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Mardi 12 mai 2015 - 71 e année - N o 21870 - 2,20 € - France métropolitaine - www.lemonde.fr Fondateur : Hubert Beuve-Méry Algérie 180 DA, Allemagne 2,50 €, Andorre 2,40 €, Autriche 2,80 €, Belgique 2,20 €, Cameroun 1 900 F CFA, Canada 4,50 $, Côte d'Ivoire 1 900 F CFA, Danemark 30 KRD, Espagne 2,50 €, Finlande 4 €, Gabon 1 900 F CFA, Grande-Bretagne 1,90 £, Grèce 2,50 €, Guadeloupe-Martinique 2,40 €, Guyane 2,80 €, Hongrie 950 HUF, Irlande 2,50 €, Italie 2,50 €, Liban 6 500 LBP, Luxembourg 2,20 €, Malte 2,50 €, Maroc 13 DH, Pays-Bas 2,50 €, Portugal cont. 2,50 €, La Réunion 2,40 €, Sénégal 1 900 F CFA, Slovénie 2,50 €, Saint-Martin 2,80 €, Suisse 3,50 CHF, TOM Avion 450 XPF, Tunisie 2,50 DT, Turquie 9 TL, Afrique CFA autres 1 900 F CFA L es grands musées français se sont lancés dans une course au gigantisme. Les visiteurs affluent, mais ce modèle oublie les petits mu- sées et le sens du service public. A coups d’opéra- tions festives ou d’expositions à grand spectacle, les musées ont appris à créer l’événement pour dé- poussiérer leur image et attirer un public plus nom- breux et plus diversifié. Les résultats sont percepti- bles : la fréquentation a bondi de 45,2 millions de visiteurs en 2005 à 63,5 millions en 2013. Des chif- fres dopés par l’extension de la gratuité aux moins de 26 ans. Le Louvre, par exemple, a vu sa fréquen- tation doubler, passant de 5 à 10 millions de visi- teurs par an en une vingtaine d’années. Au risque toutefois de la congestion. Au risque aussi de faire exploser le coût de la programmation. L’écart avec les petits musées s’accroît. Tous les établissements sont soumis à des restrictions budgétaires. Mais tous ne disposent pas des mêmes ressources pour y faire face : appel à des mécènes, location des œuvres, partenariats avec des marques… p LIRE LE CAHIER ÉCO PAGES 6-7 Le festival de Bruxelles s’est ouvert avec Corbeaux, un spectacle saisissant de la cho- régraphe marocaine Bouchra Ouizguen. Théâtre, danse, arts plastiques… le Kunstenfestival- desarts offre une programma- tion riche et ambitieuse jus- qu’au 30 mai. « Il y a beaucoup de performances dans cette vingtième édition. Celle-ci rime avec transe. Quand on a 20 ans, c’est bien. Et même après », résume Brigitte Salino. p LIRE PAGE 19 CULTURE LA FRAGILE ÉCONOMIE DES MUSÉES Le Kunsten à Bruxelles, vingt ans de déraison CULTURE ROYAUME-UNI DAVID CAMERON SANS ADVERSAIRES LIRE PAGE 4 LA FIN D’EBOLA, ET APRÈS… LIRE PAGE 24 POLOGNE PRÉSIDENTIELLE : LE CANDIDAT CONSERVATEUR EN TÊTE LIRE PAGE 7 IMMIGRATION ENQUÊTE SUR LES NÉGRIERS DE LA MÉDITERRANÉE LIRE PAGE 14 POLITIQUE FRANÇOIS HOLLANDE EN CAMPAGNE AUX ANTILLES LIRE PAGE 9 L’exaspérant monsieur Varoufakis Le ministre grec des finances, Yanis Varoufakis, le 3 mars, à Bruxelles. WIKTOR DABKOWSKI/DPA/MAXPPP Le ministre grec des finances s’est mis à dos l’ensemble des ministres européens L’Eurogroupe se réunit lundi 11 mai LIRE LE CAHIER ÉCO PAGE 2 Ukraine : Merkel déplore les accrocs au cessez-le-feu Cérémonie sur la tombe du Soldat inconnu, à Moscou, le 10 mai. AFP A Moscou, la chancelière a demandé à Vladimir Poutine d’user de son influence sur les séparatistes ukrainiens LIRE PAGE 6 La visite de Hollande à Cuba, symbole d’un pays qui change L’ouverture du marché cubain et les échanges culturels sont les enjeux-clés du voyage historique du président français la havane – envoyés spéciaux C omment concilier le nécessaire dé- veloppement des affaires et l’obli- gatoire défense des droits de l’homme et des libertés, inexistants à Cuba ? Pour son déplacement à La Havane, lundi 11 mai, première visite d’un président français auprès du régime castriste, Fran- çois Hollande ambitionne tout à la fois « d’accompagner l’évolution de Cuba » vers l’ouverture et « de structurer et d’approfon- dir les échanges bilatéraux », explique-t-on à l’Elysée. Mais, entre les deux termes de l’alternative, le second semble devoir inexorablement l’emporter. Alors que l’Union européenne renoue le dialogue avec l’une des dernières dictatures com- munistes de la planète et que les Etats-Unis ont amorcé, en décembre 2014, un proces- sus qui annonce une levée à terme d’un embargo persistant depuis 1962, la ruée vers le marché cubain constitue le princi- pal enjeu de cette escapade présidentielle. « Il serait absurde d’entamer une course à l’échalote avec les Etats-Unis, assure un conseiller de M. Hollande. Nous avons no- tre propre politique dans les Caraïbes. » paulo a. paranagua et david revault d’allonnes LIRE LA SUITE PAGE 2 ET DÉBATS PAGE 15 MÉDIAS « LE MONDE » LANCE « LA MATINALE » LIRE LE CAHIER ÉCO PAGE 8 L’événement. Emmanuel TODD

Monde 2 en 1 Du Mardi 12 Mai 2015

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Monde 2 en 1 Du Mardi 12 Mai 2015

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  • Mardi 12 mai 2015 71e anne No 21870 2,20 France mtropolitaine www.lemonde.fr Fondateur : Hubert BeuveMry

    Algrie 180 DA, Allemagne 2,50 , Andorre 2,40 , Autriche 2,80 , Belgique 2,20 , Cameroun 1 900 F CFA, Canada 4,50 $, Cte d'Ivoire 1 900 F CFA, Danemark 30 KRD, Espagne 2,50 , Finlande 4 , Gabon 1 900 F CFA, Grande-Bretagne 1,90 , Grce 2,50 , Guadeloupe-Martinique 2,40 , Guyane 2,80 , Hongrie 950 HUF, Irlande 2,50 , Italie 2,50 , Liban 6 500 LBP, Luxembourg 2,20 , Malte 2,50 , Maroc 13 DH, Pays-Bas 2,50 , Portugal cont. 2,50 , La Runion 2,40 , Sngal 1 900 F CFA, Slovnie 2,50 , Saint-Martin 2,80 , Suisse 3,50 CHF, TOM Avion 450 XPF, Tunisie 2,50 DT, Turquie 9 TL, Afrique CFA autres 1 900 F CFA

    L es grands muses franais se sont lancsdans une course au gigantisme. Les visiteursaffluent, mais ce modle oublie les petits muses et le sens du service public. A coups doprations festives ou dexpositions grand spectacle, lesmuses ont appris crer lvnement pour dpoussirer leur image et attirer un public plus nombreux et plus diversifi. Les rsultats sont perceptibles : la frquentation a bondi de 45,2 millions de visiteurs en 2005 63,5 millions en 2013. Des chiffres dops par lextension de la gratuit aux moins

    de 26 ans. Le Louvre, par exemple, a vu sa frquentation doubler, passant de 5 10 millions de visiteurs par an en une vingtaine dannes. Au risquetoutefois de la congestion. Au risque aussi de faire exploser le cot de la programmation. Lcart avec les petits muses saccrot. Tous les tablissementssont soumis des restrictions budgtaires. Maistous ne disposent pas des mmes ressources pour yfaire face : appel des mcnes, location desuvres, partenariats avec des marques p

    L IRE LE CAHIER CO PAGES 6-7

    Le festival de Bruxelles sest ouvert avec Corbeaux, un spectacle saisissant de la chorgraphe marocaine Bouchra Ouizguen. Thtre, danse, arts plastiques le Kunstenfestivaldesarts offre une programmation riche et ambitieuse jusquau 30 mai. Il y a beaucoup de performances dans cette vingtime dition. Celle-ci rime avec transe. Quand on a 20 ans, cest bien. Et mme aprs ,rsume Brigitte Salino. p

    L IRE PAGE 19

    CULTURE

    LA FRAGILECONOMIE

    DES MUSES

    Le Kunsten Bruxelles, vingt ans de draison

    CULTURE

    ROYAUME-UNIDAVID CAMERON SANS ADVERSAIRES LIRE PAGE 4

    LA FIN DEBOLA, ET APRS L IRE PAGE 24

    POLOGNEPRSIDENTIELLE : LE CANDIDAT CONSERVATEUR EN TTE LIRE PAGE 7

    IMMIGRATIONENQUTE SUR LES NGRIERS DE LA MDITERRANE LIRE PAGE 14

    POLITIQUEFRANOIS HOLLANDE EN CAMPAGNE AUX ANTILLES LIRE PAGE 9

    Lexasprant monsieur Varoufakis

    Le ministre grec des finances, Yanis Varoufakis, le 3 mars, Bruxelles. WIKTOR DABKOWSKI/DPA/MAXPPP

    Le ministre grec des finances sest mis dos lensemble des ministres europens LEurogroupe se runit lundi 11 mai

    LIRE LE CAHIER CO PAGE 2

    Ukraine : Merkel dplore les accrocs au cessez-le-feu

    Crmonie sur la tombe du Soldat inconnu, Moscou, le 10 mai. AFP

    A Moscou, la chancelire a demand Vladimir Poutine duser de son influence sur les sparatistes ukrainiens

    LIRE PAGE 6

    La visite de Hollande Cuba, symbole dun pays qui change Louverture du march cubain et les changes culturels sont les enjeuxcls du voyage historique du prsident franais

    la havane envoys spciaux

    C omment concilier le ncessaire dveloppement des affaires et lobligatoire dfense des droits delhomme et des liberts, inexistants Cuba ? Pour son dplacement La Havane, lundi 11 mai, premire visite dun prsident

    franais auprs du rgime castriste, Franois Hollande ambitionne tout la fois daccompagner lvolution de Cuba vers louverture et de structurer et dapprofon-dir les changes bilatraux , expliqueton lElyse. Mais, entre les deux termes de lalternative, le second semble devoir inexorablement lemporter. Alors que

    lUnion europenne renoue le dialogue avec lune des dernires dictatures communistes de la plante et que les EtatsUnisont amorc, en dcembre 2014, un processus qui annonce une leve terme dun embargo persistant depuis 1962, la rue vers le march cubain constitue le principal enjeu de cette escapade prsidentielle.

    Il serait absurde dentamer une course lchalote avec les Etats-Unis, assure un conseiller de M. Hollande. Nous avons no-tre propre politique dans les Carabes.

    paulo a. paranagua

    et david revault dallonnes

    L IRE L A SUITE PAGE 2ET DBATS PAGE 15

    MDIAS

    LE MONDE LANCE LA MATINALE LIRE LE CAHIER CO PAGE 8

    Lvnement.

    Emmanuel

    TODD

  • 2 | international MARDI 12 MAI 20150123

    La rvolution pas compts de Raul CastroLe chef dEtat cubain, qui reoit Franois Hollande le 11 mai, multiplie les signes douverture

    PORTRAIT

    Fidel Castro tait un lvesurdou, un lecteur bouli-mique, un orateur infati-gable, un interlocuteur

    sducteur mais harassant, un ma-nipulateur et un touche--tout. Lecancre Raul, lui, coute et dlgue,trbuche lorsquil est contraint delire un discours et ne se sent laise quen petit comit. Maiscest Raul, 83 ans, et non Fidel, 88 ans, qui a endoss le rle histo-rique de faiseur de paix en annon-ant, le 17 dcembre 2014, lenga-gement de pourparlers avec les Etats-Unis, aprs plus dun demi-sicle de guerre froide tropicale. Etcest lui qui accueille Franois Hol-lande La Havane lundi 11 mai, quelques heures seulement aprs un spectaculaire voyage au Vati-can, dans lequel il a longuement remerci le pape Franois pourses efforts en vue dun rapproche-ment entre Cuba et les Etats-Unis.

