres ? ». Une des plus
importantes décisions stratégiques que les directions institutionnelles doivent étudier concerne le
positionnement et la perception de l‟organisation dans l‟esprit de certaines parties prenantes
prescriptrices. L‟image que souhaite véhiculer l‟organisation à ses stakeholders peut être
véritablement différente de l‟image perçue par ces derniers. Il apparaît essentiel que l‟organisation
procède à un travail approfondi sur ses outils de positionnement et les différentes caractéristiques qui
le compose par lesquelles elle souhaite être identifiée. Le cas contraire, le risque d‟être perçu
négativement par la cible choisie peut entraîner des répercutions dévastatrices quant à l‟image de la
marque. L‟analyse est intéressante sur Internet car « L‟utilisation de l‟information sur Internet est
compatible avec l‟image que construisent les organisations à travers une communication délibérément
orientée sur leur identité » (Lamertz et al., 2005). Internet présente la particularité d‟exporter le
marketing dans toutes les géographies imaginables. De plus pour appuyer la nécessité de cultiver une
image forte, Liu, en 2003 a mis en exergue la possibilité de la mesure de l‟interactivité sur Internet,
puis Stewart et Pavlou en 2002, l‟interaction comme une mesure efficiente de ce média. Afin de
travailler la personnalité des marques, leur positionnement donc, Aaker (1997) a mis à jour 42 points
formant le Brand Personality Scale (BPS) qui se base sur 5 dimensions clé : « Sincerity, Excitement,
Competence, Sophistication, Ruggedness ».
Liens avec les hypothèses :
Hypothèse 3 : La communication déployée sur Internet par les marques de vins & spiritueux à forte
valeur ajoutée doit être en adéquation parfaite avec leur positionnement, savamment étudié, afin que
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 117 -
la perception que la marque veut véhiculer soit perçue comme telle par sa cible et les prescripteurs,
afin d‟augmenter la notoriété et le rayonnement de la marque, sa valeur ajoutée donc. De ce
positionnement préalablement et précisément étudié pourra être appliquée sur Internet l‟émotion que
peut véhiculer la marque.
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 118 -
REFERENCE
Pradip Hira SADARANGANI, Sanjaya S. GAUR
Being more effective on the World Wild Web: a communication model
IIMB Management Review
2004
Idée dominante : L’émotion créée dans un modèle de communication sur le web dépend de
deux variables, l’intensité émotive que produit le site, ainsi que les valeurs intrinsèques du
produit.
Résumé : L‟émotion sur Internet est apparentée à une variable irrationnelle. Mais le rationnel doit
aussi être pris en compte, notamment au travers des taux de clics, des accessibilités des pages, qui
visent au confort de navigation du consommateur.
Si l‟émotion provoquée est forte et ne correspond pas à l‟idée que se fait le consommateur une fois
qu‟il découvre réellement le produit, sa forte émotion positive peut se transformer en forte émotion
négative.
Il doit donc y avoir une concordance entre réalité et virtualité.
L‟attitude des consommateurs doit être en adéquation avec le but fixé par les marqueteurs en termes
d‟impact émotionnel, sous peine de provoquer la confusion et de devenir néfaste pour la marque et
son image.
L‟article met en relief l‟importance du processus stratégique expérientiel qui fait appel au cœur et non
à la tête des consommateurs. Plus la valeur du produit est importante aux yeux du consommateur,
plus son émotion sera déraisonnée et ressentie, sans fort appel à son système cognitif. Cela reste toute
de même subjectif.
Les auteurs avancent donc la nécessité d‟une stratégie du processus heuristique (art d‟inventer, de
faire des découvertes), afin de séduire l‟internaute de façon autonome et personnelle.
Le modèle de communication proposé dans l‟article est basé sur l‟intensité émotive, définie comme la
quantité d‟information contenue dans un site Web qui permet à l‟individu de s‟approprier de façon
subjective le positionnement préconisé de la marque, et sur le « product involvement » ou la
perception de la différence des attributs d‟un produit, de l‟importance de l‟engagement dans le choix
de ce produit. Il s‟agit de la pertinence perçue par une personne de l'objet basé sur des besoins, des
valeurs, et des intérêts inhérents.
Le modèle étudié ici prône l‟idée que l‟intensité émotive d‟un site Web impacte fortement le
consommateur et son attitude face à la marque lorsque le « product involvement » est élevé (Batra et
Ray).
Enfin, une émotion créée sur Internet persiste dans l‟esprit du consommateur plus d‟une semaine
après l‟impact. Cela prouve que les émotions ressenties lors d‟une expérience sur Internet marquent à
long terme le consommateur et in fine permettent à la marque d‟exister et perdurer plus longtemps
chez le consommateur que si elle n‟avait pas développée d‟expérience.
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 119 -
Liens avec les hypothèses :
Hypothèse 1 : le rationnel est une partie intégrante de l‟image d‟une marque à forte valeur sur le net
pour construire une relation pérenne et juste, entre cette dernière et le consommateur via sa confiance.
Hypothèse 3 : l‟émotion créée est forte lorsque l‟univers de la marque préalablement élaboré se prête
aux rêves et désirs du consommateur. Une marque à forte valeur ajoutée créé un lifestyle autour de la
consommation de ses produits qui, lorsqu‟il est justement établi, engendre un cercle vertueux autour
de la marque et la renforce. Son contraire est aussi vrai, il faut se méfier des cercles vicieux qui lui
porteraient préjudice.
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 120 -
REFERENCE
Maria SICILIA, Salvador RUIZ, Jose L. MUNUERA
Effects of interactivity in a web site - The Moderating Effect of Need for Cognition
Journal of Advertising
2005
Idée dominante : Un site Internet conduit à un traitement de l’information plus important, une
opinion plus favorable envers le produit et le site Internet ainsi qu’un « flow state » plus
intense, essentiellement par l’expérientiel.
Résumé : Internet se présente comme le futur de la communication marketing (Ghose and Do, 1998)
car il offre la possibilité d‟accéder à de nombreuses informations, tout en créant un univers
expérientiel de ses produits pour l‟internaute. (Klein 2003).
La communication sur Internet est assimilée à une forme de publicité car les marqueteurs planifient à
la fois le contenu et le contenant de leur communication. (Hwang, MacMillan, Lee 2003 ; Sheehan &
Doherty 2001).
D‟après The Elaboration Likelihood Model (ELM) (Petty, Cacippo et Schumman 1983), le traitement
de l‟information par le consommateur est étroitement lié à la qualité de l‟information sur le site ainsi
que la durée d‟exposition. Les études qui reprennent ce modèle tendent à démontrer le travail cognitif
que cela implique pour l‟individu. Les réponses individuelles cognitives qui en émergent sont définies
comme les pensées et comportements émergeants durant le processus d‟élaboration. (Meyer-Levy et
Malaviya 1999).
L‟interaction entre la marque et son internaute via le site web est affectée par l‟atomicité de trois
raisons exogènes. La première raison est l‟augmentation de la participation de l‟interactivité et de la
signification de la présence de l‟internaute qui conduisent à la persuasion (Lombard et Snyder-Duch
2001). Seconde raison : l‟internaute est exposé à une communication interactive qu‟il peut contrôler à
tout moment, que ce soit sa diffusion, ou encore son flux d‟information. Ce contrôle augmente le
plaisir que ressent l‟internaute au moment même de l‟événement (Hoffman et Novak, 1996) qui
conduit probablement l‟internaute à une meilleure évaluation du contenu. La troisième raison réside,
quant à elle, dans le seul fait que l‟interactivité elle-même constitue un élément distinctif qui rend la
communication plus attrayante. L‟exposition des produits sur Internet via une communication
interactive émanant des entreprise produit aussi un effet certain quant aux avantages et aux points
forts de ces produits, car le flux d‟information est contrôlé directement par la marque, et non une
tierce personne extérieure.
Hoffman et Novak (1996) suggèrent que le succès de cette communication en ligne réside en la
capacité des marqueteurs à créer l‟opportunité pour le consommateur de rentrer dans un flux
expérientiel. C‟est ce flux d‟expériences, celles-là mêmes qui sont extrêmement agréables et
optimales, qui pousse l‟internaute à éprouver un intérêt tout particulier, quasi intrinsèque et
intemporel pour l‟expérience qu‟il est en train de vivre. (Chen, Wigand et Nilan 1999). Durant
l‟expérience que l‟internaute vit et ressent, plus rien d‟autre ne semble compter sur le moment.
(Csikszentmihalyi 1990).
En 2004, Smith et Sivakumar ont distingué deux flux : l‟intensité et la durée. La durée n‟est pas un
flux marquant à proprement parlé car il dépend indirectement du flux d‟intensité. En effet une
campagne de communication interactive sur Internet marque le consommateur sur la durée que si elle
est intense. A contrario, une campagne longue mais peu intense recoupe l‟idée que les chercheurs ont
d‟un site Internet non interactif : on se lasse et on le délaisse.
