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TSIKPLONOU Kekeli Jordan Promotion : 2016-2019 Mémoire de fin d’études « Lexpérience et la connaissance de soi dans la prise en soin du patient psychotique » Institut de formation en Soins Infirmiers du Centre Hospitalier d’Arras

Mémoire de fin d’études - Infirmiers.com · 2019. 11. 7. · haussant le ton. Madame D s’en va vers la salle de repos en continuant ses insultes et en pleurant. Le fait qu’elle

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TSIKPLONOU Kekeli Jordan Promotion : 2016-2019

Mémoire de fin d’études

« L’expérience et la connaissance de soi dans la prise en soin du patient psychotique »

Institut de formation en Soins Infirmiers du Centre Hospitalier d’Arras

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« Les maladies mentales sont « les maladies des relations humaines ». La relation, l’échange

avec autrui, sa valeur thérapeutique deviennent ainsi le couronnement de la formation

professionnelle de l’infirmière de psychiatrie »1

« Le travail sur l’humain, notamment lorsqu’il s’agit de porter secours à celui qui est fragilisé

par la maladie, est nécessairement porteur d’une forte charge émotionnelle »2

1 Paul Bernard « L’information psychiatrique 2011/2 (Volume 87) Pages 141 à 142 consulté le 18 Mars 2019

Disponible sur : https://www.cairn.info/revue-l-information-psychiatrique-2011-2-page-141.htm# 2 Marc Loriol « La fatigue, le stress et le travail émotionnel de l’infirmière santé conjuguée » Avril 2005, N°32

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Table des matières

Introduction ............................................................................................................................................. 1 I. Situation de départ .......................................................................................................................... 2 II. Cadre de référence .......................................................................................................................... 6

1. Historique de la psychiatrie en Europe depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours ............................. 7 2. Rôle et profil de l’infirmier en Santé Mentale ............................................................................. 9 3. Violence et psychose ................................................................................................................. 12 4. Connaissance de soi pour le professionnel de santé ................................................................ 14 5. Expérience professionnelle ....................................................................................................... 19

III. Phase d’enquête ............................................................................................................................ 21 1. Outil d’enquête ......................................................................................................................... 21 2. Analyse ...................................................................................................................................... 25 3. Conclusion de l’enquête ............................................................................................................ 31 Conclusion ......................................................................................................................................... 32

Bibliographie............................................................................................................................................ 1 Annexes .................................................................................................................................................... I Abstract ................................................................................................................................................... A

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Introduction

Après l’obtention de mon baccalauréat et après des études universitaires, je me suis dirigé

vers le métier d’infirmier car je recherchais une formation professionnalisante, alternant

période de stage et période de cours. J’étais attiré par le côté relationnel du métier, le côté

technique des soins mais aussi la multitude de connaissances que requérait la profession

(connaissance scientifique, connaissance de soi et de ses propres limites)

Durant mes trois années de formation, j’ai découvert le milieu de la psychiatrie grâce aux

enseignements théoriques. J’avais à la fois beaucoup d’appréhension et de curiosité à l’égard

de ce milieu de part ma culture et mes origines togolaises (pays dans lequel je suis né et j’ai

effectué toute ma scolarité). En effet la psychiatrie, et principalement la santé mentale, reste

chez nous un sujet tabou associé au mystique et à la sorcellerie. Ainsi, au collège, lors d’une

visite de l’unique hôpital psychiatrique dont disposait le pays, j’ai pu constater que les

patients étaient enfermés en permanence et parfois contentionnés indéfiniment les privant de

toute liberté. Ils n’étaient pas écoutés et étaient obligés de prendre leurs traitements et leurs

repas à heures fixes sous peine de subir des sévices corporels. Cela peut s’expliquer par le fait

que le personnel n’avait reçu aucune formation médicale mais aussi par la peur systémique

liée aux pathologies mentales. Le rôle du personnel consistait en la distribution des

traitements visant à calmer les patients et en un accompagnement spirituel. Tout ceci a encré

en moi une appréhension pour ce milieu.

C’est donc au semestre 5 de formation que j’ai effectué mon premier stage en psychiatrie. Dès

les premiers jours de stage, j’ai pu remarquer que l’approche du patient était différente par

rapport aux autres services de soins conventionnels que j’ai pu découvrir lors de mes

précédents stages. Les soins relationnels représentaient une très grande partie du soin. Le

personnel était à l’écoute et répondait aux besoins du patient qu’ils soient médicaux ou

sociaux. Le patient était au centre du soin et avait un projet de vie autour duquel s’articulait

son devenir. Le soignant favorisait le dialogue avec le patient dès que la situation le

nécessitait. N’éprouvant pas de difficultés à communiquer de nature et malgré mon

appréhension, je n’ai pas rencontré d’obstacles pour communiquer avec les patients.

Cependant, très vite j’ai remarqué certaines difficultés dans la gestion des patients lorsqu’ils

étaient en crise ou que certaines situations les frustraient. Cela a généré beaucoup de

questionnement en moi ainsi qu’une remise en question personnelle. Je pense qu’en tant que

soignant exerçant dans n’importe quel service il est très important de savoir gérer ses

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émotions, son comportement et répondre aux besoins de la personne soignée. C’est donc au

travers de ces difficultés à gérer des patients psychotiques en service hospitalier de santé

mentale, que j’ai choisi d’axer mon mémoire.

Tout d’abord je vous exposerais la situation qui a suscité mon questionnement et m’a mené à

la rédaction de ce mémoire, ensuite dans mon cadre de référence je vous présenterais les

thèmes clés qui ont retenus mon intérêt et pour finir l’analyse qui a découlé suite à mes

entretiens sur le terrain.

I. Situation de départ

Je me trouve dans un Centre Hospitalier dans le Service d’Accueil et d’Alternative Spécialisé.

C’est une unité fermée pour personnes stabilisées atteintes de pathologies liées à la santé

mentale. Ce service a vu le jour afin de soulager les services psychiatriques des autres centres

hospitaliers du territoire. Dans ce sens, l’unité a été pensée pour offrir 20 lits et des soins

nécessaires aux hospitalisations ainsi que pour les séjours de plus longue durée. Il accueille

des patients souffrant de pathologies psychiatriques chroniques stabilisées en hospitalisation

complète. Les prises en charge ont pour objectifs de préserver et développer l’autonomie des

patients et de favoriser la sociabilisation. Sur la base des projets individuels de chacun, des

activités thérapeutiques, occupationnelles et éducatives sont proposées.

Dans le service, différents professionnels de santé sont présents notamment deux médecins

psychiatres et un médecin généraliste, un infirmier à chaque poste travaillant en trinôme avec

un agent de service hospitalier et un aide-soignant ou deux aides-soignants. Un moniteur

éducateur est aussi présent de jour pour assurer des fonctions d’animation de prévention et

d’éducation auprès des patients. Le service accueille tout type de patients de 18 à 65 ans.

La situation qui m’a interpellé se déroule lors de ma troisième semaine de stage.

Madame D, âgée de 35 ans est entrée dans le service en Novembre 2014 pour maintien à

domicile difficile dans un contexte de paranoïa, psychose, troubles du comportement,

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intolérance à la frustration et schizophrénie paranoïde avec fixation sur les images parentales.

Elle a également un antécédent de retard mental.

Je suis en poste d’après-midi, poste qui débute à 13h30 et prend fin à 21h. Tous les jours, à

17h, nous accompagnons tous les patients dans leurs chambres qui se situent au premier étage

du service, pour qu’ils réalisent leurs soins de confort et de bien-être ainsi qu’une mise en

tenue de nuit. Pour pouvoir surveiller tous les patients en même temps, ils sont accompagnés

de tous les soignants et moi-même. A 16h30, Madame D me demande de l’accompagner dans

sa chambre pour qu’elle se change. Je lui réponds que ce ne sera pas possible car en tant

qu’étudiant et sous la responsabilité des professionnels de terrain je n’ai pas le droit d’être

seul avec un patient. J’ajoute qu’elle pourra se changer dans une demi-heure et lui propose

donc de patienter. Je remarque alors que mes propos ont généré de la frustration chez

Madame D qui commence à proférer des insultes à mon égard. Je lui demande de se calmer et

lui explique qu’elle me doit autant de respect qu’à tous les autres membres du personnel et

que je lui en dois réciproquement. Madame D recommence à m’insulter. Je lui demande

d’arrêter les insultes à mon égard d’un ton agacé. Elle m’approche et je me retrouve à environ

5 cm de son visage. Elle lève la main et mime de me frapper. Je lui dis de ne pas faire ça en

haussant le ton. Madame D s’en va vers la salle de repos en continuant ses insultes et en

pleurant. Le fait qu’elle n’arrête pas de m’insulter génère en moi de la frustration. Je sens que

je n’arrive pas à contrôler la situation, je perds mes moyens. Je me sens inefficace, je suis en

colère. Je la suis, j’essaie de lui parler. Très rapidement le ton hausse de nouveau. Un soignant

intervient donc et me demande de me calmer et de la laisser s’en aller. Je me posais beaucoup

de questions sur le moment, je pensais surtout à ma capacité à être un bon soignant.

Je me suis calmé quelques minutes après et en repensant la situation j’ai été interpellé par

mon comportement. Plusieurs questions ont émergé. Ces questions sont les suivantes :

- Mon comportement avait-il été adapté ?

- Pourquoi me suis-je soudainement emporté ?

- Comment le soignant doit il gérer sa propre frustration face à ce genre de situation ?

- Comment doit réagir le soignant tout en restant professionnel ?

- Comment gérer en tant qu’étudiant ses émotions face à un patient atteint de troubles

psychiatriques lorsque celui-ci tient des propos qui me touchent personnellement ?

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- Pourquoi m’a-t-il été difficile de gérer mes émotions ?

- La gestion des émotions, ne passe-t-elle pas par la connaissance de soi ?

- Qu’est-ce-que la connaissance de soi ?

- Est-ce que je me connais suffisamment ?

- Pourquoi la patiente n’a-t-elle pas pu se contenir ?

- Suis-je assez compétent au bout de la 3ème semaine de stage en santé mentale pour

rester seul avec des patients stabilisés en unité psychiatriques ?

- Qu’est-ce que la notion de compétence ?

- De quelle compétence ai-je besoin pour pouvoir travailler en santé mentale ?

- Ai-je assez de connaissances et d’expérience en santé mentale pour gérer des

situations de crises avec le patient ?

- Qu’est-ce que l’expérience ?

Je me suis interrogé sur le cadre légal auquel est soumis la profession d’infirmier et

notamment sur le code de déontologie qui dit « L’infirmier doit écouter, examiner, conseiller,

éduquer ou soigner avec la même conscience toutes les personnes quels que soient,

notamment, leur origine, leurs mœurs, leur situation sociale ou de famille, leur croyance ou

leur religion, leur handicap, leur état de santé, leur âge, leur sexe, leur réputation, les

sentiments qu’il peut éprouver à leur égard ou leur situation vis-à-vis du système de

protection sociale. Il leur apporte son concours en toutes circonstances. Il ne doit jamais se

départir d’une attitude correcte et attentive envers la personne prise en charge »3. Sa lecture a

mis en évidence mon attitude inadaptée envers la personne que je prenais en charge.

Ces différentes questions m’ont guidé vers ma question de départ : En quoi la connaissance

de soi et l’expérience professionnelle d’un infirmier influencent la prise en charge de la

violence auprès d’un patient psychotique en service hospitalier de santé mentale ?

La lecture des pages 409 à 415 de la revue scientifique « L’Encéphale » Volume 43, numéro 5

paru en Octobre 20174 m’a éclairé sur la récurrence des situations dites de « violence » en

milieu psychiatrique. Avec des données chiffrées à l’appui, l’article nous parle d’une étude

3Legifrance. Code de déontologie des infirmiers, décret numéro 2016-1605 du novembre 2016 portant code de

déontologie des infirmiers. Disponible sur :

https://www.legifrance.gouv.fr/eli/decret/2016/11/25/AFSH1617652D/jo consulté le 25/11/2018 4 Page 409 à 415 de « L’encéphale » Volume 43, numéro 5 paru en Octobre 2017

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prospective concernant le niveau de violence en service hospitalier de santé mentale dans 9

villes françaises. Les patients concernés étaient les patients hospitalisés pour troubles

psychotiques. Ils étaient au nombre de 95. Sur la période de juin 2010 à Mai 2011, 79 % des

patients concernés ont montré un comportement violent au cours de leurs hospitalisations.

