Monde 2 en 1 Du Mardi 09 Février 2016

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  • 7/25/2019 Monde 2 en 1 Du Mardi 09 Fvrier 2016

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    Mardi 9 fvrier 2016 - 72eanne - No 22104 - 2,40 - France mtropolitaine - www.lemonde.fr Fondateur : Hubert Beuve-Mry - Directeur : Jrme Fenoglio

    Algrie200 DA,Allemagne 2,80 ,Andorre 2,60 ,Autriche 3,00 ,Belgique 2,40 ,Cameroun 2 000 F CFA, Canada 4,75 $,Cte d'Ivoire 2 000 F CFA,Danemark 32 KRD,Espagne 2,70 ,Espagne Canaries 2,90 ,Finlande 4,00 ,Gabon 2 000 F CFA, Grande-Bretagne 2,00 ,Grce 2,80 , Guadeloupe-Martinique2,60 ,Guyane 3,00 ,Hongrie 990 HUF,Irlande 2,70 ,Italie 2,70 ,Liban 6 500 LBP,Luxembourg 2,40 ,Malte 2,70 ,Maroc 15 DH,Pays-Bas 2,80 , Portugal cont. 2,70 ,La Runion 2,60 ,Sngal 2 000 F CFA,Slovnie 2,70 , Saint-Martin 3,00 ,Suisse 3,60 CHF,TOM Avion 480 XPF, Tunisie 2,80 DT, Turquie 11,50 TL,Afrique CFA autres 2 000 F CFA

    new york (nation unies), tokyo -

    correspondants

    La condamnation est ferme,mais lunanimit reste de fa-ade. Runi dans lurgence,

    dimanche 7 fvrier, New York, leConseil de scurit des Nationsunies a qualifi de provocationintolrable le tir de fuse ralisle mme jour par la Core du Nord.

    Il sest engag adopter rapide-ment une rsolution prvoyant

    de nouvelles mesures significati-ves , sous-entendu des sanctionssupplmentaires. Selon des rso-lutions adoptes prcdemment,Pyongyang na pas le droit de pro-cder des essais de missile.

    marie bourreau

    et philippe messmer

    LIRE LA SUITE PAGE 6

    CORE DU NORD

    TOLLINTERNATIONALAPRS UN TIR

    DE MISSILE

    LE REGARDDE PLANTU

    Maya Nemeta,dans un centrede radaptation,le 4 fvrier.

    BRUNO FERT / PICTURE

    TANK POUR LE MONDE

    Trois mois aprs les attentats,deux victimes racontent leur convalescenceet la difficult de se retrouver L I RE PA G E 10

    FRAUDE FISCALE

    JRME CAHUZAC,LE PROCSDUN MENSONGEDTATL I RE PA G E 9

    DURES LEONSEN SYRIE

    CONOMIEPOURQUOILE YUAN FAITTREMBLERLA PLANTEL I RE L E CA HI ER CO PA G E 3

    FINANCESLAGENCE BANCAIRE ,BOUSCULEPAR LE NET, EST-ELLEUN MODLE DPASS ?L I RE L E CA HI ER CO P. 6- 7

    Alep, offensive dcisive pour le rgime AssadLa progression, depuisle 1erfvrier, de larmede Damas Alep, appuyepar dintenses frappesrusses, est un tournantde la guerre civile syrienne

    La deuxime ville dupays, bastion de la rbel-lion, est en passe dtreencercle. Il sagit de cou-per lapprovisionnementvenu de Turquie

    Les bombardements rus-ses ont rduit nant lespourparlers qui souvraient Genve. Moscou entendclairement remettreen selle Bachar Al-Assad

    Prs de 70 000 rfugissont en route vers la Tur-quie. Un nouvel afflux quipourrait aggraver la crisedes rfugis en Europe L I RE PA G ES 2- 3

    Le blues desproeuropens

    face auxpopulismes

    Dans les couloirs

    de Bruxelles,la fin des illusions PAGE 11

    Le plaidoyer europendes gouverneursdes banques centralesfranaise et allemande CAHIER CO PAGE 5

    A Calais, la tentationdu racisme LIRE PA GE 7

    La lente renaissance des blesss du 13 novembre

    La chancelire Angela Merkelet le prsident Franois Hollandese sont rencontrs en tte tte,dimanche 7 fvrier, Strasbourg.Objectif : relancer le moteurfranco-allemand dune Europeaujourdhui en panne. Et tenterde rsoudre les multiples crisesauxquelles est confrontelUnion : terrorisme, crise desrfugis, Brexit , etc.

    A Bruxelles, les partisans delUnion redoutent une dsint-gration des institutions.L I RE PA G E 5

    LIRE P AGE 20

    V O T R E B I E N - T R E C O M M E N C E I CI

    Andr Renault, Bultex, Dunlopillo, Duvivier, Epda,

    Mrinos, Sealy, Simmons, Swiss Confort, Swiss Line,

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    M Pte deVincennes ou Picpus

  • 7/25/2019 Monde 2 en 1 Du Mardi 09 Fvrier 2016

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    2 | international MARDI 9 FVRIER 20160123

    Offensive sur Alep : la diplomatie ttaniseFaute de soutien amricain, les rebelles syriens et leurs allis sont incapables denrayer loffensive russe

    Le processus initi Vienne lautomne 2015pour un rglement politi-que de la crise syrienne

    entre les principaux acteurs inter-nationaux du conflit est dj mo-ribond. Loffensive dampleur lan-ce par le rgime syrien Alep, le1er fvrier, avec le soutien de laRussie et de lIran, na pas seule-ment condamn lchec les fra-giles pourparlers de paix intrasy-riens qui se tenaient alors Ge-nve sous lgide des Nationsunies. Elle a confirm la dtermi-nation de Moscou imposer sur

    le terrain les termes dune solu-tion politique.La perspective de sceller le sort

    de la rbellion Alep encourage laRussie aller au bout de la logiquequi a sous-tendu son interventionen Syrie depuis lautomne 2015 :remettre en selle le prsident Ba-char Al-Assad pour le poser enseule alternative aux djihadistes

    de lorganisation Etat islamique(EI). Au grand dam de loppositionet de ses soutiens trangers qui, setrouvent court darguments etde leviers face la dterminationrusse.

    Depuis que lmissaire spcialdes Nations unies pour la Syrie,Staffan de Mistura, a annonc,mercredi 3 fvrier, la suspensiondes pourparlers de Genve jus-quau 25 fvrier, les soutiens occi-dentaux de lopposition syriennenont pas mnag leurs critiques.A Washington, vendredi, le secr-taire dEtat amricain, John Kerry,

    a une nouvelle fois appel ce que cessent les bombardementsaveugles de la Russie, tandis quAmsterdam, en marge de la ru-nion des ministres de la dfensede lUnion europenne, le secr-taire gnral de lOTAN, Jens Stol-tenberg, a appel la Russie la dsescalade . Il ne peut pas yavoir de discussion politique si lun

    des camps est en train dassassinerlautre , sest indign le ministredes affaires trangres franais,Laurent Fabius.

    Moscou sest content de ba-layer les critiques. Cest de mau-vais got, ce nest pas le momentdes rcriminations, nos efforts po-litiques conjoints doivent sintensi-

    fier , a estim lambassadeurrusse lONU Vitali Tchourkine,avant la premire runion desambassadeurs des 15 pays mem-bres du Conseil de scurit, ven-dredi. Cette runion, destine relancer les pourparlers avorts

    Genve, a donn lieu des changes anims entre lesEtats-Unis et la France dune part,et la Russie, de lautre. A lissue desconsultations, lambassadeurrusse a raffirm que Moscounavait pas lintention de cesserses raids ariens, quil a jugs to-talement l gitimes pour soute-nir les forces du rgime contre des

    terroristes . Mais il a aussi indi-qu que Moscou allait mettrecertaines nouvelles ides sur la ta-ble Munich, lors dune runiondu Groupe international de sou-tien la Syrie (ISSG) prvue le11 fvrier, sur la manire de pro-

    gresser, particulirement en ce quiconcerne un cessez-le-feu .

    Comprhension

    La Russie peut encore comptersur la comprhension de ladmi-nistration amricaine. Malgr lecamouflet qua reprsent le lan-cement de loffensive dAlep au

    beau milieu des pourparlers deGenve, Washington nest pasprt torpiller le rapprochementamorc avec Moscou Vienne surle dossier syrien. Vendredi, JohnKerry a confirm que des discus-sions taient en cours sur les mo-dalits dun cessez-le-feu et sur unaccs humanitaire aux popula-tions piges par la guerre partir

    d ides constructives avancespar Moscou.A huit mois de llection prsi-

    dentielle, Washington na pas lin-tention de simpliquer davantagedans le dossier syrien. Les Etats-Unis se sont accommods de lavolont de la Russie de reprendreen mains la situation. Au lieudaccrotre leur soutien lopposi-tion la suite de linterventionrusse, fin septembre, les Etats-Unis ont uvr pour limiter les li-vraisons darmes aux rebelles etengager un processus politiqueavec Moscou.

    Au fil des ngociations,Washington sest montr de plusen plus ouvert aux vues russessur les modalits dune transitionpolitique et sur la possibilit, pourBachar Al-Assad, de se prsenterlors des lections prvues dans les

    dix-huit mois. Ces concessionsont aliment les soupons dansles rangs de lopposition et de sessoutiens dun plan secret amri-cano-russe en Syrie. Les relationsrusso-amricaines nen sont pas ce stade dintimit , estime un di-plomate occidental.

    Les parrains rgionaux de lop-position tentent en vain demp-cher une capitulation amricaine.Contenant mal leur colre de voirla rbellion sur le point dtrecrase Alep, les parrainsmoyen-orientaux ont multipliles appels intervenir en Syrie.Aprs avoir plaid en vain pour ar-

    Jeudi 4 fvrier,les forcespro-rgime dansla ville chiitede Zahraa, dansla rgion dAlep,qui tait jusque-lassige par lesrebelles. STRINGER/AFP

    Il ne peut pas

    y avoir de

    discussion

    politique si lun

    des camps est en

    train dassassiner

    lautre

    LAURENT FABIUS

    ministre franaisdes affaires trangres

    mer davantage la rbellion, lAra-bie saoudite a offert jeudi denga-ger des troupes au sol contre lEI,une manire dintervenir directe-ment en Syrie et de peser surlquilibre des forces.

    Les Emirats arabes unis ont in-diqu dimanche tre galementprts envoyer des troupes au solcontre lEI en Syrie, sous lea-dership amricain. Les menacesdintervention les plus srieusessont venues de la Turquie voi-sine, dimanche. Les observateursdoutent que la Turquie sengagesur la voie dune invasion sans le

    feu vert de lOTAN, dont ellemembre.

    Menaces

    Ces menaces, tant turques quara-bes, ont suscit une vive ractionde Damas et de Thran : Que

    personne ne pense agresser la Sy-rie ou violer sa souverainet carnous enverrons (les agresseurs),quils soient saoudiens ou turcs,dans des cercueils en bois dans leur

    pays , a dclar samedi le minis-tre des affaires trangres syrienWalid Mouallem. Les Iraniens, quiont envoy des combattants sou-tenir le rgime Assad, ont estimpour leur part que les Saoudiens se tireraient une ball e dans latte sils dployaient des troupesen Syrie.

    Rendez-vous est pris le 11 fvrier Munich en Allemagne, pour la

    troisime runion des 17 pays du(ISSG). Loptimisme qui avait ac-compagn le processus lanc Vienne, le 30 octobre, nest plus demise. Si les pays occidentaux,Washington en tte, ont intrt trouver le moyen damener Mos-cou tenir ses engagements leplus vite possible, notamment cause de laccentuation de la crisedes migrants en Europe, Moscoua lui aussi intrt ne pas sabor-der dfinitivement ce processusdiplomatique, qui consacre sa r-habilitation sur la scne diploma-tique. p

    hlne sallon

    la turquie, qui hberge dj 2,5 mil-lions de rfugis syriens, est confronte larrive dune nouvelle vague darrivantsdepuis quun dluge de feu russe sestabattu sur A lep. Plus de 30 000 rfugissont actuellement masss dans des condi-tions trs prcaires du ct syrien de lafrontire, Bab Al-Salama et Azaz. Mde-

    cins sans frontires (MSF) a distribu plusde 200 tentes, mais il manque des hberge-ments, de leau et des quipements sanitai-res, a fait savoir son chef de la mission enSyrie, Muskilda Zancada.

