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www.lemonde.fr 57 e ANNÉE – Nº 17518 – 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINE FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI MARDI 22 MAI 2001 Où vas-tu papy, avec ton grand short jaune ? Jouer au rugby mon enfant, à Toulouse ! International................ 2 France............................ 6 Société........................... 10 Régions ......................... 13 Carnet............................ 14 Horizons ....................... 15 Entreprises ................... 19 Communication........... 21 Tableau de bord .......... 22 Aujourd’hui .................. 25 Météorologie-Jeux...... 28 Culture .......................... 29 Kiosque ......................... 33 Abonnements .............. 33 Immobilier,annonces .. 34 Radio-Télévision ......... 35 TOULOUSE de notre correspondant régional Ramon Morales est espagnol et il a 98 ans ; Naozow Hayashi, lui, est japonais et il a 93 ans. Ils porteront tous les deux des shorts jaunes réservés aux plus de 80 ans. Interdit de les pla- quer ! Les deux plus vieux Golden Oldies (vieux en or) du rugby, qui sont à Toulouse à l’occa- sion du Festival mondial des anciens du rugby, n’ont rien à craindre de leurs adversaires. Pen- dant les 450 matches qui vont opposer 117 équi- pes sur les trois terrains mis à disposition par la ville, seul compte le beau geste – les passes, les cadrages-débordements, les contournements, les contre-pieds, les croisées, les envolées lyri- ques –, c’est-à-dire la quintessence du rugby tel qu’il se pratiquait avant. Avant l’argent, avant le professionnalisme, la créatine et les bulldozers. Tout a commencé samedi 19 mai, sur la place du Capitole, par une parade incongrue, style carnaval d’un troisième âge endiablé, qui ouvrait une semaine de matches et de festivi- tés. Depuis treize ans, les « vieux » du rugby aiment à se retrouver ainsi, dans la seule compa- gnie de leur passion heureuse. Ils forment une étonnante confrérie, réseau mondial de résis- tance à la compétition marchande, lobby de célébration fraternelle et facétieuse de l’« esprit du jeu ». Encore une fois, ils sont venus nom- breux – plus de 3 000 – pour arracher une année supplémentaire à la vieillesse et retrou- ver ce parfum d’enfance à teneur d’herbe verte, de ballon capricieux et de copains rigolards. Les Golden Oldies ressemblent à de grands gamins qui prennent la vie pour une cour de récréa- tion. Ils sont là dans le seul intérêt du « rugby plaisir », selon l’expression de Daniel Comolli, coprésident du comité d’organisation, un regroupement de bénévoles qui savent qu’avec ces lascars « rien ne se passera comme prévu ». Pendant la manifestation, tout est gratuit. On ne compte pas les points, et il n’y a pas de classement. Il n’y aura ni vainqueur ni vaincu. Les gags sur le terrain sont bienvenus, comme de se coucher par terre au moment du coup d’envoi ou d’utiliser le coaching pour faire entrer soudainement femmes et enfants. Seul l’esprit festif compte. Pour la première fois, la plus grande mêlée du monde a lieu hors de l’univers anglo-saxon. Si Toulouse a été choisie, c’est en raison de sa position phare dans l’histoire du rugby fran- çais, mais aussi – surtout ? – pour son « envi- ronnement exceptionnel », à savoir les ingré- dients nécessaires à l’accomplissement du rite : foie gras, magrets, confits et vins de ter- roir. Outre le plaisir du jeu, les Golden Oldies respectent deux principes : primo, un match de rugby doit durer trois mi-temps ; secundo, un joueur digne de ce nom doit savoir se tenir à table mieux qu’à cheval. Les 3 000 joueurs qui ont fait le voyage en provenance de 21 pays de la planète rugby – l’Australie, la Nouvelle-Zélande, l’Afrique du Sud, l’Irlande, l’Angleterre, l’Argentine, le Japon, l’Italie, la France, et même l’Indonésie et les Bahamas – ont bien l’intention de respecter à la lettre cet esprit du rugby. Ne se sont-ils pas laissé dire qu’à Toulouse le vin rouge a les mêmes vertus festives que la bière blonde à Auckland, Syd- ney, Le Cap ou Londres ? Jean-Paul Besset Nos autres informations sportives p. 25 à 27 TÉLÉVISION Le match M6 contre TF1 ENQUÊTE Seattle rêve de l’après-Net a LES TRANSPORTS publics devraient être à nouveau per- turbés dans une cinquantaine de villes de province, mardi 22 mai. Les syndicats organisent une sixiè- me journée de grève en moins de trois mois pour obtenir la retraite à 55 ans, comme les agents de la RATP et ceux des transports inter- urbains. En province, trois entrepri- ses dominent le marché : Keolis (groupe SNCF), Transdev (Caisse des dépôts) et Connex (Vivendi). Le patronat juge beaucoup trop coûteuses les revendications avan- cées par les syndicats. Les pou- voirs publics restent silencieux, même si les subventions versées aux entreprises leur donnent voix au chapitre. Lire page 19 La Corse des girondins FESTIVAL DE CANNES Palme d’or à Moretti LA PROPOSITION de résolution rédigée par Arnaud Montebourg (PS, Saône-et-Loire), destinée à enga- ger la procédure de mise en accusa- tion de Jacques Chirac devant la Hau- te Cour de justice, a été signée, à ce jour, par trente députés de gauche : dix-neuf socialistes, quatre Verts, quatre radicaux de gauche, deux PCF, un MDC. Elle doit recueillir un minimum de 58 signatures pour être soumise au vote des députés. Ensui- te, il faut qu’elle soit adoptée à l’iden- tique par l’Assemblée nationale et le Sénat pour entraîner la saisine de la commission d’instruction de la Hau- te Cour. Le Monde publie de larges extraits de l’« exposé des motifs » de ce texte. La procédure de Haute Cour, seule juridiction compétente selon M. Montebourg, est rendue nécessaire, dit-il, par l’impossibilité de poursuivre M. Chirac par des voies ordinaires dans les deux affai- res où il est mis en cause : les mar- chés de l’Office HLM de Paris, à l’épo- que où il était maire de Paris, et la rémunération par la Ville de perma- nents du RPR. M. Montebourg invo- que, dans son texte, les précédents des présidents Joseph Estrada (Philip- pines), Alberto Fujimori (Pérou), et de Richard Nixon, alors président des Etats-Unis. Il rappelle qu’en 1992 M. Chirac en appelait, dans Le Mon- de, à la Haute Cour pour juger l’affai- re du sang contaminé et déplorait alors une pratique de la politique qui fait « passer les solidarités de parti avant l’exigence de justice ». Lire pages 6 et 7 Taïwan se fait courtiser par la Chine LES AUTORITÉS taïwanaises observent le phénomène avec éton- nement et prudence : depuis quel- que temps, de l’autre côté du détroit de Formose, entre brumes et rochers de mer de Chine, le dragon esquisse un sourire. C’est inhabi- tuel. Certes, on entend toujours de lourds bruits de bottes : Pékin pour- suit d’intenses préparatifs militaires pour attaquer la République de Chi- ne (Taïwan). Mais Pékin joue aussi la séduction. L’offensive de charme n’est pas destinée au gouvernement du président taïwanais Chen Shui- bian. Depuis son élection, en mai 2000 – parfaitement démocratique, ce qui n’arrange pas son cas –, Chen Shui-bian est soupçonné à Pékin de vouloir officialiser l’indépendance de facto de l’île. Crime de lèse-souve- raineté impériale, qui le rend infré- quentable aux yeux des dirigeants de la République populaire de Chi- ne (RPC, Pékin). Ils cherchent à mar- ginaliser Chen Shui-bian et refusent tout contact officiel avec lui. En revanche, ils ouvrent grand les bras au reste de la société taïwanaise. Et elle n’est pas sans se laisser séduire. Jésuite, directeur de l’Institut Ricci d’études chinoises à Taïpeh, capitale du pays, Benoît Vermander parle « d’une stratégie de contournement du pouvoir central taïwanais » (lire son article dans la revue Etudes, mai 2001). Pékin ignore le président Chen, mais multiplie les contacts avec son opposition et avec les auto- rités locales sur l’île ; la Chine favo- rise le développement des échanges universitaires, culturels et, plus que jamais, économiques avec Taïwan. De part et d’autre du détroit, on pen- se toujours à la guerre, mais on se fréquente de plus en plus. Les dirigeants taïwanais, un tantinet méfiants, ne s’opposent pas à cette évolution : ils pourraient aussi y trou- ver leur compte. D’une rive à l’autre d’un bras de mer de moins de 200 km, c’est un face-à-face asymétrique : d’un côté, la Chine du Sud, quelques centaines de millions d’habitants parmi les plus riches et les plus entreprenants sur le milliard que compterait la RPC ; de l’autre, Taïwan, confetti de l’ex-empi- re de 23 millions de citoyens (moins de 400 km de long, sur une centaine de large), mais Etat de droit, démo- cratie brouillonne, concentré d’éner- gie entrepreneuriale et de savoir-fai- re technologique. Alain Frachon Lire la suite page 18 FRANÇOIS BAYROU Le 54 e Festival de Cannes a distingué, dimanche 20 mai, La Chambre du fils, de Nanni Moretti (photo), et récompensé trois fois La Pianiste, de Michael Haneke : Grand Prix du jury, Prix d’interprétation féminine à Isabelle Huppert et masculine à Benoît Magimel. Il restait peu de place au palmarès pour les œuvres de Jacques Rivette, Manoel de Oliveira, Jean-Luc Godard, Hou Hsiao-hsien ou Manuel Recha. Bilan et analyse. p. 29 à 32 AFP Offre spéciale jusqu’au 31 mai 2001 REPRISE 30.000 F * pour l’achat d’une Citroën récente XM ou Evasion CITROËN FÉLIX FAURE, moi j’aime Fournisseur officiel en bonnes affaires Paris 15 e 10, Place Etienne Pernet 01 53 68 15 15 ....................................................................................................... Paris 14 e 50, boulevard Jourdan 01 45 89 47 47 ....................................................................................................... Coignières (78) 74, RN 10 01 30 66 37 27 ....................................................................................................... Bezons (95) 30, rue E. Zola 01 39 61 05 42 ....................................................................................................... Thiais (94) 273, av. de Fontainebleau - RN7 01 46 86 41 23 ....................................................................................................... Nantes (44) 7, bd des Martyrs Nantais - Ile Beaulieu 02 40 89 21 21 FAIBLE KILOMÉTRAGE GARANTIE 1 AN PIÈCES ET MAIN- D’ŒUVRE FINANCEMENT À LA CARTE PRIX ATTRACTIF 15.000 F* pour l’achat d’une Citroën récente Xantia ou Xsara** 10.000 F* pour l’achat d’une Citroën récente Saxo Reprise minimum de votre véhicule, quels que soient l’état, la marque et beaucoup plus si son état le justifie. *Offre non cumulable avec d’autres promotions, réservée aux particuliers, dans la limite des stocks disponibles. **Sauf Xsara immatriculée après le 01/09/00 et Xsara Picasso. Ouverture exceptionnelle le JEUDI 24 MAI La guerre Israël-Palestine En programmant son émission de « télévision-réalité » à l’heure du « Bigdil » de TF1, qu’anime Vincent Lagaf (photo), M6 attaque la Une de front. Une bataille d’audience qui risque de coûter cher aux deux chaînes rivales. p. 21 et l’analyse p. 18 TF1 Trente députés accusent Jacques Chirac b La proposition de résolution visant à mettre le président en accusation devant la Haute Cour a été signée par 30 députés de gauche, dont 19 socialistes b Il en faut 58 pour qu’elle soit soumise au vote b « Le Monde » dévoile le texte rédigé par Arnaud Montebourg et la liste des signataires Ils voulaient construire le réseau local idéal : libre, à très haut débit, gratuit, rebelle, ouvert à tout propriétaire d’ordi- nateur du quartier… Et, surtout, sans fil. Aujourd’hui, à Seattle, au nord-ouest des Etats-Unis, Matt et Steeve, devenus ingénieurs, sont en passe de réaliser leur rêve : les antennes du premier réseau communautaire, Seattle Wireless (sans fil), sont installées. p. 15 SYGMA Transports : grèves en province f www.lemonde.fr/chirac-affaires f www.lemonde.fr/cannes S’IL ÉTAIT député, François Bayrou voterait le nouveau statut de la Corse. Dans un entretien au Monde, il expli- que pourquoi. Le président de l’UDF plaide pour une « République girondi- ne », et il accuse MM. Chirac et Jospin de se livrer à un « concours de déguise- ments » sur la décentralisation. Lire page 8 f www.lemonde.fr/loftstory 3:HJKLOH=UU\ZUV:?a@f@m@c@k ; M 0147 - 522 - 7,50 F f www.lemonde.fr/chine LES INITIATIVES LES MUTATIONS DEMANDEZ NOS DEUX SUPPLÉMENTS a Washington critique l’emploi de chasseurs bombardiers F-16 contre les Palestiniens a Les Etats-Unis pourraient annoncer une initiative diplomatique a Ariel Sharon n’entend pas changer de stratégie a La Ligue arabe appelle à rompre tout contact avec Israël Lire page 2 et notre éditorial page 18 Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 10 F ; Autriche, 25 ATS ; Belgique, 48 FB ; Canada, 2,50 $ CAN ; Côte d'Ivoire, 900 F CFA ; Danemark, 15 KRD ; Espagne, 225 PTA ; Gabon, 900 F CFA ; Grande-Breta- gne, 1 £ ; Grèce, 500 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 3000 L ; Luxembourg, 46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; Pays-Bas, 3 FL ; Portugal CON., 270 PTE ; Réunion, 10 F ; Sénégal, 900 F CFA ; Suède, 16 KRS ; Suisse, 2,20 FS ; Tunisie, 1,4 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $. f www.lemonde.fr/israël-palestiniens

New e 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINE MARDI 22 MAI … · 2018. 3. 26. · 57e annÉe – nº 17518 – 7,50 f - 1,14 euro france mÉtropolitaine mardi 22 mai 2001 fondateur

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www.lemonde.fr57e ANNÉE – Nº 17518 – 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINE FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANIMARDI 22 MAI 2001

La Corsedes girondins

FESTIVAL DE CANNES

Palme d’orà Moretti

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P

La guerreIsraël-Palestine Trente députés accusent Jacques Chirac

b La proposition de résolution visant à mettre le président en accusation devant la Haute Coura été signée par 30 députés de gauche, dont 19 socialistes b Il en faut 58 pour qu’elle soit soumiseau vote b « Le Monde » dévoile le texte rédigé par Arnaud Montebourg et la liste des signataires

Transports :grèves en province

3:HJKLOH=UU\ZUV:?a@f@m@c@kM 0147 - 522 - 7,50 F

Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 10 F ; Autriche,25 ATS ; Belgique, 48 FB ; Canada, 2,50 $ CAN ;Côte d'Ivoire, 900 F CFA ; Danemark, 15 KRD ;Espagne, 225 PTA ; Gabon, 900 F CFA ; Grande-Breta-gne, 1 £ ; Grèce, 500 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 3000 L ;Luxembourg, 46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ;Pays-Bas, 3 FL ; Portugal CON., 270 PTE ; Réunion, 10 F ;Sénégal, 900 F CFA ; Suède, 16 KRS ; Suisse, 2,20 FS ;Tunisie, 1,4 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $.

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LA PROPOSITION de résolutionrédigée par Arnaud Montebourg(PS, Saône-et-Loire), destinée à enga-ger la procédure de mise en accusa-tion de Jacques Chirac devant la Hau-

Où vas-tu papy, avec

Offre spéciale jusq

REPR30.00pour l’achat d’un

XM ou E

CITROËN FÉLIX FFournisseur officiel en

Paris 15e 10, Place Etienne ...................................................Paris 14e 50, boulevard Jour...................................................Coignières (78) 74, RN 10...................................................Bezons (95) 30, rue E. Zola...................................................Thiais (94) 273, av. de Fontain...................................................Nantes (44) 7, bd des Martyrs N

l FAIBLE KILOMÉTRAGE l GARD’ŒUVRE l FINANCEMENT À

15.000 F*pour l’achat d’une Citroënrécente Xantia ou Xsara**

Reprise minimum de votrel’état, la marque et beaucou

*Offre non cumulable avec d’autres promotions, réservé**Sauf Xsara immatriculée après le 01/09/00 et Xsara

Ouverture exceptionn

te Cour de justice, a été signée, à cejour, par trente députés de gauche :dix-neuf socialistes, quatre Verts,quatre radicaux de gauche, deuxPCF, un MDC. Elle doit recueillir un

ton grand short jaune

u’au 31 mai 2001

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ANTIE 1 AN PIÈCES ET MAIN-L A CARTE l PRIX ATTRACTIF

10.000 F*pour l’achat d’une Citroën

récente Saxo

véhicule, quels que soientp plus si son état le justifie.

e aux particuliers, dans la limite des stocks disponibles. Picasso.

elle le JEUDI 24 MAI

minimum de 58 signatures pour êtresoumise au vote des députés. Ensui-te, il faut qu’elle soit adoptée à l’iden-tique par l’Assemblée nationale et leSénat pour entraîner la saisine de la

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Taïwan se fapar la

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commission d’instruction de la Hau-te Cour. Le Monde publie de largesextraits de l’« exposé des motifs » dece texte. La procédure de HauteCour, seule juridiction compétenteselon M. Montebourg, est renduenécessaire, dit-il, par l’impossibilitéde poursuivre M. Chirac par desvoies ordinaires dans les deux affai-res où il est mis en cause : les mar-chés de l’Office HLM de Paris, à l’épo-que où il était maire de Paris, et larémunération par la Ville de perma-nents du RPR. M. Montebourg invo-que, dans son texte, les précédentsdes présidents Joseph Estrada (Philip-pines), Alberto Fujimori (Pérou), etde Richard Nixon, alors présidentdes Etats-Unis. Il rappelle qu’en 1992M. Chirac en appelait, dans Le Mon-de, à la Haute Cour pour juger l’affai-re du sang contaminé et déploraitalors une pratique de la politique quifait « passer les solidarités de partiavant l’exigence de justice ».

Lire pages 6 et 7

f www.lemonde.fr/chirac-affaires

a Washington critiquel’emploi de chasseursbombardiers F-16contre les Palestiniensa Les Etats-Unispourraient annoncerune initiativediplomatiquea Ariel Sharonn’entend pas changerde stratégiea La Ligue arabeappelle à rompre toutcontact avec Israël

Lire page 2et notre éditorial page 18

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enfant, à Toulouse !

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a LES TRANSPORTS publicsdevraient être à nouveau per-

turbés dans une cinquantaine devilles de province, mardi 22 mai.Les syndicats organisent une sixiè-me journée de grève en moins detrois mois pour obtenir la retraite à55 ans, comme les agents de laRATP et ceux des transports inter-urbains. En province, trois entrepri-ses dominent le marché : Keolis(groupe SNCF), Transdev (Caissedes dépôts) et Connex (Vivendi).Le patronat juge beaucoup tropcoûteuses les revendications avan-cées par les syndicats. Les pou-voirs publics restent silencieux,même si les subventions verséesaux entreprises leur donnent voixau chapitre.

Lire page 19

TOULOUSEde notre correspondant régional

Ramon Morales est espagnol et il a 98 ans ;Naozow Hayashi, lui, est japonais et il a 93 ans.Ils porteront tous les deux des shorts jaunesréservés aux plus de 80 ans. Interdit de les pla-quer ! Les deux plus vieux Golden Oldies (vieuxen or) du rugby, qui sont à Toulouse à l’occa-sion du Festival mondial des anciens du rugby,n’ont rien à craindre de leurs adversaires. Pen-dant les 450 matches qui vont opposer 117 équi-pes sur les trois terrains mis à disposition par laville, seul compte le beau geste – les passes, lescadrages-débordements, les contournements,les contre-pieds, les croisées, les envolées lyri-ques –, c’est-à-dire la quintessence du rugby telqu’il se pratiquait avant. Avant l’argent, avant leprofessionnalisme, la créatine et les bulldozers.

Tout a commencé samedi 19 mai, sur la placedu Capitole, par une parade incongrue, stylecarnaval d’un troisième âge endiablé, quiouvrait une semaine de matches et de festivi-tés. Depuis treize ans, les « vieux » du rugbyaiment à se retrouver ainsi, dans la seule compa-gnie de leur passion heureuse. Ils forment une

étonnante confrérie, réseau mondial de résis-tance à la compétition marchande, lobby decélébration fraternelle et facétieuse de l’« espritdu jeu ». Encore une fois, ils sont venus nom-breux – plus de 3 000 – pour arracher uneannée supplémentaire à la vieillesse et retrou-ver ce parfum d’enfance à teneur d’herbe verte,de ballon capricieux et de copains rigolards. LesGolden Oldies ressemblent à de grands gaminsqui prennent la vie pour une cour de récréa-tion. Ils sont là dans le seul intérêt du « rugbyplaisir », selon l’expression de Daniel Comolli,coprésident du comité d’organisation, unregroupement de bénévoles qui savent qu’avecces lascars « rien ne se passera comme prévu ».

Pendant la manifestation, tout est gratuit.On ne compte pas les points, et il n’y a pas declassement. Il n’y aura ni vainqueur ni vaincu.Les gags sur le terrain sont bienvenus, commede se coucher par terre au moment du coupd’envoi ou d’utiliser le coaching pour faireentrer soudainement femmes et enfants. Seull’esprit festif compte.

Pour la première fois, la plus grande mêléedu monde a lieu hors de l’univers anglo-saxon.

Si Toulouse a été choisie, c’est en raison de saposition phare dans l’histoire du rugby fran-çais, mais aussi – surtout ? – pour son « envi-ronnement exceptionnel », à savoir les ingré-dients nécessaires à l’accomplissement durite : foie gras, magrets, confits et vins de ter-roir. Outre le plaisir du jeu, les Golden Oldiesrespectent deux principes : primo, un matchde rugby doit durer trois mi-temps ; secundo,un joueur digne de ce nom doit savoir se tenirà table mieux qu’à cheval. Les 3 000 joueursqui ont fait le voyage en provenance de21 pays de la planète rugby – l’Australie, laNouvelle-Zélande, l’Afrique du Sud, l’Irlande,l’Angleterre, l’Argentine, le Japon, l’Italie, laFrance, et même l’Indonésie et les Bahamas –ont bien l’intention de respecter à la lettre cetesprit du rugby. Ne se sont-ils pas laissé direqu’à Toulouse le vin rouge a les mêmes vertusfestives que la bière blonde à Auckland, Syd-ney, Le Cap ou Londres ?

Jean-Paul Besset

Nos autres informations sportives p. 25 à 27

TÉLÉVISION

Le match M6contre TF1

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TF

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FRANÇOIS BAYROU

S’IL ÉTAIT député, François Bayrouvoterait le nouveau statut de la Corse.Dans un entretien au Monde, il expli-que pourquoi. Le président de l’UDFplaide pour une « République girondi-ne », et il accuse MM. Chirac et Jospinde se livrer à un « concours de déguise-ments » sur la décentralisation.

Lire page 8

International................ 2France............................ 6Société........................... 10Régions ......................... 13Carnet............................ 14Horizons ....................... 15Entreprises ................... 19Communication........... 21

Tableau de bord .......... 22Aujourd’hui .................. 25Météorologie-Jeux...... 28Culture .......................... 29Kiosque ......................... 33Abonnements .............. 33Immobilier, annonces .. 34Radio-Télévision ......... 35

LES AUTORITÉS taïwanaisesobservent le phénomène avec éton-nement et prudence : depuis quel-que temps, de l’autre côté du détroitde Formose, entre brumes etrochers de mer de Chine, le dragonesquisse un sourire. C’est inhabi-tuel. Certes, on entend toujours delourds bruits de bottes : Pékin pour-suit d’intenses préparatifs militairespour attaquer la République de Chi-ne (Taïwan). Mais Pékin joue aussila séduction. L’offensive de charmen’est pas destinée au gouvernementdu président taïwanais Chen Shui-bian. Depuis son élection, en mai2000 – parfaitement démocratique,ce qui n’arrange pas son cas –, ChenShui-bian est soupçonné à Pékin devouloir officialiser l’indépendancede facto de l’île. Crime de lèse-souve-raineté impériale, qui le rend infré-quentable aux yeux des dirigeantsde la République populaire de Chi-ne (RPC, Pékin). Ils cherchent à mar-ginaliser Chen Shui-bian et refusenttout contact officiel avec lui. Enrevanche, ils ouvrent grand les brasau reste de la société taïwanaise. Etelle n’est pas sans se laisser séduire.

Jésuite, directeur de l’Institut Riccid’études chinoises à Taïpeh, capitaledu pays, Benoît Vermander parle« d’une stratégie de contournementdu pouvoir central taïwanais » (lire

son article dans la revue Etudes, mai2001). Pékin ignore le présidentChen, mais multiplie les contactsavec son opposition et avec les auto-rités locales sur l’île ; la Chine favo-rise le développement des échangesuniversitaires, culturels et, plus quejamais, économiques avec Taïwan.De part et d’autre du détroit, on pen-se toujours à la guerre, mais on sefréquente de plus en plus. Lesdirigeants taïwanais, un tantinetméfiants, ne s’opposent pas à cetteévolution : ils pourraient aussi y trou-ver leur compte.

D’une rive à l’autre d’un bras demer de moins de 200 km, c’est unface-à-face asymétrique : d’un côté,la Chine du Sud, quelques centainesde millions d’habitants parmi les plusriches et les plus entreprenants sur lemilliard que compterait la RPC ; del’autre, Taïwan, confetti de l’ex-empi-re de 23 millions de citoyens (moinsde 400 km de long, sur une centainede large), mais Etat de droit, démo-cratie brouillonne, concentré d’éner-gie entrepreneuriale et de savoir-fai-re technologique.

Alain Frachon

Lire la suite page 18

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Le 54e Festival de Cannes a distingué,dimanche 20 mai, La Chambre du fils, deNanni Moretti (photo), et récompensétrois fois La Pianiste, de Michael Haneke :Grand Prix du jury, Prix d’interprétationféminine à Isabelle Huppert et masculineà Benoît Magimel. Il restait peu de placeau palmarès pour les œuvres de JacquesRivette, Manoel de Oliveira, Jean-LucGodard, Hou Hsiao-hsien ou ManuelRecha. Bilan et analyse. p. 29 à 32

Ils voulaient construire le réseau localidéal : libre, à très haut débit, gratuit,rebelle, ouvert à tout propriétaire d’ordi-nateur du quartier… Et, surtout, sans fil.Aujourd’hui, à Seattle, au nord-ouestdes Etats-Unis, Matt et Steeve, devenusingénieurs, sont en passe de réaliser leurrêve : les antennes du premier réseaucommunautaire, Seattle Wireless (sansfil), sont installées. p. 15

En programmant son émission de« télévision-réalité » à l’heure du« Bigdil » de TF1, qu’anime VincentLagaf (photo), M6 attaque la Une defront. Une bataille d’audience quirisque de coûter cher aux deux chaînesrivales. p. 21 et l’analyse p. 18

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LES INITIATIVESLES MUTATIONS

DEMANDEZ NOS DEUX SUPPLÉMENTS

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Les raids des F-16 israéliens contraignent Washington à sortir de sa réserveLa presse israélienne a vivement critiqué l’utilisation de chasseurs bombardiers par Tsahal pour répliquer à l’attentat sanglant de Netanya.

Les Etats-Unis pourraient prendre prochainement une initiative diplomatique, alors que le rapport de la commission Mitchell doit être rendu publicJÉRUSALEM

de notre correspondantToute guerre a son coût et celle

que se mènent Israéliens et Palesti-niens n’échappe pas à la règle. Aucours de sa réunion hebdomadaire,dimanche 20 mai, le conseil desministres israélien a ainsi décidé,« compte tenu de la situation », detransférer aux budgets de l’armée,de la police et des services de sécuri-té quelque 2,8 milliards de shekels(760 millions d’euros) supplémentai-res. Cette rallonge sera obtenue pardes économies équivalentes dansles budgets de tous les autres minis-tères comme par le gel, durant unan, des avantages financiers promisaux familles nombreuses par unerécente loi.

Celle-ci, qui accorde de substan-tielles allocations familiales dès lecinquième enfant, avait été l’un deschevaux de bataille de la droite reli-gieuse dont une bonne partie del’électorat est composée de famillesde dix enfants et plus. La perspecti-ve de sa mise entre parenthèses asuscité des réactions immédiatesdes partis religieux, de la gaucheoppositionnelle, et des partis arabesreprésentants d’une population

comportant également beaucoupde familles nombreuses. Ces der-niers ont affirmé que les restrictionsbudgétaires affecteraient d’abordles secteurs les plus démunis de lapopulation. « Dans la situation pré-sente, notre priorité est la vie, pas laqualité de la vie », a répliqué leministre de la défense BenjaminBen Eliezer.

UN AVION POLITIQUESi le coût économique du conflit

se calcule simplement, son prix poli-tique, en revanche, paraît moinsfacile à cerner. L’utilisation, vendre-di 18 mai, de chasseurs bombar-diers F-16 pour répliquer à l’atten-tat commis quelques heures plustôt à Netanya a suscité de vives réac-tions dans la presse israélienne, qua-si unanime à juger la riposte dispro-portionnée au regard de l’attaque.Aucune des cibles atteintes par lesF-16 n’était hors de portée des héli-coptères de combat qui auraient puoccasionner les mêmes dégâts.Mais la symbolique n’était pas lamême. Le F-16, avec son image depuissance et la peur qu’il est censéinspirer, était, ce jour-là, un avionsurtout politique, porteur d’un mes-

sage d’escalade qui se voulait plusdévastateur que ses missiles.

C’est bien ce qu’ont compris lescommentateurs politiques inquietsde ce qui se prépare. Si aucun, audiapason de la grande majorité dela population israélienne, ne remeten cause le principe même d’uneréaction aux attentats, tous, parfoisen termes fort vifs, sont opposés àl’utilisation des F-16 dans uneguerre pas comme les autres,menée presque à l’intérieur même

d’Israël. Sous le titre édifiant de« Nouvelle Apocalypse », l’un descommentateurs du quotidien Haa-retz, Doron Rosenblum, ne s’est ain-si pas privé de stigmatiser l’emploid’avions ultra-modernes contre« quelques porteurs de kalachniko-vs » de Naplouse, ville située « qua-siment en fin de piste d’envol » deschasseurs.

« Que se passera-t-il, se demandele journaliste, si demain, ce qu’àDieu ne plaise, vingt personnes sont

tuées dans un attentat terroriste ?Nous lançons la bombe atomique surRamallah ? » En termes féroces,Doron Rosenblum conclut : « Quel-ques mois avant que Tsahal ne se reti-re du Liban, et dix-huit ans trop tard,le chef d’état-major Shaoul Mofazavait mis sur pied une commissionpour définir “les objectifs de notrecombat au Liban”. Alors qu’irrésisti-blement une nouvelle “guerre de dix-huit ans” se développe entre le Jour-dain et la Méditerranée, il serait bieninspiré de créer rapidement une com-mission identique. »

MESSAGES DÉROUTANTSC’est bien là toute la question. De

même que l’Autorité palestinienne,au gré des discours de ses diri-geants, diffuse des messages diver-gents, sinon déroutants, quant auxconditions propres à arrêter la con-frontation, le gouvernement d’ArielSharon, derrière son exigence de nepas discuter sous la pression de laviolence, ne paraît pas avoir d’autreperspective que de répliquer ou deprévenir en éliminant, ce qui pour-rait menacer sa façade d’unanimité.

Dimanche, devant la presse étran-gère, le chef de la planificaton au

ministère de la défense, le généralGiora Eland est demeuré dans cecarcan conceptuel, expliquant lesinitiatives de son pays par les « vingt-huit attentats, réussis ou non, qui,depuis mars, ont frappé Israël ».Pour le général, qui exprimait là lecredo de l’état-major, il n’y a désor-mais plus guère de différences entreles composantes, islamiques ou laï-ques, policières ou militantes, del’Intifada, toutes unies dans « unauthentique conflit armé » qui justi-fie l’emploi de tous les moyens mili-taires dont Israël dispose.

« Notre politique est de répliquer etnon de procéder à une escalade », aencore expliqué le général Eiland enprécisant qu’il ne pouvait pas garan-tir que Tsahal, « comme d’autres àBelgrade ou au Kosovo » ne feraitpas d’erreurs en choisissant sescibles. Quelques heures plus tard,un tank israélien posté dans les fau-bourgs de Ramallah tirait par mégar-de trois obus sur la maison du chefde la sécurité préventive palestinien-ne, Jibril Rajoub, réputé parmi lesplus ouverts au dialogue politiqueavec les Israéliens.

Georges Marion

Des hélicoptères de combat israéliens ont tiré des missiles et faitfeu de leurs mitrailleuses dans la nuit du dimanche 20 au lundi21 mai sur des usines et des bâtiments de la sécurité palestiniennedans la bande de Gaza, blessant quatre personnes et causant desdégâts à des habitations privées, ont annoncé des sources palestinien-nes. L’armée israélienne a affirmé, lundi, que ses hélicoptèresavaient bombardé une usine produisant des « obus de mortier ».

La veille, devant le cabinet de sécurité, le premier ministre israé-lien, Ariel Sharon, avait réaffirmé sa détermination. « J’étais prêt à fai-re des concessions, mais il nous faut maintenant nous défendre », a-t-ilaffirmé, à propos du recours aux avions F-16. Enfin, le ministre israé-lien de la défense, Benyamin Ben Eliezer, a révélé, dans un entretientélévisé, qu’Israël avait « envisagé d’empêcher », vendredi, le prési-dent palestinien, Yasser Arafat, de se rendre en Egypte pour la réu-nion du comité de suivi de la Ligue arabe. – (AFP.)

La Ligue arabe prône l’arrêt de tous les contacts politiques avec Israël

Colin Powell devrait présenter « une proposition américaine »

« Israël s’est tiréune bombe dans le pied »

Nouveaux tirs de missiles sur Gaza

PROCHE-ORIENT Le premierministre israélien, Ariel Sharon, a réaf-firmé son intention d’utiliser tous lesmoyens possibles pour assurer la pro-tection d’Israël. Gaza a été une nou-

velle fois bombardé, lundi matin21 mai. b L’UTILISATION DE CHAS-SEURS BOMBARDIERS F-16 pour répli-quer à un attentat suicide perpétré àNetanya, le 18 mai, a suscité une vive

polémique dans la presse israélienne.b LES ÉTATS-UNIS ont aussi critiquéimplicitement la disproportion entreles moyens utilisés de part et d’autre.Mise en cause, elle aussi, pour sa pas-

sivité, la diplomatie américaine pour-rait lancer ces jours prochains une ini-tiative, alors que le rapport de la com-mission Mitchell devait être rendupublic lundi. b LA LIGUE ARABE a invi-

té, samedi 19 mai, ses membres àrompre toutes relations politiquesavec Israël tant que se poursuivent« l’agression » et « le blocus ». (Lireaussi notre éditorial page 17.)

LE CAIREde notre correspondant

La Ligue arabe a recommandé, samedi19 mai, l’arrêt de « tous contacts politiques avecIsraël tant que l’agression et le blocus se poursui-vent contre le peuple et l’Autorité palestinienne ».Dans un communiqué publié à l’issue de huitheures de réunion du comité ministériel de sui-vi issu du sommet arabe du Caire d’octo-bre 2000, la Ligue a indiqué qu’elle demanderaà « tous les pays de boycotter totalement les pro-duits des colonies israéliennes ». Le nouveausecrétaire général de la Ligue, Amr Moussa, aappelé à « une protection internationale des civilspalestiniens ».

Aux yeux de la presse arabe, le comité minis-tériel de la Ligue a comblé les « lacunes » lais-sées par le sommet arabe de soutien à l’Intifadamême s’il n’est pas allé jusqu’à satisfaire la ruequi réclame la rupture des relations diplomati-ques avec Israël. Un discours que l’on n’enten-dait plus en Egypte depuis la signature du traitéde paix en 1979 et qui a été scandé par des mani-festants réunis devant le siège de la Ligue arabeau Caire.

C’est une première dans une Egypte où lesmanifestations en dehors des campus sontsévèrement réprimées. Cette tolérance inhabi-tuelle reflète l’exaspération du Caire face aurejet par le gouvernement israélien d’Ariel Sha-ron de toutes les tentatives de médiation,

notamment celle initiée par l’Egypte et par laJordanie.

Gardant en mémoire une récente visite auCaire du ministre israélien des affaires étrangè-res, Shimon Pérès, qui avait tourné court, lesresponsables égyptiens, qui jusque-là modé-raient les appels radicaux de pays comme laSyrie, en ont conclu que puisque « les tentativesde dialogue ne servent à rien au stade actuel,autant les suspendre », comme nous a confiéune source proche du pouvoir.

AMBASSADE SYMBOLIQUELe nouveau ministre des affaires étrangères

égyptien, Ahmed Maher, a d’ailleurs opposéune fin de non-recevoir, le 18 mai, à une nouvel-le demande de rencontre de M. Pérès. Un refusqui vient s’ajouter à celui opposé par le prési-dent Hosni Moubarak à M. Sharon au lende-main de l’élection de ce dernier au poste de pre-mier ministre. Compte tenu de ce contexte, lesecrétaire de la Ligue, qui s’était illustré par sessorties anti-israéliennes quand il dirigeait ladiplomatie égyptienne, n’a pas hésité à criti-quer implicitement les Etats-Unis et à s’en pren-dre « à la faiblesse du monde arabe ». Une occa-sion en or pour celui qui veut tirer la Ligue ara-be de sa léthargie.

Le président Moubarak a mis en garde contrela grave détérioration de la situation qui, selonlui, risque de conduire à « un point de non-

retour », à « une catastrophe nuisible aux inté-rêts de l’Occident et des Etats-Unis dans larégion ». Le « raïs » devait rencontrer, lundi,Javier Solana, le haut représentant de l’Unioneuropéenne pour la politique étrangère. L’an-cien pilote de combat de l’armée égyptienne a,par ailleurs, appelé les présidents américain,George W. Bush, français, Jacques Chirac, etrusse, Vladimir Poutine, pour les informer de« la gravité de la situation » après « l’usage ahu-rissant de F-16 » contre les Palestiniens.

M. Maher a également contacté son homolo-gue américain, Colin Powell, pour lui demanderde ne pas s’opposer à une réunion du Conseilde sécurité sur la situation explosive dans les ter-ritoires palestiniens. M. Maher a aussi contactéle secrétaire général de l’ONU, le ministre desaffaires étrangères de Suède, pays qui présideactuellement l’Union européenne, ainsi que leschefs de la diplomatie française et russe.

Toutefois, ce dernier a tenu à mettre unbémol aux recommandations de la Ligue en indi-quant qu’elles « ne concernent pas les traités depaix ni les ambassades existantes ». Une ambassa-de qui, côté égyptien, est devenue purementsymbolique puisque l’ambassadeur d’Egypte,rappelé de Tel-Aviv le 21 novembre 2000, neréintègrera son poste que « quand cesseront lesagressions israéliennes contre les Palestiniens ».

Alexandre Buccianti

NEW YORKde notre correspondante

Combien de temps encore l’ad-ministration de George W. Bushpourra-t-elle s’offrir le luxe de nepas intervenir face à l’escalade dela violence au Proche-Orient ? Si lafin de semaine passée est un indi-ce, les jours de la passivité améri-caine sont comptés. Depuis les gra-ves événements du vendredi18 mai, les F-16 israéliens ripos-tant à l’attentat suicide palestinienà Netanya, les appels en faveurd’un rôle diplomatique plus actifde Washington se sont tellementintensifiés, dans le monde arabecomme aux Etats-Unis, qu’ils nepeuvent plus être ignorés.

Selon le New York Times du lundi21 mai, le secrétaire d’Etat, ColinPowell, devrait présenter « une pro-position américaine », de portéeplus limitée qu’une initiative depaix, avant son départ, mardi,pour une tournée en Afrique et enEurope. Le vice-président, DickCheney, chargé, comme cela luiarrive de plus en plus souvent,d’expliquer la ligne de la MaisonBlanche dans les émissions politi-ques dominicales, est, certes, restétrès prudent : « Les chances d’ame-ner les deux parties ensembleautour d’une table sont très min-ces », a-t-il estimé.

Interrogé sur la chaîne NBC,M. Cheney a admis que le gouver-

nement israélien devrait cesserd’utiliser ses chasseurs F-16 (defabrication américaine) dans le con-flit, mais pour ajouter dans lemême souffle : « Les deux côtésdevraient arrêter, réfléchir un peu oùils vont et réaliser qu’au bout du che-min, c’est le désastre qui les attend. »Pressé d’indiquer si Washingtonallait instamment demander augouvernement israélien de ne plusavoir recours aux F-16, le vice-prési-dent a refusé de répondre : « Lasituation est très délicate, a-t-il dit, jene crois pas que je doive allerau-delà de ce que je viens de dire. »

CONTRASTESM. Cheney a confirmé que le rap-

port de la commission Mitchell surl’origine des violences, qui devaitêtre présenté lundi à New York,pourrait « servir en partie de base »pour un rôle américain accru. Levice-président s’est en tout casefforcé, dimanche, de corrigerl’image d’une administration indif-férente : l’escalade de la violence,a-t-il reconnu, « est évidemmenttrès préoccupante », et le présidentBush « est directement impliqué »dans le suivi de la situation.

Contrastant fortement avec l’ad-ministration Clinton, qui, pendanthuit ans et jusqu’à la dernière minu-te, a activement participé à larecherche d’un règlement israélo-palestinien, l’équipe de M. Bush est

depuis le début restée sur la réser-ve face à ce conflit qui a replongédans la violence depuis huit mois.C’est même la première fois enplus d’une vingtaine d’année, cons-tatent les experts, que Washingtonn’a aucun rôle diplomatique de pre-mier plan dans la région. Certainsrépublicains reprochent d’ailleurs àl’administration Clinton d’avoir ététrop impliquée dans la nébuleuseisraélo-palestinienne. Le présidentde la Chambre des représentants,Dennis Hastert, estimait ainsi surFox TV, dimanche, qu’en « pous-sant très très loin pour obtenir unaccord de paix » Bill Clinton avaitaffaibli le gouvernement du tra-vailliste Ehoud Barak. « C’est ainsique nous avons maintenant un gou-vernement différent, avec une attitu-de différente », a-t-il expliqué.

Mais tous les républicains ne par-lent pas d’une seule voix sur lesujet. Le sénateur John McCain,personnage influent aux Etats-Unis, a pressé, dimanche, la Mai-son Blanche de nommer un envoyéspécial au Proche-Orient et de« s’impliquer à nouveau, et vigoureu-sement, avant que cette situation nes’étende à l’ensemble de la région ».Plusieurs journaux américains con-tinuent également d’exhorterM. Bush à sortir de sa réserve sur leProche-Orient. « Si l’influence amé-ricaine au Proche-Orient a un senspratique quelconque, c’est mainte-

nant qu’il faut l’exercer, pendantqu’il est encore possible de sauverces deux peuples d’une catastropheirréversible », écrivait samedi le Bos-ton Globe. Pour le New York Times,« seule une diplomatie américaineactive et résolue peut empêcher leconflit de dégénérer en un calvairedésastreux pour les Israéliens et lesPalestiniens, et en un grave reverspour les intérêts américains dans larégion. Aucun président américainne peut se permettre de laisser le Pro-che-Orient sombrer dans le chaos ».

Dennis Ross, qui fut de longuesannées l’émissaire du présidentClinton au Proche-Orient, va quantà lui jusqu’à tirer les leçons del’échec de l’administration démo-crate dans le Washington Post afind’encourager l’équipe de GeorgeW. Bush à reprendre le flambeau,car, « livrés à eux-mêmes, Israélienset Palestiniens ne peuvent pas sortirseuls de la spirale de violence et dereprésailles militaires ». Lorsque lesEtats-Unis se lanceront dans unenouvelle initiative, écrit-il, ils doi-vent « exiger de nouvelles règles debase pour leur rôle et pour le proces-sus de négociations israélo-palesti-nien. (…) Et elle pourrait poser claire-ment que, si certains engagements nesont pas remplis, nous attribueronspubliquement le blâme à ceux quiont manqué à leurs engagements ».

Sylvie Kauffmann

Bien que réputés plus prochesdu gouvernement d’Ariel Sharonque le quotidien Haaretz, les quoti-diens Maariv et Yedioth Ahronoth,n’ont pas été, dimanche 20 mai,moins sévères que leur confrère decentre gauche en commentant lariposte israélienne à l’attentat deNetanya, vendredi 18 mai. « Onpeut comprendre certaines réac-tions venue des tripes appelant à uti-liser les F-16, écrit Hemi Chalevdans Maariv. Mais on est en droitd’attendre plus de hauteur de vuede la part du premier ministre, duministre des affaires étrangères, duchef d’état-major et de ses géné-raux. L’homme de la rue peut per-dre sa raison, mais pas le pays. Ladécision d’envoyer les chasseursbombardiers pour attaquer des vil-les de Cisjordanie et de la bande deGaza était une erreur diplomatico-stratégique si grossière qu’il est diffi-cile de l’expliquer autrement quepar un manque de sang-froid. »« Israël, poursuit Hemi Chalev,s’est tiré une bombe dans le pied.

(…) Les bombardements ont aug-menté les appels à une interventioninternationale, conformément auscénario d’Arafat. Ils pourraientpousser les Etats-Unis à accepter lespropositions les plus sévères du rap-port Mitchell concernant les colo-nies, illustration qu’Israël fait vrai-ment, ainsi que l’affirme le rapport,un usage démesuré de sa force. »

PERTE D’« ÉQUILIBRE »Alex Fishman, dans Yediath

Arhonoth, estime que « la revancheest une preuve de faiblesse et de frus-tration. Le gouvernement qui avaitpromis de ramener le calme et lasécurité se retrouve (...) entraînédans une escalade incontrôlée. Il estdifficile de ne pas avoir l’impressionque la décision d’envoyer des chas-seurs pour bombarder des objectifsen Cisjordanie relève plus des tripesque du cerveau. (…) Cette initiativeindique que quelqu’un, chez nous,a, quelque part, perdu son équilibreet est en train de perdre son calme,ou sa patience. » – (Corresp.)

I N T E R N A T I O N A L2

LE MONDE / MARDI 22 MAI 2001

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LE MONDE / MARDI 22 MAI 2001 / 3

Algérie : l’agitation reprend en Kabyliealors que les protestataires commencent à s’organiser

Les Tchadiens ont voté massivement et dans le calme,dimanche 20 mai, pour élire leur futur chef de l’Etat,tandis que la plupart des six candidats opposés au pré-

sident Idriss Déby faisaient état de nombreuses irrégu-larités dans l’organisation du scrutin. Les résultats nedevraient pas être connus avant la fin de la semaine.

N’DJAMENAde notre envoyé spécial

Lors du premier tour de la pré-sidentielle au Tchad, dimanche20 mai, la sérénité de l’électorat,fortement mobilisé, a tranchéavec les insuffisances dans l’orga-nisation du scrutin. Le vote a eulieu sans violences, hormis quel-ques incidents mineurs tels quel’empoignade, à N’Djamena,entre trois observateurs natio-naux et le secrétaire d’Etat à lafonction publique, accusé de dis-tribuer des cartes d’électeur àson domicile. Eu égard à la tailledu pays, deux fois et demi grandcomme la France, et aux faibles-ses des télécommunications– onze villes seulement étantreliées par téléphone à la capita-le –, il était impossible de savoir,à la clôture des bureaux de vote,si la validité du scrutin avait étédavantage confortée par la parti-cipation massive qu’entachée parles irrégularités dénoncées parles six candidats de l’opposition.

Selon l’interlocuteur choisi, lebilan de la journée était fort con-trasté. Au siège de la commissionélectorale nationale indépendan-te (CENI), l’autosatisfaction pré-valait. « Le vote s’est déroulé nor-malement sur toute l’étendue duterritoire national », y déclaraitYokabdjim Mandigui, le prési-dent de la CENI, nommé par legouvernement. « Aucun incidentne nous a été signalé, et aucun can-didat n’a introduit de plainte ».

Quant au vote en milieu noma-de et à l’étranger, où résidentplus de 10 % de l’électorat tcha-dien, l’absence de nouvelles étaitinterprétée comme « bon signe ».Ce qui n’est pas évident, la fortecommunauté tchadienne au Sou-dan - majoritairement favorableau président Idriss Déby - ayantinstallé cent bureaux de vote àl’ambassade à Khartoum, lieulégal pour la tenue du scrutin.

Aux yeux de Yokabdjim Mandi-gui, professeur de droit public etancien recteur de l’université deN’Djamena, l’utilisation des lis-tes électorales manuscrites neposait pas non plus de problème.« Lors de l’informatisation de ceslistes, nous avons constaté que leserreurs qu’elles contenaientétaient marginales », assurait-il.Or, renseignement pris auprès duPNUD (Programme des Nations

unies pour le développement),qui avait mis en œuvre l’informa-tisation avant de l’abandonneren raison de sa contestation parl’opposition tchadienne, sur qua-tre cent mille électeurs à N’Dja-mena, pas moins de 25 000 multi-ples inscriptions avaient étéexpurgées. En revenant aux listesmanuscrites, c’est donc une mar-ge d’erreur de 6 % qui réapparaîtet qui, d’emblée, fausse le vote.

POINT COMMUNAu domicile du député Ngarle-

jy Yorongar, où même le chienportait le bandeau rouge qui estle signe de ralliement du parti« fédéraliste », on ne semblaitpas parler de la même élection.Rentré d’une semaine de campa-gne dans son fief sudiste autourdu Doba, au cœur du nouvelEldorado pétrolier, l’enfant terri-ble de la classe politique tcha-dienne a fait état d’une tentatived’empoisonnement, d’« uneembuscade montée par des militai-res » à l’instigation du préfet dela région et du meurtre d’un gar-dien, dont le sacrifice aurait sau-vé la nièce du candidat à Doba.L’arrestation des militants – sansprécision de leur nombre – estpassée au second plan. « L’hysté-rie collective provoquée par monpassage a semé la panique chezmon adversaire Idriss Déby », aexpliqué, sans fausse modestie,l’opposant.

« S’il n’y avait pas la fraude, jeserais élu dès le premier tour »,ajoutait-il, aussi convaincu de sa

« victoire assurée » que l’actuelchef de l’Etat, qui rejette farou-chement l’idée d’une mise en bal-lottage.

Le président et son pourfen-deur le plus virulent ont un autrepoint commun : tous deux ontservi l’ancien président HissèneHabré, avant de s’allier pour lerenverser, en 1990. « J’ai combat-tu la dictature de l’intérieur », osel’ancien ministre de la fonctionpublique, puis secrétaire généraladjoint du gouvernement, qui sié-geait alors au bureau politiquedu parti unique, où il était chargéde la « sensibilisation des militai-res ». Ce qui lui permit de com-ploter avec le « comchef » IdrissDéby, que Ngarlejy Yorongardénonce aujourd’hui comme le« pire tueur du temps de Habré »,comme « trafiquant de drogue etfaux-monnayeur ».

Toutefois, l’ami du député Vertfrançais Noël Mamère et de l’as-sociation Survie, que préside àParis François-Xavier Verschave,n’insulte pas les lendemains élec-toraux. « On constatera l’ampleurdu trucage et puis, avec les autresopposants, on verra ce qu’onfera. »

Le temps de la réflexion va êtrelong : le président de la CENI nepense pouvoir annoncer les résul-tats du premier tour que « diman-che prochain ». Légalement, il dis-pose de deux semaines. Un éven-tuel deuxième tour aurait lieu le1erjuillet.

Stephen Smith

En Mongolie, les anciens communistesconservent leur omnipotence

Le chef de l’Etat, Natsagiyn Bagabandi, a devancé son rival démocratelors de l’élection présidentielle de dimanche. Issu de l’ex-Parti communiste,

il devra rassurer les donateurs internationaux

LES ÉMEUTES ont repris, diman-che 20 mai, dans plusieurs villes dela région de Béjaïa (Bougie), en Peti-te Kabylie, à 250 kilomètres à l’estd’Alger. Les affrontements les plusviolents se sont produits à Sed-douk, à une soixantaine de kilomè-tres au sud-ouest de Béjaïa où desbarricades ont été érigées, paraly-sant la ville. Des échauffouréesavaient déjà éclaté, samedi, à Sed-douk, entre manifestants et forcesde sécurité.

D’autres émeutes se sont produi-tes à Sidi Aïch, à quelques kilomè-tres de Seddouk, à Aokas et à Ami-zour, à proximité de Béjaïa. Ces vio-lences ont repris après une accal-mie relative alors que deux commis-sions d’enquête, l’une indépendan-te et l’autre parlementaire, ne sontpas encore parvenues à faire lalumière sur les troubles qui se sontproduits du 22 avril au 6 mai. Cettenouvelle agitation coïncide avec lavisite à Alger, depuis vendredi18 mai, d’une délégation de l’Unioneuropéenne.

Plus de 20 000 personnes ont éga-lement manifesté, dimanche, à TiziOuzou, en soutien aux victimes desdernières émeutes. Répondant àl’appel des étudiants de l’UniversitéMouloud Mammeri, les manifes-tants ont défilé du campus au siègede la préfecture avant de se rassem-bler devant le tribunal. A l’issue decette manifestation, les organisa-teurs ont annoncé qu’ils allaientrendre publique une « plate-formede revendications ». D’autre part,Béjaïa a été paralysée, samedi, parune grève générale et une manifes-

tation de quelque 10 000 person-nes. Les manifestants ont marchédans le calme de l’université au siè-ge de la wilaya (préfecture). En têtede la manifestation, se trouvaientdes jeunes blessés lors des émeutes.

Un rassemblement a eu lieu surun terrain vague derrière la préfec-ture, au cours duquel plusieurs per-sonnes ont appelé à la « mobilisa-tion », à la « vigilance » et à la pour-suite des « manifestations pacifi-ques » jusqu’à ce que les autoritésrépondent aux doléances des habi-tants de la Kabylie. Les Kabylesdemandent notamment la punitiondes membres des forces de sécuritéayant tiré sur les manifestants lorsdes émeutes et la prise en chargedes jeunes touchés par le chômageet l’exclusion.

MARCHES « NOIRES »Une marche « noire » (avec ban-

deaux et brassards noirs en signede deuil) est également prévue, lun-di 21 mai, à Tizi Ouzou pour protes-ter contre la répression des émeu-tes qui ont fait 42 morts selon unbilan officiel et entre 60 et 80 selonla presse et les partis politiques.Marches « noires » à répétition,boycottage des activités officielleset du Festival international de la jeu-nesse et de l’étudiant que l’Algériedoit accueillir au mois d’août pro-chain, sont les idées à mettre enœuvre pour « inscrire le mouvementdans la durée » sans « exposer nospoitrines aux balles », selon les ter-mes d’un protestataire.

Les émeutes avaient éclaté aprèsla mort, le 18 avril, d’un lycéen dans

une gendarmerie à Béni Douala,près de Tizi Ouzou. Elles s’étaientensuite rapidement étendues à tou-te la Kabylie à la suite de l’interven-tion musclée des forces de l’ordre.Aujourd’hui, les Kabyles entendentmaintenir la pression sur les autori-tés pour faire aboutir leurs revendi-cations. Jeudi 17 mai, des dizainesde délégués envoyés par leurs villa-ges, se sont réunis à Iloula, au pieddu Djurdjura, en Grande Kabylie,pour jeter les bases d’une organisa-tion « civile ». Cette organisationdevrait prendre la forme d’une coor-dination des « comités de sages » detous les villages et travailler « endehors de toute tutelle partisane,administrative ou associative ». ABéjaïa, une « coordination » d’étu-diants, d’associations et de délé-gués de villages est également àpied d’œuvre.

D’autre part, six étudiants duCoran ont été assassinés et unautre blessé, samedi soir par ungroupe islamiste armé à El Hnenfadans la région de Chlef à 200 kilo-mètres à l’ouest d’Alger. L’attentata été commis dans une zaouia, sor-te de monastère où sont enseignésle Coran et la théologie. Les étu-diants, âgés de vingt-quatre à tren-te-deux ans, ont été tués par ballesselon des témoignages. Une soixan-taine de personnes, dont une tren-taine de membres des forces desécurité et une quinzaine d’islamis-tes armés, ont été tuées dans desviolences depuis le début du moisde mai. – (AFP.)

OULAN-BATORde notre envoyé spécial

Plus d’une décennie après ladémocratisation de la Mongolie,les anciens communistes conser-vent la pleine maîtrise des levierspolitiques du pays. Dimanche20 mai, l’électorat mongol a recon-duit Natsagiyn Bagabandi dansson fauteuil de président de laRépublique. Le candidat sortant anettement devancé son rival démo-crate, R. Gonchigdorj, avec57,95 % des voix, selon les résultatsannoncés lundi par la commissionélectorale. Déjà ultramajoritairesau Grand Khural (Parlement), avec72 des 76 sièges, les anciens com-munistes du Parti révolutionnairedu peuple mongol (MPRP) voientainsi leur omnipotence confirmée.L’appel des démocrates à leuropposer des contre-pouvoirs n’apas été entendu par un électoratqui se souvient amèrement de leurpassage au pouvoir (1996-2000)marqué par l’incurie et les combatsfratricides.

Agé de cinquante et un ans,M. Bagabandi incarne la nouvellegénération du MPRP, l’ancien par-ti unique qui a dirigé le pays pen-dant plus de soixante-dix ans àl’époque où la Mongolie dite« extérieure » était un satellitesoviétique. Le président reconduitreste toutefois assez proche de lafaction conservatrice du parti quiavait dû entériner de mauvaise grâ-ce la démocratisation de la décen-nie 1990 et n’a cessé de renâclerdevant les projets de privatisationdes entreprises d’Etat. Il est ici unsecret de Polichinelle que les rela-tions entre le président et son pre-mier ministre, NambariynEnkhbayar, à l’inclination sociale-démocrate plus prononcée (il admi-

re le « New Labour » de TonyBlair), sont assez médiocres, voireconflictuelles. Le maintien de l’uni-té du MPRP sera l’un des enjeux dela période qui s’ouvre alors que lafaction réformiste semble résolueà pousser les feux des privatisa-tions et que M. Bagabandi a axé sacampagne sur l’impératif de « stabi-lité » en promettant de « présidenti-aliser » le régime.

Le président Bagabandi devracependant se garder de toute tenta-

tion néo-autoritaire s’il veut conti-nuer à inspirer confiance à la com-munauté des donateurs internatio-naux qui a placé le pays sous perfu-sion ces dernières années. La Mon-golie est aujourd’hui l’un des paysles plus assistés par tête d’habi-tant. Devant l’absence de résultatstangibles dans les réformes, lesbailleurs de fonds se sont raidis cesderniers mois, et le gouvernementde M. Enkhbayar a dû batailler durpour les convaincre de ne pas relâ-cher l’effort. « Il arrivera unmoment où il faudra tirer le bilan detoute cette aide, dit un diplomate

occidental. Si le pays n’a pas décollédans les années 2004-2005, c’estqu’il y a un problème structurel gra-ve. » Toute la difficulté pour le pou-voir est ainsi de se plier à cette pres-sion internationale – poussantdans le sens de la réforme économi-que – sans aggraver les problèmessociaux provoqués par l’effondre-ment du système communiste.

L’exode rural alimente une urba-nisation critique à Oulan-Bator quicompte environ quarante mille per-sonnes sans domicile fixe, la moi-tié trouvant à s’héberger grâce àdes réseaux de solidarité maisl’autre moitié vivant dans la rue.Alcoolisme, criminalité des jeuneset appel de l’exil – notamment desjeunes femmes – sont les symptô-mes les plus visibles de ce nouveaumal social.

En politique étrangère, le princi-pal défi que devra relever M. Baga-bandi se résume à un nom : la Chi-ne. Le décollage économique dugigantesque voisin exerce déjà surle pays une attraction irrésistible,alors que la suspicion ancestrale àl’encontre des Chinois est plus viveque jamais. Un des contentieux lesplus aigus est le « siphonnage » ducachemire mongol – de très bonnequalité – par des producteurs chi-nois qui l’achètent à très bon prix,précipitant ainsi le déclin des trans-formateurs locaux qui ne peuventpas suivre.

Passée de la tutelle soviétique àla perfusion internationale, et crai-gnant maintenant d’être phagocy-tée par la Chine, la Mongolie vitune douloureuse crise d’identiténationale. La principale tâche deM. Bagabandi sera de lui redonnerconfiance.

Frédéric Bobin

Passée de la tutellesoviétique à la perfusioninternationale,la Mongolie vitune douloureuse crised’identité et craintaujourd’hui d’êtrephagocytée par la Chine

Le Tchad a voté dans le calmeau premier tour de la présidentielle

Les candidats de l’opposition dénoncent des « irrégularités »

1 284 000 km2

8 millions

N'DJAMENA

Idriss DébyPrésidentiel

SUPERFICIE

CHEF DE L'ETAT SORTANT

NATURE DU RÉGIME

POPULATION

CAPITALE

MONNAIE franc CFA

LANGUES français, arabe

ÉCONOMIE • 2000 •

CARACTÉRISTIQUES •

200 $1,6 milliard de $

PNB/HAB.

PNB

900 millionsde barils

RÉSERVES DE PÉTROLE

48 ansESPÉRANCE DE VIE

2,5 %INFLATION4,8 %CROISSANCE

Un des pays les plus pauvres du monde

Source : Bilan du Monde 2001

300 km

TCHADTCHAD

Faya-Largeau

Abéché

CAMEROUN

NIGERIA

NIGER

N'DJAMENA

Lac Tchad

LIBYE

SOUDAN

CENTRAFRIQUE

SarhDoba

TIBESTI

I N T E R N A T I O N A L

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4 / LE MONDE / MARDI 22 MAI 2001

BRUXELLESde notre bureau européen

Le communiqué final de la confé-rence des Nations unies sur lespays les moins avancés (PMA), quis’est achevée dimanche 20 mai àBruxelles, se contente de réaffir-mer que l’objectif pour les paysriches de consacrer 0,2 % de leurPNB à l’aide au développement desPMA doit être atteint « rapide-ment ». Comme tel était déjà le sou-hait émis en 1990 – avec un résul-tat qui ne dépasse pas 0,062 % duPNB –, il est permis de s’interrogersur les chances de faire mieux en2010, au terme du « programmed’action » adopté. Vingt-quatre àl’origine, en 1971, lorsqu’une initia-tive internationale a été lancée enleur faveur, les PMA sont aujour-d’hui quarante-neuf, avec l’entrée,en 2001, du Sénégal dans cette caté-gorie.

Face à cette aggravation de lapauvreté, les pays riches n’ont guè-re présenté de solution concrète :rien de nouveau en matière d’aide

au développement ; aucun calen-drier s’agissant de l’ouverture auxmarchés des pays développés pourles marchandises exportées par lesPMA ; aucun engagement précis deréduire davantage ou d’annuler ladette extérieure des pays pauvres…si ce n’est celui, rituel, de « faire desprogrès rapides » dans cette direc-tion ; guère plus enfin que la volon-té formelle d’« accroître l’accès »aux médicaments destinés à la luttecontre les maladies transmissibles,au premier rang desquelles le sida.

En revanche, les exhortations nemanquent pas pour convaincre lesgouvernements des pays intéressésd’adopter les règles de la « bonnegouvernance », ce sésame pourobtenir l’attention des investis-seurs des pays industrialisés. Demême, les PMA sont appelés à sou-tenir le processus en cours pour lan-cer un nouveau cycle de négocia-tions multilatérales en faveurd’une libéralisation du commerce,dans le cadre de l’Organisationmondiale du commerce, si possible

à l’occasion de la prochaine confé-rence ministérielle de Doha, ennovembre. Les représentants desPMA n’ont rien promis sur cepoint, si ce n’est de se réunir pouren parler, en juillet, à Dares-Salaam.

Ce maigre bilan n’a pas découra-gé Romano Prodi, Poul Nielson etPascal Lamy, respectivement prési-dent de la Commission européen-ne, commissaire chargé du déve-loppement et de l’aide humanitai-re et commissaire pour le commer-ce, de saluer les résultats obtenus :l’Union européenne se félicite que,« pour la première fois, la commu-nauté internationale a adopté l’ob-jectif d’un accès sans droits de doua-ne ni quotas pour tous les produitsen provenance des PMA ». Le textedes conclusions est moins emphati-que, puisqu’il se contente de signa-ler que les pays concernés « aspi-rent à améliorer l’accès préférentieldes denrées des PMA aux marchésdes pays développés ».

Les Quinze sont fiers de l’initiati-ve « Tout sauf les armes » quiouvre l’accès des marchés euro-péens aux exportations des PMAavec, il est vrai, un calendrier soi-gneusement échelonné s’agissantdes productions agricoles les plus« sensibles » pour les intérêts detel ou tel pays européen. De leurcôté, les Etats-Unis, le Canada et leJapon ont manifesté les réticencesque l’on attendait pour accroîtreleur aide en faveur des pays lesmoins avancés.

Laurent Zecchini

BELGRADEde notre envoyé spécial

Veran Matic se gratte la tête,désabusé. Le directeur de l’emblé-matique radio-télévision belgradoi-se B-92, fer de lance de l’activismeserbe contre le nationalisme et laguerre depuis dix ans, découvre lerésultat de l’étude d’opinion qu’ila commandée sur « la perceptionde la vérité en Serbie ». Huit moisaprès la chute de Slobodan Milose-vic, force est de constater que lesconsciences n’ont guère évoluédans le pays. Le pouvoir démocrati-que, composé essentiellement denationalistes, n’a entrepris quasi-ment aucun examen des crimes deguerre. Veran Matic est déçu. « Legouvernement a changé, dit-il, et laSerbie n’a rien appris sur la décen-nie écoulée ! »

Ainsi, à la question sur l’événe-ment le plus marquant de la guerreen Bosnie-Herzégovine, arrive entête le bombardement du marchéde Markale à Sarajevo, enfévrier 1994. Sauf que 89 % des Ser-bes sont convaincus que les Sarajé-viens assiégés se sont ce jour-làbombardés eux-mêmes, ce qui futun leitmotiv de la propagande ser-be durant la guerre sans qu’aucunepreuve ne soit jamais apportée. Ain-si 45 % ne croient pas que Sarajevofut la cible des snipers serbes, ouencore 65 % ne croient pas que desnon-Serbes furent tués dans descamps de prisonniers en Bosnie.

Les réponses aux questions surl’interprétation et l’analyse desévénements sont, aux yeux deVeran Matic, aussi peu encoura-

geantes. Qui est le plus coupablede la désintégration de la Yougos-lavie ? Les Serbes citent les natio-nalistes croates, puis les Etats-Unis et l’OTAN. L’idée que lesnationalistes serbes aient éventuel-lement pu y prendre part n’arrivequ’en 14e position.

Puis vient le point culminant dusondage. Qui a le mieux défendules intérêts de la nation serbe aucours de la dernière décennie duXXe siècle ? Ratko Mladic, le chef

militaire bosno-serbe, arrive trèslargement en tête, devant RadovanKaradzic, le chef politique bosno-serbe, Arkan, le commandant para-militaire le plus célèbre (assassinéen 2000), et Slobodan Milosevic, leprésident emprisonné à Belgrade.Ces quatre « héros » ont tous étéinculpés de « crimes contre l’huma-nité » par la justice internationale.Aucun Serbe ayant prôné le pacifis-me et la tolérance intercommunau-taire n’est cité comme ayant défen-du les intérêts de son peuple. Lepremier nationaliste démocrate, le

président yougoslave Vojislav Kos-tunica, arrive en 8e position.

52 % des personnes interrogéesne peuvent pas citer le moindre cri-me perpétré par les forces serbes.Les autres évoquent en priorité lemassacre de Srebrenica et la destruc-tion de Vukovar. Evidemment, lesondage, réalisé par l’institutSMMRI, réputé à Belgrade pour laqualité de ses enquêtes, enavril 2001 auprès d’un échantillonde 2171 personnes, s’intéresse égale-ment aux crimes perpétrés à l’encon-tre des Serbes. Les crimes les plusfréquemment cités sont l’exode desSerbes de Krajina provoqué par l’of-fensive croate en 1995, les raidsaériens de l’OTAN contre la Yougos-lavie en 1999 et les assassinats deSerbes au Kosovo depuis 1999.

Cette enquête renforce VeranMatic dans sa conviction que la Ser-bie doit franchir une étape supplé-mentaire dans la recherche de lavérité. B-92 vient d’organiser à Bel-grade un colloque sur le rôle de lacommission Vérité et Réconcilia-tion créée par Vojislav Kostunica,dont la nature et les membres sontfortement contestés par les antina-tionalistes qui suspectent le prési-dent de vouloir uniquement créerune institution concurrente du Tri-bunal pénal international. « Depuisla chute de Milosevic, tant de chosesont changé en Serbie, murmureVeran Matic. Et pourtant, on se senttoujours aussi mal. »

Rémy Ourdan

ROMEde notre envoyé spécial

Préconclave ou mini-concile ?Chacun y va de son interprétationavant la réunion au Vatican, dulundi 21 au jeudi 24 mai, d’un con-sistoire extraordinaire de cardi-naux, le sixième depuis le début dupontificat de Jean Paul II (1978),mais le plus important par la datede sa convocation et son ordre dujour.

Les deux interprétations sont éga-lement fantaisistes. Préconclave ?Les futurs électeurs du successeurde Jean Paul II – cent trente-quatrecardinaux âgés de moins de quatre-vingts ans sur les cent quatre-vingt-trois membres du Sacré Collè-ge – vont pouvoir faire connaissan-ce et échanger leurs vues sur l’ave-nir de l’Eglise. Ils seront logés à lamaison Sainte-Marthe, cet ancienhospice à l’intérieur du Vatican quia été aménagé pour recevoir les car-dinaux le jour de l’élection d’un pro-chain pape (les scrutins se faisanttoujours à la chapelle Sixtine). Maissi les rumeurs d’une démission

spectaculaire de Jean Paul II,devant le collège de ses cardinaux,vont bon train à Rome, personnene croit sérieusement à un tel scé-nario. Les signes d’épuisement s’ac-cumulent, mais Jean Paul II – qua-tre-vingt-un ans depuis ce vendre-di 18 mai – a souvent indiqué quele terme de sa « mission divine » nelui appartenait pas. Quant à sonentourage, il continue de faire croi-re à un exercice normal, quoiqueralenti, de sa charge. Outre le voya-ge que le pape doit faire du 23 au27 juin en Ukraine, d’autres dépla-cements sont à l’étude, en Arménieen septembre et au Canada durantl’été 2002.

FORMULE DE TRANSITIONLa surprise pourrait toutefois

venir de l’examen d’une formule detransition, associant au pape un« conseil » de cardinaux prochesde lui et en très petit nombre, capa-bles de le suppléer en cas d’impossi-bilité physique de poursuivre samission. L’idée d’« un conseil derégence » fait son chemin, comme

le dit La Croix du 18 mai, ou d’un« conseil de la Couronne » qu’un car-dinal comme Godfried Danneels,archevêque de Bruxelles, appelledepuis longtemps de ses vœux.

Le consistoire de cardinaux du21 au 24 mai ne sera pas davantageun mini-concile. Le concile est laréunion, avec pouvoirs de décision,des évêques du monde entier (troisau cours des quatre derniers siè-cles). Des voix autorisées (commecelle du cardinal Carlo-Maria Marti-ni) s’élèvent régulièrement pour

souhaiter la convocation d’uneassemblée délibérative qui pren-drait à bras-le-corps toutes les diffi-cultés doctrinales et disciplinairesdont souffre l’Eglise. La prochaineréunion de cardinaux n’a pas unetelle ambition, mais son ordre dujour permettra théoriquement àchaque participant d’exprimer descritiques et des propositions deréforme sur tout ce qui touche aucentralisme de l’Eglise, aux abus depouvoir de la Curie, aux blocagesdu dialogue œcuménique (avec les

orthodoxes), à la « dissociation »des fidèles par rapport à certainspoints de la morale sexuelle etconjugale de l’Eglise.

Sept thèmes sont à l’ordre dujour, en lien avec la lettre apostoli-que de Jean Paul II, Novo millenioineunte (Le Monde daté 7-8 janvier),qui, au lendemain du Jubilé, fixaitquelques grands caps à l’Eglise dutroisième millénaire. D’abord, laconfrontation avec les autres reli-gions : comment concilier le dialo-gue interconfessionnel voulu par lepape avec l’affirmation que Jésus-Christ est la « seule voie de salut » ?Les critiques exprimées au lende-main de la publication du documenttrès fermé du cardinal Ratzinger(Dominus Jesus, 5 septembre 2000)se feront-elles à nouveau entendre ?

QUESTION TABOUED’autres points sensibles seront

examinés, comme la montée du« nouvel âge », des sectes et de tou-te cette religiosité « diffuse et magi-que » dont les documents prépara-toires à cette assemblée de cardi-naux soulignent qu’ils sont autantde défis pour l’évangélisation.

Mais ce sont les questions de fonc-tionnement qui retiendront le plusl’attention, tant elles sont brûlantesà l’intérieur de l’Eglise et jamais col-lectivement débattues. Il en va ainside la « collégialité » que le concileVatican II (1962-1965) avait voulu

restaurer au profit d’Eglises localesmuselées par la Curie ; des conféren-ces épiscopales nationales, limitéesdans leur pays à un rôle de coordina-tion et de représentation ; des syno-des qui devaient être une expres-sion de la « collégialité », mais sontdes chambres d’enregistrement depropositions jamais publiées, saufcelles que le pape croit bon de rete-nir. La question taboue de la « pri-mauté » du pape pourrait être abor-dée : dans son encyclique œcuméni-que Ut unum sint de 1995, JeanPaul II avait créé la surprise en sou-haitant lui-même le débat sur un telsujet, associant les autres confes-sions chrétiennes.

On doute que ces trois jours dedébats à huis clos autour dupape – avec des exposés introduc-tifs de cardinaux français, commeJean-Marie Lustiger et Roger Etche-garay – épuisent un ordre du jouraussi ample. L’intérêt d’une telleréunion dépendra de la capacité ducorps cardinalice à sortir du styleconsensuel propre aux assembléesromaines et de l’audace de cardi-naux « progressistes » en exercice(Martini, Lehmann, Danneels) ou àla retraite (Franz König, quatre-vingt-quinze ans), qui, depuis desannées, s’élèvent contre le centralis-me et réclament de nouvelles for-mes de collégialité dans l’Eglise.

Henri Tincq

Les évêques et cardinaux à la retraite seraient-ils plus libres deleurs propos que les actifs ? Ainsi Mgr Giuseppe Casale, ancien évê-que de Foggia (Pouilles), a-t-il déclaré que « la formule actuelle d’élec-tion du pape est dépassée » et qu’il est possible d’imaginer que, outreles cardinaux, « de simples fidèles, hommes et femmes, participent àl’élection de l’évêque de Rome ». De son côté, le cardinal Franz König,ancien archevêque de Vienne, a affirmé au mensuel italien Jesus :« Le pape est le responsable de l’unité de l’Eglise. Rien de plus. Son posten’est pas un poste de commandement central. » Avant de souhaiter que« les conférences épiscopales aient davantage de pouvoir décisionnelpour peser sur la Curie romaine ».

Les sept engagements pris à Bruxelles

Un consistoire extraordinaire réunit tous les cardinaux à Rome pour préparer l’après-Jean Paul II

La troisième conférence de l’ONU sur les pays les moinsavancés, qui s’est achevée dimanche 20 mai à Bruxel-les, aura permis d’attirer l’attention sur les pays les

plus pauvres de la planète, mais les « engagements »pris par les 157 Etats participants manquent, de l’avisgénéral, de dispositions contraignantes et concrètes.

Voici les sept engagements du« programme d’action » adopté,dimanche 20 mai à Bruxelles, parles 157 participants à laconférence de l’ONU sur les paysles moins avancés (PMA).b Encourager une action axée surla population.b Promouvoir une bonnegouvernance au niveau national etinternational.

b Renforcer les capacitéshumaines et institutionnelles.b Mettre en place les capacités deproduction nécessaires pour que lesPMA profitent de la mondialisation.b Renforcer le rôle du commerceextérieur.b Réduire la vulnérabilité etprotéger l’environnement.b Mobiliser les ressourcesfinancières. – (AFP.)

Des critiques contre le pouvoir central du pape

L’ONU a lancé un timide programmed’action en faveur des pays les moins avancés

L’annulation de la dette n’a pas été évoquée à Bruxelles

Les Serbes n’ont toujours pas pris consciencedes crimes commis en leur nom en ex-Yougoslavie

Un sondage révèle que la perception des guerres menéesces dix dernières années n’a pas évolué. Ratko Mladic

est ainsi considéré comme le meilleur défenseur de la nation serbe

65 % ne croient pasque des non-Serbesfurent tuésdans des campsde prisonniersen Bosnie

I N T E R N A T I O N A L

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LE MONDE / MARDI 22 MAI 2001 / 5

VENU préparer la rencontre, pré-vue pour la mi-juin à Ljubljana (Slo-vénie), entre George W. Bush etVladimir Poutine, le ministre russedes affaires étrangères, Igor Iva-nov, a affirmé, samedi 19 mai, àWashington, qu’il n’était pas « con-vaincu » par les arguments améri-cains en faveur du déploiementd’un bouclier antimissile. A l’issuede ses entretiens avec son homolo-gue américain, Colin Powell, M. Iva-nov a répété que le traité ABM de1972 limitant les sites antimissiles,que les Etats-Unis voudraient aban-donner pour édifier leur systèmed’interception dans l’espace,demeurait un outil « fondamen-tal » et « efficace ». Il a dénoncé« une éventuelle remise en cause »unilatérale des régimes qui permet-tent de contrôler, dans le monde,les risques de prolifération et quiinstaurent le désarmement progres-sif et la stabilité stratégique.

Moscou et Washington ontcependant décidé de créer deuxgroupes de travail de haut niveaupour évaluer les nouvelles menacesstratégiques, au cœur du program-me américain de bouclier antimissi-

le, et pour étudier les réponses à yapporter « au regard de la stabiliténucléaire ».

Dans le même temps, à Moscou,le général Vladimir Yakovlev, quicommande les forces stratégiquesrusses, a annoncé que la Russieaura déployé, en décembre 2001,un quatrième régiment de missilesnucléaires Topol-M2 à portée inter-continentale. Trois régiments ontdéjà été mis en service entre 1998et 2000. Chaque régiment alignedix missiles. Le Topol-M2, baptiséSS-27 par les services de l’OTAN,est une version modernisée duSS-25, missile intercontinental àtrois étages monté sur un véhiculemobile. Il emporte une charge dontla puissance est évaluée à 550 kilo-tonnes, soit trente fois l’énergie dela bombe d’Hiroshima. S’il est lemissile sol-sol le plus répandu dansl’arsenal russe, le SS-25 est entréen service à la fin des années 1980.Sa version perfectionnée, leTopol-M2, a été déclarée opération-nelle en décembre 1997. D’une mas-se de 45 tonnes, ce missile conti-nue, malgré les difficultés budgétai-res de la Russie, à être produit en

série par les usines Nadiradze, prèsde Moscou.

A la fin mars, un mois avant lediscours de M. Bush sur la volontédes Etats-Unis de progresser dansla mise au point d’un bouclier anti-missile, la Russie avait annoncéqu’elle disposait de « contre-mesu-res actives et passives », dans l’ordremilitaire, pour contrecarrer ce pro-gramme.

PARADE TECHNICO-MILITAIREParmi les mesures envisagées,

des experts russes avaient mention-né le renforcement des capacitésdu missile intercontinentalTopol-M2, la création de forcesstratégiques essentiellement mobi-les, l’installation d’un plus grandnombre de charges nucléaires àbord d’un même missile ou l’exten-sion de la durée de vie opération-nelle des engins existants.

En annonçant le déploiementd’un nouveau régiment de missilesde la dernière génération, la Russieapporte, en quelque sorte, la répon-se du berger à la bergère face à laperspective d’un projet antimissilequi deviendrait réalité aux Etats-

Unis. Déjà, avant les entretiensentre M. Ivanov et M. Powell, Mos-cou avait rappelé – lors d’une ren-contre avec une délégation améri-caine venue expliquer le program-me de défense de M. Bush – sonhostilité à une dénonciation, parWashington, du traité ABM de limi-tation des armes antibalistiques quiserait un préalable au programmeaméricain de bouclier antimissile.M. Powell, interrogé à l’issue de sesentretiens avec M. Ivanov, n’a pasexclu cette option, se contentantd’indiquer que « les consultationsavec Moscou allaient continuer ».

La création d’un quatrième régi-ment de Topol-M2 n’est apparem-ment pas une décision dépourvuede signification. La mobilité de cemissile complique, en effet, sadétection par un adversaire éven-tuel et elle accroît la capacité dupays détenteur à échapper à unefrappe préventive. Elle remet enquestion l’efficacité d’un réseauantibalistique et elle constituel’une des parades technico-militai-res annoncées par Moscou.

