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UNIVERSITE DE LA MEDITERRANEE (AIX MARSEILLE 2) FACULTE DE SCIENCES ECONOMIQUES ET DE GESTION MASTER PROFESSIONNEL RESSOURCES HUMAINES ECONOMIE SOCIALE MANAGEMENT DES PROJETS ET DES COMPETENCES METHODOLOGIE DE PROJET Aide alimentaire : Enjeu de régulation économique ou pratique de solidarité active ? Groupe 6 : Analyse de l’activité Solid'Arles centrée sur la question de la mixité et de la transversalité des parties prenantes Travail présenté par : Céline James Pascaline Breuil Emmanuelle Magniny Claire Septier Hazem El Moukaddem Avril 2010

METHODOLOGIE DE PROJET Aide alimentaire : Enjeu de …api.ning.com/files/.../Solidarles_analyse.pdf · a. La fixation des prix p.19 ... Solid’Arles nous ont contraint d’opter

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UNIVERSITEDELAMEDITERRANEE(AIXMARSEILLE2)FACULTEDESCIENCESECONOMIQUESETDEGESTION

MASTERPROFESSIONNELRESSOURCESHUMAINESECONOMIESOCIALEMANAGEMENTDESPROJETSETDESCOMPETENCES

METHODOLOGIEDEPROJETAide alimentaire: Enjeu de régulation économique ou pratique de solidaritéactive?Groupe6:Analysedel’activitéSolid'Arlescentréesurlaquestiondelamixitéetdelatransversalitédespartiesprenantes

Travailprésentépar:CélineJamesPascalineBreuilEmmanuelleMagninyClaireSeptierHazemElMoukaddem

Avril2010

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TABLEDESMATIERESI‐PrésentationdeSolid’Arles p.4

1‐ Leprojet p.4a. Lesobjectifsgénérauxdel’association p.4b. Quelqueschiffresetévènements p.5c. Lesanimations p.5

2‐ LaMéthodologied’investigationemployée p.6

a. Unepremièrephased’investigationducontexteetdel’environnementdeSolid’Arles p.6

b. Unesecondephased’élaborationd’unegrilledelecturecommune p.6c. Lescontactsaveclespartenairesetlesbénévoles p.6d. Lescontactsaveclesconsommateurs p.7e. Lescontactsaveclesproducteurs p.7

3‐ Dubénéficiairedel’aidealimentaireauconsommateurresponsabilisé,

lastratégiedeSolid’Arles p.8a. Lesconsommateurs:unaccéséquitableetsolidaireàSolid’Arles p.8b. Del’usagerauconsommateurunchangementdestatut p.10

II‐LesspécificitésdeSolid’Arles p.12

1‐ Lagouvernance p.12a. Lesinstancesdedécision p.12b. Lepilotage:desinstancesdedébats,deproposition etdemiseenœuvre p.14c. Surleterrainbeaucoupd’autonomie p.15d. Maisaussidesespacesdetensionsquienrichissentlaconstruction p.16e. Unereprésentativitédesacteursquin’estpasévidente p.16f. Unpublicfragilisédifficilementrepérable p.17g. Atoutsetlimitesdusystèmedegouvernance p.18

2‐ Lemodèleéconomique p.19

a. Lafixationdesprix p.19b. Méthodedecalculdesprix p.19c. Modalitésdepaiementauxproducteurs p.19d. Lescoefficients p.20e. L’exempledelapomme p.20f. Atoutsetlimitesdumodèleéconomique p.21

3‐ Lesindicateurs p.23

a. Lesindicateursd’évaluation,unequestionmajeure p.23b. LesoutilsdéjàenplaceàSolid’Arles p.23

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III‐Lesécartsentreleprojetetlaréalitéduterrain p.25

1‐ Solid’Arles,uneassociationinnovanteetcréatriced’utilitésocialeendifférentspoints p.25

2‐ Unrôlederévélateurdedemandessocialesnonprisesencompte p.253‐ Unespaced’échangeetdepartagecréateurdeliensocial p.254‐ Solid’Arles,unprojetportécollectivement p.265‐ Lapromotiondescircuitscourtsaudétrimentdelagrandedistribution p.266‐ Uneégalitépourtouslesmembres p.277‐ Maisuneassociationquiresteenconstruction p.278‐ Quelquespistesderéflexion p.28

Glossaire p.29Annexes p.30

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I‐ PrésentationgénéraledeSolid'Arles

1‐LeProjetDansunpremiertemps,leprojetdeSolid’Arlesaétéportéparplusieurspartenairesinstitutionnelsinitiateurs:SolidaritéPaysansProvence(SPP),VoisinsetCitoyensenMéditerranée(VCM),leCentreCommunale d’Action Sociale (CCAS) de la ville d’Arles, l’Association pour le Développement del’EmploiAgricoleetRural(ADEAR),ainsiquedesconsommateursetdesproducteurs.Aprèsdeuxansdemontagedeprojet,l’associationSolid'Arlesnaitle7février2008,domiciliéeàlamaisondelavieassociative:32bddeslices13200Arles.Elleouvrele31mai2008unpointdeventesolidaireetcoopératif(PVSC)au4rueKennedy,quartierdeGriffeuilleàArles.Lespartenaires sociaux, associationet autres fondateursont lancé l’idéededépart enprenant encomptede2problématiques:

- Ladifficultédesconsommateursd'accéderaunealimentationdequalité,notammentpourlespublicslesplusfragilisés

- Ladifficultédesproducteursd'atteindreunniveauderémunérationdécentSatisfaire à la fois, les consommateurs et les producteurs est rendu possible en raccourcissant lecircuitéconomique.Celapermetd’apporterunrevenustableetdécentpourleproducteurainsiquedesprixaccessiblesetadaptéspourleconsommateur.

a‐ Lesobjectifsgénérauxdel’associationsont:

- Créeruneactivitééconomiqueviableincluantlasolidaritéetlacoopérationenréduisantlecircuitdecommercialisationdesproduits,encréantunlieuderencontrecommunentrelesproducteursetlesconsommateurs

- Luttercontrel’exclusionalimentaireenproposantdestarifsréduitspourlesplusdémunisetenpermettantainsiauxconsommateursnotammentlesplusfragilisés,d’accéder,àmoindrecoût,aunealimentationdequalitétoutenlesresponsabilisant

- Permettre aux producteurs locaux, notamment les plus fragilisés, de mieux vivre de leuractivité en leur garantissant une rémunération convenable mais également en lesresponsabilisantdansl’actedeproduction

A cela s’ajoutent des objectifs humais et sociaux, tel que la création de lien, la réappropriationculturelledelanourritureetl’apprentissagedu«bienmanger».Les prix pratiqués sur le point de vente permettent de promouvoir une alimentation à la foisresponsableetsolidairerendueaccessibleàtouslesmilieuxsociaux.Le projet repose sur la conjugaison de deux activités: une activité de vente solidaire de produitsagricolesetuneactivitéd’animationetdesensibilisationsurdifférentesthématiques(alimentationsaine,dégustation…),présentéesencestermes:

- Gestioncollectived’unespacepermettantl’accèsàdesproduitsalimentairesàprixéquitablepourlesmembres

- Mise en œuvre de toutes actions permettant de développer la promotion sociale,économique,etculturelledesmembres

Voulantrépondreàuneproblématiqueglobalesurl’alimentation,l’originalitéduprojetreposesurde multiples solidarités (entre consommateurs, entre producteurs, entre consommateurs et

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producteurs)etavecunmodedegouvernanceparticipatif(leConseild’Administrationestcomposédes trois collèges ‐ consommateurs, producteurs, institutions ‐ et des commissions participativespour chaque axede travail). L’enjeu est alors l’articulationdes ressources et logiques diverses quiconstituentleprojet:desressourceshumaines(salariées,bénévoles,producteurs,partenaires),desressources financières (vente des activités, subventions, réciprocité/échange); des logiques«gestionnaires»etdeslogiques«solidaires».

b‐ Quelqueschiffresetévènementsillustrentcetteaction:

Solid’arlesc’est:- 2052adhérents/consommateurs,- 4salariés,- 15bénévolesactifs,- plusd’unecentainederencontresentrelescommissions,lesconseilsd’administrations(CA)

lesréunions,lesévènements- 36producteurssontengagés,- 430ménagesbénéficientdestarifsréduits,- entre400et500kgdeproduitslocauxfraiss’échangentquotidiennement.

c‐ Lesanimations:

Ces actions ont pour objectif «de développer la promotion sociale, économique et culturelle desadhérents».Surl’activitéd’animation:plusd’unecentained’événementssontréalisés,desateliers/dégustations,des tempsdepartage festifs organiséspar lesbénévoles, des ateliers «animation»mis enœuvreaveclespartenairesduprojetautourdespublicsfragilisés,uneparticipationauxprojetsd’animationduquartier.En2009,levoletanimationduprojetdeSolid’Arlesadémarréavecunesoixantainederencontres.Ilexisteplusieurstypesd’animations:

‐ Actionsenfaveurdespublicsfragilisés(21actionsen2009):cesontsoitdesanimationsdansSolid’Arlesorganiséesenpartenariatavec leCCASautourde l’alimentationetdespetitsbudgetspourlesbénéficiairesduRSA,soitdesrencontresdanslescentressociauxpourlespublicsfragilisés

‐ Actions enfants (15 actions en 2009): animations de sensibilisation à destination desenfantsencollaborationavecl'écoleprimaireduquartier,leservicehygièneetsantédelavilleetlamaisondequartier.

