12
1 Mycoplasmes urogénitaux Items de l’ECN concernés Aucun item retrouvé Rédactrice/Relectrice Sabine Pereyre/Beatrice Bercot

Mycoplasmes urogénitaux - SFM€¦ · Les mycoplasmes appartiennent à la classe des Mollicutes (de mollis cutis : peau molle). Ils sont dépourvus de paroi, d'où un aspect polymorphe

  • Upload
    others

  • View
    3

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Mycoplasmes urogénitaux - SFM€¦ · Les mycoplasmes appartiennent à la classe des Mollicutes (de mollis cutis : peau molle). Ils sont dépourvus de paroi, d'où un aspect polymorphe

1

Mycoplasmesurogénitaux

Itemsdel’ECNconcernés

• AucunitemretrouvéRédactrice/Relectrice SabinePereyre/BeatriceBercot

Page 2: Mycoplasmes urogénitaux - SFM€¦ · Les mycoplasmes appartiennent à la classe des Mollicutes (de mollis cutis : peau molle). Ils sont dépourvus de paroi, d'où un aspect polymorphe

2

1. Classification

Les mycoplasmes appartiennent à la classe desMollicutes (de mollis cutis : peaumolle). Ils sontdépourvusdeparoi, d'oùunaspectpolymorpheetune insensibilité totaleauxbéta-lactamines.Cesontlespluspetitsprocaryotescapablesderéplicationautonome.

La classe des Mollicutes, comprend quatre ordres, les Mycoplasmatales,Entomoplasmatales,AcholeplasmatalesetAnaeroplasmatales, séparésd’après leurhabitatnaturel, leur exigence en stérols et un certain nombre d’autres propriétés. Le termemycoplasmes continue à être utilisé pour désigner l’ensemble des Mollicutes. Lesmycoplasmes seraient sur le plan phylogénétique des formes très évoluées, dérivées debactériesàGrampositifàfaibleteneurenguanine+cytosine,ayantdesancêtrescommunsaveccertainsClostridia(ClostridiuminnocuumetC.ramosum)etayantperdulacapacitédesynthétiseruneparoi.

Dix-huit espèces ont été décrites chez l’homme, 14 appartenant au genreMycoplasma,deuxaugenreUreaplasmaetdeuxaugenreAcholeplasma.Certainesespècessonttoujourscommensalesetcolonisentmuqueusesrespiratoiresetgénitales,d’autressontresponsables de différents types d’infections. Parmi les espèces génitales, Ureaplasmaparvum,Ureaplasmaurealyticum (regroupéssous letermeUreaplasmaspp.),MycoplasmahominisetMycoplasmagenitaliumontunpouvoirpathogènechezl’homme.

Si l’espèceM.hominisaété lapremièreespècedemycoplasmehumaindétectéeen1937, il a fallu attendre 1954 pour découvrir les uréaplasmes et 1980 pour détecterM.genitalium.

2. Modesdetransmissionetépidémiologie

M.hominisandUreaplasmaspp.sontdescommensauxdutractusuro-génitalbas.Lacolonisationvarieenfonctiondel’âge,delarace,duniveausocio-économique,del’activitésexuelle,du statuthormonaletaugmentedurant lagrossesse.Ureaplasma spp.peutêtreretrouvéauniveauvaginalchez30%desfemmes,tandisqueM.hominisestretrouvéchezmoinsde10%desfemmes.M.genitaliumpeutêtreaussiretrouvédanslesvoiesgénitalesdesujetsasymptomatiquesmaissoncaractèrecommensaln’estpasétabli.A l’inversedesautresespèces,M.genitaliumestunagentd’infectionssexuellementtransmissibles(IST).Ilestresponsabled’urétritesnongonococciques(UNG)aiguësetchroniquesetreprésentela2ème cause d’UNG derrière Chlamydiatrachomatis. Il est retrouvé chez 1 à 3 % de lapopulation générale et sa fréquence augmente fortement dans les populations à risqued’IST.EnFrance,ilaétéretrouvéchez3,4%despatientsdépistéspourC.trachomatis,aveclamêmefréquencechezlesfemmesetleshommes,plusdesdeuxtiersdespatientsétantasymptomatiques.

