26
Mardi 26 mai 2015 - 71 e année - N o 21882 - 2,20 € - France métropolitaine - www.lemonde.fr Fondateur : Hubert Beuve-Méry Algérie 180 DA, Allemagne 2,50 €, Andorre 2,40 €, Autriche 2,80 €, Belgique 2,20 €, Cameroun 1 900 F CFA, Canada 4,50 $, Côte d'Ivoire 1 900 F CFA, Danemark 30 KRD, Espagne 2,50 €, Finlande 4 €, Gabon 1 900 F CFA, Grande-Bretagne 1,90 £, Grèce 2,50 €, Guadeloupe-Martinique 2,40 €, Guyane 2,80 €, Hongrie 950 HUF, Irlande 2,50 €, Italie 2,50 €, Liban 6 500 LBP, Luxembourg 2,20 €, Malte 2,50 €, Maroc 13 DH, Pays-Bas 2,50 €, Portugal cont. 2,50 €, La Réunion 2,40 €, Sénégal 1 900 F CFA, Slovénie 2,50 €, Saint-Martin 2,80 €, Suisse 3,50 CHF, TOM Avion 450 XPF, Tunisie 2,50 DT, Turquie 9 TL, Afrique CFA autres 1 900 F CFA U n matin ensoleillé de mai sur Le Pirée, le port d’Athènes. Des flots de touristes se pressent vers la jetée. Certains font une pause café frappé, d’autres dégainent leur appareil photo. A quelques centaines de mètres de là, loin de l’anima- tion du front de mer, la rue d’Andreas Lymperopoulos est désespérément vide. Tout comme sa boutique, spécialisée en robinetterie. Il n’y a « plus de clients, plus d’argent, plus d’espoir », soupire ce quinquagé- naire aux cheveux blancs. Traits tirés, le regard las, il préfère s’éloigner de ses employés – six en tout – avant de poursuivre. « Il y a quatre mois, je pensais que le gros de la crise était derrière nous ; j’avais tort, confie-t-il. Quand notre économie cessera-t-elle de sombrer ? » Comme Andreas, les chefs d’entreprise grecs, quel que soit leur secteur d’activité, sont minés par l’an- goisse. « Depuis l’annonce des élections, fin 2014, tout est de nouveau gelé », résume Constantine Mi- chalos, président de la chambre de commerce d’Athènes. LIRE LA SUITE PAGE 10 Ce n’est pas aux ruines de Pal- myre mais à ses habitants que l’Etat islamique, le nouveau maî- tre de la cité antique syrienne, a entrepris de s’attaquer en pre- mier. Les djihadistes, qui se sont emparés des lieux mercredi 20 mai, ont épargné pour l’ins- tant les vestiges gréco-romains de l’un des plus importants sites archéologiques du Proche- Orient. En revanche, ils se sont lancés dans une purge de grande ampleur, exécutant au moins 217 personnes dont 67 civils. LIRE PAGE 4 REPORTAGE LA TRAGÉDIE DES PETITS PATRONS GRECS par marie charrel athènes - envoyée spéciale Dans Palmyre, contrôlée par l’EI, « l’épuration a commencé » INTERNATIONAL LE REGARD DE PLANTU Le cinéaste Jacques Audiard, lauréat de la Palme d’or pour son film « Dheepan ». YVES HERMAN/REUTERS A près la cérémonie de clôture du Festi- val de Cannes, les responsables politiques français gazouillaient à l’unisson, dans un assour- dissant concours de cocori- cos. « Jacques Audiard, Em- manuelle Bercot, Vincent Lin- don et Agnès Varda : le cinéma français rayonne ce soir à Cannes et dans le monde », tweetait le premier ministre, Manuel Valls. « Bravo à E. Bercot, V. Lindon et Jacques Audiard ! », insis- tait, sur le même mode, Fleur Pellerin, sa ministre de la culture, avant que l’Elysée n’adresse ses « sincères féli- citations » aux lauréats fran- çais. Gare aux malentendus, cependant. auréliano tonet LIRE LA SUITE PAGE 18 Espagne : percée spectaculaire de la gauche anti-austérité Après les élections locales, dimanche 24 mai, le parti de la gauche radi- cale, Podemos, remporte la mairie de Barcelone et devrait codiriger Madrid Le Parti Populaire (PP), au pouvoir, subit une nette défaite, perdant dix points par rapport aux précédentes élections, en 2011 Le Parti socialiste (PSOE) s’est félicité du revers subi par le premier ministre, Mariano Rajoy, mais apparaît également en perte de vitesse électorale Les bons scores obtenus par Podemos et les centristes de Ciudadanos ébranlent le bipartisme en place depuis trente ans LIRE PAGE 2 POLOGNE ANDRZEJ DUDA, NOUVEAU PRÉSIDENT CONSERVATEUR LIRE PAGE 3 MARIAGE HOMOSEXUEL : LA LEÇON IRLANDAISE LIRE PAGE 26 DISPARITION LE GÉNIE ET LA FOLIE DU MATHÉMATICIEN JOHN NASH LIRE PAGE 17 ÉDUCATION LA FCPE SE DÉCHIRE SUR LA RÉFORME DU COLLÈGE LIRE PAGE 9 DIALOGUE SOCIAL REBSAMEN : « JE NE SUIS PAS OPPOSÉ AU RECOURS AU 49.3 » LIRE PAGE 7 Cannes : la victoire paradoxale des Français LE BILLET 50 av. d’Italie 75013 PARIS 148 av. Malakof 75016 PARIS 247 rue de Belleville 75019 PARIS 262 bd du Havre 95 PIERRELAYE CANAPE CONVERTIBLE ouverture facile pour couchage quotidien 01 42 08 71 00 7j/7 Livraison gratuite en France - Détails sur mobeco.com PRIX EXCEPTIONNELS A partir de : MATELAS TRECA A partir de :

Le Monde Du Mardi 26 Mai 2015

Embed Size (px)

DESCRIPTION

Le Monde Du Mardi 26 Mai 2015

Citation preview

  • Mardi 26 mai 2015 71e anne No 21882 2,20 France mtropolitaine www.lemonde.fr Fondateur : Hubert BeuveMry

    Algrie 180 DA, Allemagne 2,50 , Andorre 2,40 , Autriche 2,80 , Belgique 2,20 , Cameroun 1 900 F CFA, Canada 4,50 $, Cte d'Ivoire 1 900 F CFA, Danemark 30 KRD, Espagne 2,50 , Finlande 4 , Gabon 1 900 F CFA, Grande-Bretagne 1,90 , Grce 2,50 , Guadeloupe-Martinique 2,40 , Guyane 2,80 , Hongrie 950 HUF, Irlande 2,50 , Italie 2,50 , Liban 6 500 LBP, Luxembourg 2,20 , Malte 2,50 , Maroc 13 DH, Pays-Bas 2,50 , Portugal cont. 2,50 , La Runion 2,40 , Sngal 1 900 F CFA, Slovnie 2,50 , Saint-Martin 2,80 , Suisse 3,50 CHF, TOM Avion 450 XPF, Tunisie 2,50 DT, Turquie 9 TL, Afrique CFA autres 1 900 F CFA

    U n matin ensoleill de mai sur Le Pire, le portdAthnes. Des flots de touristes se pressentvers la jete. Certains font une pause caffrapp, dautres dgainent leur appareil photo. Aquelques centaines de mtres de l, loin de lanimation du front de mer, la rue dAndreas Lymperopoulosest dsesprment vide. Tout comme sa boutique,spcialise en robinetterie. Il ny a plus de clients, plus dargent, plus despoir , soupire ce quinquagnaire aux cheveux blancs. Traits tirs, le regard las, il prfre sloigner de ses employs six en tout

    avant de poursuivre. Il y a quatre mois, je pensais que le gros de la crise tait derrire nous ; javais tort, confietil. Quand notre conomie cessera-t-elle desombrer ?

    Comme Andreas, les chefs dentreprise grecs, quelque soit leur secteur dactivit, sont mins par langoisse. Depuis lannonce des lections, fin 2014,tout est de nouveau gel , rsume Constantine Michalos, prsident de la chambre de commercedAthnes.

    LIRE L A SUITE PAGE 10

    Ce nest pas aux ruines de Palmyre mais ses habitants que lEtat islamique, le nouveau matre de la cit antique syrienne,a entrepris de sattaquer en premier. Les djihadistes, qui se sont empars des lieux mercredi 20 mai, ont pargn pour linstant les vestiges grcoromains de lun des plus importantssites archologiques du ProcheOrient. En revanche, ils se sont lancs dans une purge de grande ampleur, excutant au moins 217 personnes dont 67 civils.

    L IRE PAGE 4

    REPORTAGE

    LA TRAGDIE DES PETITS

    PATRONS GRECSpar marie charrel

    athnes - envoye spciale

    Dans Palmyre, contrle par lEI, lpuration a commenc

    INTERNATIONAL

    LE REGARD DE PLANTU

    Le cinaste Jacques Audiard, laurat de la Palmedor pour son film Dheepan . YVES HERMAN/REUTERS

    A prs la crmoniede clture du Festival de Cannes, lesresponsables politiques franais gazouillaient lunisson, dans un assourdissant concours de cocoricos. Jacques Audiard, Em-manuelle Bercot, Vincent Lin-don et Agns Varda : le cinma franais rayonne ce soir Cannes et dans lemonde , tweetait le premierministre, Manuel Valls. Bravo E. Bercot, V. Lindon et Jacques Audiard ! , insistait, sur le mme mode, Fleur Pellerin, sa ministre de la culture, avant que lElyse nadresse ses sincres fli-citations aux laurats franais. Gare aux malentendus, cependant.

    aurliano tonet L IRE L A SUITE PAGE 18

    Espagne : perce spectaculairede la gauche antiaustrit Aprs les lectionslocales, dimanche 24 mai, le parti de la gauche radicale, Podemos, remporte la mairie de Barceloneet devrait codiriger Madrid

    Le Parti Populaire (PP), au pouvoir, subitune nette dfaite, perdant dix points par rapport aux prcdentes lections, en 2011

    Le Parti socialiste (PSOE) sest flicit du revers subi par le premier ministre, Mariano Rajoy, maisapparat galement en perte de vitesse lectorale

    Les bons scores obtenus par Podemos et lescentristes de Ciudadanosbranlent le bipartismeen place depuis trente ans LIRE PAGE 2

    POLOGNEANDRZEJ DUDA, NOUVEAU PRSIDENT CONSERVATEUR LIRE PAGE 3

    MARIAGE HOMOSEXUEL : LA LEON IRLANDAISE LIRE PAGE 26

    DISPARITIONLE GNIE ET LA FOLIE DU MATHMATICIEN JOHN NASH LIRE PAGE 17

    DUCATIONLA FCPESE DCHIRESUR LA RFORME DU COLLGE L IRE PAGE 9

    DIALOGUE SOCIALREBSAMEN : JE NE SUIS PAS OPPOS AU RECOURS AU 49.3 L IRE PAGE 7

    Cannes :la victoire paradoxale des Franais

    LE BILLET

    50 av. dItalie

    75013 PARIS

    148 av. Malakof

    75016 PARIS

    247 rue de Belleville

    75019 PARIS

    262 bd du Havre

    95 PIERRELAYE

    CANAPECONVERTIBLE

    ouverture facile pour couchage quotidien

    01 42 08 71 00 7j/7Livraison gratuite en France - Dtails surmobeco.com

    PRIX EXCEPTIONNELS

    A partir de :

    MATELASTRECA

    A partir de :

  • 2 | international MARDI 26 MAI 20150123

    En Espagne, perce indite de PodemosAprs des annes de crise, le PP et le PSOE ont obtenu peine plus de la moiti des voix aux lections locales

    RCITmadrid - correspondance

    Oui, cest possible ! Oui,cest possible ! Sur lesplaces publiques deMadrid et de Barce

    lone, des centaines de personnes dansaient de joie, dimanche24 mai au soir. Les lections locales et dans treize rgions dEspagne font figure de vritable sisme politique dans les deux plus grandes villes du pays, o descandidats d unit populaire pourraient prendre le contrle de la mairie. Ces lections reprsen-tent un srieux revers pour le bi-partisme qui articule les institu-tions espagnoles depuis la transi-tion dmocratique (1975-1982) et annoncent la victoire dune gau-che fragmente dans des fiefs conservateurs.