‐ Evénements et sensibilisations(30 actions en 2009): fêtes de saisons, ateliers‐dégustations,danses‐expos‐concerts,etrencontresproducteurs.

L’animationreprésenteunvoletimportantàSolid’Arlesnotammentauniveaudelamobilisationdesbénévoles.

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2‐Méthodologied’investigationemployéeCetravails’estdérouléenplusieurstemps.

a‐ Une première phase d’investigation du contexte et de l’environnement de

Solid'Arles:

Cetteétapenousapermisdenousfamiliariseraveclastructure,sesacteursmaisaussidemesurerpeuàpeusaplaceetsonrôleentermesd’aidealimentaire.Nousavonsainsidélimitélesfrontièresdenotreétude,et les informationsquenousavionsàrécolter.UnetentativedecomparaisonavecunmarchédeMarseille(LemarchédesArnavaux)nousapermisdenousconfronterauxspécificitésde Solid’Arles. Nous avons donc pris le partie de nous concentrer sur celles‐ci, afin de pouvoirmontrer les réponsesquecetteassociationpeutapporterà laprécaritéalimentaire,maisaussi audelà.Cettepremièrepartiedutravailaétéeffectuéeauxmoyensderecherchesinternetetd’observationsparticipantes.Desprisesdenotesnousontpermisdeconserver les informationsobtenues lorsdecestempsd’échanges.Nousavonségalementrécoltébeaucoupd’informationsécritesauprèsdelaresponsable de Solid’Arles, Sophie Bovero, qui nous a accompagné tout au long de notreinvestigationenrépondantànosinterrogationsaufuretàmesure.

b‐ Unesecondephased’élaborationd’unegrilledelecturecommune:

ApartirdesobjectifsexplicitesdeSolid’Arles,nousavonsélaboréunegrilled’indicateursautourdel’utilité sociale en s’appuyant sur «le référentiel de l’utilité sociale des projets‐ dispositif localsolidaire sous‐mesure 10B de l’objectif 3 du FSE» issu de «Marseille Services Développement‐Groupementdetravailsurl’Utilitésociale‐CapitalLocalSolidaire/23octobre2003»(Voirenannexeletableau).Nousavonsélaborénosquestionnairesenfonctiondecettegrilledelecture,danslebutd’avoirdesréponsesdelapartdesconsommateurs,desproducteurs,desbénévoles.Mais cette grille a ses limites puisqu’elle n’a pas été co‐construite avec les acteurs de Solid’Arles.Toutefois,ellepeut‐êtrel’amorced’untravailderéflexionsurunfaisceaud’indicateursquiseraitco‐construit.

L’objectifdecettegrilleaétéavanttoutdedéfinirunetramedequestionnementscommune,avantlarépartitiondutravailentrelesmembresdugroupe.Chacuns’estchargéd’interrogerunecatégoried’adhérents de Solid’Arles: partenaires, responsables salariés et bénévoles, producteurs,consommateurs, à travers la trame des indicateurs de l’utilité sociale, de la gouvernance et dumodèle économique. L’objectif était de pouvoir, ensuite, croiser les informations, selon ces troispoints,etd’arriverainsiàunevisionglobaledeSolid’Arles.Pourcela,chacund’entrenousatirésesquestionsdelagrilleconstruiteensemble.Cependant, les conditions pratiques, la diversité des interlocuteurs et les aléas de l’activité àSolid’Arles nous ont contraint d’opter pour desméthodes d’entretien différentes, adaptées à auxdiversessituationsetinterlocuteurs.Nouslesavonscomplétéesparuneparticipationàdesréunions,suivitparfoisd’entretiensinformels,avecprisedenote.

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c‐ LescontactsaveclespartenairesetlesbénévolesdeSolid'Arles:

Lalistesuivanteprécisenosdifférentsentretiensetprésenceenréunion:

- EntretienavecH.Tisseyre (président) et S.Bovéro (responsable).Deuxheuresdediscussionalimentées par quelques questions très générales (Quelles sont les particularités deSolid’Arles? Est‐ce une organisation innovante et en quoi? Quelles sont les freins et lesdifficultésàsondéveloppement,selonvous?...)Lesdeuxinterlocuteursontréponduleplussouventdemanièrealternativeauxmêmesquestions, lecompterenduaétéétabliàpartirdeprisesdenotesmaissansdifférenciationentrelesréponses.

- Commission «Actions en faveur des publics fragilisés» – S.Bovero et Muriel Triaire(responsable du service social du CCAS – initiatrice du projet Solid’Arles) – réuniontechnique,attributionounondutarifconso1surétudededossier.

- EntretieninformelavecMurielTriaired’unequinzainedeminutes(CommentcaractériseriezvouslepartenariatCCAS/Solid’Arles?Unpartenariatdestructuresoudepersonnes?Quellessont les qualités et les difficultés duprojet? Lespratiques etméthodesde Solid’Arles ont‐elles influencévospratiquesprofessionnellesau seinduCCAS?Pensez‐vousêtredansunepratiqued’aidealimentaire?)Lecompterenduaétéétabliàpartirdeprisesdenotes.

- Commission «qualité‐prix»: H. Cestier (Solidarité Paysans Provence), J.Bosque (directeurCCAS), Véronique Derulle (bénévole), Cathy Scampini (secrétaire du Bureau), H.Tisseyre(PrésidentdeSolid’Arles),S.Bovéro(responsable).

- Entretiens ouverts et enregistrés auprès des bénévoles. L’objectif était de récolter unmaximum d’informations, d’impressions et de ressentis des personnes en leur laissant laparole libre.Aussi, lesquestionsposéesavaientpourseulobjectifdedémarrerourelancerl’entretien.

- lespartenairesinstitutionnels(DirectriceduPoleInsertion–CG13/ResponsableetadjointeserviceéconomiqueetPLIEdel’ACCM/lesexcusés(CG13‐ESS/ACCM‐Pol.Ville/CR‐PACA‐ESS…) et les partenaires «opérationnels» qui sont dans le collège «institutionnels» deSolid’Arles(SPP,VCM,CCAS)etdesreprésentantsdesconsommateurs

d‐ Lescontactsaveclesconsommateurs:

Lesconsommateursontétéinterrogéssouslaformed’unmicro‐trottoir,enregistréenextérieuràlasortiedes caisses afinde saisir leur impression spontanée, sur le vif. Cettemanièredeprocéderaégalement permît d’interroger directement les personnes présentes à Solid’Arles, lorsqu’ellesfaisaientleursachats.Aussi lespersonnesinterrogéesn’avaientpasletempsoupasenviequecelasoit trop formel,ellesontdoncpréférérépondredirectementauxquestions.Anoterégalement larigueurduclimat ce jour làquiétaitpeupropiceàde longuesdiscussions.Cesdonnées, récoltéesauprès de huit consommatrices choisies au hasard représentent un échantillon de 0,43% desconsommateurs.Lesinformationsrécoltéesontétéretranscritesdanslagrilledelectureinitialementétablie et analysées à partir de cette grille (Voir grille de lecture en annexe). Nous sommeségalementallérencontrerunecollectivitéquitravailleavecSolid’Arles:lacrèche«Lasourisverte».

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e‐ Lescontactsaveclesproducteurs:

Lesproducteursontégalementété interrogésdirectementà Solid’Arles lorsde leurs livraisonsdumardimatin, avecprisedenote. Celanous apermisd’avoir des avis variés et de cibler le plusdemondepossible,lemêmejour.Deplus,certainsproducteursn’étantpasd’Arles,leurlivraisonétaitlaseuleoccasiondepouvoirlesrencontrer.A noter aussi qu’il y a eu une rencontre lors de notre première visite avec Thierry Gueytte, unproducteurvice‐présidentetaveclesproducteurslorsdelacommissionproducteurdu2décembre.Ces rencontres ont permis de comprendre les réelles préoccupations des producteurs et ontégalementpermisl’élaborationduquestionnaire.Les entretiens se sont déroulés dans une salle fermée et ont duré enmoyenne cinqminutes parproducteurs.Touslesproducteursprésentscejourlàontacceptéderépondreauquestionnaire.

3‐Dubénéficiairede l’aidealimentaireauconsommateur responsabilisé, lastratégieemployéeàSolid’ArlesEn abordant ce travail, nous avons souhaité nous pencher sur le public concerné par l’aidealimentairequinousasemblédeprimeabordêtreles«consommateurs1»ou«publicfragilisé».

a‐ Lesconsommateurs:unaccèséquitableetsolidaireàSolid’Arles:

Solid’Arlesestouvertàtoussousconditiond’adhésion(1eurominimum/an):lacotisationestavanttoutsymbolique.Les consommateurs sont différenciés par rapport à leur revenu, qui est évalué en fonction desjustificatifsqu’ilspeuventfourniretducalculsurlabasedu«resteàvivreparjouretparpersonne».Ils sont divisés en «Conso 1» (consommateur en difficulté bénéficiant de tarif réduit sur tous lesproduits) et «Conso 2» (consommateur sans difficulté financière particulière qui payent un tarifdit«normal» restant toutefois le plus souvent inférieur aux tarifs des grandes surfaces). Voir le«Schémad’accèsdesPublics»enannexe.90% des consommateurs1i sont résidents à Arles dont 40% dans le quartier de Griffeuille où estimplantéSolid’Arles.Ainsiparmiles«Conso1»,ceuxhabitantsdanslequartierontplusdefacilitésàvenirrégulièrement.Ceuxquinereviennentpashabitentmajoritairementàl’extérieurduquartier(82%).33%desadhésionssetraduisentenunactedeconsommationrégulier,33%enunactenonrégulieret33%nereviennentpas.Les«Conso2»nebénéficiantpasd’untarifréduit:Tous lesautresconsommateurs,quine sontpasdes«Conso1» remplissentuncahierd’adhésions’acquittentdeleuradhésionetpeuventeffectuerleursachatsàSolid’Arles.Seulslesnoms,prénomsetadressessontdemandés.LesConso2représentent:80à85%desconsommateursen2009.Les«Conso1»bénéficientd’untarifréduit:

1Rapportd’activitédeSolid’arles2009

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‐ «Publicfragilisé»relevantdesminimassociaux(RMIdésormaisRSA,ASS,API,AAH2…)quiviennentdirectementàSolid’Arlesenfournissantunjustificatifetàquiestattribuéautomatiquementlestatutdeconso1.