3. Physiopathologie

Les processus mis en cause dans la pathogénie des infections à mycoplasmes uro-génitauxsontpeuétudiés.Ilspossèdentunpouvoirpathogèneexpérimentalpourl’animal.Desprocessusd’adhésionontétédécritspourlesquatreespèces.L’adhésionasurtoutétéétudiée pour M.genitalium, mycoplasme présentant des parentés antigéniques etgénétiques avecM.pneumoniae. Une adhésine, MgPa, proche de la protéine P1 deM.

Page 3: Mycoplasmes urogénitaux - SFM€¦ · Les mycoplasmes appartiennent à la classe des Mollicutes (de mollis cutis : peau molle). Ils sont dépourvus de paroi, d'où un aspect polymorphe

3

pneumoniae, a été décrite au sein de l’extrémité du mycoplasme spécialisée dansl’attachement.DesvariationsdeséquencedugènemgpBcodantcetteadhésineMgPasontprobablementresponsablesdestratégiesd’évasionimmunologiqueetde lapersistancedeM.genitalium.

Diverses activités enzymatiques (uréase et IgA1 protéase pour Ureaplasma spp.,phospholipasepourUreaplasmaspp.etM.hominis)etlaproductiondecertainsmétabolitescommeleperoxyded’hydrogèneexpliquentenpartieleurpouvoirpathogène.M.hominisetM.genitalium sont capables de pénétrer à l’intérieur des cellules. Plusieurs sérovars sontdécritschezU.urealyticum(sérovars2,4,5,7-13)etU.parvum(sérovars1,3,6,14)maisilnesemblepasyavoirdelienentresérovaretpouvoirpathogène.

4. Clinique

InfectionsgénitalesQuatre espèces sont concernées, M.genitalium, M. hominis, U. parvum et

U.urealyticum(Tableau1).LaprésencedeM.hominisetsurtoutd’Ureaplasmaspp.àl’étatcommensal dans les voies génitales basses rend délicate l’appréciation de leur pouvoirpathogène.

M.genitalium et Ureaplasma spp. sont des agents d’urétrites non gonococciques(UNG) non chlamydiennes, aiguës et chroniques chez l’homme. M. hominis n’est paspathogènechezl’homme.Chezlafemme,M.genitaliumestleseulmycoplasmeresponsablede cervicites.M. hominis etM.genitalium sont impliqués dans les endométrites et lessalpingites.M.hominispeutaussiêtreretrouvéengrandequantitédanslescasdevaginosebactérienne,enassociationavecd’autresbactériestellesqueGardnerellavaginalis.

Page 4: Mycoplasmes urogénitaux - SFM€¦ · Les mycoplasmes appartiennent à la classe des Mollicutes (de mollis cutis : peau molle). Ils sont dépourvus de paroi, d'où un aspect polymorphe

4

Tableau1. Importancede l’associationdesmycoplasmesuro-génitauxàdifférents tableauxcliniques.

Pathologie M.hominis Ureaplasmaspp.1 M.genitaliumInfectionsgénitalesmasculinesUNG2 - + +Epididymites,prostatites - ± ±Infertilité - ± -InfectionsgynécologiquesVaginosebactérienne + ± ±Cervicites - - +Endométrites + - +Salpingites + - +TroublesdelareproductionChorioamniotites ± + ?Fièvres,endométritespost-partum,post-abortum

+ + ±

Avortementspontané ± ± ±Retarddecroissanceintra-utérin - ± ?AtteintesnéonatalesPrématurité-Faiblepoidsdenaissance

- + ±

Pneumonies,méningites,bactériémies,abcès

+ + ?

Dysplasiebronchopulmonaire - + ?InfectionsextragénitalesArthritesseptiques + + +Arthritesréactionnelles - + +Pyélonéphrites + - -Autreslocalisations(surinfectiondeplaiessternales,abcèsrétropéritonéaux,abcèsducerveau,septicémies…)

+ + -

+,associationcertaineourôlecausaldémontré.±,associationnondémontrée.-,pasd’associationdocumentée.?,inconnu.1Comprend2espèces,U.urealyticumetU.parvum.2UNG,urétritenongonococcique.

