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N O u V LIVRES D'IMAGES Chez Albin Michel Jeunesse, de Jonathan Allen : Panique dans la basse-cour, un livre-comptine (69 F). Le style naïf de l'illustration convient au caractère de l'histoire. Les images dissimulées derrière les caches essaient avec plus ou moins de bonheur de créer un effet de sur- prise. Jacques Duquennoy : Les Fan- tômes à la cave (Zéphyr, 69 F). Soumis au phénomène de clonage, ces drôles de fantômes perdent leur mystère ; et au fil de leurs appari- tions répétées dans les ouvrages de Duquennoy, ils deviennent évanes- cents. Le Néouanic : Garavou le loup (Moi, 39 F). L'illustration mali- cieuse joue avec le stéréotype de l'image du loup. Annie M.G. Schmidt, adapt. A.M. de Both-Diez, ill. Harrie Geelen : Les Comptines de Robinson (65 F). Les petites comptines servent de pré- texte pour accompagner les char- mantes peintures d'Harrie Geelen. Thomas Tidholm, ill. Anna-Clara Tidholm : Arthur fait des trou- vailles (39 F). Un sympathique petit bonhomme découvre la vie quoti- dienne, en compagnie de son chien Olala. Caroline Uff : Je peux le faire (65 F). Cet ouvrage cartonné au format carré propose une manipula- tion plus ou moins aisée des sys- tèmes de fermeture dont sont équipés les vêtements enfantins. I Aux éditions Autrement Jeunesse, de Simon James : Charlotte et l'écureuil (79F). L'humour très L'Ombre de l'ours, ill. 0. Lecaye, L'École des loisirs british de l'illustration est mali- cieusement accusé par un texte limpide. I Aux éditions Didier Jeunesse, de Roberto Prual-Reavis : Une Idée de chien : Sous la terre ; Dans les airs (52 F chaque). Manifestement sous influence nordique, le trait el- liptique et expressif de ce jeune des- U T sinateur utilise ici les ressources spécifiques de l'image pour raconter sans paroles les sympathiques aven- tures d'un chien. Une fois encore, la preuve est faite qu'une image vaut mille mots. Le personnage, croqué malicieusement, nous arrache plus d'un sourire au cours d'un voyage au centre de la terre. Un petit format en longueur, un papier mat, agréable au toucher, emballé sous une jolie couverture, rappellent que le livre est aussi un objet qu'on a plaisir à feuilleter. • A L'Ecole des Loisirs, d'Olga Lecaye : L'Ombre de l'ours (78 F). L'univers exquis d'Olga Lecaye devient au fd du temps plus maîtri- sé. L'artiste qui emploie depuis longtemps la séduction d'un style pictural dont elle est une des pion- nières, a appris peu à peu à compo- ser une illustration en fonction du support papier et de l'espace livre ; désormais, elle utilise avec gour- mandise sa généreuse palette de couleurs pour créer une ambiance narrative chaleureuse. Elle manie l'art de lier délicieusement la peur et le plaisir pour raconter une his- toire dont l'excellente relation entre le texte et l'image souligne le carac- tère enfantin. Allen Say : Le Tapis d'Emma (78 F). Bien qu'il semble avoir renoncé à évoquer ses origines japo- naises à travers des récits autobio- graphiques, Allen Say les affiche à travers un traitement stylistique appuyé. L'outrance expressive des visages renvoie à l'art populaire nippon et à l'imagerie suscitée par la tragédie des armes nucléaires. Ces références, destinées à susciter un climat fantastique, ne parvien- nent pas toujours à convaincre le lecteur. N° 175-176 JUIN 1997/13

N O V U T LIVRES D'IMAGES - BnF

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N O u V

LIVRES D'IMAGES

• Chez Albin Michel Jeunesse, deJonathan Allen : Panique dans labasse-cour, un livre-comptine(69 F). Le style naïf de l'illustrationconvient au caractère de l'histoire.Les images dissimulées derrière lescaches essaient avec plus ou moinsde bonheur de créer un effet de sur-prise.

