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Synthèse de la journée : l’agroalimentaire de demain 25 novembre 2014
Conférences - table ronde et ateliers
Résumés des n°04
L’agroalimentaire de demain – 25 novembre 2014
2
Sommaire Ouverture .............................................................. 3
L’agroalimentaire de demain : où allons-nous ? ...... 5
Quel avenir pour l’industrie alimentaire ? ............... 6
L’industrie alimentaire en France : état des lieux .................. 6
Quelles innovations aujourd’hui ? ........................................ 8
Sciences et innovation alimentaire : les pistes .................... 11
Quelles menaces sur l’industrie alimentaire ? ..................... 14
Grands objectifs ................................................................. 15
Innover dans l’agroalimentaire pour répondre aux
enjeux de demain ................................................ 17
Remarques sur l’intervention de Pierre Feillet .................... 17
Exporter l’image du modèle alimentaire ............................. 18
Les insectes, voie d’avenir ? ................................................ 19
La naturalité, une identité complexe .................................. 22
Innover face aux géants : l’exemple de la soupe ................. 24
Goût, santé : Etablir la confiance ........................................ 26
Ateliers thématiques ............................................ 31
1. Naturalité et seniors : les clés pour innover sur ces
marchés ............................................................... 32
Quelles solutions pour une formulation sans additifs pour des
recettes simples et savoureuses ? .......................................32
En quoi les seniors constituent-ils une source d’innovation
pour l’agroalimentaire ? ......................................................34
2. ...... Quels outils pour maîtriser la traçabilité de ses
produits ? ............................................................ 36
3. Commerce et nouveaux modes de consommation :
nouvelle donne ou effet de mode ? ...................... 41
Eléments de contexte .........................................................41
Actions dédiées aux circuits alimentaires de proximité .......41
4. ......Enjeu environnemental : où en sommes-nous ?
........................................................................... 45
L’affichage environnemental français et européen :
historique, points sur l’actualité, et présentation de quelques
exemples ............................................................................45
Affichage environnemental : quelles perceptions des
consommateurs ? ...............................................................47
L’environnement au service de la performance : une stratégie
éclairée ...............................................................................49
Sigles ................................................................... 51
L’agroalimentaire de demain – 25 novembre 2014
3
Ouverture
Pascal CAUDRON
CERTIA Interface
L’ambition de la semaine de l’innovation est d’aider les
entreprises à trouver les moyens d’innover et à établir
des contacts pour faire émerger des idées. Cette
journée consacrée à l’agroalimentaire invite à un
voyage dans le futur, autour de la question suivante :
comment seront produits, transformés et
commercialisés les produits au cours de la prochaine
décennie ? Le défi du XXIe siècle sera de garantir l’accès
à l’eau et à la nourriture pour tous ; ce qui implique de
produire mieux, plus et partout. Cette journée vise
aussi à promouvoir le dynamisme de la région Nord-
Pas-de-Calais et sa capacité à innover. Le rôle du
CERTIA est ainsi d’accompagner les projets par la mise
en relation entre les différentes compétences et la
recherche de financements.
Etienne VERVAECKE
Pôle Nutrition santé longévité (NSL)
L’industrie agroalimentaire représente dans la région
environ 30 000 salariés et plus de 800 entreprises.
Leaders mondiaux ou Petites et moyennes entreprises
(PME), ces acteurs sont regroupés au sein du pôle
Nutrition santé longévité (NSL) et unis par une vision
commune. Face aux pathologies de civilisation et pour
tenter de les prévenir, il est nécessaire d’innover à la
fois sur le plan thérapeutique et agroalimentaire. En
nous appuyant sur ce constat, nous avons fédéré les
entreprises et les laboratoires de recherche en santé et
biotechnologie. Le pôle, qui compte aujourd’hui 90
membres, a labellisé plus de 100 projets, pour un
investissement de 300 millions d’euros. Ce travail
permet de créer une organisation plus lisible de la
recherche publique sur l’innovation. Le pôle NSL
accueille désormais des membres implantés hors de la
région, dans le but de se développer à l’échelle
nationale.
L’agroalimentaire de demain – 25 novembre 2014
4
Fabrice HOSCHEDE
Pôle d’excellence AGROE
La filière agroalimentaire dans le Nord-Pas-de-Calais
représente un chiffre d’affaires annuel de 11 milliards
d’euros. La région accueille les 15 leaders mondiaux du
secteur, ainsi qu’une myriade de Très petites
entreprises (TPE). Sa situation au cœur de l’Europe
incite à envisager le marché à l’échelle internationale.
Sur un rayon de 300 km vivent plus de 80 millions de
consommateurs. L’agroalimentaire est aussi un
remarquable point d’observation des évolutions
ethniques et sociétales, la mondialisation n’ayant pas
encore uniformisé les envies des consommateurs.
Les coûts et les réglementations rendent difficile
l’innovation pour les TPE. La mission du pôle AGROE est
de les y aider. Nous avons aussi engagé la transition
vers la durabilité pour répondre aux contraintes
futures, convaincus qu’il y a là une opportunité de
développement économique. Une stratégie durable
permet de réduire les coûts, d’innover, de prévenir les
risques, d’améliorer son image.
L’agroalimentaire de demain – 25 novembre 2014
5
9 h 30 – 12 h 30
L’agroalimentaire de demain : où allons-nous ?
L’agroalimentaire de demain – 25 novembre 2014
6
Quel avenir pour l’industrie alimentaire ?
Pierre FEILLET
Ingénieur agronome, membre de l’Académie des
technologies
L’industrie alimentaire en France : état des lieux
En France, le secteur alimentaire compte 12 000
entreprises, dont 98 % de PME. La plus importante,
Danone, qui s’est d’ailleurs en grande partie spécialisée
sur le segment des bébés et des personnes âgées, n’est
que douzième au niveau mondial. Le chiffre d’affaires
de ce secteur est de 160,5 milliards d’euros1. Son
nombre de salariés, 492 000, n’est qu’en très faible
baisse. La France n’est plus que le cinquième
1 Source : ANIA et MAAF
exportateur mondial, derrière notamment l’Allemagne
et les Etats-Unis, ce qui marque un déclin dans la
compétition internationale. L’alimentaire reste
toutefois un grand marché. En effet, 75 à 80 % de ce
que nous mangeons a été transformé par des
industries sur le territoire. Par ailleurs, la valeur se
situe aujourd’hui davantage dans le commerce et les
services que dans les produits agricoles ou
transformés : on achète des produits à longue
conservation, faciles à préparer.
Faiblesses et forces du secteur L’outil de production, qui doit être modernisé,
notamment du point de vue de la consommation
énergétique, constitue la première faiblesse du secteur.
Des concertations doivent être menées autour de
l’usine sobre. Autre grand défi pour l’avenir :
l’internationalisation des petites entreprises qui ont
du mal à exporter. La puissance de la grande
distribution est aussi un inconvénient, puisque 70 %
des dépenses alimentaires se font en grandes surfaces
et que quatre acteurs se partagent 80 % du marché,
provoquant une guerre des prix. La volatilité des
matières premières et l’importance des charges
sociales constituent aussi des fragilités.
L’agroalimentaire de demain – 25 novembre 2014
7
La puissance de l’agriculture reste pour l’instant un
atout, mais l’avenir de ce secteur est incertain. La
France bénéficie aussi de la bonne réputation de son
modèle alimentaire, même si, plutôt que d’essayer de
vendre à l’étranger des produits français tels que l’on
pourrait les trouver sur notre territoire, il est plus
pertinent de vendre l’image de la gastronomie
française. Enfin, nous disposons de marges de progrès
importantes, sans oublier que les réglementations sont
souvent sources d’avancées.
Qu’est-ce qu'une industrie alimentaire ? Le travail d’une industrie alimentaire consiste en la
transformation physique ou chimique de produits, dont
la composition est par nature variable, en produits finis
à la nature constante (des aliments). Pour proposer
toujours le même produit au consommateur, les
additifs sont un passage obligé. Il est donc nécessaire
d’investir dans l’ingénierie alimentaire pour faire
progresser ces procédés.
Manger par plaisir, sans trop dépenser Un aliment se caractérise par différentes composantes :
- culturelle : cette composante est bien connue. On
mange ensemble, pour se faire plaisir. Puisque les
consommateurs aiment les produits dits « naturels »,
l’industrie communique sur des produits fabriqués
« comme autrefois » (par exemple, les yaourts La
Laitière de Nestlé)
- économique : il est communément admis que les
Français consacrent environ 13 % de leurs revenus à
l’alimentation. Mais ce pourcentage ne prend en
compte que l’achat de nourriture, excluant les repas
pris hors du domicile et les boissons alcoolisées. Si l’on
inclut ces deux dépenses, cette part représente 20 %
- biologique : on aspire à la sécurité sanitaire et l’on
mange pour recevoir les nutriments nécessaires, voire
dans un but physiologique spécifique
- citoyenne : plus récente, cette composante implique
de se nourrir sans mettre en danger la planète et en
pensant à son avenir (limiter l’effet de serre, éviter de
consommer trop d’eau). Cette préoccupation inclut
également le gaspillage. Les Français gaspillent 20 kg de
L’agroalimentaire de demain – 25 novembre 2014
8
nourriture par an, soit 4% de leur alimentation. Il doit
être possible de parvenir à un taux de 3 % sans
difficulté majeure.
Quelles innovations aujourd’hui ?
