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MUSÉES ARCHÉOLOGIQUES ET COLLECTIONS PARTICULIÈRES V LE MUSÉE CAMPANA (Premier article) Author(s): Alexandre Bertrand Source: Revue Archéologique, Nouvelle Série, Vol. 5 (Janvier à Juin 1862), pp. 268-272 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: http://www.jstor.org/stable/41746616 . Accessed: 19/05/2014 09:50 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Revue Archéologique. http://www.jstor.org This content downloaded from 194.29.185.113 on Mon, 19 May 2014 09:50:46 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

MUSÉES ARCHÉOLOGIQUES ET COLLECTIONS PARTICULIÈRES V LE MUSÉE CAMPANA (Premier article)

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MUSÉES ARCHÉOLOGIQUES ET COLLECTIONS PARTICULIÈRES V LE MUSÉE CAMPANA(Premier article)Author(s): Alexandre BertrandSource: Revue Archéologique, Nouvelle Série, Vol. 5 (Janvier à Juin 1862), pp. 268-272Published by: Presses Universitaires de FranceStable URL: http://www.jstor.org/stable/41746616 .

Accessed: 19/05/2014 09:50

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MUSÉES ARCHÉOLOGIQUES

BT

COLLECTIONS PARTICULIÈRES

V

LE MUSÉE CAMPANA

(Premier article.)

Avant un mois probablement le musée Campana sera ouvert au public. Déjà quelques privilégiés ont été admis à parcourir les vastes galeries où se rangent et se classent peu à peu, sous la direction d'ar- tistes et d'archéologues habiles, les nouvelles richesses que l'Italie nous a cédées. Nous ne pouvons attendre plus longtemps pour parler à nos lecteurs de cette importante acquisition. Nous n'en dirons, tou- tefois, que quelques mots aujourd'hui. Le nombre considérable d'ob- jets que renferme ce musée (1) (désormais Musée Napoléon III), leur variété, leur originalité, leur nouveauté, même pour ceux qui ont vu autrefois les grands musées d'Italie, rendraient inexcusable un jugement précipité. Il y aurait plus que de la légèreté à vouloir ap- précier et décrire, après quelques heures d'examen, une si précieuse et si riche collection, qui est moins une collection unique qu'un ensemble de collections diverses et comme une suite de plusieurs musées différents : Io Musée étrusque , comprenant des vases et des terres cuites de toutes sortes, dont quelques-unes paraissent remonter aux premiers temps de l'occupation des Étrusques dans l'Italie cen- trale; des peintures, des armes et la plus belle collection de bijoux que l'on connaisse ; 2° Musée gréco-romain , comprenant des vases,

(1) On se fera une idée du nombre des objets quand on saura que huit cents grandes caisses ont été nécessaires pour le transport, et que pour le trajet seul de Marseille à Paris, par le chemin de fer, on n'a pas eu à payer moins de quarante mille francs de port.

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LE MUSÉE CAMPANA. 269

des terres cuites de toutes les époques et de toutes les fabriques (bas- reliefs, lampes et figurines), cinq ou six cents objets en verre, autant de bronzes; trois ou quatre cents marbres sculptés, statues, bustes et sarcophages, parmi lesquels des pièces de premier ordre, plus une cinquantaine de peintures antiques; 3° Un musée de maioliques, de terres cuites et d'émaux du moyen âge ; 4° Enfin un musée de tableaux (plus de cinq cents tableaux), composé surtout de tableaux des écoles primitives de l'Italie, à partir de l'école byzantine jusqu'à Raphaël, auxquels sont réunis un certain nombre de tableaux des grands maîtres de 1500 à 1650.

Nous ne croyons pas trop nous avancer en disant que chacune de ces quatre collections, prise à part, est d'un très-grand prix, et la première, en particulier, d'une valeur inappréciable, car elle est unique au monde.

Ce qui s'est passé à Rome, lors de la vente du musée Campana, montre, d'ailleurs, assez en quelle estime les richesses qu'il renfer- mait étaient auprès des principaux archéologues tant Italiens qu'é- trangers. Nous nous croyons en mesure de donner à cet égard quel- ques détails précis, puisés à des sources sûres et qui ne manquent peut-être ni d'opportunité ni d'intérêt.