L‟intensité via l‟expérience tend à séduire le consommateur et à le faire revenir maintes et maintes
fois, ce qui constitue à part entière un des buts principaux des marqueteurs sur Internet. Cette intensité
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 121 -
via l‟expérience constitue ce que l‟on appelle le « flow state », qui n‟est pas traduisible en français.
C‟est un état d‟esprit dans lequel se plonge toute personne concentrée et assidue, qui évolue dans un
environnement qui la déconnecte de tout stimulus extérieur, comme un sportif qui s‟entraîne en vue
de battre un record, exemple cité dans ce même document académique.
Notons que la réponse de l‟internaute à des stimuli expérientiels dépend aussi du NFC (Need For
Cognition), qui tend à dresser un portrait dichotomique de la population virtuelle : les NFC + qui ont
tendance à rechercher la stimulation intellectuelle, et les NFC – qui ne chercheront pas un flux massif
d‟informations, mais qui se laisseront séduire par l‟environnement design d‟un site. Les marqueteurs
doivent donc prendre en considération ces deux volets de la population pour travailler à la fois le
contenu (flux d‟information) et l‟habit du site (l‟environnement design).
Liens avec les hypothèses :
Hypothèse 2 : L‟émotion ne dépend pas du passif d‟une marque mais d‟un processus complexe
inhérent à l‟individu, dont se sert la marque pour l‟accrocher et le séduire.
Hypothèse 3 : L‟information est contrôlable par le consommateur sur Internet. Il peut à tout moment
stopper l‟expérience ou la recommencer. Plus que l‟émotion au travers d‟un site Internet, c‟est bien
d‟une expérience que nous parlons. Pour se faire, il faut à fortiori un univers bien marqué,
préalablement établi par la marque pour que le consommateur puisse s‟y attarder et ressentir
l‟expérience comme il se doit.
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 122 -
REFERENCE
Manish SRIVASTAVA, Manu SHARMA
The role of emotional appeals in Internet advertising: a study of the contributing factors
involved
The Icfai University press
2008
Idée dominante :
L’émotion dans la communication sur Internet vise à créer un lien « marque / individu » auquel
l’internaute s’identifie et base ses intentions d’achat.
Résumé :
L‟adaptation de la communication et la publicité sur Internet est devenue un concept clé des stratégies
marketing d‟aujourd‟hui. Internet offre une voix royale à l‟interaction des marques avec leurs
consommateurs.
Les finalités d‟une communication sur Internet peuvent être multiples : susciter l‟aspect logique et
rationnel du process de prise de décision du consommateur, ou susciter l‟émotion, les sentiments,
dans l‟optique de créer chez le consommateur une réaction émotive.
Bon nombre d‟études révèlent l‟utilisation d‟une prise de contact émotionnelle avec l‟internaute afin
de créer un lien émotionnel entre ce dernier et la marque.
Les différentes psycho-individuelles présentent une base plus saine à la customisation des
communications. Des études empiriques prouvent qu‟une communication ciblée, qui touche la cible
que l‟entreprise, qu‟elle soit aspirationnelle ou non, provoque une plus grande volonté d‟achat de la
part du consommateur.
La création d‟émotion au travers d‟une communication sur Internet vise à créer un lien affectif entre
la marque et l‟internaute. Elle se fixe sur les besoins psychologiques et/ou sociaux du consommateur
pour le pousser à l‟acte d‟achat. Un consommateur lié affectivement à une marque le pousse donc, de
facto, à être plus réceptif et sensible à un produit d‟une marque, voire à la marque en général, et aux
attributs qu‟elle propose au travers de ses produits.
Cacioppo écrit « Emotions guide and enrich our life: they provide meaning to everyday existence;
they render the valuation placed on life and property. »
Hirschman et Holbrook (1982)* avancent l‟idée que les émotions créées autour d‟un produit
augmentent la satisfaction, et le plaisir d‟acheter, de posséder et d‟utiliser le produit.
La qualité émotionnelle d‟un produit est de nos jours un outil majeur de différenciation d‟avec les
autres marques.
Escalas et Bettman (2003)** créent le concept de connexions « homme-marque » qui englobe le rôle
des avantages d‟un produit, dont notamment l‟avantage social mais aussi l‟avantage liant (linking
benefit), celui qui lie l‟individu à un groupe d‟individus dont leur comportement de consommation est
basé sur des intentions d‟achat semblables à tous. Si le consommateur choisit une marque, c‟est en
connaissance de la similitude des valeurs portées par les avantages de la marque auxquelles
l‟internaute s‟identifie et des siennes intrinsèques, ce afin que l‟internaute puisse se créer sa propre
identité en incorporant la marque à même sa personnalité.
Une étude menée sur 150 jeunes indiens de 23 à 39 ans nous fournit des résultats intéressants : 18,5%
préfèrent une communication émotionnelle sur Internet. 33% préfèrent les communications
informatives. L‟émotion qui suscite le plus d‟intéressement est l‟excitation pour 18,47% puis l‟estime
de soit et le plaisir, puis l‟amour et l‟affection. Les expériences de vie sont le meilleur moyen de créer
un lien marque – homme, à 18%, devant les expériences personnelles (16,22%) et la vie commune
(14,97%).
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 123 -
L‟émotion dans la communication sur Internet permet à l‟internaute de s‟identifier à une marque et à
cette dernière de créer un lien particulier entre elle et son consommateur. De plus en plus, les
intentions d‟achat sont régies par l‟impact de la communication émotionnelle des marques sur le
consommateur.
Liens avec les hypothèses :
Hypothèse 2 : Par extension, les marques à forte valeur ajoutée, comme les autres marques peuvent
créer de l‟émotion sans pour autant jouir d‟un historique riche et bien ancré, le principal résidant dans
des choix stratégiques marketing clairs et préalablement établis.
Hypothèse 3 : l‟émotion que crée une marque pour attirer le consommateur doit être en tout point
fidèle à son positionnement et demande un travail studieux de la cible et de l‟image qu‟elle souhaite
véhiculer. Si elle déroge à sa ligne de conduite, elle risque de sortir du champ d‟identification de
l‟individu et de le perdre pour de bon.
*M.B. Holbrook & E.C. Hirschman (1982), The experimental aspects of consumption: consumer
fantasies, feelings, and fun, Journal of Consumer Research
** J.E. Escalas & J.R. Bettman (2003), You are what they eat: the influence of reference groups on
consumer connections to brands, Journal of Consumer Psychology
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 124 -
REFERENCE
Sharifah Faridah SYED ALWI, Rui Vinhas DA SILVA
Online and offline Corporate Brand Images: do they differ?
Corporate Reputation Review
2007
Idée dominante : l’image de marque d’une entreprise ne diffère qu’excessivement peu sur
Internet ou offline. L’image de marque jouit de la possibilité de créer de l’émotion via une
expérience de ladite marque par le consommateur, alors qu’elle sera mieux perçue en offline si
elle apparaît comme excessivement compétente. L’image de marque est une variable
importante à travailler en vue d’ajouter de la valeur à la marque.
Résumé :
Cette recherche académique tend à pallier le manque de recherches faites sur le médium Internet et
ses effets sur l‟image de marque d‟une compagnie. Cette image de marque est appelée ici CBI
(Corporate Brand Image) (Marrilees and Fry, 2002).
Le CBI doit être perçu comme un terme et un élément propre à la réputation institutionnelle d‟une
marque. (Fombrun – 1996, Chernatony -1999) et dépend de plusieurs facteurs comme les produits
que la société produit, les actions qu‟elle mène et la manière dont elle communique avec les
consommateurs. C‟est en partie la perception des consommateurs qui forge la réputation d‟une image
de marque.
Un autre concept largement utilisé de « corporate branding » sur Internet a été proposé par
Chernatony et Christodoulides en 2004, ou la marque est un ensemble de valeurs rationnelles et
émotionnelles qui permettent aux parties prenantes d'arriver à un compromis sur une expérience
unique et très agréable.
Supphellen et Nysveen (2001) avancent l‟idée que dans le cas précis du site Internet d‟une marque, les
consommateurs semblent évaluer l‟image de la marque dans une approche émotionnelle plutôt que
cognitive. C‟est d‟ailleurs pour cela que les marqueteurs travaillent ou doivent travailler sur les
valeurs émotionnelles rattachées à la marque, au travers de métaphores pour créer une personnalité à
la marque, proche de celle d‟une personne physique. La publicité joue un rôle dominant dans la
perception de la marque par le consommateur. C‟est en réponse à des stimuli émis par la publicité de
la marque que le consommateur sera influencé dans ses perceptions de l‟image de la marque.
D‟après Aaker (1991), l‟image de marque aide les entreprises à créer de la valeur. Le CBI peut donc
être vu comme un élément émotionnel intrinsèque aux valeurs, associé à l‟expérience de la marque.