    Seuls les rfugis les plus vulnrables sontautoriss passer ct turc. Le point de pas-sage vers la Turquie est rest hermtique-ment ferm tout le week-end. La Turquie aatteint les limites de sa capacit absorberles rfugis , a expliqu, dimanche 7 fvrier,le vice-premier ministre, Numan Kurtul-mus. En fin de compte, ces gens nont nulle

    part ailleurs o aller. Soit ils mourront sousles bombes, et la Turquie se contentera de re-

    garder comme le reste du monde, soit nousouvrirons nos frontires , a-t-il ajout.

    Le prsident turc, Recep Tayyip Erdogan,a assur quaucun rfugi ne serait refoul,mais il sest gard de prciser quand les Sy-riens pourraient entrer en Turquie. Cettesituation met Ankara en difficult, car, surles 2,5 millions de rfugis, 300 000 seule-ment sont hbergs dans des camps. Lesautres sont livrs eux-mmes, et des cen-

    taines de milliers denfants syriens, nonscolariss, sont utiliss comme petitesmains dans les champs ou dans les ateliers.

    Devoir de non-refoulement

    La Turquie nest gure presse douvrir laporte. M. Erdogan veut croire quil est en-core possible de crer, au nord de la Syrie, lazone de non-survol arien quil appelle deses vux depuis 2013. Les rfugis pour-raient sy installer : Avec largent des dona-teurs, nous pourrions rapidement btir uneville lintrieur de la Syrie , a-t-il expliqusamedi. Les Etats-Unis nont jamais pris ausrieux ce projet de zone de scurit, qui,dsormais, ouvrirait un conflit avec la Rus-sie, militairement active en Syrie.

    Samedi, la chef de la diplomatie euro-penne, Federica Mogherini, avait appelles Turcs leur devoir moral, sinon lgal,de non-refoulement en laissant entrer lesSyriens fuyant les bombes Alep. Cet appelentre en contradiction avec les appels r-currents des Europens empcher les r-fugis syriens de venir dans lUE depuis la

    Turquie. La chancelire allemande, AngelaMerkel, est attendue lundi 8 fvrier An-kara afin de veiller lexcution du plandaction sign le 29 novembre 2015 entrelUnion europenne et la Turquie pour en-diguer le flux des rfugis. Bruxelles sestengage verser 3 milliards deuros auxautorits turques afin dempcher les mi-grants de partir vers les les grecques.

    Bruxelles veut davantage de rsultats,comme la soulign le commissaire llar-gissement, Johannes Hahn, samedi Ams-terdam. Le plan daction a t conu il y a

    plus de deux mois et nous ne voyons tou-jours pas de diminution significative dunombre de migrants , a-t-il dplor.p

    marie jgo ( istanbul)

    Ankara sous la pression dune nouvelle vague de rfugis syriens

    L A G U E R R E E N S Y R I E

  • 7/25/2019 Monde 2 en 1 Du Mardi 09 Fvrier 2016

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    Quel rle pour les Kur-des dans la bataille

    dAlep ? Ceux-ci ont en-voy des signaux con-tradictoires depuis

    que le rgime Assad a lanc son of-fensive en dbut de semaine der-nire contre la capitale du nord dela Syrie. Dun ct, la branche ar-me du Parti de lunion dmocra-tique (PYD), le parti dominantdans le Rojava, le Kurdistan syrien,sest empare, la faveur des bom-bardements russes, de deux villa-ges qui taient contrls jusque-lpar les rebelles syriens, Khoraybaet Ziyara, en lisire du cantonkurde dAfrin, dans le nord-ouestde la province dAlep. De lautre, leConseil dmocratique syrien(CDS), une formation kurdo-arabedont le PYD fait partie, a appel sespartisans, dimanche 7 janvier, permettre aux populations fuyant

    les raids russes de se rfugier danslenclave kurde dAfrin.Les anti-Assad accusent depuis

    longtemps le PYD de collaborationavec Damas et de vises sparatis-tes. Il y a quelques semaines dj,des combats avaient eu lieu entreforces kurdes et rebelles, en lisiredAzaz, un bastion rebelle ; lavia-tion russe tait intervenue en sou-tien aux Kurdes.

    Les insurgs sattendent dsor-mais ce que les forces kurdes pro-fitent de leffroi sem par lesSukho russes pour avancer verslest, le long de la frontire turque,en direction de Koban, une autreenclave sous leur contrle. Lobjec-tif recoupe en partie les plans durgime, qui cherche expulser lesrebelles de toute la bande fronta-lire, pour empcher la Turquie deles ravitailler en armes.

    Vice-prsident du CDS, loppo-sant de gauche Haytham Manna

    rcuse ces accusations. Il ny aurapas dautre avance si lon ne nousattaque pas , dit-il. Il justifie laprise de Khorayba et Ziyara en ar-guant du fait que ces localitstaient sous la coupe du Front Al-Nosra, la branche syrienne dAl-Qaida. Il faut ter aux Russes toutprtexte pour poursuivre leur politi-que de la terre brle , affirme-t-il.

    Ambigut

    La valse-hsitation sur linvitationdu PYD aux pourparlers de paixsur la Syrie, ouverts le 29 janvier Genve, illustre lambigut de sonpositionnement politique. Alorsque Moscou demandait que le PYDet ses allis du CDS fassent partiedune troisime dlgation, auxcts du rgime et de lopposition,la Turquie et la rbellion syrienne

    sy sont farouchement opposes,arguant du fait que cette coalitionsapparentait de fait au gouverne-ment syrien. Au final, lenvoy sp-cial des Nations unies, Staffan deMistura, na pas invit de troi-sime dlgation. Cette absencediplomatique contraste pourtantavec limportance prise sur le ter-rain depuis plus dun an par les

    notamment la construction dunarodrome militaire.

    Si une ventuelle opration con-tre Rakka tait dcide, les forceskurdes et leurs allis des FDS [labranche arme du Conseil dmo-cratique syrien]seraient appels y jouer un rle central ,confirmaitfin janvier Nisrin Abdollah, porte-parole des Units de protection dupeuple, lors de son bref passage Paris. Cependant, la Turquie consi-dre une progression des YPG au-del de lEuphrate comme une li-gne rouge ne pas dpasser. LesYPG sont en effet lmanation sy-rienne du Parti des travailleurs duKurdistan (PKK), en guerre contrelEtat turc. Depuis lt 2015, le PKKa relanc une campagne de gu-rilla urbaine visant tablir dansles rgions kurdes de Turquie uneautonomie analogue celle djmise en place dans les rgions kur-des de Syrie. Plusieurs villes kur-

    des de Turquie sont, depuis, plon-ges dans un tat de guerre civile.

    Les Etats-Unis, allis de la Tur-quie au sein de lOTAN, sont parti-culirement embarrasss par cettecontradiction : comment combat-tre efficacement lEI, avec laide,donc, du PYD, sans saliner la Tur-quie, en traitant par consquent lePKK de mouvement terroriste ? OrPYD et PKK sont une seule etmme organisation.

    Alli naturel

    Tandis que le vice-prsident am-ricain Joe Biden tait le 23 janvier Istanbul pour soutenir le gouver-nement turc dans sa guerre contrele PKK, Brett McGurk, lmissairespcial de la Maison Blanche am-ricaine pour la lutte contre lEI,sest rendu le 31 janvier Kobanpour renforcer de manire specta-culaire ctait la premire visite

    dun officiel amricain en Syrie de-puis 2011 les liens entre Washing-ton et le PYD.

    Dans ce contexte, la Russie fait fi-gure dalli naturel pour les Kurdesde Syrie, qui ont dcid douvrirune reprsentation dans la capi-tale russe le 10 fvrier. Outre sonpass marxiste, le PYD partageavec Moscou une mme hostilitenvers la Turquie. Le PYD comptebien utiliser lintrt de Moscou etde Washington pour faire monterles enchres. Notre cooprationmilitaire avec les Etats-Unis nestpas suffisante. Nous attendonsquils reconnaissent notre autono-mie politique et la garantie de cetteautonomie dans lavenir de la Sy-rie , explique Nasrin Abdallah.p

    allan kaval

    (avec benjamin barthe

    ganziantep, turquie)

    Kurdes et leurs allis arabes etchrtiens. Considrs comme les

    partenaires au sol les plus perfor-mants de la coalition internatio-nale contre lorganisation Etat isla-mique (EI), ils se voient courtissaussi bien par Washington que parMoscou. La coopration des Uni-ts de protection du peuple (YPG)avec laviation militaire amri-caine a dbut au moment dusige de Koban en octobre 2014.

    Dsormais, les YPG, la branchearme du PYD, ont pris position une vingtaine de kilomtres aunord de Rakka, capitale de lEIen Syrie. Les Etats-Unis, qui ontpris le parti dintensifier la pres-sion au sol contre lorganisationdjihadiste, comptent sappuyer demanire encore plus troite sur lesforces kurdes en 2016 : Washing-ton a dj dploy un petit contin-gent de forces spciales dans les r-gions kurdes, o ils supervisent

    Les Kurdes de Syrie en embuscadeCourtis par Washington et Moscou, le PYD, principal parti kurde de Syrie, cherche tendre son territoire

    La rbellion anti-Bachar Al-Assad mine par les dsertionsLes bombardements russes visant les rebelles modrs de lArme syrienne libre (ASL) accentuent le dsenchantement des combattants

    REPORTAGEgaziantep (turquie)-

    envoy spcial

    L arme syrienne nest pasle seul belligrant sai-gner de lintrieur. LAr-me syrienne libre (ASL), la bran-che modre de la rbellion, estelle aussi affecte par les dser-

    tions . Officiellement, ses chefsaffirment que lintervention mili-taire russe a dcupl la motiva-tion de leurs troupes. Nos com-battants sont plus que jamais d-termins expulser de Syrie cesnouveaux occupants , clameKotaba Doughem, le conseillerpolitique dune brigade de lASL.

    Mais dans un caf du vieux cen-tre de Gaziantep, dans le sud delAnatolie, trois anciens rebelles,qui courent maintenant les petitsboulots dans le btiment, affir-ment le contraire. Aprs le dbutdes bombardements russes, en oc-tobre 2015, le nombre de dsertionsa grimp en flche, raconte AbouIslam, le pseudonyme dun ex-sol-dat de la rvolution, g de 32 ans.

    Nous connaissons des centaines deSyriens qui ont abandonn lechamp de bataille et ont migr enAllemagne. LASL est oblige de re-cruter de plus en plus de jeunesinexpriments. Les gens commenous ont compris, ils sont partis.

    Absence de toute perspective

    Ils se sont rencontrs dans lun

    des combats emblmatiques de larbellion, la prise de lcole din-fanterie dAlep, en dcembre 2012.Ctait lge dor du soulvementanti-Assad. Le nord de la Syrietombait ville aprs ville entre lesmains des insurgs, les djihadis-tes ne dominaient pas encore leterrain. On pensait que la chutedu rgime ntait plus quune ques-tion de mois , tmoigne HusseinAbou Louna, 23 ans.

    Tous les trois, issus des milieuxpopulaires sunnites, travaillaientou tudiaient Damas quand lespremires manifestations antir-gime ont clat en mars 2011.Aprs quelques mois de rpres-sion, ils prennent le maquis, dansle nord, o des groupes arms

    commencent surgir, sous laconduite de quelques audacieux,forts en gueule, qui simprovisentchefs de guerre.

