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Numéro 5 – octobre 2017 VILLES DE DEMAIN : LES ENJEUX DU NUMÉRIQUE TENDANCES Répondre aux nouveaux défis des territoires CONNECTONS NOS TALENTS Partie I : Numérique et territoire Partie II : Données et gouvernance urbaine Parie III : La fabrique urbaine dans la ville intelligente

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Numéro 5 – octobre 2017

VILLES DE DEMAIN : LES ENJEUX DU NUMÉRIQUE

TENDANCESRépondre aux nouveaux défis des territoires

CONNECTONS NOS TALENTS

Partie I : Numérique et territoire

Partie II : Données et gouvernance urbaineParie III : La fabrique urbaine dans la ville intelligente

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6 Tendances – Numéro 5 – octobre 2017

Sommaire

VILLES DE DEMAIN : LES ENJEUX DU NUMÉRIQUENUMÉRO COORDONNÉ PAR ANTOINE COURMONT, SCIENCES PO PARIS

Numérique et territoireNUMÉRIQUE, LA FIN DES TERRITOIRES ?........................................................................7

L’AMÉNAGEMENT NUMÉRIQUE DU TERRITOIRE : QUEL (NOUVEAU) RÔLE DE LA PLANIFICATION ? ..........................................................11

SMART CITY VERSUS STUPID VILLAGE ?.......................................................................13

LE NUMÉRIQUE, UNE LUMIÈRE NOUVELLE SUR UN VIEUX MONDE................................15

Données et gouvernance urbaineQUI GOUVERNE(RA) LA VILLE NUMÉRIQUE ? ................................................................21

DES DONNÉES PUBLIQUES AUX TRACES NUMÉRIQUES : LA DATA DANS LA VILLE.................................................................................................22

QUAND LES PLATEFORMES NUMÉRIQUES TRANSFORMENT NOS TERRITOIRES.........27

UN NOUVEAU MODÈLE DE FINANCEMENT POUR LA VILLE ? ........................................32

NOUS SOMMES LES VILLES INTELLIGENTES .................................................................35

GOUVERNER AUTREMENT L’URBAIN : LA DATA, UNE QUESTION DE SAVOIR ET DE POUVOIR ..................................................39

La fabrique urbaine dans la ville intelligenteÀ RENNES, UN SERVICE PUBLIC MÉTROPOLITAIN DE LA DONNÉE ...............................45

CULTURE NUMÉRIQUE, CULTURE URBAINE : L’AMÉNAGEUR RESTE UN FACILITATEUR .......................................................................49

DÉVELOPPER L’INNOVATION NUMÉRIQUE : LES PRATIQUES DES TERRITOIRES ...............................................................................54

CROWDSOURCING URBAIN ET PARTICIPATION CITOYENNE NUMÉRIQUE ..................62

Glossaire

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D’une part, il est difficilede cerner les effets pro-pres aux innovations

technologiques quand les chan -gements peuvent provenir demultiples autres causes. D’autrepart, il est impossible aujourd’huide répondre de manière univoqueà la question « qui gouverne(ra)la ville numérique ? », tant lesecteur se caractérise par savitesse d’innovation et son incer-titude. Si le verbe « ubériser » asymbolisé ces recompositionssoudaines du pouvoir que provo-queraient le numérique, il fautse rappeler que si Uber n’a étéfondé qu’en 2009, au vu de sesdéboires managériaux et juri -diques actuels, rien ne dit quel’entreprise puisse être considéréecomme le futur tout-puissant dela mobilité urbaine.

On ne peut tenir des affirmationsradicales sur les changementsde pouvoir dans la ville numé -rique, mais certaines recomposi-tions peuvent toutefois être iden-tifiées. En premier lieu, le numé -rique complexifie la gouvernanceurbaine en accroissant la diversitédes acteurs. De nouveaux prota -gonistes participent à la régula-tion des territoires et de leurshabitants :

• Les acteurs des technologiesde l’information et de la com-munication (IBM, Cisco...), quiont popularisé le terme de smartcity et qui jouent un rôle crois-sant à l’ère de la disséminationde l’informatique dans l’ensem-ble de notre environnement.

• Les start-up et autres entre -prises innovantes que l’on as-socie de plus en plus à l’actionpublique pour proposer de nou-veaux services aux citoyens.

• Les plateformes, ces industrielsde la donnée, qui, de par leurcapacité à collecter et traiterdes traces numériques, jouentun rôle croissant d’intermédia-tion sur les territoires sans yêtre localisées physiquement.

• Les citoyens enfin, qui se ver-raient doter de nouvelles capa -cités de participation aux poli-tiques publiques. Attentiontoutefois à ne pas faire preuvede naïveté : les civic hackerspromus par certains1 ne sontqu’une minorité, et les compé-tences nécessaires à l’usage des technologies risquent plutôtde faire apparaître une nouvelleclasse d’intermédiaires capa -bles de traiter des données, ou même de renforcer les pou-voirs existants (empower theempowered)2.

Cette plus grande diversité ausein du système d’acteurs de lagouvernance urbaine bouleverseles relations entre tous ces pro-

tagonistes. Pour permettre le pi-lotage de l’action publique ur-baine, les pouvoirs publics locauxdoivent se doter de capacités derégulations accrues afin de cons -truire des coalitions et de forgerdes alliances entre ces acteursaux intérêts variés. À ce titre, ladonnée constitue un instrumentmajeur de la régulation de tousces acteurs. Au travers du gou-vernement des données, c’est lacapacité de l’acteur public à gouverner la ville à l’ère du numé -rique qui est en jeu. Gouvernerla donnée, c’est réguler la circu-lation de l’information. Cela sup-pose de maîtriser les flux de don-nées et de les orienter pour, auchoix, faciliter ou restreindre leursusages. Si le gouvernement desdonnées en est à ses prémices,trois postures de régulation peu-vent être distinguées : le laisser-faire, le protectionnisme ou letiers de confiance3.

1- Anthony Townsend, Smartcities : big data, civic hackers,and the quest for a new utopia,New York, W. W. Norton &Company, 2013.

2- Michael Gurstein, « Open data:empowering the empowered oreffective data use foreveryone? », First Monday, 2011,vol. 16, no 2.

3- Antoine Courmont, Politiquesdes données urbaines : de l’opendata au gouvernement desdonnées, Millenaire3.com, mai 2017.

QUI GOUVERNE(RA)LA VILLE NUMÉRIQUE ?

La révolution numérique n’a pas eu lieu. Les changementsradicaux de pouvoir dans la gouvernance urbaine sousl’effet du numérique sont davantage pressentis, espérés oucraints, que manifestes.

“ Gouverner la donnée, c’est réguler la circulation de l’information ”

Tendances – Numéro 5 – octobre 2017

Données et gouvernance urbaine

Antoine COURMONTChercheur, Sciences Po Paris

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Ouverture des données :un contexte législatif enévolution

Classée au quatrième rangmondial de l’open dataselon l’enquête annuelle

du réseau Open Knowledge1, laFrance s’engage à un rythmesoutenu vers davantage d’ouver-ture des données publiques. Lechamp des données dites ou-vertes ou publiques dépasse bienlargement les statistiques na-tionales et la libéralisation desdonnées n’est plus l’apanage del’Institut National de la Statistiqueet des Etudes Economiques (INSEE). Les données sontpartout : ainsi, la culture opendata se généralise dans destextes de lois, telle la loi NOTRe2

appelant les collectivités localesde plus de 3 500 habitants à« rendre accessible en ligne » età « offrir à la réutilisation » cer-

taines informations publiques ouencore la loi TECV3 prévoyantune diffusion contrôlée des don-nées collectées par les gestion-naires de réseaux par le biais decompteurs communicants. Laloi4 pour une République numé -rique énonce un principe d’ouver-ture « par défaut » des donnéesdes administrations publiquesdont les premiers effets se fontressentir en 2017 avec la libérali-sation dès janvier du répertoiredes entreprises5, qui recense les9 millions d’entreprises du terri-toire, puis la mise à dispositiondu grand public des valeurs no-tariales des prix de l’immobilier6

par commune en juillet.

La dynamique législative enfaveur de la libéralisation desdonnées s’accompagne d’unenécessaire actualisation des dis-positions juridiques encadrantl’usage des données à caractèrepersonnel. Prenons l’exemple des

consommations d’énergie : si l’analyse de ces données agré -gées favorise considérablementle diagnostic et la mise en placede stratégies locales pour luttercontre la précarité énergétiqueou encourager la transition éner -gétique, quelles garanties ap-porter au consommateur quantà la protection de sa vie privée ?En cette matière, la législationfrançaise se positionnait à l’avant-garde dès 1978 lorsque fut votéela loi dite « Informatique et libertés »7, dont la vocation pre-mière était d’instituer la CNIL8

chargée de protéger les donnéesdu citoyen contre un usage abusifpar l’État ou par des entreprisescommerciales. Ce cadre législatifs’est accompagné de la créationde nouvelles fonctions dans lesentités publiques et privées im-pliquées dans le traitement dedonnées. Par la création d’unstatut de correspondant Infor-matique et Liberté (CIL), la règle -

À l’heure où la métropole dijonnaise se lance dans la ville intelligente « deuxièmegénération », via la mise en œuvre d’un centre de pilotage unique de l’ensemble de ses fonctions, toutes les collectivités n’ont pas encore mesuré l’étendue des possibilitésoffertes par la valorisation des données pour leur territoire. Le contexte actuel, tantjuridique que technique, est néanmoins particulièrement favorable à un changement de paradigme dans la manière de définir les politiques publiques et de piloter les fonctions urbaines.

Tendances – Numéro 5 – octobre 2017

Marie TYLDirectrice des activités Data Analytics,

SPALLIAN

Léone-Alix MAZAUDConsultante, SCET

DES DONNÉESPUBLIQUES AUX TRACESNUMÉRIQUES : LA DATADANS LA VILLEVALORISER LES DONNÉES POUR L’AIDE À LA DÉCISION DANS UN ENVIRONNEMENTTECHNIQUE ET JURIDIQUE EN MUTATION

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mentation française a encouragéles entités concernées à con-tribuer à l’objectif de la loi de1978, à savoir que « toute per-sonne dispose du droit de décideret de contrôler les usages quisont faits des données à carac-tère personnel la concernant ».Depuis la création de ce statuten 2004, près de 18 000 orga -nismes publics et privés ontdésigné un correspondant9, dé-marche facultative ayant pourbut de diffuser la culture « Infor-matique et Libertés » en conci -liation avec l’intérêt légitime desprofessionnels. À son tour, la rè-glementation européenne sur laprotection des données10, qui entre en vigueur en 2018, s’ac-compagne de la création, àl’échelle européenne, d’un nou-veau métier de délégué à la protection des données11. Ladésignation d’un délégué devientobligatoire pour toutes les ad-ministrations et organismespublics – de même que pour cer-tains acteurs privés, en fonctionde la fréquence et du degré desensibilité des traitements dedonnées qu’ils effectuent. LaCNIL estime que 80 00012 entre-prises publiques ou privées serontconcernées par cette obligationen France, un chiffre qui montrel’ampleur de la petite révolutionannoncée du cadre juridique del’usage des données. Parmi lesautres dispositions du règlementeuropéen, sont détaillées les conditions de licéité d’un traite-ment de données ainsi que lespeines particulièrement dissua-sives auxquelles s’exposent lesorganismes qui y dérogent13.

Le cadre juridique encadrantl’usage des données évolue enmême temps que se généralisela production et la diffusion dedonnées y compris par les ad-ministrations publiques, notam-ment de traces numériques14 paressence porteuses d’informationsà caractère personnel.

De nouvellesopportunités pour les collectivités maisaussi un fort enjeud’acculturationL’accélération de l’ouverture desdonnées, associée à des possi-bilités accrues en matière detraitement de ces informationspar des outils basés sur des mo -dèles de calcul complexes, offre de nouvelles opportunitésd’usage de ces données pourl’aide à la décision publique et àla gestion urbaine. En outre, lesnombreuses données géné réespar les services urbains con-stituent une matière fécondepour le développement de nou-veaux services à destination descollectivités elles-mêmes ou des individus, aux bénéficeséconomiques, sociaux et/ou environnementaux.

montée d’informations telles queTellMyCity15, outils de quantifiedself 16…) ou non (smartphones,vélos en libre-service...). Le déve -loppement de ces traces numé -riques permet d’élargir les possi-bilités offertes en termes d’ana -lyse, avec le développement demodèles intégrant de plus enplus de données d’usage ou defonctionnement réelles. Celles-ci, dans le secteur des transports,permettent de disposer d’une in-formation en temps réel sur letrafic et les places de station-nement disponibles afin d’engarantir une meilleure gestion,mais également de créer de nou-veaux services (autopartage).

Le développement des objetsconnectés alimente ce phéno -mène, alors que l’internet des objets17 vient doubler la quantitédes données produites tous les

“ Le développement des tracesnumériques élargit les possibilités [...]d'analyse ”

Tendances – Numéro 5 – octobre 2017

Données et gouvernance urbaine

Par ailleurs, d’une part, les enjeux(sociaux, environnementaux, éco -nomiques…) rencontrés par lesterritoires gagnent en transver-salité et demandent un traite-ment de plus en plus intégré. Lesoutils basés sur le croisement dedonnées multithématiques, ca-pables de représenter voire desimuler les effets de rétroactions,sont ainsi de nouveaux moyensd’appréhender la complexité desdécisions, que ce soit à l’échellede la « ville-écosystème » ou desecteurs particuliers tels que lesdéplacements ou les flux d’éner -gie. D’autre part, les traces numé -riques laissées par les capteurset les objets du quotidien aug-mentent exponentiellement et lescitoyens deviennent eux-mêmescapteurs, de manière volontaire(plateformes d’échange, de re-

deux ans. Ces objets, en trans-mettant des données sur leur environnement en temps réel,permettent d’y appliquer untraitement immédiat et, pour certaines informations, person-nalisé. En outre, les outils dévelop-pés à partir de ces donnéesprésentent de nouvelles possibi -lités en termes de simulation etprédiction, permettant d’appuyerla définition de scénarios dansdes domaines variés (énergie,formes urbaines, développementtouristique...). Ces évolutions sontparticulièrement prometteusespour l’évolution des pratiques descollectivités dans la définition de leurs politiques publiques, permettant d’ajuster les décisionset actions en fonction des effetscroisés attendus de celles-ci.