L‟étude tend à démontrer qu‟Internet est un média qui doit être considéré à sa juste valeur et prendre
une place importante dans la stratégie marketing de la marque, sans pour autant différer d‟une
stratégie préalablement établie. C‟est un support. Le CBI offline et online apparaissent comme
différents car non basés sur les mêmes caractéristiques : le online CBI est basé sur l’agréabilité,
l‟innovation, les compétences, le chic et l’absence de formalité ; le offline CBI se base sur 4
dimensions : agréabilité, entreprise, compétence et chic. Le « chic » sera une dimension à mettre
extrêmement en avant pour les marques à forte valeur ajoutée.
Liens avec les hypothèses :
Hypothèse 1 : C‟est le mélange des valeurs rationnelles et émotionnelles qui conduit le
consommateur à un compromis sur une expérience unique et agréable. C‟est cette expérience basée,
donc, sur le rationnel et l‟irrationnel qui permettra à la marque d‟entretenir chez le consommateur une
image forte et marquante qui, à la fois entretiendra l‟image de la marque tout en accroissant sa valeur
.
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 125 -
REFERENCE
Yves CHIROUZE, René-Maurice DEREUMAUX
Les nouveaux défis du marketing
Editions ESKA
Octobre 2001
Idée dominante : L’image de marque est « le véritable cœur de métier des marques de luxe. »
Résumé : Le luxe évolue.
Il passe d‟un luxe aristocratique où la consommation des produits de luxe était teintée d‟une
dimension culturelle à une dimension de consumérisme ou la barrière du luxe apparaît comme
quantitative, surtout financière. Les marques de luxe aristocratiques ont du donc aborder ce nouveau
défi du marketing avec beaucoup de sérieux. Les groupes financiers les ont aidé à passer outre cette
difficulté d‟adaptation car ils ont jugé que « le patrimoine culturel et social des marques était une
assurance de réussite et donnait une caution suffisante aux maisons de luxe pour progresser. » Ce
patrimoine comprend l‟image de marque, qui apparaît comme le bien le plus précieux de toute
marque de luxe et/ou à forte valeur ajoutée, car le luxe apparaît comme le secteur producteur de
prestige et de valeur ajoutée.
L‟image de marque apparaît comme l‟outil de promotion par excellence mais aussi et surtout l‟outil
de différenciation des marques à forte valeur ajoutée entre elles.
L‟image de marque est ici décrite comme « le besoin ostentatoire assouvi lors de l‟achat d‟un produit
de luxe ». Cela tient au fait que le consommateur s‟identifie à une élite sociale privilégiée qui partage
les mêmes signes particuliers de reconnaissance.
Une marque de luxe doit assurer une qualité irréprochable à son produit. Si l‟image de marque est
considérée comme une supercherie, la marque en pâtira et perdra sa valeur ajoutée pour de bon.
L‟image de marque est la perception d‟un produit par le consommateur à travers une image
« subjective » cultivée par la marque.
Les fondements de l‟image reposent sur des paradoxes propres au luxe que la marque doit entretenir :
un certain équilibre entre tradition et modernité, sobriété et éclat.
L‟entreprise du luxe réside donc dans son habilité à produire une image. Comme la différenciation
des produits du luxe n‟est pas à chaque fois possible, elle passe par les attentes du consommateur qui
cherche un accès « à un autre monde ». Le plaisir passe dans l‟acte d‟achat lui-même, comme
ouverture vers un monde particulier, immatériel, un univers idéal et d‟exception, parfois même
onirique comme aiment à le clamer les marques de luxe elles-mêmes, qui se disent créatrices de
rêves.
La marque doit être associée à un univers de mots, d‟images et de sentiments ainsi qu‟une
représentation sociale recherchée. C‟est cette assimilation d‟idées qui fait d‟une marque une marque à
forte valeur ajoutée, voire une marque de luxe. Cette assimilation se construit par la marque à tout
moment, en relation entre le marketing et la communication.
Liens avec les hypothèses :
Hypothèse 1 : l‟image de marque dépend à la fois d‟une dimension irrationnelle, que cultive la
marque afin de séduire le consommateur, mais aussi d‟une dimension rationnelle basée sur la qualité
même du produit, afin qu‟aucune supercherie ne puisse être envisagée par le consommateur.
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 126 -
REFERENCE
Bernard LOGIE, Dora LOGIE-NAVILLE
Leur nom est une marque
Editions d’Organisation . Eyrolles
Octobre 2002
Idée dominante : Les marques patronymiques jouissent d’un à priori favorable aux yeux du
consommateur et peuvent tirer de leur particularité des avantages marketing certains.
Résumé :
Ce livre aborde non sans difficulté la place particulière que peut occuper les marques dont leur nom
n‟est autre qu‟un patronyme.
Les marques à forte valeur ajoutée de vins et spiritueux sont pour la plupart des marques
patronymiques : Veuve Clicquot Ponsardin, Moët&Chandon, Perrier Joët, Hennessy, Rémy Martin,
Krug, Pommery, Yquem…
Cette particularité s‟explique au travers des législations dans l‟Histoire.
Les marques patronymiques sont apparues pour la plupart au cours de la deuxième révolution
industrielle, bien avant que le marketing ne soit une science. Avant 1807, la société fondée était
contrainte de porter le nom de son dirigeant, avec toute la confiance attachée à son nom. Ce sont les
sociétés de personnes.
De 1807 à 1867, « un projet de la loi du Code de Commerce de 1807[…] instaure la première forme
de société de capitaux qui se distingue des sociétés de personnes ». Mais ces sociétés ont besoin de
l‟aval du gouvernement. Il est donc toujours plus simple de fonder des sociétés éponymes.
De 1867 à 1966, les sociétés de personnes peuvent devenir des Sociétés Anonymes. C‟est en 1966
qu‟il est possible de créer une Société Anonyme, institutionnalisée par la loi, qui peut naître sous
toute dénomination quelle qu‟elle soit.
Les sociétés éponymes jouissent d‟une perception particulière aux yeux du consommateur. Tout
d‟abord, le capital sonore est indéniable. La singularité d‟un nom se distingue de toute autre marque.
Les marques éponymes peuvent jouir de leur particularité grâce à un marketing bien particulier. La
force des marques patronymiques tient en quelques points :
- La garantie : En effet, donner son nom à une société est gage de qualité et de garantie des
produits conçus aux yeux du consommateur.
- La signature : explicite ou implicite, elle est aussi gage de qualité. Quiconque donnerait son
nom à une marque ne voudrait pas voir son nom salit, et de facto prônera la qualité avant tout.
Personnalité et marque sont étroitement liées.
- La notoriété : signe d‟ancienneté et donc de pérennité. Le consommateur se sent familier à
une marque patronymique. Cela prévaut d‟un à priori favorable lors de l‟acte d‟achat par le
consommateur.
- L‟image : elle est étroitement liée au nom et aux valeurs intrinsèques qui accompagnent ce
nom depuis la fondation de la société. Ce n‟est pas un hasard si bon nombre des marques
patronymiques sont des marques à forte valeur ajoutée. Leur nom est gage de savoir-faire, de
qualité et d‟authenticité.
- La fidélité : Dans les catégories de consommateurs que propose A. Aacker – l‟indifférent, le
conservateur, le calculateur, l‟affectif et le militant – le nom patronymique créé l‟affect sur le
consommateur affectif et fait de ce dernier le principal consommateur des marques
patronymiques. Les matronymes, surtout les veuves, créent un lien affectif d‟autant plus fort
qu‟elles jouent sur la corde sensible des consommateurs, le respect.
- La durée : il s‟agit ici des acquis du temps qui participe à trois préceptes du marketing :
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 127 -
notoriété, image et fidélité.
- La pérennité : la pérennité du nom dans le temps est gage de valeur. Un nom patronymique
est singulier dans le paysage entrepreneurial et est d‟autant plus mémorisable qu‟il est
personnifié et identifié.
- L‟adaptation au marché : elle découle de la pérennité de l‟entreprise, qui a recours à
l‟innovation pour s‟adapter à sa cible, qu‟elle peut renouveler, tout en retravailler de concert
son image de marque.
Les marques patronymiques ont un avantage qui réside en leur nom. Elles jouissent d‟une sensibilité
tout autre aux yeux du consommateur qui peuvent de facto plus facilement s‟identifier et s‟attacher à
la marque.
Liens avec les hypothèses :
Hypothèse 1 : L‟empreinte du rationnel des marques patronymiques peut être un avantage
concurrentiel à travailler, notamment sur Internet. C‟est un avantage rationnel nécessaire à
l‟élaboration d‟une marque forte.
Hypothèse 3 : Les marques patronymiques sont le plus souvent des marques historiques. Elles
peuvent se baser sur leur savoir-faire, leur histoire et leur historique pour développer un marketing et
une communication sur Internet qui leur est propre, en tenant compte du vécu, en tirant les leçons des
épreuves et erreurs du passé.