Page 5: Mycoplasmes urogénitaux - SFM€¦ · Les mycoplasmes appartiennent à la classe des Mollicutes (de mollis cutis : peau molle). Ils sont dépourvus de paroi, d'où un aspect polymorphe

5

TroublesdelareproductionUreaplasma spp. et à unemoindremesureM. hominis sontmis en cause dans des

troubles de la reproduction tels que des chorioamniotites, ruptures prématurées desmembranes et des infections du post-partum (Tableau 1). Lesmycoplasmes uro-génitauxseraientaussiassociésàunrisqueplusélevéd’avortementsspontanés.

AtteintesnéonatalesLes uréaplasmes peuvent être responsables de prématurité et de faible poids de

naissance.Deplus, lacolonisationdunouveau-néparUreaplasmaspp.etM.hominispeutêtreresponsabledepneumonies,debactériémiesetdeméningitesmaisaussidesyndromede détresse respiratoire et de dysplasie broncho-pulmonaire pour Ureaplasma spp.L’implicationdeM.genitalium dans les pathologies dunouveau-nén’est pas connue à cejour.

Infectionsextra-génitalesLesmycoplasmes,surtoutUreaplasmaspp.etM.hominis,doiventêtrerecherchéslors

d’infections chez des immunodéprimés. Ils peuvent notamment être responsablesd’arthrites septiques chez les sujets hypogammaglobulinémiques, de plaies sternales avecmédiastinites après chirurgie thoracique, de bactériémies, ostéomyélites, abcèsrétropéritonéaux et surinfections d’hématomes. Habituellement de découverte fortuite,l’espèce en cause est le plus souvent, endehors des arthrites,M.hominis qui pousse surgélose au sang. M.genitalium et Ureaplasma spp. provoquent aussi des arthritesréactionnelles.

5. Diagnosticbactériologique

PrélèvementLesprélèvementsdoiventramenerdescellulesauxquelleslesmycoplasmesadhèrent.

Lesprélèvementsutilisantdesécouvillonsdoiventêtremisdansdesmilieuxde transport,milieu 2SP (saccharose phosphate) sans antibiotique enrichi par 5% de sérum de veaufoetal,milieuUTM (Universal TransportMedium) oumilieu de culture pourmycoplasmescarlesmycoplasmessonttrèssensiblesàladessiccation.Ilspeuventêtreconservésà+4°Cpendant48h,etaudelàà-80°C.

Les mycoplasmes uro-génitaux peuvent être recherchés à partir de prélèvements

urétraux, 1er jet d’urine, sperme, sécrétions prostatiques, prélèvements vaginaux, cervico-vaginaux ou endométriaux, brossages tubaires et liquide de Douglas. Liquide amniotique,placenta, et chez le nouveau-né, prélèvements endo-trachéaux et aspirations naso-pharyngéespeuventêtreprélevés.

Exceptionnellement, d’autres échantillons comme LCR ou tout autre liquide deponction, biopsies ou liquides synoviaux et prélèvements cutanéo-muqueux peuvent êtreétudiés.Lesmilieuxclassiquespourhémoculturescontiennentdesanticoagulantsquiontuneffetinhibiteursurlesmycoplasmes.Ilestdoncrecommandéd’ensemencerdirectementlesangsurdesmilieuxadaptésàlaculturedesmycoplasmes.

Page 6: Mycoplasmes urogénitaux - SFM€¦ · Les mycoplasmes appartiennent à la classe des Mollicutes (de mollis cutis : peau molle). Ils sont dépourvus de paroi, d'où un aspect polymorphe

6

ExamendirectL’examen direct n’est pas réalisé car les mycoplasmes ne sont pas visibles après

colorationdeGramenraisondeleurabsencedeparoi.CultureLa culture est relativement simple pour Ureaplasma spp. et M. hominis. Pour

M.genitalium,elleestexceptionnelleetnonréalisableenpratiquecourante.Les milieux de culture sont complexes, rendus sélectifs par addition d’une béta-

lactamine ou parfois de polymyxine ou d’amphotéricineB. Il n’y a pas demilieu standardconvenantàtouteslesespècesenraisondeleursexigencesdifférentesensubstratetenpH.Il convient d’utiliser desmilieux gélosés et desmilieux liquides. Lesmilieux liquides sontensemencés en faisant des dilutions pour éliminer la présence possible d'inhibiteurstissulaires.Lesmilieuxgéloséssontensemencésentouche.