    Aprs quatre ans au pouvoir enEspagne, le Parti populaire (PP,droite, au pouvoir), affaibli par lapolitique daustrit mene du-rant la crise et une succession descandales de corruption, seffon-dre. Avec 27 % des voix aux muni-cipales, il perd 10 points par rap-port aux lections de 2011. Cette chute permet au Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE, centregauche) de remporter la victoiredans plusieurs rgions et de nom-breuses municipalits, malgrune nouvelle baisse de prs de3 points et peine 25 % des voix. Le PSOE, galement touch parplusieurs affaires, ne se remet pasdes premires mesures de rigueurapplique en 2010 par lancien chef du gouvernement Jos Luis Rodriguez Zapatero.

    Lentre en force du parti de lagauche radicale Podemos, qui ne se prsentait sous sa propre ban-nire que pour les lections rgio-nales, ainsi que du parti de centre droit Ciudadanos ( citoyens ), qui remporte 6,5 % des voix aux municipales, va obliger les deuxgrands partis sceller des accords avec ces nouvelles formations silsveulent et peuvent gouverner.

    A Barcelone, la plate-forme ci-toyenne mene par Ada Colau, fi-gure de la lutte contre les expul-sions immobilires et du mouve-ment des indigns , qui re-groupe Podemos, les cologistes catalans et des activistes, a rem-port la mairie avec une courte majorit de 25,2 % des voix et 21 conseillers municipaux, devantles nationalistes de droite de Con-vergence et Union (CiU, 22,7 % et 20 conseillers). Les indigns devraient obtenir, grce labs-tention probable dautres forces politiques de gauche, les clefs de lacapitale catalane avec un pro-gramme centr sur la lutte contre les ingalits sociales et la corrup-

    tion. Sans pouvoir mdiatique, conomique, mdiatique, judi-ciaire, nous avons dmontr que lon peut faire les choses autrementet () que le rve et lespoir peuventlemporter , a dclar, mue, Ada Colau, en schant des larmes de joie devant une foule de militants.

    La mobilisation des abstention-nistes Barcelone, o la participa-tion a augment de huit points par rapport aux dernires lec-tions, a t la cl dun scrutin mar-qu par leffondrement des socia-listes catalans qui perdent12 points avec moins de 10 % des suffrages. A quelques mois des lections rgionales catalanes,prvues le 27 septembre, et cen-

    tres sur la revendication dunEtat indpendant, cest aussi unsrieux revers pour CiU, qui gou-verne la Catalogne. La victoire de la plate-forme Barcelone en com-mun, qui dfend le droit lauto-dtermination, mais ne prend pasposition pour ou contre lind-pendance, indique que les Cata-lans ont dautres priorits.

    Imagination

    A Madrid, avec des moyens r-duits, lalliance Ahora Madrid, me-ne par lancienne juge Manuela Carmena (71 ans), soutenue par Podemos, les cologistes dEquo etdes membres critiques du parti des colocommunistes de la Gau-

    che unie (IU), est parvenue se his-ser la deuxime position, un sige du Parti populaire qui gou-vernait avec une majorit absolue depuis 1991. Il ne fait pas de doute quelle sera la prochaine maire de la capitale, grce au soutien at-tendu du PSOE qui a, par ailleurs, besoin de Podemos pour prendre le pouvoir dans de nombreuses rgions. Cest donc en vainqueurque Manuela Carmena, dont le programme est galement centr sur la lutte contre la corruption et la dfense des services publics, sest prsente devant une foule dchane qui scandait son nom.

    Le plus singulier, spcial et ex-traordinaire, dans cette campa-gne, est que notre unique moyen pour la faire a t limagination, lajoie et la crativit , a-t-elle d-clar, faisant rfrence aux multi-ples initiatives nes en dehors dela plate-forme cre autour de sa candidature. Des graphistes ont cr bnvolement des centaines de logos partir de son image, desartistes ont compos des chan-sons, crit des pomes, cr des

    tee-shirts et des autocollants que des chauffeurs de taxi de la capi-tale arboraient sur leurs vhicu-les. Cette victoire est la vtre , a-t-elle conclu, la voix couverte parles cris de joie de ses sympathi-sants, runis devant le Muse Reina Sofia.

    La mine dconfite, EsperanzaAguirre, la candidate du Parti po-pulaire, sest contente de rappe-ler sans conviction qu en tant que parti ayant obtenu le plus de voix, [ils devraient] diriger la mai-rie si les autres partis ne scellentpas daccord . A Saragosse, La Co-rogne ou Cadix, ce sont dautresplates-formes citoyennes qui de-

    Le chef de file de Podemos, Pablo Iglesias( droite), avec le candidat du parti la

    prsidence de Madrid, Jos Manuel Lopez, Madrid, le 24 mai. GERARD JULIEN/AFP

    Cest le dbut de

    la fin de Mariano

    Rajoy comme

    prsident du

    gouvernement

    PEDRO SANCHEZ

    secrtaire gnral du PSOE

    vraient prendre la mairie. Et Va-lence, ville particulirementfrappe par la corruption lie labulle immobilire, le parti rgio-naliste de gauche Compromis pourrait ravir le pouvoir la puis-sante maire depuis 1995, Rita Bar-bera (PP).

    Mesures radicales

    Lampleur de la dbcle du Parti populaire se mesurera plus claire-ment durant les prochains joursou semaines. Sil reste le premier parti au nombre de voix, il perd les majorits absolues quil avait arraches en 2011 et ses princi-paux barons devraient se retrou-ver dans lopposition. Le revers estdautant plus grand pour le PPque les rgions espagnoles dispo-sent dun fort degr dautonomie et contrlent par exemple les d-penses en matire dducation et de sant.

    En tte dans la rgion de Va-lence, en Aragon, aux Balares ou en Castille-la Manche, le PP ne de-vrait pas pouvoir gouverner si Po-demos soutient les socialistes etles partis rgionaux de gauche,comme tout porte croire. Dansla rgion de Madrid, o il gou-verne depuis 1995, cest Ciudada-nos qui jouera les arbitres,comme Murcie, La Rioja ou Cas-tille-et-Lon. Mais rien nest ac-quis. Les deux nouveaux partisbloquent, par exemple, llection en Andalousie de la socialiste Su-sana Diaz, qui a obtenu une majo-rit simple fin mars, en deman-dant des mesures radicales de re-nouveau dmocratique.

    Cest le dbut de la fin de Ma-riano Rajoy comme prsident du gouvernement , a malgr tout tranch le secrtaire gnral du PSOE, Pedro Sanchez, sans effu-sion de joie au vu des rsultats contrasts de son parti qui nestarriv en tte que dans les Astu-ries et en Estrmadure. Nous aurions aim que lusure des vieux partis soit plus rapide , a reconnude son ct Pablo Iglesias, le chefde file de Podemos, tout en souli-gnant que les grandes villes sont le moteur du changement politi-que et que ce changement est irrversible . p

    sandrine morel

    Le front commun de Merkel et Hollande face Cameron

    L a feuille de route dAngelaMerkel et de Franois Hol-lande pour la zone euro, r-sume dans un document obtenu par Le Monde, risque de faire au moins un mcontent : David Ca-meron, attendu jeudi 28 Paris, et vendredi 29 mai Berlin. Aprs sa rlection, le premier ministre bri-tannique espre cette semaine pousser son avantage afin dobte-nir des concessions de la part du prsident franais et de la chance-lire allemande, et prparer au mieux le rfrendum quil pro-met, dici la fin 2017, sur le main-tien ou non de son pays dans lUnion europenne. Il aura fort faire dans la mesure o la France etlAllemagne rejettent par avance, dans ce texte commun, lune des revendications du chef de gouver-nement de Sa Majest la modifi-cation des traits europens et suggrent au contraire de renfor-

    cer, par petites touches, lintgra-tion du Vieux Continent.

    Dans une contribution envoyesamedi 23 mai Jean-Claude Junc-ker, le prsident de la Commission qui pilote dici la fin juin la pr-paration dun rapport sur lappro-fondissement de lUnion mon-taire la France et lAllemagne pro-posent que la zone euro se dote dun programme dans quatre domaines daction, qui devraient tre dvelopps dans le cadre des traits actuels dans les prochaines annes : la politique conomi-que, la convergence conomique, fiscale et sociale, la stabilit finan-cire et les investissements, et la gouvernance de lUnion mon-taire. Rien de moins.

    Aprs lurgence du sauvetage deleuro, ces dernires annes,Mme Merkel et M. Hollande con-viennent que des tapes suppl-mentaires sont ncessaires , alors

    que M. Cameron appelle au con-traire rapatrier certaines com-ptences vers les capitales, afin que lUnion toujours plustroite promise par ses fonda-teurs ne soit plus inscrite dans le marbre. Face la toute-puissance de la Banque centrale europenne qui nest pas nomme dans le texte , les deux capitales sugg-rent entre autres daller vers unmeilleur dosage des politiques co-nomiques pour le renforcement dela croissance, de la comptitivit, de lemploi et des finances publi-ques solides dans la zone euro . Lide est aussi de conforter les recommandations faites auxdiffrents Etats afin quils m-nent les rformes juges nces-saires, selon un cadre com-mun spcifique pour la zone euro. Le document prne aussi le dveloppement de la base so-ciale de lUnion montaire pour

    accompagner la mobilit des tra-vailleurs , ou promouvoir lin-troduction dun salaire mini-mum dans chaque pays. Le fonds dinvestissement mis surles rails par M. Juncker doit tre amplifi, en prenant en compteles spcificits de la zone euro. Le texte appelle aussi la cration de structures ddies spcifiques la zone euro mettre en place ausein du Parlement europen , et une reprsentation amliore ausein des institutions financires in-ternationales .

    Etapes supplmentaires

    Prpar dans la plus grande dis-crtion par leurs sherpas respec-tifs, le document a t finalis par Franois Hollande et Angela Mer-kel, en marge du sommet du partenariat oriental , avec sixpays de lex-URSS, dont lUkraine,vendredi 22 mai Riga. Ce jour-l,

    David Cameron na pas exclu dappeler voter non sil ne devait rien obtenir de ses parte-naires europens avant de consul-ter les Britanniques. Leur contri-bution sur lUnion montaire d-montre que les dirigeants fran-ais et allemand ne partagent pas grand-chose en commun avec leur homologue britannique. Dans leur document, le chef de lEtat et la chancelire annoncent mme vouloir proposer dici lafin 2016 des tapes supplmen-taires qui pourraient cette fois examiner le cadre politique et institutionnel, les instrumentscommuns et les bases juridiques () pertinents long terme . Rien ne dit que cela ne dbouchera pas alors sur une refonte en profon-deur des traits. Mais pas dans lesens, ni selon le calendrier, es-quisss par David Cameron. p

    philippe ricard

    Un avant-got des lgislativesLes lections locales du 24 mai laissent prsager une dfaite cin-glante pour le Parti populaire (PP) lors des lections lgislatives, qui doivent se tenir cet automne en Espagne. Aprs quatre ans de majorit absolue, il aura bien du mal se maintenir au pouvoir. Le PP a perdi la plupart des grandes villes espagnoles, lexception de Malaga. Son score dans les rgions les plus peuples est large-ment infrieur la somme des forces de gauche.

  • 0123MARDI 26 MAI 2015 international | 3

    La revanche des conservateurs polonaisLlection dAndrzej Duda la prsidence ouvre une priode de cohabitation entre gouvernement et opposition

    varsovie - envoy spcial

    Le parti ultraconservateurpolonais Droit et justice(PiS, droite conservatrice)prend sa revanche quel-

    ques mois des lections lgislati-ves prvues en octobre. Andrzej Duda, son candidat, a remport llection prsidentielle polonaisedimanche 24 mai avec 52 % des voix, selon les estimations.

    Les rsultats dfinitifs devaienttre connus lundi soir, mais le prsident sortant Bronislaw Ko-morowski a aussitt flicit sonconcurrent. Entre la scurit re-prsente par le candidat de Plate-forme civique (PO, droite librale),responsable politique expri-ment et ancien de la gnration Solidarit, et la jeunesse et le changement, incarns par le can-didat de la droite conservatrice, les Polonais ont finalement optpour ce dernier.