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 128 -
REFERENCE
Marie-Claude SICARD
Luxe, mensonges et marketing
HIGH CO. Institute, Editions Pearson Education
Avril 2003
Idée dominante :
Internet reste boudé par les marques à forte valeur ajoutée. Cependant, le marketing de ces
marques n’est pas différent de celles des marques de luxe, ni même de la grande consommation.
C’est la part d’imaginaire, si elle est correctement communiquée, comme par exemple sur
Internet, qui instaure la différence.
Résumé :
Ce bouquin tend à résumer la place qu‟occupent actuellement les marques de luxe dans l‟univers
spatio-temporel contemporain. Il se veut dénonciateur des faux-semblants et des clichés que les
maisons de luxe entretiennent, comme poudre aux yeux du consommateur.
Une des idées prédominantes de ce livre est que le luxe n‟est et n‟a jamais été quelque chose de
définissable. Encore aujourd‟hui, au travers de ces pages, l‟on peut se rendre compte que luxe
classique (ex : Hermès), luxe moderne (ex : Chanel) et luxe contemporain (ex : Ralph Lauren) sont
des luxes différents. La frontière entre maisons de luxe au sens de la France, à savoir Luxe classique,
franco-français, à la base de toute idée dominante du luxe (n‟est de luxe que la France) et les maisons
à forte valeur ajoutée, où le culte de l‟identité de marque va bien plus loin que la grande
consommation n‟est pas tranchée.
L‟auteur pose d‟ailleurs la question de savoir si Ralph Lauren est une marque de luxe ou non.
L‟idée intéressante est ici que ces marques, qu‟elles soient dites luxueuses, ou haut de gamme et à
forte valeur ajoutée jouissent ostensiblement des mêmes codes marketing et communication.
Il est d‟ailleurs intéressant de noter que l‟auteur, pour différencier une marque que nous appellerons
in fine « à forte valeur ajoutée » d‟une marque de distribution créé le concept de rosace de la marque.
Cette rosace se compose de 7 pôles de la méthode de l‟empreinte :
- le pôle physique : la place des produits
- le pôle du temps : l‟ancrage de la marque dans le passé, le futur, ou l‟intemporalité
- le pôle de l’espace : les lieux symboliques où contact et démonstration ne font pas bon ménage
- le pôle des normes : l‟implicite, la magie, ostentation ou prestige
- le pôle des positions : supériorité ou symétrique de la marque dans son univers concurrentiel et
marchand
- le pôle des projets : création, excellence technique, perfection, savoir, immortalité
- le pôle des relations : classique et modernes jouent sur des relations contradictoirement
émotionnelles et inaccessibles, alors que le contemporain joue sur une gamme de relations froides.
Cette rosace de la marque est aussi utilisée en grande consommation, comme outils de comparaison
de viabilité et d‟efficacité entre deux produits similaires.
Ici encore l‟auteur, sur les recherches de Bernard Dubois, avance que « le luxe est pétri de
contradictions ». La première contradiction est que le marketing du luxe (ou, nous l‟avons vu, des
marques à forte valeur ajoutée) est pauvre de tout concept qui lui est pauvre, et s‟inspire à quelques
exceptions près du marketing de la grande distribution. C‟est le couple [produit+imaginaire] qui pré
pondère, avec une dimension « imaginaire » plus prononcée et travaillée pour les marques à forte
valeur ajoutée. La deuxième contradiction est que le « marketing du luxe, quand il existe, a tendance
à se renier lui-même ». En effet, à force de clichés préétablis, le luxe s‟interdit d‟utiliser les mêmes
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 129 -
règles de marketing que la grande consommation, et cela passe aussi par Internet !
Les marques à forte valeur ajoutée accusent un retard certain sur le milieu virtuel du web, alors
qu‟elles se targuent de vouloir rajeunir leur cible, mais aussi leur image de marque (cf : le cas de
Dior). Qu‟en est-il de la place de cet outil marketing et communication fort qu‟utilisent à raison la
grande distribution, mais que boudent à tord les marques à forte valeur ajoutée ?
L‟auteur prend d‟ailleurs le cas de Veuve Clicquot, Heidsieck, Hennessy, Taittinger ou encore
Moët&Chandon. Ces maisons abondent d‟histoires, de potentiel aspirationnel et imaginaire qu‟il est
bon d‟utiliser à condition de surmonter cette fausse pudeur et de communiquer à l‟aide de moyens
modernes comme le fait Hennessy.
Ce livre a été écrit en 2003. Force est de constater que sur les marques suscitées, seule Hennessy tire
son épingle du jeu sur Internet.
Liens avec les hypothèses :
Hypothèse 1 : Réalité et fiction, rationalité et irrationalité se conjuguent pour former la valeur forte
d‟une marque. Il n‟y a pas de grande différence entre marketing tel qu‟on l‟entend et marketing du
luxe. C‟est le couple [Produit+Imaginaire] qui souligne l‟importance de la part de l‟irrationalité dans
l‟élaboration d‟une marque forte, mais en se basant sur le rationnel, qui apparaît donc comme
nécessaire mais non suffisant.
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 130 -
REFERENCE
Le Hub - La Poste
Un luxe d’expérience
Média de la Performance Client
http://www.laposte.fr/lehub/-Un-luxe-d-experience-
Septembre 2007
Idée dominante : « les marques de luxe s’adaptent au besoin d’individualisation de leurs clients,
en recherche d’un plaisir personnel et unique. Elles mettent désormais l’accent sur l’initiation à
une expérience distinctive et émotionnelle. »
Résumé :
Les attentes des consommateurs d‟aujourd‟hui vont bien plus loin que la satisfaction d‟un plaisir
personnel. Ils sont à la recherche d‟un lien particulier, unique qui les lierait à la marque, et qui les
considèrerait comme acteurs de la relation.
L‟article prend l‟exemple du Champagne Krug qui présente « Krug Odyssey », une initiation destinée
à de très rares privilégiés, qui les entraîne dans des lieux privés, cachés et mystérieux, à la découverte
du style de la Maison, de son lifestyle, qui fait vivre des moments uniques à une cible de dandys
modernes, une expérience de marque en somme.
La Maison Ruinart entretient elle aussi un lien particulier avec ses clients, basé sur l‟art de recevoir à
la Française depuis Louis XIV, un art de vivre et de recevoir que la prestigieuse Maison de
champagne véhicule à chaque instant.
L‟article cite aussi la particularité des points de vente des marques à forte valeur ajoutée qui déclinent
dans leurs boutiques « leur propre façon de faire vivre une expérience distinctive et poly sensorielle ».
Le but de ses boutiques est de proposer au consommateur un voyage initiatique au cœur de la marque.
Sur Internet, les marques à très forte valeur ajoutée accusaient un retard en termes de
e-commerce. Celui-ci s‟explique par la volonté des marques à forte valeur ajoutée de proposer à leurs
consommateurs le service le plus complet, le plus performant et de la plus grande qualité, le plus
prestigieux possible. Internet permet de travailler l‟individualisation des relations entre
consommateurs et marques. C‟est en quelques sortes un luxe d‟expérience, au travers de
l‟identification, la personnification, voire même la livraison, comme l‟exemple d‟Hermès est cité,
avec sa livraison de cravates dans un étui sophistiqué, dans les trois heures qui suivent la commande,
partout dans Paris.
Liens avec les hypothèses :
Hypothèse 1 : Ce qui différencie une marque à forte valeur ajoutée d‟une marque de mass-marketing
est la part de rêve qu‟elle s‟échine à créer autour de son identité et de ses produits. C‟est justement cet
expérientiel émotionnel qui vise à séduire le consommateur par ce qu‟il a de plus humain, ses
sentiments, ses émotions, qui créé ce lien particulier que la marque tend à construire entre elle et son
consommateur, soit un lien émotionnel vivant, proche de la réalité.
Hypothèse 2 : Certaines marques à forte valeur ajoutée, comme Ruinart par exemple, ou encore
Chanel et Louis Vuitton utilisent leur historique riche pour soutenir la part de rationnel nécessaire à
l‟élaboration d‟une forte valeur ajoutée pour une marque. C‟est grâce à cet historique qui les
différencie des autres que ces marques tendent à créer de l‟émotion pour le consommateur.
Hypothèse 3 : L‟émotion n‟est possible que parce que la marque créé à la base un concept
expérientiel qui lui est propre, et qui suit les idées fondatrices de son identité.
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 131 -
REFERENCE
Anny-Claude LEMEUNIER - Republic of Ideas
Sites Internet, Luxe & Champagne
R.o.I pour Veuve Clicquot Ponsardin
Février 2007
Idée dominante : Les marques de vins & spiritueux à forte valeur ajoutée suivent les règles des
marques de luxe, elle aussi à forte valeur ajoutée, sur Internet. Cet outil de communication ne
doit pas être utilisé comme moyen de creuser la distance entre consommateur et marque, mais
au contraire les rapprocher dans une relation one-to-one privilégiée, en accentuant l’expérience
et l’émotion propre à ces marques.