M. hominis croît sur le milieu de Hayflick modifié renfermant 20 % de sérum depoulainou lemilieu SP-4plus complexe, renfermantdu sérumdeveau fœtal. Lesmilieuxliquides, à pH 7,0-7,2, renferment de l’arginine et du rouge de phénol.M. hominis peutoccasionnellementcroîtresurgéloseausang,donnantdetrèspetitescolonies.IlpeutaussipoussersurlesmilieuxutiliséspourUreaplasmaspp.

Ureaplasmaspp.sedéveloppesurmilieudeShepardàpH6,0renfermantdel’urée.Un passage prolongé en culture cellulaire est indispensable à l’isolement de

M.genitaliumetn’estpasréaliséenroutine.

DétectiondelacroissanceEnmilieu liquide,ellese faitd’après leviragede l’indicateurcoloré, lacroissancede

M.hominis et Ureaplasma spp. en 18 h à 48 h alcalinisant le milieu. Les résultats sontexprimésenunitédechangementdecouleur(UCC)parml.Lacroissanceenmilieuliquidedoit toujours être contrôlée sur milieu gélosé pour éviter une confusion avec un viraged’indicateurcolorédûàlaprésenced’autresbactériesoudecellules.

Sur milieu gélosé, l’apparition de petites colonies doit être recherchée à la loupebinoculaire après 48 à 96h. Leur aspect est variable, enœuf sur le plat pourM. hominis(Figures1et3), irrégulierettrèspetitpourUreaplasmaspp.(Figure2et3).Cesdernièressont colorées en brun surmilieux contenant du sulfate demanganèse ou du chlorure decalcium,cequipermetdelesdistinguerdesimplesirrégularitésdanslagélose.

Page 7: Mycoplasmes urogénitaux - SFM€¦ · Les mycoplasmes appartiennent à la classe des Mollicutes (de mollis cutis : peau molle). Ils sont dépourvus de paroi, d'où un aspect polymorphe

7

Figure1.ColoniesdeM.hominisobservéesàlaloupebinoculaire

Figure2.ColoniesdeUreaplasmaspp.observéesàlaloupebinoculaire

Page 8: Mycoplasmes urogénitaux - SFM€¦ · Les mycoplasmes appartiennent à la classe des Mollicutes (de mollis cutis : peau molle). Ils sont dépourvus de paroi, d'où un aspect polymorphe

8

Figure3.MélangedecoloniesdeM.hominisetUreaplasmaspp.observéesàlaloupebinoculaire.

IdentificationL’identification se fait, selon les cas, sur les propriétés métaboliques, l’aspect des

coloniesoul’amplificationd’acidesnucléiques.L’identificationdeUreaplasmaspp.quihydrolysel’uréeetdeM.hominisquihydrolyse

l’arginineestsimple.Laséparationdes2espèces,U.urealyticumetU.parvum,estréalisableparPCRmaisn’estpasfaiteenpratiquecourante.Latechniquedespectrométriedemassede typeMALDI-TOFpermet d’identifier les espèces demycoplasmes humains à partir desmilieuxdeculturemaisn’estpasutiliséeenroutinecarellenécessitedegrandsvolumesdeculturepourUreaplasmaspp.

Différentes trousses commerciales existent pour la détection et la quantification deUreaplasma spp. et deM. hominis à partir des prélèvements génitaux. Des milieux detransportsadaptéssontfournisaveccestrousses.Cessystèmescorrespondentengénéralàdes microplaques unitaires avec des cupules contenant des substrats lyophilisés et desinhibiteursspécifiquesdesdeuxespèces.Leséchantillonssontplacésdansunmilieuquisertlui-même à ensemencer les cupules. La détection, l’identification et la numération desmycoplasmes sont basées sur le changement de couleur des cupules témoignant de lacroissance du mycoplasme en présence de substrat ou d’inhibiteur spécifiques. Certainssystèmespermettentdedéterminer,dansunmêmetemps,lasensibilitéauxantibiotiques.Ces troussessont trèsutilespour les laboratoiresquineréalisentqu’occasionnellement lediagnostic des mycoplasmes uro-génitaux. Des faux positifs sont décrits en cas decontaminationdeséchantillonspard’autresbactéries,conduisantàrecommander,encasdedoute,lavérificationdurésultatparcultureenmilieugélosé.