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À ces nouvelles opportunités s’ad-joignent des problématiques enmatière de maturité et d’expertisedes collectivités autour des don-nées : qualité et documentation,homogénéité des formats, sécu-rité des informations personnelles,modalités de partenariat avecles acteurs détenteurs et/ou uti -lisateurs de données... Il s’agitd’abord pour elles de prendre lamesure des opportunités, puisde développer (ou de mobiliseren externe) les connaissancessuffisantes pour s’en saisir. Cetteconnaissance est la base pour,entre autres, choisir des outilsd’aide à la décision ou de pilotageadaptés à leurs besoins et mettreen place les conditions d’une gou-vernance des données territori-ales adaptée, offrant des dé -bouchés économiques aux ac-teurs privés pour développer denouveaux services. En outre, lescollectivités doivent s’assurer queles nouveaux services basés surl’utilisation des données soientcompatibles avec leurs enjeuxde politiques publiques et leprincipe d’intérêt général.

du territoire : Uber comme Wazeinfluent sur les flux de mobilité(le premier, sur l’usage des infra-structures routières et des taxis,le second sur la fréquentationdes voies de circulation), d’unemanière qui peut entrer en contradiction avec les orienta-tions de la collectivité dans cedomaine.

L’émergence d’unécosystème favorisant lepartage, la structurationet la valorisation desdonnéesL’incursion de nouveaux moyenset méthodes informatiques dansla génération, le traitement et l’analyse de données ouvre unformidable champ de possibilités.Considérant les risques sociétauxinhérents à l’exploitation de tracesnumériques et les perspectiveséconomiques offertes par desdonnées publiques ouvertes, l’attention portée par le législa-teur aux enjeux qu’engendre

riat, car l’ouverture de donnéesinvite à la création de nouveauxservices aux entreprises et auxparticuliers. Une véritable « éco -nomie de la donnée »21 voit lejour, annonçait Jean-Louis TAVERNIER, directeur de l’INSEE,à la veille de la mise à dispositiongratuite des données de la baseSirene sur les entreprises. De nouveaux contenus appellent de nouveaux contenants et l’onconstate une explosion concur-rentielle de technologies de col-lecte, de visualisation et d’ex-ploitation de données, notam-ment développées par des en-treprises françaises. Enfin, l’éco -système data donne l’occasionde repenser les problématiquesmétier hors de certaines frontièrestraditionnelles. La nouvelle fonc-tion exécutive de chief data officer, qui se généralise dans lesgrandes organisations, invite àrepenser l’accès et l’usage desinformations dans la transver -salité entre services. De bonnespratiques naîtront du travail, maindans la main, des spécialistes dela data science et des opéra-tionnels « métier » de plus enplus producteurs et consomma-teurs de données.

Afin d’accompagner les collec-tivités dans ces transformations,plusieurs acteurs et initiatives sepositionnent directement auprèsd’elles, en appui, ou en animationde réseaux d’échange nationauxvoire européens. Au niveau na-tional, Etalab22 coordonne la poli-tique d’ouverture et de partagedes données publiques en lienavec les collectivités, notammentafin d’harmoniser les donnéesouvertes par les administrations.Au niveau local, OpendataFrance23 a reçu la mission de pré-parer la mise en œuvre de l’opendata dans les collectivités deplus de 3 500 habitants. L’État apar ailleurs demandé à l’associa-tion d’accompagner 9 territoirespilotes dans l’ouverture de leursdonnées publiques : le projet, in-titulé Opendata Locale, vise à

“ Une véritable « économie de la donnée » voit le jour ”

Tendances – Numéro 5 – octobre 2017

Sur la gouvernance des données,une enquête18 du Lab OuiShareet Chronos donne un éclairagenotamment sur les modalités departage des données entre ac-teurs privés et collectivités autourde l’usage de services urbains.Elle fait apparaître des rôles variéspour l’acteur public en fonctiondes services proposés et analyseles conséquences positives etnégatives des modèles de gou-vernance mis en place, dans uncontexte où les partenariats public-privé autour de la donnéese multiplient. Un des enjeux ma-jeurs identifié par cette enquêteest celui de l’impact des nouveauxservices développés sur l’usage

cet écosystème de données con-tribue à l’acculturation à la datadans les entreprises et les ad-ministrations. La libéralisationdes données est sans aucundoute une opportunité à saisir, à de nombreux égards, et uneopportunité pour la transparencedans le respect des données àcaractère personnel. Ainsi, lesdonnées essentielles des conven-tions de subventions accordéesà partir d’août 2017 par des or-ganismes publics doivent êtrepubliées en open data19. Lamême obligation s’applique auxmarchés publics à partir d’octobre201820. Il s’agit également d’uneopportunité pour l’entrepreneu -

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25Tendances – Numéro 5 – octobre 2017

Données et gouvernance urbaine

Afpa : élaborer une stratégie patrimoniale en combinant smart data etexpertise immobilièreAyant acquis le statut d’EPIC au 1er janvier 2017, l’Afpa (agence nationale pour la formation profession-nelle des adultes) est devenue propriétaire de 118 des 185 sites qu’elle occupe. De ce fait, 1er opérateurde l’État en termes de patrimoine immobilier (plus de 2 millions de m2), l’agence doit se doter d’unschéma pluri-annuel de stratégie immobilière (SPSI), fondé sur une approche de long terme et assortid’un outil performant de gestion immobilière. Pour refonder cette stratégie immobilière, l’Afpa a choisile dispositif novateur conçu par la SCET pour l’accompagner.S’appuyant sur le socle technologique smart data de Spallian et les compétences en expertise immo-bilière et ingénierie de projet de la SCET, un outil innovant a été conçu, pour collecter et exploiter aisé-ment l’important volume de données patrimoniales des structures concernées, sélectionner rapidementet restituer de façon dynamique, via des tableaux de bord ou des réalisations cartographiques, les in-formations utiles à la prise de décision. Depuis la phase d’identification et de description des bâtimentsjusqu’à la valorisation du patrimoine et la détermination de la stratégie immobilière, la méthodologieainsi élaborée permet de proposer systématiquement les solutions adaptées : reconversion de site, mutualisation et rationalisation des implantations, cession, travaux, gestion locative dynamique...

Aperçu de l’outil développé pour l’Afpa

Privilégiant une approche de long terme, l’analyse intègre les dynamiques des bassins d’emploi, pourmettre en adéquation les besoins de formation avec le maillage des implantations de l’Afpa. Toutesles opportunités de valorisation immobilière ont été étudiées, dans le cadre d’une double stratégie derequalification des sites et de gestion financière d’exploitation.Adaptable, quelles que soient la superficie du parc ou la spécificité des bases de données à intégrer, le dispositif peut s’appliquer à tout type de patrimoine immobilier. Une approche similaire, destinéeaux collectivités et axée sur l’optimisation énergétique des bâtiments, a été mise en œuvre pour leGrand Châtellerault.Valérie TESSIER, consultante Energie, SCET

élaborer, à partir des retours d’expérience, un « socle communde données » publiques à mettreen ligne prioritairement et leursconditions de mise à disposition,en vue d’un passage à grande

échelle. Dans le domaine de l’én-ergie, le club STEP24 a pour ob-jectif d’accompagner les collec-tivités dans la prise en comptedes enjeux énergie, climat et airdans la planification et les straté-

gies territoriales, à partir de lagestion et la valorisation de leursdonnées. Les conditions sontdonc réunies pour une montéeen compétence générale et pro-gressive des collectivités.

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De la modélisation pourl’aide à la décision à la gestion urbainecentraliséeDepuis quelques années, une multitude d’outils numériquesfleurissent en vue d’offrir des ser -vices d’aide à la décision aux collectivités dans différentschamps des politiques publiques(mobilité, énergie, gestion del’eau…) ou de manière intégrée25.Bien que l’offre reste encore flouepour nombre de collectivités peuarmées pour choisir (ou concevoir)l’outil le mieux adapté à leurs besoins, nombre d’usages sontdéjà couverts par un ou plusieursoutils numériques : diagnosticthématique, planification énergé-tique, analyse multicritères descénarios d’aménagement, di-mensionnement d’une infrastruc-ture de transport, participationcitoyenne…

Certains territoires font figure de précurseurs dans l’intégrationdu potentiel offert par ces outils.À Lyon, la SPL Lyon Confluencea noué un partenariat avec leNEDO26 et Toshiba, dans le cadredu démonstrateur « Lyon SmartCommunity », autour d’un outilCMS27. Il permet de collecter etd’analyser les données de con-sommation énergétique trans-mises par les bâtiments connec-tés du quartier et la flotte devéhicules électriques en auto -partage, ainsi que les donnéesde production d’énergie. L’amé-nageur dispose alors d’une visiond’ensemble du système énergé-tique du quartier et peut l’adapterau regard des besoins.

Sur plusieurs secteurs liés à lagestion de l’espace public, incitéespar la loi NOTRe et leurs contratsde délégation ou de prestation –auparavant distincts – arrivantà échéance, les collectivités lan-cent des marchés « consolidés »,incorporant dès la conceptionune composante en données in-telligentes. C’est récemment le

Tendances – Numéro 5 – octobre 2017

Au sein, d’Hikari (« lumière » en japonais) – premier îlot urbain à énergiepositive, les trois bâtiments communiquent entre eux pour répartir aumieux les besoins. Le quartier est partie intégrante de Lyon Confluence,projet urbain mené par la SPL éponyme

cas de la métropole de Dijon, quia initié un marché pour la con-ception, la réalisation, l’exploita-tion et la maintenance d’une ges-tion centralisée de l’espace publicvia des équipements urbains connectés. Les données d’usage,collectées par le biais d’équipe -ments d’éclairage public connec-tés, doivent permettre d’optimiserles coûts et les consommationsd’énergie. Les informations detrafic issues des capteurs posi-tionnés sur des feux tricolorescontribueront à évaluer l’efficacitédes politiques de circulation etorienter la réalisation de nou-veaux aménagements. Le déve -loppement de l’économie numé -rique est également l’un des objectifs annoncés de cette ambitieuse initiative : « des don-nées fiables issues de noséquipements terrains et de nosdélégataires pourront être misesà disposition du monde de l’éco -nomie numé rique déjà présentsur le territoire. Ces données per-mettront le développement denombreux applicatifs utiles auxcitoyens, commerçants, touristes,entreprises »28.

Dans la ville, la donnée smart ré-sulte de l’action des citoyens etdes services publics. C’est aussiun support qui peut concourir àaméliorer le pilotage au quotidien,l’évaluation, la planification del’action publique et inspirer la con-ception de nouveaux services. n

1- Open knowledge international,Global open data index France

2- Loi n° 2015-991 du 7 août 2015portant nouvelle organisationterritoriale de la République

3- Loi n° 2015-992 du 17 août 2015relative à la transitionénergétique pour la croissanceverte

4- Loi n° 2016-1321 du 7 octobre2016 pour une Républiquenumérique

5- Base Sirene des entreprises etde leurs établissements (SIREN,SIRET)

6- Prix au m² en France pour lesmaisons et les appartementsanciens sur le siteimmobilier.notaires.fr

7- Loi n° 78-17 du 6 janvier 1978relative à l’informatique, auxfichiers et aux libertés

8- Commission nationaleInformatique et Liberté

9- Liste consultable en ligne surdata.gouv.fr

10- Règlement (UE) 2016/679 avecun portail dédié (en anglais) sursa mise en œuvre : ce nouveaurèglement s’appliqueautomatiquement dans tousles Etats membres de l’UnionEuropéenne à partir du 25 mai 2018

11- En anglais, data protectionofficer (DPO)

12- Data : la CNIL presse lesentreprises de se préparer auxfutures règles européennes,Derek PERROTTE, Les Echos, 23 mars 2017

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13- Jusqu’à 20 millions d’euros ou,pour une entreprise, 4 % duchiffre d’affaires mondial

14- Les traces numériques sont lesinformations enregistrées parles dispositifs numériques àpartir des activités de leursutilisateurs ou sur leur identité,volontairement ou bien demanière automatique (ex :achats en ligne, moteurs derecherche, titres de transport,téléphones mobiles...)

15- TellMyCity est une solution dedémocratie participative et degestion des demandes entre lescitoyens et la ville

16- Mouvement regroupant lesoutils, les principes et lesméthodes permettant auxindividus de mesurer leursdonnées personnelles, lesanalyser et les partager.

17- IOT : internet of things18- Quelles coopérations public -

privé à l’ère de la data ?, Les dessous de l’innovation n°2,mai 2017, enquête réalisée dans

le cadre de l’explorationDataCités : comment réinventerl’intérêt général des territoires àl’aune du numérique ?