Résumé :
R.o.I. (Republic of Ideas) est un cabinet de conseil en stratégie, co-fondé par Anny-Claude Lemeunier
et l‟agence de publicité internationale Leo Burnett.
Cette étude, intitulée « Sites Internet, Luxe & Champagne – Comment refléter le statut luxe de la
marque Veuve Clicquot dans un site Internet efficace et visionnaire ? » est une guideline basée
principalement sur le benchmark des sites de marques de luxe et/ou à forte valeur ajoutée, en se
basant sur des principaux théoriques développés par Business Unusual, à savoir les « World Best
Entreprises » et les « Eigh Golden Rules ». Ces deux études théorique sont les bases de toute étude
empirique, basées sur des valeurs simples : fonctionnalité, design, content, originalité,
professionnalisme & efficacité selon un seul curseur : bon ou mauvais (pour « World Best
Entreprises ») et Prioritise « experience », be consumer centric, take a decisive editorial stance,
update content, importance of design, important of integration, create universal sites, create
consumer databases, pour les « Eight Golden Rules ».
L‟étude est intéressante car elle ne base pas les marques de Vins et Spiritueux comme du luxe über
premium, mais une certaine forme de luxe, plus proche des marques à forte valeur ajoutée. A chaque
marque correspond un certain nombre de valeurs qu‟il faut véhiculer sur Internet, sans tomber dans la
facilité du web, comme rajeunir sa cible, ou proposer un e-CRM ouvert à tous. Bien au contraire. Les
marques à forte valeur ajoutée doivent cultiver leur unicité et retravailler par le biais du web une
relation one-to-one privilégiée. Pour se faire, R.o.I. propose de créer des Clubs très privés, aux
antipodes des communautés d‟aficionados ouvertes. La cible que propose Internet peut être aussi
intéressante pour ses marques, car Internet propose des opportunités de ciblage homme, jeunes
urbains, hyperactifs, seniors, et/ou mode de vie différent (loin des métropoles).
R.o.I. benchmark les sites web de marques de luxe, comme Chanel, Hermès, Prada ou Van Cleef &
Arpels, afin d‟en tirer la quintessence de leur positionnement sur la toile. Ainsi Chanel reste Chanel
au travers le temps, Prada souligne sont talent créateur, Hermès sa sophistication et son originalité,
Van Cleef & Arpels leur onirisme éblouissant… Même Nespresso est étudié, sous le côté glamour et
marchand. R.o.I. passe en revue les nouveautés apportées par Internet ainsi que les sites Internet des
grandes marques de champagne comme Dom Pérignon, Moët&Chandon, Laurent-Perrier ou encore
Roederer ou Hennessy. Ces sites sont comparés à celui de Veuve Clicquot, et critiqués ouvertement
sur leurs failles et leur manque d‟originalité, du manque de cette rigueur que l‟on prête à ces marques
à forte valeur ajoutée, en bref : leur retard flagrant parmi les marques de leurs paires, et quelles
seraient les guidelines à respecter par VCP pour cultiver sa prestigieuse image de marque sur Internet.
Liens avec les hypothèses :
Hypothèse 1 : Les marques à forte valeur ajoutée doivent utiliser leur côté rationnel, qualitatif et
prestigieux pour créer cette part d‟irrationnelle émotionnelle et expérientielle sur Internet.
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 132 -
Hypothèse 3 : Les marques doivent cultiver leur image de marque de façon plus poussée encore sur
Internet. Ce n‟est qu‟en se basant sur ce qui fait d‟elle une marque unique aux yeux du consommateur
qu‟elle réussira à créer une relation privilégiée basée autour de l‟émotionnel.
-
« L’expérience unique qu’aucune n’a encore inventée, un partage nouveau de la marque, un défi
excitant lancé à l’internaute, un lien qui se crée, ou un moment qu’on n’oubliera pas… »
-
« Un style, c’est Un territoire sensible qui crée Un lien avec Une personne »
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 133 -
REFERENCE
MOËT-HENNESSY Wines and Spirits
Grille d’analyse des sites de Moët Hennessy & de marque à forte valeur ajoutée
M.H. Marketing Intelligence Service
Septembre 2007
Idée dominante : Les sites Internet des marques de Vins et Spiritueux à forte valeur ajoutée
accusent un retard certain en comparaison avec les sites Internet des autres marques à forte
valeur ajoutée et/ou de luxe.
Résumé :
Moët Hennessy a compris depuis quelques temps l‟importance à accorder au «rich media » qu‟est
Internet dans la politique de communication des marques à forte valeur ajoutée sous son ombrelle.
Cette étude a été réalisée par le Marketing Intelligence Service de Moët Hennessy, dans l‟optique de
souligner les failles des sites Internet des marques du portefeuille de vins et spiritueux de LVMH.
La méthode de notation est binaire. Si le critère de notation est rempli, la note 1 est attribuée. Si rien
ne correspond à ce critère de notation, la note attribuée pour la marque est de 0. Cette méthode, quoi
qu‟un peu limitative, permet une vision claire des efforts à faire dans les différentes catégories de
points d‟amélioration. La méthode retenue est le « World Best Entreprises ». Les critères de notation
sont
- La fonctionnalité
- Le design
- Le content
- L‟originalité
- Le professionnalisme et l‟efficacité
Chacun de ses critères est subdivisé en 20 autres critères.
Ainsi, la note maximale que peut recevoir un site Internet est de 100, la note minimale que peut
recevoir un site Internet est 0.
Sur les 45 marques à forte valeur ajoutée (les marques de luxe comme Louis Vuitton, Gucci, mais
aussi Nike, Apple, Barneys ou encore Condenast), 4 n‟ont pas été notées. Les sites les mieux notés
sont Nike et Apple avec respectivement 92 et 90 points. Les marques de vins et spiritueux se situent à
la 11, 12, 15, 19 et à partir de la 21eme place.
Notons que les marques de champagne et de spiritueux à forte valeur ajoutée sont à la 21eme, 23eme
place, puis après la 29eme place. Les marques de vins et spiritueux de type Grey Goose, Smirnoff ou
Reykvodka ne sont pas des marques que l‟on qualifie de marque à forte valeur ajoutée, pourtant elles
remportent un score correct et supérieur aux marques qui nous intéressent. L‟étude est intéressante
car elle met en exergue les faiblesses des marques qui nous intéressent sur Internet, et permet à ces
dernières de s‟orienter vers certains facteurs qu‟ils ne maîtrisent pas, afin de pouvoir y répondre
favorablement, et satisfaire toujours mieux le consommateur.
Liens avec les hypothèses :
Hypothèse 1 : Pour les marques à forte valeur ajoutée de vins et spiritueux, les critères qui ne
semblent pas être satisfaisants sont l‟originalité, le professionnalisme et l‟efficacité. Ces critères
tiennent plus du rationnel que de l‟irrationnel. Dans ce cas, nous pouvons sans doute conclure que si
les marques de vins et spiritueux accusent un retard certain sur Internet, et ne sont pas des références
en la matière, c‟est qu‟elles sous-estiment la variable rationnelle alors qu‟elle paraît nécessaire afin
d‟entretenir une image de marque forte.
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 134 -
REFERENCE
Moët-Hennessy Marketing Intelligence Service
New Forms of Communication and Marketing
Moët-Hennessy
2007
Idée dominante :
Les nouvelles formes de communication humanisent les liens entre la marque et l’individu afin
que la marque puisse proposer à son consommateur une expérience qui devance ses attentes et
qui colle le plus possible à des attentes que le consommateur pourrait formuler dans la vie
réelle. Internet apparaît comme un véritable réseau relationnel où marques, consommateurs
s’échangent des informations formelles ou informelles, par le biais du web 2.0 ou encore de
l’expérientiel qui propose au consommateur de vivre la marque sous un jour différent.
Résumé :
Internet constitue un point d‟encrage entre marques à forte valeur ajoutée et consommateurs. Plus de
85% des consommateurs de ces marques consultent les sites sur Internet avant l‟acte d‟achat
(Benchmark Group – 2007). Certaines marques à forte valeur ajoutée sont devenues des emblèmes
sur Internet, tant en qualité de design que de contenu et de proposition, comme Louis Vuitton,
Chanel, BMW, Apple…
Internet permet aussi aux marques autocentrées de placer au centre de leur stratégie marketing et de
communication sur la toile le consommateur, afin de créer un lien one-to-one privilégié.
Les NFOC (New Forms Of Communication) comprennent plusieurs caractéristiques propres : la
personnalisation, la convergence, l‟amusement/expérience, l‟esprit communautaire, la
recommandation à ses pairs et la mobilité.
La personnalisation passe tout d‟abord par l‟individualisation de l‟information. Les marques doivent
prêter une attention particulière à cette caractéristique, qui tend à entretenir un lien privilégié entre le
consommateur et sa marque favorite, au travers d‟une navigation simple et intuitive, qui lui permettra
d‟accéder le plus rapidement possible à l‟information essentielle.