DiagnosticmoléculaireM. genitalium ne peut être détecté que par amplification génique à partir des

échantillons cliniques. Il existe des trousses commercialisées d’amplifications d’acidesnucléiques monoplex ou multiplex pouvant détecter aussi par exemple C.trachomatis etNeisseriagonorrhoeae.

DesPCR«maison»ontétédéveloppéespourdétecteretdifférencierlesdeuxespèces

deUreaplasma etM. hominis. Des trousses commercialiséesmonoplex oumultiplex sontaussi disponibles. Cependant, culture et identification métabolique sont recommandéespour Ureaplasma spp. etM.hominis à partir d’échantillons uro-génitaux. Les méthodesmoléculaires,plussensibles,ontsurtoutunintérêtpourleséchantillonsoùcesespècessontdifficiles à mettre en évidence, comme dans le cas d’infections génitales hautes oud’infectionsextra-génitales..

Quelques techniques de typagemoléculaire ont été publiées pour lesmycoplasmes

uro-génitaux,maissont,àcejour,réservéesaudomainedelarecherche.DiagnosticindirectIln’yapasdesérologiedisponiblepourlesmycoplasmesuro-génitaux.

Page 9: Mycoplasmes urogénitaux - SFM€¦ · Les mycoplasmes appartiennent à la classe des Mollicutes (de mollis cutis : peau molle). Ils sont dépourvus de paroi, d'où un aspect polymorphe

9

InterprétationL’interprétationestsimplepourlesprélèvementsnormalementstérilescarlaprésence

de Ureaplasma spp., de M. hominis ou de M.genitalium confirme une infection.L’interprétation est plus délicate pour les prélèvements en contact avec une florecommensale (prélèvementsurétraux,cervico-vaginaux,urines)etnécessiteuneévaluationquantitativepourUreaplasmasppetM.hominis.Enrevanche,pourM.genitalium,unePCRpositivedoittoujoursêtrepriseencompte,quecesoitchezl’hommeouchezlafemme.

Chez l’homme, lescritèresdepathogénicitépourUreaplasmaspp.sont lessuivants:≥104UCC/mlpourunprélèvementurétral,≥103UCC/mlpourun1erjetd’urine.M.hominisn’entraînepasdepathologiechezl’homme.

Chezlafemme,laprésencedeUreaplasmaspp.dansunprélèvementcervico-vaginalest difficile à interpréter en raison de sa fréquence à l’état normal (jusqu’à 30 % desfemmes). M.hominis est retrouvé plus rarement (≤ 10 % des femmes) et en quantitémoindre. Il peut être présent en grande quantité (≥104 UCC/ml) dans les vaginosesbactériennes. Sa présence en quantité élevée peut également évoquer une infection desvoiesgénitaleshautes.

Chez le nouveau-né, l’isolement à partir d’un échantillon endo-trachéal ou d’uneaspiration naso-pharyngée en quantité élevée (≥104 UCC/ml) est significatif et doit êtreconfrontéautableauclinique.

6. Sensibilitéauxantibiotiquesettraitement

A. Méthodesd’étudeLasensibilitédesmycoplasmesuro-génitaux,Ureaplasmaspp.etM.hominis,doitêtre

étudiéechaquefoisqu’ilssontensituationpathogèneoudèsqu’ilssontisolésdesitesextra-génitauxafortiorichezdessujetsimmunodéprimés.

La méthode classique d’antibiogramme par diffusion à l’aide de disques n’est pasutilisable. Les milieux complexes nécessaires pour les mycoplasmes sont éloignés desconditions standard recommandées pour les bactéries classiques. Cependant desrecommandations ont été faites aux USA par le CLSI (Clinical and Laboratory StandardsInstitute), qui aproposédesprotocoles standardiséspour l’étudede l’activité in vitro desantibiotiquessurM.hominisetUreaplasmaspp.Ainsi,desCMIpeuventêtredéterminéespardilutionenmilieuliquideougéloséenutilisantunmilieuadaptéàl’espèce.LatechniqueduE-testestutilisableseulementpourM.hominis.