    Dans la salle surchauffe o estintervenu le nouveau prsident, lambiance tait survolte. La foule compacte tait plutt jeune,tandis quau quartier gnral de M. Komorowski, lambiance tait videmment plus grave et le pu-blic plus g. Le parti PiS des frresjumeaux Kaczynski Lech, le pr-sident tu dans laccident davion de Smolensk en 2010, et Jaroslaw, lancien premier ministre a russi rajeunir son image, enmettant en avant un inconnu de43 ans, qui incarne un renouvelle-ment de la classe politique. Il est lepremier chef dEtat du pays ne pas tre directement li aux v-

    nements des annes 1980.Lancien premier ministre et

    matre tout-puissant du PiS, Ja-roslaw Kaczynski, avait cd la place M. Duda pour une lectionquil croyait perdue davance en raison de la popularit de M. Ko-morowski. Mais le candidat a russi simposer dans la campa-gne, apportant un nouveau vi-sage au parti et adoptant un ton plus modr que son mentor. Il a fait une campagne lamricaine,sillonnant le pays bord dun car, la rencontre des Polonais, pen-dant que le prsident restait dans son palais. Son ct gendreidal a rassur la Pologne pro-fonde, fidle aux leons de lEglisecatholique.

    Professeur de droit, M. Duda at secrtaire dEtat la justice, en 2005, dans le premier gouver-nement domin par le PiS. En 2008, il devient lun des pro-ches collaborateurs du prsident Lech Kaczynski. Il sera ensuite un dput sans clat, avant de deve-nir eurodput en mai 2014. Lefait quil soit peu connu la finale-ment favoris auprs de Polonaisfatigus par le sempiternel duel entre Jaroslaw Kaczynski et lan-cien premier ministre de PO, Do-nald Tusk, aujourdhui prsident du Conseil europen, Bruxelles. M. Kaczynski est rest dans lom-bre pendant toute la campagne, alors que son image sert encore de repoussoir une partie des Po-lonais. Duda est la marionnette de Kaczynski , assure Radoslaw Markowski, professeur de scien-ces politiques Varsovie.

    Les gens ns aprs 1989 se mo-quent du conflit entre Tusk et Kac-zynski. Pour eux, cette gnrationSolidarit a apport la libert, maisa aussi pris le pouvoir et profit du succs conomique, alors queux sesentent frustrs , explique Jaros-law Kuisz, rdacteur en chef du site Kultura Liberalna. Rappelerle pass de Solidarit, comme la

    fait Komorowski, cela ne marche plus. Les jeunes lui sont reconnais-sants davoir lutt pour la libert, mais ils lui rpliquent quil ne r-sout pas leurs problmes de ch-mage et de contrats poubelles , renchrit Piotr Buras, directeur du Conseil europen des relationsinternationales Varsovie.

    M. Duda a russi attirer leslecteurs du troisime homme dupremier tour, le chanteur Pawel Kukiz, qui avait rcolt 20,8 % des voix, notamment chez les jeunes. Jai vot Duda au second tour parce que cest le temps du change-ment. Jai limpression quil va sebattre pour ne pas vendre ce qui reste dans le pays , explique AnnaLenk, une lectrice de M. Kukiz qui travaille dans une entreprise de tlcommunications.

    Cas dcole

    Lchec de M. Komorowski risque de devenir un cas dcole pour les stratges politiques : comment perdre une lection quand on estcrdit de plus de 60 % des inten-tions de vote quelques semainesdu scrutin. Enferm dans son pa-

    lais prsidentiel, appel le Belv-dre, le prsident en est sorti trop tard et a sembl dconnect dupeuple, au moment o le gouver-nement dirig par Ewa Kopacz (PO) est dsorient depuis le d-part de Donald Tusk pour Bruxel-les. Le rsultat est inquitant pourPlateforme civique quelques mois dlections lgislatives.

    La cohabitation entre le PiS etPO sera courte avant les lections lgislatives, mais Andrzej Duda peut proposer des mesures quil amarteles pendant sa campagne,

    notamment labaissement delge de la retraite, port 67 ans par M. Tusk. Ces initiatives ont peu de chances daboutir, mais larsistance de Plate-forme civique des mesures populaires sera alors un argument supplmen-taire de campagne pour le PiS.

    Les changements que risque deprovoquer llection de M. Duda,surtout si elle est suivie dune vic-toire du PiS aux lgislatives, por-tent sur lconomie et la politique trangre. Lun de ses principaux thmes de campagne a t la luttecontre les entreprises trangres qui ne paient pas dimpts. Les enseignes de grande distribution notamment franaises sont dans le collimateur. Elles sont de plus accuses de faire de la con-currence aux petits commer-ants. M. Duda a promis aussi de sattaquer aux banques trang-res en Pologne. Autant dannon-ces qui rappellent le programmeappliqu par lultraconservateur Viktor Orban en Hongrie.

    Pendant sa campagne, AndrzejDuda a rgulirement attaqu le rcent contrat pass avec Airbus

    pour lachat de 50 hlicoptres par larme polonaise. Le PiS es-time que cela se fait au dtriment dentreprises bases en Pologne. Cest aussi un choix gostratgi-que. Eurosceptique, le PiS estprt accepter ce que proposent les Etats-Unis, alors que M. Tusk avait cherch rquilibrer les re-lations entre Washington et Bruxelles , estime Wawrzyniec Smoczynski, directeur du site Po-lityka Insight, qui redoute aussides problmes dans les relations germano-polonaises .

    Visite de M. Cameron

    En revanche, le premier ministredu Royaume-Uni, David Came-ron, attendu en Pologne cette se-maine, va pouvoir compter avec un alli au sein de lUE. Le PiS sigeau Parlement europen avec lesconservateurs britanniques. Avec une limite : les cibles privilgiesdes eurosceptiques britanniques sont les immigrants des anciens pays de lEst, commencer par lesplus de 500 000 Polonais duRoyaume-Uni. p

    alain salles

    En Italie, Renzi promet une union civile aux couples homosexuelsLe premier ministre italien veut acclrer ladoption dune rforme jusquici repousse sous la pression de lEglise catholique

    rome - correspondant

    E t nous ? Au lendemain deladoption, samedi 23 mai, une large majorit (62 %de oui pour 60 % de participation au rfrendum), du mariage ho-mosexuel en Irlande, le premier ministre italien, Matteo Renzi,veut acclrer le pas. Le texte surle contrat dunion civile ne peut plus tre renvoy , a-t-il dit. Laproposition de loi pourrait tre vote en premire lecture avant lt. La Pninsule est lun des der-niers pays dEurope occidentale ntre dote daucune norme l-gislative sur la question des cou-ples du mme sexe.

    Ce nest pas faute davoir essay.Mais ni le Dico (droits et devoirsdes personnes vivant de manire stable en concubinage) port parRomano Prodi en 2007, ni le CUS(contrat dunion solidaire), son

    avatar, ni le DiDoRe (droits et de-voirs de rciprocit entre concu-bins) propos par Silvio Berlus-coni en 2008 nont pu voir le jour, en raison de lopposition dunemajorit catholique transversale.

    Faute de lgislation, de nom-breux maires ont dcid de sauterle pas en enregistrant des unionshomosexuelles. Mais ces trans-criptions sur des registres dtatcivil ne valent rien au regard de la

    loi. Toutefois, une dcision du tri-bunal de Grosseto (Toscane) a va-lid le mariage, New York, de deux Italiens. Les associations de dfense des homosexuels avaient salu un vnement rvolution-naire .

    Bataille de civilisation

    Mais il nest pas question de ma-riage , comme en tmoignent les4 000 amendements dposs par les adversaires du projet de loi. La plupart dentre eux viennent dugroupe centriste dont les lus sont les plus proches de lEglise italienne et du Vatican. Ils refu-sent par avance toute tentative vi-sant autoriser ladoption ou per-mettant lun des survivantsdun couple homosexuel de bn-ficier dune pension de rversion. Le Parti dmocrate (centre gau-che) est galement partag. En oc-tobre 2014, un sondage de linsti-

    tut Demos, rvlait que 55 % des Italiens taient dsormais favora-bles au mariage gay , contre 41 % un an plus tt.

    Cest dsormais une bataille decivilisation et il y a une volont , relve Maria Elena Boschi, la mi-nistre des relations avec le Parle-ment. En effet, aucune formation ne veut faire de ce dbat une ba-

    taille politique droite-gauche. Mme htroclite, une majoritexiste. La gauche peut bnficier du soutien du Mouvement 5 toi-les et de Forza Italia. Sous lin-fluence de sa jeune fiance, Silvio Berlusconi, grand contempteur des gays, est dsormais acquis lacause de leurs droits. Le chef de file des centristes, le ministre de

    lintrieur Angelino Alfano, re-connat dores et dj quil invi-tera ses troupes voter contre, mais quil ne quittera pas le gou-vernement en cas de dsaveu. Mme le secrtaire de la Ligue du Nord, Matteo Salvini, devenu bi-got, est favorable au contrat dunion civile.

    LEglise catholique, de la mmefaon quelle a renonc livrerune bataille front contre front loccasion de ladoption du di-vorzio breve rduisant de trois ans six mois le temps de latenceentre une sparation et le pro-nonc du divorce, fait profil bas. Tout comme le clerg irlandais constate sa perte dinfluence, la hirarchie catholique italienne etle Vatican nentendent pas menerle combat de trop aprs ceux (dj perdus) contre le divorce etlavortement. p

    philippe ridet

    Sous linfluence de

    sa fiance, Silvio

    Berlusconi, grand

    contempteur des

    gays, est

    dsormais acquis

    leur cause

    Le nouveau prsident polonais, Andrzej Duda, le 25 mai, Varsovie. PAWEL KOPCZYNSKI/REUTERS

    Pendant

    sa campagne,

    Andrzej Duda a

    attaqu le rcent

    contrat pass

    avec Airbus pour

    lachat de 50

    hlicoptres par

    larme polonaise

    LE CONTEXTE

    POUVOIRS LIMITSLes pouvoirs du prsident polo-nais sont limits, mais son lec-tion au suffrage universel luiassure une vritable autorit.Il est le chef des armes et estresponsable, avec le gouverne-ment, de la politique de dfense et des affaires trangres.

    DROIT DE VETOLe prsident dsigne le premier ministre dans les rangs de la ma-jorit parlementaire. Il a des pr-rogatives de nominations impor-tantes, notamment celles des juges et des ambassadeurs. Il peut mettre un veto des lois et en proposer.

    62,1 % de oui au rfrendum en Irlande

    Le mariage homosexuel a t approuv vendredi 22 mai par 62,1 % des lecteurs, selon les rsultats dfinitifs du rfrendum organis en Irlande. LIrlande devient ainsi le 19e pays lgaliser le mariage gay le 14e en Europe. Elle est par contre le seul pays lavoir fait par rfrendum. La mesure devrait entrer en vigueur cet t, et les premiers mariages, tre clbrs avant la fin de lanne. En 1993, le pays a libralis la vente de moyens de con-traception et lgalis les relations sexuelles entre personnes de mme sexe. Le divorce est autoris en 1995, et en 2010, le parte-nariat civil autoris. Lavortement reste interdit, sauf en cas de risque rel et substantiel pour la vie de la femme.

    Les enseignes

    de la grande

    distribution,

    notamment

    franaises,

    sont accuses

    de faire de

    la concurrence

    aux petits

    commerants

  • 4 | international MARDI 26 MAI 20150123

    Dans Palmyre contrle par lEI, lpuration a commenc Les djihadistes ont excut 217 personnes dans la ville syrienne

    beyrouth - correspondant

    Ce nest pas aux ruines dePalmyre, mais ses ha-bitants que lorganisa-tion Etat islamique (EI),

    le nouveau matre de la ville, a en-trepris de sattaquer en premier.Les djihadistes, qui se sont empa-rs des lieux mercredi 20 mai, ontpargn pour linstant les vestigesgrco-romains, qui font de cetteoasis du centre de la Syrie lun dessites archologiques les plus gran-dioses du Proche-Orient. En re-vanche, les soldats du califat nont pas tard se lancer dans une purge de grande ampleur, destine cimenter leur emprise sur le terrain.

    Au moins 217 personnes ont texcutes depuis le dbut de leur offensive contre Palmyre, il y a neuf jours, selon un communiqude lObservatoire syrien des droits de lhomme (OSDH), publi di-manche 24 mai. Les trois quarts des victimes sont des membres delarme, des miliciens et des agents du rgime syrien, abattus durant la progression de lEI vers laville ou dans les heures et les jourssuivant la droute finale des forcesloyalistes. Mais 67 civils, dont des femmes et des enfants, auraient galement t mis mort, selon lOSDH, qui prcise que certaines

    victimes ont t dcapites, comme lEI en a lhabitude.