Jacques Duquennoy : Les Fan-tômes à la cave (Zéphyr, 69 F).Soumis au phénomène de clonage,ces drôles de fantômes perdent leurmystère ; et au fil de leurs appari-tions répétées dans les ouvrages deDuquennoy, ils deviennent évanes-cents.

Le Néouanic : Garavou le loup(Moi, 39 F). L'illustration mali-cieuse joue avec le stéréotype del'image du loup.

Annie M.G. Schmidt, adapt. A.M. deBoth-Diez, ill. Harrie Geelen : LesComptines de Robinson (65 F). Les

petites comptines servent de pré-texte pour accompagner les char-mantes peintures d'Harrie Geelen.

Thomas Tidholm, ill. Anna-ClaraTidholm : Arthur fait des trou-vailles (39 F). Un sympathique petitbonhomme découvre la vie quoti-dienne, en compagnie de son chienOlala.

Caroline Uff : Je peux le faire(65 F). Cet ouvrage cartonné auformat carré propose une manipula-tion plus ou moins aisée des sys-tèmes de fermeture dont sontéquipés les vêtements enfantins.

I Aux éditions Autrement Jeunesse,de Simon James : Charlotte etl'écureuil (79 F). L'humour très

L'Ombre de l'ours, ill. 0. Lecaye,L'École des loisirs

british de l'illustration est mali-cieusement accusé par un textelimpide.

I Aux éditions Didier Jeunesse, deRoberto Prual-Reavis : Une Idéede chien : Sous la terre ; Dans lesairs (52 F chaque). Manifestementsous influence nordique, le trait el-liptique et expressif de ce jeune des-

U T

sinateur utilise ici les ressourcesspécifiques de l'image pour racontersans paroles les sympathiques aven-tures d'un chien. Une fois encore, lapreuve est faite qu'une image vautmille mots. Le personnage, croquémalicieusement, nous arrache plusd'un sourire au cours d'un voyageau centre de la terre. Un petitformat en longueur, un papier mat,agréable au toucher, emballé sousune jolie couverture, rappellent quele livre est aussi un objet qu'on aplaisir à feuilleter.

• A L'Ecole des Loisirs, d'OlgaLecaye : L'Ombre de l'ours (78 F).

L'univers exquis d'Olga Lecayedevient au fd du temps plus maîtri-sé. L'artiste qui emploie depuislongtemps la séduction d'un stylepictural dont elle est une des pion-nières, a appris peu à peu à compo-ser une illustration en fonction dusupport papier et de l'espace livre ;désormais, elle utilise avec gour-mandise sa généreuse palette decouleurs pour créer une ambiancenarrative chaleureuse. Elle maniel'art de lier délicieusement la peuret le plaisir pour raconter une his-toire dont l'excellente relation entrele texte et l'image souligne le carac-tère enfantin.

Allen Say : Le Tapis d'Emma(78 F). Bien qu'il semble avoirrenoncé à évoquer ses origines japo-naises à travers des récits autobio-graphiques, Allen Say les affiche àtravers un traitement stylistiqueappuyé. L'outrance expressive desvisages renvoie à l'art populairenippon et à l'imagerie suscitée parla tragédie des armes nucléaires.Ces références, destinées à susciterun climat fantastique, ne parvien-nent pas toujours à convaincre lelecteur.

N° 175-176 JUIN 1997/13

Grégoire Solotareff : Un Chat estun chat (82 F). Réflexion sur lanature réelle de l'individu et la diffi-culté que chacun éprouve à setrouver et à s'assumer. Discours ha-bituel chez Solotareff qui semble ce-pendant ici en panne d'images. Eneffet, l'illustrateur reprend desfigures et des masques déjà utilisésdans ses précédents albums et neparvient pas à créer le climat spec-taculaire qui lui est si particulier.