Goût, prix et santé : ne pas oublier les priorités Le baromètre de l’alimentation publié en 2013 indique
que le goût et l’apparence demeurent les premiers
critères d’achat. Le plaisir de manger et de voir est une
valeur très stable. Suivent par ordre décroissant : le
prix, l’avantage santé, la marque, et le caractère
biologique de l’aliment. Une des priorités des
laboratoires de développement est donc d’inventer de
nouveaux produits, provoquant de nouveaux plaisirs,
mais associés à un avantage santé. Pour fabriquer les
premiers gâteaux allégés dans les années 1990, on avait
ainsi supprimé les matières grasses : le plaisir du
gâteau avait disparu, l’échec fut total.
Innovations inutiles, trouvailles pertinentes Une innovation peut être définie comme un produit ou
une idée nouvelle trouvant un marché. Dans cette
perspective, les Grands prix du Salon de l’industrie
agroalimentaire (SIAL)2 peuvent être considérés comme
les grands marchés de demain. En 2014, le salon a
récompensé une boisson à la spiruline, certes à la
mode, mais qui ne s’écoule qu’à 5 000 tonnes par an
dans le monde. Il a aussi distingué un kit pour faire
pousser des champignons soi-même, du vinaigre en
paillettes, des yaourts aux fruits et à l’huile d’olive et
enfin un kit pour fabriquer sa propre bière.
L’intérêt biologique, social et culturel de ces aliments
laisse sceptique. Le fait que l’industrie alimentaire
choisisse de présenter ces produits comme innovants
provoque la surprise et la déception. Ce concours est le
seul événement du SIAL qui a été relayé à l’extérieur.
Ceci constitue une erreur de communication
importante vis-à-vis du grand public qui connaît mal le
secteur de l’industrie alimentaire.
2 Le salon de l’industrie agroalimentaire réunit tous les deux ans à Paris les
professionnels de l’agroalimentaire
L’agroalimentaire de demain – 25 novembre 2014
9
Pourtant, les véritables innovations existent. Par
exemple, les fromages analogues Cargill (2009) ont
trouvé leur marché auprès des fabricants de pizzas
congelées ou industrielles. Ce produit n’a rien d’un
fromage, mais comporte les fonctionnalités des
protéines de lait sans présence de lactose. Son coût est
bien moindre que celui du fromage à pizza et en outre il
convient aux personnes allergiques au lactose. Le
consommateur, qui considère ce type de procédé
comme une dénaturation, ne s’aperçoit pas de la
différence puisque le goût est quasiment identique.
Répondre à une demande : les « sans » et les « avec »
Le « clean label »
Pendant longtemps, le consommateur se situait au bout
de la chaîne alimentaire, après l’agriculture, la
transformation et la distribution. Aujourd’hui, il est en
son cœur et la filière s’est développée autour de lui. La
stratégie du « clean label », qui répond à la demande
du consommateur révulsé par les additifs, est un champ
porteur d’avenir. Il s’agit de se libérer de l’obligation
d’informer de la présence d’additifs en les remplaçant
par d’autres ingrédients. Ceux-ci n’ont pas d’obligation
d’étiquetage mais remplissent les mêmes fonctions que
les additifs. L’entreprise Limagrain travaille par
exemple en ce sens3.
Les aliments santé
Historiquement, les industries ont dans un premier
temps développé des aliments « sans » : contenant
moins de matières grasses, sans substances
allergéniques, sans calories etc. Il n’est pas facile de
concevoir des aliments sans sel, car celui-ci a une
incidence sur le goût et la texture. Puis, ont été
développés les aliments « avec », enrichis en vitamines,
en minéraux etc., dont certains présentaient des excès
évidents, comme le lait contenant cinq vitamines qui ne
sont pas nécessaires au corps humain. Enfin, les
industries ont fabriqué des aliments à effets
physiologiques spécifiques, qui n’apportent pas de
nutriments supplémentaires mais produisent un effet
particulier : les aliments avec ajout d’oméga 3 agissant
sur le cerveau ou sur le système cardiovasculaire ou
avec ajout de phytostérol et de probiotiques. Nous
allons étudier plus en détails ce domaine d’innovations.
3 Voir la fiche mémo de l’atelier 1 : « Quelles solutions pour une
formulation sans additifs pour des recettes simples et savoureuses ? »
L’agroalimentaire de demain – 25 novembre 2014
10
L’exemple du phytostérol
Une étude publiée en 2006 par le Centre de recherche
pour l'étude et l'observation des conditions de vie
(CREDOC), actualisée en 2009, indique que les Français
sont moins sensibles qu’auparavant aux aliments-santé.
Les aliments allégés sont davantage privilégiés.
Grâce à l’ajout de phytostérol dans le produit Fruit d’or
Pro activ, en consommer une grande quantité fait
diminuer le taux de cholestérol dans le sang. Pour que
Pro activ produise un effet, il faut en consommer 20 à
30 grammes par jour, soit 500 kilocalories par mois,
l’équivalent de deux journées de repas. Destiné aux
individus ayant trop de cholestérol, ce produit est en
vente avec les autres beurres, en grande surface. Les
personnes suivant un traitement médical contre l’excès
de cholestérol doivent consulter leur médecin avant de
consommer cet aliment. Il s’agit donc quasiment d’un
produit prescrit sous ordonnance. On est ici face à un
cas typique de produit destiné à une faible portion de
la population, mais qui est vendu parmi les produits
destinés à tous les consommateurs.
La Commission européenne a mis en place une
réglementation pour éviter certaines dérives, même si,
en l’occurrence, Pro activ a fait la preuve d’une
certaine efficacité physiologique. A l’avenir, il faut
espérer que l’industrie se concentrera sur le
développement de produits plus intéressants pour le
consommateur, comme le lait sans lactose Matin léger,
conçu par la marque Lactel. Il répond aux besoins d’une
part non négligeable de la population qui est sensible
ou intolérante au lactose. Grâce à l’ajout d’une enzyme,
il présente un taux quasi nul de teneur en lactose.
L’agroalimentaire de demain – 25 novembre 2014
11
Achat d’aliments-santé par les français
Produits allégés en matière grasse 44
Produits allégés en sucre 38
Aliments à effets physiologiques spécifiques 39
Aliments enrichis en vitamines ou minéraux 22
Produits issus des rayons diététiques 17
Produits de phytothérapie 10
Compléments alimentaires 9
Source : CREDOC, 2006
L’actualisation de l’enquête en 2009 montre une baisse de la demande
Figure 1 - Les Français achètent moins de produits à
effets physiologiques qu’auparavant
Sciences et innovation alimentaire : les pistes
L’épigénétique, un champ prospectif La première découverte sur laquelle l’industrie
alimentaire devra se pencher dans les prochaines
années, est celle d’une interaction très forte entre
l’alimentation et les gènes. Ce que nous mangeons
« allume » ou « éteint » nos gènes, et en fonction de
ces derniers, nous assimilons différemment les
aliments. Par exemple, le lactose ingéré agit sur les
gènes et provoque la synthèse de lactase, capable de
dégrader le lactose via une interaction4.
Ainsi, l’épigénétique étudie entre autres la manière
dont l’alimentation agit sur l’expression des gènes et
comment ce changement peut affecter les générations
suivantes. La séquence génétique n’est pas modifiée
mais ses mécanismes d’expression sont altérés. Les
habitudes alimentaires d’un individu auront ainsi une
incidence sur la manière dont ses enfants et petits-
4 Découverte réalisée dans les années 1960 par le biologiste français
Jacques Monod
L’agroalimentaire de demain – 25 novembre 2014
12
enfants réagiront à ce qu’ils mangeront. Sur la
question de l’obésité, des études ont d’ailleurs déjà
montré le rôle très clair joué par l’hérédité.
Grâce aux avancées en génétique et au séquençage du
génome humain, qui est beaucoup moins onéreux
aujourd’hui qu’il y a dix ans, les connaissances vont
pouvoir avancer en ce domaine. Ce champ d’études est
toutefois encore en gestation, 10 ou 15 ans seront
probablement nécessaires pour que les recherches
aboutissent à la fabrication d’aliments. Néanmoins,
l’industrie peut se tenir informée des avancées en
assurant une veille scientifique.
Carte VITALIMENT
VITALIMENT Dossier médicalProfil génétiqueProfil microbioteProfil alimentaire
Régime alimentaire conseilléou obligatoire
Contrôle de l’État
Génome Aliments
Baisse des dépenses de santé
Baisse des dépenses de santé
Figure 2 – Imaginons : dans l’avenir, chacun pourrait
posséder une carte « Vitaliment », rassemblant le
dossier médical, les profils alimentaire, génétique et
microbiote
A plus court terme, le microbiote Découvert récemment, le microbiote, situé dans
l’intestin, fonctionne comme un deuxième cerveau.
Composé d’un très grand nombre de microorganismes
et d’espèces microbiennes, il s’agit d’un véritable
L’agroalimentaire de demain – 25 novembre 2014
13
organe, mis à jour grâce à la métagénomique5. Selon les
individus, le microbiote fonctionne plus ou moins bien.
Les recherches ont permis de découvrir la présence de
neurones sur la paroi intestinale, en communication
permanente avec le cerveau. Les microorganismes ont
trois fonctions principales : alimentaire (régulation de
l’appétit), biologique (sur le système immunitaire) et
thérapeutique. Les études n’ont pas terminé de mettre
en évidence de nouvelles fonctions du microbiote dans
l’équilibre métabolique, par exemple dans les cas du
diabète ou de l’obésité.
Ce champ progresse à grande vitesse. Les recherches
vont permettre de montrer qu’un type d’alimentation
pourra avoir des effets sur un type de microbiote.
L’industrie alimentaire pourrait se saisir assez
rapidement de ces connaissances très riches. Ces
avancées intéressent ceux qui travaillent sur les
probiotiques : en donnant des aliments riches en
certains microorganismes, on peut ainsi faire évoluer
positivement la flore intestinale. Grâce à une
projection dans le secteur des yaourts, on suppose que
le marché des probiotiques va croître de manière
importante.