Jacques Isnard

WASHINGTON. Selon le New York Times, un rapport confidentiel del’administration Bush recommande au gouvernement américain derefuser de signer, dans sa version actuelle, le projet de protocole,négocié depuis six ans à Genève, du traité de 1972 interdisant la pro-duction d’armes biologiques. Ce texte fait obligation aux pays qui pro-duisent des vaccins et des OGM utilisables comme armes de donner laliste de leurs usines.A ce jour, 143 pays, dont les Etats-Unis sous la présidence de RichardNixon, ont signé ce traité d’interdiction. Mais, le Pentagone et ledépartement d’Etat estiment aujourd’hui que le projet de protocole,tel qu’il est rédigé, ne permet pas de détecter les violations commisespar une douzaine de pays dans le monde soupçonnés de ne pas respec-ter les règles. Les Américains sont conscients, selon le New York Times,qu’un refus de signer mécontenterait la plupart de leurs alliés. Lasignature du protocole, prévue pour novembre 2001, pourrait doncêtre reportée.

Les journalistes tunisiens déçuspar une réforme du code de la presseTUNIS. Les journalistes tunisiens se déclarent déçus par une réformerécente du code de la presse et souhaitent qu’il soit « mis fin au para-doxe existant entre un discours officiel libéral et la pratique continue dela censure ». Dans une motion publiée, samedi 19 mai, par l’hebdoma-daire Ach-Chaab, organe de la centrale syndicale UGTT, les journalis-tes, réunis en assemblée générale, ont critiqué la révision du code dela presse jugée « en deçà des attentes » et affirmé que leur point devue et leurs « suggestions n’ont pas été pris en compte ». Dans un entre-tien à deux quotidiens nationaux, le 11 mai, le président Ben Ali avaitincité la presse tunisienne à traiter de tous les sujets, affirmant qu’iln’y avait pas de « tabous » en Tunisie. – (AFP.)

Libre, l’opposant guinéen Alpha Condéest « interdit d’activités politiques »CONAKRY. Le chef de l’opposition guinéenne Alpha Condé, libérévendredi 18 mai de prison sur ordre du président Lansana Conté, nepourra reprendre ses activités politiques en raison des délits pour les-quels il a été condamné, selon le procureur général. Condamné poursédition, l’opposant guinéen était emprisonné depuis son arrestationen décembre 1998. « Il n’a pas un casier judiciaire vierge, et cela l’empê-che de pouvoir reprendre certaines activités (…) A moins que le chef del’Etat ne décrète une amnistie en plus de la remise de peine, il est pourl’heure interdit d’activités politiques », a affirmé, samedi, le procureurgénéral Mohamed Zahir Cherif Haidara. Deux hommes arrêtés encompagnie d’Alpha Condé en décembre 1998 ont également été remisen liberté vendredi.Alpha Condé avait perdu l’élection présidentielle de 1993 au profit deLansana Conté à la suite de l’annulation de nombreux résultats issusde sa région d’origine où l’ethnie mandingue est majoritaire, à l’est dupays. – (AFP.)

DÉPÊCHESa AFGHANISTAN : la police religieuse des talibans a fermé ces der-niers jours plusieurs boulangeries du Programme alimentaire mondial(PAM) tenues par des femmes à Kaboul, ont rapporté des témoins,samedi 19 mai. Ces boulangeries fournissaient du pain à un cinquiè-me environ de la population de Kaboul et à un prix inférieur à celui dumarché. – (Reuters.)a CROATIE : les partis de la coalition modérée au pouvoir àZagreb s’acheminent vers une victoire attendue aux élections munici-pales en Croatie, mais le HDZ nationaliste reste bien implanté locale-ment, selon les premiers résultats du scrutin de dimanche 20 mai.Après dépouillement de 30 % des suffrages, les sociaux-démocrates(SDP) du premier ministre, Ivica Racan, et ses cinq alliés de la coali-tion de centre-gauche étaient en tête dans au moins 15 des 21 comtésoù le scrutin s’est déroulé, dont la capitale Zagreb. Mais le HDZ, la for-mation du défunt président Franjo Tudjman, devrait rester le deuxiè-me parti du pays derrière le SPD. Les nationalistes restent cependantloin de leurs scores des élections locales de 1997, lorsqu’ils s’étaientimposés dans 16 comtés. – (Reuters.)a INDONÉSIE : au moins six chrétiens ont été tués à Ambon, princi-pale ville des Moluques, et dix-sept autres blessés, dimanche 20 mai,lors d’une attaque marquant un regain de tension dans cet archipel oùles violences interreligieuses ont fait plus de 5 000 morts depuis jan-vier 1999. Un groupe d’hommes en treillis, armés de machettes, debaïonnettes, d’armes à feu et de bombes artisanales, a attaqué deuxquartiers chrétiens en profitant d’une panne de courant, selon l’agen-ce officielle, Antara. – (AFP.)a IRAK : le fils cadet de Saddam Hussein, Qoussaï, a fait son entréepour la première fois dans la direction du parti Baas irakien, à l’occa-sion de son 12e congrès. Qoussaï, trente-quatre ans, qui dirigeait laGarde républicaine, une unité d’élite du régime irakien, s’est vu con-fier par la même occasion l’un des deux postes d’adjoints au chef dubureau militaire du parti Baas, que dirige son père. – (AFP.)a RUSSIE : les eaux du fleuve sibérien Lena ont continué leur mon-tée, lundi 21 mai, pour atteindre 8,27 mètres, alors que la cote d’alerteest de 7,80 mètres, menaçant ainsi d’inonder le centre de Iakoutsk,ont annoncé les autorités locales. Près d’un millier d’habitants de labanlieue de Iakoutsk ont déjà été évacués, la rive ayant été envahiepar les eaux glaciales du fleuve en crue. L’agence Itar-Tass avait, plustôt, fait état de 3 500 personnes évacuées. Des avions militaires ontbombardé lundi en début d’après-midi un embâcle de glace située à40 kilomètres en aval de la ville. – (AFP.)

Le Parlement turc se penchesur la réforme des prisonsISTANBUL. Le Parlement turc a adopté trois articles de loi instaurantde nouveaux organes de contrôle des prisons, partie d’une réforme del’administration pénitentiaire controversée. Ces « comités de contrôledes prisons et maisons de détention » comprendront cinq membresnommés pour quatre ans par les autorités judiciaires provinciales. Lesbarreaux de Turquie et les associations de défense des droits de l’hom-me dénoncent la composition de ces comités, réservés aux employésde l’Etat et fermée aux organisations non gouvernementales. Parallèle-ment, le Parlement avait institué des tribunaux spéciaux pour instrui-re les plaintes des détenus.Ces nouvelles dispositions font partie d’une réforme controversée des-tinée à mettre l’administration pénitentiaire turque aux standardsinternationaux. En décembre, un premier mouvement de grèves de lafaim avait été réprimé dans le sang, se soldant par la mort de 30 pri-sonniers (dont seize se sont immolés par le feu) et deux gendarmes.Depuis, la mise en service de cellules pour trois personnes au lieu desdortoirs collectifs a provoqué une deuxième vague de grèves de lafaim qui a fait 22 morts. – (AFP.)

Les Etats-Unis et la Russie sont convenus, au tra-vers de la constitution de deux groupes de tra-vail de haut niveau, d’élargir leur dialogue à

« tous les aspects liés à la stabilité stratégique »dans le monde. Moscou continue de s’opposer àla perspective d’un déploiement, par les Améri-

cains, d’un bouclier antimissile et s’apprête à ins-taller un nouveau régiment de missiles intercon-tinentaux de nouvelle génération.

Les Etats-Unis refuseraient de signerle protocole sur les armes biologiques

I N T E R N A T I O N A L

Washington et Moscou sont décidés à élargirleur dialogue sur la « stabilité stratégique »

La Russie déploie un nouveau régiment de missiles nucléaires intercontinentaux

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Trente députés ont déjà signé la proposition Montebourg accusant M. ChiracL’élu de Saône-et-Loire a adressé, lundi 21 mai à tous ses collègues de l’Assemblée nationale, le texte de sa résolution de mise en accusation

du chef de l’Etat devant la Haute Cour de justice. Ignorant les directives de François Hollande, dix-neuf socialistes lui apportent leur signatureLIONEL JOSPIN avait jugé sa

démarche « un peu solitaire ».Arnaud Montebourg ne l’est pastant que ça. Le député (PS) de Saô-ne-et-Loire, qui a adressé à tous sescollègues de l’Assemblée nationale,lundi matin 21 mai, le texte de saproposition de mise en accusationdu président de la Républiquedevant la Haute Cour de justice, ad’ores et déjà reçu le soutien devingt-neuf députés. En dépit desconsignes publiques de refus lan-cées par le premier secrétaire du PS,François Hollande, son initiative arecueilli, à ce jour, les signatureseffectives de dix-neuf socialistes– dont la sienne –, quatre Verts, qua-tre radicaux, deux communistes etun membre du Mouvement descitoyens (MDC).

« Ce n’est qu’un début », annonceM. Montebourg, convaincu qu’une« deuxième vague » de signatairessuivra la première. Avec 30 signatu-res, le député a conquis plus de lamoitié des paraphes nécessaires àl’examen de sa proposition par l’As-semblée. Pour entraîner la saisinede la commission d’instruction de laHaute Cour, le texte doit recueillir58 signatures, puis être adopté dansles mêmes termes par l’Assembléeet le Sénat.

Pour franchir la première étape,M. Montebourg s’est lancé, depuis le9 mai, dans une campagne discrète,qu’avaient précédée plusieurs annon-ces publiques, depuis la sortie de son

livre La Machine à trahir (Denoël).Texte en main, il s’est entretenu entête à tête avec une quinzaine de sescollègues pour les convaincre, sanschercher à éviter une forme de solen-nité. « C’est une occasion grave, oùchacun doit se déterminer enconscience, dit-il. Il est normal deréfléchir, de prendre son temps. »M. Montebourg a lui-même été inter-rompu dans son élan par des ennuisde santé, qui ont provoqué son hos-pitalisation, en milieu de semainedernière. Immobilisé depuis à sondomicile parisien, il a continué sacampagne au téléphone. « Au total,précise-t-il, je n’ai pu consacrer quetrois jours à voir des députés. »

DES PROFILS PROCHESPrudemment intitulé « Proposi-

tion de résolution tendant au renvoide M. Jacques Chirac, occupant lesfonctions de président de la Républi-que, devant la commission d’instruc-tion de la Haute Cour de justice »,le document a été tenu secret leplus longtemps possible. Il serapublié mercredi sous la forme d’unpetit livre, dont les droits seront ver-sés aux Restaurants du cœur et à laConvention pour la VIe République,mouvement récemment lancé parM. Montebourg (Le Monde du28 avril). Le texte comprend un long« exposé des motifs » (dont nouspublions page 7 des extraits), quisouligne notamment le « risque deprescription » des deux procédures

judiciaires dans lesquelles M. Chiracest mis en cause : celle du juge deNanterre (Hauts-de-Seine) PatrickDesmure, sur la rémunération depermanents du RPR par la Ville deParis ; celle du juge de Créteil (Val-de-Marne) Eric Halphen, relativeaux marchés de l’office HLM deParis.

Cet argument, ainsi que l’appelréitéré aux « valeurs de la Républi-que », avait donc convaincu, lundimatin, vingt-neuf parlementaires derenvoyer à l’expéditeur le « cou-pon » qu’il leur avait adressé, revêtude la précieuse signature. Générale-ment peu connus, les dix-neuf dépu-tés issus des rangs socialistes ont unprofil assez comparable à celui de

M. Montebourg. La plupart ont étéélus à l’Assemblée pour la premièrefois en juin 1997. Trois seulementont siégé dans une précédente légis-lature : Paul Dhaille – qui a annon-cé, vendredi 18 mai, qu’il rejoignaitle PRG –, Gilbert Le Bris et YvetteRoudy. Seule cette dernière, dépu-tée du Calvados, a détenu un porte-

feuille ministériel. Aucun n’appar-tient au secrétariat national du PS.Les partisans de la résolution se défi-nissent, selon les cas, comme desdéputés « non carriéristes » ou« non ministrables » d’ici à 2002.Quant aux neuf élus du groupe RCVqui se sont publiquement engagés àsigner – certains ont déjà renvoyéleur « coupon » –, ils effectuent eux

aussi leur premier mandat, à l’excep-tion du chevènementiste Jean-Pier-re Michel.

Ils apparaissent en outre moins« cumulards » que la moyenne.Seuls quatre des signataires socialis-tes sont à la fois député et maire.Non qu’ils soient tous aussi hostilesau cumul que l’est M. Montebourg :certains ont conduit une liste auxélections municipales – et ont étébattus. La liste provisoire des signa-taires compte par ailleurs près d’untiers de femmes – neuf sur trente –,soit bien plus que la proportion ausein de l’Assemblée

CRAINTE DE REPRÉSAILLESCe n’est pas un hasard s’ils se res-

semblent. On signe par affinitéautant que par conviction. Les mar-dis et mercredis, au Palais-Bourbon,on a demandé « aux copains » s’ilsavaient – ou allaient – signer. Cer-tains racontent avoir reçu « un coupde fil » du groupe socialiste pour lesenjoindre de ne pas s’engager. L’ad-versité a créé des liens. Beaucoupsoulignent l’importance du bou-che-à-oreille et des « petits cerclesde discussion ».

Ainsi, la moitié des signatairessont membres du collectif Attac del’Assemblée – douze socialistes ettrois élus du groupe RCV. Mais cet-te adhésion n’est pas un gage suffi-sant : un des principaux anima-teurs d’Attac au Palais-Bourbon,Yann Galut (Cher), jeune élu de la

Gauche socialiste, s’est refusé à sui-vre M. Montebourg, pour se « con-centrer », dit-il, à la lutte contre leslicenciements boursiers.

La motion ne fait d’ailleurs guèrerecette au sein de la Gauche socialis-te : pour l’heure, seule CatherinePicard (Eure) a renvoyé son « cou-pon ». Mercredi 16 mai, dans l’Hémi-cycle, un député a surpris Jean Codo-gnès (Pyrénées-Orientales), chaudpartisan de la résolution, en train deplaider la cause auprès de JulienDray. En vain. Le député de l’Esson-ne a fini par se réfugier sur un autrebanc… Quant à Yvette Benayoun-Nakache, élue en Haute-Garonne,le « département du premier minis-tre », elle ne signera pas davantage :« Si on fait de Chirac un martyr, avan-ce-t-elle, ne va-t-on pas gêner LionelJospin ? » Elu du même départe-ment, le fabiusien Gérard Baptdécrypte : « On risque de déclencherdes actions dirigées contre le PS. Ça adéjà commencé. » Allusion à la plain-te récemment déposée à Toulousepar une association de défense descontribuables contre M. Jospin, ensa qualité d’ancien président ducomité départemental de développe-ment économique, fondée sur ladénonciation d’« emplois fictifs » (LeMonde du 25 avril). Au-delà del'« effet génération », la géographiecompte aussi.

Clarisse Fabreet Hervé Gattegno

« Ne pas signer la motion, c’est accepter une dérive monarchique »

Sollicité par Le Monde, François Hollande n’a pas souhaité commen-ter la « proposition de résolution » du député Arnaud Montebourg. Lepremier secrétaire du PS ne veut pas nourrir « une polémique entresocialistes », dit-il, et souhaite s’en tenir à ses précédentes déclara-tions dans nos colonnes (Le Monde du 28 avril). M. Hollande avaitjugé l’initiative de M. Montebourg « vouée à l’échec », dès lors que lamise en accusation devant la Haute Cour « suppose le vote d’une réso-lution en termes identiques de l’Assemblée nationale et du Sénat ». Lepremier secrétaire du PS avait toutefois estimé que, dans l’affaire desHLM de la Ville de Paris, « il y a déni de justice et la principale victimes’appelle Jacques Chirac, puisqu’il supporte la suspicion et qu’il ne trou-ve pas son juge ». « Pour ce qui concerne le Parti socialiste, avait-il ajou-té, nous n’entendons pas faire des « affaires » le vecteur de nos argu-ments électoraux. »

Voici la liste des trente députésqui, lundi 21 mai, s’étaientengagés à signer.b Dix-neuf socialistes. StéphaneAlaize (Ardèche) ; Jean-PierreBlazy (Val-d’Oise) ; MarcelCabbidu (Pas-de-Calais) ; JeanCodognès (Pyrénées-Orientales) ;Monique Collange (Tarn) ;Dominique Dupilet(Pas-de-Calais) ; Roland Garrigues(Tarn-et-Garonne) ; JérômeLambert (Charente) ; Jean Launay(Lot) ; Gilbert Le Bris (Finistère) ;Claudine Ledoux (Ardennes) ;René Mangin(Meurthe-et-Moselle) ; ArnaudMontebourg (Saône-et-Loire) ;Philippe Nauche (Corrèze) ;Geneviève Perrin-Gaillard(Deux-Sèvres) ; Catherine Picard(Eure) ; Marie-Line Reynaud(Charente) ; Michèle Rivasi(app. PS, Drôme) ; Yvette Roudy(Calvados).b Onze élus de la majoritéplurielle. Quatre Verts sur cinq :Marie-Hélène Aubert(Eure-et-Loir) ; Yves Cochet(Val-d’Oise) ; Noël Mamère(Gironde) ; Jean-Michel Marchand(Maine-et-Loire). Quatre radicauxde gauche : Paul Dhaille(Seine-Maritime) ; Jean Pontier(Ardèche) ; Jean Rigal (Aveyron)et Chantal Robin-Rodrigo(Hautes-Pyrénées). UnMouvement des citoyens :Jean-Pierre Michel (Haute-Saône).Deux PCF : Patrice Carvalho(Oise) et André Gerin (Rhône).

François Hollande ne veut pas « polémiquer »

UN MATIN, Monique Collange(PS) prenait son « petit déjeuner »en regardant « Les quatre véri-tés », sur France 2. Ce jour-là, l’in-vité, Arnaud Montebourg (PS),venait présenter son ouvrage LaMachine à trahir (éditionsDenoël). « Il a bien expliqué que, siles parlementaires ne faisaient rien,il y aurait prescription en avril 2002pour l’une des accusations. Je lui aiaussitôt envoyé un fax de soutien »,se souvient la députée du Tarn.C’était il y a quelques mois. Aprèsavoir « remis le coupon en main pro-pre » au député de Saône-et-Loire,mardi 15 mai, Mme Collange a ren-du publique sa « décision de signerla motion » dans un communiquéenvoyé depuis « Lalbarède, jeudi17 mai ».

Mme Collange y tient : elle est« une députée de base, pas trèsmédiatique ». Mais, depuis sonannonce, elle « n’arrête pas ». Un« plateau » sur France 3 Sud, uneinterview sur France-Inter, des« félicitations » et, déjà, quelquesremontrances… Certes, le seuldéputé RPR du Tarn, JacquesLimouzy, n’a pu réagir. Juge titulai-re à la Haute Cour de justice, l’an-cien secrétaire d’Etat est tenu audevoir de réserve ! En revanche,

dans La Dépêche du Midi, samedi19 mai, la fédération départemen-tale du RPR a critiqué « MoniqueCollange [qui] se situe encore dansl’excès partisan ». Son engagementfait aussi grincer des dents au PS.Mais peu importe. « Même si, àgauche, notre initiative fait desdégâts, tant pis ! Comme je l’ai dit àla télé, il faut faire le ménage »,confie-t-elle. Faute de quoi, « lesFrançais continueront à ne plusvoter. Les gens arrivent à saturationdes affaires. J’entends dire : “Vous,les politiques, la gauche comme ladroite, vous ne pensez qu’à votre car-rière et à vous en mettre plein lespoches.” On est éclaboussé par unepoignée d’hommes qui ont dérogéaux règles ! », s’indigne-t-elle.

Ancienne employée « chezHavas et Michelin », devenue« commerçante », elle a fait aussi« beaucoup d’intérim » avantd’être élue à l’Assemblée nationa-le. Aujourd’hui, elle se félicite den’avoir « pas fait que de la politi-que ». Après avoir été maire de lapetite commune de Lalbarède, pen-dant dix-huit ans, Mme Collange a« passé le relais » en mars : « Il fautlimiter le cumul dans le temps. S’il yavait davantage de renouvellement,il y aurait moins d’affaires. Quand

on est nouveau, on est tout feu, toutflamme. » C’est ce qu’elle apprécie« chez Arnaud, cette fraîcheurd’âme que les politiques devraientavoir ».

Chacun a eu son « déclic ». Etses symboles. En signant… « le10 mai », vingt ans après la victoi-re de François Mitterrand à l’élec-tion présidentielle, CatherinePicard (Eure) a eu le sentimentd’accomplir un geste marquant,rompant avec la routine parlemen-taire. « Au cours de notre mandat,on est amené à survoler les dossiers.Avec Montebourg, on a pris rendez-vous, j’ai lu le mémoire, j’ai pris letemps de réfléchir. Signer la motion,c’est une chose grave comme voterla déclaration d’une guerre », expli-que l’élue de la Gauche socialiste.« Ce qui m’a décidée, poursuit-elle,c’est lorsque le président de la Répu-blique a refusé de témoigner. Avecdes arguments faux puisque ValéryGiscard d’Estaing a bien accepté dele faire, dans le passé », soulignel’ancienne attachée de presse de laFEN, qui rappelle également que« Laurent Fabius a présenté sa pro-pre mise en accusation dans l’affai-re du sang contaminé ». Elue dansle département de Jean-LouisDebré, président du groupe RPR

de l’Assemblée nationale, elle va« à gauche toutes ». « Nous, jeunesélus, notre responsabilité est de sai-sir la Haute Cour », résumeMme Picard.

« Nous, jeunes élus », « nous lesquadras »… L’expression revientsouvent dans les témoignages dessignataires. « Il faut solder lesannées Mitterrand et Chirac. On ne

se sent pas responsable de ce pas-sé », résume Jean-Pierre Blazy (PS,Val-d’Oise), ancien membre duCeres de Jean-Pierre Chevène-ment. Le maire de Gonesse avouequ’il n’a « pas été convaincu » parles « arguments » du premier secré-taire du PS, François Hollande (LeMonde du 28 avril) : « La procédu-re n’ira pas jusqu’au bout ? Ce n’estpas une raison. A un an de la prési-dentielle, ce n’est pas opportun ?Pour moi, l’affaire est suffisammentgrave. On connaît tous les“attendus”, si j’ose dire. »

Qu’on ne les culpabilise pas avecle refrain selon lequel « l’emploi-intéresse-autrement-les-gens ».« Le problème du chômage, nous ytravaillons, et c’est très important.Mais les institutions aussi ! »,répond Jean Codognès (PS, Pyré-nées-Orientales), qui a renvoyéson coupon « ce week-end ». Parcourrier, car « le fax ne marchaitpas ». « Ne pas signer la motion,c’est accepter une dérive monarchi-que », tranche l’élu de Perpignan,qui va jusqu’à « comparer la situa-tion avec l’époque où les députésont voté les pleins pouvoirs à Pétain.Certains élus ont alors abdiqué »,juge-t-il. Tant pis si son ralliementà « Montebourg » lui coûte soninvestiture aux élections législati-ves de juin 2002. « J’ai un métier,celui d’avocat, qui me plaît beau-coup », ironise M. Codognès.Marie-Line Reynaud, qui avaitannoncé son soutien à l’« initiative

Montebourg » dans La Charentelibre du 27 avril (Le Monde du28 avril), est assez sereine : « J’ai lachance d’être une femme… », glis-se-t-elle, évoquant l’objectif duParti socialiste de présenter 40 %de candidates à la députation.Depuis son engagement, elle areçu « une seule lettre d’injures,anonyme. La personne écrivait :“Vous faites à Jacques Chirac ceque vos prédécesseurs ont fait àLouis XVI.” ».

Sans être des révolutionnaires,ces députés leur empruntent volon-tiers des expressions, comme« trancher les têtes ». Ils ne vontpas jusqu’à parler du « peuple » etse contentent d’être « à l’écoutedes gens ». La « référence » deRené Mangin (PS), supporteur deM. Montebourg, c’est « le marchéde Vandœuvre », au cœur de sa cir-conscription, en Meurthe-et-Moselle. Mais aussi l’école : l’an-cien « prof d’histoire-géo » raconteque, « lors d’une visite dans une clas-se de collège, vendredi [18 mai], unélève a lancé : “On a un présidentqui n’est pas au clair…” », rapporteM. Mangin. Quelques jours aupara-vant, lundi 14, il est allé rendre visi-te à des détenus de la maison d’ar-rêt de Charles III, à Nancy, pourleur « raconter le métier de dépu-té ». « Sur les huit, trois m’ont parléde Chirac. L’un d’eux m’a interpel-lé : “Expliquez-nous, monsieur ledéputé, comment le président peutpasser à travers les gouttes.” »

Cl. F.

JUSTICE Trente députés avaientconfirmé, lundi 21 mai, avoir signé– ou se disposer à le faire – la proposi-tion de résolution d’Arnaud Monte-bourg « tendant au renvoi de M. Jac-

ques Chirac devant la commissiond’instruction de la Haute Cour de jus-tice ». b LE TEXTE de cette proposi-tion souligne le « risque de prescrip-tion » des deux procédures dans les-

quelles le chef de l’Etat est mis encause. b DEUX JUGES se sont décla-rés « incompétents » pour enquêtersur des infractions impliquant le pré-sident : Patrick Desmure, chargé de

l’enquête sur la rémunération decadres du RPR par la Ville de Paris ;Eric Halphen, dont l’enquête portesur les marchés des des HLM de Paris.b DIX-NEUF socialistes comptent par-

mi les premiers signataires, bravantles consignes publiques du premiersecrétaire du PS, François Hollande.Le texte doit recueillir 58 signaturespour être soumis au vote.

Les trente premierssignataires

« Il faut solderles annéesMitterrand et Chirac.On ne se sent pasresponsablede ce passé »

Jean-Pierre Blazy

F R A N C E6

LE MONDE / MARDI 22 MAI 2001

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LE MONDE / MARDI 22 MAI 2001 / 7

Deux enquêtes judiciairessur le RPR mettent en cause M. Chirac

La « proposition de résolutiontendant au renvoi de M. JacquesChirac devant la commission d’ins-truction de la Haute Cour de jus-tice » du député (PS) Arnaud Mon-

tebourg estprécédée d’un« exposé desmotifs » longde 33 pages.En voici lesprincipauxextraits :

Mesdames,Messieurs,

Il n’a pu échapper à la représen-tation nationale, non plusd’ailleurs qu’à l’ensemble descitoyens de la République, que plu-sieurs enquêtes répressives instrui-tes par l’autorité judiciaire indépen-dante avaient récemment conduità la mise en cause directe et person-nelle de M. Jacques Chirac, en qua-lité de maire de Paris, avant sonaccession à la présidence de laRépublique. L’apparition de soup-çons judiciairement constatés surla personne de l’actuel présidentde la République a amené l’autori-té judiciaire à cesser ses enquêtes,conduisant les procédures répressi-ves en cours à un inévitable bloca-ge. Telles sont les raisons d’expo-ser les faits actuellement retenuspar l’autorité judiciaire à l’encon-tre de M. Jacques Chirac commeconstituant des indices gravesd’avoir commis plusieurs infrac-tions pénales avant son accession àla présidence de la République. (…)

1. LES SOUPÇONS CONSTA-TÉS PAR L’AUTORITÉ JUDICIAI-RE À L’ENCONTRE DE M. JAC-QUES CHIRAC

[Dans cette partie, M. Monte-bourg résume les découvertes effec-tuées par deux juges d’instruction,Patrick Desmure (Nanterre) et EricHalphen (Créteil), dans leurs enquê-tes, respectivement consacrées aufinancement du RPR par la prise encharge indue de permanents du RPRet aux marchés de l’office HLM deParis (lire ci-contre). Les deux jugesont relevé que plusieurs élémentsvisaient directement M. Chirac.]

2. LE DÉNI DE JUSTICE QUEREPRÉSENTE LA PARALYSIEDES PROCÉDURES RÉPRESSI-VES EN COURS

Les deux procédures répressivesdistinctes instruites par ces deuxmagistrats indépendants ont con-duit ceux-ci à constater leur incom-pétence. (…)

Les décisions d’incompétence desdeux juges et l’inertie judiciaire qui

en résulte conduisent, par l’effet del’écoulement du temps, à l’inévitableprescription des infractions éventuel-lement commises par le président dela République. En effet, l’inaction desautorités judiciaires chargées par laloi de conduire les poursuites péna-les, c’est-à-dire le ministère public etles juges d’instruction, fait courir ledélai de prescription à compter dudernier acte de poursuite.

Tel est le cas de l’ordonnance ren-due par le juge Desmure (…) le15 avril 1999. Aucun acte de poursui-te n’ayant été accompli depuis, ledélai de prescription a commencé àcourir depuis cette date. Les délitsreprochés par le juge d’instructionau président de la République seprescrivent en trois ans. Dès lors, ilparaît inévitable que les délits derecel d’abus de biens sociaux et deprise illégale d’intérêt seront pres-crits le 15 avril 2002 à minuit, troisannées entières s’étant écouléesdepuis le dernier acte de poursuiteaccompli par l’autorité judiciaire.

Nul ne pourrait soutenir que leretour à la condition de citoyen ordi-naire de l’actuel président de la Répu-blique pourrait constituer un moyende la reprise des poursuites. A moinsd’une interruption volontaire de sonmandat par l’effet d’une démission,les infractions reprochées par le juged’instruction de Nanterre à M. Jac-ques Chirac ne pourront en aucuncas faire l’objet, à l’expiration consti-tutionnelle de son mandat, le 8 mai2002, du moindre acte de poursuitepar les voies ordinaires.

S’agissant de la procédure pénalerelative au trafic d’influence instrui-te par M. Halphen (…), l’ordonnan-ce d’incompétence étant intervenuele 25 avril 2001, l’interruption despoursuites pendant un délai de troisannées révolues rendra les poursui-tes impossibles après l’expirationdu mois d’avril 2004, à moins d’unnouvel événement judiciaire à cejour inconnu.

Ces seules poursuites contreM. Jacques Chirac pourraient repren-dre dans le cas où il retrouverait saqualité de citoyen ordinaire. Lerenouvellement éventuel de sonmandat de président de la Républi-que en 2002 emportera inéluctable-ment l’acquisition de la prescription.La paralysie actuelle de l’institutionjudiciaire ne peut que conduire à l’ef-facement total des poursuites par l’ef-fet d’une prescription que lescitoyens de notre pays ne compren-draient pas et n’accepteraient guère.L’impossibilité de poursuivre lesenquêtes répressives en cours à

l’égard de la personne de l’ancien pré-sident du RPR et maire de Paris posedès lors la lourde question du respectdu principe constitutionnel d’égalitédes citoyens devant la justice.

(…) En outre, la situation grave-ment discriminatoire créée par l’in-compétence des deux juges est denature à bloquer définitivement larépression des infractions pénalescommises par les 28 personnesmises en examen (…) dans le dossierinstruit à Nanterre, et des 49 person-nes mises en examen dans le dossierinstruit à Créteil. En effet, dès lorsque l’autorité judiciaire subit l’ampu-tation de ses enquêtes cherchant àétablir la totalité des responsabilités,s’agissant notamment de celui placéà la tête de la hiérarchie des fonc-tions municipales et du mouvementpolitique dont il était le président etau profit duquel les infractions ontété commises, il paraît impossible auregard des principes fondamentauxde la République d’exiger des 77 per-sonnes mises en examen dans cesdeux dossiers d’accepter d’êtrejugées sans que le principal responsa-ble, coauteur ou complice, M. Chi-rac, le soit également.

(…) Le déni de justice est le fait derefuser à tout citoyen la possibilitéde demander des comptes devant unjuge à celui qu’il estime responsable.(…) La Constitution confie aux seulsparlementaires le devoir de mettreen accusation le président de la Répu-blique. (…) Il ne s’agit pas d’un pou-voir juridictionnel puisque seule lacommission d’instruction composéede magistrats professionnels indé-pendants décidera souverainementdu non-lieu accordé à M. Chirac oude son renvoi devant la Haute Courde justice. Il s’agit d’un simple pou-voir constitutionnel qui ne peuts’exercer que solitairement et enconscience.

Les parlementaires qui refuse-raient d’assurer la continuité despoursuites entre la justice ordinairedont les enquêtes sont interrompueset la commission d’instruction qui neserait dès lors pas saisie, pourraient àjuste titre se voir opposer la responsa-bilité d’un grave déni de justice. (…)

3. LA COMPÉTENCE DE LAHAUTE COUR DE JUSTICEN’EST PLUS DISCUTÉE

(…) Dans son ordonnance du15 avril 1999 (…), la Haute Cour dejustice [a été] explicitement dési-gnée par le juge d’instruction chargéd’instruire les faits de recel d’abusde biens sociaux et de prise illégaled’intérêt reprochés au président dela République [M. Desmure]. De soncôté, le juge d’instruction enquêtantsur les trafics d’influence commisdans les marchés publics de l’officeHLM de la Ville de Paris[M. Halphen] a rendu une ordonnan-ce le 25 avril 2001 reconnaissant éga-lement sans ambages la compéten-ce de la Haute Cour de justice.

[M. Montebourg signale que le pro-cureur général près la Cour de cassa-tion, M. Jean-François Burgelin, quiest aussi le représentant de l’accusa-tion devant la Haute Cour, et le Con-seil constitutionnel, dans une décisiondu 22 janvier 1999, ont clairementinvoqué la compétence de cette juri-diction d’exception. Que le sénateur(PS) Robert Badinter, ancien prési-dent du Conseil constitutionnel, a esti-mé publiquement que la « controver-se doctrinale » était « close » sur ce

point. Et que M. Chirac lui-mêmeavait « réclamé lui-même la compé-tence de la Haute Cour afin de sedéfendre », le 14 décembre 2000, surTF1.]

En se présentant comme dans l’im-possibilité de défendre son honneurpar la voie des procédures ordinai-res, tout en rappelant que « si le chefde l’Etat a fauté, il y a une procédureparticulière qui est la Haute Cour dejustice », le chef de l’Etat s’est placépar l’esprit et par la lettre de ses pro-pres déclarations en position deréclamer justice pour son comptedevant la juridiction compétente, laHaute Cour de justice. Il ne reste eneffet qu’une seule voie, à la fois pour

combattre le déni de justice quereprésente l’interruption des procé-dures en cours, et pour combattre ledéshonneur que représenterait pourle chef de l’Etat lui-même l’impossi-bilité de faire justice des soupçonsou de l’accusation d’avoir commisdes infractions pénales graves : la sai-sine de la commission d’instructionde la Haute Cour de justice. (…)

4. CONCLUSIONSIl n’est plus dans le monde, à ce

jour, de chef d’Etat qui échappe-rait à la loi commune. Un mouve-ment universel s’est engagé afinde soumettre au respect de la loiordinaire les chefs d’Etats démo-cratiques. Ce mouvement a com-mencé il y a vingt-six ans lorsquela chambre des députés américai-ne vota la mise en accusation duprésident Richard Nixon. (…)

Comment pourrait-on expliquerà nos concitoyens que les délitscommis par les présidents JosephEstrada [Philippines], Alberto Fuji-mori [Pérou], Richard Nixon, cedernier ayant été pourtant à la têtede la première puissance mondia-le, sont justiciables d’une juridic-tion, mais qu’on ne trouvera enFrance aucun juge pour juger leprésident Jacques Chirac et lesdélits graves dont celui-ci est lour-dement soupçonné par la justice ?

Il est par ailleurs dangereux etanticonstitutionnel de vouloir pré-tendre que ce seront les électeursqui se chargeraient de juger lateneur des accusations portées con-tre un président à l’occasion de sonéventuelle candidature. (…) Car laconfusion entre l’élection et le juge-ment judiciaire, que certains sem-blent appeler de leurs vœux, réali-serait une grave atteinte à la sépara-tion des pouvoirs. (…) Seule uneautorité judiciaire constitutionnel-lement légitime est en mesured’analyser les charges, de peser lesindices, et d’établir dans le respectscrupuleux du principe de présomp-tion d’innocence si l’actuel prési-dent de la République est coupableou innocent des délits que la jus-tice lui reproche. Et seulement elle.

A l’appui de son argumentaire, M. Montebourg cite Jacques Chirac.Dans une tribune publiée par Le Monde, le 25 novembre 1992, sous letitre « Laisser passer la justice », le futur président de la République évo-quait l’affaire du sang contaminé et déplorait « une pratique de la politi-que » qui fasse « passer des solidarités de parti avant l’exigence de justice ».« Le pays demande des comptes et ce n’est que justice », écrivait M. Chirac,ajoutant : « Que faire maintenant ? Rien d’autre que laisser passer la jus-tice, afin que les citoyens ne ressentent plus l’injustice. La justice, aujour-d’hui, suppose que la Haute Cour désormais formée aille jusqu’au bout desa mission. Non pour poursuivre je ne sais quelle vindicte : chacun doit pou-voir bénéficier de la présomption d’innocence. Non pour couvrir d’opprobre,mais pour cerner les responsabilités et établir la vérité. » Dans son texte, ledéputé de Saône-et-Loire relève que « certaines des infractions pénalesreprochées par l’autorité judiciaire à M. Chirac paraissent avoir été commi-ses à une date contemporaine de la rédaction de cet article ».

En 1992, M. Chirac en appelait à la Haute Cour

VERBATIM

LE PROJET d’Arnaud Monte-bourg remonte à plusieurs mois.Un chapitre de son livre, La Machi-ne à trahir (Denoël), était intitulé« Un président en enfer » et décri-vait par avance les conditions de lamise en accusation de Jacques Chi-rac devant la Haute cour de justice(Le Monde du 31 octobre 2000). Ledéputé ne se fondait, alors, quesur les découvertes issues de l’en-quête du juge Patrick Desmureconsacrée au financement du RPR.Ce magistrat de Nanterre (Hauts-de-Seine) avait mis en évidence, ily a deux ans, des faits « suscepti-bles d’être imputés à M. Chirac àtitre personnel » dans cette affaire,qu’il avait recensés dans uneordonnance datée du 15 avril 1999et qui l’avaient conduit à se décla-rer « incompétent » au profit de laHaute cour.

Depuis lors, les ultimes rebondis-sements de l’instruction du juge deCréteil (Val-de-Marne) Eric Hal-phen, consacrée, elle, aux marchésde l’office HLM de Paris, se sontajoutés, au mois d’avril dernier, àces précédents éléments. Dansune ordonnance rendue le 25 avril,le magistrat de Créteil s’est, à sontour, estimé incapable, pour desraisons tenant à la Constitution,de poursuivre ses investigations,estimant qu’« il existe maintenant[dans son dossier] des indices ren-dant vraisemblable que Jacques Chi-rac ait pu participer, comme auteurou complice, à la commission desinfractions dont [il est] saisi » (LeMonde du 27 avril).

Si elles ont toutes deux abouti àune mise en cause directe du chefde l’Etat – pour des faits anté-rieurs à son élection, en 1995 –, lesdeux instructions sur lesquelles sefonde la « proposition de résolu-tion » de M. Montebourg ont misen lumière des faits distincts.Ouverte en 1996, l’enquête du jugeDesmure vise la prise en charge depermanents et de cadres du RPRpar la Ville de Paris ainsi que pardes entreprises privées. La décou-verte de ce « système », dont l’am-pleur financière a été estimée parles policiers à 26,2 millions defrancs a suscité les mises en exa-men de l’ancien premier ministreAlain Juppé, de deux anciens direc-teurs du cabinet de M. Chirac à la

mairie de Paris et de trois ancienstrésoriers du RPR, poursuivis pour« prise illégale d’intérêts » et « receld’abus de biens sociaux ».

L’instruction confiée au juge Hal-phen, elle, avait débuté en 1994 ets’était d’emblée orientée vers lesactivités du promoteur-hommed’affaires Jean-Claude Méry,ancien membre du comité centraldu RPR, dont les relations avecGeorges Pérol, alors directeurgénéral de l’office HLM, ont étéqualifiées par le juge de « traficd’influence ». Les enquêteurs ontétabli qu’en contrepartie d’infor-mations sur les attributions demarchés, M. Méry obtenait desentreprises, d’importants verse-ments – dont certains effectués enSuisse par la Lyonnaise des eaux,en 1992, en marge du contrat derénovation et d’entretien desascenseurs des HLM parisiens.

Nombre de témoins et de prota-gonistes ont évoqué, devant lejuge, l’existence d’une filière definancement occulte du parti gaul-liste animée par Jean-ClaudeMéry, mais celui-ci s’en est défen-du avec constance jusqu’à sondécès, en juin 1999. Aussi le jugeHalphen avait-il officiellementrefermé son dossier, au mois d’oc-tobre suivant, sans avoir étéau-delà d’un soupçon insistant.

Un an plus tard, la publication,dans Le Monde des 22 et 23 septem-bre 2000, du témoignage enregis-tré avant sa mort par M. Méry,devait relancer la procédure. Dansce long monologue filmé, l’ex-pro-moteur se posait en concepteurd’un « système » voué à la collectede fonds occultes pour le RPR.« C’est uniquement aux ordres deM. Chirac que nous travaillons », ydéclare notamment M. Méry, rela-tant au passage la remise d’unevalise d’argent liquide, en 1986, àl’Hôtel Matignon. La confirmationde l’essentiel de ces accusationspar l’ancien directeur-adjoint del’office HLM, François Ciolina, le3 avril, a rendu inéluctable, depuis,le dessaisissement du juge d’ins-truction. Seule la commissiond’instruction de la Haute courpourrait désormais prendre lerelais.

H. G.

« Comment expliquer à nos concitoyens qu’onne trouvera aucun juge pour juger le président ? »

« Les parlementaires(...) pourraientse voir opposerla responsabilitéd’un gravedéni de justice »

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8 / LE MONDE / MARDI 22 MAI 2001

« Depuis votre proposition, for-mulée en septembre 2000, d’unmoratoire de six mois, vousn’êtes guère intervenu publique-ment sur le dossier corse. Pour-quoi ?

– Parce que l’ambiguïté règne surce dossier, du fait de la démarchechoisie par le gouvernement. Pre-mière ambiguïté : s’agit-il d’un sta-tut spécifique pour la Corse, ou dupremier pas vers l’organisationadministrative future de la France ?Deuxième ambiguïté : s’il s’agit dela Corse, ce statut est-il le résultatd’un débat serein ou une conces-sion face aux menaces et aux actesviolents des organisations les plusradicales ? Et si c’est le cas, où est larenonciation à la violence et sacondamnation pour l’avenir ? Troi-sième ambiguïté : quelle est, face àce statut nouveau, l’attitude de lasociété corse ? Ces ambiguïtéscontaminent les idées les plus jus-tes. C’est en effet une idée juste depenser que l’essentiel des décisionsd’aménagement d’un territoire, del’organisation de la vie d’une com-munauté, ne doit plus se prendre àParis mais sur le terrain. Et c’est une

idée juste de défendre par l’ensei-gnement une langue régionale endanger de disparition.

» J’aurais voulu que l’on dise clai-rement, pour la France toute entiè-re, ce qu’est une loi. Car le principemême d’une loi, c’est qu’elle s’appli-que partout. Même dans un Etatfédéral. En France, on fait des loissur tout et n’importe quoi. Il auraitété infiniment plus sain de donnerune définition nouvelle, plus exi-geante, du périmètre de la loi, pourtous les Français et pas seulementpour les Corses.

– Quel aurait été le sens devotre vote si vous étiez député ?

– Quand un processus est domi-né par l’ambiguïté, il n’y a le choixqu’entre des inconvénients. La plu-part de mes amis sont hostiles autexte et davantage encore au con-texte. Malgré tout, j’aurais voté“pour”. Et je l’aurais fait au nomd’une question essentielle pourl’avenir, celle de savoir si l’on veutmaintenir en France une Républi-que jacobine, ou construire unenouvelle République girondine.Pour moi la réponse est claire :pour une “France humaine”, il

faut construire une Républiquegirondine. “République”, parceque la culture française est irréver-siblement attachée à un sentimentd’égalité, de refus de l’explosiondu peuple français en communau-tés ethniques ou religieuses étran-gères les unes aux autres ; mais

“girondine”, parce qu’on a besoindésormais que les décisions soientréfléchies et prises sur le terrain,près des citoyens, et non pas enleur nom, à Paris. La France souf-fre de l’absence de centres de déci-sion locaux dignes de ce nom,capables de dialoguer d’égal à

égal avec le gouvernement central.– Quel effet ce texte aura-t-il,

selon vous, sur la situation en Cor-se ?

– Un certain nombre de déci-sions, en matière d’aménagement,d’organisation des transports, d’en-vironnement, pourront être priseslocalement. C’est un progrès. Il fautespérer que cela permettra un nou-vel équilibre, favorable à ceux quiveulent agir en cessant de poser desbombes. Mais je crains beaucoupque cela ne suffise pas. La créationdu parti clairement nommé Inde-pendenza et sa justification explici-te de la violence “révolutionnaire”montrent ce que peut être le scéna-rio du pire : l’utilisation des ambiguï-tés cultivées autour du nouveau sta-tut pour relancer la tension etaccroître la violence. Tous les ingré-dients sont là : le désintérêt de lasociété corse, le sentiment que c’estl’affaire des seuls élus, et que cesélus ne disposaient pas d’un man-dat clair sur cette question, l’am-biance du débat à l’Assembléenationale, avec des sous-entendustrès péjoratifs, et l’incompréhen-sion de la société continentale.

– Comment conjurer ce ris-que ?

– Il est crucial de créer un événe-ment qui permette à nos conci-toyens corses de se prononcer et demontrer leur adhésion, ou non, austatut qu’on leur propose. Il fautorganiser une consultation des Cor-ses. Il faut un référendum local, ouune consultation d’initiative locale,quelle que soit la nature juridiquede l’événement, qui permette auxhabitants de la Corse de se pronon-cer sur un statut spécial qu’on déci-de en leur nom et pour eux. Tantque la question de leur adhésion austatut de leur île dans la Républiquene sera pas tranchée, on sera dansune ambiguïté terriblement risquée.

– La droite devra-t-elle revoirces dispositions si elle revientau pouvoir ?

– Je récuse l’approche droite-gau-che sur ce sujet, comme sur biend’autres. Le seul clivage pertinentdans cette affaire se situe entre jaco-bins et girondins. Or, jacobins etgirondins, on en trouve autant àdroite qu’à gauche. La seule appro-che qui permettra d’aller au boutdu chantier d’un nouvel ordre politi-que pour la France est transpartisa-ne, ou, si l’on veut, relèvera de lamajorité d’idées.

– Que vous inspire la coursede vitesse engagée entre le pre-mier ministre et le président dela République sur le terrain dela décentralisation ?

– Jacques Chirac et Lionel Jospinse livrent à un concours de déguise-ment. On se découvre tour à tourécologistes, décentralisateurs, euro-péens, alors qu’au pouvoir, on a faitpour l’un les essais nucléaires, pourl’autre, la recentralisation depuisquatre ans, et pour tous les deux, letraité de Nice – qui est le plus mau-vais de l’histoire européenne !

– Quelles sont vos proposi-tions en la matière ?

– On a besoin d’une clarificationet d’une simplification drastiques.En réalité, on a besoin de troisniveaux de compétence et de troisseulement : les compétences deproximité régissant la vie de tous lesjours, qui doivent être assumées parles communes fédérées en intercom-munalités ; les compétences d’amé-nagement du territoire, qui appar-tiendront aux départements fédérésà l’intérieur des régions ; et les com-

pétences régaliennes, exercésensemble par les Etats fédérés dansl’Union européenne. A la tête de cha-cun des niveaux fédérés, il faudrades dirigeants élus par les citoyenset responsables devant eux.

» Il ne suffit pas de déshabillerl’Etat, il faut aussi le garantir dansses missions. L’Etat est le défenseurde l’intérêt général, de l’unité, de lasécurité, de la solidarité, de l’identi-té. Je pense que l’éducation nationa-

le doit demeurer nationale pour sesprogrammes aussi bien que pour sesdiplômes d’enseignement général etuniversitaires. On a besoin d’unegrande loi constitutionnelle d’organi-sation des nouveaux pouvoirs enFrance, comme on aura besoind’une Constitution pour l’Europe. »

Propos recueillis parJean-Baptiste de Montvalon

Le premier secrétaire du PS,François Hollande, a ironisé surles déclarations du président de laRépublique à la Réunion, diman-che 20 mai sur Radio J. « Faire despromesses n’a jamais fait peur à Jac-ques Chirac, ne pas les respecternon plus », a dit M. Hollande, quia ajouté : « Jacques Chirac dit toutà qui veut l’entendre : le salairematernel dans une région où ladémographie est particulièrementforte, la suppression des cotisationssociales, la défiscalisation, et mêmeune loi de programmation non plussur cinq ans, mais sur plus de dixans. Pourquoi pas le siècle ? » « S’ilavait rencontré François Bayrousur sa route, il lui aurait même pro-mis d’être le futur président de laRépublique ! », a lancé M. Hollan-de. « En entrant dans la dernièrepériode de sa vie politique, déjà lon-gue, trente-cinq ans, il semble avoirlâché tous les freins », a-t-il obser-vé à propos de M. Chirac qui,après avoir été « le premier euro-péen d’Europe, le premier écologistede France, est devenu le premierautonomiste de l’outre-mer ».

Le président, acteur impuissantde la cohabitation à Mayotte

A la veille du vote, en première lecture, duprojet de loi sur la Corse, à l’Assembléenationale, mardi 22 mai, François Bayrouindique qu’il aurait approuvé le projet s’ilétait aujourd’hui député. Le président de

l’UDF déplore cependant « l’ambiguïté » dela démarche du gouvernement dans l’île,notamment à l’égard de la violence. Il pro-pose que soit organisée « une consultationdes Corses » afin qu’ils puissent se pronon-

cer sur « le statut qu’on leur propose ».Au-delà du dossier corse, le président del’UDF plaide pour l’organisation, en France,d’une « République girondine ». Une « loiconstitutionnelle d’organisation des nou-

veaux pouvoirs » devrait, selon lui, permet-tre une « clarification et une simplificationdrastiques » dans l’organisation des pou-voirs publics. Le député européen juge queJacques Chirac et Lionel Jospin se livrent à

un simple « concours de déguisement » enmatière de décentralisation. Il « récuse l’ap-proche droite-gauche » sur ce sujet pourlequel devrait pouvoir se dessiner, selonlui, une « majorité d’idées ».

François Bayrou, président de l’UDF

« Jacques Chirac et Lionel Jospin se livrent à un concours de déguisement »François Bayrou, dans un entretien au « Monde », plaide pour « une grande loi constitutionnelle d’organisation des nouveaux pouvoirs en France »

« Il faut organiserune consultationdes Corses. Il fautun référendum local,ou une consultationd’initiative locale »

M. Hollande : M. Chiraca « lâché tous les freins »

MAYOTTEde notre envoyée spéciale

L’hélicoptère présidentiel s’estposé dans un nuage de poussière,mais la foule n’a pas bougé. Descentaines d’hommes, de femmes etd’enfants attendent depuis prèsd’une heure, en plein soleil, la pre-mière visite d’un chef de l’Etat fran-çais qui a promis d’établir l’égalitésociale entre Mayotte et la métro-pole. Et maintenant qu’il arrive àAcoua, au nord-ouest de l’île, ilsparaissent ne plus vouloir le lâcher.La foule s’achemine donc à piedderrière lui, sous des banderolesassurant combien le village « s’ho-nore de la visite de bouana Chi-rac ». L’équipe présidentielle aorganisé, sur la petite terrasse dudispensaire d’Acoua, une séancede travail avec le médecin-chef,Roland Davy, ses infirmiers maho-rais, les responsables sanitaires dusecteur, et, dans la chaleur étouf-fante, Jacques Chirac a proposéqu’on tienne la réunion en chemi-se. Habituellement, ces rencontressont d’abord l’occasion pourM. Chirac de prendre des notes etde parfaire son image de président« à l’écoute des Français ». Seule-ment, les membres de l’équipemédicale, qui s’épuisent chaquejour à soigner gratuitement leshabitants de ces secteurs très pau-vres, ont préparé une liste dedemandes et ils attendent desréponses écrites. Ils luttent contrele choléra, la lèpre, le paludisme, ilséduquent les femmes à la contra-ception, les familles à l’hygiène. Ilss’inquiètent de ces bateaux qui,chaque jour, déposent sur la plageune vingtaine d’immigrants venus

de l’île comorienne voisine,Anjouan, pour se faire soigner. Ilsdésespèrent devant ces fillettes demoins de quinze ans, enceintes.Dans ce petit coin de France, entreMadagascar et l’Afrique, il faudraitdes médecins supplémentaires, ilmanque des infirmiers qualifiés. Etvoilà le maire qui voudrait unematernité. Le président s’attendait-il a un tel afflux de demandes ?Acteur impuissant de la cohabita-tion, il se tourne aussitôt vers lesecrétaire d’Etat aux DOM-TOM,qui peut enfin prendre sa revan-che. Car la loi sur Mayotte débat-tue actuellement au Parlement estbien celle du gouvernement. Chris-tian Paul évoque donc les campa-gnes de vaccination, les moyensdonnés par le nouveau contrat deplan pour la rénovation des dispen-saires, la généralisation des alloca-tions. Plus tard, lors d’une réunioninformelle avec la presse, à laquelleil a convié « M. Paul », le présidentde la République se garde bien decritiquer le gouvernement, commeil avait semblé le faire à la Réunion,deux jours plus tôt. Mais, implaca-blement, il donne la répartition desrôles : « Le gouvernement assume laresponsabilité quotidienne. Moi, jedonne ma vision pour le coupd’après. » Le coup d’après ? Leministre de M. Jospin, qui a fortbien saisi l’allusion au combat pré-sidentiel, remarque dans un souri-re : « Mais cette vision s’exprimedans le droit fil de ce qui se faitdepuis 1997. Je le prends donc com-me un hommage qui nous est ren-du. »

Raphaëlle Bacqué

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LE MONDE / MARDI 22 MAI 2001 / 9

FINALEMENT, il ira. Robert Hue se rendra,mercredi 23 mai, au dîner de la majorité proposé parLionel Jospin, puisque « ce n’est pas comme unsommet, qui engage ». Le secrétaire national du PCFy sera le seul candidat à l’élection présidentielleformellement déclaré. Il a en effet confirmé, samedi,qu’il sera « disponible » pour être le candidat de sonparti « si les communistes estiment dans leur majorité[qu’il est] le plus à même de les représenter » (LeMonde daté 20-21 mai). Les autres postulants com-munistes peuvent se déclarer jusqu’au 14 juin, lecandidat étant désigné lors du congrès d’octobre.

LE « MEILLEUR CANDIDAT »Appuyé par Marie-George Buffet, M. Hue a préci-

sé qu’il s’agit d’« une candidature de large rassemble-ment », destinée à aller au-delà de « ceux qui se tour-nent naturellement vers l’électorat communiste ». Jean-Claude Gayssot a également affirmé à l’AFP queM. Hue est le « meilleur candidat ». Celui-ci, qui s’estentretenu avec M. Jospin en fin de semaine, a doncpoursuivi sa stratégie de harcèlement du gouverne-ment, engagée depuis la défaite des municipales.

Alors que les députés examinent en seconde lectu-re, mardi, le projet de loi de modernisation sociale, lechef de file des communistes a menacé : « Si legouvernement souhaite faire passer son projet avec

une partie de la droite, c’est sa responsabilité, mais jecrois qu’il vaudrait mieux qu’il prenne en compte lesamendements des partis de la majorité. »

Dimanche, sur Radio J, François Hollande a admisque « si Robert Hue veut être candidat, il a raison d’affir-mer l’identité communiste et d’affirmer des positions quile caractérisent dans le débat public ». Le premier secré-taire du PS reconnaît une « utilité à la candidature com-muniste à l’élection présidentielle, pour traduire un cou-rant radical qui doit trouver sa place ». Cependant, lapluralité des candidatures ne doit « pas peser sur le tra-vail du gouvernement, le fonctionnement de la gauche etla cohésion de la majorité », a précisé M. Hollande.

Le PCF s’est trouvé au centre des discussionsd’une cinquantaine de personnalités et de militantsde gauche – communistes, alternatifs, minoritairesde la LCR —, réunis samedi à l’université Paris-VIIIde Saint-Denis, autour de l’appel « Pour une perspec-tive de gauche ». Clémentine Autain « jeune militan-te de gauche politiquement déprimée, navrée de l’épar-pillement des forces », a résumé leur état d’esprit endisant qu’elle « ne se retrouve pas dans l’entre-soiLO-LCR, ni dans les partis qui cautionnent le social-libé-ralisme ». L’ambition de certains, reconstruire uneforce à gauche, semble cependant encore lointaine.

Béatrice Gurrey

Robert Hue dînera à Matignon, sans engagement

JUSTE des interrogations, maispas de critiques frontales, nid’états d’âme. Au Cirque d’Hiver àParis, samedi 19 mai, les quelquetrois cents amis et lecteurs de L’Hu-manité ont entériné la « révolutionculturelle » opérée sur le quotidiendu Parti communiste, sauvé de ladéroute financière, pour partie,grâce aux capitaux d’entreprisesprivées (Le Monde du 17 mai).

Les militants l’admettent à motscouverts : dans la recompositiondu capital, le soutien d’Hachette(groupe Lagardère) pour 8 millionsde francs, de TF1 (Bouygues) pour

5 millions de francs et des Caissesd’épargne (5 millions de francs)« pose question ». « On connaît lescapitalistes. Ils ne font rien sans rien.Même si, là, ce n’est pas une affaireidéologique, mais une nécessitéfinancière », affirme un secrétairede cellule communiste de la régionparisienne. « Ce n’est pas dans noshabitudes, mais c’est le réalisme »,ajoute le trésorier de la même cellu-le, lecteur de « L’Huma » depuis1944. « Bien sûr, je suis pour qu’il yait plus d’amis et de lecteurs etmoins de Lagardère, mais qui peutimpulser des capitaux pour que le

journal ne meure pas ? », relève unlecteur de vingt-trois ans, membredu PCF depuis 1997. Avec 45 mil-lions de francs de déficit annuel et50 millions de francs de dettes,d’autres solutions étaient-elles pos-sibles pour éviter la fin d’un quoti-dien qui « a toujours été l’immenseporte-voix des forces progressistes dece pays », proclame Henri Malberg,président de la Société des lec-teurs, laquelle, grâce aux 8,5 mil-lions de francs de la souscriptionversés par seize mille donateurs,détient 20 % du capital.

« La disparition de L’Huma ? Ce

serait celle d’un monument histori-que. Laisser faire serait une formida-ble lâcheté », a martelé EdmondeCharles-Roux, présidente de laSociété des amis. Elle dispose de10 % du nouveau capital, aux côtésdu personnel (10 %) et des repré-sentants du PCF, l’actionnaire deréférence, qui garde 40 % des partset occupe huit des quatorze postesdu conseil de surveillance.

PAS D’INGÉRENCE« L’Humanité ne vend pas son

âme (…). Les entreprises extérieuresn’interviennent que sur la seule basedu soutien au pluralisme de la pres-se », a expliqué sans relâchePatrick Le Hyaric, nommé à ladirection du journal par RobertHue en novembre 2001. AvecMichel Laurent, président duconseil de surveillance, il s’estacharné à démontrer que les ver-rous sont en place pour éviter tou-te ingérence sur la ligne du journal.Pour preuve, la société HumanitéInvestissement Pluralisme, quiaccueille les participations desentreprises, ne détiendra pas plusde 20 % pour une trentaine de mil-lions de francs. Et le soutien atten-du des sociétés publiques ou pri-vées, comme des éditeurs de pres-se, devrait prendre des détoursmoins voyants sous la forme d’unesouscription à un emprunt obliga-taire ou de l’adhésion à une asso-ciation pour le pluralisme de lapresse. Pour vaincre le fatalismedes réalités économiques qui l’aobligé à engager un plan social decinquante-huit licenciements, ledirecteur de L’Humanité croit enco-re au sursaut militant. Ce sera leseul vrai signe de redressement.

Michel Delberghe

La Société des lecteurs (20 % des parts) et celledes Amis de L’Humanité (10 %) ont approuvé,samedi 19 mai, au cours d’une réunion organisée

au Cirque d’Hiver, à Paris, l’entrée d’investis-seurs privés dans le capital du quotidien commu-niste. La société qui regroupe ces participations

– notamment celles de TF1 et du groupe Lagar-dère – détiendra 20 % du capital, le PCF restantl’actionnaire de référence avec 40 % des parts.

LILLEde notre envoyé spécial

Pour ouvrir le débat sur la prépa-ration du « projet 2002 » du Partisocialiste, lancé simultanémentsamedi 19 mai dans plus de quatre-vingts départements, les militantsde la fédération du Nord avaientchoisi les thèmes du plein emploiet de l’éducation. « La baisse duchômage ne fait pas forcémentgagner des voix aux élections, aexpliqué Gérard Caudron, députéeuropéen. C’est parfois même lecontraire car ceux qui sont encoreau chômage le vivent encore plusmal. » Plans sociaux et licencie-ments ont servi de toile de fond àde nombreuses interventions,Jean Le Garrec, président de lacommission des affaires socialesde l’Assemblée nationale, souli-gnant qu’il faut imposer aux entre-prises qui se comportent comme« des grands prédateurs », « uneobligation forte sur les conséquen-ces sociales de leurs choix straté-giques ».

APPROCHE RÉALISTEChargée de coordonner le projet

2002 au secrétariat national du PS,Martine Aubry a plaidé pour uneapproche réaliste. Si l’ancien minis-tre de l’emploi laisse à l’extrêmegauche l’idée d’interdire les licen-ciements – qui « n’a aucunsens » –, elle estime qu’« on ne doitplus laisser les entreprises licenciersans que les salariés soient reclasséset qu’elles mettent de l’argent pourréindustrialiser les zones laissées enfriches ». Devant trois cents mili-tants, auxquels s’étaient joints desreprésentants des Verts et du Partiradical de gauche, Mme Aubry a aus-si souhaité un renforcement despouvoirs des comités de groupe

européens. « L’Europe n’auraitaucun sens si elle ne devait êtrequ’un sous-produit du libéralismeanglo-saxon », a-t-elle martelé.

La maire de Lille n’a pas hésité àprendre à rebrousse-poil son audi-toire en abordant « l’inégalité pre-mière, l’inégalité devant l’éduca-tion ». « Quels objectifs ? Quelscontenus ? Quelles méthodes péda-gogiques nouvelles ? », a-t-elleinterrogé. « Ce sont des questions àse poser avant celle des moyensfinanciers à mettre en œuvre. Il estinacceptable qu’un enfant sorte del’école primaire sans savoir lire, écri-re et compter. » « Je n’attaqueraipas l’école privée car, si on en est là,c’est que l’école publique n’a pasrempli toutes ses missions », a-t-elleenchaîné, sous les murmures del’assistance, en faisant état d’uneenquête sur le classement des qua-rante meilleures écoles de l’acadé-mie de Lille dans laquelle ne figureaucune école publique.

« Je sais bien que ça ne fait pasplaisir à tout le monde », a-t-elleobservé, en prenant soin de sedémarquer de l’ancien ministre del’éducation nationale : « Je ne le dispas comme Claude Allègre, je le disparce que je crois à l’école et auxenseignants. » « Si on doit se colle-ter, il faut se colleter maintenantpour avoir un projet sur l’école »,a-t-elle affirmé. Pour Mme Aubry,qui s’est posée en avocate du servi-ce public, « si nous n’avançons pas,ne nous leurrons pas, nous auronsun nouveau creusement des inégali-tés et nous ne gagnerons pas lesélections ».

Les militants ne lui ont pas tenurigueur de ses audaces et l’ont cha-leureusement applaudie.

Michel Noblecourt

A « L’Humanité », sociétés des amis et des lecteursapprouvent l’ouverture du capital

Les participations d’entreprises, notamment TF1 et Lagardère, représenteront 20 % des actions

Pour Martine Aubry,« l’école publique n’a pas rempli

toutes ses missions »La maire de Lille s’exprimait devant les militants PS du Nord

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Martine Viallet, directrice de l’administration pénitentiaire

« Les surveillants ont le sentiment de travailler plus intelligemment »

Des petites unités très encadrées pour sortir les jeunes détenus de la violenceUne expérience menée au sein du CJD de Fleury-Mérogis, reposant sur une organisation en très petits groupes pris en charge par une équipe

pluridisciplinaire, a eu des résultats spectaculaires. Au point que l’administration pénitentiaire envisage d’élargir la méthode aux autres établissements

« Quel bilan tirez-vous de laréforme de la prise en chargedes mineurs incarcérés ?

– La réforme a d’abord fait trèsfortement diminuer la violenceentre les jeunes, qui s’exerçaitd’abord entre eux mais aussi sur lepersonnel. Elle a également per-mis d’engager un travail pédagogi-que sur les jeunes, de remise enroute d’un certain nombre de nor-mes qu’ils n’intégraient pas : desrègles de vie de base comme le faitde se lever, de respecter l’autoritédes adultes, mais aussi de les inté-resser à des activités d’enseigne-ment, socioculturelles. Aujour-d’hui, nous sommes en mesured’amener les mineurs à sortir deprison dans de meilleures condi-tions qu’ils n’y étaient entrés, cequi contribue à leur réinsertion.

» L’autre aspect positif, c’estl’implication du personnel dans laréforme : les surveillants ont lesentiment de travailler plus intelli-gemment et de ne plus seulementêtre là pour ouvrir des portes etles fermer. La réforme leur a con-féré un véritable rôle dans la re-socialisation des détenus, le réap-prentissage des règles de la vie ensociété.

– Ce modèle est-il exportable àla prise en charge des détenusmajeurs ?

– Il est plus difficile d’appliquer

ce genre de prise en charge auxmajeurs, dont les publics sont plushétérogènes et qui présentent sou-vent des problématiques beau-coup plus diverses. Cela dit, nousréfléchissons effectivement à unprojet de surveillants “référents”,que nous pourrions mettre en pla-ce dans la plupart des établisse-ments. Ce surveillant aurait uneresponsabilité spécifique vis-à-visd’un certain nombre de détenus,avec lesquels il pourrait engagerune relation de confiance.

» Cela devrait permettre d’amé-liorer la prise en charge des déte-nus, qui se sentiraient ainsi moinsperdus en détention, avec un inter-locuteur plus choisi. Ce systèmed’observation, basé sur une priseen charge plus personnalisée dudétenu, devrait également permet-tre le repérage plus rapide des pro-blèmes éventuels : des momentsde détresse ou de dépression chezles détenus, mais aussi les trou-bles internes à la détention, com-me l’apparition de phénomène decaïdat ou même la détection deprojet d’évasion.

– Comment concilier cette nou-velle approche avec les tradition-nelles fonctions de garde et desécurité des surveillants ?

– Afin que le personnel puisseassumer ce double rôle de sécuritéet de réinsertion, nous réfléchis-

sons à une éventuelle distinctiondu métier de surveillant en deuxfonctions : une fonction d’observa-tion du détenu, exercée par ce sur-veillant “référent”, qui serait unhomme de proximité, à l’image dela police de proximité ; et une fonc-tion de sécurité, plus technique,dans les miradors et les postes desécurité. Cela ne voudrait pas direqu’on spécialise définitivement lessurveillants dans l’une ou l’autredes fonctions : il est important, aucontraire, que les surveillants réfé-rents puisse repasser à des fonc-tions plus techniques, dès lors quele contact avec les détenus devien-drait lourd et pesant. Cette nou-velle approche ne doit pas mettrefin à la distance qui doit resterentre le détenu et le surveillant.

– Le personnel pénitentiairevous paraît-il prêt à ce change-ment de fonctions ?

– L’expérimentation du surveil-lant référent, menée dans les quar-tiers mineurs, mais aussi danscertains quartiers « arrivants »des maisons d’arrêt, a été bienaccueillie par le personnel des éta-blissements dans laquelle elle aété menée. Je suis donc assez opti-miste sur la réception de ce projetparmi les surveillants. Rien nepourra de toute façon se faire sansl’adhésion des personnels, avecqui nous allons entamer des dis-cussions. Elles seront menéesdans le cadre des débats sur lafuture loi pénitentiaire ou sur lesens et l’exécution des peines, quidoit notamment redéfinir les mis-sions des personnels de surveil-lance. L’administration péniten-tiaire est à une période charnièrede son histoire. La future loi sus-cite à la fois des espoirs et desinquiétudes, mais les personnelssont conscients que les méthodestraditionnelles de prise en chargedes détenus ont fait leur temps. »

Propos recueillis parCécile Prieur

Une étroite collaboration entre gardiens,médecins, psychiatres, éducateurs et enseignants

LE CENTRE des jeunes détenus(CJD) de Fleury-Mérogis (Essonne)présentait, il y a deux ans, une ima-ge de désolation : cette prison desmineurs, l’une des plus importan-tes de France, était minée par uneviolence devenue endémique. Cestemps sombres, qui faisaient duCJD un lieu de danger pour les jeu-nes détenus, semblent aujourd’huirévolus. Au terme d’une profonderéorganisation, des petites unitésde vie, qui n’accueillent plusqu’une douzaine de détenus, ontété mises en place pour casser lalogique de grand ensemble. Enleur sein travaillent des sur-veillants « référents », qui enca-drent en permanence les mineursen leur proposant des activitésrégulières.

Cette expérimentation, qui a faitnettement diminuer la violenceparmi les jeunes prisonniers, a per-mis au CJD de retrouver un visageapaisé. Elle s’inscrit dans une ré-forme globale de l’administrationpénitentiaire, qui a engagé uneréflexion d’ensemble sur la priseen charge des mineurs incarcérés.

Bagarres dans les cours de pro-menade, rackets, agressions dansles douches… Depuis 1998, les inci-dents violents entre jeunes, provo-qués par le caïdat, et la reconsti-tution des bandes au sein de laprison étaient devenus le quoti-dien du CJD. Au point que les équi-pes médicales et enseignantes lan-çaient, en mars 1999, un manifestepour dénoncer ce « lieu d’insécu-rité ». « Quel paradoxe, écrivaientles signataires, pour notre sociétéqui incarcère des jeunes de plus enplus fréquemment pour des problè-mes de violence et les laisse être victi-mes de ces mêmes délits à l’intérieurde la prison. Dans ces conditions, lapeine peut-elle avoir un sens pources jeunes ? Nous ne le croyons pas.

Pour beaucoup, le CJD génère lahaine de notre société » (Le Mondedu 23 mars 1999).

Pour endiguer la violence, uneréflexion avait pourtant déjà étéengagée à l’intérieur de l’adminis-tration pénitentiaire sur ses métho-des de travail. Ses résultats se sontfait sentir au début de l’année2000. Le bâtiment, qui accueillaitindifféremment mineurs et jeunesmajeurs – jusqu’à 21 ans – a étéscindé en six petites unités, quiregroupent désormais entre 12 et15 jeunes. Ceux-ci sont encadréspar 22 surveillants, tous volontai-res, qui travaillent en poste fixe etont adopté un uniforme survête-ment. Chaque mineur dispose ain-si de deux surveillants référents,avec lesquels il peut engager desrapports plus privilégiés. Ces rela-tions sont facilitées par la présencepermanente des surveillants auxcôtés des jeunes, que ce soit en sal-le d’activités ou, fait inhabituel,dans la cour de promenade, dontles tailles ont été ramenées à desproportions plus humaines.

« SUIVI INDIVIDUALISÉ »« Auparavant, il n’était pas rare

que nous assistions, en spectateurs,à des règlements de comptes encours de promenade sans pouvoirintervenir, explique Nadège Grille,directrice adjointe du CJD. Aujour-d’hui, le suivi individualisé permetau contraire d’établir des relationsdifférentes entre les jeunes et lesadultes. » Il en résulte une baissenette de la violence au CJD, com-me en témoigne le nombre d’inci-dents évoqués en commission dediscipline. Avant la réforme, unequarantaine de dossiers étaientexaminés chaque semaine au tribu-nal interne de la prison, contre qua-tre à cinq aujourd’hui – essentielle-ment pour des faits d’insultes.

« Les agressions physiques entre lesdétenus ou envers le personnel sontdevenues extrêmement rares », affir-me le directeur du CJD, PatrickWiart.

La réforme a mis du temps à pro-duire ses effets. « Quand nousavons ouvert les petites unités de vie,les mineurs continuaient à nous te-nir en échec, raconte Maud Dayet,chef de service pénitentiaire. On adonc inventé le système du régimede détention diversifié. » Après quel-ques jours passés au quartier arri-vants, où ils ont rencontré l’ensem-ble des intervenants au CJD – sur-veillants, éducateurs, médecins etpsychiatres —, les jeunes sontaffectés, « en fonction de leur com-portement », dans des unités aurégime plus ou moins favorable :l’unité ordinaire offre ainsi deuxheures d’activités (jeux vidéo,sports…) en plus de l’école et de laformation professionnelle ; l’unité

libérale permet un accès continuaux salles d’activités ; l’unité enca-drement, elle, exclut tout loisir.

Ce régime différencié est revuchaque semaine en fonction del’évolution du comportement dechaque prisonnier. « Les mineurspassent d’un régime à l’autre, surdes critères comme l’hygiène, la poli-tesse, l’assiduité à l’école, expliqueMme Dayet. Chaque problème estrevu avec le jeune, on en discutesystématiquement. Ce système nouspermet vraiment d’individualiser lapeine en s’adaptant au comporte-ment du jeune. » Il nécessite cepen-dant une vigilance constante dupersonnel intervenant en prison,qui se réunit régulièrement, enéquipes pluridisciplinaires, pourdiscuter de la situation de chaquedétenu.

« La violence est toujours pré-sente, de façon latente, admetMme Grille. Dès qu’on quitte une

salle d’activités, et qu’on leur tournele dos, cela réémerge. Il faut doncêtre en permanence avec eux. »

« C’EST UN PEU UN LABORATOIRE »Les surveillants, qui ont reçu une

formation spécialisée, ne s’en plai-gnent cependant pas. « Il est beau-coup plus facile de travailler aujour-d’hui, notamment parce qu’on con-naît les détenus, explique Touati Sal-hi, surveillant. Les jeunes sont plusencadrés et la règle est suivie à la let-tre. Auparavant, il n’était pas rarede se faire agresser, alors que le res-pect est maintenant rétabli. » A laquestion de savoir si son métiers’apparente désormais à celui d’unéducateur, M. Salhi ne confondpas les rôles : « C’est vrai, dit-il, quenous avons une fonction plus éduca-tive qu’avant, mais nous restons dessurveillants car nous mettons à labase de notre intervention la discipli-ne, l’hygiène et le comportement. »

Entièrement conçues sur la basede discussions internes, ces nouvel-les méthodes de travail ont aussides effets positifs pour le person-nel. « Quand on travaille auprès desmineurs, on ne sort jamais indemnesde l’expérience, témoigne Mme Pic-quet, directrice des ressourceshumaines à la direction régionaleIle-de-France. Or, cette notion detravail en équipe pluridisciplinairepermet d’éviter une trop grande souf-france des surveillants. Il s’agit d’évi-ter la solitude de l’agent face auxmineurs. » Et Mme Picquet d’espé-rer que l’expérience se multiplie :« Ici, c’est un peu un laboratoire entermes d’accompagnement et de sui-vi des détenus. Avant la loi pénitenti-aire, c’est peut-être l’occasion d’éten-dre à d’autres maisons d’arrêt cettenouvelle philosophie du métier desurveillant. »

C. Pr.

b Nombre de mineursincarcérés : à l’inversede l’évolution constatée pourl’ensemble de la populationcarcérale, le nombre desmineurs incarcérés, exprimé enflux, a augmenté de façonconstante dans les années 1990.En 1993, 2 368 mineursont été incarcérés, 3 532 en1997 et 4 326 en 1999.Cette tendance s’est cependantinversée en juillet 2000.Calculé en stock, soit à datefixe, le nombre de mineursincarcérés s’établissait,au 1er janvier 2001, à 602,contre 672 en 2000,514 en 1996 ou 395 en 1991.b La durée moyenne dedétention des mineurs aaugmenté depuis 1995, pours’établir à 3,6 mois en 1999,contre 8 mois pour les majeurs.b Structures d’incarcération :l’organisation des quartiersmineurs a été entièrement revueen 2000, pour être portés de53 à 59. Ils sont désormais tousstructurés en petits secteursaccueillant 8 à 12 détenus,et séparant strictementles mineurs des majeurs.228 postes de surveillants ontété créés, entre 1996 et 2000,pour encadrer les mineurs.Ces surveillants reçoiventune formation adaptéede cinq semaines, comprenantun stage dans les différentsservices de la Protectionjudiciaire de la jeunesse.Un soutien a été apporté à cespersonnels par le recrutementde psychologues.

PRISONS Pour endiguer la vio-lence qui minait le Centre des jeunesdétenus de Fleury-Mérogis, l’adminis-tration pénitentiaire y a mené,depuis deux ans, une expérience

reposant sur de nouvelles méthodescarcérales. b À LA RÉORGANISATIONen petites unités de vie, rassemblantune douzaine de jeunes détenus,encadrés par des « surveillants réfé-

rents », tous volontaires, s’ajouteune étroite collaboration des diffé-rents intervenants. b ÉDUCATEURS,enseignants, surveillants, médecins,psychiatres se rencontrent régulière-

ment au sein de l’établissement pourfaire le point sur l’évolution de cha-que détenu. b MARTINE VIALLET,directrice de l’administration péniten-tiaire, tire un bilan très positif de cet-

te expérience et réfléchit à un pos-sible élargissement de la méthode àd’autres établissements. Elle souli-gne les évolutions nécessaires dumétier de surveillant.

602 mineurs incarcérésau 1er janvier 2001

« QUAND je suis arrivée au Centredes jeunes détenus, je suis tombée duplacard. Je ne pouvais pas m’imagi-ner qu’une telle violence puisse êtreprésente dans une prison française. »Signataire en mars 1999, commed’autres intervenants du CJD deFleury-Mérogis, d’un appel aux pou-voirs publics (voir ci-dessus), le doc-teur Isabelle Roustang peut témoi-gner aujourd’hui que « le CJD a énor-mément changé ». Les traces decoups, hématomes et plaies parlames de rasoir qu’elle constataitquotidiennement sur les jeunesdétenus ont aujourd’hui disparu,pour laisser place aux classiques pro-blèmes traumatologiques ou derma-tologiques. Pour cette médecingénéraliste, comme pour l’ensem-ble des intervenants au CJD, il estmaintenant possible de travaillerdans des conditions décentes en pri-son, afin d’offrir une prise en chargepluridisciplinaire aux jeunes empri-sonnés.

Les jeunes incarcérés au CJD pré-sentent pour la plupart « de gravestroubles du comportement », expli-que Madeleine Mathieu, vice-prési-dente de l’application des peines autribunal d’Evry. « Ce sont souventdes jeunes avec des histoires familia-les très lourdes, issus de familles totale-ment déstructurées, explique lamagistrate. Ils sont généralement aumilieu des conflits des adultes, objetsou spectateurs de la violence de leursparents. Mais il y a aussi beaucoup dejeunes qui sont violents à l’extérieur etne posent aucun problème en famille.Dans ces cas, les parents tombent desnues quand ils sont incarcérés. »

Pour tous ces jeunes, l’entrée enprison, même si elle a été anticipéeou fantasmée, constitue un vérita-ble choc, que les intervenants doi-vent prendre en charge. « C’est pourbeaucoup d’entre eux la premièreexpérience de la solitude alors qu’ilsévoluent habituellement en bandes.Ils sont alors en situation de fortedétresse », témoigne le docteur

Cyrille Canetti, psychiatre. Avec sescollègues, le docteur Canetti reçoitchaque jeune qui entre en prison,afin « d’établir avec eux un contactpositif, une relation de confiance avecun adulte ». Pour ces jeunes, qui pré-sentent des « pathologies de carenceaffective et éducative », le passageen prison est parfois l’occasion de« prendre conscience de leur propresouffrance, souvent méconnue, maisaussi des conséquences de leursactes ». « Ils s’inquiètent alors de lasouffrance qu’ils génèrent chez leursproches, explique le docteur Canetti.C’est parfois également à ce momentqu’ils se rendent compte qu’il y a unevictime. »

FORMATION PROFESSIONNELLEPour ces jeunes qui font un court

passage en prison – deux ou troismois en moyenne selon la direc-tion –, le CJD a élaboré une offrepédagogique ciblée. La durée desstages de formation professionnellea été baissée de six à trois mois pen-dant lesquels les jeunes peuvent pas-ser leur code de la route, recevoirune formation à la restauration rapi-de ou obtenir une licence de cariste.L’enseignement, obligatoire pourles moins de seize ans, s’est lui aussiadapté, sous la houlette de YannickPianelli, responsable de l’équipeenseignante. Mme Pianelli a mis surpied un programme innovant de58 modules pédagogiques, dispen-sés à la carte aux détenus, en fonc-tion de leurs désirs et leurs besoins.L’enseignante, qui a exercé au CJD àla fin des années 1980, avant d’yrevenir en juillet 1999, a constatéque « ces jeunes ont un meilleurniveau scolaire qu’il y a dix ans ». « Iln’y a plus de déficients intellectuelscomme il y a treize ans, où on voyaitbeaucoup d’illettrés, explique-t-elle.En revanche, ces jeunes sont extrême-ment pénalisés par leur comporte-ment. » Mme Pianelli fait ainsi face àune plus grande violence des jeu-nes, qui s’exerce d’abord verbale-

ment, « par des insultes, des insani-tés ». « D’une certaine manière, c’estplus fort. Nous servons alors de déver-soir », analyse-t-elle. « Avec eux, onne peut pas tricher, il faut être francet honnête. »

La violence larvée qui règne entredétenus impose une vigilance cons-tante. « C’est un lieu violent, la pri-son. Ce serait mentir que de dire queles phénomènes de racket ou de vio-lence ont complètement disparu »,explique Olivier Calvet, éducateur.Travaillant en étroite collaborationavec les surveillants, les trois éduca-teurs disposent de toutes les clés etvisitent quotidiennement les déte-nus en cellule. « Nous utilisons cecontexte d’enfermement pour enga-ger le dialogue, explique M. Calvet. Ilfaut savoir décrypter leurs attentes etleurs besoins. Quand un détenu se faitracketter par un autre, c’est la loi dusilence. Il ne va pas en parler frontale-ment. Il va dire par exemple “Dites àma famille de m’envoyer d’autresvêtements”. C’est souvent sur desfaits anodins, comme ça, qu’on peutrepérer des dysfonctionnements. »

Afin de canaliser ces jeunes, lesdifférents intervenants du CJD, sur-veillants, éducateurs, médecins, psy-chiatres ou enseignants, se rencon-trent régulièrement au sein de l’éta-blissement, pour faire le point surl’évolution et le comportement dechaque détenu. « La clé, dans laprise en charge de ces jeunes, c’est deconfronter les points de vue avec lesautres intervenants, car les détenussavent adapter leur comportement enfonction de leurs interlocuteurs, expli-que M. Calvet. Certains d’entre euxse sont bien adaptés à la prison. Ilsse comportent de façon courtoisedevant les adultes, mais continuent,en sous-main, à mettre la pression surd’autres jeunes. Il faut donc se parlerentre nous pour, à tout moment, évi-ter qu’ils ne s’introduisent dans nosfailles. »

C. Pr.

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LE MONDE / MARDI 22 MAI 2001

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12 / LE MONDE / MARDI 22 MAI 2001

A Prague, trente-deux pays entérinent définitivement l’Europe des universités

LES SEPT ÉTUDIANTS suisses et leur accompagnatrice, bloquéssous terre pendant trois jours, sont sortis sains et saufs, samedi19 mai, dans la soirée, de la grotte de Goumois (Doubs). Les cinqhommes et trois femmes, âgés de vingt à trente ans, étaient entrésdans la grotte mercredi 16 mai et avaient été bloqués par la brusquemontée des eaux. Plus de vingt-quatre heures plus tard, les secoursn’avaient pas réussi à localiser les jeunes gens, dont les chances desurvie dans l’eau glacée étaient minimes.Le groupe s’était en fait réfugié au sec dans une cavité où un plon-geur les a retrouvés, vendredi matin. Il a cependant encore fallu dyna-miter des parois et pomper l’eau pour que les spéléologues puissentsortir. Les jeunes spéléologues étant débutants, l ’association Spéléo-Secours-France a accusé la société Altamira, organisatrice suisse del’expédition, d’avoir mis les participants « en danger d’une façoninconsidérée ».