19- Décret n° 2017-779 du 5 mai 2017 relatif à l’accès sousforme électronique auxdonnées essentielles desconventions de subvention

20- Article 107 du décret n° 2016-360 du 25 mars 2016relatif aux marchés publics

21- Open Data : la base Sirene, untrésor de données à explorer,Sylvain ROLLAND, La Tribune,17 novembre 2016

22- Mission créée en 2011 par legouvernement français

23- Association des collectivitésengagées dans l’open data,Opendata France a élaboré un« Guide open data pour lescommunes », composé deplusieurs cahiers dont deuxsont déjà disponibles :Glossaire de la donnée publiqueet Les lois régulant la donnéepublique.

24- Synergies pour la transitionénergétique par laplanification : ce club,réunissant l’ADEME, AMORCE,ATMO France, le Cerema,Energy Cities, FLAME, la FNAU,la FNCAUE, le RARE et le MEEM(SoeS), a notamment publié undocument pédagogique àdestination des collectivités,Les données énergétiquesterritoriales pour laplanification et l’actionénergie-climat

25- Par exemple, sous la forme deplateformes de simulationterritoriale

26- Agence gouvernementalejaponaise de l’énergie

27- Community energymanagement system : systèmede gestion, production etdistribution de l’énergie àl’échelle du quartier

28- Dijon métropole intelligente,www.metropole-dijon.fr

QUAND LES PLATEFORMES NUMÉRIQUESTRANSFORMENTNOS TERRITOIRES

Avec la diffusion massive des technologies numériques, nos vies quotidiennes sont radicalement transformées :85 % des foyers sont connectés à internet, plus de 65 % dela population possède un smartphone, deux tiers desfrançais font des achats en ligne, plus de la moitiépratiquent les réseaux sociaux et 78 % des chômeurscherchent un emploi sur le web. Outre la forte croissance des taux d’équipement et de connection des français, la révolution de cette dernière décennie, c’est la formidablemontée en puissance de nouveaux acteurs économiques : les plateformes numériques quise nomment Google, Facebook, Amazon, Le Bon Coin, Uber, Airbnb, ou Blablacar…

Tendances – Numéro 5 – octobre 2017

Données et gouvernance urbaine

Comment expliquer la montée en puissancedes plateformesnumériques ?

Elles peuvent mettre en re-lation chacun d’entre nousavec des professionnels ou

d’autres particuliers pour échan -

ger des informations, des con-tenus, des biens ou des services.Elles constituent des plateformesd’intermédiation, œuvrant à deséchelles sans précédent et cou-vrant aujourd’hui tous les secteursd’activité : de l’hôtellerie à l’ali-mentation, en passant par lesmédias, le transport, le logement,le financement, la recherche

d’emploi, la vente de produitsd’occasion, la garde d’enfants, oul’enseignement !

Trois mécanismes économiquespermettent d’expliquer un tel succès :• La capacité de ces plateformes

à faire jouer les effets de réseau :la valeur du service qu’elles pro-

Emile HOOGEConsultant en prospective etinnovation territoriale, Nova7

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posent croît avec leur nombred’utilisateurs. Plus une plate-forme a de clients, plus elle peutoffrir un service de meilleurequalité au même prix, et doncattirer davantage de clients.Pour cela, elles collectent unemultitude de données sur lesutilisateurs, ce qui leur permetde personnaliser le service renduet d’alimenter leurs propres algo -rithmes d’apprentissage etaméliorer continuellement leurperformance. En outre, les tech-nologies numériques abaissentles coûts de transaction, ré-duisent les distances et rendentpossible un service à la de-mande, en temps réel. Enfin,elles ont créé des mécanismesde confiance élaborés (proces-sus d’authentification, gestionde la réputation, outils de com-munication…) qui permettent à

pour rendre service, la plate-forme mobilise des ressourcesqui ne lui appartiennent pas etvalorise le travail d’une multi-tude d’entrepreneurs ou de con-tributeurs bénévoles1.

• Le phénomène de concentra-tion : la puissance économiqueacquise rapidement renforce lesmonopoles d’un petit nombrede plateformes dans chaquesecteur d’activité. Dès leurs pre-mières années d’existence, lesplateformes arrivent à lever mas-sivement des fonds, grâce à lapromesse d’une croissance ex-ponentielle2. Ces moyens finan-ciers permettent aux plate-formes dominantes de verrouillerl’accès à leur communauté d’uti -lisateurs, de racheter des con-currents émergents et de s’éten -dre sur de nouveaux marchés

Les plateformestransforment nosservices de proximitéÀ la différence des activités deservices classiques, les plate-formes n’ont pas besoin de dé-ployer un réseau d’agences, demagasins, ou de collaborateurssur un territoire, pour délivrer leursservices. Airbnb, par exemple, estcapable de mettre en relationdes propriétaires et des locatairesdans des villes où l’entreprise nedispose pas d’implantationphysique. En revanche, la plate-forme dispose de données trèsprécises à propos de ses utilisa-teurs : elle dispose ainsi de con-naissances originales sur lespréférences des touristes, les sur-faces des logements, la fréquen-tation d’une ville, les bons planslocaux, et se trouve donc en ca-pacité de proposer des servicesde grande qualité aux visiteursd’une ville.

Quel que soit le secteur d’activitéconcerné (commerce, restaura-tion, logement, conseil, loisirs…),les plateformes les plus perfor-mantes collectent des donnéestoujours plus riches sur les besoinset les pratiques quotidiennes des usagers d’un territoire. Com-binées à leur compétence d’in-termédiation, elles sont enmesure d’améliorer la qualité denombreux services de proximité.Le cas de la mobilité est emblé-matique du potentiel proposépar diverses plateformes : co -voiturage, transport à la de-mande, assistant de mobilité...Certaines villes américaines ontmême fait le choix de signer desaccords avec Lyft ou Google pour gérer l’offre de mobilité lo-cale, plutôt que d’investir elles-mêmes dans de coûteuses infra-structures.

En outre, si ces plateformes per-mettent d’enrichir l’offre de ser -vices aux habitants d’un territoire,elles peuvent aussi constituerune source de revenus complé-

“ La révolution de cette dernière décennie,c'est la formidable montée en puissance

[...] des plateformes numériques ”

Tendances – Numéro 5 – octobre 2017

des individus d’échanger des biens ou des services alors qu’ilsne se connaissent pas et ne serencontreront peut être jamais.

• Leur capacité à générer des ren-dements croissants : plus cesplateformes croissent, plus ellesdeviennent productives et effi-caces. Dans une logique indus-trielle classique, l’expansiond’une entreprise conduit souventà un allongement des circuitslogistiques, à des difficultés demanagement de grandeséquipes, à l’éloignement despréoccupations des clients... Enfaisant de la fonction d’inter-médiation leur cœur de métier,ces entreprises technologiquespeuvent croître sans investir surde coûteux actifs productifs etsans accroître la main d’œuvrequ’elles salarient. Par définition,

qu’elles pourront préempter avecdes moyens techniques et finan -ciers importants, ainsi que leurbase de clients.

Certains considèreront que cesentreprises numériques sont a-territoriales, que leur croissances’affranchit des réalités territori-ales, que leur régulation doit êtregérée à des échelles nationalesou continentales : au final, ellesn’auraient pas de raison d’en-tretenir des relations avec les collectivités locales. Pourtant, sielles prennent une place de plusen plus importante dans la viequotidienne de chacun de nous,on peut légitimement s’interrogersur les impacts concrets qu’ellesont sur l’offre de service aux habi-tants, sur l’écosystème écono -mique local et sur le marché dutravail.

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mentaires qui améliorent leurpouvoir d’achat. Grâce à elles,chacun peut louer ou vendre desbiens3, louer occasionnellementson logement4, vendre ses ser -vices5, ou mutualiser ses frais detransport6.

En revanche, le développementde cette nouvelle offre servicielle

n’est pas sans soulever quelquesquestions. Tous les habitants d’unterritoire ont-ils un accès équi -table à ces plateformes, qu’ils’agisse d’y proposer des servicesou de les utiliser ? La logique très libérale de ces « places demarché » risque de renforcer lesinégalités liées aux revenus, aux

compétences techniques et so-ciales. D’autre part, l’utilisationcommerciale de données concer-nant la vie quotidienne des habi-tants d’un territoire n’a-t-elle pasdes conséquences gênantes surla protection de la vie privée ?Enfin, est-t-il politiquement ac-ceptable de substituer les services

Tendances – Numéro 5 – octobre 2017

Données et gouvernance urbaine

Pratiquer le « crowdbuilding » avec de futurs acquéreurs via uneplateforme en ligneEn 2017, OPPIDEA, SEM de l’agglomération toulousaine, contribue à la réalisation de 2300 logementssoit 25 % de la production du territoire. Pour la part affectée au logement dit « libre » (environ 60 % duvolume global), la SEM a pour objectif d’atteindre a minima 50 % des logements libres commercialisés àdes propriétaires occupants. Pour y parvenir, elle doit développer une offre à prix maîtrisés.Afin de développer l’accession à prix maîtrisés, la société a signé en juillet 2017 une convention avec HABX(start-up et plateforme digitale collaborative) afin de proposer aux acquéreurs de ses logements uneplateforme digitale qui les connecte aux futures opérations immobilières localisées dans les projets urbains qu’elle réalise. Grâce à la technologie digitale, HABX donne accès à la personnalisation de logements neufs en permettant aux habitants de trouver un lieu de vie et de customiser un logement quicorrespondent à leurs attentes. Cette production collaborative s’appelle aujourd’hui communément lecrowdbuilding.Ce dispositif présente plusieurs avantages :• Le futur acquéreur accède de façon transparente à une offre de logements qu’il peut sélectionner au regard de ses critères de vie et affinités urbaines (mobilité, emploi, éducation…) ;• Il peut concevoir son logement en choisissant des espaces adaptés à son mode de vie et ses besoinspropres (chambres, cuisine, salon, salle de bain, loggia, terrasse...) ;• Les futurs acquéreurs peuvent aussi émettre leur choix concernant les services et les espaces partagéspour augmenter la qualité d’usage d’une résidence conviviale.La définition du projet par les futurs habitants permet de réduire les frais de distribution, de maîtriser lerisque commercial et financier, et donc de diminuer le prix de vente.

Oppidea et HABX ont conclu un proto-cole en vue de déployer cet outil sur les programmes neufs réalisés dans les quartiers aménagés par la SEM. À ceteffet, HABX procédera au référencementdes quartiers et opérations concernés.L’ensemble des promoteurs immobiliersattributaires de programmes neufsseront invités à mettre leur programmeen ligne sur la plateforme HABX. Un suivirégulier et partagé des indicateursglobaux des réservations et des ventesréalisées permettra de mieux qualifier lademande et les besoins des clients finauxet permettra le cas échéant d’ajuster laprogrammation des futures opérations.Un bilan du dispositif doit être établiaprès un an d’utilisation.

Du plan masse au logement via uneplateforme numérique…

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d’une plateformes à ceux d’unservice public, quelle que soit laqualité intrinsèque des prestationsoffertes aux citoyens ? Dans lechamp de la mobilité, par exem-ple, les offres proposées par Uber,Google, Blablacar ou Citymappersont-elles bien cohérentes avecune politique publique de déplace-ment ? Pour une collectivité, l’or-ganisation de l’offre de servicessur son territoire constitue un enjeu de souveraineté au servicede l’équité sociale. Certaines col-lectivités ayant pris la compé-tence d’ « autorité organisatrice »dans le champ de la mobilité, onpourrait imaginer qu’elles aientce même rôle dans d’autres do-maines clés de la vie quotidienne.

Les plateformestransforment notreéconomie localeÀ l’échelle d’un territoire, le sys-tème économique des plate-formes constitue une formidableopportunité pour la croissanced’entreprises locales. Pour desentreprises du numérique, lesmarchés des applications ou del’internet des objets, adossés àces plateformes, présentent unpotentiel important en termesde chiffre d’affaire et d’emploi.Quelques belles plateformesfrançaises ont aussi vu le jour7.Et puis, pour toutes les entreprisesde production, les enseignes com-merciales traditionnelles, ainsique les petits entrepreneurs, lesplateformes numériques cons -tituent une porte d’entrée versde nouveaux marchés et de nou-veaux canaux de distribution :gestion de la relation client, géo -localisation des points de ventephysiques, boutiques en ligne,systèmes de paiement sécurisé,communication cross-canal... Les services fulfilment8 d’Amazonpermettent même aux vendeursde confier à la plateforme lestockage, l’enlèvement, l’embal-lage et l’expédition de leurs pro-duits à travers toute l’Europe.

Pourtant, derrière cette dyna -mique vertueuse, le modèle dela plateforme représente aussides menaces pour l’économied’un territoire. D’abord, parce qu’ilfavorise une nouvelle forme deconcurrence entre des particuliers« amateurs » et des profession-nels établis qui offrent des ser -vices de nature proche. Ainsi, surAirbnb, des individus peuventconcurrencer des chaînes hôte -lières, sans être soumis auxmêmes obligations réglemen-taires ou fiscales. Sur des plate-formes de jobbing, chacun peutproposer ses services et se sub-stituer dans certains cas auxprestations d’artisans installésou même à des services ! Ensuite,en déstabilisant un certain nom-bre de secteurs classiques de l’é-conomie, ces nouveaux acteursrognent les parts de marché desentreprises locales en jouant surleur position dominante d’inter-médiaire et d’accès au consom-mateur final. Booking impose sesconditions aux hôteliers, Googlefavorise ses propres services dansles résultats de son moteur derecherche, la musique est dis-tribuée par le biais de quelquesintermédiaires incontournables(Apple, Youtube, Spotify,…) etmême une grande marquecomme Nike vient de capituleren acceptant de voir ses chaus-sures distribuées par la plate-forme d’Amazon.