5 Etude des organismes microbiens dans leur environnement
La prise en main par l’industrie
Lorsque l’industrie alimentaire saura fabriquer des
aliments ayant un effet positif sur la santé, elle
contribuera à la baisse des dépenses de santé, ce qui
n’est pas le cas actuellement. Une alliance est pour
cela nécessaire entre les industries alimentaire et
pharmaceutique. La première connaît les marchés mais
est mal outillée pour évaluer les impacts physiologiques
des produits ; la seconde ne connaît pas le marché des
aliments mais dispose d’outils pour étudier leurs effets
physiologiques sur l’homme. Les très grandes
entreprises seront armées pour aborder ce marché, les
petites sociétés auront cependant besoin d’être
soutenues. L’enjeu, pour les PME est d’intégrer ce
marché.
Les nanotechnologies Deux champs d’études sont possibles dans le domaine
des nanotechnologies (de un à 100 nanomètres). Le
premier est celui des molécules actives. Les nutriments
seraient alors encapsulés, protégés et menés jusqu’à
une destination précise, à l’image du procédé
pharmaceutique où la molécule cible le tissu malade.
Toutefois, on ignore encore l’impact des nanoparticules
sur la santé, et leur présence dans l’alimentation
L’agroalimentaire de demain – 25 novembre 2014
14
déplairait probablement aux consommateurs. Pour ces
raisons, ce champ ne doit pas être exploré par
l’industrie alimentaire.
L’autre voie prospective très riche est celle des
nanomatériaux au contact des aliments. Il s’agit de
concevoir des emballages dits « intelligents » qui, par
exemple, s’auto-réparent, sont dotés d’une puce
fraîcheur ou réagissent dès qu’un pathogène se
développe. Les emballages sont déjà capables de gérer
l’interaction entre l’aliment et l’extérieur. La recherche
progresse vers des emballages capables de gérer
l’interaction entre l’aliment et son milieu.
La conception par ordinateur Aux yeux d’un physico-chimiste, un aliment est un
système complexe, hétérogène, souvent anisotrope6,
instable et ayant généralement subi de nombreux
traitements biologiques, physiques et chimiques. Une
fois cette complexité constatée, la conception assistée
par ordinateur des aliments pourrait intéresser
l’industrie alimentaire pour plusieurs raisons. Elle
permettrait de décomposer les systèmes complexes
que sont les aliments, de simuler les mécanismes
6 Qui présente des propriétés physiques différentes selon son orientation
physiologiques de l’alimentation, de développer des
bases de données structures-fonctions tout en
s’appuyant sur l’augmentation des capacités de calcul.
La bouche artificielle sera l’un des chaînons de cette
conception assistée. Il s’agit de simuler une mâchoire,
de faire mastiquer l’aliment et d’analyser ce qui se
dégage du point de vue aromatique et volatil. Cette
piste doit intéresser les professionnels, conscients de la
complexité de l’aliment.
Quelles menaces sur l’industrie alimentaire ?
Fausses menaces…
Un steak en tissus musculaires
La presse a beaucoup parlé du steak en tissus
musculaires. Or, le coût de fabrication de ce steak est
pour l’instant de 250 000 euros et il contient des
hormones et des facteurs de croissance. Sa
commercialisation est donc encore très lointaine.
Les pilules
L’agroalimentaire de demain – 25 novembre 2014
15
Ce sujet a été évoqué, mais il faudrait avaler 350 pilules
par jour pour avoir un apport calorique suffisant, ce qui
nécessiterait de boire cinq litres d’eau.
Le Soylent
Une entreprise américaine commercialise Soylent qui
se présente sous la forme d’une poudre à délayer dans
l’eau. Un sachet délayé contient tous les nutriments
nécessaires pour une journée.
Les insectes
Il faudrait manger 50 chenilles pour retrouver l’apport
en protéines d’un blanc de poulet de 100 grammes.
…Et pistes plus sérieuses
Des imprimantes 3D à la place des usines
L’imprimante Chefjet Pros est capable de fabriquer des
morceaux de sucre de différentes couleurs. Si cette
innovation est de l’ordre du gadget, l’imprimante 3D
peut être intéressante pour des produits à très haute
valeur ajoutée, comme le chocolat, et pour fabriquer
des produits de différentes formes ou multicouches. La
NASA se penche aussi sur ce procédé pour
l’alimentation des astronautes.
Cultiver des organismes unicellulaires
Dans les années 1970, l’agronome écologiste René
Dumont considérait la fabrication de briques
alimentaires par la culture d’organismes unicellulaires
comme une invention d’avenir. Cette piste a été
totalement abandonnée, peut-être mériterait-elle
d’être réétudiée.
Les multicuiseurs à la place des plats cuisinés ?
Un appareil, assez élémentaire, contenant 50 recettes
programmées est déjà commercialisé. Par ailleurs, le
groupe Seb travaille actuellement sur l’Open food
system, un projet de recherche qui vise à mettre à
disposition des professionnels un appareil de cuisson
intelligent. Les paramètres de cuisson sont contrôlés
automatiquement, les aliments conservent leur qualité
nutritionnelle. L’industrie des plats cuisinés peut
s’interroger car il s’agit là peut-être d’une avancée
importante.
Grands objectifs
Il est nécessaire de redonner confiance au
consommateur en mettant l’accent sur la dimension
naturelle et traditionnelle des aliments. Il faut
L’agroalimentaire de demain – 25 novembre 2014
16
optimiser les formulations (plaisir, valeur santé,
facilité), concevoir des usines durablement productives.
Sur le plan international, il faut exporter l’image de la
gastronomie française en adaptant les produits aux
demandes locales. L’industrie alimentaire est un
secteur plein d’avenir, puisque d’une part, le monde
s’urbanise et que les villes doivent être nourries, et
d’autre part les classes moyennes sont de plus en plus
nombreuses.
L’agroalimentaire de demain – 25 novembre 2014
17
Innover dans l’agroalimentaire pour répondre aux enjeux de demain
Remarques sur l’intervention de Pierre Feillet
Claude FISCHLER
Sociologue, directeur de recherche au CNRS
Le calcul de la part consacrée à l’alimentation dans le
budget des ménages (environ 13 %) ne prend pas en
compte l’alcool et les repas hors domicile. Néanmoins,
on constate que cette part est plus élevée en France
que dans les pays développés voisins. Les Américains y
consacrent 5,5 % de leur budget, mais on ne sait pas si
ce chiffre prend en compte les repas pris hors domicile.
Il existe en tout cas un rapport très étroit entre ce taux
et certaines pathologies. Aux Etats-Unis comme en
Grande-Bretagne, deux pays qui fonctionnent sur le
même modèle, l’obésité est très importante. L’Italie, où
le budget consacré à l’alimentation est comparable à
celui de la France, ne figure pas dans les pays les plus
touchés par l’obésité.
Thierry BECQUERIAUX
Journaliste
Ce taux de 13 % va-t-il encore diminuer ou sommes-
nous parvenus à un plancher ?
Claude FISCHLER
Cela repose sur une loi économique ancienne. Plus le
niveau de vie augmente, plus la part consacrée à
l’alimentation diminue., Ceci est un effet logique,
puisque la quantité de nourriture consommée n’est pas
directement proportionnelle au montant des revenus.
Chez les jeunes générations, l’arbitrage entre les
budgets en défaveur de l’alimentation a pu être une
source d’inquiétude. Il faut toutefois attendre
d’observer si cette évolution perdure parmi les
prochaines générations avant de tirer une conclusion.
L’agroalimentaire de demain – 25 novembre 2014
18
Exporter l’image du modèle alimentaire
Thierry BECQUERIAUX
Y a-t-il un vrai modèle alimentaire français et peut-il
être exporté tel quel ? Comment expliquer que ce
modèle n’ait pas le succès international qu’il devrait
connaître avec une telle puissance agroalimentaire ?
Claude FISCHLER
Une enquête a été publiée en 2008 sur les
caractéristiques des pratiques alimentaires dans cinq
pays européens ainsi qu’aux Etats-Unis. Cette étude
met en évidence deux pôles. Les Américains ont
développé un rapport très individualisé à la
nourriture, axé sur la nutrition et la santé, selon l’idée
que chacun est responsable de ses choix. Une
spécificité illustrée par l’image de l’Américain
attaquant les restaurants McDonald’s en justice parce
qu’il souffre d’obésité, mais qui se fait débouter au
motif qu’il aurait dû faire les bons choix lui-même.
Ce principe de responsabilité individuelle est lié aux
valeurs du protestantisme, tandis que la France, de
culture catholique, considère le repas comme un
moment de communion, à une certaine heure, dans un
certain lieu. Manger un sandwich dans la rue, ce n’est
pas faire un repas. Ce modèle n’est nulle part aussi
structuré qu’en France. Ainsi, à 13 h en France, une
majorité de personnes sont à table, tandis qu’aux Etats-
Unis et en Grande-Bretagne, le créneau du déjeuner est
davantage réparti dans le temps.
Le mot « snacking » n’a pas d’équivalent en français.
L’industrie alimentaire essaie d’ailleurs de promouvoir
ce concept, mais le snacking se fait malgré tout aux
heures des repas et se compose en général d’éléments
de repas. On distingue deux façons de définir un repas.