‐ Public suivis et accompagnés par des services sociaux qui vont être orientés versSolid’Arles par le prescripteur et à qui le statut de Conso 1 est également donnéautomatiquement.

‐ Tous les autres publics fragilisés qui montent un dossier auprès de Solid’Arles pour passer encommission d’attribution (Commission action en faveur des publics fragilisés) et qui va décider enfonctionducalculsurlabasedu«resteàvivreparjourparpersonne»desménages.Solid’Arlesnesebornepasauxseulespersonnesbénéficiantdesminimassociaux,mais toucheaussi ceque l’onpourraitqualifierde«nouveauxpauvres»,quinebénéficientparfoisd’aucuneaide(retraités,salariésprécaires…).

Etudedesressourcesetdesdépensespourl’attributiondustatutConso1:‐ CalculduRAV/jr/pers:resteàvivreparjouretparpersonne‐ Ressources: salaire, ASSEDIC, RMI, AAH, retraite, pension invalidité, API, pension

alimentaire,prestations‐ ‐Charges:loyer,EDF,eau,téléphone,assurances,impôts,alimentation,mutuelle,crédit,

transport,autre+(dettes)‐ =soldeRAV‐ ÷nombredepersonnes‐ =soldeRAV/personne‐ ÷moyennejours/mois(30,5)‐ =RAV/jr/pers‐ Silerestantàvivre/jour/personneest:‐ Inférieurà8:validé‐ Entre8et10:validé‐ Supérieurà12:rejeté(presquetoujours)‐ Entre10et12:évaluationauregarddelasituation

Lesdossierspeuventégalementêtreajournésfauted’informationsuffisante

Le statut de Conso 1 est attribué pour l’année en cours, avec réattribution sous condition deprésentationdejustificatifsetéventuellementunpassageencommission.Quelqueschiffresillustrentlaplacedecesconsommateursdansl’association.Entre 2008 et 2009 on note 360 inscriptions automatiques et 71 passages en commissiond’attribution.Les«Conso1» représentent15à20%desadhésions (430ménages sur2600à2000adhésions).Celareprésente960personnes,sil’oncomptetouteslespersonnesduménage78%d’entreeuxbénéficientdesminimassociaux,11%sontdesactifsprécaireset8%desretraitésprécaires.68 ménages ont au moins une fréquence hebdomadaire de passage (16 % définis comme trèsréguliers).170ménagesontaumoinsunefréquencemensuelledepassage(40%définiscommeréguliers).

2Voirglossaire.

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En2009,38%des«Conso1»viennentmoinsd’unefoisparmoiset16%entreuneàdeuxfoisparmoisetseulement8%(34)viennentuneàdeuxfoisparsemaine.Celaposelesquestionssuivantes:Quemangentetoùsefournissentlerestedutempslespersonnesqui ne viennent qu’une fois parmois oumoins? Solid’Arles ne serait pas encore accessible à despersonnesendifficultélesplusprécarisésouest‐ceunequestiondegestiondebudget,unchoixdelieud’achatoudeproduit?Parmi les ménages réguliers inscrits au tarif réduit (170), le montant des dépenses est répartiscommesuit:

2009‐AchatsConso1‐extraitdurapportd’activitéde2009Dépenses<20€/mois 127 75%Dépenses20€‐40€/mois 30 18%Dépenses>40€/mois 13 8Lors de la commission «Actions en faveur des publics fragilisés», le constat a été fait que«Solid’Arlesrépondàunbesoinmaispasauxbesoins».Pour60%despersonnes ilyamoinsde1passageparmois.Ladifficultéestde savoir «quand lespersonnes font les coursesune foisparmois, il estpossiblequ’ils viennent acheter des légumes seulement une fois par mois, mais on ne peut savoir siSolid’Arlesestuncomplément».Muriel,duCCAS,nous indiquequ’unepartiede lapopulationfaitlesfinsdemarchéoùleslégumesetlesfruitssontàtrèsbasprix.Différents critères de choix entrent en compte, tels que le prix, la place de l’alimentation dans lebudgetglobal,etlaplacedesfruitsetlégumesdansl’alimentation.Maiscelarenvoieégalementauxreprésentations des individus et donc à l’action des animations dont l’objectif est justement detoucherleplusdemondepossiblepourlessensibiliser.Il y a une question d’informations sur l’activité de Solid’Arles et les institutions doivent diffuserauprèsdupublicfragiliséqu’ellesreçoivent.Ilyaégalementunequestiondecommunicationetdepublicitépourtouchertouttypedepublic.Ainsi,Solid’Arlessouhaites’adresserauxgensentantquepersonne, par exemple le fait d’envoyer «le fouzitou»3 dans leur boite aux lettres, des cartes devœuxpourpouvoirlesinterpeller.Enmême temps l’équipedeSolid’Arles s’interroge. Si Solid’Arles répondàunbesoin,alorsellenedevraitpasavoirbesoindefairede«publicité»etd’allerchercherlesgens.

b‐ Del’usagerauconsommateur:unchangementdestatut:

Solid’Arlesrespectelesecretdes informationsqui luisontfournieset lestatutdesconsommateursn’estreconnuqueparlacaisseenregistreusevialenumérodecarted’adhérent.Doncriennepeutdifférencier un «Conso 1» d’un «Conso 2». L’idée de permettre aux adhérents de garder leurdignitéfaitpartidesvaleursdeSolid’Arles,etchacunconserveunecertainediscrétionàl’égarddesautres:touslemondeestadhérent,consommateuret/oubénévole.Il n’y a donc pas de stigmatisation à l’achatmais n’y a‐t‐il pas un frein au niveau dumontage dudossier avec une certaine «honte» dedemander à bénéficier d’un tarif réduit? Il semblerait quecertainsconsommateurs2aientdesdifficultésàdemanderàpasserenconsommateur1alorsqu’ilsyauraientdroit.

3Bulletind’informationdeSolid’Arles

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Le point de vente n’est pas reconnaissable en apparence comme une «épicerie sociale», qu’ellen’est pas tout à fait d’ailleurs puisque à Solid’Arles tous lemonde paie. Tous les consommateursviennentacheter, choisir leurproduit commedansn’importequelleépiceriedequartier.Un signevisiblede la solidarité sous jacenteest l’affichagedesprixqui sont leprixd’achat, leprixdevente«Conso1»et«Conso2»,pourchaqueproduit.Mais Solid’Arles remplit‐elle sa mission de solidarité en faveur des publics fragilisés? A savoir lamissionderendreaccessiblelesproduitsfraislocauxquelquesoitlesrevenus?Quelqueschiffrespeuventapporterdesélémentsderéponseàcesquestions.Ainsi,lepublicfragiliséreprésente10à11,5%desadhésionsentre2008et2009.430ménagessesontinscritsautarifréduiten2009dont38%neviennentque1foisparmoispour1paniermoyende7,5euros :celasuffit‐ilà l’améliorationde laqualitéalimentaire?Oubienestcesimplementpositifdansl’amorçaged’unchangementdecomportement?

D’autres questions se posent en ce sens. Si plus d’un tiers des gens viennent si peu, est‐ce unequestiond’habitudealimentaireàmodifier(mangentdemoinsenmoinsdefruitsetlégumes)ouunequestion financière(produitsencoretropcher).Cespersonnesvont‐ellesailleurs (réceptionnerdescolisalimentaires)?Les partenaires de Solid’Arles distribuent des bons alimentaires nominatifs (avec le lieu où l’achatdoitêtreeffectué)etnonnominatifs.CesderniersnesontpasvuàSolid’Arles:pourquoi?Estcequelesgenspréfèrentlesproduitsproposésdanslesautresépiceries,grandessurfaces?Ont‐ilsplusenquantité?Solid’Arlessetrouvent‐iltroploindeleurdomicile?Nousavonsessayéderépondreàquelquesunesdecesquestionsmaisnousn’avonspuavoiruneréponseàtoutes(voirlesdétailsdelaméthodologieci‐avant).

Nous nous sommes rendu compte que les publics fragilisés pris en compte par Solid’Arles étaientbeaucoupplusvastesquelesconsommateurs1.Leschéma‐cidessousillustrebienlatransversalitédel’actiondeSolid’Arlessurlespublics.

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I‐ LesspécificitésdeSolid'Arles

1‐LaGouvernance La gouvernance de solid’arles est basée sur une participation des différents publics à travers desinstancesdedécisionsetdesinstancesdedébat.

a‐ LesinstancesdedécisionsCelareprésente,37rencontresen2009.