Cette étude nous montre que les comportements violents sont récurrents en service hospitalier

de santé mentale et que l’infirmier doit être bien préparé pour les prendre en charge.

Selon le rapport 2018 de l’Observatoire National des Violences en milieu de Santé, le milieu

de la santé mentale est celui qui génère le plus de signalements de violence avec 20% de la

totalité des signalements déclarés5.

L’ensemble de ces données met en évidence une récurrence de situation de violence en santé

mentale, je souhaite donc dans les parties suivantes éclairer mon questionnement de départ au

travers de la réalisation d’un cadre de référence.

5 Rapport de l’ONVS sur la violence en santé mentale disponible sur https://solidarites-

sante.gouv.fr/IMG/pdf/dgos_onvs_rapport_2018_donnees_2017_2.pdf

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II. Cadre de référence

Après la rédaction de ma question de départ, j’ai choisi différents mots clés autour desquels

s’articuleraient mon cadre de référence. Pour définir ces mots clés je me suis aidé du Centre

de Ressources Documentaires de l’IFSI où j’ai pu consulter différents articles, journaux et

revues scientifiques ainsi que des cours de l’unité d’enseignement « 2.6 S2 Processus

Psychopathologiques » et « 2.6 S5 Processus Psychopathologiques » dispensés par des

intervenants de première et troisième année. Pour finir j’ai aussi utilisé différents

dictionnaires, ainsi que des sites internet de source fiables tel que l’Institut National de la

Santé et de la Recherche Médicale, l’Observatoire Nationale des Violences en milieu de Santé

ou le Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales. J’ai aussi acheté « Histoire de la

Psychiatrie » de Yves Pélicier paru le 01 Janvier 1971 aux éditions Presses Universitaires de

France qui m’a grandement aidé à comprendre l’évolution de la santé mentale en France et

l’évolution du regard que portait la société à ce sujet. C’est pourquoi j’ai trouvé qu’il était

important d’effectuer un historique de la psychiatrie en Europe et plus particulièrement en

France, son évolution et le rôle infirmier associé pour mieux contextualiser et amorcer le

sujet. L’historique de la psychiatrie que je vais vous présenter me permettra par la même

occasion de montrer que la violence a toujours fait partie de la psychiatrie. Ensuite je vous

présenterais le rôle de l’infirmier en psychiatrie puis le lien entre la violence et la psychose et

pour finir nous aborderons deux thèmes qui sont les suivants : la connaissance de soi pour le

professionnel de santé et l’impact de l’expérience professionnelle sur la prise en soins du

patient.

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1. Historique de la psychiatrie en Europe depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours6

Le terme « Psychiatrie » date du début du 19ème siècle. Auparavant les mots « Aliénisme » et

« Médecine mentale » étaient utilisés à la place. Selon le site de l’Institut Nationale de la

Santé et de la Recherche Médicale la psychiatrie se définit comme « la discipline traitant de la

ou des maladies mentales, quelles que soient leurs causes psychiques, neurologiques ou

psychosociologiques »7. L’étymologie du mot provient du mot grec « psyche », qui signifie

âme ou esprit et « iatros », qui signifie médecin (littéralement « médecine de l’âme) »8

De l’Antiquité jusqu’au début du Moyen Age (476/1492 après J-C), la science a très peu

progressé dans ce domaine. La psychiatrie restait associée à une maladie contractée par le

péché. Ce n’est qu’au milieu du Moyen Age que dans l’Empire Romain la justice reconnaît

l’incapacité d’un citoyen pour cause de folie. Cependant aucun lieu n’est réservé pour les

accueillir ou les soigner. Les premiers établissements comparables aux asiles voient le jour à

partir du 13ème siècle en Angleterre puis en Espagne.

La période de la Renaissance (14ème siècle) représente une terrible tragédie pour les personnes

atteintes de pathologies mentales en Europe. Cette époque marquée par la psychose collective

concernant la sorcellerie fait suite à de grands drames. Associées à des sorciers les malades

sont brûlés vifs. Un édit royal du 17ème siècle met fin aux poursuites pour fait de sorcellerie

qui passe alors au rang des superstitions. Peu à peu l’idée de mysticisme autour de la santé

mentale disparaît et fait place à celle « d’idée délirante d’être possédé » dans le monde

médical.

Le début du 17ème siècle est également marqué en France par la naissance de grandes

institutions (Hôpital général, Hôtel-Dieu, maisons religieuses spécialisées) ainsi que par

l’instauration d’un traitement médical en leur sein.

6 Les informations contenues dans cette première partie sont principalement tirée de « Histoire de la

Psychiatrie » de Yves Pélicier paru le 01 Janvier 1971 aux éditions Presses Universitaires de France 7 Définition de la psychiatrie selon l’Inserm. Disponible sur : https://histoire.inserm.fr/les-domaines-de-

recherche/psychiatrie consulté le 02 Février 2019 8 Ibid

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Les soins sont basés sur deux principes :

1. La maladie mentale est médicalement curable et le but du traitement est la guérison

2. Les personnes atteintes doivent être traitées par des moyens physiques.

La maladie mentale n’est pas encore considérée comme résultant de lésion organique ou

cérébrale mais d’un trouble physiologique fonctionnel ce qui, par conséquent, entraine

principalement un traitement du trouble en lui-même en négligeant celui qui en souffre.

Le début du 19ème siècle fait face aux changements des mœurs. Les établissements sont

définitivement fermés et sont remplacés par les asiles où sont soignés sous la direction d’un

médecin spécialisé toutes les personnes souffrants de pathologies mentales.

L’invention de la psychanalyse par Sigmund Freud marque un tournant dans l’approche du

patient mais son introduction reste assez lente en France.

Après la seconde guerre mondiale, le système concentrationnaire des asiles est remis en cause.

Sont alors imaginés de nouvelles politiques de soins. Ainsi, la circulaire du 15 mars 1960

institue le principe de sectorisation de la psychiatrie en France et met en avant l’importance de

la prévention, de l’accessibilité et de la continuité des soins. Au-delà de la psychanalyse,

d’autres formes de soins voient le jour pour soigner les malades : les thérapies cognitives et

comportementales, ainsi que les thérapies systémiques.

De la même manière, de nombreuses sont votées afin d’encadrer les personnes atteintes de

pathologies mentales et de les protéger, notamment la loi du 27 Juin 1990 relative aux droits

et à la protection des personnes hospitalisées en raison de troubles mentaux et à leurs

conditions d’hospitalisation. L’article 122-1 du code pénal de 1992 modifié par la loi n°2014-

896 du 15 Août 2014, énonce « N'est pas pénalement responsable la personne qui était

atteinte, au moment des faits, d'un trouble psychique ou neuropsychique ayant aboli son

discernement ou le contrôle de ses actes. »9 et met ainsi en place la notion d’abolition ou

d’altération du discernement du malade lui retirant ainsi la responsabilité pénale.

La loi du 27 Juin 1990 sus-citée fut complétée par la loi du 5 Juillet 2011 et instaurent

d’importantes évolutions :

9 Extrait de l’article 122-1 du code pénal de 1992 modifié par la loi n°2014-896 du 15 Août 2014. Disponible sur

https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000006070719&idArticle=LEGIAR

TI000006417213&dateTexte=&categorieLien=cid consulté le 09/03/2019

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- Elles substituent la notion de « soins sans consentement » à « hospitalisation sous

contrainte » qui regroupe deux modes d’hospitalisation : les Soins à la Demande d’un

Tiers (SDT) et les Soins à la Demande du Représentant de l’Etat (SDRE)

- Une possibilité de prise en charge hospitalière qui peut se poursuivre en ambulatoire

- L'introduction d'une mesure de contrainte prononcée par le directeur de l'établissement

d'accueil, sur certificat médical mais sans tiers, en cas de « péril imminent ».

- Un certificat médical établit dans les 24 premières heures, puis à 72 heures et entre le

6ème et le 8ème jour après admission en soins sans consentement.

A travers cette première partie nous pouvons comprendre que la violence a longtemps fait

partie de la psychiatrie et que ce n’est que très récemment qu’elle est considérée comme une

maladie nécessitant des soins et requérant la mise du patient au centre du soin. Quel a été le

rôle des infirmiers dans cette prise en soins ? Comment ce rôle a-t-il évolué ? Partant de

ces questionnements j’ai décidé d’aborder le thème du rôle IDE en santé mentale.

2. Rôle et profil de l’infirmier en Santé Mentale

Auparavant la formation en soins infirmiers était différenciée. Il existait un diplôme

d’infirmier de soins généraux et un de soins psychiatriques. L'exercice professionnel des

infirmiers psychiatriques était limité aux seuls hôpitaux psychiatriques10, alors que les

infirmiers de soins généraux pouvaient travailler dans les deux secteurs sans avoir eu autant

d’apport en santé mentale que leurs confrères.

10 Arrêté ministériel du 28 Juillet 1955

Disponible sur

https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000834341&categorieLien=id consulté

le 17 Mars 2019

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L’année 1992, par l’arrêté du 30 Mars voit une harmonisation des études en soins infirmiers

débouchant ainsi sur un diplôme commun et une formation dite polyvalente11.

Selon Annick Perrin-Niquet, cadre supérieure de santé du centre hospitalier de Saint-Cyr au

Mont-d’Or, « l’intérêt majeur de ce programme unique consiste en un enseignement

harmonieux et plus équilibré des connaissances entre les soins généraux et la psychiatrie,

permettant aux infirmiers de développer une approche globale de la personne, de mieux

dépister, comprendre, orienter et conseiller »12 Cela a conduit à la création d’un infirmier

polyvalent capable de travailler dans n’importe quel secteur avec des compétences et des

connaissances diverses et variées.

L’infirmier en santé mentale a pour « objectif de rétablir l'intégrité physique et psychique de

l'individu, à découvrir et comprendre ses difficultés et à lui donner les moyens de les

résoudre. Les compétences de l'infirmier en psychiatrie visent la compréhension des

mouvements psychiques inhérents à la maladie mentale et à sa prise en charge, contribuant

ainsi à replacer le soignant au centre du dispositif de soin. »13. Lors de mon stage en

psychiatrie j’ai remarqué que tous ses critères étaient respectés. De plus les professionnels de

santé présents sur le terrain assuraient un accompagnement et une relation d’aide à visée

thérapeutique aux patients. Ils collaboraient à l’établissement du diagnostic du médecin par

leurs surveillances et leurs transmissions.

Le médecin psychiatre Raphaelle Richieri qui expliquait la nécessité de la collaboration entre

infirmiers et psychiatres en secteurs psychiatriques dit en ce sens « Le rôle des infirmiers est

essentiel car ils apportent des informations sur la présence ou pas de certains symptômes, sur

les comportements des patients. Alors que les psychiatres ne sont présents que pendant un

temps court dans l'unité, les infirmiers passent la journée entière avec les patients donc en

termes d'informations, cela est essentiel »14

11 Arrêté du 30 Mars 1992 relatif à l’attribution du diplôme d’état d’infirmier aux personnes titulaires du diplôme

de secteur psychiatrique

Disponible sur : https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000326221 consulté le

17 Mars 2019 12 Soins Psychiatrie Numéro 277 de Novembre/Décembre 2011 page 15 écrite par Annick Perrin-Niquet consulté

le 17 Mars 2019 13 Extrait du rôle de l’infirmier en Santé mentale consulté sur https://www.infirmiers.com/votre-carriere/votre-

carriere/infirmiers-en-psychiatrie.html 14 Extrait des propos de Raphaelle Richieri, medecin psychiatre pour le site allodocteurs.fr disponible sur

https://www.allodocteurs.fr/maladies/psychiatrie/psychiatrie-quel-est-le-role-des-infirmiers_22430.html

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Dans les pages 141 à 142 de « L’information Psychiatrique » 2011/2 (Volume 87) Paul

Bernard, médecin psychiatre à l’hôpital Sainte Anne de Paris parle de « l’observation

scientifique du malade » comme une compétence très importante pour pouvoir prendre en

soin un patient atteint de troubles psychiatriques. Par ce terme il entend une étude objective et

concise du comportement du patient dans sa globalité. Concernant ma situation d’appel

l’observation scientifique du malade m’a fait défaut, au vu de mon attitude, je pense avoir

abordé la situation sans prendre en compte le trouble du patient ni le contexte dans lequel je

me trouvais. Il y aussi mon peu d’expérience et de connaissances dans le milieu étant donné

que j’étais en début de semestre 5 les seuls apports concernant la psychiatrie que j’avais eu

précédemment, provenaient de mes cours de Semestre 2 (les cours de psychopathologies de

semestre 5 étant programmés après les stages) et de quelques lectures personnelles.