Comment une collectivité pour-rait-elle bien accompagner sesentreprises locales dans la tran-sition vers une économie numé -rique en ancrant une partie con-séquente de la valeur créée dansle territoire local où les servicessont utilisés ? La politique éco -nomique d’une collectivité doit

certainement être réinterrogéeà l’ère d’une économie de plate-formes.

Les plateformestransforment notremarché du travailEn offrant la possibilité à(presque) tout le monde d’êtreentrepreneur, offreur de servicesou vendeur de biens directementpour d’autres particuliers, lesplateformes révolutionnent lemonde du travail et démocra-tisent l’accès au travail indépen-dant. En même temps, sur le classique marché de l’emploi, denouveaux intermédiaires appa-raissent et fluidifient la mise en relation de l’offre et de la de-mande de travail. De nouvellesopportunités sont rendues visi-bles à ceux qui cherchent un emploi et l’on peut noter queLeboncoin est le deuxième sitede diffusion d’offres d’emploiaprès celui de Pôle Emploi ! Ducôté des entreprises, grâce auxjob boards9 et à leurs algorithmesde « matching », elles peuventmener des démarches proactivesplus efficace afin de trouver lescandidats qu’il leur faut.

Même pour des personnes quipeinent à trouver un emploipérenne, les plateformes de tra-vail à la demande constituentune alternative salvatrice. Ainsi,l’activité de VTC est devenue lepremier secteur de création d’en-treprises dans plusieurs zones dé-favorisées d’Ile-de-France.

En revanche, le corolaire des me -naces économiques mentionnéesprécédemment est un risque dedestruction d’emplois provoquépar l’avènement des plateformes.

“ A l'échelle d'un territoire, [...] les plateformesconstitue[nt] une formidable opportunitépour la croissance d'entreprises locales ”

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Personne aujourd’hui n’est enmesure d’évaluer l’impact net en termes d’emploi de l’activitéd’Uber ou d’autres plateformessur le territoire français. Et mêmesi l’on considère que l’emploisalarié classique n’est pas le bonindicateur, car il serait irrémédia-blement amené à décroître auprofit d’autres formes d’activité,la qualité des conditions de travailpourrait se dégrader dans cettedynamique de « plateformisa-tion ». En faisant la part belle au statut d’entrepreneur (ou demicro-entrepreneur), ce modèlen’a pas encore inventé les formesde protection sociale adaptées :les normes de rémunération, d’as-surance contre les risques sociaux,de durée de travail… sont encoreliées au statut de travailleursalarié. À l’échelle d’un territoire,il pourrait être intéressant d’ima -giner des solutions pour garantircertaines formes de protection(au moins pour le logement etl’accès aux soins) à ces nouveauxtravailleurs de l’économie desplateformes.

Trois leviers pour agirdans un monde« plateformisé »Du point de vue d’une collectivitépublique, les enjeux sont multipleset la gestion des relations avecles grandes plateformes numé -riques qui investissent son terri-toire est complexe. Elle peut néan-moins s’appuyer sur trois leviers

types pour aborder des négo -ciations ou d’éventuels parte -nariats :• La relation directe avec l’habi-

tant usager. Il s’agit là d’un despoints forts des plateformes quiont su tisser une relation deconfiance avec leurs utilisateurs,fondée sur une connaissancedétaillée et sur une grande qua -lité de service. Sur ce point, lacollectivité dispose aussi d’unecarte à jouer grâce à la relationde proximité qu’elle peut instau-rer avec les habitants, à traversdes rencontres humaines, enpartageant une culture et uneidentité locale, en s’appuyantsur un engagement citoyen, etc.Ainsi, la collectivité qui sait créerce type de lien avec les habi-tants peut y adosser sa légiti -mité en cas de conflits, ou bâtirdes partenariats mutuellementbénéfiques avec une plateformeautour d’un objectif communde qualité de vie.

• La maîtrise des données ur-baines constitue un levier majeurpour gérer ses relations avecdes entreprises qui font de ladonnée leur carburant quotidien.Les partages de données con-stituent souvent une base dedépart intéressante pour créerdes partenariats entre collec-tivité et plateforme. Et la col-lectivité dispose d’un accès àcertaines données qui peuventêtre stratégiques.

• Le déploiement d’infrastructuresphysiques (réseaux et capteurs)

sur le territoire est un autre pointimportant que la collectivitépeut chercher à contrôler dèslors qu’il s’agit d’autoriser leurimplantation et assurer leurmaintenance de proximité.Leviers de partenariat ou derégulation, ces infrastructuressont clairement un nouveau sujet de préoccupation pour lesgrandes plateformes qui souhai -tent renforcer leur inscriptiondans le tissu local. n

Pour en savoir plus : Emile HOOGE et Boris CHABANEL, Plateformesnumériques et territoires : quelsenjeux pour la collectivité ?,Direction de la Prospective etdu Dialogue Public de laMétropole de Lyon, 2016

1- Certains nomment digital laborce travail gratuit

2- 3 milliards de dollars pourAmazon entre 1997 et 2003, 9milliards pour Uber après 7années d’activité et, malgré lespertes, 333 millions pourBlablacar en 4 ans

3- Leboncoin, Ebay, Amazon, Etsy,Zilok…

4- Airbnb5- Jemepropose, TaskRabbit…6- Blablacar7- Blablacar ou Mylittlemarket par

exemple8- Un service « complet » en

quelque sorte9- Site internet de recrutement

présentant une liste d’offresd’emploi mise à jour en tempsquasi-réel

Tendances – Numéro 5 – octobre 2017

Données et gouvernance urbaine

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L’étude que vous avezréalisée porte surl’analyse des nouveauxmodèles économiquesurbains. Pourriez-vousrevenir sur sa genèse ?

Le point de départ de l’étudeétait un questionnementsur le fait de savoir si la ville

pourrait continuer à être « gra-tuite ». Cette question avait faitl’objet d’une première réflexionsous la forme d’un article d’Isabelle BARAUD-SERFATYdans la revue Futuribles1, qui constatait l’impasse du finance-ment actuel de la production ur-baine, et, en même temps, le saisissement de la ville par unerévolution numérique qui bous-cule les modèles de gratuité. Maisil s’agissait de pouvoir aller plusloin, d’où le choix d’ibicity de s’as-socier à l’expertise d’Espelia surla gestion des services publicslocaux, avec Clément FOURCHY,et à un point de vue de politiques

publiques, via Nicolas RIO. Nousavons donc défini tous les troisle cahier des charges de l’étude,avec l’idée de rechercher dessouscripteurs sur cette base. Trèsvite, l’ADEME et l’AMF ont décidéde la financer, rejoints ensuitepar le PUCA.

Quelle est laproblématique del’étude ?L’origine de notre réflexion surles nouveaux modèles écono -miques urbains repose sur deuxconstats :• D’un côté, on assiste à un es-

soufflement du financement traditionnel de la production ur-baine. Crise des finances publi -ques locales, hausse du coûtd’investissement et/ou de fonc-tionnement des services urbains,contestation de la fiscalité lo-cale, épuisement du recours àl’endettement... : nombreux sontles facteurs qui viennent désta-

biliser un financement de la villehistoriquement supporté parl’impôt.

• De l’autre, la ville est progres-sivement saisie par le numérique,cette évolution étant à la foissubie (« ubérisation ») et voulue(smart city). Les tendances ob-servées dans l’économie numé -rique tendent à se diffuser pro-gressivement aux secteurs desservices urbains. La révolutionnumérique ne se cantonne pasà l’économie immatérielle : elleagit aussi comme un puissantfacteur de transformation del’espace et des services urbains.Ce changement s’accompagned’une complexification et d’unediversification des modèles d’af-faire des opérateurs économi -ques. Par exemple, ce qui étaitpayant devient gratuit, et cequi était gratuit devient payant.

Le croisement de ces deux con-stats distincts invite à repenserla question du financement dela ville et des services urbains.

UN NOUVEAU MODÈLEDE

FINANCEMENTPOUR LA VILLE ?

Le développement du numérique permet l’émergence de modèles économiques innovants,au moment même où le modèle de financement traditionnel de la ville s’essouffle.Renouveler ce modèle nécessite, de la part des collectivités, mais aussi des opérateurs, une réflexion sur la frontière entre service public et services urbains.

Tendances – Numéro 5 – octobre 2017

ENTRETIEN AVEC

Isabelle BARAUD-SERFATYConsultante en économie urbaine, ibicity

Clément FOURCHYDirecteur général adjoint, Espelia

Nicolas RIOConsultant-chercheur en stratégies

territoriales, Partie Prenante

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C’est tout l’objet de cetterecherche, autour de la notionde « modèle économique ur-bain ». Apparue dans les sciencesde gestion, cette approche per-met de prendre du recul sur ledébat budgétaire, en l’intégrantdans un questionnement pluslarge sur l’offre de service urbainet l’évolution des acteurs qui ycontribuent. Elle vient mettre enlumière la diversité des sourcesde financement possibles. Elleconduit aussi à reformuler la prob-lématique, en passant de la ques-tion du « comment ? » — lesmodalités de financement et degestion des services urbains —aux questions du « qui ? » et du« quoi ? » — quels payeurs pourquelles propositions de valeur ?Le financement de la ville ne seréduit pas à une question tech-nique, budgétaire et juridique. Ils’agit d’une question politiquedont les implications sont à lafois sociales, économiques et environnementales.

Une originalité de l’étudeest qu’elle embrassesimultanément plusieurssecteurs : mobilité, eau,déchets, immobilier etespaces publics.Pourquoi ce choix ? Etpourquoi l’aménagementn’y figure-t-il pas ?Il nous paraissait effectivementindispensable d’avoir une ap-proche suffisamment large.D’abord, parce que la fabriqueet la gestion urbaine ont juste-ment comme spécificité de nepas se limiter à un seul secteur.Mais surtout, parce qu’on assisteaujourd’hui à une hybridation entre secteurs, qui se traduit parune recomposition du périmètred’intervention des différents ac-teurs et oblige souvent à une re-configuration des systèmes tech-niques. Cette approche permetaussi des comparaisons : et si lesecteur de la mobilité, qui paraît

le plus en avance sur un certainnombre de transformations, pré-figurait les changements à venirdans d’autres secteurs, commel’immobilier ?

S’agissant de l’aménagement,nous nous sommes posés la ques-tion de savoir si nous l’étudionscomme un secteur à part entièreou pas. Mais il s’agit d’une activitéombrelle qui, outre la dimensionimmobilière (via la production desurfaces à bâtir), inclut notam-ment le raccordement auxréseaux. Or, la configuration desréseaux est pleinement interrogéepar les évolutions en cours. Ilnous est donc apparu préférablede bien dissocier les secteurs debase (l’immobilier, l’eau, l’énergie...)et d’y ajouter un secteur qui, pourle moment, est encore rarementconsidéré en tant que tel : celuides espaces publics.

se voir proposer des offres surmesure.

• L’accentuation du découplageentre usage et propriété.

• La bipolarisation entre local etglobal, l’instrumentalisation destemps.

• La double tendance monétisa-tion/démonétisation.

Parallèlement, nous avons cher-ché à nous doter d’outils pourcomprendre les transformationsdes secteurs. Pour analyser l’évo-lution des acteurs historiques etdes nouveaux entrants, nousavons importé la « matrice demodèle économique »2, qui per-met notamment d’insister sur lefait que dépenses et recettessont d’abord fonction de la pro -position de valeur. Pour compren-dre les recompositions secto-rielles, nous avons utilisé l’outil« chaîne de valeur » qui permet

“ Le financement de la ville [...] est unequestion politique [avec] des implicationsà la fois sociales, économiques etenvironnementales ”

Tendances – Numéro 5 – octobre 2017

Données et gouvernance urbaine

Quelle a été votreméthodologie ?Nous avons croisé deux ap-proches. D’abord, nous avonscherché à bien comprendre lesmutations provoquées par la révo-lution numérique. Nous avonsainsi identifié sept axes de trans-formation, que nous avons en-suite systématiquement utiliséspour analyser l’évolution dessecteurs : • L’hybridation sectorielle, déjà

évoquée.• L’émergence de la multitude :

l’habitant-usager-consomma-teur devient producteur.

• L’individualisation de l’individu,de plus en plus saisi dans sesspécificités propres et pouvant

d’insister sur les dynamiques encours, en décortiquant les tâchesqui permettent la production dela valeur, et en montrant les ac-teurs, notamment les nouveauxentrants, qui les réalisent. Enfin,nous avons bâti une « grille despéréquations » qui permet dedonner à voir le poids respectifdes différents payeurs finaux dela ville : l’usager, le contribuableet l’acquéreur de programmesneufs. La tâche est ardue, maisl’ambition est d’aider à décrypterl’ensemble des péréquations, visibles et invisibles, dans la ville.Derrière cet effort pour révélerles péréquations invisibles, c’est bien la question des impli-cations sociales et économiquesde ces changements qu’il s’agitd’interroger.

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Quels résultats votreanalyse produit-elle ?Le premier résultat est le constatd’un basculement : celui de laville des infrastructures à la villedes usages. Historiquement,depuis le XIXe siècle, ce qui étaitclef pour fournir les services ur-bains, c’étaient les infrastructuresd’eau, d’énergie, de transport. Désormais, ce qui devient clef,c’est la capacité à embarquer lesusagers. De manière générale,on assiste ainsi à un glissementserviciel des services urbains. Lemeilleur exemple est certaine-ment celui de la mobilité. Déjàle passage du transport à la mo-bilité traduisait l’idée de se centrersur la demande plutôt que surl’offre. Mais surtout, l’exemple deMaaS3, à Helsinki, traduit l’idéed’assembler toutes les formes demobilité (y compris via l’activationde la multitude à un instant t) etde les proposer sous formed’abonnement. La mobilité estdonc l’exemple le plus évident,mais si on regarde attentivement,on s’aperçoit que ces transfor-mations concernent l’ensembledes secteurs, avec une finalitédes services publics qui évolue.On passe ainsi de la distributiond’énergie à la performance éner -gétique, et du traitement desdéchets à l’économie circulaire.L’immobilier commence lui aussià connaître cette évolution : ils’agirait désormais moins de

produire des mètres carrés qued’activer des usages.

