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M i c h e l S a m s o n Le livre des Dragons noirs II la dent des brumes Extrait de la publication

Michel Samson Le livre des Dragons noirs II la dent …… · la connaissance des arcanes magiques et tout à fait en mesure de vous métamorphoser en ledit lapin, objet actuel du

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M i c h e l S a m s o n

Le l ivre des Dragons noirs I I

epine = 29/64” (0,453”) (176 pages)

la dent desbrumes

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m o n t r é a l

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l e l i v r e d e s d r a g o n s n o i r s

La Dent des Brumes

Extrait de la publication

du m ê m e Au t e u r

Le livre des Dragons noirs : livre premier (Éditions Porte-Bonheur 2011)

Ombres sereines récits immobiles

(Grenouille bleue 2009)

Prix Découverte du Salon du livre du Saguenay-Lac-Saint-Jean 2010

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l e l i v r e d e s d r a g o n s n o i r s

La Dent des Brumes

Michel Samson

Extrait de la publication

Imprimé au Canada

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Samson, Michel, 1954-

Le livre des dragons noirs

Sommaire : t. 2. La dent des brumes.

Pour les jeunes de 12 ans et plus.

ISBN Imprimé : 978-2-923898-39-1 (v. 2) PDF : 978-2-923898-49-0

EPUB : 978-2-923898-45-2

I. Titre. II. Titre : La dent de brume.

PS8637.A538L58 2011 jC843’.6 C2011-942339-1

PS9637.A538L58 2011

II est illégal de reproduire une partie quelconque de ce livre sans l’autorisation de la maison

d’édition. La reproduction de cette publication, par quelque

procédé que ce soit, sera considérée comme une violation du droit d’auteur.

Dépôt légal – 3e trimestre 2013

Bibliothèque et Archives nationales du Québec

Bibliothèque nationale du Canada

Copyright 2013 © Les Éditions Porte-Bonheur

Gouvernement du Québec — Programme de crédit d’impôt

pour l’édition de livres — Gestion SODEC.

Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada

par l’entremise du Fonds du livre du Canada pour nos activités d’édition.

Les Éditions Porte-Bonheur

Une division des Éditions du Cram Inc.1030, rue Cherrier, bureau 205

Montréal (Québec) Canada H2L 1H9Téléphone : 514 598-8547Télécopie : 514 598-8788

www.porte-bonheur.ca

Conception graphique et illustration de couverture :

Alain Cournoyer

Suzanne et Marick

Mes aimées lectrices

Puisse La Dent des Brumes vous raconter

La beauté des mondes révolus.

S’il est des dragons qui enchantent,

Il en est d’autres qui chantent !

Que leurs voix soient entendues

Jusqu’aux confins des terres oubliées.

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— Turock! Turock Küzdûl ! Est-il donc imposé par quelque sortilège malintentionné inscrit sur quelque vieux grimoire oublié et ce, sans même que je le sache, que les nains guerriers, tous ! sans exceptions ! finiront par se méfier de moi ? Allons ! Tâche de faire honneur à tes valeureux ancêtres et cesse de t’agiter comme un vulgaire lapin !

Cette délicate comparaison, je le savais bien, n’al-lait pas arranger les choses… que voulez-vous ? Il peut parfois arriver, même à un vieux mage plein de compassion et de sagesse, de perdre patience quand un nain orgueilleux s’entête à ne pas vouloir écouter la voix de la raison !

Les nains, vous le savez tous, n’entendent pas à rire lorsqu’ils perçoivent une note de sarcasme dans les propos d’autrui. Ils s’avèrent alors prompts à brandir la hache – en l’occurrence l’épée, dans le cas du nain qui nous occupe – et à menacer de mille morts l’infortuné persifleur, fut-il versé dans la connaissance des arcanes magiques et tout à fait en mesure de vous métamorphoser en ledit lapin, objet actuel du litige stylistique.

Si d’ordinaire les épées ne me gênent guère, cel-le-ci ne me laissait pas indifférent : là où tout et chacun ne pouvait voir qu’un fil tranchant oscillant

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l e l i v r e d e s d r Ag o n s n o i r s

à une distance inconfortable pour la pérennité de son appendice nasal, je percevais l’essence elfi-que de l’âme incorporée à la lame, en éprouvais un subtil mélange de joie et chagrin, amalgame étrange pour un vieil homme solitaire qui avait depuis trop longtemps oublié les charmes suaves de l’affection et de l’amitié. Le nain Küzdûl, quant à lui, tout à son ardeur belliqueuse, ne discernait dans mon regard fixé sur la pointe tranchante que la crainte qu’il était persuadé engendrer. Il était plus que temps de lui faire entendre raison.