I A L'Ecole des Loisirs-Archimèdede Tord Nygren : Sylvain note tout(69 F). Livre miroir, cet albumrelate avec une rare justesse de tonune tranche de vie quotidienne. Lachute même de l'histoire est au-thentiquement enfantine. La sim-plicité touchante avec laquelle legraphisme note sans complaisancele comportement du petit bouchon,l'aisance, la liberté des cadragesajoutent une dimension esthétique

à cet ouvrage qui remplit son objec-tif d'être à la portée du jeunelecteur.

I Chez Gallimard Jeunesse, deWilliam Steig, trad. Henri Robillot :Zéké (80 F). L'histoire traîne en lon-gueur, est-ce dû à la traduction ou àla faiblesse de l'argument ? Le choixd'un caractère typographiquebâton, le trait noir insistant contri-buent certes à son absence de dyna-misme. Un certain nombre des per-sonnages de Steig viennent faire icide la figuration sans que leur sil-houette familière et sympathiqueparvienne à restaurer cet état degrâce si caractéristique des albumsde Steig.

Charlotte Voake : Tigrou (87 F). Letrait un peu mince de CharlotteVoake utilise avec naïveté l'anthro-pomorphisme pour raconter la ja-lousie suscitée par l'arrivée d'unnouvel enfant.

Sylvain note tout, ill. T. Nygren, L'Ecole des loisirs

I Chez Kaléidoscope, de TanaHoban : Partout des couleurs(75 F).Tana Hoban tente d'édu-quer le regard à travers son travailde photographe. Mais, ici, l'indis-cutable qualité plastique de la pho-tographie est malmenée par la miseen pages ordonnée par le propospédagogique. Le caractère démons-tratif de la démarche qui juxtaposeaux photos des rectangles de cou-leurs agressifs, est fatigant pourl'œil. Mais au fait que cherche-t-onà « montrer » ici ? L'émergenced'une dominante colorée ? Ou lesdifférentes perceptions suscitéespar l'organisation chromatique :valeur, intensité, complémentarité,etc. ? L'ambition d'un proposhérité de Johannes Item, théoricienet enseignant au Bauhaus, outre-passe le cadre d'un simple petitlivre.

David McKee, t rad. ElisabethDuval : Prince Pierre et le nou-nours (75 F). L'histoire est bienficelée. La divergence de points devue entre les parents et les enfantsest racontée aussi bien dans le textequ'à travers un dessin gentimentcaricatural. Mais le graphisme estpar endroits étonnamment hâtif ; àtel point qu'il est difficile de recon-naître la patte de McKee dans cer-taines pages.

Geoffroy de Pennart : Boniface etPhilibert (75 F). Une histoire amu-sante dont le côté moralisateur estgommé par un trait caricatural.L'illustration goguenarde convientparfaitement à ces querelles de voi-sinage qui rappellent l'esprit sinonle style de l'humoriste Dubout.

14 / LA REVUE DES LIVRES POUR ENFANTS

N O u V A U

Les Petits héritages, ill. F. Bertrand, Éd. du Rouergue

Michael Rosen, trad. ElisabethDuval, ill. Helen Oxenbury : LaChasse à l'ours (89 F). Nouvelleédition. Changement d'éditeuroblige : il fallait refaire une traduc-tion qui s'était avérée excellente. Or,si ni le récit, ni l'image ne pâtissentde ce passage chez Kaléidoscope, enrevanche, la spontanéité enfan-tine du texte français précédent, lerythme de la comptine sont compro-mis par un style inutilement sophisti-qué. Demeurent la qualité et l'intel-ligence des grandes illustrationspleine page d'Helen Oxenbury.

I Chez Milan, de Karen Hollànder,Christine Rettl : Là où le soleil secouche (62 F). Des images dont laminutie toute germanique est auservice d'un univers animalier quin'est pas dépourvu d'un certaincharme précieux.

I Au Père Castor-Flammarion,d'Anne-Marie Chapouton, d'aprèsune légende philippine, ill. Ra-phaële Galéa : Écho le géant (69 F).Une technique imitant la gravuresur bois, associée à une palette decouleurs volontairement économessouligne le caractère traditionnel decette histoire très connue.