45 % des lycéens franciliensont déjà été victimes de violencesQUELQUE 45 % DES LYCÉENS franciliens disent avoir déjà été « vic-times de violences », selon une étude réalisée, en avril et mai, par leConseil régional d’Ile-de-France auprès de 3 120 lycéens, et renduepublique samedi 19 mai. Les violences les plus courantes sont lesinsultes (60 %), suivies des coups puis du racket. Le silence est demise : seules 17 % des ces agressions ont débouché sur une démarche(dépôt de plainte…)Les lycéens sont par ailleurs 77% à avoir été « témoins d’actes de vio-lence », et 21 % d’entre eux ont avoué avoir eu « un comportementviolent » dans leur lycée, le plus souvent au cours d’une « bagarre »entre élèves. Dans la moitié des cas, cette violence n’a pas été sanc-tionnépar l’établissement scolaire.

Soupçons d’anomalies génétiques surun nouveau mode de procréationDEUX FŒTUS conçus au moyen d’une technique de fécondation invitro particulière, consistant en la transfusion du cytoplasme d’unovocyte provenant d’une femme fertile (Le Monde du 8 mai), sontporteurs d’une anomalie chromosomique, selon des informationspubliées vendredi 18 mai par le Washington Post. L’équipe de biolo-gistes du centre médical de Saint-Barnabas, dans le New Jersey(États-Unis), qui avait procédé à cette assistance médicale à la pro-création d’un nouveau genre, avait été accusée d’avoir conçu desenfants au patrimoine génétiquement modifié. Des enfants nésselon cette technique portaient, en plus du patrimoine génétique desparents, de l’ADN « mitochondrial » issu de la donneuse. L’équipes’était défendue en affirmant que son objectif était uniquement de« doper » la fertilité déficiente de la future mère.Selon le quotidien américain, les chercheurs n’ont pas mentionné lefait que deux des dix-sept fœtus créés avec cette technique étaientporteurs d’une anomalie génétique rare – le syndrome de Turner,où l’un des deux chromosomes sexuels (X ou Y) manque – soit« une incidence sept à huit fois supérieure à la normale selon lesexperts ».

DÉPÊCHESa ATTENTAT : deux cocktails Molotov ont été lancés dans la nuit dusamedi 19 au dimanche 20 mai contre la gendarmerie d’Hasparren(Pyrénées-Atlantiques), près de Bayonne. L’attentat n’a pas fait de vic-times, la gendarmerie étant alors fermée, mais trois voitures de parti-culiers garées devant le bâtiment ont été totalement calcinées.a LOGEMENT : le tribunal de grande instance de Marseille a condam-né, vendredi 18 mai, les quelque 200 squatteurs d’un immeuble de l’As-sistance publique à verser une indemnité mensuelle d’occupation : lescélibataires devront payer 350 francs par mois, les familles 600 francs.Le 16 mars, la justice avait expulsé les occupants, tout en les autori-sant à se maintenir dans les lieux pendant un an renouvelable (Le Mon-de du 20 mars).

LES SAGES-FEMMES devaientse rassembler une nouvelle fois, lun-di 21 mai, à Paris à l’appel de leurcoordination nationale. Trois semai-nes après la fin de leur long mouve-ment de protestation, qui resteradans les annales de leur profession,elles entendent rester « vigilantes »sur l’avancement des négociationsentamées le 27 avril avec BernardKouchner, ministre délégué à la san-té (Le Monde daté 29-30 avril).Même si la grève est terminée, « lessages-femmes ne baissent pas la gar-de car elles savent que, si elles lou-pent la marche, le train ne repasserapas », assure Sylvie Labéribe, mem-bre de la coordination.

Les 300 francs d’augmentationpour une sage-femme débutanteinscrits dans le protocole d’accorddu 14 mars sur la fonction publiqueavaient réveillé la colère de la pro-fession. Les cinq semaines de con-flit ne se sont pas révélées vainespour les « blouses roses » du sec-teur public. A l’issue du comité desuivi du 14 mai, il a finalement étédécidé qu’une débutante commen-

cera avec un salaire net mensuel de11 400 francs, soit une augmenta-tion de 1 185 francs, et terminera sacarrière à 17 850 francs net, soit2 850 francs de plus qu’aujourd’hui.« On ne peut plus nier les avancées »,concède Sylvie Labéribe. En revan-che, les négociations entreemployeurs et salariés sont beau-coup plus rudes dans le secteur pri-vé. Le ministère a attribué une enve-loppe de 100 millions de francs àl’obstétrique, en soulignant que cet-te somme devait contribuer à unerevalorisation des salaires des sages-femmes. « Mais on ne peut pas inter-venir directement », souligne-t-ondans l’entourage de Bernard Kouch-ner. L’Union de l’hospitalisation pri-vée (UPH) discute actuellementd’une augmentation de1 050 francs.

Si les avancées salariales dans lepublic sont désormais acquises, larevendication d’une « indemnitémensuelle de responsabilité médicalede 2 000 francs pour l’ensemble dessages-femmes » ne semble pas êtreretenue par le ministère. La prime

paramédicale de 500 francs, dite pri-me « Veil », pourrait être rebapti-sée symboliquement en « prime defonction médicale » mais a peu dechances d’être renégociée.

UNE MINI-RÉVOLUTIONEn revanche, le passage par la

première année d’études médicales(PCEM1) pour le recrutement desélèves sages-femmes a obtenu l’ac-cord, à une large majorité, desdoyens de faculté. A l’heure actuel-le, 7 écoles (Grenoble, Bordeaux,Besançon, Rouen, Marseille, Poi-tiers, Tours) sur 34 ont obtenul’agrément. « Nous espérons queplus de la moitié des écoles serontconcernées dès 2002 », indique-t-onau ministère. « Il faut entérinercette avancée par un cadre régle-mentaire afin qu’il n’y ait plus de“machine arrière” possible », récla-me la coordination.

Cette intégration du PCM1 dansle cursus des sages-femmes repré-sente une mini-révolution. Etapesymbolique forte dans la reconnais-sance du statut médical, elle ouvre

aussi la porte à l’obtention d’un cur-sus universitaire. « Le PCEM1 vabouleverser l’histoire de la professiondans son identité médicale », estimeSylvie Labéribe. Enfin, le problèmedes effectifs de sages-femmes seradiscuté à l’occasion du comité desuivi des décrets sur la périnatalité.« Nous devons avoir une vision d’en-semble et aborder la démographiedes gynécologues, des pédiatres, dessages-femmes et des réanimateurs »,explique-t-on Avenue de Ségur.Lundi 21 mai, les délégations pro-vinciales de sages-femmes serontreçues au ministère.

« Nous sommes devenues unimmense chantier de discussions »,résume avec le sourire une sage-femme de la maternité parisiennede Port-Royal. Toutes se félicitentque cette grève ait permis de faireconnaître leur métier au grandpublic. « On ne nous dira plus :“Sage-femme ? Ça existe encore ?” ,ou encore : “C’est vous qui allezm’accoucher” ? »

Sandrine Blanchard

Avant leur nouveau rassemblement, lundi 21mai, à Paris, à l’appel de leur coordination, lessages-femmes se montraient majoritairement

satisfaites des avancées obtenues : une revalori-sation, dans le secteur public, de 1 185 francs dusalaire d’embauche et de 2 850 francs du salaire

de fin de carrière. Mini-révolution, les « blousesroses » arrachent aussi le droit d’intégrer à leurcursus la première année d’études médicales.

PRAGUEde notre envoyée spéciale

L’hommage est venu de la bouchede Tessa Blackstone, ministre del’enseignement supérieur du Royau-me-Uni: « C’est le moment de saluerClaude Allègre. Il aurait été très heu-reux de voir comment le processusavance. » Réunis à Prague les 18 et19 mai pour tenter de faire progres-ser l’Europe des universités, lesministres de trente-deux pays ontplacé leur ancien homologue fran-çais au rang des pères fondateurs.

Avec ses collègues allemand, britan-nique et italien, l’ancien ministre del’éducation avait, en 1998, à Paris,adopté un texte posant les principesde l’harmonisation européenne enla matière: des cursus organisés entrois niveaux (licence ou « bache-lor », mastaire et doctorat), des étu-des découpées en semestres et enmodules sanctionnés par des « cré-dits » transférables d’un pays àl’autre.

Confirmée à Bologne en juin1999, et définitivement entérinée

lors de la réunion de Prague, cettearchitecture devrait, espèrent lesministres, être généralisée d’ici à2010. Tous les étudiants (et non passeulement 5% comme aujourd’hui)devraient alors pouvoir étudier dansun autre pays que le leur. Mais aussise voir valider des modules d’uneuniversité étrangère dans un diplô-me national, et conserver le bénéfi-ce de leurs bourses dans leur paysd’étude.

Les étudiants, représentés dansl’ESIB (European student informa-

tion bureau), et leurs établissementsd’enseignement rassemblés dansl’European universities association(EUA) approuvent ce processus, pré-senté comme une alternative auxschémas trop libéraux de la Commis-sion européenne: la déclaration dePrague fait de l’enseignement supé-rieur un « bien public », destiné nonseulement à favoriser « l’employabili-té » des diplômés, mais aussi à valo-riser « compétences académiques etprofessionnalisation durable ».

CRITÈRES DE QUALITÉMais du rêve à la réalité, le par-

cours sera long. La réorganisationdes parcours universitaires autourde la licence est loin d’être générali-sée. Ensuite, les cursus longs conçusd’un seul bloc, comme les étudesmédicales ou d’ingénieurs, sont àdes années-lumière de l’organisa-tion commune souhaitée. La généra-lisation du système européen detransfert de crédits (ECTS), promiseen France pour 2004 par Jack Lang(Le Monde du 24 avril), soulèved’autres questions: pour que les étu-diants monnayent un morceau d’an-née universitaire de la même façonà Brest ou à Salonique, il faut qu’ilssoient assurés de la qualité de cesétablissements. Il faut donc que lespays acceptent d’évaluer de façontransparente leurs universités et éco-les supérieures, ce que seuls huitd’entre eux font systématiquement.

Certains, comme les Néerlandais,prônent la création d’une agenceeuropéenne d’assurance qualité.D’autres, comme la France, où la col-lation des diplômes relève d’unmonopole d’Etat, y sont franche-ment hostiles. Le ministère de l’édu-cation nationale va, pour commen-cer, créer un organisme unique char-gé d’habiliter les diplômes, composéd’universitaires et de professionn-nels des entreprises, en lieu et placedes diverses commissions d’expertsexistantes pour les licences, lesDEA, les DESS, les DUT, etc. Auplan européen, des discussions,conduites par Jean-Luc Mélenchon,ont par ailleurs été engagées pourdéfinir les critères de qualité des for-mations. Enfin, a insisté Jack Lang,« la mobilité ne doit pas être réservéeà quelques-uns choisis en fonction deleurs ressources ». Le ministre propo-se cinq mille bourses de mobilitésupplémentaires à la rentrée.

Nathalie Guibert

Les spéléogues bloqués dans la grottede Goumois sont sortis indemnesLes sages-femmes, satisfaites des avancées obtenues

après leur long conflit, entendent rester « vigilantes »Leurs salaires vont être revalorisés et leur cursus comprendra un an d’études de médecine

S O C I É T É

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Dans la vallée de la Somme, la décrue révèle l’ampleur des dégâtsAlors que l’eau continue de baisser, les habitants font un premier bilan des inondations. A Abbeville mais aussi à Mareuil-Caubert et à Fontaine-sur-Somme,où des bâtiments sont menacés, des associations se sont créées. Certains inondés prennent conscience qu’ils ne pourront pas rentrer chez eux avant des mois

ABBEVILLEde notre correspondant régionalLe début de la décrue, dans la

Somme, marque le temps desbilans et aussi, souvent, celui de ladéprime. « Les gens commencentseulement à prendre consciencequ’il ne suffit pas que l’eau baisse,pour qu’ils puissent rentrer chez eux,et que de gros travaux seront souventnécessaires », constate Jean-ClaudeMoncomble, adjoint au maire deMareuil-Caubert, un village proched’Abbeville. « Je viens de faire letour de ma maison où il n’y a plusque vingt centimètres d’eau. J’ai eul’impression d’être devant une épaveéchouée. J’y avais investi 1 million defrancs. C’était le rêve de ma vie. Elleest totalement foutue », se désolait,samedi 19 mai, Jean-PhilippeDamien, un habitant du quartierSaint-Gilles d’Abbeville.

La crue n’est, de surcroît, pastotalement terminée. A Abbeville,sur les 750 maisons touchées, 200sont encore plus ou moins inon-dées dans les quartiers du Fau-bourg des planches et de Saint-Gilles, précisait dimanche le maire,Joël Hart. A Mareuil-Caubert, où172 habitations sur les 350 ont ététouchées, « 73 maisons évacuées

sont encore sous les eaux », souligneM. Moncomble. Enfin, les travauxqui ont permis d’accélérer ladécrue de manière spectaculaire(Le Monde daté 20 au 21 mai) netouchaient que la zone en aval dePont-Rémy, à 9 kilomètres d’Abbe-ville. En amont de ce point, la situa-tion n’a guère évolué. « Chez nous,l’eau a baissé de trente centimètresseulement depuis trois semaines,affirme Patrick Poliautre, maire deFontaine-sur-Somme, à 13 kilomè-tres en amont d’Abbeville. Les deuxtiers du village, soit 150 maisons sonttoujours sous un bon mètre d’eau.Dans certaines d’entre elles, leniveau a atteint 1,70 mètre au plusfort de la crue. »

Sous le soleil tant attendu, lessinistrés les plus chanceux s’acti-vaient néanmoins, ce week-end, àévacuer la dernière pellicule d’eau,à tenter d’effacer les outrages de laboue. Non sans quelques heurtsquand, parfois, l’eau pompée parun habitant pour terminer d’assé-cher sa maison fait monter légère-ment le niveau chez son voisin. Ilne sert à rien de pomper trop vite,explique un responsable. Tant quele niveau autour de la poche n’aurapas baissé, l’eau reviendra. Et,

même ensuite, il faudra prendred’infinies précautions, inspecter soi-gneusement les murs et les fonda-tions avant de vider les caves, afind’éviter qu’un pompage trop rapi-de ne fasse céder les murs fragiliséspar sept semaines de « marinade ».

Certains dégâts sont déjà bienvisibles. A Mareuil-Combert, bâtisur un sol tourbeux très meuble,l’eau a creusé des trous sous lesmurs de la salle polyvalente, dontla dalle s’affaisse. A l’école touteproche, le bâtiment principal, en

briques, montre des fissures inquié-tantes, un autre, préfabriqué, estbon à abattre.

A Fontaine-sur-Somme, des mai-sons n’ont pas attendu la décruepour se lézarder, ou même s’incli-ner. Dix à quinze d’entre elles« poseront problème » et devrontprobablement être rasées, estimeM. Poliautre. Ce sera aussi le cas àMareuil-Caubert et à Abbeville. Ilest peu probable qu’elles puissentêtre reconstruites au mêmeendroit. Leurs propriétaires

devront trouver un nouveau ter-rain, obtenir un permis de construi-re. « Les sinistrés peuvent venir enmairie s’informer sur les constatsd’huissier et sur leurs droits vis-à-visdes assureurs », précise M. Hart.

« LE VRAI TRAVAIL COMMENCE »Plusieurs associations ont aussi

été créées par les inondés. « Pournous, c’est aujourd’hui que le vrai tra-vail commence », estime Jean-Philip-pe Damien, président fondateur decelle d’Abbeville. « Quand puis-jecommencer les travaux ? Commentfaire ? A qui s’adresser ? Personnen’est, pour l’instant, capable derépondre à ces questions. Nous avonsl’impression d’être délaissés », s’in-surge-t-il. Les relations avec les assu-rances ne lui semblent pas devoirposer de difficultés particulières, àcondition d’apporter assistance auxplus défavorisés et aux personnesâgées. Mais, dit-il, « il nous faudraaussi connaître les véritables causesde cette catastrophe – ce qui ne signi-fie pas forcément les coupables – etdes mesures doivent être prises pourque nous puissions revenir chez nousen toute sérénité. Je suis prêt à menerce combat jusqu’au bout ».

De nombreux sinistrés ne pour-

ront sans doute pas rentrer chezeux avant de nombreux mois.« Les demandes de mobile homessuivent une double évolution, expli-que-t-on à la préfecture. Certainesont été annulées, mais devant l’étatde leur maison, d’autres sinistrésposent aujourd’hui leur candidatu-re. » Pour l’instant, 42 mobilehomes sont à la disposition dessinistrés, 19 autres en voie d’instal-lation et 20 en cours d’achemine-ment. Il en faudrait 185 pour satis-faire les demandes.

La réfection et la remise en routedes services publics seront longues,elles aussi. Autour de la gare d’Ab-beville, l’inondation a endommagéles postes électriques, les aiguillagesne fonctionnent plus. Il faut aussi« vérifier la stabilité et la géométrie »des 13 kilomètres de voies qui ontété inondées, indique Jean-Luc Jour-nel, le chef de gare. Si les dégâts nesont pas trop importants, « quel-ques trains TER » pourraient, selonlui, recommencer à circuler, à vites-se très réduite, à partir de mercredi.Mais un trafic à fréquence et vitessenormales ne sera probablementenvisageable « qu’après l’été ».

Jean-Paul Dufour

10 000 Franciliens manifestentcontre les nuisances sonores des avions

Alors que la vallée de la Somme subit, depuis plusieurs semaines,des inondations hors norme, la baie de Somme accueille, mardi22 mai, le premier congrès… des plus belles baies du monde. Pas unorganisateur de cette manifestation ne pouvait imaginer, ce mois dejuin 2000, en Corse, lors de l’assemblée de l’association où ce choixfut arrêté, que la Somme connaîtrait une telle actualité.

L’objectif de ce Club des plus belles baies du monde, fort aujour-d’hui de 28 sites, est de promouvoir, protéger et valoriser le milieunaturel que constitue une baie. Le choix de la baie de Somme – leplus vaste estuaire du nord de la France – résume, à sa façon, toutesles problématiques d’aménagement des baies, vastes espaces mou-vants soumis au rythme des marées. Depuis 1974 , la côte picarde estdotée d’une politique cohérente avec la création du Syndicat mixtepour l’aménagement de la côte picarde (Smacopi), qui gère les 70 kilo-mètres de linéaire côtier et plus de 4 500 hectares.

250 militaires et 30 000 sacs de sablepour « libérer » Fontaine-sur-Somme

Saint-Valery accueille les plus belles baies du monde

LE FRACAS des réacteurs a bri-sé le silence des beaux quartiersde Paris : des haut-parleurs ontdiffusé l’énorme bruit des avionstout au long de la manifestationorganisée, dimanche 20 mai, dansle 7e arrondissement. Ils étaientenviron 10 000 à être venus – leplus souvent en famille – de toutel’Ile-de-France, et particulière-ment du département de l’Es-sonne, pour protester contre lesnuisances aériennes et dénoncerle projet de la direction généralede l’aviation civile (DGAC) decréer de nouveaux couloirsaériens au-dessus de leurs têtes(Le Monde du 3 mai).

« GARE AU CRASH EN 2002 »« Nous avions choisi Etiolles, un

petit village calme de l’Essonne, enbordure de la forêt de Sénart, pouracheter une maison, raconte Jean-Yves Bénézet, gérant de société,qui manifeste avec femme etenfants. En rentrant de vacances,nous avons reçu un tract des asso-ciations qui nous annonçaient lesprojets de la DGAC. C’est la troisiè-me fois que nous manifestonsdepuis octobre. »

Philippe Brun, le maire (RPR)d’Etiolles, n’a pas eu de difficultéspour mobiliser dans sa commune

de 3 000 habitants : « Cela fait plu-sieurs mois que le bruit des avionsdevient insupportable. Pendant laminute de silence de la cérémoniedu 8-Mai, il y en a un qui est passétrès bas. Tous les contrôleurs et lespilotes, qui se sont installés cheznous pour trouver le calme, nousont confirmé qu’on autorise déjàles avions à nous survoler. »

Manuel Valls, le nouveau maire(PS) d’Evry, ancien conseiller à lacommunication de Lionel Jospin,est en tête de la manifestationorganisée par un collectif de prèsde 500 associations : « Le bruit estdevenu une nuisance majeure. Eton ne peut pas découvrir de tels pro-jets avant toute concertation. Dèsqu’une administration travailledans son coin, cela ne passe pas. Jene peux pas croire que le gouverne-ment ne saura pas nous entendre. »

Au milieu des panneaux quimenacent « Chirac, Jospin, gareau crash en 2002 », Michel Ber-son, président (PS) du conseilgénéral de l’Essonne, explique« le ras-le-bol des habitants de larégion devant l’augmentation desnuisances sonores » : « Et ils n’ac-ceptent plus de projets imposésd’en haut. »

Christophe de Chenay

ABBEVILLEde notre correspondant régionalAprès quelques kilomètres en

4×4 dans une cinquantaine de cen-timètres d’eau, les deux officiersdu 3e régiment du génie, en cuissar-des, s’enfoncent à pied dans lemarais. Une énorme carpe s’estéchouée sur le chemin asséché,exhibant son squelette au soleil,mais les traces laissées ici sur lavégétation, à une quinzaine dekilomètres en amont d’Abbeville,montrent que l’eau n’a baissé qued’une quarantaine de centimètres.Un peu plus loin, les flots de laSomme roulent, deux mètresau-dessus du niveau de l’étang.Quelques torrents s’en échappenten dépit des empilements de sacsde sable.

« Par endroits, la Somme dégueu-le dans les étangs qui dégueulent àleur tour dans le canal d’assèche-ment, explique le capitaine Chris-tophe Combi. Ce dernier est trèsencombré. Il nous faudra le net-toyer. Nous réparerons ensuite lesbrèches dans les berges de la Som-me pour qu’il puisse assurer sonoffice, c’est-à-dire évacuer les seuleseaux des étangs. Nous nous efforce-rons ensuite de morceler ces der-niers en utilisant au maximum les

levées de terre existantes, que nousrehausserons, afin de pouvoir éva-cuer l’eau progressivement, pochepar poche, en commençant par lesplus basses et en privilégiant cellesqui comportent des habitations. »Deux cent cinquante militairesdevront, pour ce faire, manipulerquelque 30 000 sacs de sable.

Ces missions pédestres, précé-dées d’une reconnaissance en héli-coptère, sont destinées à vérifier lafaisabilité d’un plan d’action quidevait être proposé et discuté lun-di 21 mai avec les experts de laDDE pour être mis en œuvre à par-tir de mardi, dans le but de faciliterla décrue dans la zone de Fontaine-sur-Somme où 150 maisons setrouvent encore sous plus de1 mètre d’eau. « Ce sera nettementplus difficile que pour la zone d’Ab-beville où il avait suffit de fermer unruisseau et d’ouvrir un autre“pissaillou” pour obtenir un résultatspectaculaire, estime le lieutenant-colonel Gaignet, qui supervise l’en-semble. Il y a, ici, beaucoup derésurgences de la nappe, par despuits creusés par les pêcheurs et leschasseurs. Il est impossible d’en cal-culer l’ampleur. »

J.-P. D.

R É G I O N S13

LE MONDE / MARDI 22 MAI 2001

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14 / LE MONDE / MARDI 22 MAI 2001

LE GRAVEUR Piero Crom-melynck est mort à l’Hôpital amé-ricain de Neuilly vendredi 18 maides suites d’un cancer. Il était agéde soixante-sept ans.

Son profil faunesque apparaîtdans de nombreuses œuvres dePicasso. On l’y voit seul, parfoisavec sa femme, Lenda, ou sa fille,Karine. Trois portraits monumen-taux – « d’une étonnante vivaci-té », note Pierre Daix – le mon-trent en train de travailler sur sapresse à bras. On le reconnaît aus-si parmi les personnages qui peu-plent les gravures exécutées aucours des dix dernières années dela vie de Picasso, notamment par-mi les « voyeurs » de la sérieRaphaël et la Fornarina.

Piero avait rencontré Picassodans l’atelier de Roger Lacouriè-re, à Montmartre, qu’il fréquen-

tait avec son frère Aldo. Les deuxjeunes gens rejoignirent bientôtle vieux peintre à La Californie,sur la Côte d’Azur, pour collabo-rer avec lui. En 1963, ils installè-rent leurs presses à Mougins,dans une ancienne boulangerie,tout près de Notre-Dame-de-Vie,où résidait l’artiste.

Jusqu’à la mort de Picasso, en1973, ils alimentèrent inlassable-ment la « route du cuivre », lesplaques dont le peintre avaitbesoin ; ils lui soumettaient les dif-férents états de ses gravuresavant d’en tirer des épreuves défi-nitives. En 1970, la « route du cui-vre » connaît une telle activité,rapporte Pierre Cabanne, quePicasso en est lui-même effaré :« L’autre nuit, dit-il à un ami, j’ailu que les cours du cuivre, à Lon-dres ou je ne sais où, baissaient.Alors j’ai réveillé Crommelynck par-ce qu’avec ce que j’en mange… ! »Au total, plus de 750 gravures sor-

tirent de leurs presses. Ils éditè-rent notamment la série dite des347 gravures, celle de La Célestine,ainsi que les 156 gravures finales.

Piero Crommelynck est né enItalie en 1934. Il était le troisièmefils de Fernand Crommelynck, dra-maturge belge, dont Picasso illus-trera, en 1966, Le Cocu magnifi-que. Elevé en Italie, c’est à Parisque son père l’envoie apprendrele métier de taille-doucier. En1952, il rejoint en effet l’atelier deRoger Lacourière, où ses deux frè-res, Milan et Aldo, s’initient déjàau même travail.

En 1959, avec eux, il ouvre ruede Gergovie, dans le 14e arrondis-sement, son propre atelier, quefréquentent de nombreux artis-tes : Masson, Giacometti, MarinoMarini, Arp, Villon, Tal Coat, ZaoWou Ki, Hartung, Magnelli, Miro,mais aussi Michaux, Le Corbusieret Delvaux. De 1963 à 1973, l’aven-ture picassienne tiendra PieroCrommelynck de longs mois loinde Paris. A la mort du peintre, ilouvrira – avec son frère Aldo – unnouvel atelier, rue de Grenelle cet-

te fois, accueillant, initiant et édi-tant de nouveaux artistes : SamSzafran, Alechinsky, Louise Bour-geois, Titus Carmel. Sans oublierceux qui traversent l’Atlantiquepour retrouver les presses artisa-nales et l’atmosphère paisible dela rue de Grenelle : Hamilton, Jas-pers Johns, Jim Dine ou Twom-bly.

En 1985, les frères Crom-melynck se séparent. Piero vapoursuivre son travail avec unenouvelle génération d’artistes,Alberola, Pincemin, Le Gac,J.-M. Meurice. D’une grande méti-culosité et d’une précision redou-table, le temps ne comptait paspour ce travailleur acharné, à lagénérosité et à la discrétion pro-verbiale.

En 1997, le Japon avait accueilliune grande exposition consacréeaux Picasso tirés de la collectionde Piero Crommelynck. Uneimportante monographie consa-crée au graveur est sur le point deparaître en Grande-Bretagne.

Emmanuel de Roux

CONSEILLER d’Etat, Pierre-Yves Ligen, né le 30 novembre1937 à Quimper (Finistère), estmort vendredi 11 mai au termed’une exceptionnelle carrière dansles mondes fluctuants de l’aména-gement, de l’urbanisme et de laculture. A maints égards, il restemême comme le représentantemblématique de la conversion del’administration française, jadistoute dévouée à l’enthousiasmepompidolien, aussi destructeurque constructeur, à une approchenouvelle de la ville, en l’occurren-ce Paris, fondée sur la prise encompte du patrimoine et l’inven-tion d’un urbanisme à visage« urbain ». Cette conversion, chezlui, ne put se faire sans une remiseen cause déchirante.

Ancien élève de l’ENA(1962-1964), après un bref passagedans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur-Corse, puis à la télévi-sion, Pierre-Yves Ligen est nom-mé, en 1968, directeur du tout nou-vel Atelier parisien d’urbanisme(APUR) avec, pour première tâche,la conduite de l’opération des Hal-les, autrement dit la destruction del’exceptionnel ensemble despavillons de Baltard, d’où ont étédélogés les grossistes du ventre deParis, cher à Zola, au profit de Run-gis, et dont l’art, le théâtre et l’agi-tation politique avaient pris pos-session de façon éphémère.

Missionné par le préfet de Paris,Marcel Diebolt, qui est aussi prési-dent de l’APUR, Pierre-Yves Ligensaura imposer ce projet sans fin nifonds, puisqu’il aboutira au célè-bre trou des Halles, véritableentonnoir dans lequel serontdéversées toutes les erreurs archi-tecturales des années 1970.

Mais, dans le même temps, lacapitale change de statut. ValéryGiscard d’Estaing succède à Geor-ges Pompidou, Jacques Chiracdevient maire de Paris en 1977, etPierre-Yves Ligen, tout en gardantses fonctions à l’APUR, est nommédirecteur de l’aménagementurbain de la Ville de Paris, rôlequ’il remplira jusqu’en 1984. Lui-même, après l’affaire des Halles, achangé son fusil d’épaule, radicale-ment. Sous son impulsion, l’APURdevient un véritable atelier deréflexion, où se formera lemeilleur des urbanistes des vingtdernières années du siècle.

Le tout-automobile et les gran-des opérations qui ont marqué,bien avant Ligen, le 13e arrondisse-ment, Ménilmontant ou le Frontde Seine, ne sont plus de mise,mais Ligen devra bien en assumerl’achèvement, en essayant alorsd’en corriger les effets. L’évolutiondu projet de voie express rive gau-che lui doit beaucoup. Les premiè-res zones piétonnes voient le jour,la protection de quartiers naguèrevoués à la destruction s’organise,conduisant aux premières mesuresde protection du XXe siècle. Et sil’équilibre reste instable entre l’étu-de circonstanciée de ce qu’on semet alors à appeler alors le « tissuurbain » et la vanité ordinaire dela plupart des promoteurs, l’APURde Ligen devient l’allié objectif desdéfenseurs de la ville.

C’est ainsi que, en 1977, l’Atelierparisien d’urbanisme sera chargéd’une étude pour Beyrouth, qui,marquée par le refus de la tablerase et la mise en valeur du patri-moine, s’évanouira malheureuse-ment avec le cours tragique del’histoire du Liban. Si l’APUR est

ainsi sollicité, c’est que, à Parismême, ses réussites sont ordinaire-ment reconnues. Avec des hauts etdes bas, certes : l’APUR est uneéquipe plurielle dont le travail d’in-vestigation et de coordination estrelayé, au cas par cas, par les maî-tres d’ouvrages publics et privés,et par les architectes ou paysagis-tes choisis souvent sur concours.La Villette, le parc Georges-Bras-sens, le bassin de l’Arsenal, les ter-rains Citroën, la révision de plansd’aménagement de quartiersnaguère dévolus aux plus sinistresbétonneurs, la préparation desgrands travaux, la recherche deleur site, tout cela est dû à l’APURde Ligen, mais beaucoup de toutcela aussi, et c’est la vertu d’un telatelier, lui échappe pour être réin-terprété par les autres acteurs dela Ville.

TRAVAILLER DANS L’OMBREA la fois bête noire et recours dis-

cret des défenseurs du patrimoine,l’image de Pierre-Yves Ligen, tou-jours associée à l’APUR, reste ainsidifficile à cerner. Le statut d’asso-ciation de l’Atelier n’empêche passon directeur d’être un grand com-mis de l’Etat qui se sait astreint audevoir de réserve. Il faut travaillerdans l’ombre, sur des projets quibénéficieront ensuite de toutl’éclat de la chose construite. Res-pectant les règles, typiquementfrançaises, qui lui ont été impo-sées, Ligen ne pourra faire émer-ger de véritable échange avec lepublic, comme Berlin saura le faireavec son Stadtforum. Le malenten-du, notamment avec les journalis-tes, sera donc une des constantesde l’APUR ; il le restera avec lesdirecteurs suivants, Nicolas Poli-

tis, disparu en 1989, et surtout lepeu disert Nathan Starckman, l’unet l’autre issus du sérail. Ainsi l’ate-lier est-il tour à tour soupçonné debrutalité et de conservatisme. Nila mise en route, sous l’égide dePierre-Yves Ligen et de CamilleCabana, du pavillon de l’Arsenal,destiné à mettre en valeur le tra-vail souvent remarquable de la Vil-le (et notamment de l’APUR) nimême la concertation de plus enplus fréquente avec les habitantset leurs associations ne parvien-dront jamais à éteindre uneméfiance nourrie d’ailleurs par lecomportement péremptoire carac-téristique de grandes opérationscomme Seine-Rive-Gauche.

Le pavillon de l’Arsenal n’ouvri-ra qu’en 1989. Pierre-Yves Ligen,depuis 1984, n’est plus là pourendosser les métamorphoses deParis. Conseiller (1985), puis prési-dent (1987-1989) de l’Etablisse-ment public du Grand Louvre, il endémissionnera principalement enraison de désaccords avec ses tutel-les financières, pour être aussitôtappelé à réfléchir au réaménage-ment des Champs-Elysées, dernierchantier conduit à son terme parcet homme d’exception.

Ordinairement compté dans lamouvance chiraquienne, Pierre-Yves Ligen disparaît alors que lagauche vient de prendre Paris.Etonnante manière de rappelerl’importance de l’APUR pourl’équilibre de la capitale à une gau-che qui pourrait être tentée parune surenchère sur la frilosité tibé-rienne, ou encore par les sirènesdes nouveaux ténors de l’architec-ture, volontiers casse-cou urbains.

Frédéric Edelmann

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Un journalistedans la course

Pour la première fois, un journaliste se fond dans le peloton Il nous fait vivre en direct le Grand Prix cycliste «Midi libre» 2001

Retrouvez Eric Fottorino chaque jour dans Le Monde

à partir du mardi 22 mai

0123

daté 23

RUBRIQUEIMMOBILIÈRE/AGENDATous les lundis datés mardis

TARIFS 2001

◗ PARTICULIERS :FORFAIT 5 LIGNES(25 caractères ou espaces par ligne)

- 2 Parutions : 590 F TTC / 89,94 €- 4 Parutions : 840 F TTC / 128,06 €121 F TTC / 18,45 € la ligne suppl.

◗ ABONNÉS :FORFAIT 5 LIGNES(25 caractères ou espaces par ligne)

- 2 Parutions : 520 F TTC / 79,27 €- 4 Parutions : 714 F TTC / 108,85 €117 F TTC / 17,84 € la ligne suppl.

☎ 01.42.17.39.80Fax : 01.42.17.21.36

Piero CrommelynckLe maître graveur de Picasso

DISPARITIONS

Pierre-Yves LigenL’inventeur passionné de l’Atelier parisien d’urbanisme

a DIDIER MERLIN, ancien colla-borateur du Figaro, est mort jeudi17 mai des suites d’une longuemaladie à son domicile parisien. Néle 25 juin 1913, à Neuilly-sur-Seine(Hauts-de-Seine), Didier Merlinavait fait partie de la rédaction duquotidien du Rond-Point desChamps-Elysées dès le lendemainde la guerre. Responsable pendantde longues années de la rubriqueautomobile, ses grands reportagesà travers le continent américain etjusqu’en Australie, sa participationrépétée au Rallye Monte-Carlodémontraient qu’en excellent spor-tif le maître du volant qu’il incar-

nait savait prêcher l’exemple. Il futl’un des premiers dans la pressed’information à commenter lesessais des derniers modèles de voi-tures. Telles étaient l’aménité deses relations confraternelles et l’im-partialité qu’on lui reconnaissait.Ses avis techniques, rédigés d’uneplume élégante, étaient unanime-ment respectés. Il était le cadet destrois frères journalistes Merlin,avec Roland, rédacteur à l’AFP, cor-respondant de presse à l’aéroportd’Orly, qui fut jusqu’à sa dispari-tion, en 1984, notre chroniqueurhippique, et Olivier, l’aîné, notreancien collaborateur et ami.

AU CARNET DU « MONDE »

Naissances

– Sèvres, le 21 mai 2001.

Notre Petit Prince a un mois déjà.

Alexandre

est né le 21 avril 2001.

Ses parents sont ravis.

Sophie ALLEMAND,Didier LEROUX.

Décès

– MmeCharles De Bergh,son épouse,

M. et MmeJacques De Bergh,M. et MmePierre Ottino-Garanger, Mlle Marie-Josèphe De Bergh,

ses enfants, Sandrine, Magali, Marc,

ses petits-enfants,Toute la famille, Et la fraternité dominicaine de

l'Annonciation, font part du rappel à Dieu de

M. Charles DE BERGH,

le 16 mai 2001.

La cérémonie religieuse a été célébréeen l'église Saint-Philippe-du-Roule, àParis-8e.

Accompagnez-le dans vos pensées etdans vos prières.

– Bernard et Paule Marx,Benoît Marx,Denyse Marx,Jeanne et Daniel Ravel,

ont la douleur de faire part du décès de

Mme Elisa MARX,

survenu le 19 mai 2001.

L'eucharistie sera célébrée en l'égliseSaint-Christophe de Javel, 28, rue de laConvention, Paris-15e, le mardi 22 mai,à 14 h 30.

– Jacqueline Sauer,Dominique et Hélène Sauer,Pascale et Didier Florence,Arnaud Sauer et Dominique Rebaud,Alexandre,Sébastien,Félix,

ont la tristesse de faire part du décès de

Guy SAUER,

survenu le 18 mai 2001.

L'inhumation aura lieu le mercredi23 mai, à 15 heures, au cimetière duPère-Lachaise, Paris, entrée Nord, ruedes Rondeaux.

Pas de fleurs, mais des dons à l'ordrede la Ligue contre le cancer, comité del'Indre-et-Loire, 37049 Tours Cedex.

Moulin de Chevarmay,37350 Le Petit-Pressigny.

– Les familles Sheikh Elard,Mardam Bey, Kabbani

ont la douleur d'annoncer le décès de leurmari, père, frère, beau-père, grand-père,arrière-grand-père et parent,

docteurMadhaat SHEIKH ELARD,

ancien ambassadeur d'Arabie saoudite,

survenu à Ryad, le 18 mai 2001.

Al Fateha pour son âme.

– Orléans. Paris. Perpignan. Cerbère.Gérone.

M. et MmeDesgens,ses enfants,

Guillaume et Harold,ses petits-enfants,

Et toute la famille,ont la douleur de faire part du décès de

Mme Hélène SUREL,née PASANAU,

survenu le 18 mai 2001, dans sasoixante-dix-huitième année.

La cérémonie religieuse aura lieu lemercredi 23 mai, à 14 heures, en l'égliseNotre-Dame-des-Cités, 18, avenue deMarseille, à Viry-Châtillon, et sera suiviede l' inhumation dans le caveau defamille.

Cet avis tient lieu de faire-part.

– La famille,Et ses proches

ont la tristesse de faire part du décès le19 mai 2001, en sa quatre-vingt-onzièmeannée, de

Michel SZPIRKO,ancien militant

du Parti communiste polonaisdu Secours rouge,

combattant des FTP-MOI,ancien président

du Syndicat des façonnierset du dispensaire du 14, rue de Paradis.

L'enterrement civil aura lieu le mardi22 mai, à 15 heures, au cimetière deBagneux.

Anniversaires de décès

– Le 22 mai 1999,

Pierre AMZALLAG

nous quittait.

Il nous manque affreusement.

– Il y a quarante ans, le 21 mai 1961,disparaissait à Constantine, à l'âge devingt-cinq ans,

Jean-Jacques BELLAROT,lieutenant en Algérie,

victime et bourreau du colonialisme.

Associés à son souvenirsa mère,

Antoinette BELLAROT,

décédée, en son absence, en 1957,

son père,

Paul BELLAROT,

qui lui survécut vingt ans de douleur.

– Le 22 mai 1980, disparaissait

Robert CATALAN.

Que tous ceux qui ont connu lerésistant, l'ami ou simplement l'homme,aient une pensée pour lui.

– Une pensée pour

Esther Elodie LIBII ,

arrachée à notre affection le22 mai 2000.

Ses cousins et cousines Mbon.

SouvenirLA CÉRÉMONIE ANNUELLE

À LA MÉMOIREDES ÉTUDIANTS RÉSISTANTS

se déroulera le mardi 22 mai 2001, à18 heures, devant le monument qui leurest dédié, jardin du Luxembourg, entréeOdéon, avant la fontaine Médicis.

Association,15, rue du Pré-aux-Clercs,75007 Paris.

Messes anniversaires– La messe du 26 mai 2001, à 18 h 45,

en l'église Saint-Sulpice, à Paris-6e, seracélébrée à l'intention de

Léon GISCHIA.

ConférencesLe Haut Conseil de la francophonie,

présidé par le président de la République française, a le plaisir de vous convier

aux séances publiques de sa dix-septième session plénière :

« La francophonie et le dialogue des cultures : quelles stratégies ? »

Centre des conférences internationales, 19, avenue Kléber,

75016 Paris.

Lundi 28 mai, 15 heures-18 heures :« Stratégie culturelle ».

Mardi 29 mai, 9 h 30-12 h 30 :« Stratégie économique »et 14 h 30-17 h 30 : « Stratégie internationale ».

COLLÈGE INTERNATIONALDE PHILOSOPHIE

SéminairesFrédérique Ildefonse : « Moi : du

pronom personnel au concept (II) ».30 mai, 6, 13, 20 et 27 juin, 18 heures-

20 heures, amphi B, Carré des sciences,1, rue Descartes, Paris-5e.

Philippe-Joseph Salazar : « Rhétorique et civilité politique ».

31 mai, 18 h 30-20 h 30, amphiStourdzé, Carré des sciences, 1, rueDescartes, Paris-5e.

Pierre Mialet et Pascal Michon : « Sur le fondement des mathématiques ».

30 mai, 18 heures-20 heures, 6 juin,18 h 30-20 h 30, et 20 juin, 18 heures-20 heures, amphi A, Carré des sciences,1, rue Descartes, Paris-5e.

L'accès à toutes les activités duCollège est libre et gratuit (dans lalimite des places disponibles). R e n s e i g n e m e n t s s u r s a l l e s ,répondeur : 01-44-41-46-85. Autresrenseignements : 01-44-41-46-80.

Communications diverses– Centre communautaire de Paris.

Mardi 22 mai, à 20 h 30 : « Hommage àEdmond Jabès », avec Olivier Sahel,professeur de lettres modernes. « Dixans après la disparition d'EdmondJabès, le cri du poète est-il encoreperceptible ? »

(PAF) 119, rue La Fayette,75010 Paris.Tél : 01-53-20-52-52.

C A R N E T

Page 14: New e 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINE MARDI 22 MAI … · 2018. 3. 26. · 57e annÉe – nº 17518 – 7,50 f - 1,14 euro france mÉtropolitaine mardi 22 mai 2001 fondateur

MATT WES-TE RV ELThabite unpetit im-meuble per-ché surune collineabrupte quidomine le

centre-ville et le port de Seattle.L’appartement est agréable, mais ila décidé de déménager, car, de sesfenêtres, on ne voit que le nord-ouest de la ville, ce qui ne cadre pasavec ses projets : « Je suis sur la listed’attente pour l’appartement qui faitl’angle du bâtiment. Il est exposé à lafois au nord, à l’ouest et au sud : delà, mon signal pourra couvrir plus dela moitié de Seattle. Cela dit, en res-tant ici, je peux quand même toucherplusieurs quartiers assez peuplés, cen’est pas si mal. » Sans attendre savue panoramique, il est en traind’installer dans son salon les anten-nes du premier relais de son réseausans fil communautaire.

Depuis des années, Matt et sonami Steve Briggs, tous deux passion-nés d’Internet, rêvent de créer detoutes pièces le réseau local idéal : ilserait libre, gratuit et ouvert à tousles habitants possédant un ordina-teur ; il serait géré sur la base dubénévolat, de l’entraide et du parta-ge ; il serait à très haut débit, pourtransporter des textes, des sons etdes images de qualité parfaite ; sur-tout, il serait sans fil, à la fois imma-tériel et omniprésent… Or, lesannées passant, les deux amiss’aperçoivent que, grâce au rythmeeffréné de l’innovation, leur projetutopique et démesuré devient réali-

sable. Entre-temps, ils sont devenusingénieurs : Matt s’occupe duréseau interne d’une société de logi-ciels, Steve travaille pour un presta-taire Internet. Aujourd’hui, à vingt-neuf ans, ils sont parfaitement àl’aise dans l’univers des serveurs,des émetteurs et des antennes.

En septembre 2000, ils décidentde se lancer et créent un site Inter-net pour recruter des volontaires.Le discours de bienvenue est austè-re : chacun devra dépenser près de500 dollars pour s’équiper, puis tra-vailler bénévolement pendant dessemaines. Pourtant, les proposi-tions affluent : « Seattle n’est pas unendroit comme les autres. Il y a iciune concentration exceptionnelle depassionnés des réseaux. Par ailleurs,ce port a une forte tradition rebelle.Depuis le XIXe siècle, il a toujours abri-té des mouvements alternatifs et syndi-caux assez radicaux. » D’emblée,Matt fixe les règles du jeu. Le réseaus’appellera simplement Seattle Wire-less (sans fil). Pour le construire, on

ne s’appuiera sur aucune infrastruc-ture existante, on ne rechercherapas de sponsor ni d’investisseur, onne se fera aider par aucune fonda-tion ou université, on ne créera pasde start-up ni d’association, et onne préviendra pas les autorités loca-les : « Nous serons une bande decopains, c’est déjà beaucoup. »

Un réseau sans fil à haut débitdoit s’appuyer sur un ensemble derelais assez complexes, les nodes,qu’il faudra construire de toutes piè-

ces. Matt et Steve passent leurs soi-rées et leurs week-ends à tester lesmatériels disponibles dans le com-merce, puis à les démonter pour lesadapter à leurs besoins : « Désor-mais, toutes nos machines fonction-nent avec des logiciels libres et desstandards ouverts. C’est un aspectimportant du projet. La générationprécédente a créé le mouvement dulogiciel libre, qui est en train de s’im-poser après des années de vie souter-raine. A présent, nous lançons le mou-vement du réseau libre. » Autredécouverte importante : SeattleWireless pourra être sauvage sansêtre illégal, car l’une des fréquencesadaptées à cet usage – 2.4 GHz –n’est pas réglementée par les autori-tés fédérales : « On y fait ce qu’onveut, à condition de ne pas dépasserune puissance d’émission de 1 watt.Or nos équipements utilisent à peine20 % de la puissance autorisée, touten assurant un débit deux cents foisplus élevé que celui d’un modem clas-sique. » Cela dit, même si la loi chan-geait, Steve ne renoncerait pas :« Une fois que Seattle Wireless seraen place, ce sera difficile de ledétruire, la police serait obligée denous repérer un par un. Et puis, unnode se déménage facilement. »

Dans le système imaginé parMatt, un node communiqued’abord avec les ordinateurs pré-sents dans le voisinage, créant ainsiun mini-réseau couvrant un pâté demaisons. Pour se raccorder, les habi-tants doivent simplement s’équiperd’une carte-modem sans fil : « Ilspourront se connecter à volonté, chezeux, avec leur PC, dans le restaurantdu coin avec leur ordinateur porta-

ble, dans la rue avec leur organiseurde poche… On ne leur demanderarien, ni abonnement ni contributiond’aucune sorte. » D’autre part, pourdonner vie au réseau à l’échelle de laville, les différents nodes doiventêtre interconnectés, grâce à uneantenne spéciale, réglée et orientéeavec précision : « Le moindreobstacle perturbe notre signal.Pour que la liaison soit effi-cace, les antennes doiventêtre placées face àface, en ligne direc-te. Un vrai casse-tête. » Ainsi,Steve habiteun immeu-ble au-dessus du port,

mais sonappartement

donne sur l’arrière-cour : « Mon node me permet d’allertravailler en réseau dans le bar aucoin de la rue, mais, pour communi-quer avec le reste de la ville, il va fal-loir ruser. Je vais poser une antennesur le toit et distribuer des tracts à mesvoisins pour leur annoncer qu’ils dis-posent d’un réseau sans fil gratuit. Laplupart sont jeunes, ça va leur plaire.Ensuite, si le propriétaire voit cetteantenne sauvage et veut la retirer, lamoitié de ses locataires sera contrelui. »

Début 2001, Matt et Steve peu-vent compter sur plus de 80 volontai-res prêts à héberger un node, et surune quinzaine de vrais spécialistes.Stuart, expert en cryptographie, vadoter Seattle Wireless d’un systèmede cryptage, qui permettra aux usa-gers de protéger la confidentialitédes messages : « Cela déplaira sansdoute à la police locale et au FBI, quiont toujours envie de surveiller cegenre d’initiatives. Advienne que pour-ra… » Ken, un costaud aux gestesbrusques, est le plus politisé de labande : « J’ai toujours été attiré par lemilitantisme de gauche ou, plus exacte-ment, j’ai toujours eu un fort sentimentanti-establishment. Seattle Wireless estl’occasion rêvée de passer à l’action,car cela touche à la technologie, ceque je connais le mieux. »

Une fois équipés, les volontairesdoivent expliquer sur un site Web

ce qu’ils voient de leurs fenêtres oude leur toit, puis se repérer les unsles autres à la jumelle pour consti-tuer des « couples » dont les anten-nes se feront face. Pour résoudre cepuzzle compliqué, l’équipe reçoitl’aide d’un volontaire atypique,Ethan, vingt-six ans, coursier à vélodepuis sept ans : « Je connais Seattleà fond, j’ai une carte de la ville gravéedans la tête. J’aide Matt à trouver lesmeilleurs emplacements. J’ai aussirepéré des recoins discrets dans desimmeubles de bureau pour y installerdes antennes et des serveurs, avec lacomplicité de copains qui y tra-vaillent. » Ethan ouvre le projet versd’autres groupes de la jeunesse loca-le, qui fréquentent surtout lesréseaux pour les jeux vidéo :« Quand ils découvriront le très hautdébit et surtout quand ils compren-dront qu’ils peuvent jouer n’importeoù, même dans la rue, ils ne voudrontplus rien d’autre. »

S’ils le souhaitent, les possesseursde nodes proposeront des servicessupplémentaires. Matt met en placeun système local de courrier électro-nique et Steve va offrir à ses voisinsune passerelle entre Seattle Wire-less et Internet. Ils espèrent qued’autres les imiteront, chacun à safaçon : « En théorie, on pourraitmême raccorder Seattle Wireless àdes services payants, à condition queleurs propriétaires construisent leurpropre node et gèrent gratuitementtout le trafic local. A voir. »

Parmi les volontaires, quelques-uns habitent des lieux stratégiques,à équiper en priorité. Panos Krokos,marin et homme d’affaires d’originegrecque, possède un pavillon dans

un quartier résidentiel, sur l’autrerive de la baie Elliott. De ses fenê-tres, on voit d’un seul coup d’œil leport, les immeubles du centre et, auloin, les banlieues sur les collines…Matt et Steve décident d’y installerun super-relais capable d’assurer

une connexion directe entreplusieurs quartiers. Profi-

tant d’un samedi après-midi ensoleillé, ils arri-

vent chez Panosavec une voiture

remplied’outils et

de maté-riel.

Com-me pro-mis, Panos aacheté uneantenne d’un mètre dehaut, qu’il faut fixer sur letoit. Le démarrage des opérationsest un peu confus : le toit est trop lis-se, l’arbre du voisin trop haut…Changement de tactique, l’antennesera fixée à une tige de bois de cinqmètres de long, que l’on attacheraau balcon avec du fil de fer. Il fautensuite percer le mur pour faire pas-ser le câble, puis installer le serveurdans un coin du salon où il ne gêne-ra pas trop.

LE voisin, attiré par l’agitation,vient aux nouvelles. En appre-nant qu’il va disposer gratuite-

ment d’un réseau sans fil à hautdébit, il est d’abord incrédule, maisMatt se charge de le convaincre parune petite démonstration. On luiannonce aussi que son téléphonesans fil subira peut-être des interfé-rences, mais il se fait une raison.

Malgré la nuit tombante, Matt etSteve veulent tester leur nouveaurelais sans attendre. Le seul moyenconsiste à monter un node provisoi-re quelque part sur l’autre rive, dansle centre-ville. Ils longent les quais àla recherche de l’endroit propice etdécident de s’installer dans un res-taurant de poisson sur la jetée. Lepatron, intrigué par la taille de l’an-tenne, se fait expliquer la manœu-vre. Il ne comprend pas tout, mais ilapprouve : à Seattle, le high-techfait partie du paysage… Finalement,

le restaurant ne convient pas. Il fautrefaire de l’escalade, pour grimpersur le toit du nouveau centre de con-férences construit au bord de l’eau.Le vent s’est levé, le réglage de l’an-tenne prend du temps, mais, sou-dain, Steve pousse un cri de victoi-re : le signal passe, le port est con-quis. Déjà, Matt pense à la prochai-ne étape : « Au sommet de QueenAnn, la plus haute colline de Seattle, ily a une ancienne école transforméeen appartements. On la voit de par-tout, c’est le relais idéal. Parmi leslocataires, il y a un type que je con-nais vaguement. Dès lundi, je vais levoir. »

Désormais, les volontaires ontenvie de se rencontrer en chair et enos : « Tout ça est aussi un prétextepour se faire de nouveaux copains etfaire la fête », rappelle Matt. Il enprofitera pour faire un premierbilan et initier les nouveaux auxtechniques du montage de node.Rendez-vous est fixé un dimancheaprès-midi chez George, musicienet artiste de scène résolument margi-nal. George vit seul dans un hangardésaffecté qu’il a transformé à lafois en salle de spectacle et en appar-tement. Il ne connaît pas l’informati-que, mais aime tout ce qui est horsnormes.

Pour l’occasion, Matt a amasséassez de matériel pour remplir lavieille camionnette de Steve.Devant une trentaine de personnes,il explique le projet en termes sim-ples, répond aux questions les pluspointues, réfute les objections, puismonte un node temporaire dans lehangar. Les simples curieux s’envont, déroutés par la complexité de

l’entreprise. Les connaisseurs jouentavec le matériel, échangent leursadresses. Dans le coin-salon du han-gar, Kathleen, l’amie de Stuart, expli-que aux indécis les raisons de sonengagement : « Les gens ne se ren-dent pas compte que, dans la sociétéen réseau qui se prépare, les grandsgroupes de télécom seront les maîtresdu monde, si on les laisse faire. J’ai tra-vaillé chez l’un d’eux pendant troisans, j’ai vu leur soif de pouvoir, leurcapacité à étouffer tout ce qui contre-carre leurs plans ou réduit leurs pro-fits. Avec Seattle Wireless, nous allonsleur reprendre un peu du pouvoirqu’ils ont confisqué. » Ken est encoreplus catégorique : « Nous sommesles premiers à comprendre que latechnologie des réseaux sans fil peutrendre obsolètes les systèmes centrali-sés des compagnies de téléphone. »

Certains visiteurs se demandentmalgré tout à quoi tout cela va ser-vir. Matt les interrompt : « Lesapplications ne doivent pas êtrenotre affaire. Ceux qui ont inventéInternet n’avaient absolument pasprévu ce que la génération suivanteallait en faire. Nous fabriquons unréseau ouvert, souple, extensible, quiservira à tout. Ce serait une erreurd’agencer Seattle Wireless en fonc-tion d’usages programmés à l’avan-ce. Faisons confiance à tous les habi-tants, aux artistes, aux hommes d’af-faires, aux enfants, pour inventer denouveaux usages, impensables surun réseau classique. Nous serons lespremiers surpris. » A présent queles volontaires deviennent plusautonomes, Matt et Steve ont déjàun nouveau rêve : « Nous sommesen contact avec une dizaine de pro-jets similaires, en Amérique, en Aus-tralie, en Angleterre. Près d’ici, àVancouver, au Canada, une équipeva bientôt se lancer. Même chose ausud, à Portland, et aussi à San Fran-cisco. » Matt a commencé à réflé-chir aux moyens d’interconnecterce chapelet de réseaux libres lelong de la côte pacifique : « Les pro-blèmes à résoudre sont nombreux,mais aucun ne semble hors de notreportée… »

Yves EudesDessin Christophe Brunck/Agnès

A Seattle se construit l’après-NetH O R I Z O N S

ENQUÊTE

A Seattle, au nord-ouestdes Etats-Unis, un groupede copains construisentpatiemment leur rêve :un réseau à haut débit,sans fil, gratuit et accessiblede partout à toute personnedotée d’un ordinateurou d’un simple organiseurde poche. Bref, totalementlibre et passablement rebelle

« La générationprécédentea créé le mouvementdu logiciel libre.A présent, nouslançons le mouvementdu réseau libre » Matt Westervelt

LE MONDE / MARDI 22 MAI 2001 / 15

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16 / LE MONDE / MARDI 22 MAI 2001

Laurent Fabius, ministre de l’économie, des finances et de l’industrie, au « Grand Jury RTL-“Le Monde”-LCI »

« Si les gens veulent continuer à travailler au-delà d’un certain âge, il faut que cela soit possible »

« En général, lorsqu’on parledu travail stricto sensu, on faitréférence à l’activité rémunéréedans une société marchande.Mais vous, vous prenez en comp-te ce qu’il y a autour de cette acti-vité. À partir du travail, l’ergolo-gie embrasserait donc toutel’existence ?

– La perspective ergologique estune réflexion et une démarche quià partir du travail rencontrent eneffet toutes les dimensions del’existence humaine. Vite résumée,elle essaie de réaliser une confron-tation entre l’ensemble desconnaissances systématisées (uni-versitaires, organisationnelles…)d’une part, et, d’autre part, lessavoirs et les valeurs mis en œuvredans l’activité. A l’intérieur de cechamp extrêmement vaste, on ren-contre le “travail” comme ques-tion critique, stratégique, haute-ment spécifique aujourd’hui, maissans pouvoir le couper du problè-me immémorial de l’activitéhumaine en général.

– On pourrait peut-être inter-roger ce qu’on appelle la centra-lité du travail. Il y a une certainecentralité du travail salarié, neserait-ce que parce qu’on doitd’abord penser le travail commesusceptible de ramener desmoyens de vivre.

– Cette question de la centralitédu travail est délicate. Sait-on dequoi on parle quand on défend oucritique cette position ? Peut-onclairement autonomiser “le tra-vail” ? S’en tiendrait-on à la défini-tion la plus reçue aujourd’hui detravail payé, essentielle pour pen-ser les potentialités et crises du pré-sent, ce seul cadre juridico-écono-mique nous introduit mal à la pro-digieuse diversification des formesd’activité humaine rémunérée. Età l’intérieur de cette diversité deformes se jouent des dramatiquesqui lient ce qui s’y passe à toutessortes de dimensions externes dela vie sociale. La “centralité du tra-vail” pourrait masquer ces circula-tions à double sens entre ce qu’onappelle aujourd’hui travail et cequi peut être considéré commeextérieur à lui.

– Vous écrivez que l’activitéest toujours en avance sur leconcept.

– En faisant le plan d’une usine,en créant des logiciels, en organi-

sant les tâches dans une adminis-tration, on utilise des savoirs à dis-position qui ne sont pas sous ladépendance directe d’une situa-tion concrète, c’est leur grande for-ce. C’est la première forme d’antici-pation. Mais toute situation de tra-vail, parce que s’y recréent tou-jours de la variabilité et de l’histoi-re, exige que chacun, individuelle-ment et collectivement, réajusteces savoirs et ces cadres d’action àl’inédit de la situation : réajuste-ments que les connaissances systé-matisées auront ensuite à essayerde conceptualiser ; c’est une dou-ble anticipation, matrice d’uninconfort intellectuel – et social –permanent.

– Vous dites que l’activité detravail est constituée par la ren-contre de trois facteurs, le dérou-lé temporel de l’activité organi-sée et conceptuellement maîtri-sée, l’investissement psychologi-que du travailleur et la mise enœuvre de différents savoirs dansl’activité même.

– L’activité est une énigme quinoue une espèce de sagesse ducorps, du non-conscient, de l’in-conscient, et des engagements his-toriques et culturels dans un mon-de humain saturé de valeurs endébat. Aucune discipline, aucunemodélisation ne peuvent seulesdire le fin mot de l’énigme.

– Prenons l’exemple, non pasd’un travailleur salarié, maisd’un homme exerçant une pro-fession libérale et se fixant lui-même ses contraintes. Retrou-ve-t-on alors ce tripôle, les nor-mes vérifiées et rénovées parl’expérience pratique, l’investis-sement psychologique dans latransformation de ces normes etl’investissement des savoirs héri-tés de l’histoire sociale et de labiographie individuelle ?

– Il n’y a pas d’activité, pas devie d’ailleurs, sans débats de nor-mes. Le “tripôle”, que j’appelle-rais plutôt celui des rapportsentre valeurs, activité et savoirs,c’est la dynamique des rapportsproprement humains entre levivant et son milieu ; milieuxenchâssés, devrait-on dire : carentre le bureau ou l’atelier ou leservice, et la sphère du marché,du privé, du politique, circulent,s’articulent, se contredisent, desnormes et des valeurs. D’où

l’énigme de l’activité et de ses dra-mes Elle concerne selon desmodalités différentes aussi bienl’ouvrière taylorisée du textileque l’avocate, le gestionnaire deportefeuille ou le médecin : on nechronomètre plus leurs gestes,mais les contraintes de résultatsles obligent à d’intenses débatsavec eux-mêmes sur comment sefaire soi-même instrument d’ob-jectifs qu’on peut parfois trouverproblématiques.

– Vous parlez souvent decontraintes des normes, mais dequelles normes s’agit-il exacte-ment ? Qu’est-ce que la normepour un travailleur non posté,dans la mesure où les contrain-tes organisationnelles pèsentmoins sur lui que sur un tra-vailleur salarié, ouvrier,employé ?

– Je parle dans toute activité denormes antécédentes et d’essailocal de renormalisation. La diffi-culté est que ces normes à négo-cier sont des totalités hybrides : ily a des contraintes dans le travailassez manifestement liées aux for-mes économiques contingentes denos sociétés modernes avec leurssanctions financières, les inégali-tés de propriété et de pouvoir etleur retombées organisationnel-les. Mais les normes, ce sont aussides acquis culturels, des expérien-ces collectives capitalisées, com-

me la mise en œuvre de connais-sances scientifiques, techniques,juridiques, de procédures vali-dées… Chacun dans son activité,dans un milieu toujours variable,doit pour partie faire des choix, sedonner localement des normespour agir. Entre l’ouvrier et le tra-vailleur que vous appelez non pos-té, il y a des différences de degré,pas de nature.

– Le travailleur salarié, payéchaque mois, voit bien commentces normes se sont traduitesdans le patrimoine juridique.Mais aujourd’hui, avec la trans-formation des formes du travail,l’introduction de plus en plus fré-quente de CDD et la spécialisa-tion des tâches, l’environne-ment juridique est beaucoupplus ténu, moins précis. Les nor-mes ne sont-elles pas plus fluc-tuantes qu’elles ne l’étaient ?

– C’est vrai et cela fait problè-me. Certains militent pourretailler le droit du travail auxdimensions d’une flexibilité éco-nomique vue comme fille de lamodernité. Or le droit du travailne peut être séparé du droit engénéral. De ce point de vue, ilfaut être attentif aux équilibres :tout travail a comme horizon desvaleurs sous sanctions quantitati-ves et marchandes très fortes.Mais à y regarder de près, cemême travail est traversé, dansses questionnements visibles etinvisibles, par des valeurs d’uneautre nature, non quantifiables,comme le bien vivre, la solidarité,l’aspiration au savoir, la santé,etc. Les organes du politique nepeuvent ignorer, sans faillir à leurmission, ces conflits de valeurs.

– Bien qu’on ait un peu exagé-ré son importance quantitative,le télétravail exprime une évolu-tion du travail, prenant appuisur les nouvelles techniques d’in-formation et de communication.Aujourd’hui, il touche quelque10 millions de personnes enEurope. Ne croyez-vous pas queles normes marchandes quanti-tatives s’imposent dans le télé-

travail aussi fortement que dansle travail traditionnel ?

– C’est juste. On a exagéré letélétravail, mais il existe et sedéveloppe. Là encore, il faut évi-ter d’avoir un jugement unilaté-ral, dogmatique, sans travailleravec les intéressés. Je comprendstrès bien pourquoi beaucoup depersonnes apprécient cette possi-bilité nouvelle de réaménager leséquilibres difficiles des différen-

tes normes. Mais à l’heure actuel-le, une des difficultés de la ges-tion du travail vient du fait queles modes de gouvernement dutravail ont largement desserrél’étreinte sur la manière d’obtenirles objectifs marchands. Ildevient difficile de distinguer lesprofessions libérales d’un certainnombre de types d’activité souscontrat. On parle d’ailleurs dezones grises entre le travail souscontrat et le travail indépendant.

» Que se passe-t-il ? On donneà la personne un espace d’organi-sation de son temps et de gestionde ses normes, mais on abandon-ne en contrepartie le regardqu’on doit porter sur le travail.Lorsqu’on demande “obtenez-nous tel objectif, vous êtes assezgrand pour savoir comment fai-re”, on dit en substance “je nem’intéresse plus à la manièredont vous aurez à vous gérervous-même pour obtenir cet

objectif”. Une espèce de rideaucache l’activité de travail. Cetteréorganisation “vie privée/vie per-sonnelle” peut permettre la créa-tion d’un emploi rémunéré, mais,dans d’autres cas, elle rend la viefamiliale impossible, parce que ladistinction des espaces, destemps n’existe plus. Et commecelui qui vous paye ne rentre pasdans ces considérations, lesconséquences peuvent être trèsgraves.

– La diminution du temps detravail est un thème d’actualité.Ce combat vaut-il pour tous ?

– Encore une fois, on ne peutrépondre que dans l’ambivalen-ce. Je saisis les raisons qui ontmené à la loi sur la réduction dutemps de travail, dans un contex-te de chômage exacerbé. Mais jepense qu’il est dangereux de légi-férer sur le temps de travail, sansaussi s’interroger sur ce qui sepasse dans ce temps. Le dangerest de ne traiter le travail que parson enveloppe temporelle. Letemps de travail est autre choseque le temps du travail ; àl’oublier, on ignorerait des cas depression, d’intensification, lesarbitrages “dramatiques” à gérerdans une enveloppe réduite.

– Vous avez dit que le travailhante le non-travail, que letemps de travail marque letemps de non-travail.

– Le travail hante le non-travail,et vice-versa. Aujourd’hui, on nepeut faire l’impasse sur le poidsénorme des valeurs marchandes,car il marque non seulement letemps de travail, mais l’habitat, lapossibilité de loisirs, le rapport à laculture, toutes les dimensions dela vie humaine. Mais il est égale-ment important d’être attentif auxidées qui cherchent à réélaborer le“vivre ensemble” à distance d’unesanction directe par le marché.

– Quels types de travail englo-be ce secteur non marchand ?

– Je pense à l’économie sociale,à l’économie solidaire, aux servi-ces publics. Travailler simultané-ment dans les trois secteursprivé/public/non lucratif meparaît être la façon la moins hégé-monique de procéder… Je croisimportant aujourd’hui d’insti-tuer, outre les relations avec lemonde de l’entreprise, des parte-nariats avec des organismes àbuts non lucratifs pour y fairefonctionner sur le travail la dou-ble anticipation. Notre départe-ment d’ergologie à l’Universitéde Provence travaille avec diversorganismes, associations, mutuel-les, pour nouer dans la clarté detels partenariats en se saisissantdu projet de société coopératived’intérêt collectif élaboré aujour-d’hui par le secrétariat d’Etat àl’économie solidaire. Il est bienclair que les transformations dutravail marchand passent aussipar ce qui peut se faire en dehorsde lui. »

Propos recueillis parAntoine Spire

De la philosophie à « l’ergologie »

« Le moral des ménages est unpeu moins brillant, et l’optimis-me des chefs d’entreprise estmoins net. Anticipez-vous un flé-chissement de la conjoncture enFrance d’ici la fin de l’année ?

– Je dirai deux mots : vigilance etconfiance. Vigilance parce quec’est vrai qu’aux Etats-Unis, il y aun ralentissement très puissant.Quand la première économie dumonde – 30 % de l’économie dumonde – passe de 5 % à quasimentzéro, cela a beaucoup d’inciden-ces. Au Japon, ce n’est pas brillant ;or, le Japon, c’est 15 % de l’écono-mie mondiale. En Europe, un cer-tain nombre de pays sont touchés,en particulier l’Allemagne qui, mal-heureusement pour elle et pournous, a vu sa croissance réduite.

» Nous nous en sortons mieuxparce que nous, notre croissanceest tirée par la demande interne,c’est-à-dire, essentiellement, laconsommation intérieure. Celle-cireste forte à cause d’un pouvoird’achat qui est bon, des baissesd’impôts, d’une amélioration del’emploi. L’investissement aussi

tire cette croissance, mais nousavons, en matière industrielle, cer-tains fléchissements par rapport ànos prévisions. Je crois que l’année2001 restera bonne et que nousdevrions être parmi les plus hautsde l’Europe, mais on ne peut pasdire qu’il n’y ait pas d’incidence.

– Au cours d’un récent collo-que sur la réforme de l’Etat, vousmettiez en garde contre la lour-deur des réglementations, dis-suasive pour les investisseurs.Or le gouvernement et sa majori-té sont en train d’adopter desmesures qui renforcent lescontrôles sur les plans sociaux…

– Les mesures que nous prenonssont équilibrées. Il s’agit de respon-sabiliser les entrepreneurs et de nepas pénaliser les entreprises. Main-tenant, ce que j’avais à l’esprit,dans cette réunion, c’est que noussommes dans un monde ouvert etqu’il y a une compétition. La ques-tion n’est pas de savoir si on estpour ou on est contre, elle existe.Et lorsqu’une entreprise a à choisirde se développer ou de s’implanteren France ou à l’étranger, même si

la France est le plus beau pays dumonde, elle fait ses comptes. Il y abeaucoup de réglementations,beaucoup de lois. J’ai parlé ausside la fiscalité. Nous avons engagéun mouvement de baisse d’impôtsqui était nécessaire et qui, en plus,soutient la demande en France etpermet la relance de l’emploi.C’est un mouvement qu’il va falloirpoursuivre au cours des années.

– En dépit de l’amélioration del’emploi, le Conseil d’orientationdes retraites confirme l’ampleurdes futurs besoins de finance-ment. Quand va-t-on prendredes décisions ?

– Le récent rapport de ce conseilfait vraiment justice de toute unesérie de discussions qui avaient lieuà ce sujet. Premier point : nousavons déjà pris un certain nombrede décisions, mais il faudra en pren-dre d’autres. Il existe un vrai problè-me d’équilibrage, qu’il va falloirrésoudre, et ce sera un des axes dela prochaine présidence. Deuxièmepoint : la répartition doit rester lesocle des retraites, même s’il peut yavoir tel ou tel élément complé-

mentaire. Troisième point : les pro-grès vers le plein-emploi. La Francese caractérise par une populationfortement employée entre vingt-huit et cinquante ans, mais par unnombre extraordinairement faiblede personnes au-dessus de cinquan-te ans qui sont au travail. Il fautque ces personnes soient encoura-gées à continuer à travailler, et nonpas pénalisées. Le quatrième point,c’est le caractère absolument cen-tral de la durée des cotisations,avec une certaine souplesse à éta-blir dans l’âge de la retraite. Unepersonne qui a commencé à tra-vailler à dix-huit ans, ce n’est pas lamême chose qu’une personne qui acommencé à travailler à trente ans.

– Faut-il donc toucher à l’âgelégal de la retraite ?

– Il faut rendre possible un cer-tain nombre de souplesses. Si lesgens veulent continuer à travaillerau-delà d’un certain âge, il fautque cela soit possible.

– La durée de cotisation doit-elle concerner aussi les fonction-naires ?

– C’est un point qui est tout à

fait ouvert, effectivement. Et l’undes éléments très importants durapport du Conseil d’orientation,c’est que la fameuse durée de tren-te-sept annuités et demie n’est enfait souvent pas pratiquée, parceque beaucoup de fonctionnairespartent à la retraite bien avant.

– Ces orientations doivent-elles figurer dans le programmedu candidat socialiste à l’élec-tion présidentielle ?

– Le candidat fera ce qu’il jugerabon, et vous savez que, dans monesprit et dans mon souhait, ce can-didat, c’est Lionel Jospin. Cetteélection-là va être absolumentdécisive parce que, pendant cinqannées, ensuite, il n’y aura plusd’élection majeure. Maintenant,l’élection présidentielle et les élec-tions législatives sont séparéesd’un mois. Cela veut dire que cequi sera fait pendant ce quinquen-nat et, en particulier, au début duquinquennat, sera absolumentdécisif.

» Il y a quatre, cinq ou six réfor-mes absolument majeures. Il y al’équilibrage des retraites. Il y a

l’éducation ou la culture tout aulong de la vie, grande idée qui n’apas encore été mise en applica-tion. Il y a la modernisation del’Etat, qui a commencé mais quidoit se poursuivre en ce qui con-cerne les services publics, la décen-tralisation, les nouvelles pratiquesde la démocratie, thèmes sur les-quels Lionel Jospin insiste sou-vent.

» Et puis l’écodéveloppement,c’est-à-dire le développement éco-nomique en même temps que lavalorisation écologique, environ-nementale.

» Enfin, ce que j’appelle“l’Europe-préférence”, une Euro-pe qui soit capable de faire faceaux trois grands défis qui sontdevant nous : la mondialisation ;le contenu de la construction euro-péenne ; et le nombre, puisquenous allons passer de quinze àvingt-sept Etats membres. »

Propos recueillis parRichard Arzt,

Patrick Jarreauet Pierre-Luc Séguillon

NÉ EN 1942, Yves Schwartz est pro-fesseur de philosophie à l’universitéde Provence. Il est également mem-bre de l’Institut universitaire deFrance. Il a d’abord travaillé sur l’his-toire des sciences (notamment sur lathermodynamique), puis sur l’histoireindustrielle (Mulhouse au XIXe siècle)avant d’orienter ses recherches sur laquestion du travail et les problèmesépistémologiques et éthiques poséspar la connaissance des activitésindustrieuses. Il dirige un centre d’en-seignement et de recherche – le dépar-

tement d’ergologie-analyse pluridisci-plinaire des situations de travail – quiassocie, de façon originale, cher-cheurs et acteurs de la vie économi-que et sociale. Il est notammentl’auteur d’Expérience et connaissancedu travail (Messidor 1988), de Recon-naissances du travail, Pour une appro-che ergologique, travail collectif qu’il adirigé aux Presses universitaires deFrance (1997), et Le Paradigme ergolo-gique, ou un métier de philosophe,publié en 2000 aux éditions Octarès(Toulouse).

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YVES SCHWARTZ

Yves Schwartz, philosophe

Le travail est inséparable des autres dimensions de l’existence humainePour comprendre ce qu’est l’activité de travail, il faut l’analyser dans la diversité de ses formes et dans ses relations avec ce qui lui est extérieur :

telle est l’ambition de la démarche ergologique, qui s’intéresse aux valeurs et aux savoirs mis en jeu

« Je pense qu’il estdangereuxde légiférer surle temps de travailsans aussis’interrogersur ce qui se passedans ce temps »

H O R I Z O N S - E N T R E T I E N S

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LE MONDE / MARDI 22 MAI 2001 / 17

CITOYENS européens,nous jugeons inaccepta-bles le silence ou les ater-moiements de nos gou-

vernements et de l’Union euro-péenne face aux événements enAlgérie. Depuis 1992, aucun effortsignificatif n’a été entrepris parnos représentants pour contribuerau retour à la paix civile dans cepays et mettre fin aux violences quiont causé la mort de dizaines demilliers de personnes. Aujourd’hui,il n’est plus possible de blanchir lerégime d’Alger, ni de justifier cetteindifférence criminelle par la pré-tendue opacité du conflit.

Depuis plusieurs années, de nom-breux témoignages, dont celui,récemment, d’un ex-officier desforces spéciales, ne laissent plus deplace au doute : ce sont bien lesquelques généraux à la tête de l’ar-mée qui constituent le pouvoir réelen Algérie et qui sont les princi-paux responsables de la « saleguerre ».

Ce sont eux qui ont décidé, froi-dement, de mettre en œuvre uneguerre d’éradication de toute oppo-sition, ne reculant devant aucunedes exactions constitutives de laqualification de crime contre l’hu-manité, selon les statuts de la futu-re Cour pénale internationale : tor-ture généralisée, exécutions extra-judiciaires, enlèvements, etc.

Ce sont eux qui ont délibéré-ment choisi de laisser impunis lescrimes des membres des groupesarmés islamistes (de nombreuxindices semblent même indiquerque, depuis plus d’un an, ilsauraient utilisé la loi sur la « concor-de civile » pour reconvertir leursagents infiltrés dans les maquistout en liquidant certains « repen-tis » qui avaient refusé de devenirauxiliaires des forces de sécurité).

Ce sont eux qui paraissent avoiropté à nouveau, comme ce fut lecas lors des émeutes d’octo-bre 1988 et en d’autres occasions,pour la politique du pire, dans l’es-poir de surmonter la crise en leursein provoquée par ces révéla-tions : ils n’ont pas hésité, ces der-nières semaines, à multiplier lesprovocations de la gendarmerie enKabylie. Et à réprimer ensuite sau-vagement, au prix de dizaines demorts, les émeutes d’une jeunesserévoltée par ces exactions. Entuant des jeunes désarmés, ils con-firment leur mépris absolu pour lavie de leurs concitoyens et ils mon-trent qu’ils sont prêts à tout pourconserver leurs scandaleux privilè-ges et leurs rentes de corruption.

Ce sont eux, enfin, qui ont façon-né un système politique leur per-mettant de compter sur la conni-vence des présidents de la Républi-que, lesquels n’ont jamais condam-né ni sanctionné l’emploi criminelet irresponsable des forces del’ordre.

Nous ne pouvons plus nouscontenter d’affirmer notre néces-saire solidarité avec les familles desvictimes et les démocrates algé-riens qui veulent mettre à bas cettedictature sanglante pour revenirenfin à la paix civile. C’est pour-quoi nous interpellons nos gouver-nements et les instances compéten-tes de l’Union européenne : ils doi-vent mettre en œuvre tous lesmoyens de droit à leur dispositionafin de faire respecter les pactesinternationaux sur le respect des

droits de l’homme, qu’ils ontsignés en notre nom et dont l’Algé-rie est également signataire.