    Mohammed Khalouf, 25 ans, quigrait une boutique de vtementsdans la banlieue de la capitale,sengage dans la Brigade des mar-tyrs de Syrie, commande parJamal Maarouf, un ancien ouvrier

    du btiment. Hussein AbouLouna, expuls de son lyce pouravoir particip un cortge anti-rgime, rejoint la Brigade Al-Tawhid, dirige par Abdel KaderSaleh, un ex-marchand de miel de

    du conflit ont accentu trs vitelamertume des troupes de lin-surrection. Jai quitt la brigadeaprs la bataille de la base 80, Alep, en janvier 2014, confie AbouIslam. Jtais ladjoint dun chef etjai vu mes amis denfance se fairetuer devant moi. La mort matten-dait moi aussi. Jtais devenu unsimple pion, une carte brler. Jene pouvais plus le supporter.

    Pour Mohammed, le ras-le-bolest venu aprs une blessure lajambe, alors quil avait rejoint ladivision 13, lune des units lesplus puissantes de lASL, com-mande par Ahmed Saoud, un ex-colonel de larme rgulire. Jaieu le sentiment que lon me jetait.

    Pas daide, pas une visite, pas denouvelles. Quand, en plus, on nevoit pas la fin des combats, cestfranchement trs dur vivre.

    Arrivs Gaziantep en ordre dis-pers, il y a un an et demi, six moisou trois mois pour le plus rcent,les trois rebelles dsenchantssentassent dans une pice cras-seuse, sans meuble et sans fentre,

    avec un lavabo sur le palier enguise de douche. Ils esprent avoirruni dici quelques mois assezdargent pour faire venir leur fa-mille et prendre la route de lEu-rope. Sans regarder derrire eux,ou presque. On se sent un peucoupable dabandonner le combat,mais ladversit est trop forte, lcheAbou Islam. Les Russes bombar-dent avant tout lASL. Que peut-onfaire contre une telle puissance ?

    Kotaba Doughem, le conseillerpolitique, a lui aussi t tenaillpar lenvie dmigrer. Mais le de-voir moral la emport. Si lon nesaide pas nous-mme, commentdemander que la communautinternationale nous aide ? p

    b. ba.

    la rgion dAlep. Pareil pour AbouIslam, qui possdait avant la rvo-lution un magasin daccessoirespour tlphone portable.

    Du temps dAbdel Kader Saleh,on tait laise. Il tait le plus res-pectable de tous les chefs de lASL,dit Abou Islam, face ses compa-gnons qui approuvent.Il tait tou-jours le premier sur le front. Mais

    aprs sa mort[en novembre 2013,lors dun bombardement arien],lanarchie sest installe dans la bri-gade , ajoute-t-il, soulignant lafragilit de beaucoup de ces grou-pes arms, trop souvent btis surle charisme et le rseau decontacts dun seul individu.

    Maarouf tait intelligent, maisil tait cupide et goste, il gardaitles butins de guerre pour lui, en-chane Hussein. Financirement,la situation tait trs difficile. On seretrouvait devoir piller les mai-sons abandonnes pour avoir dequoi manger. Un rvolutionnairequi se change en voleur, cest triste.

    Lenlisement des combats, partir de la fin 2013, et labsencede toute perspective de rsolution

    Les trois anciens

    rebelles

    sentassent dans

    une seule pice,

    sans meuble

    et sans fentre

    Des centaines

    de Syriens ont

    abandonn le

    champ de bataille

    et ont migr

    en Allemagne

    ABOU ISLAM

    un ex-combattant de lASL

    LES DATES

    JUILLET 2012Quatre mille rebelles venusdes campagnes alentour lancentune offensive sur Alep. Aprsplusieurs mois de combats,ils chouent prendre la ville,mais contrlent la partieorientale de cette agglomrationde 2 millions dhabitants.

    2013Les tentatives de contre-attaquesgouvernementales chouentles unes aprs les autres.La partie de la ville contrlepar le rgime est quasimentencercle. Guerre de positions.

    2014-2015Le rgime regagne du terrain.Des milliers de barils dexplosifssont lancs par des avions ethlicoptres sur les quartierstenus par la rbellion.

    DEPUISNOVEMBRE 2015Appuyes massivement parlaviation russe et des milliersde miliciens chiites venus dIrak,dIran et du Liban, les forcesdu rgime coupent la principalevoie daccs entre les zones re-belles et la Turquie. Les rebellessont quasiment encercls.Au moins 25 000 personnes ontperdu la vie depuis 2012 dansla province, selon les ONG.

    10 km

    TURQUIE

    TURQUIE

    SYRIE

    Alep

    Zone tenue (et avance ) par

    larme loyaliste

    les rebelles

    Zone o se concentrent les bombardements russes

    les forces kurdes

    lorganisation Etat islamique (EI)

    Azaz

    Afrin

    Ziyara

    Khorayba

    Marea

    NubulAl-Bab

    BabAl-Hawa

    Bab Al-Salama

    Damas

    KobanAlep

    SYRIE

    TURQUIE

    IRAKLIBAN

    Pour Ankara, une

    progression des

    forces kurdes au-

    del de lEuphrate

    est une ligne

    rouge ne pas

    dpasser

    Deniz Gamze ErgvenEmmanuelle Bercot Arnaud Desplechin MawennXavier GiannoliStphane BrizJacques Audiard

    nomms pour le Csar 2016 de la Meilleure Ralisation LAcadmiedesCsarvousproposedevoirou derevoiren salleles filmspourlesquelsils onttnommsdansuneprogrammationspciale Csar dans les cinmas parisiens Le Balzac et Les 3 Luxembourg. Programme sur www.academie-cinema.org

  • 7/25/2019 Monde 2 en 1 Du Mardi 09 Fvrier 2016

    4/30

    4 | international MARDI 9 FVRIER 20160123

    Dans le New Hampshire, les doutes des rpublicainsA la veille des primaires dans cet Etat de la Cte est, la course linvestiture du Grand Old Party reste indcise

    REPORTAGEderry, portsmouth, weare

    (new hampshire) -envoy spcial

    Steve Hunt pose firement,le torse bomb, entredeux tables du GeneralsSports Bar and Grill de

    Weare, dans les collines du NewHampshire. Il a confectionn lui-mme son tee-shirt, orn dunpanneau dinterdiction dans le-quel a t gliss un portrait de lacandidate dmocrate Hillary Clin-ton. Le panneau est surmontdun mot dordre : Anybody butClinton ( Tout sauf Clinton ).Dans lesprit de Steve Hunt, ce

    tout est naturellement limitaux neuf rpublicains toujourscandidats linvestiture du GrandOld Party (GOP).

    Il est venu dans ce bar install enlisire de fort, ce jeudi 4 fvrier,pour entendre le vainqueur delIowa, le snateur du Texas TedCruz, tout juste dbarqu de sonbus frapp de la formule Cruzinto Victory . Je nai pas encore faitmon choix pour mardi [9 fvrier],jour des primaires du NewHampshire, je veux entendre cequil a dire . Pour Steve Hunt, ilnest pas seulement questiondides. Je veux savoir sil peut ga-gner, parce que cest a qui compte,cette anne, gagner , avoue-t-il.

    Ted Cruz entretiendra cetteflamme quelques instants plustard, en dcrivant la situation,dramatique daprs lui, qui serait

    celle des Etats-Unis avec un troi-sime mandat de ce prsident ,rincarn sous les traits de sonancienne secrtaire dEtat,Mme Clinton. Il voque la nomina-tion de juges libraux la Cour su-prme, qui sattaqueraient desvaleurs amricaines, selon lui,dj menaces.

    Devant quelques journalistes, letrs conservateur Cruz na pas

    oubli de moquer lemballementcr par le score obtenu danslIowa par un autre snateur,Marco Rubio, lu de Floride. Onnous parle de son impressionnantetroisime place,ironise-t-il, depuiscombien de temps ces mots vont-ilsensemble ?

    Cruz et la Reagan coalition

    Un peu plus tard, il se dira capablede rassembler la Reagan Coali-tion , compose de conserva-teurs Tea Party, de libertariens etde dmocrates reaganiens , quiavait port lancien gouverneurde Californie la Maison Blanche.Parmi les habitants de Weare pr-sents ce jour-l, tous ne sont ce-pendant pas convaincus.

    Bill OMahony est venu sousles ordres de sa femme Jane,

    mais il est rebut par la tropgrande proximit de Ted Cruzavec les vangliques. RedmondWilson, un ancien marine, restepour linstant sduit par DonaldTrump. En quoi le magnat de lim-mobilier est-il diffrent desautres ? Il nest peut-tre pas poli,mais il dit ce quil pense , assure cesolide octognaire.

    Quelques heures plus tard, de-vant une foule rassemble dans leGreat Bay Community College, lemilliardaire, donn vainqueurdans le New Hampshire, peut me-surer sa force dattraction. Nul be-soin de finir ses phrases, le publicsen charge.

    Vous savez qui va payer pour lemur ? quil veut voir rig lafrontire avec le Mexique. Mexico ! , hurle la foule. Quefaut-il arrter de manger ? parce

    que lentreprise a dlocalis uneusine dans ce mme Etat ? Le pu-blic crie le nom de la marque debiscuits en question. Le discourssur limmigration porte, dans cetEtat o un candidat rpublicainau Snat, Scott Brown, lavait djmartel en 2014, et o la gouver-neure dmocrate Maggie Hassan

    vaincu. Tout comme un couple deretraits de Derry, Carl et Linda.Leur amie Susan, elle, reste scepti-que. Marco Rubio, cest beau-coup de moi je, je trouve queJeb Bush prsente plus de garan-ties. Nous lavons entenduhier , prcise Carl, cest vrai quil

    a lair comptent et il est vraimentbeaucoup plus laise dans untown hall , ces runions publi-ques o les candidats se prtentau jeu des questions, qu la tl-vision.

    Lancien gouverneur de Florideretrouve ses soutiens le matinsuivant Bedford, dans une autrecole, pour faire talage de sa con-naissance des dossiers, maisaussi pour instruire le procs enincomptence de certains de sesrivaux, dans lesquels les rpubli-cains rassembls autour de lui re-connaissent M. Rubio sans quilsoit ncessaire de le nommer.

    Le soir mme, au cours du hui-time dbat opposant les princi-paux candidats du Parti rpubli-cain, la critique se transforme enassaut coordonn des gouver-

    neurs, conduits par celui du NewJersey, Chris Christie. Ce dernierse montre impitoyable envers M.Rubio, souvent critiqu pour r-pter mcaniquement les mmeslments de langage.

    Les trente secondes de discoursmmoris quon pratique Washington ne vous prparentpas tre prsident des Etats-Unis , lance M. Christie M. Ru-bio, qui vient, en quelques minu-tes, de rpter les mmes criti-ques lencontre du prsident Ba-

    rack Obama pour viter dedtailler ce quil pourrait prsen-ter comme un bilan personnel.

    Rick Santorum, candidat jus-qu sa droute dans lIowa et d-sormais soutien de M. Rubio,avait dj t incapable de citerun seul de ses accomplissements,

    deux jours plus tt, sur la chaneMSNBC.

    MM. Christie et Bush, bien plus leur avantage lors du dbat desamedi que lors des premiresjoutes, misent beaucoup sur leNew Hampshire, tout comme unautre gouverneur, John Kasich, delOhio. Un revers cuisant con-damnerait leur entreprise, maissils parviennent rester dans lacourse, le camp des modrs,dans lequel se compte galementM. Rubio, restera durablement di-vis face M. Cruz et face Do-nald Trump.

    En cas de victoire de ce dernierle 9 fvrier, comme semblent lin-diquer les intentions de vote, lacourse rpublicaine restera aussiincertaine que fratricide. p

    gilles paris

    Le snateur rpublicain du Texas Ted Cruz, en campagne Keene, dans le New Hampshire, le 7 fvrier. DARCY PADILLA/VU POUR LE MONDE

    Hati se retrouve sans prsident, aprs le dpart de Michel MartellyLa tension monte Port-au-Prince, o les parlementaires cherchent combler le vide institutionnel et surmonter la crise lectorale

    saint-domingue- correspondant

    T rente ans jour pour jouraprs la fuite du dictateurJean-Claude Duvalier,Hati sest une nouvelle fois r-veill sans prsident, en proie une grave crise politique. Lorsdune crmonie au Parlement,dimanche 7 fvrier, le prsidentsortant Michel Martelly a remis

    son charpe au prsident du S-nat, Jocelerme Privert, qui na puque constater le vide prsiden-tiel .