La première est synchronique : il s’agit d’un repas au
cours duquel tous les éléments sont servis
simultanément (tapas, mezzé). La seconde est
diachronique : ce repas repose sur une succession des
éléments dans le temps. Elle s’est développée au sein
de l’aristocratie française à la fin du XVIIIe siècle et s’est
popularisée il y a 150 ans. Cette structure reste très
importante et subsiste même dans les repas à base de
sandwichs. Lors d’un repas diachronique, l’individu est
moins libre : les plats circulent, si l’on ne se sert pas ou
si l’on se sert en grande quantité, cela est visible aux
yeux de tous. Se nourrir, en France, demeure un acte
L’agroalimentaire de demain – 25 novembre 2014
19
social avec une dimension publique, dont les horaires
sont gouvernés par des règles implicites.
Au niveau international, il n’est pas nécessaire
d’exporter des produits français pour exporter « du
français ». Le modèle français repose avant tout sur
une image luxueuse et prestigieuse, ce qui est
également problématique. A titre d’exemple, le cognac
bénéficie d’une image très qualitative parmi la
population française, mais très peu de personnes en
consomment. Ce produit a été placé puis laissé sur un
piédestal. Les ventes de cognac reposent davantage sur
le marché chinois.
Thierry BECQUERIAUX
Lors d’un forum sur la viande organisé en Belgique, le
numéro quatre de la viande belge expliquait qu’il devait
exporter en Chine car la Russie avait fermé ses portes.
Or, les Chinois aiment les pieds de porc ou les queues
de cochon, mais ne sont pas prêts à manger du salami
ou du jambon sec. Cette problématique des habitudes
doit aussi être prise en compte.
Claude FISCHLER
On a vécu une situation semblable il y a environ 50 ans,
lorsque les Américains ont commencé à découvrir les
produits français, notamment le vin. Il se racontait
alors que des milliardaires texans ajoutaient de la glace
dans les grands crus français. Aujourd’hui, on entend
dire que les Chinois y ajoutent de la limonade.
Les insectes, voie d’avenir ?
Thierry BECQUERIAUX
Ann CALLENS, pouvez-vous présenter votre travail à
Vives ?
Ann CALLENS
Chercheur à l’université de Vives
Vives est une école supérieure située en Flandre
occidentale, qui travaille avec l’université de Louvain la
neuve. Plus de 1 000 personnes y travaillent, réparties
sur six sites. Au-delà du volet éducatif, Vives effectue
de nombreuses recherches sur la nutrition. Nous
menons notamment un projet tandem avec le pôle NSL,
dans l’idée d’explorer l’expertise du Nord – Pas-de-
Calais et de la combiner avec l’expertise de la Flandre
occidentale. L’école est plus proche géographiquement
de Lille que de Louvain, une nouvelle collaboration
serait donc idéale.
L’agroalimentaire de demain – 25 novembre 2014
20
L’université de Louvain est spécialisée dans la
recherche fondamentale, et Vives dans la recherche
appliquée en lien avec les entreprises. Louvain fournit
des informations que Vives traduit en produits finis
selon les besoins des entreprises.
Thierry BECQUERIAUX
Que vous inspirent les précédentes interventions ?
An CALLENS
Nous recevons aussi des demandes d’entreprises
concernant des aliments spécifiques pour les personnes
âgées. Les insectes ont aussi été évoqués. En 2013,
plusieurs éleveurs ont souhaité que l’on travaille sur les
insectes qu’ils souhaitent vendre une fois séchés à des
usines qui en feront de la poudre. La technique
répandue de séchage des insectes est la lyophilisation,
or pour plusieurs PME cette méthode est trop
onéreuse. Nous avons donc expérimenté le séchage
par micro-ondes, jusque là utilisé pour sécher des
fruits ou de la viande, qui s’avère efficace.
Thierry BECQUERIAUX
En France, un éleveur expliquait que la fabrication d’un
kilo de farine de protéines d’insectes coûtait 15 000
euros.
An CALLENS
En effet, la lyophilisation est trop chère. Le séchage par
micro-ondes est plus abordable, mais nous continuons
d’explorer d’autres pistes. Par ailleurs, pour une
utilisation de l’insecte intégral, le séchage n’est pas
indispensable.
Claude FISCHLER
Le chemin sera long pour que nos contemporains
acceptent de se nourrir d’insectes. Il faut d’abord
dépasser une certaine réticence, puis pour se
familiariser, il faut répéter le geste et accepter d’en
manger à plusieurs reprises. Avant d’y parvenir, il
faudra que plusieurs grands restaurants assurent la
promotion de cet ingrédient et que la loi change. Il est
facile de commander sur Internet des vers de farine,
mais en vertu du règlement Novel food7, il est interdit
de les consommer.
Par ailleurs, il est important de souligner que les
innovations ne concernent pas seulement les
ingrédients, mais aussi l’usage du produit. Dans les
7 Règlement européen de janvier 1997 concernant les nouveaux aliments
et les nouveaux ingrédients alimentaires
L’agroalimentaire de demain – 25 novembre 2014
21
années 1970, dans le domaine de l’électronique, la
marque Sony a déclenché une révolution grâce au
lancement du walkman. Or, ce produit ne constituait
pas une innovation technologique. 30 ans plus tard, en
lançant l’Ipod, la marque Apple a transformé l’idée du
walkman en l’adaptant au support numérique. De
nombreuses pistes sont à explorer dans le secteur
alimentaire, notamment en donnant une seconde vie à
des produits existants.
Pierre FEILLET
Concernant le budget alimentaire des Français, il faut
souligner que si le pourcentage consacré à
l’alimentation baisse, cela ne signifie pas que les
dépenses diminuent. Les Français sont de plus en plus
riches et la somme qu’ils dépensent pour se nourrir est
plus importante qu’auparavant.
A propos des insectes, trois raisons pourraient
encourager les consommateurs à en manger :
l’exotisme, le souci de protection de l’environnement
et la qualité nutritive. Or, leur teneur en protéines n’est
pas meilleure que celle de la viande. Par ailleurs,
l’impact environnemental de l’élevage d’insectes n’a
pas été mesuré, ni comparé à celui de l’élevage de
porcs ou de poulets. Enfin, les consommateurs
achètent en effet des biscuits contenant de la poudre
d’insectes car ce produit a un caractère exotique,
ludique. Le marché, uniquement lié à cet aspect, est
donc très limité. S’il y a un avenir pour les insectes,
c’est dans la production de farine pour l’alimentation
animale. Je ne crois pas à ce marché pour
l’alimentation humaine.
Thierry BECQUERIAUX
On l’évoque comme substitut à la viande, si celle-ci
vient à manquer pour nourrir toute la population
humaine.
Pierre FEILLET
Une projection de la Food and agriculture organisation
(FAO) prévoit que la production de viande va
augmenter de 70 % d’ici à 2050. Plus le niveau de vie
progresse, plus la consommation de viande augmente.
Mais ce constat n’est finalement pas si inquiétant. En
effet, on sait que pour parvenir à la production d’un
mètre cube de viande de bœuf, 15 000 litres d’eau sont
nécessaires, dont 14 000 litres d’eau de pluie. Or, que
des bovins soient présents ou non sur le pâturage, la
pluie tombe dans tous les cas. En réalité, il faut donc
600 litres d’eau prélevée. Par comparaison, le double
d’eau est nécessaire pour produire la même quantité
L’agroalimentaire de demain – 25 novembre 2014
22
de protéines de riz. L’idée que la production de viande
est une catastrophe environnementale doit être
rectifiée.
Thierry BECQUERIAUX
Les innovations industrielles se concentrent-elles
davantage sur le goût, ou aussi sur l’aspect sanitaire ?
Pierre FEILLET
Dans les entreprises, la première source d’innovation
se situe dans les économies de gestion. Quant aux
innovations d’usage, évoquées plus tôt, elles sont
rares. Sur les 2 300 produits nouveaux qui sortent
chaque année sur le marché, seuls 15 % subsistent, et
ceux-ci présentent essentiellement des innovations de
goût et d’apparence. La majorité sont des produits
desserts. Pour les laboratoires de développement des
entreprises, la nouveauté dans le goût est
fondamentale. L’apparence est parfois privilégiée, mais
si le goût n’est pas à la hauteur, le produit ne
fonctionne pas.
Concernant l’exportation, les yaourts français se sont
très bien vendus à l’étranger, en particulier aux Etats-
Unis et en Chine. Mais il s’agit de produits neutres en
goût qui ne promeuvent pas la gastronomie française.
Mis à part cela, il y a peu d’exemples d’exportations
réussies.
La naturalité, une identité complexe
Thierry BECQUERIAUX
Comment avez-vous vu évoluer les entreprises depuis
20 ans et quels succès et innovations vous ont
marquée ?
Christine CHENE
Directrice de l’ADRIANOR
Dans un centre technique tel que l’ADRIANOR, les
projets que nous suivons sont, avant tout, des
aventures humaines. L’impulsion et la personnalité du
chef d’entreprise sont essentielles à la réussite du
projet innovant. Daniel Dessaint en est un bon
exemple8.
8 Daniel Dessaint est le fondateur de la société Dessaint traiteur, située à
Arras. Elle produisait à l’origine des ficelles picardes, et s’est diversifiée
pour fabriquer aujourd’hui des crêpes et des salades composées
L’agroalimentaire de demain – 25 novembre 2014
23
La part essentielle de notre travail consiste à
retranscrire une idée dans un cahier des charges,
autour de quatre axes. Le premier est l’axe technique,
le contexte réglementaire qui se durcit étant source
d’innovations. Le deuxième, nutritionnel, a beaucoup
évolué depuis 20 ans. Le produit « sans » (sans gluten,
sans lactose) est lié, dans l’esprit du consommateur, à
la naturalité. Ce constat nous pousse à nous interroger
sur l’image de la naturalité. Le troisième axe est
sensoriel, le plaisir étant primordial. Le dernier axe
relève du service au sens large, en lien avec la notion
de performance industrielle : comment optimiser les
coûts de production pour limiter les pertes ?