Tout le monde sait à la suite de quelles malheureuses circonstances le musée Campana passa des mains de son fondateur dans celles du gouvernement romain, qui, ne pouvant le conserver qu'en en resti- tuant la valeur au mont-de-piété, possesseur légal, manifesta l'inten- tion de mettre en vente la plus grande partie des objets. Une com- mission fut nommée pour faire le départ de ce que l'on devait garder, de ce que l'on devait abandonner aux acquéreurs. Celte commission, composée de MM. Visconti, Tenerani, de Rossi et Massani (1), après avoir vainement émis le vœu que le musée restât tout entier à Rome, fit la part du feu avec toute l'intelligence que l'on devait attendre d'hommes aussi expérimentés et qui pratiquaient le musée depuis longues années. Les plus beaux bijoux , la majeure partie des terres cuites, les plus belles statues et par-dessus tout le ma- gnifique tombeau étrusque dit Tombeau Lydien, furent, dans le principe, expressément réservés. Les commissaires voulaient con- server ainsi à l'Italie ce qu'il y avait d'essentiel à conserver, c'est-à-dire les pièces qu'ils désespéraient de pouvoir remplacer jamais. Il faut dire que c'étaient aussi, sous bien des rapports,

(1) Directeur de mont-de-piété.

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non pas seulement les plus rares, mais, comme on le verra au pa- lais de l'Industrie, les plus belles du musée. Le reste avait toutefois encore assez de valeur pour que l'on espérât que les grands gouver- nements de l'Europe se le disputeraient. C'est ce qui arriva. La Russie, l'Angleterre et la France prirent simultanément des mesures pour qu'une si bonne occasion ne se présentât pas sans qu'elles en pro- fitassent. Et en effet, à côté des trésors inappréciables que le musée Campana possédait seul, se trouvaient des séries entières qui, pour avoir des analogues à Naples ou à Rome même, à Londres, à Berlin ou à Paris, n'en étaient pas moins de premier ordre. Chacun de ces grands musées avait intérêt à prendre au musée Campana la série qui lui manquait. Le musée de Naples seul, par exemple, à cause de sa situation exceptionnelle, pouvait ne pas vivement envier la pré- cieuse collection de peintures antiques du musée Campana. La col- lection des vases de l'Italie centrale et particulièrement celle des vases de Géré, d'une si haute importance scientifique, était plus complète que celle d'aucun autre musée et devait donner à celui qui en ferait l'acquisition une incontestable supériorité sur tous ses rivaux. La série de terres cuites à reliefs était considérée comme ce qu'il y avait au monde de plus complet dans ce genre; enfin, pour l'étude historique de l'art italien, indépendamment même de la beauté des morceaux capitaux, les peintures, les terres cuites, les émaux, la collection des maioliqueset les sculptures de la renaissance présentaient un ensemble supérieur à tout ce qui existe, d ins l'espèce, hors de l'Italie. Aussi presque tous les musées de l'Europe avaient-ils envoyé à Rome des agents spéciaux pour surveiller la vente. Chacun espérait avoir sa part, petite ou grande, de ce musée qui menaçait de se disperser. La Russie seule et la France ont réussi dans leurs projets. Hâtons-nous de dire que ce que la Russie nous a enlevé paraît d'une importance relativement très-minime. Et ce n'est pas ici notre opi- nion personnelle, nous n'en pouvons avoir aucune, puisque nous n'avons point vu les objets choisis par le délégué russe; mais c'est l'opinion publiquement exprimée de M. Brunn, secrétaire de l'Institut archéologique de Rome, c'est l'opinion de M. Newton, délégué du Musée britannique dont il est un des conservateurs, c'est l'opinion de MM. Visconti, Tenerani et Castellani, à qui la collection Campana était si familière. « Les choix de la Russie n'ont pas fait tort à l'en- ei semble du musée, écrivait M. Brunn; une certaine valeur d'ap- « parat , plutôt que le mérite réel des objets , est visiblement ce qui a « déterminé les acquéreurs. » M. Newton, ému d'abord, fut rassuré dès qu'on lui eut communiqué la liste des objets compris dans le lot

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russe. Il déclara que, pour lui, la collection était intacte . Ce senti- ment, comme nous venons de le dire, fut partagé par MM. Visconti, Tenerani et Castellani. Pour ce qui nous concerne nous ne dirons qu'une chose, c'est qu'après avoir dépouillé avec soin le catalogue italien, et noté tous les objets qui nous paraissaient mériter une étude et un examen spécial, il en est deux ou trois à peine que nous n'ayons pas retrouvés au palais de l'Industrie. Nons citerons en particulier le beau vase de Cumes à figures en relief, dont la perte est réellement regrettable. Quant au fameux camée et à la bague représentant Livie en Vénus, tous les connaisseurs savent qu'aucun musée sérieux ne peut les regretter.