De nos jours, quatre profils d’infirmier exercent en secteur psychiatrique15 :

1) Les infirmiers d’après la réforme de 2009

2) Les infirmiers du programme de 1992

3) Les ex-infirmiers diplômés d’état des soins généraux

4) Les infirmiers de secteur psychiatrique

Apparaît alors une notion de complémentarité entre ses quatre profils car ils sont issus de

formations différentes, ainsi la mise en situation et le travail en équipe soutiennent le

développement de leurs compétences. Cette complémentarité permet à chacun de ses profils

d’apprendre les uns des autres et ainsi améliorer ses compétences et son expérience

professionnelle, critères indispensables à une prise en soin efficace du malade notamment

dans des situations de violences, comme vécu dans ma situation d’appel.

Mais qu’est-ce vraiment la violence ? Sa définition est-elle propre à chacun ? Dans ma

situation d’appel y’a-t-il un lien entre la violence que j’ai ressentie et la psychose dont

souffre la patiente ?

15 « Pratique soignante : être infirmier en psychiatrie aujourd’hui » dans Soins numéro 711 de décembre 2006

écrit par Annick Perrin-Niquet

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Pour éclairer ces questions et les autres questionnements qui pourraient en découler j’ai

décidé d’aborder dans mon cadre de référence la violence et la psychose

3. Violence et psychose

Le concept de « violence » se retrouve dans différents domaines liés à la science notamment

les sciences humaines, sociales et politiques.

Le mot tire ses origines du latin « violare » qui signifie « par la force »16. Le dictionnaire

Larousse définit ce concept comme « Extrême véhémence, grande agressivité, grande

brutalité dans les propos, le comportement »17 ou « contrainte physique ou morale exercée sur

une personne en vue de l’inciter à réaliser un acte déterminé »18. Dans ma situation d’appel la

patiente faisait preuve d’extrême véhémence, grande agressivité et de grande brutalité dans

ses propos (insultes diverses, ton haussé) me faisant ainsi ressentir de la violence. Elle voulait

m’inciter à réaliser un acte déterminé : l’accompagner aux chambres situées à l’étage pour

qu’elle puisse mettre d’autres vêtements.

Yves Michaud, psychologue propose d’élargir la définition de la violence à « non seulement

des faits, mais aussi nos manières de les appréhender, de les juger de les voir- et de ne pas les

voir »19. Ce qui nous apporte et montre une subjectivité de la violence. En ce sens je peux

considérer ma situation d’appel comme étant une situation de violence mais en aucun cas je

ne peux la considérer comme situation de violence absolue, c’est-à-dire que d’autres

personnes pourraient la considérer comme non violente car elles l’auraient appréhendée

différemment ou choisi de ne pas considérer certains faits par exemple : l’état de santé du

patient. C’est pour cela qu’Yves Michaud, dans ce même extrait nous propose que « l’usage

d’un concept comme celui de la violence suppose la référence à des normes qui peuvent ne

pas être partagées par tous » et évoque un « caractère relatif et indéfinissable du concept de

violence »20

16 Définition et étymologie de la violence selon le Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales.

Disponible sur : http://www.cnrtl.fr/etymologie/violence 17 Définition de la violence selon le Larousse 2018 18 Ibid 19 Extrait des pages « La violence » paru en 2012 de Yves Michaud pages 122 à 125 20 Ibid

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Dans les années 2000 l’OMS convaincue par ses propres données épidémiologiques21 ainsi

que celles provenant de l’Organisation Internationale du travail, du Conseil International des

Infirmières et de l’International des Services Publics déclare que la violence constitue un

problème prioritaire de santé publique avec en premières lignes les ambulanciers et les

infirmiers.

Pour prévenir les situations de violence devenant de plus en plus récurrente dans les services

de soins au fil des années22 , la Haute Autorité de Santé a publié le 22 Novembre 2018

« Psychiatrie-Prévention des épisodes de violence »23. Ce guide a pour objectif de « mieux

prévenir et prendre en charge les moments de violence dans l’évolution clinique des patients

adultes lors des hospitalisations en service de psychiatrie ». Il identifie plusieurs stratégies

efficaces à toutes les étapes de la prise en charge de la violence et propose des programmes et

des outils destinés à prévenir et prendre en charge les phases de violence lors de

l’hospitalisation des patients.

Selon ce guide, la violence en psychiatrie peut être causée par différents facteurs :

1. Les facteurs cliniques : troubles psychiatriques, comorbidités

2. Les facteurs contextuels : l’institution, l’environnement physique, l’architecture, le

fonctionnement du service

3. Les facteurs liés aux interactions individuelles : une règle institutionnelle imposée sans

explication (interdiction du tabac par exemple)

La prévention de la violence chez les patients englobe si possible son entourage familial, si

cela est possible. Lorsque les tensions sont déjà présentes, la prévention vise plutôt

l’apaisement du patient plutôt que le recours à la contention ou à l’isolement.

Comme vu précédemment, la violence peut être induite par des troubles psychiatriques c’est

notamment le cas avec la psychose. Rappelons que dans ma situation d’appel la patiente avait

des antécédents de psychose.

21 Communiqué de presse de l’OMS du 10 MAI 2002 disponible sur

https://www.who.int/mediacentre/news/releases/release37/fr/ consulté le 23 mars 2019 22 Rapport 2017 de l’ONVS sur les données 2015 et 2016 page 8 disponible sur

https://www.apmnews.com/documents/201709271157320.Rapport_ONVS_2017_-_Donnees_2015-2016.pdf 23 « Psychiatrie-prévention des épisodes de violence » publié par la HAS disponible sur https://www.has-

sante.fr/portail/jcms/c_2674698/fr/psychiatrie-prevention-des-episodes-de-violence

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Selon Freud, « la psychose serait causée par une rupture originelle entre le Moi (qui est la

conscience humaine) et la réalité qui laisse le Moi sous l’emprise du Ca (qui sont les pulsions

inconscientes), le Moi reconstruisant ensuite une réalité conforme aux désirs du Ca. »24

La psychose est une « affection psychique grave, dont le malade n’a pas conscience,

caractérisée par une désintégration de la réalité accompagnée de troubles de la perception, du

jugement et du raisonnement »25. On peut ainsi supposer que l’origine ou la majoration du

comportement de Madame D provient de ce trouble de la perception du jugement et du

raisonnement. Le patient atteint de psychose n’est donc pas conscient de sa maladie

contrairement au patient atteint de névrose puisque cette dernière est une « affection

psychique perturbant peu le comportement et dont le sujet est conscient »26.

Selon Salomon Resnik, psychanalyste et psychiatre, le patient psychotique vit une existence

suspendue, comparable à un état de putréfaction, d’hibernation au sein d’une carapace

autistique. Il possède « un langage en soi » ce qui rend difficile la communication avec cet

être27

Le soignant étant confronté à ces différentes pathologies dans son exercice, il paraît

nécessaire qu’il se connaisse lui-même, mais également qu’il connaisse ses limites pour

pouvoir gérer les situations auxquelles il sera confronté avec les patients. C’est pourquoi j’ai

trouvé important d’aborder le thème de la connaissance de soi pour le professionnel de

santé.

4. Connaissance de soi pour le professionnel de santé

Le Larousse définit la connaissance comme « l’action, le fait de comprendre, de connaitre les

propriétés, les caractéristiques, les traits spécifiques de quelque chose »28. Appliquée à soi-

24 Cours de psychopathologies du Semestre 5 réalisé par le docteur Laurent 25 Définition de la psychose du Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales disponible sur :

http://www.cnrtl.fr/definition/psychose 26 Larousse Maxipoche 2015 page 936 27 « La relation de compréhension dans la psychose » de Salomon Resnik publié dans « Revue de psychothérapie

psychanalytique de Salomon Resnik 28 Définition de la « connaissance » selon le Larousse

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même on peut définir la connaissance de soi comme tout le savoir qu’une personne acquiert

sur elle-même à l’occasion de ses expériences au cours de sa vie.

La connaissance de soi nécessite un esprit critique et une rigueur car il faut porter un

jugement sur soi-même. En ce sens il faut être objectif et être capable de prendre du recul sur

soi ses actions et leurs conséquences.

Selon différents auteurs elle peut avoir des avantages comme des inconvénients. Pour Blaise

Pascal « Il faut se connaitre soi-même ; quand cela ne servirait pas à trouver le vrai, cela sert

au moins à régler sa vie : il n’y a rien de plus juste. »29. En ce sens, se connaître soi-même

n’apporte pas de véritable lumière sur l’homme, mais permet au mieux de régler sa vie.

Dans « Mémoires d’Hadrien » Marguerite Yourcenar romancière du 20ème siècle parle de la

connaissance de soi comme une expérience essentielle à la construction et au développement

de l’individu. « Le véritable lieu de naissance est celui où l'on a porté pour la première fois un

coup d'œil intelligent sur soi-même : mes premières patries ont été les livres. »30 tandis que

pour Anatole France la connaissance de soi « est une source d’inquiétude et de tourments. Je

me suis fréquenté le moins possible »31

Pour Marguerite Yourcenar, la connaissance de soi est une étape fondamentale dans la vie de

l’être humain, essentielle à sa construction (« un lieu de naissance » en ces propres termes) et

qui ne peut que le servir et l’aider à mieux comprendre et appréhender le monde qui l’entoure

alors que pour Anatole France c’est une source d’inquiétudes et de tourments, une étape dont

l’individu n’a pas forcément besoin « je me suis fréquenté le moins possible » qui pourrait le

desservir. Ces deux regards opposés montrent ici l’ambivalence de la connaissance de soi qui

peut à la fois fasciner et terrifier. En effet, se connaître soi-même signifie également découvrir

des parties de soi que l’on voudrait taire et cacher ou que l’on ne saurait gérer une fois

décelées.

La connaissance de soi, donc le travail sur soi, permet une prise de conscience de ce que

« moi », personne, avec un vécu unique, « je suis » Elle permet la prise de conscience de nos

propres besoins, nos attentes, nos angoisses (ceci pourrait expliquer pourquoi Anatole France

s’est fréquenté le moins possible), nos interrogations et nos difficultés. D’un point de vue

29 Blaise Pascal dans « Pensées » publié en 1670 30 Extrait de « Mémoires d’Hadrien » de Marguerite Yourcenar publié le 01 Janvier 1977 aux éditions Gallimard 31 Extrait de « Le petit Pierre » de Anatole France paru en 1918

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professionnel, elle permet donc au soignant de savoir se positionner, de définir ses limites, de

savoir ce qu’il aime et ce qu’il ne pourrait pas faire lors de l’exercice de son métier, savoir ses

points forts et points faibles.

Durant mon stage en psychiatrie, les professionnels de terrain me faisaient souvent remarquer

que j’avais une bonne relation avec le patient ainsi qu’une bonne distance professionnelle.

Selon eux une bonne relation soignant-soigné couplée à une distance professionnelle optimale

étaient très importante pour mener à bien le soin, surtout en psychiatrie. On ne peut établir

une bonne distance professionnelle que si on se connait soi-même et on sait définir ces

limites.

Mais qu’est-ce que la relation soignant-soigné ? Comment définir si la distance

professionnelle est juste ? Y’a-t-il des indicateurs ? Quelle est la juste distance ?

Dans « la relation soignant-soigné » publié le 21 Août 2014 aux éditions Lamarre, Alexandre

Manoukian définit une relation comme « une rencontre entre deux personnes au moins, c’est-

à-dire deux caractères, deux psychologies particulières et deux histoires »32. Dans cette

définition les facteurs sociaux et physiques (rencontre entre deux personnes) sont mis en

avant.

La prise en soin d’un patient débute par une relation d’aide. C’est en ce sens que le

psychologue Carl Rogers la décrit comme une relation consistant simplement à écouter l’autre

dans sa souffrance. L’écoute permettrait « d’entendre les sentiments de l’autre et leur

résonance sur soi, d’aider à clarifier et à résoudre les difficultés des personnes que l’on

rencontre dans une pratique soignante »33. « Aider à clarifier et à résoudre les difficultés des

personnes » nécessiterait une certaine habileté. Pour faire un lien avec mon stage, les

professionnels de terrain me disaient souvent de faire attention à la formulation de mes

propos. Par exemple, demander au patient « vous n’avez besoin de rien ? » ne le conforterait

pas à m’exposer sa demande et ne favoriserait pas sa capacité à s’exprimer, ce qui ferait que

je ne serai donc pas à l’écoute. Il est donc nécessaire de faire attention à sa formulation, dire

plutôt « est-ce que vous avez besoin de quelque chose ? » afin de montrer que l’on est

disponible pour le patient et faire preuve d’empathie.