SANTE = TRADITION = PRODUIT NATUREL
Innovation marketing : cacher l’innovation
technologique pour mieux vendre
Figure 3 – Les consommateurs assimilent notamment le
naturel au traditionnel. Les industries jouent sur ce lien
dans leurs démarches marketing
Pierre FEILLET
La naturalité est en effet un thème essentiel qu’il est
très difficile de définir. Aujourd’hui, aucun aliment
n’est naturel, sauf certains produits de la pêche, la
chasse et la cueillette. Dans l’alimentation quotidienne,
tout a été, à une époque ou une autre, transformé par
l’homme. Pour le consommateur, est naturel ce qui
n’est pas un produit chimique synthétique fabriqué
L’agroalimentaire de demain – 25 novembre 2014
24
dans une usine. On assimile également le naturel au
traditionnel : est naturel ce qui était consommé
autrefois. Les consommateurs ont des avis divergents
sur la définition de la naturalité. Est naturel ce que
chaque consommateur considère comme naturel.
Il n’existe pas de réglementation précise pour
déterminer la naturalité d’un produit. Un texte de la
répression des fraudes stipule qu’un aliment naturel
doit être fabriqué de manière à ne pas transformer
significativement sa matière première. Le pain peut
être considéré comme naturel, bien que la farine
utilisée pour sa fabrication est le plus souvent
transformée. La direction de la répression des fraudes a
renoncé à légiférer plus précisément.
Innover face aux géants : l’exemple de la soupe
Thierry BECQUERIAUX
Pouvez-vous nous présenter Soup’idéale ?
Philippe FERELLEC
Fondateur et directeur Recherche et développement de
Soup’idéale
Soup’idéale est une PME basée à Arras spécialisée dans
la soupe. Je travaille dans ce secteur depuis 20 ans,
ayant commencé ma carrière au sein du groupe Danone
(les soupes Liebig), avec pour mission d’apporter de
l’innovation dans les usines. Soup’idéale se place
troisième ou quatrième dans son secteur. Mais derrière
les géants comme Liebig, qui appartenait autrefois à
Campbell, et Knorr, notre entreprise est un petit
intervenant. Lorsque je travaillais chez Liebig, une
étude consommation coûtait entre 200 000 et 250 000
euros, ce qui représente 20 ans de chiffre d’affaires
pour Soup’idéale. Notre PME n’a pas les moyens de
s’assurer une garantie de succès de 100 % avant de
lancer un produit. Comment peut-elle s’en sortir ?
L’agroalimentaire de demain – 25 novembre 2014
25
La soupe en brique a été inventée par Liebig, puis la
marque Knorr s’est développée. Les deux leaders se
partagent près de 80 % du marché de la soupe en
brique. Forts de ce succès, ils se sont regardés vivre.
Une fois les investissements réalisés, ils ont réduit les
coûts, les frais de structure, la formule. Le velouté de
tomates de Liebig change environ tous les quatre ans. Il
est rare que le consommateur s’aperçoive du
changement, car seuls 60 % d’entre eux lisent les
étiquettes, et parmi eux, la plupart les lisent parce
qu’ils ont une allergie ou une intolérance alimentaire.
Ils cherchent donc un ingrédient particulier et tombent
par hasard sur un exhausteur de goût. La gamme Liebig
gourmande est à l’opposé de ce que l’on pourrait
attendre d’un velouté de légumes, parce que dans le
champ de la gourmandise, le consommateur ne regarde
plus l’étiquette. De même, au restaurant, le chef
n’indique pas sur la carte tous les allergènes ni tous les
ingrédients qu’il utilise. Ces réflexions renvoient
d’ailleurs au questionnement sur la naturalité.
Soup’idéale est arrivé sur un marché où les deux géants
utilisaient la même technologie, l’acétique, et le même
fournisseur d’emballage, Combibloc. Notre société a
choisi de travailler avec l’autre fournisseur, Tetra Pak.
Nous sommes aujourd’hui le seul fabricant de soupes
à avoir choisi Tetra Pak, qui est très connu dans le
secteur laitier. L’idée est née en 2011 et les premières
briques sont sorties en milieu d’année 2012.
Thierry BECQUERIAUX
L’entreprise Tetra Pak avait-elle déjà travaillé avec des
fabricants de soupe ?
Philippe FERELLEC
Dans les années 1990, Liebig ne travaillaient qu’avec ce
fournisseur, qui peu à peu a été exclu du marché.
Aujourd’hui, il doit réinvestir un secteur qui a beaucoup
changé et qu’il connaît peu.
Pierre FEILLET
Quel est l’avantage pour le consommateur ?
Philippe FERELLEC
Le consommateur ne voit pas la différence, sauf dans le
prix, qui est 20 à 30 % inférieur pour des produits
identiques, voire meilleurs.
Thierry BECQUERIAUX
Votre gamme se compose de 60 à 70 recettes, une
diversité que ne peuvent atteindre les gros fabricants.
L’agroalimentaire de demain – 25 novembre 2014
26
Philippe FERELLEC
En effet, les grands groupes pourraient développer du
séquentiel, mais cela impliquerait un coût. Chez Liebig,
j’ai pu constater qu’en 20 ans, une dizaine de produits
sont sortis par pays. Il faut différencier l’innovation de
formule de la véritable innovation culinaire, qui
nécessite un travail de recherche fondamentale que
Liebig n’effectuait que très peu.
Pierre FEILLET
Il me semble que Liebig a été en 1994 à l’origine d’une
innovation technologique qui concerne la stérilisation
des morceaux de légumes en les chauffant par
l’intérieur (chauffage ohmique). Grâce à cette avancée,
Liebig a doublé ses concurrents, dont Knorr qui a
ensuite réagi et copié.
Philippe FERELLEC
Pourtant, de 1994 à 2010, tous les produits étaient
fabriqués par échangeur. Le chauffage ohmique ne s’est
imposé qu’il y a quatre ans.
Pierre FEILLET
Il me semble cependant que cette technique a été mise
au point bien avant 2010. Peut-être n’a-t-elle été
utilisée qu’il y a quatre ans.
Goût, santé : Etablir la confiance
Claude FISCHLER
Lorsque l’on interroge les consommateurs à propos du
naturel, ils fournissent seulement des définitions
négatives : est naturel ce qui n’a pas été transformé, ce
à quoi rien n’a été ajouté. Le naturel s’oppose au
« process ». Sur 27 000 personnes interrogées dans les
Etats membres de l’Union européenne, la crainte
première qui ressortait était celle de la présence de
produits chimiques dans l’alimentation.
Une expérimentation menée par l’université de
Pennsylvanie aux Etats-Unis, donne une idée de ce que
les consommateurs entendent par le terme naturel. Les
chercheurs ont interrogé des habitants sur le
pourcentage de naturalité de l’eau qui coulait de la
source située non loin de chez eux. Leur réponse fut
97 %. Si, pour pouvoir l’utiliser, on ajoute à cette eau
un produit en quantité imperceptible, le taux de
naturalité baisse à 50 %. Si, ensuite, on retire ce
produit ajouté, le taux baisse encore. On en conclut
donc que la naturalité ou non d’un produit réside dans
le fait qu’il ait été ou non transformé et non pas dans
sa substance en elle-même. C’est la transformation
L’agroalimentaire de demain – 25 novembre 2014
27
qui atteint la naturalité. Des indices laissent penser
que les Français raisonnent de la même manière.
Thierry BECQUERIAUX
Les consommateurs français ont-ils confiance en leur
industrie alimentaire ?
Claude FISCHLER
La question de la perte de confiance et de la méfiance
est fondamentale. L’agence Protéines a réalisé une
enquête sur la confiance, passant au crible un grand
nombre de marques, d’industries et d’institutions. 45 %
des personnes interrogées ne font jamais confiance aux
industries agroalimentaires. C’est donc la première
urgence : redonner confiance, voire donner confiance,
car il est impossible d’avoir la certitude que les
consommateurs aient un jour eu confiance en leur
alimentation. La méfiance vis-à-vis de la nourriture est
dans la nature de l’omnivore. Pour cette raison, je ne
crois pas à l’utilisation d’insectes dans l’alimentation.
Le mécanisme naturel qu’est le dégoût, très difficile à
surmonter, éloigne l’individu de ce qui est inconnu et
potentiellement nocif. Or, un certain nombre de pistes
évoquées au cours de cette journée sont dégoûtantes.
Ce n’est pas en cachant des manipulations au
consommateur qu’on va lui redonner confiance. Mieux
vaut-il peut-être insister sur le goût ou la santé pour y
parvenir ?
Concernant la santé, il faut être très prudent sur les
stratégies mises en place, voire les éviter tout à fait.
Actuellement, on remet en cause des vérités acquises
depuis 30 ans sur les graisses, comme l’illustre la Une
du magazine Time, qui a titré « Eat Butter »9. On a
connu la même situation auparavant avec l’huile
d’olive. Mettre en place une stratégie reposant sur la
santé, c’est prendre le risque qu’elle s’effondre.
Comme le consommateur souhaite manger en toute
sécurité, il faut que la dimension sanitaire aille de soi,
sans que la santé ne soit le concept central. En
revanche, le goût est une dimension sous mentionnée
en France, où le plaisir est culpabilisant et s’oppose à la
morale.
Par ailleurs, l’industrie alimentaire doit s’interroger sur
le type de pratique alimentaire qu’elle souhaite
promouvoir : individuelle ou collective, fonctionnelle
ou conviviale. A travers ce prisme, la soupe favorise
9 Journal du 30 juin 2014 : « Eat Butter. Scientists labeled fat the enemy.
Why they were wrong » (« Mangez du beurre. Les scientifiques ont
catalogué l’ennemi comme gras. Pourquoi ils avaient tort. »)
L’agroalimentaire de demain – 25 novembre 2014
28
l’alimentation collective, tandis que le yaourt peut être
mangé autour d’une table comme ailleurs.