AssembléeGénérale:1Rencontre(6juin2009)RenouvellementducollègeconsommateursEntréedenouvellespersonnes,bénévoles,duquartier,del’extérieur…Entréedenouveauxproducteurs/EntréedeVCM/SortiedelaConfédérationPaysanne13

Conseild’Administration:4rencontres

PositionnementsurlesgrandesorientationsduprojetRenvoiauxcommissions,aubureau,l’avancementdesactivités

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Bureau:22rencontresGestionquotidienneparticipative,BureauxrestreintstrèsréguliersFonctionnementparpôle(gestion,administration…)Miseenplacedebureauxélargis(encours)

b‐ LePilotage:lesinstancesdedébats,depropositionsetdemiseenœuvreCelareprésente51rencontresen2009 Cesontdesinstancesquigarantissentlesfondements&principesduprojetenréponseauxbesoinsexprimésetquiappuientlessalariésdanslamiseenœuvredesactivités. VoletVenteSolidaire VoletAnimation

ComitédePilotage:2rencontres

Unerencontreenmarsetuneautreendécembre–Bilan/PerspectivesComitéEthique:2rencontresCréer en janvier (situation de crise) pour aborder des problématiques par anticipation: pilotage,gestiondestensionsetéquilibrefinancierCommissionBénévoles:20rencontres10–15bénévoles

CommissionAnimation:14rencontres

Abordé dans les deux commissions, Commission Bénévoles et Commission Actions en faveur despublicsfragilisésCommissionActionsenfaveurdespublicsfragilisés:10rencontresCommission réduite: validation des demandes de tarif réduit ‐ 2 représentants des structures del’actionsocialeduterritoire‐1rencontremensuelle

Conseil d’Administration

Bureau

Comité de Pilotage

Comité Ethique

Commission Animation Commission Action

en faveur des Publics fragilisé

Commission Qualité – Prix

Commission Bénévoles

Commission Producteurs

Responsable Chargé de Vente

2 Chargées d’appui à la vente

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Commissionélargie:Bilan‐Réflexion‐Propositionssur lesactionsenfaveurdespublicsfragilisés‐ lesreprésentantsélargisdesstructuresdel’actionsocialeduterritoire‐1rencontrepartrimestreCommissionProducteurs:8rencontres15–20producteursCommissionQualité‐Prix:11rencontres

c‐ Surleterrain,beaucoupd’harmonie:

Les précédents organigrammes fournissent un rapide aperçu de la qualité et de l’attention aveclesquelslagouvernanceesttravailléeauseindeSolid’Arles.Nousretrouvonscettemêmeimpressiondanslesquelquesextraitsd’entretienssuivants:Pierrette,Trésorière:Leprojetestbasésurlasolidarité,celaimpliqueuneexemplaritédanslefonctionnementinterne,cequidifférencieSolid’Arlesd’uneépicerieclassique.«Situfaisunprojetbasésurlasolidarité,etsiàl'intérieurde lastructuretuenvoiespaîtrePierre,PauletJacques,tunerespectespas,tun'écoutespas...ça rimeà rien puisque le fondement du projet est basé sur cette solidarité et sur l'échange...cordiale».Audépart,c’estunrassemblementdegensquipartagentdesvaleurscommunes.Laréussiteestunequestiondepersonnes.«Enfaitilyaunrassemblementdegensquiontenvied'écouterl'autre,quiontenvied'apporterdeschoses,etquiontenvied'échanger.Etenfait,c'estnotreprojet».Touslemondeestadhérent:«noussommestousadhérents».La convivialité apparaît à Solid’Arles, lorsque nous interrogeons les bénévoles. Isabelle, uneadhérentequiestdevenuebénévole:elles'esttrouvée«plusquebien»,etditque«c'estpresquevital»pourelle,Solid’Arles.«Ilfautêtreattentifàtoutlemonde,ilyadesvaleursderespectetd’écoute,cesvaleurscontribuentàconstruire«desrelationstrèsfortes»entrelesbénévoles«,«…j'écouteetjerespecte.Etonestnombreuxàécouteretàserespecter»nousditPierrette.Ilyauneidéedeplaisiràvenirpourlesbénévoles,çaleurapportequelquechose,«fautpasqueçadeviennecontraignant.Fautqueçaresteduplaisir.Leplaisiretl'envie...»Pierrette.Ilressortunmilitantismeimportantchezlesbénévoles,quisouligneladifférenceaveclescircuitsdedistribution classiques. Lorsque nous interrogeons Gilbert, il confirme cela à propos de soncomportement:«Trèsfortementmilitantjedirais».Les décisions sont collectives. Pierrette illustre celapar l’exemple des recettes élaborées encommun:«Chacunapporteunpeulasienne»etrajoute:«Etchacunapporteson...sapetitegraine,etparticipeauprojet,quoi».Laparticipationdetoutlemondesembleêtreuneréalité.Henri,président:«Il faut constamment travailler sur la gouvernance, la recherche de consensus, la transmissiond’information, comment chaque collège a une vision globale du projet. Il faut être constammentinventif sur ce sujet, rechercher des outils nouveaux, des pédagogies nouvelles. Peut être est‐ceseulement un retour aux fondamentaux sur les solidarités : la rencontre des personnes, le travailensemble,laprisedeconsciencecollectivedesenjeux.C’est un travail difficile, non spontanément. Il faut structurer, accompagner, organiser, créer lesconditions…

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Généralement,dansuneactivitééconomique,uneentreprise,onestdans ladélégationdepouvoir,alors qu’à Solid’Arles, on cherche à partager les décisions, les objectifs, mais aussi les mises enœuvre…»

d‐ …Maisaussidesespacesdetensionsquienrichissentlaconstruction:Audémarragedel’association,ilyaeudesproblèmesaveccertainsbénévolesadministrateurs:«audébutonaeuquelquesdifficultés...commetouteslesassociationsquidémarrenthein...Donc,nousavonsmisenplacel'annéedernièreunaccompagnementavectoutnouveaubénévole,afindemieuxappréhendernotre rôledebénévoleau seindupointdevente.Parcequ'onn'estpasdes salariés»Pierrette.Lerôledubénévoleestd’expliquer leprojetaupublic, fairede l’animation,de lasensibilisation.Laforte participation d’un noyau dur d’adhérents pose la question de l’épuisement desbénévoles.Gilbert, qui venait deux à trois journées par semaine explique: «… làmaintenant, auboutd’unan,etpresqueetdemid’exercice,jetrouvequec’estunpeutropdecharge,etjelaisselapartieaccueilàmescollègues».Pierrettefaitlemêmeconstat:«Maissurtoutcequiestimportantc'estdenepasvenirtoutelasemaineetpuisaprèsd'êtreépuiséetdeneplusvenir».

e‐ Unereprésentativitédetouslesacteursquin’estpasévidenteNous pouvons observer que dans le bilan d’activité 2008 de l’association, une commissionConsommateurs était représentée dans l’organigramme de pilotage. Mais dans le bilan d’activité2009 cette commission n’existe plus et une nouvelle commission est apparue, la commissionBénévoles.Cela nous amène à nous questionner sur le rôle de ces deux commissions respectives: est‐il‐lemême?Sont‐ellescomposéesdesmêmespersonnes?Il est à noter que si la plupart des bénévoles que nous avons rencontré nous ont précisés êtreconsommateurs à Solid’Arles, tous les consommateurs ne sont pas pour autant bénévoles. Celaposeraitdoncunproblèmedereprésentativitésil’unedecescommissionssesuppléaitàl’autre.De plus, dans son rôle (gestion, prix, animations, pilotage….), cette commission semble être trèstransversaleauxautrescommissions,ilseraitpeutêtreintéressantdelespécifier.Laparticipationdesconsommateurs(«Conso»1ou«2»)etdesproducteursàlaviedeSolid’Arles,acteurs volontaires, est comme dans beaucoup d’association, parfois difficile et on constate chezcertainespersonnesinterrogées,indépendammentdeseffortsdel’association,uneméconnaissanceduprojet.L’analyse des données récoltées par nos questionnaires consommateur fait apparaître que lespersonnes interrogéesneparticipentpasentantquebénévole,niauxcommissionsouanimations,soit parce qu’elles travaillent et ne sont pas disponible en journée (2 personnes sur 8), soit parcequ’ellesn’ontpasletemps.Lesystèmeassociatifplaità2personnessur8.UnepersonnenousaditclairementquesielleallaitauxAssembléeGénérale elle serait plus au courant de ce qui se passe.Une autre dit qu’«elle secontented’acheter,lerestenel’intéressepas»mêmesilefaitquecesoituneassociationluisembleintéressant.Cettefaçond’aborderSolid’Arlesparlespersonnesinterrogéesnousmontrebienqu’ilestdifficiledepartir duprésupposéque les consommateurs veulentdevenir des acteurs, ouqueparceque c’estune épicerie associative, ils vont d’avantage s’impliquer dans la gouvernance et l’animation. Uneconsommatriceditclairementqu’elleaarrêtéd’allerdanslesAMAP4parcequeçaluidemandaittrop

4Associationpourlemaintiend’uneagriculturepaysanne

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d’implication et d’investissement. Pour elle «chacun sonmétier», il ne serait pas possible d’êtrevendeuretacheteur.

f‐ UnPublicfragilisédifficilementrepérable:

A l’heureoùnous faisons lebilandenotre travailetdes informationsquenousavons récoltées, ilnousestdifficilederetransmettredesparolesdeConsommateurs1demanièrecertaine,populationqueSolid’Arleschercheavanttoutànepasstigmatisermaisàinsérer.Celapeuts’expliquerparuneerreurdeméthodedenotrepart.Eneffet, lorsquenousavonsinterrogélespersonnes,nousneleuravonspasdemandés’ilsétaient«Conso1»ou«Conso2»,parpudeuretparrespect.Solid’Arlesmetunpointd’honneuràrespecterlaconfidentialitédecestatutetnousn’avonsdoncpasvoulualleràl’encontredeceprincipe,lorsdenos entretiens. Cependant, nous sommes conscient qu’un retour sur leur expérience manquevéritablement,dansnotretravailetpluslargementpourSolid’Arles.Eneffet,àplusieursrepriselorsdesréunions,ladifficultéàcibler,mobiliser,orientercepublicestapparue.Ennousrendantauxdifférentescommissions,nousn’avonspaspulesrencontrer;notammentàlacommissionActionsenfaveurdespublicsfragilisésoùnesontprésentsquelespartenairessociaux(CCAS, MDS, Secours Populaire, Croix Rouge…). Cela nous amène à nous poser les questionssuivantes:Pourquoiaucunepersonneendifficultén’estprésentedanscescommissions?Neserait‐ilpasnécessairederenforcerl’accompagnementdecespersonnesprécarisées?Même si nous sommes conscient de la nécessité de confidentialité des informations échangées, ilnous semblerait intéressant que des représentants des «Conso 1» assistent à cette commission.Ceci,àl’imagedelaCommissionproducteurs,oùcesdernierssontprésentsoureprésentés.Il est évident que la confidentialité du statuts de «Conso1», pratiquée et mise en place parSolid’Arlesestessentielle,d’oùl’intérêtdecettedoublecommission,unecommissionrestreintequinefaitqu’instruirelesdemandesdetarifréduitetunecommissionétenduequiréfléchitauxactionsà développer. Mais il nous semble aussi important de mobiliser ces personnes, qui sont parfoisexcluessocialementdufaitdeleurprécarité,devaloriserleurparole(directementouindirectementsousformederéunionpréalable)danscettecommissionquileurestconsacrée.

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g‐ Atoutsetlimitesdusystèmedegouvernance

Alasuitedenosobservationsetentretiens,nousavonsdresséuntableaudesatoutsetlimitesdelagouvernance,quirestetoutefoissubjectifetlimitéàl’échelledenotreétude.

GOUVERNANCE

ATOUTS LIMITES

‐ La multiplicité des acteurs: richesse,complémentarité,chacundéfendlaparoledeceuxqu’ilreprésente

Difficulté à réunir tous le monde pour lesréunionsPrésenced’unmêmenoyau:démocratie?

‐ Les nouveaux arrivants: amènent de lafraîcheur,dudynamisme,durenouveau

CommenttransmettreleprojetinitialDanger de rentrer dans un système simplefournisseurousimpleconsommateur

‐ Le pivot est le responsable salarié avec leprésident bénévole: force du dynamisme etde la motivation/ présence dans toutes lesréunions:faitlelien

question de la transmission. Ne faut‐il pastravaillerd’avantageenbinôme?

‐ Participation des bénévoles, adhérents,consommateurs: prennent en charge unepartie de l’activité (accueil, animations,…):ressource humaine qui est une ressourcefinancièrefinalement

Manque de bénévole, essoufflement deceux présents, comment en mobiliser enpermanenceetd’avantage?

‐ Nombreusesréunions:permetdeconsoliderlesliensetclarifierlesactions

Peut‐être trop cloisonnée par collège, laseule personne transversale est laresponsable salarié, peut être manque‐t‐ildesréunionsplustransversales?

‐ Place du consommateur 1 (en difficulté):accès àun rôlebénévolepossiblequidonneaccès à de la participation (réunion,animation)

Mais est‐il en mesure, a‐t‐il envie/besoin,veut‐ildevenird’avantageacteur?

‐Nécessité de bonne entente avec lespartenaires: que le projet puisse avoir unsenspourtous.

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2‐LemodèleéconomiqueHanrieTisseyreditquec’est«ModèleéconomiquequinepositionneplusSolid’Arles sur leprixdumarché».L’une des spécificités de solid’arles est la péréquation des prix qui est la base du modèleéconomique: c’est un équilibre entre le prix d’achat équitable au producteur et le prix de venteadaptéaupouvoird’achatdesconsommateurs.C’estune«co‐construction»desprixencommissionavecproducteursetconsommateursdansunerecherchepermanented’unprixéquitableetéthique.

a‐ Lafixationdesprix:

Elleestdelaresponsabilitéde:‐lacommission«qualité‐prix»‐duconseild’administration

Les prix peuvent être discutés par la commission « qualité‐prix ». Ils ne doivent en aucun casdescendreendessousduprixrémunérateurpourleproducteur.

b‐ Méthodedecalculdesprix:Ellesefaitenquatretemps(cf.lesétapesillustréesparl’exempledelapomme)1.Lecoûtderevient(lecoûtderevientestl’ensembledesdépensesdetoutesortequiontpermislaproduction et la commercialisation d’un produit) est déterminé à partir de la comptabilité duproducteurduproduitet/oud’autresproducteursouàpartirdesrésultatsdesétudesdelachambrede l’agriculture.Solid’Arlescherchedepuis ledébutàaffinersonsystèmededéfinitiondesprixenaidantlesproducteursàcalculerauplusprèsleurprixderevientdechaqueproduit.2.Déterminerleprixmoyenduproduitsurlesmarchés.Une«veilledesprix»esteffectuéparlesbénévoles qui vont régulièrement dans différents points de vente (grande distribution,marché,…)pourpouvoircomparerlesprixdeSolid’Arlesàcedel’extérieur.3.Déciderduprixd’achatauproducteurenConseild’Administration,surprésentationetpropositiondelaCommission«fixationdesprixetéquilibrefinancier»4.Déciderduprixde vente à la caisse. Fixationdu coefficientdepertes& invendus à appliquer àchaqueproduitetpourtouslesconsommateurs=1.‐Fixationducoefficientdeparticipationauxfraisdestructure:

c‐ Modalitésdepaiementauxproducteurs:

Cesmodalitéstiennentcomptedesdifficultésfinancièresdesproducteursetcherchentàlesréduire.C’estune relationdeconfianceentre lePVSCet lesproducteurs,baséeà la fois surdesmodalitésformellesetundialoguepermanententrelesacteurs.Surleterrain,laprocédureestlasuivante:‐Lacommande(volume)duproduitestco‐fixéeparleproducteuretlepermanentduPVSC,demanière à partager les responsabilités sur les volumes et les conséquences qui en découlent(fréquencesdelivraison,invendus).

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‐ A chaque livraison, un bon de commande/livraison est rempli et signé par le producteur et lepermanent,aprèsvérificationdelalivraison(volume,qualité…).‐Arrivée à échéance, le permanent édite un récapitulatif des bons de commande/livraisonservantd’appuiauproducteurpourélaborersafacture.‐Aréceptiondesfactures,l’associationeffectuelepaiement.‐Lafréquencedespaiementsestmensuelle(àladifférencedelagrandedistributionquipayeà90jours)‐L’associations’engageàréglerlesproducteursàréceptiondelafacture(avantle05dumoispourunpaiementle08dumois)Ensuitepourcalculerleprixdeventeauxconsommateurs,différentscoefficientssontappliqués.

d‐ Cescoefficientssontfixésselonlescalculsd’équilibredubudget:

Audépart,cecoefficientestfixéenfonctiondubudgetprévisionneldel’associationetdeshypothèsesdebudget(nombreetmontantd’achatdeconsommateurs,différentescatégoriesdeconsommateurs,montantdesrecettesetdesmargesdégagées,chargestotalesdestructure…).Ce coefficient pourra être revu à la baisse ou à la hausse afin de pouvoir atteindre l’équilibrefinancierdel’activitévente,indispensableàlapoursuitedesactivitésdel’association.

COEFFICIENTGLOBAL1.32

e‐ L’exempledelapomme:exempledecalculduprixaffiché(en2007)Leprixmoyendumarché(2.)

PROPOSITIONCOLLECTIVECOEFFICIENT

COEFFICIENT PERTE ETINVENDU

CONSO1 CONSO2

Fruits & Légumes(F&L)

1 1.03 1.45

Autres produits(épicerie,fromages…)(A)

1 1.01 1.38

Produit Lapomme(eneurosetkg) Prixmoyen(eneurosetkg)

Marché lesArnavaux

O,75à1(ValléeduRhône) 0,88

Les réformés(marchébio)

2,40à2,60 2,50

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Cetableaunousmontrelepositionnementdestarifsdesolid’arlessurlemarchédelapommeLeprixdeventeencaisse(4.)

f‐ AtoutsetLimitesdumodèleéconomique

INTITULE PRIX REVIENTPRODUCTEUR

PRIX avec TAXES(fixes)

CONSO1 CONSO2

COEFF ‐ *1,O6 0,53*1,02 0,53*1,4

PRIXEFFECTIFSolid'Arles

0,50 0,53 0,54 0,74

ATOUTS

LIMITES

MODELEECONOMIQUEPéréquation des prix: producteur vend pluscher,consommateurachètemoinscher.Le prix d’achat du Conso2 compense celui duConso1

Celasupposeunemiseenaccordsurlesprix,lesvolumes:engagementdelapartdesproducteursmais pas d’engagement de la part desconsommateursRisquedes’éloignerduprojet

Conso1et2nesontpas«visibles»nireconnussauf par la caisse enregistreuse: ils sont tousconsommateurs

Equilibreàtrouverentreconso1et2:beaucoupde conso 2 pour compenser conso 1: risque des’éloigner du projet initial et donc de lasuppression des subventions (question de oùvont lesconso1,commentenfairevenirplusetplussouvent)

Taille et implantation géographique de lastructure:pasdeconcurrent,quartierdéfavorisé

Equilibre à trouver au niveau de la taille en casd’ouvertureàdescollectivitésoudesentreprisesprivées(stockage)Problèmedulocalàadapterauprojet(animationetvente)

Possibilité de développer le côté ventenotammentavecuntravailaveclescollectivités,lesentreprisesprivées

Capacité de stockage qui sera un frein à unmoment donné, vendre plus demande lapréparation des commandes (temps de travail),problème de l’adéquation des commandes avecla production (comment satisfaire en temps,quantitéetqualitéproduit)

C’est une «co‐construction» des prix encommissionavecproducteuretconsommateur:recherche permanent d’un prix équitable etéthique.