    Lpuration a commenc , sex-clame Abou Ali Al-Badiya, le pseu-donyme dun opposant originaire de Palmyre, rfugi depuis quel-ques semaines en Turquie, mais en relation avec ses proches rests sur place. Selon cet homme qui travaille pour le gouvernement enexil mis en place par lopposition syrienne, une cinquantaine de col-laborateurs du rgime auraient notamment t tus, vendredi 22 mai, devant lune des mosquesde la ville, alors que les fidles sor-taient de la prire. Daech [acro-nyme arabe de lEI] a des espions en ville et ses hommes ont rcuprdes noms dhabitants travaillant pour Damas dans les bureaux desservices de scurit quils ont inves-tis , affirme cette source.

    Des vidos postes sur les r-seaux sociaux par des partisans de lEI ont montr des combat-tants en train de fouiller des bti-ments gouvernementaux. Par les haut-parleurs des minarets, les djihadistes ont appel la popula-tion livrer les partisans du r-gime encore prsents. Dimanche, Talal Barazi, le gouverneur de la province dHoms, dont Palmyre fait partie, a lui aussi accus lEI decommettre des massacres , tandis que la tlvision publique syrienne parlait de 400 excu-tions, en majorit des femmes et des enfants . Un chiffre que les observateurs manient avec m-fiance, compte tenu du fait que lesmdias officiels ont dlibrment menti, la chute de Palmyre, en af-firmant que larme avait vacu les civils, avant de prendre la fuite.

    Le rgime na secouru que songang, lche Abou Ali Al-Badiya. Laplupart des habitants sont tou-jours sur place, terrs dans leur do-micile. Ils nont pas dlectricit, presque pas deau. Il est impossiblede schapper, car la ville la plus

    comme chair canon, peu avant leffondrement des lignes loyalis-tes. On na pas vraiment le cur clbrer la chute de la prison, con-fie le jeune Syrien. On a trop peurque Daech sen serve pour empri-sonner ses adversaires.

    Bataille pour lhumanit

    Ces dveloppements sont suivis avec attention par les milliers de familles libanaises dont un mem-bre a disparu durant la guerre ci-vile (1975-1990). Prisonnires dun deuil impossible, beaucoup veulent croire que le fils ou le predont elles sont sans nouvelles de-puis des dcennies ne gt pas dansune fosse commune secrte, maisest toujours vivant, quelque part dans une cellule syrienne. Un fol espoir a mme couru dans ces mi-lieux, en fin de semaine, aprs quun militant islamiste de Tri-poli a dclar que des Libanais, quicroupissaient Palmyre depuis trente-cinq ans, taient en routepour la Turquie. Laffirmation at dmentie peu aprs par le mi-nistre de lintrieur libanais, No-had Machnouk, et par la respon-sable du Comit des familles de disparus, Wadad Halawani.

    LEI a plant son drapeau noir ausommet de la citadelle mameloukqui surplombe Palmyre. Selon le chef des antiquits syriennes, Maamoun Abdelkarim, quelques-

    uns de ses combattants ont mmepntr dans le muse de la ville, dont une grande partie des pices ont t vacues vers Damas, dansles jours prcdant loffensive des djihadistes. Mais, pour linstant, ces derniers ne semblent passtre livrs aux dmolitions et aux dprdations qui ont pu mar-quer leur entre dans dautres si-tes antiques, notamment en Irak. Ou du moins, aucune image attes-tant dun quelconque saccage nest apparue sur les rseaux so-ciaux. En cho aux cris dalarmede lUnesco, la mosque-univer-sit dAl-Azhar, lune des institu-tions les plus influentes de lislam sunnite, a considr que la sauve-garde du patrimoine de Palmyre devrait constituer une bataille

    pour lhumanit tout entire .Dimanche, les disciples dAbou

    Bakr Al-Baghdadi, le chef de lEI,ont encore consolid leur em-prise sur la Badiya, limmense steppe dsertique, qui stend lest dHoms et se fond dans la province irakienne dAnbar, louest de Bagdad. Ils se sont em-pars du poste-frontire irakien dAl-Walid, trois jours aprs la con-qute de son pendant syrien, Al-Tanaf, sassurant ainsi le contrle des principales routes reliant les deux pays. Des dix-neuf points de passage existant entre la Syrie etses quatre voisins (Liban, Jorda-nie, Irak et Turquie), Damas nen contrle plus que cinq, tous lelong de la frontire libanaise. p

    benjamin barthe

    Capture dcran dune vido du mdia djihadiste Welayat Homs, du 21 mai, montrant laroport de Palmyre aprs sa prise par lEI. AFP

    Les juifs belges vivent dans la crainte dun nouvel attentatUn an aprs lattaque contre le Muse juif de Bruxelles, certains juifs belges se plaignent de harclement et songent quitter le pays

    bruxelles - correspondant

    I ls sont trois, rencontrs desmoments diffrents, user dela mme image : Les juifssont comme des canaris dans unemine. Quand ils sen vont, ungrand malheur sannonce. Un anaprs lattaque contre le Musejuif de Bruxelles, sans doute com-mis par Mehdi Nemmouche, un islamiste radical franais actuelle-ment emprisonn, la commu-naut juive de Belgique se de-mande si elle doit partir ou rester.

    On voque quelque 500 person-nes seulement qui auraient quittle royaume, vers Isral ou ailleurs,sur une communaut de 35 000 membres. Je ne connaistoutefois pas une seule famille qui ne sinterroge pas , explique Jol Rubinfeld, le prsident de la Liguebelge contre lantismitisme.

    Les rcits inquiets abondent.Une tudiante de lUniversit li-bre de Bruxelles demandant prendre le nom de sa mre, celuide son pre, trop juif , lui va-lant dtre harcele. Une lycenne

    qui a d quitter un tablissementdu quartier populaire de Laeken,dans le nord de la capitale, elle aussi victime dattaques diver-ses : elle y tait la dernire lvejuive. Les W. dUccle, banlieueaise de Bruxelles, ont enlev leurnom de la porte dentre, ne veu-lent plus aller au magasin casher et ont plac leur cadet dans unecole catholique. Pour quil nesoit pas une cible, pour quil naitplus passer entre quatre soldats arms surveillant lcole juive ,dit Claire, sa maman.

    Jen ai pleur

    Si un pre de famille me consulte sur un dpart ventuel, je lui de-mande sil est sioniste. Si cest le cas,je lui dis daller sinstaller en Isral. Sinon, je lui dis que je comprends sapeur, mais quil doit lutter avec moi , dclare Maurice Sosnowski.Cet anesthsiste a prsid le Co-mit de coordination des organi-sations juives de Belgique. Et il es-time que le simple fait que cer-tains sinterrogent aujourdhui sur un exil est un signe inquitant .

    En 2009, une manifestationcontre la rpression isralienne Gaza a t maille de nombreux Mort aux juifs ! Des slogans condamns trop mollement par une classe politique souponnede faiblesse ou de compromis-sion parce quelle serait con-trainte, Bruxelles surtout, demnager limportante commu-naut musulmane. Et aprs lat-tentat de mai 2014, dploreM. Sosnowski, il a fallu attendretrop longtemps aussi pour queles autorits dcrtent la tol-rance zro lgard des actes anti-

    smites. Le mdecin se souvient galement avec motion de ce jour o il sest rendu chez le pre-mier ministre pour lui demanderune meilleure protection des lieux frquents par la commu-naut : des journalistes ont im-mdiatement tweet Les juifs veulent de largent . Jen aipleur , affirme le mdecin.

    Des musulmans restentouverts au dialogue, mais je crainsquils soient de plus en minoritai-res , dplore Jenny N. Cette Fran-aise, qui veut quon taise son pa-tronyme, a fait le choix ( pourmes enfants ) de sexiler dans la banlieue de Tel-Aviv : Nous par-tons en juillet et cest un cr-ve-cur, mais notre scurit doit primer. Ma vritable inqui-tude porte sur le moyen terme, dit de son ct M. Rubinfeld. Lisla-misme alimente lextrme droite, et nous pourrions avoir affaire auxdeux faces dune mme pice, sauf si les forces dmocratiques ragis-sent nergiquement.

    Entre-temps, le Centre pourlgalit, un organisme para-tati-

    que, a reu 160 plaintes pour actesantismites en 2014. Une aug-mentation de 60 %. Un bar a affi-ch : Interdit aux chiens et aux sionistes. Je ne peux plus allerdans le centre de Bruxelles sans ca-cher ltoile de David que je porte au cou, dit Jenny. Et je revis quel-que chose

    Les rcents attentats en Europene visaient pas uniquement desjuifs, mais notez qu Paris, Bruxelles, Copenhague ils ont, chaque fois, vis galement des juifs, analyse M. Rubinfeld. Quandun totalitarisme merge, il teste la dmocratie. Il faut comprendreque la menace est plus large et nevise pas seulement les canarisque nous sommes

    Son arrire-grand-pre a d fuirla Russie, son grand-pre a t forc de quitter la Pologne pour lAutriche, son pre a quitt lAutri-che aprs la Nuit de cristal : Nous avons la tradition de la va-lise, et jesprais poser dfinitive-ment la mienne. Aujourdhui, je ne sais pas. Je minterroge. p

    jean-pierre stroobants

    Je ne peux plus

    aller dans le centre

    de Bruxelles sans

    cacher ltoile

    de David que

    je porte au cou

    JENNY N.

    Franaise installe Bruxelles

    proche, Homs, est plus de 150 km.Les gens vivent dans la hantise des excutions de Daech et des bom-bardements du rgime.

    En bordure de la ville, le bagnede sinistre mmoire, o des cen-taines de dissidents syriens ont pri durant le rgime dHafez Al-Assad, le pre de Bachar, est dsor-mais vide. Des sources concordan-tes au sein de lopposition affir-ment quune partie des dtenus, commencer par les prisonniers politiques les plus importants, ont t transfrs vers Homs du-rant la retraite des militaires etque le restant, notamment des prisonniers de droit commun, ontt relchs par lEI, aprs sa con-qute de la ville. Selon Abou Ali Al-Badiya, des dserteurs et des in-soumis, apprhends par larme et incarcrs Palmyre, auraientaussi t expdis sur le front,

    Les hommes

    de lEI ont

    rcupr des

    noms dhabitants

    travaillant

    pour Damas

    ABOU ALI AL-BADIYA

    opposant originaire de Palmyre

    Deir ez-ZorSYRIE

    TURQUIE

    IRAK

    JORDANIE

    LIBAN

    Damas

    Rakka

    Palmyre

    100 km

    LE CONTEXTE

    ATTENTATLe 24 mai 2014, la veille dlec-tions lgislatives en Belgique, un homme arm fait irruption au Muse juif, Bruxelles, et tue quatre personnes, dont deux touristes israliens.

    MEHDI NEMMOUCHELe Franais Mehdi Nemmouche, est arrt, par hasard, Mar-seille une semaine plus tard, porteur darmes et dun message annonant que la capitale belge sera mise feu et sang .Extrad, il nie sa participation lattentat mais a sjourn en Sy-rie. Un de ses complices prsu-ms, Nacer Bendrer, a gale-ment t extrad vers la Belgique. Un autre homme, non identifi, a t film avec Nem-mouche, Bruxelles.

    Les Etats-Unis critiquent larme irakienne

    Larme irakienne na pas montr de volont de se battre pour dfendre la ville de Ramadi, tombe il y a une semaine aux mains de lorganisation Etat islamique (EI), a accus dimanche 24 mai le secrtaire amricain la dfense. Les soldats irakiens dpas-saient largement en nombre les forces adverses , mais ils ne sont pas parvenus se battre et se sont retirs de la zone , a regrett Ashton Carter, dont la stratgie anti-EI est svrement critique depuis la chute de Ramadi. Celui-ci a reu des informa-tions inexactes , a rtorqu le premier ministre Haider Al-Abadi, dans une interview la BBC, ajoutant que Ramadi serait reprise dans quelques jours par larme irakienne. Renforce par des tribus sunnites et des miliciens chiites, celle-ci est parvenue re-prendre samedi la ville de Houssayba, 7 km lest de Ramadi.

  • 0123MARDI 26 MAI 2015 international | 5

    La crise politique saggrave au Burundi Lopposition sest retire des ngociations aprs lassassinat dun de ses responsables

    bujumbura - envoy spcial

    On couvre les corps depagnes modestes etdlavs avant de lesemporter. Dans lobs

    curit, on devine des flaques de sang sur le sol, des fruits et des lgumes parpills, que pitinent prsent des policiers. Des grena-des viennent dtre lances sur lemarch en plein air dans le centre de Bujumbura : trois morts, prs de quarante blesss, en grandemajorit des petites vendeuses de fruits et lgumes, qui espraient profiter de la trve dclare quel-ques heures plus tt par la coali-tion qui mne la contestation con-tre la perspective du troisime

    mandat du prsident Pierre Nku-runziza lors de llection de juin.