Philippe FERELLEC
La soupe est en effet un aliment convivial, porteur d’un
esprit familial, comme l’illustre la dernière publicité
lancée par Liebig : « On ne dîne plus, on soupe. » Il est
possible de se l’approprier en y ajoutant des
ingrédients. Dans ce cas, la convivialité s’individualise.
Soup’idéale possède un centre culinaire car nous
sommes persuadés que c’est par le biais du goût que
nous atteindrons de nouveaux marchés. Aujourd’hui,
nous développons ainsi quatre recettes de veloutés de
carottes à la crème. En tant qu’ancien chef cuisinier,
cela ne me semble pas problématique. En effet, de
nombreux restaurants proposent les mêmes plats
cuisinés de manières très variées. Ce centre culinaire
permet de mieux connaître les goûts des
consommateurs, pour fabriquer un produit qui leur
conviendra.
Questions
De la salle (Vanessa Feneuil, Chambre d’agriculture du
Nord - Pas de Calais)
Quelles pistes proposer pour donner, ou redonner,
confiance aux consommateurs ?
Claude FISCHLER
C’est un processus qu’il faut recommencer sans cesse.
Le consommateur est persuadé que les produits issus
de l’industrie sortent d’une boîte noire. En dépit de
l’étiquetage, il ignore leur origine et ce qu’ils
contiennent. Les consommateurs ont besoin de
reprendre le contrôle sur leur alimentation. La
transparence globale ne semble toutefois pas être une
réponse pertinente ; chaque branche de l’industrie
alimentaire est confrontée à son propre défi. A titre
d’exemple, la politique des portes ouvertes dans un
abattoir ne serait pas efficace. En revanche, le
consommateur est prêt à ce qu’on lui parle des
produits et des ingrédients sous l’angle gourmand et
culinaire.
L’entreprise Michel et Augustin10
, positionnée dans le
haut de gamme, a adopté cette stratégie. La fabrication
est sous-traitée, ce qui devrait être a priori un facteur
de méfiance. Or, sur le plan marketing, les deux
10
Michel et Augustin, entreprise fondée en 2004, fabrique des biscuits, des
produits laitiers et des desserts
L’agroalimentaire de demain – 25 novembre 2014
29
fondateurs ont choisi de se présenter, d’exister en tant
que tels. A Boulogne-Billancourt où leur siège est
installé, une boutique est ouverte aux clients,
proposant des dégustations. Le positionnement
marketing et le slogan de cette marque, « c’est très très
bon », reposent sur le gag et la proximité. L’objectif est
de restaurer le lien entre le consommateur et le
fournisseur. Il s’agit bien de produits transformés dont
l’origine est inconnue, néanmoins l’entreprise recrée
une proximité symbolique et raconte une histoire.
De la salle
Quel est votre point de vue sur l’opposition entre des
produits transformés selon un process conventionnel et
les produits dits « biologiques » ?
Pierre FEILLET
Du point de vue de la santé, comparons la valeur
nutritionnelle des produits « bio » à celle des produits
conventionnels. Comme la différence nutritionnelle est
très faible, et que l’individu se nourrit d’aliments très
divers, cette différence n’a pas d’effet sur la santé.
Mais si le consommateur est convaincu que le produit
biologique est meilleur pour sa santé, il est probable
que ce sera le cas. On observe une sorte d’effet
placebo dans le cadre de la consommation de produits
« bio » qui instaure un décalage entre l’affirmation
technicienne et le ressenti du consommateur.
De la salle
Le sujet du biologique ne se limite pas à l’unique angle
nutritionnel. Par ailleurs, lorsque vous avez parlé des
innovations, vous avez peu évoqué celles qui
concernent l’environnement.
Claude FISCHLER
Les enquêtes menées indiquent qu’aux yeux des
consommateurs, il est évident qu’un produit qui n’a pas
subi de transformations chimiques est de meilleure
qualité. Néanmoins, on constate aussi une méfiance et
un scepticisme vis-à-vis de la fiabilité du label bio, en
particulier s’agissant de produits importés. En ce sens,
le consommateur est assez rationnel et cohérent.
Pour revenir à Michel et Augustin, la recréation
symbolique du lien entre le consommateur et le
fabriquant et l’accent mis sur l’identité se situe à
l’opposé d’une tendance illustrée par le produit
Soylent, précédemment évoqué. Soylent incarne l’autre
versant de l’évolution alimentaire axé sur
l’individualisation et la commodité d’usage. Le discours
du fondateur de Soylent repose sur la décision de ne
L’agroalimentaire de demain – 25 novembre 2014
30
plus se nourrir dans des fast-foods, ce qui lui coûtait
400 dollars par mois, contre 50 dollars en s’alimentant
de Soylent. Il s’agit de se libérer de la contrainte
alimentaire. Il y a peut-être une piste à creuser et un
marché à conquérir à partir de cette tendance à la
simplification.
Pierre FEILLET
Soylent a néanmoins une faille importante : les
nutriments ne produisent pas le même effet lorsqu’ils
sont tous mêlés que lorsqu’ils sont assimilés via
différents aliments. Le nom du produit est par ailleurs
tiré du film de science-fiction « Soylent Green »11
, dans
lequel, on fabrique des aliments à partir de cadavres
pour nourrir la planète. Comment ne pas y voir une
provocation ! Pour conclure, l’idée que le rôle de
l’industrie alimentaire est de vendre du plaisir semble
faire l’unanimité. Mais ce plaisir n’est pas le même
selon les individus, les pays et les cultures. L’industrie
française doit comprendre que le plaisir des
consommateurs chinois ou sud-africains n’est pas
identique à celui des Français. Il faut donc vendre un
plaisir adapté.
11
« Soleil vert » en français. Film de Richard Fleischer sorti en 1973
L’agroalimentaire de demain – 25 novembre 2014
31
13 h 45 – 16 h 30
Ateliers thématiques
L’agroalimentaire de demain – 25 novembre 2014
32
1. Naturalité et seniors : les clés pour innover sur ces marchés
Quelles solutions pour une formulation sans additifs pour des recettes simples et savoureuses ?
• Un additif est une substance ajoutée
intentionnellement selon un processus
technique. Contrairement à l’ingrédient, il ne
peut être consommé seul comme un aliment12
.
L’additif a différentes fonctions : aider à la
conservation ; donner une coloration ;
renforcer le goût ; améliorer la présentation ;
éviter l’oxydation ; faciliter un processus
technologique comme le moussage.
12
Directive de l’Union européenne du 18/09/89
• Plus de 300 additifs sont autorisés par l’Union
européenne (UE). Ils doivent être déclarés sur
l’étiquette du produit. Parmi les plus
répandus : l’E150 (caramel utilisé comme
colorant dans le Coca-cola), les épaississants en
pâtisserie, les antioxydants. En 2012, l’UE a
réévalué les dosages autorisés pour trois
colorants et d’autres révisions sont en cours.
• La législation « sans additifs » est définie
localement sans harmonisation européenne.
L’emploi du terme « naturel » est encadré par
une note française qui recommande son
utilisation pour les ingrédients naturels ou
d’origine naturelle, n’ayant pas subi de
transformation profonde.
• On constate que le consommateur souhaite un
retour à l’ingrédient brut, sans additif, rejette
les ingrédients dits « nocifs » et aspire à
davantage de traçabilité.
L’agroalimentaire de demain – 25 novembre 2014
33
Transformation en remplacement des hydro colloïdes (additifs texturants)
Transformation Type d’aliments Epaississant Sauces
Gélifiant Crèmes desserts
Liant Produits de la mer et
carnés
Liant et gélifiant Pâtes fines de charcuterie
Solution viscosifiante et
conservation du moelleux
Pâtisserie
Limagrain Céréales Ingrédients
• Filiale du groupe coopératif français
Limagrain, Limagrain Céréales Ingrédients
compte 250 salariés. Son chiffre d’affaires
annuel est de 12 millions d’euros.
• Sa mission : transformer des céréales pour
concevoir des ingrédients pour l’industrie
alimentaire. Quelques gammes : la
planification industrielle et artisanale, le
« gluten free », les snacks, les céréales petit
déjeuner.
• La technique de Limagrain se base sur un
concept unique : le croisement des matières
premières céréalières avec un processus
physique de transformation utilisant l’eau, la
vapeur et la température. Les ingrédients
sont ainsi déclarés comme farine de blé, de
maïs ou de riz.
L’agroalimentaire de demain – 25 novembre 2014
34
En quoi les seniors constituent-ils une source d’innovation pour l’agroalimentaire ?
Les seniors, qui sont-ils ?
• Près de 20 % de la population française (60 ans
et plus), 30 % à l’horizon 2030
• 460 euros dépensés par mois pour se nourrir,
contre 389 euros par Français en moyenne
• Un intérêt pour l’alimentation plus élevé que
chez les autres tranches d’âges. Manger c’est
se faire plaisir, et c’est préserver sa santé
• Près de 40 % des plus de 80 ans ont une très
faible diversité d’alimentation (liée à la perte
d’autonomie)
• Modification du comportement alimentaire
due à une dysrégulation de l’appétit, à une
diminution de l’odorat et de la vue ainsi qu’à
une isolation sociale, engendrant des
problèmes de maigreur et d’obésité et un
risque de maladie chronique.
• En termes de marketing, il est difficile de
s’adresser aux seniors en tant que tels : On
peut faire référence à leur culture alimentaire
ou proposer par exemple un packaging connoté
« fait maison ». En termes de communication, il
y a de nombreuses pistes à explorer.