Paul-Emile Victor : Apoutsiak lepetit flocon de neige (Les Albumsdu Père Castor, 92 F). Hormisl'ajout d'une couverture carton-née, et une reproduction de l'illus-tration un peu plus contrastée, ré-édition de l'album dans son jus

rine.

I Aux Éditions du Rouergue, deFrédérique Bertrand : Les Petitshéritages (72 F). L'inventaire à laPrévert est cocassement mis enimages par Frédérique Bertranddont le style enfantin a conquis les

lecteurs adultes de journaux pourgrands. La mise en pages inventives'emballe, emportée par le ras-le-bolde la gamine qui hérite régulière-ment des affaires des aînés. Jus-qu'au jour où apparaît un autre« petit dernier » qui vient à son tourprolonger la chaîne... Quelle veine !

Pascale Peti t , ill. ChristopheHamery : La Ligne d 'horizon(68 F). Voir « Chapeau » page 10.

C.A.P.

PREMIERESLECTURES

I Chez Gallimard Jeunesse, collec-tion Folio Benjamin, Série Panique,de Gail Herman, trad. Pascale Jus-forgues, ill. Blanche Sims : La Bi-cyclette hantée (28 F). Ça y est, lespetits ont droit, eux aussi, à unesérie « frissons » ! Tout y est étudiépour que le lecteur de 5-7 ans aitpeur en toute sécurité ! Le meilleurtitre de la série, qui propose troisvolumes, est une histoire de viequotidienne dans laquelle le fantas-tique intervient. Emma, qui n'étaitjamais montée sur un vélo aupara-vant, pédale à toute vitesse sansaucun problème. Mais c'est la bicy-clette qui décide de l'endroit où elleva ! Et cela permet à Emma de faireune rencontre merveilleuse et inat-tendue qui l'aidera à affronter unebande de mauvais garnements.

Jane O'Connor, trad. Pascale Jus-forgues, ill. Brian Karas : LaPlante Carnivore (28 F). Heureuse-ment que l'héroïne est une petitefille qui sait prendre les mesuresqui s'imposent, sinon Dieu sait cequi serait arrivé ! Le format ne se

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N O U

prête malheureusement pas bienaux illustrations qui auraient eubesoin de plus d'espace.

Dina Anastasio, trad. Pascale Jus-forgues, ill. Jerry Smath : Troishistoires pour frémir (28 F). Lapremière histoire pose un problèmeinsoluble : à Halloween l'ours était-il un enfant déguisé ou un « vrai »ours ? La deuxième histoire est unrécit plus banal de poupées et latroisième une étrange histoire dechien. Un volume moins convain-cant que les deux autres.

I Chez Nathan, collection Premièrelune, de Thierry Lenain, ill. SergeBloch : Tête de grenouille (35 F).Un sourire peut-il changer le coursd'une vie ? Sûrement, à en croirel'aventure vécue par la toute petitegrenouille-princesse du jeune hérospas trop prêt à accepter une petitesœur.

Dans la collection Demi-lune, deMichel Amelin, ill. Martin Jarrie :Le Masque d'or et de sang (37 F).Tom et son père photographe viventde palpitantes aventures d'explora-teurs au Kenya. Un texte courtréussi et agréablement illustré.

D'Eric Sanvoisin, ill. FrédéricRébéna : Le Nain et la petitecrevette (37 F). Maxime, 11 ans,raconte comment au quotidien il doitsupporter sa petite taille ; les mo-queries de ses camarades de classe,les angoisses de ses parents, lespiqûres d'hormones. Mais Maximesouffre surtout de solitude. Il décidealors de passer une annonce dans unjournal... un happy end sans faille.Un ton particulier, impulsé par lavitalité et la lucidité de ce petitgarçon nain, rend ce court récit at-tachant et non dénué d'intérêt.