32 Définition de « relation » selon Alexandre Manoukian à la page 9 de « la relation soignant-soigné » publié le

21 Août 2014 aux éditions Lamarre 33 BIOY, Antoine. BOURGEOIS, Françoise. NEGRE, Isabelle. Communication soignant-soigné. Edition Bréal,

Janvier 2009, page 23.

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Concernant la distance professionnelle « optimale » dont me parlaient les soignants, j’ai

rencontré beaucoup de difficulté à trouver des informations qui expliquaient précisément ce

terme. Cependant, les travaux de E.T. HALL m’ont été très bénéfiques. Dans la relation

soignant-soigné il parle de proxémie. Il la définit d’un point de vue anthropologique comme

« l’ensemble des observations concernant l’usage que l’humain fait de l’espace qui l’entoure

et le sépare des autres »34. Selon lui, il existe principalement quatre types de distance : la

distance publique, sociale, personnelle et intime.

Dans « Julie ou l’aventure de la juste distance », Pascal PRAYEZ définit la juste distance

comme étant une qualité de présence qui favoriserait la rencontre et le contact. Il rajoute que

la distance juste est ressentie comme « chaleureuse et bientraitante, elle privilégie l’écoute

centrée sur la personne, associant intelligence sensible et intelligence technique »35 En

d’autres termes, les distances utilisées dépendent de la situation du patient, du type de soin, de

la pathologie du patient et de son état émotionnel. Par exemple, un patient atteint d’une

pathologie telle que l’autisme ne supporte pas l’entrée dans la sphère intime36 alors qu’un

patient en fin de vie a besoin d’un contact physique, une distance « intime » pour se sentir

accompagné et rassuré37.

Il est donc très important d’adapter nos soins aux types de patients rencontrés. Le choix de la

distance utilisée est donc souvent un choix du soignant suite à l’évaluation d’une situation.

Comme nous avons pu le voir dans la première partie du cadre de référence, le traitement de

la maladie psychiatrique a beaucoup évolué passant du traitement unique des symptômes pour

au fur et à mesure prendre en compte la personne soignée dans sa globalité. Il en est de même

pour la distance soignant-soigné, elle a, elle aussi subi une forte évolution. Pour Descartes,

pour soigner un homme malade, il fallait uniquement se focaliser sur l’organe atteint pour la

guérison de la personne38. Les notions de distance et de soin relationnel étaient donc

pratiquement inexistantes. Le patient en lui-même n’était pas pris en compte pour le soin.

Pascal PRAYEZ affirme également que l’affect à une place importante dans la notion de juste

distance. Cependant, le professionnel de santé ne doit pas se laisser emporter par ses émotions

et ses affects. Il ne doit pas oublier le contexte dans lequel il se trouve avec le patient, c’est-à-

34 Pascal Prayez dans « Julie ou l’aventure de la juste distance » paru en 2005 aux éditions Lamarre page 13 à 15 35 Ibid page 200 36 Trouble du spectre de l’autisme : interventions et parcours de vie de l’adulte disponible sur https://www.has-

sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2018-09/autisme_adulte_guide_appropriation_fevrier_2018.pdf 37 Pascal PRAYEZ « distance professionnelle et qualité du soin », gestions des ressources humaines édition

Lamarre 38 Descartes dans « Discours de la méthode » 1637

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dire une situation dans laquelle il est présent pour procurer des soins dans le but

d’accompagner, soulager, réduire ou guérir une souffrance. Il me parait donc nécessaire de

définir la gestion des émotions car elle est en lien avec la connaissance de soi, le fait de

connaitre ses propres limites.

Pour le soignant, qu’est ce que gérer ses émotions ? Est-ce que cela correspond à ne pas se

mettre en colère face à une situation de violence avec un patient psychotique ? ou à ne pas

pleurer devant un patient et sa famille ? Est-ce ne rien ressentir ?

Etymologiquement « émotion » provient du préfixe « é » qui signifie un déplacement vers

l’extérieur et du suffixe « motion » qui indique un mouvement. L’émotion se définit comme

un « trouble affectif, global, brusque, intense et passager d’un sujet, de tonalité agréable ou

pénible (joie, peur, colère), provoqué par une situation inattendue et qui s’accompagne d’une

réaction organique confuse de dérèglement, de désadaptation et d’un effort plus ou moins

désordonné pour rétablir l’équilibre rompu »39. L’émotion provient donc de l’intérieur et

s’extériorise en fonction des évènements extérieurs. Elle peut être agréable ou désagréable et

manifestée par une réaction physique (pleurs, rougeur, chaleur, rire). L’émotion est aussi « un

processus dynamique constitutif de la construction de la personnalité »40 car « notre vie

entière et l’ensemble de nos conduites dépendent des émotions que nous ressentons »41.

L’émotion permet donc l’enrichissement de notre personnalité en la développant. Chaque

personne a ses émotions, soignant comme patient. De mon point de vue, savoir gérer ses

émotions signifie être capable d’utiliser au mieux ses émotions et celles d’autrui pour avancer

dans une prise en charge soignante.

Le soin « met au contact deux corps vivant, qui perçoivent des sensations, qui ressentent les

émotions et qui pensent »42. Pour le soignant, l’émotion est ressentie pendant le soin mais le

comportement qu’il engendre est propre à chaque soignant. Nous ne pouvons pas

constamment maitriser nos émotions mais il nous est possible de les réguler. Lors de mon

stage en psychiatrie les infirmières me disaient souvent que dans cette spécialité, il était

nécessaire d’exprimer ses émotions, savoir les gérer ne veut pas dire ne pas les exprimer.

Elles ajoutaient souvent « nous ne sommes pas des robots qui réalisent une liste d’actes et

d’activités »

39 Définition du vocabulaire de la philosophie des sciences humaines page 94 40 « les nouveaux cahiers de l’infirmière » de ENYOUMA Marcus, FALCON Nathalie, SOUBEYRAND Pascal,

Science Humaines paru en 2002 aux éditions Masson 41 Ibid 42 Pascal PRAYEZ « distance professionnelle et qualité du soin », gestions des ressources humaines édition

Lamarre

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Concernant la connaissance de soi pour le professionnel de santé et pour faire le lien avec ma

situation de départ, à mon niveau de formation, je ne pense pas que je me connaisse assez

suffisamment. Je ne peux à ce jour pas définir totalement mes limites en tant que soignant,

savoir ce qui m’affecte le plus, gérer mes émotions de manière efficace, garder mon calme

face à une situation complexe avec un patient psychotique. Mais la connaissance de soi-

même et gestion ne sont-elles pas favorisées par l’expérience ? Pour étayer ce

questionnement j’ai décidé de développer une cinquième partie concernant l’expérience

professionnelle.

5. Expérience professionnelle

Etymologiquement le terme « expérience » désigne « une traversée de dangers ». Il vient du

latin « ex-perire »43. Le terme renvoie au fait qu’il n’y a pas d’expérience s’il n’y a pas de

situations périlleuses vécues.

Au niveau professionnel cela signifie que plus le professionnel fait face à des situations

complexes plus il se forge une expérience professionnelle qui le servira dans son activité.

Le terme « expérience » peut aussi faire référence à « l’amélioration de théories et de notions

préconçues, au travers de la rencontre de nombreuses situations réelles qui ajoutent des

nuances ou des différences subtiles à la théorie »44. On peut parler d’expérience, lorsque « des

notions et des attentes préconçues sont remises en question, mise au point ou infirmées par la

réalité »45.

Mes recherches sur l’expérience professionnelle m’ont porté vers la théorie de Patricia

Benner46 que j’ai trouvée à la fois pertinente et très intéressante. Patricia Benner identifie 5

43 « Du savoir pratique à la co-nnaissance dans les soins infirmiers » de Jeans-Gilles Boula publié dans « Droit,

déontologie et soin » Volune 2 Numéro 3 en Septembre 2002 44 Gadamer, 197° ; Benner & Wrubel, 1982 45 Heidegger, 1962 ; Gadamer, 1970 46 Congrès des infirmiers cliniciens du 01/10/2015 au Centre Hospitalier EpiCURA, « De novice à expert :

excellence en soins infirmiers Théorie de Patricia Benner » de M Vanschoor disponible sur

http://www.anfiide.com/Documents/AVIGNON2015/OUVERTURE/06_M_VANSCHOOR.pdf

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niveaux de compétences cliniques qui sont les suivants : novice, débutant, compétent,

performant et expert.

Le stade novice comprend les personnes qui n’ont aucune expérience et qui dépendent

totalement des règles qui leur ont été enseignées pour les guider dans leurs actes. Leur

pratique est limitée à gérer les paramètres mesurables (poids température etc…) ainsi qu’à

mettre en œuvre des règles standards indépendantes du contexte. Cette étape est caractérisée

par une grande insécurité et un manque de confiance.

Le stade débutant représente les soignants qui ont fait face à suffisamment de situations

réelles pour noter les facteurs signifiants qui se reproduisent dans les situations identiques.

Les débutants ont besoin d’aide pour établir les priorités puisqu’ils agissent selon les règles

apprises. Ils ont besoin d’être encadrés dans le milieu clinique. Les actes et soins qu’ils

réalisent doivent être contrôlés par des soignants au stade « compétent ». Concernant

l’enseignement et l’apprentissage, il faut donner aux débutants des informations très détaillées

et très explicites. Pour les orienter de nombreux hôpitaux emploient des tutrices.

Le stade compétent est composé des infirmières avec une expérience de 2 ou 3 ans dans un

même service. Les infirmières compétentes savent déterminer quels aspects d’une situation

sont importants et lesquels elles peuvent ignorer. Elles n’ont pas encore la rapidité ni la

souplesse de l’infirmière performante mais elles ont le sentiment de maitriser les choses et

d’être capable de faire face aux situations imprévues.

Le stade performant représente les infirmières qui travaillent auprès d’une même population

de malades depuis 3 à 5 ans. Elles perçoivent les situations professionnelles « comme un

tout ». Cela signifie qu’elles peuvent interpréter différemment certains signes selon la

situation et s’adapter. Elles n’auront pas forcément la même prise en charge même si la

situation semble identique. Ces différences de prise en charge peuvent être incompréhensible

pour les infirmières du niveau novice au niveau compétent. Le niveau de perception entre

chaque situation marque la différence entre les infirmières performantes et celles de niveaux

inférieurs. Avec son expérience, l’infirmière performante sait ce qui risque d’arriver dans telle

ou telle situation et anticipe alors sa prise en charge pour faire face à ce qui est prévue. Les

infirmières performantes savent reconnaitre une dégradation de l’état du patient avant qu’il y

ait des changements explicites dans les signes vitaux.

Le stade expert est caractérisé par les infirmières avec plus de 5 ans d’expérience. Les

infirmières expertes ne s’appuient plus sur un principe analytique pour passer du stade de la

compréhension de la situation à l’acte approprié. Elles comprennent de manière intuitive les

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situations auxquelles elles font face et appréhendent directement le problème sans se perdre

dans un large éventail de solutions. Il est important de noter que toutes les infirmières ne

deviendront pas des expertes.

III. Phase d’enquête

1. Outil d’enquête

Après la rédaction de mon cadre de référence, pour mener à bien la poursuite de ce travail de

fin d’études j’ai démarré la phase d’enquête. Cette phase consiste à interroger les

professionnels de santé pour avoir divers points de vue et ainsi enrichir mes connaissances et

mes questionnements puis comparer les informations recueillies auprès des professionnels à

mon cadre de référence.

Il fallait d’abord définir l’outil d’enquête. Quel outil j’allais choisir et pourquoi ?

Selon le Larousse un questionnaire se définit par « une série de questions auxquelles on doit

répondre »47 et l’entretien se définit par « une conversation suivie avec une ou plusieurs

personnes »48. Chacun des deux outils ont des avantages comme des inconvénients. Sur un

questionnaire nous sommes plutôt sur des données quantitatives alors que sur un entretien

nous sommes sur des données qualitatives. De plus il n’y a pas de possibilité pour

l’intervieweur d’influer sur les réponses de façon intentionnelle ou non. Mais il ne permet pas

de clarifier certaines questions de s’assurer que son interlocuteur comprend bien les réponses.