Un deuxième résultat est que la maîtrise de l’aval permetd’améliorer l’efficience des ser -vices urbains, ce qui conduit lesplateformes à émerger commeun nouvel acteur clé de la ville.Ces opérateurs de services se positionnent en aval, pour êtreen lien direct avec les usagers etleur proposer du sur-mesure. Cesnouveaux acteurs cherchent deplus en plus à maîtriser l’ensemblede la chaîne de valeur, enagrégeant autour d’eux tous lesopérateurs dans une offre unique.

ganiser l’ensemble des servicesaux usagers.

Un troisième résultat est de mettre en lumière le défi du fi-nancement de l’infrastructure traditionnelle. Car l’infrastructuretraditionnelle, bien que concur-rencée par de nouvelles infrastruc-tures, reste nécessaire : pas decovoiturage sans voirie, pas desmart grid sans réseau. Mais, alorsque, traditionnellement, le finance-ment de l’infrastructure de baseétait assuré par son exploitation,ce n’est désormais plus le cas :contrairement à l’opérateur d’untramway qui participe au finance-

“ On constate un basculement de la ville des infrastructures à la ville des usages ”

Tendances – Numéro 5 – octobre 2017

Du transport à la mobilité

Or, il nous semble au contrairequ’il faut préserver la pluralitédes offres et éviter que cet éco -système ne soit dominé par unopérateur unique. C’est le rôledes collectivités locales d’éviterque de grandes plateformes pren-nent le contrôle. La ville doitredéfinir son rôle d’agrégateurd’intérêt général, seule ou collec-tivement. Son atout est sa ca-pacité à inspirer confiance àl’usager, à proposer une offreplurisectorielle. L’émergence desmétropoles va lui permettre d’or-

ment de la ligne, l’opérateur decovoiturage ne finance pas lavoirie. La rémunération du ges-tionnaire du réseau électrique estaujourd’hui fonction du volumed’électricité transportée alorsmême que celui-ci devrait baisseravec le développement de l’auto -consommation d’énergie. Un cercle vicieux risque alors des’amorcer si la collectivité met àdisposition les infrastructures debase, gratuitement ou à bas prix,à ceux qui les utilisent... pour pro-poser des offres concurrentes.

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L’étude est-elleterminée ?La première saison de l’études’est effectivement terminée endébut d’année, avec la synthèsepublique que vous avez citée.Mais le questionnement est loind’être épuisé et nous entamonsdésormais la deuxième saison.Un premier volet est financé parl’ADEME, avec le soutien de laCaisse des Dépôts, et porterasur la poursuite du travail engagéautour de trois sujets liés :• Comment la collectivité peut-

elle conserver son rôle d’autoritéorganisatrice d’intérêt général ?

• Comment peut-elle tirer profitde ses ressources que sont lesdonnées et les espaces publics ?

• Comment doit-elle adapter satarification aux nouveaux enjeuxque nous venons de décrire ?

Un deuxième volet est financépar l’Institut de la Ville Durableet vise à poursuivre l’analyse des

évolutions en cours, à traverstrois zooms sectoriels : le métierdu distributeur énergétique audéfi de la performance énergé-tique, le métier des opérateursde collecte et traitement desdéchets au défi de l’économiecirculaire, le métier des opérateursimmobiliers au défi de l’activationdes usages. Nous poursuivonspar ailleurs la veille et la mise endébat de nos travaux à traversdes publications et un site inter-net dédié (voir ci-dessous). Enfin,de plus en plus d’opérateurs noussollicitent pour échanger aveceux sur le repositionnementstratégique qui doit être le leur,face à ces évolutions, et noussouhaitons multiplier les étudesde cas territoriaux. n

Pour en savoir plus :Isabelle BARAUD-SERFATY,Clément FOURCHY et NicolasRIO sont co-auteurs de l’étude« Qui paiera la ville (de)demain ? Etude sur les

nouveaux modèleséconomiques urbains », publiéeen janvier 2017 et disponible surle site « Modèles économiquesurbains » qui propose une veilleet une mise débat des travauxdes auteurs. Cette étude a étéfinancée par l’ADEME et l’AMF(association des maires deFrance), avec le soutien duPUCA (Plan urbanismeconstruction architecture).

1- Isabelle BARAUD-SERFATY, La ville restera-t-elle gratuite ?,Futuribles n°406, mai-juin 2015

2- Alexander OSTERWALDER etYves PIGNEUR, Business modelnouvelle génération, Pearson,2011

3- Mobility as a service : service demobilité (« mobilité à lademande »), en expérimentationà Helsinki, qui oriente les usagersdans le choix et l’organisation deleurs déplacements urbains,inter-urbains, nationaux voireinternationaux

NOUS SOMMES LES VILLES INTELLIGENTESL’installation progressive du numérique dans la viequotidienne a peu à peu changé notre façon de vivre,d’interagir, de nous déplacer ou de consommer. Si les citoyens communiquent sans cesse entre eux, avecles marques, avec les villes… ils ne comptent pas resterspectateurs de l’évolution des politiques publiques etexigent davantage de démocratie participative : le citoyen reprend sa place au cœur de la cité et prend en main la chose publique en demandant plus d’écoute. La ville intelligentea un effet révélateur ou accélérateur : davantage orientée citoyen, elle lui offre une tribuneinédite et révèle un besoin d’empowerment et d’appropriation du fait urbain.

Tendances – Numéro 5 – octobre 2017

Données et gouvernance urbaine

Le constat est sans appel :les villes intelligentes dontl’approche est « techno-

centrée » n’ont pas fait sensation(Tianjin, en Chine, Songdo enCorée…). La construction de laville de demain impose de re -penser une gouvernance à 360°

de l’ensemble des composantesdu fait urbain. Elle fait de l’ex-périence pratique du citoyen1 unvecteur central pour se réinventer,au gré des tendances urbaines.Elle doit être plus facile, plus agileet chaque citoyen doit pouvoirs’y projeter de façon individuelle

ou collective : un challenge queles bornes de stationnement oude consommation d’énergie nesauront satisfaire à elles seules.La ville intelligente rompt avecla vision « classique » et françaisede l’intérêt général qui dépassechaque individu, l’émanation de

Kévin GUERELChef de projets, Aire Publique

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la volonté de la collectivité descitoyens. Elle propose une visionlibérale de la « ville nouvelle »,composée par la somme des in-térêts particuliers : une perspec-tive pas si délétère, dans l’hy-pothèse où chacun serait acteurdu changement. Ville pour tousou ville par tous : le débat estainsi posé.

Revolution will not betelevised : it will betweeted

À la recherche de monintérêt généralLa collecte de data s’installe dansl’approche « usages » et « fonc-tions » de la ville : mobilités, habi-tat, performance environnemen-tale et énergétique, consomma-tion… Les GAFA2 et autres IBMne s’y trompent pas : « mesurer »la ville dans tous les sens, ça adu sens ! Le pacte ? Rendre laville plus facile à mesure que lacourse à l’équipement numériqueprend de l’ampleur. Avec l’opendata, la ville évolue selon lasomme de l’expression des in-térêts particuliers. Cette visionlibérale de la ville fait écho à l’ap-proche d’Adam SMITH, selonlaquelle le moteur essentiel detoute action individuelle résidedans la volonté d’améliorer son

sort et donc que la recherche deson propre bénéfice agit à soninsu pour le bien de l’ensemblede la société. Au contraire, laconception classique, françaiseet républicaine théorisée parROUSSEAU dans le contrat so-cial3 – prédominante depuis laRévolution française, présente la manifestation des intérêts par-ticuliers comme nuisibles à l’in-térêt général. Celui-ci, dépassantchaque individu, est l’émanationde la volonté de la collectivitédes citoyens en tant que telle.

Le « positivisme » l’emporte : leprincipe d’unité et l’idéal égalitaires’amenuisent au profit d’une vi-sion individualiste. L’une des prin-cipales différences réside en lapuissance des lobbies et doncde la différence de moyens d’ac-tions dont ils disposent. Sansgarde-fous, la ville intelligentepourrait rapidement devenirspéculative voir discriminante.

Le web ubiquitaire : unmonde horizontalL’ère du web ubiquitaire4 a pro-fondément changé les modesd’interaction entre les individusen les habituant à une organisa-

tion plus systémique, agile ethori zontale. Les révolutions duprintemps arabe l’ont démontré :les réseaux sociaux, et plus large-ment Internet, sont des mediasefficaces et puissants, sans filtreset à portée illimitée. Le numériquea ouvert des portes et désinhibéla prise de parole. Pour le meilleur,comme pour le pire : les citoyensont un avis sur tout et comptentbien l’exprimer : à leurs voisins,aux marques comme aux élus.

InteractivitésChaque citoyen peut, par l’inter-médiaire de son smartphone,récupérer ou transmettre des don-nées actives ou passives (datas),émettre un avis, co-élaborer enproposant des projets concretspour la rénovation de son quartier,co-décider en votant en ligne…Plus que jamais, il se trouve aucœur de la démocratie, de la cité, de la ville et de son quartier.Le citoyen est, malgré lui, émet-teur de données, commentateurde ses usages ou acteur de laco-construction de sa ville.

Le web ubiquitaire ouvre lesportes à l’intelligence collective,source de solutions collaborativesinnovantes inspirées par l’exper-tise de terrain et les besoins objectifs des citoyens – crowd -sourcing – ou encore source definancement participatif – crowd-funding. Il permet de prendre lerelais de collectivités disposantde moyens de plus en plus limités.Ces nouvelles pratiques question-nent la notion de gouvernance.Elles exigent une ouverture, une transversalité mais aussi uneinter opérabilité nouvelle. Les res -ponsabilités électives deviennentcelles des CEO de start-up opensource…

“ La ville intelligente devra nécessairementêtre ludique pour être plus attractive ”

Tendances – Numéro 5 – octobre 2017

4e agglomération de Chine (plus de 15 millions d’hab.), Tianjin s’est lancéeen 2007 dans la réalisation d’un « écoquartier » de 350 000 habitants àl’horizon 2020 : axée sur les énergies vertes dans un pays battant tous les records de pollution industrielle, cette extension urbaine « techno-centrée » peine à convaincre, le quartier accueillant à peine 10 % de la population attendue

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Et moi dans tout ça ?

De la ville facile…La data city est l’expression dela ville « pour tous ». Elle faciliteles usages, les rend plus accessi-bles, plus agiles et développe lesfonctions. Elle améliore les fluxautomobiles et optimise l’utilisa-tion des parkings en partageantchaque place5. La ville intelligentepropose des applications pourmieux gérer et moins gaspilleren installant, par exemple, destablettes dans chaque apparte-ment pour maîtriser la consom-mation d’énergie : la MDE6 garan-tit au citoyen une réduction dela quantité d’énergie consommée,une diminution du gaspillage énergétique et des émissions degaz à effet de serre… Une telleintervention, possiblement fi-nancée en participation locative(le locataire participe au finan -

cement des travaux), est un gain effectif de consommationet d’émission de CO2 dont lesimpacts sur les factures sont concrets.

L’ensemble des données permet -tent d’optimiser la constructionde la ville intelligente : la métho -dologie BIM7 propose une ap-proche complète de la planifica-tion, la construction et la gestiondes bâtiments. La méthode prendforme à travers la création d’unmodèle 3D intelligent permettantde mesurer les impacts del’ensemble des critères intégrésau projet et donc de concevoir,visualiser et collaborer plus facile-ment tout au long de son cyclede vie.

La ville intelligente, toujours plusfacile, ne doit pas s’enfermer surses usages et ses fonctions. Iln’est pas donné à tous d’avoirune vision complète de la com-

plexité des villes. Pour avoir unretour constructif, des outils pédagogiques sont nécessaires,à mesure que les solutions digi-tales s’inventent et se multiplient.Trop de sollicitations tuent la sollicitation ! Le citoyen est cons -tamment appelé à s’exprimerpour des services, sur les réseauxsociaux, pour la concertationpublique règlementaire… C’estainsi que la ville intelligente devranécessairement être ludique pourêtre plus attractive. Le seriousgame8 et les visites virtuelles permettent, par exemple, uneprojection à l’appui des technolo-gies d’immersion développéesdans l’industrie du jeu vidéo pourbooster la participation citoyenneet pour la cadrer de façon effi-cace. Avec « Imaginez votreParc » réalisé par Digiworks pourla métropole Rouen-Normandie,le format « jeu vidéo en ligne »permet aux habitants de co-

Tendances – Numéro 5 – octobre 2017

Données et gouvernance urbaine

Crowdsourcing urbain et civic techÀ l’heure ou l’évolution numérique va plus vite que les évolu-tions sociétales, de nouvelles pratiques apparaissent dans lescollectivités notamment autour des civic techs et du crowd-sourcing urbain : des termes regroupant une multitude detechnologies, allant de la plateforme de votes en ligne à l’outilinnovant de participation citoyenne. À chaque fois, il s’agitde recentrer les décisions publiques en intégrant les sugges-tions des citoyens. TellMyCity développé par Spallian proposeaux collectivités de renouer ce lien de proximité avec les administrés.