La convergence doit permettre à la marque de passer outre les barrières des médias pour proposer à
son consommateur une expérience propre à cette marque. Il n‟y a plus de frontière entre média online
et offline. Différentes variables du marketing doivent converger vers un intérêt commun,
l‟expérientiel de la marque, qu‟elles soient buzz, relations publiques, esprit communautariste,
participatives, intuitives.
L‟amusement/ l‟expérience, au travers des exemples de Prada, Kiehl‟s, Apple ou encore Redbull est
une variable de plus en plus indispensable pour se différencier de ces concurrents. Le produit ne doit
plus être uniquement placé dans une campagne de communication, mais le consommateur doit vivre
le produit au travers d‟une expérience propre à la marque, afin qu‟il puisse lui-aussi s‟identifier à
l‟essence même de l‟identité de la marque. L‟expérientiel se trouve être une vision à long terme d‟une
stratégie que les marques à forte valeur ajoutée commencent à développer ou se doivent de
développer pour rester compétitives. L‟esprit communautariste a été bien employé par Patron (Social
Club) ou Rémy Martin sur Asmallworld, où la marque à fait la publicité du Louis XIII, où la marque a
touché un cible jeune, branchée et fortunée qui devait proposer une façon de déguster ce produit. Le
succès a été énorme et Rémy Martin afort bien tiré parti de cet esprit communautariste. Chaque
variable doit être bien entendu en adéquation avec les valeurs et le positionnement des marques. La
recommandation à ses pairs apparaît comme importante dès lors que l‟on sait que le consommateur
parle aux autres des expériences qui l‟ont émotionnellement touché, positivement ou négativement.
Ce qui sera dit aura raison de l‟image de la marque, dans une moindre mesure certes, mais pourra tout
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 135 -
de même s‟avérer néfaste si l‟adéquation avec l‟identité de la marque n‟est pas correctement faite.
Les marques doivent s‟adapter à l‟évolution de la communication sur Internet.
Hier, elles créaient des histoires qu‟est racontaient/ lançaient au consommateur passif. Aujourd‟hui
les consommateurs participent activement à une communication à double sens entre ces derniers et la
marque. La marque crée avec le consommateur des scénarii interactifs qui les enrichissent et les
ouvrent culturellement et émotionnellement.
“Brands can’t just ignore these evolutions (they were facilitated by the net but are REAL LIFE
desires and expectations)”.
La marque qui a le plus rapidement su tirer partie de cette évolution n‟est autre qu‟Apple.
Que deviendraient les marques à forte valeur ajoutée de vins & spiritueux si Apple en venait à étendre
son aura jusqu‟à ce segment ? Quel genre de vin et/ou spiritueux pourrait-elle proposer ? Quel
positionnement ? Quelle cible ? Quel prix ? Quelle stratégie ? Quel plan marketing &
communication ? il apparaît donc nécessaire que le marketing soit repensé en accord avec les NFOC,
et les marques de s‟inspirer de Apple pour se rapprocher au plus prêt de ses consommateurs.
Liens avec les hypothèses :
Hypothèse 1 : Les marques à forte valeur ajoutée de vins & spiritueux doivent tenir compte des
évolutions des modes de communication et tenir compte des attentes des consommateurs, qui tendent
de plus en plus vers des attentes qu‟ils formuleraient dans la vie réelle.
Cet échange est possible pour une marque forte dès lors que ses atouts rationnels sont connus de son
public et de sa cible, afin qu‟ils puissent aussi entrer dans le processus de production d‟information,
qui aidera la marque à se démarquer des autres concurrents et satisfaire les attentes de sa cible.
Hypothèse 2 : L‟historique fort n‟est pas une condition sine-qua-none pour que les marques à forte
valeur ajoutée puissent créer de l‟émotion sur la toile du net. Cette émotion passe avant tout par
l‟expérientiel. Ici, nous avons pu voir la nécessité de créer cette « entertainment/experience » entre la
marque et le consommateur pour que ce dernier puisse se l‟approprier et vivre en temps réel une
expérience qu‟il ne pourrait pas vivre réellement, ou difficilement car trop couteuse et extrêmement
sélective.
Hypothèse 3 : L‟émotion créée par la marque pour le consommateur repose essentiellement sur des
bases solides et saines. L‟émotion pourra être décuplée et précautionneusement développée dès lors
que le consommateur sait auparavant de quoi il retourne. L‟émotion sur Internet est une évolution des
modes de communication multimédia.
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 136 -
REFERENCE
Stéphane TRUCHI, Benoît TRANZER, Laurence NOUGARO-SOUBRANE
Le marketing du luxe, enjeux pour les marques en 2006
Les analyses d’IPSOS
Décembre 2005
Idée dominante :
Les marques à faible valeur ajoutée s’emparent des codes marketing des marques de luxe et à
forte valeur ajoutée, aux vues des attentes des consommateurs. C’est aux marques à forte
valeur ajoutée de redessiner leur positionnement, revenir aux basiques et transparaître
émotionnelle, expérientielle, et esthétiquement parfaites.
Résumé :
Le luxe aujourd‟hui a changé de façon d‟être. Ce n‟est plus tant un moyen de paraître aux yeux des
autres, qu‟une consommation égoïste, visant l‟autosatisfaction du consommateur.
L‟offre des produits de luxe tend donc à devenir plus « massive ». On privilégie la logique financière
et marketing au détriment des dimensions artisanales et familiales d‟origine. On adopte les pratiques
du « mass marketing ». Cependant, côté demande, le consommateur souhaite que les marques de
luxe, premium, in fine à forte valeur ajoutée les séduisent en utilisant des leviers émotionnels que le
mass-marketing peut d‟ores et déjà utiliser. Face à cette double « mass-marketisation », les marques
doivent donc revenir à l‟essence même de ce qui fait leur forte valeur ajoutée.
L‟article reprend trois directions essentielles :
- « Pérenniser la vision de la marque, la rendre lisible par ses actes et sur –exprimer ses codes
identitaires »
Cela passe par la réaffirmation de la vision de la marque, la re-sacralisation du métier, la
sublimation des codes identitaires et la dotation d‟une sémantique propre au luxe.
- « S‟intéresser à son client non pas comme un acheteur, mais comme un initié faisant partie du
cercle de la marque »
- « Surinvestir ce média essentiel qu‟est le point de vente. L‟acte d‟achat lui-même ne doit plus
être un plaisir honorifique mais un plaisir passant par l‟émotion, les sens et l‟expérience ; un
voyage initiatique au cœur de la marque »
Le consommateur est de plus en plus à la recherche de la rationalité de la marque, des preuves
concrètes gages de qualité et de savoir-faire…
C‟est l‟émergence du « Me Power », qui place le consommateur au centre de la stratégie des marques,
qui visent à le séduire, créer un lien interactif émotionnel entre elle et lui, pour le fidéliser in fine.
La publicité pour les marques à forte valeur ajoutée doit :
- Cultiver l‟émotionnel et le sensoriel afin de se différencier des marques du mass-premium. Il
s‟agit de créer des univers intimement liés à la marque.
- Le Total Art dans l‟exécution publicitaire est aussi une clé de différenciation
Liens avec les hypothèses :
Hypothèse 1 : C‟est la part rationnelle qui permet aux marques à forte valeur ajoutée de créer un
environnement onirique, fabuleux et propre à leur marque, pour fidéliser le consommateur et le
augmenter leur valeur ajoutée. Rationnel et Imaginaire vont de paire.
Hypothèse 3 : La marque doit créer un univers précis au préalable, pouvant proposer au
consommateur une expérience unique qui s‟inscrit dans l‟ADN même de la marque. Cette expérience
inédite et particulière sera la cause de l‟émotion que ressentira le consommateur, et le poussa à
s‟identifier à cette marque, s‟il adhère à cette expérience, donc à cet ADN, et in fine aux valeurs
mêmes qui fondent la marque.
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 137 -
Etat du travail réalisé – Synthèse
Emergence du sujet
Ces neuf derniers mois ont été pour moi une découverte du monde de l‟entreprise. J‟ai pu
réaliser un stage en qualité de chargé de communication et Internet au sein de la Maison
Veuve Clicquot Ponsardin. La majorité de mes missions consistaient en le suivi des sites
Internet de la marque, de ses mises à jour et au projet de refonte du site www.veuve-
clicquot.com.
J‟ai pu aussi découvrir le monde virtuel des marques de luxe du groupe LVMH, à qui
appartient Veuve Clicquot.