    Comment passer dun statut desecond couteau au rle de Lider Maximo dun Etat en plein boule-versement ? A force de se focalisersur le frre an, on a longtempsmal cern le cadet Raul. Leur bio-graphe Brian Latell parle dun tan-dem, o le second nest pas moins indispensable que le premier. La succession de Fidel avait t r-gle ds 1959, peu aprs la prise depouvoir par les castristes. Le pas-sage de tmoin, inscrit dans la Constitution, a eu lieu en deuxtemps : lintrim en 2006 pour cause de maladie, suivi de loffi-cialisation en 2008.

    Le jeune Raul na pas toujourssuivi son an, il la parfois de-vanc. A luniversit de La Ha-vane, Fidel cherchait dj le pou-voir tandis que Raul manifestait contre la guerre de Core. Cest cette poque quil aurait rejointlorganisation de jeunesse duParti socialiste populaire (PSP, communiste), ce qui lui a valu dtre envoy Vienne pour le congrs mondial des peuplespour la paix, en 1952.

    Mais chez Raul, la fidlit enverslan primait sur la loyaut parti-sane : Raul a particip en 1953

    lattaque contre la caserne Mon-cada, Santiago de Cuba, pour-tant qualifie de putschiste parle PSP. Amnistis moins de deux ans plus tard par le dictateur Ful-gencio Batista, les frres Castropartent en exil au Mexique, o Raul recrute lArgentin Ernesto Che Guevara. Lors du dbarque-ment du yacht Granma, en 1956, les trois font partie de la douzainedhommes prendre le maquis sur la sierra Maestra.

    Le cadet aime la famille

    Lorsquil dispose dassez de gu-rilleros pour diviser ses forces, Fi-del choisit son frre pour com-mander le second front . Raul yrvle des capacits dorganisa-tion et commence avoir ses pro-pres fidles. Il prend des initiati-ves qui contrarient son grandfrre, comme lenlvement dunedouzaine dingnieurs nord-am-ricains et de vingt-sept marines.Dbut 1959, lors de la dbandade des partisans de Batista, Raul oc-cupe Santiago de Cuba et dclen-che des excutions sommaires la mitrailleuse. Lors de procs ex-pditifs, le petit frre imberbe, laqueue-de-cheval et au bret noir,joue parfois les procureurs.

    Ds 1960, le ministre des forcesarmes rvolutionnaires (FAR) voyage Moscou. Grce lURSS,les gurilleros deviennent des sol-dats, et les FAR un outil capable dese projeter dans les lointains con-flits dAfrique. Raul est le premier tre lev au grade de gnralmais, l encore, le cadet se voit vo-ler la vedette par le grand frre, dont les qualits de stratge mri-teraient pourtant dtre discutes.

    Dbut 1989, tandis que Moscouvit lheure de la perestroka, La Havane met en scne le dernierprocs stalinien du monde occi-dental. Il dbouche sur lexcu-tion du gnral Ochoa et dautres officiers. La nomenklatura cas-triste est traumatise. A cette occasion, Raul prononce un dis-cours de deux heures o il sembleivre de rage ou dimpuissance moins que ce ne soit dalcool. Il justifie ses larmes par la compas-sion pour les enfants dOchoa,

    quil frquente.En effet, contrairement au frre

    an, le cadet aime la famille. Raulavait pous Vilma Espin, issue dela bourgeoisie et diplme de chi-mie du prestigieux Massachu-setts Institute of Technology(MIT). Fidel, lui aussi, a pousune bourgeoise, Mirta Diaz-Ba-lart, mre de Fidelito Castro, mais le Lider Maximo tait plusvolage. Il a gard clandestin son deuxime mariage avec linstitu-trice Dalia Soto del Valle, qui lui a

    donn cinq enfants. Vilma Espin, qui a longtemps prsid avec poi-gne la Fdration de femmes cu-baines, est dcde en 2007.

    Raul a mme lesprit de famillepour deux : il protge Fidelito, tomb en disgrce. Le gnral pousse ses enfants et proches prendre des responsabilits, sou-levant les soupons dune nou-velle succession dynastique. Safille Mariela Castro rhabilite leslesbiennes, gays, bisexuels ettrans, devient le visage aimable du rgime et se fait lire lAssem-ble nationale. Son fils, le sinistre Alejandro Castro Espin, est colo-nel des forces du ministre de lin-trieur, charg de la coordination avec les FAR : il a la haute main surles dossiers de corruption. Un pe-tit-fils de Raul est responsable de sa garde rapproche. Le premier cercle du pouvoir est familial, ledeuxime est militaire : les offi-ciers raulistas (par opposition aux fidelistas ). Les mdias of-

    ficiels nomettent jamais le gradede gnral lorsquils voquent le chef de lEtat.

    Souplesse et humour

    Confront limpasse conomi-que du rgime, Raul a mis en sour-dine la logorrhe idologique dontFidel stait fait une spcialit. Le militaire a dcouvert le pragma-tisme, mais le mot rforme reste tabou. LEtat a lch du lest sur le plan conomique, sans pour autant renoncer au monopole du parti unique. En 2010, Raul libre les dtenus politiques condamns en 2003. Il remplace les longues peines de prison par le harcle-ment des opposants (9 000 inter-pellations en 2014). Toutefois, il nya aucune avance sur le plan des liberts, ni de lEtat de droit.

    Si lon a surnomm Raul ElChino , ce nest pas pour des rai-sons politiques : entre Moscou et Pkin, il a toujours affich son soutien lURSS. Cest unique-

    Le prsident Raul Castro, le 1er mai, La Havane. RAMON ESPINOSA/AP

    Raul a mis

    en sourdine

    la logorrhe

    idologique

    dont Fidel

    stait fait

    une spcialit

    ment parce que ses traits noffrentaucune ressemblance avec ceux de Fidel et de leur vritable an, Ramon Castro, 90 ans, qui a pr-fr cultiver son jardin et viter les querelles. Cette dissemblance a amen certains prtendre que les trois frres nauraient pas lemme pre biologique, alors que les trois taient ns hors mariage. Fidel a entretenu une relation am-bivalente avec le chef de famille, leGalicien Angel Castro, tandis que Raul a privilgi les liens avec leurmre, Lina Ruz.

    Le caractre de Fidel a souventrappel lenttement des Gali-ciens, tandis que Raul voque da-vantage la souplesse et lhumour des Cubains. A en croire un intel-lectuel havanais qui les connat bien, le problme de Fidel serait quil na jamais appris danser. Raul, si. Mais le fait de bouger au rythme de la musique nempche pas de faire du surplace. p

    paulo a. paranagua

    suite de la premire page

    Tout de mme : si le chef de lEtat se rend sur lle en voisin , dans le cadre dune tourne de cinq jours dans les Carabes, cest bien pour y dfendre et y faire prosp-rer linfluence et les entreprises franaises, dj implantes comme leurs homologuesespagnoles, et qui vont devoir affronter une rude concurrence avec larrive des en-treprises amricaines. Les Etats-Unis nesont pas du genre laisser la place. Il faut placer nos pions trs vite et mettre les bou-ches doubles , diagnostique un diplo-mate. Les tapes du programme ont t construites autour des domaines o lon souhaite renforcer la coopration , indi-que lElyse.

    Lducation et la culture, dabord, conuecomme une cl dentre pour le reste : ren-contre avec des tudiants luniversit deLa Havane et inauguration du palais Go-mez, le nouveau site de lAlliance franaise,dans le centre de La Havane. Les affaires, bien sr, avec un forum conomique des-tin dvelopper les affaires franco-cubai-nes. Nombre de patrons font partie de la dlgation prsidentielle.

    Et les liberts ? Le programme officiel deM. Hollande ne prvoit nulle rencontre avec des opposants. Sil remettra la Lgion dhonneur au cardinal Jaime Ortega, lechef de lEglise catholique cubaine, qui ajou les mdiateurs lors de la libration de prisonniers politiques en 2010, larchev-que de La Havane nest pas pour autant lereprsentant dune socit civile indpen-dante de lEtat, laquelle peine se faire uneplace. La modration de Mgr Ortega, d-tenu dans un camp de travail dans les an-nes 1960, est parfois critique par les dis-sidents les plus radicaux. LElyse nen dis-convient pas : Le cardinal est quelquunde consensuel, il ne faut pas y voir un signal particulier.

    Visite balise

    La rencontre du prsident franais avec destudiants de luniversit de La Havane sera strictement encadre. Au forum conomi-que, le commerce reste lunique souci deshommes daffaires. Ainsi balise, cette vi-site devrait viter les sujets qui fchent. Aussi bien Franois Hollande que son mi-nistre des affaires trangres, Laurent Fa-bius, savent pourtant trs bien de quoi il

    retourne, puisquils avaient pingl la bru-talit de la dictature castriste lors de la r-pression de 2003.

    Des progrs importants restent ac-complir , avait not M. Fabius lors de sa vi-site sur lle en avril 2014. Le pouvoir, de fait, na pas chang de mains. Raul Castro alibr les opposants condamns par son frre an Fidel, mais il na pas pour autant relch la pression sur la dissidence, avecprs de 9 000 interpellations en 2014. En prison, il y a encore des journalistes ind-pendants, des blogueurs comme lcrivain Angel Santiesteban Prats, ou un artiste r-put, Danilo Maldonado.

    Alors que la Biennale dart de La Havanesouvre le 22 mai, une autre artiste, Tania Bruguera, fait lobjet de poursuites pouravoir voulu installer un micro ouvert la parole des passants sur la place de la R-volution. A en croire lquipe de M. Hol-lande, la question des droits de lhommene sera cependant aborde que lors de larencontre du prsident avec Raul Castro et ne devrait en aucun cas faire lobjet duneexpression publique. p

    paulo a. paranagua

    et david revault dallonnes

    A La Havane, M. Hollande devrait viter les sujets qui fchent

  • 0123MARDI 12 MAI 2015 international | 3

    Il est temps que lIran donne des assurances ses voisins Selon Khaled Al-Attiyah, ministre des affaires trangres, le Qatar est contre tout extrmisme

    ENTRETIEN

    Prsent Paris peu aprsla visite de Franois Hol-lande Doha dbut mai,le ministre des affaires

    trangres du Qatar, Khaled Al-At-tiyah, passe en revue les conflits du Proche-Orient.

    Le contrat de vente de 24 avions Rafale symbolise-t-il le retour au beau fixe des relations entre la France et le Qatar ?

    Nous avons une relation forte ethistorique avec la France, une re-lation 360. Ce contrat montre lasolidarit entre nos deux pays. Ilnest pas le seul : nous avons un contrat portant sur la vente de181 Airbus, dont 20 sont en pro-duction. La vente des Rafale ne restaure pas de bonnes relationsavec la France, elle les confirme.

    Avez-vous pos, comme condi-tion lachat des Rafale, louverture des aroports de Nice et Lyon Qatar Airways ?

    Cela na rien voir avec unevente darmes. Cest le fruit de lon-gues discussions avec laviationcivile franaise. Nous achetons des centaines dAirbus, si on nepeut pas les utiliser en France, quoi bon ? !

    Pourquoi le Qatar suscite-t-il tant de mfiance en France ?

    Dabord, les critiques ne sontpas le fait de la majorit des Fran-

    ais. Et si nous investissons ici, cest parce que la France a mis en place un environnement favora-ble. Beaucoup de pays investis-sent bien plus dargent que nous ici sans quon en parle jamais. LeQatar croit dans lavenir de la France. Investir ici est une strat-gie gagnant-gagnant. Ce nest pas seulement dans notre intrt, mais aussi dans celui de votrepays, o nous crons des emplois.

    Linvitation du Conseil de coopration du Golfe (CCG) Franois Hollande tait-il un message de dfiance envers Barack Obama ?