À travers une application simple et ludique, le citoyen peut transmettre une information sous forme designalements concernant un élément de la vie locale : dégradation de la voirie, suggestion d’un aménage-ment, félicitation à propos d’un évènement culturel… Le citoyen devient ainsi acteur et co-participe auxactions de sa collectivité. Une fois envoyé, le signalement se retrouve embarqué dans une procédure degestion par les services publics, qui notifient en interne et au citoyen son statut en termes de traitement.Ce moyen cross canal permet de ne pas oublier les canaux classiques (courrier, appel, mail…) qui sontégalement intégrés. Chaque étape et information sont ensuite connectées à un tableau de bord perme-ttant aux différents décideurs d’avoir une vue d’ensemble des activités, ce qui permet d’optimiser les actions à mettre en place. Cette solution collaborative permet de faire évoluer la gestion des relationsaux usagers tout en gardant l’approche d’un contact humain.

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construire un espace public idéalsur des périmètres contraints.Ludique et impliquant, le logiciela permis de mieux identifier lespriorités du public et des partiesprenantes. L’ensemble des réali-sations citoyennes font ensuitel’objet d’une exploitation statis-tique qui nourrit le travail deséquipes en charge du projet.Autre outil d’aide à la décision,Unlimited Cities permet d’utiliserla réalité augmentée sur un sitevia une application iPad ouiPhone : en ajustant le degré dedensité, de nature, de mobilitéou de vie de quartier et en cons -tatant immédiatement l’impactfinancier et paysager par le biaisd’une image, il amène à copro-duire le projet idéal.

… à la ville partagéePour une analyse complète, laville intelligente ne peut pas sesuffire des données. Le prisme« sensible » des citoyens estnécessaire. L’avis de celles et ceuxqui habitent la ville, l’expertisepratique du quotidien permettentde mettre les données en pers -pective et d’affiner le projet deville souhaité.

Les plateformes collaborativessont désormais un outil privilégiépour exprimer les envies et lesprojets citoyens. À Paris, les habi-tants peuvent, par exemple,porter à connaissance de la villeleurs projets, soit sous forme libre,soit dans un cadre préétabli9 : la municipalité crée ainsi de laproximité avec les parisiens etengage une réappropriation del’espace public.

Les plateformes collaborativessont particulièrement efficacespour concerter une grande popu -lation, dans un laps de tempsdonné, pendant toute la duréed’un projet. À une autre échelle,dans le cadre des études d’ur-banisme10, les sites Internet participatifs et leurs modules de cartes ou murs d’idées colla -boratifs sont particulièrement

efficaces pour recueillir l’avis d’une population pouvant parfoisatteindre plusieurs dizaines decommunes.

Les pratiques bottom-up pren-nent le pas et la ville s’ouvre surle monde. L’intelligence collectivesort du cadre des plateformesInternet pour s’articuler dans lecadre d’événements tels qu’unhackathon11 d’urbanisme.

D’abord conçue comme une concentration de technologiesavancées au service du déve -loppement urbain, la ville intelli-gente est désormais envisagéecomme une somme d’outils pours’exprimer. Ceux-ci représententune fabuleuse opportunité decréer davantage de proximité,permettant à la ville de se trans-former à l’image de ses résidents.La mobilisation de tels outils n’endemeure pas moins sensible : l’animation d’une communautéexige une approche stratégiqueminutieuse, mais aussi une veilletechnologique de tous les ins -tants, face à l’opportunité ou lamenace que revêt la transparencede ces outils. n

1- Grâce notamment au partaged’information que permetinternet. Voir, à ce propos,

l’exemple du tourisme : IsabelleFROCHOT, L’expériencetouristique, le nouvel atout desterritoires, Tendances n°4,décembre 2016

2- Google, Apple, Facebook,Amazon

3- Du contrat social ou principesdu droit politique, ouvragepublié par Jean-JacquesROUSSEAU en 1762

4- Localisation des personnes etpersonnalisation des contenus

5- Par exemple ZenPark ouMobypark

6- Maîtrise de la demande enénergie

7- Building information modeling8- Ou réalité augmentée. Voir son

apport en matière de tourismedans Valère ROUSSEAU, La créativité au service durenouvellement de l’offre,Tendances n°4, décembre 2016

9- Par exemple, le règlement desespaces verts : voir le siteMadame la maire, j’ai une idée

10- Plans locaux d’urbanismeintercommunaux (PLUi) ouschémas de cohérenceterritoriale (SCoT) par exemple

11- Evénement où des développeursvolontaires se réunissent pourfaire de la programmationinformatique collaborative, sur plusieurs jours

Tendances – Numéro 5 – octobre 2017

Dans le cadre de l’élaboration du PLUi-H* du Pays de Gex (27 communes),Aire Publique a réalisé, en complément des actions de terrain (réunionspubliques, ateliers participatifs…), un site Internet participatif réunissantune communauté de citoyens ayant pour volonté de partager leurexpertise du quotidien, que ce soit de façon géolocalisée ou sur la base decommentaires pouvant être votés positivement ou négativement, de sorteà faire ressortir les propositions les plus populaires. Cette dynamique deréflexion collective permet de recueillir des données précises quialimentent le travail des urbanistes et de la communauté de communes.

*Plan local d’urbanisme intercommunal à valeur de programme local de l’habitat

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La transition numérique

En premier lieu, il n’y aurapas de transition de l’urbainpossible sans transition

numérique, et a fortiori sans data.Au cœur de cette mutation, ladata est omniprésente, d’où

procède une génération de dataservices qui submerge la ville.Les programmes Datact puis DataCités1, conduits par Chronoset ses partenaires, instruisentdepuis 2012 ces enjeux. ValériePEUGEOT, prospectiviste, inter-rogée dans ce cadre, comme de

nombreux autres experts, con-firme cette primauté de la data :« si on trouve des controversessur l’usage de la donnée, son con-trôle, l’intérêt de la donnée n’estpas discuté ». Les pratiques mas-sifiées des data services et leurpertinence d’usage se mesurent

GOUVERNER AUTREMENT L’URBAIN : LA DATA, UNE

QUESTION DE SAVOIR ETDE POUVOIRLes mutations vers lesquelles la massification dunumérique urbain nous amène ouvrent l’opportunitéhistorique de réinventer les modèles d’urbanisme, de sepencher sur la gouvernance des cités, de s’interroger sur laville que nous voulons, et sur son futur, indissociable decelui de la planète. Cet article envisage les transitionsnécessaires – numérique, politique et culturelle – qui déterminent une autre gouvernance :un mouvement traversé par le climat qui s’invite dans l’agenda des villes.

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Données et gouvernance urbaine

Châlons-en-Champagne : un hackathond’urbanisme pour revitaliser le centre-villePour redynamiser son centre-ville, Châlons-en-Champagne (51) se faitaccompagner par Citadia et Aire Publique. Pour alimenter la réflexion,Aire Publique a proposé à 70 élèves de toute la France (architecture,urbanisme, paysage, design…) de « pirater » le centre-ville, sous laforme du premier hackathon d’urbanisme : les participants ont dis-

posé de 24 heures pour faire des propositions de toutes natures, innovantes, inventives et ambitieuses,qui sont venues « augmenter » une étude urbaine nécessairement décalée au service d’un projet poli-tique volontariste.Aire Publique, en charge de l’organisation complète de l’événement, crée le buzz sur la toile : étudiants(associations, BDE…), professeurs, groupes Facebook, Twitter, relations presse… L’annonce de l’événe-ment se répand et des candidats issus des meilleures formations s’engagent dans ce challenge inédit :offrir un autre regard sur le potentiel d’usage et de ré-enchantement du centre-ville et détourner lesméthodes usuelles de production des projets urbains. Les équipes ont eu 24 heures pour pirater –hack(athon) – le centre-ville, en format marathon – (hack)athon – une nuit entière à réfléchir pour faireémerger les meilleures solutions en termes d’aménagement urbain, de paysage, d’événement, de com-munication. L’expérience, unique en son genre, a permis à Citadia (en charge de l’élaboration de l’étude)et à la ville d’entrapercevoir un centre-ville collaboratif, modulaire, végétalisé et connecté, à l’imagede la génération qui a conçu les projets. Autant d’idées inédites qui ont directement alimenté le pland’actions. Plus largement, lapromotion de l’événement etson emprise visible dans laville ont créé une dynamiquelocale forte autour de l’ave -nir du centre-ville : un impor-tant engouement populaireautour de la mission.

Bruno MARZLOFFSociologue, Chronos

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à la vitesse de leur adoption, auspectre de leurs applications et la densité des notifications.Banals à l’écran de nos terminauxpersonnels, bientôt généralisésà l’écran des automobiles etd’autres automates à venir, encours d’installation sur lestableaux de bord de la ville, desadministrations, ces services sontapparents et explicites, contraire-ment à la couche de data qui lesnourrit et aux « conversations »des capteurs sous-jacents, dontnous sommes largement igno-rants. Cette distorsion entre lespectaculaire et l’invisible s’inviteau débat.

Réévaluer nos valeursd’urbanitéLa partie visible et efficiente dela data, c’est ce que Julie HODEZ,directrice numérique de Versailles

Grand Parc, appelle le « vrai quo-tidien », le trafic et ses précisesdifficultés mesurés par Waze, par opposition aux impressionséparses de l’élu qui parcourt saville à l’écoute des gens. L’objec-tivation de la démarche, porteusede promesses, masque souventles bonnes questions. En l’occur-rence, s’agit-il de mieux évaluerle trafic pour mieux le réguler, oun’est-ce pas l’opportunité deréfléchir à une autre politique demobilité que celle qui privilégiela croissance des flux et la voitureparticulière ? La data ne doit passe confondre avec le « solution-nisme urbain »2 auquel on l’a tropassociée jusqu’ici. La data neconstruit pas une vision de laville en soi, elle permet en re-vanche d’en imaginer une autre.Copenhague par exemple a mo-bilisé la data aux fins d’une poli-tique de mobilité radicalementdifférente. L’examen des exter-

nalités des pratiques du vélo etde la voiture mesurées par lesdata a produit des indicateurs –ils confèrent une valeur de +0,20 €au kilomètre parcouru à vélo et une valeur négative de -0,75 €à la même distance effectuéeen voiture particulière. La facede la ville en est durablementmodifiée.

La présence massive de ces data-services façonne déjà une nou-velle charpente de la ville et duquotidien des citadins. Les pro-ducteurs comme les usagers deces services urbains sont de factodes aménageurs d’une autre ville.Le choix d’armer la data s’accom-pagne de l’identification des défisqui ne peuvent se borner à apais-er la ville contre un siècle dethrombose de la voiture et depernicieux étalements urbains.La richesse complexe du numéri -que permet de réévaluer nos

Tendances – Numéro 5 – octobre 2017

À Strasbourg, un Observatoire du stationnement réalisé par Parcus,véritable outil partagé d’aide à la décision pour les politiques de mobilitéet d’aménagementInnovant et ambitieux, l’Observatoire du Stationnement a été mis en placeà l’initiative de PARCUS et de la ville de Strasbourg. Il concerne le station-nement sur la voirie publique et en parking avec plusieurs objectifs :• Etre un outil opérationnel de gestion pour le délégataire et les servicestechniques de la collectivité. • Améliorer les connaissances du fonctionnement du stationnement et desuivi des enjeux de stationnement rencontrés à Strasbourg.• Aider à la décision pour orienter les politiques publiques et définir unestratégie de mobilité globale.• Partager des informations et alimenter les débats entre acteurs auxchamps d’intervention variés, amenés à agir sur le système urbain local.Pour développer cet observatoire, la SEM a mis en place un système expérimental, unique en France, de collecte des données sur la voirie et enparking via le scan des plaques minéralogiques par des scooters équipésd’une solution de positionnement GPS, concentrateur de données, interface sur les open-sources desparkings et des horodateurs... Après deux ans d’expérimentation, le dispositif est aujourd’hui opérationnel.Les nombreuses données collectées en continu permettent d’élaborer des tableaux de bord sur la fréquen-tation, l’occupation, les taux de remplissage et niveaux de saturation…Pour ce projet, Parcus s’est associée à l’Agence de développement et d’urbanisme de l’agglomérationstrasbourgeoise (ADEUS), qui garantit une valorisation optimale, transversale et sur le long terme des informations recueillies. Elle réalise un travail d’analyse, de synthèse et de mise en perspective des données collectées dans l’Observatoire et est également chargée du partage de ces informations au seinde la plateforme multi-partenariale qu’elle anime sur les questions de mobilité et de déplacements viaun « Observatoire de la mobilité ».

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valeurs d’urbanité et de faire faceà des actualités brûlantes : le cli-mat et ses violentes incertitudes,les difficiles inclusions des margessociales, des handicaps divers etdes migrations ou encore la ré-sistance contre un terrorismeaveugle. Ces enjeux de l’urbaindépassent les gouvernances aux-quelles on assigne classiquementles gouvernances de la cité. Com-ment la data peut-elle accom-pagner le mouvement et les prisesde conscience ? Une éditoriali -sation partagée de la data s’in-staure dont nous serions cou -pables de ne pas nous emparer,tant elle offre de perspectives.