Lors de réunions avec le Marketing Intelligence Service de Moët-Hennessy, j‟ai pu observer
que les marques de luxe et à forte valeur ajoutée tentent de se différencier des marques de
mass-marketing par la recherche d‟un expérientiel qui augmenterait leur image de marque
tout séduisant le consommateur par le biais d‟une expérience émotionnelle initiatique. Les
réunions du « Web Comittee » de Moët Hennessy m‟ont amené à m‟interroger sur la place
que tenait Internet dans les stratégies marketing et communication des marques à forte valeur
ajoutée de vins & spiritueux, qu‟il s‟agisse du portfolio de LVMH, ou encore des concurrents
au travers d‟une étude benchmark exhaustive.
J‟ai donc décidé de joindre ces différentes dimensions dans un seul sujet. Ayant observé le
retard qu‟accusent les marques de vins et spiritueux à forte valeur ajoutée sur Internet, j‟en
suis venu à me demander si leur politique offline ne pouvait pas être appliquée virtuellement
au travers de sites de marques afin d‟augmenter leur image de marque auprès du
consommateur au travers d‟un univers expérientiel et émotionnel propre à chacune d‟elles.
Cette étude sera intéressante à réaliser car peu d‟études sur le sujet ont été jusqu‟à présent
réalisées.
Etapes incontournables.
Un tel sujet doit être basé sur des définitions claires et précises de chacun des termes qui le
compose.
Ma problématique est basée sur les concepts de marque à forte valeur ajoutée, d‟image de
marque, d‟émotion au travers de l‟expérientiel appliqué au monde virtuel qu‟est Internet.
Plusieurs chercheurs se sont penchés sur le concept d‟émotion sur Internet. Certains restent
sceptiques quant à l‟évocation d‟une possibilité d‟émotion dans un milieu virtuel (Leong,
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 138 -
Huang et Stanners en 1998). Mais d‟autres accordent à ce médium le potentiel émotionnel
offert par l‟association de mots, d‟images et de sons (Allen, 2001), et la possibilité de créer
une relation entre personnalisation et interactivité (Lindstrom, 1999).
La première partie de ce mémoire consistera donc à dresser un portrait de ces différentes
définitions afin de construire mon raisonnement sur des bases assainies, afin de pallier le
manque de définitions objectives de ces termes dans le milieu de la communication.
Evolution du champ d’action des marques sur Internet
Depuis plus de vingt ans, Internet s‟impose comme un média incontournable dans la
communication et la stratégie marketing des marques, quelles qu‟elles soient.
L‟évolution rapide des savoir-faire sur la toile impose aux marques une réactivité constante
d‟adaptation aux besoins du consommateur.
Avec le développement des communautés et des réseaux, l‟émergence du web 2.0, les
marques ne peuvent plus rester autocentrées. Elles placent de nos jours le consommateur au
centre de leur stratégie. Et le consommateur l‟a bien compris. Il n‟utilise plus Internet comme
simple source d‟information, mais cherche dans cet outil un moyen de ressentir virtuellement
ce qu‟il pourrait ressentir dans la vie réelle. Internet n‟est plus un outil statique comme nous le
connaissions il y a encore 10 ans, mais devient de plus en plus le substitut, tant pour les
marques que pour le consommateur, d‟une expérience qu‟il serait difficile de vivre
réellement.
Les moyens technologiques développés chaque jour proposent aujourd‟hui aux marques un
panel d‟outils qu‟il serait intéressant d‟utiliser dans l‟optique de fidéliser une clientèle de plus
en plus difficile à séduire, et de prospecter de nouveaux consommateurs en leur proposant non
plus une description exhaustive de ce que la marque propose, mais un parcours initiatique au
travers des valeurs et du positionnement qui caractérise chacune de ces marques par le biais
d‟expériences afin d‟influer directement sur l‟aspect émotionnel de la personnalité des
consommateurs plutôt que sur leur dimension cognitive.
Identification des marques de vins et spiritueux à forte valeur ajoutée
Ces marques ne sont pas nombreuses. Il sera intéressant de pouvoir les identifier précisément,
afin de comprendre quels sont les particularités qui les différencient des marques de
consommation de masse.
Ces marques semblent être principalement des marques de champagne, mais nous pouvons
aussi citer des marques de vins comme Château Yquem ou Cheval Blanc, mais aussi des
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 139 -
marques de spiritueux comme Rémy Martin, Hennessy ou encore Patron. Les produits que ces
marques proposent se différencient les uns des autres par l‟univers que la marque tend à
élaborer autour d‟eux, faisant de ces moments de consommation des moments uniques pour
chacun, véhiculant un style de vie avec le positionnement de la marque en filigrane.
Ces marques empruntent au monde du luxe bon nombre de codes en termes de marketing et
de communication, mais de plus en plus la séparation qui existe entre ces deux mondes tend à
se dissiper. Le mass-marketing emprunte les codes du luxe, et le luxe emprunte certains codes
au mass-marketing. Ainsi, une étude Ipsos révèle que les marques de luxe et plus
globalement celles à forte valeur ajoutée doivent réaffirmer leur vision, re-sacraliser le métier,
sublimer leurs codes identitaires et se doter d‟une sémantique propre au luxe.
Plusieurs dérapages sont aussi facilement identifiables, ternissant l‟image du luxe sur Internet,
comme la création par la marque de communautés ouvertes à ses consommateurs, alors
qu‟une des raisons d‟adorer le luxe est de rêver faire partie d‟une communauté privilégiée
réduite et sélective.
Les pièges de l’émotion sur Internet et de l’outil de communication Internet
Internet n‟est pas un outil de communication global. Les marques doivent comprendre qu‟il
leur faut avoir un parti-pris en termes de contenu d‟information et de contenant. Les marques
à forte valeur ajoutée jouent beaucoup de par leur présence sur Internet, mais il faut les mettre
en garde : ce qui s‟applique aux marques de consommation de masse ne s‟applique pas de
facto à elles.
Les marques de vins et spiritueux à forte valeur ajoutée doivent se méfier des effets pervers
d‟Internet. Internet est une ouverture sur le monde, qui balaye toute barrière géographique et
culturelle. Les utilisateurs d‟Internet sont en grande partie âgés de moins de 25 ans. Les
marques pourraient être tentées de rajeunir leur cible, mais cette nouvelle orientation
stratégique induirait un changement radical de positionnement et de stratégie marketing à long
terme, qui ne collerait plus à leurs idées de départ et aux fondements de la personnalité qu‟on
leur connait. Même si Internet offre de grandes possibilités, les marques doivent rester fidèles
à elles-mêmes. L‟image de marque ne diffère pas, qu‟elle soit virtuelle ou réelle. Il en va de
même pour les stratégies marketing des marques. Internet est un support de communication et
un outil à incorporer dans une stratégie marketing, mais n‟est en rien une stratégie à part
entière. (Sharifah Faridah Syed Alwi, Rui Vinhas Da Silva, Corporate Reputation Review,
2007). De plus, l‟émotion sur Internet doit être traitée avec minutie, car une émotion pensée
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 140 -
par la marque peut être perçue de façon totalement différente par le consommateur, ce qui
pourrait, in fine, nuire à l‟image de marque, offline comme online.
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 141 -
Synthesis – English version
Emergence of the topic
Since a few years, I have had the personal and professional project to work in the field of the
communication. I carried out an internship as a communication and Internet manager at
Veuve Clicquot Ponsardin. My main missions were about the follow-up of Internet sites of
VCP (Veuve Clicquot Ponsardin), its updates but also onto a huge project which is the
strategic rethought about the VCP website.
I also have discovered the virtual world of LVMH luxury brands to which belongs Veuve
Clicquot.
Thanks to meetings with the Moët-Hennessy Marketing Intelligence Service, I observed that
luxury brands with strong added value try to be different from farmhouse-marketing ones by
looking for experiment which would enhance their brand image to the consumer by an
initiatory and emotional experiment. Meetings with the “Web Comittee” of Moët-Hennessy
led me to wonder on the place which held Internet into strong-added-valued-wined-and-
spirited brands and their marketing and communication strategies such as LVMH portfolios
ones but also about competitors through an exhaustive benchmark.
So I decided to join these two different dimensions (both emotion and Internet) in an one and
only topic. Having observed the delay that have strong-added-value wines and spirits brands
on Internet, I wonder whether their offline strategy could not be virtually applied through their
websites to enhance their brand image thanks to a very own experiential and emotional
universe which can seduce the consumer. This study will be very interesting because too few
studies on this subject were carried out until this time.
Incontrovertible stages
Such a subject must be based on clear and precise definitions of each term which composes it.
My topic is based on several concepts such as brands with strong added value, brand image,
emotion through the experiment, and an overall applied to the virtual world which is Internet.
Several researchers are leaning on the concept of emotion on Internet. Some remain sceptical
about the evocation of a possibility of emotion in a virtual medium (Leong, Huang and
Stanners in 1998). But others argue that this medium is able to display emotion thanks to an
appropriate association of words, images and sounds (Allen, 2001), and the capability of
creating a relationship between personalization and interactivity (Lindstrom, 1999).