    Il ne faut pas interprter les cho-ses comme cela. Les Etats-Unis comme la France sont des allis stratgiques des pays du Golfe. La visite de Franois Hollande a per-mis de raffirmer la proximit de vues entre le CCG et la France. Concernant la rencontre avec Ba-rack Obama [ Camp David, les 13 et14 mai], beaucoup de sujets vont tre voqus, mais nous esprons nous concentrer sur la situation en Syrie. Il est crucial de faire quel-que chose pour les Syriens qui, de-puis quatre ans, payent le prix de leurs aspirations : toujours plus demorts, 11 millions de dplacs et rfugis, ce nest pas acceptable.

    Avez-vous peur dun accord entre lIran et les grandes puis-sances sur le programme nu-claire de Thran ?

    Le Qatar et les pays du CCG ontsalu laccord-cadre de Lausanne. Nous sommes confiants dans le fait que les Etats-Unis et la France ne signeront pas un mauvais ac-cord final, mais un accord qui donne lIran le droit un pro-gramme civil pacifique, mais pas la bombe. Mais la relation avec lIran ne tient pas quau nuclaire. Nous avons toujours voulu des re-lations de bon voisinage avec lIran. Cela signifie que personne ninterfre dans les affaires des autres. Il est temps que lIran donne des assurances de sa bonnefoi ses voisins. Ce dont nous avons peur, cest que la question communautaire [entre chiites et

    sunnites] ne dgnre en conflit entre les Arabes et lIran. Nous nenvoulons pas, cest pour cela que nous appelons lIran discuter de nos problmes ensemble et, en priorit, des questions de scurit.

    Avez-vous le sentiment que les Etats-Unis ont lch les pays du Golfe sur lIran et la Syrie ?

    Les Amricains ont clairementbesoin dun plan daction pour lemonde arabe. Et nous devons aider nos amis amricains, et nos amis franais, le mettre au pointafin de sauver les peuples de la r-gion. Nous travaillons une solu-tion politique en Syrie, afin de protger les populations civiles et

    de rpondre leurs aspirations.

    La rbellion progresse dans le nord et le sud de la Syrie. Laidez-vous militairement ?

    Les Syriens sont coincs entre latyrannie du rgime et les groupes terroristes. Ils ont compris que ce nest quen unissant leurs efforts quils pourront combattre les deux. Cest ce quils ont fait, et cest pour cela quils progressent.

    Parmi cette rbellion unifie qui combat le rgime syrien se trouve le Front Al-Nosra, affili Al-Qaida. Le considrez-vous comme un groupe terroriste ?

    Nous sommes clairement contre

    tout extrmisme. Mais, part Daech [acronyme arabe de lEtat is-lamique, EI], tous ces groupes com-battent pour la chute du rgime. Les modrs ne peuvent pas dire au Front Al-Nosra : Restez la maison, on ne travaille pas avec vous. Il faut regarder la situation sur le terrain et tre raliste.

    Dans la lutte contre lEI, le Qatar nest pas trs actif en ter-mes de bombardements a-riens. Pourquoi ?

    Il y a une stratgie en cinq voletspour combattre Daech. Chaque al-li sest vu assigner une tche. La ntre, cest laide humanitaire et nous nous en acquittons entire-ment. Nous avons ouvert un pont arien vers la Jordanie et le Kurdis-tan irakien. Nous participons aussi la lutte contre la propagande ter-roriste sur les rseaux sociaux.

    Vous participez aussi la cam-pagne militaire de la coalition mene par lArabie saoudite au Ymen. Est-ce un succs ?

    Au Ymen, Il y avait une initia-tive du CCG et un dialogue natio-nal qui sen est suivi. Tout se pas-sait bien jusqu ce quen septem-bre [2014] les houthistes [rebelles chiites soutenus par lIran], aidspar [lex-prsident] Ali Abdallah Saleh, commettent un coup dEtatcontre ce processus politique. Leprsident lgitime du Ymen [AbdMansour Hadi] a demand linter-vention militaire des pays voi-sins, alors quAden allait tomber aux mains des houthistes. Nousavons maintenant la rsolution 2216 du Conseil de scurit,ouvrant la voie une solution po-litique, que nous soutenons tous. Le 17 mai aura lieu la premire ses-sion du dialogue ymno-ym-nite Riyad en vue de mettre enuvre les recommandations du dialogue national. p

    propos recueillis par

    christophe ayad

    LAlgrie frappe par une srie de scandales de corruption impliquant des officielsPour les observateurs, la multiplication des procs tmoigne des divisions au sein du rgime

    alger - correspondance

    A lors que trois grands pro-cs pour corruption fontles gros titres en Algrie,une nouvelle affaire de pots-de-vin a clat le 23 avril avec len-qute dclenche en Italie contre danciens dirigeants de la socit AgustaWestland, propos dun contrat de vente dune centaine dhlicoptres Alger.

    Il sagit du deuxime scandalealgrien rvl en Italie. Le pre-mier, en 2013, portait sur le verse-ment de prs de 200 millions deuros par la socit Saipem, fi-liale dENI, des responsables al-griens, dont lancien ministre de lnergie Chakib Khelil, en contre-partie de contrats de plus de8 milliards deuros. En Algrie,laffaire Saipem fait lobjet dune instruction judiciaire sous le nomde Sonatrach II , du nom de la socit nationale dhydrocarbu-res. Elle a dbouch sur lmissiondun mandat international len-contre de Chakib Khelil, en fuite.

    Lex-ministre avait t pargndans une premire affaire, dite Sonatrach I , dont le procs doitsouvrir le 6 juin. Dclenche d-but 2010, elle est le fruit denqu-tes menes par le dpartement durenseignement et de la scurit

    (DRS, service de renseignement militaire), dont le poids est dter-minant au sein du rgime. Le scandale avait dbouch sur lincarcration des dirigeants dugroupe ptrolier et cr de vivestensions entre la prsidence de la Rpublique et le DRS : ce dernier adepuis t amput de sa prroga-tive de mener des enqutes sur lesscandales de corruption.

    En Algrie, beaucoup voientdans la multiplication des affairestraites par la justice une expres-sion des luttes de clans au som-met de lEtat. Cette thse a t conforte par la diffusion, en f-vrier, par le journal italien La Re-pubblica, de lenregistrementdune discussion tlphoniqueentre lancien patron dENI Paolo Scaroni et lun de ses collabora-teurs. M. Scaroni y expliquait que Saipem stait retrouve au mi-lieu dune guerre de factions en-tre politiciens locaux en Algrie.

    Rvlations fracassantes

    La mme lecture est faite sagis-sant des rcents procs dans les-quels des ministres et des hauts grads ont t cits. Le procs de lautoroute est-ouest, ce grand uvre du prsident AbdelazizBouteflika, dont le verdict a t rendu le 7 mai, a offert son lot de

    rvlations fracassantes. Lauto-route a t un gouffre : dun cot prvu de 6 milliards de dollars (5,4 milliards deuros), elle en aura cot 11 (de 13 17 milliards, selon des estimations non officielles).Amar Ghoul, le ministre qui su-pervisait sa ralisation, a t ac-cus davoir empoch un quart des pots-de-vin, valus par la presse 5 milliards de dollars.Aujourdhui ministre des trans-ports, il reste protg.

    Le troisime grand procs sestouvert le 4 mai. Il concerne laffaireKhalifa Bank, du nom dAbdel-moumne Khalifa, dont le groupe sest effondr en 2003, entranant des pertes values entre 1,5 et 5 milliards de dollars. Lex-magnat avait ses entres dans les sphres

    du pouvoir et employait un des frres du prsident Bouteflika comme conseiller juridique.

    Potentiellement explosifs pourle rgime, ces procs sont, selon la presse algrienne, neutraliss en amont. Mais, derrire la lthargie dans laquelle sest install le pays depuis la rlection du prsident Bouteflika, en avril 2014, les ten-sions politiques sont dsormais ouvertes. Ainsi, Louisa Hanoune, la secrtaire gnrale du Parti des travailleurs (trotskiste), habituel-lement fervent soutien de M. Bouteflika, fait-elle feu de toutbois sur le thme de la corruption. Mme Hanoune attaque le chef de la principale organisation patronale, Ali Haddad, un des proches de SadBouteflika, le frre du prsident. 30 % des ministres de lactuel gou-vernement ont les mains souilles par la corruption , tonne-t-elle.

    Dans ce contexte, lappel du mi-nistre de la justice, Tayeb Louh, adress au parquet, pour quilsautosaisisse automatique-ment dans les affaires qui susci-tent lintrt de lopinion, intri-gue. Cet appel, juge le quotidien ElWatan, laisse entrevoir le climat intenable qui rgne au sein dun gouvernement branl par les scandales en srie . p

    amir akef

    30 % des

    ministres du

    gouvernement

    ont les mains

    souilles par

    la corruption

    LOUISA HANOUNEdirigeante du Parti

    des travailleurs (trotskiste)

    THOMAS HARTWELL/AFP

    Le Qatar croit

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    Jacques Bodetphilanthropeen famille

    Chez les Bodet, lengagement est un atavisme, une source derencontres qui bouleversent jamais des vies. A limage deson pre qui a aid les orphelins de guerre bosniaques ou desa sur engage pour lenvironnement, Jacques est trs impliqudans le dveloppement de lAfrique francophone : Cestpour fdrer cette ibre philanthropique familiale que nousavons cr la Fondation Horizons sous lgide de la Fondationde France. Horizons dispose dun fonds dun million deuros,abond par donation dactions des socits familiales. Dequoi permettre aux Bodet de se mobiliser pour des causes quileur tiennent cur.

    Celles de Jacques, cest dabord au Cameroun quellesprennent corps : alors quil est occup des projets ducatifs,on lui prsente un brillant lve qui rve de devenir mdecinaprs dix ans dtudes inances grce une bourse de laFondation Horizons, Dalil a pu raliser son rve et devenirchirurgien ophtalmologiste, dans lextrme nord du pays.Jacques se souvient avec motion de ses premiers pas de phi-lanthrope : Audbut, jeme suis engag pour apporter quelquechose, puis jai compris que cest en agissant avec lAutre quesouvrent aussi pour nous de nouveaux horizons

    Aujourdhui, Jacques soutient des coopratives de femmesproductrices dhuile dArgan et deau de rose, au sud Maroc.Des ingrdients cosmtiques pour fabriquer des produits100% bio : Nous venons de inancer une ppinire de30 000 plants de roses, et une digue contre les inondationsqui isolent lhiver leurs villages. De quoi ouvrir de nouveauxhorizons ces Marocaines entrepreneuses.

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  • 4 | international & europe MARDI 12 MAI 20150123

    Cameron, les ambiguts dune victoire surpriseLe premier ministre conservateur doit faire face la pression des europhobes au sein mme de son camp

    londres - correspondant

    Un triomphateur ettrois morts politiques.En une nuit lectoralefolle, le paysage politi

    que britannique a connu un bouleversement dune ampleur inconnue depuis un quart de sicle. Fai-sant mentir les sondages, le pre-mier ministre conservateur, DavidCameron, a obtenu une majorit absolue pour les seuls conserva-teurs (331 siges sur 650) tandis que son adversaire, Ed Miliband, tait accul la dmission aprs que son parti eut essuy la pire d-faite (232 siges) depuis lpoque Thatcher. Deux autres piliers du monde politique ne se sont pas re-levs au lendemain du scrutin du jeudi 7 mai : le libral-dmocrate Nick Clegg, dont le parti a perdu lesdeux tiers de ses lecteurs et 49 de ses 57 dputs, et Nigel Farage, le leader du Parti pour lindpen-dance du Royaume-Uni (UKIP), qui a t battu dans le Kent.

    Perce indite du UKIP

    Mais cette troisime victime est dune autre espce : si son chef a chou, le parti xnophobe et anti-europen a enregistr une perce indite. Avec 3,2 millions de voix soit 12,6 %, le UKIP devient le troi-sime parti en Angleterre. Dans une centaine de circonscriptions, souvent tenues par le Labour, il ar-rive en deuxime position et seul le suffrage un tour lempche denvoyer plus dun unique repr-sentant Westminster.