La présence des producteurs est très faible encommission qualité prix, ils s’adressent engénéralaupermanentlorsdelivraisonpourtoutce qui concerne les prix, nécessité de prise deconscience du producteurs que c’estcollectivementquelesprixsontadoptés

Avoir un nombre limité de producteurs pourassurerunrevenusuffisantàchacun

laquestiondunombredeproducteur (limité)etla question de la précarité de certainsproducteurs qui peuvent arrêter leur activité dujour au lendemain peut mettre en difficulté lepointdevente.Actuellementtoussontunanimepour dire que Solid'Arles représente juste uncomplémentderevenu

Présencedebénévoles Lesmoyens humains:manquedu temps salariépourdéployerlesactivités

«Professionnalisation» des producteurs,formationàlaplanificationdeleurscultures

Solid’Arlescherchedepuis ledébutàaffinersonsystème de définition des prix en aidant les

0

0,5

1

1,5

2

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3

1 3 5 7 9 11

13

15

Solid'Arles C2 Solid'Arles C1 Leclerc Ed

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«Professionnalisation» des producteurs,formationàlaplanificationdeleurscultures

Solid’Arlescherchedepuis ledébutàaffinersonsystème de définition des prix en aidant lesproducteurs à calculer au plus prêt leur prix derevient de chaque produit en partenariatnotammentavecl’ADEARetSPP

Lesprixsontfixespourlesconsommateursetlesproducteurs

Problèmes d’approvisionnement rencontréslorsque le cours d’un produit est plus élevé surlesmarchésnationaux:certainsauronttendanceà les vendre aux expéditeurs plutôt qu’àSolid'Arles et inverse quand le prix fixé est plusélevé à Solid'Arles fédérer constamment lesproducteursauprojet,comprendrelesenjeuxdeleursparticipationauPVSCoutilsutiliséen traind’êtremis en place le contrat d’engagement duproducteur

Projet innovant avec fortes capacitésd’adaptation,encoursdepérennisation

En 2009 Solid'Arles n’a pas atteint l’équilibrefinancier de l’activité vente. 3 solutionspossibles: 1. augmenter les prix auconsommateur 2. baisser la rémunération desproducteurs 3. augmenter les volumesde vente les 2 premières solutions ne sont pasenvisageablepouraugmenter lesvolumes il fauttravailler sur l’approvisionnement (cf. contratd’engagementduproducteur)

Pouvoirdenégociationdesproducteurs La question du calcul du cout de revient d’unproduitincluelarémunérationduproducteurquelleplacepourSolid'Arlessurcettedonnée

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3‐Lesindicateurs

a‐ Lesindicateursd’évaluationunequestionmajeure:

Dansunpremiertemps,celapermetdesavoirsilesobjectifsduprojetsontatteints.Apartirdecetteévaluationilestpossiblederéorienterleprojet,del’affiner.Maiscepeutégalementêtreunmoyendejustifierl’attributiondesubventionsoud’enappuyerlademande.Dansundeuxièmetemps,celapermetd’évaluersiunprojetestinnovantdanssonfonctionnement,àquelniveauetpourquoi.Celadevientnécessaires’ilestquestiondelereproduireailleurs,danslesmeilleuresconditions.L’essaimagenepeutse justifierquepourdesprojetsqui fonctionnentetnepeutseréaliserquesil’onsaitpourquoiilfonctionne.Ensuite il s’agit de savoir quels indicateurs doivent être pris en compte: quantitatif, qualitatif etcommentrécolterdesinformationssurdesindicateursqualitatifsansrisquerd’êtretropsubjectif.

b‐ LesoutilsdéjàenplaceàSolid’Arles

ParcequelesacteursdeSolid’Arless’interrogentsurleuraction,ilsontmisenplacequelquesoutilsderécoltededonnées.

Ilexisteunsystème informatiquequipermetde récolterbeaucoupdedonnéeschiffréesàchaquepassageencaisse:volumesd’achatettypedeproduitsachetés,fréquenced’achat,paniermoyen,….De plus, ces données peuvent être distinguées entre consommateur 1 et 2. L’informatisation desdonnées concernant les produits livrés permet également d’évaluer les volumes, les types deproduits,…Danslerapportd’activité,cesontsurtoutdesindicationssurlesConso1quisontrelevées.Or il serait intéressant de faire les mêmes tableaux sur le nombre de passage par mois et lesdépensesparmoispourl’ensembledesconsommateursengénéraletpourlesConso2enparticulier.Celapermettraitd’avoirdesélémentsdecomparaison.

Cesystème informatiqueapportedesdonnéesde typequantitatif. L’aspectqualitatifaétéabordésousformed’unquestionnairedesatisfactionpasséen2009auxadhérents.Ilrenseignesurl’accueilet l’information, le fonctionnement du point de vente et les produits vendus,mais également surl’attente des adhérents, leurs comportements alimentaires et des informations plus générales quipermettentde«classer»lespersonnesquiontrépondues(Voirlequestionnaireenannexe).

Il s’avère qu’un certain nombre de questions n’ont pas de réponses apportées par ces différentsrecueilsd’infos.Parexemple,sil’onsaitqu’au30novembre2009,Solid’Arlesa2052adhésionsdont40%derenouvellement,onnesaitpaspourquoiles60%autresn’ontpasrenouvelés.Aussi,onsaitqueparmilesConso1quireprésentent430ménages(960personnesconcernées),22%nesontpasrepassés,et38%fontmoinsde1passageparmois,maisnousnesavonspasoùilsvontsenourrir.Alors,celanousamèneàlaquestionsuivante:commentrécolterdetellesinformations?A la réunion du comité de pilotage de décembre, les partenaires ont relevé cette nécessité derécolter d’avantage de données qualitatives sur l’impact de Solid’Arles sur la consommation desménages, sur son objectif de s’adresser d’avantage aux publics fragilisés. Des «indicateursd’évaluation plus pertinents» ont été relevés pour analyser les «tickets moyens» par type deconsommateur et raisonner en volume plutôt qu’en montant et les incidences financières pournotamment vérifier un lien éventuel entre la diminution du ticket moyen et l’augmentation desconsommateurs 1; ou bien analyser les marges dégagées par jour (plutôt que le montant desventes).

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Il y a un réel besoin déclaré autour de la démarche d’évaluation des impacts de l’action, et uneréflexion menée sur la recherche d’indicateurs nouveaux comme par exemple uneévaluation«avant‐après» des publics en s’appuyant sur les partenaires qui accompagnent cespublicsouceuxquiparticipentauxateliers…L’évaluation ne doit pas se limiter à l’intérieur de Solid’Arles, elle doit pouvoir se faire autour deSolid’Arles.AuniveauduquartierdeGriffeuille,leliensocialproduitparSolid’Arlesestpalpabledanslediscoursdesgensduquartier.On note également un impact réel sur les producteurs adhérents qui vendent à un juste prix etaugmentent tangiblement leurs revenus, sur les «Consommateurs 1» qui peuvent acheter desproduitsdebonnequalitéàdesprixabordables,etsur les«Consommateurs2»quis’yretrouventégalementauniveauqualitéettarif.L’association devrait avoir une idée plus claire du public qu’elle touche notamment en termes deterritoire,etdupublicqu’ellenetouchepas.Pourcettedernièrecatégorie,elledevraitenconnaitreles raisonspour affiner sesobjectifs et sonpositionnement. Lespartenairesde Solid’Arlesontdesdonnées quantitatives et qualitatives de leur côté, tout l’enjeu est de pouvoir faire un lien entretoutescesdonnéesenconstruisantunréférentielcommund’indicateurs.Toutefois, ilest importantdepréciserque le travaild’analyseetd’évaluationreprésenteuntempsnon négligeable dans le fonctionnement de la structure, qui n’est pas toujours pris en compte oumêmevalorisé.Lamiseenplaced’unegrilled’évaluationreprésenteuninvestissemententempsetdoncaussientermefinancierqu’ilestnécessairedeprendreencompteetdebudgétiser.