    Le second tour de llection pr-sidentielle, qui devait avoir lieu le24 janvier, a t report sine die la suite de violences et de mani-festations de lopposition, qui d-nonait les fraudes et les irrgu-larits massives lors des pre-miers tours des lgislatives enaot 2015 et de la prsidentielle enoctobre. Jude Clestin, le candidatde lopposition devanc parJovenel Mose, le poulain deM. Martelly, avait qualifi les r-

    sultats officiels de farce ridicule et stait retir de la course.

    Je suis prt rpondre devant letribunal de lhistoire , a lanc leprsident sortant. Il est accus parlopposition de corruption etdavoir manipul les lections enfaveur de son dauphin, un produc-teur de bananes inconnu il y a septmois, pour garantir son impunit.

    Samedi, moins de vingt-quatre

    heures avant la fin de son man-dat, un accord a t annonc pourprserver la continuit institu-tionnelle du pays . Sign parM. Martelly et les prsidents desdeux chambres, cet accord pr-voit llection, par le Parlement,dun prsident provisoire dont lemandat ne pourra dpasser centvingt jours. Avec un premier mi-nistre de consensus galementchoisi par le Parlement, il aurapour mission dorganiser le se-cond tour de llection prsiden-tielle le 24 avril afin que le nou-veau chef de lEtat lu puisse pr-ter serment le 14 mai.

    LOrganisation des Etats amri-cains (OEA), qui a envoy une mis-sion de mdiation, sest flicitede cet accord. La situation enHati est exceptionnelle et elle re-qurait une solution exception-nelle , a fait valoir Sir RonaldSanders, un diplomate du petit ar-chipel dAntigua-et-Barbuda quidirigeait la mission de lOEA. Lesecrtaire gnral des Nationsunies, Ban Ki-moon, a galementsalu laccord, conforme lespritde la Constitution hatienne .

    Cet accord permettra-t-il destabiliser les institutions et de pa-

    rachever le processus l ectoral ,comme la souhait le Coregroup runissant les pays amisdHati (Etats-Unis, Canada,France, Brsil, Espagne, Unioneuropenne, OEA) ? A peine rendupublic, il a t vivement critiqupar une partie de lopposition ru-nie au sein du Groupe des 8 (G-8).

    Coups de feu

    Ce prtendu accord tente de vali-der les lections de 2015 comme sielles taient rgulires, sans tenircompte des contestations populai-res , dnonce Samuel Madistin,candidat la prsidence exclu dusecond tour, au nom du G-8. Pourle G-8, le Parlement fait partie dela crise et ne peut, par voie de cons-quence, dcider de la solution .Despartis dopposition, dont la FanmiLavalas (le parti de lancien prsi-dent Jean-Bertrand Aristide) et Pi-tit Dessalines, dont les candidatsnont pas t slectionns pour lesecond tour, rclament la reprise zro du processus lectoral.

    Lannonce de laccord na pasmis fin aux manifestations derue. La tension est monte ven-dredi avec lapparition Port-au-Prince de plusieurs dizaines din-dividus arms et vtus de treillisvert olive. Affirmant tre dan-ciens membres de larme ha-tienne, dissoute en 1995 par lex-prsident Aristide, ils ont affrontles manifestants de lopposition

    sur la place du Champ-de-Mars,dans le centre de la capitale.

    Des coups de feu ont t tirs etun ancien capitaine, NeroCiceron, a t tu par un bloc de ci-ment qui la touch la tte. Ni lapolice ni les casques bleus ne sontintervenus pour dsarmer cescommandos qui ont sillonnPort-au-Prince durant plusieursheures bord de 4 x 4 et de motos.

    Elu en 2011 dans des conditionscontestes, avec lappui des Etats-Unis qui voulaient carter JudeClestin, le dauphin du prsidentsortant Ren Prval, MichelMartelly a plusieurs fois annonc

    son intention de reconstituerlarme. Lancien chanteur,connu sous son nom de scneSweet Micky, na jamais cach sessympathies pour le rgime duva-liriste.

    Une fois install au pouvoir, il abnfici de la connivence desambassades des pays amis , no-tamment des Etats-Unis et delEspagne. Cela ne la pas emp-

    ch de nouer de chaleureuses re-lations avec les prsidents vn-zuliens Hugo Chavez puisNicolas Maduro, dont le pays estdevenu lun des principauxbailleurs de fonds dHati grce Petrocaribe, un programme defourniture de produits ptroliers des conditions privilgis. Il estaccus par lopposition davoirdtourn une partie de cettemanne qui a par ailleurs servi fi-nancer des programmes sociauxet des grands travaux commelaroport du Cap-Hatien, ladeuxime ville du pays.p

    jean-michel caroit

    Le Parlement

    fait partie de la

    crise et ne peut

    donc dcider

    de la solution

    SAMUEL MADISTIN

    candidat de lopposition

    sest prononce contre linstalla-tion de rfugis syriens en contra-diction avec la position officiellede son parti.

    Scott Coulombe, un autre lec-teur rpublicain, veut tout prixque son parti lemporte en 2016,comme Steve Hunt, et cest juste-

    ment pour cela quil est venu as-sister le lendemain, vendredi, larunion publique de Marco Ru-bio, la Hood Middle School deDerry. Je trouve personnellementque Carly Fiorina [la seule candi-date rpublicaine] est une femmeexceptionnelle, mais lui peut trelu.

    Procs en incomptence

    Sur scne, le snateur de Floridese dit capable de rassembler leparti derrire lui, mais il soulveles applaudissements les plusnourris lorsquil voque, lui aussi,limmigration, la promessedaugmenter les dpenses mili-taires, et quil rend hommage auxpoliciers.

    A la fin du discours, Frank Jame-son, enthousiaste, repart con-

    Marco Rubio,

    cest beaucoup

    de moi je,

    je trouve que

    Jeb Bush prsente

    plus de garanties ,estime une

    sympathisante

    rpublicaine

    33 %des intentions de vote

    Un sondage de CNN a donn, dimanche 7 fvrier, une large avancepour Donald Trump dans le New Hampshire. Le magnat de limmo-bilier est crdit de 33 % des intentions de vote contre 16 % MarcoRubio et 14 % Ted Cruz. Il sagit des trois candidats dj arrivs entte de lIowa, le 1erfvrier.

  • 7/25/2019 Monde 2 en 1 Du Mardi 09 Fvrier 2016

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    0123MARDI 9 FVRIER 2016 international | 5

    La crise des rfugis bouscule Hollande et MerkelParis et Berlin veulent accentuer la pression sur Athnes et Ankara afin de rduire les arrives de migrants

    Le moteur franco-alle-mand est la peine. Le

    prsident Franois Hol-lande et la chancelire al-

    lemande Angela Merkel se sontrencontrs dimanche 7 fvrier Strasbourg, pour un tte--ttesuivi dun dner avec le prsidentdu Parlement europen, MartinSchulz. Ils staient vus au mmeendroit il y a tout juste un an,alors que commenait la nouvellecrise grecque aprs la victoirelectorale dAlexis Tsipras.Aujourdhui, lEurope est con-fronte des crises multiples. Ces polycrises , comme les appellele prsident de la Commissioneuropenne Jean-Claude Juncker,menacent la cohsion euro-penne et lexistence mme delUnion : le terrorisme aprs les at-tentats de Paris, la crise des rfu-gis et enfin le Brexit , le risque

    de sortie du Royaume-Uni delUnion europenne en cas de r-ponse ngative au rfrendumque le premier ministre David Ca-meron veut organiser en juin.

    Le prsident franais comme lachancelire allemande font face des contestations dans leurs pro-pres pays o leur popularit sef-fondre. Le prsident franais estemptr dans les polmiques surla dchance de la nationalit,aprs les attentats de Paris du13 novembre. Pour la premire foisdepuis son nouveau mandat, lachancelire est passe sous labarre des 50 % de popularit. Elleest critique pour sa trop grandegnrosit, alors que plus dunmillion de demandeurs dasile

    sont arrivs en Allemagne en 2015.La rvlation dagressions sexuel-

    les lors de la nuit du Nouvel An Cologne et la rticence des autori-ts allemandes les admettre ontfait basculer une partie de lopi-nion allemande. Dans le mmetemps, la lgitimit du couplefranco-allemand est remise encause par les gouvernements na-tionalistes en Hongrie, Pologne etSlovaquie qui ont affich une posi-tion dure sur la crise des rf ugis.

    Dfendre Schengen

    Cest principalement de la ques-tion des migrants que les deux di-rigeants ont parl huis clos pen-dant 1 h 30 la prfecture du Bas-Rhin. Lobjectif tait dafficherune position commune afindobtenir des rsultats avant leConseil europen des 18 et 19 f-vrier Bruxelles. Dici l, ils veu-

    lent mettre la pression sur laGrce et la Turquie dans lespoirdendiguer le flux des migrants. Il y a une volont franco-alle-mande pour soutenir la Grce ,affirme une source proche delElyse. Les Grecs ont fait desprogrs. Surtout depuis la fin delanne. Ils ont compris que sils nese mettaient pas rapidement enmarche, ils risquaient de voirfermer leur frontire au nord avecla Macdoine , poursuit cettesource.

    M. Hollande et MmeMerkel sontdtermins dfendre Schengen ,assure-t-on lElyse, alors queplusieurs pays sont tents de met-tre Athnes lcart de lespace delibre circulation des citoyens

    europens. Bruxelles a engagune procdure pour vrifier ltat

    des frontires extrieures deSchengen en Grce. Vendredi, lesministres de lintrieur des deuxpays, Bernard Cazeneuve et Tho-mas de Maizire, ont visit le cen-tre daccueil et de tri (le seul hotspot en activit sur les cinq pr-vus) sur lle de Lesbos. Nous nevoulons pas mettre Schengen endanger, cest pourquoi nous de-vons travailler rapidement dessolutions communes , avait af-firm M. de Maizire.

    Les autorits grecques se sontengages ouvrir quatre autres hot spots dici mars, afin das-surer de meilleurs contrles et defaire le tri entre les rfugis et lesmigrants conomiques. Ils sou-haitent quAthnes, grce auxrenforts de lagence europennede surveillance des frontires

    Frontex, amliore la chasse auxfaux papiers. Les instances euro-pennes souhaitent aussi que laGrce mette en place des structu-

    res pour recevoir les migrantsdans lattente de leurs contrlesou ceux qui ne peuvent prten-dre au statut de rfugis.

    Lautre grande proccupationest la Turquie. Il ny a pas assezdengagements. On a besoin quilsacclrent , explique une sourcefranaise. Pour Angela Merkel,Ankara est la cl de la rsolution

    de la crise. Elle devait effectuer,lundi 8 fvrier, sa seconde visitedans le pays et sa quatrimerencontre avec les dirigeants

    turcs en moins de six mois. Enoctobre 2015, la chancelire

    stait engage en faveur dunversement de 3 milliards deuros la Turquie pour lui permettrede faire face lafflux de rfugiset de scuriser les frontires.Lundi, elle devrait enfin confir-mer la mise en place de ce plan delUnion europenne, dcid fin2015. LItalie bloquait son lance-ment, mais ces rticences ont tleves aprs la rencontre Berlinde Matteo Renzi et dAngela Mer-kel, fin janvier. Ces 3 milliardssont destins aider les rfugispour quils restent sur place , ex-plique-t-on Paris.