    Lespace dun week-end, la capi-tale du Burundi esprait repren-dre ses esprits, alors que les mani-festations durent depuis un mois et paralysent une grande partie des activits. La contestation a t dclenche par lannonce, le25 avril, de la nomination deM. Nkurunziza comme candidat sa propre succession par le partiau pouvoir, le Conseil national pour la dfense de la dmocratie-Forces pour la dfense de la dmo-cratie (CNDD-FDD). Cette candida-ture avait suscit une vive opposi-tion dans la socit civile et lop-position, mais aussi au sein mmedu parti. Dans le CNDD-FDD, des dissidents, qui avaient sign une lettre pour signifier leur dsac-cord, ont t rduits au silence.

    Les divisions ont t masques,mais une dmonstration a t faite : lopposition Pierre Nkuru-nziza ne sest pas faite sur une baseethnique mais politique. Les parti-sans de M. Nkurunziza ont tir avantage dune contradiction dans les termes des textes de la Constitution et des accords de paix dArusha, qui ont mis fin la guerre civile en plusieurs tapes jusqu 2005. Ctait il y a dix ans, et tout semblait alors sourire en-fin au pays, au sortir dun conflit qui avait fait, en une dizaine dan-nes, environ 300 000 victimes, letout ponctu de nombreux mas-sacres sur des bases ethniques.

    Pendant la guerre civile, les atta-ques la grenade taient frquen-tes : ce vendredi soir, Bujumbura

    est donc spcialement secouepar le retour de ces mthodes en plein centre-ville. Le lendemain,un nouveau coup est port la trve du week-end : un responsa-ble de lopposition, Zedi Feruzi, esttu devant chez lui. Le 19 mai, iltait Musaga, le bastion de la contestation, o il dclarait : Ils ont tout mis en uvre pour nousterroriser () Continuez cette lutte, car nous avanons et nous rappro-chons, prs de la victoire. Je vous le dis, il reste peu de jours avant la victoire. Lhomme tait un pro-che dHussein Radjabu, le cerveaupolitique du CNDD-FDD pendant la dernire phase de la guerre ci-vile. Depuis 2007, il stait brouillavec M. Nkurunziza, avait t ar-rt, condamn, emprisonn.

    Menace de mort

    Ni les grenades ni cet assassinat politique nont cass la contesta-tion. Le prsident Nkurunziza es-time que le pays est calme , et que cette contestation ne touche que quelques quartiers de Bujum-bura, pargnant 99 % du Bu-rundi . Des quartiers tutsi, af-firme Pascal Nyabenda, le prsi-dent du CNDD-FDD. Dsormais, des responsables du parti tentent dethniciser la situation. Voil qui effraie encore un peu plus, au Bu-rundi. Durant le week-end, la coor-dination de la campagne contre untroisime mandat avait annonc un arrt des manifestations afin de permettre aux habitants des quartiers de souffler, de faire des provisions, mais aussi pour que se tiennent de trs discrtes ngocia-

    tions sous lgide des Nations unies, Bujumbura. Une source onusienne se disait, samedi soir, confiante dans lavance de ces discussions, parlait de trois axes de ngociations .

    A peine cette source avait-ellefait part de son espoir quon ap-prenait lassassinat de Zedi Feruzi et la dcision des anti-Nkurunzizade quitter les ngociations, affir-mant dans un communiqu : On ne dialoguera pas dans lesang et sous la menace de mort. Les responsables de la fronde an-ti-troisime mandat pensent quune liste dassassinats politi-ques sur laquelle ils figurent a t tablie. Les discussions se heur-tent, de plus, lintransigeance detoutes les parties.

    Les opposants Pierre Nkurun-ziza exigent le retrait de sa candi-dature. Le pouvoir, de son ct, est dtermin organiser des lec-tions (locales et lgislatives le 5 juin, puis prsidentielle le 26 juin) toute force, et mainte-

    nir cette candidature. La prsiden-tielle est loin den tre le seul enjeu.Les lgislatives, galement, sont cruciales. Si elles avaient lieu dans ce climat dintimidation, avec une commission lectorale sous con-trle du CNDD-FDD, celui-ci em-porterait sans doute une victoire crasante. Cette majorit au Parle-ment lui permettrait de faire voter toutes sortes de textes. Notam-ment ceux, fondamentaux, qui re-quirent pour tre adopts une majorit aux quatre cinquimes, ouvrant alors la voie la possibilitde mettre fin aux dispositions de laccord de paix dArusha fixantdes quotas ethniques dans lar-me, la police ou le Parlement. En somme, la fin de la protection de lacommunaut tutsi.

    Faut-il organiser des lections,alors que la plupart des conditionsne sont pas remplies et que le paystremble de basculer dans des vio-lences plus graves ? Le pouvoir sefforce de parvenir, marche for-ce, jusquau scrutin du 5 juin. Les bailleurs de fonds taient en train de suspendre laide lectorale et leBurundi ntait pas certain de pouvoir financer le processus. Comment payer les lections dansce contexte ? Selon plusieurs sources, plus de 20 millions de dollars (18 millions deuros) auraient t retirs des comptes des diffrents ministres pour fi-nancer le scrutin. Une manuvre qui devrait entraner une ruptureavec les institutions financires internationales et accentuer la d-rive du Burundi. p

    jean-philippe rmy

    Les responsables

    de la fronde anti-

    troisime mandat

    pensent quune

    liste dassassinats

    politiques

    sur laquelle

    ils figurent

    a t tablie

    ISRALEhoud Olmert condamn huit mois de prison pour corruptionLancien premier ministre (2006 2009) Ehoud Olmert a t condamn, lundi 25 mai, par un tribunal de J-rusalem huit mois de pri-son ferme pour corruption aggrave. Les avocats de M. Olmert, 69 ans ont an-nonc quils faisaient appel, ce qui suspend lapplication de la peine. (AFP.)

    RUSSIELEurope et les Etats-Unis dnoncent une nouvelle loi sur les ONGLUnion europenne et les Etats-Unis ont exprim leur inquitude, dimanche 24 mai, aprs la promulgation, sa-medi soir, par le prsident Vladimir Poutine, dune loi interdisant des ONG indsi-rables , selon les termes de Moscou. Nous craignons que cette nouvelle lgislation ne restreigne encore davan-tage le travail de la socit ci-vile en Russie , a dit Marie Harf, porte-parole adjointe du dpartement dEtat. (AFP.)

    UKRAINEMort dun chef sparatiste dans lest du paysUn chef sparatiste de lest de lUkraine, Alexe Mozgovo, a t tu, samedi 23 mai, dans lattaque de sa voiture, lors dun rglement de comptes entre factions rivales, selon la version donne, dimanche, par les autorits ukrainien-nes. Ce combattant rebelle commandait un bataillon de la Rpublique populaire autoproclame de Lougansk. (AFP.)

    LE CONTEXTE

    MANIFESTATIONSDepuis la fin avril, Bujumbura, la capitale burundaise, est agite par des manifestations contre la volont du prsident Pierre Nku-runziza de briguer un troisime mandat lors de llection prvue le 26 juin. En dpit dune tren-taine de morts dans les manifes-tations, de la fuite vers les pays voisins de plus de 100 000 Bu-rundais, des divisions au seinde larme qui ont men une tentative de coup dEtat avorte et des pressions diplomatiques, le camp prsidentiel ne montre aucun signe de flchissement.

  • 6 | international MARDI 26 MAI 20150123

    Le gouverneur rebelle dOkinawa dfie TokyoTakeshi Onaga mne la fronde contre le projet de nouvelle base amricaine dans larchipel japonais

    PORTRAITnaha (japon) - envoy spcial

    Contraindre le gouverne-ment central de respec-ter la volont des habitants dOkinawa est la

    mission dont sest investi Takeshi Onaga, gouverneur de ce petit archipel au sud du Japon. Fort dun solide mandat populaire, il est le premier gouverneur tenir tte Tokyo aussi vigoureusement.

    Rien ne prdisposait ce politi-cien local, venu du camp conser-vateur, jouer les Don Quichotte bravant la fois Tokyo et Washing-ton. Le projet de construction dune nouvelle base amricaine de marines Henoko, sur la ctenord-est de lle principale, destine remplacer celle de Futenma, lune des plus dangereuses du monde par sa situation en pleine ville de Ginowan, a provoqu laf-frontement. Les lecteurs mont accord leur confiance, fait valoir M. Onaga, et je suis rsolu utilisertous les moyens pour arrter ceprojet. La base de Futenma doit tre ferme, mais non pour tre transfre Henoko.

    Selon les sondages, 80 % de la po-pulation dOkinawa soppose ce transfert. Dimanche 24 mai, des milliers de manifestants, 15 000 selon les organisateurs, ont en-tour le Parlement local en bran-

    dissant des pancartes hostiles au projet.

    M. Onaga, dont le pre, institu-teur et pote, fut maire dune pe-tite ville, a fait toute sa carrire dans les rangs du Parti libral-d-mocrate (PLD, droite au pouvoir). Membre du conseil municipal de Naha, la capitale, puis du conseil prfectoral dOkinawa et maire de Naha pour quatre mandats cons-cutifs (2000-2014), il a remport triomphalement, en dcem-bre 2014, le poste de gouverneur.

    Revendication identitaire

    Cet homme de 65 ans na riendun militant. Mais son indigna-tion face la morgue de Tokyo en a fait un rebelle en qui les Oki-nawaens se reconnaissent : le17 mai, il rassemblait 35 000 per-sonnes un meeting au stade deNaha. Son message est accueilli dautant plus favorablement quil se veut lexpression dune reven-dication identitaire, baptise ici okinawashugi ( okinawasme ), sans coloration partisane.

    Estimant que le gouvernementcentral est sourd ses arguments, M. Onaga a dcid dinternationa-liser la question dOkinawa o sont concentrs les deux tiers des 47 000 soldats amricains d-ploys au Japon. Aprs Pkin et Taipei, il se rendra, le 27 mai, Washington, o son administra-tion a ouvert un bureau de repr-sentation, au grand dam de To-kyo, qui fait pression sur Washington pour touffer la voixdu gouverneur. M. Onaga entend faire valoir auprs de ses interlo-cuteurs quil nest pas oppos autrait de scurit entre les Etats-Unis et le Japon, mais quil refuse de transformer davantage Oki-nawa en un bastion militaire. Ignorer la volont populaire lo-cale risque de compromettre la solidit de lalliance en mobilisantla population contre la prsence militaire amricaine, estime-t-il.

    Dans une interview au quotidienAsahi, Joseph Nye, professeur Harvard et ancien secrtaire ad-joint la dfense sous Bill Clinton, nest pas loin de partager ce point de vue : Si la population dOki-nawa tait favorable au transfert de la base Henoko, je le serais ga-lement, mais ce nest pas le cas et il faut donc y penser deux fois. Ce

    projet de transfert, en souffrance depuis 1996, est devenu un abcs de fixation qui dpasse les clivagesgauche-droite. Le feu vert donn ce projet par le prcdent gouverneur, Hirokazu Nakaima, a t ressenti comme une trahison par les Okinawaens et llection deson successeur a pris le tour dun rfrendum sur cette question.

    Entre-temps, le maire de Nago(dont dpend Henoko), adversaire

    du projet, avait t rlu. Lopposi-tion tait claire, mais Tokyo la ignore, ravivant un ressentiment enfoui chez les habitants. A la suitede lannexion en 1879 par le Japon du petit royaume indpendant et prospre des Ryukyu (qui devint ledpartement dOkinawa), la popu-lation fut discrimine puis brutali-se par larme impriale pendant la guerre avant de se voir imposer les bases amricaines : Les terres quelles occupent nous ont t vo-les, a proclam M. Onaga lors du meeting du 17 mai. Jusquen 1972, nous avons t abandonns par le Japon et placs sous ladministra-tion amricaine. Aujourdhui, To-kyo exige que nous continuions porter le fardeau des bases ou que nous proposions une autre solu-tion pour fermer Futenma. De qui se moque-t-on ? , a-t-il lancen dialecte local sous les ovations.

    Dans tous ses discours, il rap-

    pelle lhistoire tragique de lArchi-pel, ravivant un sentiment didentit locale , estime MasaruSato, Okinawaen de souche et an-cien fonctionnaire du ministredes affaires trangres Tokyo.Cette revendication identitaire se double dintrts conomiques.Le revenu par habitant Okinawa est parmi les plus faibles du Japon.Longtemps, les bases amricainesont constitu une part impor-tante du produit intrieur brut,mais elles nen reprsentent d-sormais que 4 %. Elles sont deve-nues un obstacle notre dvelop-pement , souligne M. Onaga.