    Divine surprise pour les conser-vateurs, dsastre imprvu pour les travaillistes, le rsultat apparat spectaculaire surtout en compa-raison du scrutin le plus serr de-puis une gnration quannon-aient en cur depuis des mois lesinstituts de sondage. Alors que to-ries et Labour taient donns au coude--coude 33 % chacun, les lecteurs les ont gratifis respecti-

    vement de 36,9 % et 30,4 % des voix. Do la stupeur, jeudi soir, lorsquun sondage sortie des ur-nes , assez juste celui-l, a an-nonc le coup de thtre sur toutesles chanes de tlvision.

    La stupfaction tait telle que Da-vid Cameron sest refus toute dclaration et que Paddy As-hdown, figure des lib-dem, a pro-mis de manger son chapeau si le nouveau sondage tait juste. Au terme dune nuit de dpouille-ment, le score des lib-dem sest r-vl pire encore.

    Le Conseil britannique des son-dages, qui fdre la profession, a annonc quil ouvrait une enqutepour tenter de comprendre les rai-sons du fiasco. Le monde politiquebritannique reste encore marqu par le pronostic grossirement er-ron des sondeurs qui, en 1992, avaient annonc la victoire du La-bour, alors que le conservateur John Major tait lu.

    Lanalogie avec 1992 ne sarrtepas l. Si M. Cameron sest rjoui davoir remport la plus dli-cieuse de toutes les victoires , il ne dispose que dune minuscule ma-jorit de cinq siges. Or le rfren-dum sur la sortie de lUnion euro-penne (UE) quil a promis dorga-niser dici la fin de 2017 promet de secouer srieusement le Parti conservateur. Le premier ministre dit vouloir dfendre le maintien dans lUE mais condition davoir obtenu une rforme de ses traits fondateurs trs hypothtique.

    David Cameron, qui tait con-seiller de M. Major en 1992, con-nat parfaitement la manire dontce dernier avait vu grignote pro-gressivement sa courte majorit de 21 siges, sous lassaut dj , des eurosceptiques.

    Scnario comparable 1992

    Or, un scnario comparable pour-rait se rejouer. Des problmes sannoncent. La rengociation avec lUnion europenne doit tre claire et une large frange des dpu-ts conservateurs va se diviser sur la question et se jeter des pierres , a confi au Sunday Times un haut dirigeant du Parti conservateur sous couvert danonymat. Selon lemme journal, 60 dputs rebel-les sapprtent demander au pre-mier ministre reconduit de don-ner la Chambre des communes un droit de veto sur toute nouvellerglementation europenne. Une prrogative que M. Cameron a dj juge impossible satis-faire, sauf quitter lUE.

    Mais dautres lus tories croientun accord possible sur une r-forme de lUE destine limiter les droits sociaux des migrants europens et exonrer la City des rglementations de Bruxelles. Lide serait de mettre George [Osborne, ministre des finances] et Phil [Hammond, ministre desaffaires trangres] dans un avionpour Berlin et de les amener avoirune franche discussion avec les proches de Merkel pour savoir exactement ce qui est possible en

    termes daccord , a confi un haut responsable gouvernemen-tal au Sunday Times.

    Pour calmer ses lus europho-bes, David Cameron a promis den-gager dans les cent premiers jours de son second mandat un projet de loi de renationalisation des droits de lhomme qui vise reje-ter la prminence de la Cour europenne des droits de lhomme de Strasbourg et aurait pour consquence la sortie du Royaume-Uni de la Convention

    Ed Miliband (Labour), Nick Clegg (LibDem) et le premier ministre conservateur, David Cameron, Londres, le 8 mai. SIPANY/SIPA

    Le Conseil

    des sondages

    a ouvert

    une enqute

    pour tenter de

    comprendre les

    raisons du fiasco

    Bruxelles cherche contrer la menace du Brexit

    bruxelles - bureau europen

    B ruxelles se rend lvi-dence : aprs les lectionsbritanniques, lhypothsedun rfrendum et dun ventuel Brexit , une sortie de lUnion europenne (UE), a vraiment priscorps. On peut sattendre ceque Cameron utilise sa large vic-toire pour acclrer le processus, etquil vienne avec des demandes dsle Conseil europen des 25 et26 juin , avance un diplomate.

    Le premier ministre conserva-teur rpondrait ainsi trs rapide-ment au prsident de la Commis-sion, son vieil adversaire fdra-liste Jean-Claude Juncker, qui a in-diqu, ds vendredi 8 mai, quil tait prt rechercher un ac-cord honnte avec lui, mais quilattendait den savoir plus sur sesdemandes.

    Celles-ci seront discutes brefdlai entre les deux hommes et transmises rapidement aux chancelleries en vue de prparerle sommet de juin. Paris et Berlindevraient alors se concerter : leprsident Franois Hollande et lachancelire allemande, AngelaMerkel, veulent viter le

    Brexit mais redoutent queleur homologue britannique for-mule des conditions a prioriinacceptables.

    En agissant vite, M. Cameron dont on pense, Bruxelles, quilpourrait anticiper le rfrendum promis 2016 estime pouvoir obtenir des rsultats. En toute hy-pothse, il refuse dapparatrecomme celui qui aurait simple-ment fait en sorte que son pays quitte lUE. Il est intimementhostile au Brexit et compte sur lesoutien des grandes capitales. Ilespre ds lors ngocier rapide-ment avec le prsident Hollande etla chancelire Merkel pluttquavec leur ventuel successeur , poursuit cet expert. La perspec-tive des scrutins franais et alle-mand de 2017 ne lui offre, en effet,aucune garantie.

    Au plan conomique, le pre-mier ministre veut prserver lesintrts de la City de Londres etredoute que davantage dintgra-tion au sein de la zone euro priveson pays dune partie des bnfi-ces du march intrieur. Il esprefaire rviser les dispositions des traits europens qui voquenttoujours plus dintgration. Dans

    le domaine de limmigration, il demande des limitations la li-bre circulation des chmeurs et aux aides sociales pour les tran-gers. Plus gnralement, le pre-mier ministre espre pouvoircontinuer participer toutes lesprises de dcision, en tendantles exemptions dont bnficie dj son pays, qui nest pas mem-bre de la zone euro et de lespace Schengen.

    LUE prte ngocier

    Bruxelles semble toutefois prt ngocier une srie de change-ments sans devoir sembarquer dans une rvision des traits et, ensuite, laventure dune ratifica-tion pays par pays. La Commis-sion Juncker parie sur sa politiquede better regulation , qui con-siste produire le moins possible de textes lgislatifs et faire jouerle plus possible le principe de sub-sidiarit. Oui pour laisser les Etatsmembres reprendre la main, maisnon pour rapatrier trop de com-ptences essentielles vers les capi-tales, prcise toutefois la Com-mission. Un nouvel accord in-ter-institutionnel entre la Com-mission, le Parlement et le

    Conseil va, en tout cas, tracer ce cadre, dans la ligne des revendica-tions britanniques.

    Sur limmigration et la libre cir-culation des personnes, la Com-mission jure quon ne toucherapas lun des quatre principes fondateurs (la libert de mouve-ment des personnes, des services, des marchandises et des capitaux)mais elle nexclut pas la lutte con-tre le tourisme social . Un pa-quet mobilit sera prsent la fin de lanne et devrait compor-ter diverses mises au point mme de rassurer Londres.

    Concernant les marchs finan-ciers, pas question, dans les an-nes qui viennent, de produiretrop de directives visant enca-drer les marchs. Lheure est laconsolidation, la digestion des textes Quant au dbat sur lap-profondissement de lunion co-nomique et montaire, il sera peut-tre mis en veilleuse. De quoi, peut-tre, calmer Londres,qui craint de se voir exclu dune zone euro resserre, avec une coordination politique, budg-taire et sociale supplmentaire. p

    ccile ducourtieux

    et jean-pierre stroobants

    europenne.Pas plus que sur lEurope, le pre-

    mier ministre ne devrait bnfi-cier dun quelconque tat de grce propos de lEcosse, dont la go-graphie lectorale est sortie boule-verse des lections de jeudi. Les Ecossais, en confiant 56 de leurs 59siges au Parti national cossais (SNP) et en votant pour lui 50 %, ont quasiment bout de leur r-gion un Labour jusque-l hgmo-nique. Ils ont aussi franchi une nouvelle tape vers lindpen-dance , selon lexpression de lan-cien leader du parti, Alex Salmond,qui, lu prs dAberdeen, va diriger les lus SNP Westminster.

    Dimanche, le SNP, parti quasiunique dEcosse, rclamait dj M. Cameron des pouvoirs fiscaux accrus sur ce qui apparat dsor-mais comme son territoire. Sur la carte lectorale du Royaume-Uni, lEcosse figure, seule, en jaune, la couleur du SNP. Comme si dj, ctait un autre pays. p

    philippe bernard

    4,7 %des voix nationales obtenues par le SNP

    La distorsion entre pourcentage de voix et nombre dlus obtenu par chaque parti met en cause le systme lectoral britannique. Avec 4,7 % des voix nationales, le Parti national cossais (SNP),prsent uniquement en Ecosse, a obtenu 56 dputstandis que le Parti pour lindpendance du Royaume-Uni (UKIP),fort de 12,6 % des suffrages, na dcroch quun sige.

    - CESSATIONS DE GARANTIE

    LOI DU 2 JANVIER 1970 - DECRETDAPPLICATION N 72-678

    DU 20 JUILLET 1972 - ARTICLES 44QBE FRANCE, sis Cur Dfense TourA 110 Esplanade du Gnral de Gaulle 92931 La Dfense Cedex (RCS Nanterre414 108 708), succursale de QBE Insurance(Europe) Limited, Plantation Place dontle sige social est 30 Fenchurch Street,London EC3M 3BD, fait savoir que, la ga-rantie financire dont bnficiait la socit :

    BAY WEST IMMOBILIER

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    SIREN : 534 818 943

    depuis le 26 Septembre 2011 pour ses acti-vits de : GESTION IMMOBILIERE etTRANSACTION AVEC PERCEPTIONDE FONDS a cess au 20 Avril 2015 (24h).Les crances ventuelles se rapportant ces oprations devront tre produites dansles trois mois de cette insertion ladressede lEtablissement garant sis Cur Dfense Tour A 110 Esplanade du Gnral deGaulle 92931 La Dfense Cedex. Il estprcis quil sagit de crances ventuelleset que le prsent avis ne prjuge en rien dupaiement ou du non-paiement des sommesdues et ne peut en aucune faon mettre encause la solvabilit ou lhonorabilit de laSARL BAY WEST IMMOBILIER.

    LOI DU 2 JANVIER 1970 - DECRETDAPPLICATION N 72-678 DU 20

    JUILLET 1972 - ARTICLES 44QBE FRANCE, sis Cur Dfense TourA 110 esplanade du Gnral de Gaulle 92931 LA DEFENSE CEDEX (RCSNANTERRE 414 108 708), succursale deQBE Insurance (Europe) Limited, PlantationPlace dont le sige social est 30 FenchurchStreet, London EC3M 3BD, fait savoir que,la garantie financire dont bnficiait la:

    SARL APOLLO

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    JUILLET 1972 - ARTICLES 44QBE FRANCE, sis Cur Dfense TourA 110 esplanade du Gnral de Gaulle 92931 LA DEFENSE CEDEX (RCSNANTERRE 414 108 708), succursale deQBE Insurance (Europe) Limited, PlantationPlace dont le sige social est 30 FenchurchStreet, London EC3M 3BD, fait savoir que, lagarantie financire dont bnficiait la:SARL STRATEGIE ET PATRIMOINE

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    LOI DU 2 JANVIER 1970 - DECRETDAPPLICATION N 72-678 DU 20

    JUILLET 1972 - ARTICLES 44QBE FRANCE, sis Cur Dfense TourA 110 esplanade du Gnral de Gaulle 92931 LA DEFENSE CEDEX (RCSNANTERRE 414 108 708), succursale deQBE Insurance (Europe) Limited, PlantationPlace dont le sige social est 30 FenchurchStreet, London EC3M 3BD, fait savoir que,la garantie financire dont bnficiait la:

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  • 6 | international & europe MARDI 12 MAI 20150123

    Merkel et Poutine talent leurs dsaccords MoscouLa chancelire allemande a dnonc les manquements au cessez-le-feu dans lest de lUkraine

    moscou - correspondante

    Ses premiers mots ont tceux dun hommage. Jeveux dire au peuple russeque moi, en tant que chan-

    celire allemande, je mincline de-vant les millions de victimes decette guerre dclenche par lAlle-magne nationale-socialiste, a dclar Angela Merkel, aprs stre rendue devant la tombe du Soldatinconnu au pied du Kremlin. Nous garderons toujours lesprit que lUnion sovitique et les sol-dats de lArme rouge ont dplor les plus grandes pertes.