    Pays srs

    Lobjectif des Europens est de fa-ciliter la reconduite des migrantsconomiques, directement deGrce, vers la Turquie. Vendredi,

    Athnes a accept de reconnatrela Turquie comme un pays sr .Cela devrait faciliter la mise enuvre de laccord de radmission

    rciproque qui existe entre lesdeux pays, mais qui na gure t

    utilis, en raison de leurs rela-tions conflictuelles. Il sagit depermettre le renvoi des migrantsqui ne viennent pas de Syrie,dIrak ou du Pakistan, directe-ment des les grecques. Frontexa dans son mandat de raccompa-gner les migrants qui ne peuventprtendre au statut de deman-deurs dasile. Il faut ralentir les fluxet rendre leurs traitements plus ra-pides , affirme une source ly-senne.

    La visite de MmeMerkel Ankarasurvient alors que la Turquie estcontrainte douvrir ses frontirespour accueillir des dizaines demilliers de Syriens qui fuient lof-fensive sur Alep des troupes du r-gime Assad, soutenues par lesRusses. LUnion europenne a de-mand Ankara daccueillir ces

    rfugis, en raison de lurgence deleur situation.palain salles avec

    ccile boutelet ( berlin)

    Selon une source

    proche delElyse, les Grecs

    risquent

    de voir fermer

    leur frontire

    au nord avec

    la Macdoine

    LHISTOIRE DU JOURA Madrid, un spectacle demarionnettes au got douteux

    madrid- correspondance

    L e premier carnaval organis par la nouvelle quipe muni-cipale de Madrid, une plate-forme citoyenne soutenuepar le parti de la gauche antiaustrit Podemos, a maltourn. Vendredi 5 fvrier, deux marionnettistes ont t incar-crs, avant dtre formellement accuss, samedi, dapologie duterrorisme, aprs une reprsentation dun got douteux.

    Vendredi, en fin daprs-midi, les enfants gs dun six anstaient invits par la mairie assister un spectacle de marion-nettes gratuit et en plein air. Mais en guise damusement, ils ontpu assister au viol dune sorcire par le propritaire de son loge-ment, au meurtre dudit propritaire ainsi que dune religieuse

    venue prendre lenfant n de la relation force, la manipulationdun policier qui frappe la sorcire et place entre ses mains, alorsquelle est inconsciente, une pancarte signifiant Vive Al-Qaida-ETA et la pendaison du juge qui lavait condamne mort.

    Les personnages avaient beau tre des marionnettes et lapice, dune petite compagnie originaire de Grenade, Titeresdesde abajo ( Marionnettes den bas ), se prsenter commeune satire visant dnoncer la chasse aux sorcires dont se

    disent victimes les groupes anarchis-tes, le spectacle na pas t du gotdes parents, qui ont appel la police.

    La polmique a rapidement pris delampleur. La mairie de Madrid, qui areconnu ne pas avoir vu la pice aupa-ravant, a port plainte contre les ma-rionnettistes pour avoir pu heurter lasensibilit du jeune public et limogles responsables de la programmationdu carnaval. Le Parti populaire (PP,

    droite) a, lui, dpos une plainte contre la conseillre municipalecharge de la culture, Celia Mayer, une militante lie au mouve-ment okupa (squatteurs) dun centre social autogr, Patio Mara-villas, do proviennent nombre de militants de Podemos.

    Quant lopinion, elle se divise entre ceux qui, scandaliss, de-mandent la dmission des responsables politiques, et ceux quiconsidrent que lincarcration des marionnettistes est unerponse disproportionne qui vise diaboliser Podemos.

    Une centaine de personnes ont manifest, dimanche, Ma-drid, lappel de la Confdration nationale du travail (CNT,anarcho-syndicaliste), laquelle appartient lun des marionnet-tistes incarcrs, pour demander la libration des artistes .

    Il ne sagit pas de la premire polmique autour de la gestiondu dpartement culturel de la mairie. La suppression de la sub-vention lcole de tauromachie, la tenue psychdlique portepar les rois mages lors du dfil traditionnel, ou, plus rcem-ment, le retrait de plaques commmorant des victimes de laguerre civile tues par des rpublicains ont provoqu la contro-verse et nourri limage dune volont de revanche de la gaucheradicale contre la droite et lEglise catholique.p

    sandrine morel

    LES ENFANTS ONT PUASSISTER AU VIOLDUNE SORCIREET AU MEURTREDUNE RELIGIEUSE

    INTELLIGENT,PRENANT,DIVERTISSANT, MOUVANTCinemaTeaser

    Aujourdhuien France

    Le Journaldu DimancheLObs

    UNGRANDFILMLe Monde

    DJUNCLASSIQUEStudio Cin Live

    UNEENQUTECAPTIVANTELe Figaro

    UNPOLARHALETANTParis Match

    ACTUELLEMENT AU CINMA

    NOMME AUX BAFTAS

    RACHEL MCADAMSMARK RUFFALONOMM AUX OSCAR

    MICHAEL KEATONNOMM AUX OSCAR

    STANLEY TUCCINOMM AUX OSCAR

    ETJOHN SLATTERYLIEV SCHREIBERNOMMAUXGOLDENGLOBES

    NOMINATIONS AUX OSCAR

    DONT

  • 7/25/2019 Monde 2 en 1 Du Mardi 09 Fvrier 2016

    6/30

    6 | international & plante MARDI 9 FVRIER 20160123

    Toll aprs un tir de fuse par PyongyangRuni dans lurgence, le 7 fvrier, le Conseil de scurit de lONU a dnonc une provocation intolrable

    suite de la premire page

    Dans une dclaration unanime,les 15 membres du Conseil esti-ment que ce lancement, prsentpar la Core du Nord comme ce luidun satellite, utilise la technolo-

    gie des missiles balistiques etcontribue ainsi au dveloppe-ment par le Nord de vecteurs dar-mes nuclaires .

    Relativement similaire celuide 2012 le dernier en date , lenouveau tir survient un moisaprs un quatrime essai nu-claire. Il montrerait, selon les ex-perts, que la Rpublique popu-laire et dmocratique de Core(RPDC) a amlior ses capacitsdans ce domaine sur lequel il tra-vaille depuis les annes 1960. Laquestion est de savoir sil peutmettre au point une ogive nu-claire pour ces missiles.

    Pyongyang avait annonc, le2 fvrier, son projet de lancementdun satellite dobservation de laTerre, appel Kwangmyong-song-4 ( Etoile qui brille ). Le tirintervient alors que les tradition-nelles manuvres amricano-sud-corennes baptises Foal Ea-gle, considres comme une me-nace directe par la Core du Nord,doivent commencer le 2 mars.

    Effectu lapproche du 16 f-vrier, jour du Kwangmyong-song correspondant lanniver-saire de lancien dirigeant KimJong-il (1941-2011), pre de lactuelleader Kim Jong-un, il aurait gale-ment pour but de mobiliser la po-pulation confronte des difficul-ts conomiques, ce alors que leVIIe congrs du Parti du travaildoit se tenir dbut mai.

    Aprs avoir salu la russite du

    lancement, ralis en prsence deKim Jong-un, la Core du Nord a

    diffus un communiqu vo-quant la vapeur fascinante du sa-tellite de la Juche [lidologie du r-gime, qui fait de lindpendance lavaleur suprme] striant le ciel bleuet clair au dbut du printemps, laveille de la fte de ltoile quibrille . Le document affirme que

    ce succs constitue un vne-ment historique dans le dveloppe-

    ment des sciences, des technolo-gies, de lconomie et de la dfensenationale du pays , qui exerce lgitimement le droit dutiliserlespace des fins pacifiques .

    Rticences de la Chine

    La condamnation des Nations

    unies suit celles formules tra-vers le monde. La prsidente sud-corenne, Park Geun-hye, a quali-fi le tir de dsastre complet pour la paix. La Chine a regrett .Le Japon envisage des actions uni-latrales, lengin ayant survol lepetit archipel dOkinawa.

    De nouvelles sanctions sajoute-raient celles imposes aprs lesprcdents tirs de fuse (six de-puis 1998) et essais nuclaires(quatre depuis 2006) raliss parla RPDC. Le Conseil de scurit dis-cute de mesures supplmentairesdepuis le test nuclaire de janvier.Les ngociations tranent en rai-

    son des rticences de la Chine,soutien traditionnel de la Coredu Nord quoique mcontente deses actions, et de la Russie.

    Lors dun entretien tlphoni-que le 5 janvier, le prsident desEtats-Unis, Barack Obama, et sonhomologue chinois, Xi Jinping,

    avaient convenu de la ncessitdune rponse forte aux ven-tuelles provocations de la RPDC. Cest une cho se de ngocier levote de nouvelles sanctions, cenest une autre dobtenir une action

    plus agressive des Chinois, en parti-culier en ce qui concerne leur miseen uvre et leur application,ana-lyse George Lopez, qui fut expertau comit des sanctions de lONUcontre la Core du Nord entre oc-tobre 2010 et juillet 2011.Pkin nesemble pas tellement avoir changde ligne de conduite ce sujet, endpit de sa rhtorique de condam-nation du rgime de Pyongyang.

    La situation devrait durer. Onne peut pas faire comme si de rienntait , a dclar, dimanche, Sa-mantha Power, ambassadriceamricaine lONU, avant dappe-ler les membre s du Conse il, ycompris la Chine, voir la menacesrieuse pour la paix et la stabilit

    rgionale et limportance de me-sures svres et sans prcdent .

    Systme de dfense antimissile

    Le reprsentant chinois, Liu Jieyi,veut que la nouvelle rsolution rduise les tensions, contribue la dnuclarisation et au maintiende la paix et de la stabilit, et pro-meuve une solution ngocie .Mais pour Pkin, ladoption desanctions sans prcdent nestpas une priorit. Si la Chine ac-cepte de faire dimportantes con-cessions, estime Andrea Berger,du think tank britannique sur lesquestions de dfense Royal Uni-

    ted Services Institute for Defenseand Security Studies (RUSI),il y a

    fort parier que la prochaine rso-lution sera truffe de restrictions etde clauses.

    Moscou plaide galement pourun texte raisonnable qui neconduise pas leffondrementconomique ou humanitaire dela Core du Nord, ni une exacer-bation des tensions.

    Les discussions pourraient trecompliques par les dveloppe-ments observs en Core du Sud.Soul a dj annonc la rductiondes activits de la zone indus-trielle exploite en commun Kaesong, en Core du Nord, et lin-tensification de la propagandediffuse par haut-parleur le longde la zone dmilitarise. Il a re-lanc les discussions avecWashington sur le dploiementde systmes amricains de d-fense antimissile THAAD, qui luidonnerait, prcise Ben Goodlad,analyste chez IHS Janes, unmoyen dinterception de missiles haute altitude .

    La Core du Sud et les Etats-Unis,a dclar le vice-ministre sud-co-ren de la dfense, Yoo Jae-seung, lannonce de la reprise des dis-cussions, estiment que lessai

    nuclaire et le tir de missile balis-tique par le Nord constituent desmenaces pour la paix et la stabi-lit de la pninsule et de la rgion

    Asie-Pacifique .Les deux partenaires discutent

    depuis plusieurs annes du d-ploiement de ce systme. Mais laChine y est fermement oppose.Elle y voit une menace dirigecontre elle. Ds lannonce de la re-lance des discussions, le ministrechinois des affaires trangres aconvoqu lambassadeur sud-co-ren Pkin pour protester.p

    marie bourreau

    et philippe mesmer

    Dans le sud de Tawan, des survivants sortisdes dcombres deux jours aprs le sismeA Tainan, la ville la plus touche, les familles mettent en cause la pitre qualit des btiments

    pkin- correspondant

    L es recherches se poursui-vaient lundi 8 fvrier aumatin pour retrouver dessurvivants, plus de deux joursaprs le sisme qui a frapp le sudde Tawan. A 10 heures, lundi, lesquipes de secours ont dcou-vert deux femmes encore cons-cientes dans les dcombres. Plustt dans la matine, une femmeavait aussi t extraite en vie,

    mais ni son mari ni leur fils gde 2 ans navaient survcu. Ledernier bilan fait tat de 37 mortset 116 disparus emprisonnsdans les ruines dune rsidencedu centre-ville.