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III‐Lesécartsentreleprojetetlaréalitéduterrain

1‐Solid'Arles,uneassociationinnovanteetcréatriced’utilitésocialeendifférentspoints:

L’impactdeSolid’Arles,etcesobjectifsexplicitesrentrentdonclargementdanslechampdel’utilitésociale,définitci‐dessous:«Est d’utilité sociale l’activité d’une organisation de l’économie sociale qui a pour résultatconstatableet,engénéral,pourobjectifexplicite,au‐delàd’autresobjectifséventuelsdeproductionde biens et de services destinés à des usagers individuels, de contribuer à la cohésion sociale(notammentpar la réductiondes inégalités), à la solidarité (internationale, nationaleou locale: lelien social de proximité) et à la sociabilité, et à l’amélioration des conditions collectives dudéveloppement humain durable (dont font partie l’éducation, la santé, l’environnement et ladémocratie)»DéfinitiondeJeanGadreyen2003(Jurisassociations1eravril2008n°376).

L’une des première caractéristique de cette association est de pouvoir rendre accessible laconsommation de fruits et légumes à des personnes en situation de précarité, par un systèmedepéréquation des prix. On aperçoit immédiatement la dimension d’aide alimentaire, puisque cespersonnespaientleursproduitsàunprixinférieurauxautresconsommateurs.

2‐Unrôlederévélateurdedemandessocialesnonprisesencompte:

Du fait de l’entrée alimentaire et d’aiguilleur vers ses partenaires, l’association peut‐être un pivotessentieldanslamiseenrelationdel’adhérentaveclespartenairessociaux.Cependant,nousavonsconstatétoutaulongdenotreétudequelaspécificitédeSolid’Arlesestaussiailleurs.Eneffet, audelàde cepostulat, lesdifférentespartiesprenantesde l’associationpeuvent êtreensituationdeprécarité.En premier lieu, les producteurs sont souvent en difficulté, et le système de prix équitable leurapporteunejusterémunérationdeleurtravailetunécoulementd’unepartiedeleurproduction.Ilsparticipent au fonctionnementde Solid’Arles par le biais de la Commissionproducteur et peuventainsiêtreforcedepropositionauprèsduConseild’Administration.L’associationapparaitdoncpoureux comme unmoyen de sécuriser leurs revenus et une opportunité pour se développer via descircuitsdedistributionalternatifsaucircuitclassique(cf.schémaenannexe).

3‐Unespaced’échangeetdepartagecréateurdeliensocial:

Lesactivitésd’animationetlerôledesesbénévolescontribuentàcréerunespaced’échangeetdesolidarité.Ainsi,lesbénévolessontàlafoisdansunepositiond’acteurs,danslesensoùilsdonnentde leur temps, de leur énergie, au service du projet qui leur tient à cœur, et donc de ce faitbénéficiairesdelasolidaritécrééeetdel’échange,créatricedebien‐êtreetd’estimedesoi.Comme nous avons pu le voir au travers des témoignages récoltés lors de nos entretien «radiotrottoir» (voir en annexe), Solid’Arles est plus qu’un lieu de vente où le consommateur viendraitsimplement acheter ses légumes de qualité et moins cher, il y cherche (et trouve) un endroitsympathiqueet chaleureux. C’est un lieuoù les gens se croisent et peuvent passer plus de tempsqu’unsimpleachatsiilslesouhaitent.C’estaussiunlieuoùlesconsommateursontl’impressionde

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faire «quelque chose de bien»: pour le producteur, pour le consommateur en difficulté, pour lanature.De plus, Solid’Arles ne se définit pas comme un accueil social et peut pourtant jouer un rôle deréorientationdespersonnesendifficultéverslespartenairessociauxavecquil’associationtravaille.Ces différents rôles et enjeux de l’activité de Solid’Arles doivent toutefois être affirmés dans lespratiquesetconfirmésdansletemps.

4‐Solid'Arles,unprojetportécollectivement:

L’exemplarité des pratiques internes à Solid’Arles, en terme de participation des adhérents nousamènent à penser que la co‐construction permanente du projet est une réalité, avec toutes lescontraintes et difficultés et limites dans sa mise en œuvre abordées précédemment, et que laresponsabilisationetlamobilisationdesacteursdépassentlalogiqued’assistanceparfoisinhérenteauxorganisationsdel’aidealimentaireclassique.Ainsi,lalogiqued’unprixconsommateurcouvrantauminimum les coûts du producteur et l’objectif d’équilibre financier de l’activité vente illustrentcetteidée.

5‐La promotion des circuits courts, au détriment de la grandedistribution:

Derrièreleprojetassociatif,ilyaaussiunprojetsociétalquiconsisteàproposerunealternativeàlagrandedistribution,quidomineaujourd’huiladistributionalimentaire,viadescentralesd’achats(Cf.encadrépagesuivante).Solid’Arlesvaà l’encontredecespratiquesenmettanten relationdirecteproducteurs de la région et consommateurs, qui peuvent ainsi connaitre la provenance de leurproduits, leurmode de culture, leurs préoccupations sociales... Ils peuvent les rencontrer lors deslivraisonslemardimatinprincipalementoulesautresjoursdelasemaine.De plus Solid’Arles à fait le choix de proposer des légumes produits en agriculture raisonnée5 etraisonnable,d’après lestermesdeThierry, leviceprésident,garantissantainsiauxconsommateursuncertainrespectdel’environnementetdesproduitsdequalité.L’association relève aussi le défi de lutte contre l’exclusion alimentaire tout en permettant auxconsommateurs d’accéder à une alimentation de qualité. Il y a donc là une dimension santé nonnégligeablepuisque latransmissiondesvaleursdu«bienmanger»est l’undespointsessentieldel’activité d’animation. Il s’agit de faire le lien entre alimentation et santé et de donner l’envie decuisiner à travers des ateliers (et démontrer qu’avec presque rien c’est possible d’accommoder lequotidien…).Sileseffetsdecettesensibilisationsontdifficilementmesurable,enpartieparcequequalitatifsetrelatifs,l’actiondeSolid’Arlesseconstruitauquotidien.

5 5 Démarche globale de gestion de l’exploitation qui vise à réduire les effets négatifs de l’agriculture surl’environnement sans remettre en cause les rendements et la rentabilité des exploitations. Elle défendnotammentuneutilisationraisonnéesdesproduitsphytosanitairesetdesengraisdanslerespectdesexigencesréglementairespourlatraçabilitédesinterventions.

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6‐Uneégalitépourtouslesmembres:Il s’agit de rendre effectifs6 les choix alimentaires des individus en leur apportant transparence etégalité dans l’acte de consommation. En effet, le pendant du système de péréquation des prix àSolid’Arlesestcettenotiondechoix.Si les individusdoiventpayerunprixminimumrémunérateurpourlesproducteurs, ilsontaussi lapossibilitédechoisir leursproduitscommedanstoutmagasin,sansqueleurprécariténesoitaffichée.Ontoucheiciàladignitédespersonnes,quiestpréservée.Ily a un repositionnement de l’usager en tant que consommateur libre de ses achats dont la seulelimiteseraitsonpouvoird’achat.Maiscelle‐cin’estpourtantpasàsousestimécarontouche iciàuneautreformed’aliénation,parlesrevenus.Eneffet,siSolid’Arlestendàdonnerplusdechoixauxindividusendifficultéssociales,ilsn’enrestentpasmoinscontraintsparleursituationdeprécarité.On perçoit donc dans l’activité de Solid’Arles une certaine utilité sociale allant au‐delà del’organisation, enun certainhalo sociétal. Les adhérents sontplacés àun certainniveaud’égalité,permettant la participation de chacun à l’organisation selon le principe de l’Economie Sociale etSolidaire, unepersonne,une voie. Egalité entreproducteurs et consommateurs,mais aussi égalitéentre consommateurs 1 et 2 qui sont toutefois à nuancer, car les modes d’organisation et lespratiquesinternesnelaissentpastoujourslaplaceàcetteégalité.Ilyaaussilavolontéd’uneréelletransparenceéconomiqueetdanslagouvernance.

7‐…Maisuneassociationquiresteenconstruction:Si l’association Solid’Arles apparait comme un moyen de subvenir aux besoins alimentaires depersonnesendifficulté,toutenleuroffrantlapossibilitéd’uneplaceetdechoixeffectifsconcernantsonaction,ellenerestepasmoinslimitéedanssaportéeetsonfonctionnementinterne.En terme de gouvernance tout d’abord, plus il y a d’acteurs différents en jeux qui défendent desintérêtsdifférents, plus cela se complexifie et ralenti l’évolutionduprojet. Ladiversitédespartiesprenantesestàlabaseduprojet,maiselleestdifficileàgérer.Toutcommelarecherchedemixitésociale, qui se construit au fur et àmesure, à travers par exemple le système des prix ou encorel’organisationdemanifestationsetd’ateliersd’animation.Aussi,ladifficultéàfairerencontrertoutlemonde,notammentproducteurset consommateurs, sur le lieudeventeoudans les commissions,maintientcettedifférenciation.Deuxquestionsseposentalors:commentfaciliterl’échangeentrelesdifférentsacteurs,partenaireset consommateurs (potentiels) de Solid’Arles? Comment faire en sorte que cet échange soit toutaussiconstructifauseindesinstancesdémocratiquesqu’ilesteffectif?Commentpermettreàtoutesles parties prenantes de simplement prendre la place qui leur incombe dans une gouvernancedémocratique?Deslimitesexistentauniveaudurenouvellementdusensduprojetauprèsdesnouveauxadhérents.Laquestion seposeaussipour le consommateurquine sedéfinitpas commeadhérent. Le risqueinversepeut seposer,à savoirque lepointdevente«oublie» savocation socialeetnedeviennequ’une simple épicerie de quartier. Rendre la dignité à l’usager en le considérant en tant que«consommateur comme un autre», Solid’Arles le fait par l’anonymat, mais rendre cet usager‐consommateur conscient d’un acte d’achat équitable en lien avec le producteur ne semble pasévidentdanslesensoùcelanécessiteunecommunicationpermanentesurladémarcheetleprojet.Cettecommunicationestfaiteparlesbénévoles,lorsdel’inscriptionàSolid’Arles;maiscertainesdespersonnes interrogées ne connaissaient pas tout à fait le principe de Solid’Arles, voir par du tout

6Onfait référence icià lanotionde libertéréelledéfinitparAmartyaSen,dans lesensdes libertésdont lesindividusjouissentréellementetquisontgarantiespardesinstitutionsjustesetefficaces.