L’histoire des urbanités intelli-gentes ne fait que commencer.Tous les protagonistes de la ville,actifs ou passifs, participent àcette création. Mais les déséqui -libres dans leurs implications ouvrent une batterie de questionset de recommandations dont sesont emparées les partenairesde DataCités. En amont, les usa -gers de la ville produisent la dataet consomment en aval les data-services dans une boucle derétroaction informations-servicesconstante, corrigeant en tempsréel les trajectoires instruites depassés et de contextes multipleset consolidant la prégnance deces services et leur autorité surles comportements personnelsdes usagers de la ville. La data

est vécue sur un mode essen-tiellement passif. La mobilisationsur le sujet ne dépasse pas une(forte) sensibilité à l’intrusion.Conférer aux utilisateurs (la villeet ses usagers) une maîtrised’usage et d’initiative de leursdonnées et les impliquer dans laproduction et l’évaluation des

éco-responsable, un des casétudiés dans DataCités. Son ob-jectif est simple : mieux et moinsconsommer en passant à uneénergie 100 % verte. Les mêmesacteurs publics sont aussi censésdéfinir les règles de l’univers enfriche de la ville numérique. Cesefforts soulignent l’obsolescencede la gouvernance de la ville quipasse à côté de puissants leviersd’actions et laisse les découvreursfixer encore les règles de la villeintelligente.

Comment faire des villes desagents proactifs d’une démarcheet non pas « des acheteurs desolutions sur étagère » commeles désigne Stéphane VINCENT,directeur de la 27e Région3 ? Com-ment en faire les ambassadeursd’une transformation culturellequi intègre la donnée comme unélément constitutif des politiquespubliques et en même temps lesmoteurs d’une production « encommun » ? Ces questions con-

“ Tous les protagonistes de la ville, actifs ou passifs, participent à [la] création [de]l’urbanité intelligente ”

Tendances – Numéro 5 – octobre 2017

Données et gouvernance urbaine

Un jeu d’acteurs bousculé !

services urbains est un des ob-jectifs identifiés par DataCités.

Les institutions publiques éditentune part croissante de la datapublique et la mobilisent à leursfins de monitoring, d’informationdes citadins/citoyens, de gestiondes flux et de pilotage d’un urbaincomplexe, souvent en crise, par-fois dépassé, ou plus simplementles ouvrent à ceux qui veulent etpeuvent s’en saisir. Au-delà deces missions, la veine d’informa-tions publiques commence à ins -truire les réponses en open dataaux enjeux du climat et autresmenaces, facettes désormais con-stitutives de l’urbain. Ainsi, de lacoopérative Qurrent, fournisseurd’énergie verte primée ces troisdernières années pour son action

cluent la phase exploratoire queDataCités vient de livrer. Lesréponses se construiront avecles villes. C’est ainsi par exempleque Chronos participe d’ungroupement mené par RennesMétropole, dans le cadre d’unPIA pour la création d’un servicepublic métropolitain de la don-née4. Le projet débattra et défi -nira dans le cadre d’une gouver-nance ouverte, le rôle et le posi-tionnement des différents acteurset la gestion partagée des don-nées territoriales et leur valorisa-tion. Le modèle produit se veutréplicable.

Les entreprises interviennentdans la construction de la valeurde la data selon divers modèles.Une catégorie singulière, les tech

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firms5, a pris une énorme longueurd’avance dans la production derobustes plateformes de data-services urbains milliardaires enaudience. De fait, leur pouvoirs’accroît et se concentre immo -dérément. Ces bastions de l’in-dustrie de la data s’adressent auconsommateur par le truchementde la data, mais il est évidentque le citoyen n’est pas loin der-rière. Quand par exemple Waze,filiale de Google, lance un pro-gramme mondial Connected Citizen, quand le gouvernementdes États-Unis considère Face-book et Google comme des quasibiens publics6 ou encore quandSidewalk Labs, bras armé dansla ville du même Google, jetteles bases d’une autre gouver-nance de la ville7, ils suggèrentfortement leur vision de l’urbainet disposent des moyens de l’im-poser. Nous ne sommes pas obli -gés de cautionner leur entrismedans leur conception privativede l’intérêt général. Voilà pourquoila data est une affaire politique,car la messe est loin d’être dite.

La transition politiqueUn équilibre reste à construireentre les acteurs, non pour contrer

la mainmise des géants du Web(au contraire, des concertationssont indispensables, reconnais-sent les villes8) mais pour pro-poser des visions, modèles et mé-diations alternatifs. Houston amesuré lors de la tempête Harveycombien « les réseaux sociauxsont plus puissants que lesagences gouvernementales ».DataCités a insisté sur la respon-sabilité d’autres acteurs – entreville et usagers – dans cette archi -tecture inédite, notamment entermes d’alerte, de sensibilisa -tion, ou d’instruction des enjeux :réseaux sociaux bien sûr maisaussi corps intermédiaires,agences publiques, associations,médias, universités, civic techs,start-up, etc. Autant de « lieuxpolitiques » de mobilisation despublics et de courroies de trans-mission de l’éditorialisation com-mune de la data.

La data est une affaire politiqueet sociétale, avant d’être un enjeuéconomique et urbain. La datan’est qu’un des éléments de lasystémie des politiques publi -ques : elle est pourtant le cœurd’une autre urbanité, d’une nou-velle culture, d’une manière deconsidérer la ville, de la pratiquer,

de la partager et de la gérer dif-féremment, mais aussi, et peut-être surtout, d’envisager ensem-ble son futur. La rupture appelleune refonte des gouvernances,qu’on se situe du point de vuedu citoyen, des acteurs publicsou de l’ensemble des fournisseursde la chaîne des data-serviceset leurs puissants outils de diffusion.

Si la ville ne se résume ni ne seréduit à la data, si l’avenir de laville ne s’écrit pas non plus dansune cité qui ne serait « que »numérique, il reste que rien de laville n’échappe à la data. Seséclairages, première de sesvaleurs, ouvrent des parallaxespuissantes de lecture de l’urbainet d’autres perspectives pour sonfutur. Les multiples utilités etaménités de la data dans la villereprésentent une révolution glo -bale, car, nul acteur, ni secteurde l’urbain n’échappe à sa per -colation. Tous, nous n’avons lechoix que de composer avec cesubstrat numérique, d’en acquérirla maîtrise ou de nous effacer.Cette révolution économique etsociologique masque une autrerévolution, politique cette fois.La data et la couche invisible ducode qui oriente les fonctionsmobilisées représentent désor-mais le pouvoir. Un pouvoir, doncun bien commun, là encore, dontla régulation reste pour l’essentielà définir.

Complétons maintenant notreproposition initiale : il n’y aurapas de transition de l’urbain, sanstransition politique. Pour CynthiaFLEURY, philosophe politique,« on n’a pas encore les nouveauxcircuits de régulation... C’est unenjeu clé de les inventer ». Elleajoute une transition culturelleévidente : « le nouvel âge de ladémocratie ne renvoie pas seule-ment à un régime de pouvoirmais aussi à un régime de savoir.[…] Car la démocratie est biensûr une question de régime, d’ins -titutions, mais bien évidemment

“ Il n’y aura pas de transition de l’urbain,sans transition politique ”

Tendances – Numéro 5 – octobre 2017

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aussi une question culturelle, d’éducation, de style de vie, demanière d’être ».

La transition culturelleLa fabrique de la ville appelledonc une appropriation de ladata, fondement de la transitionculturelle. Qu’on l’appelle maîtrised’usage ou littératie9, la questiondu savoir est en déficit aujourd’huichez tous les acteurs, hormis chezles tech firmes disposant d’uneavance dont elles usent le plussouvent sans considération del’intérêt général. La nécessairemise à niveau des maîtrisesd’usage de la data et son contrôlepar chacun des acteurs, sont desconditions nécessaires d’un équili-bre actualisé des gouvernances,un impératif pour la délibérationcollective de l’intérêt général etune chance unique pour forgerune vision forte et résiliente dela ville. Dépassons les discoursaffligeants du court-termismepour empoigner la ville impré -visible qui s’annonce. Le philo -sophe Jean-Pierre DUPUY parlede « catastrophisme éclairé »pour désigner l’exercice de luciditéface aux incertitudes et aux si -gnaux de plus en plus pressantsque la data éclaire déjà.

Si la doxa fait de la data lamatière première des smart so-lutions dans la smart city, la prio -rité de la data est de provoqueret de faciliter le passage vers lesbonnes questions. De fortes in-tuitions, une solide lecture du futur et l’incontournable traite-ment de la data ont permis auxpionniers du MIT de construire ily a 45 ans les modèles prévoyant,si rien n’était fait, la finitude desressources et d’autres dégrada-tions de la planète10 que nousgérons d’aujourd’hui faute de lesavoir écoutés. Les prémices desrapports depuis 1988 du GIEC11

sur les drames climatiques ap-pellent aujourd’hui notre atten-tion. Demain, la mobilisation exa -cerbée de la data par l’intelligenceartificielle pourrait accompagner

ce discernement et orienter l’ex-ploitation intelligente de ses en-seignements par tous les acteursde la ville.

La data est donc une opportunitéformidable et un passage obligé.« Les villes ont cette capacité desubvenir aux ressources de tous,seulement parce que, et seule-ment quand elles sont créées partous et chacun » : l’illustre urba -niste Janet JACOBS rappelle lacondition pour qu’une ville soitune communauté et que ses ser -vices soient des communs, unempowerment de tous et chacunsur ce sujet. Quelques exemplesrécents d’implication citoyennesvia la data12 : • Les citoyens mobilisent ainsi

des capteurs pour informer : àFukushima des radiations lo-cales, à Amsterdam de la qua -lité de l’air, à Bristol du tauxd’humidité de l’habitat…

• Barcelone illustre la reconnais-sance que « ce sont les citoyens

qui détiennent la data » et laville entreprend une expérienced’un réseau citoyen d’internetdes objets, exploitant les datalocales les plus pertinentes, enesquivant les plateformes mono-lithiques des villes.

• Dans le même esprit, Barceloneet Amsterdam développent desoutils pour reprendre le contrôlede nos données. C’est l’ambitiondu projet DECODE13, dirigé par la fondation britanniqueNesta et financé par l’Union Européenne, dans un contexteoù nos données personnellessemblent totalement nouséchapper. Et Francesca BRIA,digital chief officer de la muni -cipalité de Barcelone, de con-clure : « personne ne veut êtremaire d’une ville non-intelli-gente », mais ajoute-elle, lesvilles ont réalisé qu’en privatisantl’espace public, elles ont privatiséla donnée, « aujourd’hui, nousavons compris que la data aune valeur considérable ».

“ La fabrique de la ville appelle uneappropriation de la data, fondement de la transition culturelle ”

Tendances – Numéro 5 – octobre 2017

Données et gouvernance urbaine

DECODE (decentralized citizen owned data ecosystem : écosystèmedécentralisé pour gérer les données personnelles) vise à élaborer les outilsdonnant aux citoyens la pleine propriété de leurs données personnelles.Basés sur la technologie blockchain, les pilotes seront testés d’ici 2019 àAmsterdam et Barcelone, abordant 3 thématiques : l’internet des objets,la démocratie « ouverte » (participative), l’économie collaborative

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Il serait tout aussi dangereux deréduire la donnée à la productionde services d’utilités auxquelsnous assigne le marché que dene pas réguler la captation et l’exploitation de ces données.Certes, il faut protéger la donnéeprivée, mais évitons qu’à ce titre,on masque le combat de l’édito-rialisation en commun de la data.Antoinette ROUVROY, docteureen sciences juridiques : « [En in-sistant] sur les données à carac-tère personnel […], on rate unlarge pan de la problématiqueactuelle, on fait alors l’impassesur tout ce qui a trait au profilage,à la personnalisation, à l’hyper-trophie de la sphère privée, à la paupérisation de l’espace pu -blic et à la prédation par des so-ciétés privées des espaces eux-mêmes privés des internautes ».Elle souligne combien cette fo-calisation éloigne le public desenjeux réels, relatifs à la « gou-vernementalité algorithmique ».Olivier ERTZSCHEID, chercheuren sciences sociales, en tire lesconclusions, invitant à « natio -naliser ces codes algorithmiquesqui régentent des pans entiersde nos vies et se substituent deplus en plus souvent à la puis-sance publique dans des do-maines régaliens (santé, éduca-tion, transport...) [...]. Parce qu’iln’y a pas de république sans com-mun, pas de chose publique sansappartenances communes et pro-priétés partagées, il n’y aura pasnon plus de république algorith-mique sans nationalisations etinscription durable dans le do-maine public d’un certain nombrede codes et de programmes ».Nationaliser le code ? Et pourquoi

pas le « municipaliser » aussi àl’heure où les engagements desvilles en matière de data vonttoujours plus loin que les états.

Prendre le pouvoir sur la data :là réside l’essence de la mutationde la ville. Comment se saisir dela data, la mobiliser, organiser etréguler ses pratiques au bénéficede l’intérêt général ? Quel intérêtgénéral d’ailleurs ? Continuer degérer la ville sur un mode businessas usual avec la data commeune cerise sur le gâteau au béné-fice de certains ? L’intérêt généralne se situerait-il pas plutôt ducôté d’une mobilisation de l’opendata et du big data mais ausside la donnée d’intérêt généraldéjà à l’œuvre dans la législationfrançaise. Cette data civique estnécessaire pour conduire les des-tins visibles et prévisibles de laville, mais aussi pour définir desenjeux invisibles et imprévisiblesde ses futurs, déjà présents etmenaçants. Cela aussi fait partiede la gouvernance de la ville.Cela suppose de désigner cet intérêt général, de le circonstan -cier et de le formuler de manièrecollective. n

1- Le programme DataCitésexplore les services urbainsmenacés d’obsolescence enmobilisant la donnée, sous sestrois fonctions urbaines :matière première, ressourced’intérêt général et actifstratégique

2- Les adeptes du solutionnismeconsidèrent que la définitiond’un problème passe par sarésolution technologique, sanss’attaquer aux causes réelles

3- La 27e Région conduit desprogrammes de « recherche-action » visant à tester denouvelles méthodesd’innovation avec les acteurspublics

4- Voir l’article suivant5- Les « géants » du Web :

souvent désignés par lesacronymes GAFA (Google,Apple, Facebook, Amazon voireMicrosoft) et NATU (Netflix,Airbnb, Tesla, Uber) pour lesaméricains ou BATX (Baidu,Alibaba, Tencent et Xiaomi)pour les chinois.