    Arrive dimanche 10 mai Moscou au lendemain des cr-monies du 70e anniversaire de lavictoire sur le rgime nazi, bou-des par la quasi-totalit des diri-geants occidentaux, Mme Merkela rappel plusieurs reprises laresponsabilit de lAllemagne dalors, comme pour mieux sou-ligner celles de son hte, Vladi-mir Poutine, dans un autre con-flit, celui qui ravage aujourdhui lest de lUkraine.

    Violations de laccord

    Les deux dirigeants ne staientpas revus depuis les accords depaix signs en fvrier Minsk, lacapitale bilorusse, en compa-gnie du prsident franais, Fran-ois Hollande, et de lUkrainien Petro Porochenko. Et cest lUkraine quils ont, au-del du recueillement, consacr lessen-tiel de leur rencontre. Nousavons espr un cessez-le-feu,mais malheureusement il nestpas entr en vigueur et de nou-

    veaux territoires ont t conquis par les sparatistes , a affirm sans dtour Mme Merkel, en citantnotamment la ville de Debalt-sevo, conquise par les combat-tants prorusses du Donbass aulendemain des accords de Minsk. Tous les jours, nous recevons desrapports de lOrganisation pour lascurit et la coopration en Eu-rope [OSCE] qui expliquent de ma-nire objective pourquoi le cessez-le-feu nest pas respect, a-t-ellepoursuivi. On ne peut pas direquune partie respecte les condi-tions de laccord 100 % et que lautre ne les respecte pas.

    Directe dans ses propos, la chan-celire allemande, qui sexprimait devant la presse lors dune conf-rence commune avec le prsident russe, a prcis : Beaucoup des violations du cessez-le-feu provien-nent du ct des sparatistes. On peut mme dire quil est trs difficilede faire parvenir laide humanitaireinternationale et ukrainienne. Chacun doit utiliser de son in-fluence et je crois que le prsident [Poutine] a de linfluence sur les s-paratistes , a-t-elle encore ajout.

    Pour autant, la chancelire alle-mande ne voit pas dautre solu-tion que de poursuivre les efforts pour tenter dappliquer ce qui a tsign. Minsk est la base dont nousdisposons pour essayer de trouver une solution. Ce nest pas parfait, mais nous navons rien dautre , a-t-elle soulign.

    Dmonstration de force

    Face la fermet de son invite, qui a notamment rappel que les changes de prisonniersntaient pas finis et quil restait encore de nombreux prisonniersukrainiens , le prsident russe aoppos une attitude plus conci-liante qu laccoutume, sans doute confort par la journe dela veille. Samedi, lors des comm-morations, la parade militaire

    sest rvle conforme aux plans du Kremlin : une dmonstrationde force avec un dfil de 16 127 militaires, des centaines de blin-ds et des dizaines davions et h-licoptres de combat. Puis lamarche du rgiment immor-tel , qui a runi des milliers deRusses, 500 000 selon le minis-tre de lintrieur, qui a revu son estimation la hausse , porteursdes portraits de leurs proches quiont pri entre 1941 et 1945 ou quiont particip la guerre. La photode son pre la main, M. Poutinestait plac en tte de ce cortge populaire.

    Je suis daccord avec la chance-lire, a-t-il dclar au ct de Mme Merkel. Il ny a pas dalterna-tive [aux accords de Minsk]. Malgr toutes ces difficults, le

    processus lanc avance () et la si-tuation est plus calme , a ajout le prsident russe, en prcisant que les plaintes pour le non-respect des accords viennent desdeux cts .

    Pour le chef du Kremlin, qui nacependant rien lch sur le fond, les prochaines tapes franchir passent par la rforme constitu-tionnelle en Ukraine, lorganisa-tion dlections locales et le vote sur la loi damnistie. Sans ces points, il ny a mme pas matire discuter , a-t-il lanc. M. Poutine a indiqu dans la foule que, du 17 au19 mai, une dlgation de Moscou se rendrait Bruxelles pour discu-ter notamment des consquences de laccord dassociation entre lUnion europenne et lUkraine, toujours mal digr en Russie.

    Les tensions nont dailleurs pastard ressurgir lorsque, rpon-dant une question dun journa-liste, Mme Merkel et M. Poutineont marqu leur divergence surleur vision de lHistoire, proposdu pacte de non-agression ger-mano-sovitique sign en 1939.

    Aprs que le chef de lEtat russela prsent comme une mesurede scurit pour lURSS, quinavait pas dautre choix, () lais-se toute seule face lAllemagnedHitler , la chancelire alle-mande a corrig cette version enrappelant que ce pacte contenait,aussi, un protocole secret quiprvoyait le dpeage de la Polo-gne et lannexion des pays baltes,et qui na t rvl aux Russesque cinquante plus tard. p

    isabelle mandraud

    En Lettonie, les fractures du 9 maiLes russophones de Riga ont marqu avec enthousiasme leur attachement Moscou

    riga - envoy spcial

    L es uns clbrent la victoiresur le nazisme, les autres ledbut dun demi-sicledoccupation par les Sovitiques. Entre les russophones de Lettonie un tiers de la population et les Lettons, la fracture reste im-mense. La commmoration des 70 ans de la fin de la seconde guerre mondiale, a donn lieu, di-manche 9 mai Riga, une cla-tante dmonstration de lattache-ment que porte la minorit russo-phone du pays balte la Russie et son prsident, Vladimir Poutine.

    Mme Moscou, la fte du9 mai nest pas clbre si grande chelle qu Riga , a lanc Nils Usakovs, maire russophone de Riga, organisateur de lvnement et prsident du Centre de lharmo-nie, la principale formation dop-position. Lie au parti de Vladimir Poutine, celle-ci capte une bonne partie de llectorat russophone. Quelque 200 000 personnes un quart de la population de Riga ont dfil tout au long de la jour-ne de samedi. Les participants sont venus en famille ou entre amis jusquau monument aux li-brateurs, datant de lre soviti-que, une immense flche surmon-te dtoiles, entoure de statues.

    Des jeunes filles font des selfies de-vant les statues de soldats, les an-ciens combattants, facilement re-connaissables aux mdailles cou-vrant leur thorax, se voient offrir des fleurs par des inconnus qui les remercient.

    Maria Katcha, 92 ans, sest re-trouve sur le front balte pendant la guerre et est reste en Lettonie aprs 1945. Depuis plusieurs an-nes, au moment du 9 mai, elle re-oit une lettre de flicitations de Vladimir Poutine, signe de sa main , assure-t-elle.

    Dsinformation

    Larissa Soldatenko, sa fille ane, est ne en Lettonie. Dans lme, on est russes et on ne peut oublier laguerre, lance-t-elle. Mais on aime vivre ici, et a ne pose pas de pro-blme que chacun ait son jour pourclbrer la victoire. Le 8 mai, les dirigeants baltes avaient clbr la fin de la guerre avec les autres payseuropens. Pour le 9 mai, Mos-cou, lEstonie et la Lettonie se sont fait reprsenter par leurs ambassa-deurs. La Lituanie, qui accueille peu de Russes sur son territoire, a boycott lvnement.

    Larissa Soldatenko se dit fire dePoutine, mais ses rves dempire, elle ny croit pas. Elle peut com-prendre que les Lettons associent

    cette victoire au dbut de leur oc-cupation. Mais les Sovitiques ont t accueillis avec des fleursici , dit-elle. Les programmes de tlvision russes, trs regardspar les russophones, racontent enboucle la vision de lHistoire d-fendue par Moscou.

    Les rubans de Saint-Georges,symboles de la victoire, sont arbo-rs par la plupart des participants.Plus rarement, certains portent des tee-shirts leffigie de Poutineou des drapeaux russes. Un grandcran diffuse des films dpoque coloriss. Sur la grande scne, les chorales et les groupes se succ-dent, enchanant morceaux folk-loriques ou martiaux, avantquEmir Kusturica ne joue avec sa bande et que le feu dartifice, fi-nanc par lambassade de Russie,nembrase le ciel.

    La commmoration de Rigasest droule sans encombre. Mais tous les Lettons nappr-cient pas. Janis Dombrava, un por-te-parole de lAlliance nationale,parti nationaliste membre de la coalition gouvernementale, a ainsi crit sur le site dinforma-tion Delfi : Quon nessaie pas de me persuader qu[ils] peuvent tre intgrs et quils appartiennent la Lettonie. On se sentirait plus en scurit dans notre Etat sils ntaient pas l.

    La question de la loyaut la na-tion lettone de ces russophones en gnral et du Centre de lhar-monie en particulier est rcur-rente, alors que la situation en Ukraine inquite toujours autantles Baltes. Les russophones de Lettonie sont plus poutinistes et fa-vorables au renouveau national russe que ceux dEstonie, expli-que le politologue Ivars Ijabs, mais a ne veut absolument pasdire quils veulent dune situation ukrainienne ici. Nos Russes ne sont pas des idiots, dit Janis Kazo-cins, un conseiller du gouverne-ment letton. Ils sont fiers de leurethnicit russe, ils clbrent le 9 mai, ce qui est tout fait accepta-ble, mais ils ne veulent pas tre uti-liss par le Kremlin. p

    olivier truc

    Certains

    participants

    portent des tee-

    shirts leffigie

    de Poutine

    ou des drapeaux

    russes

    La chancelire allemande, Angela Merkel, et le prsident russe, Vladimir Poutine, le 10 mai, Moscou. KIRILL KUDRYAVTSEV/POOL PHOTO VIA AP

    Angela Merkel a

    contest la

    version du

    prsident russe

    sur la signature

    du pacte

    germano-

    sovitique

    Harlem Dsir : il y a urgence pour la GrceHarlem Dsir, le secrtaire dEtat franais aux affaires europennes, a jug, diman-che 10 mai, quil y avait ur-gence trouver un compro-mis avec la Grce au sujet de son plan daide. Je ne crois pas quil faut parler defface-ment de la dette, mais on peut prolonger les dures de rem-boursement , a-t-il estim dans lmission Internatio-nales , en partenariat entre TV5 Monde, RFI et Le Monde. Pour M. Dsir, il faut aider laGrce dfinir les conditions du redmarrage de son cono-mie , mais il faut aussi que la Grce montre quelle est prte rformer son systme fiscal () et quelle assainisse le fonctionnement de son admi-nistration .

    YMENLe Maroc perd un avion de combat F-16Larme marocaine a indiqu avoir perdu, dimanche 10 mai, un F-16 participant lopration Tempte dci-sive de la coalition arabe au Ymen contre la rbellion chiite houthiste. Le pilote dun autre chasseur apparte-nant la mme escadrille na pas pu voir si son camarade avait pu sjecter de lappareil, qui a t touch en fin daprs-midi. (AFP.)

    AFRIQUE DU SUDMmusi Maimane, premier Noir lu la tte de loppositionLAlliance dmocratique (DA), le principal mouvement de lopposition en Afrique du Sud, a pour la premire fois port un Noir sa tte, di-manche 10 mai. Mmusi Maimane (34 ans) succde Helen Zille, 64 ans. La dsi-gnation dun chef de file noir tait juge cruciale pour que la DA, formation librale is-sue dun petit parti anti-apar-theid blanc, poursuive sa pro-gression face au Congrs national africain. La DA a ob-tenu 22,2 % des voix lors des lgislatives de 2014. (AFP.)

    ARABIE SAOUDITELe roi Salman absent du sommet avec les Etats-UnisLe roi dArabie saoudite ne participera pas au sommet entre les Etats-Unis et le Con-seil de coopration du Golfe (CCG), organis par Barack Obama les 13 et 14 mai pour resserrer les liens avec ces Etats troubls par les ngocia-tions Etats-Unis - Iran. En labsence du roi Salman, la dlgation saoudienne sera dirige par le prince hritier Mohammed Ben Nayef. Six dirigeants du CCG avaient t invits la Maison Blanche, mais seuls deux, reprsen-tant le Qatar et le Kowet, fe-ront le dplacement. (AFP.)