Nous leur demandons d’agir enconformité avec la « déclarationde Barcelone » qui a institué ennovembre 1995 un « partenariateuroméditerranéen ». Déclarationaux termes de laquelle tous lesÉtats signataires se sont engagés à« respecter les droits de l’homme etles libertés fondamentales, ainsi quegarantir l’exercice effectif et légitimede ces droits et libertés, y compris laliberté d’expression, la liberté d’asso-ciation à des fins pacifiques et laliberté de pensée, de conscience etde religion ».

Sans préjuger d’autres initiati-ves, nous leur demandons :

– de conditionner l’approbationde l’accord d’association entrel’UE et l’Algérie, laquelle seraitimminente, au respect des droitsde l’homme et à l’établissement del’Etat de droit par l’Algérie et sesforces de sécurité, à la sanction,selon les normes du droit interna-tional, des violations dont celles-ciet les groupes armés islamistes sesont rendus responsables : celaimplique, notamment, que l’Algé-rie accepte enfin les enquêtes desrapporteurs spéciaux des Nationsunies sur la torture et les dispari-tions ;

– de mettre en œuvre sans délaisles mécanismes de compétenceuniverselle qui permettent auxEtats membres de l’Union d’inter-peller et de juger devant leurs pro-pres juridictions les militaires algé-riens présents sur leur territoire,soupçonnés d’être responsablesou complices de graves violationsdes droits de l’homme. Dans cetteperspective, nous dénonçons l’atti-tude du gouvernement françaisqui a permis que le général-majoren retraite Khaled Nezzar soit« exfiltré » le 25 avril dernier pouréchapper aux plaintes déposéescontre lui à Paris le même jour pardes victimes de tortures. Et nous

condamnons fermement le faitque les identités des plaignants(dont l’anonymat avait été publi-quement préservé, pour d’éviden-tes raisons de sécurité) aient étéaussitôt communiquées – très pro-bablement par la police française –aux autorités algériennes qui ontexercé des pressions et des intimi-dations sur leurs familles enAlgérie ;

– d’intervenir auprès desNations unies pour obtenir la miseen place d’un tribunal pénal inter-national ad hoc afin de juger lesresponsables, quels qu’ils soient,de crimes de guerre et de crimescontre l’humanité en Algérie.

Premiers signataires :– Allemagne :Daniel Cohn-Bendit (député euro-

péen), Werner Ruf (professeur descience politique à l’université deKassel).

– Belgique :Luc Carton (philosophe), Herman

de Ley (historien de la philosophie,université de Gand), François Hou-tart (sociologue, directeur du CentreTricontinental), Jeanne Kervyn (socio-logue).

– Espagne :Juan Goytisolo (écrivain), Gema

Martin-Muñoz (professeur à l’univer-sité autonome de Madrid), JoséMaria Ridao (écrivain et diplomate).

– France :Etienne Balibar (philosophe, uni-

versité de Paris-X), Pierre Bourdieu(sociologue, professeur au Collège deFrance), François Burgat (politolo-gue, CNRS), Hélène Flautre (députéeeuropéenne), Pierre Vidal-Naquet(historien).

– Italie :Anna Bozzo (historienne, universi-

té Rome-III), Louis Godart (Accade-mia dei Lincei), Ferdinando Imposi-mato (président honoraire adjoint dela Cour suprême de cassation), IgorMan (éditorialiste de « La Stampa »),Predrag Matvejevic (écrivain, prési-dent du conseil scientifique de la Fon-dation Laboratoire Méditerranée).

– Royaume-Uni :William Byrd (économiste), Geor-

ge Joffé (professeur à l’université deLondres), Claire Spencer (politolo-gue, université de Londres).

– Suède :Åke Sander (professeur d’études

religieuses, université de Göteborg).– Suisse :Marie-Claire Caloz-Tschopp (phi-

losophe, université de Genève).

ABSENT de France aumoment de la soutenan-ce de thèse d’ElizabethTeissier et de la polémi-

que qui l’a suivie, je n’ai voulu res-ter ni ignorant ni silencieux. Cettethèse vient d’être mise à la disposi-tion des enseignants et des cher-cheurs. Je me suis présenté le pre-mier et j’ai consacré la journée du15 mai à sa lecture. La question quia soulevé les passions est : Mme Teis-sier a-t-elle affirmé que l’astrologieest une science ?

En 1975, une vingtaine de PrixNobel et une centaine de scientifi-ques avaient déclaré que les affir-mations et prévisions de l’astrolo-gie ne remplaçaient pas les condi-tions de la connaissance scientifi-que. J’ai moi-même, comme la plu-part des sociologues, une réactionde vif rejet à l’égard de l’irrationa-lisme et des efforts faits pour relati-viser la science et la mettre sur lemême plan que n’importe queltype de connaissance.

Je ne me pose donc pas la ques-tion de savoir si j’approuve ou si jecondamne l’affirmation que l’astro-logie est une science. Je voulaissavoir ce que Mme Teissier avait dit,si elle avait écrit cette affirmationet pris l’astrologie pour une scien-ce, pourquoi pas pour une cousinede l’astronomie.

Après la lecture de ces plus de800 pages, la réponse à la questionposée s’impose à moi : Mme Teissiern’a pas défendu cette position scan-daleuse, et que j’aurais été le pre-mier à condamner. Les reprochesque j’ai à lui faire sont d’une natu-re presque opposée et montrentplutôt le malentendu qui s’est créé,ou la rouerie de l’astrologue. Maisje n’ai lu nulle part dans sa thèseque l’astrologie était scientifiqueet, quand elle commente elle-même une enquête qui l’affirme,elle critique, à juste titre, des résul-tats fragiles.

Il est vrai qu’elle définit l’astrolo-gie comme science humaine. Cequi m’attriste, car cette formule,qui résume de longs développe-ments et même l’idée centrale dela thèse, veut dire que les scienceshumaines sont d’une tout autrenature que les sciences de la natu-re. Idée assortie de beaucoup decitations de Georg Simmel et deMax Weber et qui est doublementincongrue. D’abord, parce que l’af-firmation que la position des astresinflue sur les conditions humainesrelève des sciences naturelles – quila rejettent – et non des scienceshumaines. Ensuite, parce qu’uneréflexion générale sur la nature dela connaissance en sciences humai-nes n’a jamais rendu positive unecorrélation qui est nulle.

La conception très générale dessciences humaines définie parMme Teissier ne devrait dispenserpersonne de démontrer une affir-mation précise. Quant à la tiradeoratoire qui dénonce la pauvretéde la science qui n’a saisi qu’unepetite partie de la réalité depuis letriomphe du rationalisme, elle

m’est indifférente, puisque ladémarche scientifique a justementconsisté le plus souvent à établirdes faits, des observations et desrelations bien limités.

Etant moi-même au plus loin deconsidérer la connaissance desfaits sociaux comme identique auxsciences de la nature, je m’irritequand on déverse sur les scienceshumaines tout ce qui est rejeté parles sciences de la nature. Les scien-ces sociales ne sont pas des non-sciences de la nature. Mais il fautse calmer, car les faits rapportéspar Elizabeth Teissier et qui pro-viennent « de son expérience et desa sensibilité » (p. 533) relèvent plu-tôt de la chronique journalistique.Elle accumule ses souvenirs et, enparticulier, ceux de ses rencontresavec François Mitterrand, dontl’image se brouille ainsi encoredavantage.

Alors qu’on reproche à Mme Teis-sier de défendre une science astro-logique, je regrette qu’elle soit silimitée dans ses analyses, qui sontseulement des souvenirs.

Je dois terminer en m’interro-geant à mon tour sur les raisons decette thèse qui représente uneffort considérable et de largesconnaissances. Elles sont claire-ment exprimées. Nous ne savonsplus découvrir l’unité de l’universet nous devons de toute urgencerevenir à des modes de connais-sance capables de nous découvrir,à travers notre expérience vécue,sensuelle et émotive autant qu’in-tellectuelle, les mondes que nous acachés la science. Il faut allerau-delà de la raison et de ses cal-culs ; il faut comprendre – mais enne donnant pas à ce mot le sensque lui a donné Weber —, en parti-cipant, en appartenant. Et nousallons heureusement sortir de cescientisme et rencontrer que c’estl’être tout entier qui doit produirela connaissance, et pas seulementl’esprit.

On a reproché sans raison àMme Teissier de consacrer sa thèseà une fausse science ; en fait, ellene l’a consacrée qu’à elle-même.Aux docteurs en Sorbonne de déci-der dans quelles conditions onpeut écrire une thèse sur soi-même.

Alain Touraine est sociolo-gue.

Algérie : l’Europe doit agir !

Le roi des fleurspar Jérôme Cahuzac et Jean-Jacques Denis

De quoiElizabeth Teissierest-elle coupable ?par Alain Touraine

Il faut obtenir un tribunal pénalinternational « ad hoc »afin de juger les responsables,quels qu’ils soient, de crimes de guerreet de crimes contre l’humanité dans ce pays

JACQUES CHIRAC, recevantle muguet du 1er mai et les tra-ditionnelles reines des fleurs,a dédié cette journée à tousceux qui souffrent en raison

des conditions climatiques, en rai-son de problèmes personnels, àtous ceux qui sont inquiets pourleur emploi, aux éleveurs, etc. S’ily avait des électeurs sur Mars,parions que le président auraitexprimé sa solidarité pour le man-que d’eau et aurait incité le gouver-nement à mettre en œuvre un sys-tème de vases communicants sidé-raux entre la Somme et la planètevoisine !

Ainsi va, à Paris, la démagogiede la rive droite qui pallie l’absen-ce de pouvoir et de vision en fai-sant la leçon à la rive gauche. Unjour, en vitupérant l’Agence fran-çaise de sécurité alimentaire pourla saluer ensuite, un autre, en pré-sence de l’abbé Pierre, en exhor-tant le gouvernement à luttercontre l’exclusion. Il ne manquaitplus que la promesse bien tardived’une nouvelle révision constitu-tionnelle peinte en vert. C’est fait !

Est-il permis de poser simple-ment la question ? Qu’est-on endroit d’attendre d’un homme poli-

tique ? « Le devoir d’un responsa-ble ne consiste pas à louvoyer, àménager sans cesse les uns et lesautres, en sacrifiant ainsi l’intérêtde la collectivité tout entière. Il exigedes choix, des déterminations clai-res, avec la volonté de s’y tenir, dansl’opposition comme au pouvoir. »Ces mots de Pierre Mendès Francetraduisent une éthique politiquequi est celle que nous voudrionsvoir prévaloir.

Les Français attendent de leursdirigeants politiques sérieux etrigueur, sincérité et honnêteté,simplicité et vérité. Ils n’attendentni la terre promise, ni le bonheuréternel, ni l’avènement du proléta-riat ! On ne rasera pas gratisdemain ni après-demain. Il fautavoir le courage de le dire, nonpour désespérer de la politiquemais pour retrouver une utopie dupossible.

Les licenciements, l’exclusion etla précarité, mais aussi les catastro-phes naturelles comme les inonda-tions méritent mieux que la déma-gogie électorale. Le premier minis-tre agit avec sérieux. On peutcontester les solutions, puisque« gouverner, c’est choisir ». Maispersonne ne peut dire que les pro-

blèmes ne sont pas traités. Lesrésultats sont là. Le taux de chôma-ge s’établit à 8,7 % de la popula-tion active. Un taux que la Francen’avait pas connu depuis le débutdes années 1980, alors qu’il culmi-nait à 12,6 % en juin 1997. Il fautajouter les 35 heures, la primepour l’emploi, la baisse de TVA, laprestation autonomie pour les per-sonnes âgées… Il reste beaucoup àfaire, le chômage et la précaritén’ont pas disparu et nous devonsconvaincre sur la sécurité.

Pas d’autosatisfaction en som-me, mais pas non plus de maso-chisme ou d’états d’âme. Les Fran-çais sauront faire la différenceentre celui qui agit à la tête de lamajorité et celui qui commente àla tête de l’Etat. Entre la volontéd’un côté et la démagogie del’autre, entre la responsabilitéassumée et l’immunité recher-chée, entre le chef du gouverne-ment et le roi des fleurs.

Jérôme Cahuzac est député(PS) du Lot-et-Garonne.

Jean-Jacques Denis est dépu-té (PS) de Meurthe-et-Moselle.

On a lui a reprochésans raisonde consacrer sa thèseà une fausse science ;en fait,elle ne l’a consacréequ’à elle-même

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18 / LE MONDE / MARDI 22 MAI 2001

Entrée des artistes par Wozniak John et Yoko

Suite de la première page

La rencontre était inévitable.L’interdépendance économiqueentre Taïwan, treizième puissancecommerciale mondiale, et le sudde la Chine, une des plus forteszones de développement de la pla-nète, s’installe.

« On sous-estime les investisse-ments taïwanais en Chine », remar-que un conseiller commercial euro-péen. Taïpeh les autorise, avec deslimites, depuis une dizaine d’an-nées. Leur montant atteindraitaujourd’hui 50 milliards de dol-lars, principalement dans lesrégions de Canton et Shanghaï.Certains avancent une estimationtrès supérieure, autour de 120 mil-liards de dollars. Nombreux sontceux qui jugent que Taïwan est lepremier investisseur étranger enChine.

Sans grande conviction, les diri-geants de l’île maintiennentencore quelques limites à l’investis-sement de l’autre côté du détroit.Ils s’inquiètent de voir une partiede l’industrie de haute technologietaïwanaise délocalisée sur le conti-nent. Le secteur privé taïwanaisfait pression pour une levée detoute restriction à l’investissementen Chine. Déjà installés un peu par-tout en Asie et aux Etats-Unis, lesindustriels taïwanais ne rapatrientpas – pas toujours – tous leurs

bénéfices et passent par les îlesVierges pour transférer des fondsà Hongkong ou Shanghaï…

« Les Taïwanais, qui fabriquentplus de la moitié des ordinateurspersonnels dans le monde, jugentque leur prochaine base de produc-tion, et peut-être l’un de leurs futursdébouchés, se trouve de l’autre côtédu détroit », dit Benoît Verman-der. Ils voient dans la masse conti-nentale une partie de leur aveniréconomique. Terre d’investisse-ments, mais débouché commercialégalement, la Chine est pourTaïwan le deuxième marché à l’ex-portation après les Etats-Unis.Situation un peu surréaliste :comme il n’y a pas de véritableliaison directe, ni maritime niaérienne, entre les deux rives, lesmarchandises transitent par Hong-kong. Dans quelques mois,l’entrée des deux partenaires-adversaires dans l’Organisationmondiale du commerce (OMC)intensifiera encore leurs échanges.

SHANGHAÏ FASCINE, SÉDUITHsiao-ian Wang, flamboyante

directrice du Min Sheng Daily deTaïpeh, lance : « La jeune généra-tion d’entrepreneurs taïwanais iralà où elle peut faire de l’argent. » EtShanghaï fascine, attire, séduit. Lamode shanghaïenne (et celle deTokyo) s’affiche à la « une » desmagazines taïwanais. Les cadrestaïwanais s’expatrient volontiersdans la métropole du sud de laChine ; à Taïpeh, la rumeur leurprête nombre d’aventures avec lesbelles de Shanghaï. Des étudiantsde l’île choisissent de fréquenterles universités du continent. Autotal, près de 200 000 Taïwanaisrésideraient en Chine, cependant

que 2 millions d’autres se rendentchaque année en visite de l’autrecôté du détroit. Les volsTaïwan-Hongkong-Shanghaï nedésemplissent pas.

LES MISSILES DE PÉKINPékin multiplie les invitations,

visant, sur l’île, les « clientèles »les plus diverses : groupes touris-tiques, artistes, vieux généraux à laretraite de l’armée de Tchang Kaï-chek, élus de l’opposition au prési-dent Chen, et même, début mai,un ancien premier ministre, pourlequel fut déroulé le tapis rouge.Pourtant, parler d’échanges seraitun abus de langage : les Chinoisqui obtiennent de leur gouverne-ment l’autorisation de se rendre àTaïwan sont beaucoup moins nom-breux, et Taïpeh limite l’investisse-ment chinois sur l’île. Mais le chan-gement de ton de la part de Pékinest net : il y a un an encore (lire l’ar-ticle de Frédéric Bobin, Le Mondedu 8 mai 2000), les autorités chi-noises harcelaient les hommesd’affaires taïwanais sur le conti-nent. Depuis quelques mois, ilssont cajolés.

Les responsables taïwanaisn’ignorent pas les dangers d’unetactique visant à intégrer en dou-ceur l’île au continent, l’ambiguïtéd’un flirt qui créerait un lien dedépendance de plus en plus serré,en somme une manière pékinoisede « digérer » Taïwan. Et, ainsi, deréaliser l’objectif que les dirigeantscommunistes poursuivent obses-sionnellement : l’unification – laréunification – de la Chine.

Mais le jeu n’est pas à sensunique. Responsables gouverne-mentaux et de l’opposition taïwa-nais, rencontrés à l’occasion d’un

voyage à l’invitation de Taïpeh,tiennent un discours nuancé. Enfavorisant le développement éco-nomique de la Chine, on aiderait àsa démocratisation – seule condi-tion à laquelle Taïwan, apparem-ment de plus en plus sûre de sapropre identité, peut envisager unprocessus de lent rapprochementpolitique avec le continent. L’inté-gration économique éloignerait laperspective d’une agressionarmée. Liant son avenir écono-mique à celui de Taïwan, la Chine,si elle attaque, prendrait le risqued’un choc en retour dévastateur :l’effondrement d’une partie de sapropre économie.

Pékin n’en prépare pas moins laguerre, ou pratique l’intimidationpermanente. A la lorgnette, del’îlot de Queymoy, pointe la plusavancée vers le continent d’unegrappe de micro-îles dépendant deTaïwan, on distingue, à moins desix kilomètres, la côte chinoise :relief montagneux surplombant lamer. Derrière, la Chine empile desmissiles balistiques. Déjà 300 bra-qués sur Taïwan, 50 de pluschaque année, il y en aura 800 d’icià 2008. En dépit des dernièresventes d’armes américaines à l’île,les experts sont plutôt pessimistessur sa capacité à résister à terme àl’arsenal que Pékin déploie contreelle. Les Taïwanais ne paraissentcéder à aucune panique, plus sen-sibles aux cours de la Boursequ’aux batteries de missiles. Vou-lant croire qu’à Pékin les poli-tiques l’emporteront sur les mili-taires, le business sur la guerre, ilsparient sur leur capacité à séduirela Chine à leur tour.

Alain Frachon

IL Y AURAIT démesure à comparer « Loft Sto-ry » à la « révolution » de Mai 68. Il y aurait sur-tout abus, de la part de la génération pourlaquelle les événements de mai et juin 1968demeurent une référence, à y engloutir l’expres-sion, elle aussi générationnelle, de ceux qui vien-nent après, et bien après. Mais il y a des signes.Edouard Balladur, pour qui Mai 68 fut aussi,n’en déplaise, une expérience fondatrice – lelivre qu’il y a consacré, L’Arbre de mai, en restel’un des tableaux les plus riches et libres – avaitforcément cela en tête quand il a répondu, le15 mai, sur RTL, à des questions au sujet de« Loft Story ». Pas d’hypocrisie, a-t-il dit ; s’inter-roger plutôt qu’adopter la pose avantageuse dumoralisateur (surtout quand il ne s’avoue pascomme tel) ; regarder en face l’image de la socié-té que nous avons faite aux jeunes. D’une certai-ne manière, Mai 68 était d’abord cela : la réac-tion d’une classe d’âge à la société qui lui étaitalors faite et qui, certes, ne correspondait pasaux discours de ceux qui la faisaient.

Les adultes invoquaient à l’époque des princi-pes, des références issues de leur propre histoirequi étaient en décalage avec la « société deconsommation » à laquelle ils présidaient. Il yavait donc d’un côté, schématiquement, le gaul-lisme – la souveraineté nationale, l’Etat stratège,une morale classique – et la gauche – syndicale,congressiste, électorale ; de l’autre, une jeunesseétudiante, lycéenne et ouvrière, nourrie de ciné-ma, de radio, avec ses modèles, son refus de laguerre (au Vietnam), ses angoisses devant lesatteintes à la nature, son désir de liberté. Si la pré-dominance de l’extrême gauche en milieu étu-diant a fait prévaloir un discours marxiste, antica-pitaliste, la réalité était plus hybride. Les révoltésde 68 étaient aussi adeptes des Beatles ou desRolling Stones, ex-auditeurs de « Salut lescopains », acheteurs de Levi’s et de Clarks, par-fois fumeurs de haschisch, souvent buveurs deCoca-Cola.

Les spectateurs de « Loft Story » n’occupentpas la Sorbonne ni l’Odéon. La collusion du mer-

cantilisme télévisuel et de la revendicationd’autonomie des jeunes paraît improbable. L’hy-pothèse mérite pourtant d’être considérée. Ons’était interrogé, il y a quelques années, sur lerôle des radios de la bande FM, où se retrou-vaient nombre de jeunes à l’heure où les écransde télévision diffusaient des émissions de« vieux ». Déjà, sur telle ou telle station, il étaitquestion crûment de sexe, et l’interactivité fonc-tionnait à plein – avec sa part d’illusion et detromperie – entre animateurs au micro et audi-teurs au téléphone. M6 fait aujourd’hui entrer cetype de rapports à la télévision. Même étonne-ment, mêmes alarmes, même indignation.

DE NOUVEAUX RAPPORTS SOCIAUXAu demeurant, il serait faux de croire que « les

jeunes » – ceux qui regardent l’émission – adhè-rent benoîtement à l’image que leur renvoie cemiroir. Ils ne se privent pas de critiquer la chaîne.Ils ont conscience, en tout cas pour la plupartd’entre eux, de l’artifice de la situation, de lamanipulation exercée par les producteurs, desprocédés de communication mis en œuvre, à latélévision et sur Internet, par les organisateursde l’opération, et des intérêts commerciaux qu’ilspoursuivent. Tout cela étant su, restent desacteurs, dans lesquels les spectateurs se recon-naissent ou reconnaissent leur monde.

L’interactivité joue ici dans la vision de l’émis-sion, mais tout autant dans les conversations quis’y rapportent. Même ceux qui ne la regardentpas, parce que cela ne les intéresse pas, saventqu’il y est question de leur génération.

Autant que le spectacle lui-même, c’est l’en-semble de « l’expérience » dans laquelle il s’ins-crit qui est actuel : sélection des participants, pré-sence des parents, diffusion des évaluations, deschoix d’élimination, etc. Le dispositif adopté parM6 se redouble lui-même devant les téléviseurset au-delà, ce qui en atteste la pertinence. Les« jeunes » regardent, mais les parents aussi, dansun rapport sans doute ambigu à leurs enfants età eux-mêmes. Et les médias en parlent, comme ilest normal, vu l’ampleur de l’audience, la diversi-té des milieux qu’elle traverse, la multiplicité et lesérieux des questions soulevées par l’opération,qu’il s’agisse de l’évolution de la télévision, desstratégies économiques à l’œuvre, des comporte-ments qui se révèlent, des problèmes morauxqu’elle pose. C’est en effet une société qui semontre là, ou du moins un certain – et nouveau –genre de rapports sociaux, que les uns acceptentet que d’autres, organisant des assauts contreM6 et son producteur, refusent.

A la différence d’autres manifestations généra-tionnelles, celle-ci ne prétend rien changer. Ellene proteste même contre rien : ni projet gouver-nemental de sélection à l’entrée des universités,ni SMIC-jeunes, ni insuffisance des moyens del’éducation nationale ou insécurité dans les éta-blissements scolaires. Bref, elle est passive. C’esten quoi elle est étrangère au politique. Face à unphénomène comme celui-là, le politique estcondamné au mauvais rôle de la « récupéra-tion » et de la démagogie. Les uns adresserontdes clins d’œil appuyés aux « jeunes », telle-ment spontanés, touchants, courageux même,vierges de préjugés ; les autres se rangeront ducôté des ronchonneurs, de la légitime indigna-tion, de la plainte contre la perte des valeurs. Etainsi de suite.

A quelques exceptions près, les responsablespolitiques ont évité jusqu’à maintenant ce tra-vers. Comme si les trente dernières années leuravaient appris que, pour diriger la société, il fautd’abord tenter de la comprendre.

Patrick Jarreau

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UNE COMMISSION de laChambre des communes vientd’émettre le vœu de voir adoptéle système métrique centésimalsur le territoire du Royaume-Uni. La décision serait d’impor-tance, et les partisans de l’unitéeuropéenne s’en féliciteraient àbon droit. Pourtant, je ne sais sila réforme serait opportune. Il ya d’abord des raisons de défensenationale à considérer. Tout lepouvoir du monde réside de nosjours dans quelques formulesscientifiques.

Supposez qu’on vous disequ’une once troy de tel produitdiluée dans un gallon d’eau àune température de 167 degrésFahrenheit exerce une pressionde 38 livres par pouce carré surles parois du récipient et dévelop-pe une force capable d’envoyerun projectile donné à 4 miles.Considérant qu’une once troy

pèse 2,75 grammes de plusqu’une once avoirdupois, etqu’un gallon britanniquecontient 0,7682 litre de moinsqu’un gallon américain, je vousdéfie bien de tirer le moindreparti pratique de cette informa-tion. Et puis il y a la poésie.

Ah ! l’imprévu charmant descomptabilités anglaises ! Sur nosroutes prosaïques du continent,au bout de 1 kilomètre, on n’ajamais fait que 1 000 mètres– quelle lassitude ! Et quelennui ! Outre-Manche, aucontraire, on peut s’arrêter à cha-que borne milliaire et songeravec la pure joie des plaisirs gra-tuits qu’on vient de parcourir8 furlongs, ou 1 760 yards, ou5 280 pieds – sauf erreur decalcul.

Robert Escarpit(22 mai 1951.)

ON est passé du M-16 (lefusil d’assaut) au F-16(le chasseur bombar-dier), dit la presse israé-

lienne, pour résumer l’infernalelogique aujourd’hui à l’œuvre auProche-Orient. Contre les tirspalestiniens, à l’arme légère et aumortier, contre le terrorismepalestinien, l’armée israélienne,sous les ordres d’Ariel Sharon,n’a cessé de hausser la mise :mitrailleuses, chars, hélicoptères,puis, pour la première fois ven-dredi 18 mai, des chasseurs F-16ont bombardé des cibles en Cis-jordanie. Quelle sera la prochai-ne étape ? La ré-occupation desgrandes villes des territoirespalestiniens ? On le suggère danscertains milieux militaires qui, enprivé, parlent de mener une« incursion profonde » en territoi-res autonomes palestiniens, « letemps qu’il faudra pour les désar-mer »…

Pour ceux qui ont la mémoirede la région, la phrase sonne com-me une sinistre réminiscence del’aventure libanaise qu’Israëlmena au début des années 1980.Alors déjà, Ariel Sharon, ministrede la défense de MenahemBegin, croyait pouvoir en finiravec les Palestiniens en condui-sant une opération éclair – quel-ques semaines, tout au plus,disait-il – de l’autre côté de lafrontière. Il trompa Begin, il trom-pa les Israéliens, il trompa lesAméricains et lança Tsahal dansune opération d’occupation dupays du Cèdre qui tourna audésastre politique et militairepour Israël – et au cauchemarpour le Liban. A l’époque aussi,tout avait commencé avec uneescalade dans la riposte israélien-

ne aux attaques que les Palesti-niens lançaient depuis l’autrecôté de la frontière.

Aujourd’hui, dans les territoi-res, le passage du M-16 au F-16pourrait bien annoncer, sous lesordres du même homme, cettefois premier ministre, unepareille aventure militaire, fon-dée sur la même illusion : enfinir, militairement, avec lesPalestiniens. Certes, il fautcondamner sans appel l’igno-minie de l’attentat de Netanya ;dénoncer le climat de haine entre-tenu par nombre de médias pales-tiniens ; stigmatiser l’antisémi-tisme ouvert des récentes déclara-tions du président syrien BacharEl Assad ou celui de la presseégyptienne. Mais que pareil envi-ronnement soude, pour l’heure,une écrasante majorité d’Israé-liens derrière Ariel Sharon nechange rien au constat : ayant blo-qué toutes les issues politiques àla crise, puisqu’il refuse même le« gel » des colonies dans les terri-toires, il enferme Israël dans unaffrontement sans cesse renou-velé avec les Palestiniens. Ilconduit son pays et son peupledans une impasse.

Dès lors, on est en droit dedemander aux travaillistes, etnotamment à Shimon Pérès, com-ment ils peuvent justifier leur par-ticipation à un gouvernementdont l’objectif paraît être dedémolir, non pas le Hamas, qui arevendiqué l’attentat, mais l’ap-pareil politique et militaire deYasser Arafat. Avec qui parlerquand il n’y aura plus d’interlocu-teur ? Faudra-t-il attendre queTsahal patrouille à nouveauNaplouse pour que la gaucheisraélienne se fasse entendre ?

Taïwanse fait courtiserpar la Chine

IL Y A 50 ANS, DANS 0123

Système métrique et poésie

ÉDITORIAL

Israël : du M-16 au F-16

Loin de la politique, la génération de « Loft Story »H O R I Z O N S - A N A L Y S E S

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POUR LA SIXIÈME FOIS depuisla fin du mois de mars, les trans-ports publics urbains de provincevont connaître une journée de grè-ve, mardi 22 mai. Les syndicatsrevendiquent le droit à la retraite àpartir de cinquante-cinq ans, com-me c’est le cas notamment à laRATP. Une cinquantaine de villesdevraient être touchées. Si les pré-cédentes journées de grève avaientété déclenchées à l’occasion denégociations entre le patronat del’Union des transports publics(UTP) et les syndicats, ce n’est pasle cas cette fois-ci. Aucune négocia-tion n’est prévue.

Face à ce conflit qui concernedes entreprises privées (Vivendi) etdes filiales de groupes publics(SNCF, Caisse des dépôts), le gou-vernement tente de jouer les conci-liateurs.

En privé, certains conseillersministériels comprennent les reven-dications des salariés. « Commentexpliquer qu’un chauffeur qui assurela liaison Marseille-Marignane béné-ficie d’une retraite à cinquante-cinqans parce qu’il fait de l’interurbainalors que dans la même entreprise,son collègue qui conduit dans lesquartiers Nord de Marseille doivetravailler jusqu’à soixante ans ? »,commente une source proche dudossier. Mais, politiquement, legouvernement refuse tout effetd’annonce sur ce sujet sensibleavant les élections.

De son côté, le patronat ne veutpas généraliser la retraite à cin-quante-cinq ans qui coûterait,selon le ministère des transports,environ 120 millions de francs paran. Le patronat, lui, la chiffre entre150 millions et 400 millions defrancs. Seule concession : le patro-nat accepterait des préretraitesavant soixante ans pour les salariésayant travaillé quarante ans.

Dans de nombreuses villes, les

usagers se tournent vers la mairieen cas de conflit dans les trans-ports urbains. A Rouen, la longuegrève du début de l’année avaitpesé sur la campagne des électionsmunicipales. Pourtant, à la différen-ce des transports parisiens, raressont les transports urbains collec-tifs de province qui restent géréspar par une régie. Depuis les lois dedécentralisation de 1982-1983, laresponsabilité des transportsurbains revient pour l’essentiel auxcollectivités locales. Dès 1982, la loid’orientation des transports intéri-eurs (LOTI) entre en vigueur, avecpour but de clarifier les relationsentre les collectivités responsablesde l’organisation des transport,s enimposant la signature d’un contratentre les deux parties. Cette rela-tion contractuelle va, en fait, prépa-rer le terrain de la future loi Sapin :

la recherche d’un meilleur coûtpour ces contrats passés entre lescommunes et les opérateurs nepeut passer que par un appel d’of-fres. Le contexte concurrentiel ain-si identifié, la loi Sapin est adoptéeen 1993 sans remettre en cause lapossibilité, pour les collectivités, depréférer la régie municipale à la

concurrence. C’est le cas à Mar-seille.

Les transports publics urbainscollectifs sont donc organisés sui-vant deux schémas : la régie ou ladélégation de service public à desentreprises privées. La régie,c’est-à-dire l’administration directedes transports par les communesou les groupements de communesne représentent que 8 % desréseaux. La plus grande partie desréseaux (90 %) sont exploités parde sociétés d’économie mixte ou,plus fréquemment, des sociétés pri-vées sous la houlette des commu-nes ou des groupements de com-munes appelées également autori-tés organisatrices, « AO » dans lelangage des professionnels. Leurrôle est primordial : elles fixent lestarifs du transport dans la limite duplafond fixé par l’Etat, les grandesorientations des politiques de trans-port, les investissements (lignes,matériels roulants).

L’Union des transports publics(UTP), syndicat professionnel quiregroupe pratiquement l’ensembledes entreprises de transport urbainde voyageurs, précise qu’en matiè-re de délégation de service public,différents types de contrats exis-tent mais ce sont les contrats danslesquels l’opérateur assume l’essen-tiel des risques – industriels etcommerciaux – qui sont en

constante progression. Trois grou-pes en France représentent plus de75 % du marché (lire ci-dessous). Leplus important est Keolis, nouveaunom de Via Cariane, né à la fin2000 de la fusion de Via GTI et deCariane.

Cette filiale de la SNCF exploiteenviron 38 % des réseaux membresde l’UTP. Le mode d’intervention

du groupe est conforme à la ten-dance actuelle : Keolis assume leplus souvent tous les risques indus-triels et commerciaux. Le deuxiè-me intervenant du secteur est Con-nex, filiale du groupe Vivendi. Con-nex exploite environ 20 % desréseaux adhérents de l’UTP. Le troi-

sième groupe est Transdev, filialede la Caisse des dépôts. Le groupeest présent dans environ 16 % desréseaux membres de l’UTP.

Parmi les autres acteurs, égale-ment membres de l’UTP, figurenotamment Agir. Cette associationpour la gestion indépendante desréseaux de transport public regrou-pe des entreprises exploitant desréseaux sans l’assistance des troisgroupes précités. Elle réunit envi-ron 11 % des réseaux membres del’UTP, dont ceux de Marseille, Poi-tiers, La Rochelle ou Troyes.D’autres groupes privés de tailleplus modeste interviennent, à l’ima-ge des Transports Verney – 4 % desmembres de l’UTP.

Si ces groupes sont des entrepri-ses privées, leur marge de manœu-vre est étroite. Non seulement lesconcessions sont remises en ques-tion tous les quatre ou cinq ansmais les recettes (environ 25 mil-liards de francs) couvrent à peinela moitié des produits d’exploita-tion (environ 45 millions defrancs). Les subventions publiquescontinuent donc de jouer un rôlemajeur dans l’économie du trans-port urbain. Dans le conflit encours, les responsables politiquesauront donc, in fine, leur mot àdire.

François Bostnavaron

Trois grandes entreprises sont au cœur du conflit des transports urbainsMardi 22 mai, les transports publics seront à nouveau perturbés dans une cinquantaine de villes. Au cœur du différend : la retraite à cinquante-cinq ans.

Le gouvernement ne veut pas intervenir dans des grèves qui concernent des filiales de la SNCF, de Vivendi et de la Caisse des dépôts

Les principales implantations

Une bataille acharnée en Europe

Trois réseaux de transportse partagent les principales villesde province :b Keolis. Cette filialede la SNCF exploiteles réseaux de 85 agglomérations,dont Lyon, Lille, Tours, Rennes.b Connex. Filiale de Vivendi, lasociété exploite 20 % des réseauxgérés par un adhérent de l’Union

des transports publics (UTP),dont Bordeaux, Nancy, Rouenet Toulon.b Transdev. Appartenantà la Caisse des dépôts, la sociétéest présente dans environ 16 %des réseaux membres de l’UTP,dans des villes comme Grenoble,Nantes, Strasbourget Toulouse.

Près de 2 milliards de déplacements par an

En province, trois réseaux privésassurent l'essentiel des transportscollectifs urbains. Si à Paris,la RATP a le monopole de ce typede transport, en région, les villesdoivent lancer régulièrementdes appels d'offres pour susciterla concurrence.

Sources : Conseil économique et social/UTP

en %

PARTS DE MARCHÉ VOLUME ET STRUCTURE

ACTIVITÉS COMPARÉES

38

10

4

1316

19

200

128,1

3,1

21,9

55,4

1,9

6,2

32,2 millions

28,1 milliards

183,5 milliards

KEOLIS(EX-VIA CARIANE)

NOMBREDE RÉSEAUX

POPULATIONDESSERVIE

NOMBRE DE KMSPARCOURUS

PLACESPAR KM OFFERTES

PLACESPAR KMOFFERTES

NOMBREDE VOYAGESEFFECTUÉS

NOMBREDE KILOMÈTRESPARCOURUS

CGEA-CONNEX

TRANSDEV

AGIR

TRANSPORTSVERNEY

Autresentreprises

RÉGION PARISIENNEPROVINCE en milliards

Le patronat ne veutpas généraliserla retraite à 55 ans,qui coûterait,selon le ministèredes transports,environ 120 millionsde francs par an

E N T R E P R I S E S

RETRAITE Pour la sixième fois enmoins de trois mois, les transportspublics devraient être très perturbésen province, mardi 22 mai.b LES SYNDICATS revendiquent la

retraite à cinquante-cinq ans pourles conducteurs des transportsurbains. Les transporteurs routierset ceux de l’interurbain bénéficientdéjà d’une mesure semblable.

b LE GOUVERNEMENT veut éviterd’intervenir dans ce conflit. Certainsde ses conseillers reconnaissent queles revendications ne sont pas illégi-times mais que ni le gouvernement

ni le patronat ne peuvent accepterl’effet d’affichage que provoqueraitune telle mesure. b LES TRANS-PORTS URBAINS sont de plus en plusgérés par des entreprises privées

mais les subventions publiques res-tent importantes. b LA SNCF, LACAISSE DES DEPÔTS ET VIVENDI, lea-ders en France, sont aussi en compé-tition à l’étranger.

LES TRANSPORTEURS fran-çais, notamment les trois plusimportants, Connex, Keolis etTransdev, se sentent à l’étroit dansl’Hexagone. Entre eux la bataillefait rage, tant pour les réseaux detransports urbains que pour lesréseaux ferroviaires quand ceux-cisont ouverts à la concurrence. Onl’a vu récemment en Grande-Breta-gne où, par filiales interposées, laSNCF et la Caisse des dépôts sesont livrées à une sévère concurren-ce pour reprendre un réseau gérépar Connex qui ne donnait passatisfaction à l’autorité régulatrice.« Sur un marché de 170 milliards defrancs (25,9 milliards d’euros), seuls30 milliards de francs sont à la dispo-sition des opérateurs, explique Antoi-ne Frérot, directeur général de Con-nex. « Connex et Keolis ont des activi-tés qui représentent respectivement

6,5 milliards et 6 milliards de francs,soit un gros tiers du marché français.Il est vital d’aller à l’étranger. » Toustentent d’aller chercher la croissan-ce en s’attaquant au marché euro-péen qui représente environ 80 mil-liards de francs (12,20 milliardsd’euros) accessible à des opéra-teurs privés de transport public enconcession. Ce marché devraitatteindre 180 milliards de francsd’ici six ans, estime Olivier Marem-baud, président-directeur généralde Keolis.

Connex, filiale de Vivendi, multi-plie les accords hors des frontièresnationales depuis le milieu desannées 1990 : la société vient designer un contrat de 500 millionsde francs au Danemark pour desautobus et des cars et a égalementremporté, aux Pays-Bas, la gestiondes transports de la province du

Brabant pour un chiffre d’affairesde 750 millions de francs. D’autrescontrats ont été signés en Basse-Saxe ainsi qu’au Schleswig-Hols-tein en Allemagne. Connex réaliseaujourd’hui 13,8 milliards de francsde son chiffre d’affaires hors deFrance, soit 70 % de son activité.

STRATÉGIE D’EXPANSIONSon concurrent Keolis poursuit

une stratégie d’expansion similaireen Europe, où « une bonne partiedu développement du chiffre d’affai-res se fera », pronostiqueM. Marembaud. L’entreprise estnotamment présente en Grande-Bretagne où elle exploite en parte-nariat avec GO Ahead le réseau deThameslink (1,2 milliard de francs,soit 180 millions d’euros de chiffred’affaires en 2000) et en Suède parle réseau des trains de banlieue de

Stockholm. Elle a également signédes contrats en Grèce (construc-tion du métro de Thessalonique),aux Pays-Bas (réseau de Synthus),au Danemark et en Allemagne(réseaux urbains de bus et réseauxferroviaires).

Transdev a également démarréen 1996 une politique d’expansioninternationale par le rachat, à Lon-dres, de l’entreprise London Uni-ted (630 bus, 1 550 salariés). Elle arécemment obtenu la concessionde 70 kilomètres de métro à Porto(Portugal) et celle du tramway deNottingham, au Royaume-Uni, encours de réalisation. L’entrepriseréalise un volume d’affaires qui aatteint, en 2000, 5,7 milliards defrancs, dont désormais 20 % horsde France.

F. Bn

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LE MONDE / MARDI 22 MAI 2001

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20 / LE MONDE / MARDI 22 MAI 2001

L’INTERDICTION BANCAIRE, qui prive ceux qui en sont victimes dechéquier, est désormais limitée à cinq ans, contre dix ans auparavant,selon la loi sur les nouvelles régulations économiques (NRE) parue le16 mai au Journal officiel.Ce texte, qui avait été voté en première lecture près d’un an plus tôt,est rétroactif et va permettre à 940 000 personnes, toutes privées dechèques depuis cinq à dix ans, de récupérer rapidement un chéquier.D’autres mesures ont été votées en première lecture en mai à l’Assem-blée nationale dans le cadre du projet de loi portant diverses mesuresd’urgences à caractère économique et financier (MURCEF).L’une concerne les prix des services bancaires, qui ne pourront êtremodifiés sans une notification écrite de la banque trois mois avant (etnon deux mois comme le prévoyait le gouvernement). En outre, les« chèques en bois », surtout les plus modestes, devraient coûtermoins cher.

Scor pourrait acheter les activitésde réassurance de GroupamaLE GROUPE DE RÉASSURANCE français Scor a annoncé, lundi21 mai, qu’il allait conclure l’acquisition dans les prochains jours deSorema, qui regroupe les activités de réassurance du groupe françaisGroupama. L’opération, d’un montant de 344 millions d’euros, seferait par échange d’actions.Groupama recevrait en rémunération de son apport, par une émis-sion d’actions nouvelles, environ 15 % du capital de Scor et devien-drait par cette opération le premier actionnaire du groupe. La transac-tion exclurait cependant certaines activités de Sorema (notammentcelles issues des ex-filiales du GAN et de l’agence de souscription duLloyd’s). « Le portefeuille d’activité qui serait conservé par Scor aprèsl’acquisition viendrait renforcer ses positions concurrentielles sans pourautant changer de manière significative l’équilibre entre ses trois grandssecteurs d’activités : dommages, risques de personnes et spécialités »,indique Scor dans un communiqué.

La refonte des indices MSCI profiteaux Etats-Unis et au Royaume-UniMORGAN STANLEY CAPITAL INTERNATIONAL a annoncé, same-di 19 mai, la refonte complète de sa méthodologie, qui prendra effetprogressivement dans les douze prochains mois. Le capital « flottant »disponible sur le marché, et non plus la capitalisation boursière,devient la référence pour déterminer le poids de chaque société dansles indices.De plus, les indices de chaque pays seront davantage construits selonles secteurs économiques. Dans son indice mondial provisoire, lepoids des Etats-Unis est porté à 55,3 % contre 49,1 %, et celui duRoyaume-Uni passe de 9,3 % à 10,4 %.Ces modifications s’effectuent principalement au détriment du Japon(- 1,3 point), de la France (- 1,2 point) et de l’Allemagne (- 1 point).L’action Porsche entre dans l’indice allemand, alors que le titre BMWen sort. Le titre Shell fait son entrée dans l’indice britannique. Lesactions Crédit lyonnais et Commerzbank sont aussi écartées des indi-ces. Les valeurs les plus pénalisées, en France, sont Sagem, dont lepoids est réduit de 57,8 %, France Télécom (- 56,3 %), Air France(- 49 %), Thomon Multimédia (- 49 %), EADS (- 49 %), Dassault systè-mes (- 49 %). Les principaux bénéficiaires sont Lafarge dont le poidsdans l’indice français augmente de 45,8 %, Air liquide de 45,8 %),Accor de 38,5 % et Business objects de 38,5 %.

Abbott épinglé pour ses pratiquessur le marché françaisLA FILIALE FRANÇAISE du laboratoire américain Abbott a été sanc-tionnée par le Conseil de la concurrence, lundi 21 mai, pour « abus deposition dominante » dans le domaine des produits anesthésiques, aindiqué le quotidien La Tribune, lundi 21 mai. L’information a été con-firmée au Monde par le Conseil de la concurrence.Abbott France a freiné le développement sur le marché des produitsconcurrents de son anesthésique, l’Isoflurane, en équipantgratuitement les salles d’opérations françaises de cuves nécessaires auprocess.L’instruction relève que l’américain, seul à pouvoir commercialiserl’Isoflurane en 1992, occupait encore plus de 70 % du marché en 1995,après l’arrivée du génériqueur Belamont et de Pharmacia. L’entreprisequi « adaptait le niveau de prix de ses offres dans la stricte mesure de cequi lui paraissait nécessaire à l’éviction de son concurrent » a été con-damnée à verser 2 millions de francs.

Baisse programmée de la partde l’Etat dans ThalesTHALES (ex-Thomson-CSF) a programmé, lors de l’assembléegénérale de ses actionnaires du 16 mai, la baisse de la participation del’Etat, qui s’élève aujourd’hui à 33,3 %. L’une des résolutions votéeslors de cette assemblée autorise le conseil d’administration à déciderd’émettre environ 26 millions de nouvelles actions (167,7 millionsaujourd’hui) à échéance de deux à cinq ans. Il s’agit, pour le groupe,de pouvoir lancer un nouveau plan d’actionnariat pour les salariés,d’attribuer des stock-options, et d’émettre des obligations converti-bles.Si le conseil d’administration de Thales utilise la totalité de ces possibi-lités, la part de l’Etat pourrait descendre en dessous de 30 %. La distri-bution d’actions gratuites, prévue en 2001 et 2002 dans le cadre dupremier plan d’actionnariat des salariés, devrait déjà diluer sa partici-pation. L’Etat conserve cependant la golden share qui lui permetd’opposer son veto à une décision stratégique.

Bull négocie avec Steria la reprise de ses activités de services

SFR lance prudemment le nouveau téléphone mobile multimédia

LOS ANGELESde notre correspondante

Vivendi Universal, propriétairede la plus importante maison dedisques du monde, a annoncé,dimanche 20 mai, l’acquisition deMP3.com, le premier fournisseurde services musicaux sur le Web,basé à San Diego (Californie), pour372 millions de dollars (323 mil-lions d’euros) en cash et en actions.

La transaction, qualifiée d’« ami-cale », confirme la stratégie ambi-tieuse du groupe français en direc-tion de l’Internet, annoncée aumoment de la fusion de Vivendi etdu groupe canadien Seagram.« MP3 représente un grand atoutpour Universal, dont l’objectif est dedevenir le principal fournisseur deservices de musique en ligne », aexpliqué Jean-Marie Messier, PDGde Vivendi Universal, tandis queMichael Robertson, PDG deMP3.com, déclarait que « cettefusion représente un tournant dansl’histoire de la musique numéri-que ».

Ironie de l’histoire, en 2000, lesdeux sociétés se sont affrontéesdevant la justice américaine :MP3.com a finalement dû verser53,4 millions de dollars à UniversalMusic, l’une des cinq grandes mai-sons de disques à accuser la société

de San Diego de reproductionillégale.

Cette opération permet à Viven-di Universal de se replacer dans lacourse que se livrent les géants dela communication dans le domainede la musique en ligne. AvecMP3.com, le groupe de M. Messierpeut rivaliser avec Bertelsmann,qui a pris le contrôle de Napster ennovembre 2000. Après la créationde la société Duet avec le japonaisSony et l’accord de distributionsigné avec le portail américainYahoo !, la dernière acquisition deVivendi Universal complète le dis-positif du groupe en vue de pren-dre « la première place dans ledomaine de la musique en ligne »,selon les termes du patron français.

Avec plus de 900 000 fichiersmusicaux disponibles sur son ser-veur, MP3 se vante de distri-buer – et désormais légale-ment – plus de 150 000 artistes, de« Madonna au petit groupe qui enre-gistre dans un garage », avec quel-ques recrues récentes de choc, com-me David Bowie, qui, en accordavec Virgin, a signé la distributionde son catalogue en novem-bre 2000. MP3 propose de la musi-que gratuite, y compris des liensavec des stations de radio, desabonnements payants variés

(50 dollars par an pour son MusicLocker, des formules mensuellesvariables pour l’accès à des chaînesde musique à la demande), et unsystème de gestion de la collectionde titres de l’internaute avec « myMP3 ». A côté de services pour lesprofessionnels de la musique, « Ins-tant Listening » permet d’écouterimmédiatement les CD achetés enligne (et livrés ultérieurement parla poste). MP3.com devrait fournirsa technologie, articulée autour dulogiciel Digital Automatic Music(DAM) à Duet, la joint-ventureentre Sony et Vivendi, qui va propo-ser un service d’abonnementpayant à la musique en ligne dèscet été.

PROCÉDURES JUDICIAIRESAvec l’acquisition de MP3, Viven-

di s’engage dans le débat américainactuel sur la propriété intellectuelleet le versement des droits d’auteur,relancé par des services commeMP3.com – qui a déjà dû réglerplus de 100 millions de dollars dedroits de reproduction et de dom-mages à l’industrie du disque – ouNapster, tenu désormais par la jus-tice américaine de filtrer les œuvresprotégées par un copyright. Enacquérant MP3, Vivendi hérite aus-si de procédures judiciaires encore

non résolues, et peut-être à venir.Début mai, un groupe de musi-

ciens-paroliers, parmi lesquels Ran-dy Newman et Tom Waits, a portéplainte contre MP3.com devant untribunal fédéral, réclamant 40,5 mil-lions de dollars, correspondant àl’utilisation de 270 chansons desplaignants qui détiennent les droitsd’édition de leurs paroles et musi-ques. En avril, MP3.com avait égale-ment été condamné à verser300 000 dollars de droits de repro-duction à l’éditeur Tee Vee ToonsRecords.

Le modèle économique deMP3.com, qui émerge à peine deses déboires judiciaires, est encoreflou, même si les pertes du premiertrimestre, annoncées fin avril(2,2 millions de dollars, contre8,4 millions pour la période équiva-lente de 2000), ont agréablementsurpris les analystes. Vivendi Uni-versal, qui « ne procédera à aucuneémission d’actions nouvelles et utilise-ra l’autocontrôle pour rémunérer lesactionnaires de MP3.com », escomp-te que sa nouvelle acquisitionreviendra à l’équilibre avant la fin2001.

Claudine Mulard

SFR va donner, en juin, le coupd’envoi d’une nouvelle étape de l’In-ternet mobile. La filiale de VivendiUniversal commercialisera alors lespremiers téléphones mobiles GPRSqui offriront aux abonnés un accèsplus rapide aux services multimé-dias, accompagné d’un nouveaumode de facturation. Cette évolu-tion de la téléphonie mobile est trèsattendue, car de son succès auprèsdes consommateurs dépend engrande partie la réussite de la généra-tion suivante, l’UMTS, véritable parifinancier pour les opérateurseuropéens.

Cette fois, les opérateurs n’ontpas le droit à l’erreur. Vivendi Uni-versal en sait quelque chose. En2000, la société dirigée par Jean-Marie Messier a lancé de façon ron-

flante, son portail multi-accès àInternet Vizzavi avec la commerciali-sation des téléphones mobiles WAP.Mais les clients ont boudé cette pre-mière version de l’Internet mobile.Connexions aux services trop lentes,interruptions intempestives, écrandu mobile trop petit, les consomma-teurs à qui les opérateurs et les fabri-cants avaient survendu la technolo-gie n’ont pas été au rendez-vous.

PROBLÈMES DE COMPATIBILITÉAvec la technologie GPRS, Jean-

Marie Messier est bien décidé àredonner corps à Vizzavi. L’enjeuest d’autant plus important, que ceportail créé en partenariat avec lenuméro un mondial de la télépho-nie mobile, le britannique Vodafo-ne, actionnaire de SFR, a été présen-

té comme un élément central de lastratégie de Vivendi Universal.

Mais le GPRS n’est pas une siné-cure. Annoncée depuis plus d’unan, cette technologie, qui assure latransmission des données parpaquets sur les réseaux de télépho-nie mobile GSM, a donné du fil àretordre aux opérateurs. SFR a dûmodifier, par exemple, l’ensemblede son réseau d’antennes en Fran-ce. Il a fallu revoir également lemode de facturation, car avec leGPRS, les services ne sont plus fac-turés à la durée de communicationmais au volume d’informations. Etenfin il a fallu aussi attendre, queles industriels résolvent les problè-mes de compatibilité entre les télé-phones et les réseaux.

SFR a donc souhaité faire preu-

ve de prudence. Le lancement duGPRS se fera par étapes. En juin,l’opérateur s’adressera d’abord àses propres clients professionnelsqui possèdent un Palm, soit envi-ron 500 000 clients potentiels. Ilspourront avec le téléphone GPRSMotorola et une offre forfaitairetransformer leur Palm en un outilcommuniquant. Deuxième étape,en septembre, avec la commerciali-sation de services WAP et GPRSauprès de l’ensemble de la clientè-le professionnelle. Le grand publicattendra pour sa part 2002 pour seconnecter à 20 ou 30 kbit/secondeà l’Internet mobile.

Laurence Girard

Le goupe Vivendi Universal, propriétaire de laplus importante maison de disques du monde, aannoncé, dimanche 20 mai, l’acquisition, pour

372 millions de dollars, de MP3.com, le premierfournisseur de services musicaux sur le Web. Cet-te opération devrait lui permettre de jouer les

premiers rôles dans la bataille que se livrent lesgéants de la communication, dans ce domaine.Bertelsmann, lui, a mis la main sur Napster.

f www.lemonde.fr/umts

LE GROUPE d’informatique fran-çais Bull a annoncé, lundi 21 mai,être en négociation exclusive avecla société Steria pour la reprise deses activités de services Integris.

L’accord en cours de discussioncomprend deux volets. D’une part,la reprise des activités européen-nes d’Integris, en dehors de la Fran-ce, par Steria. D’autre part, la ven-te d’une part majoritaire du capitalde la filiale française d’Integris, parle biais d’un montage financierconstitué par un groupe d’investis-seurs, Caravelle et Axa PrivateEquity, associé à Steria et au mana-gement de Bull.

Selon Steria, « la transaction con-duirait Bull à détenir environ 15 %du capital du groupe Steria ». Cettedouble opération valorise Integrisà environ 300 millions d’euros.

PROCESSUS DE DÉMANTÈLEMENTCette annonce accélère le pro-

cessus de démantèlement du grou-pe informatique engagé par sonPDG, Guy de Panafieu. A l’issued’une année noire, où Bull a affi-ché une perte de 1,6 milliard defrancs (244 millions d’euros), sonPDG avait annoncé en novem-bre 2000, le énième plan de restruc-turation du groupe, l’idée étant de

recentrer Bull autour de deuxpôles, l’un lié aux services et bapti-sé Integris, et l’autre lié aux ser-veurs.

Ces deux entités, une fois filiali-sées, devaient s’adosser chacune àun partenaire financier. Une res-tructuration qui s’est accompa-gnée d’une cession d’actifs pourfaire face aux échéances financiè-res et d’un plan de réduction d’ef-fectifs de 1 800 emplois. En mars,Guy de Panafieu soulignait encoreque « Bull entend rester majoritairedans les serveurs et les services ».

Finalement, Steria s’arroge avecses partenaires le contrôle d’Inte-

gris. Cette société de services a réa-lisé un chiffre d’affaires de 1,7 mil-liard d’euros en 2000 mais affichedes pertes.

La valorisation de 300 millionsd’euros retenus pour cette entitéest à comparer aux 350 millionsd’euros que Schlumberger avaitverser à Bull en février pour acqué-rir son activité de cartes à pucesCP8. Or, Bull CP8, considéré com-me une des perles du groupe infor-matique, ne pesait que 130 mil-lions d’euros, soit 5 % de son chif-fre d’affaires.

L. Gi.

Réduction de la duréede l’interdiction bancaire

E N T R E P R I S E S

Vivendi Universal acquiert MP3.compour mener la bataille de la musique en ligne

Le groupe de Jean-Marie Messier riposte à l’alliance conclue entre Bertelsmann et le site Napster

f www.lemonde.fr/vivendi-universal

Page 20: New e 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINE MARDI 22 MAI … · 2018. 3. 26. · 57e annÉe – nº 17518 – 7,50 f - 1,14 euro france mÉtropolitaine mardi 22 mai 2001 fondateur

M6 engage un combat de longue haleine contre TF1A partir du 21 mai, la chaîne programme « Loft Story » sur un nouveau créneau horaire, face au « Bigdil » de sa grande concurrente.

Un choix qui traduit son ambition de devenir une télévision réellement généraliste et de drainer un public de plus en plus largeLA BATAILLE a commencé

entre TF1 et M6. « Loft Story »numéro un de l’audimat depuis unmois, s’attaque depuis lundi 21 maià 19 heures au « Bigdil » de TF1,après avoir été lancé à 18 h 15. Leconflit entre les deux chaînes pri-vées ne sera pas une Blitzkrieg maisune guerre de positions. Avec cettecompétition frontale, M6 a choiside s’en prendre « au socle del’audience de la soirée de TF1 »,comme le définit Patrick Le Lay,PDG de la Une. Pourtant, M6 n’es-père pas égaler l’audience de TF1.Son premier objectif est de devan-cer la Une sur cette seule tranchehoraire. L’autre ambition assignéeà « Loft Story » est de servir de pro-duit d’appel pour tous les program-mes de M6. A en croire un anima-teur-producteur, cette double mis-

sion est déjà un succès : « Mainte-nant que le public a pris l’habituded’aller sur M6 et de découvrir ses pro-grammes, il reviendra sur la chaîneaprès “Loft Story” ».

Pour Nicolas de Tavernost, prési-dent du directoire de M6, « “LoftStory” a donné un effet de chaîne ».Grâce à ce jeu, l’audience de M6 estpassée de 13,2 % de parts d’audien-ce (PDA) à 16,5 %. Un gain dû,selon lui, « pour les deux tiers à“Loft Story” et pour un tiers auxautres programmes ». Cette ambi-tion de M6 paraît avoir été prépa-rée de longue date, sans attendre lamontée en puissance deRTL Group (groupe Bertelsmann)dans son capital, en février. Faussemodestie ou véritable prudence ?Les dirigeants de M6 continuent àaffirmer que le succès de « Loft Sto-

ry » ne les conduira pas à modifierradicalement le format de M6. Al’instar de Jean Drucker, présidentdu conseil de surveillance de la chaî-ne, ils ne veulent pas déroger « à laconstruction patiente » démarrée aulancement de M6 en 1987. ThomasValentin, directeur des program-mes, rappelle que la chaîne a com-mencé à enrichir les programmesdepuis plusieurs années, notam-ment avec la série « Combat defemme », diffusé depuis 1995. Tou-tefois, il admet que « l’antenne deM6 a beaucoup évolué depuis deuxans » avec la promotion de Nicolasde Tavernost, en avril 2000, anciendirecteur général, qui a écorné sasolide réputation d’économe pourinvestir davantage : + 12 % en 2000et +10 % en 2001. En revanche, TF1reste leader sur l’informationmême si en ce domaine, « M6 est ladeuxième chaîne la plus regardéepar les moins de cinquante ans »,selon M. Valentin.

UNE AUDIENCE TRÈS FAMILIALEToutefois, l’arrivée de « Loft Sto-

ry » en face du « Bigdil » va mar-quer un tournant dans la lutteentre TF1 et M6. La tranche horai-re 19 heures-20 heures est en effetcruciale pour l’audience de la soi-rée. Jusqu’à présent, l’émission pré-sentée par Lagaf sur TF1 dominaitlargement, avec une part de mar-ché moyenne de 36 % auprès desplus de 15 ans, contre 20 % à lasérie américaine « Buffy contre lesvampires » programmée par M6.

La montée en puissance de la Sixsur ce créneau stratégique serait« extrêmement dangereuse » pourTF1, estime un spécialiste qui notequ’une émission comme « LoftStory », qui atteint 80 % de partsd’audience sur les 15-24 ans, nepeut qu’être dévastatrice pour laconcurrence.

Mais le carrefour de l’avant-soi-rée est une tranche particulière.« Il s’agit d’une audience très fami-liale qui rassemble toutes les généra-tions », précise Denis Delmas,directeur général de la centraled’achat MPG. Or, la compositionde son public est peut-être lameilleure protection de TF1.

« Quand on connaît la réticence desparents face à cette émission etcompte tenu du fait qu’une majoritéde foyers n’est encore équipée qued’un seul poste de télévision, il n’estpas du tout sûr que “Loft Story” élar-gisse son audience au-delà des jeu-nes », analyse Jean-François Olive,directeur général de Zenith Media.Mais, en cas de succès, la Une pour-rait avoir du mal à réagir. « TF1 aun public trop conservateur pourrépliquer à M6 sur le même registreque “Loft Story” », précise un spé-cialiste des programmes. Selon lui,« Survivor », prévu en juillet sur laUne, « est très différent du jeu deM6 car il ne sera pas en direct ».

Les investisseurs risquent de nepas apprécier « une surenchèrefinancière sur les programmes »,prévient Edouard Tétreau, analys-te au Crédit Lyonnais SecuritiesEurope, notamment à cause duralentissement des investisse-ments publicitaires. La télévisionallemande Pro Sieben, qui avaitadopté le même type de démarchede M6 pour rattraper la chaîne lea-der, RTL, a été sanctionnée par laBourse. Pour atteindre ses objec-tifs, Pro Sieben avait augmenté lecoût de sa grille de 4 %.

Guy Dutheil etFrédéric Roy

Le ministre de l’économie, Laurent Fabius, interrogé au Grand JuryRTL-Le Monde dimanche 20 mai (lire page 16), s’est déclaré « intéressé »par les personnages de « Loft Story », tout en invitant à « réfléchir »sur l’évolution de la « télévision-réalité ». « L’étape suivante, on la con-naît, parce qu’elle existe dans d’autres pays, a affirmé M. Fabius. C’est desobèses qu’on met en scène et auxquels on interdit de manger quoi que soit,des gens qu’on traite avec un régime quasiment militaro-policier, unesexualité tout à fait différente. »

Le ministre de l’éducation nationale, Jack Lang, a regretté, sur Fran-ce 3, que le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) soit « aux abonnésabsents ». Il faudrait que « le CSA, qui est nommé pour cela, se décideenfin à exercer une magistrature intellectuelle sur ce sujet ». CatherineTasca, ministre de la culture et de la communication, a jugé sur Euro-pe 1 que « Loft Story » « est une marchandisation d’essence néo-libéralede l’individu » et qu’« à l’évidence il faut renforcer les groupes publics ».

Un syndicat de l’ANPE dénonceles conditions de recrutement des candidats

Le choc frontal entre les deux groupespourrait peser sur leur rentabilité

Réactions gouvernementales

SIX MOIS avant la diffusion de « Loft Story », leconcept de l’émission diffusée par M6 suscitait une pre-mière polémique parmi les employés de l’ANPE. Dansun tract fustigeant « les offres d’emploi scandaleuses enIle-de-France », le syndicat SNU de l’ANPE dénonçait,dès le 30 novembre 2000, les conditions dans lesquellesune société de production cherchait des candidats« pour une nouvelle émission de télévision ».

Le tract reproduisait deux offres, diffusées la veillepar l’antenne spectacle de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine). La première s’adressait à des « jeunes hommes,25/35 ans, de type européen, physiquement très sédui-sants, charme, humour et sensibilité, aptes à vivredix jours dans un appartement sans sortir avec sept per-sonnes pour séduire une très jolie jeune fille ». La secondeoffre, proposée simultanément par la même société, fai-sait appel à une « très jolie jeune femme de 25/35 ans,célibataire, de type européen, drôle », elle aussi « apte àvivre dix jours dans un appartement sans sortir avec septpersonnes » pour des « jeux de la séduction ». Selon ladirectrice de l’agence, Annie Parlebas, l’entreprise, spé-cialisée dans la production de programmes télévisés,travaillait alors sur « un nouveau concept télé pour M6 ».

« RÔLE EUROPÉEN »Dès le lendemain, le SNU-ANPE réclamait, dans un

tract, le retrait immédiat de ces annonces « à caractèrediscriminatoire, sexiste et raciste ». Le code du travailinterdit en effet toute référence à l’âge, au sexe, à l’appa-rence physique et a fortiori à la couleur de peau dans lesoffres d’emploi, autant de critères qui « ne sont pas dis-criminants lorsque les annonces s’adressent à des intermit-tents du spectacle, dans le cadre d’un casting », plaide ladirectrice de l’agence.

Les deux annonces ont été aussitôt retirées, avantd’être à nouveau diffusées quinze jours plus tard, légère-ment modifiées. La mention « jeux de la séduction »avait ainsi disparu de la nouvelle formulation danslaquelle la jeune fille recherchée n’avait plus besoind’être « célibataire ». Quant au critère du « type euro-péen », il était remplacé, dans les nouvelles versions,par celui de « rôle européen ». Pour Claude de Monner,conseillère de l’ANPE dans une agence parisienne spé-cialisée dans le spectacle et la culture, « ces offres àcaractère franchement discriminatoire dépassent le cadrede la figuration », pour lequel « il existe quand même deslimites à ne pas dépasser ». « Le recrutement de figurantsnoirs ferait-il baisser l’Audimat ? », s’interroge de soncôté Christophe Moreau, responsable départementaldu SNU dans les Hauts-de-Seine et auteur du premiertract, récemment réimprimé sous le titre « l’offre story ».

Le directeur de l’ANPE d’Ile-de-France, Charles Haas,ne voit quant à lui « rien de discriminatoire » dans cesdeux annonces reçues par fax d’une entreprise « qui tra-vaille pour M6 et a pignon sur rue ». Si les offres ont étéréécrites, explique-t-il, c’est « pour informer au maxi-mum les personnes qui s’y intéressaient » en y apportantdes « précisions », comme le fait, notamment, qu’elless’adressaient à des intermittents du spectacle, ce quin’était pas mentionné dans les premières versions. Plu-sieurs personnes, assure enfin M. Haas, ont été présen-tées par l’agence à la société de production. Le directeurrégional ignore en revanche combien d’entre elles ontété retenues pour expérimenter ce « nouveau concept »,annonçant avec une grande précision les grandes lignesde « Loft Story ».

Alexandre Garcia

DEPUIS un mois, l’action M6 aprogressé de 23 % de plus que cellede sa concurrente TF1. Cette envo-lée s’explique par l’explosion del’audience et des recettes publicitai-res de « la petite chaîne qui monte »,à la suite de la programmation de« Loft Story », estime Charles-Hen-ry de Mortemart, analyste chargédes médias chez ODB Equities. Elleprovient aussi de la publication deperformances publicitaires meilleu-res, au premier trimestre, pour M6(+ 5,8 %) que pour TF1 (+ 1,6 %).

L’effet « Loft Story » pourraitnéanmoins s’essouffler cet été,jugent les spécialistes des médiasdes bureaux d’analyse financière.« “Loft Story” va avoir un très fortimpact sur les résultats de M6 audeuxième trimestre, avec une crois-sance de la publicité située entre 10et 20 %. Par contre, je suis sceptiquepour le reste de l’année », prévientM. de Mortemart.

« L’effet “Loft Story” va être ponc-tuel, même si sa visibilité est positivepour M6. L’expérience des pays étran-gers montre que les deuxième et troi-sième éditions de ces émissions s’es-soufflent progressivement », renché-rit Christophe Cherblanc, analystefinancier spécialiste des médiaschez SG Securities.

La tentative de transformation deM6 en une chaîne généraliste,même si elle a d’abord été saluéepar les marchés, laisse planer desincertitudes à long terme sur sa ren-tabilité. « Si M6 veut passer à uneaudience significative, elle doit égale-ment programmer plus de fictionsfrançaises, du football, etc., en plusd’émissions locomotives du type “LoftStory”. Ce processus passe par uneinflation du coût des programmes,qui devrait augmenter de 10 % cetteannée. La phase d’investissementdans la grille, qui peut durer deuxans, va stabiliser, voire réduire, lamarge de M6 », conclut M. Cher-blanc.

UNE CROISSANCE SUPÉRIEURELes analystes ne s’inquiètent guè-

re pour TF1, à plus long terme. « Lemois de mai a été très difficile pour laUne, avec probablement une croissan-ce négative des recettes publicitaires,compte tenu de l’effet “Loft Story”. Enjuin, les chiffres de TF1 se compare-ront avec ceux de l’année dernière,qui étaient exceptionnellement bons,compte tenu de la Coupe d’Europe.Néanmoins, sur l’ensemble de l’an-née, la croissance des résultats de TF1devrait s’avérer supérieure à celle deM6, car TF1 va serrer les coûts de sa

grille de programmes, qui ne progres-seront que de 2 à 3 %. Le coût de lagrille de M6 va progresser, lui, de plusde 10 % », résume M. de Mor-temart.

Les deux chaînes privéesdevraient, de toute façon, resterextrêmement rentables. Le résultatd’exploitation du groupe M6 – ycompris ses diversifications dans lesatellite avec TPS, ou des chaînescomme Teva – s’élevait à 29 % en2000. La « marge brute de la grilledes programmes » de M6,c’est-à-dire la différence entre lesrecettes publicitaires et le coût desprogrammes, atteignait 40 %. Pourla Une, le résultat d’exploitation glo-bal a atteint 18,6 %, en incluant desinvestissements de diversificationplus importants (musique, LCI, télé-shopping).

La marge brute de la grille des pro-grammes s’établit néanmoins à35 %. « M6 ne précise pas le coût de“Loft Story”, aussi on ne saura jamaisla rentabilité de l’émission elle-même.Malgré son audience, celle-ci est peut-être inférieure aux 29 % de rentabilitéopérationnelle de M6 », estime Chris-tophe Cherblanc. Le prix à payerpour avoir une meilleure notoriété.

Adrien de Tricornot

La Une conserve une longueur d'avance

en millions d'eurosCHIFFRE D'AFFAIRES

en millions d'eurosRÉSULTAT NET NOMBRE DE SALARIÉS

en millions d'euros en %COÛT DES PROGRAMMES

TF1 M6

NOMBRE D'HEURES CONSA-CRÉES À L'INFORMATION

PARTS DE MARCHÉPUBLICITAIRE

2 270,3

742,5

TF1 M6

741,2

187

TF1 M6

250,3

103,5 13,216,5

en pourcentagePART D'AUDIENCE

TF1 M6

932,33

348,22*

TF1 M6

53,8

21,4

TF1 M6

2 500dont 200journalistes

dont 180journalistes

900

2000 2001**

33

31

,6

Compte tenu du faiblecoût de sa grille deprogrammes, la renta-bilité de M6 approche14 %, alors que cellede TF1 est limitée à11 %.

C O M M U N I C A T I O N21

LE MONDE / MARDI 22 MAI 2001

Page 21: New e 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINE MARDI 22 MAI … · 2018. 3. 26. · 57e annÉe – nº 17518 – 7,50 f - 1,14 euro france mÉtropolitaine mardi 22 mai 2001 fondateur

22 / LE MONDE / MARDI 22 MAI 2001

Cotations, graphiques et indices en tempsreel sur le site Web du « Monde ».www.lemonde.fr/bourse

ASIE - PACIFIQUE

Indices cours Var. % Var. %Zone Asie 9 h 57 f selection 21/05 18/05 31/12

TOKYO NIKKEI 225 14176,83 2,15 2,84

HONGKONG HANG SENG 13721,27 1,95 – 9,10

SINGAPOUR STRAITS TIMES 1664,87 0,13 – 13,60

SEOUL COMPOSITE INDEX 77,51 3 22,35

SYDNEY ALL ORDINARIES 3369,20 0,88 6,80

BANGKOK SET 20,34 – 0,93 9,18

BOMBAY SENSITIVE INDEX 3655,10 .... – 7,98

WELLINGTON NZSE-40 2087,57 0,01 9,78

13721,27

HONGKONG Hang Seng

15351

14693

14036

13378

12721

12063[ [ [

21 F. 3 A. 21 M.

14176,83

TOKYO Nikkei

14529

13987

13445

12903

12361

11819[ [ [

21 F. 3 A. 21 M.

108,01

EURO / YEN

112,8

111,3

109,8

108,3

106,8

105,4[ [ [

21 F. 4 A. 21 M.

AMERIQUES

Indices cours Var. % Var. %Amerique 9 h 57 f selection 18/05 17/05 31/12

ETATS-UNIS DOW JONES 11301,74 0,47 4,77

ETATS-UNIS S&P 500 1291,96 0,27 – 2,14

ETATS-UNIS NASDAQ COMPOSITE 2198,88 0,24 – 11

TORONTO TSE INDEX 8270,55 0,51 – 7,42

SAO PAULO BOVESPA 14884,06 .... – 2,46

MEXICO BOLSA 366,77 2,17 16,07

BUENOS AIRES MERVAL 428,05 – 1 2,71

SANTIAGO IPSA GENERAL 107,53 0,89 12,01

CARACAS CAPITAL GENERAL 7664,82 0,39 12,30

0,876

EURO / DOLLAR

0,933

0,921

0,909

0,897

0,885

0,873[ [ [

21 F. 4 A. 21 M.

11301,74

NEW YORK Dow Jones

11301

10919

10536

10154

9771

9389[ [ [

21 F. 3 A. 18 M.

2198,88

NEW YORK Nasdaq

2318

2182

2046

1910

1774

1638[ [ [

21 F. 3 A. 18 M.

EUROPE

Indices cours Var. % Var. %Europe 9 h 57 f selection 21/05 18/05 31/12

EUROPE EURO STOXX 50 4537,73 – 0,19 – 4,92

EUROPE STOXX 50 4344,71 0,51 – 4,66

EUROPE EURO STOXX 324 374,79 – 0,26 – 4,34

EUROPE STOXX 653 347,13 0,30 – 3,52

PARIS CAC 40 5600,61 – 0,67 – 5,50

PARIS MIDCAC .... .... ....

PARIS SBF 120 3823,23 – 0,56 – 4,95

PARIS SBF 250 .... .... ....

PARIS SECOND MARCHE .... .... ....

AMSTERDAM AEX 598,13 – 0,32 – 6,19

BRUXELLES BEL 20 2798,97 0,18 – 7,46

FRANCFORT DAX 30 6153,21 – 0,54 – 4,36

LONDRES FTSE 100 5966,80 0,88 – 4,11

MADRID STOCK EXCHANGE 9688,10 – 0,41 6,35

MILAN MIBTEL 30 39284,00 – 1,32 – 10,14

ZURICH SPI 7631 – 0,36 – 6,20

5966,80

LONDRES FT100

6012

5872

5733

5593

5454

5314[ [ [

21 F. 4 A. 21 M.

5600,61

PARIS CAC 40

5640

5476

5313

5150

4987

4824[ [ [

21 F. 4 A. 21 M.

6153,21

FRANCFORT DAX 30

6395

6195

5995

5796

5596

5396[ [ [

21 F. 4 A. 21 M.

Taux d’interet (%)Taux Taux Taux TauxTaux 18/05 f j. j. 3 mois 10 ans 30 ans

FRANCE ......... 4,56 4,48 5,21 5,73ALLEMAGNE .. 4,51 4,54 5,05 5,63GDE-BRETAG. 5,25 5,11 5,12 4,74ITALIE ............ 4,51 4,48 5,45 6,03JAPON ........... 0,05 0,01 1,25 2,22ETATS-UNIS... 3,97 3,62 5,41 5,77SUISSE ........... 3,10 3,09 3,45 4,19PAYS-BAS....... 4,46 4,48 5,24 5,69

Taux de change fixe zone EuroEuro contre f Taux contre franc f Taux

FRANC ......................... 6,55957 EURO ........................... 0,15245DEUTSCHEMARK ......... 1,95583 DEUTSCHEMARK ......... 3,35385LIRE ITALIENNE (1000) . 1,93627 LIRE ITAL. (1000) .......... 3,38774PESETA ESPAG. (100) .... 1,66386 PESETA ESPAG. (100) .... 3,94238ESCUDO PORT. (100) .... 2,00482 ESCUDO PORT. (100) .... 3,27190SCHILLING AUTR. (10) . 1,37603 SCHILLING AUTR. (10).. 4,76703PUNT IRLANDAISE....... 0,78756 PUNT IRLANDAISE....... 8,32894FLORIN NEERLANDAIS 2,20371 FLORIN NEERLANDAIS 2,97660FRANC BELGE (10) ....... 4,03399 FRANC BELGE (10) ....... 1,62607MARKKA FINLAND. ...... 5,94573 MARKKA FINLAND. ...... 1,10324DRACHME GREC. (100). 3,40750 DRACHME CREC. (100). 1,92503

Matieres premieresCours Var. %En dollars f 18/05 17/05

METAUX (LONDRES) $/TONNECUIVRE 3 MOIS.............. 1746 + 1,10ALUMINIUM 3 MOIS...... 1556 + 0,19PLOMB 3 MOIS .............. 489 – 0,41ETAIN 3 MOIS................ 5005 – 0,10ZINC 3 MOIS.................. 969,50 + 0,26NICKEL 3 MOIS.............. 7300 + 0,55

METAUX (NEW YORK) $/ONCEARGENT A TERME ......... 4,49 + 0,90PLATINE A TERME ......... 160667,00 ....

GRAINES DENREES $/BOISSEAUBLE (CHICAGO).............. 270,25 – 0,55MAIS (CHICAGO) ........... 198,25 – 0,75SOJA TOURTEAU (CHG.) 163 – 0,37

SOFTS $/TONNECACAO (NEW YORK) ...... 1103 + 3,37CAFE (LONDRES) ........... .... ....SUCRE BL. (LONDRES)... .... ....

OrCours Var %En euros f 18/05 17/05

OR FIN KILO BARRE ...... 10000 + 0,50OR FIN LINGOT............. 9960 + 0,61ONCE D’OR (LO) $ ......... 266,40 ....PIECE FRANCE 20 F ....... 56,50 + 0,53PIECE SUISSE 20 F ......... 56,50 + 0,36PIECE UNION LAT. 20 .... 56,30 + 0,54PIECE 10 DOLLARS US ... 185,75 ....PIECE 20 DOLLARS US ... 361,75 ....PIECE 50 PESOS MEX. .... 367 + 0,96

MatifVolume dernier premierCours 9 h 57 f 21/05 prix prix

Notionnel 5,5DECEMBRE 2001 14015 87,92 87,95

Euribor 3 moisJANVIER 2001 .... NC NC NC

PetroleCours Var. %En dollars f 18/05 17/05

BRENT (LONDRES) ........ 29,39 ....WTI (NEW YORK) ........... 0,31 + 0,79LIGHT SWEET CRUDE.... 29,90 ....

Cours de change croisesCours Cours Cours Cours Cours Cours

21/05 9 h 57 f DOLLAR YEN(100) EURO FRANC LIVRE FR. S.DOLLAR ................. ..... 0,81146 0,87665 0,13361 1,43730 0,57172

YEN ....................... 123,23500 ..... 108,01500 16,46500 177,13000 70,46500

EURO..................... 1,14071 0,92580 ..... 0,15245 1,64020 0,65235

FRANC................... 7,48465 6,07310 6,55957 ..... 10,75720 4,27940

LIVRE ..................... 0,69575 0,56455 0,60965 0,09295 ..... 0,39780

FRANC SUISSE ....... 1,74910 1,41920 1,53290 0,23365 2,51375 .....