    Recherches difficiles

    Samedi 6 fvrier, 4 heures du ma-tin heure locale, un sisme de ma-gnitude 6,4 a frapp le sud deTawan, 39 kilomtres au nord-est du port de Kaohsiung, ladeuxime ville du pays. Cest pour-tant Tainan, un peu plus au nord,que les secousses ont t les plusviolentes. Tainan a t frapp

    plus fort parce que la ville est situesur des formations gologiques as-sez meubles. Limpact a tendance tre amplifi en cas de sisme peu

    profond , a expliqu Shin Tzay-chyn, directeur de lOffice centralde la mtorologie de Tawan.

    Dimanche matin, le maire deTainan a indiqu que les recher-ches sannonaient trs difficiles : Parmi les pe rsonnes qui atten-dent dsesprment dtre secou-rues, 103 sont enterres trs pro-

    fondment. Il ny a aucun moyende les atteindre directement , adclar William Lai. Les recher-ches se concentrent sur un im-meuble de 16 tages o taientrassembles environ 400 person-nes la veille du Nouvel An chi-nois. Au moins 170 personnes ontt vacues, dont 67 sont tou-jours lhpital, a indiqu la mai-rie. Ailleurs, Tainan, deux per-sonnes ont perdu la vie cause dechutes dobjets.

    En tout, neuf btiments se sonteffondrs dans la ville du sud-ouest, mais la plupart des victi-mes se trouvaient dans la rsi-

    dence Wei Guan, dont les fonda-tions nont pas rsist. Une en-qute a t ouverte pourdterminer si le btiment avaitfait lobjet de malfaons lors de saconstruction en 1989, a indiqu leministre de lintrieur. Des ing-nieurs, cits par les mdias lo-caux, ont remarqu que les pilierssoutenant le premier tage pa-raissaient fins par rapport au bti-ment quils devaient soutenir.

    Murs dj fissursLe gouvernement de la ville deTainan a indiqu que le btimentntait pas considr comme dan-gereux. Mais la presse tawanaisevoque dj de possibles insuffi-sances dans les fondations et lastructure du btiment. Des pou-tres remplies de polystyrne ontnotamment t aperues dans lesdcombres. Des habitants parlentaussi de murs dj fissurs. Len-treprise qui a construit les im-meubles a cess ses activits.

    Un homme dune soixantainedannes, qui aidait les cher-cheurs, dimanche, a dclar

    Associated Press : Mes deux pe-tits-fils de 11 et 12 ans sont toujours lintrieur, au neuvime tage.

    Javais dit mon fils de ne pasacheter dans cet immeuble. Le prixtait si bas, ctait louche.

    Les normes antisismiques sontpourtant leves Tawan. La plu-part des btiments de la ville ontdailleurs trs bien rsist, y com-pris des temples multicentenaires. Nous avons t rveills en pleinenuit, mais les vieux btiments de

    mon quartier nont pas boug,ra-conte Lyn Che Chun, 25 ans, qui vitdans louest de Tainan.Nous som-mes habitus, nous rangeons lesobjets comme il faut pour quil nyait pas de casse, a-t-il ajout.Mais lhtel dans lequel je travaille, cons-truit il y a deux ans, des fissuressont apparues sur les murs.

    Tawan, proche de la jonctionentre deux plaques tectoniques,est rgulirement touch par destremblements de terre. La se-cousse la plus meurtrire de cesdernires annes, de magnitude7,6, avait fait 2 400 v ictimesen 1999. (Intrim.) p

    Kim Jong-un,actuel dirigeantde la Core du Nord,salue le tir dune fuse dimanche.KYODO/REUTERS

    Selon le Conseil

    de scurit,ce lancement

    utilise

    la technologie

    des missiles

    balistiques

    EUROPEM. Bianco rassur par la faible mobilisationde PegidaJean-Louis Bianco, prsidentde lObservatoire de la lacit,sest dit, lors de lmission Internationales , en parte-nariat entre TV5 Monde, RFIetLe Monde, rassur par lefaible impact de lappel ma-nifester lanc ce week-endpar lorganisation islamo-phobe Pegida dans quatorzepays. En France, une centainede personnes se sont rassem-bles Calais. Je craignaiscomme beaucoup dobserva-teurs que ce soit plus beau-coup plus large , a ditM. Bianco. Cependant, lamonte de lextrme droitepopuliste restera une domi-

    nante de la vie politique euro-penne , selon lui. La Francedoit faire attention avec lesdrives communautaristes ,a par ailleurs mis en gardeJean-Louis Bianco.

    AM RIQUE LATINELe cardinal Cipriani,oppos lIVG, comparelONU Hrode Le cardinal pruvien JuanLuis Cipriani a comparlONU Hrode , roi de Ju-de qui avait ordonn le mas-sacre denfants, pour avoirprconis lavortement aux

    femmes enceintes infectes

    par le virus Zika. Aujourdhui, nous sommesencercls dhrodes, a-t-il d-clar, samedi 6 fvrier.Les

    Nations unies, face au virusZika, ont dcrt que nous de-vrions approuver lavortementet tuer les enfants. Daprs labible, Hrode a ordonn lemeurtre des enfants demoins de 2 ans Bethlem,pour empcher lavnementde Jsus. Face au virus Zika,qui provoque des malforma-tions congnitales, lONU ademand dautoriser la con-traception et lavortement enAmrique latine, rgion laplus touche par lpidmie.

    (AFP, EFE.)

    SOUD ANSituation dsespre

    des civils fuyantles combats au DarfourDes dizaines de milliers de ci-vils qui ont fui les combatsentre les forces gouverne-mentales et les rebelles auDarfour, dans louest du Sou-dan, sont dans une situationhumanitaire dsespre , aindiqu lONU, dimanche 7 f-vrier. Selon la coordinatricedes Nations unies au Soudan,Marta Ruedas, la violence aeu pour rsultat le pire dpla-cement de populations civilesdont lONU a t tmoin dansla dernire dcennie . (AFP.)

    Tensions la frontire maritimedes deux Cores

    Un patrouilleur nord-coren a franchi, lundi 8 fvrier, la frontiremaritime, baptise Ligne de limite Nord (LLN), sparant les deuxCores en mer Jaune. La marine sud-corenne est intervenue. Lenavire du Nord a fait demi-tour. Larme sud-corenne est enalerte maximale , a dclar le ministre sud-coren de la d-fense. Aprs le tir de fuse de dimanche, le chef dtat-major, LeeSun-jin, a averti que Pyongyang pourrait multiplier les provoca-tions. La Core du Nord ne reconnat pas la LLN, dessine par laforce des Nations unies sous commandement amricain la finde la guerre de Core (1950-1953).

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    A Calais, la tentation du pireLe gnral Piquemal, qui a particip une manifestation antimigrants interdite, est jug en comparution immdiate

    A Calais, on vient para-der, car cest devenuune scne hautementpolitique. Samedi 6 f-

    vrier, alors que le ministre de lin-trieur, Bernard Cazeneuve, avaitinterdit le dfil antimigrants dela branche franaise des Patrioteseuropens contre lislamisationde lOccident (Pegida), le rassem-blement a pourtant eu lieu dans laville du Pas-de-Calais et le gnralChristian Piquemal sy est invit.

    Cet ex-commandant de la L-

    gion trangre, ex-membre du ca-binet militaire de trois premiersministres, dcor des plus hautshonneurs de la Rpublique, devaittre prsent en comparution im-mdiate lundi aprs-midi 8 f-vrier pour avoir brav cet interdit.A ses cts devaient aussi compa-ratre quelques membres de lasquelettique Pegida France.

    Le gnral Piquemal avait ds le4 fvrier annonc sa venue, en-tendant ainsi protester contrelinterdiction arbitraire et abu-sive de la manifestation de sa-medi. Il appelait au passage tousles patriotes et associations pa-triotiques ly rejoindre. Dfen-seur de la France millnaire etde ses valeurs,cet officier gnral,ancien du Tchad et de Bosnie, aprsid lUnion nationale des pa-rachutistes (UNP), pendant dix

    ans, LUNP a vu le jour en 1963dans une arme divise entre ceux

    qui avaient choisi lhonneur et lesautres qui lui avaient prfrlobissance rappelait-il dans unentretien en 2010.

    Il a toujours prsent sa dmar-che et celle du Cercle des citoyenspatriotes quil anime dsormaisdans le Var comme apolitique .A plusieurs reprises, par le pass,il nen a pas moins dit sa proccu-pation pour une France qui perdson me et son identit . On re-cule devant tout, nous sommesdans un tat de repentance per-

    manente. La fiert disparat auprofit de la gnuflexion esti-mait-il, toujours en 2010.

    La colre a mont

    Quils le souhaitent ou non, parleur venue dans le Pas-de-Calais,ces renforts nationaux, limagedu gnral Piquemal, lgitimentles groupuscules qui agissent djsur la ville sur fond de climat deplus en plus dltre. Depuis plu-sieurs mois, de faon rcurrente,un gang arm circulant en BMWsme la terreur auprs des mi-grants. Il repre des groupes depersonnes isoles et les passe ta-bac. La nuit du 20 janvier, des jeu-nes Syriens ont t frapps labarre de fer en pleine ville. Ils nesont pas les premiers. Entre juin etoctobre 2015, neuf trangersavaient subi ces mmes agres-

    sions et port plainte sansquaucune interpellation ne suive.

    Aprs la dernire opration, dontle modus operandi ressemble auxprcdentes, le procureur de la R-publique a ouvert une enqute.

    Ces derniers temps, la colre amont, laissant place aux thsesanti-immigration du Front natio-nal. Comme un cri de dsespoir dela troisime rgion la plus pauvrede France o une personne surcinq vit au-dessous du seuil depauvret. Dans les rues ou les ca-fs, le Calaisien se dfinit demblepar rapport aux marqueurs de lex-

    trme droite. Partout dans la ville,les grands thmes du FN semblentdevenus lunit de mesure du posi-tionnement de chacun.

    Ce qui ne signifie pas que lesnon-racistes ont pass la main.Les bnvoles sont toujours l,qui redonnent espoir aux mi-grants, offrent lhumanit et laprise en charge qui fait dfaut.Mais ils le disent voix basse, car,comme le rappelle la journalisteMarie-Franoise Colombani, lis-sue dune immersion de plu-sieurs mois dans la ville, pourcrire Bienvenue Calais (ActesSud, 56 pages, 4,90 euros), unmouvement raciste local de plusen plus activiste est en train desenraciner dans le lieu.

    Dans cette ville de 78 000 habi-tants, toutes les interviews com-mencent dsormais par un que

    les choses soient claires, je ne suispas raciste, ni politis ,mme si lediscours qui suit est raciste et po-litis En gnral, quelle que soitson opinion, le Calaisien resteanonyme. Par peur du voisin, desreprsailles de ceux qui ne pen-sent pas comme eux. Au fil desmois, la ligne de dmarcation en-tre les groupes ressemble de plusen plus aux barbels et aux grilla-ges qui longent les rocades, spa-rent la jungle et ses milliers de mi-grants, du reste de la ville. Calaisse dchire, mme si les plus extr-mistes ne sont pas du cru.

    Le groupe Sauvons Calais , qui

    a vu le jour en 2013, a fdr beau-

    coup de citoyens antimigrants.Quelques temps suppos tre leporte-parole du ras-le-bol du Calai-sien non politis, Sauvons Ca-lais a rapidement montr un toutautre visage. Lors dune manifesta-tion coorganise avec le Parti pourla France le 8 novembre 2015 un co-ran a t partiellement brl.