    Un fonds de solidarit

    Les milieux daffaires partagent cepoint de vue. Morimasa Goya, le prsident du groupe htelier Ka-nehide, a lanc, avec dautres in-dustriels, un fonds de solidaritpour Okinawa, qui, en deux mois,

    a permis de collecter 210 millions de yens (1,6 million deuros) : No-tre lutte nest plus un combat soli-taire, mais national , proclame-t-il. Le ralisateur de films dani-mation Hayao Miyazaki en est le porte-drapeau.

    Bien que les pouvoirs dun gou-verneur soient limits sur les questions touchant la scurit nationale, lactivisme de M. Onagaembarrasse le premier ministre, Shinzo Abe, qui sest engag auprs du prsident Obama con-duire la construction de la nou-velle base. Dans un rcent rapport,le service de recherches du Con-grs amricain estime que le cli-mat politique Okinawa pourrait rendre difficile la ralisation par To-kyo du transfert de la base de Fu-tenma Henoko . Fort de son soutien populaire, M. Onaga ne semble pas disposer transiger. p

    philippe pons

    Japon : les aquariums contre la chasse aux dauphinsLes critiques se multiplient contre la traditionnelle capture annuelle de globicphales Taiji

    tokyo - correspondance

    M enacs dexclusionpar lAssociation inter-nationale des zoos etaquariums (WAZA), les aqua-riums japonais ont dcid, le21 mai, de ne plus acheter de dau-phins capturs Taiji, petit port de pche du dpartement de Wa-kayama, dans le centre du pays.De tradition baleinire depuis le XVIIe sicle, Taiji est chaque an-ne le thtre dune importante et controverse campagne dechasse aux dauphins. Les p-cheurs les attirent dans une baieisole avant de les tuer ou de lescapturer.

    Cette pratique a fait lobjet dundocumentaire aux images cho-quantes prises pour la plupart linsu des habitants de Taiji. The Cove (La Baie de la honte) fut r-compens dun Oscar en 2010. Lapetite ville, dont les effectifs de police ont t augments pour viter les heurts entre militantset pcheurs, est rgulirement critique pour cette chasse.

    Lambassadrice des Etats-Unisau Japon, Caroline Kennedy, se disait en janvier profondmentproccupe par linhumanit de la

    pche aux dauphins par rabat-tage . Elle rappelait loppositionde Washington cette pratique.

    Ces considrations ont incit laWAZA menacer dexpulsion, enavril, sa branche japonaise, lAs-sociation japonaise des zoos etaquariums (JAZA). Une telle me-sure pouvait avoir des cons-quences graves pour les 89 zoos et 63 aquariums membres de laJAZA, elle aurait en effet compli-qu lobtention despces rares ltranger.

    Lourdes consquences

    La WAZA a brandi cette menacecar elle est elle-mme vise parune plainte dorganisations deprotection des mammifres ma-rins qui lui reprochent de tolrerlachat par ses adhrents de dau-phins de Taiji. De fait, la WAZAacceptait la chasse mene Taiji en invoquant une tradition scu-laire. Les militants estiment au contraire que la premire chasse de grande ampleur ne date quede 1969.

    Pour Taiji, la dcision prisepourrait avoir de lourdes cons-quences. Depuis linterdiction dela chasse la baleine en 1986,lconomie de la petite ville de

    3 400 habitants dpend essen-tiellement de la chasse aux dauphins.

    Daprs lagence des pches,1 239 dauphins soit moins que les quotas fixs par le gouverne-ment y ont t pris en 2013. La plupart ont t tus, sauf 172 quiont t capturs vivants pourtre vendus des aquariums, au Japon comme ltranger, no-tamment en Chine, o la de-mande augmente.

    Un dauphin vivant se ngocieau minimum 8 200 dollars(7 460 euros), soit dix fois plusque ceux qui ont t tus pourtre consomms.

    Les ractions la dcision de laJAZA ont t vives au Japon. Le

    gouverneur de Wakayama, Yoshi-nobu Nisaka, a dplor une forme de harclement dumonde entier . Le porte-paroledu gouvernement, YoshihideSuga, a dfendu une mthode de pche durable, utilise souscontrle gouvernemental et sap-puyant sur des arguments scienti-fiques . Pour M. Suga, la chasse est mene avec attention pourne pas faire souffrir les dau-phins .

    Le maire de Taiji, Kazutaka San-gen, a annonc que la ville envi-sageait de crer une zone dle-vage des dauphins. Mais il a exclude renoncer la chasse. Le gou-vernement comme le dparte-ment reconnaissent cette activit,a-t-il dclar. Il ny a absolument rien de mal.

    La polmique intervient alorsque lArchipel est en ngociationavec la Commission baleinireinternationale (CBI) pour repren-dre les oprations de chasse la baleine dans lAntarctique, stop-pes en 2014 aprs que la Courinternationale de justice a estimquil maquillait une activit commerciale en programme derecherche. p

    philippe mesmer

    En 2013,

    1 239 dauphins

    ont t pris Taiji.

    Seuls 172

    spcimens ont

    t capturs

    pour tre vendus

    des aquariums

    Le gouverneur dOkinawa, Takeshi Onaga, lors dune confrence de presse Naha, le 18 mai. KYODO/MAXPPP

    Aprs Pkin et

    Taipei, M. Onaga

    se rend mercredi

    Washington,

    o il a ouvert

    un bureau de

    reprsentation

    OGMManifestations contre MonsantoDe Paris Ouagadougou et Rio, des milliers de personnes ont manifest, samedi 23 mai, contre le gant amri-cain de la biotechnologie agricole Monsanto, et plus spcialement contre les OGM, pesticides et autres produits chimiques. Des ap-pels manifester avaient t faits dans plus de 400 villes situes dans une quarantaine de pays. Lance en 2013, la Marche mondiale contre Monsanto se rclame dune dynamique citoyenne, autog-re par les groupes qui sen emparent localement . Lher-bicide Round Up, produit phare de Monsanto rcem-ment class comme canc-rogne probable par lOrga-nisation mondiale de la sant, tait cibl par les mani-festants. (AFP.)

    TATS-UNISInondations meurtriresDes inondations causes par des pluies torrentielles ont fait au moins trois morts et dtruit des centaines dhabi-tations, dimanche 24 mai, dans le sud des Etats-Unis, au Texas et dans lOklahoma, se-lon les autorits, qui prvien-nent quune nouvelle dgra-dation des conditions

    mtorologiques est atten-due. Au Texas, la municipalit de San Marcos, la ville la plus durement touche, a ordonn aux habitants dvacuer leurs maisons. Des images tlvi-ses montraient des voitures et des camions submergs et des gens flottant sur des chai-ses longues gonflables dans les rues de la ville, transfor-mes en rivires. (AFP.)

    ENVIRONNEMENTStocamine : arrt partiel du retrait des dchets dangereuxLe retrait de dchets toxiques enfouis sur le site de Stoca-mine Wittelsheim (Haut-Rhin), qui contient 44 000 t de dchets particulirement dangereux , a t partielle-ment arrt pour des raisons de scurit, six mois aprs le dbut des travaux. Une pro-fonde fissure transversale et un dcollement du toit ont entran une dgradation considrable des conditions du dstockage sur lune des zones de chantier. Le chan-tier, qui devait durer cinq ans, a dmarr en novembre 2014. Des travaux de scurisation autour de la zone abandon-ne devront tre mens. Ils devraient renchrir le cot des oprations, chiffr pour lheure 183 millions deuros, financs par lEtat. (AFP.)

    LE CONTEXTE

    BASE AMRICAINESitue dans la ville de Ginowan, la base amricaine de Futenma doit tre transfre vers une r-gion littorale moins peuple, dans le nord-est dOkinawa. Lar-chipel avait t occup par les Amricains aprs la dfaite du Japon en 1945, puis rtrocd au Japon en 1972. Il hberge plus de la moiti des 47 000 sol-dats amricains, une cohabita-tion mal vcue par la population qui dnonce les nuisances sono-res, les risques daccident, mais aussi des cas de viols commis par les soldats amricains ces dernires annes.

  • 0123MARDI 26 MAI 2015 france | 7

    Je ne suis pas oppos au recours au 49-3 Pour Franois Rebsamen, le texte sur le dialogue social doit pouvoir tre adopt une majorit large

    ENTRETIEN

    Le ministre du travail,Franois Rebsamen, r-pond aux critiques por-tes contre son projet de

    loi sur le dialogue social, que les dputs examinent en premirelecture partir du mardi 26 mai.

    Le prsident de la Rpublique voulait que chaque texte de loi consacr au monde du travail soit adoss un accord entre les partenaires sociaux. Mais lex-cutif a d reprendre la main sur la rforme du dialogue social aprs lchec des ngociations, fin janvier. La mthode Hol-lande ne marche plus ?

    Pas du tout. Le dialogue socialmarche bien en France et joue un rle-cl dans le bon fonctionne-ment de lconomie. En 2014, plusde 36 000 accords ont t con-clus. Sur la ngociation relative audialogue social, les partenaires so-ciaux nont pas russi senten-dre. Ils ntaient pourtant pas trsloin daboutir.

    Pourquoi cet chec, selon vous ?Le sujet est difficile. Et le monde

    patronal est divis, cause du pro-cessus en cours pour dterminer, pour la premire fois, la reprsen-tativit des organisations dem-ployeurs en 2017. Le Medef et laCGPME se livrent une batailleacharne pour rcolter les voixdes petites entreprises. La dsu-nion rgne aussi chez les syndi-cats de salaris. Mais il y aura dautres accords qui scelleront le dialogue social, jen suis sr. Et lorsque les ngociations ne d-bouchent sur rien, il est normal que le pouvoir politique reprennela main, sauf se satisfaire du statu quo ou de limmobilisme.Personne ne la dailleurs contestpour ce texte.

    Le texte est trs technique et aborde une multitude de th-matiques : les instances repr-sentatives du personnel, lassu-rance-chmage des intermit-

    tents du spectacle Nest-il pas difficile dchiffrer ?

    De multiples domaines sont r-gis par des textes assez touffus : lenvironnement, la construc-tion Le code du travail ny chappe pas. Ce quil faut, cest simplifier la prsentation, et lex-plication qui en est donne. Ce projet de loi rpond deux exi-gences. La premire est dordre d-mocratique : il sagit de permettreune reprsentation de tous les sa-laris, quelle que soit la taille de lentreprise, grce des commis-sions rgionales au sein desquel-les sigeront des reprsentants patronaux et salaris. Cela restera une grande avance sociale.

    Seconde exigence : lefficacitconomique. Notre but est deveiller ce que le dialogue socialsoit de meilleure qualit, plussimple, moins formel et plus int-ressant, ce qui permettra, au pas-sage, de contrecarrer une ten-dance proccupante : lpuise-ment des vocations dans lechamp de la reprsentation dupersonnel. Ce texte nest pas une rvolution. Dailleurs, je nai ja-mais prtendu que cen tait une. Cest un texte dvolution pro-fonde et de progrs social.

    Une large partie du patronat voit dans les commissions r-gionales, que vous venez dvo-quer, une intrusion offensante pour les responsables de PME. Quen pensez-vous ?

    Un mode de reprsentationidentique celui que nous met-tons en place existe dj pour les artisans. Je men suis dailleurs inspir. Et il ne serait pas valablepour les autres petites entrepri-ses ? Les critiques du Medef et de la CGPME me paraissent excessi-ves. Il ny a pas dintrusion dans lefonctionnement des petites en-treprises ni de droit cr entrerdans lentreprise sans autorisa-tion de lemployeur. Nous instau-rons un lieu de dialogue au ni-veau rgional ddi aux probl-mes spcifiques des TPE et de leurs salaris.

    Les fministes trouvent que votre projet de loi malmne la cause de lgalit hommes-femmes. Vous les prenez pour des quiches , pour employer une de leurs formules ?

    Elles font allusion au rapport desituation compare hommes-femmes, qui permet didentifierles ingalits dans les entreprises et de dfinir des actions pour les corriger. Mais notre texte ne fai-

    sait que sinscrire dans la ligne de la loi sur lemploi du 14 juin 2013, elle-mme issue dunaccord national interprofession-nel, qui prvoyait lintgration progressive des divers rapportsdans une base de donnes uni-que. A lpoque, cela navait sus-cit aucune leve de boucliers.