— Turock ! Turock Küzdûl, ô maître nain, guerrier courageux s’il en fut, de grâce, ne m’en veuille pas pour ce que je m’apprête à faire !

Je peux être vif comme l’éclair et ce fut heureux pour Turock : je réussis à rattraper la lourde épée tout juste avant qu’elle n’écrase – ou ne tranche en deux – le pauvre lapin terrifié qui s’était matérialisé en lieu et place du féroce guerrier. Le pommeau de l’arme me brûla tant la main que je dus la déposer sur le sol avec précipitation : n’utilisait pas l’épée magique qui le désirait !

J’avais enfin toute l’attention requise de la part de mon invité, figé par l’horreur que de telles mé-tamorphoses engendrent toujours : les explications allaient enfin pouvoir débuter !

Débusquer un héros nain n’est pas chose facile, surtout si le nain en question, tout héroïque qu’il soit, se montre réfractaire à l’attention que ses fabu-leux exploits ne cessent d’engendrer dans la contrée.

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l A d e n t d e s b ru m e s

Tous les peuples chantaient les prouesses et van-taient les mérites de Turock Küzdûl, nain de son état, excellent guerrier, et qui plus est, féroce exter-minateur de tout ce qui s’objectait à leur droit pré-cieux et inaliénable de vivre en paix dans leurs pays respectifs. Les quatre peuples bénissaient le nom de Küzdûl, célébraient ses exploits et racontaient ses prouesses mais nul n’aurait su dire où chercher la noble âme en cas de besoin : tout ce dont on était certain c’était que, si quelque calamité survenait, Turock apparaîtrait… sauf si la calamité en question se trouvait être un dragon, auquel cas notre nain demeurerait introuvable.

Je constate que certains d’entre vous s’étonnent de cette dernière assertion ; je les entends même penser : « Comment ? Un héros qui refuse de braver un reptile ? Se peut-il ? » Eh bien oui, il se peut ! Mais n’allez surtout pas croire qu’il s’agissait là de quel-que couardise de la part de notre brave nain ! Non, la raison en était autre. C’est que notre homme – pardon… notre nain – avait jadis engagé sa parole à ce propos : jamais – au grand jamais – il n’accep-terait d’affronter un dragon, fut-il le plus destruc-teur, le plus pernicieux, le plus cruel d’entre tous. Ce serment prononcé, plus rien ne pouvait le lui faire trahir : ainsi sont tous les nains et comptons-nous heureux qu’ils soient tous ainsi. On aimerait pou-voir en dire autant à propos de l’humanité mais, à observer votre monde, il appert qu’aujourd’hui la parole donnée n’a guère plus de valeur qu’une outre trouée. Enfin, ces considérations philosophiques ne constituent pas le sujet de notre récit. Revenons à nos moutons – notre lapin si vous préférez – et

l e l i v r e d e s d r Ag o n s n o i r s

éclaircissons cette énigme qui vous préoccupe : pourquoi s’être engagé à ne pas éradiquer ces bêtes malfaisantes que sont les dragons ?

Je ne vous dirai pas pourquoi, non, ça, je ne le peux ; par contre, je veux bien vous relater comment Turock Küzdûl en fut réduit à cette extrémité.

C’était il y a bien longtemps : pour être plus précis, quatre-cent-vingt-neuf années avant l’actuelle mé-tamorphose de Turock en frêle lapin. À cette époque, le guerrier nain avait déjà amassé beaucoup de gloire par des exploits téméraires tous couronnés, il faut le préciser, de succès. De fait, Turock Küzdûl avait acquis l’inquiétante réputation de ne jamais faire de quartier, ce qui plaisait beaucoup à ceux dont il prenait le parti mais déplaisait tout autant à ceux qui en étaient l’objet. À la décharge du guer-rier nain, il faut spécifier que jamais il ne se lançait dans une nouvelle quête sans en avoir longuement soupesé les tenants et aboutissants ; avant que de mettre sa hache au service d’une noble cause – oui, à cette époque, Turock, comme tous ses congénè-res, utilisait la hache par prédilection à toute autre arme – il jaugeait l’affaire avec rigueur, sachant que s’il se décidait à adhérer à l’aventure proposée, il fi-nirait – c’était immanquable – par occire son oppo-sant. Or, tuer lui déplaisait et ce, même s’il en avait fait sa profession.