E _ A U T

Le Masque d'or et de sang, ill. M. Jarrie, Nathan

I Chez Nord-Sud, collection C'estmoi qui lis, de Wolfram Hà'nel,trad. Danièle d'Hautil, ill. Jean-Pierre Corderoc'h, passage enpoche de La Famille ours (29 F).Pauvre pêcheur dont la tranquillitéest mise à rude épreuve avec l'ir-ruption d'une famille ours au grandcomplet qui vient patauger dans la

rivière poissonneuse ! Il concoctealors un piège redoutablement effi-cace, sauf que la victime n'est pascelle qui était prévue ! Une fablebon enfant.

Wolfram Hànel, trad. GéraldineElschner, ill. Alan Marks : Baladeirlandaise (29 F). Une classique his-

16 / LA REVUE DES LIVRES POUR ENFANTS

toire d'amitié entre une enfant et

son chien, dans une Irlande sauvage

et verte que les illustrations rendent

particulièrement attractive.

I Au Père Castor-Flammarion., col-

lection Loup-Garou, Nathalie et

Yves-Marie Clément, ill. Corinne

Baret-Idatte : Espèce de cucurbita-

cée ! (34 F). Tout comme le capitaine

Haddock, grand-père image son

langage d'expressions empruntées à

sa passion : le jardinage. Et cela fait

rêver son petit-fils traité un jour

d'« espèce de cucurbitacée » ! Une

plaisante histoire sur le langage.

Dans la collection Les Trois loups,

dans la série ChanteLoup (32 F

chaque), de Marie-Hélène Delval,

ill. Hervé Le Goff : C'est mon nid !

L'histoire de Loly la lutine et de

son Petit Moineau coquin est parti-

culièrement bien adaptée aux

jeunes enfants qui ont parfois du

mal à admettre que le lit des

parents n'est pas le leur.

Magdalena, ill. Bruno Gibert : Une

Rentrée sans maîtresse. La maî-

tresse n'est pas au rendez-vous de

septembre. Qu'à cela ne tienne, le

village se mobilise : lundi c'est le

jardinier qui anime la classe, mardi

c'est au tour du boulanger et ainsi

de suite jusqu'au samedi où le gara-

giste apprend aux enfants à réparer

les vélos. Une autre vision, bien

plaisante, de l'école et de l'appren-

tissage.

Marghaut Anthouard, Victoire

Goudjo, ill. Kersti Chaplet : La

Poule, le coq et le cochon. Clas-

sique histoire d'animaux qui quit-

tent la ferme pendant la période de

Noël afin de ne pas servir de plat de

résistance au pauvre couple de fer-

miers. Bien raconté, bien mis en

pages et gaiement illustré.

Eisa Devernois, ill. Véronique

Chéneau : Chacun chez soi. Léo et

Léa qui partageaient jusque-là leur

chambre viennent de déménager,

aussi savourent-ils leur nouvel

espace respectif. Mais le soir venu...

Une histoire classique dont on a

besoin, dommage que les illustra-

tions ne soient pas plus plaisantes.

Claire Ubac, ill. Annick Bougerolle :

Gricha caché. La partie de cache-

cache tourne mal pour le petit

ourson. Une histoire simple et plai-

samment racontée.

Dans la série Faim de Loup (27 F

chaque), de Jo Hoestlandt, ill.

Gérard Franquin : Le Virus de la

rentrée. C'est bien connu, à la

rentrée, chacun prend de « bon-

nes » résolutions. Fini de se prélas-

ser devant la télévision et vive les

activités enrichissantes... Et, c'est

décidé, cette année les enfants

vont apprendre leurs leçons

consciencieusement... Mais le

temps passe et les vieilles habitudes

reviennent vite. Un livre sympa-

thique et réaliste pour rire en

famille.

Michel Grimaud, ill. Bruno Pilorget :

L'Enfant de la mer. Un petit conte

classique qui raconte comment un

garçon-poisson a été adopté par un

village de pêcheurs : toléré par le

village, aimé par une vieille femme.

Mais quand sa mère adoptive meurt,

le village comprend, dans la

douleur, que sans l'amour on n'est

rien.

I Chez Pocket, collection Kid

Pocket, de Susie Morgenstern, ill.