TABLEAU DE BORD

Hors zone EuroEuro contre f 18/05

COURONNE DANOISE. 7,4609COUR. NORVEGIENNE 7,9605COUR. SUEDOISE ........ 9,0120COURONNE TCHEQUE 34,3540DOLLAR AUSTRALIEN . 1,6687DOLLAR CANADIEN .... 1,3486DOLLAR HONGKONG . 6,8459DOLLAR NEO-ZELAND 2,0594FORINT HONGROIS ....257,9500LEU ROUMAIN.............25020ZLOTY POLONAIS ........ 3,4847

La Banquedu Japonreste pessimisteLA BANQUE du Japon (BoJ) main-tient son diagnostic sur l’état del’économie nippone. Dans sonrapport mensuel, publié lundi21 mai, la BoJ indique que, selonelle, le contexte général a peu évo-lué en mai par rapport à avril. « Laphase d’ajustement de l’activité éco-nomique se poursuit avec la contrac-tion de la production, reflétant labaisse des exportations », a indiquéle rapport. La production indus-trielle « se replie nettement, en rai-son notamment de l’importance desstocks de pièces électroniques etd’autres composants », a-t-ilajouté. Les exportations, seul sou-tien de l’économie nippone ces der-niers mois, commencent aussi àmarquer le pas. A la suite du ralen-tissement de l’économie américai-ne, les conditions d’exportation sesont détériorées. En avril, l’excé-dent commercial affiche une chutede 41,6 % par rapport à la mêmepériode de 2000, à 665,9 milliardsde yens (6,1 milliards d’euros),selon les statistiques publiées, lun-di, par le ministère des finances.

a SINGAPOUR : le pays a enre-gistré un net ralentissement desa croissance (– 11 %) au premiertrimestre par rapport au dernier tri-mestre 2000 (+ 4,5 % en glissementannuel), a annoncé, vendredi18 mai, le ministère du commerce.Singapour évoque un risque de« récession technique » à court ter-me. L’économie locale est très tou-chée par le ralentissement améri-cain.

a ZONE EURO : la productionindustrielle de la zone euro areculé de 0,2 % en mars par rap-port à février, selon les estimationspubliées vendredi 18 mai par Euros-tat. Les biens intermédiaires ontété les plus touchés (– 0,4 %) , alorsque les biens d’investissement etles biens de consommation dura-bles ont augmenté de 0,5 %chacun.

a ALLEMAGNE : les commandesà l’industrie en mars ont baisséde 3 % en volume, selon les statisti-ques définitives publiées vendredipar la Bundesbank. Ces chiffres,très en recul par rapport auxprévisions, font craindre unemenace de récession dans lesecteur manufacturier au cours del’année.

a ITALIE : les commandes àl’industrie italienne ont diminuéde 5,4 % en mars 2001 par rapportà mars 2000, tandis que le chiffre

d’affaires de l’industrie a, au con-traire, augmenté de 3,1 % sur lamême période, a annoncé, lundi21 mai, l’Institut national de la sta-tistique italien (Istat).a L’emploi dans les grandesentreprises industrielles italien-nes de plus de 500 salariés a reculéde 2 % en février 2001 par rapportau même mois de 2000, selon leschiffres bruts publiés vendredi parl’Istat.

a EUROPE : l’Union européenneva verser à l’Allemagne 370 mil-lions de marks (189,1 millionsd’euros) de plus que prévu cetteannée, a déclaré lundi le commis-saire européen chargé du budget,Michaele Schreyer. Au total, l’Alle-magne recevrait 4,47 milliards demarks de l’UE en 2001.a La Commission européenne adécidé vendredi de déférer cinqpays, dont la France, devant laCour européenne de justice pournon-transposition dans leur droitnational de la directive sur les grou-pes d’assurance.a La Hongrie, la Slovénie, l’Esto-nie et Chypre sont les pays quisont en situation d’entrer prochai-nement dans l’Union européenne,a estimé, dimanche, Pierre Mosco-vici, ministre des affaires européen-nes, sur RMC. Le cas de la Pologneest plus problématique. Selon leministre, le pays doit entreprendredes « réformes extrêmement fortes »pour figurer parmi les premiersadhérents.

a ETATS-UNIS : le secrétaireaméricain au Trésor, Paul0’Neill, s’est déclaré partisan d’uneréforme en profondeur du systèmefiscal américain, dans un entretienau Financial Times du 19-20 mai.Parmi les pistes envisagées,M. 0’Neill évoque la possibilité desupprimer l’impôt sur les bénéficesdes sociétés.

a ONU : la troisième conférencede l’ONU sur les pays les pluspauvres a adopté, dimanche20 mai, un catalogue « d’engage-ments » destinés à réduire la mi-sère (lire aussi page 4). Aucunemesure concrète et immédiate n’aété prise. Les pays les moins avan-cés attendaient un geste sur l’annu-lation de leurs dettes qui s’élèventà 150 milliards de dollars (170,5 mil-liards d’euros) et sur l’ouverturedes marchés à leurs produits.

a PÉTROLE : les cours du brutont nettement progressé vendre-di sur le marché à terme de NewYork et atteint 29,91 dollars lebaril, à la suite de rumeurs de fer-meture d’une raffinerie américai-ne. De son côté, le ministre iraniendu pétrole a exclu dimanche touteaugmentation de la production debrut de l’OPEP au mois de juin.

MARDI 22 MAI

a FRANCE : assemblée généraledes salariés de Air Liberté pour lecompte rendu du comité d’entre-prise de la veille.aJournée de grève dans les trans-ports publics en province pour laretraite à 55 ans.aIndice de la consommation desménages en produits manufac-turés.aBRUXELLES : réunion des minis-tres européens de l’agriculture.aSUÈDE : signature de la con-vention internationale sur lespolluants organiques persistants.

MERCREDI 23 MAI

aFRANCE : indice mensuel desprix à la consommation.a Réunion du conseil des gouver-neurs de la Banque centrale euro-péenne.

VENDREDI 25 MAI

a JAPON : indice mensuel des prixà la consommation.

VALEUR DU JOUR

AGENDA

SUR LES MARCHÉS

Club Med ne sait plussur quel pied danserL’ACQUISITION par le premiervoyagiste européen, l’allemandPreussag, vendredi 18 mai, de 10 %du capital de New Holding for Tou-rism (NHT), holding de tourismede la famille Agnelli qui contrôle lepremier tour opérateur italien Alpi-tour, a momentanément tiré l’ac-tion Club Méditerranée de saléthargie. Deux mois après levéritable « dévissage » provoquépar l’annonce de perspectives derésultats moins bons que prévu, enmars, le titre Club Med a terminéla séance de vendredi sur une haus-se de 3,6 %, à 79,5 euros (il valaitprès de 159 euros en juin 2000).Certains analystes spéculent sur lefait que Preussag, en s’alliant avecles Agnelli, pourrait s’intéresserrapidement au Club Méditerranée,dont la puissante famille italienneest le premier actionnaire, avec20 %, via sa holding Ifil.Preussag est déjà entré, en 2000,dans le capital du voyagistefrançais Nouvelles Frontières, avecune option pour porter sa partici-pation à 34,4 % en 2002. Mais cettefois, Michael Frenzel, le présidentdu groupe allemand, a exclud’augmenter rapidement sa partici-pation dans Alpitour, parlantplutôt d’« alliance stratégique[avec les Agnelli] pour prendre piedsur le très important marché ita-lien ». Un porte-parole de Preus-sag a par ailleurs affirmé que legroupe ne s’intéressait pas au ClubMed. Du coup, la flambée de spécu-lation sur ce dernier pourrait rapi-dement retomber.

Le groupe présidé par PhilippeBourguignon se trouve plus quejamais au milieu du gué, du fait del’apparente indécision des Agnelliquant à leur propre stratégie dansle tourisme. En choisissant de setourner vers Preussag, le nouveaugéant européen, plutôt que demiser sur le Club Med comme pôlede regroupement, l’actionnaireitalien fait passer celui-ci du statutde prédateur à celui de proie. Maisil est vrai que M. Bourguignon lui-même semble plus préoccupé parla rénovation du concept du ClubMed, autour du développement dela notion de « club » – témoin, sadernière acquisition de la chaîne decentres sportifs Gymnase Club –que par la participation du groupefrançais aux grandes manœuvreseuropéennes du secteur.

Pascal Galinier

AFFAIRES

ÉCONOMIE

PARIS

LE CAC 40 était en hausse de0,29 %, lundi 21 mai, dans les pre-miers échanges, affichant5 654,71 points. Vendredi, l’indicevedette de la Bourse de Paris avaitterminé sur un gain de 0,82 %, à5 638,24 points.

FRANCFORT

RÉFÉRENCE de la place de Franc-fort, l’indice DAX était en progres-sion de 0,35 %, lundi matin, à6 208,41 points. L’indice DAXs’était apprécié de 0,21 %, vendre-di, terminant la séance à6 186,87 points.

LONDRES

COMPOSÉ des cent premièresvaleurs britanniques, l’indice Foot-sie progressait de 0,42 %, lundimatin, à 5 939,70 points. L’indiceFootsie avait terminé en hausse de0,18 %, vendredi, à 5 915,0 points.

TOKYO

LES VALEURS JAPONAISES ontcommencé la semaine sur unenote positive, les investisseursétant soulagés par la refonte desindices MSCI (lire aussi page 20),qu’ils redoutaient plus pénalisantepour la place de Tokyo. L’indicede référence Nikkei a gagné2,15 %, lundi 21 mai, à14 176,83 points. L’action dudeuxième opérateur japonais detélécoms, KDDI, a progressé de8,67 %, après l’annonce, par legroupe, d’une prévision de quadru-plement de son bénéfice net pourl’exercice en cours.

NEW YORK

LES VALEURS américaines ontterminé en légère hausse, vendre-di 18 mai, au terme d’une séanceindécise, les investisseurs tentantde parier sur une reprise de l’éco-nomie américaine malgré lesmauvais résultats que continuentà publier certaines grandes socié-tés américaines. L’indice DowJones a gagné 0,47 %, soit53,16 points, à 11 301,74 points,tandis que le Standard & Poor’s500, plus large, montait de 0,27 %,soit 3,47 points, à 1 291,96 points.L’indice des valeurs technolo-giques, le Nasdaq, s’est appréciéde 0,24 %, soit 5,20 points, pourclôturer à 2 198,88 points.

TAUX

LES MARCHÉS obligataires de lazone euro s’inscrivaient en repli,dans les premiers échanges, lundi21 mai. Le taux de rendement del’emprunt d’Etat à dix ans enFrance s’appréciait pour remonterà 5,22 %.

MONNAIES

L’EURO était stable lundi, tandisque le yen gagnait du terrain faceà la monnaie européenne et aubillet vert, les investisseurs ache-tant la monnaie japonaise après lahausse de la Bourse de Tokyo. Ladevise nipponne n’a pas été pertur-bée par les indications de laBanque du Japon (BoJ), qui alaissé, lundi, inchangé son diag-nostic sur l’état de l’économienippone. L’euro s’échangeait à0,8810 dollar et le dollar se négo-ciait à 123,05 yens.

INDUSTRIES

bROVER : le constructeurautomobile britannique aconclu avec l’allemand BMW,samedi 19 mai, un accord réglantles derniers détails financiers de lacession de la société Rover Cars.MG Rover devient aussipropriétaire de l’usine deLongbridge et recevra106,23 millions d’euros de la partde BMW.

bMOULINEX : plusieurs milliersde personnes ont défilé, samedi19 mai après-midi, dans les ruesd’Alençon (Orne) en soutien auxsalariés de Moulinex. L’usined’Alençon (1 100 salariés) faitpartie des trois sites français, avecceux de Cormelles-le-Royal(Calvados) et Lesquin (Nord),dont la direction a annoncé, finavril, la fermeture.

bENI : le groupe pétrolieritalien a annoncé, lundi 21 mai,la signature en Russie d’unaccord prévoyant l’explorationpétrolière d’une zone située dansla partie nord de la merCaspienne, à l’embouchure de laVolga.

SERVICES

b France Télécom Mobiles :SUD-PTT est arrivé en tête aux

élections des délégués dupersonnel qui se sont déroulées,jeudi 17 mai, à France TélécomMobiles (FTM) SA, la filiale deFrance Télécom, selon desrésultats provisoires parusvendredi 18 mai. Dans le premiercollège du comité d’entreprise,SUD-PTT obtient 34,7 % des voix.

b AIRBUS : l’avionneureuropéen compte convaincre lescompagnies aériennesjaponaises de lui commander desappareils cette année, pour lapremière fois depuis 1998, aindiqué Noël Forgeard, présidentd’Airbus, samedi 21 mai, lorsd’une visite à Tokyo.

bCARREFOUR : le groupe dedistribution va devoir se séparerde 12 hypermarchés et30 supermarchés en Espagne,pour des raisons de concurrence,après sa fusion avec Promodès. Lachaîne de grands magasins ElCorte Inglès a manifesté sonintérêt pour 7 hypermarchés, ledistributeur basque Eroski et lefrançais Leclerc s’intéressant auxautres magasins.

FINANCES

b BOURSE : le London StockExchange, qui gère la Bourse deLondres, devrait annoncer, jeudi24 mai, son introduction enBourse au cours de l’été,selon la presse britannique duweek-end. Le groupe seraitvalorisé environ 1,2 milliard delivres (environ 1,95 milliardsd’euros).

bCREDIT SUISSE :l’établissement bancaire suissea annoncé, lundi 21 mai, unediminution de 25 % de sonbénéfice net au cours dupremier trimestre de l’année à1,43 milliard de francs suisses (928millions d’euros), tandis que sesactifs gérés progressaientlégèrement à 1 366 milliards defrancs suisses.

RÉSULTATS

a MARIONNAUD : le distribu-teur français de parfums a réali-sé un bénéfice net de 22,3 mil-lions d’euros au terme de son exer-cice 2000, soit presque deux foisplus qu’en 1999, a -t-il annoncé,lundi 21 mai.aNISSAN DIESEL : le construc-teur japonais de camions, contrô-lé à parité par Nissan Motor et lefrançais Renault, a réalisé aucours de l’exercice clos le 31 mars2001, un bénéfice de 604 millionsde yens (5,5 millions d’euros)contre une perte de 728 millions deyens un an plus tôt.

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Action Club Méditerranée

N D J F M A M

en euros à Paris

Source : Bloomberg

2000 2001

79,5le 18 mai

F I N A N C E S E T M A R C H É S

Page 22: New e 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINE MARDI 22 MAI … · 2018. 3. 26. · 57e annÉe – nº 17518 – 7,50 f - 1,14 euro france mÉtropolitaine mardi 22 mai 2001 fondateur

LE MONDE / MARDI 22 MAI 2001 / 23

Code Cours % Var.21/05 10 h 13 f pays en euros 18/05

AUTOMOBILEAUTOLIV SDR SE 22,86 + 0,49BASF AG BE e 49,60 – 0,10BMW DE e 40,20 – 3,48CONTINENTAL AG DE e 16,35 + 0,93DAIMLERCHRYSLER DE e 56,40 – 0,88FIAT IT e 26,66 – 0,97FIAT PRIV. IT e 16,58 + 0,61MICHELIN FR e 39,50 – 1,25PEUGEOT FR e 334,80 – 0,53PIRELLI SPA IT e 3,59 – 5,03DR ING PORSCHE DE e 384 + 3,78RENAULT FR e 58,90 + 0,34VALEO FR e 50,90 – 0,68VOLKSWAGEN DE e 59,30 + 0,51f DJ E STOXX AUTO P 251,07 – 0,96

BANQUESABBEY NATIONAL GB 20,82 – 0,23ABN AMRO HOLDIN NL e 22,15 + 0,05ALL & LEICS GB 12,84 + 0,51ALLIED IRISH BA GB 22 + 1,35ALPHA BANK GR 30,82 ....B.P.SONDRIO IT e 11,40 ....B.P.VERONA E S. IT e 11,38 – 3,89BA HOLDING AG AT e 62 ....BANK OF IRELAND GB 18,01 + 0,55BANK OF PIRAEUS GR 15,44 + 6,48BANKINTER R ES e 42,21 – 1,95BARCLAYS PLC GB 34,82 ....BAYR.HYPO-U.VER DE e 58,60 – 0,93BBVA R ES e 16,17 – 1,82BCA AG.MANTOVAN IT e 10 – 1,96BCA FIDEURAM IT e 12,75 – 2,60INTESABCI IT e 4,32 – 0,23BCA LOMBARDA IT e 10,10 + 0,70BCA P.BERG.-C.V IT e 19,62 – 6,75BCA P.MILANO IT e 4,76 – 9,51B.P.EMILIA ROMA IT e 37,40 ....B.P.NOVARA IT e 7,90 – 0,63B.P.LODI IT e 11,86 + 0,08BCA ROMA IT e 4,42+ 294,64BCO POPULAR ESP ES e 39,12 – 1,21BCP R PT e 4,83 ....BIPOP CARIRE IT e 4,61 – 3,15BK OF SCOTLAND GB 13,51 + 0,48BNL IT e 3,71 – 1,59BNP PARIBAS FR e 102,40 – 0,58BSCH R ES e 11,11 – 2,20CHRISTIANIA BK NO 6,13 ....COMIT IT e 6,16 ....COMM.BANK OF GR GR 54,52 + 0,07COMMERZBANK DE e 32,15 – 1,23CREDIT LYONNAIS FR e 41,80 – 2,79DANSKE BANK DK 18,36 – 1,79DEUTSCHE BANK N DE e 92,85 – 0,32DEXIA BE e 186,60 – 0,21DNB HOLDING -A- NO 5,09 – 4,48DRESDNER BANK N DE e 50,50 – 0,20EFG EUROBK ERGA GR 17,20 – 0,23ERSTE BANK AT e 59,41 + 0,02ESPIRITO SANTO PT e 14,70 ....FOERENINGSSB A SE 13,98 – 0,79HALIFAX GROUP GB 13,36 + 0,37HSBC HLDG GB 14,44 + 1,26IKB DE e 15,95 + 0,95KBC BANCASSURAN BE e 40,31 + 2,47LLOYDS TSB GB 12,03 + 0,82MONTE PASCHI SI IT e 3,73 – 12,03NAT BANK GREECE GR 42,90 + 0,70NATEXIS BQ POP. FR e 98,70 – 0,25NORDEA SE 6,88 – 0,80ROLO BANCA 1473 IT e 18,99 – 11,26ROYAL BK SCOTL GB 27,15 + 0,97S-E-BANKEN -A- SE 11,37 ....SAN PAOLO IMI IT e 15,79 – 5,39STANDARD CHARTE GB 15,71 + 0,31STE GENERAL-A- FR e 71,65 – 1,71SV HANDBK -A- SE 17,42 + 0,64SWEDISH MATCH SE 5,30 + 2,14UBS N CH 173,72 – 0,93UNICREDITO ITAL IT e 5,20 – 3,88UNIDANMARK -A- DK 85,78 ....f DJ E STOXX BANK P 329,83 – 1,36

PRODUITS DE BASEACERALIA ES e 15,75 – 1,56ACERINOX R ES e 35,76 – 2,83ALUMINIUM GREEC GR 43 ....ANGLO AMERICAN GB 19,59 + 2,74ASSIDOMAEN AB SE 26,74 + 1,47BEKAERT BE e 38,02 + 1,17BILLITON GB 6,26 + 2,40BOEHLER-UDDEHOL AT e 44,50 + 0,11BUNZL PLC GB 7,37 + 1,80CORUS GROUP GB 1,30 – 1,23ELVAL GR 4,30 – 0,92HOLMEN -B- SE 23,19 + 1,95ISPAT INTERNATI NL e 3,60 + 2,86JOHNSON MATTHEY GB 17,27 – 0,84MAYR-MELNHOF KA AT e 55,48 + 0,96M-REAL -B- FI e 8,72 – 0,91OUTOKUMPU FI e 10,25 + 0,49PECHINEY-A- FR e 65,50 – 0,76RAUTARUUKKI K FI e 4,65 – 0,21RIO TINTO GB 23,79 + 2,10SIDENOR GR 3,60 + 0,56SILVER & BARYTE GR 23,74 – 1,08SMURFIT JEFFERS GB 2,26 ....STORA ENSO -A- FI e 13,93 + 0,22STORA ENSO -R- FI e 14 – 0,21SVENSKA CELLULO SE 25,63 – 0,43THYSSENKRUPP DE e 18,33 – 0,54UNION MINIERE BE e 49,71 – 0,56UPM-KYMMENE COR FI e 38 ....USINOR FR e 15,90 – 0,62VIOHALCO GR 11,30 – 1,74VOEST-ALPINE ST AT e 33,06 + 1,72WORMS N FR e 20,50 – 2,38f DJ E STOXX BASI P 203,89 – 0,46

CHIMIEAIR LIQUIDE FR e 169,70 – 1,91AKZO NOBEL NV NL e 49,23 – 0,75BASF AG DE e 49,60 – 0,10BAYER AG DE e 47,35 – 0,11BOC GROUP PLC GB 17,35 – 1,57CELANESE N DE e 26,20 + 1,16CIBA SPEC CHIMI CH 69,91 – 0,46CLARIANT N CH 330,49 ....DEGUSSA-HUELS DE e 37,60 ....DSM NL e 44,55 – 1,33EMS-CHEM HOLD A CH 4791,08 – 0,68ICI GB 7,32 – 0,22KEMIRA FI e 6,75 ....KON. VOPAK NV NL e 26,60 – 0,37LAPORTE GB 11,31 ....LONZA GRP N CH 683,79 + 0,19NORSK HYDRO NO 47,48 + 0,53RHODIA FR e 14 + 0,21SOLVAY BE e 54,90 + 0,46SYNGENTA N CH 58,80 + 0,17TESSENDERLO CHE BE e 30,80 + 0,65f DJ E STOXX CHEM P 391,62 – 0,62

CONGLOMERATSD’IETEREN SA BE e 194,50 + 3,46AZEO FR e 71,95 ....GBL BE e 300,10 ....GEVAERT BE e 38,39 + 0,13INCHCAPE GB 7,61 + 1,08KVAERNER -A- NO 9,36 + 0,68MYTILINEOS GR 8,16 – 0,73UNAXIS HLDG N CH 205,01 – 1,72ORKLA NO 20,35 + 0,93SONAE SGPS PT e 1,01 ....f DJ E STOXX CONG P 329,98 ....

TELECOMMUNICATIONSATLANTIC TELECO GB 0,47 + 3,57BRITISH TELECOM GB 7,89 – 10,04CABLE & WIRELES GB 7,95 + 1,24COLT TELECOM NE GB 13,77 – 1,29DEUTSCHE TELEKO DE e 25,30 – 0,82E.BISCOM IT e 88,15 + 0,74EIRCOM IR e 1,14 ....ELISA COMMUNICA IE 21 ....ENERGIS GB 4,71 + 1,05EQUANT NV DE e 33,70 + 2,12EUROPOLITAN HLD SE 8,99 ....FRANCE TELECOM FR e 70,25 – 2,29HELLENIC TELE ( GR 16,30 + 1,37HELS.TELEPH E FI e 102,60 ....KINGSTON COM GB 2,02 + 3,33KONINKLIJKE KPN NL e 12,55 – 2,26KPNQWEST NV -C- NL e 13,37 – 0,74LIBERTEL NV NL e 11,80 ....MANNESMANN N DE e 124 ....MOBILCOM DE e 20,25 + 1,25PANAFON HELLENI GR 7,18 + 0,28PT TELECOM SGPS PT e 10,91 ....SONERA FI e 10,59 + 1,34SWISSCOM N CH 283,55 – 0,34T.I.M. IT e 7,40 – 0,67SONG NETWORKS SE 3,78 + 3,96TDC -B- DK 43,29 – 1,82TELE2 -B- SE 45,94 + 0,98TELECEL PT e 11,70 ....TELECOM ITALIA IT e 11,86 – 0,25TELECOM ITALIA IT e 6,67 – 0,45TELIA SE 6,99 + 1,61TISCALI IT e 14,28 – 0,21VERSATEL TELECO NL e 5,40 – 1,82VODAFONE GROUP GB 3,24 + 1,02f DJ E STOXX TCOM P 615,02 – 0,90

CONSTRUCTIONACCIONA ES e 40,65 – 1,09ACS ES e 29,51 – 0,97AGGREGATE IND GB 1,40 + 1,18AKTOR SA GR 8,12 + 0,25AMEY GB 6,88 + 2,18UPONOR -A- FI e 18,75 ....AUREA R ES e 19,90 – 1ACESA R ES e 10,95 – 0,82BLUE CIRCLE IND GB 7,59 ....BOUYGUES FR e 46,50 + 1,06BPB GB 4,12 + 0,80BRISA AUTO-ESTR PT e 11 ....BUZZI UNICEM IT e 11,43 – 1,47NOVAR GB 2,84 ....CRH PLC GB 34,63 – 0,33CIMPOR R PT e 24,52 ....COLAS FR e 67,90 + 1,34GRUPO DRAGADOS ES e 14,42 – 2,90FCC ES e 23,30 – 0,85GRUPO FERROVIAL ES e 19,40 – 0,97HANSON PLC GB 8,23 + 0,60HEIDELBERGER ZE DE e 57,75 + 0,43HELL.TECHNODO.R GR 7,34 + 0,27HERACLES GENL R GR 14 – 0,85HOCHTIEF ESSEN DE e 24,70 – 0,20HOLCIM CH 1263,28 – 0,10IMERYS FR e 121,50 – 0,33ITALCEMENTI IT e 9,91 – 1,29LAFARGE FR e 108,50 – 2,08MICHANIKI REG. GR 3,12 + 0,65PILKINGTON PLC GB 1,94 – 0,83RMC GROUP PLC GB 12,03 + 0,41SAINT GOBAIN FR e 177,40 – 0,89SKANSKA -B- SE 45,22 + 0,37TAYLOR WOODROW GB 3,42 + 0,48TECHNIP FR e 182,80 + 0,72TITAN CEMENT RE GR 41,20 + 0,49VINCI FR e 70,90 + 0,57WIENERB BAUSTOF AT e 19,81 – 0,45f DJ E STOXX CNST P 249,46 – 0,61

CONSOMMATION CYCLIQUEACCOR FR e 51 ....ADIDAS-SALOMON DE e 69,60 + 0,87AGFA-GEVAERT BE e 16,69 + 2,27AIR FRANCE FR e 22,10 + 1,70AIRTOURS PLC GB 4,51 – 5,14ALITALIA IT e 1,63 – 0,61AUSTRIAN AIRLIN AT e 12,62 – 0,47AUTOGRILL IT e 12,55 + 0,48BANG & OLUFSEN DK 34,85 – 0,76BASS GB 12,79 + 0,26BENETTON GROUP IT e 16,55+ 879,29BERKELEY GROUP GB 13,43 ....BRITISH AIRWAYS GB 5,70 ....BULGARI IT e 13,25 + 1,07CHRISTIAN DIOR FR e 47,85 – 0,99CLUB MED. FR e 80,20 + 0,88COMPASS GROUP GB 8,29 ....DT.LUFTHANSA N DE e 22,35 – 1,11ELECTROLUX -B- SE 18,42 + 0,91EM.TV & MERCHAN DE e 4,54 – 3,61EMI GROUP GB 7,32 + 0,90EURO DISNEY FR e 0,90 ....HERMES INTL FR e 164,70 – 1,38HILTON GROUP GB 3,91 + 0,42HDP IT e 4,43 – 1,34HUNTER DOUGLAS NL e 30,20 + 1,34KLM NL e 21,40 – 0,23LVMH FR e 66,85 – 0,22MEDION DE e 105 + 1,94MOULINEX FR e 3,97 + 1,79NH HOTELES ES e 14,21 – 1,59NXT GB 6,44 – 1,25P & O PRINCESS GB 5,65 – 0,29PERSIMMON PLC GB 5,83 + 1,70PREUSSAG AG DE e 38,70 – 2,03RANK GROUP GB 3,50 + 0,47RICHEMONT UNITS CH 3085,85 + 0,19ROY.PHILIPS ELE NL e 37,81 – 1,28RYANAIR HLDGS IE 12,27 ....SAIRGROUP N CH 82,30 – 2,88SAS DANMARK A/S DK 12,20 + 0,55SEB FR e 60 + 0,84SODEXHO ALLIANC FR e 51,70 – 0,58TELE PIZZA ES e 2,61 – 1,51THE SWATCH GRP CH 1343,46 – 0,43THE SWATCH GRP CH 277,69 + 0,24THOMSON MULTIME PA 49,65 – 0,70J D WETHERSPOON GB 6 – 1,34WILSON BOWDEN GB 13,12 ....WM-DATA -B- SE 4,94 + 0,45WOLFORD AG AT e 17,20 ....WW/WW UK UNITS IR e 1,17 ....f DJ E STOXX CYC GO P 152,65 – 0,71

PHARMACIEACTELION N CH 163,61 + 3,51ALTANA AG DE e 41,70 – 71,92ASTRAZENECA GB 55,53 – 1,16AVENTIS FR e 87,45 – 1,69BB BIOTECH CH 88,65 + 0,74CELLTECH GROUP GB 20,09 – 0,96ELAN CORP IE 38,13 ....ESSILOR INTL FR e 338,30 – 1,08FRESENIUS MED C DE e 81,40 + 0,43GAMBRO -A- SE 8,54 + 2,67GLAXOSMITHKLINE GB 31,50 – 0,10H. LUNDBECK DK 27,30 ....NOVARTIS N CH 46,44 ....NOVO-NORDISK -B DK 215,79 ....NYCOMED AMERSHA GB 9,29 ....ORION B FI e 19,70 + 0,46OXFORD GLYCOSCI GB 17,11 + 4,48PHONAK HLDG N CH 3898,05 + 1,36QIAGEN NV NL e 29,60 + 0,78ROCHE HLDG CH 102,67 + 0,64ROCHE HOLDING G CH 8343,65 ....SANOFI SYNTHELA FR e 71,20 – 1,11SCHERING AG DE e 61,90 – 0,88SERONO -B- CH 1112,70 – 0,47SHIRE PHARMA GR GB 18,46 ....SMITH & NEPHEW GB 5,38 ....SSL INTL GB 9,16 – 1,40SULZER AG 100N CH 599,05 – 7,55SYNTHES-STRATEC CH 689 + 0,19UCB BE e 34,30 + 0,26WILLIAM DEMANT DK 38,20 – 1,72WS ATKINS GB 12,74 ....ZELTIA ES e 12,34 – 2,06NOVOZYMES -B- DK 25,06 + 0,27GALEN HOLDINGS GB 14,97 – 0,11f DJ E STOXX HEAL 560,50 – 1,24

ENERGIEBG GROUP GB 4,55 + 2,20BP GB 10,33 + 1,44CEPSA ES e 13,70 – 0,36COFLEXIP FR e 167,20 – 1,01DORDTSCHE PETRO NL e 57,95 + 0,26ENI IT e 7,44 – 0,80ENTERPRISE OIL GB 10,12 + 0,65HELLENIC PETROL GR 9,28 + 0,22LASMO GB 2,93 ....LATTICE GROUP GB 2,22 + 1,49OMV AG AT e 113 – 1,31PETROLEUM GEO-S NO 12,69 ....REPSOL YPF ES e 21,81 – 0,37ROYAL DUTCH CO NL e 70,75 + 0,71SAIPEM IT e 7,38 + 1,10SHELL TRANSP GB 10,07 + 0,49TOTAL FINA ELF FR e 176,60 + 1,09

IHC CALAND NL e 58,30 – 0,34f DJ E STOXX ENGY P 383,29 + 0,61

SERVICES FINANCIERS3I GROUP GB 19,68 + 0,67ALMANIJ BE e 40,12 – 0,94ALPHA FINANCE GR 44,90 ....AMVESCAP GB 21,31 + 1,63BHW HOLDING AG DE e 33,50 – 0,59BPI R PT e 3,21 ....BRITISH LAND CO GB 8,10 + 1,43CANARY WHARF GR GB 8,44 + 0,58CAPITAL SHOPPIN GB 6,27 ....CATTLES ORD. GB 5,39 + 1,53CLOSE BROS GRP GB 16,29 + 1,83COBEPA BE e 64 ....CONSORS DISC-BR DE e 29 + 3,20CORP FIN ALBA ES e 26,13 – 1,77CS GROUP N CH 214,78 – 0,15DEPFA-BANK DE e 76,80 – 0,93DIREKT ANLAGE B DE e 22,15 + 1,14DROTT -B- SE 12,21 ....EURAZEO FR e 70,75 + 0,43FINAXA FR e 114,10 – 4,12FORTIS (B) BE e 29,56 + 0,20FORTIS (NL) NL e 29,44 + 0,14GECINA FR e 101 – 0,39GIMV BE e 42 – 1,18GREAT PORTLAND GB 5,07 + 1,63HAMMERSON GB 8,13 ....ING GROEP NL e 73,80 + 0,24LAND SECURITIES GB 14,42 + 0,45LIBERTY INTL GB 8,78 + 0,19MAN GROUP GB 15,37 + 1,62MARSCHOLLEK LAU DE e 128,50 + 0,08MEDIOBANCA IT e 12,84 – 0,85METROVACESA ES e 18 + 1,64MONTEDISON IT e 3,26 – 0,91PERPETUAL PLC GB 63,03 ....PROVIDENT FIN GB 13,04 ....REALDANMARK DK 71,04 ....RODAMCO EUROPE NL e 44,25 – 0,11RODAMCO NORTH A NL e 47 + 0,32SCHRODERS GB 15,59 – 0,52SIMCO N FR e 78,45 + 0,06SLOUGH ESTATES GB 6,18 ....UNIBAIL FR e 192 + 2,07VALLEHERMOSO ES e 7,69 ....WCM BETEILIGUNG DE e 18,50 + 0,27f DJ E STOXX FINS P 280,57 + 0,12

ALIMENTATION ET BOISSONALLIED DOMECQ GB 6,94 – 1,62ASSOCIAT BRIT F GB 6,83 + 0,96BBAG OE BRAU-BE AT e 43,40 ....BRAU-UNION AT e 42,15 ....CADBURY SCHWEPP GB 7,37 – 0,22

CARLSBERG -B- DK 51,60 ....CARLSBERG AS -A DK 47,85 ....COCA COLA HBC GR 15,90 – 0,38DANISCO DK 39,67 + 2,07DANONE FR e 144,80 – 2,03DELTA HOLDINGS GR 8,48 – 0,47DIAGEO GB 12,42 + 0,26ELAIS OLEAGINOU GR 22,20 + 0,45ERID.BEGH.SAY FR e 95,25 – 2,56HEINEKEN HOLD.N NL e 43,30 ....HELLENIC SUGAR GR 10,84 + 0,93KAMPS DE e 9,98 + 0,20KERRY GRP-A- GB 21,22 + 0,15KONINKLIJKE NUM NL e 46,50 – 0,21MONTEDISON IT e 3,26 – 0,91NESTLE N CH 2411,84 – 0,56PARMALAT IT e 3,33 + 82,97PERNOD RICARD FR e 76,30 – 0,59RAISIO GRP -V- FI e 1,64 + 0,61SCOTT & NEWCAST GB 8,23 + 2,02SOUTH AFRICAN B GB 7,82 + 0,42TATE & LYLE GB 4,02 – 1,20TOMKINS GB 3,01 – 0,54UNILEVER NL e 64,70 – 1,15UNILEVER GB 8,70 – 1,11UNIQ GB 3,34 ....WHITBREAD GB 10,22 ....f DJ E STOXX F & BV P 246,18 – 0,75

BIENS D’EQUIPEMENTABB N CH 83,44 ....ADECCO N CH 696,17 ....AEROPORTI DI RO IT e 9,14 ....AGGREKO GB 8,20 + 3,07ALSTOM FR e 33,36 – 0,66ALTRAN TECHNO FR e 72,30 + 1,97ALUSUISSE GRP N CH 821,33 ....ASSA ABLOY-B- SE 18,14 ....ASSOC BR PORTS GB 7,12 + 2,82ATLAS COPCO -A- SE 24,97 ....ATLAS COPCO -B- SE 24,08 + 0,70ATTICA ENTR SA GR 8,44 + 0,48BAA GB 9,74 + 0,17BBA GROUP PLC GB 4,84 – 1BOOKHAM TECHNOL GB 5,74 + 2,03BTG GB 22,71 + 0,80CIR IT e 1,81 + 0,56CAPITA GRP GB 8,29 + 2,21CDB WEB TECH IN IT e 4,20 – 3,67CGIP FR e 47,79 + 1,68CMG GB 64,20 ....COOKSON GROUP P GB 2,85 – 3,31DAMPSKIBS -A- DK 8175,96 – 3,17DAMPSKIBS -B- DK 9114,18 – 2,16DAMSKIBS SVEND DK 11995,87 – 3,56E.ON AG DE e 56 – 1,84EADS SICO. FR e 22,98 – 1,25ELECTROCOMPONEN GB 10,74 + 6,29EPCOS DE e 73,30 + 0,41

EUROTUNNEL FR e 1,35 + 1,50EXEL GB 13,33 + 1,11XANSA GB 6,19 – 3,80GROUP 4 FALCK DK 135,51 + 0,90FINMECCANICA IT e 1,23 – 2,38FINNLINES FI e 26 – 1,89FKI GB 3,73 – 0,43FLS IND.B DK 15,28 ....FLUGHAFEN WIEN AT e 37,30 + 0,78GAMESA ES e 26,04 – 1,74GKN GB 12,63 + 0,78HAGEMEYER NV NL e 25,45 – 0,70HALKOR GR 4,48 + 0,90HAYS GB 5,30 + 0,93HEIDELBERGER DR DE e 61,45 + 0,49HUHTAMAEKI VAN FI e 28,90 + 0,10IFIL IT e 7,94 + 0,51IMI PLC GB 4,19 + 0,78INDRA SISTEMAS ES e 24,50 ....IND.VAERDEN -A- SE 21,25 – 0,52INVESTOR -A- SE 15,09 – 1,81INVESTOR -B- SE 15,09 – 1,45ISS DK 62,26 + 0,32JOT AUTOMATION FI e 1 ....KINNEVIK -B- SE 26,52 ....COPENHAGEN AIRP DK 93,82 ....KONE B FI e 82 + 1,86LEGRAND FR e 243,10 – 0,78LINDE AG DE e 50,80 + 0,59MAN AG DE e 29 + 0,69MG TECHNOLOGIES DE e 12,74 + 1,51WARTSILA CORP A FI e 24,50 + 0,82METSO FI e 12,25 – 0,41MORGAN CRUCIBLE GB 5,31 + 0,62TELE2 -B- SE 45,94 + 0,98NKT HOLDING DK 24,80 + 0,54EXEL GB 13,33 + 1,11PACE MICRO TECH GB 8,07 – 4,62PARTEK FI e 11,50 ....PENINS.ORIENT.S GB 4,68 – 3,04PERLOS FI e 16,70 + 1,21PREMIER FARNELL GB 6,08 ....RAILTRACK GB 7,85 + 0,63RANDSTAD HOLDIN NL e 14,30 + 0,70RENTOKIL INITIA GB 3,14 – 0,52REXAM GB 4,77 – 1,01REXEL FR e 78,50 + 0,77RHI AG AT e 21,60 – 1,59RIETER HLDG N CH 289,42 + 0,23ROLLS ROYCE GB 3,76 + 1,32SANDVIK SE 25,41 + 0,88SAURER ARBON N CH 480,41 + 1,52SCHNEIDER ELECT FR e 73,05 – 1,08SEAT PAGINE GIA IT e 1,12 – 1,75SECURICOR GB 2,88 + 1,72SECURITAS -B- SE 21,97 ....SERCO GROUP GB 7,46 + 13,09SGL CARBON DE e 45,40 – 0,11SHANKS GROUP GB 3,10 ....SIDEL FR e 49,68 ....

INVENSYS GB 2,23 – 0,72SINGULUS TECHNO DE e 26,41 + 0,11SKF -B- SE 19,97 + 0,84SMITHS GROUP GB 13,35 – 0,61SOPHUS BEREND - DK 28,82 + 2,38SPIRENT GB 5,23 + 0,31T.I.GROUP PLC GB 6,62 ....TECAN GROUP N CH 1049,48 ....TPI ES e 5,77 – 0,17THALES FR e 46,30 – 1,91TOMRA SYSTEMS NO 20,54 + 0,62TRAFFICMASTER GB 5,20 – 0,31UNAXIS HLDG N CH 205,01 – 1,72VA TECHNOLOGIE AT e 39 + 0,72VEDIOR NV NL e 15,05 – 1,31VESTAS WIND SYS DK 54,95 – 0,24VINCI FR e 70,90 + 0,57VIVENDI ENVIRON FR e 50,35 – 1,27VOLVO -A- SE 18,31 + 0,61VOLVO -B- SE 18,97 + 0,59f DJ E STOXX IND GO P 465,29 – 0,82

ASSURANCESAEGIS GROUP GB 2,09 + 0,79AEGON NV NL e 34,25 – 0,78AGF FR e 68,45 – 2,21ALLEANZA ASS IT e 12,15 – 1,14ALLIANZ N DE e 316 – 0,32ASR VERZEKERING NL e 81,10 ....AXA FR e 35,20 – 0,85BALOISE HLDG N CH 1173,98 + 0,06BRITANNIC GB 15,51 + 0,21CGNU GB 15,27 + 1,30CNP ASSURANCES FR e 34,95 – 0,06CORP MAPFRE R ES e 23,60 + 0,21ERGO VERSICHERU DE e 162 – 0,31ETHNIKI GEN INS GR 12,04 + 2,03EULER FR e 55,05 + 0,09CODAN DK 89,27 + 0,15FORTIS (B) BE e 29,56 + 0,20GENERALI ASS IT e 32,95 – 1,49GENERALI HLD VI AT e 189,89 – 0,06INDEPENDENT INS GB 2,23 + 1,48INTERAM HELLEN GR 16,02 + 1,52IRISH LIFE & PE GB 12,92 ....FONDIARIA ASS IT e 6,25 – 0,48LEGAL & GENERAL GB 2,56 ....MEDIOLANUM IT e 12,97 – 1,29MUENCH RUECKVER DE e 306 – 0,97POHJOLA GRP.B FI e 25,99 + 1,13PRUDENTIAL GB 13,23 ....RAS IT e 14,78 – 2,31ROYAL SUN ALLIA GB 8,02 + 0,41SAI IT e 16,28 – 0,43SAMPO -A- FI e 10,80 + 1,89SWISS RE N CH 2282,12 + 0,03SCOR FR e 49,65 – 0,70SKANDIA INSURAN SE 13,98 + 3,28ST JAMES’S PLAC GB 7,04 + 2,61

STOREBRAND NO 7,22 ....SWISS LIFE REG CH 799,17 – 0,57TOPDANMARK DK 30,83 + 3,14ZURICH FINL SVC CH 413,92 – 0,31f DJ E STOXX INSU P 389,12 – 0,96

MEDIASB SKY B GROUP GB 11,93 + 1,81CANAL PLUS FR e 3,78 – 0,79CAPITAL RADIO GB 12,19 + 1,77CAPITAL SHOPPIN GB 6,27 ....CARLTON COMMUNI GB 6,35 + 0,78DLY MAIL & GEN GB 12,95 + 2,58ELSEVIER NL e 15,08 + 1,28EMAP PLC GB 12,95 + 1,40FOX KIDS EUROPE NL e 9,25 + 2,78FUTURE NETWORK GB 1,34 ....GRANADA GB 2,69 ....GRUPPO L’ESPRES IT e 5,25 – 0,76GWR GROUP GB 7,27 – 0,89HAVAS ADVERTISI FR e 15,10 + 1,34INDP NEWS AND M IR e 2,55 + 2INFORMA GROUP GB 7,94 – 1,22LAGARDERE SCA N FR e 65,10 + 0,15LAMBRAKIS PRESS GR 11,74 ....M6 METROPOLE TV FR e 31,45 ....MEDIASET IT e 11,14 – 2,71MODERN TIMES GR SE 33,18 – 3,86MONDADORI IT e 9,92 – 0,30NRJ GROUP FR e 19,20 + 1,05PEARSON GB 23,20 + 0,28PRISA ES e 13,90 – 0,57PROSIEBEN SAT.1 DE e 18,90 – 3,03PT MULTIMEDIA R PT e 14,30 ....PUBLICIS GROUPE FR e 36,90 + 0,38PUBLIGROUPE N CH 469,33 + 0,70REED INTERNATIO GB 10,61 + 0,93REUTERS GROUP GB 16,49 + 0,80RTL GROUP LU e 62,50 ....SMG GB 3,34 ....SOGECABLE R ES e 25,25 – 1,94TAYLOR NELSON S GB 3,94 ....TELEFONICA ES e 18 – 0,83TELEWEST COMM. GB 2 + 0,82TF1 FR e 41,32 + 2,25TRINITY MIRROR GB 7,56 – 0,22UNITED PAN-EURO NL e 6,91 – 4,29UTD BUSINESS ME GB 11,62 ....VIVENDI UNIVERS FR e 76,70 – 0,97VNU NL e 48,41 – 0,68WOLTERS KLUWER NL e 32,24 – 1,26WPP GROUP GB 12,76 + 0,13f DJ E STOXX MEDIA P 413,45 – 0,54

BIENS DE CONSOMMATIONAHOLD NL e 36,03 + 0,17ALTADIS ES e 14,64 – 0,41

AMADEUS GLOBAL ES e 7,20 – 1,10ATHENS MEDICAL GR 5,58 + 1,82AUSTRIA TABAK A AT e 75,30 – 0,53AVIS EUROPE GB 2,64 ....BEIERSDORF AG DE e 110,80 + 0,73BIC FR e 43,50 – 1,14BRIT AMER TOBAC GB 8,99 – 0,90CASINO GP FR e 102,90 + 0,10CLARINS FR e 89,80 + 0,62DELHAIZE BE e 63 – 1,41COLRUYT BE e 40,60 – 2,15FIRSTGROUP GB 4,89 + 1,35FREESERVE GB 1,55 ....GALLAHER GRP GB 7,50 + 0,66GIB BE e 44,75 – 0,11GIVAUDAN N CH 313,86 – 0,10HENKEL KGAA VZ DE e 72,10 ....IMPERIAL TOBACC GB 12,89 + 0,13JERONIMO MARTIN PT e 7,94 ....KESKO -B- FI e 8,95 + 2,17L’OREAL FR e 75,65 – 1,82LAURUS NV NL e 7,40 + 2,78MORRISON SUPERM GB 3,26 + 2,56RECKITT BENCKIS GB 16,08 + 1,75SAFEWAY GB 6,26 + 2,95SAINSBURY J. PL GB 6,94 + 0,24STAGECOACH HLDG GB 0,95 + 1,75T-ONLINE INT DE e 13,05 ....TERRA LYCOS ES e 9,38 – 1,26TESCO PLC GB 3,98 ....TNT POST GROEP NL e 25,31 + 1,20WANADOO FR e 6,65 + 0,76WORLD ONLINE IN NL e 7,80 ....f DJ E STOXX N CY G P 406,88 – 0,50

COMMERCE DISTRIBUTIONALLIANCE UNICHE GB 8,90 ....AVA ALLG HAND.G DE e 41 – 0,12BOOTS CO PLC GB 9,60 + 1,03BUHRMANN NV NL e 16,99 – 2,02CARREFOUR FR e 65,30 – 1,14CASTO.DUBOIS FR e 255 ....CC CARREFOUR ES e 15,30 – 2,98CHARLES VOEGELE CH 138,19 – 0,47CONTINENTE ES e 19,02 ....D’IETEREN SA BE e 194,50 + 3,46DEBENHAMS GB 7,79 ....DIXONS GROUP GB 3,98 ....GAL LAFAYETTE FR e 210 + 0,19GEHE AG DE e 45 + 0,45GREAT UNIV STOR GB 9,37 + 1,05GUCCI GROUP NL e 102,65 – 1,11HENNES & MAURIT SE 20,03 + 1,12KARSTADT QUELLE DE e 35,90 + 0,56KINGFISHER GB 7,19 + 1,15MARKS & SPENCER GB 4,27 – 4,03MATALAN GB 7,67 – 3,88METRO DE e 46,70 – 0,21NEXT PLC GB 16,13 + 0,10PINAULT PRINT. FR e 205,20 – 1,96SIGNET GROUP GB 1,27 ....VALORA HLDG N CH 205,33 + 0,96VENDEX KBB NV NL e 15,40 ....W.H SMITH GB 8,03 – 0,40WOLSELEY PLC GB 8,23 – 1,17f DJ E STOXX RETL P 346,56 – 0,92

HAUTE TECHNOLOGIEAIXTRON DE e 97,80 + 1,35ALCATEL-A- FR e 33,45 + 0,15ALTEC SA REG. GR 6,22 – 0,64ARM HOLDINGS GB 6,11 + 1,08ARC INTERNATION GB 1,58 + 1,04ASM LITHOGRAPHY NL e 29,51 – 1,63BAAN COMPANY NL e 2,65 ....BALTIMORE TECH GB 1,21 + 1,37SPIRENT GB 17,52 ....BAE SYSTEMS GB 5,28 + 0,93BROKAT DE e 10 + 1,01BULL FR e 2,80 + 3,70BUSINESS OBJECT FR e 39,75 + 1,92CAP GEMINI FR e 141,50 – 0,49COMPTEL FI e 12,20 + 1,67DASSAULT SYST. FR e 52,60 – 0,75DIALOG SEMICOND GB 89,62 ....ERICSSON -B- SE 7,77 + 2,94F-SECURE FI e 1,32 + 2,33FILTRONIC GB 4,12 + 0,40FINMATICA IT e 22,83 + 1,02GETRONICS NL e 5,91 – 1,17GN GREAT NORDIC DK 13,54 – 2,42INFINEON TECHNO DE e 44,85 – 0,66INFOGRAMES ENTE FR e 23,20 + 0,09INTRACOM R GR 20,72 + 1,27KEWILL SYSTEMS GB 1,96 – 3,23LOGICA GB 14,86 + 0,77LOGITECH INTL N CH 338,96 – 1,89MARCONI GB 6,24 + 0,52NOKIA FI e 38,28 – 0,42OCE NL e 14,10 + 0,36OLIVETTI IT e 2,36 – 1,67PSION GB 2,26 – 1,42SAGE GRP GB 4,56 + 2,19SAGEM FR e 87,40 – 2,07SAP AG DE e 170 + 0,18SAP VZ DE e 171,50 + 0,59SEMA GB 9,09 ....SEZ HLDG N CH 710,51 + 0,46SIEMENS AG N DE e 87,70 – 0,34MB SOFTWARE DE e 3,70 ....SPIRENT GB 5,23 + 0,31STMICROELEC SIC FR e 44,83 – 1,69TECNOST IT e 2,83 ....THINK TOOLS CH 36,50 + 3,61THUS GB 0,99 – 1,61TIETOENATOR FI e 35,40 + 1,14f DJ E STOXX TECH P 673,07 – 0,45

SERVICES COLLECTIFSACEA IT e 10,13 – 0,20AEM IT e 2,71 – 0,73ANGLIAN WATER GB 9,84 ....BRITISH ENERGY GB 4,71 – 0,69CENTRICA GB 3,86 + 1,72EDISON IT e 11,32 – 4,15ELECTRABEL BE e 234,50 + 0,64ELECTRIC PORTUG PT e 3 ....ENDESA ES e 18,46 – 1,18ENEL IT e 3,57 – 0,56EVN AT e 31,15 – 1,08FORTUM FI e 5,48 + 0,18GAS NATURAL SDG ES e 18,21 – 0,49HIDRO CANTABRIC ES e 26,50 – 1,45IBERDROLA ES e 16,62 – 1,01INNOGY HOLDINGS GB 3,55 + 1,40ITALGAS IT e 5,26 ....KELDA GB 5,87 ....NATIONAL GRID G GB 9,12 + 1,08INTERNATIONAL P GB 4,76 + 0,34OESTERR ELEKTR AT e 116 ....PENNON GROUP GB 9,58 ....POWERGEN GB 11,63 – 0,28SCOTTISH POWER GB 8,08 – 0,60SEVERN TRENT GB 11,23 + 1,32SUEZ FR e 35,33 – 1,45SYDKRAFT -A- SE 24,97 ....SYDKRAFT -C- SE 19,31 ....THAMES WATER GB 19,88 ....FENOSA ES e 21,13 – 0,80UNITED UTILITIE GB 10,05 – 0,32VIRIDIAN GROUP GB 10,36 – 0,16f DJ E STOXX PO SUP P 308,55 – 1,2

347,13

STOXX 653 sur 1 an

404

383

362

342

321

300[ [ [

22 MAI 16 NOV. 21 MAI

33

8,9

5

33

9,1

1

34

2,8

3

34

5,8

7

34

7,1

3

sur 5 jours

[ [ [ [ [

M M J V L

4537,73

EURO STOXX50 sur 1an

5426

5119

4813

4507

4201

3894[ [ [

22 MAI 16 NOV. 21 MAI

44

52

,91

44

38

,51

45

00

,35 4

54

5,1

3

45

37

,73

sur 5 jours

[ [ [ [ [

M M J V L

VALEURS EUROPEENNES

e CODES PAYS ZONE EUROFR : France - DE : Allemagne - ES : EspagneIT : Italie - PT : Portugal - IR : IrlandeLU : Luxembourg - NL : Pays-Bas - AT : AutricheFI : Finlande - BE : Belgique - GR : Grece.

CODES PAYS HORS ZONE EUROCH : Suisse - NO : Norvege - SE : SuedeGB : Grande-Bretagne - DK : Danemark.

(Publicite)

b Le titre du groupe de médiasReuters a perdu 11 pence, à1 004 livres, vendredi 18 mai à Lon-dres, après l’annonce de la miseen Bourse de sa filiale Instinet auprix de 14,50 dollars par action,soit un prix supérieur à ses estima-tions initiales.b L’approbation par ses actionnai-res du décroisement de ses partici-pations avec le géant du diamantDe Beers, a entraîné une chute de60 pence à 1 170 livres pour legroupe minier Anglo-American,vendredi à Londres.b A Milan, le groupe d’électricitéEnel a terminé presque inchangévendredi, en baisse de 0,08 % à3,59 euro. La droite, qui formera

prochainement un gouverne-ment, s’est montrée défavorable àla reprise par Enel de la société deservice d’eau italienne, Acque-dotto pugliese.b La banque Bipop-Carire a enre-gistré un recul de 2,64 %, à4,76 euros, après qu’elle ait reçu,de la part d’établissements ita-liens et étrangers, des proposi-tions de reprise pour sa filiale ges-tion d’actifs en Bourse Azimut.b Le titre Ericsson a fini en haus-se de 4,6 % à 68 couronnes, ven-dredi à Stockholm, après la révi-sion en hausse par Deutsche Bankde son objectif de cours sur legroupe suédois – de 90 à 94 cou-ronnes.

VALEURS EUROPÉENNES

F I N A N C E S E T M A R C H É S

Page 23: New e 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINE MARDI 22 MAI … · 2018. 3. 26. · 57e annÉe – nº 17518 – 7,50 f - 1,14 euro france mÉtropolitaine mardi 22 mai 2001 fondateur

24 / LE MONDE / MARDI 22 MAI 2001

% Var.Cours Cours % Var.France f 31/12en euros en francs veille (1)

ACCOR ................... w 51,20 335,85 +0,39 +13,77AGF ........................ w 68,95 452,28 – 1,50 – 6,82AFFINE(EXIMM ..... 40,10 263,04 ... +11,38AIR FRANCE G ....... w 22,30 146,28 +2,62 – 10,80AIR LIQUIDE .......... w 169,40 1111,19 – 2,08 +6,60

ALCATEL................. w 33,68 220,93 +0,84 – 44,33ALCATEL O ............. 28,50 186,95 – 2,73 – 39,37ALSTOM ................. w 33,40 219,09 – 0,54 +21,45ALTRAN TECHN .... w 72,15 473,27 +1,76 – 10,18ATOS ORIGIN......... w 101 662,52 +2,02 +34,66ARBEL..................... ... ... ... – 24,50AVENTIS ................. w 87,30 572,65 – 1,85 – 6,63AXA ......................... w 35,30 231,55 – 0,56 – 8,31BAIL INVESTI.......... w 132 865,86 ... +11,95BAZAR HOT. V........ ... ... ... +7,34BIC.......................... w 43,50 285,34 – 1,14 +3,84BIS .......................... 163,90 1075,11 +5,33 +7,69BNPPARIBAS.......... w 102,80 674,32 – 0,19 +9,94BOLLORE................ w 232 1521,82 – 1,28 +10,58BOLLORE INV......... 54,80 359,46 +1,48 +34,70BONGRAIN ............ 41,50 272,22 +0,02 +18,57BOUYGUES ............ w 46,43 304,56 +0,91 – 3,77BOUYGUES OFF..... w 60,10 394,23 – 1,48 +23,91BULL# ..................... w 2,80 18,37 +3,70 – 42,62BUSINESS OBJ ....... w 39,75 260,74 +1,92 – 5,04B T P (LA CI............. ... ... ... ...BURELLE (LY) ......... 72,95 478,52 – 0,07 – 6,47CANAL + ................. w 3,81 24,99 ... – 0,26CAP GEMINI........... w 142,20 932,77 ... – 17,22CARBONE-LORR.... w 48,99 321,35 +0,76 – 7,56CARREFOUR .......... w 65,70 430,96 – 0,53 – 1,79CASINO GUICH...... w 102,80 674,32 ... – 2,55CASINO GUICH...... 70,80 464,42 ... +4,64CASTORAMA DU ... w 257 1685,81 +0,78 – 6,88CEA INDUSTRI....... 242,50 1590,70 +1,04 +31,79CEGID (LY) ............. 116,10 761,57 ... +64,33CFF.RECYCLIN ....... 47,50 311,58 +0,53 +19,94CGIP ....................... w 47,70 312,89 +1,49 – 5,54CHARGEURS .......... 83,70 549,04 +1,45 +19,57CHRISTIAN DA ...... 84 551 ... +8,66CHRISTIAN DI........ w 47,85 313,88 – 0,99 – 6,26CIC -ACTIONS ........ 118,50 777,31 ... +0,85CIMENTS FRAN..... w 54 354,22 +0,09 – 1,81CLARINS................. w 89,80 589,05 +0,62 +3,21CLUB MEDITER ..... w 80,05 525,09 +0,69 – 11,93CNP ASSURANC .... w 34,95 229,26 – 0,06 – 18,13COFACE.................. w 87,10 571,34 – 0,97 – 20,09COFLEXIP ............... w 167,20 1096,76 – 1,01 +23,48COLAS..................... w 67,90 445,39 +1,34 +24,47CONTIN.ENTRE..... 48,50 318,14 +0,02 +15,47CPR......................... 58 380,46 ... +8,71CRED.FON.FRA...... 13,61 89,28 +0,07 +7,67CREDIT LYONN ..... w 41,62 273,01 – 3,21 +11,88CS COM.ET SY........ 9,60 62,97 ... ...DAMART ................ 77,90 510,99 +1,17 – 3,82DANONE................ w 144,60 948,51 – 2,17 – 9,96DASSAULT-AVI....... 283,50 1859,64 – 2,84 +28,86DASSAULT SYS....... w 52,60 345,03 – 0,75 – 27,94DE DIETRICH......... ... ... ... – 0,76DEVEAUX(LY)# ....... 85,80 562,81 – 0,69 +2,14DEV.R.N-P.CA......... 14,60 95,77 ... +4,28DMC (DOLLFUS..... 11,30 74,12 +4,15 +6,20DYNACTION .......... 26,50 173,83 ... – 11,07EIFFAGE ................. w 77,50 508,37 – 0,51 +9,46ELIOR ..................... w 12,90 84,62 – 1,53 – 4,86ELEC.MADAGAS..... 21,40 140,37 +2,34 – 10,64ENTENIAL(EX......... 30,55 200,39 – 0,20 +2,55ERAMET ................. w 44,39 291,18 +1,81 +1,92ERIDANIA BEG....... w 95,70 627,75 – 2,10 +3,34ESSILOR INTL ........ aw 335 2197,46 – 0,92 – 3,59ESSO ....................... 85,80 562,81 +3,37 +33,02EULER..................... w 55,05 361,10 +0,09 +0,91EURAZEO ............... w 70,75 464,09 +0,43 – 8,59

EURO DISNEY ....... w 0,90 5,90 ... +66,66EUROTUNNEL ...... w 1,35 8,86 +1,50 +27,35FAURECIA.............. w 60,20 394,89 ... +43,33FIMALAC SA........... w 40,70 266,97 +0,49 +13,43F.F.P. (NY).............. 117,50 770,75 – 1,59 +56,87FINAXA .................. 114,10 748,45 – 4,12 – 12,23FIVES-LILLE ........... ... ... ... ...FONC.LYON.#........ 33,45 219,42 ... +16,06FRANCE TELEC ..... w 70,80 464,42 – 1,53 – 23,00FROMAGERIES...... ... ... ... +36,25GALERIES LAF ....... w 210 1377,51 +0,19 +2,94GAUMONT # ......... 40,10 263,04 – 2,20 – 4,06GECINA.................. w 101,10 663,17 – 0,30 – 0,88GEOPHYSIQUE...... w 77,75 510,01 +0,39 +8,58GFI INFORMAT ..... w 26,50 173,83 +2,32 +5,28GRANDVISION...... w 22,45 147,26 ... +16,74GROUPE ANDRE... 133,50 875,70 – 0,74 – 4,30GROUPE GASCO ... 88,60 581,18 ... +5,22GR.ZANNIER ( ....... 93 610,04 +0,43 +51,21GROUPE PARTO.... 71 465,73 +1,28 +23,47GUYENNE GASC ... w 92 603,48 +0,11 +10,84HAVAS ADVERT ..... w 15 98,39 +0,67 – 2,59IMERYS .................. w 121,50 796,99 – 0,33 +0,41IMMOBANQUE ..... 143 938,02 – 0,56 +14,40IMMEUBLES DE .... 21,50 141,03 +1,42 +11,97INFOGRAMES E .... w 22,98 150,74 – 0,86 +19,68IM.MARSEILLA ...... 3275 21482,59 ... +3,96INGENICO ............. w 25,61 167,99 – 0,54 – 9,11ISIS ......................... w 118,90 779,93 ... +56,65KAUFMAN ET B..... w 21,61 141,75 +0,46 +13,73KLEPIERRE ............ w 105 688,75 ... +4,89LAFARGE ............... w 108,70 713,03 – 1,90 +24,37LAGARDERE .......... w 65,35 428,67 +0,54 +5,74LAPEYRE ................ w 54,75 359,14 +0,37 – 15,76LEBON (CIE) .......... 56,80 372,58 – 2,41 +1,51LEGRAND .............. w 243,10 1594,63 – 0,78 +13,06LEGRAND ADP...... 180 1180,72 – 2,33 +53,06LEGRIS INDUS ...... w 54,55 357,82 – 0,18 +13,64LIBERTY SURF....... w 6,20 40,67 – 3,13 ...LOCINDUS............. 135 885,54 – 0,74 +19,25L’OREAL................. w 76 498,53 – 1,36 – 16,75LOUVRE #............... 104,40 684,82 – 5,09 +62,49LVMH MOET HE.... w 66,60 436,87 – 0,60 – 5,53MARINE WENDE... w 82 537,88 +1,23 – 8,88MAUREL ET PR...... 10,90 71,50 ... +9,10METALEUROP ....... 5,78 37,91 – 0,52 +13,55MICHELIN ............. w 39,50 259,10 – 1,25 +2,46MARIONNAUD P .. 137,10 899,32 +2,16 – 1,22MONTUPET SA...... 18,31 120,11 – 1,56 – 6,19MOULINEX ............ 3,97 26,04 +1,79 – 4,56NATEXIS BQ P ....... w 98,50 646,12 – 0,45 +4,28NEOPOST .............. w 29,30 192,20 +0,86 +17,20NORBERT DENT ... 23 150,87 ... +27,77NORD-EST............. 29 190,23 +0,69 +10,89NRJ GROUP........... w 19,20 125,94 +1,05 – 36,92OBERTHUR CAR.... w 16,62 109,02 +0,73 – 2,80OLIPAR................... 9 59,04 ... +30,81ORANGE ................ w 11,14 73,07 – 0,98 ...OXYG.EXT-ORI....... 421 2761,58 +1,45 +15,65PECHINEY ACT...... w 65,55 429,98 – 0,68 +34,62PECHINEY B P ....... 62,25 408,33 – 0,40 +29,68PENAUILLE PO...... w 63,10 413,91 – 2,77 – 5,96PERNOD-RICAR .... w 76,05 498,86 – 0,91 +3,46PEUGEOT .............. w 335,10 2198,11 – 0,45 +38,29PINAULT-PRIN...... w 205,70 1349,30 – 1,72 – 10,13PLASTIC OMN. ...... w 99,05 649,73 +0,56 – 8,70PSB INDUSTRI ...... 80,95 531 – 0,06 +12,74PUBLICIS GR. ........ w 36,90 242,05 +0,38 +2,52

REMY COINTRE..... w 37,76 247,69 +0,96 – 16,08RENAULT ............... w 59 387,01 +0,51 +6,30REXEL..................... w 78,10 512,30 +0,26 – 13,22RHODIA ................. w 14 91,83 +0,21 – 15,15ROCHETTE (LA ...... 7,92 51,95 – 4,12 +28,78ROYAL CANIN........ w 109 714,99 +0,46 – 4,38ROUGIER #............. 68,50 449,33 – 1,79 +12,29RUE IMPERIAL....... ... ... ... – 6,37SADE (NY) .............. 47 308,30 – 3,09 +1,88SAGEM S.A. ............ w 87,40 573,31 – 2,07 – 38,62SAGEM ADP........... 60,20 394,89 +0,33 – 30,00SAINT-GOBAIN...... w 177,50 1164,32 – 0,84 +6,09SALVEPAR (NY ....... 67 439,49 – 0,67 +7,54SANOFI SYNTH...... w 71,55 469,34 – 0,63 +0,77SCHNEIDER EL...... w 73,30 480,82 – 0,74 – 5,66SCOR ...................... w 49,65 325,68 – 0,70 – 10,21S.E.B........................ w 60,05 393,90 +0,92 +3,62SEITA...................... w 48,30 316,83 ... +11,49SELECTIBAIL(......... 17,10 112,17 ... +15,54SIDEL EX.OPA ........ 45,20 296,49 – 5,83 ...SILIC ....................... 171,50 1124,97 +0,70 +4,95SIMCO.................... w 78,45 514,60 +0,06 +6,58SKIS ROSSIGN ....... 16,30 106,92 +1,68 – 4,11SOCIETE GENE ...... w 71,75 470,65 – 1,58 +8,38SODEXHO ALLI ...... w 51,70 339,13 – 0,58 +4,82SOGEPARC (FI ....... 88,90 583,15 – 0,11 +7,10SOMMER-ALLIB .... 53,60 351,59 +0,19 ...SOPHIA .................. w 31,50 206,63 +0,06 +5,00SOPRA # ................. w 84 551 +0,18 +34,40SPIR COMMUNI .... w 88,90 583,15 – 0,11 +23,55SR TELEPERFO ...... w 27,70 181,70 ... – 33,81STUDIOCANAL ...... 11,50 75,44 – 0,86 +10,57SUCR.PITHIVI ........ 300 1967,87 ... +2,91SUEZ LYON.DE ...... w 35,40 232,21 – 1,26 – 8,99TAITTINGER .......... 880 5772,42 – 2,22 +8,64THALES .................. w 47,01 308,37 – 0,40 – 7,91TF1.......................... w 41,31 270,98 +2,23 – 28,15TECHNIP................ w 182,80 1199,09 +0,72 +18,24THOMSON MULT . w 49,83 326,86 – 0,34 – 0,02TOTAL FINA E ........ w 176,70 1159,08 +1,14 +11,55TRANSICIEL # ........ w 55,20 362,09 – 0,27 +44,88UBI SOFT ENT ....... w 45 295,18 +0,02 +8,43UNIBAIL ................. w 192 1259,44 +2,07 +13,14UNILOG ................. w 101,10 663,17 – 0,30 +18,94USINOR.................. w 15,91 104,36 – 0,56 +13,15VALEO .................... w 50,65 332,24 – 1,17 +6,49VALLOUREC ........... w 72,40 474,91 +0,21 +27,24VIA BANQUE .......... ... ... ... +12,50VICAT...................... 63,95 419,48 +1,51 +13,79VINCI...................... w 70,90 465,07 +0,57 +8,24VIVENDI ENVI ........ w 50,45 330,93 – 1,08 +8,49VIVENDI UNIV ....... w 77 505,09 – 0,58 +9,84WANADOO............. w 6,67 43,75 +1,06 – 23,33WORMS (EX.SO...... 20,50 134,47 – 2,38 +16,80ZODIAC.................. w 268 1757,96 – 1,25 – 8,84................................ ... ... ... ................................... ... ... ... ................................... ... ... ... ................................... ... ... ... ................................... ... ... ... ................................... ... ... ... ................................... ... ... ... ................................... ... ... ... ................................... ... ... ... ................................... ... ... ... ................................... ... ... ... ................................... ... ... ... ................................... ... ... ... ...

% Var.Cours Cours % Var.International f 31/12en euros en francs veilleUne selection (1)

ADECCO ................. 69 452,61 +1,32 +3,60AMERICAN EXP...... 49,76 326,40 – 1,37 – 13,38AMVESCAP EXP...... 21,20 139,06 +0,95 +6,00ANGLOGOLD LT .... 49,01 321,48 +6,29 +54,60A.T.T. # .................... 25 163,99 +1,63 +41,56BARRICK GOLD...... 21,60 141,69 +4,40 +25,50COLGATE PAL. ....... ... ... ... – 6,28CROWN CORK O.... 5,33 34,96 +5,54 – 31,66DE BEERS #............. 52,05 341,43 +1,46 +85,89DIAGO PLC............. 12,45 81,67 +1,63 +6,31DOW CHEMICAL.... 43,60 286 – 0,93 +7,92DU PONT NEMO ... 54,85 359,79 – 0,81 +3,10ECHO BAY MIN...... 1,21 7,94 +13,08 +218,42ELECTROLUX ......... 16,65 109,22 – 10 +25,94ELF GABON............ 195 1279,12 +1,04 +61,42ERICSSON #............ w 7,80 51,16 +2,50 – 35,05FORD MOTOR #..... 30,80 202,03 +0,46 +20,31GENERAL ELEC ...... 60 393,57 +1,35 +15,38GENERAL MOTO.... 64,50 423,09 +0,08 +20,56GOLD FIELDS......... 5,65 37,06 +4,82 +56,94HARMONY GOLD .. 7,25 47,56 +8,21 +56,92HITACHI # .............. 12,31 80,75 +2,50 +32,22HSBC HOLDING .... w 14,43 94,65 +1,98 – 6,35I.B.M. ...................... w 133 872,42 +1,06 +45,03I.C.I.......................... ... ... ... – 20,09ITO YOKADO # ....... 59,90 392,92 +1,53 +16,08I.T.T. INDUS ........... 53,65 351,92 +0,47 +33,06KINGFISHER P ....... w 7,17 47,03 – 1,10 – 5,90MATSUSHITA......... 19,37 127,06 – 5 – 24,03MC DONALD’S....... 33,70 221,06 +0,12 – 0,94MERK AND CO....... 88,20 578,55 – 0,34 – 10,09MITSUBISHI C........ 8,50 55,76 – 0,70 +5,45NESTLE SA #........... w 2418 15861,04 +0,60 – 0,32NORSK HYDRO...... 46,89 307,58 – 0,23 +9,53PFIZER INC............. a 51,30 336,51 +2,09 +4,65PHILIP MORRI ....... 59,50 390,29 +0,51 +26,48PROCTER GAMB.... ... ... ... – 3,79RIO TINTO PL......... 23,90 156,77 +1,27 +33,29SCHLUMBERGER... 77,60 509,02 +0,71 – 8,65SEGA ENTERPR...... 25,02 164,12 +1,30 +157,67SHELL TRANSP ...... 10,19 66,84 +1,90 +17,39SONY CORP. # ........ w 93,25 611,68 +0,43 +27,21T.D.K. # ................... 69,20 453,92 +4,53 – 32,15TOSHIBA #.............. 6,92 45,39 +0,58 – 0,71UNITED TECHO..... a 99,05 649,73 +2,86 +15,91ZAMBIA COPPE...... 0,55 3,61 – 1,79 +22,22................................ ... ... ... ...

VALEURS FRANCE

PREMIER MARCHE______________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________LUNDI 21 MAI Cours a 9 h 57Dernier jour de negociation des OSRD : 25 mai

ABREVIATIONSB = Bordeaux ; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille ; Ny = Nancy ; Ns = Nantes.

SYMBOLES1 ou 2 = categories de cotation - sans indication categorie 3 ;a coupon detache ; b droit detache ; # contrat d’animation ;o = offert ; d = demande ; x offre reduite ; y demande reduite ;d cours precedent ; w _Valeur pouvant beneficier du servicede reglement differe.

DERNIERE COLONNE PREMIER MARCHE (1) :Lundi date mardi : % variation 31/12 ; Mardi date mercredi :montant du coupon en euros ; Mercredi date jeudi : paiementdernier coupon ; Jeudi date vendredi : compensation ;Vendredi date samedi : nominal.

VENDREDI 18 MAI

Une selection. Cours releves a 18 h 11

Cours Cours % Var.Valeurs f en euros en francs veille

ABEL GUILLEM..... 14,04 92,10 – 5,14AB SOFT ................ 5,84 38,31 +3,73ACCESS COMME .. 8,60 56,41 +1,18ADL PARTNER ...... 20,90 137,10 +4,24ALGORIEL #........... 7,98 52,35 – 0,13ALPHAMEDIA ....... 1,71 11,22 ...ALPHA MOS #....... 5,75 37,72 – 0,17ALPHA MOS BO.... 0,80 5,25 ...ALTAMIR & CI ...... 128,80 844,87 ...ALDETA ................. d 4,50 29,52 ...ALTI #..................... 12,38 81,21 +0,32A NOVO # .............. w 180 1180,72 – 0,11ARTPRICE COM.... 12,50 81,99 +0,16ASTRA .................... 0,83 5,44 +2,47AUFEMININ.CO.... 2,89 18,96 – 4,30AUTOMA TECH .... 9,32 61,14 – 1,38AVENIR TELEC...... w 4,23 27,75 – 4,73AVENIR TELEC...... d 1,48 9,71 ...BAC MAJESTIC...... 3,85 25,25 +1,32BARBARA BUI ....... 16,79 110,14 +4,29BCI NAVIGATI ....... 6,59 43,23 +0,15BELVEDERE........... 15,57 102,13 – 0,19BOURSE DIREC .... 4,30 28,21 – 4,23BRIME TECHNO... 50,30 329,95 – 2,04BRIME TECHN...... 1,46 9,58 +0,69BUSINESS ET ........ 13,49 88,49 – 3,57BUSINESS INT ...... 5,50 36,08 +2,80BVRP ACT.DIV....... w 30 196,79 – 1,64CAC SYSTEMES..... d 3,40 22,30 ...CALL CENTER....... 9,55 62,64 +1,81CAST ...................... 14,60 95,77 +4,29CEREP.................... 101,40 665,14 +1,40CHEMUNEX # ....... 0,21 1,38 +5CMT MEDICAL ..... 18,90 123,98 ...

COALA # ................ 20,20 132,50 +3,70COHERIS ATIX...... 27,08 177,63 – 1,35COIL....................... 17,94 117,68 +0,50CION ET SYS......... 3,49 22,89 +9,06CONSODATA # ..... 17,50 114,79 – 6,42CONSODATA AC .. d 19,50 127,91 ...CONSORS FRAN .. 5,59 36,67 +8,12CROSS SYSTEM.... 5,25 34,44 – 4,55CRYO # .................. 6,54 42,90 – 6,17CRYO NV............... d 6,25 41 ...CRYONETWORKS. 3,30 21,65 – 1,79CYBERDECK # ...... 1,33 8,72 +2,31CYBER PRES.P ...... 20,29 133,09 – 1,02CYBERSEARCH ..... 4,06 26,63 – 1,69CYRANO #............. d 2,24 14,69 ...DALET # ................ 4,50 29,52 – 4,26DATASQUARE #.... d 4,60 30,17 ...DATATRONIC ....... 3,42 22,43 – 2,01DESK #................... 1,88 12,33 ...DEVOTEAM #........ w 49,50 324,70 – 1,98DMS #.................... 14,10 92,49 ...DIAGNOSTIC N.... d 14,50 95,11 ...D INTERACTIV ..... 8,15 53,46 +0,62D INTERACTIV ..... d 7,20 47,23 ...D INTERACTIV ..... d 7,70 50,51 ...DIREKT ANLAG .... 21,21 139,13 +0,05DIREKT ANLAG .... 19,28 126,47 +3,94DURAND ALLIZ.... 0,90 5,90 +11,11DURAN DUBOI .... 17,19 112,76 +4,82DURAN BS 00 ....... d 0,18 1,18 ...EFFIK # .................. d 12 78,71 ...EGIDE #................. 215 1410,31 – 1,83EMME(JCE 1/1....... 12,05 79,04 +0,42ESI GROUP ........... 29,63 194,36 +0,10ESKER.................... 5,99 39,29 ...EUROFINS SCI...... 27,10 177,76 +2,26EURO.CARGO S.... 11,01 72,22 ...FIMATEX # ............ w 4,45 29,19 ...FI SYSTEM # ......... w 6,19 40,60 – 2,52FI SYSTEME A....... d 4,91 32,21 ...FI SYSTEM BS....... d 0,48 3,15 ...FLOREANE MED .. 8,80 57,72 +0,92GAMELOFT COM . 2,44 16,01 ...GAUDRIOT #......... 34 223,03 ...GENERIX # ............ 24,20 158,74 – 1,02GENESYS #............ 31,58 207,15 +0,29GENESYS ACT....... d 42,20 276,81 ...GENESYS BS00 ..... d 4,70 30,83 ...

GENSET ................. w 13,95 91,51 +14,63GL TRADE #........... 37 242,70 – 2,37GUILLEMOT # ....... 33 216,47 – 4,35GUYANOR ACTI .... 0,24 1,57 ...HF COMPANY ....... 55,50 364,06 – 2,12HIGH CO.#............. 115,90 760,25 ...HIGH CO NOUV.... d 89 583,80 ...HIGH BON DE ...... d 5,80 38,05 ...HIGHWAVE OPT ... w 30,51 200,13 – 4,95HIMALAYA ............. 8,50 55,76 ...HI MEDIA .............. 2,18 14,30 +1,87HOLOGRAM IND.. 10,80 70,84 – 0,92HUBWOO.COM ..... 3,48 22,83 +0,87IB GROUP.COM .... 10,90 71,50 – 0,82IDP ......................... 1,71 11,22 – 5IDP BON 98 (......... d 1,07 7,02 ...INTERACTIF B....... d 0,15 0,98 ...INTERACTIF B....... d 0,30 1,97 ...IGE +XAO ............... 9 59,04 – 2,28ILOG #.................... 19,10 125,29 +3,24IMECOM GROUP.. 2,25 14,76 +4,17INFOSOURCES...... 1 6,56 – 5,66INFOSOURCE B .... d 1,92 12,59 ...INFOTEL # ............. 38,83 254,71 +2,18INFO VISTA ........... 8,50 55,76 – 3,41INTEGRA NET....... w 2,58 16,92 – 3,37INTEGRA ACT. ...... ... ... ...INTERCALL #......... b 3,09 20,27 +25,61IPSOS # .................. w 91,50 600,20 +0,55IPSOS BS00............ 4,39 28,80 ...ITESOFT................. 4,66 30,57 +1,75IT LINK................... 6,48 42,51 +7,28IXO.......................... 1,23 8,07 – 4,65JOLIEZ REGOL....... d 1,20 7,87 ...KALISTO ENTE...... 1,40 9,18 – 18,13KALISTO ACT......... 3,33 21,84 ...KEYRUS PROGI ..... 2,43 15,94 – 5,81KAZIBAO ................ 1,10 7,22 – 6,78LACIE GROUP ....... 8 52,48 – 3,61LEXIBOOK #........... 17,50 114,79 ...LEXIBOOK ACT...... d 20 131,19 ...LINEDATA SER...... 23,15 151,85 +0,22LYCOS EUROPE..... 1,65 10,82 – 1,79MEDCOST #........... 7,50 49,20 – 4,46SQLI NOUV.01 ....... d 3,10 20,33 ...MEDIDEP #............ 123 806,83 – 1,60MEMSCAP ............. 6,50 42,64 – 3,70METROLOGIC G ... 77,60 509,02 +0,78

MICROPOLE.......... 8,89 58,31 – 0,67MONDIAL PECH... 4,27 28,01 – 9,92MULTIMANIA ....... 5,20 34,11 – 8,77NATUREX .............. 13 85,27 ...NET2S # ................. 15,50 101,67 – 1,90NETGEM................ w 8,71 57,13 – 0,68NETVALUE # ......... 2,39 15,68 – 9,13NEURONES #........ 4,33 28,40 – 0,46NICOX #................. 66 432,93 – 1,49OLITEC................... 27,45 180,06 ...OPTIMS # .............. 3,30 21,65 – 4,07OXIS INTL RG ....... 0,45 2,95 – 10PERFECT TECH .... 18 118,07 – 7,17PERF.TECHNO...... d 0,41 2,69 ...PHARMAGEST I .... 18,44 120,96 +4,59PHONE SYS.NE..... d 2,35 15,41 ...PICOGIGA.............. 14,45 94,79 – 3,47PROSODIE #.......... 44 288,62 – 2PROSODIE BS ....... 11,49 75,37 – 14,89PROLOGUE SOF ... 8,50 55,76 +1,19PROXIDIS .............. d 1,48 9,71 ...QBIOGENE ............ d 4,56 29,91 ...QUALIFLOW .......... 17,08 112,04 – 5,95QUANTEL .............. 4,25 27,88 +0,95R2I SANTE............. 7,65 50,18 – 1,92RECIF # .................. 37 242,70 +3,35REPONSE # ........... 33 216,47 +1,54REGINA RUBEN ... 1,46 9,58 ...RIBER #.................. 11 72,16 +6,69RIGIFLEX INT........ 174 1141,37 +2,96RISC TECHNOL .... 11,39 74,71 +2,52SAVEURS DE F...... 9,10 59,69 – 1,09GUILLEMOT BS .... 15,16 99,44 +0,07SELF TRADE.......... 5,20 34,11 +0,78SILICOMP #........... 53,35 349,95 +0,28SITICOM GROU.... 20,57 134,93 – 2,05SODITECH ING .... 9,23 60,54 +0,11SOFT COMPUTI.... 8,50 55,76 – 1,16SOI TEC SILI.......... w 20,10 131,85 – 0,79SOI TEC BS 0......... 14,90 97,74 +14,62SQLI ....................... 3,50 22,96 – 3,58STACI # .................. 2,90 19,02 ...STELAX................... 0,65 4,26 +35,42SYNELEC # ............ 15,70 102,99 +3,97SYSTAR # ............... 11,20 73,47 – 6,67SYSTRAN ............... 5 32,80 +1,01TEL.RES.SERV........ 10,69 70,12 – 2,11TELECOM CITY..... 5,50 36,08 ...