Plusieurs kits étudiant la sensibilité aux antibiotiques deM.hominis etUreaplasmaspp.sontdisponiblesseulsouencomplémentd’unkitdedétectionetd’identificationdecesespèces.Leurprincipereposesurl’inhibitiondelacroissancedesmycoplasmesenprésenced’antibiotique.Ilsconsistentendesrangéesdepuitscontenantdesantibiotiqueslyophilisésà une ou deux concentrations, correspondant aux concentrations critiques utilisées pourclasser les bactéries en sensibles, intermédiaires ou résistantes à l’antibiotique testé. Lesrésultatsobtenussontsatisfaisantsàlaconditiond’utiliseruninoculumcontrôlé.CertainsdeceskitsontétéadaptésauxrecommandationsduCLSI.

En ce qui concerneM. genitalium, qui n’est que très exceptionnellement cultivé, larésistanceauxmacrolidespeutêtrerecherchéepardestechniquesdePCRentempsréeloudepyroséquençageappliquéesdirectementauxéchantillonscliniques.

Page 10: Mycoplasmes urogénitaux - SFM€¦ · Les mycoplasmes appartiennent à la classe des Mollicutes (de mollis cutis : peau molle). Ils sont dépourvus de paroi, d'où un aspect polymorphe

10

RésistancenaturelleetantibiotiquesactifsDu fait de leur absence de paroi, tous les mycoplasmes résistent aux antibiotiques

agissant sur la biosynthèse du peptidoglycane, béta-lactamines, glycopeptides etfosfomycine. Ils résistent également aux polymyxines, sulfamides, triméthoprime, acidenalidixique,linézolideetàlarifampicine,dufaitd’unemutationnaturelledugènerpoBdelasous-unitéßdel’ARNpolymérase.

Les antibiotiques actifs utilisables en thérapeutique sont les tétracyclines, lesmacrolides et apparentés (MLSK) et les fluoroquinolones (Tableau 2). L’effet in vitro desantibiotiquesestseulementbactériostatique,misàpartlecasdesfluoroquinolones.

Il existe cependant une résistance naturelle aux MLSK, qui diffère selon l’espèce.M.genitalium est sensible à tous les MLSK, sauf à la lincomycine. Ureaplasma spp. estsensible auxMLSK mais résiste aux lincosamides tel que la clindamycine. A l’inverse,M.hominis résiste aux macrolides ayant un cycle à 14 ou 15 chaînons (érythromycine,azithromycine) et à la télithromycine. Il est sensible aux lincosamides et à certainsmacrolidesà16chaînons(josamycine)maispasàlaspiramycine.

Page 11: Mycoplasmes urogénitaux - SFM€¦ · Les mycoplasmes appartiennent à la classe des Mollicutes (de mollis cutis : peau molle). Ils sont dépourvus de paroi, d'où un aspect polymorphe

11

Tableau2.Sensibiliténaturelledesmycoplasmesuro-génitauxauxantibiotiques Erythromycinea Clindamycine Josamycine Pristinamycin

eTétracyclin

ebLévofloxacine

etmoxifloxacine

M.genitalium S S S S S SM.hominis R S S S S SUreaplasmaspp.

S R S S S S

aLasensibilitéàl’érythromycinerépondpourcelleàl’azithromycine.bLasensibilitéàlatétracyclinerépondpourcelleàladoxycycline.

RésistanceacquiseLes résistances sont dues à des modifications de la cible des antibiotiques par

mutationsouàlaprotectiondelacibleliéeàlaprésenced’untransposon.Chez Ureaplasma spp. et M.hominis, la résistance concerne en premier lieu les

tétracyclines.Elleestdueà laprésencedugènetet(M)portéparuntransposonconjugatifqui code pour la protéine Tet(M) protégeant la cible ribosomique de l’action destétracyclines. La résistance est de haut niveau, croisée à l’ensemble des tétracyclines, àl’exception de la tigécycline qui reste active seulement chezM.hominis porteur du gènetet(M). En France, cette résistance concerne environ 20% des souches cliniques deM.hominisetmoinsde5%deUreaplasmaspp.Lesrésistancesacquisesauxmacrolidesetauxfluoroquinolones sont liées à des mutations respectivement de l’ARNr 23S et des gènescodant l’ADNgyraseet topoisomérase IV. Elles sont rares chezM.hominis etUreaplasmaspp.(environ1%)etsontsurtoutobservéeschezdessujetsimmunodéprimésayantreçudenombreuxtraitementsantibiotiques.