Serge Bloch : Une Vieille histoire

(30 F). Une réédition en format de

poche, plutôt pertinente pour ce

récit intimiste sur la mémoire et la

vieillesse. Les illustrations sont

identiques à celles de l'album, mais

la mise en pages est légèrement mo-

difiée. Les illustrations pleine page

souffrent de cette présentation.

Toutefois ce petit format permettra

de toucher un plus large public. Un

texte à redécouvrir absolument.

Balade irlandaise, ill. A. Marks, Nord-Sud

N° 175-176 JUIN 1997/17

N O u

M. Victor et Clémentinepromènent le chien.

ill. J. Bennett, Pocket

En Kid Pocket Rouge, de CynthiaRylant, trad. Pascale Berthier, ill.Jill Benjiett : M. Victor et Clémen-tine promènent le chien (30 F).Une histoire typiquement enfantined'un chien-enfant capricieux maissensible aux récompenses que luiproposent M. Victor, un voisin debonne composition, et Clémentine,le chat de ce dernier. Drôle ettendre, avec des illustrations pleinesd'humour.

• Chez Syros, collection Un Jardinse crée, de Véronique Corgihet, ill.Rebecca Gibbon : Lola dans sacabane (38 F). Le cadre central estun foyer pour enfants placés à lasuite de drames familiaux divers.L'arrivée soudaine de Lola bou-leverse Serge et Arthur, deuxcopains de longue date. Serge entombe fou amoureux au premiercoup d'œil, et Arthur fuit la petitefille de façon inexplicable. Unevraie détresse d'enfant passe àtravers ces quelques lignes simpleset qui sonnent juste.

A.E.,Z.H.

V

CONTES

A U

I Chez Hachette ]eunesse, dans lacollection Le Livre de poche Jeu-nesse Senior, texte de Jacques Cas-sabois ; ill. Christophe Rouil :Sindbad le marin. Reprise du textepublié en 1993 en Bibliothèqueverte-Aventure légendaire. Réécri-ture littéraire fidèle de Sindbad.Pourquoi pas ?

I Au Père Castor-Flammarion,illustré par Nathalie Parain : BabaYaga, conte populaire russe(69 F). On ne pouvait que se ré-jouir de la réédition de ce conteillustré magnifiquement par Natha-lie Parain. On l'attendait depuisbien des années. Texte de RoséCelli (devenu curieusement ano-nyme dans cette nouvelle édition)et illustrations n'ayant rien perdude leur charme, de leur force.Pourtant quelle déception ! Cer-tains diront peut-être que c'est làdiscussion byzantine et réaction-naire. Mais qu'on nous expliquepourquoi, par exemple, parl'agrandissement du dessin dansun format pourtant plus petit, parle changement très contestable dela typographie, on bouleversel'équilibre entre texte et illustra-tion. Il semble que l'on ait peur duvide, du blanc, de l'espace : ten-dance fréquente dans l'édition etc'est bien dommage. Qu'on nousexph'que aussi l'intérêt de « retou-cher » certains éléments du dessinde Nathalie Parain (Cf. texture dutissu de la robe de la tante, élé-ments de la barrière...). Horreurdu blanc, horreur du flou : autre-ment dit, horreur de ce qui fait res-pirer et rêver. Quelle époque !

Raconté et illustré par EtienneMorel : La Plus mignonne despetites souris : conte populaire(69 F). Reprise en grand format21 x 28 cm du petit album d'autre-fois. Changement de typographie,changement de mise en pages consé-cutif au changement de format.Donc tout un équilibre rompu. Biensûr, ce grand album fait plus chicque le petit d'origine. Mais lelecteur n'y gagne vraiment rien.

Dans la collection Castor pocheSenior, texte de Michèle Perret, ill.Philippe Mignon : La Légende deMélusine (30 F). Adaptation inté-ressante du texte de Jean d'Arras àl'intention des enfants, due à latraductrice en français moderne dutexte intégral publié aux éditionsStock, collection Moyen Age. Textefacile à lire dès dix ans et qui pour-rait être entendu même avant.C'est vraiment agréable de trouverce long récit dont tout le monde aentendu parler sans pour autantavoir pu le lire. Cette version sim-plifiée est une excellente invitationà aller plus avant. Agréables illus-trations en ombres chinoises. Unexcellent livre.