    Les liens entre les deux structu-res sont assez troits, puisque Ke-vin Reche, fondateur de SauvonsCalais , sest prsent sous lti-quette Parti de la France aux der-nires dpartementales. Gal Rou-gement, qui le 23 janvier a sorti unfusil contre les migrants (lorsdune manifestation promigrantsmigrants) et dont la vido a tournsur Internet, a t plusieurs foisphotographi avec lui et son pretait la manifestation. Poursuivipour la non-dclaration de son

    arme, le jeune homme sera d-fendu par le dput (Rassemble-ment Bleu Marine, Gard) GilbertCollard. Autant dlments quipermettent de comprendre que cegroupe qui affiche plus de 20 000mentions Jaime sur sa page Fa-cebook, a driv vers le racisme.

    Face ce glissement,une place at laisse vacante pour un autregroupe, au dpart moins politis. Apolitique et pour lunit des Ca-laisiens face linscurit due auxmigrants ! Merci dviter tout ra-cisme et incitations la violence ,cest ainsi que se dfinissent LesCalaisiens en colre . Mais le blo-

    gueur Philippe Wannesson esti-mait rcemment que CommeSauvons Calais, Les Calaisiensen colre se radicalisent. Depuis

    plusieurs semaines ils patrouillentautour du bidonville de Calais, pr-tendent encourager la police, me-nacent les exil-e-s . Ce qui ne lesempche pas de cumuler plus60 000 mentions Jaime .

    Dautres regroupements mer-gent et peinent modrer lescommentaires de leurs inscrits,tant la tentation du racisme est

    forte pour les Calaisiens qui nenpeuvent plus de la prsence nonencadre de milliers de rfugisvenus de Syrie, dErythre oudAfghanistan. Nous ne voulons

    pas glisser sur cette pente que nousavons observe dans dautres grou-

    pes. Calais a besoin dinformations.Nous souhaitons dnoncer ce quise passe sans attiser la haine. Si lontrouve une solution pour les mi-

    grants, elle bnficiera aux Calai-siens ,rappelle la modratrice de Calais Infos Calais . Martin, prede deux enfants, sest inscrit cette page. a me va parce que je

    Manifestation de la branchefranaise de Pegida,

    Calais (Pas-de-Calais),samedi 6 fvrier.PHILIPPE HUGUEN/AFP

    Toutes les

    interviews

    commencent

    par un que les

    choses soient

    claires, je ne suis

    pas raciste

    Pegida : faible mobilisation europenne

    Les manifestations contre limmigration organises samedi 6 f-vrier, la demande de lorganisation islamophobe allemandePegida, nont rassembl que quelques milliers d e manifestantsdans les quatorze pays o elles avaient lieu. A Dresde, en Allema-gne, lieu de naissance des Patriotes europens contre lislamisa-tion de lOccident (Pegida), ils ntaient que 8 000 le double taitattendu. Ils taient quelques milliers se rassembler Prague,2 000 Varsovie, et quelques centaines ailleurs. Des incidentsont eu lieu Prague, o des manifestants ont lanc des cocktailsMolotov sur un centre de collecte de dons pour les rfugis. Destroubles avec la police sont intervenus Amsterdam et Dublin.

    ne suis pas raciste. Mais pour nepas changer, je ne vais plus lhpi-tal Calais, plus la piscine et je neviens plus dans le magasin o lesmigrants font leurs courses. Jaichang ma vie pour ne pas devenirraciste ,conclut llectricien.

    Aux rgionales de 2015, le FN a re-cueilli 49,1 % des suffrages au pre-mier tour. Au mme scrutin,en 2010, le FN avait obtenu deuxfois moins de voix. Le FN est unetentation nouvelle pour Calais,comme loption de la dernire

    chance dans une ville qui a, 37 an-nes durant, opt pour un mairecommuniste, et qui aux municipa-les de 2014 navait concd que12 % de ses voix au FN ; lisant con-fortablement Natacha Bouchart(LR). Le FN est rest lcart des ma-nifestations contre les migrants : Il y a un parti anti-immigration,cest le Front. Plutt que manifester,il faut voter , indique Florian Phi-lippot, vice-prsident du FN, lequelapporte cependant son soutien augnral Piquemal.p

    maryline baumard

    et caroline monnot

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  • 7/25/2019 Monde 2 en 1 Du Mardi 09 Fvrier 2016

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    Franois Hollande fait vu de silence mdiatiqueLe contexte des attentats a contraint le chef de lEtat rprimer ses penchants la loquacit

    Le chef de lEtat, contraire-ment ses habitudes,

    aurait-il soudainementfait vu de silence ? Ce-

    lui-ci, certes, demeure tout rela-tif : Franois Hollande continuede sexprimer dans un cadre ins-titutionnel. Il la fait tout au longdu mois de janvier lors des diff-rentes crmonies de vux. Plusrcemment lElyse avec ses h-tes trangers, le prsident ira-nien Hassan Rohani et le prsi-dent cubain Raul Castro, locca-sion des traditionnelles dclara-tions la presse. Et encorevendredi 5 fvrier, devant les ma-gistrats de lEcole nationale de lamagistrature.

    Force est nanmoins de le cons-tater : ses dernires interventionstlvises remontent ses vuxdu 31 dcembre 2015. Et, plus loin,aux trois allocutions prononces

    dans les 24 heures ayant suivi lesattentats du 13 novembre. Quant sa dernire interview avec ques-tions et rponses, elle remonte celle accorde Europe 1, enChine, galement en novembre.

    Autre signe qui ne trompe pas :la traditionnelle confrence depresse semestrielle, qui se tientdordinaire en janvier, ne sera pasorganise avant le mois de mars si elle a lieu. Ce nest pas dcid,explique Gaspard Gantzer, le con-seiller en communication du pr-sident. Il y aura certainement unrendez-vous mdia en mars, peut-tre plusieurs, mais la forme nestpas dtermine.

    Confrence de presse ou inter-view audiovisuelle, voire les deux(la prsidence a reu des proposi-tions, entre autres de France 2,France 3, i-Tl et d peu prs tou-

    tes les radios) : quelle que soit laformule retenue, cela fera alorscinq mois que le chef de lEtatnaura pas accord le moindre en-tretien des journalistes. Incon-testablement, une forme de rar-faction et solennisation de la pa-role prsidentielle, parfaitementassume par lElyse. Voil qui napas toujours t le cas. Long-temps, les conseillers en commu-

    nication successifs du chef delEtat se sont arrach les cheveuxquant limpossibilit demp-cher le prsident de se ruer vers lemoindre micro vers lui tendu.

    Plus rcemment, jusqulautomne 2015, il avait semblempiler les niches mdiatiques, seproduisant tour tour dans LeSupplment , sur Canal+, le ma-gazine branch Society, la chane

    pour enfants Gulli ouLe Chasseurfranais . Du printemps lautomne 2015, le prsident, avecune prsidentialit trouve ou re-trouve, en tout cas affirme, aprsles attentats de janvier, avait voulubeaucoup se dplacer, sillonner leterritoire et sadresser tous lesFranais travers les mdias, expli-que-t-on lElyse. Cela nous avaitpermis de toucher des gens qui nesont pas les destinataires imm-diats des messages prsidentiels.

    Ne pas commettre dimpair

    Un tel dploiement, depuis les at-tentats de novembre, nest abso-lument plus lordre du jour. Leprsident laffirme lui-mme, enpriv : Les vnements y ont tpour beaucoup. Ne pas commet-tre dimpair, assurer la solennitrequise : telle est la ligne qui pr-

    vaut depuis les sanglantes atta-ques de Paris et de Saint-Denis.

    Nous avons pens que dans lemoment que nous traversions,marqu par la lutte contre le terro-risme, la monte des prils et unemenace importante, ce qui taitattendu, cest une certaine sobritdans la prise de parole. Lhorreur at telle que dans ce genre de mo-ment, le tact, la retenue sont indis-

    ques Pilhan lavait crit il y a trenteans Il nest cependant jamaistrop tard pour mieux faire, et in-voquer les mnes de lanciencommunicant de Franois Mit-terrand et de Jacques Chirac.

    Savoir se taire

    Pilhan ne prnait pas la raretpour la raret, mais il pensait quilfallait communiquer dans le bonrythme. Savoir se taire au bon mo-ment et savoir reprendre la paroleau bon moment, en surprenantparfois , note un conseiller. Lacommunication, cest quand on ades choses dire , ajoute un autre.Prcepte que na pas toujourssuivi la lettre le chef de lEtat.

    Le contexte politique aura donccontraint M. Hollande rprimerses penchants la loquacit, et une discrtion mdiatique quebeaucoup, parmi ses proches etses conseillers, dsespraient delui imposer un jour. Lun de ses vi-siteurs du soir le confirme : Il y a

    une quation personnelle, politi-que, diffrente depuis le 13 novem-bre. Il a d, par la force des choses,se rinvestir autour des fonctionsplus rgaliennes et ses expressionstaient trs lies cette dimension,lautorit, la politique trangre, lescuritaire. Ce qui ne permet pasde multiplier les prises de parole.Mais aprs le 13 novembre, ctaittrs difficile de faire autrement.

    Cest comme si M. Hollande, aufond, navait pas eu le choix. Etmme si le retour aux fonda-mentaux du hollandisme mdia-tique ne saurait tarder. Les at-tentats ont tout chang, estimeun collaborateur. Certes, il est re-tomb sur terre avec sa rechute

    dans les sondages, mais lide quecette position prsidentielle est cequattendent les Franais est par-tage lElyse. Aprs, il faudrarentrer dans latmosphre. a nedoit pas durer trop longtemps. Lon peut compter sur le temp-rament du prsident pour, rapi-dement, abrger cette paren-thse de discrtion.p

    david revault dallonnes

    Franois Hollande, lors de la crmonie des vux aux corps diplomatiques, lElyse, le 21 janvier.JEAN-CLAUDE COUTAUSSE

    pensables , explique lElyse.Que lon se rassure : M. Hollandena pas sombr du jour au lende-main dans le mutisme le plus to-tal. Il reoit toujours trs rguli-rement journalistes et ditorialis-tes pour des discussions off . Ila rcemment invit djeuner

    lElyse les grandes plumes dufootball pour voquer lEuro2016. Mais dexercice mdiatiquepublic, point.

    Si le prsident se fait violence etse montre nettement moins pro-lixe qu laccoutume, cest vi-demment par stratgie. Il com-mence comprendre que moins ilparle, plus il se prserve, constateun ex-conseiller ministriel. Ja-

    Cultiver

    une forme deprsidentialit :

    telle est la

    stratgie qui

    a prvalu depuis

    le 13 novembre

    Pour prserver lunit du FN, MmeLe Pen se plie lart de la synthseRunis en sminaire du vendredi 5 au dimanche 7 fvrier, les responsables frontistes ont pris soin dviter les questions conflictuelles

    Ambiance compasse, bi-lan consensuel. Les diri-geants du Front national,

    runis huis clos en sminaire Etiolles (Essonne), du vendredi 5au dimanche 7 fvrier, avaient deschoses se dire, aprs les lec-tions rgionales de dcem-bre 2015, qui ont vu le parti dex-trme droite battre son record devoix mais se montrer incapabledemporter la moindre rgion.

    Il faut tout mettre sur la table ,a enjoint Marine Le Pen la cin-quantaine de participants mem-bres du bureau politique, parle-mentaires, compagnons de route prsents durant ces trois jourspour rflchir la stratgie en vuede llection prsidentielle de2017. Un exercice cathartique

    auquel le FN nest pas habitu etque chacun a pris soin de ne pastransformer en foire dempoigne.

    Comme attendu, aucun virageprogrammatique majeur nestressorti des travaux, dont lco-nomie constituait un morceaude choix. Le communiqu depresse final, qui a fait lobjetdune heure de pourparlers enconclusion du sminaire, est unmodle dquilibre.

    Les grands axes de notre projetpolitique ont t raffirms, parmilesquels la souverainet nationaleet la souverainet conomique etmontaire, est-il crit.La richessede notre projet mrite que certainsde ses aspects encore trop mcon-nus soient davantage mis en lu-mire, notamment le soutien aux

    TPE-PME, la justice fiscale et lesquestions de sant publique. Oucomment dire que le FN plaidetoujours pour une sortie de laFrance de la zone euro mais quilentend mettre laccent surdautres sujets, notamment lesquestions microconomiques.