Nous pouvons donc annoncer que le public verra, au palais de l'Industrie, le musée Campana dans son intégrité, et que ni les sa- vants, ni les artistes n'auront à déplorer l'absence de pièces essen- tielles; car les objets d'abord réservés par la commission romaine ont été acquis comme le reste. Ajoutons que cet heureux résultat est dû à la prudence et à l'habileté des deux commissaires français, M. Léon Renier et M. Sébastien Cornu, qui est aujourd'hui chargé de l'administration de la collection.

Le succès n'était pas, en effet, aussi facile qu'on pourrait le supposer au premier abord. En présence des prétentions très-légitimes de l'An- gleterre et de la Russie, des propositions faites d'un autre côté par une société particulière, qui voyait dans l'achat du musée une excellente spéculation et qui en offrait un prix élevé; en présence des réserves réclamées si judicieusement parla commission romaine, la position des commissaires français était délicate. On eût pu sans doute jusqu'à un certain point s'entendre avec l'Angleterre, mais c'était abandonner tous les objets réservés, qu'il eût été d'ailleurs très-difficile de se partager à l'amiable, si, par impossible, dans une pareille combinai- son, on les eût obtenus du gouvernement romain. Le parti le meilleur était évidemment celui auquel MM. Léon Renier et Sébastien Cornu s'arrêtèrent, et qui consistait à proposer directement au pape l'achat de la collection entière, à la condition qu'aucun objet ne serait ré- servé. L'avantage de toucher immédiatement une somme considérable et d'éviter tous les embarras d'une série de ventes partielles succes- sives, de plus en plus difficiles à mesure que disparaîtraient les séries les plus importantes; les intérêts du mont-de-piété à sauvegarder, enfin le désir d'être agréable à l'Empereur, décidèrent le Saint-Père qui, malgré les protestations de la commission romaine et de quel- ques cardinaux, protestations qui font honneur à leur patriotisme,

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272 REVUE ARCHÉOLOGIQUE. donna sa signature sans faire aucune restriction (1). C'est ainsi que nous nous trouvons avoir beaucoup plus que nous n'aurions espéré d'abord et que nous possédons des trésor* bien autrement précieux que ceux qu'a acquis la Russie, qui cependant avait pris les devants et semblerait, au premier abord, avoir pu choisir sans aucune entrave tout ce qui lui convenait.

La fi eme se propose de donner à ses lecteurs une série d'articles où seront étudiés les principaux objets composant chacun des quatre grands groupes dont nous avons parlé. On verra, par l'importance et ' la variété des problèmes que soulève l'étude des différentes parties de ce musée, que la première impression, qui est très-favorable, reste bien au-dessous de la réalité.

Alexandre Bertrand.

(1) Le musée Campana a coûté 4,364,000 francs, mais il a été stipulé dans le contrat que les droits de 25 pour 100, que payent au gouvernement pontifical toutes les anti- quités exportées, seraient compris dans cette somme, ce qui réduit de près d'un quart le prix d'achat. L'estimation des collections les plus importantes avait d'ail- leurs été faite dans les conditions les plus favorables pour nous, puisque cette esti- mation remontait à l'époque où les commissaires croyaient que les objets les plus pré- cieux seraient achetés par le gouvernement du Saint-Père, qui, comme on le sait, a le droit de s'emparer de toute antiquité trouvée dans le pays, en en payant la valeur avec un rabais de 20 pour 100. Ce rabais avait été fait, et le prix ainsi fixé n'a pas été modifié lors de la vente au gouvernement français. Enfin un grand nombre d'objets, qui n'étaient pas portés dans l'inventaire primitif, nous ont été cédés avec le reste et par-dessus le marché. Certaines personnes ont prétendu que le marquis Campana avait, il y a quel-

ques années, offert son musée au gouvernement français, pour une somme de trois millions. Nous sommes en mesure de donner à cette assertion le démenti le plus formel. Un simple raisonnement suffira d'ailleurs pour en démontrer la fausseté. On sait que le marquis Campana avait dépensé, pour former son musée, d'abord

toute sa fortune personnelle, qui était considérable, puis une somme de cinq millions, qu'il avait successivement empruntée au mont-de-piété de Rome, et pour laquelle il avait mis en gage ce même musée, à une époque de beaucoup antérieure à celle que l'on assigne à cette offre prétendue. A supposer donc que cette offre eût été faite, elle n'aurait pu être sérieuse, et si le gouvernement français l'avait acceptée, la vente n'aurait pu se réaliser, car très-certainement le mont-de-piété, ou le gouvernement romain, ce qui est tout un, ne se serait pas dessaisi, moyennant trois millions, d'un gage qui représentait pour lui cinq millions. On a donc eu raison de dire que le musée Campana n'est pas seulement une très-

belle et très-bonne acquisition, mais une acquisition faite dans d'excellentes conditions.

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