A l’opposé l’entretien offre plus de possibilités d’évaluer la compréhension du répondant et

son interprétation des questions, il permet d’établir une relation de confiance avec

l’interlocuteur et ainsi mieux obtenir des réponses auxquelles il pourrait hésiter à répondre.

47 Définition « questionnaire » selon le Larousse 2018 48 Définition « entretien » selon le Larousse 2018

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De ce fait l’interviewer peut influer intentionnellement ou non sur les résultats ce qui est un

inconvénient majeur.

Au regard de mon sujet qui traite principalement de l’influence de l’expérience dans la

gestion de situation de violence je souhaite orienter mon choix sur des entretiens de type

semi-directif. En effet l’entretien semi-directif permet de poser des questions ouvertes à

l’interviewé ce qui lui permet d’exprimer sa pensée tout en restant centré sur le sujet. J’ai

besoin de données qualitatives, ce qui pour moi est très important puisque je parle

d’expérience. J’ai besoin d’être au contact de mon interlocuteur, dialoguer et ainsi mieux

comprendre mon sujet.

Ensuite définir la population ciblée. Qui allais-je interroger et pourquoi ? Mon choix s’est

porté sur les infirmiers de secteurs psychiatriques en structures fermées. Tout d’abord parce

que mon sujet est lié à la santé mentale je pense qu’il est donc pertinent d’interroger des

infirmiers de secteurs psychiatriques. J’ai voulu orienter mes critères sur les structures

fermées car ma situation d’appel s’est déroulée en structure fermées. Les structures fermées

génèrent autant voire plus d’incidents que les structures ouvertes49 et la gestion des incidents

par le personnel est tout autant différente.

L’expérience s’acquérant au fil du temps et comprenant différents niveaux j’ai choisi deux

profils infirmier lors de mes entretiens : Les infirmiers novices et débutants (moins de 2 ans

d’expérience) et les infirmiers experts (plus de 5 ans d’expérience dans le service). J’ai

réalisé la grille ci-dessous qui m’a permis de guider au mieux ces entretiens. Celle-ci contient

9 questions répartis en 3 thèmes dont les 2 premières questions représentent des questions

d’ouverture destinés à mieux connaître mon interlocuteur.

Thème Question Objectif

• Depuis quand êtes-

vous diplômé ?

• Depuis quand

travaillez-vous dans

le service ?

• Evaluer le degré

d’expérience

49 Selon « Psychiatrie ouverte ou fermée » de Francis Poutreau Cadre Supérieur de santé au Centre Hospitalier

Georges Mazurelle en Vendée paru en Septembre 2010 consultable sur : http://www.le-cercle-

ethique.fr/resources/MEMOIRES_M1/Psychiatrie.ouverte.fermee-FP-MP1_2010.pdf

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Violence • Selon vous qu’est-ce

que la violence ?

• Selon vous quelles

sont les

caractéristiques de la

violence en santé

mentale ?

• Quels éléments

influencent la prise en

charge qualitative des

situations de violence

auprès de patients

psychotiques en Santé

Mentale

• Identifier

l’interprétation de la

violence pour le

professionnel de santé

• Connaitre les

représentations de la

violence pour un IDE

exerçant en Santé

Mentale

• Mettre en évidence

les invariants

importants dans la

prise en charge de

patients psychotiques

Expérience Professionnelle • Comment définissez-

vous l’expérience

professionnelle ?

• Connaitre la

représentation de

l’expérience

professionnelle pour

le professionnel de

santé

• Evaluer selon le

professionnel de santé

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• Quels liens pouvez-

vous faire entre votre

expérience

professionnelle et la

prise en soin du

patient lors de

situation de

violence ?

les effets de

l’expérience

professionnelle sur la

prise en charge du

patient psychotique

Connaissance de Soi • Qu’est-ce que la

« Connaissance de

soi » pour un IDE en

psychiatrie ?

• Dans quelle mesure

votre connaissance de

vous-même impacte-

t-elle votre prise en

soin du patient lors de

situation de

violence ?

• Connaitre les

représentations de la

connaissance de soi

• Identifier l’influence

de la connaissance de

soi dans la prise en

charge du patient

psychotique.

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2. Analyse

Afin d’analyser les questions qui ont fait suite à mes entretiens j’ai tout d’abord procédé à une

retranscription. Ensuite j’ai effectué un tableau avec d’une part mes questions, les réponses

attendues (par rapport a cadre de référence) puis les réponses données par chacun des

infirmiers interrogés. Dans mon tableau j’ai mis en évidence les réponses des infirmiers qui

correspondaient aux données obtenues dans mon cadre de référence.

J’ai pu interroger 3 infirmières et 1 infirmier avec des niveaux d’expérience différents :

1. IDE 1 : diplômée depuis 12 ans et travaillant dans le service depuis 6 ans

2. IDE 2 : diplômée depuis 10 ans et travaillant dans le service depuis 5 ans et demi

3. IDE 3 : diplômé depuis 2 ans et travaillant dans le service depuis presque 2 ans

4. IDE 4 : diplômée depuis 2 ans et travaillant dans le service depuis 1 an et demi

Concernant les deux premières questions sur le thème de la violence « Selon vous qu’est-ce-

que la violence » et « Selon vous quels sont les caractéristiques de la violence en santé

mentale ? » j’ai choisi de les regrouper toute les deux pour l’analyse car lors de mes

entretiens, pour définir la violence les infirmiers donnaient par la même occasion ses

caractéristiques.

Les entretiens se sont déroulés dans la salle de pause qui était calme. Aucun élément

perturbateur (porte qui s’ouvre, personnes qui rentrent dans la pièce, sonnettes, interruption)

n’a interagi avec le bon déroulement des entretiens.

Mes deux premières questions étaient « Selon vous qu’est-ce-que la violence ? » et « Selon

vous quels sont les caractéristiques de la violence en Santé mentale ? ». Certaines notions

revenaient chez tous les infirmiers interrogés telles que : la violence par la parole et la

violence physique. Ces notions concordaient avec les aspects de la violence présentes dans

mon cadre de référence.

Les IDE 1,2 et 4 ont évoqué le principe de subjectivité de la violence à savoir : la violence

dépend de la perception qu’ont les personnes qui y sont impliqués. Cet aspect est retrouvé

dans mon cadre de référence par la définition de Yves Michaud « non seulement des faits,

mais aussi nos manières de les appréhender, de les juger de les voir et de ne pas les voir »50.

La subjectivité de la violence est décrite différemment par les 3 infirmiers impliqués. Par

50 Extrait des pages « La violence » paru en 2012 de Yves Michaud pages 122 à 125

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exemple pour l’IDE 1 l’aspect subjectif de la violence peut se traduire par la parole. Elle

dépend de comment cette parole est interprétée alors que pour l’IDE 2 le fait qu’un soignant

ne soit pas disponible dans l’immédiat pour un patient entraîne une interprétation des faits

comme une violence par le patient de la part du soignant. Pour l’IDE 2 cette interprétation des

faits peut être dans certains cas lié à la pathologie du patient ce qui veut dire, comme vu dans

le cadre de référence auparavant que la violence peut être lié à la pathologie du patient. Cette

vision de la subjectivité de la violence montre également que celle-ci peut venir à la fois du

patient et du soignant lui-même. Or, si le patient perçoit de la violence chez le soignant, sa

réponse peut se matérialiser mimétiquement et il fera appel à de la violence à son tour. Quant

à l’IDE 4 le fait qu’il dise que le terme violence est « compliqué à définir » me fait

m’interroger sur une possible interprétation de l’aspect subjectif de la violence. Cette

complexité à définir le terme de violence tend à montrer que même pour une seule personne,

la violence peut prendre différentes formes et aspects selon les situations et ainsi que le terme

de violence est vaste. Nous voyons donc que la notion de subjectivité peut porter sur

différents critères la parole, les actes et la complexité du terme.

Il n’y a que l’IDE 4 qui définit la violence comme avant tout « une émotion négative qui peut

apparaître selon des moments »51. Il met en avant la notion d’émotion. Cette notion d’émotion

n’est retrouvée chez aucun des autres IDE. Cela m’interroge et confirme de ce fait les propos

d’Yves Michaud, soutenant qu’elle dépend de notre manière à l’appréhender. Je me demande

aussi si l’IDE 4 n’interprète pas la violence comme avant tout une émotion parce qu’il est

infirmier novice travaillant dans le service depuis moins de 2 ans, de ce fait, le peu

d’expérience qu’il a par rapport aux autres et ses propres valeurs mettent en avant la violence

comme une émotion.

Pour l’IDE 2 la contention est une forme de violence parfois nécessaire pour lutter contre les

violences physiques. En effet elle sert à protéger le patient de lui-même et des autres.

L’IDE 3 est le seul infirmier qui inclue dans sa réponse à mes deux questions le fait que la

violence doit-être immédiatement gérer. Pour faire un lien avec ma situation d’appel, j’ai

essayé en quelque sorte de gérer la situation violente dans l’immédiat mais avec du recul j’ai

compris que ce n’était pas le bon moment et surtout que je ne m’y prenais pas de la manière la

plus adéquate possible. C’est pour cela que les professionnels de terrain, plus expérimentés

sont venus par la suite gérer la situation. Pour ce faire, ils ont laissé la patiente se calmer seule

dans la salle de repos. Je pensais qu’ils voulaient gérer la colère et la violence de la patiente

51 Extrait de l’entretien avec l’IDE 4

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plus tard, mais j’ai compris que le fait de laisser la patiente seule dans la salle de repos pour

qu’elle extériorise c’est une manière de gérer la situation.

L’IDE 1 insiste sur le fait que la violence peut être un peu partout : « dans un regard, une

parole, elle peut être physique » Cela est très important et peut même vouloir dire que la

violence peut prendre différentes formes, qu’elle ne commence et ne s’arrête pas à la violence

physique et qu’elle peut même se traduire comme une action non verbale comme le regard.

Cela rejoint la première partie de mon cadre de référence sur l’histoire de la psychiatrie qui

prouvait que la violence a toujours fait partie de la psychiatrie et était présente un peu partout.

La notion d’institutionnalisation de la violence dont j’ai parlé dans le cadre de référence est

retrouvé uniquement chez l’IDE 4. En effet dans mon cadre de référence, j’ai parlé des

facteurs contextuels qui pouvaient être sources de violence pour le patient comme les règles

institutionnelles par exemple (interdiction pour un étudiant d’être seul avec un patient

psychotique comme dans ma situation d’appel). Ainsi pour l’IDE 4 la violence institutionnelle

se manifeste par le fait de coucher des patients alors qu’ils n’ont pas sommeil : il me dit en

ces termes « c’est l’institution qui fait qu’on est violent »

A travers le regard des infirmiers j’ai pu retrouver la plupart des aspects de la violence

contenues dans mon cadre de référence soit : l’institution, les patients, les soignants ou la

pathologie.

Concernant ma troisième question « Quels éléments influencent la prise en charge qualitative

des situations de violence auprès de patients psychotiques en Santé Mentale ». Tous les

infirmiers m’ont parlé de la cohésion d’équipe comme un facteur très important dans la prise

en charge de la violence. Plus le groupe sera soudé, plus la réponse a apporté à la situation du

patient sera adéquate. Pour l’IDE 2 par exemple, le fait d’avoir un nouveau soignant dans

l’équipe qui n’arrive pas à s’imposer auprès des patients créera une faille. Cela veut dire que

les patients auront un comportement inadapté, ce qu’ils n’auront pas avec d’autres soignants

Pour l’IDE 2 cela conduit à une « destruction de toute une prise en charge » et à une

majoration des mauvais comportements de la part des patients.

En second lieu la réponse ressortie des quatre entretiens était l’expérience. Pour les quatre

infirmiers interrogés, l’expérience était primordiale dans le sens où au fur à mesure qu’il

rencontrait différentes situations de violence ils étaient de mieux en mieux préparer pour

prendre en charge les prochaines à venir.