À cette époque, un prédateur cruel sévissait dans la contrée où les pérégrinations du nain l’avaient conduit. Sur toutes les lèvres de cet étrange coin de

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l A d e n t d e s b ru m e s

pays, un seul nom fleurissait : Brahalg ! Le mépri-sable dragon venait enfin de s’assoupir et toutes les populations du pays espéraient que ce serait d’un long et profond sommeil.

Turock avait d’abord ri de cette drôle de démar-che adoptée par tous ceux dont il croisait le chemin mais, à force de se faire conter les multiples horreurs dont le reptile était responsable et de se faire expli-quer la crainte partagée par tout le monde d’éveiller le monstre, il en avait perdu son sourire ironique et l’avait bientôt remplacé par un air déterminé qui lui donnait un aspect redoutable. Si une bête aussi maléfique anéantissait tant de choses et de gens, lui, Turock Küzdûl, allait devenir l’instrument même de la destruction de la hideuse créature !

Vous comprendrez donc que lorsque le nain eut vent du fait qu’une assemblée extraordinaire des quatre races avait été convoquée en un lieu-dit « La tête du dragon », il ne se fit pas prier pour prendre la direction de cet endroit nommé avec tant d’à propos, lui qui se proposait justement de séparer l’abomina-ble tête du corps écailleux de ce sournois Brahalg afin de mettre un terme final aux inquiétudes de toutes ces bonnes gens rencontrées sur son trajet. Il allait de ce pas proposer ses bons offices et mettre une nouvelle fois sa hache au service d’une juste cause !

L’intention était noble, je le concède, mais le destin fit en sorte qu’il ne parvint jamais au lieu de l’assemblée et que, plus de quatre siècles plus tard, c’est entre les mains de quatre autres individus que reposa le lourd fardeau de mettre un terme aux dé-prédations du fameux Brahalg.

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l e l i v r e d e s d r Ag o n s n o i r s

Traversant la campagne Turock allait son chemin en direction de « La tête du dragon », son air martial bien affiché, décidé à faire goûter au fil de sa hache le sang noir de la bête… quand il croisa la route d’un vieil homme, un mendiant ou un conteur selon l’avis du nain, qui déambulait de cette démarche si particulière que jamais, ailleurs, il n’avait observée, mais qui, ici, constituait le lot de tout le monde. Le nain allait passer son chemin – il n’avait rien sur lui qu’il puisse offrir à un mendiant et les seuls contes qu’il consentait à écouter se devaient de sortir de la bouche des gens de son propre peuple – quand le voyageur lui adressa la parole.

— N’es-tu pas le fameux Turock Küzdûl, le valeu-reux guerrier dont on raconte qu’il fait en sorte que les gens honnêtes peuvent espérer quelque recours quand le sort se fait cruel et que la mort rôde ?

Étonné d’être ainsi harangué, flatté tout de même d’être reconnu, inquiet que justement on le recon-naisse alors que la discrétion lui semblait toujours devoir supplanter la célébrité, le nain hésita juste assez longtemps pour que le passant cesse de l’être, s’accroche à sa barbe – c’est ainsi que s’expriment les nains entre eux lorsqu’ils parlent de rencontres inopportunes – et saisisse l’occasion pour exposer son affaire.

— C’est certain, le ciel vous envoie ! Nul autre que vous, noble Küzdûl, ne pourrait me venir en aide ! La créature maléfique qui me tourmente n’aura de cesse que je meure, à moins, bon Turock, que votre

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intervention ne lui soit fatale. De grâce, noble nain, acceptez de m’aider !

Le désarroi du vieil homme toucha le cœur du nain : « Assurément, pensa-t-il, voilà un pauvre diable qui ne mérite guère de périr. Si je puis l’aider un tant soit peu, certes je le ferai. »

Comme s’il avait deviné les pensées du nain, le mendiant – ou le conteur – arbora un air soulagé.