Chez M. genitalium, les tétracyclines conduisent à de nombreux échecs cliniquesmalgréuneapparenteactivité invitro.Larésistanceacquiseauxmacrolides,traitementdepremièreintention,estenaugmentationsensible,atteignantdestauxde40%danscertainspays. En France, elle concerne plus de 15% des souches. Cette résistance est due à desmutationsdanslegènecibledesmacrolides,quicodepourl’ARNr23S,plusprécisémentauniveaudelabouclepeptidyltransferaseconservéedudomaineV.LesnucléotidesA2058etA2059(numérotationEscherichiacoli)sontlesplusfréquemmentaffectés.Lessubstitutionsde typeA2058GetA2059G conduisent àdeshautsniveauxde résistance auxmacrolides.CesmutationspeuventêtredéceléesparPCRentempsréeloupyroséquençagedirectementàpartirdeséchantillonscliniques.Desrésistancesauxfluoroquinolonessontaussidécritesetsontliéesàdesmutationssurlesgènesciblesdecesantibiotiques.Ellesaffectentenviron5%dessouchesenFrance.Leurdétectionnepeutêtrefaiteàcejourquepardestechniquesd’amplificationetdeséquençage.

TraitementLe traitement des UNG à Ureaplasma spp. fait appel en première intention aux

tétracyclines pendant 7 jours, traitement aussi actif sur les UNG à C. trachomatis. Unmacrolide, l’azithromycine, est utilisé en cas d’échec ou de résistance. Cependant, lestétracyclines, bien qu’apparemment actives in vitro, sont associées à deux tiers d’échecsthérapeutiquesdanslesUNGàM.genitalium.PourcesUNGainsiquepourlescervicitesà

Page 12: Mycoplasmes urogénitaux - SFM€¦ · Les mycoplasmes appartiennent à la classe des Mollicutes (de mollis cutis : peau molle). Ils sont dépourvus de paroi, d'où un aspect polymorphe

12

M.genitalium, le traitement de première intention fait appel à l’azithromycine pendant 5jours.Encasd’échecouderésistancedémontrée,unefluoroquinolone,lamoxifloxacine,estutilisée.Cettemoléculeestrecommandéed’embléedanslesendométritesetlessalpingitesàM.genitalium.

Dans les autres infections àUreaplasma spp. etM. hominis, les tétracyclines et lesmacrolides sont les antibiotiques les plus utilisés. Les fluoroquinolones, notammentlévofloxacineetmoxifloxacine, seulesouenassociation, sont généralement réservéesauxsouchesrésistantes,auxéchecsthérapeutiquesouauxinfectionssévèresenparticulierchezlespatientsimmunodéprimés.

7. Prophylaxie-vaccinationsIln’existeàcejourpasdevaccinscontrelesmycoplasmesuro-génitaux.Laprévention

desinfectionsàM.genitalium,estidentiqueàcelledesautresagentsresponsablesd’IST.

8. Pointsclefsàretenir

- Ureaplasma spp. et M. hominis sont des commensaux des voies génitales, pouvantoccasionnellementêtreresponsablesd’infectionchezl’homme,lafemmeoulenouveau-né.M. genitalium est un agent d’IST, 2ème agent responsable d’UNG et de cervicites aprèsC.trachomatis. Des infections extra-génitales sont décrites rarement pour toutes lesespèces.- Commetouslesmycoplasmes,ilssontdépourvusdeparoi.IlsnesontdoncpascolorablesparlacolorationdeGrametrésistentàtouslesantibiotiquesciblantlaparoibactérienne.- LaculturedesureaplasmesetdeM.hominisestaiséetandisqueM.genitaliumnepeutêtredétectéqueparamplificationd’acidesnucléiques.- Pour leséchantillonsuro-génitauxencontactavec la florecommensale,uneévaluationsemi-quantitative desUreaplasma spp. et deM. hominis est nécessaire en raison de leurpossibleprésencecommensale.- Iln’yapasdediagnosticsérologique.- Les antibiotiques potentiellement actifs sont les tétracyclines, les macrolides etapparentés et les fluoroquinolones. La résistance aux tétracyclines concerne surtoutUreaplasmaspp.etM.hominis(respectivement5%et20%dessouches)tandisquecelleauxmacrolidestoucheM.genitalium(environ15%dessouches).