    Pkin invite larme russe dfiler

    La Chine a invit larme russe participer en septembre, Pkin, un dfil militaire marquant la fin de la seconde guerre mon-diale, a annonc, lundi 11 mai, le ministre de la dfense chinois. Samedi, un dtachement de larme chinoise a pris part au dfil organis Moscou, et le prsident chinois, Xi Jinping, y a assist assis au ct de Vladimir Poutine. Le vice-prsident de la puissante Commission militaire centrale, Fan Changlong, a estim queles clbrations de Moscou avaient propuls un nouveau stade le partenariat stratgique global entre la Chine et la Russie . Le dfil de Pkin sera le premier auquel assistera Xi Jinpingdepuis son accession au poste de chef des armes la fin 2012et de prsident en mars 2013.

  • 0123MARDI 12 MAI 2015 international & europe | 7

    En Pologne, le parti au pouvoir essuie un reversLe prsident sortant Bronislaw Komorowski arrive deuxime au premier tour de llection prsidentielle

    Llection prsidentielle,il y a seulement quelques mois, semblait devoir ressembler pour le

    prsident Bronislaw Komorowski une formalit. On prdisait mme une rlection ds le premier tour, tant sa cote de popularit tait leve. Il est le principal perdant du premier tour du scrutin prsidentiel, dimanche 10 mai, en arrivant en deuxime position avec seulement 32 % des voix. Le candidat de Plateforme civique (PO), le parti de centre droit au pouvoir, est devanc par le conservateur du parti populiste Droit et justice (PiS), Andrzej Duda, qui obtient 34,8 % des voix, selon les estimations. Les rsultats officiels ne devraient pas tre connus avant lundi soir.

    Les rsultats ont cr un effet dechoc en Pologne. Cest une bombeatomique , explique lanalyste po-litique Eryk Mistewicz. Cest le plus grand changement politique de-puis huit ans, la premire fois que

    PO, est en position de perdre des lections. On avait lhabitude dune Plate-forme qui gagne avec lancienpremier ministre Donald Tusk. Il y a une forme de dmobilisationde llectorat de PO depuis le dpartde Donald Tusk , confirme Wawrzyniec Smoczynski, direc-teur du site Polityka Insight. M. Tusk est aujourdhui prsident du Conseil europen.

    Un peu trop assur de sa victoireet de la faiblesse de son opposant, le prsident Komorowski est entr tard dans une campagne o il met-tait en avant son rle cl dans la d-fense et la diplomatie, pour rassu-rer les Polonais, inquiets depuis lannexion de la Crime par la Rus-sie. Personne ne connaissait vrai-ment Andrzej Duda, explique Eryk Mistewicz. Il ntait pas trs en vue quand il tait dput, mais il a fait cinq mois de campagne efficace, oil est apparu dynamique et nergi-que, alors que Komorowski faisait une campagne de grand-pre de la nation.

    Cet ancien collaborateur du pr-sident Lech Kaczynski, mort dans laccident arien de Smolensk en Russie en avril 2010, soppose ladoption de leuro et la fconda-tion in vitro. Il est galement favo-rable aux rfrendums. Il nest pas sr que Jaroslaw Kaczynski, le pr-sident du PiS et ancien premier ministre, ait anticip une telle per-formance. Quand Andrzej Duda a t dsign lautomne 2014, les commentateurs estimaient que le chef de la formation cherchait sur-tout viter un chec avant la cam-pagne dcisive pour les lections lgislatives prvues lautomne.

    Le scrutin de dimanche marqueun affaiblissement considrable de Komorowki qui perd prs de dixpoints par rapport au premier tourde 2010, sans que le PiS ne se ren-force, puisque Jaroslaw Kaczynski avait alors obtenu prs de 37 % des suffrages. Llectorat du PiS sest mobilis, mais il na pas largi sa base. Ce scrutin montre surtout lmergence dun vote de protesta-

    tion contre le systme des deux par-tis , estime Wawrzyniec Smoc-zynski.

    La deuxime grande surprise duvote polonais vient du score im-portant dun candidat atypique, le chanteur de rock Pawel Kukiz, qui asduit 20 % des lecteurs et qui est en position darbitre du second tour. Le chanteur quinquagnaire a bien lintention dtre prsent aux prochaines lgislatives et de-vrait viter de se prononcer pour lun des deux candidats, afin de conserver son positionnement

    antisystme. Je ne vais pas dispo-ser des voix qui ne sont pas ma pro-prit , a-t-il dclar dimanche, tout en prcisant quil nappelle-rait certainement pas les gens voter pour quelquun qui renforce-rait lomnipotence de Plate-forme civique . La candidature de Pawel Kukiz a t particulirement po-pulaire chez les jeunes. Il est le rel vainqueur de ce scrutin, souli-gne Piotr Buras, directeur du bu-reau de Varsovie du Conseil euro-pen des relations internationales.Les lecteurs ont rejet lopposition entre Plate-forme et le PiS.

    Disparition de la gauche

    Pour Eryk Mistewicz, ce scrutin faitapparatre la ligne qui divise la Pologne, entre ceux qui ont profit de largent de lEurope et les autres. Sur les onze candidats du premier tour, Bronislaw Komorowski tait le seul expliquer que la Pologne avait progress depuis 25 ans. Tous les autres ont fait campagne en mettant en avant le fait que ces pro-

    Un peu trop

    assur

    de sa victoire,

    le prsident

    Komorowski

    est entr tard

    en campagne

    grs navaient pas t pour tous les Polonais et que les diffrences socia-les restaient grandes.

    M. Komorowski a reconnu diman-che que les rsultats pouvaient tre lus comme un avertissement pour ce qui est largement considr comme la classe dirigeante . Il doit mobiliser ses lecteurs jeunes, ten-ts par la candidature de Pawel Ku-kiz et surtout les nombreux absten-tionnistes, alors que le taux de parti-cipation est infrieur 50 %.

    Le vote de dimanche acte gale-ment la quasi-disparition de la gau-che du paysage politique polonais. La candidate des sociaux-dmocra-tes, Magdalena Ogorek, na runi que 2,4 % des suffrages. Cest la fin du post-communisme en Pologne , explique Eryk Mistewicz. La dci-sion conteste du prsident de lAl-liance de la gauche dmocratique et ancien premier ministre , LeszekMiller, de choisir cette journaliste, ancienne actrice, sest avre catas-trophique. p

    alain salles

    Violents affrontements en MacdoineDes combats entre forces de lordre et un groupe non identifi ont fait 22 morts

    L a ville macdonienne de Ku-manovo tait calme, lundi11 mai, au lendemain dunweek-end marqu par des affron-tements aussi sanglants que mys-trieux entre les forces de lordre etun groupe terroriste non identifi. Des tirs sporadiques ont retenti jusque dans laprs-midi de di-manche dans cette ville situe une quarantaine de kilomtres au nord de Skopje, la capitale.

    Le bilan communiqu par lesautorits est lourd : huit morts et trente-sept blesss parmi les membres des forces de lordre ; quatorze assaillants tus. Le groupe arm est neutralis, la zone est sous le contrle de la police , a assur, dimanche, un porte-parolede la police. Lundi, le quartier majorit albanaise de Divo Naseljetait toujours boucl par des trou-pes dlite, des transports de trou-pes blinds, des policiers casqus et portant des gilets pare-balles.

    Tout au long de la crise, les auto-rits ont communiqu a minima, et aucune image des affronte-ments ntait disponible. Nous parlons de lun des plus dangereuxgroupes terroristes de la rgion, qui a t impliqu dans plusieurs atta-ques. Ses membres font lobjet de mandats darrt internationaux pour les crimes les plus graves , se bornait indiquer un communi-qu de la police, dimanche, sans donner le nom de ce groupe ni pr-ciser le pays tranger par lequelces hommes seraient arrivs. La presse macdonienne voquait le Kosovo voisin.

    Un porte-parole de la police aprcis plus tard que plus dunetrentaine de personnes, qui se ca-chaient Kumanovo pour prpa-rer des attaques, avaient pris partaux affrontements. Il sagirait pour la plupart de citoyens ma-cdoniens, mais aussi de cinq Ko-sovars et dun Albanais. Tous se-raient dorigine albanaise, selonles autorits, et certains auraientparticip lattaque, le 21 avril,du poste-frontire de Gosince. Lesite Internet MakFax a assuravoir reu une revendication delUCK, lArme de libration duKosovo, mais celle-ci na pas tauthentifie.

    Dans une brve allocution, lepremier ministre, Nikola Grue-vski, a insist sur le fait que les v-

    nements du week-end navaient rien voir avec un quelconque conflit entre Macdoniens slaves et albanophones, qui reprsententjusqu un tiers de la population macdonienne. Depuis le conflit arm de 2001, qui avait notam-ment eu pour thtre Kumanovo, le climat reste tendu entre ces deux groupes ethniques.

    Les vnements du week-endinterviennent surtout dans un contexte de crise politique trs aigu, qui a pouss les reprsen-tants de lopposition voir dans les affrontements une manipula-tion organise par le pouvoir.

    Ecoutes illgales

    Le gouvernement du nationaliste Nikola Gruevski, la tte du VMRO-DPMNE, accus de longue date de drive autoritaire et de cor-ruption, affronte depuis janvier lessuites des rvlations dun scan-dale dcoutes illgales massives.Selon lopposition, 20 000 person-nes, dont des hommes politiques, des journalistes et des chefs reli-gieux, auraient t coutes.

    Chaque semaine, les confren-ces de presse de Zoran Zaev, le chef de lopposition social-dmo-crate, apportent leur lot de rvla-tions de bombes , selon sonpropre mot. Le 5 mai, aprs de nouvelles divulgations sur le meurtre par la police dun tu-diant, en 2011, une manifestationde plusieurs milliers de person-nes a dgnr en meute. De-puis, des rassemblements sontorganiss chaque jour Skopje et dans dautres villes du pays. Une manifestation nationale pour r-clamer la dmission du gouverne-ment tait prvue le 17 mai. p

    benot vitkine

    MACDOINEMACDOINE

    ALBANIEALBANIE

    SERBIESERBIE

    KOSOVOKOSOVOBULGARIEBULGARIE

    GRCEGRCE

    SkopjeSkopje

    PristinaPristina

    50 km

    KumanovoGosince

    prsentent

    Les 9es Assises internationales du roman

    LES RENDEZ-VOUS DE LA RDACTION DU MONDE

    DU 25 AU 31 MAI 2015,AUX SUBSISTANCES, LYON

    Informations et rservations sur : www.villagillet.net

    De 19 heures 20 h 30

    Grand entretien : Kenzabur En dialogue avec Raphalle Rrolle, responsable dusupplment Culture & ides du MondeAvec KENZABUR , crivain (Japon) ; PHILIPPE FOREST,crivain (France)

    Lundi 25 mai

    De 19 heures 20 h 30

    Littrature, cinma : les pouvoirs de la ictionRencontre anime par Franck Nouchi, journaliste au MondeAvec OLIVIER ASSAYAS, cinaste (France) ; JOY SORMAN,crivaine (France)

    Mardi 26 mai

    De 19 heures 20 h 30

    LobsessionRencontre anime par Josyane Savigneau, journaliste auMonde

    Avec ALAN PAULS, crivain (Argentine) ; PIERRE PATROLIN,crivain (France) ; LIONEL SHRIVER, crivaine (Etats-Unis)

    Mercredi 27 mai

    De 19 heures 20 h 30

    Le monde tel quil vaRencontre anime par Christophe Ayad, chef du service International au MondeAvec AURLIEN BELLANGER, crivain (France) ; JORGE VOLPI,crivain (Mexique)

    De 21 heures 22 h 30

    Gnrations, rvolutionsRencontre anime par Julie Clarini, journaliste au Monde deslivres Avec GENEVIVE BRISAC, crivaine (France) ; LDIA JORGE,crivaine (Portugal) ; DANA SPIOTTA, crivaine (Etats-Unis)