L’IDE 1 propose de discuter de solutions avec les patients : « je pense que c’est très important

de les prendre en considération » mais se questionne sur ce qu’il faut dire et ne faut pas dire et

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à quel moment, si le patient sera réceptif ou non et conclue par le fait que cela s’acquière

principalement avec l’expérience. Elle montre par ces termes la complexité de la gestion des

situations violentes en psychiatrie. Cela rejoint les données issues de mon cadre de référence

concernant le guide de la prévention de la violence en psy de l’HAS qui proposait d’inclure le

patient au centre de la prévention. Elle parle aussi pour finir de la connaissance de soit qui

reste un facteur très important dans une prise en charge qualitative.

L’IDE 3 a rencontré beaucoup de difficultés à répondre à cette question « euh comment dire,

là j’ai pas mes mots euh… » et met en avant l’attitude du soignant qui doit garder son sang-

froid au risque d’envenimer la situation. Pour finir il conclue que les autres IDE répondront

mieux à cette question car ils ont plus d’expérience que lui et « l’expérience pareille, ça peut

beaucoup influencer ».

Il n’y a que l’IDE 4 qui a rajouté différentes pistes de réponses influençant la prise en charge

qualitative tels que : la relation soignant-soigné, la prise en charge unique car « chaque cas est

particulier » en prenant compte le patient et non sa pathologie car tous les patients ont la

même pathologie mais la manifeste différemment, connaître le patient et son vécu avant

l’hospitalisation, pouvoir discuter avec lui.

Mes deux questions suivantes portaient sur le thème de l’expérience professionnelle.

Ma première question était « comment définissez-vous l’expérience professionnelle ? ». A

cette question, nous retrouvons dans les réponses des IDE 1,2 et 3 la notion d’acquisition de

connaissance dans leurs activités professionnelles au fil du temps. Leurs définitions est très

proche de celle que j’ai dans mon cadre de référence à savoir : « l’amélioration de théories et

de notions préconçues, au travers de la rencontre de nombreuses situations réelles qui ajoutent

des nuances ou des différences subtiles à la théorie ».

L’IDE 4 définit l’expérience professionnelle plutôt comme quelque chose qui l’aide à avoir

une réponse plus adaptée, rapide et efficace au besoin du patient. L’expérience

professionnelle l’aide à comprendre plus vite les situations. Cela reste une acquisition de

nouveaux savoirs avec le temps donc je peux dire qu’elle rejoint celle des autres IDE. Sa

définition rejoint aussi celle des autres dans le sens où elle dit qu’elle en a plus que les

nouveaux arrivants. En ce sens elle rajoute la notion de temporalité à l’expérience, c’est-à-dire

qu’elle est acquise avec le temps. Mais elle parle aussi d’une notion qu’on ne retrouve pas

chez les autres IDE qui est le fait que l’expérience se forge aussi en lien avec les valeurs du

soignant.

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Pour l’IDE 1 l’expérience se forge au fur et a mesure dans le service ou on est par les actes

que le soignant est amené à faire. Cela voudrait-il dire que l’expérience évolue uniquement si

on reste dans le même service ? Cela me questionne. Pour faire un lien avec mon cadre de

référence, j’avais trouvé que selon la théorie de Patricia Benner sur les niveaux d’expérience,

chaque soignant passait au stade suivant de l’expérience en restant dans le même service après

un temps donné.

Pour l’IDE 2 uniquement l’expérience professionnelle n’est pas seulement une acquisition de

connaissance au fil du temps mais aussi de tout ce qui découle dans l’exercice du métier. Elle

passe aussi par l’organisation du service, le déroulé des prises en charge mais aussi une

connaissance plus poussée du patient tandis que pour l’IDE 3, elle débute dès l’acquisition

des savoirs en début de formation.

Ma deuxième question était « Quels liens pouvez-vous faire entre votre expérience

professionnelle et la prise en soin du patient lors de situation de violence ? »

Grâce à la théorie de Patricia Benner sur l’expérience professionnelle, j’ai pu mettre en

évidence dans mon cadre de référence que les infirmières performantes et expertes (3 à 5 ans

dans le service et plus de 5 ans dans le service) réagissait rapidement lorsqu’il s’agissait de

prendre en charge un patient et de manière efficace. Elles anticipaient les soins et

reconnaissaient les signes avant-coureurs d’une défaillance de l’état de santé et de ce fait était

mieux préparer pour la prise en charge. Alors que les infirmières novices et débutantes (moins

de 2 ans d’expérience) avaient une prise en charge moins efficace, basé uniquement sur les

enseignements qu’elles avaient reçus, expliquer aussi par le fait qu’elles aient été confrontées

à très peu de situation. Pour répondre donc à la question du lien entre expérience

professionnelle et prise en charge de situation de violence, les infirmières expertes IDE 1 et

IDE 2 ont répondu toute les deux qu’elle permettait :

• Une meilleure gestion des situations car elles en ont vécu plusieurs comparés aux

jeunes diplômés, il y a moins de peur voir plus du tout de peur dans certains cas

• Une meilleure compréhension des situations toujours grâce à la répétition des

situations car au fur et à mesure elles connaissent de plus en plus certains patients ce

qui permet de savoir comment réagir

• Une meilleure ou une amélioration de la prise en charge car avec l’ancienneté on peut

bénéficier de nouvelles formations sur la prise en charge par l’établissement de santé

dans lequel on travaille

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Les IDE 3 et 4 n’ont pas longuement répondu à la question comme ils avaient fait pour les

autres questions. L’IDE 3 par exemple n’avait pas beaucoup de mot (présence de « euh » et

phrase inachevée dans sa réponse) et a conclue avec le fait que l’expérience influe bien la

qualité d’une situation de violence. Concernant l’IDE 4 il n’y a pas beaucoup d’apports dans

sa réponse. Elle fait une rapide comparaison avec ses collègues en disant qu’ils détectent les

signaux plus vite qu’elle voir certains signaux qu’elle ne détecte pas elle-même ce qui fait

qu’il y a une meilleure gestion des situations et une meilleure prise en charge et conclue donc

que l’expérience a un impact sur la prise en soin du patient lors de situation de violence.

Mes deux dernières questions avaient pour thème la connaissance de soi.

La première question était « qu’est-ce que la connaissance de soi pour un IDE en

psychiatrie ?»

Pour les quatre infirmiers interrogés la notion commune qui revenait était la connaissance de

ces limites ce qui concordait avec la définition contenue dans mon cadre de référence à savoir

la connaissance de ses limites et de ses propres traits spécifiques donnant lieu à des avantages

comme des inconvénients.

Pour l’IDE 1 la connaissance de soi c’est savoir ou on est au niveau de ces connaissances, de

ses savoirs et acquis avant d’être une définition de ses propres limites.

L’IDE 2 et 3 font un lien entre la connaissance de soi et les situations vécues. Pour L’IDE 2

c’est aussi connaitre sa capacité à réagir à diverses situations et pour l’IDE 3 c’est se

connaitre pour pouvoir affronter diverses situations, connaitre son degré d’acceptation sur ce

qui peut être dit par le patient ou ce qui peut être fait en d’autres termes c’est connaitre ou

sont ses limites.

Concernant l’IDE 4 elle donne une définition plus globale avec différents aspects. Elle met en

avant le fait que la connaissance de soi est importante car elle nous permet de nous connaître

pour ne pas être impacté par le vécu du patient par exemple, nous connaître en tant

qu’humain, nos réactions et nos valeurs et ainsi demander plus facilement de l’aide à l’équipe

en cas de besoin.

Ma dernière question était « Dans quelle mesure votre connaissance de vous-même impacte-t-

elle votre prise en soins lors de situation de violence ? »

Tous les IDE ont répondu que « la connaissance de soi » leurs permettaient de connaitre leur

limite et donc de demander de l’aide aux collègues avant d’être en difficulté. Les IDE

expertes soit l’IDE 1 et l’IDE 2 expliquent cela par le fait qu’elle entraine une prise de

conscience sur ses réelles capacités et donc de passer plus facilement la main aux collègues

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lorsqu’elles ressentaient une difficulté à venir ou d’être sûr de pouvoir affronter une situation

aussi complexe qu’elle soit. Alors que l’IDE 3 et l’IDE 4 me répondent que la connaissance

de soi améliore la prise en charge par le fait qu’elle comprend qu’elle doit demander de l’aide.

3. Conclusion de l’enquête

Globalement, les objectifs concernant les questions que j’ai posés ont été atteints lors des

entretiens. Les réponses obtenues de la part des soignants ont été satisfaisantes, pertinentes et

en lien avec le cadre de référence. Les entretiens m’ont permis de confronter mes recherches

théoriques aux réalités du terrain et de percevoir des similitudes entre ces deux derniers (dans

les définitions des termes comme violence, connaissance de soi et expérience professionnelle)

Ces entretiens m’ont aussi permis d’avoir un regard plus large sur ma question et ma situation

de départ. Ils m’ont fait comprendre que mon comportement dans ma situation d’appel reste

inadapté mais semble relativement normal pour un étudiant en début de Semestre 5. Je n’avais

pas assez de connaissances ni d’apports théoriques mais aussi très peu de recul et

d’expérience sur les pathologies psychiatrique.

Pour certaines questions j’ai remarqué que les infirmiers débutants éprouvaient quelques

difficultés à répondre ou ne répondaient que partiellement. Cela est peut-être dû au fait qu’ils

n’ont pas assez d’expérience pour clairement avoir un avis sur ces questions.

Lors de chaque entretien les infirmiers ont mis en évidence le fait qu’il fallait une expérience

professionnelle conséquente et bien se connaitre pour prendre en charge de manière optimal le

patient atteint de troubles psychiatriques dans sa globalité. Pour certains d’entre eux lien entre

l’expérience professionnel et la connaissance de soi est indéniable car ces deux notions vont

de paire dans le sens ou plus nous sommes confrontés à divers situations, plus nous gagnons

en expérience dans un service et nous nous connaissons mieux.

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Conclusion

Ce travail de fin d’étude m’a permis de mettre en évidence des compétences essentielles à

mon futur métier d’infirmier. Il m’a permis d’avoir un autre regard sur la psychiatrie, de

mieux la comprendre et d’évoluer ma pensée par rapport à cette spécialité. Dans ce travail j’ai

pu développer mon questionnement sur des thèmes qui me semblent très importants pour un

infirmier tels que « l’expérience professionnelle » et la « connaissance de soi ». J’ai pu les

définir de manière théorique et avoir l’avis des professionnels de santé sur le sujet à travers

des entretiens.

Lors des entretiens les professionnels de terrain ont abordé des thèmes non exploités au sein

de mon cadre de référence tels que : les valeurs du soignant et la cohésion d’équipe qu’ils ont

mis en lien avec l’expérience professionnel et la connaissance de soi important pour une

bonne prise en charge en psychiatrie.

Mon projet professionnel à moyen terme serait de travailler en service hospitalier de santé

mental mais dans un premier temps j’aimerais travailler en médecine car je n’ai pas eu assez

d’expérience en ce qui concerne mon parcours de stage selon moi et je pense que les soins

psychiatriques ne regroupent pas uniquement des personnes atteintes de pathologies mentales.

En effet, un patient psychotique peut souffrir d’un diabète de type 1 que l’on peut retrouver

dans un service de médecine de diabétologie-nephrologie par exemple.

Pour finir, je voudrais parler des difficultés rencontrées en écrivant ce mémoire. N’étant pas

très à l’aise avec la rédaction en français, j’ai eu beaucoup de difficultés à rédiger ce travail de

fin d’étude. La rédaction m’a pris beaucoup de temps car je devais corriger à la fois mes

multiples fautes d’orthographe et mes fautes de syntaxe.

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Disponible sur :

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le 17 Mars 2019

WEBOGRAPHIE

Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales. Disponible sur :

http://www.cnrtl.fr/etymologie/violence

Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales disponible sur :

http://www.cnrtl.fr/definition/psychose

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I

Annexes

Annexe I : Retranscription

Retranscritpion entretien numéro 1

IDE 1

Moi ; Bonjour, je m’appelle Jordan, je suis étudiant infirmier en 3ème année et j’ai souhaité

vous interroger dans le cadre de mon mémoire sur « L’expérience et la connaissance de soi

dans la prise en soin du patient psychotique »

Depuis quand êtes-vous diplômé et travaillé dans ce service ??

IDE1 : Je suis diplômée depuis juillet 2007 ça fera euh douze ans en juillet et je travaille dans

ce service depuis maintenant 6 ans.

Moi : Selon vous qu’est-ce-que la violence ?