SECOND_______________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________MARCHE

LUNDI 21 MAI

Une selection. Cours releves a 9 h 57

Cours Cours % Var.Valeurs f en euros en francs veille

AB GROUPE.......... 43 282,06 +0,23ACTIELEC TEC ...... 7 45,92 +2,19ALGECO #.............. 112 734,67 ...ALTEDIA................ 49,50 324,70 +1,02ALTEN (SVN) ........ w 142,60 935,39 – 1,11APRIL S.A.#( .......... 209 1370,95 +0,29ASSYSTEM # ......... 53,70 352,25 – 6,69AUBAY ................... 11,50 75,44 – 0,86BENETEAU #......... 118,20 775,34 +3,05BOIRON (LY)#....... 84 551 +0,18BONDUELLE......... 43,50 285,34 +1,16BQUE TARNEAU... d 99,50 652,68 ...BRICORAMA # ...... 58,55 384,06 – 0,09BRIOCHE PASQ .... 74,60 489,34 +3,61BUFFALO GRIL..... 10,50 68,88 ...C.A. OISE CC ......... d 96,95 635,95 ...C.A. PARIS I........... 74,05 485,74 ...C.A.PAS CAL.......... a 149 977,38 – 0,67CDA-CIE DES........ 44,20 289,93 – 0,23CEGEDIM #........... 57,50 377,18 +2,68CIE FIN.ST-H ........ d 121,10 794,36 ...CNIM #.................. 61 400,13 – 1,61COFITEM-COFI..... d 61,05 400,46 ...DANE-ELEC ME.... 3,75 24,60 – 2,60ENTRELEC # ......... 62,50 409,97 – 0,08ETAM DEVELOP ... 9,55 62,64 – 1,65EUROPEENNE C... 93 610,04 – 2,05EXPAND S.A.......... 62 406,69 +1,64FINATIS(EX.L ........ d 116,10 761,57 ...FININFO................ 35,80 234,83 – 0,56FLEURY MICHO ... 25 163,99 +0,24FOCAL (GROUP.... 68,80 451,30 ...GENERALE LOC.... 123,50 810,11 – 1,04GEODIS ................. 48 314,86 +0,25

GFI INDUSTRI....... 31,34 205,58 +1,75GRAND MARNIE .. d 7600 49852,73 ...GROUPE BOURB... d 46,15 302,72 ...GROUPE CRIT ....... 22,65 148,57 – 0,22GROUPE J.C.D....... 137 898,66 – 1,08HERMES INTL....... w 164,70 1080,36 – 1,38HYPARLO #(LY ...... 33 216,47 – 0,03IMS(INT.META...... 9,05 59,36 +0,44INTER PARFUM .... 70 459,17 – 0,71JET MULTIMED .... 39,60 259,76 – 5,94LABOR.ARKOPH.... 142 931,46 +1,43LAURENT-PERR .... 32 209,91 ...LDC ........................ d 139,60 915,72 ...LECTRA SYST. ....... 6,40 41,98 +0,16LOUIS DREYFU ..... 10,23 67,10 – 0,20LVL MEDICAL........ 65,50 429,65 +0,15M6-METR.TV A...... w 31,50 206,63 +0,16MANITOU #........... 75 491,97 +1,21MANUTAN INTE... 49,50 324,70 +4,87PARC DES EXP ...... d 117 767,47 ...PCAS #.................... 25,48 167,14 – 0,08PETIT FOREST....... 42,50 278,78 ...PIERRE VACAN...... 62,35 408,99 +1,22PINGUELY HAU .... w 24,60 161,37 – 0,45POCHET................. d 115 754,35 ...RADIALL # ............. 98,50 646,12 – 2,48RALLYE (LY)........... w 60,75 398,49 +0,25ROCANI(EX FI ....... d 13,64 89,47 ...RODRIGUEZ GR ... 58 380,46 – 1,36SABATE SA #.......... 31 203,35 ...SECHE ENVIRO ..... 85,50 560,84 +0,59SINOP.ASSET......... d 19,20 125,94 ...SIPAREX CROI ....... 29,60 194,16 +0,34SOLERI ................... d 235,90 1547,40 ...SOLVING #............. 82,90 543,79 +0,42STEF-TFE # ............ 46,80 306,99 – 0,43STERIA GROUP ..... 133 872,42 – 5SYLEA ..................... d 48,79 320,04 ...SYLIS # ................... 32 209,91 +4,23SYNERGIE (EX ....... 54,70 358,81 – 0,27TEAM PARTNER ... 16,80 110,20 +3,58TRIGANO............... w 44 288,62 +1,15UNION FIN.FR...... 42,40 278,13 – 0,70VILMOR.CLAUS ..... 72 472,29 ...VIRBAC................... 86,05 564,45 – 1,09................................ ... ... ................................... ... ... ................................... ... ... ...

NOUVEAUMARCHE

Une selection. Cours de cloture le 18 mai

Valeurs unitaires e DateEmetteurs f Euros francs ee cours

AGIPI

AGIPI AMBITION (AXA) ........ 28,60 187,60 18/05AGIPI ACTIONS (AXA) ........... 31,17 204,46 18/05

3615 BNP08 36 68 17 17 (2,21 F/mn)

BNP MONE COURT TERME.. 2450,06 16071,34 18/05BNP MONE PLACEMENT C .. 13451,34 88235,01 18/05BNP MONE PLACEMENT D .. 11744,31 77037,62 18/05BNP MONE TRESORERIE ..... 153040,62 1003880,66 18/05BNP OBLI. CT....................... 161,93 1062,19 18/05BNP OBLI. LT ....................... 33,14 217,38 18/05BNP OBLI. MT C................... 149,31 979,41 18/05BNP OBLI. MT D .................. 136,98 898,53 18/05BNP OBLI. SPREADS............. 180,35 1183,02 18/05BNP OBLI. TRESOR .............. 1917,63 12578,83 18/05

Fonds communs de placementsBNP MONE ASSOCIATIONS.. 1797,26 11789,25 18/05

BANQUE POPULAIRE ASSET MANAGEMENTwww.bpam.fr 01 58 19 40 00

BP OBLI HAUT REND. .......... 110,66 725,88 17/05BP MEDITERRANEE DEV. ..... 72,60 476,22 16/05BP NOUVELLE ECONOMIE ... 135,98 891,97 17/05BP OBLIG. EUROPE .............. 50,64 332,18 18/05BP SECURITE........................ 101090,52 663110,34 18/05EUROACTION MIDCAP......... 160,86 1055,17 18/05FRUCTI EURO 50 .................. 121,92 799,74 18/05FRUCTIFRANCE C ................ 102,67 673,47 17/05FRUCTIFONDS FRANCE NM 269,76 1769,51 16/05

www.cdcixis-am.fr

MULTI-PROMOTEURSNORD SUD DEVELOP. C....... 504,86 3311,66 16/05NORD SUD DEVELOP. D ...... 389,62 2555,74 16/05

Sicav en ligne :08 36 68 09 00 (2,21 F/mn)

ECUR. 1,2,3... FUTUR ............ 60,18 394,75 20/05ECUR. ACTIONS EUROP. C ... 20,75 136,11 20/05ECUR. ACTIONS FUTUR ....... 77,89 510,92 20/05ECUR. CAPITALISATION C .... 42,83 280,95 20/05ECUR. DYNAMIQUE+ D PEA. 51,02 334,67 20/05ECUR. ENERGIE D PEA......... 49,85 326,99 20/05ECUR. EXPANSION C............ 14471,26 94925,24 20/05ECUR. EXPANSIONPLUS C.... 41,42 271,70 20/05ECUR. INVESTISSEMENTS.... 62,28 408,53 20/05ECUR. MONETAIRE C ........... 220,25 1444,75 20/05ECUR. MONETAIRE D........... 189,93 1245,86 20/05ECUR. OBLIG. INTERNAT. .... 175,52 1151,34 20/05

ECUR. TECHNOLOGIES ........ 48,45 317,81 20/05ECUR. TRIMESTRIEL D ......... 274,24 1798,90 20/05EPARCOURT-SICAV D ........... 27,72 181,83 20/05GEOPTIM C .......................... 2257,03 14805,15 20/05

Fonds communs de placementsECUREUIL EQUILIBRE C ....... 38,57 253 20/05ECUREUIL PRUDENCE C ...... 34,04 223,29 20/05ECUREUIL VITALITE C .......... 45,26 296,89 20/05

08 36 68 56 55(2,21 F/mn)

ATOUT CROISSANCE D......... 470,66 3087,33 18/05ATOUT FONCIER D............... 350,99 2302,34 18/05ATOUT FRANCE ASIE D ........ 92,68 607,94 18/05ATOUT FRANCE EUROPE D .. 212,32 1392,73 18/05ATOUT FRANCE MONDE D .. 53,32 349,76 18/05ATOUT FUTUR C .................. 235,13 1542,35 18/05ATOUT FUTUR D .................. 213,06 1397,58 18/05ATOUT SELECTION D ........... 126,26 828,21 18/05DIEZE C ................................ 468,93 3075,98 18/05EURODYN C ......................... 604,60 3965,92 18/05INDICIA EUROLAND D ......... 134,28 880,82 17/05INDICIA FRANCE D .............. 454,35 2980,34 17/05INDOCAM AMERIQUE C ....... 48,34 317,09 18/05INDOCAM ASIE C ................. 22,43 147,13 18/05INDOCAM FRANCE C ........... 408,50 2679,58 18/05INDOCAM FRANCE D ........... 335,78 2202,57 18/05INDOCAM MULTI OBLIG. C.. 179,06 1174,56 18/05OBLIFUTUR C ....................... 97,67 640,67 18/05OBLIFUTUR D....................... 80,58 528,57 18/05REVENU-VERT D................... 171,04 1121,95 18/05UNIVERS ACTIONS C ............ 66,12 433,72 18/05UNIVERS-OBLIGATIONS C.... 42,98 281,93 18/05

Fonds communs de placementsATOUT VALEUR D................. 95,19 624,41 17/05INDOCAM VAL. RESTR. C ..... 321,19 2106,87 17/05MASTER ACTIONS C ............. 50,19 329,22 16/05MASTER OBLIGATIONS C ..... 30,35 199,08 16/05OPTALIS DYNAMIQ. C .......... 21,05 138,08 17/05OPTALIS DYNAMIQ. D .......... 20,19 132,44 17/05OPTALIS EQUILIB. C ............. 19,90 130,54 17/05OPTALIS EQUILIB. D............. 18,61 122,07 17/05OPTALIS EXPANSION C ........ 17,87 117,22 17/05OPTALIS EXPANSION D ........ 17,75 116,43 17/05OPTALIS SERENITE C ........... 17,95 117,74 17/05OPTALIS SERENITE D ........... 16,22 106,40 17/05PACTE SOL. LOGEM.............. 77,10 505,74 15/05PACTE SOL.TIERS MONDE.... 81,99 537,82 15/05UNIVAR C ............................. 188,88 1238,97 22/05UNIVAR D............................. 186,13 1220,93 22/05

CIC CONVERTIBLES .............. 6,10 40,01 18/05CIC FINUNION ..................... 171,63 1125,82 18/05CIC OBLI LONG TERME C..... 14,91 97,80 18/05CIC OBLI LONG TERME D .... 14,91 97,80 18/05CIC OBLIMONDE .................. 133,29 874,33 18/05CIC PIERRE........................... 37,24 244,28 18/05RENTACIC ............................ 22,77 149,36 18/05UNION AMERIQUE ............... 535,81 3514,68 18/05

Fonds communs de placementsCIC EURO OPPORTUNITE..... 634,73 4163,56 18/05

CIC NOUVEAU MARCHE ...... 8,90 58,38 18/05CIC TECHNO. COM .............. 125,49 823,16 17/05

www.clamdirect.com

EURCO SOLIDARITE............. 222,62 1460,29 18/05LION 20000 C/3 11/06/99 ....... 482,97 3168,08 18/05LION 20000 D/3 11/06/99 ....... 421,64 2765,78 18/05SICAV 5000 ........................... 190,26 1248,02 18/05SLIVAFRANCE ...................... 336,54 2207,56 18/05SLIVARENTE......................... 40,55 265,99 15/05SLIVINTER ........................... 177,42 1163,80 18/05TRILION............................... 749,33 4915,28 18/05

Fonds communs de placementsACTILION DYNAMIQUE C * . 206,32 1353,37 18/05ACTILION DYNAMIQUE D * . 194,34 1274,79 18/05ACTILION PEA DYNAMIQUE 80,22 526,21 18/05ACTILION EQUILIBRE C *..... 187,62 1230,71 15/05ACTILION EQUILIBRE D * .... 175,42 1150,68 15/05ACTILION PEA EQUILIBRE ... 187,46 1229,66 18/05ACTILION PRUDENCE C *.... 175 1147,92 18/05ACTILION PRUDENCE D * ... 163,08 1069,73 18/05INTERLION .......................... 225,02 1476,03 15/05LION ACTION EURO ............ 108,08 708,96 18/05LION PEA EURO................... 110,22 723 18/05

CM EURO PEA...................... 26,09 171,14 18/05CM EUROPE TECHNOL ........ 6,18 40,54 18/05CM FRANCE ACTIONS ......... 42,06 275,90 18/05CM MID. ACT. FRANCE........ 38,42 252,02 18/05CM MONDE ACTIONS.......... 366,73 2405,59 18/05CM OBLIG. LONG TERME .... 104,25 683,84 18/05CM OPTION DYNAM............ 35,11 230,31 18/05CM OPTION EQUIL. ............. 54,85 359,79 18/05CM OBLIG. COURT TERME .. 160,84 1055,04 18/05CM OBLIG. MOYEN TERME . 330,19 2165,90 18/05CM OBLIG. QUATRE............. 163,89 1075,05 18/05

Fonds communs de placementsCM OPTION MODERATION . 19,24 126,21 18/05

ASSET MANAGEMENT

AMERIQUE 2000 ................... 151,19 991,74 18/05ASIE 2000 ............................. 80,08 525,29 18/05NOUVELLE EUROPE ............. 253,48 1662,72 18/05SAINT-HONORE CAPITAL C . 3497,20 22940,13 18/05SAINT-HONORE CAPITAL D. 3245,85 21291,38 18/05ST-HONORE CONVERTIBLES 341,21 2238,19 18/05ST-HONORE FRANCE........... 66,55 436,54 18/05ST-HONORE PACIFIQUE ...... 115,45 757,30 18/05ST-HONORE TECH. MEDIA .. 146,29 959,60 18/05ST-HONORE VIE SANTE ....... 392,16 2572,40 18/05ST-HONORE WORLD LEAD. . 113,89 747,07 18/05

Fonds communs de placementsWEB INTERNATIONAL ......... 32,34 212,14 18/05

LEGAL & GENERAL BANK

STRATEGIE IND. EUROPE .... 241,98 1587,28 17/05

Fonds communs de placementsSTRATEGIE CAC ................... 7261,46 47632,06 17/05STRATEGIE INDICE USA....... 10640,72 69798,55 17/05

www.lapostefinance.frSicav Info Poste :

08 36 68 50 10 (2,21 F/mn)

ADDILYS C ........................... 105,20 690,07 20/05ADDILYS D ........................... 104,37 684,62 20/05AMPLITUDE AMERIQUE C.... 30,42 199,54 20/05AMPLITUDE AMERIQUE D ... 29,83 195,67 20/05AMPLITUDE EUROPE C ........ 37,50 245,98 20/05AMPLITUDE EUROPE D........ 36,40 238,77 20/05AMPLITUDE FRANCE ........... .... ....AMPLITUDE MONDE C ........ 270,09 1771,67 20/05AMPLITUDE MONDE D........ 242,26 1589,12 20/05AMPLITUDE PACIFIQUE C.... 20,04 131,45 20/05AMPLITUDE PACIFIQUE D ... 19,44 127,52 20/05ELANCIEL EURO D PEA ........ 121,27 795,48 20/05ELANCIEL FRANCE D PEA .... 50,21 329,36 20/05EMERGENCE E.POST.D PEA . 36,86 241,79 20/05GEOBILYS C ......................... 117 767,47 20/05GEOBILYS D ......................... 107,62 705,94 20/05INTENSYS C ......................... 20,24 132,77 20/05INTENSYS D......................... 17,20 112,82 20/05KALEIS DYNAMISME C......... 242,04 1587,68 20/05KALEIS DYNAMISME D ........ 235,40 1544,12 20/05KALEIS DYNAMISME FR C.... 90,33 592,53 20/05KALEIS EQUILIBRE C ............ 209,59 1374,82 20/05KALEIS EQUILIBRE D............ 203,04 1331,86 20/05KALEIS SERENITE C.............. 192,64 1263,64 20/05KALEIS SERENITE D ............. 186,21 1221,46 20/05KALEIS TONUS C.................. 83,97 550,81 20/05OBLITYS C............................ 110,05 721,88 20/05OBLITYS D ........................... 108,33 710,60 20/05PLENITUDE D PEA ............... 47,90 314,20 20/05POSTE GESTION C ............... 2569,31 16853,57 20/05POSTE GESTION D............... 2277,65 14940,40 20/05POSTE PREMIERE................. 6982 45798,92 20/05POSTE PREMIERE 1 AN ........ 41417,25 271679,35 20/05POSTE PREMIERE 2-3........... 8885,79 58286,96 20/05PRIMIEL EUROPE C.............. 73,24 480,42 20/05REVENUS TRIMESTRIELS ..... 786,26 5157,53 20/05THESORA C .......................... 182,62 1197,91 20/05THESORA D.......................... 152,45 1000,01 20/05TRESORYS C......................... 46526,24 305192,13 20/05SOLSTICE D.......................... 360,62 2365,51 20/05

Fonds communs de placementsDEDIALYS FINANCE ............. 94,80 621,85 20/05DEDIALYS MULTI-SECT........ 74,10 486,06 20/05DEDIALYS SANTE ................. 102,58 672,88 20/05DEDIALYS TECHNOLOGIES .. 50,72 332,70 20/05DEDIALYS TELECOM ............ 61,95 406,37 20/05POSTE EUROPE C................. 88,98 583,67 20/05POSTE EUROPE D ................ 85,39 560,12 20/05POSTE PREMIERE 8 ANS C ... 191,32 1254,98 20/05POSTE PREMIERE 8 ANS D... 175,63 1152,06 20/05REMUNYS PLUS ................... 101,37 664,94 20/05

SG ASSET MANAGEMENTServeur vocal :

08 36 68 36 62 (2,21 F/mn)

CADENCE 1 D ...................... 155,62 1020,80 17/05CADENCE 2 D ...................... 153,63 1007,75 18/05

CADENCE 3 D....................... 153,85 1009,19 18/05CONVERTIS C ....................... 249,30 1635,30 18/05INTEROBLIG C ..................... 57,26 375,60 17/05INTERSELECTION FR. D ....... 88,80 582,49 18/05SELECT DEFENSIF C............. 194,43 1275,38 18/05SELECT DYNAMIQUE C ........ 274,07 1797,78 18/05SELECT EQUILIBRE 2 ............ 180,73 1185,51 18/05SELECT PEA DYNAMIQUE .... 171,90 1127,59 18/05SELECT PEA 1 ....................... 240,10 1574,95 18/05SG FRANCE OPPORT. C ........ 523,72 3435,38 18/05SG FRANCE OPPORT. D........ 490,37 3216,62 18/05SOGENFRANCE C ................. 573,58 3762,44 18/05SOGENFRANCE D................. 516,88 3390,51 18/05SOGEOBLIG C....................... 109,11 715,71 18/05SOGEPARGNE D ................... 45,04 295,44 17/05SOGEPEA EUROPE................ 272,77 1789,25 18/05SOGINTER C......................... 75,71 496,63 18/05

Fonds communs de placementsDECLIC ACTIONS EURO ....... 18,36 120,43 17/05DECLIC ACTIONS FRANC ..... 63,90 419,16 17/05DECLIC ACTIONS INTER....... 42,61 279,50 18/05DECLIC BOURSE PEA............ 58,93 386,56 17/05DECLIC BOURSE EQUILIBRE 17,72 116,24 17/05DECLIC OBLIG. EUROPE....... 16,79 110,14 17/05DECLIC PEA EUROPE............ 29,94 196,39 17/05DECLIC SOGENFR. TEMPO... 73,73 483,64 17/05FAVOR .................................. 397,31 2606,18 18/05SOGESTION C....................... 53,37 350,08 17/05SOGINDEX FRANCE C .......... 632,61 4149,65 17/05............................................. .... .... ................................................. .... .... ................................................. .... .... ................................................. .... .... ................................................. .... .... ................................................. .... .... ................................................. .... .... ................................................. .... .... ................................................. .... .... ................................................. .... .... ................................................. .... .... ................................................. .... .... ................................................. .... .... ................................................. .... .... ................................................. .... .... ................................................. .... .... ................................................. .... .... ................................................. .... .... ................................................. .... .... ................................................. .... .... ................................................. .... .... ................................................. .... .... ................................................. .... .... ................................................. .... .... ................................................. .... .... ................................................. .... .... ................................................. .... .... ................................................. .... .... ................................................. .... .... ................................................. .... .... ....

SICAV et FCP

LEGENDEe Hors frais. ee A titre indicatif. * Part div. par 10 au 5/5/99.

b Le titre Dexia enregistrait un léger repli,lundi 21 mai, à l’ouverture de la Bourse deParis. Il baissait de 0,8 %, à 186,8 euros aucours des premiers échanges. Dexia devait,mardi, annoncer un bénéfice net part dugroupe en hausse de 17 % à 312 millionsd’euros au premier trimestre.b L’action Communication et Systèmesperdait 1,04 %, à 9,5 euros, à l’ouverture dumarché parisien. Selon Les Echos du 21 mai,la firme, confrontée à des difficultés detrésorerie, négocie la vente de Rand, filialebritannique de sa branche de services infor-matiques.b Le titre Vivendi Universal était en replide 0,26 % à 77,25 euros, lundi, au cours despremiers échanges. Ce léger repli fait suiteà l’annonce du rachat du site InternetMP3.com pour cinq dollars par action (lireaussi page 20).b L’action Publicis gagnait 0,38 % à36,9 euros à l’ouverture. Ce repli fait suiteau franchissement à la baisse du seuil des5 % du capital du groupe publicitaire parPutnam Investment Management et Put-nam Advisory Company LLC.b Le titre Sagem affichait un repli de1,18 %, à 88,2 euros à l’ouverture. Cette bais-se fait suite à l’annonce d’un partenariatavec l’italien Smartel dans le secteur des ter-minaux de paiement électronique en Italie.

VALEURS FRANCE

F I N A N C E S E T M A R C H É S

Page 24: New e 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINE MARDI 22 MAI … · 2018. 3. 26. · 57e annÉe – nº 17518 – 7,50 f - 1,14 euro france mÉtropolitaine mardi 22 mai 2001 fondateur

Lille offre au championnat de France sa dernière surpriseEn s’imposant (2-1) à Monaco, les joueurs de Vahid Halilhodzic ont pris la troisième place de la compétition, au détriment de Bordeaux.

Ils se sont ainsi qualifiés pour la Ligue des champions 2001-2002, qu’ils joueront avec Nantes, et son dauphin, LyonBIEN qu’il ait été champion de

France à deux reprises dans le pas-sé (1946, 1954), mais à une époqueoù les Coupes d’Europe n’exis-taient pas, le Lille olympique spor-ting club (LOSC) n’a jamais partici-pé à la moindre compétition conti-nentale. Cette carence sera bientôtcomblée. Grâce à sa victoire, same-di 19 mai, à Monaco (1-2), lors dela 34e et dernière journée du cham-pionat de France de division 1, leclub du Nord a arraché la troisiè-me place du classement, synony-me de qualification pour le tourpréliminaire de la Ligue des cham-pions. Le LOSC boucle ainsi uneannée folle. De retour dans l’éliteaprès trois années passées en divi-sion 2, il ne lui aura fallu qu’unesaison pour voir s’entrouvrir la por-te de la plus prestigieuse des Cou-pes européennes. Les Girondinsde Bordeaux, battus à Metz (2-0),se contenteront donc de disputerla Coupe de l’UEFA, aux côtés duCS Sedan-Ardennes, qui s’estimposé face à l’AJ auxerroise (1-0).

TRAGI-COMÉDIESans un psychodrame, survenu il

y a deux mois au Maroc, où l’équi-pe de Vahid Halilhodzic était alléese resourcer, le LOSC aurait peut-être pu terminer à l’une des deuxpremières places du championnat.L’entraîneur franco-bosniaqueavait vécu comme une trahison dene pas avoir été informé d’une« passation » de responsabilitésentre les deux actionnaires majori-taires du club, Luc Dayan et FrancisGraille. Son vague à l’âme le plon-gea dans une méditation existentiel-le sur le thème « Dois-je rester àLille ? » Problème : le malaise sepropagea jusqu’aux joueurs.

Tragi-comédie ou pas, ses consé-quences ne se firent pas attendre.

Après avoir été leader pendant plu-sieurs journées, le LOSC dégringo-lait à la quatrième place. La crisedéboucha finalement sur uneréconciliation où l’on parla autantd’argent que de sentiments. VahidHalilhodzic, quarante-huit ans,décidait de rester à Lille en échanged’actions du club (1 %), de pou-voirs sportifs accrus et de garantiesfinancières pour ses joueurs dansla perspective de la saison prochai-ne. L’annonce de cette issue regon-fla aussitôt le moral des troupes.

Sans doute fallait-il cela, samedi àMonaco. Après avoir encaissé unbut dès la troisième minute par leSuédois Pontus Farnerud, les Lil-lois ont égalisé par Laurent Peyrela-de (34e), puis ont pris l’avantage àdix minutes du coup de sifflet finalgrâce à Bruno Cheyrou (80 e).

S’il ne doit rien au hasard, l’iti-néraire du LOSC n’est pas très diffé-rent de celui du nouveau championde France, le FC Nantes, ni des par-cours d’équipes commes Sedan(4e), Troyes (7e), Bastia (8e) ou enco-

re Guingamp (10e). Tous ces clubsont en commun d’avoir peu touchéà leur effectif entre la saison1999-2000 et la saison 2000-2001.Cette politique de stabilité, la plu-part l’ont adoptée « par défaut ». Al’exception du FC Nantes, dont lebudget de 250 millions de francsétait le sixième de France, Troyes(90 millions de francs), Guingamp(100 millions), Lille (120 millions),Sedan (130 millions) et Bastia(135 millions) faisaient partie des« économiquement faibles ».

Aucun n’a eu les moyens de renou-veler en profondeur son effectifcomme ont pu le faire, il y a un an,avec des fortunes diverses, des for-mations comme l’AS Monaco(375 millions), le Paris-Saint-Ger-main (500 millions), l’Olympiquede Marseille (280 millions) oul’Olympique lyonnais (400 mil-lions).

Adepte d’un style de jeu basé surl’engagement physique, le LOSCaura joué les trouble-fêtes grâce àsa seule dynamique de groupe. L’ar-rivée à maturité du défenseur Pas-cal Cygan aura, en outre, coïncidéavec la réussite du gardien de but« remplaçant » Grégory Wimbée,

devenu titulaire dès la deuxièmejournée après la blessure de TeddyRichert, l’une des rares recrues arri-vées à l’intersaison. De cette équipesans joueur connu, Vahid Halilhod-zic, ancien meilleur buteur du cham-pionnat de France (1983, 85, avecNantes), aura réussi à faire un blocdéfensif inexpugnable. Lille n’aencaissé que 27 buts cette saison :

depuis le passage de la D1 à18 clubs, il y a quatre ans, seul l’OM,en 1997-1998, a fait aussi bien.

Alors que les vainqueurs deMonaco ont été accueillis par4 000 personnes, dimanche 20 mai,devant l’hôtel de ville de Lille, leclub du Nord n’échappera pas, cesprochaines semaines, à une intensephase de réflexion en vue de la sai-son à venir. Avec son stade désuet,ses infrastructures dignes d’uneéquipe de National et son effectifsans vedette, le LOSC pourra-t-ildécemment participer à la Liguedes champions dans l’hypothèseoù il sort vainqueur du tour prélimi-naire qui lui sera proposé à la ren-

trée ? « Le plus difficile, lorsqu’uneéquipe de D2 monte en D1, ce n’estpas la première saison, mais ladeuxième », expliquait récemmentVahid Halilhodzic. Et quand uneéquipe passe de la D 2 à la Liguedes champions en seulementdouze mois ?

Frédéric Potet

Guy Roux (62 ans) a confirmé, dimanche 20 mai, son retour au pos-te d’entraîneur de l’AJ auxerroise, en remplacement de Daniel Rol-land, qui avait annoncé son départ la veille, après la défaite (1-0)concédée à Sedan. « C’est la seule chose que je sais faire, que j’aime etqui me passionne », a déclaré Guy Roux, qui occupait un poste demanager général du club depuis un an. Remercié en décembre 2000par Metz, après douze ans de « service », Joël Muller (49 ans) entraîne-ra le RC Lens la saison prochaine. « On ne peut pas se louper une annéesupplémentaire », a prévenu, dimanche 20 mai, le président du clubnordiste (quatorzième place en championnat, éliminations prématu-rées en coupes). Gervais Martel a également rappelé deux ex-cadresdu club : Jean-Luc Lamarche, qui quitte le Paris-Saint-Germain pours’occuper du recrutement, et Patrice Bergues, adjoint de Gérard Houl-lier à Liverpool, chargé, comme directeur technique, de faire le lienentre tous les entraîneurs du club.

PHIL

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HU

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EN/A

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Une saison au rythme des tribunaux

Guy Roux et Joël Muller reprennent du service

Le classement final du championnat de France de football de D1

7millions

Le chiffre

C'est le nombre despectateurs qui ontassisté, cette saison,au championnat deD1. C'est la 1ère foisque la barre des 7millions est dépasséedans l'histoire duchampionnat. Lors dela saison 1999-2000,le total de spectateursétait de 6,841 millions.

Rouges

jaunes

Rouges

jaunes• LES CARTONS

Point

sJo

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Gag

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Nuls

Perdu

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.

Chgts

Série

s

LES DÉFENSES

LES BUTEURS

LES PASSEURS

LES ATTAQUES

• CLASSEMENT

Nantes, 58 buts • 2. Lyon, 57• 3. Monaco, 531 Lille, 27 buts • 2. Lyon, 30• 3. Bordeaux, 33

68 21 5 83464 17 13 43459 16 11 73457 15 12 73452 14 10 103448 14 6 143446 11 13 103445 13 6 153444 12 8 143444 11 11 123443 12 7 153443 11 10 133441 11 8 153440 9 13 123440 11 7 163437 9 10 153434 8 10 163429 7 8 1934

1 Nantes2 Lyon3 Lille4 Bordeaux5 Sedan6 Rennes7 Troyes8 Bastia9 Paris SG

10 Guingamp11 Monaco12 Metz13 Auxerre14 Lens15 Marseille16 St-Etienne17 Toulouse18 Strasbourg

+ 22+ 27+ 16+ 15+ 7+ 7– 2

– 1+ 4

– 8+ 3– 7– 10– 2– 9

– 13

– 33– 16

1

1

1

1

2

2

1

3

1

2

==

===

====

34e JOURNÉE1-2

5 00025 %

• spectateurs• remplissage/stade

Lens-Nantes

Monaco-Lille

1-440 651100 %

• spect.• rempl/stade

Rennes-Lyon 3-422 498100%

• spect.• rempl/stade

Metz-Bordeaux 2-025 468

89 %• spect.• rempl/stade

Sedan-Auxerre 1-017 000100 %

• spect.• rempl/stade

Troyes-Marseille 1-117 756100 %

• spect.• rempl/stade

Bastia-Toulouse 5-15 41553 %

• spect.• rempl/stade

St-Etienne-Guingamp 2-227 137

77 %• spect.• rempl/stade

1-216 625

43 %• spect.• rempl/stade

Strasbourg-Paris-SG 16 Lyon 7 4517 Strasbourg 7 6018 Troyes 7 70

1 Nantes 1 432 St-Etienne 1 583 Rennes 2 51

1. Anderson (Lyon) +2, 22 buts • 2.Pauleta (Bordeaux), 20 buts • 3. Née

(Bastia) +1, 16 buts.

1 Carrière (Nantes) +1, 12 passes •2.Gallardo (Monaco), 11 passes • 3.

Bonnissel (Bordeaux) et Quint (Sedan), 9

GGGGG

GGGGG

NNPNG

NGGNP

NPPNG

PGPGP

NNPNN

PPGPG

GPNNG

NPPNN

PPNNP

PGGPG

PNPPP

GNNNP

PGNGN

NPNPN

PGGGP

GPGPP

• Qualifiés pour la Ligue des champions : Nantes, Lyon, Lille.• Qualifiés pour la Coupe de l'UEFA : Bordeaux, Sedan et levainqueur de la Coupe de France (Strasbourg-Amiens).• Qualifiés pour la Coupe Intertoto : Rennes, Troyes, Bastia.• Relégués en D2 : Strasbourg, Toulouse, Saint-Etienne.• Accèdent en D1 : Sochaux (champion de D2), Lorient, Montpellier.

Environ 4 000 supporteurs du LOSC sont venus acclamer leur équipe, devant la mairie de Lille.

JUGEMENTS, appels, pourvois… La saisonde football 2000-2001 en France a vécu aurythme des tribunaux. Avec l’affaire des fauxpasseports communautaires, les prétoires ontplus qu’à leur tour pris le pas sur les terrains, etles onze mois écoulés resteront dans les anna-les pour des péripéties judiciaire inédites. Enattendant l’homologation définitive du cham-pionnat, retour sur une saison de football etd’affaires, qui compta huit leaders différents.

b La Ligue nationale perd la tête. Jeudi6 juillet, la saison débute sur un coup de théâ-tre. Noël Le Graët, président de la Ligue natio-nale (LNF) depuis 1991, est éconduit au profitde Gérard Bourgoin. Le temps des réjouissan-ces est de courte durée pour l’ancien roi dupoulet industriel, qui cristallise rapidement lescritiques. Sa méthode, « virile », et sa gestiondes affaires (faux passeports notamment) estloin de faire l’unanimité, y compris auprès deses anciens alliés. Début avril, le président del’Olympique lyonnais, Jean-Michel Aulas, prin-cipal soutien de Gérard Bourgoin, plébiscite leretour de Noël le Graët. L’assemblée généraledes 13-14 juin, à Sochaux, promet d’être agi-tée.

b Faux passeports. Fin novembre, la nouvel-le passe inaperçue : l’ancien joueur du RacingClub de Strasbourg, l’Argentin Diego Garay, aété contrôlé le 26 mai 2000 par les douanes alle-mandes en possession d’un passeport italienfalsifié. L’affaire prend ensuite une tournurejudiciaire : 78 joueurs voient leurs passeportscontrôlés et cinq d’entre eux sont mis en exa-men pour usage de faux (les Stéphanois Alex,Aloisio, Levytsky, le Monégasque Contreras etle Messin Mondragon), ainsi que deux diri-geants stéphanois (Gérard Soler, Didier Lacom-be). En attendant les résultats des ultimes pour-

vois, la Fédération française et la Ligue ontdécidé d’élargir à cinq par équipe le nombre dejoueurs non communautaires.

b Rechute du Paris-Saint-Germain. Le2 décembre 2000, le Paris-Saint-Germain estétrillé à Sedan (5-1) et Luis Fernandez rempla-ce Philippe Bergeroo. L’ancien entraîneur desParisiens vainqueurs de la Coupe des coupes1996 est nommé manager-entraîneur. Il an-nonce « de belles choses à venir ». Le PSG termi-ne 9e à 24 points de Nantes. « Quelque part, jeme suis gouré sur les castings », déclare PierreLescure, président de Canal+, actionnaire majo-ritaire d’un club, qui a investi 454 millions defrancs dans les recrutements, dont la moitiépour Nicolas Anelka.

b Carton rouge des arbitres. L’année2001 débute par un coup de semonce du corpsarbitral. En janvier, les arbitres décident deretarder de quelques minutes le coup d’envoides matches de la 24e journée, dénonçant « unclimat délétère ». A l’origine de cette colère,une décision de la commission de discipline dela LNF, donnant à rejouer à huis clos la rencon-tre Strasbourg-Metz, interrompue le 22 décem-bre à la suite d’un jet de pétard sur l’arbitreassistante Nelly Viennot. Une table ronde setient le 29 janvier. Elle aboutit à la constitutiond’un groupe de travail, chargé de réfléchir surle rôle et le statut des arbitres. Ses conclusionssont attendues pour le 31 mai.

b Retour de Bernard Tapie. Mercredi4 avril, Bernard Tapie est nommé « responsabledu domaine sportif » de l’Olympique de Mar-seille (OM). Robert-Louis Dreyfus, patrond’Adidas et président du club depuis six ans,cède à la pression du public phocéen. « Je parti-rai quand l’avenir sera assuré », prévient-il,tout en donnant 15 % du capital du club à l’an-

cien ministre de la ville, devenu acteur aprèsson séjour en prison. En prenant ses fonctions,le 9 avril, Bernard Tapie promet d’être « impla-cable ». L’OM, désormais entraîné par le Croa-te Tomislav Ivic, termine 15e et premier nonrelégable, comme à l’issue de la saison1999-2000.

b Nantes maillot jaune. Le 12 mai, le FCNantes Atlantique, victorieux (1-0) de Saint-Etienne, décroche son huitième titre de cham-pion (21 victoires en 34 matches). La nouvellevague jaune est emmenée par Eric Carrière, élumeilleur joueur de la saison 2000-2001 par sespairs.

b Emergence des « petits ». Le 19 mai,Lille, le promu, arrache à Bordeaux la troisièmeplace du classement, synonyme de qualifica-tion pour le tour préliminaire de la Ligue deschampions, après son succès à Monaco (2-1).L’équipe entraînée par le Bosniaque VahidHalilhodzic a occupé sept fois la place de lea-der cette saison. Sedan, qui disposait à l’instarde Lille d’un budget de 120 millions de francs, alui aussi semé le trouble dans une hiérarchieque l’on pensait préétablie. Après avoir occupéà cinq reprises le fauteuil de leader, les Arden-nais se classent cinquièmes, place qualificativepour la Coupe de l’UEFA.

b Valse des entraîneurs. Le 19 mai, l’entraî-neur d’Auxerre Daniel Rolland annonce qu’ilquitte son poste. Il sera remplacé par l’inusableGuy Roux (62 ans), qui, tout au long de la sai-son, s’est ému du sort réservé aux entraîneurs :neuf d’entre eux ont en effet été remerciés.Huit dirigeaient les clubs qui se classent finale-ment aux sept dernières places du champion-nat.

Etienne Labrunie

SPORTS Le championnat de Fran-ce de football de division 1 s’est ache-vé, samedi 19 mai, à l’issue d’unejournée qui a vu Lille parvenir à accro-cher la troisième place, synonyme de

Ligue des champions, au détrimentde Bordeaux. b LA PERFOMAN-CE DES LILLOIS, auteurs d’une victoi-re à Monaco (2-1) pendant que lesGirondins s’inclinaient (2-0) à Metz ,

est une des nombreuses surprises dela compétition. b LES NORDISTES,qui furent leader du championnatpendant toute une partie de la sai-son rejoignent Nantes et Lyon en

Ligue des champions. b LA SAISON2000-2001 a été marquée par denomreuses péripéties – guerre desclans, affaires de faux passeports, cri-se arbitrale, etc. b À AUXERRE, l’ulti-

me défaite (1-0), face Sedan, a préci-pité la chute de Daniel Rolland, quisera remplacé dès la saison2001-2002 par l’homme auquel ilavait succédé : Guy Roux.

A U J O U R D ’ H U I25

LE MONDE / MARDI 22 MAI 2001

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26 / LE MONDE / MARDI 22 MAI 2001

SUR LE CIRCUIT Bugatti duMans, quatrième étape du cham-pionnat du monde, l’Italien MaxBiaggi a fini par retrouver la con-fiance et une certaine sérénité.« Vous allez voir, la Yamahano 3 sera toujours à la limite », avait-il déclaré quelques jours avant lacourse au micro de France-Télévi-sion.

Sa victoire, dimanche 20 mai, auGrand Prix de France, a mis un ter-me à son début de saison sanséclat et relancé de brillante maniè-re la compétition des 500 cm3. Ildevance sur le podium son équi-pier de chez Yamaha, l’EspagnolCarlos Checa et surtout l’ItalienValentino Rossi (Honda), souventprésenté comme l’ennemi intimedu Romain, et avec lequel il avaitjoué des coudes à plus de 200 km/hlors du Grand Prix du Japon à Suzu-ka, le 8 avril.

Depuis le début de la saison2001, Valentino Rossi a surclasséses adversaires et volé la vedette àl’ensemble du plateau en empor-tant les trois premières courses.Des victoires acquises grâce à unpilotage très agressif mais surtoutà un sens tactique hors du com-mun. Selon un scénario presquetoujours identique, l’Italien joueau chat et à la souris avec chacunde ses adversaires qu’il finit paravaler pour finalement s’imposer.Cette manière de courir rappellecelle de l’Australien Mickael Doo-han, cinq fois champion du mondeentre 1994 et 1998 qui est aujour-d’hui – est-ce un hasard ? – lemanager de Valentino Rossi.

Champion du monde des125 cm3 en 1997 et des 250 cm‘ en1999, vice-champion du mondedes 500 cm3 en 2000, pour sa pre-mière saison dans la « catégorie rei-ne », le jeune Italien de vingt-deuxans au visage de lutin se rapprochede la performance, restée unique,de l’Anglais Phil Read qui, dans lesannées 1970, avait réussi à rempor-ter les championnats du mondedans les trois principales catégo-ries qui restent au programme desGrands Prix moto, depuis que les50, 80, 750 cm3 –ainsi que les side-cars – ont disparu.

Après avoir rencontré des problè-mes de motricité au moment dudépart, Valentino Rossi s’estretrouvé à la huitième place aubout de la première ligne droite.Ce handicap était toutefois troplourd pour qu’il parvienne à se his-ser aux avant-postes de la course,même s’il est parvenu à effectuer,graduellement comme toujours,une belle remontée pour parvenirà terminer à une très honorabletroisième place.

CHASSÉ-CROISÉAuteur du meilleur temps en

qualification, Max Biaggi occupaitla première place sur la grille dedépart. Après une sortie dans lebac à gravier en début de course,un chassé-croisé avec KennyRoberts Jr (le champion du mondeen titre) et son équipier Carlos Che-ca, Max Biaggi prendra la tête de lacourse à 13 tours de la fin pour neplus la quitter, accélérant même lacadence lorsque son stand luisignalera la remontée de ValentinoRossi.

Quatre fois champion du mondedes 250 cm3 en 1994, 1995, 1996 et1997, Max Biaggi a longtemps étéla figure de proue du motocyclis-me italien, devenant une véritablestar dans son pays. Aujourd’hui,les rôles ont changé, et sa minesouvent fermée, voire hostile àtout contact, ne le rend pas facile-ment sympathique et populaire.Valentino Rossi use, il est vrai, du

charme de sa personne qu’illumineun large sourire, et dispose de par-faites prédispostions pour qui veutséduire. Ou irriter. Max Biaggi ensait quelque chose, que l’on sollici-te sans cesse sur sa relation avec leprodige d’Urbino.

« Il peut gagner toutes les cour-ses », avait-t-il répété devant lacathédrale du Mans lors d’une visi-te de la vieille ville à l’avant-veilledu Grand Prix, manière de cloretout net la discussion sur le sujet.« Nous avons une idée différente dela vie et de comment faire les cho-ses », confiait, au quotidien britan-nique The Times, Valentino Rossi,dont chacune des apparitions pro-voque une bousculade sur les pad-docks des circuits et dans les ruesde villes italiennes.

UN STYLE REPTILIENLa différence de style entre les

deux Italiens se joue également etsurtout sur la piste. Max Biaggi aun style reptilien qui convient par-faitement à sa petite taille. Il enla-ce littéralement sa moto dans lescourbes, jusqu’à parfois disparaî-

tre derrière elle, et joue du balan-cier avec une fluidité incompara-ble. A l’inverse, Valentino Rossi,plus grand par la taille, sembleavoir une conduite plus tendue,exacerbée par des sorties de cour-bes tout en puissance. Sa postureest plus dominatrice et rappelled’avantage un félin, toujours prêtà fondre sur sa proie.

Valentino Rossi, avec 91 points,est le leader provisoire du cham-pionnat du monde. Il devance leJaponais Norick Abe (57 points) etMax Biaggi (54 points), que sa pres-tation mancelle a remis dans lacourse au titre. La catégorie des250 cm3, antichambre des 500, est,quant à elle, largement dominéepar le Japonais Daijiro Katoh qui,non seulement a réalisé tous lesmeilleurs temps en qualification,mais surtout a remporté les quatrepremiers grand prix de la saison. Ilfaut remonter en 1966, avec l’An-glais Mike Hailwood (dit « Mikethe Bike »), pour retrouver unepareille performance.

Jean-Jacques Larrochelle

LA BALLE à l’aile, la vie est belle.C’est une jolie expression inventéepar les rugbymen français. Une alli-tération pleine de désirs et de plai-sirs, une promesse printanière de

jeu ondoyantet d’arabes-ques agui-chantes. Dèsle retour desbeaux jours,elle trottedans la têtedes lignes

arrière françaises, frustrées tout l’hi-ver de ces « bons ballons » à jouerau large. La balle à l’aile, la vie estbelle, c’est aussi un mode de vie,parfois dangereux sur les terrainsde rugby, une situation à la marge,réservée aux désinvoltes distingués,ou aux insouciants au pied léger. LeStade français-CASG possède l’undes dépositaires les plus renommésde cet art de vivre dangereusement,un artiste toujours à la limite de lasortie de route – ou du passage en

touche. Il s’appelle ChristopheDominici et il lui arrive, dans sestrès bons jours, de ridiculiser desbataillons défensifs d’un contre-pied non répertorié dans le grandlivre des attaquants du rugby. L’en-traîneur des Parisiens, John Connol-ly – un Australien, donc un connais-seur – le préfère dans un rôle d’ar-rière, organisateur plutôt que créa-teur, relanceur plutôt qu’accéléra-teur. Il lui a donc remis le maillotfrappé du no 15 pour affronter Lei-cester en finale de la Coupe d’Euro-pe, le 19 mai, au Parc des Princes, àParis.

L’entraîneur du Stade françaisavait concocté un plan pour appor-ter au club de Max Guazzini sonpremier trophée européen. Il pas-sait par le centre, pas par les ailes.Trop dangereux, avait-il jugé. Tropdangereux face à Leicester, maîtredans l’art du jeu en contre-attaque,grâce au bon génie de son stratège,le demi de mêlée Austin Healey, etaux jambes enflammées d’un jeunetrois-quarst centre plein d’avenir,Leon Lloyd. Pendant 80 minutes,les Parisiens ont suivi les consignes,s’appliquant à venir percuter unmilieu de terrain tout à fait étan-che.

« Ils défendent comme les Austra-liens, remarque Christophe Domini-ci. On aurait peut-être dû essayer dejouer plus souvent les extérieurs. »Les Parisiens ont eu peur de l’acci-dent, l’interception. Alors, ils ontpréféré les grands boulevards,encombrés, au périphérique, pasassez dégagé pour donner du gaz– en avaient-ils assez ? « Nousavons été pris tactiquement », recon-naît le capitaine du Stade français,Christophe Juillet. Et, au final, Lei-cester s’est imposé 34-30. C’est queles Tigres anglais, déjà vainqueursdu championnat et de la Couped’Angleterre 2001, avaient vu venirle coup. Ils étaient là, en nombre eten ordre, déployés au centre du ter-rain, prêts à se dresser contre tousles assauts parisiens, prêts à lesenvoyer au sol et à ralentir les sor-ties de ballon.

« Leicester a des joueurs d’expé-

rience, des roublards, souligne Chris-tophe Juillet. C’est une bonne équi-pe, qui nous a stoppés, qui nous aempêchés de libérer les ballons dansle bon temps. Sur les regroupements,il y a toujours un bras ou un corpspour gêner les libérations. On s’estretrouvés à jouer un jeu assez simplis-te, à une seule passe, à chercher lespénalités. »

FORCE DE CARACTÈREAvec un buteur d’exception com-

me l’Italo-Argentin Diego Domin-guez, en état de grâce, cette stra-tégie riquiqui était assez tentante, ilfaut bien le reconnaître. A deuxminutes de la fin, elle passait encorepour payante. Un drop de DiegoDominguez, consécutif à une orgiede pénalités (neuf réussites sur dixtentatives) avait redonné l’avantageau Stade français. Mais DeanRichards, le manager embléma-tique de Leicester et de tout lerugby anglais, a su transmettre à sesjoueurs cette force de caractère quiavait fait de lui l’un des internatio-naux les plus appréciés d’Angle-terre. Austin Healey, décalé en demid’ouverture, en a trouvé une belle, àl’intérieur de David Venditti. Il s’estengouffré sans réfléchir pour offrir

l’essai de la victoire au très rapideLeon Lloyd (79e). Avant cette esto-cade, le jeune Anglais avait déjàcréé deux brèches sur les flancs dela défense parisienne. La premières’était prolongée jusque dans l’en-but parisien (41e) et la deuxièmeavait provoqué une pénalité, rapide-ment jouée et conclue par un essaidu rusé Neil Back (60e). Trois essaisà zéro et « rien à dire », commedisaient les Parisiens battus parmeilleurs qu’eux. Dean Richardspouvait afficher sa joie d’avoir« gagné à Paris avec un style à la fran-çaise » et son capitaine, MartinJohnson, faire de l’ironie : « Leices-ter a marqué des essais, le Stade fran-çais a marqué des pénalités, mais jecrois qu’ils ont compris à la fin. »

Aujourd’hui, les Anglais mar-quent les essais en bout de courseet en bout de ligne, quand les Fran-çais se contentent de récolter lesfruits de leur patience et de leur dis-cipline en bottant des pénalités.L’inventivité, la créativité et mêmela roublardise, qualités autrefoisassociées au rugby d’ici, illuminentdésormais le rugby anglais. C’estainsi, et il va falloir s’y habituer.

Eric Collier

A U J O U R D ’ H U I - S P O R T S

Le pilote français Olivier Jac-que a renoncé, vendredi 18 mai,à participer au Grand Prix deFrance 500 cc, quatrième épreu-ve du championnat du mondede motocyclisme, victime dedouleurs à l’avant-bras droitqui l’empêchent de piloter samachine. Cette douleur, ravi-vée lors d’un accrochage avecl’Espagnol Carlos Checa durantles essais du Grand Prix d’Espa-gne à Jerez, le 6 mai, est liée àla blessure qu’il s’est faite lorsd’essais hivernaux, à Sepang,en Malaisie. Le champion dumonde 2000 des 250 cc, passé en500 cc avec l’écurie GauloisesYamaha Tech 3, devra se faireposer une plaque de consolida-tion au niveau d’une fractureau radius droit au terme d’unintervention chirurgicale, quidevait être pratiquée lundi21 mai, à Paris, par le profes-seur Gérard Saillant. Le pilotefrançais compte pouvoir partici-per au Grand Prix d’Italie, àMugello, le 3 juin.

Le Bouclier européenpour les Harlequins

Diego Dominguez, buteur d’élite

La victoire de Leicester en Coupe d’Europeaffermit la domination du rugby anglais

En finale, les coéquipiers du troisième-ligne international Neil Back ont battu le Stade français (34-30)Le Stade français n’aura pas réussi à offrir à sonprésident Max Guazzini la Coupe d’Europe quiaurait symbolisé sa réussite à la tête du club pari-

sien. En finale de la compétition, dimanche20 mai, à Paris, les coéquipiers du buteur argen-tin Diego Dominguez, auteur de tous les points

de l’équipe, se sont inclinés (30-34) devant lesAnglais de Leicester, déjà vainqueur de leurchampionnat et de la Coupe d’Angleterre 2001.

Les Anglais des Harlequins sesont octroyé le Bouclier européen,dimanche 20 mai, à Reading (Gran-de-Bretagne), en battant les Fran-çais de Narbonne (42-33), aprèsprolongation. « La condition physi-que a fait la différence », a estimél’Anglais Pat Sanderson, élu hom-me du match. Le pied du GalloisPaul Burke également : 27 pointsà lui seul. Côté narbonnais, on envoulait à l’arbitrage : « Au niveaudu jeu au sol, il faut m’expliquer par-ce que je ne comprends plus rien », aindiqué Pierre Arrambide, leco-entraîneur. « Il aurait falluqu’on soit plus lucides quand onétait près de leur en-but », a estiméStuart Reid, le capitaine narbon-nais. Lundi 21 mai, Alain de Pouzil-hac, le président du club audois– et PDG de Havas Advertising –,devait annoncer s’il restait ou s’ilse désengageait.

La fiche techniqueLEICESTER - STADE FRANÇAIS : 34-30

Coupe d'Europe de rugby - Finale• Parc des Princes, à Paris ; Temps agréable ; Pelouse en bon état ; 45 000 spectateurs

Arbitre: David McHugh (Irlande).

• LES ÉQUIPES

LES POINTS

STADE FRANÇAIS: Fabrice Landreau (5e).LEICESTER: Martin Johnson (48e)

STADE FRANCAIS : Christophe Juillet par Mathieu Blin (5e-15e)

EXCLUSIONS TEMPORAIRES

REMPLACEMENT TEMPORAIRE

STADE FRANÇAIS (entraîneur : Connolly) : Dominici • Lombart ; Comba, Mytton(Venditti, 74e) ; Gomes – Dominguez ; Williams • Pool-Jones ; Juillet (cap.) ; Moni(Tabacco, 68e) • James ; Auradou • De Villiers, Landreau ; Marconnet.LEICESTER : (entraîneur : Richards) : Stimpson • Murphy (Gelderbloom, 77e) ; Lloyd ;Hoxward ; Stanley • Goode (Hamilton, 72e) ; Healey • Back ; W. Johnson (Gustard, 35e) ;Corry • Kay ; M. Johnson (cap.) ; • Garforth ; West ; Rowntree.

STADE FRANÇAIS: 9 pénalités (4e, 15e, 21e, 28e, 40e, 47e, 58e, 69e, 71e) et un drop (78e)de Diego Dominguez.LEICESTER: 3 essais de Leon Lloyd (41e, 79e) et de Neil Back (60e); 2 transformations(60e, 79e) et 5 pénalités de Tim Stimpson (5e, 12e, 29e, 66e, 76e).

RUGBY

Au Grand Prix de France,l’Italien Max Biaggi

renoue avec la victoireLeader des 500 cm3 , Valentino Rossi finit troisième

Olivier Jacquedevra se faire opérerde l’avant-bras

L’ÂGE n’y change rien. Même àtrente-cinq ans révolus, DiegoDominguez n’aime toujours pasperdre. Tout cela n’a beau être quedu sport, avec un gagnant et un per-dant, samedi 19 mai, après la défai-te face à Leicester, l’Italo-Argentinde la porte d’Auteuil ne dissimulaitpas sa déception.

« Dommage. C’était à Paris. Onest passé tout près de l’exploit »,regrettait-il. Très exactement à3 minutes au chronomètre et4 points au tableau d’affichage. Ilrefusait de se livrer à l’analysed’une défaite qu’il préférait éva-cuer « le plus rapidement possible ».« C’est le travail du coach de décorti-quer le pourquoi et le comment decet échec », a-t-il glissé.

Qu’à lui seul, un peu contre lecours du jeu, il ait failli ramener letrophée européen dans la capitalefrançaise ne suscitait en revancheaucune rancœur. Diego Domin-guez n’avouait qu’un seul regret :« On aurait dû jouer davantage au

pied. » Sur dix tentatives de tir aubut, il en a réussi neuf – dont deuxà plus de 50 mètres – et a inscrit undrop à quelques minutes du coupde sifflet final, grâce auquel, quel-ques secondes durant, le Stade fran-çais s’est cru champion d’Europe.

MEILLEUR TOTAL EUROPÉENSamedi après midi, au Parc des

Princes, Diego Dominguez a inscritla totalité des 30 points marquéspar son équipe et conquis ainsi letitre honorifique de meilleurbuteur de la Coupe d’Europe, avec188 points. Mais il n’avait cure decette consolation. « C’est la troisiè-me finale que je perds », regrettait-il. La première, c’était avec Milan,pour le titre de champion d’Italie.La deuxième, c’était en 1998, avecle Stade français, en Coupe de Fran-ce. Il préférait toutefois ne pasremâcher sa déception. « Il faut seremotiver avant de recevoir Biarritzdimanche prochain, et puis, dans unan, je compte bien rejouer une finale

comme celle-là », lançait-t-il. Die-go Dominguez est un insatiable.

Parvenu à l’âge où nombre desportifs songent à se reconvertir,lui ne se sent pas l’âme d’un retrai-té du rugby. Tout juste vient-il d’an-noncer sa décision de ne plus évo-luer en équipe nationale, avec leXV d’Italie. Encore faut-il ne préju-ger de rien. En 1999, l’intéresséavait déjà fait ses adieux à la Squa-dra. Avant d’en rejoindre les rangsun an plus tard, une fois négociéson contrat avec la fédération ita-lienne.

Depuis quatre ans qu’il a rejointle Stade français, l’internationaltransalpin (64 sélections sous lemaillot de la Squadra) alignematch après match les points sur letableau d’affichage : 20 points enmoyenne par match pour la saison2000-2001. Les rencontres se sui-vent et les gestes demeurent, iden-tiques. Un soin quasi maniaquepour poser le ballon, quatre pas derecul, plus un cinquième pour

s’écarter à droite. L’œil ne lâchepas le ballon tant qu’il n’a pasatteint son but. S’il est réussi, le tirn’est ponctué par aucune marquede joie. Tout juste peut-on noterce tic qui lui fait cligner des yeux ettourner sèchement la tête. Puis ilremonte ses chaussettes et sonshort, avant de replacer son protè-ge-dents.

Dans cet art, Diego Dominguezrévèle un talent qui fait de lui lemeilleur buteur de l’Hexagone etl’un des meilleurs du monde. Cenatif de Cordoba a quitté l’Argenti-ne en 1986 pour s’installer à Milan.C’est sous la férule deHugo Porta –l’une des grandes figures du rugbyargentin – que Diego Dominguezs’est initié au rugby. Avec des men-surations moyennes (1,71 m et76 kg), il prouve qu’on peut encoreexceller dans ce sport où le gabaritet la masse semblent désormaisl’obsession.

Yves Bordenave

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LE MONDE / MARDI 22 MAI 2001 / 27

AVEC SA TAILLE moyenne(1,60 m), ses cheveux blonds etcourts et ses yeux clairs, elle sait sefaire discrète. Dimanche 20 mai,Frédérique Jossinet n’est pourtantpas passée inaperçue, sous les pro-jecteurs du Palais omnisports deParis-Bercy. Elle s’est d’aborddébarrassée de la Russe LioubovaBroutelova, vice-championne olym-pique des – 48 kg en septembre.Puis a réglé leurs comptes à la Polo-naise Anna Zemla-Krajewska et à laBelge Ann Simons, futuresmédaillées de bronze de ces cham-pionnats d’Europe.

En finale, la Roumaine Laura Moï-se aux chouchous rouges défendaitson titre européen acquis en 2000.Le combat est longtemps resté indé-cis. Les deux championnes ont jouéde la vivacité propre à leur caté-gorie de poids pour tenter de se sur-prendre mutuellement, se retrou-vant parfois jambe dessus jambedessous, empêtrées dans un drôlede pas de deux.

La Française a su rester patiente,assurer sa prise de garde – le kumikata, son point fort – et a fini partrouver l’ouverture, gagnant à vingt-

cinq ans le premier titre majeurd’une déjà longue carrière. « Cen’est pas une revanche, juste une per-formance, dit-elle. J’ai été deux foisremplaçante pour les Jeux olympi-ques, et c’est quelque chose de trèspénible, voir les copines partir, etdevoir rester là… Mais si c’était pourdevenir championne d’Europe, çavalait le coup. »

« L’IMPRESSION D’AVOIR DÉÇU »Tout avait bien commencé : en

1995, Frédérique Jossinet, à dix-neuf ans, était retenue pour leschampionnats du monde de Chiba(Japon). Elle y offrait une belle résis-tance à la championne du monde etidole locale, Ryoko Tamura, et à laredoutable Cubaine AmarilisSavon. « J’ai mis une année à m’enremettre, raconte-t-elle. J’avais l’im-pression d’avoir laissé passer machance et d’avoir déçu les entraî-neurs. »

Ceux-ci misent alors sur SarahNichilo, de dix mois plus jeune,qu’ils retiennent pour les JO d’Atlan-ta. Pendant l’olympiade suivante, lacatégorie est dominée par les deuxjeunes femmes et Sylvie Meloux.

Celle-ci devient championne d’Eu-rope en 1997, Sarah Nichilo lui suc-cède en 1998 et 1999. FrédériqueJossinet se retrouve « éternelle rem-plaçante ».

Elle dit n’en avoir pas gardé derancœur envers les sélectionneurs,jusqu’en 2000 : « Etre remplaçantepour les JO pour la deuxième fois,c’était horrible, explique-t-elle. J’aiséché un stage de préparation, parceque j’étais dégoûtée mais aussi parceque je préparais le concours d’entréeen professorat de sport. Je me suis faitremonter les bretelles. C’était nor-mal. » La patience et l’honnêtetévont finir par payer.

Championne de France en jan-vier, Frédérique Jossinet passe pour-tant à côté du Tournoi de Paris, unmois plus tard. « J’ai été quandmême retenue pour les champion-nats d’Europe et j’ai pensé : tiens, là,ils me font confiance », se souvient-elle. Autour de Frédérique Jossinet,le puzzle de la réussite se met enplace depuis déjà quelques mois.Cécile Nowak, championne olympi-que des – 48 kg en 1992, et LaurentCalléja ont rejoint l’encadrementde l’équipe de France féminine. La

première est un modèle pour lajeune femme, le second un compli-ce. « Quand j’ai commencé à m’en-traîner avec l’équipe de France, expli-que-t-elle, je n’avais même pas seizeans et j’étais encore ceinture marron.Cécile préparait les JO de Barcelone.Je faisais partie des partenaires d’en-traînement : face à elle, je ne voyaispas le jour, mais ça ne faisait rien, j’yretournais. Avec Laurent, c’est diffé-rent : nous étions les deux « petits »de l’US Orléans, mon club. Ça créeune complicité. »

Depuis quatre mois, FrédériqueJossinet travaille également avecune psychologue spécialisée dansl’approche de la compétition. Lesrésultats ont été immédiats. « Moiqu’un rien suffisait à énerver aupara-vant », s’étonne-t-elle. Dans deuxmois, pour les championnats dumonde, à Munich, Sarah Nichilo-Rosso retrouvera sa place de titu-laire et Frédérique Jossinet celle deremplaçante. Mais la nouvellechampionne d’Europe sait désor-mais que la patience ouvre bien desportes.

Gilles van Kote

DÉPÊCHESa BASKET-BALL : Chalon-sur-Saône, vainqueur à Pau-Orthez(80-89), a créé la surprise des quarts de finale (aller) du championnat deFrance, samedi 19 mai. Villeurbanne, Le Mans et Strasbourg se sontimposés respectivement face au Paris BR (102-75), à Nancy (106-94) et àDijon (86-72).a CYCLISME : l’Italien Ellis Rastelli a gagné, dimanche 20 mai, la pre-mière étape du Tour d’Italie, en devançant l’Ukrainien Vladimir Duma etson compatriote Gabriele Colombo. Le Belge Rik Verbrugghe a conser-vé le maillot rose de leader, au lendemain de sa victoire dans le prologuede Pescara.a FOOTBALL : le Bayern Munich a enlevé son 17e titre de championd’Allemagne – le troisième consécutivement –, grâce à un but à la derniè-re minute du Suédois Patrik Andersson face à Hambourg (1-1), samedi20 mai. Avec 63 points, le Bayern termine avec un point d’avance surSchalke 04, victorieux devant Unterhaching (5-3). Le club de Geselkir-chen a cru, l’espace de quelques minutes, avoir obtenu une consécrationqu’il attend depuis 1958.a L’AS Rome, qui s’est largement imposée dimanche 20 mai à Bari(4-1), a maintenu son avance de 5 points sur son rival romain, la Lazio,victorieuse d’Udinese (3-1) en tête du championnat d’Italie, au cours dela 31e journée. La Juventus Turin, qui a gagné (4-1) à Bologne, reste troi-sième à six points.a Liverpool, vainqueur samedi 19 mai à Charlton (0-4) lors de la 38e etdernière journée du championnat d’Angleterre, a conservé sa 3e place,derrière Manchester United, le champion, et Arsenal, et s’est ainsi quali-fié pour le tour préliminaire de la Ligue des champions.a GOLF : l’Américain Tiger Woods, numéro un mondial, s’est adjugél’Open d’Europe devant le Néo-Zélandais Michael Campbel, dimanche20 mai, à Heidelberg (Allemagne).a TENNIS : la Française Amélie Mauresmo a été battue en finale dutournoi de Rome, dimanche 20 mai, par la Yougoslave Jelena Dokic (7-6[7-3], 6-1) qui s’est imposée en un peu plus d’une heure. « J’ai l’impres-sion que j’ai assez d’entraînement, mais, bien sûr, j’aurais préféré gagneraujourd’hui », a estimé la Française, qui doit se reposer dans le sud de laFrance afin de se préparer pour Roland-Garros.a LOTO : résultats des tirages no 40 effectués samedi 19 mai. Premiertirage : 11, 15, 23, 32, 36, 42 ; numéro complémentaire : 1. Rapports pour6 numéros : 5 893 285 F (898 425 ¤) ; 5 numéros et le complémentaire :121 925 F (18 587 ¤) ; 5 numéros : 4 165 F (634 ¤) ; 4 numéros et le com-plémentaire : 244 F (37,19 ¤) ; 4 numéros : 123 F (18,75 ¤) ; 3 numéros etle complémentaire : 30 F (4,57 ¤) ; 3 numéros : 15 F (2,28 ¤). Second tira-ge : 5, 8, 16, 23, 40, 46 ; numéro complémentaire : 34. Rapports pour6 numéros : 12 710 010 F (1 937 628 ¤) ; 5 numéros et le complémentai-re : 51 565 F (848 ¤) ; 5 numéros : 5 325 F (811 ¤) ; 4 numéros et le com-plémentaire : 266 F (40,55 ¤) ; 4 numéros : 133 F (20,27 ¤) ; 3 numéros etle complémentaire : 28 F (4,26 ¤) ; 3 numéros : 14 F (2,13 ¤).

Jean De Herdt,celui qui a montré la voie

La Belgique est depuis plusieurs années un pays-phare du judo euro-péen. Un statut confirmé par sa première place au classement desnations des championnats d’Europe de Paris. Comme de coutume,c’est des filles qu’est venu le salut : Ulla Werbrouck (– 70 kg) et Gellavan de Caveye (– 63 kg), les deux stars du judo belge, ont emporté cha-cune leur septième titre européen depuis 1994. Elles ne sont plus qu’àun titre du record absolu, détenu conjointement par l’AutrichienneEdith Hrovat et la Néerlandaise Angelique Seriese. Les Belges ontgagné à Paris sept médailles, dont trois d’or, le troisième titre revenantà la jeune Inge Clement (– 52 kg).

La France termine deuxième nation avec dix médailles, mais « seule-ment » deux d’or, celles de Frédérique Jossinet (– 48 kg) et de CélineLebrun (+ 78 kg). Trois médailles d’argent ont été apportées par Ghis-lain Lemaire (– 100 kg), Cédric Soyer (– 60 kg) et la surprenante Anne-Sophie Mondière (toutes catégories), et cinq médailles de bronze parLaetitia Tignola (– 52 kg), Barbara Harel (– 57 kg), Larbi Benboudaoud(– 66 kg), Daniel Fernandes (– 73 kg) et Frédéric Demontfaucon(– 90 kg).

Avant les championnats du monde, qui auront lieu à Munich finjuin, Fabien Canu, le directeur technique national, s’est déclaré satis-fait par ce bilan toutefois entaché par la grave blessure de la champion-ne olympique Séverine Vandenhende (– 63 kg), victime, samedi19 mai, d’une rupture des ligaments croisés du genou gauche.

Frédérique Jossinet, qui a longtemps fait figurede remplaçante, a apporté à l’équipe de Francede judo une des deux médailles d’or des cham-

pionnats d’Europe, qui se sont achevés, diman-che 20 mai, au Palais omnisports de Paris-Bercy.Si la Belgique termine première au classement

par nations, la France a pris la deuxième place.Avec dix médailles, elle est allée au-delà des sou-haits de son encadrement technique.

JEAN DE HERDT est un pion-nier, un vrai. Et l’hommage qu’il areçu du public de Bercy, samedi19 mai, aux côtés des autres judo-kas français titrés lors des premierschampionnats d’Europe, en 1951, aété un vrai moment d’émotion.Sans ce monsieur de soixante-dix-sept ans, qui n’hésite pas à enfilerson kimono dès que l’occasion s’enprésente, le judo français ne comp-terait sans doute pas aujourd’hui565 000 licenciés et 135 titres dechampions d’Europe à son palma-rès.

A la fin des années 1930, le jeuneJean De Herdt est le 21e à s’inscrireau Club israélite de ju-jitsu (l’ancê-tre du judo), ouvert dans un immeu-ble de la rue du Renard, près de l’ac-tuel Centre Pompidou, par maîtreKawashi et quelques-uns de ses élè-ves, des juifs arrivés depuis peu deLondres.

On s’entraîne alors dans unancien atelier de confection. Le8 juin 1940, le jeune hommedevient le premier Français à obte-nir la ceinture noire. A cette épo-que, mobilisation oblige, maîtreKawashi n’a plus que trois élèves,dont Jean De Herdt. Bientôt, ildemande à celui-ci d’aller s’occuperd’un club à Asnières avec pour mis-sion « de former des champions etdes professeurs, mais surtout des pro-fesseurs ». Quand maître Kawashi, àla fin de la guerre, est rappelé dansson pays par les autorités japonai-ses, il confie à son élève les desti-nées du judo en France. « Le plusétonnant, c’est que ceux qui étaientlà au début sont encore là aujour-d’hui pour voir le résultat de leur tra-vail », se réjouit Jean De Herdt.

A ses côtés, se trouvaient, same-di, Michel Dupré, victorieux dumythique combattant néerlandaisAnton Geesink lors des champion-nats d’Europe 1951, et Guy Cau-

quil, un des premiers élèves de JeanDe Herdt à Asnières. « Nous avonstransmis à nos successeurs de bonnesstructures et de bonnes bases sur les-quelles ils ont réussi à faire du judoce qu’il est devenu aujourd’hui », ditGuy Cauquil, soixante-seize ans,qui se souvient des allers-retoursentre Paris et Bruxelles effectuésdans la journée en Vespa pour allerporter la bonne parole du judo.

Les premiers championnats deFrance eurent lieu en 1943, à la salleWagram, près des Champs-Elysées,devant 1 500 spectateurs. Huitannées plus tard, le « Vel’d’Hiv »accueillait les premiers champion-nats d’Europe et 17 000 specta-teurs, alors que le nombre de prati-quants était estimé à l’époque à8 000 en France.

PAS DE CATÉGORIES DE POIDSLa durée des combats était alors

de deux minutes, qui se prolon-geaient tant que l’un des deux com-battants n’avait pas pris un avanta-ge significatif. Les catégories depoids n’existaient pas et les cham-pionnats d’Europe se disputèrentpar niveau : ceinture marron,1re dan, 2e dan, 3e dan (le dan est ungrade sur l’échelle des ceintures noi-res) et toutes catégories. Les Fran-çais remportèrent tous les titres.

Le 23 juin, les « vieux de lavieille » se réuniront à Saint-Far-geau (Yonne), chez Jean De Herdt,pour un tournoi qui verra leurs« descendants » combattre selonles règles de l’époque. Histoire dese souvenir du bon vieux temps oùla première ceinture noire du judofrançais corrigeait régulièrementdes énergumènes venus le défierjusque dans sa salle d’Asnières, per-suadés que « le judo, c’était duchiqué ».

G. v. K.

La Belgique reine d’Europe

Frédérique Jossinet a su attendre son heurepour devenir championne d’Europe de judo« Eternelle remplaçante », la Française s’est imposée dans la catégorie des moins de 48 kg

A U J O U R D ’ H U I - S P O R T S

Page 27: New e 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINE MARDI 22 MAI … · 2018. 3. 26. · 57e annÉe – nº 17518 – 7,50 f - 1,14 euro france mÉtropolitaine mardi 22 mai 2001 fondateur

28 / LE MONDE / MARDI 22 MAI 2001

10o 20o0o

40 o

50 o

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Belgrade SofiaToulouse

Barcelone

Dublin

Londres

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VienneBudapest

Bucarest

Strasbourg

Moscou

Kiev

MadridLisbonne

Séville

Alger

Rabat

Tunis

Berne

Milan

RomeNaples

Athènes

Istanbul

Varsovie

Prévisionsvers 12h00

Ensoleillé

Peunuageux

Couvert

Averses

Pluie

Orages

Brumebrouillard

Brèveséclaircies

Vent fort

Neige

PRÉVISIONS POUR LEVISIONS POUR LEVille par ville, les minima/maxima de températureet l’état du ciel. S : ensoleillé; N : nuageux;C : couvert; P : pluie; * : neige.FRANCE métropoleAJACCIOBIARRITZBORDEAUXBOURGESBRESTCAENCHERBOURGCLERMONT-F.DIJONGRENOBLELILLELIMOGESLYONMARSEILLE

NANCYNANTESNICEPARISPAUPERPIGNANRENNESST-ETIENNESTRASBOURGTOULOUSETOURSFRANCE outre-merCAYENNEFORT-DE-FR.NOUMEA

PAPEETEPOINTE-A-PIT.ST-DENIS-RÉ.EUROPEAMSTERDAMATHENESBARCELONEBELFASTBELGRADEBERLINBERNEBRUXELLESBUCARESTBUDAPESTCOPENHAGUEDUBLINFRANCFORTGENEVEHELSINKIISTANBUL

KIEVLISBONNELIVERPOOLLONDRESLUXEMBOURGMADRIDMILANMOSCOUMUNICHNAPLESOSLOPALMA DE M.PRAGUEROMESEVILLESOFIAST-PETERSB.STOCKHOLMTENERIFEVARSOVIE

VENISEVIENNEAMÉRIQUESBRASILIABUENOS AIR.CARACASCHICAGOLIMALOS ANGELESMEXICOMONTREALNEW YORKSAN FRANCIS.SANTIAGO/CHITORONTOWASHINGTONAFRIQUEALGERDAKARKINSHASA

LE CAIRENAIROBIPRETORIARABATTUNISASIE-OCÉANIEBANGKOKBEYROUTHBOMBAYDJAKARTADUBAIHANOIHONGKONGJERUSALEMNEW DEHLIPEKINSEOULSINGAPOURSYDNEYTOKYO

22 MAI 2001

13/23 P14/22 N14/24 N10/24 S11/19 S11/18 S10/16 S11/23 N11/23 S13/23 N10/19 S13/23 N14/23 N15/23 N

11/24 S10/22 S

16/22 P11/23 S11/22 N14/23 N12/23 S12/24 N10/22 S13/23 N10/23 S

24/30 C26/31 S21/26 P

15/21 S18/30 C

8/19 S

22/28 S

23/29 S26/32 S

12/19 S11/19 S

7/19 S9/21 S8/22 S8/14 P

10/19 S6/16 S

11/18 S10/22 S10/21 S

2/13 S15/29 C

13/23 S9/22 C9/21 S

8/20 S7/19 S

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4/11 P7/19 S

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5/8 C4/17 S

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15/24 S8/19 S

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29/34 S23/28 S

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22 MAI 200122 MAI 2001

--------------------------------------------

Situation le 21 mai à 0 heure TU

HORIZONTALEMENT

I. Des caractères d’une mêmefamille. Pour avancer propre-ment. - II. En fait beaucoup pourconvaincre. - III. Sein familier.Venus des Etats-Unis au music-hall. - IV. Rouges et dentelées entêtes. Repas en peintures. - V.Entre faon et daguet. Marquel’hésitation. Son blanc fait desbulles. - VI. Pour secouer aufoyer. - VII. Patronne au jour lejour. Dadaïste et musicien. - VIII.Règle. Sous l’autorité de GeorgeBush. Pour ouvrir cette porte, il

faut la remettre en état. - IX. Ber-cy suit son remplissage par laménagère. Rejeta. - X. Feraientbeaucoup mieux de se taire.

VERTICALEMENT

1. Collant pour faire de l’effet.En haut de l’affiche. - 2. Assezlégère sous ses grands airs. - 3. Ace jeu, il y a plus de perdants quede gagnants. Chez papa. - 4.Esclaves des spartiates. Opposéau pied. - 5. Pomme. Certainssont là à cause ou grâce à saméthode. - 6. En régression.

Dans la bourse des Nippons.Genre. - 7. Personnel. Précèdentles autres. Conjonction. - 8. Avoir s’il y a dérangement. - 9. Aucœur du foyer. Quart de tour. -10. Changerions l’apparence. -11. Espace commun à l’Est. Suitdiscrètement. - 12. Pièges enprofondeurs. Bien plein.

Philippe Dupuis

SOLUTION DU N° 01 - 119

HorizontalementI. Gratte-ciel. - II. Réussite. Set.

- III. Ortie. RPF. Or. - IV. Uf.Etriers. - V. Gao. Sève. Hop. - VI.Euphémisme. - VII. Atto. Ue.Arès. - VIII. Interarmes. - IX.Damné. Errata. - X. Saisissant.

Verticalement1. Rougeaud. - 2. Gerfaut. As. -

3. Rut. Optima. - 4. Asie. Honni. -5. Tsé-tsé. Tes. - 6. Ti. Remue. - 7.Etrivières. - 8. Cépées. Ars. - 9. Fr.Marra. - 10. Es. Sherman. - 11.Léo. Eett (tête). - 12. Trépassa.

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12

I

II

III

IV

V

VI

VII

VIII

IX

X

AFFAIRE DE LOGIQUE PROBLÈME No 224MOTS CROISÉS PROBLÈME No 01 - 120

Prévisions pour le 23 mai 0 heure TU

LA FIN de mai constituera unedes meilleures occasions de l’an-née pour observer à l’œil nu labrillante et petite Mercure. Malgrésa relative proximité avec la Terreet ses astronomes, cette planètenous est largement méconnue. Lafaute en incombe essentiellementà son encombrant voisin et maître,l’aveuglant Soleil, que Mercuresuit à la trace tel un bon toutoudocile. Comme la laisse qui relieces deux-là est assez courte (58 mil-lions de kilomètres en moyenne,contre 150 millions de kilomètrespour la distance Terre-Soleil),notre étoile ne se trouve jamaisbien loin quand on souhaite scru-ter son premier féal. Dans les

meilleures conditions, Mercure sedévoile donc au crépuscule ouavant l’aube.

Courtes, les plages d’observationn’en sont pas moins fréquentespuisque la période de révolutionde la plus véloce des planètes(48 kilomètres par seconde) n’estque de 88 jours. Pendant long-temps, on a cru que, à l’instar de laLune, qui toujours nous montre lemême visage, Mercure n’exhibaitqu’une de ses faces au Soleil, fai-sant coïncider sa période de rota-tion avec celle de révolution. Dansles années 1960, des mesures radaront démontré qu’il existait effecti-vement un phénomène de résonan-ce entre les deux périodes, mais sui-vant un rapport différent : Mercu-re effectue trois tours sur elle-même alors qu’elle boucle deuxrévolutions. La période de rotationcompte donc 58,65 jours.

Un chiffre qu’il ne faut cepen-dant pas confondre avec la duréede la journée mercurienne. Eneffet, tout comme le Petit Princede Saint-Exupéry pouvait, en sedéplaçant sur son astéroïde, pro-longer à loisir ses chers couchersde soleil, le rapide mouvement derévolution de Mercure a tendanceà compenser celui de la rotation de

la planète, à tel point que la jour-née – c’est-à-dire le temps sépa-rant une aube d’une autre – s’étalesur 176 jours. Sur Mercure, le« jour » dure donc… deux « ans » !Ce qui n’est pas sans avoir quel-ques effets curieux. Un observa-teur virtuel situé sur cette planèteverrait, aux alentours du « midi »mercurien, le Soleil s’arrêter danssa course, rebrousser chemin, stop-per de nouveau et repartir dans lebon sens, dessinant une boucledans le ciel…

DEUX MISSIONS À VENIRDes curiosités, Mercure en est

fort pourvue. Or, seule la sondeaméricaine Mariner-10 l’a effleuréeau cours de trois survols effectuésen 1974 et 1975. Rien depuis. Et lesscientifiques, eux, ont besoin desavoir. Savoir, par exemple, pour-quoi Mercure est la plus dense desplanètes telluriques. La région dudisque de poussières à partir delaquelle elle s’est formée était-elleparticulièrement riche en métal ?Ou bien l’intense chaleur dégagéepar le Soleil (plus de 400 ˚C surMercure le jour) a-t-elle vaporiséune part des roches de la proto-pla-nète ? Ou bien la collision avec unastéroïde géant a-t-elle éjecté une

grande partie du manteau rocheux,augmentant ainsi la proportion ducœur métallique ? Quelle est doncl’histoire géologique de cette planè-te dont la surface n’a quasimentpas changé depuis 3,5 milliardsd’années ? Pourquoi Mercure est-elle la seule planète tellurique,avec la Terre, à disposer d’unchamp magnétique ? Y a-t-il de laglace dans les cratères polaires dela planète qui ne voient jamais unrayon de Soleil ?