— Dites-moi ce qui vous aff lige et je verrai ce que je peux faire pour vous, annonça un Küzdûl généreux.

L’homme, c’était visible, ne se tenait plus de joie. Il prit le temps de s’assoir en bordure du chemin, d’ouvrir le vieux sac qui lui servait de besace et d’en retirer une vieille cape qui lui servit de coussin. Ensuite il tira du sac des fruits qu’il avait cueilli ou chapardé dans quelque verger sans surveillance. Il les offrit au nain qui refusa d’abord mais se laissa ensuite tenter par une pomme plutôt appétissante ; l’humain choisit pour lui-même quelques petites prunes et, tout en les dégustant avec un plaisir ma-nifeste, annonça avec douceur: « La maléfique créa-ture qui me tourmente en ce moment, bon Turock, n’est autre que vous. »

À ces mots, le nain jeta le fruit qu’il portait à sa bouche et bondit ! Déjà il levait sa hache, prêt à toute éventualité : il y avait chez ce mendiant, avait-il décidé, plus qu’un simple nécessiteux et sous les derniers mots prononcés couvait, il le devinait, une sourde menace. Le miséreux, quant à lui, continuait de savourer ses fruits, sans égards pour le féroce guerrier qui attendait la suite des événements. Cette désinvolture affligea le nain davantage que n’eût pu

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le faire un adversaire armé et prêt à le combattre à mort. Turock grogna, comme seuls les nains furieux parviennent à le faire au cœur des batailles déses-pérées ; c’était un grondement sourd, de la sorte qui annonce l’implacable mise à mort. Ce fut en vain : le vagabond ne s’occupa pas de lui et conserva son air ravi tout en observant avec attention la pulpe de la prune dont il se délectait. Après quelques minutes de ce petit jeu, alors que le guerrier ne savait plus à quel ancêtre se vouer et songeait à abandonner là ce vieil homme qui, il voulait maintenant s’en persua-der, était atteint par ce mal étrange qu’est la folie, le gueux reprit la parole.

— Sais-tu, noble Küzdûl, que je lis en toi comme dans un livre ouvert ? Je saurais t’énumérer toutes les pensées que ta as eues depuis que tu as aperçu ma silhouette venant à ta rencontre. Sache que je ne me suis pas « accroché à ta barbe », ô nain pré-tentieux, et que la haute opinion que tu as de toi-même t’a joué un bien vilain tour. Comment oses-tu me menacer de ton arme alors que tu as toi-même décidé, en pensées et en paroles, de prendre mon parti. La chose a été convenue, Turock, et malheur à toi si jamais tu cherches à t’en dédire !

Küzdûl dut se rendre à l’évidence : il avait bien manifesté son intention d’aider le mendiant. S’il cherchait à se désengager maintenant, jamais plus il ne pourrait prétendre à sa destinée de héros : un brave nain se devait de tenir parole. Honteux, dépité de s’être laissé prendre par un piège aussi grossier, il attendit la suite.

— Ah ! Tu reviens à la raison, maître nain. Voilà qui est bien ! Reprenons nos affaires et peut-être

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trouverons-nous un accord qui nous satisfasse tous deux. Alors voici : tu es à l’origine de mes tourments par tes intentions, noble Turock, ou plutôt par l’une d’entre elles. Je sais que tu veux faire tâter au dragon Brahalg le fil de ta hache, ô nain téméraire, et je ne doute pas que l’issue en sera fatale pour le vers si tu vas de l’avant avec ton projet. Je ne conteste pas la justesse de cette cause que tu veux embrasser ; elle se révèle empreinte de courage, de noblesse ; je ne t’en admire que davantage que de te savoir prêt à te lancer dans cette terrible quête !

Ces louanges, pour étranges qu’elles fussent, firent plaisir au nain, bien qu’il sût que l’« affaire » ne pouvait s’arrêter là. Il devint plus attentif aux propos qu’il pressentait venir.