    Jeudi 28 mai

    De 20 heures 22 heures

    LAutriche des crivainsRencontre anime par Christine Lecerf, collaboratrice du Monde des livres Avec JOSEF WINKLER, crivain (Autriche) ; ARNO GEIGER,crivain (Autriche)

    Suivie dune projection ARTE en avant-premire : LAutriche dArno Geiger, Robert Menasse et Josef Winkler (Coproduction ARTE France/ Les Poissons Volants)

    Vendredi 29 mai

    ET LA0123

    De 17 h 30 19 heures

    Les familles : liaisons et dliaisonsRencontre anime par Raphalle Leyris, journaliste au Mondedes livres Avec FLORENCE SEYVOS, crivaine et scnariste (France) ;ZERUYA SHALEV, crivaine (Isral) ; MANU JOSEPH, crivain(Inde)

    Samedi 30 mai

    De 14 h 30 16 heures

    Le scandale de la vritRencontre anime par Nicolas Weill, journaliste au MondeAvec ERRI DE LUCA, crivain (Italie) ; FRDRIC BOYER, crivain(France)

    De 16 h 30 18 heures

    Puissance des images, pouvoir du langageGEORGES DIDI-HUBERMAN, philosophe et historien de lart (France)

    En dialogue avec Jean Birnbaum, responsable du Monde deslivres

    De 18 h 30 20 heures

    Gnrations dsenchantesRencontre anime par Raphalle Leyris, journaliste au Mondedes livresAvec FILIPPO DANGELO, crivain (Italie) ; VIRGINIE DESPENTES,crivaine (France)

    Dimanche 31 mai

  • 8 | plante MARDI 12 MAI 20150123

    Le Liberia a gagn la guerre contre EbolaAprs quatorze mois de propagation, lpidmie a t stoppe mais reste active en Guine et en Sierra Leone

    Lpidmie dEbola au Libe-ria est termine. Cesquelques mots prononcs samedi 9 mai Mon-

    rovia, la capitale, par Alex Ntale Gasasira, le reprsentant de lOr-ganisation mondiale de la sant (OMS) au Liberia, rsonnentcomme lannonce de la fin duneguerre. Il y a un peu plus de treize mois, la premire victime de lafivre hmorragique Ebola tait recense dans ce petit pays dAfri-que de lOuest (3,5 millions dha-bitants).

    Samedi, et 4 716 morts plus tard,le Liberia est devenu le premier des Etats dAfrique de lOuest les plus gravement touchs par le vi-rus sortir de ce cauchemar. Aux frontires du pays, la Guine et la Sierra Leone ne sont pas encore dbarrasses du virus de cette fi-vre hmorragique qui a provoqu au total, depuis la fin mars 2014, 11 007 morts pour 26 626 cas re-censs par lOMS (chiffres du 7 mai 2015), dont 2 387 en Guine et 3 904 en Sierra Leone.

    Au Liberia, il ny aura ni fte niflonflons pour marquer ce mo-ment dintense soulagement. Se-lon un des participants runis sa-medi au centre durgence anti-Ebola de Monrovia, cest par uneminute de silence en la mmoire des victimes que la prsidente li-brienne, Ellen Johnson Sirleaf, a accueilli lannonce de lagence onusienne.

    Une dcision prise aprs quaran-te-deux jours sans observer de nouveaux cas, soit deux fois la p-riode de vingt et un jours durantlesquels une personne contami-ne peut dvelopper les sympt-mes, mortels dans environ 50 % des cas. Le dernier mort au Liberia a t enterr le 28 mars. Il sagissaitdune femme contamine le 20 mars dans la priphrie de Monrovia. Profitons de ce mo-ment mais restons attentifs et vigi-lants , a averti la prsidente.

    Soulagement et vigilance

    Au sige de lOMS, Genve, le soulagement tait perceptible. Cest un moment dautant plusimportant si on se rappelle les 300 400 nouveaux cas enregistrschaque semaine durant les pics de lpidmie en aot et septem-bre 2014, avance Tarik Jasarevic, porte-parole de lorganisation in-ternationale. Il ny a plus de chanede transmission au Liberia et ce r-sultat, on le doit la mobilisation

    gnrale et celle des Libriens entout premier lieu. Mais lOMS et Mdecins sans frontires (MSF), organisation prsente dans la r-gion ds le dbut de lpidmie, appellent maintenir leffort. Nous ne pouvons pas nous rel-cher tant que les trois pays nont pas atteint ces quarante-deux jours sans nouveau cas , expliqueMariateresa Cacciapuoti, chef de mission MSF Monrovia.

    Cette vigilance simpose pourtrois raisons. Premirement, lpi-dmie na pas disparu en Sierra Leone et en Guine, foyer de lpi-dmie o elle sest probablementdclenche la fin dcem-bre 2013. Dans ces deux pays, neufnouveaux cas ont t recenss la semaine dernire, ce qui est, cer-tes, sans commune mesure avecles chiffres enregistrs lt 2014. La fin dEbola, chez nous, est un soulagement, reconnat Emma-nuel Tobey, un habitant de Mon-rovia joint par tlphone, maisnos frontires sont poreuses. Que se passera-t-il si un malade dcide de venir au Liberia parce quil pense quil y sera mieux soign ? Tout va recommencer ?

    Une autre raison est lie aux in-terrogations portant sur le mode de transmission. La dernire vic-time librienne avait probable-ment t contamine aprs unrapport sexuel avec son compa-gnon, lui-mme ayant survcu la maladie plusieurs mois aupara-vant. Le virus peut persister dansle sperme pendant plusieurs mois. LOMS a recommand au Li-beria de maintenir trois mois de surveillance accrue en raison de la persistance de la maladie chez ses voisins, mais galement enraison de la possible rsurgencede la maladie par transmission sexuelle. Lorganisation conseille aux hommes guris de sabstenir de toute relation sexuelle pen-dant six mois ou dutiliser desprservatifs.

    La dernire source dinquitudeest moyen terme. Les prcden-tes pidmies, en Afrique de lEst jusqualors, ont dmontr que,dans quatre cas sur six, la maladiea rapparu dans les trois ans sui-vant la disparition du dernier ma-lade. Au Liberia, il faudra des g-nrations pour surmonter douleur et chagrin , a soulign Ellen John-son Sirleaf. Mais le pays en a gale-ment tir des enseignements. Nous avons compris limpor-tance des mesures dhygine prisespendant la crise, nous les conserve-rons, notamment se laver les mains frquemment , pense Em-manuel Tobey.

    Plan daction post-crise

    Plus globalement, les autorits li-briennes ont adopt, il y a unmois, un plan daction post-crise. Je ne dis pas quEbola est une chance, mais nous allons utiliser cette exprience pour essayer de reconstruire notre systme de sant , avait dclar la prsidentelibrienne. Le virus sest en effetpropag dautant plus rapide-ment que le systme de sant taitdune fragilit extrme dans cepays min par la corruption et quise relevait peine de dcennies deguerres meurtrires. On comptaitalors seulement 51 mdecins pourtout le pays et les hpitaux se d-battaient dans un profond tat de prcarit et de sous-quipement chronique.

    Il fallut une mobilisation inter-nationale, tardive mais finale-ment massive, pour juguler lpi-

    dmie. Les Etats-Unis dployrent partir de novembre 2014 au Li-beria quelque 3 000 militaires chargs principalement de cons-truire des centres de traitement. Surdimensionns, ils ne furent ja-mais utiliss leur pleine capacitmais contriburent matriser lamaladie aux cts dautres units,notamment celles de MSF.

    LOMS veut conserver une partiedu dispositif. On doit maintenir la prsence pour rester zro cas, indique Tarik Jasarevic. La vigi-lance sera maintenue au niveau desfrontires et les capacits de test et de prise en charge ventuelle dun malade doivent rester en place.

    Mais le Liberia devra dabordcompter sur ses propres forces,do ce plan national daction. Au-del de lamlioration de la for-mation du personnel et de la ror-ganisation des services hospita-liers, le plan prvoit ltablisse-ment dun systme de sant plus ractif , dun rseau sani-taire amlior et dun plus largeaccs leau potable. Autant de

    projets dont les financements se-ront rechercher ltranger.

    Car lpidmie na pas eu que deseffets humains dsastreux. Elle agalement port un coup svre lconomie du Liberia qui affi-chait ces dernires annes des taux de croissance prometteurs.Les restrictions de mouvements lis au virus ont eu pour cons-quence une chute du commerce intrieur et extrieur, un ralentis-sement de la production agricole, ainsi quun affaiblissement des recettes de lEtat. Les investisseurstrangers ont galement dsert

    le pays. Le blanc-seing de lOMS marquera-t-il leur retour ? Pro-bablement, lche un homme daf-faires franais install Monro-via, mais il ne faut pas sattendre un dferlement. Dautant que les cours du ptrole, du caoutchouc et du minerai de fer, trois des princi-pales ressources du pays, ne sont pas bons actuellement. Le redcol-lage nest peut-tre pas pour de-main. Sans la fin de lpidmie, le conditionnel ne serait mmepas de mise. p

    rmi barroux

    et christophe chtelot

    Le virus

    a provoqu

    au total, depuis

    la fin mars 2014,

    11 007 morts

    sur 26 626 cas

    recenss

    par lOMS

    CTE

    D'IVOIRE

    GUINESIERRA

    LEONE

    Monrovia

    OCANATLANTIQUE

    150 km

    LIBERIA

    Samedi 9 mai, Monrovia, la capitale du Liberia, o lOMS a annonc la fin de lpidmie. ABBAS DULLEH/AP

    507personnels de sant dcds

    En premire ligne dans la guerre contre le virus Ebola, et malgrdes quipements de protection trs contraignants, les soignants ont pay un lourd tribut lpidmie. 868 ont t contaminsau Liberia, en Sierra Leone et en Guine, 507 sont dcds . Un taux de ltalit beaucoup plus lev que dans le reste de la population.

    Un puissant typhon frappe nouveau les PhilippinesLes autorits ont rduit les risques en procdant lvacuation de plus de 3 000 personnes

    B aptis Noul, il est le qua-trime typhon balayer lesPhilippines depuis le dbutde lanne. Avec des vents souf-flant 220 km/h, dans des eaux ocaniques trs chaudes, cette tempte qui a frapp le nord-est delarchipel, en particulier lle prin-cipale de Luon, dimanche 10 mai, est jusqu prsent la plus puis-sante de 2015, mais pas la plus d-vastatrice. Noul a entran la mort de deux personnes selon un bilan provisoire tabli lundi 11 mai.

    Cette fois, les Philippins nontpas t pris au dpourvu. Plus de

    3 000 personnes ont t vacuesprventivement des zones cti-res des rgions septentrionales deCagayan et Isabela. Les vols intri-eurs et les dessertes par ferry ontt suspendus dans les zones risque. Les gens ont cout nos avertissements. Ils ont appris la le-on des temptes prcdentes , aestim Norma Talosig, chef de la dfense civile rgionale, rpon-dant aux questions de lAFP. Elle a expliqu comment les habitants ont pu gagner les hauteurs de lle en autocars, en camions, voire en ambulances.

    Les autorits ont en effet craintque Noul ne saccompagne dnormes vagues comme cellesqui ont si durement frapp les Philippines, lors du passage du super-typhon Haiyan en novem-bre 2013. Une grande partie des 735 victimes taient mortes prs du littoral.

    Le conseil national de la gestiondes catastrophes a galement fait savoir quil redoutait dans les pro-chains jours des glissements de terrain et des inondations subi-tes. Il a fallu en outre procder lvacuation de villages dans le

    sud de Luon, car les cendres ma-nant du volcan Bulusan ris-quaient den dvaler les pentessous leffet des pluies diluviennes.Il est tomb 300 millimtres en vingt-quatre heures prs des montagnes.

    Lundi, le typhon Noul quittaitles les les plus septentrionales pour se diriger vers Tawan, o lesautorits ont vacu un millier detouristes dune le situe au large de la cte Sud. Il devrait faire routedans le courant de la semaine versle sud du Japon. p

    martine valo (avec afp)

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    COMMUNIQUE - 105426

    En application de larticle R.211-33 du livre II du code du tourisme,

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    75008 PARIS

    Lassociation prcise que la cessationde sa garantie prend effet 3 jours sui-vant la publication de cet avis et quundlai de 3 mois est ouvert aux clientspour produire les crances.