    Nous avons rpondu aux in-quitudes qui se sont manifestesen amendant le texte : lanalyse de situation compare sera bien au cur des ngociations, et tous les items aujourdhui inscrits dans le rapport de situation com-pare, qui sont rappels par la loi, figureront dans la base de don-nes unique des entreprises.Noublions pas une autre avance sociale majeure permise par ce texte : dsormais, la constitution de listes aux lections profession-nelles imposera une proportion de femmes quivalente celle du

    corps lectoral et mme la parit en tte de liste.

    En 2014, vous aviez dclar tre favorable une suspension des obligations des entreprises quand elles atteignent le seuil de 50 salaris. Cette piste nest pas reprise dans votre texte. Vous ny croyez plus ?

    Javais mis cette propositionpour voir si une telle mesure cre-rait des emplois, comme lassurele patronat. Mais tous les respon-sables de centrales syndicales y taient hostiles. Je ne suis pas all plus loin, car je veux que les cho-ses voluent dans le bon sens avecladhsion des partenaires so-ciaux. Je tiens souligner que le projet de loi supprime certains seuils et donne plus de souplesse aux socits employant de 50 300 salaris. Celles-ci pourrontmettre en place une dlgation

    unique du personnel [DUP] re-groupant le comit dentreprise[CE], les dlgus du personnel et le comit dhygine, de scurit etdes conditions de travail [CHSCT]. Un tel dispositif permettra davoirun dialogue moins formel et plus intressant.

    En permettant aux patrons dentreprises de 50 300 sala-ris dabsorber le CHSCT dans la DUP, ne craignez-vous pas que les questions lies la santau travail soient escamotes ?

    La crainte que vous voqueznest pas justifie. Les problmati-ques de sant, dhygine et de conditions de travail seront, au contraire, plus prsentes dans le dialogue au sein des entreprises. Le nombre dlus qui pourront en parler et le nombre dheures quipourront y tre consacres serontplus importants quaujourdhui

    dans les entreprises de 50 200 salaris.

    Thomas Piketty a crit que la prime dactivit, prvue dans votre texte, est lune des rfor-mes les plus rates du quin-quennat, parce quelle va fonc-tionner comme le RSA-activit. Or ce dispositif avait pour d-faut dtre utilis par une mino-rit des bnficiaires potentiels.

    Jai du respect pour lcono-miste Piketty. Mais jen ai encore beaucoup plus pour celles et ceuxqui, au quotidien, luttent contre lexclusion, la pauvret. Les asso-ciations engages dans cette ac-tion ont trouv que la prime dac-tivit tait une grande avancepar rapport au RSA. Le taux de re-cours sera beaucoup plus impor-tant que ce que dit Thomas Pi-ketty, car nous allons simplifier le mode de fonctionnement de cet outil.

    Craignez-vous que votre loi subisse le mme sort lAssemble que la loi Macron en fvrier ? Envisagez-vous lusage du 49-3 si besoin ?

    Je ne suis pas oppos au recoursau 49-3, mme si je ne le souhaite pas. Nous avons pris le maximum de dispositions pour que lexamende la loi se passe bien. Je pense quelle peut tre adopte une majorit large. Elle a dj reu unaccueil favorable du bureau natio-nal du PS, et nous avons t lcoute de beaucoup damende-ments prsents en commission. Pendant lexamen, nous continue-rons considrer toutes les de-mandes de la majorit condition,bien sr, quelles ne dnaturentpas lquilibre gnral du texte. p

    bastien bonnefouset bertrand bissuel

    Au PS, la motion qui soutient lexcu-tif est majoritaire. Mais un militant socialiste sur deux nest pas venu vo-ter le 21 mai. Cest quand mme un problmeQue le prsident, le premier ministre, le gouvernement et la direction du PS ob-tiennent 60 %, cest une satisfaction. Mais cest vrai, il y a un problme de par-ticipation qui traduit une attente des ad-hrents du PS et qui reflte aussi lat-tente des lecteurs de gauche sur les r-sultats de notre politique.

    Du ct du parti, il faut absolument re-trouver une dmocratie interne plus vi-vante pour enfin mener le combat con-tre la droite. Il y a dsormais une majo-rit incontestable, alors cessons dedbattre uniquement entre nous et d-battons contre la droite.

    Franois Hollande dit que le temps de la redistribution est venu . Quest-ce que cela signifie ?

    Il y a eu trois temps dans le quinquen-nat. Dabord, le temps du redressement aprs tous les dgts causs par la droite,pour poser les bases de lavenir sur larindustrialisation, lcole, le numri-que Il y a eu ensuite le temps de la pro-tection face tous ceux qui agitent les peurs du dclassement ou de lchec franais.

    Doit souvrir maintenant le temps duprogrs social et cologique. FranoisHollande appelle cela la redistribution. Ilsagit de dfendre des mesures de justicepour les Franais qui ont fait des efforts depuis 2012, tout en continuant, bien sr, une gestion rigoureuse des finances publiques.

    Ltat de lconomie franaise le per-met-il ?

    La France ne connat pas et ne conna-tra pas laustrit avec Franois Hollande.Les amortisseurs sociaux ont fonctionndurant la crise et dsormais la croissanceredmarre, la consommation des mna-ges samliore et le pouvoir dachat des Franais a augment en 2014.

    Franois Hollande donne le sentiment dtre dj en campagne pour 2017

    Il est important que Franois Hollanderaconte lhistoire de son quinquennat,depuis le discours du Bourget, quil faut relire, jusqu aujourdhui et les bons in-dicateurs conomiques. Il est le mieuxplac pour le faire.

    Est-il dj candidat la prsidentielle ?

    Cest une dcision qui lui appartient.Mais moi, je souhaite quil soit candidat en 2017. Franois Hollande est un bonprsident, sa politique commence li-vrer ses rsultats. Il faut continuer, il reste encore deux ans pour que les Fran-ais prennent conscience que Franois Hollande est un grand prsident.

    La question dune primaire gauche ne se pose donc plus ?

    Jai toujours dit quil ne peut pas yavoir de primaire avec un prsident enexercice qui souhaite se reprsenter. Le rsultat sur le vote des motions au PS a clos ce dbat. Avec Jean-Christophe Cam-badlis et Manuel Valls, cest dsormais une majorit claire qui se dgage pour le prsident en 2017. p

    b. bi. et b. bo.

    Je souhaite que Franois Hollande soit candidat en 2017

    Nous allons

    simplifier

    le mode de

    fonctionnement

    de la prime

    dactivit

    LE CONTEXTE

    PROJET DE LOILe projet de loi sur le dialogue social, que les dputs exami-nent du mardi 26 au vendredi 29 mai, cre des commissions rgionales charges de traiter les sujets spcifiques aux trs petites entreprises et leurs salaris. Le texte autorise les patrons de socits de cin-quante trois cents person-nes de crer une instance uni-que au sein de laquelle sont regroups le comit dentre-prise, les dlgus du person-nel et le comit dhygine, de scurit et des conditions de travail. Il accrot la prsence des femmes dans les listes qui sont constitues lors des lections professionnelles. Par ailleurs, des mesures sont prvues pour sanctuariser lassurance-chmage des in-termittents du spectacle et modifier le fonctionnement du compte pnibilit. Le pro-jet de loi institue la prime dactivit, issue de la fusion de la prime pour lemploi et du RSA activit.

    CORENTIN FOHLEN/DIVERGENCE

    POUR LE MONDE

  • 8 | france MARDI 26 MAI 20150123

    Cach dans les bagages du train des migrants Le Milan-Paris remonte vers le nord son contingent rgulier de sans-papiers. Et dinterpellations nocturnes

    REPORTAGE

    Une fois oublis le parfum de lexpresso et letanin des vins franais, une fois jaunies

    les photos souvenirs de leur voyage en Europe, il restera la nuit en Thello . A entendre les conversations matinales des Amricains et des Mexicains oc-cupant les couchettes 60 64, dans la voiture 86 du train de nuitreliant Milan Paris, le moment leplus incroyable de leur priple surle Vieux Continent aura t cettenuit du 18 au 19 mai. Bakou, un jeune Malien de 16 ans, tait sup-pos dormir dans une des cou-chettes suprieures de leur com-partiment. Au rveil, les deux couples se sont tonns quil pr-fre le dgagement destin aux valises, au-dessus de la porte, plu-tt que son lit. Ils ntaient pas loin de conclure au got du jeune homme pour les couches rudi-mentaires, quand sest impose lvidence dans la tte de ces tou-ristes, un peu gars dans le train des migrants .

    La stratgie de Bakou tait donc

    en lien avec la grande affaire euro-penne du moment : larrivedune vague migratoire sur les c-tes italiennes, suivie dune re-monte de certains vers les pays du nord de lEurope. A sa monte, Milan, il na confi ni pice didentit ni titre de sjour au res-ponsable du wagon. Son pre mela envoy du Mali il y a deux se-maines et je laccompagne dans la famille en banlieue parisienne. Mais il na pas de papier , raconte au petit matin son oncle, installdans le compartiment voisin, enrgle, lui, avec lItalie et inquiet pour le petit .

    O est lautre individu ?

    Dans ce train qui relie chaquenuit lItalie la France, via laSuisse, pour simplifier les contr-les nocturnes des policiers, les passagers confient leurs titres desjour ou passeports au chef decabine. Celui-ci regroupe cons-ciencieusement les titres par compartiment, y colle un Post-it et entoure le tout dun lastique,avant dadresser un sourire satis-fait ses voyageurs.

    Asmara et Sara, deux jeunesErythrennes installes dans la cabine voisine de Bakou, lui expli-quent demble quelles nont aucun papier. Juste leur billet detrain. Une ombre passe, mais labouffe dangoisse des deux jeu-nes femmes sestompe bientt : lechef de cabine, imperturbable, co-che le numro de leur couchettesur son formulaire et repart. Il saitquelles ne termineront pas lanuit dans le train.

    A 5 heures du matin, la locomo-tive, qui stait dj longuement arrte en gare de Domodossolaen Italie, deux pas de la frontireavec la Suisse, puis de Vallorbe en Suisse, juste avant la France, stoppe une nouvelle fois dans unlong bruit dessieu. Sur un quai degare de Frasne (Doubs), dans la p-leur du petit matin. Dans le cou-loir de la voiture 86, quatre poli-ciers rptent les numros de couchettes. Quand le policier

    compartiment voisin, suivent, el-les, docilement le policier fran-ais, qui les fait descendre du trainavec vingt-huit autres personnes. Dans le petit matin frais deFrasne, Asmara et Sara ont pourtout bagage un petit sac en ban-doulire. Asmara tait Milan de-puis une semaine. Arrive aprs une longue attente en Libye, elle souhaitait remonter Paris, oelle esprait retrouver des mem-bres de sa famille dont son mari,qui a fait la traverse avant elle.

    Ce contrle est opr sur le fon-dement de larticle 78-2 alina 8 du code de procdure pnale, qui

    autorise des contrles alatoires dans les trains oprant sur une li-gne internationale , rappelle Bruno Vinay, avocat au barreau deBobigny. Ce texte est prcis par un arrt pris par Claude Guant,alors ministre de lintrieur, qui remonte mars 2012, et cible pr-cisment ce train. Pour lavocat, ces contrles sont irrguliers carils ne peuvent tre effectus quau premier arrt du train ; or Frasne nest pas un arrt officiel : aucun voyageur ne peut ni monterni descendre du train , estimeBruno Vinay. Le premier arrt duThello en France est en effet Di-jon. Mais cela, les migrants ne lesavent pas. Et la plupart se retrou-vent renvoys en Italie.

    Manque de stabilit

    Deux autres garons expulss dutrain, Moulou et Aynalem, Ethio-piens tous deux, se dirigeaient, eux, vers Calais. Ils ne reviendrontsans doute pas jusqu Milan, o ils avaient dvor une pizza avecun groupe dune soixantaine dEthiopiens, Somaliens, Ery-threns et Ymnites, juste avant de monter dans le train, le 18 mai. Ce soir, deux jeunes du groupemont demand de leur acheter un billet pour la France. Leur famille venait de leur faire parvenir de lar-gent pour cela , racontait Chiara Zanini, quelques heures avant ledpart du Thello.

    Chiara est une bnvole du col-lectif Cambio Passo, qui aide lesrescaps de la Mditerrane lors-quils dbarquent Milan. Cha-que soir, cinq ou six dentre euxarrivent vers 20 heures. Cestlheure o un reprsentant de laville de Milan sinstalle ct denous. Il propose les hbergementsdont la municipalit dispose en-core. Ce 18 mai, douze ont ob-tenu un lit : des mres de fa-

    milles et leurs enfants, des mi-neurs aussi.