6- L’administration Trump songe àtransformer Facebook etGoogle... en services publics,Adrian BRANCO, O1 Net, 28 juillet 2017

7- Voir le programme Reimaginingcities from the internet up, parson CEO Daniel DOCTOROFF

8- Cf. Rennes, Lyon, Toulouse :quelles stratégies desmétropoles pour l’ouverture desdonnées ?, 25e Matinale del’Atelier Energie et Territoires, 31 août 2017

9- Aptitude à comprendre et àutiliser l’information écrite envue d’atteindre des butspersonnels et d’étendre sesconnaissances et ses capacités

10- The limits to growth (Leslimites de la croissance),rapport également connu sousle nom de « RapportMeadows » demandé au MITpar le Club de Rome en 1970,publié en 1972

11- Groupe d’expertsintergouvernemental surl’évolution du climat

12- How one European smart city isgiving power back to itscitizens, David MEYER,Alphr.com, 10 juillet 2017

13- Decentralized citizen owneddata ecosystem

Tendances – Numéro 5 – octobre 2017

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Glossaire

Big data – En français, mégadonnées. Expressiontraduisant l’explosion quantitative de la donnéenumérique, dépassant les capacités d’analyse des outilsinformatiques classiques de gestion de base de donnéesou de traitement de l’information.

BIM – Building information modeling, en français mo -délisation des données du bâtiment. Le BIM désignedes méthodes de travail et une maquette numériqueparamétrique 3D contenant des données intelligenteset structurées. Il permet le partage d’informationsfiables tout au long de la durée de vie d’un bâtiment oud’une infrastructure, de sa conception jusqu’à sa démolition en passant par sa certification, sa réparation...La maquette numérique désigne la représentation digitale des caractéristiques physiques et fonctionnellesde ce bâtiment ou infrastructure. Le BIM définit, de laconception à l’utilisation du bâtiment, qui fait quoi,comment et à quel moment, en s’appuyant sur desmodèles virtuels 3D permettant d’effectuer des analyseset simulations (énergétiques, structurels, détection desconflits...), des contrôles et des visualisations.

Blockchain – En français, chaîne de blocs. Technologiede stockage et de transmission d’informations, trans-parente, sécurisée, et fonctionnant sans organe centralde contrôle. Par extension, une blockchain constitueune base de données qui contient l’historique de tousles échanges effectués entre ses utilisateurs depuis sacréation. Cette base de données, sécurisée et distribuée,est partagée par ses différents utilisateurs, sans inter-médiaire, ce qui permet à chacun de vérifier la validitéde la chaîne.

CIL – Nouveau métier, né en 2004 suite à la refonte dela Loi Informatique et Libertés. Délégué à la protectiondes données, le correspondant Informatique et Libertéveille à la sécurité juridique et informatique de son or-ganisme (association, collectivité locale, administrationde l’État, PME-PMI, entreprise multinationale...). Le CILa vocation à devenir le délégué à la protection des données dans le cadre de la nouvelle réglementationeuropéenne applicable en 2018. Il est le référent sur lesquestions de protection des données personnelles ausein de l’organisme qui l’a désigné.

Civic tech – Abréviation de civic technology. Ensembledes procédés, outils et technologies qui permettentd’améliorer le système politique, la civic tech est l’usagede la technologie dans le but de renforcer le lien dé-mocratique entre les citoyens et le gouvernement. Elle intègre toute technologie permettant d’accroîtrele pouvoir des citoyens sur la vie politique, ou de rendrele gouvernement plus accessible, efficient et efficace.

CNIL – Autorité administrative indépendante française,la commission nationale de l’informatique et des libertésest chargée de veiller à ce que l’informatique soit auservice du citoyen et qu’elle ne porte atteinte ni àl’identité humaine, ni aux droits de l’homme, ni à la vieprivée, ni aux libertés individuelles ou publiques. Elle exerce ses missions conformément à la loi relative àl’informatique, aux fichiers et aux libertés du 6 janvier1978 modifiée le 6 août 2004, fondement de la protectiondes données à caractère personnel dans les traitementsinformatiques mis en œuvre sur le territoire français.

Crowdfunding– Terme anglais désignant un financementparticipatif, c’est-à-dire tout outil ou méthode de trans-actions financières qui fait appel à un grand nombrede personnes afin de financer un projet. Ce mode de fi-nancement se fait sans l’aide des acteurs traditionnelsdu financement et est dit « désintermédié ». Il s’estfortement développé avec l’émergence des plateformesde financement participatif et s’inscrit dans le mouve-ment plus global de consommation collaborative et de production participative. Il existe plusieurs formesde crowdfunding (don, don avec contrepartie, prêt, capital-investissement) et ce dernier est réglementédepuis le 1er octobre 2014.

Crowdsourcing – Terme anglais désignant la « productionparticipative » ou l’« externalisation ouverte ». Il s’agitd’utiliser la créativité, l’intelligence et le savoir-faired’un grand nombre de personnes (notamment du grandpublic ou des consommateurs) pour réaliser certainestâches traditionnellement effectuées par un employéou un entrepreneur (par exemple, proposer et créer deséléments d’une politique marketing).

Data – Terme anglais utilisé pour qualifier les données(voir ce terme).

Data center – En français, centre de données. Sitephysique regroupant des installations informatiques(ordinateurs centraux, serveurs, routeurs, commutateurs,disques durs...) chargées de stocker et de distribuer desdonnées à travers un réseau interne ou via un accès In-ternet. Il peut s’agir d’installations privées à usageexclusif ou bien de centres de données administrés pardes prestataires qui regroupent plusieurs clients.

Data protection officer (DPO) – Le délégué à la pro-tection des données est l’expression du règlementgénéral sur la protection des données (RGPD), règlementeuropéen du 14 avril 2016 appelé à remplacer les dispo-sitions de la loi informatique et libertés qui s’appliquejusque mi-2018. Il est une évolution du correspondantInformatique et Libertés (CIL).

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Donnée – Description élémentaire d’une réalité. C’est,par exemple, le résultat brut d’une observation ou d’une mesure du monde réel. La donnée est dépourvuede tout raisonnement, supposition, constatation, probabilité.

Empowerment – En français, traduit notamment parcapacitation. Accroissement d’un pouvoir exercé à titreindividuel ou collectif, pour agir notamment sur les conditions sociales, économiques, politiques ouécologiques auxquels sont confrontés individus ougroupes. Le terme connaît de nombreuses traductionsfrançaises (outre capacitation : attribution de pouvoir,émergence d’un processus d’appropriation du pouvoir,puissance d’agir…) qui correspondent chacune à desacceptions différentes, mettant l’accent sur une certainedimension de l’exercice du pouvoir. Le numérique estsouvent considéré comme un vecteur d’émancipation,de modification du rapport aux collectif et au pouvoir,favorisant le collaboratif et l’empowerment.

Format – Un format de données est une convention(éventuellement normalisée) utilisée pour représenterdes données (informations représentant un texte, unepage, une image, un son, un fichier exécutable...). Lorsqueces données sont stockées dans un fichier, on parle deformat de fichiers. Une telle convention permet d’échan -ger des données entre divers programmes informatiquesou logiciels, soit par une connexion directe, soit par l’intermédiaire d’un fichier.

Hub – Structure logistique physique où sont acheminésplusieurs flux logistiques (produits ou individus essen-tiellement) dans le but d’être triés, organisés, pilotés etréexpédiés. La massification en un point donné permetune économie financière et de temps.

Internet des objets – En anglais, Internet of things ouIoT. D’un point de vue conceptuel, il caractérise desobjets physiques connectés ayant leur propre identiténumérique et capables de communiquer les uns avecles autres, telle la matérialisation d’Internet dans lemonde réel. D’un point de vue technique, il consiste enl’identification numérique directe et normalisée (adresseIP, protocoles smtp, http...) d’un objet physique grâce àun système de communication sans fil. Les objets connectés produisent de grandes quantités de donnéesdont le stockage et le traitement entrent dans le cadredes big data. En logistique, il peut s’agir de capteurs quiservent à la traçabilité des biens pour la gestion desstocks et les acheminements. Dans le domaine de l’environnement, il est question de capteurs surveillantla qualité de l’air, la température, le niveau sonore, l’étatd’un bâtiment...

Interopérabilité – Possibilité d’échanger des donnéesentre différents logiciels ou systèmes informatiques oucapacité de fonctionner avec d’autres sans restrictiond’accès ou de mise en œuvre. Le terme « interopéra -bilité », contrairement à « compatibilité », induit unecommunication entre les systèmes étudiés.

Métadonnées – Données décrivant ou définissantd’autres données (ou données à propos des données). Il s’agit principalement de l’information permettant dedécrire un contenu ou de retrouver les données stockées(date de sauvegarde, taille, auteur…).

Open data – En français, donnée ouverte. Donnéenumérique dont l’accès et l’usage sont laissés libresaux usagers. Elle peut être d’origine publique ou privée,produite notamment par une collectivité, un servicepublic, ou une entreprise. Elle est diffusée selon uneméthode et une licence ouverte garantissant son libreaccès et sa réutilisation par tous, sans restriction tech-nique, juridique ou financière.

Plateforme – Service occupant une fonction d’inter-médiation directe pour échanger informations, contenus,services ou biens entre professionnels, entre profession-nels et particuliers et entre particuliers. Les plateformesnumériques développées par des entreprises techno -logiques collectent et exploitent des données sur l’offreet la demande et proposent un service (souvent per-sonnalisé, évalué, géolocalisé, en temps réel…) à untrès grand nombre d’utilisateurs.

SCoRAN – La stratégie de cohérence régionale pourl’aménagement numérique (SCoRAN) fixe les grandesorientations souhaitées par les acteurs régionaux et or-ganise la concertation entre eux, afin de garantir quechaque territoire soit couvert par un schéma directeurterritorial d’aménagement numérique.

SDTAN – Le schéma directeur territorial d’aménagementnumérique, instauré par la loi du 17 décembre 2009 relative à la lutte contre la fracture numérique, dite loiPintat, définit une stratégie de développement desréseaux, établie au moins à l’échelle d’un département.Il vise à soutenir la cohérence des initiatives publiqueset leur bonne articulation avec les investissementsprivés. La moitié des départements français est aujour-d’hui engagée dans l’élaboration d’un SDTAN.

Services numériques – En anglais, data services. Servicesbasés sur des solutions numériques. Dans le cadre dela fabrique urbaine, ils peuvent être des services deproximité en matière sociale, culturelle, sportive... (démarches en ligne, applications mobiles), une offrecitoyenne (outils de dialogue et de participationcitoyenne, partage de biens communs...), des dispositifsde transparence et d’innovation (ouverture des donnéespubliques, services de l’économie sociale et solidaireou de l’économie collaborative), ou encore des outils

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au service du fonctionnement interne de la collectivité(dématérialisation des processus…) ou visant à optimiserdes services publics existants (dans les domaines del’énergie ou de la mobilité par exemple).

Smart city – Traduit en général par ville intelligente.Outre smart city, de nombreux termes sont utiliséspour désigner la ville intelligente : ville numérique, greencity, connected city, éco-cité, ville durable… (voir unecartographie de ces notions sur le site de la CRE). Auniveau des métropoles, désignant un nouveau paradigme,ce terme est souvent accompagné de notions connexesde ville numérique (où les technologies de l’informationet de la communication prennent une importance gran-dissante) ou encore de ville créative (où la mise enœuvre des technologies côtoie l’éclosion des « talents »,de la créativité). Sans trancher, on peut se référer àPilar CONESA, PDG d’Anteverti, citée dans le récentrapport au premier ministre sur l’avenir des smart cities :« […] c’est un terme commun qui nous a permis deparler et de faire parler de l’innovation urbaine, sociale,de la participation citoyenne, des communs, de tousces problèmes fondamentaux de nos sociétés ».

Smart grid – Un réseau électrique intelligent – dontsmart grid est l’une des dénominations anglophones –est un réseau de distribution d’électricité qui favorise lacirculation d’information entre les fournisseurs et les

consommateurs afin d’ajuster le flux d’électricité entemps réel et permettre une gestion plus efficace duréseau électrique. L’objectif est d’améliorer l’efficacitéénergétique de l’ensemble en minimisant les pertes enlignes et en optimisant le rendement des moyens deproduction utilisés, en rapport avec la consommationinstantanée. Notion parfois étendue à tout type d’énergie.

Traces numériques – Informations enregistrées par lesdispositifs numériques à partir des activités de leursutilisateurs ou sur leur identité, volontairement ou biende manière automatique. Tous les systèmes nécessitantune identification ou une interaction avec ses utilisateurssont susceptibles de capter des informations les concernant (achats en ligne, moteurs de recherche,titres de transport, téléphones mobiles...).

Ubérisation – Du nom de l’entreprise Uber, processuspar lequel un modèle économique basé sur les tech-nologies digitales entre en concurrence frontale avecles usages de l’économie classique. Ce modèle reposeprincipalement sur la constitution de plateformesnumériques qui mettent en relation directe prestataireset demandeurs, ainsi que sur des applications dédiéesqui exploitent la réactivité en temps réel de l’internetmobile.

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