La Légende de Mélusine,ill. P. Mignon,

Père Castor-Flammarion

18 / LA REVUE DES LIVRES POUR ENFANTS

N O u V A

Le Petit Chaperon Rouge, ill. J. F. Martin, Rouge et Or

I Chez Rouge et Or, dans la collec-tion Les Petits cailloux, Conte deGrimm, ill. par Jean-FrançoisMartin : Le Petit Chaperon Rouge(31 F). Excellente adaptation dutexte des Frères Grimm. Illustra-tions pleines d'attrait : le Petit Cha-peron Rouge va hardiment, le loupfait peur, comme on peut le souhai-ter et le chasseur, curieusement, faitplus peur encore avec une barbe àla Landru ! C'est surtout très rigoloet dynamique. Cette nouvelle collec-tion propose huit autres titres : rienque des contes très connus comme« Le Chat botté », « Les Trois petitscochons » ou « Souricette ». On en atoujours besoin. Les textes sont tou-jours très bien adaptés. Les illustra-tions sont sans doute inégales d'untitre à l'autre, mais rien de catastro-

phique. Le petit format carré estplaisant, c'est une petite collectionde contes pour les plus jeunes quidébute bien. Sympathique et sansprétention.

I Aux éditions du Seuil, texted'Isaac Bashevis Singer, trad. del'anglais par Marie-Pierre Say : LeGolem (59 F). Reprise du textepublié en 1984 chez Stock (avec enplus un extrait de discours pronon-cés par Isaac B. Singer en 1970 et en1978 lorsqu'il reçut le NationalBook Award, puis le Prix Nobel :« Dix raisons pour lesquelles j'écrispour les enfants »). Où l'on retrouvel'écho de l'une des légendes les pluscélèbres d'Europe centrale.

E.C.

U T

POÉSIE

I Chez Albin Michel, de Jean-Hugues Malineau, ill. de Pef, miseen pages Christian Lancou : Dixdodus dindons (69 F). Une antholo-gie de virelangues, amusante et bienfaite, qui donne le plaisir de retrou-ver celles qu'on connaît et d'en dé-couvrir d'autres ou des variantes.Mise en pages et illustrations sympa-thiques. Brève introduction « théo-rique » convaincante.

• Aux éditions de l'Arbre, Jean-Pascal Dubost : Les Cochons pro-saïques (60 F). Une petite plaquettesobre et distinguée pour laissermijoter - sans les charcuter - dessouvenirs d'enfance : des odeurs,des images, s'organisent, entrehumour et nostalgie, autour deslourds et mystérieux cochons.

I Aux Editions du Cheyne, dans lacollection Poèmes pour grandir, deTristan Cabrai, ill. Martine Melli-nette : Mourir à Vukovar, petitcarnet de Bosnie (80 F). TristanCabrai parcourt la Bosnie en guerre,saisissant les images, les visages, lesparoles, les mots écrits çà et là ettransmet ses émotions tandis qu'il vacomme de station en station d'unchemin de croix. Un beau texte,simple et touchant. La mise enimages est d'une grande sobriété :quelques traits comme des graffiti,où se devinent des noms et des sil-houettes sous les marbrures dupapier.

I Aux éditions du Dé bleu, coll. LeFarfadet bleu, Louis Dubost, ill.Isabelle Dignet : Fine pluie mouchel'escargot (48 F). Sous un titre em-

N° 175-176 JUIN 1997/19

prunté à René Char, un joli recueild'aphorismes, de proverbes ou defragments de textes, à la gloired'une bestiole qui accède ainsi, avecune digne lenteur, mais non sanslaisser de trace, au statut de hérospoétique.