IDE1 : c’est pas c’est pas vraiment simple comme question mais euh la violence pour moi

c’est hm porté atteinte à une personne physiquement ou psychologiquement par de

l’agressivité par exemple. C’est un peu difficile à définir

Moi : Selon vous quels sont les caractéristiques de la violence en santé mentale ?

IDE1 : La violence en psychiatrie elle peut être un peu partout, dans un regard, une parole et

elle peut être physique aussi. Mais une parole peut être vu comme violente par quelqu’un et

pas pour quelqu’un d’autre. En fait, pour moi ça dépend vraiment de la perception de la

personne qui reçoit entre guillemet des mots violents. Mais je crois que les situations

violentes les plus complexes pour une équipe ça reste la violence physique. Ça c’est toujours

plus difficile à gérer

Moi : Quels éléments influencent la prise en charge qualitative des situations de violence

auprès de patients psychotiques en Santé Mentale

IDE1 : Je pense qu’il y a tout d’abord la cohésion de l’équipe qui peut être un atout lors d’une

situation de violence et beaucoup l’expérience des soignants qui permet de mieux gérer ce

type de situations toujours un peu compliqué, à la fois pour l’équipe, le patient en question et

les autres patients autour, je pense que c’est important de les prendre en considération aussi.

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II

Après il y a aussi l’environnement de travail, est-ce possible de proposer aux patients des

solutions pour faire diminuer cette situation violente ou non ? Le patient va-t-il être réceptif à

la communication dans ces moments-là ? Que faut-il dire ou ne pas dire et à quel moment ?

Mais je pense que ça aussi ça s’acquière avec de l’expérience, à la fois se connaître soit

même, ses émotions et ses réactions mais aussi connaître les différentes maladies psychiques.

Avec de l’expérience on peut avoir été confronté à différentes situations et se dire « euh non

là c’est pas bon, il monte trop et on va en venir à une situation violente ». Ce qui avec un peu

d’expérience aurait pu se gérer autrement et en rester peut-être seulement à la violence

verbale par exemple.

Moi : Comment définissez-vous l’expérience professionnelle ?

IDE1 : L’expérience professionnelle c’est euh la capacité à acquérir des connaissances et des

compétences dans sa profession pour moi. Pour moi c’est l’expérience que tu acquières au fur

et à mesure dans le service par les actes que tu es amené a faire

Moi : Quels liens pouvez-vous faire entre votre expérience professionnelle et la prise en soin

du patient lors de situation de violence ?

IDE1 : euh bah pour moi l’expérience acquise sert à pouvoir réagir dans différentes situations

au fur et à mesure de travailler avec tes patients on s’améliore on sait quoi faire dans telle ou

telle situation. Au-delà de la maladie du patient plus tu es dans le service mieux tu comprends

ce qu’il a car tous les patients ils peuvent avoir la même pathologie mais parfois ils réagissent

différemment. Tu as une expérience sur le terrain tu ne te dis pas comme en cours « ah ouais

troubles bipolaires : c’est ci c’est ça » en cours tu les apprends bêtement et sur le terrain tu te

rends compte de ce que c’est tu te rends compte de ce que ça peut t’apporter pour les prendre

en charge donc je dirai que l’expérience professionnelle améliore la prise en charge du

patient.

Moi : Qu’est-ce que la « Connaissance de soi » pour un IDE en psychiatrie ?

IDE 1 : La connaissance de soi pour moi c’est savoir ou est ce qu’on en est a niveau de nos

connaissances savoir se die ok la je ne sais pas si ca va pas je peux toujours dire à un collègue

et il va m’expliquer c’est savoir se dire la je ne sais pas c’est ma limite si tu sais réagir dans

tel ou telle situation. Il y a des situations qui ne sont faciles pour personne on a chacun nos

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III

situations on a chacun nos histoires de vie on a chacun ce qu’on pense du coup euhh. Par ex

ya des soignants qui ont du mal avec tout ce qui est relatif au suicide donc voila c’est savoir

définir ces limites

Moi : Dans quelle mesure votre connaissance de vous-même impacte- t-elle votre prise en

soin du patient lors de situation de violence ?

IDE 1 : euuh ça impacte dans le sens ou lorsque par ex tu sais que tu ne sais pas ben du coup

tu prend un autre infirmier avec toi ce qui est bien dans ce service c’est qu’on est plusieurs je

vais pas dire on est trop mais on a tous des profil différents et quand on ne peut pas on peut

facilement passer la main demander a un collègue de nous aider lors d’un entretien par ex

Moi : D’accord je vous remercie

Retranscription 2

Moi : Bonjour, je m’appelle Jordan, je suis étudiant infirmier en 3ème année et j’ai souhaité

vous interroger dans le cadre de mon mémoire sur « L’expérience et la connaissance de soi

dans la prise en soin du patient psychotique »

Depuis quand êtes-vous diplômé et travaillé dans ce service ??

IDE 2. Je suis diplômée depuis Juillet 2009. Je fais partie de la dernière promotion de

l’ancienne réforme et hmmm je travaille ici depuis euuuh Décembre 2013 donc presque 6 ans

Moi : Selon vous qu’est-ce-que la violence ?

IDE2 : Selon moi, c’est l’utilisation d’une supériorité qui est soit physique soit intellectuelle

ayant pour but de dominer l’autre...ou euh de lui faire mal.

Moi : Selon vous quelles sont les caractéristiques de la santé mentale ?

IDE 2 : C’est vrai qu’en psychiatrie on pense tout de suite à la violence des patients envers les

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IV

soignants et surtout physique. Mais ca peut aussi être une violence verbale, une interprétation

de la part des patients (liée à leur maladie). Par exemple, un soignant peut ne pas être

disponible tout de suite pour discuter avec un patient. Celui-ci peut mal l’interpréter et se

sentir violenté.

Il est vrai aussi que la violence physique est une réalité qui nécessite certaines précautions

tant pour les soignants que pour les soignés. Des infirmiers peuvent être contraints d’utiliser

la force pour contentionner un patient, le protéger de lui-même et protéger les autres.

Mais les patients aussi peuvent a cause d’un délire par exemple entrainer des coups et

blessures auprès de soignants ou d’autres patients.

Moi : Quels éléments influencent la prise en charge qualitative des situations de violence

auprès de patients psychotiques en Santé Mentale

IDE2 : Il y a évidemment l’expérience professionnelle, la cohésion d’équipe qui est

fondamentale, le fait de réussir à désamorcer la situation le plus rapidement possible sans que

cela dégénère trop. Si il y a une faille au sein de l’équipe (par exemple nouvel arrivant qui se

laisserait faire), les patients vont en profiter et cela peut détruire toute une prise en charge et

agiter plus les patients.

Moi : Comment définissez-vous l’expérience professionnelle ?

IDE 2 : C’est le fait d’avoir acquis un bagage de connaissances, de compétences liées à

l’exercice de la fonction d’IDE. C’est aussi comprendre parfaitement l’organisation du

service, le déroulé des prises en charge mais aussi une connaissance plus poussée des patients.

Moi : Quels liens pouvez-vous faire entre votre expérience professionnelle et la prise en soin

du patient lors de situation de violence ?

IDE2 : Qui dit expérience professionnelle peut vouloir dire qu’on a plus souvent été confronté

qu’un jeune diplômé à une situation de violence. Donc, plus facile d’intervenir, de ne pas

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V

paniquer. En ayant de l’expérience professionnelle, on a plus de formations qui sont payées

par les établissements en ce qui concerne notamment la prise en charge des patients violents.

De plus, si c’est un patient que l’on connaît bien qui devient violent, il est plus facile de le

canaliser. Comme on sait que certains sont plus susceptibles d’être à l’origine de violences.

Par exemple, on sait que certains on ne doit pas remettre en question leur délire, mais pas non

plus rentrer dedans au risque de les énerver et de se retrouver confronté à de la violence.

D’autant plus, dans le cadre d’un délire de persécution.

Moi : qu’est-ce que la connaissance de soi ?

IDE2 C’est le fait de connaître ses points forts, ses points faibles, sa capacité à réagir à

diverses situations.

Moi : Comment la connaissance de soi impacte-t-elle la prise en soins d’un patient lors d’une

situation de violence ?

IDE2 : Si je sais que je suis de nature peureuse, stressée je vais plus passé la main à son

collègue en ce qui concerne une situation de violence. En revanche, si je suis quelqu’un de

posé, calme, je vais me sentir capable de gérer la situation.

Retranscription entretien Numéro 3

Moi ; Bonjour, je m’appelle Jordan, je suis étudiant infirmier en 3ème année et j’ai souhaité

vous interroger dans le cadre de mon mémoire sur « L’expérience et la connaissance de soi

dans la prise en soin du patient psychotique »

Depuis quand êtes-vous diplômé et travaillé dans ce service ??

IDE 3 : Euh ça va faire euh presque 2 ans que je suis diplômé et je travaille ici depuis mon

diplôme

Moi : Selon vous qu’est-ce-que la violence ?

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VI

IDE3 : Alors pour moi la violence c’est euh c’est des actes des paroles qui se passent entre un

individu et un autre ou des groupes d’individus ou des actions dangereuses entres eux. C’est

des situations si je fais un lien avec le métier c’est une situation qu’on doit gérer

Moi : Selon vous quels sont les caractéristiques de la violence en santé mentale ?

IDE3 : euh pour les caractéristiques de la violence je dirai d’abord tout ce qui est la forme

qu’elle prend en fait c’est-à-dire qu’elle soit verbale ou non verbale ça implique des actes si

c’est verbale c’est que elle est indirecte ce sont des propos c’est moins violent entre guillemet

c’est pas physqiue en tout cas tandis que la violence non verbale on en vient directement à

penser que c’est une violence qui en vient physiquement qui est directe elle est

potentiellement plus dangereuse après tout dépend de l’élément déclencheur. Il peut y avoir

un conflit interne chez le patient créant de la violence c’est quelque chose à gérer dans

l’immédiat.

Moi : Quels éléments influencent la prise en charge qualitative des situations de violence

auprès de patients psychotiques en Santé Mentale

IDE3 : Ce qui peut influencer la prise en soin des situations de violence euhh je pense que

c’est principalement euh comment dire la j’ai pas mes mots euh donc je pense que c’est

l’attitude du soignant le savoir-être c’est notre attitude face à la situation si on ne sait pas

garder notre sang-froid forcément ca dégrade la prise en charge de la situation ca la rend

médiocre car la situation elle va se dégrader ça va monter des échelons donc je pense que

l’attitude c’est un éléments. Après je pense que l’attitude est modelé par ce qui va être dit par

le patient après on est une équipe on peut gérer ensemble. Après voila je reste jeune diplomé

je pense qu’à ça contrairement aux autres qui doivent en dire plus qui sont plus expérimenté

dans le milieu d’ailleurs ils ont plus d’expérience et l’expérience pareille ca peut beaucoup

influencer

Moi : Comment définissez-vous l’expérience professionnelle ?

IDE3 : Une définition de l’expérience professionnelle je pense que l’expérience c’est déjà

c’est une acquisition de connaissance établi notamment par notre travail au long cours c’est-à-

dire qu’un infirmier qui a travaillé plus de temps dans un service est beaucoup plus

expérimenté que moi qui ai travaillé qu’un an et demi quoi. Après par rapport à notre métier

c’est l’acquisition de connaissances l’acquisitions de savoirs et ce qu’on a pu voir en

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VII

formation je pense que tu as pu les voir aussi savoir faire savoir être et savoir euh je sais plus

lequel

Moi : Quels liens pouvez-vous faire entre votre expérience professionnelle et la prise en soin

du patient lors de situation de violence ?

IDE3 : euh on revient a ta question précédente on parle de qualité la c’est clairement ça reste

une solution quoi l’expérience ca reste la solution parfois à un conflit à la violence donc ouais

l’expérience influe bien la qualité d’une situation d’urgence pardon de violence

Moi : Qu’est-ce que la « Connaissance de soi » pour un IDE en psychiatrie ?

IDE3 : C’est encore une fois je reviens a tes premieres questions c’est se connaitre afin de

gérer une situation de violence c’est connaitre son sang-froid son degré d’acceptation de ce

qui pourrait être dit ce qui pourrait être fait je pense qu’en psychiatrie il faut une connaissance

de soi très très élevé et fiable il faut qu’elle soit solide même si elle est déjà élevé elle va

augmenter avec l’expérience je pense.

Moi : Dans quelle mesure votre connaissance de vous-même impacte- t-elle votre prise en

soin du patient lors de situation de violence ?