A toutes ces questions, qui mon-trent que Mercure a bien despoints communs avec notre globebleu, deux missions spatiales vontrépondre d’ici quelques années. Lapremière, l’américaine Messenger,décollera en 2004. La seconde,européenne, baptisée Bepi-Colom-bo, devrait partir en 2009. Lesdeux sondes auront pour objectifla cartographie complète de Mer-cure, des analyses géochimiquesde sa surface grâce à des spectro-mètres embarqués et la mesure deson champ de gravité et de sonchamp magnétique. Ainsi, tout enrestant à distance, la science péné-trera jusque dans les entrailles dela planète.

Pierre Barthélémy

a AVION. Selon une étude médica-le britannique effectuée sur unéchantillon de 200 personnes ayantvoyagé plus de huit heures dans unavion, un passager sur dix a été vic-time d’une thrombose (formationde caillots sanguins). Publiée dansla revue médicale Lancet, cette étu-de, citée par L’Echo touristique, aégalement montré que les voya-geurs qui avaient utilisé des chaus-settes spéciales enserrant la jambe,avaient échappé au fameux « syn-drome de la classe éco ».a NOUVELLE-CALÉDONIE. Pre-mier habitat sous-marin en milieunaturel au monde, le Divescopevient d’ouvrir ses portes au larged’un îlot proche de Nouméa. Con-çu par Vincent Lovichi, il ressembleà une soucoupe volante en inox etPlexiglas avec une surface vitrée de10 m2. Immergé à 7 mètres de pro-fondeur au large de l’îlot Maitre, ilest suspendu par des câbles à1,70 m des fonds sous-marins.

Le cerf-volant articulé

Grand soleil au nord , pluies au sud

Retrouvez nos grillessur www.lemonde.fr

Mercure telle que l’a vue Mariner-10 dans les années 1970.La bande claire correspond à une région qui n’a pas été

photographiée. La sonde n’ayant effectué que trois survolsde la même face, seulement 45 % de la planète sont connus.

ASTRONOMIE

Les surprises et mystères de Mercure, la méconnue

Solution du jeu nº 223 parudans Le Monde du 15 mai.

Si on désigne par leurs initialesles mots « jazz », « classique »,et « rap », la manipulation entraî-ne trois permutations possiblesdu contenu des paquets (voir letableau) :

Si Barbara avait ouvert lepaquet à l’étiquette J-J, elle ne

pouvait conclure entre la permu-tation 1 ou la 3 en voyant un dis-que de jazz, entre les permuta-tions 2 et 3 en tombant sur un dis-que classique.

De même, elle ne pouvait conclu-re en ouvrant le paquet étiquetéJ-R. En revanche, en ouvrant lepaquet noté C-C, s’il est vrai qu’el-le ne pouvait conclure en voyant

un disque de jazz, elle l’aurait puen découvrant un disque classi-que. Il en était de même enouvrant le paquet à l’étiquetteC-J. De plus, dans les deux cas, saconclusion aurait été la même : lapermutation 1.

Le vendeur a donc interverti les éti-quettes C-C et C-J, et les étiquettesJ-J et J-R.

UN GAMIN fabrique un cerf-volant. Son armature estconstituée de quatre tiges de bambou, articulées l’une àl’autre à leurs extrémités. Pour rigidifier le tout, le jeune gar-çon dispose deux baguettes « diagonales », qui se trouventêtre perpendiculaires. Mais elles sont mal fixées, et se per-dent lors du premier envol du cerf-volant. Le gamin disposealors deux nouvelles baguettes le long des diagonales du cerf-volant, qui, entre-temps, s’est déformé.

Les nouvelles baguettes sont-elles forcément perpen-diculaires ? (D’après une suggestion de M. Alain Noury)

Elisabeth Busser et Gilles Cohen© POLE 2001

Solution dans Le Monde du 29 mai.

MARDI. Des hautes pressionsse situent sur les îles Britanniqueset la mer du Nord et favorisent lebeau temps sur la France. Unevaste zone faiblement dépression-naire se trouve sur la Méditer-ranée et génère de l’instabilité surles régions du Sud-Est.

Bretagne, pays de Loire, Basse-Normandie. Un grand soleil vabriller sur ces régions. Un petitvent de nord-est souffle sur lescôtes. Les températures variententre 10 et 13 degrés le matin et 20à 25 degrés l’après-midi.

Ardennes, Nord-Picardie, Ile-de-France, Haute-Normandie,Centre. Beaucoup de soleil dès lematin. Un petit vent de nord-estsouffle. Les températures sontcomprises entre 18 et 23 degrés.

Champagne, Lorraine, Alsace,Bourgogne, Franche-Comté. Lesoleil va dominer sur l’ensemblede ces régions. Quelques nuagesélevés voileront le ciel sur le sudde la Franche-Comté et de la Bour-gogne. Le thermomètre indiqueraentre 20 et 24 degrés l’après-midi.

Poitou-Charentes, Aquitaine,Midi-Pyrénées. Le ciel sera par-tagé entre nuages et éclairciesavec des ondées ou des oragespossibles l’après-midi. Il ferachaud, entre 20 et 26 degrés.

Limousin, Auvergne, Rhône-Alpes. Nuages et éclaircies alter-nent tout au long de cette journée.avec un risque d’ondée ou d’oragel’après-midi. Le thermomètre indi-que entre 20 et 25 degrés.

Languedoc-Roussillon, Proven-ce-Alpes-Côte d’Azur, Corse. Lesnuages sont présents et le tempsest lourd. Des averses ou des ora-ges éclatent, surtout l’après-midi.Le thermomètre indique entre 20et 25 degrés.

Lever Coucher

Lever Coucher

5 h 59 21 h 37

7 h 54 0 h 23

SOLEIL ET LUNE DE LA SEMAINE• vendredi 25 mai 2001 (à Paris) •

(le 26/5)

LE CARNETDU VOYAGEUR

A U J O U R D ’ H U I

Page 28: New e 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINE MARDI 22 MAI … · 2018. 3. 26. · 57e annÉe – nº 17518 – 7,50 f - 1,14 euro france mÉtropolitaine mardi 22 mai 2001 fondateur

CINÉMA En couronnant de la Pal-me d’or l’œuvre La Chambre du fils,de Nanni Moretti, le jury, présidé parLiv Ullmann, a salué un auteur indé-pendant et confirmé l’accueil fait à ce

film par les festivaliers et le public ita-lien. b TOUT EN PARTAGEANT l’hom-mage rendu à Isabelle Huppert, prixd’interprétation féminine, lescommentaires sont plus mitigés sur le

fait d’accorder une triple récompenseà La Pianiste, de l’Autrichien MichaelHaneke. b LA TONALITÉ dominantedes œuvres présentées a été marquéepar le thème du deuil et de la mort des

proches, jusqu’au film présenté en clô-ture et hors compétition, Les Ames for-tes, de Raoul Ruiz. Un climat de débutde millénaire qui pose des questionsplus qu’il n’y répond.

Nanni Moretti, vainqueur attendu et légitime d’un palmarès bancalLa surestimation du film de Michael Haneke, récompensé trois fois, et l’absence de la plupart des œuvres majeures de la sélection

(celles de Jacques Rivette, Manoel de Oliveira, Jean-Luc Godard, Hou Hsiao-hsien ou Manuel Recha) mettent en évidence le problème de la composition du juryISABELLE HUPPERT évidem-

ment, irréfutablement, lumineuse-ment. Le prix d’interprétation fémi-nine pour le rôle-titre de La Pianis-te, de Michael Haneke, s’imposait.Vingt-trois ans après sa premièrerécompense cannoise (pour VioletteNozière de Claude Chabrol), la réci-piendaire rayonnait d’une joie com-municative sur la scène du Palaisdes festivals. Même en ayant adoréJeanne Balibar dans Va savoir, deJacques Rivette, nul n’aurait eumotif à lui disputer sa consécration.Et Nanni Moretti, logiquement : laPalme d’or est attribuée en 2001 àun grand cinéaste contemporain, etc’est bien ainsi. La Chambre du fils,histoire émouvante d’un deuil fami-lial et très belle mise en scène maisfilm plus consensuel, film « de tran-sition », a le mérite de s’interrogersur l’évolution future de son auteur,à défaut de proposer des réponsesartistiquement toujours convaincan-tes. Cela mettait le film en positionfavorable (il était favori dès la céré-monie d’ouverture), surtout s’ilétait entendu qu’aucune audacen’était à attendre d’un jury aussihétérogène. Mais cette récompensevient à point pour saluer un artisteindépendant qui a pris fermementposition contre l’élection de SilvioBerlusconi en Italie.

Pour le reste, la triple récompen-se au film de Haneke, qui finit parattirer davantage l’attention sur luique sur le bénéficiaire de la récom-pense suprême, est une bizarrerieregrettable à plus d’un titre. Regret-table pour les prix attribués, plusencore pour les œuvres oubliées. Lasélection officielle cannoise 2001aura été d’un excellent niveau artis-tique, de grands cinéastes y ont pré-senté un de leurs meilleurs films,souvent avec le soutien explicitedes festivaliers. Ainsi Jacques Rivet-te avec Va savoir, Manoel de Olivei-ra avec Je rentre à la maison ou Jean-Luc Godard avec Eloge de l’amour.Plus radicaux, plus dérangeants,Millennium Mambo de Hou Hsiao-hsien ou même la révélation dujeune Catalan Marc Recha avec Pauet son frère constituaient autant derendez-vous qu’un jury se seraithonoré de mettre en valeur.

Au lieu de quoi la récompense àla raideur puritaine de Haneke, por-tée à un paroxysme peu convain-cant par une des réalisations lesmoins réussies du cinéaste autri-chien, semble une absurdité. Et siBenoît Magimel est le jeune acteurtrès doué qu’on connaît depuis LesVoleurs d’André Téchiné et SelonMatthieu de Xavier Beauvois, saprestation dans La Pianiste est sanscomparaison avec l’interprétation

bouleversante de Michel Piccolichez Oliveira, ou les remarquablesprestations de Jack Nicholson chezSean Penn ou de Billy Bob Thorn-ton chez les frères Coen – ou enco-re Nanni Moretti, immense comé-dien dans son propre film.

VIOLENTS CONFLITSLe « coup du chapeau » de La Pia-

niste est d’autant plus étrange qu’ilcontrevient à la réglementationédictée par Gilles Jacob en 1999,prohibant l’attribution de plus dedeux récompenses au même film.Apparemment peu ravi, le prési-dent du Festival expliqua à la sortiede la cérémonie « qu’il y avait uneambiguïté dans la formulation durèglement dans sa version anglaise ».Soit. Avant d’annoncer son palma-rès, la présidente Liv Ullmann n’apas fait mystère des différends quiavaient traversé son jury (composédes réalisateurs et réalisatrices Mou-fida Tlatli, Mimmo Calopresti, TerryGilliam, Mathieu Kassovitz etEdward Yang, des comédiennes San-drine Kiberlain, Julia Ormond, Char-lotte Gainsbourg et de l’écrivain Phi-lippe Labro). « Notre travail a été dif-

ficile », a-t-elle reconnu, avant desouligner que l’unanimité s’était fai-te seulement sur le nom d’IsabelleHuppert et sur… Apocalypse NowRedux. Beaucoup plus tard, certainsparticipants à la délibération admet-taient que les conflits avaient étéviolents, attribuant à l’immaturitéd’un grand nombre de jurés unrésultat aussi déconcertant.

Dès le début du Festival, il étaitvisible que la composition du jurylaissait à désirer. Les échos percepti-bles de leurs délibérations comme

la liste des lauréats confirme qu’il ya un problème dans le mode de dési-gnation des « juges » de la compéti-tion, et que cela constituera l’un deschantiers de la nouvelle équipe diri-geante du Festival pour les années àvenir. Même si on peut imaginerque la composition juvénile et gla-mour de cette année fut une tentati-ve de répondre au nombre relative-ment réduit de vedettes au généri-que des films sélectionnés, le sex-appeal de la photo du début demanifestation ne peut obérer à ce

point le verdict final. Partager endeux le Prix de la mise en scène àLynch et Coen est un gag un peuvache, attribuer le Prix du scénarioà Danis Tanovic récompense unevirtuosité assez roublarde qui n’estpas forcément l’idée la plus exaltan-te qu’on se fait du scénario. L’acces-sit technique à l’(excellent) ingé-nieur du son Tu Duu-chih, partenai-re de nombre des grandes aventu-res artistiques du cinéma taïwanaiscontemporain, n’en résonne pasmoins comme un camouflet, euégard à l’extraordinaire qualité desfilms asiatiques présentés en compé-tition.

Il y avait heureusement d’autrescompétitions, jugées par d’autresjurys, notamment celui de la Camé-ra d’or. Le choix de Atanarjuat TheFast Runner, de Zacharias Kunuk,n’a pas seulement permis que soitprononcé le premier discours en lan-gue inuite de l’histoire du Festival. Ilcouronne un film d’une singulièrebeauté, en parfaite concordanceavec la vocation de ce prix dédiéaux premiers longs métrages.

Jean-Michel Frodon

Les dates entre parenthèses sontcelles de la parution des critiques desfilms primés.b Sélection officielle.– Palme d’or : La Chambre du fils,de Nanni Moretti (19 mai).– Grand Prix du jury : La Pianiste,de Michael Haneke (16 mai).– Prix d’interprétation féminine :Isabelle Huppert dans La Pianiste.– Prix d’interprétation masculine :Benoît Magimel dans La Pianiste.– Prix de la mise en scèneex aequo : David Lynch pourMulholland Drive (18 mai) ; JoelCoen pour The Man Who Wasn’tThere (15 mai).– Prix du scénario : Danis Tanovicpour No Man’s Land (15 mai).– Prix spécial pour la meilleurecontribution technique : l’ingénieurdu son Tu Duu-chih pour MilleniumMambo, de Hou Hsiao-hsien(19 mai) et Et là-bas quelle heureest-il ?, de Tsai Ming-liang (19 mai).– Palme d’or du court métrage :Bean Cake, de David Greenspan(lire page 3).– Caméra d’or : Atanarjuat the FastRunner (L’Homme rapide), deZacharias Kunuk (15 mai).b Prix de la Cinéfondation(20-21 mai). Premier prix : Portrait,de Sergueï Luchischin ; deuxièmeprix : Réparation, de Jens Jonsson ;troisième prix : Dai Bi, de YangChao, et Crow Stone, d’Alicia Duffy.b Prix de la jeunesse. Ce prix,décerné par un jury de cinéphileslycéens, est allé à Slogans, del’Albanais Gjergj Xhuvani, et àClément, d’Emmanuelle Bercot(19 mai).b Prix Un certainregard-Mécénat Altadis. Ce prix,qui récompense un film présentédans la section Un certain regard,est allé à Un amour d’enfance,premier long métrage d’YvesCaumon (15 mai).b Prix du jury œcuménique.Kandahar, de Mohsen Makhmalbaf(14 mai).b Prix Kodak. Bintou, courtmétrage de Fanta Regina Nacro(19 mai) ; mention spéciale pourSystème Zsygmondy, de Luc Moullet(15 mai).b Trophées Chopard desrévélations masculine etféminine de l’année. AudreyTautou pour son rôle dans LeFabuleux destin d’Amélie Poulain, etEduardo Noriega pour son rôle danVies brûlées.b Prix Canal + du meilleur court.Eat, de Bill Plympton (22 novembre2000).

Pour sa première montée des marches comme patron du deuxièmegroupe de cinéma et de médias du monde, Jean-Marie Messier n’aurapas à regretter le voyage. En haut de l’escalier gravi main dans lamain avec Pierre Lescure, une moisson de récompenses attendait lesdeux patrons de Studio Canal : La Chambre du fils, La Pianiste, et Mul-holland Drive, qui monopolisent cinq des sept prix attribués à deslongs métrages, sont tous produits ou coproduits par la filiale euro-péenne de cinéma de Vivendi Universal – qui alignait huit titres par-mi les vingt-trois en compétition.

En revanche, le palmarès laissera un goût amer aux producteurs etdistributeurs indépendants, sous la bannière de qui tous les filmsfrançais étaient invités à Cannes cette année. Aucun ne figure à l’ar-rivée.

Au premier plan, de gauche à droite : Nanni Moretti, Isabelle Huppert, Michael Haneke et Benoît Magimel.

Des deuils dans les familles

Le triomphe de Studio Canal

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LA PALME D’OR bordée de crê-pe noir qui a couronné le travail surle deuil de Nanni Moretti dans LaChambre du fils n’a pas seulementrécompensé un film, elle a consacré

une thématique funèbre et familialequi n’a cessé de resurgir, de film enfilm, de section en section, tout aulong de l’édition 2001 du Festival deCannes. Arrivé au film de clôture(qui s’ouvre sur une veillée funè-bre), la discussion sur les modalitésdes obsèques (La Chambre du fils,Pau et son frère, de Marc Recha, ThePledge, de Sean Penn, Et là-bas, quel-le heure est-il ?, de Tsai Ming-liang,pour la seule compétition)… ou lesaffrontements entre père et adoles-cent autour de la table familiale (Sto-rytelling de Todd Solonz et LovelyRita de Jessica Hausner à Un certainregard) étaient devenus les lieuxcommuns cinématographiques del’année.

La famille et la mort n’ont jamaisété absentes du cinéma, mais leur

présence a été ressentie plus puis-samment à Cannes cette année enraison de l’abondance des recoupe-ments entre scénarios et aussi à cau-se de l’absence frappante d’autresthèmes. La politique et les rapportsamoureux n’ont eu droit qu’à quel-ques strapontins. La première leplus souvent traitée sur le mode sati-rique (No Man’s Land de Danis Tano-vic en fut l’exemple le plus voyant)et l’amour surtout évoqué par descinéastes septuagénaires, JacquesRivette ou Shohei Imamura.

Cette cohérence thématique s’estétablie, à des degrés divers, entredes dizaines de films. Elle a fini parimposer une espèce de gravité auFestival, qui a résisté aux plus gaisou aux plus déviants des assauts, Vasavoir de Jacques Rivette, ou Mulhol-land Drive de David Lynch. Cetesprit de sérieux se traduisait sou-vent par des partis pris formels trèsfermes, sans doute rendus plusnécessaires par le choix de la matiè-re dramatique. La cellule familiale,l’évocation de l’absence entraînentvers le mode mineur, vers l’intimis-me. On était comme secoué d’unerêverie sombre née d’une siestedominicale après un repas enfamille lorsque au détour d’un filmon se rappelait brusquement qu’unecaméra pouvait saisir une poursuite

en voiture (le très passionnant ettrès désabusé Hijack Stories, du Sud-Africain Oliver Schmitz) ou évoqueravec amour l’histoire d’un art (TheMan Who Wasn’t There, de JoelCoen).

PEUR MILLÉNARISTECe repli sur la famille et le deuil

que l’on retrouvait aussi bien dansla production européenne que dansl’asiatique est venu un peu commeune manifestation à retardementd’une peur millénariste qui laisse àune famille à la fois redoutée (Sto-rytelling) et magnifiée (La Chambredu fils) le statut de seule collectivitéhumaine viable. Enfin, les films nésde cette veine se situaient tous trèsloin de ce qui constitue la pitanceordinaire d’une bonne part des spec-tateurs de la planète, les produc-tions hollywoodiennes. Ce fosséentre deux manières du cinéma n’asans doute jamais été aussi profond,on a pu le mesurer avec la présenceen compétition de deux films de stu-dios américains, Moulin Rouge, deBaz Luhrmann, et Shrek, de VickyJenson et Andrew Adamson.

La carte du monde cinématogra-phique dessinée par le 54e Festivalde Cannes n’est guère différente decelle de l’année précédente. La pré-sence massive de l’Extrême-Orient

reste une constante à quelquesnuances près. La Corée a disparu, leJapon est revenu en force. Taïwanétait plus présent que la Chine conti-nentale. Mais c’est de ce dernierpays qu’est venu le conte de féescannois annuel avec l’excellentaccueil réservé à L’Orphelind’Anyang, présenté à la Quinzainedes réalisateurs quelques joursaprès avoir été terminé dans desconditions acrobatiques. Ce pre-mier film de Wang Chao a été ache-té par des distributeurs du mondeentier.

Plus à l’ouest, on aura eu ladémonstration que tous les filmsd’Iran ne sont pas nécessairementbons, et plus au sud que le mondearabe et l’Afrique restent toujours àl’écart. En Europe également onassiste à quelques glissements (desItaliens plus nombreux, des Scandi-naves moins présents), et le cinémaaméricain non hollywoodien donnetoujours les mêmes signes de faibles-se. Et pour prometteuse qu’elle fût,la petite représentation argentinen’était pas assez vigoureuse pourconstituer le signe avant-coureurirréfutable de l’émergence d’un nou-veau sous-continent cinématogra-phique.

Thomas Sotinel

C U L T U R E

Les palmarès

ANALYSECette édition offraitdes variations sur lethème de la disparitiond’un être cher

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Manoel de Oliveira. Qui a présenté « Je rentreà la maison », dans la sélection officielle.

Les frères Coen. Prix de la mise en scène, ex æquo,pour « The Man Who Wasn’t There ».

Jean-Luc Godard.Auteur de « Eloge de l’amour », en compétition.

David Lynch. Prix de la mise en scène, ex æquo, pour « Mulholland Drive ».

Laura Morante. Actrice italienne, jouedans « La Chambre du fils », de Nanni Moretti (Palme d’or).

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Le nouveau film de Raoul Ruiz,présenté en clôture du festival, serattache à une tradition encom-brée : l’adaptation littéraire, qui plusest en costumes, une catégorie han-tée en France par le spectre de l’aca-démisme et de la « qualité culturel-le » mais capable aussi de bellesréussites. Le cinéma de Ruiz a long-temps été un objet unique, inclassa-ble, imprégné de surréalisme latin etamateur de jeux baroques, rétif àtoute hypothèse d’intégration dansune grande forme romanesque.Depuis quelques années pourtant,l’auteur des Trois couronnes du mate-lot apparaît tenté par la lecturerecentrée et perverse de conven-tions connues, du suspense hitchcoc-kien (le méconnu Jessie) à la transpo-sition cinématographique de grandsouvrages (Le Temps retrouvé).

Les Ames fortes est donc, à l’origi-ne, un roman de Jean Giono, et sonadaptation par Ruiz la preuve d’uneélégante capacité à remplir un con-trat tout en contournant subtile-ment ses propres contraintes. Qua-tre vieilles femmes participentautour d’une table à une veillée funè-

bre. Très vite, leur conversation tour-ne autour de la vie de l’une d’entreelle, Thérèse (Laetitia Casta). Retouren arrière. Celle-ci, en 1882, a fui safamille avec Firmin, son fiancé (Fré-déric Diefenthal). Elle s’installe dansune petite ville. Elle y fait la rencon-tre d’une femme aisée et généreuse,Mme Numance (Arielle Dombasle),qui s’attache à elle et l’installe danssa propriété. Quels sont les rapportsexacts qui lient ses deux femmes,une affection inavouée, une tentati-ve de l’une, de l’autre, voire desdeux, de manipulation morale ?

Soutenu par d’amples et comple-xes mouvements de caméra quiobéissent à un rythme musicalcaché, le récit se déroule sans jamaisdévoiler les véritables ressorts psy-chologiques des protagonistes. Leveule Firmin tente d’escroquer lecouple bienfaiteur que sont lesNumance (John Malkovich compo-se un époux indéchiffrable) qui selaissent dépouiller, suivant ainsi lapente d’une fatalité ou d’une obscu-re prescription, selon laquelle, peut-être, ils semblent s’enivrer eux-mêmes du « plaisir de donner ». La

mort de M. Numance, la disparitionde sa femme, vont changer radicale-ment la vie de Thérèse, lui ouvrir lavoie d’une liberté qui ira jusqu’aumeurtre commandité de son mari etd’une existence dont le cinéastenous laissera, dès lors, tout à devi-ner.

BEAUTÉ CACHÉEAlors que toute grande histoire

d’initiation tend souvent à davanta-ge de clarté, de compréhension, lefilm de Ruiz semble procéder defaçon inverse, sautant des étapesnarratives pour enfoncer davantagele personnage principal dans sonsecret. En pratiquant une manièred’élision des situations, des sautstemporels brutaux, Ruiz rejette lesrègles traditionnelles de la psycholo-gie pour rendre perceptible maismystérieux le travail souterrain depassions peut-être excessives et deruptures infimes.

Le cinéaste subvertit les règles desgrands récits romanesques pourdéranger les mécanismes du natura-lisme filmé, pour laisser sa part dequestionnement au spectateur. Labeauté de ces Ames fortes est com-me cachée et réside finalement pourbeaucoup dans l’opacité morale et,au bout du compte, effrayante deson personnage central.

Jean-François Rauger

Grand écart pour les petites duréesVitesse d’exécution ou profondeur inespérée marquent les meilleures réalisations de courts métrages

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KARMENa Présenté, avec une hospitalité condescendante, par la Quinzaine desréalisateurs qui a fait savoir, haut et fort, y compris lors de la présenta-tion officielle, que le film était accueilli mais pas sélectionné, Karmen estvenu compléter une maigre présence africaine. Mais, alors que la raretéavait été jusqu’ici compensée par la qualité des films présentés (HijackStories, d’Afrique du Sud, et le court métrage burkinabé Bintou), la pré-sence de Karmen à Cannes relève plutôt de la politique des quotas. Adap-tation assez littérale de la Carmen de Bizet, moins la partition, le film deJoseph Gaï Ramaka utilise un assemblage de jazz et de sons sénégalaispour tenter de faire cheminer cette histoire connue dans les rues pous-siéreuses de Dakar. Mais jamais la ville ne prend vie, jamais la nécessitéde cette migration ne s’impose. Les acteurs sont empêtrés dans unemise en scène approximative et par la faiblesse d’un texte qui ne profiteguère de la richesse du patrimoine littéraire, cinématographique et musi-cal qu’a laissé derrière elle la cigarière. Le seul écart par rapport à l’ortho-doxie bizeto-mériméenne est une idylle nouée entre Karmen et la direc-trice de la prison où elle est incarcérée. Mais cette transgression appa-raît au mieux comme une provocation gratuite, au pis comme le prétex-te à quelques scènes assez embarrassantes. T. S.QUINZAINE DES RÉALISATEURS (hors sélection). Film sénégalais de JosephGaï Ramaka. Avec Djeneba Diop Gaï, Lamine Diop, Thierno Ndiaye Dos.(1 h 26.)

LA ROUTEa Il y a déjà eu des dizaines de films autobiographiques, occasions pourleurs auteurs de mettre en scène leur idée de l’imbrication entre art etvie. Voici le premier de ces films à venir du Kazakhstan et cette prove-nance géographique est un des éléments de la singularité de La Route.Car tout au long de ce parcours qui ramène Amir, un réalisateur

(Djamshed Usmonov, lui-mêmecinéaste tadjik) au chevet de sa mèremourante, affleure l’histoire de cepays naguère soviétique. Le trajet envoiture de la ville au village est l’occa-sion de séquences rêveuses (sans quele cinéaste ne pose de franches barriè-res en rêverie et rêve), qui mêlent lespeurs les plus primaires d’un cinéaste(que le projectionniste lance un autrefilm que le sien lors de la premièremondiale de sa dernière œuvre) etdes fantasmes plus personnels, com-

me cette jeune tentatrice russe qui profite du triste état du mariage ducinéaste. Les défauts de La Route sautent aux yeux. L’idée centrale dufilm, la régression jusqu’au sein maternel, est énoncée avec sans douteplus de raideur que de grâce – un souci un peu trop pressant d’être biencompris, accentué par des répétions parfois agaçantes, des symboles unpeu pesants. Et l’on se prend à imaginer le cinéaste en train de cochersur une liste chacun des thèmes abordés au fil des séquences, du rapportà la mère à la place de la vanité dans le processus créatif. Il serait dom-mage de s’arrêter à cette démarche un peu compassée. La mise en scènede chacune des séquences et la richesse des réflexions qu’elles inspirentvalent bien mieux que cet ensemble un peu trop ordonné. Un autre fac-teur de désordre – un humour acerbe – vient également bousculer cettepulsion méthodique. Le cérémonial de style soviétique qui entoure lapremière cauchemardesque déjà évoquée est filmé avec un vrai bonheurcomique. Et Omirbaiev a trouvé en Djamshed Usmonov un interprèteséduisant et intrigant. T. S.SÉLECTION OFFICIELLE (Un certain regard). Film kazakh de Darejan Omir-baiev. Avec Djamshed Ousmonov. (1 h 25.)

AVALONa On peut difficilement regarder Ava-lon sans le rapprocher de Matrix. Com-me le film des frères Wachowski, Ava-lon se déroule dans un futur procheet montre un univers où réel et vir-tuel sont indiscernables. Matrix décri-vait un futur high-tech dans un décorqui donne aujourd’hui au film soncaractère démodé. Tourné en Polo-gne, avec des acteurs polonais, dansun noir et blanc sépia, le film deMamoru Oshii se distingue au contrai-re par une esthétique « low tech ». Ses décors évoquent l’Europe del’Est d’avant le rideau de fer et montrent un futur archaïque. Une jeu-nesse désabusée fréquente les soupes populaires et dort dans des appar-tements misérables. Elle se réfugie dans une autre réalité incarnée parAvalon, jeu vidéo d’essence guerrière, virtuel et illégal, dont chaque per-sonnage est une cible à abattre. L’une de ses cibles, qui prend la formed’une petite fille, semble impossible à atteindre. Les joueurs qui l’ont unjour aperçue ont perdu la raison et se retrouvent à leur réveil dans unhôpital psychiatrique où ils sont désignés comme les « non-revenus ».Ash, une jeune femme qui gagne sa vie en passant avec succès toutes lesétapes du jeu, se lance à la recherche de cette cible mystérieuse. Le traite-ment de l’image en noir et blanc dans Avalon, qui, graduellement et par-tiellement, recourt à la couleur, a une esthétique originale qui doitautant à celle du jeu vidéo qu’aux premiers films d’Andrzej Wajda. Lerétro-futurisme d’Avalon constitue aussi une remise en cause du virtuel.Il s’inspire de l’esthétique des jeux vidéo pour mieux en critiquer lamorale. A la différence de Matrix, le monde virtuel d’Avalon n’est plussource d’émerveillement mais de consternation. S. Bd.SÉLECTION OFFICIELLE (hors compétition). Film japonais de MamoruOshii. Avec Malgorzata Foremniak, Wladyslaw Kowalski, Jerzy Gudejko.(1 h 48.)

Il fait beau. Ce n’est pas tant quele soleil brille en permanence dansle ciel au-dessus des personnagesd’Imamura, c’est que son film béné-ficie d’une luminosité, d’une vitalitéquasiment météorologique. Com-me si, au fil des péripéties rocambo-lesques, fantasmagoriques, éroti-ques, gastronomiques, chamani-ques, érudites, ichtyologiques ethumoristiques qui parsèment sondix-neuvième film, une sorte derayonnement vivifiant venait à lafois autoriser les audaces narrativesles plus improbables et authentifierla présence physique irréfutable depersonnages qui, sur un scénario,auraient pu sembler découpés dansplusieurs bandes dessinées.

Deux acteurs étonnants, tousdeux familiers du cinéaste, la trèsbelle et intrigante Misa Shimizu etKoji Yakusho devenu, depuis la révé-lation de Tampopo en 1985, une figu-re centrale des films d’auteur nip-pons actuels, emmènent une trou-pe de comédiens parfaitement audiapason de ce mélange de stylisa-tion ludique ou onirique et de réalis-me qui caractérise le style du déten-teur de deux Palmes d’or – pour LaBallade de Narayama et L’Anguille.

Cette fois, Shohei Imamura aentrepris de conter l’histoire d’un

employé modèle et père de famillesans histoire qui se retrouve au chô-mage, plaqué par sa femme,devient SDF et rencontre un clo-chard philosophe. Avant de mourir,celui-ci lui indiquera un trésorcaché dans un village de pêcheurs,dans une maison identifiable par lepont rouge qui lui fait face. Maisdans cette maison habitent unejeune femme et sa mère, la vieilleest une sorcière à demi-folle, trèssage, la fille souffre d’un mal étran-ge : l’absence de relations sexuellesprovoque dans son corps une accu-mulation d’eau tiède, qui jaillira enun triomphal et métaphorique gey-ser lors des orgasmes homériquesque lui offrira le visiteur débarqué

de la capitale pour mettre la mainsur le magot.

N’allez surtout pas croire que cequi précède dévoile ce qui arrivedans De l’eau tiède sous un pont rou-ge : il ne s’agit au contraire que d’untrès incomplet résumé des prémicesd’un film foisonnant, d’une libertéet d’une inventivité qui laissent per-plexe. Celui-ci est d’ailleurs hanté,sous une verdeur pour laquelle onaimerait trouver l’équivalent nip-pon et contemporain de l’adjectif« rabelaisien », par des phobies etdes tristesses, le doute sur l’amouret la peur de la mort. Mais ces fantô-mes sont eux aussi emportés dansla sarabande déclenchée par Ima-mura, immense cinéaste qui, mal-

gré ses nombreux titres, n’a jamaiscessé d’être perçu comme le numé-ro 2 de la nouvelle vague japonaise,alors qu’Oshima et lui sont tous lesdeux de première grandeur.

ÉNERGIE DE FILMERLe dernier film présenté en com-

pétition du 54e Festival de Cannesen porte la preuve. Il faut en effetplus qu’une imagination fertile etde la virtuosité narrative pour réus-sir ce type de film. Il faut une éner-gie de filmer, ici sans doute inférieu-re à celle de L’Anguille et DocteurAkagi, mais encore bien alerte, et unrapport aux personnages et à lanature qui leur laisse une existence,une dignité, et qui demeure intactchez ce grand cinéaste de fictionaux frontières du fantastique– signataire de Cochons et cuirassés,La Femme insecte et Profond Désirdes dieux, qui fut aussi le formidabledocumentariste de L’Histoire duJapon racontée par une hôtesse debar.

Les catégories qui enferment lesgens, les artistes encore davantage,sont détestables, particulièrementcelle de l’âge. Il reste qu’on ne peuts’empêcher de remarquer qu’aprèsOliveira, Godard et Rivette, unautre cinéaste au nombre d’annéesimportant (Shohei Imamura est néen 1926) s’inscrit lui aussi parmi lescréateurs les plus dynamiques, lesplus libres et les plus modernes dela sélection officielle.

J.-M.F.

Les âmes élégantes et perverses de Raoul RuizLes Ames fortes. Une adaptation de Giono, servie par Laetitia Casta, à l’exact opposé de tout naturalisme

LA SÉLECTION des courts métra-ges présentés en compétition a lemérite de réunir les différents typesde réalisation susceptibles de figu-rer dans ce format en un panoramades genres tous représentés par desœuvres de qualité. On peut dire lamême chose différemment : enrefusant de choisir entre les diffé-rents types de courts métrages pos-

sibles, cette sélection met en con-currence des œuvres que rien nerapproche, hormis leur brèvedurée. Comme les autres program-mes de courts métrages montrés àCannes, à la Quinzaine ou par laCinéfondation, les douze titres enquête de la Palme d’or du court des-sinent une carte du cinéma futurplus diverse que celle représentéedans les sections de films de duréestandard. Parmi ces films, on trou-ve donc quatre catégories principa-les.

La première réunit trois dessinsanimés, Paulette, de Louise-MarieColon (Belgique), Goo, de DwightHwang (Etats-Unis) et Pizza Passio-nata, de Kari Juusonen (Finlande).Dans chaque cas, la virtuosité gra-phique tient davantage de placeque le sens du cinéma. D’autres réa-lisations semblent ne servir qu’àillustrer une idée, qui d’ailleurspeut ne pas manquer de force oud’humour. Mais le rôle du cinéma yest réduit au minimum : Music forOne Apartment and Six Drummers,d’Ola Simonsson et Johannes Stjär-ne Nilsson (Suède), montre ungroupe de percussionnistes utili-

sant les objets usuels d’un apparte-ment comme instruments, à lamanière de Stomp ; située dansune usine, Bird on the Wire, de Phi-lip Donnellon (Australie), est unemétaphore à la poésie appliquée ;Daddy’s Girl, d’Irvine Allen (Grande-Bretagne), se veut un apologue– misérabiliste – sous la pluie et lamisère écossaise, tandis que lecomique La Vérité en publicité, deTim Hamilton (Canada), fait direcrûment à une équipe de publicitai-res ce qu’ils pensent vraiment lesuns des autres et de leur travail.

Les Petits Oiseaux, de Fred Louf(France), est le seul à illustrer (talen-tueusement) la tendance qui consis-te à utiliser le court métrage pourafficher les qualités que pourraientavoir un film plus long, selon uneapproche tenant davantage du« pilote » ou du travail de fin d’étu-des dans une école de cinéma quede la création d’une œuvre en tantque telle. Parmi les quatre films lesplus convaincants du programme,deux jouent de l’extrême brièveté.Chicken, de Barry Digman (Irlan-de), n’a besoin que de trois minutespour faire naître une tension dra-

matique, une émotion et le senti-ment d’un rapport au monde, enune très forte scène réunissantdeux adolescents entre plage etvoie ferrée. Lunettes nature, de JensLien (Norvège), se contente dutiers de cette durée pour un gag quiest aussi une méditation rieuse surle cinéma.

Deux films, enfin, trouvent uneforme cinématographique porteu-se de sens et d’émotion, en tirant lemeilleur parti de la brève durée. LaSainte Famille, de Shin Dong-il(Corée), construit en quelquesplans un univers à la fois mélancoli-que et inquiétant, d’un onirismeaussi tranchant que les ustensilesde ce salon de coiffure clinique oùse retrouvent deux amants. Oppor-tunément récompensé de la Palmed’or, Bean Cake, de David Greens-pan, a beau être un film américain,il rejoint comme par enchantementla douceur et la dureté d’un filmd’Ozu, avec cette histoire d’écolierjaponais au début des années 30, fil-mée dans le format et le noir etblanc de l’époque.

J.-M. F.

D.R

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SÉLECTION OFFICIELLE, encompétition. Film japonais deShohei Imamura. Avec KojiYakusho, Misa Shimizu, MitsukoMaisho, Mansaku Fuwa. (1 h 59.)

CONCERTPLEYEL

Mardi 12 juin - 20h30Krystian ZIMERMAN

Beethoven - BrahmsLoc : 08 25 00 02 52

Valmalete

SÉLECTION OFFICIELLE (séancede clôture, hors compétition).Film français de Raoul Ruiz. AvecLaetitia Casta, Frédéric Diefen-thal, Arielle Dombasle. (2 heures.)

PANORAMA DES SÉLECTIONS

Un film émaillé de péripéties rocambolesques,fantasmagoriques, chamaniques, érudites, ichtyologiques.

Thérèse (Laetitia Casta) et sa bienfaitrice,Madame Numance (Arielle Dombasle).

La sarabande rabelaisienne de Shohei ImamuraDe l’eau tiède sous un pont rouge. Le cinéaste japonais signe un dix-neuvième film à la vitalité lumineuse

C U L T U R E - C A N N E S 2 0 0 1

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32 / LE MONDE / MARDI 22 MAI 2001

VOILÀ QUELQUES ANNÉES déjà que le ciné-ma italien est aux prises avec ce qui aura étél’un des grands thèmes de ce festival : le retourdes fantômes. Au point que dans la Péninsule, laquestion de savoir si le cinéma italien renaît ounon de ses cendres – Nanni Moretti le souli-gnait ici (Le Monde du 19 mai) – tourne au sportnational. Après la polémique qui avait entourél’absence de films italiens lors de l’édition 2000du Festival de Cannes, la sélection, cette année,de six films italiens dans les différentes sectionsdu Festival permet opportunément de se pen-cher à nouveau sur cette cinématographie, quenous avons tant aimée et dont nous attendons,pas moins ardemment que nos confrères latins,la possible résurrection.

Au risque de constater que la donne n’a rigou-reusement pas changé, et d’alimenter ce faisantle mauvais procès régulièrement intenté par lapresse italienne à tous ceux qui n’érigent pas lepremier succès venu en signe de la rédemptionmessianique. Certes, le cinéma se porte mieuxen Italie sur le plan économique. La part de mar-ché national a frôlé les 30 % au mois de janvieret en termes de spectateurs, dans les trois pre-miers mois de 2001, on a enregistré une hausse

de 98 % par rapport à la période correspondan-te en 2000. Mais qu’en est-il de la richesse artisti-que du cinéma italien et de sa capacité à susci-ter de nouveaux talents, seuls véritable garantsde son avenir?

Que déduire, à cet égard, de la présence simul-tanée à Cannes de La Chambre du fils, de NanniMoretti, et Le Métier des armes, d’ ErmannoOlmi (sélection officielle, en compétition), deDomani, de Francesca Archibugi, et La Parole demon père, de Francesca Comencini (sélectionofficielle, Un certain regard), de I nostri anni, deDaniele Gaglianone (Quinzaine des réalisa-teurs) et Almost Blue, d’Alex Infascelli (Semainede la critique)? Une fois de plus, il est à craindrequ’en matière de créativité, Nanni Moretti fas-se plus ou moins cavalier seul.

Non que les films présentés soient indignes,loin de là. Mais à peu près tous témoignent dumanque de vitalité qui affecte le cinémad’auteur transalpin, depuis la noble entreprisephilosophico-picturale d’Ermanno Olmi (un plai-doyer contre la guerre) jusqu’à l’intéressantessai, hélas inabouti, du jeune Daniele Gagliano-ne (un retour quasi-expérimental sur le fascis-me italien), en passant par la fadeur littéraire de

Francesca Comencini (une adaptation de LaConscience de Zeno, d’Italo Svevo) ou la platitu-de télévisuelle de Francesca Archibugi (unecomédie consensuelle sur les victimes du trem-blement de terre en Ombrie).

Il n’est pas jusqu’au film de genre, grande spé-cialité du cinéma italien, qui ne semble pouvoiréchapper à cette édulcoration généralisée. Lethriller branché d’Alex Infascelli en témoigne-rait à lui seul, dont la musique techno et leseffets de clips supplantent à bon compte les res-sorts originels du giallo (série noire à l’italien-ne). Il fallait donc aller au marché du film, etdans les marges extrêmes du cinéma italien,pour espérer trouver, avec Non Ho sono (Je n’aipas sommeil), le nouvel opus de Dario Argento,un film digne de la tradition cinématographi-que de ce pays. Synthétisant ici la plupart de sestrouvailles, le maître du polar cinématographi-que italien continue d’affirmer, avec son élégan-ce tenace et son génie des scènes de meurtre,cette croyance et cette apreté qui manquentaujourd’hui si cruellement au cinéma italien.

Jacques Mandelbaumet Jean-François Rauger

GUIDE

La cinématographie transalpine peine à renouveler sa donne

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Tous les films Paris et régions sur leMinitel, 3615 LEMONDE, ou tél. :08-36-68-03-78 (2,23 F/min).

VERNISSAGES

Monique FrydmanGalerie Jacques Elbaz, 1, rue d’Alger,Paris-1er. Mo Tuileries. Du 23 mai au30 juin. Tél. : 01-40-20-98-07. De10 h 30 à 12 h 30 et de 14 heures à18 h 30. Fermé dimanche et lundi.

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Le Kiosque Théâtre : les places de cer-tains des spectacles vendues le jourmême à moitié prix (+ 16 F de commis-sion par place).Place de la Madeleine et parvis de lagare Montparnasse. De 12 h 30 à20 heures, du mardi au samedi ; de12 h 30 à 16 heures, le dimanche.Faustde Gounod. Marcello Giordani, Wil-liam Joyner (Faust), Soile Isokoski, Son-dra Radvanovsky (Marguerite), Fer-ruccio Furlanetto (Méphistophélès),Russell Braun (Valentin), Kristine Jep-son (Siebel), Chœur et Orchestre del’Opéra national de Paris, MaurizioBenini (direction), Jorge Lavelli (miseen scène).Opéra-Bastille, place de la Bastille,Paris-11e. Mo Bastille. 19 h 30, les 22,25, 28 et 31 mai et le 4 juin. Jusqu’au6 juin. Tél. : 08-36-69-78-68. De 60 F à670 F.Héloïse et Abélardd’Essyad. Jian-Lin Zhang (Héloïse),Peter Savidge (Abélard), Anna Burford(Roswita), René Schirrer (Garlande),Johnny Maldonado (Fulbert), ChristianBäumgartel (Roscelin), Chœur de l’Opé-ra national du Rhin, Orchestre philhar-monique de Strasbourg, Septuor duconservatoire national de région deStrasbourg, Pascal Rophé (direction),Stanislas Nordey (mise en scène).Théâtre musical de Paris, 1, placedu Châtelet, Paris-1er. Mo Châtelet.19 h 30, le 22. Tél. : 01-40-28-28-40.De 60 F à 460 F.Ensemble InterContemporainKyburz : Parts. Sciarrino : Lohengrin.Marianne Pousseur (soprano), Jona-than Nott (direction).Cité de la musique, 221, avenue Jean-Jaurès, Paris-19e. Mo Porte-de-Pantin.20 heures, le 22. Tél. : 01-44-84-44-84.130 F.Cédric Tiberghien (piano)Œuvres de Mozart, Haydn, Beethoven.Cercle de l’Union interalliée, 33, ruedu Faubourg-Saint-Honoré, Paris-8e.Mo Concorde. 20 h 45, le 22. Tél. :01-42-67-36-47. De 175 F à 250 F.ElbowLe Divan du monde, 75, rue des Mar-tyrs, Paris-18e. Mo Pigalle. 19 h 30, le 22.Tél. : 01-44-92-77-66. De 100 F à 110 F.Tom McRaeElysée-Montmartre, 72, boulevardRochechouart, Paris-18e. Mo Anvers.19 h 30, le 22. Tél. : 01-44-92-45-36.132 F.Fonky FamilyLa Cigale, 120, boulevard Roche-chouart, Paris-18e. Mo Pigalle. 19 h 30,le 22. Tél. : 01-49-25-89-99. 130 F.Lionel RichiePalais omnisports de Paris-Bercy, 8,boulevard de Bercy, Paris-12e. Mo Bercy.20 h 30, le 22. Tél. : 08-03-03-00-31.De 240 F à 345 F.

Jeanne MasOlympia, 28, boulevard des Capucines,Paris-9e. Mo Opéra. 20 h 30, le 22. Tél. :01-47-42-25-49. De 170 F à 230 F.Vincent BaguianSentier des Halles, 50, rue d’Aboukir,Paris-2e. Mo Sentier. 22 heures, les 22,23, 24, 25 et 26. Tél. : 01-42-61-89-96.Francesca SollevilleLimonaire, 18, cité Bergère, Paris-9e.Mo Grands-Boulevards. 22 heures, les22 et 29. Tél. : 01-45-23-33-33. Entréelibre.Paris Salsa All StarsLa Coupole, 102, boulevard Montpar-nasse, Paris-14e. Mo Vavin. 21 heures,le 22. Tél. : 01-43-20-14-20. 100 F (uneconsommation comprise).Le Grand KlezmerSentier des Halles, 50, rue d’Aboukir,Paris-2e. Mo Sentier. 20 heures, les 22,23, 24, 25 et 26 ; 16 heures, le 27.Tél. : 01-42-61-89-96. De 70 F à 80 F.Suraranjan Mukherjee,Bibhas Sengupta, Deepa RemyCentre Mandapa, 6, rue Wurtz,Paris-13e. Mo Glacière. 20 h 30, le 22.Tél. : 01-45-89-01-60. De 60 F à 90 F.Adriana Varela et son orchestreThéâtre national de Chaillot, 1, placedu Trocadéro, Paris-16e. Mo Trocadéro.20 h 30, les 22, 23 et 24. Tél. : 01-53-65-30-00. De 70 F à 150 F.

RÉGIONS

Fin de partiede Samuel Beckett, mise en scène deFrançois-Michel Pessenti.Marseille (Bouches-du-Rhône). La Fri-che Belle-deMai, 23, rue Guibal.21 heures, les 23, 24, 25, 26, 29, 30,31 mai, 1er et 2 juin. Tél. : 04-91-11-45-65. 45 F et 70 F.Tournée Fournelde Chantal Joblon et Philippe Nicolle,mise en scène de Philippe Nicolle, avecGwen Aduh, Christophe Arnulf, CécileArtale, Marc Chevillon ou AlexandreDiaz, Eric Ferrand, Natacha Mendès,Michel Mugnier, Florence Nicolle,Philippe Nicolle, Martin Petitguyot,Laurence Rossignol, Valérie Véril etJacques Ville.Dijon (Côte-D’or). Centre ville. 21 heu-res, les 23, 24, 25 et 26. Tél. : 03-80-71-24-33. Entrée libre.Le Voyage à La Hayede Jean-Luc Lagarce, mise en scène deFrançois Berreur, avec Hervé Pierre.Bourg-en-Bresse (Ain). Salle des fêtes,place de la Grenette, 19 heures, le 23.Tél. : 04-74-50-40-00. 61 F et 112 F.Les Frères Zénithde Jérôme Deschamps, mise en scènede Jérôme Deschamps et Macha Ma-keieff.Bourges (Cher). Maison de la culture,place André-Malraux. 20 h 30, les 22et 23. Tél. : 02-48-67-74-70. De 70 F à160 F.Arlequin poli par l’amourde Marivaux, mise en scène de Jean-Michel Rabeux et Sylvie Retenna.Colmar (Haut-Rhin). Théâtre munici-pal, 3, rue des Unterlinden. 20 h 30,les 22 et 23. Tél. : 03-89-20-29-02. 75 Fet 90 F.Le Gardiend’Harold Pinter, mise en scène deStuart Seide.Tourcoing (Nord). Ancien Hospice, rued’Havré. 20 h 30, les 22, 23, 24, 25, 26,29 ; 16 heures, les 20 et 27. De 55 F à140 F. Jusqu’au 9 juin.

LE MARCHÉ DU FILM à Can-nes est un peu l’arrière-boutiquedu Festival. S’il en est la face lamoins prestigieuse, il en est la plusactive. La plupart des profession-nels présents à Cannes le sontpour le Marché, le plus importantdu monde, juste devant le Mifed àMilan et l’AFM à Los Angeles.« Ce fut une année énorme avec680 films montrés à la faveur de1 300 projections, ce qui constitueune augmentation de 10 % par rap-port à l’an dernier, estime JérômePaillard, directeur du Marché. Lesprojections commencent de plus enplus tôt et se terminent de plus enplus tard. »

Le Marché de Cannes est le seulrendez-vous de ce type adossé àun festival. Un avantage impor-tant qui facilite d’autant la tâchedes vendeurs si un de leurs filmsest présenté en Sélection officiel-le. C’est le cas d’Eric Lagesse, direc-teur des ventes chez Flach Pyrami-de International, qui présentaitdeux films en compétition, LaRépétition, de Catherine Corsini,et De l’eau tiède sous un pont rou-ge, de Shohei Imamura. « On seretrouve dans un marché saturé,car il y a moins de distributeurs quiachètent les films, assure-t-il. On adonc besoin de faire mousser leschoses. Et quand un film est en com-pétition, on est sûr qu’un acheteurira le voir. »

Un autre vendeur insiste sur la

nature irrationnelle d’un marchéqui dure près de quinze jours. Sou-vent, des accords se signent en finde festival sous les effets conju-gués de la fatigue et de la lassitu-de, par besoin d’acheter des filmsou par crainte de passer à côtéd’une affaire mirobolante. Unexemple de ce comportement irra-tionnel était symbolisé par l’omni-présence au marché d’HarveyWeinstein, patron de Miramax.Celui-ci a loué une salle de projec-tion où il a visionné plusieurs dizai-nes de films et souvent jusqu’àtrois heures du matin. Un ache-teur de Miramax décrit sa journéetype comme un long marathon,qui commence à huit heures dumatin pour s’achever au milieu dela nuit – il lui a fallu tenir coûteque coûte, quitte à rentrer à sonhôtel en rampant. Miramax ne seremet toujours pas d’avoir laisséfiler Tigre et Dragon, d’Ang Lee, auprofit de Sony Pictures Classics.

TENDANCES BOULIMIQUES« L’effet Tigre et Dragon est évi-

dent aux Etats-Unis, affirme Massi-mo Saidel, responsable des pro-ductions et des acquisitions chezTF1 International. Il va y avoir toutet n’importe quoi en matière defilms asiatiques. » Un des effets decette folie est l’acquisition des Lar-mes du tigre noir, film thaïlandaisprésenté dans la catégorie Un cer-tain regard. Miramax l’a acheté

après avoir visionné un promoreel, c’est-à-dire une sélection desmeilleures scènes, avant de s’aper-cevoir en découvrant le film enintégralité qu’il nécessitait des cou-pes sévères.

Les tendances boulimiques desacheteurs semblent dictées par lagrève des scénaristes et desacteurs à Hollywood qui aurait pufermer le robinet à images. Si celle-ci a désormais peu de chanced’avoir lieu – le syndicat desacteurs doit signer un accord d’icià la fin du mois –, elle a néan-moins eu des répercussions inat-tendues. « Redoutant la grève, lesAnglo-saxons ont surproduit, sou-tient Massimo Saidel. Il en résulteune offre trop importante de filmsde genre, qui ne sont pas des filmsde studios, et il y a embouteillage. »

La grève des acteurs a aussi gelétout accord sur les préachats oules coproductions de films améri-cains. Le bénéficiaire de cet imbro-glio est l’Asie, mais aussi la Fran-ce. « Le cinéma français se portetrès bien, estime Jérôme Paillard,et les succès hexagonaux des der-niers mois ont produit leurs effets.Astérix et Cléopâtre, Vidocq, LePeuple migrateur, La Femme piè-ge, d’Enki Bilal, ont été des succèsénormes. » « Les indépendants amé-ricains comme Miramax, Fine Lineou Sony Pictures Classics, quiavaient délaissé les films étrangers,se sont mis à en racheter, constate

Massimo Saidel. Pauline et Paulet-te, un film flamand présenté à laQuinzaine des réalisateurs, a étél’objet d’une enchère entreParamount et Sony Classics qui adu débourser 500 000 dollars[570 000 ¤], une somme exception-nelle. »

GOUFFRE GRANDISSANTUn autre fait marquant du mar-

ché a été l’effacement des ache-teurs allemands et japonais. La cri-se économique au Japon commel’imprudence des distributeurs etdes producteurs allemands quiont presque tous décidé de fairecoter leur société au Neuer Mar-ket de Francfort, l’équivalent dunouveau marché parisien, avantde subir de plein fouet le krachboursier, a redistribué les cartes.Plusieurs vendeurs signalent la pla-ce grandissante occupée désor-mais par l’Espagne et l’Italie.

Enfin, le Marché du film est plusque jamais un marché à deux vites-ses. Eric Lagesse voit un gouffregrandissant entre les films qui mar-chent et ceux qui ne marchentpas. Selon Jérôme Paillard, lesfilms à petit et moyen budget(c’est-à-dire inférieur à 10 millionsd’euros) ont du mal à assurer despréventes. Les vendeurs, nom-breux, sont confrontés à des ache-teurs toujours plus exigeants.

Samuel Blumenfeld

L’hommage du Festivalà Melanie GriffithLE SOIR DE SA CLÔTURE, dimanche 19 mai, le Festival de Cannes arendu hommage à l’actrice américaine Melanie Griffith, héroïne de Wor-king Girl, de Mike Nichols, projeté le même jour. Lors d’un dîner prési-dé par Gilles Jacob, auquel ont assisté de nombreuses personnalités,comme Antonio Banderas, son époux, ou le réalisateur Terry Gilliam,membre du jury de la sélection officielle, Melanie Griffith a reçu le Tro-phée du festival. La fille de Tippi Hedren a remercié les réalisateursavec lesquels elle a tourné – Brian De Palma, Jonathan Demme, TonyRichardson, Sidney Lumet, Woody Allen, Arthur Penn… – mais surtoutau « meilleur réalisateur qui l’a dirigée », Antonio Banderas, dans Crazyin Alabama.

Absences remarquées des AméricainsLA MENACE d’une grève des acteurs aux Etats-Unis explique l’absenceremarquée des stars américaines cette année à Cannes, une absencequi a contribué à dénaturer le 54e Festival international du film, a esti-mé samedi 18 mai le directeur artistique du Festival, Thierry Frémaux,interrogé par l’agence Reuters. « Cette année a été très particulière pource qui concerne les Américains, en raison de ce qui se passe à Hollywood,a-t-il expliqué. Par exemple, Jack Nicholson devait venir présenter le filmde Sean Penn, The Pledge, et n’a pas pu le faire. Cameron Diaz, qui faitune des voix du film d’animation Shrek, avait prévu d’être là et en a étéempêchée au dernier moment. »« Bien entendu, la menace de la grève des acteurs qui a couru depuis lemois de février, qui nous a empêchés d’avoir par exemple Jodie Foster com-me présidente du jury, c’est une menace qui a non seulement lourdementpesé sur le Festival, mais qui l’a totalement défiguré de ce point de vue-là », a ajouté M. Frémaux.

Les prochains rôles de Laetitia CastaLES AMES FORTES, le film de Raoul Ruiz, projeté dimanche 19 mai enclôture du Festival de Cannes (hors compétition) a permis à LaetitiaCasta de montrer qu’elle possédait un vrai talent d’actrice. Elle vient determiner un autre tournage, celui de Rue des plaisirs, de Patrice Lecon-te, où elle incarne une prostituée. Et, dans un entretien à L’AFP, diman-che 19 mai, avant de monter les marches, vêtue d’un kimono, pour laprésentation des Ames fortes, elle a confié qu’elle avait le projet de tour-ner sous la direction du cinéaste polonais Andrzej Zulawski.

PARIS

Hervé Robbe, Paco DecinaRien de moins que troischorégraphes à l’affiche duThéâtre de la Ville. A 21 heures,Hervé Robbe et Paco Decinase partagent la soirée. Directeurdu Centre chorégraphiquedu Havre, Hervé Robbeinterprète son solo Polaroïd, danslequel sa danse belleet savante se dresse contreles images projetées d’une HLMlilloise où il passa une partie deson enfance. Le Napolitain PacoDecina propose son solo Lettreau silence et un duo, Neti-Neti,parfaits exemples de cetterecherche d’un mouvement plein,expression d’un corps subtilconnecté au cosmos.A 19 heures, Xavier Le Royse livre, dans Self-Unfinished,à des métamorphoses et à descontorsions étonnantes quinous plongent dans un mondeanatomique mutant.Théâtre de la Ville, 2, placedu Châtelet, Paris-4e. Mo Châtelet.21 heures, les 22, 24, 25 et 26(Polaroïd, Neti-Neti) ; 19 heures,les 22, 23, 24, 25 et 26(Self-Unfinished).Tél. : 01-42-74-22-77. 70 F.

YVELINES

Banlieues artsCe festival, créé en 1992, à Trappes,à l’initiative de l’Associationculturelle de Trappes (ACT), a pourambition de « favoriser la rencontredes publics, accompagner lesspectateurs de demain, former leregard critique ». Banlieues arts rendcompte d’un travail mené en milieuscolaire (de la maternelle au lycée).Artistes (comédiens, plasticiens,musiciens, chorégraphes, écrivains,danseurs…) et enseignants ont étéassociés tout au long de l’année sousforme d’ateliers.Les représentations (séancesscolaires et tout public) sedérouleront dans les dix villes desYvelines qui ont participé àl’aventure : Trappes, La Verrière,Magny-les-Hameaux,Montigny-le-Bretonneaux,Guyancourt, Voisins-le-Bretonneux,Beynes, Maurepas, Saint-Cyr-l’Ecole,Rambouillet, Cernay-la-Ville.Trappes (Yvelines). Associationculturelle de Trappes, 1, rue del’Abreuvoir. RER : Trappes.Du 21 mai au 9 juin.Tél. : 01-30-69-16-70, réservationspour le public scolaire, 20 F ;tél. : 01-30-13-98-51,réservations tout public, 35 F et 40 F.

Le Marché du film à Cannes guidé par l’irrationnelLes menaces de grèves à Hollywood ont profité aux productions asiatiques et françaises

SORTIR

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a Selon les statistiquesde l’Association viennoisedes études de recherche sociales,« 24 % des Autrichienspréféreraient vivre dans un payssans juifs ».

a « Cela rend totalement absurdetoute tentative de classificationraciale par la biologie », conclutBryan Sykes, professeuren génétique de l’universitéd’Oxford, après avoir démontréen étudiant l’ADN de cent millepersonnes qu’un Britannique« blanc » sur cent descendaitd’un ancêtre africainou asiatique.

a Les chercheurs ne pourrontanalyser l’ADN de deux victimesanonymes du naufragedu Titanic, exhuméesvendredi 18 maià la demande de parents, tropgravement endommagé pardes infiltrations d’eau dans uncimetière d’Halifax au Canada.

a La foule en colère quil’escortait, vendredi 18 mai,jusqu’à l’aéroport, a forcé surle tarmac le docteur Jean-LouisRongieras, seul radiologue deSaint-Pierre-et-Miquelon, chasséde l’archipel sur ordre du préfetpour avoir écrit une lettre quiinsultait les habitants, à la lireet à la manger.

a L’ONU s’est engagée, sansdécider aucune mesure concrèteen faveur des pays pauvres, àles délier, « à plus ou moins longterme », de l’obligation d’acheteruniquement aux pays donateurs.« C’est un début, il faudra déployerde très gros efforts dans les dixans », estime Rubens Ricupero,secrétaire généralde la Conférence pour lecommerce et le développement(Cnuced), organisateur de laconférence, dimanche 20 maià Bruxelles.

a Mohamed Ibrahim Egal,président du Somaliland,a célébré, vendredi 18 mai, les dixans d’indépendance de la petiteRépublique autoproclamée,privée d’aide internationale, plusmisérable que jamais, en hurlantson discours fleuve dans de vieuxhaut-parleurs en panne.

a « Elle devrait s’estimer heureuse,elle risquait la prisonà perpétuité », a déclaré aprèsle verdict un juré du tribunalde Conway en Caroline du Sud,devant les larmes de ReginaMcKnight, 24 ans, Noire,toxicomane, mère de troisenfants, de nouveau enceinte,condamnée à 12 ans de réclusionpour avoir fumé du crackpendant sa grossesse et perduson bébé.

a Margaret Stewart, invitéeà une pendaison de crémaillèrepar son amie Anne Martindans sa nouvelle maisonde Kingsdown, près de Bathen Angleterre, porte plaintepour contusions, une chaiseayant cédé sous son poids.

Christian Colombani

EN VUE

DE TEMPS à autre, un (trèsléger) soupçon de regret s’insi-nuait dans notre conscience chro-niqueuse : n’aurions nous pas été,il y a quelques mois, par trop sévè-re avec cette Séverine Labat quiorganise et présente les débatssuivant les documents présentésdans l’émission « Le sens de l’his-toire », le dimanche après-midisur La Cinquième ? Pour en avoirle cœur net, nous avons sacrifiéun dimanche ensoleillé invitant àla télévision buissonnière pourregarder la prestation de cettejeune femme, tout disposé à faireamende honorable, si cela s’avé-rait nécessaire.

L’émission était consacrée àl’évocation du déclenchement dela guerre du Golfe, en janvier1991, consécutif à l’invasion, aumois d’août précédent, du Koweïtpar l’Irak de Saddam Hussein. Ledocumentaire introductif, fait demontage d’archives et d’inter-views de responsables politiques

de l’époque nous rafraîchissait lamémoire sur cette opération« Tempête du désert ». Celle-ciallait profondément bouleverser ladonne géopolitique au Moyen-Orient, consacrer les Etats-Uniscomme unique super-puissancemondiale, et l’effacement de ce quiétait encore, à l’époque, l’URSS.

Que cette guerre fasse encoresentir ses conséquences aujour-d’hui, notamment pour des Ira-kiens régulièrement bombardéspar l’US Air force, et toujours sou-mis à un embargo implacable, quipourrait le nier ? Qu’il soit, dansune émission historique traitantde sujets proches du présent, inté-ressant d’inviter des acteurs de lapolitique du moment, est aussiune évidence. Mais il faut, alors,que le plateau soit équilibré, quedes points de vue opposés puis-sent s’exprimer. Personne nereprochera à Leïla Shahid, repré-sentante en France de l’Autoritépalestinienne, et à Georges Corm,

économiste et ancien ministre liba-nais, seuls conviés, d’avoir saisil’occasion pour faire un procès enrègle de la politique israélienned’aujourd’hui. Ils sont dans leurlogique. Mais on est fondé àdemander des comptes à SéverineLabat d’avoir voulu nous faire pas-ser des vessies pour des lanterneset transformé une émission histori-que en tribune de propagandepour la cause arabe et palestinien-ne. A notre grand regret, noussommes obligé de remettre à unedate ultérieure notre autocritiqueséverinienne…

Pour nous remettre l’humeur aubeau fixe, il nous fallut attendre20 h 30 et l’arrivée sur France 3 deRaphaël Mezrahi. A la différencede Séverine, il n’est pas habillé parYamamoto, mais plus vraisembla-blement par sa maman, qui a desprix chez son beau-frère MauriceBenayoun, spécialiste du dégrifféà Troyes, dans l’Aube. Mais il estbeaucoup plus drôle.

Un modèle de journalisme cubain« Juventud Rebelde », le quotidien du PC cubain destiné à la jeunesse,

publie un entretien du numéro deux du régime, Raul Castro, avec une journaliste éperdue d’admirationALINA PERERA ROBBIO est

journaliste à Juventud Rebelde, lequotidien du Parti communistecubain destiné à la jeunesse. Ellepublie, dans l’édition du dimanche13 mai, un entretien avec le numérodeux du régime, Raul Castro, frèrecadet du président cubain, FidelCastro. Son récit emprunte égale-ment la forme d’un récit personnel,voire d’une réflexion sur le travailde journaliste. Elle dit l’émotion quil’étreint à l’instant où elle aborde legénéral et ministre des Forcesarmées révolutionnaires (FAR).« Puis-je vous poser une question ? »,ose-t-elle sans beaucoup d’espoir,alors qu’elle se trouve face à lui.« J’étais quasi convaincue que moninterlocuteur ne disposerait pas detemps », écrit-elle, en ajoutant que« le journaliste qui aime et respectesa profession ne doit jamais s’auto-censurer, ne doit jamais se dire nonà lui-même ».

Elle décrit le peu médiatique RaulCastro comme un homme chaleu-reux qui, en réponse à sa question,« comme un père, me tendit son brasdroit par-dessus l’épaule », enta-mant, tout en marchant « sans butfixe », une conversation dont la for-me lui rappelle « la méthode despédagogues de l’Antiquité », quitransmettaient à leurs disciples « lesmaximes de la vie tout en marchantdans les jardins tranquilles desécoles ».

Elle parcourt ainsi les rues de Cie-go de Avila où son illustre interlocu-teur participait à une réunion de lajeunesse communiste de la région,« sous le soleil brûlant de la mi-journée ». Raul parle doucement,salue les gens qu’ils croisent, expli-que-t-elle, « sans cesser de la proté-

ger avec son bras droit », lui faisantoublier « la tension naturelle qui tou-che tout un chacun dans des circons-tances comme celles-là ». Elle luidemande quelle impression il a dela jeunesse cubaine. « C’est la mêmeque celle de notre commandant enchef et de notre parti », lui dit ledeuxième secrétaire du Parti com-muniste et premier vice-présidentdu conseil d’Etat et du conseil desministres. « Nous ressentons pourelle, poursuit-il, une grande admi-

ration (…), en particulier pour sonavant-garde, la Jeunesse commu-niste, qui a tout le temps été liée à larévolution. »

Après avoir rappelé que sa géné-ration a lutté depuis maintenantpresque un demi-siècle, Raul Castroinsiste sur la grande importancequ’il accorde ainsi que tous les diri-geants cubains à la jeunesse « à sonfonctionnement, à sa vie interne, à sacroissance constante », rappelantque, chaque fois qu’il y a eu des

carences dans son organisation,« peu de temps après cela s’est réper-cuté dans le parti, et nous en avonstous payé les conséquences ».

« L’ÉTERNITÉ N’EST PAS POSSIBLE »Reconnaissant que les dix derniè-

res années ont été difficiles, RaulCastro assure qu’il y a « encore desproblèmes et il y en aura toujours »,mais que ce qui importe aujour-d’hui, c’est la continuité de la révolu-tion. « L’ennemi utilise comme argu-ment l’ère post-Castro, espérant que,quand Fidel avec son magnétisme etson indiscutable leadership ne seraplus là, cela deviendra un problèmepour la continuité de la Révolution.Qu’en pensez-vous ? », lui demandeAlina.

« Il n’y aura aucun problème »,

assure-t-il. « Nous, évidemment,nous voulons que Fidel vive encorelongtemps. Mais l’éternité n’est paspossible. (…) Dans notre cas, nousnous ne mourrons pas avec la mortphysique, nous vivrons ou nous mour-rons selon ce qu’il adviendra de laRévolution. Si elle meurt, nous mour-rons. Si elle perdure, nous vivrons.(…) Le reste n’est qu’affabulation del’ennemi », lui explique-t-il, rassu-rant. L’article se conclut ainsi parune apostrophe de Raul Castro à sajeune admiratrice : « Journaliste :comment terminerons-nous cette con-versation ? Combien de kilomètresavons-nous parcouru ? Je crois quenous avons parlé un peu d’un certainnombre de choses. Tu ne crois pas ? »

Alain Abellard

www.revue-chimeres.orgLa revue de Deleuze et Guattari publie des textes inédits et des numéros épuisés sur son site

FONDÉE par le philosopheGilles Deleuze et le psychanalysteFélix Guattari en 1987, la revue Chi-mères vient de créer un site pourrendre accessibles les articles despremiers numéros épuisés et lestextes inédits de séminaires. « Achacun sa folie », lançait joyeuse-ment Félix Guattari dans le pre-mier numéro, en appelant à contri-bution artistes et scientifiques, eth-nologues et analystes. Quatorzeans plus tard, la rubrique « revue »du site présente les interrogationsactuelles : « Quelles sont aujour-d’hui les manières de penser le mon-de, de le changer, de le rêver, deprendre parti ou simplement de pren-dre part ? Chimères, comme le mons-tre et l’illusion du même nom, se veutmélange et métissage, utopie et proli-fération. » L’originalité de la revuetient à cette alliance entre témoi-gnages sur des pratiques socialesou thérapeutiques innovantes etessais théoriques consacrés à la psy-chanalyse et à la politique, notam-ment internationale, avec uneattention particulière au Mexique,à l’Algérie ou aux Balkans.

Les articles épuisés de la revuepeuvent être téléchargés gratuite-ment. On y trouve des textes deGilles Deleuze, d’Edgar Morin, dudramaturge Enzo Cormann, del’écrivain-éducateur Fernand Deli-gny ou de… Coluche. Les sujetsabordent le monde du rêve chez les

aborigènes d’Australie, la vendettadans le monde méditerranéen ou lacréation artistique et la folie. Leréseau qu’avait tissé Félix Guattarià l’étranger amène des contribu-tions japonaises avec Kuniichi Uno,spécialiste de Jean Genet, ou brési-liennes, avec Peter Pal Pelbart.

En 1980, Félix Guattari commen-ce un séminaire régulier qui ne s’in-terrompra qu’à sa mort en 1992.Plus d’une soixantaine de ces com-munications, inédites jusqu’alors,sont intégralement publiées sur lesite. Lieu d’échanges et de dialo-gue, le séminaire a permis à FélixGuattari de présenter des thèmesqu’il avait largement explorés – l’in-conscient, le symptôme, la ritour-nelle, la schizoanalyse – ou des’aventurer vers d’autres frontiè-res. Il y a invité aussi plusieurs deses proches, dont les interventionssont également disponibles sur lesite, comme les psychiatres et psy-chanalystes Jean-Claude Polack,Mony Elkaïm, Danielle Sivadon, lephilosophe Gilles Châtelet, la scien-tifique Isabelle Stengers ou l’ethno-logue Barbara Glowczewski.

Les liens avec le « Web de Deleu-ze », compagnon intellectuel deGuattari, sont privilégiés dès lapage d’accueil, qui annonce aussiles débats et journées de réflexionproposés par la revue.

Catherine Bédarida

Séverine, hélas ! par Luc Rosenzweig Oui, je souhaite m’abonner au Monde pour la durée suivante :3 MOIS-562F 6 MOIS-1086F 1 AN-1980Fau lieu de 585 F* au lieu de 1 170 F* au lieu de 2340F*

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Offre valable jusqu’au 15/12/2001

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DANS LA PRESSE

THE ECONOMISTa Trop de questions demeurentsans réponse à propos de SilvioBerlusconi. Certaines de ces ques-tions concernent les énormesconflits d’intérêt qui ont accompa-gné la promotion de l’homme leplus riche d’Italie au poste de pre-mier ministre. Dans la mesure oùson empire s’étend à tant dedomaines commerciaux et finan-ciers de la société italienne, l’ac-tion de son gouvernement danspratiquement chaque secteur, dela privatisation aux retraites, l’af-fectera personnellement. C’estdans l’audiovisuel que ce conflitest à la fois le plus éclatant et leplus honteux. Alors qu’il contrôledéjà virtuellement l’ensemble deschaînes de télévision privée, il sera

bientôt en mesure d’ajouterl’audiovisuel public à son empire.Ce dont l’Italie a besoin par-dessustout, c’est d’un système politiquehonnête fondé sur une Constitu-tion efficace. Si le nouveau gouver-nement était conduit par un hom-me politique dont l’honnêtetéserait au-dessus de tout soupçon,ce serait le moment de refondre laConstitution, de réduire le pouvoirdu Parlement et de renforcer lamain de l’exécutif. Mais, avecM. Berlusconi à la barre, de telschangements seraient horrible-ment malvenus. C’est vraimentdommage, car l’Italie a besoin plusque jamais d’une réforme.

LCIPierre-Luc Séguillona La semaine est périlleuse pourLionel Jospin. Et ce n’est pas un

hasard si, une fois encore, c’est surle sujet des plans de licenciementque le premier ministre risqued’achopper. C’est une constantede la législature. Trouver un pointd’équilibre entre les exigencesd’une économie ouverte et la pro-tection des salariés qui font lesfrais du marché, entre un électoratde centre gauche qui est disposé àapporter ses suffrages à Lionel Jos-pin, s’il le sent en phase avec unemodernisation de l’économie, etun électorat de gauche, voire d’ex-trême gauche, enclin à les lui refu-ser, s’il l’estime traître à la causedes salariés, n’est pas aisé.

FRANCE-INTERBernard Guettaa Ces représailles israéliennessont beaucoup plus inquiétantesque choquantes. Il n’est pas cho-

quant en soi qu’un gouvernementréagisse à des attentats meurtriersen allant frapper les installationsmilitaires de l’ennemi qui l’en-deuille. Le plus terrible dans cetteescalade est dans l’incroyable, etdangereuse, cécité d’Ariel Sharon.Même un Ariel Sharon devraitcomprendre qu’Israël ne peut pasriposter aux attentats dont il estvictime sans dire, répéter, marte-ler, que le plan de décembre esttoujours sur la table, qu’il suffiraitd’un « oui » de l’Autorité palesti-nienne pour que ce cauchemar setermine. M. Sharon est en train detirer ses dernières cartouches sanssavoir ce qu’il pourra faire ensuite.Il met en danger Israël comme lesdirigeants palestiniens jouent avecles vies de leurs enfants. Le Pro-che- Orient est aux mains des irres-ponsables.

K I O S Q U E

SUR LA TOILE

PORNOGRAPHIEa L’administration présidentielletchèque a porté plainte contre unsite intitulé selon le nom de l’épousedu président Vaclav Havel, DagmarHavlova, et diffusant des imagespornographiques. Selon le journalpraguois Blesk, l’affaire aurait étémontée par la société qui avait déjàcréé Whitehouse.com, sans rapportavec le site de la Maison Blanche,Whitehouse.govwww.dagmarhavlova.cz

GPS PIRATÉa L’université de Kaiserslautern(Allemagne) vient d’annoncer quedes pirates avaient utilisé son sys-tème informatique pendant les va-cances de Noël 2000 pour voler unprogramme de navigation par satelli-te de la marine américaine. – (AFP.)

WEBCAMSa Les organisateurs de l’Euro 2004de football au Portugal ont demandéaux clubs dont les stades ont été rete-nus pour recevoir la compétitionqu’ils fournissent en direct sur leWeb les images des travaux de cons-truction ou de rénovation effectués.La diffusion devrait débuter en sep-tembre, date limite pour le début destravaux. – (AP.)

33

LE MONDE / MARDI 22 MAI 2001

Page 33: New e 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINE MARDI 22 MAI … · 2018. 3. 26. · 57e annÉe – nº 17518 – 7,50 f - 1,14 euro france mÉtropolitaine mardi 22 mai 2001 fondateur

R A D I O - T É L É V I S I O N LE MONDE / MARDI 22 MAI 2001 / 35

LUNDI 21 MAI

GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

13.20 Los Chicos a aMarco Ferreri (Espagne, 1959, v.o.,85 min) &. Ciné Classics

14.45 Anna Karénine a a aJulien Duvivier (Grande-Bretagne,1948, v.o., 140 min) &. Ciné Classics

15.35 Frankenstein a aKenneth Branagh (Etats-Unis, 1994,v.o., 125 min) &. Cinéfaz

16.00 L'Eté de Kikujiro a a aTakeshi Kitano (Japon, 1999,120 min) &. Canal +

16.30 Femmes a aGeorge Cukor (Etats-Unis, 1939,130 min). TCM

18.15 Le Mystère Picasso a aHenri-Georges Clouzot (France, 1956,105 min). TV 5

18.20 La messe est finie a aNanni Moretti (Italie, 1985, v.o.,95 min) %. Ciné Cinémas 1

18.50 Un homme et une femme a aClaude Lelouch (France, 1966,100 min) &. Ciné Cinémas 2

19.05 Le Souffle de la tempête a aAlan J. Pakula (Etats-Unis, 1978,v.o., 115 min) &. Cinétoile

20.30 Mission a aRoland Joffé (Grande-Bretagne, 1986,125 min) %. Ciné Cinémas 2

20.30 Le Plus Grand Cirquedu monde a aHenry Hathaway. Avec John Wayne,Claudia Cardinale, Rita Hayworth(Espagne - Etats-Unis, 1964,135 min) &. Ciné Cinémas 1

20.40 Belle maman a aGabriel Aghion (France, 1999,105 min) &. TSR

22.10 Anna Karénine a a aClarence Brown. Avec Greta Garbo,Fredric March (Etats-Unis, 1935,v.o., 95 min) &. Ciné Classics

22.20 L'Anguille a aShohei Imamura, Daisuke Tenganet Motofumi Tomikawa (Japon, 1997,115 min) &. Cinéstar 1

22.30 Possession a aAndrzej Zulawski (Fr. - All., 1981,120 min) !. Paris Première

23.25 Guêpier pour trois abeilles a aJoseph L. Mankiewicz (Etats-Unis,1966, 130 min) &. Cinétoile

23.45 Convoi vers la Russie a aLloyd Bacon, Byron Haskinet Raoul Walsh (EU, 1943, v.o.,130 min) &. Ciné Classics

0.10 Le Mors aux dents a aBurt Kennedy (Etats-Unis, 1965,90 min). TCM

DÉBATS18.30 Studio ouvert. L’euro

et les consommateurs. Public Sénat21.00 Les Conquistadores

et le Nouveau Monde. Forum

22.00 Monnaie, du troc à l'euro. Forum

23.00 Erythrée, la paix enfin ? Forum

MAGAZINES13.05 D.M.A

(Dimanche midi, Amar). TV 5

13.55 C'est mon choix. France 3

17.30 CD' aujourd'hui. Avec M. France 2

18.30 L'Invité de PLS. LCI

19.00 Nulle part ailleurs. Canal +

19.00 Archimède. Les tortues marines.Après l'arrêt de Tchernobyl.Voler à Mach 5. Un nombril pleinde promesses. Portrait : Eye of Science,la science en photos. Arte

19.30 et 0.50 Rive droite,rive gauche. Paris Première

20.50 Voleurs à 15 ans.A la Défense, batailles rangéesentre bandes rivales. A Paris, pillagedes horodateurs. Aux Deux-Alpes,magasins de sport dévalisés. Violscollectifs, appelés « tournantes ». M 6

21.00 Le gai savoir. Les best-sellers.Invités : Didier Van Cauwelart ;Eliette Abécassis ; François Cérésa ;Yann Apperry ; Pascale Clark ;Antoine Audouard. Paris Première

21.05 Temps présent.Fric, Afrique et sida. TV 5

22.15 Ça se discute. Commentvivent les adultes autistes ? TV 5

23.10 Ciel mon mardi ! TF 1

DOCUMENTAIRES17.30 Régions de France. La Corse. Voyage

17.30 L'Autoroute des blues. TMC

18.05 Le Monde des animaux. Animauxrescapés. [6/24]. La Cinquième

18.15 La Guerre des cancers.[2/4]. La course au remède. Histoire

18.30 L'Actors Studio.[2/2]. Billy Joel. Paris Première

18.35 Monet et la Méditerranée. Odyssée

19.00 Erythrée, la dure réalité. Planète

19.00 Biographie. Arthur, vie et légendesd'un roi. La Chaîne Histoire

19.15 La Prise du pouvoirpar François Mitterrand.[5 et 6/10]. Nominationset chaises musicales.Les affaires extérieures. Histoire

19.45 Les Mystères de l'Histoire.L'allié de l'ombre. La Chaîne Histoire

20.00 Virunga. Des couléesde feu et de glace. Odyssée

20.00 Créatures extraordinaires.Sur la piste de Big Foot. Planète

20.15 Reportage.Le Golfe sous surveillance. Arte

20.25 Notre siècle. Churchillet son état-major. La Chaîne Histoire

20.30 Ciel, ma géo ! Voyage

20.30 Deuxième regard. [3/3]. Etats-Unis :autour de l'agriculture. Planète

20.45 La Vie en face. Geneviève de GaulleAnthonioz ou l'engagement. Arte

21.00 La France. François Mitterrand,le roman du pouvoir. [2/4].Le conquérant (1958-1981). Histoire

21.00 La Collection David Oïstrakh. [3/3].Concerto de Tchaïkovski. Muzzik

21.30 Notre siècle. [1er volet]. Corée,la guerre oubliée. La Chaîne Histoire

21.35 La Légende de l'Eldorado. Planète

21.50 Renaissance.L'éclatante pureté du passé. Odyssée

22.05 Mitterrand vu par...François Dalle. Histoire

22.20 Les Mystères de la Bible.La reine Esther. La Chaîne Histoire

22.25 Une rivière au bout du monde.[6/7]. La rivière Yarraki,Australie (2). Planète

22.50 Vie et mise à mortde A. J. Bannister. Planète

22.55 Comedia. Rue du Conservatoire. Arte

23.05 Biographie. Al Capone,Scarface. La Chaîne Histoire

23.30 Sur la route avec Ray Brown.Entre les lignes. Muzzik

23.50 Georges Brassens. Odyssée

23.50 Les Mystères de l'Histoire.Superstitions. La Chaîne Histoire

0.00 L'Espoir pour mémoire.[1/3]. Pour qui sonne le glas. Histoire

0.05 Mémoire vivante.Histoires de guérillas.De Zapata aux zapatistes. TSR

0.35 Une petite pierre. Planète

1.00 Lonely Planet.[4/7]. L'Italie du Sud. Voyage

SPORTS EN DIRECT15.30 Cyclisme.