    COMMUNIQUE - 105438

    En application de larticle R.211-33 du livre II du code du tourisme,

    LASSOCIATIONPROFESSIONNELLEDE SOLIDARITE DUTOURISME (A.P.S.T.)

    dont le sige est situ: 15, avenueCarnot - 75017 PARIS, annoncequelle cesse daccorder sa garantie :

    BLUE WORLD SASImmatriculation :

    IM 075 12 0394SAS au capital de 40 000

    Sige social : 29, rue deMogador 75009 PARIS

    Succursale Garantie : 72, ruede Paris 13006 MARSEILLE

    Lassociation prcise que la cessationde sa garantie prend effet 3 jours sui-vant la publication de cet avis et quundlai de 3 mois est ouvert aux clientspour produire les crances.

    COMMUNIQUE - 105490

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    La socit ATRADIUS CreditInsurance N.V. (RCS Nanterre417 498 755) 44, AvenueGeorges Pompidou - 92596Levallois Perret Cedex, a dli-vr la socit INTERMEDESavec effet au 24/02/2015, lagarantie financire prvue parles articles L.211-18 et R.211-26 R.211-34 du Code dutourisme, sous le numro decontrat 373238.

  • 0123MARDI 12 MAI 2015 france | 9

    outre-mer la dmonstration queles diffrences sentrelacent et em-bellissent lensemble. Pointant dautres dangers, dautres mena-ces , le chef de lEtat a tenu rap-peler que le racisme blessequand il ne tue pas. Aucune socitnest immunise contre ce poison mortel .

    M. Hollande na en revanchepas souffl mot de la polmique engage par Elie Domota, le lea-der du LKP, le Collectif contre lex-ploitation outrancire, et delUGTG (Union gnrale des tra-vailleurs de Guadeloupe), quiavait fustig le cot du mmorial(83 millions deuros, dont 37 fi-nancs par le conseil rgional), implant dans le quartier pauvre du Carnage, au regard de la si-tuation sociale dans lle. p

    d. r. a.

    sons humaines. Des passeurs cri-minels en Mditerrane remplis-sent des bateaux dtres humains. Des terroristes qui, en Syrie, en Irakou au Nigeria, capturent des inno-cents, le plus souvent des femmes,pour les vendre ou les possder et qui sinventent des prtextes reli-gieux pour justifier leurs crimes.

    Le prsident de la Rpublique agalement voulu confrer linauguration du mmorial une dimension de politique natio-nale, sur fond de progression lec-torale du Front national : Lesoutre-mer nous donnent lexempledu destin partag quand les identi-ts multiples enrichissent celle, commune, de la nation. Et en ces temps troubls, o ceux qui ne voient pas lavenir croient pouvoir trouver refuge dans le repli, le rejet et parfois la haine, il nous vient des

    temps daprs et aujourdhui), avant daccueillir les deux chefs dEtat africains, le Sngalais Macky Sall et le Malien IbrahimBoubacar Keita.

    Il nous faut le dire haute voix,les habitants de ces territoires nont jamais hsit sur les devoirs,mais il est arriv la Rpublique detergiverser sur leurs droits , a pos Franois Hollande propos de la situation des Antilles. Aujourdhui, cest lgalit relleque nous devons exemplaire. Cest lintrt de la France tout entire ,a-t-il poursuivi. Mme Taubira, qui avait dj fourni la premire mou-ture du discours, avait rejoint le prsident pour mettre la dernire main son propos.

    Le chef de lEtat a voqu lescla-vage moderne : De nouveauxngriers monnaient des cargai-

    les niveaux denseignement, con-formment la loi, rparation est faite de loubli et de loccultation. Mais il reste explorer lincom-mensurable legs laiss par toutes ces gnrations.

    Nouveaux ngriers

    Accompagn par cinq ministres, Sgolne Royal (environnement),Christiane Taubira (justice), la-quelle fut lorigine de la loi de2001 reconnaissant la traite et lesclavage comme un crime con-tre lhumanit, Fleur Pellerin (cul-ture), Annick Girardin (franco-phonie) et George Pau-Langevin (outre-mer), le chef de lEtat a ar-pent le muse organis autourde 39 les et de six archipels (les Amriques, lesclavage et la traite ngrire, le temps de lescla-vage, le temps des abolitions, le

    Toussaint Louverture et bien dautres, a revisit lhistoire de latraite et le long combat pour labolition. Il a salu les minu-tieuses recherches des gnrations dhistoriens et la stimulante pers-vrance des militants de la m-moire, mais aussi les talents des ar-tistes de toutes disciplines qui nousrvlent ce que furent ces temps et ce quen firent ces gens .

    Le dbat sur les rparations, jele sais, nest pas puis, a dclar lechef de lEtat. Je reprends mon compte les mots dAim Csairequant la nature irrparable ducrime. Cependant, en lui donnantun nom et un statut en 2001, le Par-lement franais accomplissait un acte de vrit, de courage et de jus-tice indispensable, la premire des rparations. En linscrivant dansles programmes scolaires, tous

    pointe--pitre - envoy spcial

    F ranois Hollande a inau-gur, dimanche 10 mai Pointe--Pitre (Guade-loupe), le Mmorial ACTe, ouCentre cariben dexpressions etde mmoire de la traite et de les-clavage, un centre de rechercheet de culture sur la mmoire delesclavage.

    Sexprimant dos la mer, devantcet impressionnant ensemble ar-chitectural un enchevtrement daluminium pos sur un bloc degranit incrust dclats de quartz symbolisant les mes des esclavesmorts, et situ Darboussier, l o des gnrations de Guadelou-pens ont travaill pour lindustrie du sucre , le prsident, convo-quant labb Grgoire, Victor Schlcher, les Ngres marrons,

    Hollande aux Antilles, cest Nol en maiDistribution de cadeaux et promesses, dans ces collectivits o le prsident a t accueilli avec chaleur

    saint-martin, martinique,

    guadeloupe - envoy spcial

    Aen croire ses con-seillers, le prsidentest en mouvement .Dlicat euphmisme

    pour qualifier un chef de lEtatpris dans un tourbillon perma-nent, et surtout dj ouverte-ment en campagne. En un peu plus de quarante-huit heures dune tourne antillaise aux allu-res de marathon, qui la vu visiter quatre collectivits doutre-mer, Franois Hollande a pu mesurer et apprcier les faveurs dont il y jouit, et ce dautant plus quil d-barquait les bras chargs de pr-sents sonnants et trbuchants. Aurisque de se laisser enivrer par cesmultiples transports. Car le prsi-dent et son quipe, par lam-biance enflamms, en ont pres-que sembl oublier quils taient loin, trs loin, la fois de la situa-tion politique de la mtropole etde lchance de 2017.

    Selfie, bisou, poigne de main

    Merci davoir attendu si long-temps , a lanc vendredi 8 mai Franois Hollande ds son arrivesur lle de Saint-Barthlemy, 9 267 habitants et 65 % de voixpour Nicolas Sarkozy au secondtour de la prsidentielle sans rancune. La dernire visite dun prsident remontait celle de Va-lry Giscard dEstaing, en 1980.Mais mme sur lle des milliar-daires , le prsident narrive pasles mains vides : les insignes de la Lgion dhonneur pour le prsi-dent de la collectivit, la promessedun compromis pour rgler uncontentieux fiscal entre Saint-Barth et lEtat et celle dune caisse de Scurit sociale.

    Quelques instants plus tard,M. Hollande, sur lle de Saint-Martin, ouvre plus largement en-core sa hotte prsidentielle : entre autres, plus de gendarmes mobi-les, la cration dune chambre d-tache du tribunal de grande ins-tance, un foyer ducatif et un ap-pel tous les investisseurs pour quils viennent ici Saint-Martin , voquant des mesures de dfisca-

    lisation. Avant de simmerger avec dlices dans un bain de foule tel quon nen avait pas constat de-puis les premiers mois de son quinquennat. Il est entour dun halo damour. a doit lui faire du bien , soupire la secrtaire dEtat loutre-mer, George Pau-Langevin. Un selfie, un bisou, une poigne de main galent trois voix , sen-flamme un conseiller du prsi-dent, qui navait jamais vu telle liesse : Certains avaient pu dire quil restait dans son palais, quil ne pouvait sortir sans se faire huer. L, cest la libert.

    Ces apparences, nanmoins,sont trompeuses. Le lendemain matin, le deuxime bain de foule prvu aprs le dpt de gerbe aux monuments aux morts de laplace de la Savane, Fort-de-France, tourne court, faute de combattants : l o Franois Mit-terrand, en 1988, avait ralli des milliers de Martiniquais sur le front de mer, Franois Hollande

    na attir quune maigre cinquan-taine de badauds. Le prsident, aux Antilles, est pourtant en ter-rain conquis : plus de 68 % des voix au second tour de la prsi-dentielle 2012 et plus de 71 % en Guadeloupe, o la gauche a de plus bien rsist, la diffrence dela mtropole, aux dpartementa-les de mars avec un total de 76 %.

    Le prsident de tous

    Le maintien de laffection politi-que ncessite cependant des preu-ves sans cesse renouveles. En la matire, le prsident ne scono-mise pas. Il y a des cadeaux pour tout le monde , assume un de ses conseillers. Aprs un sommet Carabes climat 2015 aux cts des dirigeants de la zone carabe, qui offre son heure de gloire Serge Letchimy, le prsident du conseil rgional de Martinique, voil M. Hollande lAtrium de Fort-de-France, devant 500 lus, qui droule.

    Jai compris que sils venaient,les moyens financiers ne seraient pas refuss , plaisante le prsi-dent, qui annonce, coup sur coup :une dfiscalisation prennise ;un programme Cesairus , sorte dErasmus cariben ; des brigades de jeunes embauchs avec des supplments demplois aids pour lutter contre la prolifration des algues sargasses ; deux IUT enMartinique et un autre en Guade-loupe ; et, sous des applaudisse-ments frntiques, un cyclotron, quipement mdical de pointe pour la dtection des cancers.

    Une demi-heure dAirbus prsi-dentiel plus tard, et Franois Hol-lande rcidive au Palais des sportsdu Gosier, prs de Pointe--Pitre(Guadeloupe), face un millierdlus. Jespre que vous vous adresserez nous en vous souve-nant que nous ne sommes pas le25 dcembre , sest pourtant agac en introduction Jean-Pierre Dupont, maire du Gosier.

    Peine perdue. On narrte plus leprsident, qui annonce, entre autres, une troisime cole rgio-nale de la deuxime chance avec laparticipation de 700 000 euros de lEtat, un ple sportif de haut ni-veau, une candidature de la Franceaux Jeux de la francophonie en 2021 pour la Guadeloupe, des coups de pouce fiscaux, 1 milliard deuros pour prvenir les sismes et leurs consquences ; un autre cyclotron ; et, nettement moins onreux, une mission parlemen-

    taire pour le patron de la rgion, Victorin Lurel, afin de prparer un futur texte de loi sur lgalit relle.

    Il y en a pour tout le monde. Nefaisons pas la distinction. Ici, je suis le prsident de tous , confirme le chef de lEtat, dont les poses et les intonations rappellent de plus en plus sa campagne de 2012. La pa-renthse antillaise et enchante sachve dimanche dans laprs-midi, aprs linauguration du M-morial ACTe, en beaut et en ter-rain plus conquis que jamais : aux Abymes, dont le maire, Eric Jalton, est un ami. Un petit moment de convivialit , euphmise ce der-nier, devant sa mairie o des cen-taines dAbymiens accueillent M. Hollande roses rouges la main. Grosse chaleur et derniresscnes de liesses au son des gwo-kas, les tambours locaux, avant de senvoler vers Cuba, puis Hati. Gare lillusion doptique politi-que, et latterrissage. p

    david revault dallonnes

    Devant le monumentaux morts de Pointe--Pitre, dimanche 10 mai.JEAN-CLAUDE COUTAUSSE/FRENCH

    POLITICS POUR LE MONDE

    Il est entour

    dun halo