    Dpasser les peurs

    Un consensus sest dgag pouraffirmer que la sortie de leuro qui effraie les lecteurs, en parti-culier les retraits doit tre pr-sente sous un jour rassurant. Marine Le Pen nous a dit quil fal-lait trouver des arguments positifs,dpasser les peurs sur ces sujets etmettre cette question en rso-nance avec notre projet de soutienaux PME , explique Florian Phi-

    lippot, vice-prsident du FN et ar-dent dfenseur de la mesure.

    Laccent pourrait donc tre missur lexemple anglais, auquel serfrait dj la prsidente du FN :si elle arrivait au pouvoir, cettedernire ngocierait avec les insti-tutions europennes pour obte-nir un statut drogatoire au seinde lUnion europenne, commeessaie de le faire le premier minis-tre britannique David Cameron.Des ngociations lissue des-quelles serait organis un rfren-dum. Ce nest pas une remise encause de la sortie de leuro, doncPhilippot nest pas ls. Cest unesynthse la Franois Hollande ,samuse un participant. Des con-ventions thmatiques ainsi quedes confrences dans les fdra-

    tions vont tre organises dici la prsidentielle, et permettrontdaffiner ces questions.

    Les dirigeants du FN vont mar-cher sur une ligne de crte dansles mois venir, et tenter de conci-lier la dfense dun Etat stra-tge , dun souverainisme cono-mique et dun libralisme accruen direction des petites entrepri-ses. Les discussions qui ont eu lieuau cours du sminaire, samediaprs-midi, o taient conviesdes personnalits extrieures auFN, comme le maire de Bziers(Hrault), Robert Mnard, ou leconseiller rgional de Provence-Alpes-Cte dAzur, Olivier Bettati,montrent que les dbats ne sontpas clos, loin de l.

    Un camp, runi autour de Ma-

    rion Marchal-Le Pen, a dfendulide que le vivier lectoral du FNse trouvait droite, et quil conve-nait de lui parler en consquence.Un autre, dans la foule de FlorianPhilippot, a estim quil ny avaitpas lieu de saucissonner llecto-rat de la sorte. Marine Le Pen, elle,sest contente de recadrer ledbat, assure un participant.

    Enfin, les sminaristes ontdiscut de la ncessit de renfor-cer lorganisation du parti, pourmieux se projeter sur les lgislati-ves de 2017, mais aussi sur les lec-tions intermdiaires qui vien-dront aprs. On na pas invent lamachine couper les bananes, r-sume un lu.Il tait beaucoup plusquestion de forme que de fond. p

    olivier faye

    19:20letlphonesonne

    18:15unjourdanslemonde

    nicolasdemorand

    le18/20venant

    de choc

    avec les chroniques

    dArnaud Leparmentieret dAlain Frachon

    dans un jour dans le mondede 18:15 19:00

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    9/30

    0123MARDI 9 FVRIER 2016 france | 9

    Cahuzac et son ex-pousedevant la justiceLe procs de lancien ministre du budget, poursuivi

    pour fraude fiscale et blanchiment, souvre lundi

    Vingt-huit pages sches la lecture austre :des dates, des sommesen francs et en euros,

    des noms de comptes bancairesdissimuls en Suisse, Singapouret sur lle de Man, les articles ducode pnal qui dfinissent les d-lits de fraude f iscale et de blanchiment de fraude fiscale ,et celui du code lectoral qui, pourles membres du gouvernement,rprime les dclarations de patri-moine fausses ou incompltes.

    Ainsi se rsume, sous la plumedes juges Renaud Van Ruymbekeet Roger Le Loire, le plus retentis-sant scandale politique du quin-

    quennat de Franois Hollande,qui a vu le ministre du budget delpoque, Jrme Cahuzac, d-mentir les yeux dans les yeux ,face aux plus hautes autorits delEtat, la reprsentation natio-nale et lopinion, les premiresrvlations du site Mediapart endcembre 2012 sur sa possessiondun compte bancaire dissimul ltranger, puis prsenter, quatremois plus tard, fin mars 2013, sadmission du gouvernement, enavouant quil avait menti. Car len-qute des juges commence quandlaffaire Cahuzac est finie.

    La voix inquite qui, sur un d-sormais fameux enregistrementmalencontreux, voque uncompte toujours ouvert lUBS (),pas forcment la plus planque desbanques vient dtre expertiseet authentifie comme tant celle

    de Jrme Cahuzac. Dans les joursqui suivent, le 26 mars 2013, lesdeux juges reoivent une lettre duministre tout juste dmission-naire : Vous avez t dsi gnspour instruire une affaire qui meconcerne. Contrairement aux d-clarations que jai t conduit faire alors que jtais membre dugouvernement, je suis titulairedun compte ltranger et sou-haite vous fournir toutes les expli-cations ce sujet. Il est aussittmis en examen.

    Trajectoirebrise

    Aprs deux ans dinstruction des-tins dmler lcheveau descomptes bancaires et des trans-ferts de fonds, lancien ministre,son ex-pouse Patricia, le ban-

    quier Franois Reyl, la banque dumme nom en qualit de per-sonne morale et lintermdiairefinancier Philippe Houman sont

    renvoys devant le tribunal cor-rectionnel. Faute dlments suf-fisants, les poursuites concernantune possible origine frauduleusedes fonds lie aux anciennes acti-vits de Jrme Cahuzac, en qua-lit de conseiller auprs des labo-ratoires pharmaceutiques, sontabandonnes.

    Les dlits de fraude fiscale et deblanchiment portent sur un mon-tant de 687 000 euros davoirs dis-simuls pour Jrme Cahuzac etde 2,5 millions deuros pour sonex-pouse le divorce du couple at prononc le 4 novembre 2015.

    Tel est lenjeu judiciaire du pro-cs qui souvre lundi 8 fvrier de-vant le tribunal correctionnel deParis. Mais la comparution delancien ministre rveille surtout,intacte, la fascination pour la tra-jectoire brise du Jean-Claude

    Romand de la politique , commele qualifiait lun de ses anciensconseillers dans un long portraitdu Monde en juin 2013, en rf-rence lhistoire de ce faux mde-cin accul par ses mensongesquEmmanuel Carrre a immor-talis dans LAdversaire (Galli-mard, 2001).Ce personnage-l, letrouble et mystrieux Jrme Ca-huzac, est au cur de deux rcitspublis loccasion du procs,lun du journaliste Mathieu Dela-housse, Code Birdie (Flammarion,256 p., 19 euros), lautre de lcri-vain et historien Jean-Luc Barr,Dissimulations (Fayard, 270 p.,18 euros).

    Le premier, qui tire son titre dunom demprunt sous lequel lan-cien ministre sidentifiait pour

    grer ses fonds occultes, est uneplonge dans lenqute judiciaire.Nourri des procs-verbaux delinstruction, il apporte un clai-rage singulier sur les rglementsde comptes conjugaux qui ontcontribu dclencher laffaire etsur tous les seconds rles grceauxquels la dissimulation a putre si longtemps maintenue,parmi lesquels Philippe Pnin-que, ami intime de Jrme Cahu-zac et conseiller personnel de Ma-rine Le Pen.

    Dconcertante inconscience

    Le second se dvore comme unroman. Jean-Luc Barr connat

    trs bien lancien ministre. Leuramiti sest noue Villeneuve-

    sur-Lot (Lot-et-Garonne), la villequi a donn Jrme Cahuzac sonenvol politique et nourri en sonsein les ferments qui prcipite-ront sa chute. Ancien lu sur laliste de ses opposants , Jean-LucBarr a t le tmoin et lobserva-teur privilgi de la comte Cahu-zac depuis larrive tonitruante dans le ddale mauriacien de

    cette petite cit provinciale du ri-che chirurgien parisien, spcia-liste des implants capillaires,aussi sducteur pour ses lecteursquhumiliant pour ceux qui osentse dresser en travers de sa route,faisant preuve la fois dune intel-ligence aigu et dune dconcer-tante inconscience, jusqu la d-flagration de 2012.

    Tous les personnages sont l,cueillis lorigine : le cercle localdans lequel voluent lavocat etancien maire Michel Gonelle,dont le rpondeur captera la fa-meuse conversation sur lecompte occulte, Rmy Garnier,lancien fonctionnaire des imptsqui tentera en vain dalerter sahirarchie sur les soupons dedissimulation fiscale de JrmeCahuzac et qui ne le lchera plus,

    Jean-Louis Bruguire, son rivalpolitique malheureux. Viennent

    ensuite les cnacles parisiens,amitis rocardiennes, franc-ma-onnes, et tout un entrelacs din-trts professionnels, politiqueset financiers.

    Les cercles du pouvoir, enfin, desbancs de lAssemble nationale o,prsident de la commission des fi-nances, il se fait remarquer poursa fougue contre les fraudeurs fis-

    caux jusqu sa nomination parFranois Hollande Bercy, o lunde ses premiers chantiers de mi-nistre est de faire adopter, en no-vembre 2012, un projet de loi de fi-Le trouble

    et mystrieux

    Jrme Cahuzac

    est au cur de

    deux rcits, lun

    dun crivain et

    historien, lautre

    dun journaliste

    nances rectificative destin ren-forcer la lutte contre lvasion etla fraude fiscale . De ce combatdont il se voulait le hraut tmoi-gne la photo tristement clbrequi le montre, lors dune conf-rence de presse Nanterre, der-rire un pupitre sur lequel ce pro-gramme est affich comme unslogan. Debout et droit, encore

    seul, pour quelques semaines, connatre la gravit de la tumeurmaligne du secret et des menson-ges qui allaient lemporter. p

    pascale robert-diard

    Un possible report des dbats

    Les avocats de Jrme Cahuzac et de son ex-pouse devaient sou-mettre au tribunal correctionnel de Paris, lundi 8 fvrier, une ques-tion prioritaire de constitutionnalit (QPC), dont lexamen est sus-ceptible dentraner un report des dbats au fond. La questionporte sur le cumul de la procdure pnale avec un contentieux fis-cal, qui contreviendrait au principe du non bis in idem , selon le-quel on ne peut tre poursuivi et sanctionn deux fois pour les m-mes faits, au regard de la Convention europenne des droits delhomme. La dfense de M. Cahuzac et de son ex-pouse relvequils ont fait lobjet dune poursuite fiscale diligente par la direc-tion gnrale des finances et dune sanction fiscale avec pnalits,dont ils se sont lun et lautre acquitts. Une QPC semblable a tdpose louverture du procs Wildenstein, en janvier. Le tribunal

    a jug la question srieuse et la transmise la Cour de cassa-tion, qui doit dcider si elle saisit le Conseil constitutionnel.

    FAITS DIVERSDeux hommes abattus VilleurbanneDeux hommes ont t abat-tus, dimanche 7 fvrier, parune rafale darme automati-que en pleine rue, Villeur-banne (Rhne). Les enqu-teurs privilgient la piste dunrglement de comptes. Le par-quet de Lyon a ouvert une en-qute pour meurtre en bandeorganise et association demalfaiteurs . (AFP.)

    NOTRE-DAME-DES-LANDESUne manifestationcontre laroportdgnre RennesDes incidents ont clat, sa-

    medi 6 fvrier, Rennes, lorsdune manifestation contre leprojet daroport de Notre-Da-me-des-Landes et contre ltatdurgence. Les vitrines de plu-sieurs tablissements ont tbrises. Au moins cinq per-sonnes, qui jetaient des pro-

    jectiles sur les forces de lor-dre , ont t interpelles. (AFP.)

    GAUCHELuniversit dt du PSaura lieu NantesLe PS tiendra sa prochaineuniversit dt Nantes du

    26 au 28 aot, et non La Ro-chelle, comme ctait le casdepuis 1993. Il fallait uneville qui soit le symbole delalliance du PS, des cologis-tes et des associatifs , a ex-pliqu, samedi 6 fvrier, lepremier ministre du PS,