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 142 -
The first part of this memory will be about drawing up a portrait of these various definitions
in order to build my thought on good bases, in order to reduce the lack of objective definitions
of these terms in the communication world.
Evolution of the sphere of activity about brands and Internet
For more than twenty years, Internet has become an essential media for communication and
marketing strategy of brands, whatever they are.
The quick evolution of know-how on the web force brands to a constant reactivity of
adaptation to consumer needs.
With the development of communities and networks, the emergence of Web 2.0, brands
cannot be auto centric any more. Nowadays, they place the consumer in the centre of their
strategy. And the consumer understood it well. He does not use any more Internet as an only
information source, but seeks in this tool a means of virtually feeling as he could feel in the
real life. Internet is not anymore a static tool as we knew it 10 years ago, but it becomes more
and more the substitute of an experiment which should be difficult to live IRL as well for
brands as for the consumer.
New technological innovations that are created each day propose a panel of tools to brands,
which it would be interesting to use to secure the loyalty of customers (whereas they become
more and more difficult to secure) and prospect new consumers by proposing them either an
exhaustive description about the brand, and an initiatory experience through the brand values
and positioning by the way of experiments in order to rather directly influence the emotional
aspect of their personality than their cognitive dimension.
Which are brands we are talking about?
There are not so much brands which seem to be concerned by my essay. It will be interesting
to be able to identify them precisely, in order to understand what characterizes them and help
to differentiate them from other brands of mass consumption.
These brands seem to be mainly champagne one, but we can also select wine one like Château
Yquem or Cheval Blanc and spirits ones as Rémy Martin, Hennessy or Patron. What theses
brands give to the consumer through their products are moments of consumption, conveying a
lifestyle, with the positioning of the brand in filigree.
These marks borrow from the world of the luxury some marketing and communication
concepts and codes, but more and more the separation there is between these two worlds tends
to be dissipated. Mass-marketing borrows luxury codes and luxury does the same. Thus, an
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 143 -
Ipsos survey reveals that luxury brands but also ones with strong added value must reaffirm
their vision, Re-sacralise the trade, sublimate their identity codes and obtain semantics
suitable from the luxury.
Several skids are also easily identifiable, tarnishing the image of the luxury on Internet, like
the creation of opened and free communities by brands, whereas one of the reasons to adore
luxury brands is to belong to a privileged reduced and selective community.
Traps of Emotion and communications tools on Internet
Internet is not a communication tool which can be allowed to do everything we want in the
same time. Brands must understand that it is necessary for them to have a preconception of
both the information content and the container. Brands with strong added value have to pay
attention to their presence on Internet, but they should be warned: what applies to mass
consumption brands does not necessarily apply to them.
And the wine and spirit brands with strong added value must be aware of the perverse effects
of Internet. Internet is an opening window on the world, which sweeps any geographical and
cultural barrier. Internet users are mainly less than 25 years. Brands could try to change their
target for a younger one, but this new strategic direction would induce a radical change of
positioning and marketing strategy from now to a long time, which would not suit to their first
ideas anymore. Even if Internet offers great possibilities, brands must be faithful to
themselves. The brand image does not differ, whether it is virtual or real life. The same
applies to the brands marketing strategies. Internet is a communication support and also a tool
which should be incorporated in a marketing strategy but has not to be considered as another
marketing that would be developed for itself with no link with the offline brand strategy.
(Sharifah Faridah Syed Alwi, Rui Vinhas Da Silva, Corporate Review Reputation, 2007).
Moreover, Emotion on Internet must be treated with meticulousness, because an emotion
thought by the brand can be perceived in a completely different way by the consumer, which
could harm offline and online the brand image at the end.
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 144 -
Outils d’investigation
Afin de confirmer et/ou d‟infirmer les 3 hypothèses précédemment citées, je procéderai au
développement de plusieurs outils d‟investigation.
La première hypothèse suppose que le rationnel n‟est pas suffisant pour définir une
marque à forte valeur ajoutée mais il est nécessaire.
Je me baserai dans un premier temps sur les informations théoriques que j‟ai pu trouver ici et
là, dans divers ouvrages et revues académiques. Dans un second temps, je me baserai sur une
étude qualitative auprès d‟une population hétérogène afin de définir quelles sont, selon l‟avis
des consommateurs, les dimensions propre à une marque afin de la considérer comme
créatrice de valeur ajoutée.
Cette étude qualitative sera composée de plusieurs questions de type :
- Qu‟est-ce que pour vous une marque à forte valeur ajoutée ?
- Qu‟est ce qui caractérise ces marques ?
- La qualité des produits est-elle aussi importante que la part de rêve que ce produit
vous procure ?
- Les marques à forte valeur ajoutée sont-elles un gage de bonne qualité ?
- Qu‟est-ce qui, selon vous, renforce une image de marque ?
Ma deuxième hypothèse se base sur la nécessité pour les marques à forte valeur
ajoutée de jouir d‟un historique afin de créer de l‟émotion. Afin de créer un lien entre
historique et marque à forte valeur ajoutée, il me semble intéressant de questionner le
consommateur sur une hypothétique corrélation qui lierait les deux concepts. Puis, j‟essayerai
de savoir si, pour le consommateur, l‟historique d‟une marque est gage d‟émotion.
Cette investigation reposera essentiellement sur une étude quantitative. Voici quelques
pistes de réflexion :
- Accordez-vous plus de crédit à une marque ancienne ? (oui – non)
- Pensez-vous que les marques à forte valeur ajoutée se distinguent des autres de part
leur ancienneté ? (oui – non)
- Pensez-vous que cet historique est un plus ? (oui – non) Pourquoi ?
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 145 -
- Pensez-vous que plus une marque est ancienne, plus l‟émotion qu‟elle peut dégager est
intense ? (oui – non)
- Pensez-vous qu‟un historique apporte quelque chose de supplémentaire à l‟émotion
que l‟on peut ressentir pour une marque ? (oui totalement, oui partiellement, NSP, je
ne pense pas, non)
- A quoi se rattache, selon vous, l‟émotion que véhicule une marque ?
- Comment, selon-vous, une marque peut-elle créer de l‟émotion ?
- …
Bien entendu, ces questions ont besoin d‟être affinées, et le questionnaire travaillé en détail
pour coller au mieux à mes hypothèses.
Pour répondre à ma troisième hypothèse je souhaite réaliser des entretiens avec des
professionnels du milieu de la communication Internet des marques de vins et spiritueux à
forte valeur ajoutée.
Ayant réalisé un stage chez Veuve Clicquot en qualité de chargé de communication et
Internet, j‟ai pu rencontrer et échanger avec plusieurs professionnels du même département
que moi, à la fois chez Moët-Hennessy, chez Veuve Clicquot, mais dans d‟autres Maisons du
groupe LVMH, et de la filière vins et spiritueux : Hennessy, Moët&Chandon, Krug…
Il m‟est sans doute aussi possible de questionner des professionnels du groupe Pernod Ricard
(Perrier-Jouët par exemple). J‟essayerai de rentrer en contact avec les personnes concernées
dans d‟autres marques, comme Rémy Martin ou encore Patron.
Les questions que je souhaiterais poser seront inspirées de celles qui suivent :
- Quelle place accordez-vous à Internet dans votre stratégie de communication ?
- Pensez-vous qu‟il est important pour les marques de vins et spiritueux à forte valeur
ajoutée d‟investir dans un site Internet performant ?
- Internet est-il pour vous un moyen de communiquer globalement sur votre marque, ou
votre communication sur Internet est-elle un parti-pris, et vous décidez de ne donner
que certaines informations ciblées ?
- Comment vous différenciez-vous de vos concurrents sur le net ?
- Quelle(s) particularité(s) le site Internet de la marque XXX comporte-t-il ?
- Quelle est la place de l‟expérientiel sur Internet pour les marques de votre secteur
d‟activité ?
Mémoire de Master Etienne Cherrier - Webmarketing et Image de Marque du Luxe - 146 -
- A long terme, essayerez-vous de proposer au consommateur, sur Internet, une
expérience propre à votre marque ?
- Quelle est la place de l‟émotion sur Internet ?
- Quels sont vos outils et votre stratégie pour déployer émotion et expérientiel, si c‟est
le cas, sur Internet ?
Cette liste de questions doit être raccourcie, et retravaillée afin d‟aller à l‟essentiel, et de
m‟assurer un retour de la part des professionnels si je peux les envoyer par courriel.
Je pourrai aussi interviewer en face à face des professionnels de Veuve Clicquot et/ou
d‟autres Maisons de champagne de LVMH, grâce aux contacts que j‟ai pu créer durant mon
stage. Il me sera ainsi possible de travailler en direct et de creuser certaines réponses, en me
basant sur la technique de la réflexion.
Cette étude liminaire basée sur des revues académiques, des ouvrages et des articles sera la
base de mon étude « DESK ».
Les questionnaires, entretiens, et études qualificatives et quantitatives constitueront ma
recherche « FIELD ».