• Aux Éditions du Ho ! Ha !,Victor Hugo, ill. Catherine Buffat :L'Ogre (65 F). Une bonne idée quede donner ainsi un coup de jeune àce bon vieux père Hugo, en publiantun poème (extrait du recueil Toutela lyre) férocement drôle. Maispourquoi avoir supprimé le vers lemieux frappé ? La typographie et lesillustrations qui « décoiffent », ren-forcent le côté farce de ce texte qui aaussi inspiré Julos Beaucarne.

• Chez Mango, Albums Dada-Ilsuffit de passer le pont, textes dePrévert, photographies de Dois-neau, collages de Natali : LePrévert (99 F). Dix-neuf poèmes dePrévert, illustrés par des portraitsde Prévert par Doisneau et « agré-mentés » de collages par une jeunegraphiste un brin iconoclaste. Col-lages et mise en pages se veulent àla hauteur de la gouaille et de l'hu-mour de Prévert et Doisneau, maisc'est une fausse bonne idée quiaplatit finalement - au lieu de lesmettre en relief - la fantaisie etsurtout le sens des textes.

F.B.

Les Cochons prosaïques,éditions de l'Arbre

ROMANS

I Chez Casterman, en RomansHuit & Plus, série Comme la vie, deStéphane Daniel, ill. Serge Bloch :La Colo des timides (42 F). Emileest tellement timide que ses parentss'inquiètent et décident de l'envoyeren colo pour l'aguerrir un peu.Rude épreuve !... heureusementadoucie par la présence de troisautres gamins affligés du même mal.La bande des timides se serre lescoudes et réussit à se dépêtrer de lamalveillance de quelques malinsqui s'acharnent sur eux. Une his-toire bien menée, intéressantesurtout pour le ton à la fois sensibleet drôle, parfois émouvant : unhumour léger qui sonne juste etrepose sur la lucidité d'Emile quandil raconte ses aventures.

De Geneviève Senger, ill. Phi-lippe Chauvet : Le Manoir invisible(42 F). Un récit habile qui met engarde contre les sectes, mais demanière ni trop appuyée ni trop dé-monstrative. Car si le messagecentral est bien de dénoncer lessectes, les jeunes héros du roman nesont pas directement concernés parce problème. Le livre est construitautour d'une enquête menée partrois jeunes enfants qui s'imaginentque l'un de leurs camarades est endanger. Mais, comme c'est souventle cas, l'explication finale est à millelieues de ce qu'ds avaient imaginé.

Dans la collection Romans Dix &Plus, Aventures, d'Anne Thiollier,illustré par l'auteur : Hong Kongstory (42 F). Un livre écrit par unauteur qui connaît bien l'Asie. Untitre d'actualité au moment où HongKong va revenir à la Chine. Mais onne se retrouve pas très bien dans ceroman à la fois trop descriptif et

La Colo des timides, ill. S. Bloch,Castennan

complexe, car il part dans plusieursdirections sans aboutir réellementnulle part. Dommage.

Dans la collection Romans Dix &Plus, Mystère, de Jean-FrançoisChabas, ill. Christophe Blain :Nisrine et Lucifer (48 F). Julien,qui a perdu ses parents dans un ac-cident de voiture, est élevé par sononcle Michel, un cél ibata i reendurci et bougon, avec lequel iltisse progressivement des rapportsd 'une grande tendresse : leslongues parties de pêche leur per-mettent d'affronter ensembleLucifer, un silure de plus de 2mètres qui hante leur rivière (oùl'on ne peut s'empêcher de penseraux nouvelles d'Hemingway et àMoby Dick). Dans le même temps,Nisrine, une jeune et belle Liba-naise, vient habiter le village :l'oncle Michel en tombe amoureuxet c'est Julien qui lui servira d'in-termédiaire. Julien et son amiFranck iront ainsi de découverte endécouverte, sur fond d'intrigue po-licière, allant jusqu'à soupçonnerla belle inconnue d'être à l'origined'un trafic de drogue. Ce roman esttrès intéressant, réellement bienécrit, dans un style à la fois recher-ché et facile d'accès. L'histoire elle-même est bien menée, habilementconstruite, avec beaucoup de maî-trise et de subtilité.

20 / LA REVUE DES LIVRES POUR ENFANTS