— Le dragon – ou plutôt ce dragon – est une bête ignoble, je l’admets volontiers. Il s’avère pourtant qu’il m’est primordial, pour des raisons qui sont miennes et que je n’ai pas à révéler ici, que cet être, tout pernicieux qu’il soit, vive. Voilà en quoi tes nobles et honnêtes intentions deviennent l’objet de mes tourments : si tu t’en prends au reptile, je devrai m’interposer. Si je le fais, nul doute que tu devras m’occire avant que de parvenir à Brahalg, mais si tu me tues, tu renies le serment de m’aider que, sur l’heure, tu viens de prononcer. Or, je suis bien ce pauvre diable qui ne mérite pas de périr, comme tu le pensais si justement il y a à peine quelques minutes. Si tu peux m’aider un tant soit peu, certes tu le feras, car si tu as du cœur, Turock, tu as aussi beaucoup d’honneur et cet honneur fera en sorte que tu renonces à affronter le dragon – et pourquoi pas ? – tous les dragons. Voilà le serment que je t’en-gage à faire dès maintenant !

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l e l i v r e d e s d r Ag o n s n o i r s

Le guerrier se savait coincé : la logique du va-gabond se révélait sans faille. Ce qu’était ce vieil homme, Küzdûl ne pouvait le deviner, mais sa ruse et ses connaissances des us et coutumes du peuple nain se révélaient indéniables. De l’avis du nain, cet homme aurait pu s’imposer en adversaire formida-ble et – peut-être même – le confronter par les armes et le vaincre. Le fait que ce mystérieux personnage ait choisi de le berner plutôt que de le pourfendre indiquait, de toute évidence, qu’il se pliait à un code d’honneur très particulier. Ce qu’était ce code, bien sûr le nain l’ignorait, mais son intuition s’avérait juste, il en demeurait persuadé.

— Qu’êtes-vous ? demanda le guerrier d’un ton bourru tout en abaissant enfin sa hache.

— Turock! Turock Küzdûl ! Jamais on ne m’a posé cette question ! Toujours on me demande qui je suis, et non pas ce que je suis. Votre perspicacité vous honore, maître nain, et je le dis avec grande admi-ration, croyez-moi. Ce que je suis ! Il veut savoir ce que je suis !

Sur ce le vieux mendiant, ou quoiqu’il fut d’autre, émit un petit rire triste. Turock comprit que le voya-geur assis devant lui dissimulait un terrible secret dont le poids devait parfois lui sembler trop lourd. À peine eut-il cette pensée que le miséreux lui jeta un regard pénétrant, de ces regards qui scrutent jusqu’aux confins de l’âme et en extirpent davan-tage d’informations que le propriétaire de l’âme en question croit posséder.

— Pas mal ! murmura le quémandeur. Pas mal du tout !

Il se redressa, déployant ses membres fatigués et se tint enfin debout devant le nain, le dominant de

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p o r t e - b o n h e u r. c a

Le l ivre des Dragons noirs I ILa Dent des Brumes

Michel Samson

Les mois ont passé et l’ infâme Brahalg demeure toujours captif du sortilège concocté par le mage de la tour de Médra. Tout semble aller pour le mieux jusqu’à ce qu’une nouvelle menace plane sur la Contrée : un dangereux gri-moire gît dans l’antre du dragon et notre mage redoute qu’ il soit retrouvé et ne tombe entre de mauvaises mains. Aussitôt, il recrute un héros, le nain Turock Küzdûl, porteur de la fameuse épée Dosk-Rial-Dhalmrür, afin de récupérer le redoutable manuscrit.

En compagnie de deux des braves qui ont réduit le saurien à l’ impuissance, Küzdûl se lance dans la quête la plus for-midable qui soit : retourner à la Dent des Brumes et subti-liser au puissant Brahalg un de ses précieux bouquins.

Au fil du récit le mystérieux mage-narrateur ne peut s’em-pêcher d’explorer l’âme des intrépides qu’ il envoie affron-ter le sinistre Vers et, bien malgré lui, révèle quelques-uns des lourds secrets qui marquent sa longue et obscure existence.

Enseignant retraité en langues et littérature du cégep de Chicoutimi, Michel Samson a publié son premier ouvrage en 2009 aux Éditions de la Grenouille bleue, Ombres serei-nes, récits immobiles, qui lui a valu le Prix DÉCOUVERTE 2010 du Salon du livre du Saguenay-Lac-St-Jean. La dent des brumes, son troisième ouvrage, est le deuxième volet d’une trilogie et fait suite au Livre des dragons noirs, paru en 2011.

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ISBNImprimé 978-2-923898-39-1 PDF 978-2-923898-49-0 EPUB 978-2-923898-45-2

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