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(c’est par exemple le cas de cette dame dont l’inscription a été effectuée par son mari). Lacommunication est nécessaire en continu, ce qui demande beaucoup d’investissement desbénévoles.L’équipe de Solid’Arles et son «rayonnement» tant des salariés et des bénévoles fait un peu«l’âme»deSolid’Arleset l’ambiancequiyrègneendécoule.C’està lafoisunatoutetunelimite,quipeutseretrouverdansn’importequelcommerceouassociation.En outre, les limites de la mixité sociale sont perceptibles dans la difficulté à toucher un publicprécarisé,en«Conso1».Les«Conso1»neviennentacheterquedesfruitsetlégumes,lesproduitsd’épicerie étant trop cher pour eux; Aussi cela nous questionne: les plus précaires peuvent‐ilsréellementaccéderàSolid’Arles?Plusieurshypothèses sontapportées,notamment sur le faitquemalgrélerespectdelaconfidentialité,certainespersonneséprouventunegêneàfairelademandede lacarteConso1.Mais il yaaussidespersonnesquineviennentpasoupeuet ladiversitédesraisonsnesauraientêtrerésumésàcela.

8‐Quelquespistesderéflexion

Auvudesdifférentsélémentsparcourusprécédemment,quelquespistesderéflexionontétépensénotammentparSolid’Arles.Ainsi par exemple, l’essaimage sur des territoires en demande, est un sujet abordé à plusieursreprisesparlesadministrateursdeSolid’Arles.Aussi lamise en place de distributions de panier de légumes directement chez le consommateur(«Conso1»et«Conso2»)dans l’idéedecréerdu lienetamenercesconsommateursàvenirsurSolid’Arlesensuite,estégalementabordéàSolid’Arles.D’un autre côté, nous avons pensé que, afin d’être d’avantage accessible aux publics les plusprécarisés,Solid’ArlespourraitproposerunsystèmesouslaformedeSEL(Systèmed’Echangelocal).L’échanged’unpanierdefruitsetlégumespourraitsefairecontreuneanimation,untempsd’accueilouencoreuneenquête.Aussi,lesmembresdeSolid’Arlesdevraientcommuniquerautourdeleurdémarchelepluslargementpossible,poursuivantleseffortsdéjàmisenœuvreencesens.Celapoursensibiliserlesindividusàcetypedeprojetalternatifàlagrandedistributionetàl’aidealimentaireetlesameneràyparticiper,danslamesureoùceux‐ciytrouverontunintérêtoudesvaleursquileurcorrespondent.

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GLOSSAIREADEAR:l’AssociationpourleDéveloppementdel’EmploiAgricoleetRuralAHH:AllocationAdultesHandicapésAPI:AllocationParentIsoléASS:AllocationdeSolidaritéSpécifiqueCAF:Caissed’AllocationsFamilialesCCAS:CentreCommunald’ActionSocialeMDS:MaisonDépartementaledeSolidaritéPVSC:pointdeventesolidaireetcoopératifRMI:RevenuMinimumd’InsertionRSA:RevenudeSolidaritéActiveSPP:SolidaritéPaysanProvenceVCM:VoisinCitoyenMéditerranée

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ANNEXESLescentralesd’achatAnalysedesdonnéesrécoltéesauprèsdesconsommateursSchémad’accèsdesPublics(Source:Solid’Arles)Grilled’indicateursdescomposantesdel’utilitésociale

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Lescentralesd’achats:«Structurescrééesparuneouplusieursentreprisesdecommercededétailpourréunirenunseulcentrededécision tous lesachatsaux fournisseurspour lecomptede l’ensembledesmagasinsdedétail».EncyclopédieUniversalis

Leur objectif est de négocier les prix les plus bas auprès des producteurs en jouant sur lesvolumes de produits achetés et de créer ainsi des économies d’échelle. Le rapport de force estdéfavorableauxagriculteurscarilyauneforteintégrationdecesgrandsgroupesquiontunpouvoirconsidérable.

L’organisationencentraled’achats’intègreàunsystèmealimentairemondialiséetindustrialisé.Industrialisé, à l’image des entreprises de l’agroalimentaire comme Danone, Nestlé ou encoreUnilevers qui réalisent une activité de transformation, de plus en plus importante avec ledéveloppement croissantdesplatspréparés,prêts à consommer.Mondialisé,puisque l’agricultureintensive subventionnée vient concurrencer une agriculture familiale et indépendante, sans pourautantparvenirà«nourrirl’humanité»7.

7EnréférenceaulivredeBrunoPARMENTIER,Nourrirl’humanité,Ladécouverte,2009

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Analysedesdonnéesrécoltéeslorsdel’enquête«microtrottoir»Les consommatrices interrogées viennent parce qu’elles ont entendu parler de Solid’Arles par lesmédias(2/8personnes),ouparleurentourage(famille,ami)(3/8personnes)etpuisilyacellesduquartierquiontvuSolid’Arlesouvrir(1/8personnes).ElleshabitentsoitArles(danslequartier2,danslecentre1,autrequartierd’Arles1)soitàl’extérieurd’Arles(Camargue1,environd’Avignon1)etfontledétourpouracheterleurlégumes(2personnesnonrenseignées).Lespremièresmotivationssontleprix:c’estmoinscherqu’aumarché(1),ouqu’enGrandesurface(uneconsommatricenousdit:«engrandesurfacejepaieraisfacilementledouble»);maisaussilaqualitédesproduits,lechoix(plusvariéquedanslesAMAP),legoût(«plusagréableaugoût»).Il y a également une certaine conscience demieuxmanger: 2 consommatrices sur 8 disent avoirchangé leur façon de s’alimenter: «je mange deux fois plus de légumes», ou diversifie leuralimentation;1ditavoirdécouvertunnouveaufruit.Le«mieuxmanger»sesitueaussiauniveaudel’importancedelaqualitéduproduitquiressortàchaquepersonnequestionnée.Ilsembleraitqu’unedimensionmajeuredeSolid’Arlestourneautourdelaqualitédel’accueil,etdelaconvivialitédu lieu:cesconsommatricesnousdisentque l’endroitest«sympas», lespersonnessont «adorables», "tous lemonde est très gentil, très avenant", «c’est formidable», «je revienscontente».Lefacteurambiance,accueil,chaleurhumaineestprimordialdansSolid’Arlesetrendraitle lieud’autantplusattractif.Maiscedontcesconsommatricesparlent,c’estsurtoutde larelationconsommatrice‐épicerie et pas vraiment de la relation consommatrice‐producteur ouconsommatrice‐consommatrice.Au niveau des solidarités culturelles et d'échange de savoir: 1 consommatrice sur 8 dit qu’elleapprenaitàcuisiner»,uneautredira:"j'aiprisdesrecettes…que j'ai faità lamaison".Aucunesneparticipent aux animations mais il y a une certaine sensibilisation autour de l’alimentation. 2/8seraientplussurdel’échangederecetteet1/8adéjàparticipéàdesjournéesàthème.Auniveauduterritoire:uneseulepersonneduquartieraffirmequesiSolid’Arlesavaitouvertdansunautrequartierellen’yseraitpasallée,touteslesautresquinesontpasduquartiersontprêtesàfaireledétour.Parexemple,unepersonnefaitunedemiheuredetrajetunefoisparsemaineparceque«ilssontadorables»,elle«trouvetoutcequ’elleveut»,«c’estbeau,c’estpropre,c’estbon»,etc’estmoinscherqu’engrandesurface(elleestconso1).Auniveaude laproximitéetmixitédespublicset la solidarité: sur8consommatrices interrogées,aucunesnesavaientqu’ellespouvaientrencontreretquestionnerlesproducteursmêmesicertainesenavaitdéjàcroisés.Lesystèmedecircuitcourtestconnupar7consommatricessur8,uneneconnaissantpaslesystèmecarsonmaris’étaitoccupédel’inscription.Demêmepourlesystèmedeprixconso1conso2,ellesconnaissentleprincipedemanièreplusoumoinsprécise.Ilestdoncpossiblededirequelesystèmedesolidaritéentreconsommateursetentreproducteuretconsommateur est largement perçu voir compris. De plus cela reste une desmotivations de leurvenuàSolid’Arles:«ons’yretrouveauniveauéthique,auniveauprixetauniveauqualité».Ellessontdansunedémarchesous‐jacented’entraide:"jepayelesprixnormauxmaiscanemedérangepas","lesgensquiontdesressourcesnormalespayentpourceuxquin'enontpas"Auniveaudesautresmagasinsfréquentés:lescomportementssontvariées,uneconsommatricefaitcescoursesdansuneépicerieprèsdechezellequandilluimanquequelquechose,uneautrefaitsescourses entre lemarchéet Solid’Arles.Une autre encore allait avant aumarchéetmaintenantnevientqu’àSolid’Arles.

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