IDE 3 : Moi en tant qu’infirmier ici je vais te dire euh si je vois qu’un patient est dans la

violence instintivement je vais essayer de l’apaiser calme toi etc d’avoir une approche assez

douce plus dans la discussion sauf que c’est la connaissance de moi que j’apporte a la prise en

soin sauf que je sais aussi grâce a l’expérience dont on a parlé juste avant cet aspect de moi-

même ne va pas m’aider a prendre en soin la personne parce qu’à ce moment la le patient

n’aura peut-etre pas besoin de ça. Du coup je vais essayer de trouver un moyen pour que la

réaction que j’aurai à ce moment là soit en adéquation avec ce que la personne elle cherche et

la connaissance de moi-même va m’aider a trouver des ressources par ex je vais me dire en

premier lieu je vais réagir comme ça mais je ne peux pas ok mais qu’est ce que tu peux faire

d’autres ? Je sais que par exemple je ne peux pas laisser passer ça tout seul sans rien faire soit

je vais demander de l’aide si je ne m’en sens pas capable de le faire soit je vais j’essaie de

prendre sur moi et d’être plus direct plus assurée

Moi : Ok merci

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VIII

Entretien numéro 4

Retranscription entretien numéro 4

Moi : Bonjour, je m’appelle Jordan, je suis étudiant infirmier en 3ème année et j’ai souhaité

vous interroger dans le cadre de mon mémoire sur « L’expérience et la connaissance de soi

dans la prise en soin du patient psychotique »

Depuis quand êtes-vous diplômé et travaillé dans ce service ??

IDE 4. Je suis diplômée depuis Juillet 2017 et hmmm je travaille ici depuis euuuh Décembre

2017 donc presque 2 ans

Moi : Selon vous qu’est-ce que la violence ?

IDE 4 : la violence pour moi euh c’est une émotion négative qui peut apparaitre selon des

moments des comment dire des choses qui ont pu nous choquer etc par contre je sais que pour

certains patients la violence va être très extérioriser par le patient lui-même pour qu’il y ait

une réaction de notre part, la réaction de notre part ça peut-être qu’on l’attache parce que le

contentionner euh ça peut lui procurer une sensation de bien-être mais aussi pour qu’on l’isole

mais aussi pour d’autres côtés autre que négatif aussi ça peut être un appel à l’aide

Moi : Selon vous quels sont les caractéristiques de la violence en santé mentale ?

IDE4 : Pour moi les caractéristiques de la violence en santé mentale, les caractéristiques de la

violence en santé mentale euhhh c’est que c’est un petit peu particulier déjà euh la prise en

charge est totalement différente lié aux patients les caractéristiques sont que on peut pas

connaitre le but euh l’intérêt euh de soigner. Elle peut prendre plusieurs formes soit le patient

est dangereux pour lui et pour les autres soit c’est le soignant soit c’est l’institution qui fait

qu’on est violent par ex les coucher alors qu’ils n’ont pas sommeil. Donc les caractéristiques

euh franchement elle est compliqué votre question car elle peut prendre plusieurs formes. Le

patient peut crier c’est de la violence pour le personnel des menaces ou autres ou alors de

l’utilisation physique ça peut être contre le patient le soignant ou lui-même aussi ensuite ça

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IX

peut-être autant un appel à l’aide aussi ça peut être comment dire, ça peut avoir des

conséquences grave sur le soignant lui-même ou sur le patient

Moi : Quels éléments influencent la prise en charge qualitative des situations de violence

auprès de patients psychotiques en Santé Mentale

IDE 4 : Les éléments qui influencent la prise en charge. Hm pour moi c’est le fait d’avoir de

l’expérience, je vois que ceux qui ont moins d’expérience comme moi ou qui débutent dans le

service réagissent moins bien parfois ils sont perdus, le fait de rester calme, garder une

certaine difficulté rester dans le relationnel, la relation soignant-soigné mettre le patient au

centre du soin comprendre pourquoi il est violent qu’est-ce qui s’est passé connaitre la

personne aussi. On doit connaitre son histoire son vécu afin de comprendre cette violence

pourquoi elle est apparue prendre en compte la pathologie. On doit toujours avoir une prise en

charge unique chaque cas est particulier, chaque cas de violence est particulier, notre réponse

doit être adapté en fonction, pour moi on doit passer par les paliers c’est-à-dire au lieu d’avoir

un rapport de force passer directement a la contention on peut euhhh discuter passer par

différentes étapes passer par l’échange, établir une relation une connexion, connaitre la cause

etc., plus la dangerosité arrive plus notre réponse sera différente en fonction de cette violence

La réponse sera en fonction de la violence en fonction de la dangerosité qu’elle a. On peut

aussi s’appuyer sur l’équipe

Moi : Comment définissez-vous l’expérience professionnelle ?

IDE4 : L’expérience professionnelle pour moi ça ça permet déjà de je trouve que j’ai moins

d’expérience que les anciennes et plus d’expérience dans le domaine que les nouveaux

arrivants ce qui fait que ma réponse sera plus adapté vu que je comprends beaucoup plus vite

la situation qu’elles je vais détecter des signaux qu’elles ne verront pas de base ce qui va

permettre d’éviter une probable violence donc cette expérience pour moi c’est essentiel donc

c’est évolutif dans le temps. La mienne évolue en fonction de ce que j’aurai vécu, fait appris

tout en lien aussi en lien avec ce que je suis moi-même avec mes propres valeurs tout ça ahah

elle évoluera en fonction du temps et de pleins d’autres facteurs.

Moi : Quels liens pouvez-vous faire entre votre expérience professionnelle et la prise en soin

du patient lors de situation de violence ?

IDE4 : Comme j’ai pu le dire avant je vois que certains de mes collègues détectent des

signaux que moi je verrai pas tout de suite, euh ce qui fait que la prise en charge est différente

et permet d’éviter certaines choses ce qui fiat que oui il y a un impact de l’expérience

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X

Moi : Qu’est-ce-que la connaissance de soi pour une IDE en psychiatrie ?

IDE 4 : La connaissance de soi est très importante pour une IDE en psychiatrie car il y a

beaucoup d’éléments dans le vécu des patients qui peuvent euh nous impacter donc il est

important de nous connaitre nous-même en tant qu’être humain connaitre nos réactions savoir

comment on va réagir quelles sont nos limites aussi, savoir quelles sont nos valeurs et savoir

quel euh est ce que y’aura des éléments qui vont perturber notre prise en charge et identifier

quels sont ces éléments qui vont perturber notre prises en charge et passer la main plus

facilement si on ne peut pas

Moi : Dans quelle mesure votre connaissance de vous-même impacte- t-elle votre prise en

soin du patient lors de situation de violence ?

IDE 4 : Ma connaissance de soi m’impacte car je sais comment je vais réagir dans tel ou tel

situation et je sais que euh dans certaines situations quand le patient à un retard mental et je

vais devoir répéter beaucoup de fois la même chose je me fais violence je perds plus vite

patience je sais mais c’est comme ça voilà je passe la main mais je sais que mes collègues

sont là pour prendre le relais. Pour autant voyez-vous je sais que je suis quelqu’un de très

patiente donc du coup en étant quelqu’un de très patiente certains de mes collègues vont me

demander de prendre en charge d’autres cas pour que justement en fiat on a tous nos

faiblesses et vu qu’on se connait chacun peut euh utiliser la force de tout le monde.

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XI

Annexe II

Guide d’entretien

Thème Question Objectif

• Depuis quand êtes-

vous diplômé ?

• Depuis quand

travaillez-vous dans

le service ?

• Evaluer le degré

d’expérience

Violence • Selon vous qu’est-ce

que la violence ?

• Selon vous quelles

sont les

caractéristiques de la

violence en santé

mentale ?

• Quels éléments

influencent la prise en

charge qualitative des

situations de violence

auprès de patients

psychotiques en Santé

Mentale

• Identifier

l’interprétation de la

violence pour le

professionnel de santé

• Connaitre les

représentations de la

violence pour un IDE

exerçant en Santé

Mentale

• Mettre en évidence

les invariants

importants dans la

prise en charge de

patients psychotiques

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XII

Expérience Professionnelle • Comment définissez-

vous l’expérience

professionnelle ?

• Quels liens pouvez-

vous faire entre votre

expérience

professionnelle et la

prise en soin du

patient lors de

situation de

violence ?

• Connaitre la

représentation de

l’expérience

professionnelle pour

le professionnel de

santé

• Evaluer selon le

professionnel de santé

les effets de

l’expérience

professionnelle sur la

prise en charge du

patient psychotique

Connaissance de Soi • Qu’est-ce que la

« Connaissance de

soi » pour un IDE en

psychiatrie ?

• Dans quelle mesure

votre connaissance de

vous-même impacte-

t-elle votre prise en

soin du patient lors de

situation de

violence ?

• Connaitre les

représentations de la

connaissance de soi

• Identifier l’influence

de la connaissance de

soi dans la prise en

charge du patient

psychotique.

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XIII

Annexe III

Cadre Supérieur de santé Pôle Psychiatrie

Centre Hospitalier

TSIKPLONOU KEKELI JORDAN

6 Place Bernard Chochoy

Appartement 12

62000 Arras

[email protected]

06/59/83/33/28

Objet : Demande d’entretien dans le cadre d’un mémoire de fin d’étude

Etudiant Infirmier en 3ème année à l’Institut de Formation en Soins Infirmier du Centre

Hospitalier d’Arras, je rédige actuellement mon mémoire en vue de l’obtention de mon

diplôme d’état. Monsieur A. Pralat assure la guidance de mon mémoire. Le thème de mon

travail est « La prise en charge de la violence en milieu psychiatrique en lien avec la

connaissance de soi et l’expérience professionnelle ». Ce sujet a émané à la suite d’un stage

réalisé en service psychiatrique au Centre Hospitalier de Bapaume. C’est dans ce but que je

me permets de vous contacter aujourd’hui afin d’avoir la possibilité de réaliser des entretiens

au sein de votre établissement. Je vous joins mon guide d’entretien et je reste disponible pour

toute information complémentaire.

Veuillez agréer, Monsieur l’expression de mes salutations distinguées

TSIKPLONOU KEKELI JORDAN

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Abstract

MEMOIRE

L’expérience et la connaissance de soi dans la prise en soin du patient psychotique

Auteur : TSIKPLONOU Kekeli Jordan Fabrice

UE 6.2 S6

Année Universitaire : 2018/2019

Professeur d’anglais : Madame Treso

Nombre de pages : 52

Résumé Abstract

L’expérience et la connaissance de soi dans

la prise en soin du patient psychotique

Ce travail d’initiation à la recherche porte

sur le rôle de la connaissance de soi et de

l’expérience professionnelle dans la prise en

charge d’un patient psychotique.

Mon sujet fait suite à une situation vécue par

moi-même lors d’un stage en milieu

psychiatrique.

Ma situation vécue se répétant et suscitant

de plus en plus mon questionnement, j’ai

décidé de réaliser mon mémoire de fin

d’étude sur le sujet.

En effet, d’après mes recherches la violence

est récurrente en milieu psychiatrique et je

pense que c’est un devoir pour tous les

soignants quelques soit leurs niveaux

d’expérience de savoir la gérer, pour

améliorer leurs pratiques et pour le bien-être

du patient.

Une enquête réalisée auprès de quatre

infirmiers à l’aide d’entretien semi-directifs

m’a permis d’étayer mes connaissances sur

le sujet malgré le faible échantillon

interrogé.

Les conclusions étaient que la violence est

partout dans la psychiatrie et que le

professionnel de santé a besoin d’expérience

et de conaissance de soi pour gérer ces

situations.

Psychiatry is the medical field where we

find the most violence.

Everyday, in psychiatry wards, caregivers

face violence from the patient, which may

lead to difficult situations if one lacks the

proper training. This is what happened to me

when I was working in such a unit. I faced

more and more violent situations which

showed to me that I did not have enough

experience to deal with them.

Once I realized this, I wondered myself « in

which way experience can help a caregiver

manage or face violence (psychological

and/or physical) in Psychiatry ? »

Starting from this question, I made some

research to understand in more depth my

subject. In order to so, I also went to meet

four nurses to conduct semi-stuctured

interviews. The conclusions were that

violence is everywhere in Psychiatry and

you need experience and a good self-

awareness to manage these situations.

Mots clés : Psychiatrie, Violence, Connaissance de soi, Expérience professionnelle

Key words : Psychiatry, Violence, Self-awareness, Professionnal experience