    Le nombre de places varie dunjour lautre. a manque de stabi-lit , dplore Salvatore en finis-sant de distribuer des pizzas lasoixantaine dhommes et den-fants, qui eux sentiront le froid dela pierre de cette gare baptise parJean-Paul Sartre le plus hideuxmonument de toute lItalie .

    Et pour en partir, comme cha-que tape du grand chemin des migrations, un petit businesssopre au grand jour. Tu veux al-ler Munich, prends ce billet pourVrone. Aprs, tu seras dj avanc , explique un jeune Afri-cain un homme plus frache-ment arriv, dont lpouse a un bb dans les bras. Devant lentredes quais, ceux qui ont revendules billets expliquent quel train il faut prendre. Cela fait manifeste-ment partie du service. Cest dautant plus ncessaire quil neva pas de soi de prendre un train vers Berne pour rejoindre Berlin.Un des nombreux mystres de ce monde pas facile dcrypter pourcelui qui, il y a quelques semainesencore, vivait dans une socit trs diffrente, quil navait bien souvent jamais quitte. p

    maryline baumard

    Contrle de la police franaise lors de larrt du Thello Frasne, dans le Doubs. WILLY GRAFF/PHOTOPQR/ LEST RPUBLICAIN

    tambourine la porte du compar-timent de Bakou, les quatre tou-ristes rpondent en anglais avoirdj donn leur passeport.

    Et la question o est lautreindividu ? pose plusieurs fois dune voix forte face la cou-chette suprieure vide, personne ne rpond. Soit il est parti se ca-cher, soit des collgues sont djpasss ici , conclut lhomme haute voix. Bakou na pas bouget na pas t repr. Cest la rou-tine. Cest tous les jours comme a sur cette ligne , confiera plus tardle responsable des voitures. As-mara et Sara, les Erythrennes du

    Rgularisation expresse pour des rfugis rythrens

    C ent dix Erythrens vien-nent de quitter le bidon-ville pour migrants de Ca-lais, un statut de rfugi en po-che et trois mois dhbergement assurs. Le dernier bus est partipour Dijon, jeudi 21 mai. Le16 mai, lOffice franais de pro-tection des rfugis et apatrides(Ofpra) a en effet lanc une op-ration commando afin dinciterles Erythrens demander lasileen France. Durant deux jours,nous avons sillonn la junglepour expliquer que nous allionstraiter en quelques jours les de-mandes dasile des Erythrens ,explique Pascal Brice, le direc-teur de lOffice, qui sest lui-mme rendu sur place pour cetteopration exceptionnelle.

    Depuis des mois, le ministre delintrieur dit vouloir inciter lesmigrants qui campent Calais pour passer en Grande-Bretagne demander lasile en France. Il a plusieurs fois rpt que nombredentre eux sont ligibles au sta-

    tut de rfugis , mais le systme dasile franais est discrdit. Mme aprs obtention du statut, certains sont toujours dans leur abri de fortune faute de capacitde lEtat les loger.

    Depuis janvier, 455 demandesont pourtant t enregistres. 90 % concernaient des Souda-nais, prcise Pascal Brice. LesErythrens ne nous sollicitaientpas, alors quils sont ligibles austatut ds que nous sommes cer-tains quil sagit de vrais Erythrens. En quelques an-nes, le parti [en Erythre] a d-truit la vie politique, le dbat pu-blic et lconomie, expliquentJean-Baptiste Jeangne Vilmer etFranck Goury, dans Erythre, un naufrage totalitaire (Presses uni-versitaires de France, 2015). Unepartie de la population est empri-sonne et lautre pousse fuir le pays. La vie y est tellement im-possible que le simple fait dtre Erythren suffit obtenir le sta-tut de rfugi.

    Pourtant, depuis des anneslOfpra voit des fauxErythrens partout. Seuls 15 %des requrants ont obtenu lasileen 2014 en France. Les trois quartsdes 14 600 qui sont arrivs en Eu-rope lan dernier ont t accueillispar la Sude (5 700), les Pays-Bas (3 600) et le Royaume-Uni (2 300).

    Propagande gouvernementale

    Lopration de Calais a ainsi tlance pour remdier cet tat defait. Une fois constitue la listedes demandeurs, les auditeurs delOfpra avaient pour mission pre-mire de vrifier que ces person-nes parlaient le tigrigna, la lan-gue dominante dans le pays mme si neuf autres langues ser-vent dans les changes locauxquotidiens.

    Lopration a fait 110 heureux. Elle a aussi montr auxErythrens quils peuvent deman-der lasile ici , souligne Christian Salom, de lONG LAuberge des migrants. Mais sur le terrain, les

    associations ont aussi d grer ladception des autres nationali-ts, et celle des Erythrens accou-rus depuis Paris pour tenter de r-cuprer ce statut quils attendent parfois depuis des mois. Le vrai problme de cette opration, cest quelle apparat comme de la propagande gouvernementaleau moment o la France soppose aux propositions de lEurope dac-cueillir les rfugis de la Mditer-rane, et o le Snat durcit la loi sur la demande dasile , rappelle Philippe Wannesson, le Calaisien auteur du blog Passeurs dhos-pitalits .

    Lopration a, pour un temps, d-sengorg la jungle calaisienne, qui avait beaucoup grossi ces der-niers temps. Pour M. Salom, quel-que 2 500 personnes y campent aujourdhui, en dpit dun nom-bre trs important de passages. Jusqu 200 par nuit , rappelle ce citoyen engag depuis vingt ans aux cts des migrants. p

    m. b.

    LE CONTEXTE

    LOI SUR LASILELe Snat a achev le 19 mai lexa-men du projet de rforme du droit dasile. Le texte, dont le con-tenu a t durci par rapport la version adopte par lAssemble, fera lobjet dun vote solennel mardi 26 mai. Une commission mixte paritaire sera ensuite char-ge de trouver une version com-mune aux deux Chambres.Les snateurs ont notamment prvu quune dcision dfinitive de rejet de demande dasile par lOffice franais de protection des rfugis et apatrides (Ofpra) vaille obligation, pour le demandeur, de quitter le territoire franais.

    Son pre me la

    envoy du Mali et

    je laccompagne

    dans la famille,

    en banlieue

    parisienne.

    Mais il na pas

    de papier

    Loncle de Bakou, migrant

    un jour dans le mondedu lundi au vendredi 18h20

    avec les chroniques

    dArnaud Leparmentier et Alain Frachonfranceinter.fr

    nicolasdemorandnationalL

    la loupe

  • 0123MARDI 26 MAI 2015 france | 9

    Crise la FCPE et cinglant dsaveu de son prsidentPaul Raoult na pas t reconduit au congrs de lassociation de parents dlves, cas sans prcdent

    Crise de gouvernance oupremier contrecoup dupassage en force de la rforme des collges ? Les

    deux explications sentremlent sur la crise ouverte que traverse laFdration des conseils de pa-rents dlves (FCPE) depuis que,lors de son 69e congrs Reims, lerapport dactivit prsent di-manche 24 mai par la directionnationale a t rejet et lactuel prsident, Paul Raoult, na pas t rlu comme administrateur.

    Cest la premire fois depuis lafondation de la FCPE en 1947quun prsident rligible nestpas reconduit comme membredu conseil dadministration. Quant au rapport dactivit, il aobtenu 41 % de votes positifs, 48 %contre et 11 % dabstentions. Pour llection des administrateurs, les suffrages des congressistes se r-partissaient entre 24 candidats, chaque votant ayant la possibilit dapporter son suffrage 8 dentreeux. Paul Raoult na obtenu quen-viron 250 voix sur 800 contreprs de 400 ladministrateur lemieux lu.

    Les adversaires de la rforme ducollge prsentent le soutien actif apport au projet par la direction sortante de la FCPE comme lacause principale et vidente de ce dsaveu. Une responsable du SNES a ironis sur Twitter : On comprend mieux pourquoi il fal-lait publier le dcret sur la rforme du collge 2016 aussi vite ! Cest--dire avant le congrs de la FCPE ! Catherine Troendle, snatrice du Haut-Rhin et secrtaire nationale de lUMP charge de lducation, aragi pour sa part en soulignant le revers cinglant essuy par la direction de la FCPE.

    Paul Raoult, statutairement en-core prsident jusqu llection dun successeur dans deux semai-nes, dment formellement cette interprtation. La question

    pose au congrs ntait pas du tout celle de la rforme du collge. Cette question avait t pose eninterne il y a un an et les principes de lactuelle rforme largement ap-prouvs. Il sagit beaucoup plus dun problme de gouvernance in-terne et dune contestation visant ce propos la direction nationale, dont moi-mme . Paul Raoultrappelle ce propos que la minis-tre de lducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem, a bel et bien t ovationne lors de son inter-

    On reproche Paul Raoult sa ma-nire de communiquer dans lesmdias et ses positionnements politiques. Entre les deux tours des lections dpartementales,un communiqu appelant bar-rer la route au Front national a surpris les militants. L, on est clairement sorti de notre rle , es-time M. David.

    Reste que les crispations sur lecollge sont vives. Si, depuis avril, la fdration a multipli les mar-ques de soutien la rforme, des

    conseils dpartementaux ont fait savoir quils ne se reconnaissent pas ou plus dans cette ligne. Cest le cas de la FCPE de Seine-Ma-ritime. Les motifs de son inqui-tude atteintes aux sections bi-langues, lenseignement du la-tin et du grec sont proches de ceux mis en avant par les ensei-gnants grvistes du 19 mai.

    Lors de son discours devant lecongrs, Najat Vallaud-Belkacemstait place dans la continuit deVincent Peillon et de Benoit Ha-

    mon, qui avait eu cur de choyer la premire fdration de parents dlves. Elle a souhait,citant Jean Zay, que lcole [soit]un lieu ou les querelles des hom-mes ne pntrent pas . Et cest une vritable standing ovationquelle a eu droit la fin de ses cin-quante minutes de discours. Ellevenait dailleurs de leur confir-mer quune tude tait en cours pour expertiser le cot de la re-connaissance du statut de parentsdlves, lune de leurs principalesrevendications depuis de nom-breuses annes.

    La contestation en interne surle collge a exist, mais na vrai-ment pas t virulente, assurait lundi matin un ancien militant, bon connaisseur des arcanes de lafdration de parents dlves. Il y a traditionnellement la FCPE un courant majoritaire plutt favora-ble aux rformes et une oppositionminoritaire proche de la FSU. Ce qui sest produit est que la contes-tation de la direction actuelle a ga-gn les rangs dune partie de la ma-jorit . Certains contestent la manire dont Paul Raoult a men la barque , et observent que dans une fdration o la prsi-dentialisation est trs importance, il fallait bien que quelquun portele chapeau.

    La FCPE, traverse de divers cou-rants de gauche, mais qui na ja-mais connu de scission depuis sacration en 1947, pourrait-elle im-ploser ? La question stait djpose il y a deux ans, la fin du r-gne cinq ans de Jean-JacquesHazan, le prdcesseur de Paul Raoult. A lui aussi, qui certains reprochaient son suivisme lgard du ministre et un soutienaffich la rforme des rythmes scolaires. En 2013, dj, des con-seils dpartementaux semblaientvouloir faire scession, com-mencer par celui de Paris. p

    luc cdelle

    Paul Raoult, samedi 23 mai, Reims. REMI WAFFLART/MAXPPP

    La salle de shoot de Paris va sinstaller lhpital LariboisireLa salle de consommation moindre risque bnficiera dun accs discret et dune enclave hospitalire, mais pas avant 2016

    L es associations de rive-rains du 39, boulevard deLa Chapelle, dans le 10e ar-rondissement de Paris, auront fi-nalement eu gain de cause. La fu-ture salle de consommation moindre risque (SCMR), plusconnue sous le nom de salle deshoot , ne sera pas implante cette adresse, mais quelques cen-taines de mtres plus loin, sur leterrain de lhpital Lariboisire. Cest un dispositif sant, onladosse lhpital , annonce auMonde Bernard Jomier, ladjointau maire de Paris charg de lasant, soucieux de banaliser ledispositif afin den largir lad-hsion politique .

    A Lariboisire, lemplacementexact nest pas encore arrt.Deux lieux, lun en dur ,lautre en Algeco, sont envisagspour accueillir les 200 m2 de lasalle. On ne fera pas entrer les usag