Stratégie de positionnement réglementaire
• On distingue les aliments courants, les
compléments alimentaires, et les Aliments
diététiques à fin médicales spéciales
(ADDFMS). Selon le positionnement, on touche
différentes catégories de seniors :
- aliments courants, diététiques et
compléments alimentaires pour les
personnes actives via les grandes surfaces,
les magasins spécialisés et les pharmacies
- ADDFMS pour les personnes dépendantes
via la restauration collective.
• En restauration collective, les personnes ont
rompu tout lien direct avec l’alimentation
puisqu’elles ne choisissent plus elles-mêmes ce
qu’elles mangent.
Innovations
• Si les besoins nutritionnels des personnes âgées
sont aujourd’hui bien connus, d’autres facteurs
(physiologiques, sociologiques, psychologiques)
doivent être mesurés pour comprendre le rapport
des seniors à l’alimentation. Il faut prendre en
L’agroalimentaire de demain – 25 novembre 2014
35
Quelques exemples
Compléments alimentaires : Bion3, 100senior
(articulations, vitalité), Lecibiol (fatigue,
mémoire).
ADDFMS : Crème dessert hypercalorique, eau
gélifiée pour la réhydratation.
Intervenantes
Mirela Colleoni, R&D manager chez Limagrain Céréales Ingrédients (Arques, 62), Marie Deniel, consultante chez
Naturalpha, centre de recherche clinique
compte l’ensemble de ces aspects ainsi que le
canal d’approvisionnement pour identifier le statut
réglementaire du produit, dont découlent ses
conditions de mise sur le marché, sans négliger
l’appétence ni le packaging.
• Le défi est de répondre à un cahier des charges
complexe tout en recréant un contexte
alimentaire : avec qui, quand manger. Depuis
trente ans, on a énormément progressé sur la
nutrition infantile. Pour les seniors, il reste
beaucoup à faire. L’industrie alimentaire s’est
éloignée de cette population pourtant importante,
mais qui, pour une partie, ne réalise plus l’acte
d’achat.
Ont participé à l’atelier 1
L’agroalimentaire de demain – 25 novembre 2014
36
2. Quels outils pour maîtriser la traçabilité de ses produits ?
En région, deux pôles de compétitivité – le pôle
AQUIMER et le pôle MATIKEM – sont impliqués sur la
thématique de la traçabilité. De nombreuses avancées
sont en effet constatées au niveau régional, et de
nouveaux projets sont élaborés dans le but répondre
aux enjeux de demain.
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TRASEAPILOT : une plateforme collaborative d’échange de données informatisées pour les acteurs de la filière des
produits aquatiques
Le contexte
Pourquoi la traçabilité est-elle devenue un enjeu incontournable pour la filière
aquatique ?
La traçabilité est mal maîtrisée en interne chez les acteurs de la filière aquatique et
souffre d’un important retard sur le sujet (88 % des listings se font encore par
papier). Ceci entraîne de nombreuses conséquences négatives comme la
démultiplication des litiges commerciaux du fait des retards engendrés, le manque de
compétitivité de la filière, la gestion discriminante des alertes sanitaires et le
problème de la non-interopérabilité des acteurs. De nombreux projets ont été menés
depuis 2010 par le pôle AQUIMER pour pallier ces difficultés (TIC PME 2010,
DEMATFLUX, TRASEANET CENTER). Mais aujourd’hui, le pôle veut aller encore plus
loin en élaborant un pilote d’une plateforme d’Echange de données informatisées
(EDI) commun à tous les acteurs de la filière aquatique : TRASEAPILOT.
Principes du nouveau pilote
L’objectif est de traduire le langage individuel de chaque logiciel développé par
chacun des acteurs de la filière et d’avoir un logiciel permettant de stocker l’ensemble
des données. Changements Résultats attendus
• Permettre l’identification et
le suivi des lots tout au long
de la chaîne de production
• Avoir une cohérence entre
les flux documentaires et les
flux physiques
• Résoudre les litiges
commerciaux plus
facilement et baisser leur
nombre
• Garantir un pilotage efficace
de l’activité
Une économie d’échelle pour les acteurs de la
filière et l’amélioration des processus
opérationnels au sein des entreprises
concernées. Il était également question que le
projet n’engendre pas de surcoût pour les TPE et
PME. Les résultats attendus iront bien au-delà de
la traçabilité dans les autres secteurs car tous
les domaines d’activité de la filière seront
concernés par ce nouveau pilote. Ce dernier va
également permettre d’améliorer la
communication en interne des entreprises et
consister en un point d’entrée unique à de
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nombreux autres services numériques et ainsi
permettre une communication plus rapide aux
consommateurs.
Les verrous à lever
• l’implication de tous les acteurs nécessaires
• la garantie de ne pas faire apparaître de nouveaux coûts pour les entreprises
• la faisabilité du chaînage des lots
• les contraintes de temps dans les ateliers
• la sécurisation du système
Un double impact pour les entreprises de la filière
Les entreprises attendent beaucoup de la mise en place de cette plateforme,
notamment dans l’optique de répondre enfin à la réglementation à laquelle elles sont
soumises. Pour cela, une structure de gouvernance devra être trouvée. Au niveau stratégique : La traçabilité doit permettre de servir l’image de la filière,
mettre en exergue les bonnes pratiques, justifier l’origine des produits pour lutter
contre la pêche illégale et permettre aux entreprises de se battre à armes égales avec
la concurrence
Au niveau opérationnel : La traçabilité doit permettre de gagner en productivité en
développant les EDI et de s’appuyer sur la dématérialisation des flux d’informations
pour changer les façons d’opérer.
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DECARTE : un outil pour la traçabilité unitaire des produits emballés dans les cartons
Le contexte
Dès 2009, de nombreux acteurs de la filière se sont réunis pour réfléchir aux
nouvelles fonctionnalités qui pouvaient être apportées à un emballage et ce
dans l’optique de donner plus d’informations aux consommateurs et de résoudre
les problèmes de la traçabilité et de la contrefaçon en garantissant le flux
logistique des produits. C’est ainsi qu’est né, en 2013, le projet DECARTE :
Développement de carton électronique.
Le projet DECARTE en quelques mots
Quels objectifs ? Avec quelle technologie ?
Travailler de manière
collaborative
Le projet a réuni différentes entreprises,
laboratoires et un centre technique et a été
labellisé par plusieurs pôles de compétitivité
(Maud, AQUIMER, UpTex, etc.). Il a par ailleurs été
conçu en complémentarité d’un autre projet, le
projet PAC-ID, destiné à garantir la traçabilité
d’une Unité de vente consommateur (UVC). Le
projet DECARTE vise lui à apporter une
information supplémentaire aux consommateurs
grâce au développement d’un tag RFID apposé à
l’emballage.
Trouver une technologie à
bas coût
La technologie RFID semblait pouvoir
correspondre à cette attente. C’est ainsi que les
acteurs associés au projet ont développé une
technique d’impression de l’antenne directement
sur l’emballage en utilisant les groupes
imprimeurs des transformateurs. Il s’agit d’une
opération rapide et facile à intégrer dans le
procédé des chaînes existantes. Une fois
l’antenne imprimée, on vient reporter la puce
avant le pliage et le découpage de l’emballage puis
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enfin une phase de contrôle. Cette technologie
s’applique aussi bien aux cartons plats qu’ondulés.
Quels intérêts ?
- une antenne adaptée au type d’emballage et de contenu
- une impression effectuée à l’aide d’encres conductrices
- une technologie invisible aux consommateurs et naturellement protégée
durant le transport
- une puce pouvant contenir un nombre illimité d’informations
- un produit entièrement recyclable
- une technologie reproductible à très grande échelle
- un outil qui permet un gain de temps (inventaires, passages en caisse, etc.)
- une garantie de la traçabilité logistique des produits
Une technologie disponible
Elaborée en 2013, cette nouvelle technologie démarrera dans un premier temps
dans l’industrie du luxe avant de se développer dans d’autres secteurs. De
nombreuses entreprises (Décathlon, Leroy Merlin) ont néanmoins d’ores et déjà
manifesté leur intérêt pour ce type de technologie, qui pourrait, à terme,
remplacer l’antivol.
Ont participé à l’atelier 2
Participants : Catherine Beutin (chargée de mission, pôle AQUIMER) et Bertrand
Helle (Cartonneries de Gondardennes)
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3. Commerce et nouveaux modes de consommation : nouvelle donne ou effet de mode ?
Eléments de contexte
• Etude menée par l’Observatoire de la société et de la consommation
(OBSOCO) entre 2012 et 2013 :
- 20 % des personnes interrogées souhaitent consommer autant mais
mieux
- 26 % souhaitent consommer moins mais mieux
- 26 % souhaitent consommer plus
- 28 % ne souhaitent pas changer leurs habitudes.
• La question de la déconsommation reste marginale, même si le sujet est
très médiatisé et que le marketing de la déconsommation est efficace.
• Le concept « Consommer mieux » : implique la durabilité, le respect de
l’environnement, la dimension sanitaire, la qualité, l’utilité et le caractère
local des produits.
Actions dédiées aux circuits alimentaires de proxim ité
• Etat des lieux : l’industrialisation, l’urbanisation et la grande distribution ont éloigné
les consommateurs du milieu agricole.
• Conséquences sur les achats : davantage de repas pris à l’extérieur, plus d’argent
dépensé pour se nourrir mais la part relative dans le budget est en diminution,
diversification des lieux d’achat, moins de temps consacré à la cuisine. Mais le
• modèle de repas à la française subsiste.
• 16 % des consommateurs déclarent acheter des produits locaux (source CREDOC).
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Consommer local : étude menée par la chambre d’agriculture du Nord – Pas-de-Calais
Pistes de travail Freins à l’achat Leviers d’actions
Le désir de
consommer durable
Le prix (pour certains
produits)
Mieux connaître les pratiques de
consommation
Les plus de 50 ans
sensibles au local
L’accessibilité des lieux
d’achat
Identifier les produits
Diversification des
lieux d’achat
La force de l’habitude Sensibiliser et éduquer
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Commerce et nouveaux modes de consommation :
nouvelle donne ou effet de mode ?
Les produits locaux : quelques observations
• 68 % des produits locaux se vendent en grandes et
moyennes surfaces (GMS). Les supermarchés du
groupe Mousquetaires ont développé des
spécificités liées à leur territoire, et des relations
avec les producteurs locaux
• Les Jardins de cocagne incitent les clients à venir
chercher leurs produits sur place pour recréer un
lien avec le producteur
• Jean Bouteille réduit au maximum le circuit de
nettoyage et d’embouteillage des bouteilles
• Au-delà de l’aspect éthique et social, importance de
la dimension économique de la production locale :
produire à proximité du lieu de consommation
permet de conserver la richesse et l’emploi sur le
territoire et de valoriser celui-ci
•
Le gaspillage
• Zéro déchet / recyclage : en modifiant la pratique à
la source, la politique du zéro déchet va au-delà du
recyclage. Il s’agit d’amener la société à ne plus
générer de déchets. Cela implique un changement
des modes de vie, sans que la consommation
diminue et sans que les prix augmentent. L’industrie
et la réglementation devront aussi modifier leurs
pratiques (exemple : la vente en vrac à la place du
préemballé).
A quoi ressemblera la consommation
• Plus de diversité : il n’y a pas un consommateur
mais différents modes de consommation selon le
mode de vie, l’âge, le milieu social. Avant,
l’industrie décidait, maintenant elle écoute les
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du futur ?
attentes
• Plus de bon sens : relocaliser les besoins premiers,
réduire la circulation des produits locaux
• Plus d’accessibilité : tout le monde doit pouvoir
consommer local
• Des initiatives porteuses : drive fermier, fermes
urbaines, autoproduction.
Ont participé à l’atelier 3
Intervenants : Gérard Bellet (Jean Bouteille), Stéphane Leray (groupement des
Mousquetaires), Jean-Louis Poillion (Jardins de cocagne), Vanessa Feneuil
(chambre d’agriculture du Nord – Pas-de-Calais), Nathalie Damery (OBSOCO).
En savoir plus : la chambre d’agriculture du Nord – Pas-de-Calais a créé le site
Internet www.ouacheterlocal.fr qui répertorie les lieux de vente de produits
locaux.
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4. Enjeu environnemental : où en sommes-nous ?
L’affichage environnemental français et européen : historique, points sur l’actualité, et présentation de quelques exemples
L’affichage environnemental français
• Contexte : lois Grenelle de 2009
• Objectif : informer le consommateur / développer une démarche d’éco-
conception chez le producteur
• Outils :
� Référentiel de bonnes pratiques de juin 2011 : permettre une
comparaison des produits d’une même catégorie, donner une
information claire et objective aux consommateurs quant à l’impact
environnemental du produit, procurer une information disponible
par tous et transparente, harmoniser les pratiques d’affichage
� Méthode d’évaluation de l’affichage environnemental basé sur
l’Analyse du cycle de vie (ACV) : méthode d’analyse quantitative
permettant d’établir un bilan environnemental d’un système par
l’analyse des flux entrants et sortants, sur l’ensemble de son cycle
de vie
• Leviers d’amélioration : prise en compte du paramètre de la biodiversité
L’affichage environnemental européen
Une nécessaire harmonisation des pratiques
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Comment ? – Publication de deux guides par la Commission européenne pour
mesurer l’emprunte environnementale des produits et des organisations qui
seront testés, dans le cadre d’une démarche volontaire, sur la période 2013-2016,
lancement en parallèle de projets de création de règles de catégorie par produit,
et constitution d’un organe de gouvernance approprié
Des exemples Au niveau français :
• 2012 : validation d’un référentiel pour les produits de l’alimentation
humaine et des animaux domestiques
• fin 2013 : développement d’une base de données – Agribalyse –
répertoriant 130 produits agricoles
• en cours : Acyvia, un projet visant à créer une base de données dédiée à
l’agroalimentaire.
Au niveau régional :
• développer des connaissances sur la performance environnementale
des différents circuits de distribution en comparant quatre d’entres-eux
(grande surface, point de vente spécialisé, marché, ferme) : regarder
comment ils impactent le choix des consommateurs et ce qui peut être
amélioré
• évaluer le taux d’émission de carbone lors de la production de la racine
de chicorée afin d’anticiper la réglementation de l’affichage
environnemental, et sensibiliser les acteurs aux enjeux énergie-climat
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Affichage environnemental : quelles perceptions des consommateurs ?
• Les consommateurs sont sensibles aux impacts environnementaux des
produits à leur achat. Ils sont donc en attente de preuves et d’informations
sur les produits respectueux de l’environnement. Des problèmes de
repérage de ces produits, des doutes sur leurs allégations
environnementales ainsi que leur prix élevé sont tant de freins à la
consommation durable.
• Les consommateurs semblent par ailleurs fortement attirés par les produits
locaux. Lors d’une récente étude menée en 2013, il a été révélé que ce qui
prédominait dans le choix du consommateur était le prix et le goût. L’impact
environnemental n’arrivait qu’en 11ème
position. Il y a donc un décalage
entre les désirs des consommateurs et la réalité de consommation.
• Les Industries agroalimentaires (IAA) font néanmoins des efforts sur cet
enjeu, notamment du fait des réglementations qui pèsent sur elles et la
demande croissante des clients. Il convient donc de se demander comment
concilier impact environnemental avec le goût et le prix du produit et ainsi
provoquer un changement de perception du consommateur.
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L’étude menée par l’ISA, Lille Une information environnementale peut-elle impacter l’appréciation sensorielle d’un
produit alimentaire ?
Comment ?
Faire tester, à l’aveugle, deux pains de mie à un panel de 209
consommateurs. Test réparti en trois phases : aucune information
environnementale ; information environnementale positive ;
information environnementale négative
Après la dégustation : questionnaire en cinq parties (questions
démographiques, habitudes de consommation du produit goûté,
critères de choix d’un produit, comportement environnemental et
connaissance du développement durable)
Quels résultats ?
• globalement, note d’appréciation Harris plus haute et ce
quel que soit l’affichage
• existence d’un lien entre les actions environnementales et
les critères d’achat mais aucun entre les connaissances du
développement durable et l’affichage
• consommateurs les plus jeunes obtiennent en moyenne
de meilleurs résultats que les consommateurs plus âgés
Conclusions
• affichage environnemental pas un critère principal de
choix pour le consommateur : le goût reste très important
• affichage influence l’appréciation du consommateur :
positivement pour produit bon, négativement pour
produit moins bon
• limites de l’étude : pas de notion de prix sur cette
expérimentation et besoin d’étudier la compréhension du
consommateur et d’élargir le panel
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L’environnement au service de la performance : une stratégie éclairée
Un contexte qui pousse à l’action
• Evolution perpétuelle : les IAA doivent donc s’adapter et intégrer
l’environnement pour rester compétitives
• Défis à relever : tension sur les ressources, pression du marché,
encadrement législatif, attentes des clients/consommateurs
• Facteur déclencheur : augmentation du prix des ressources
énergétiques (en 2012 : +12 % pour l’électricité et +20 % pour le gaz)
• Evolution du discours des clients : vraie sensibilité sur le sujet
maintenant. L’environnement est devenu un argument de vente pour
certains groupes (Leclerc, Auchan, Intermarché)
• Facteurs incitatifs : leviers de performance pour l’entreprise en matière
de coût, d’image et de perception du consommateur (transparence,
confiance, etc.)
Doper la performance par l’environnement
Des exemples de bonnes pratiques
Lesieur : création de la marque « Fleur de Colza » en 2011 : réponse à la demande
des clients, thématique qui rassemble l’amont et l’aval et permet de rompre le
cloisonnement des métiers dans l’entreprise
� développement de l’image et de la confiance et motivation des équipes
� stimulation de l’innovation et de la croissance : progrès de 2.5 points de
marché entre 2011 et 2012
Fishcut Leroy : changement de mode de livraison
� réduction des coûts et de l’impact environnemental du transport :
réduction de 65 % des Gaz à effet de serre (GES), économie de
15 000 euros par an
Les brasseurs de Gayant : éco-conception des emballages de bières
� motivation des équipes et amortissement de l’investissement en 2 ou 3
ans
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Passer à l’action en région
• accompagner les entreprises dans la construction, la mise en œuvre et la
valorisation des démarches respectueuses de l’environnement
• développement de l’étude filière du secteur de l’agroalimentaire,
FOOD’[avnir], pilotée par le pôle AGROE
• évaluation de l’impact de la filière brassicole régionale : définition d’un
plan d’action concret qui réponde aux exigences environnementales et
économiques de la filière.
Ont participé à l’atelier 4
Participants : Agathe Combelles (enseignante chargée d’études, Groupe ISA, Lille),
Maud Lelièvre-Desmas (enseignante-chercheuse, Groupe ISA, Lille), et Quentin
Renault (pôle d’excellence AGROE).
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Sigles
PME : Petites et moyennes entreprises
NSL : Nutrition santé longévité
TPE : Très petites entreprises
SIAL : Salon de l'industrie agroalimentaire en France
CREDOC : Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie
FAO : Food and Agriculture Organization
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