Tour d'Italie (3e étape) :Lucera - Potenza (144 km). Eurosport

20.00 Basket-ball. Pro A. Play-offs.Quart de finale retour. Pathé Sport

21.00 Boxe. Poids super-plumes :Pedro Octavio Miranda (Esp.) -Pablo Osuna (Col.). Eurosport

DANSE19.25 Le Sacre du Printemps.

Chorégraphie de Maurice Béjart.Musique d'Igor Stravinski.Avec Tania Bari, Germinal Casado.Par l'Orchestre national de Belgique,dir. André Vendernoot. Muzzik

21.55 Comedia. Körper.Chorégraphie de Sasha Waltz. Arte

MUSIQUE18.30 Les Plasson dirigent l'Orchestre

du Capitole de Toulouse.Par l'Orchestre national du Capitolede Toulouse, dir. Michelet Emmanuel Plasson. Mezzo

19.50 La Garde républicaine.Concert enregistré au manègedu Quartier des Célestins, en 1999.Par l'Orchestre de la garderépublicaine, dir. lieutenant-colonelFrançois Boulanger. Mezzo

22.00 Musique pour San Rocco.Concert enregistré à la Scuola Grandedi San Rocco, à Venise, le 16 août1995. Par le Gabrieli Consort,dir. Paul McCreesh. Mezzo

22.30 The Joshua Redman Quartet.Lors du Festival internationalde jazz, en 1995. Muzzik

23.15 Orphée aux enfers.Opéra d’Offenbach. Par l'Orchestreet les Chœurs de la Monnaie,dir. Patrick Davin. Mezzo

0.20 Johnny Griffin Quartet.Lors du Festival Jazz à Vienne,en 1998. Muzzik

TÉLÉFILMS17.50 Un amour aveugle.

Michaëla Watteaux. Festival20.45 De père en flic 2. D. Greene %. TF 620.50 Un pique-nique chez Osiris.

Nina Companeez. [2/2]. France 222.10 De terre et de sang.

Jim Goddard. [1 et 2/2]. Festival22.30 Cruelle justice. G. Goodell %. TF 622.50 Un étranger dans la maison.

Farhad Mann. %. M 622.55 La Maison du bonheur.

Robert Day &. Téva0.10 Les Alsaciens ou les Deux

Mathilde. Michel Favart [2/4]. Arte

COURTS MÉTRAGES0.55 Libre court. Le Centre du monde.

Djibril Glissant. France 3

SÉRIES19.25 Hill Street Blues. La fin

de Logan. &. Monte-Carlo TMC19.50 Homicide. [1/3]. Choc. Série Club20.00 La Vie à cinq. Séparations &. Téva20.20 Friends. Celui qui était le pire témoin

du monde &. Celui qui avait un livre àla bibliothèque (v.o.). &. Celui quin'aimait pas les chiens (v.o.). &. RTL 9

20.45 Invasion planète Terre.Vengeance %. 13ème RUE

20.50 Ally McBeal. The ex-Files (v.o.). Téva21.50 That 70's Show. La guerre des

barbecues (v.o.). &. Canal Jimmy22.05 Le Club des Cinq. [1/2]. Le Club des

Cinq et les papillons. Disney Channel23.40 Gabriel Bird,

profession enquêteur.Premier rendez-vous. 13ème RUE

TÉLÉVISION

TF 113.55 Les Feux de l'amour.14.45 Un père trop célèbre.

Téléfilm. Michael Landon Jr.16.35 Les Dessous de Palm Beach.17.30 Sunset Beach.18.20 et 1.55 Exclusif.19.00 Le Bigdil.20.00 Journal, Tiercé, Météo.20.55 Air Force One

Film. Wolfgang Petersen %.23.10 Ciel mon mardi !1.25 Les Rendez-vous de l'entreprise.1.50 Rallye.

FRANCE 213.50 Derrick &.15.55 Planque et caméra.16.10 Rex &.16.55 Un livre.17.00 Des chiffres et des lettres.17.35 Viper.18.25 Un agent très secret &.19.15 Qui est qui ?19.50 Un gars, une fille.20.00 et 0.55 Journal, Météo.20.50 Un pique-nique chez Osiris.

Téléfilm. Nina Companeez. [2/2].22.50 Fous d'humour.1.25 Clicomédie.

FRANCE 313.55 C'est mon choix.14.50 Le Magazine du Sénat.15.00 Questions au gouvernement.16.10 Les Pieds sur l'herbe.16.35 MNK.17.35 A toi l'[email protected] C'est pas sorcier.18.15 Un livre, un jour.18.20 Questions pour un champion.18.50 Le 19-20 de l'information, Météo.20.10 Tout le sport.20.20 Tous égaux.20.55 C'est l'histoire d'un mec.

Hommage à Coluche.22.50 Météo, Soir 3.23.15 La Classe de neige

Film. Claude Miller ?.0.55 Libre court.

Le Centre du monde. Djibril Glissant.1.15 Toute la musique qu'ils aiment.

CANAL +13.45 Une affaire de goût a

Film. Bernard Rapp %.15.20 + de zapping.16.00 L'Eté de Kikujiro a a a

Film. Takeshi Kitano &.

f En clair jusqu'à 19.0018.00 Spy Groove %.18.30 Nulle part ailleurs cinéma .18.50 Canal + classique &.19.00 Nulle part ailleurs &.20.35 Le Prof

Film. Alexandre Jardin &.22.05 Wild Wild West

Film. Barry Sonnenfeld (v.o.) &.23.55 Ma mère, moi et ma mère

Film. Wayne Wang (v.o.) &.1.44 Pin-up.

LA CINQUIÈME/ARTE13.45 et 18.40 Le Journal de la santé.14.05 Les Dessous de la Terre.14.35 Un été au pays.15.30 Les Yeux de la découverte.16.00 France - Etats-Unis 2000.16.30 Les Ecrans du savoir.17.35 100 % question 2e génération.18.05 Le Monde des animaux.18.55 Météo.19.00 Archimède.19.45 Météo, Arte info.20.15 Reportage. Le Golfe sous surveillance.20.45 La Vie en face. Geneviève de Gaulle

Anthonioz ou l'engagement.21.55 Comedia. Körper.

22.55 Rue du Conservatoire.0.10 Les Alsaciens

ou les Deux Mathilde.Téléfilm. Michel Favart. [2/4].

1.50 La Femme de ta vie.Téléfilm. Imanol Uribe. [2/7].

M 613.34 et 18.09 Bi6clette.13.35 Le Droit au bonheur.

Téléfilm. Michael Steinke &.15.20 Les Routes du paradis &.16.10 M comme musique.17.10 Highlander %.18.10 Buffy contre les vampires &.19.00 et 20.40, 0.30 Loft Story.19.50 I-minute.19.54 Le Six Minutes, Météo.20.05 Une nounou d'enfer &.20.50 Voleurs à 15 ans.22.49 L'Equipée nature.22.50 Un étranger dans la maison.

Téléfilm. Farhad Mann %.1.10 Capital.

RADIO

FRANCE-CULTURE19.30 In vivo. Invité : Bertrand Deputte.20.30 Fiction.22.12 Multipistes.22.30 Surpris par la nuit.

Ceci est juste une lettre d'amour :Carson Mc Cullers, 1917-1967.

0.05 Du jour au lendemain.Barbara Honigmann(Très affectueusement ;Un amour fait de rien).

0.40 Chansons dans la nuit.1.00 Les Nuits (rediff.).

FRANCE-MUSIQUES18.00 Le jazz est un roman.19.07 A côté de la plaque.20.00 Un mardi idéal.22.00 Jazz, suivez le thème. Yesterdays.23.00 Le Conversatoire.0.00 Tapage nocturne.

"Les instants chavirés".

RADIO CLASSIQUE18.30 L'Actualité musicale.20.40 Les Rendez-vous du soir.

Albéric Magnard, la quête de l'absolu.Œuvres de Magnard, Ropartz,Indy, De Séverac.

22.40 Les Rendez-vous du soir (suite).Œuvres de Mozart, Beethoven,R. Schumann, Brahms.

20.30 Yol, La permission a a aYilmaz Güneyet Serif Gören (Turquie, 1982, v.o.,110 min) %. Ciné Cinémas 1

20.45 Missing, porté disparu a aCosta-Gavras (Etats-Unis, 1982,120 min) %. 13ème Rue

20.45 Frankenstein a aKenneth Branagh (Etats-Unis, 1994,120 min) &. Cinéfaz

21.00 Les Frissons de l'angoisse a aDario Argento (Italie, 1975, v.o.,125 min) %. Ciné Cinémas 3

21.00 La Dolce Vita a a aFederico Fellini.Avec Marcello Mastroianni,Anita Ekberg,Anouk Aimée (Italie, 1959,v.o., 175 min). Paris Première

22.00 Des gens sans importance a aHenri Verneuil (France, 1955,105 min) &. Ciné Classics

22.20 Un homme et une femme a aClaude Lelouch (France, 1966,105 min) &. Ciné Cinémas 1

22.25 Soleil trompeur a aNikita Mikhalkov (France - Russie,1994, 150 min) &. Ciné Cinémas 2

22.35 The War Zone a aTim Roth (Grande-Bretagne, 1999,v.o., 100 min) !. Canal +

22.50 L'Anguille a aShohei Imamura, Daisuke Tenganet Motofumi Tomikawa (Japon, 1997,v.o.,110 min) &. Cinéstar 2

23.45 Los Chicos a aMarco Ferreri (Espagne, 1959,v.o., 85 min) &. Ciné Classics

23.50 L'Etrangère a aAnatole Litvak (Etats-Unis, 1940,v.o., 140 min). TCM

1.10 Kissed a aLynne Stopkewich (Canada, 1996,v.o., 75 min) !. Cinéfaz

2.10 Le Cri de la victoire a aRaoul Walsh (Etats-Unis, 1955,150 min). TCM

TÉLÉVISION

TF 116.35 Les Dessous de Palm Beach.17.30 Sunset Beach.18.20 et 0.35 Exclusif.19.00 Le Bigdil.20.00 Journal, Météo.20.55 Le Grand Patron. Pari sur la vie.22.40 Célébrités.0.05 Football. Ligue des champions.1.05 TF 1 nuit, Météo.1.20 Très chasse.

FRANCE 217.00 Des chiffres et des lettres.17.35 Viper.18.25 Un agent très secret &.19.15 Qui est qui ?19.50 Un gars, une fille.20.00 et 0.10 Journal, Météo.20.50 Un pique-nique chez Osiris.

Téléfilm. Nina Companeez. [1/2].22.35 Mots croisés.0.35 Musiques au cœur.1.55 Mezzo l'info.

FRANCE 316.35 MNK, A toi l'[email protected] C'est pas sorcier.18.15 Un livre, un jour.18.20 Questions pour un champion.18.50 Le 19-20 de l'information, Météo.20.10 Tout le sport.20.20 Tous égaux.20.55 Les Vieux de la vieille

Film. Gilles Grangier &.22.25 Météo, Soir 3.22.50 A notre santé.0.00 Strip-tease.1.10 Aléas.

CANAL +16.10 Une histoire vraie a a

Film. David Lynch &.f En clair jusqu'à 19.0018.00 Spy Groove %.18.30 Nulle part ailleurs cinéma.18.50 Canal + classique &.19.00 Nulle part ailleurs &.20.35 Coup de foudre à Notting Hill a

Film. Roger Michell &.22.35 The War Zone a a

Film. Tim Roth (v.o.) !.0.25 Lundi golf.

L'Open de France.1.25 Football. Botafogo - Corinthians.

ARTE19.00 Nature. Le Rio Sao Francisco.19.45 Météo, Arte info.20.15 Reportage. L'Enfant et la Douleur.20.45 Guantanamera a

Film. Tomas Gutiérrez Aleaet Juan Carlos Tabío (v.o.).

22.25 Court-circuit. Tuer. Joël Brisse.0.20 Runt. Jesse Lawrence (v.o.).

22.30 Voyage vers le soleilFilm. Yesim Ustaoglu.

0.45 Les Alsaciensou les Deux Mathilde.Téléfilm. Michel Favart [1/4].

M 617.10 Highlander &.18.09 Bi6clette.18.10 Buffy contre les vampires %.19.00 et 20.40, 0.45 Loft Story.19.50 I-minute.19.54 Le Six Minutes, Météo.20.05 Une nounou d'enfer &.20.50 Rob Roy a

Film. Michael Caton-Jones %.23.20 Le Passage

Film. René Manzor &.1.25 Jazz 6. Duke Ellington toujours là !

RADIO

FRANCE-CULTURE20.30 Décibels. Vox populi, vox dei.

Invités : Michel Poizat ; YvesOrmezzano ; Gérard Lesne.

22.12 Multipistes.22.30 Surpris par la nuit. Raison de plus.0.05 Du jour au lendemain.

Claude Ollier(Préhistoire ; Mon double à Malacca).

0.40 Chansons dans la nuit.1.00 Les Nuits (rediff.).

FRANCE-MUSIQUES20.00 Concert. Avec Angelika Kirchschlager,

mezzo-soprano, Melvyn Tan, piano.Œuvres de Schubert, R. Schumann.

22.00 Jazz, suivez le thème.Yesterdays [1/4].

23.00 Le Conversatoire.0.00 Tapage nocturne. Ravi Prasad.

RADIO CLASSIQUE20.40 Les Rendez-vous du soir.

Les Grands Interprètes.Avec Martha Argerich et Nelson Freire,pianos. Œuvres de R. Schumann,Rachmaninov, Brahms, Schubert,Ravel.

22.20 Les Rendez-vous du soir (suite).Œuvres de Bruckner, Haydn, Schubert.

La Cinquième14.35 Un été au pays.France - Algérie regards croisés.Un été au pays est un documentaireréalisé par Malek Bensmaïl, celui-làmême qui réalisa Boudiaf, un espoirassassiné. Ici, le réalisateur accompa-gne une famille algérienne désirantrenouer avec le pays et, par là même,retrouver ses racines. A l’arrivée, lechoc est rude. La maison de vacan-ces que le père a entrepris de faireconstruire n’est toujours pas finie. Etcela fait déjà vingt ans que les tra-

vaux ont débuté. La famille se résoutà camper dans les murs, à supporterle rationnement de l’eau imposé parle régime. Que faire contre ce paysqui ne fait que régresser. Absence deliberté, paupérisation, dégradationdes infrastructures. Loin de tenir lespromesses de l’indépendance, l’Algé-rie recule. A ce constat démoralisants’ajoute la déception des enfants, quipourtant désirent aimer le pays deleurs parents. La force de ce film estlà, dans la souffrance silencieuse dupère et le désir d’amour contrariédes enfants.

Ciné Classics22.10 Anna Karénine a a a

En 1935, avec le luxe de décors et decostumes propre à la MGM, Claren-ce Brown met en scène Anna Karéni-ne, chef-d’œuvre de Tolstoï. GretaGarbo, qui, dès 1927, avait interpré-té ce rôle dans Love d’Edmund Goul-ding, va réinterpréter Anna Karéni-ne. La voix grave toujours teintéed’accent suédois accentue la magie.Garbo sourit, rêve, aime, manifestesa passion, trangresse l’ordre de sonmilieu, souffre et meurt. Splendide.

SIGNIFICATION DES SYMBOLES

DÉBATS18.30 Paroles d’Europe. La transparence

européeenne en matièreadministrative. Public Sénat

21.05 L'idéologie a-t-elle disparu ? Forum

22.05 Le Rêve de la robotique. Forum

22.35 Mots croisés.Guerre d’Algérie : la France doit-elledemander pardon ? France 2

23.05 Martin Luther King,« J'ai fait un rêve ». Forum

MAGAZINES19.00 Côté Tribune.

Invitée : Yannick Souvré. Pathé Sport21.00 La Route. Invités : Louis Chédid

et Christophe. Canal Jimmy22.40 Célébrités. Invités : Karl Zéro ;

Sylvie Joly ; Catherine Jacob. TF 122.50 A notre santé.

Prenez votre pied au sérieux. France 30.00 Strip-tease. France 3

0.35 Musiques au cœur. Festival Bougival :de Carmen à Bizet. France 2

DOCUMENTAIRES18.30 L'Actors Studio.

[1/2]. Billy Joel. Paris Première19.00 Nature. Le Rio Sao Francisco.

[1/2]. Diamants, grottes,esprits du fleuve. Arte

19.15 La Prise du pouvoirpar François Mitterrand.Dix jours en mai.Le grand jour. Histoire

20.15 Reportage.L'Enfant et la Douleur. Arte

20.30 Vie et mise à mortde A. J. Bannister. Planète

22.30 Mitterrand vu par...Mazarine Pingeot. Histoire

0.30 Ciel, ma géo ! Cahors et Cergy,l'évolution d'une ville nouvelle. Voyage

1.00 John Dos Passos. [3/3]. Histoire

1.00 Lonely Planet. [5/7]. Le Costa Ricaet le Nicaragua. Voyage

SPORTS EN DIRECT20.55 Football. Championnat brésilien.

Botafogo - Corinthians. Canal + vert

DANSE19.50 Boléro.

Chorégraphie de Maurice Béjart.Musique de Maurice Ravel.Par le ballet du XXe siècle.Avec Maya Plisetskaya. Muzzik

MUSIQUE21.00 L'Enfant et les Sortilèges.

Fantaisie de Maurice Ravel.Avec Nathalie Dessay,Isabelle Eschenbrenner. Mezzo

21.00 Mithridate, roi du Pont.Opéra de Mozart. Par l'Orchestrenational de l'Opéra de Lyon, dir.Theodor Guschlbauer. Muzzik

22.25 Ravel. Sonate et Trio.Avec Renaud Capuçon, violon ;Henri Demarquette, violoncelle ;Jean-Guihen Queyras, violoncelle ;Franck Braley, piano. Mezzo

23.35 Jane Thomsen et Jana Bouskova.La Cigale, Paris juin 1999. Muzzik

0.30 Michel Petrucciani Trio.Stuttgart 1998. Muzzik

TÉLÉFILMS20.30 Deux femmes à Paris.

Caroline Huppert. Festival20.50 Un pique-nique chez Osiris.

Nina Companeez [1/2]. France 222.15 Gaston Phébus.

Bernard Borderie [3/3]. Festival22.50 Un agent très spécial.

Richard Franklin. TF 60.45 Les Alsaciens ou les Deux Mathilde.

Michel Favart. [1/4]. Arte

COURTS MÉTRAGES22.25 Court-circuit. Spécial Cannes :

Tuer. Joël Brisse.0.20 Runt. Jesse Lawrence. Arte

23.50 La Conteuse. P. Grandperret. TV 5

SÉRIES20.20 Friends. Celui qui envoie

l'invitation. &. RTL 920.30 Chérie, j'ai rétréci les gosses.

Chérie, où est passéle présent ? Disney Channel

20.55 Le Grand Patron. Pari sur la vie. TF 121.25 3e planète après le Soleil.

My Daddy's Little Girl (v.o.) &.The Physics of Being Dick(v.o.). &. Série Club

21.45 Les Soprano.La balance %. Canal Jimmy

22.40 Sex and the City.Sommes-nous des traînées ? %. TSR

Arte20.45 Guantanamera a

Sous la forme d’une comédie pica-resque teintée d’humour noir, le réa-lisateur Tomas Gutierrez Alea mon-tre le blocage économique et admi-nistratif de La Havane, où la vien’est possible que par le marché noirou la combine. A travers Adolfo (Car-los Cruz), bureaucrate, qui met aupoint un système de transport desmorts à travers l’île, le réalisateurmanifeste à nouveau son anticonfor-misme à l’égard du régime. En v.o.

France 220.50 Un pique-nique chez OsirisA la fin du XIXe siècle, alors que l’af-faire Dreyfus déchire la France,Héloïse (Marina Hands), issued’un milieu parisien étouffant etborné, s’amourache de Maxime,journaliste juif et pauvre. Cetterelation, doublement impardonna-ble, doit être sanctionnée. Héloïseest alors envoyée en Egypte,accompagnée de sa mère et de satante. Ivres de liberté, loin de latyrannie masculine propre à cette

époque, ces trois femmes s’épa-nouissent le long du Nil et, défiantla morale, vont s’abandonner aucharme épicé des amours cosmo-polites. Dans ce joli conte sur latolérance, Nina Companeezdépeint avec légèreté et tendressel’univers féminin. Ce téléfilm, pro-duit par Mag Bodard, où chaquescène se rapporte à une peintured’époque, a été récompensé auxFestivals de Luchon et de Monte-Carlo, ainsi qu’à Biarritz. Le deuxiè-me épisode sera diffusé mardi22 mai à 20.50.

Les codes du CSA& Tous publics% Accord parental souhaitable? Accord parental indispensable? ou interdit aux moins de 12 ans! Public adulte? Interdit aux moins de 16 ans# Interdit aux moins de 18 ans

Les cotes des filmsa a a On peut voira a a A ne pas manquera a a Chef-d’œuvre ou classiqueLes symboles spéciaux de Canal +DD Dernière diffusion

d Sous-titrage spécial pourles sourds et malentendants

MARDI 22 MAI

GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

Page 34: New e 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINE MARDI 22 MAI … · 2018. 3. 26. · 57e annÉe – nº 17518 – 7,50 f - 1,14 euro france mÉtropolitaine mardi 22 mai 2001 fondateur

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MARDI 22 MAI 2001

Tirage du Monde daté dimanche 20 - lundi 21 mai 2001 : 607 072 exemplaires. 1-3

APRÈS LA DÉTECTION d’odeurs suspectes par des habitants, desprélèvements d’air effectués, samedi 19 mai, dans le Cotentin ont détec-té la présence de styrène qui pourrait être liée au chimiquier italien Ievo-li-Sun, naufragé le 31 octobre 2000 à 35 km des côtes normandes. Lesprélèvements se sont révélès positifs dans deux communes : La Hague(0,1 à 0,2 partie par million de styrène) et Querqueville (0,05 ppm).Mais, selon la préfecture de la Manche, « ces doses infinitésimales ne pré-sentent aucun danger ». Pour Philippe Grégoire, préfet de la Manche,« il n’est pas déraisonnable de penser que ça vient de l’épave du Ievoli-Sun. Mais ce n’est pas pour l’instant une appréciation scientifique ». Lepompage, qui a commencé le 12 mai, a permis de récupérer 1 715 m3 deproduit brut sur les 4 000 tonnes que transportait le navire.

DÉPÊCHESa ÉCOTAXE : Dominique Voynet a évoqué, lors des Journées deprintemps des Verts de Franche-Comté, dimanche 20 mai, aux Mous-sières (Jura), le « sabotage actuel » de l’écotaxe par le ministre de l’éco-nomie Laurent Fabius. « Le sabotage actuel de Bercy ne répond à riend’autre qu’à la volonté d’un grand ministre d’imposer son point de vuesans aucun débat démocratique, a-t-elle déclaré. (…) Une attitude assezsymbolique de l’époque Mitterrand, où le gros écrase le faible et considè-re comme un premier signe de faiblesse de discuter. » – (Corresp.)a 35 HEURES : invité du « Grand jury RTL-Le Monde », dimanche20 mai, Laurent Fabius a rappelé sa vision sur la manière dont les35 heures doivent être financées : « Puisque ces 35 heures ont corres-pondu à des créations d’emplois assez massives, elles ont permis, parmid’autres choses, d’améliorer la situation de la Sécurité sociale, qui est enexcédent fort. Et, donc, il n’est pas illégitime qu’une partie de cet excé-dent aille à la diminution de ses charges. » Il manquerait, pour financerles réductions de charges liées aux 35 heures, 13 milliards de francs en2000 et plus de 18 milliards de francs en 2001.a FRANC-MAÇONNERIE : Jacques Chirac a rendu hommage à lafranc-maçonnerie en adressant un message aux quelque 4 000 partici-pants au colloque sur « La dignité humaine » organisé samedi à Paris. Leprésident de la République a salué la franc-maçonnerie, qui a « contribué àconstruire, à façonner et à défendre notre tradition républicaine », et dont la« réflexion s’est toujours développée dans le cadre des idéaux humanistes ».a SONDAGE : les cotes de popularité de Jacques Chirac et deLionel Jospin sont en baisse de 2 points, selon l’enquête de l’IFOP,réalisée du 9 au 18 mai sur un échantillon de 1 844 personnes (Le Jour-nal du dimanche du 20 mai). Le président de la République recueille54 % de bonnes opinions, contre 32 % de mécontents. Le premier minis-tre est crédité de 46 % de bonnes opinions contre 42 % de mauvaises.a CHÔMAGE : la ministre de l’emploi et de la solidarité, Elisabeth Gui-gou, affirme que le nombre de chômeurs « passera sous la barre des 2 mil-lions avant la fin de l’année », dans un entretien publié lundi 21 mai par LesEchos. Evoquant le projet de loi de modernisation sociale, dont l’examencommence mardi à l’Assemblée, elle se dit convaincue que les dispositionsqu’il contient sur les licenciements peuvent encore être améliorées sur« les reclassements et les contrôles », tout en appelant « les différents groupespolitiques » de la majorité plurielle à « prendre leurs responsabilités ».a REFONDATION SOCIALE : le président du Medef, Ernest-Antoine Seillière, a sommé, samedi 19 mai, sur Radio-Classique, leshommes politiques de se rallier à la « refondation sociale », estimantque, dans le cas contraire, ils « se trouveront en très grande difficultépour faire une politique sociale ».

POUR AMÉLIORER la sécuritédes Parisiens, la préfecture de poli-ce a choisi de resserrer ses liensavec l’Hôtel de Ville. Ce rapproche-ment doit notamment permettre« de renforcer et d’approfondir lapolice de proximité » dans la capita-le, comme devait l’annoncer le pré-fet de police Jean-Paul Proustdevant le Conseil de Paris, lundi21 mai. M. Proust s’engage àdéployer, en un an, 1 000 policierssupplémentaires dans les commis-sariats des vingt arrondissements.L’objectif est « de doubler sur le ter-rain les patrouilles à pied ou surdeux roues » en privilégiant leszones les plus sensibles.

L’annonce par la Mairie de Parisde la création de 1 000 emploisdans le domaine de la préventiondoit favoriser cet effort. Recrutéspar la Ville, ces agents de surveillan-ce de Paris sont placés sous l’autori-té de la préfecture de police pourréprimer les infractions au station-nement. Un amendement à la loisur la sécurité au quotidien actuel-lement examinée par le Parlementdevrait élargir leur compétence, enleur attribuant la qualité d’agent

de police judiciaire adjoint. Ilsobtiendraient ainsi le droit de rele-ver les identités des contrevenantsaux arrêtés du maire de Paris et aucode de la route. Ils pourraient éga-lement contribuer au contrôle desincivilités et des nuisances sur lavoie publique : tags, jets de détri-tus, déjections canines, par exem-ple. Selon la préfecture de police,ce dispositif permettrait d’affecter500 policiers supplémentaires surla voie publique. M. Proust entendrécupérer 500 autres gardiens de lapaix en réduisant le nombre defonctionnaires affectés aux états-majors ou à des gardes statiquesdevant des bâtiments officiels, eten obtenant la création d’emploisadministratifs actuellement occu-pés par des policiers.

CONTRATS LOCAUXLe partenariat entre la Ville et la

préfecture de police sera étendu àla surveillance des 700 « points éco-les » parisiens. Le préfet souhaiteconfier à la Mairie la responsabilitéde la majorité d’entre eux, à l’ex-ception de ceux qui présentent uncaractère particulier de dangerosi-

té. Actuellement, les policierssupervisent près de la moitié de cesentrées et sorties d’élèves.

Des contrats locaux de sécuritévont être élaborés dans chacun desvingt arrondissements. La préfectu-re de police y voit l’occasion derapprocher les maires d’arron-dissement des commissaires cen-traux, localement en charge de lasécurité.

Cette concertation accrue doits’accompagner d’« une évaluationpermanente » de l’activité des servi-ces de police, estime M. Proust.Devant les élus parisiens, il s’estengagé à « réunir chaque semaine,et par secteur, quelques commissai-res d’arrondissement pour examinerconcrètement les moyens mis enœuvre, l’utilisation des effectifs, lesindicateurs d’activité, les résultatsobtenus par rapport aux objectifsfixés pour faire reculer la délinquan-ce, les actions à mettre en œuvre dèsqu’une dérive est constatée ».

Le parquet général et le parquetde Paris ont été consultés par lapréfecture de police, qui propose,en réponse à la petite délinquance,de développer les alternatives aux

poursuites pénales. Elle incite à unrecours plus fréquent au travaild’intérêt général et à des procédu-res simplifiées qui permettraientaux policiers de proximité d’êtreétroitement associés à la démarchede réparation.

Jean-Paul Proust devait enfinannoncer aux élus parisiens sonintention de renforcer la sécuritédans les transports parisiens, autitre de préfet de la zone dedéfense qui couvre l’ensemble dela région Ile-de-France. Il prévoitde rencontrer les présidents de laSNCF et de la RATP ainsi que lespréfets des départements, pourproposer la mise en œuvre d’unplan d’action au mois de septem-bre prochain. La préfecture de poli-ce envisage notamment de généra-liser la vidéo-surveillance dans lestransports en équipant chaquewagon du métro et du RER decaméras reliées à un centre opéra-tionnel capable de réagir en casd’incident.

Pascal Ceaux

ET COMMENT vont les tali-bans ? Très bien. A oser un néo-logisme, on dirait presque qu’ilstalibanent à grande allure. Sur lesujet, il n’est guère de jours, oùles dépêches ne nous apportentdes nouvelles de ces très ingé-nieux étudiants en théologie,fort inventifs en matière d’obs-curantisme et d’interdits.

Une première information enprovenance de Kaboul, vendre-di, signalait l’ouverture dans lacapitale afghane de la premièrepiscine autorisée par le régime.Ou plutôt la réouverture de lapiscine détruite pendant laguerre et aujourd’hui repeinteet réparée, de l’Hôtel Interconti-nental.

Cette restauration serait plu-tôt une bonne surprise pour lajeunesse kaboulie, privée pourson bien et son édification, detoute distraction depuis que latélévision, le cinéma, la vidéo etla musique étrangères y sontinterdits. A cette nuance prèsque la réouverture de la piscines’est, évidemment, accompa-gnée de la notification d’unréglement terriblement barbu.

La police religieuse du régime,qui sait tout, voit tout, veille àtout et pense à tout, a donc pon-du un code d’utilisation ultra-puritain. Cela n’étonnera per-sonne : les femmes de tout âge,y compris les fillettes , sont tota-lement interdites de piscine.Seraient-elles vêtues de pied encap, habillées de grandes combi-naisons-sacs et de tchadors, quecela n’y changerait rien. Lesbains sont des lieux de perdi-tion. A tel point que même lesbains chauds publics, ceux exclu-sivement réservés aux femmesont été fermés depuis 1997 surordre de cette police des vices etvertus. Et comme dirait lesapeur Taliban, lorsque les

bains sont franchis, les piscinessont dépassées !

Pour les hommes, la baignadeest autorisée désormais. Maissurveillée par les maîtres bar-bus ! Le règlement est formel.L’accès de la piscine est interditaux moins de quinze ans, auxmineurs religieux donc. Les bai-gneurs doivent obligatoirementporter des pantalons de bain,non moulants certes, mais aussisuffisamment longs pour descen-dre au-dessous des genoux. Lesheures de fermeture de la pisci-ne, dans la journée, sont cal-quées sur les heures de prière.Et c’est ainsi que la seule piscinede Kaboul se vide chaque jour,entre 13 heures et 14 heures.

Après les bains, le pain. Et làencore les femmes. N’ayant pasle droit d’étudier, pas le droit detravailler hors la maison, pas ledroit de sortir autrement qu’ac-compagnées, certaines femmesde Kaboul avaient réussi, à trèsvaguement, et pour la bonnecause, à exercer un emploi d’uti-lité publique. Elles « tenaient »les boulangeries approvision-nées par le Programme alimen-taire mondial. Elles assuraientainsi la fourniture de pain, envi-ron 20 % de la consommationquotidienne, dans une ville frap-pée par la pénurie et la sous-ali-mentation.

C’était encore trop pour lestalibans. Ils ont décidé la ferme-ture de plusieurs de ces boulan-geries. Sans que l’on sache trèsbien s’il s’agissait là de renvoyerles boulangères à la maison, deréfuter ainsi cette aide étrangè-re. Ou les deux à la fois.

Bref, bien loin de la destruc-tion universellement dénoncéedu patrimoine bouddhiste, cesdeux petites nouvelles de la vieordinaire à Kaboul. Sont-elles sidifférentes ?

Traces de styrène dans le Cotentinaprès le naufrage du « Ievoli-Sun »

Le bain et le painpar Pierre Georges

La Mairie de Paris et la préfecture de policerenforcent leur coopération pour la sécurité

1 000 policiers supplémentaires vont être affectés dans les commissariats

f www.lemonde.fr/paris

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Les vertus cachéesdu krach technologique

EUROPE OFFRES D’EMPLOI

D epuis la mi-mars 2000,époque à laquelle lesvaleurs Internet étaientà leur apogée, l’indice

Nasdaq des valeurs technologi-ques américaines ne cesse de bais-ser, à quelques soubresauts près.Le voici revenu au niveau qui étaitle sien avant cette brusque mon-tée, suivie d’une aussi brusque des-cente. A cette période d’emballe-ment qui n’était pas que boursier,a succédé, en Europe – et en Fran-ce particulièrement – une périodede rejet, ou tout au moins de gran-de méfiance. Après l’avoir portéaux nues, il est aujourd’hui de bonton de vouer le réseau des réseauxaux gémonies. « Désormais tropde responsables économiques etfinanciers qui ont soutenu des pro-jets ont honte », observe PhilippeLemoine, coprésident du groupeGaleries Lafayette et spécialistedu secteur.

Si Internet ne méritait pas cetexcès de gloire, il ne mérite pasplus aujourd’hui tant d’indigni-té. D’autant que le e-krach, améri-cain à l’origine, est survenu enEurope à un moment où Internetétait loin d’être aussi développéqu’aux Etats-Unis… Ce décalagede cycle est porteur d’opportuni-tés. Les connaisseurs, rares endehors des petits cercles de spécia-listes, sont enclins à le penser.

Certes, « 73 % des entreprises tra-ditionnelles européennes pensentque leur stratégie Internet est unéchec », affirment les auteursd’une étude du cabinet de conseilBooz-Allen & Hamilton. Mais cerésultat n’est-il pas la conséquen-ce de l’incompétence avec laquelleces stratégies ont été menées ? Fas-cinés, de très nombreux dirigeantsont agi au mépris des règles classi-ques. Pour les utilisateurs, échau-dés, on comprend que la tentationsoit grande de jeter le bébé Inter-net avec l’eau du bain.

Un tel comportement pourraitêtre fatal pour la compétitivité desentreprises. Car ce serait à nou-veau ne pas vouloir entendre queles technologies de l’informationet de la communication amélio-rent la productivité, quand on s’ensert à bon escient. Le fameuxretard, européen et notammentfrançais, serait alors loin de se com-bler. D’autant qu’aux Etats-Unis,pendant les travaux (de nettoyagepost-krach), la vente continue. Lecommerce électronique y a pro-gressé de 66 % en 2000, estime uneétude que vient de publier le Bos-ton Consulting Group. Et, en 2001,le taux de croissance devrait enco-re atteindre 46 %, portant à 65 mil-

liards de dollars la valeur de cemarché.

En Europe, la période pourraits’avérer propice tant pour les inves-tisseurs que pour les utilisateurs denouvelles technologies. Le e-kracha aussi des vertus. Financièrement,les dotcoms ont perdu les deuxtiers de leur valeur. Le moment estdonc idéal pour investir. D’autantque le grand chambardement pro-voqué par l’éclatement de la bullepermet plus facilement de faire letri, tant du côté des start-up que decelui des sociétés de capital-risque :les mauvais n’ont pas survécu.

Pour développer des projets, lamain-d’œuvre spécialisée conti-nue certes d’être très demandée,mais les jeunes diplômés sontmoins exigeants quant à leur rému-nération. Et dans les sociétés deservices, la rotation des effectifsn’est plus ce qu’elle était : l’herbene paraît plus aussi verte chez levoisin.

Les entreprises traditionnellespeuvent aussi analyser à froid leserreurs de leurs confrères d’outre-Atlantique. Elles ne courent plusle risque de se faire doubler pardes « jeunes pousses », sans avoirà les acquérir à grands frais. Leurmarque, leur logistique éprouvéeleur donnent une avance considé-rable.

Et comme le notent les auteursd’une étude publiée dans la revuedu cabinet de conseil McKinsey,« l’entrée différée des entrepriseseuropéennes sur le Net leur donnel’avantage de pouvoir utiliser destechnologies qui ont considérable-ment progressé depuis deux ans ».Sans parler de la fin de la surenchè-re en dépenses marketing, permet-tant à chacun de réduire ses coûtset donc de devenir rentable plusrapidement. Enclenchant un cer-cle désormais plus vertueux.

Annie Kahn

Susan Heenan ouvre les portesdes universités belges et françaises

aux petiteset moyennesentreprisesdes deux pays(page IV)

b High-tech p. XI et XIIb Industrie p. XIIIb Banques, assurances p. XIV et XVb Conseil p. XVI et XVIIb Marketing p. XVIIIb Gestion et administration p. XIX à XXIIb Carrières internationales p. XXIIb Collectivités territoriales p. XXIV et XXV

BOUSSOLE

L’économie algériennes’enfonce dans la sinistrosemalgré la manne pétrolière(page V)

L’éclatement dela bulle Internetoffre l’occasionaux investisseurset aux chefsd’entreprise derepenserleurs stratégies

b91 % Le pourcentage de patrons de PME français qui ontdéjà commencé ou planifié le basculement de leur entreprise àl’euro. Mais 53 % d’entre eux n’ont pas encore préparé à la monnaieunique leurs salariés en contact avec la clientèle (page VIII)b Economistes et politiques auscultent à nouveau le lienentre salaires et emploi (page IX)b Pour séduire, certaines entreprises ont décidé de s’occuperde la qualité de vie de leurs employés dans la sphère privée (page X)

L'Europe peut profiter du coup de balai

Infographie : Le Monde - Sources : Bloomberg/Computer Industry Almanac Inc./EVCA/PriceWaterHouseCoopers

AUX ÉTATS-UNIS, LES INVESTISSEURSSE DÉTOURNENT DESNOUVELLES TECHNOLOGIES…

… ALORS QU'INTERNET EST ENCOREPEU DÉVELOPPÉ EN EUROPE…

… CE QUI PEUT CRÉERDES OPPORTUNITÉS

INDICE NASDAQ en moyenne hebdomadaire

NOMBRE D'UTILISATEURS INTERNET

LES LEVÉES DE FOND DE CAPITAL-RISQUEEN EUROPE

I 000

2 000

3 000

4 000

5 000

1994

1989 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 2000

95 96 97 98 99 2000 01

en millions d'utilisateurs

en millions d'euros

le 31/12/2000ÉTATS-UNIS 134,6JAPON 33,9

ALLEMAGNE 19,9

CANADA 15,4ROYAUME-UNI 16,8CORÉE DU SUD 19,0

CHINE 22,5

ITALIE 12,5FRANCE 9,0AUSTRALIE 7,6

TAÏWAN 7,0

PAYS-BAS 5,5SUÈDE 4,4EUROPE OUEST 73,7

ESPAGNE 5,6

RUSSIE 7,5

0

5 000

10 000

15 000

20 000

25 000

30 000

35 000

5 813

35 000

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en millions de dollars

Balance algériennedes paiements courants

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MARDI 22 MAI 2001

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H

1 L’éclatementde la bulle Internetétait-il prévisible ?

S’il l’avait été, les perdantsauraient été moins nom-breux. Certes, peu avant le9 mars 2000, date à laquelle lesvaleurs Internet ont atteint leurplus haut niveau, selon l’indiceATKearney Dotcom, nombreuxétaient ceux qui s’interro-geaient sur la valorisation deces « jeunes pousses » qui attei-gnaient des niveaux extrava-gants au regard des méthodesde calcul classiques. On a vu desfirmes accumulant les pertes,avec des capitalisations attei-gnant près de cent fois leur chif-fre d’affaires.

Désormais, après les deuxsévères corrections du prin-temps et de l’automne 2000, lesvaleurs Internet ne valent plus,en moyenne, que le tiers de cequ’elles cotaient à leur plus hautniveau. L’indice Nasdaq, Boursedes valeurs technologiques amé-ricaines, est aujourd’hui revenuau niveau du début de l’année1999, juste avant que la bulle necommence à gonfler.

Comme cela a été souvent lecas dans l’histoire, lorsqu’onétait en plein cœur de la bulle,la perplexité face aux valorisa-tions mirobolantes n’empêchaitpas nombre d’acteurs – consul-tants, banquiers, entrepreneurs– de trouver des explicationsrationnelles à ce phénomène,entretenant la spéculation. Cesnouvelles sociétés avaient émer-gé dans un contexte de « nouvel-le économie », disaient-ils. Lesparamètres avaient changé,expliquaient-ils. Leur marchépotentiel était faramineux, puis-que ces firmes allaient rempla-cer les acteurs de ladite ancien-ne économie.

Cet aveuglement est courantdans l’histoire des krachs. « LeXXe siècle a été une succession dephénomènes incroyables et impré-visibles, observe Pierre Bezbakhmaître de conférences en scien-ces de l’économie à l’universitéParis-IX-Dauphine, et codirec-teur du Dictionnaire de l’écono-mie (Larousse/« Le Monde »).Au début du siècle, la Belle Epo-que s’acheva avec la guerre de1914 ; puis la reprise des années1920, les années folles, aboutirentà la crise de 1929 et à la deuxiè-me guerre mondiale ; les « trenteglorieuses » s’achevèrent avec lescrises pétrolières des années1970, et une inflation à deux chif-fres. Tout est possible, n’importequand. »

2 Quelles ont étéles conséquenceséconomiques

des précédents krachs ?Comme l’analyse Pierre Bez-

bakh, les krachs peuvent avoirdes conséquences très différen-tes. La crise de 1929, elle aussiissue du dégonflement d’unebulle spéculative à la Bourse de

New York, conduisit de nom-breuses entreprises et banques àla faillite. Les Américains virentfondre leur patrimoine, et lequart de la population active seretrouva au chômage. Cette cri-se s’étendit à l’Europe.

Au plan de la politique écono-mique, « elle entraîna une inter-vention plus directe de l’Etat dansl’économie : politique de grandstravaux, développement desdroits protégeant les salariés, poli-tiques monétaires et de changesplus actives, devenant systémati-ques après la guerre ».

En revanche, les chocs pétro-liers de 1974 et 1979 conduisi-rent au contraire à « un recul del’Etat-providence ». Les gouver-nants estimèrent que seule uneéconomie de marché permet-trait de sortir l’économie de lacrise.

Celle-ci fut d’une bien moin-dre ampleur que celle de 1929,et ses conséquences immédiatesfort différentes. Au lieu d’uneffondrement de l’activité etd’une baisse des prix, la croissan-ce se poursuivit, mais à un ryth-me très faible et les prix augmen-tèrent, « ce qui surprit les respon-sables économiques, dans la mesu-re où l’on pensait jusque-là quel’inflation ne se produisait qu’encas de forte croissance et de plein-emploi. »

3 Quelles pourraientêtre les conséquencesde l’actuel krach ?

Pour nombre d’historiens del’économie, on ne peut exclureun retour de balancier : après lapériode interventionniste quisuivit la crise de 1929, puis lapériode libérale, qui suivit celledes années 1970, on pourrait ànouveau voir les Etats interve-nir davantage dans l’économie.Ce cas de figure apparaîtraitdans le cas d’un « scénario-catastrophe », avec un effondre-ment de l’économie américainecontaminant le reste du monde.

Mais on peut aussi penserque les marchés vont s’autoré-guler ; l’actuelle politique éco-nomique continuerait donc sursa lancée.

Un troisième scénario inter-médiaire, « le plus probable àcourt terme » d’après Pierre Bez-bakh, verrait les particuliers sedésintéresser progressivementde la Bourse, parce que celle-cine laisse plus espérer des rende-ments très importants, et parceque « comme pour une certaineémission de télévision (allusion à« Loft Story »), ce jeu un peupervers n’apparaît plus très drô-le, et que donc, petit à petit, oncesse de regarder ».

Les entreprises se finance-raient davantage par l’emprunt(comme ce fut le cas lors des« trente glorieuses »). L’Etatpourrait alors intervenir, maismodérément, en jouant sur lestaux de rémunération deslivrets d’épargne par exemple.

CRISES

Questions-réponses

Des pépites américaines pour investisseurs avisésA

ux Etats-Unis, dans les régions répu-tées pour leurs entreprises de hautetechnologie, à l’instar de la Silicon Val-ley, la ruée vers l’or est terminée.

L’euphorie qui s’était emparée de tous ceux quigravitaient autour des créateurs d’entreprise –avocats, consultants, capital-risqueurs – estretombée. Une aubaine pour les entrepreneursdotés de bons projets, car si les investisseurs,rendus à la prudence, ne courent plus tous azi-muts, ils restent néanmoins à la recherche debelles pépites.

David Brunel, créateur d’entreprises chevron-né, basé à Denver, dans le Colorado, en faitactuellement l’expérience. « Aujourd’hui, avecun projet intéressant, on peut obtenir sans difficul-té un rendez-vous avec un capital-risqueur, et ilsvont même aller jusqu’à vous inviter à dîner, ironi-se-t-il. Alors qu’avant, on pouvait tout juste espé-rer les croiser dans un ascenseur ! »

Il a bouclé une levée de fonds en juillet der-nier, juste après le krach, pour l’une de ses socié-tés, emotion.com, spécialisée dans la gestion demédia numérique. Et il est en train de finaliser letour de table d’une autre entreprise, spécialiséedans l’infobiotique, Somalogic, qu’il préside éga-lement. Prochainement, il entamera les démar-

ches pour trouver des investisseurs pour une troi-sième firme, Enark, qui a développé des logicielspour diffuser sur Internet de la vidéo interactiveen 3D. « Beaucoup d’investisseurs avaient levé desfonds il y a un an, juste avant le krach. Ils ont pleind’argent qui dort à la banque, avec de faibles tauxd’intérêt. Ils sont donc intéressés par des projets,mais se montrent nettement plus sélectifs. »

FUSIONSLes capital-risqueurs qui se comptaient par

quelques centaines en 1997, avaient dépassé lemillier en 1999. Les petits nouveaux, qui avaientinvesti à tort et à travers, ont été nombreux àmettre la clef sous la porte. Et les grands noms,qui s’étaient laissés porter par la bulle, quand ilsne participaient pas à son gonflement, sont reve-nus à un comportement plus rationnel. « Lesvalorisations ont baissé de deux tiers, estimeDavid Brunel. Mais si vous êtes positionné sur unsecteur nouveau, où il n’y a pas de concurrence,avec une technologie qui vous différencie vrai-ment de ce que l’on trouve sur le marché, on trou-ve de l’argent. »

A la SGAM (Société Générale Asset Manage-ment), société de capital-risque de la Sociétégénérale, Hélène Gans profite de cet effondre-

ment des cours pour investir aux Etats-Unis. « Ily a plus d’un an, les bonnes start-up choisissaientleurs investisseurs : soit elles sélectionnaient desgrands noms, soit au contraire des moins connus,pour garder leur liberté. Maintenant, l’investis-seur a repris la main et c’est lui qui fixe les prix. »La SGAM ne prend, en général, qu’uneparticipation très minoritaire dans les sociétésaméricaines, préférant intervenir en appuid’investisseurs locaux, mieux à même de suivrel’entreprise et de négocier.

Pour les firmes qui sont sur des créneaux trèsconcurrentiels, la solution est de chercher despartenaires en vue d’une fusion. C’est le cas deFrançois Bancilhon, un Français, ex-chercheur àl’Institut national de la recherche en informati-que et automatique (Inria) et fondateur auxEtats-Unis, d’une entreprise, Arioso.net, spéciali-sée dans la gestion des assurances santé pourles PME américaines. Aucun des 85 capital-ris-queurs qu’il a rencontrés n’a accepté de le finan-cer. « Je suis donc à la recherche d’acquéreurs oude sociétés avec lesquelles fusionner. Il y a beau-coup d’opportunités, car certaines sociétés ont desvalorisations ridiculement basses », confie-t-il.

A. K.

Le constat est sévère :« 73 % des entreprises tradi-tionnelles pensent que leurstratégie Internet est un

échec. » Pire, pour plus de 80 %d’entre elles, l’impact du e-busi-ness, c’est-à-dire du commerceélectronique, sur l’augmentationdu chiffre d’affaires a été inférieurà 1 %. Ces données sont tiréesd’une étude réalisée auprès deplus de cent sociétés européennes,que vient de réaliser le cabinet deconseil en stratégie et manage-ment Booz-Allen & Hamilton. Inti-tulée Internet, que reste-t-il de nosamours ? , elle tire le bilan d’un and’investissement à tout va dans cesecteur.

Déroutées par le développe-ment de la nouvelle économie, lesentreprises traditionnelles avaientinvesti en catastrophe dans ce quiétait présenté comme un nouveleldorado. « Après la ruée dans lenumérique de l’an dernier, la plu-part des grands groupes se trouventdésormais encombrés par des pro-jets de e.business redondants, incom-patibles et souvent inefficaces »,estime Mercer ManagementConsulting. « Ils doivent aujour-

d’hui réparer les dégâts », affir-ment les experts de ce cabinet deconseil dans une analyse sur « l’In-ternet : après les désillusions, mettreen place une stratégie numérique ».

Retour en arrière. A la fin de l’an-née 1999, être une entreprise tradi-tionnelle semblait totalementdépassé face à la nouvelle écono-mie. Inquiets des répercussionsnégatives sur leurs cours de Bour-se et soucieux de rassurer leursactionnaires, les dirigeants déci-daient de prouver qu’ils étaient,eux aussi, sensibles à la révolution

technologique. De « brick and mor-tar » (brique et béton), les entrepri-ses se sont muées en « click andmortar », click, en référence à lasouris de l’ordinateur.

De nombreux groupes incitaientleurs salariés à développer leurprojet en interne, mais sansvraiment leur donner de moyens.Il s’agissait de freiner les départsvers les starts-up. En cas de succèsdu projet, la filiale devait êtreintroduite en Bourse pour assurerle financement de son déve-loppement.

D’autres néanmoins se mon-traient plus prudents. Chez Shell,par exemple, deux pistes ont étéétudiées pour concilier Internet etles activités traditionnelles, l’unedirigée vers les fournisseurs endéveloppant les achats en lignepour réduire les coûts, l’autre versles clients. Le deuxième pétroliermondial a équipé ses stations-ser-vice en accès à Internet « La ques-tion centrale est de savoir commentgagner de l’argent à long terme.Nous sommes en train d’appren-dre », expliquait à l’automne le pré-sident du groupe, Mark MoodyStuart.

L’e-krach a stoppé les ardeurs etsurtout révélé qu’énormémentd’argent avait été consacré auxprojets, sans le retour sur investis-sement espéré. « C’est la douchefroide pour de nombreuses grandesentreprises, souligne le documentde Mercer. Ces projets pour fairequelque chose ont coûté des mil-liards d’euros et consommé untemps précieux. »

« Nous revenons aux réalités etaux valeurs classiques de gestion, demanagement et d’innovation », esti-me Georges Vialle, vice-présidentde Mercer, tout en insistant surl’évolution de l’environnement,d’un système bipolaire où évo-luaient de manière séparée l’an-cienne et la nouvelle économievers une organisation hybride,conjuguant ces deux aspects.

« Il n’est pas rare dans un grouped’avoir trois cents projets en dévelop-pement, dont certains identiquessont menés dans dix endroits diffé-rents sans concertation. L’objectifest de ramener leur nombre à quel-ques dizaines, et de les doter devrais budgets de développement »,prévient Georges Vialle. Désor-mais, « il faut identifier ceux qui

contribuent au développement ducœur de métier, en améliorant unservice vers le client ou en augmen-tant la productivité interne ».

L’une des priorités est de recen-trer tous les projets lancés demanière autonome et de nommerun responsable e-business dansl’entreprise. Des groupes commeGeneral Electric, IBM, Siemens ouRenault ont déjà intégré cettenécessité.

« Le krach a été utile, car il aremis de la rigueur dans le systèmeet il a obligé les gens à repenser leurstratégie et à intégrer l’informatiquecomme un élément indispensablepour les affaires, souligne EricS. Pelletier, vice-président de Booz-Allen & Hamilton. La réponse desgroupes avait été de créer des struc-tures propres d’investissement pourleurs projets ; ce fut une erreur. »

APPROCHE FINANCIÈRESelon l’enquête européenne,

6 % des entreprises ayant adoptéune approche financière, à savoirgérer leurs activités Internet com-me un portefeuille de participa-tions, ont atteint leurs objectifs.En revanche, le pourcentage de

réussite atteint 80 % pour cellesayant choisi un management cen-tralisé ou ayant adopté des règlesclassiques d’investissement.

« Tous les sept à dix ans, on obser-ve dans les entreprises la tentationde se développer dans le capital-ris-que, et régulièrement cela se soldepar un échec », note Eric S. Pelle-tier. L’étude révèle également quece sont les entreprises ayant misésur l’e-business pour optimiserleurs activités qui s’en sont lemieux sorties plutôt que cellesayant espéré par ce biais conquérirde nouveaux marchés ou mieuxconnaître leurs clients.

Quand aux entreprises tradition-nelles restées en marge du mouve-ment, si dans un premier temps, lee.krach a justifié leur réticence à selancer dans l’aventure, elles obser-vent avec attention la réaction deleurs concurrents précurseurs. Mal-gré leur déconvenue, la plupartn’envisagent pas de renoncer.Elles ont découvert le potentielréel offert par l’e-business. A con-dition de le maîtriser en l’intégrantdans la stratégie du groupe

Dominique Gallois

En Europe, les grands nomsdu capital-risque sont denouveau à l’affût. En avril,à quelques jours d’interval-

le, Atlas Venture a levé un fondsde 1,056 milliard d’euros, et Sofin-nova 330 millions d’euros. PourAtlas Venture, société d’originenéerlandaise mais juridiquementbasée aux Etats-Unis, il s’agit d’unrecord historique. Pour Sofinnova,société française, si le montantn’est pas aussi élevé, c’est parceque la société a préféré refuser lespropositions de nombreux investis-seurs : « Lever plus d’argent auraitété déraisonnable. Nous n’aurionspas eu la structure nécessaire. Faceà l’afflux de propositions, nousavons dû arrêter les négociationsdès Noël ; nous n’avions plus deplace », raconte Olivier Protard,associé chez Sofinnova.

En amont, donc, la manne abon-de. En France tout d’abord, en rai-son de la mise en place, par lescompagnies d’assurances et lesbanques, des Fonds communs deplacement innovation, qui répartis-sent entre les sociétés de capital-risque spécialisées les sommes col-lectées auprès des particuliers inté-ressés par ces fonds, dotés d’im-portants avantages fiscaux. Maisaussi aux Etats-Unis – les Améri-cains ont apporté 50 % de la derniè-re levée de Sofinnova –, à Singa-pour et dans divers pays euro-péens. Car aux fonds de pensionaméricains s’ajoutent désormaisceux créés sur le Vieux Continent,à la suite de la privatisation de cer-tains régimes de retraite.

En aval, les jeunes sociétés inno-vantes ne sont plus du tout aussigourmandes qu’elles l’étaient l’anpassé. « Pour les premiers tours –c’est-à-dire au moment du pre-mier appel à des investisseursprofessionnels –, on n’a aucun pro-

blème pour faire baisser les prix ; etpour les troisièmes tours, lorsque lesdirigeants sont trop exigeants, onleur dit de regarder le marché ; ilarrive alors que les participationssoient moins chères que lors du pre-mier tour », observe Hélène Gans,de la Société Générale Asset Mana-gement (SGAM). Les capital-risqueurs sont donc dans la situ-ation de disposer de fonds impor-tants et de pouvoir acheter bas,situation idéale pour ces profes-sionnels de la finance.

D’autant que, selon Joël Besse,associé chez Atlas Venture, les

cours pourraient remonter assezrapidement : « Dans les télécommu-nications, le problème est conjonctu-rel. Les cours de sociétés commeCisco remonteront dans les douzemois qui viennent, et elles vont alorsà nouveau acheter des start-up, pré-dit-il. Quant au logiciel, la deman-de pour des programmes moinschers et plus faciles à utiliser va exi-ger beaucoup de travail. Cettedemande n’a pas disparu avec lachute du Nasdaq. Dans quelquesmois, la nature reprendra sesdroits. »

Parallèlement, le nombre d’ac-teurs, et donc la concurrence, anettement diminué. De nombreu-ses sociétés de capital-risquecréées pour profiter de l’aubained’Internet ont baissé les bras.Même des sociétés créées dans lecadre de grands groupes, comme@Viso (Vivendi-Softbank), ont dis-paru ou sont en voie d’extinction ;le groupe Suez vient de revoir à labaisse sa participation dansEurop@web, créée par BernardArnaud. « Mais les plus anciens, lesplus costauds, qui avaient acquisdes cicatrices antérieurement, ont

fait moins de bêtises », se réjouitBernard Maître, associé chezGalileo Partners.

Certes, ces vieux routierssavent aussi qu’ils ne retrouve-ront pas les rendements farami-neux observés l’an passé, lors-qu’ils pouvaient revendre leursparticipations lors d’introductionen Bourse à des valorisationsdépassant l’entendement. Mais,comme le note Bernard Maître,« la dope à long terme n’est pasbonne pour la santé ! ». Les rende-ments escomptés restent néan-moins d’un bon niveau (33,3 % enmoyenne pour le quartile supé-rieur, selon l’European VentureCapitalist Association).

Plus question cependant d’inves-tir sur des sites de contenu. Lescapital-risqueurs reviennent versleurs amours passées : les jeunessociétés technologiques. ChezSofinnova, on se concentre sur lestechniques de connexion réseau,pour la téléphonie mobile plus par-ticulièrement. Chez Atlas Ventureon s’intéresse au logiciel commeau matériel, « là où il y a desbrevets », explique Joël Besse.

Et, pour répartir les risques, onparle moins de fonds spécialisés(dans les nouvelles technologiesde l’information, ou dans les scien-ces de la vie). Chez Atlas ou Sofin-nova, les fonds sont investis dansun secteur comme dans l’autre.Chez Sofinnova, la part accordéeaux sciences de la vie augmentemême légèrement, passant de40 % à 50 % des investissements.Ce retour au bon sens s’accompa-gne d’un allongement de la duréede réalisation des sommes inves-ties, qui passe de deux ans, voiremoins, à quatre ans, voire plus.Comme au bon vieux temps…

A. K.

DOSSIER

Pour plus de 80 %des entreprisesclassiques, l’impactdu commerceélectroniquesur l’augmentationdu chiffre d’affairesa été inférieur à 1 %

Les capital-risqueurs tirent les leçons du krachpour mieux rebondir

Source : EVCA

La rentabilité annuelle moyenne à cinq ansdu capital-risque atteint 30 %

en pourcentage

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L’économie traditionnelle ne renonce pas à l’e-business

La baissede la valorisationdes sociétésde haute technologieoffre des opportunitésde placementaux investisseurs

II / LE MONDE / MARDI 22 MAI 2001

Page 37: New e 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINE MARDI 22 MAI … · 2018. 3. 26. · 57e annÉe – nº 17518 – 7,50 f - 1,14 euro france mÉtropolitaine mardi 22 mai 2001 fondateur

Aquelque chose malheur est bon. La question du finance-ment des syndicats ou – ce qui est davantage qu’unenuance – du financement des missions syndicalesdevrait être enfin traitée par le législateur. Un docu-

ment de travail a été adopté par le groupe socialiste à l’Assem-blée nationale le 9 mai. Transformé en proposition de loi, il seraexaminé à la rentrée parlementaire de septembre.

Merci la MNEF, merci la CRI ! Dans le dossier de l’anciennemutuelle étudiante, dont l’enquête sur les emplois présumés fic-tifs vient de se terminer, les fédérations CFDT de la protectionsociale et FO des employés et cadres sont poursuivies. A la Cais-se de retraite interentreprises (CRI), un rapport de l’Inspectiongénérale des affaires sociales (IGAS) avait dénoncé, il y a plusd’un an, « un système de financement direct ou indirect » des syndi-cats.

Sur le fond, les deux affaires n’ont sans doute pas le caractèrescandaleux des problèmes liés au financement des partis poli-tiques, auxquels on les a un peu trop vite identifiées. Mais l’opa-cité de ces pratiques, discrétionnaires à souhait, faisait tache,

moralement. Leur révélationajoutait au trouble, alors quel’on ne cesse, par ailleurs, dedouter de la représentativitédes syndicats. Impartial, leBureau international du tra-vail (BIT) n’estime-t-il pasque, en France, ils ne rassem-blent guère plus que 9 % dessalariés ?

Il n’empêche. Agissant com-me une catharsis, cette doublerévélation a obligé les confédé-rations à proposer des solu-tions, à partir de l’été dernier,et, surtout, à présenter unargumentaire qui permette deles justifier. Par une lettrecommune, la CGT, FO, la CFTCet la CFE-CGE ont pressé lepremier ministre de réfléchirà des mesures d’assainisse-ment et de clarification. Touten partageant ce souhait, la

CFDT, de son côté, a fait valoir qu’elle refusait un financementpublic, du même type que celui des partis politiques, pour, aunom de « l’indépendance », « éviter un syndicalisme sans adhé-rents ».

Non sans raison, les uns et les autres s’accordent à considérerque, pour aussi peu satisfaisante qu’elle soit, la situation pré-sente des mises à disposition de permanents ou de soutiensfinanciers occultes s’explique. Il n’est pas faux de prétendre que,gestion paritaire oblige, les syndicats remplissent des missionsd’intérêt général et que celles-ci ne doivent pas être unique-ment supportées financièrement par les adhérents.

Dans le contexte de la refondation sociale voulue par leMedef, qui continue de remettre en cause les fondements duparitarisme, c’est cette dimension que reconnaît le projet desdéputés socialistes. Lequel prévoit un financement des syndi-cats par les entreprises de plus de 50 salariés, sur la base d’unecontribution représentant 0,05 % de la valeur ajoutée produite.

Mais en réglant ce dossier, un autre vient aussitôt sur ledevant de la scène. Celui de la mesure de la représentativitépour attribuer les fonds. Or, s’il se trouve que, pour des raisonsdifférentes, la CGT, la CFDT, mais également SUD et l’UNSA mili-tent pour une modernisation des critères, FO, la CFTC et la CFE-CGC sont beaucoup plus méfiantes. Les résultats aux électionsprofessionnelles ou prud’homales leur sont moins favorables.

HCHRONIQUE

p a r A l a i n L e b a u b e

Financement des syndicatset représentativité« Le e-krach est intervenu à un

moment où Internet était encoreau début de son développementen Europe. Ce décalage de cyclesa-t-il offert des opportunités ?

– Le spectacle de la situationactuelle avec des retournementsdans tous les sens, pas seulementboursiers, pourrait être jubilatoirepour un observateur extérieur.Malheureusement, ce qui se passeen France est grave, car la nouvel-le économie n’était pas encore uneréalité quand le krach s’est pro-duit. Le dégonflement de la bulleva accroître le retard des entrepri-ses, qui n’est pas seulement unretard d’équipement, mais aussiun retard en matière de réflexionstratégique. Comme la seule réali-té semble financière, boursière, vir-tuelle à tous les sens du terme, lesseuls indicateurs qui retiennentl’attention, ce sont les courbes dedégringolade.

» Il y a quatorze mois, lors desprésentations de résultats 1999aux analystes financiers, tous lesgroupes avaient des projets Inter-net. C’était très impressionnant.Beaucoup s’y intéressaient parceque cette mode était un moyen desoutenir leurs cours. Quand la bul-le s’est dégonflée, ils ont été lespremiers à faire marche arrière. Ilsn’ont pas vu que c’était un événe-ment de fond. Désormais, trop deresponsables économiques etfinanciers qui ont soutenu des pro-jets ne veulent plus en entendreparler. Pour l’économie française,c’est extrêmement mauvais ; celava accroître notre retard.

– Dans ce contexte, les bonsprojets n’ont-ils pas plus de chan-ces d’émerger ?

– Certes, l’air est plus respirableaujourd’hui ! Fin 1999, en pleinebulle, je n’étais pas à l’aise. Quandon disait que, primo, Internet étaitimportant, mais que, secundo, il nefallait pas se tromper sur le timing,on gênait. Tout le monde avait sonidée. C’était très difficile d’organi-ser les choses de façon stratégique,normale. Chacun voulait faire sontruc dans son coin. Avoir la gloiredu porteur de projet.

– Quand vous parlez de retarden matière de réflexion straté-gique, que voulez-vous dire ?

– Prenons l’exemple du marke-ting client. Les relations entre uneentreprise, ses produits et servi-ces, et les personnes auxquellesces produits s’adressent, consti-tuent un sujet très complexe,qu’un sigle compliqué commeCRM (Customer RelationshipManagement) ne suffit pas à expli-quer totalement.

» Il s’agit de donner davantagede pouvoir aux personnes. Maison observe des écarts monstrueuxentre les nouveaux concepts etleur compréhension par les profes-sionnels de la vente. Il existe undécalage important entre les nou-veaux outils et la façon de les utili-ser. Les professionnels des jeuxélectroniques, comme Nintendo,ont des stratégies client très élabo-rées. Mais, dans d’autres secteurs,les responsables sont encore trèsloin de comprendre ces enjeux.

» Au-delà de la technologie,Internet révèle une énormedemande de services, de différen-ciation, de reconnaissance des per-sonnes et de leurs contraintes devie. Les entreprises sont mal pré-parées à cela et je crains que lekrach ne nous éloigne de l’audacemarketing nécessaire !

– En tant que président dugroupe de travail commerce élec-tronique du Medef, que pouvez-vous faire pour améliorer cetteprise de conscience ?

– Nous avons engagé uneréflexion sur Internet et l’innova-tion. Nous voulons caractériserles ingrédients entrant dans lesprocessus d’innovation et voircomment les diffuser dans lesentreprises françaises. Nous vou-lons mobiliser les gens pour,au-delà du retard technologique,trouver des leviers pour les aider àadapter leur stratégie à un paysa-ge concurrentiel différent

– Ces stratégies orientées versle client sont-elles vraiment plusdéveloppées aux Etats-Unis ?

– Aux Etats-Unis commeailleurs, beaucoup d’entreprisesétaient loin de ce modèle et c’estune des raisons du choc provoquépar l’explosion de la bulle Inter-net. En effet, depuis longtemps,l’informatique avait amélioré lesperformances dans la production

et les systèmes de gestion, maissans ouvrir de nouveaux débou-chés. L’informatisation avait favo-risé des systèmes de rétention devaleur. Il ne fallait pas rentrerdans des spirales déflationnistes,et donc ne pas extérioriser lesgains de productivité, c’est-à-direne pas faire baisser les prix.

» L’exemple de l’industrie infor-matique elle-même est tout à faittypique : malgré la loi de Moore,selon laquelle le rapportperformance/prix des composantsdouble tous les dix-huit mois, tousles constructeurs, IBM en tête,mettaient sur le marché des ordi-nateurs de plus en plus perfor-mants, mais ne baissaient pasleurs prix. Dans ce système, toutgonflait : les stocks, les actifsimmatériels, la sophistication desproduits, le prix des services, leprix du temps. C’est cette ancien-ne économie à tendance « baudru-che » que la révolution Internetest venue percuter.

» D’autres formes de concur-rence structurent désormais lesmarchés. Une vaste bascule s’opè-

re où les stratégies d’entreprisesdoivent repartir du client. Ce mou-vement est loin d’être terminé, etil va même s’accélérer.

» En dehors du domaine desjeux vidéo, où les firmes japonai-ses sont en pointe, il existe denombreux exemples de réussiteaux Etats-Unis, comme Dell, ouEnron, une société de trading degaz et d’électricité. Je n’en voispas en France, où au contraire desrelations malsaines entre les diffé-rents maillons de la chaîne com-merciale, basée sur des systèmescompliqués de ristourne, conti-nuent de sévir.

– La baisse de la valorisationdes firmes n’offre-t-elle pasdavantage d’occasions de parte-nariat, plus de facilité à recruter,à négocier avec les fournisseursde technologies ?

– On peut dire qu’il y a des actifsdépréciés, des « start-down » bra-dées, des compétences moins chè-res (bonifiées par l’expérience !),et que c’est le moment d’en profi-ter comme lorsque l’on va ramas-ser les champignons après lapluie. Mais c’est à double tran-chant. Cela n’incite guère à seposer les questions que l’on ne seposait pas hier.

» Pour les entreprises qui utili-sent cette période de crise pourrepenser leur fonctionnement,leur stratégie, et trouver des res-sources plus accessibles, c’est trèsbien. Mais si c’est pour dire que lemonde reste ce qu’il est, que c’estle moment de ramasser la misesans prendre de risque, ça ne ferarien bouger.

» Il faut secouer l’économiefrançaise en montrant qu’il y aailleurs dans le monde des gensqui avancent plus vite, plus fort.Qu’il ne s’agit pas d’ajouter desoutils, mais de reformuler uncadre stratégique. D’autant quenous sommes partis pour unepériode de secousses. L’environne-ment sera de plus en plus heurté.C’est donc une bonne occasionpour les responsables de seréveiller pour actualiser leursmodèles dépassés. »

Propos recueillispar Annie Kahn

Entre décembre 2000 etfévrier 2001, les entrepri-ses Internet américaines,les «. com », ont supprimé

35 000 postes, soit près de 10 % deleur effectif total, selon un indica-teur du cabinet de recrutementChallenger, Gray et Christmas.L’Information Technology Associa-tion of America (ITAA) a estiméque le nombre d’emplois offertsdans les technologies de l’informa-tion (IT) devrait diminuer de 44 %en 2001 (900 000 contre 1,4 millionen 2000). Pourtant, l’emploi s’estaccru, dans ce même secteur, de12 000 emplois entre avril etmars 2001, et de 100 000 emploisentre mars 2000 et mars 2001,selon le Department of Labour(ministère américain du travail) ;et l’ITAA affirme que 425 000 des900 000 emplois offerts en 2001 netrouveront pas preneur, faute depersonnel compétent !

ANNONCES EXAGÉRÉESParadoxes qui démontrent que

tout jugement définitif sur l’étatréel du marché de l’emploi high-tech reste difficile. Perplexes, lesexperts américains tentent plu-sieurs explications. Les victimesdes licenciements retrouveraientrapidement un emploi, parfoisdans un autre service ou dans unefiliale de l’entreprise qui les a licen-ciées, souvent chez un client decette dernière : la plupart desemplois de IT se trouvent en effetchez les utilisateurs, dont le sortn’est pas forcément lié à celui desfleurons du Nasdaq.

D’autre part, une loi de 1988,the Worker Adjustment and Retrai-ning Notification Act (WARN) –loi pour l’information sur la recon-version des travailleurs –, con-traint les entreprises à annoncer àl’avance le nombre de suppres-sions d’emplois qu’elles envisa-

gent. Or, si les suppressions annon-cées ont augmenté de 113 % entrejuin 2000 et mars 2001, les suppres-sions effectives, elles, n’ont crûque de 9 %. Les entreprises se met-traient à l’abri des foudres de la loien exagérant leurs annonces, aucas où un brusque retournementde conjoncture les contraindrait àlicencier « pour de vrai ».

Autre paradoxe, français celui-là. Alors que les entreprises dessecteurs touchés par la crise cla-ment que leurs plans de recrute-ment demeurent inchangés pour2001, tel dirigeant de cabinet derecrutement constate que « quinzedes seize plus grandes entreprises del’électronique ne recrutent plusdepuis janvier. Les prévisions d’em-bauche sont maintenues, mais leurréalisation est différée, de mois enmois ». Ce qui évite aux DRH deternir l’image de l’entrepriseauprès des candidats et de garderau frais le budget annuel de recru-tement durement négocié l’autom-ne dernier…

En fait, les conséquences de lacrise de la haute technologievarient selon les secteurs et les pro-fils. Certes, les start-up sont endéroute… mais pas celles qui tra-vaillent dans les biotechnologiesou qui ont conquis un créneaudans une technologie particulière,note Jean-Michel Dalle, le patronde Sciences pratiques, incubateurde l’Ecole normale supérieure deCachan. « Mais elles font le gros dos

en attendant des jours meilleurs ;elles ne recrutent donc plus. »

Chez les fabricants de compo-sants et de matériels informatiqueet télécom, les gros bataillons deslicenciés sont composés de « colsbleus », ouvriers et techniciens deproduction, et les recrutementsd’ingénieurs sont gelés. Enfin, pres-que : « On continue à embaucherdans la fonction recherche & déve-loppement, pour ne pas perdrel’avance technologique », constateNoël Communod, directeur dugroupe Menway, spécialisé dans lachasse de têtes pour l’industrieélectronique.

De même, certains experts,dans les hautes fréquences parexemple, sont toujours aussirares et convoités. « Mais cela necompense pas une baisse de 40 %du nombre de missions et de 30 %des annonces », estime Noël Com-munod.

En revanche, « les entreprises dessecteurs traditionnels, clientes de la

high-tech en difficulté, voient leurrecrutement grandement facilité »,constate Françoise Dissaux-Doutriaux, directeur de Personna,cabinet de recrutement spécialisé.Un ingénieur télécoms ou un déve-loppeur Internet, faute d’emploichez un opérateur ou un éditeurde sites Web, pourra toujours exer-cer ses talents sur le réseau ou lesite d’une banque ou d’une multi-nationale.

Les grandes sociétés de servicesinformatiques (SSII) bénéficientelles aussi de la situation. Le turn-over dont elles sont traditionnelle-ment victimes a diminué de 2 à 3points, constate Pierre Dellis, délé-gué général du Syntec informati-que, la chambre syndicale desSSII. « La tension est retombée dansles métiers liés à l’Internet, même siles rescapés des start-up ne sont pasassez nombreux pour compenser ledéficit de compétences dans cedomaine. » La pénurie des chefsde projet est toujours d’actualité,tant les besoins sont importants,pour accompagner le passage àl’euro ou pour refondre les systè-mes d’information (progiciels degestion intégrée, systèmes dédiésà la relation clients et aux ressour-ces humaines).

Tous les observateurs ont étéfrappés par la rapidité du retourne-ment des comportements, tant ducôté des recruteurs que des recru-tés. « D’un seul coup, les ingénieurssont devenus beaucoup moins exi-geants sur les salaires ; du jour aulendemain, tel DRH a stoppé sesrecrutements… tout comme il pour-ra les reprendre dans trois mois si laconjoncture redevient favorable »,observe Noël Communod. Est-cel’influence d’Internet ? Il sembleque le marché de l’emploi fonction-ne désormais en temps réel…

Antoine Reverchon

HPhilippe Lemoine

b Coprésident du groupe GaleriesLafayette, Philippe Lemoine,cinquante et un ans, est l’auteurde plusieurs ouvragessur les enjeux économiqueset sociaux des nouvellestechnologies de l’information.b Il est membre de la Commissionnationale de l’informatiqueet des libertés (CNIL), institutiondont il fut commissairedu gouvernement en 1981.

Philippe Lemoine, coprésident du groupe Galeries Lafayette

« Les responsables doivent se saisir de l’occasionpour actualiser leurs modèles stratégiques dépassés »

Les conséquencesde la crisevarient fortementselon les secteurset les profils

b « Crise économique.Les différents types de criseset leurs conséquences »,de Pierre Bezbakh(Dictionnaire de l’économie,Larousse/« Le Monde », 2000,640 p., 195 F, 29,72 ¤).b « La nouvelle économie et sesparadoxes » ( Cahier Laser, nº3,éditions 00h00.com, juillet 2000.Version numérique téléchargeablesur www.00h00.com).b « From e-commerce to¤-commerce », de Paul Cornet,Paul Milcent et Pierre-YvesRoussel (The McKinsey QuaterlyEurope, 2000, nº 2. Cet articlepeut être trouvé sur le sitewww.mckinseyquaterly.com/electron/frec00.asp.

Les perdants et les gagnants de l’emploi high-tech

Bibliographie

Les ressources de la CFDT

So

urce

:CF

DT

en millions de francs

MOYENS INTERNES (dont 104,42millions de francs de cotisations)

MOYENS EXTERNES

0

20

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16073 %

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DOSSIERLE MONDE / MARDI 22 MAI 2001 / III

Page 38: New e 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINE MARDI 22 MAI … · 2018. 3. 26. · 57e annÉe – nº 17518 – 7,50 f - 1,14 euro france mÉtropolitaine mardi 22 mai 2001 fondateur

Faut-il craindre un « choc euro » – un vrai choc économi-que – lié à l’apparition concrète de la monnaie européenne audébut 2002 ? Il y a seulement trois mois, nombre d’économis-tes ne manifestaient qu’une surprise condescendante devant

une question aussi futile : non, bien sûr, hormis quelques vaguelet-tes superficielles, l’événement n’aurait aucun effet notable. Pour-tant, à mesure que la conjoncture s’assombrit, les certitudes s’effri-tent et les exercices de prévision sur les effets du « grand passage »commencent à fleurir.

Les inquiétudes portent sur deux points. D’abord, les prix – indus-triels et commerçants pouvant profiter de l’occasion pour faire « val-ser les étiquettes ». Une étude récente de la banque Goldman Sachsrappelle le précédent de la réforme monétaire britannique defévrier 1971 (adoption du système décimal) : cette année-là, les prixanglais avaient dérapé anormalement (de 9,4 %, contre 6,4 % en1970), mais le contexte économique était nettement plus inflation-niste qu’aujourd’hui. Le changement de référence monétaire peutêtre la condition permissive d’une poussée d’inflation, mais pas unecondition suffisante, avec le « policy mix » très prudemment dosé etle climat de concurrence que connaît aujourd’hui l’Europe.

Surtout, il est clair que l’enjeu est d’une importance stratégiquepour la grande distribution, qui représente le tiers du commerce dedétail et les deux tiers du commerce alimentaire : les chaînes ne man-queront pas d’utiliser les prix bas et le lien de confiance avec le con-sommateur comme arguments de promotion. Les campagnes se pré-parent déjà, car l’événement est de ceux qui mettent en jeu des partsde marché. On peut cependant craindre que l’écart de prix entregrande distribution et petit commerce, accepté par le consomma-teur pour diverses raisons (proximité, service, horaires d’ouvertu-re…), ne s’élargisse, au détriment des populations les moins coutu-mières des grandes surfaces, notamment les personnes âgées.

La deuxième crainte, plus sérieuse, concerne la consommation.Beaucoup de conjoncturistes prévoient une poussée des achats d’icià la fin 2001, liée notamment à la mobilisation de l’importante« épargne dormante » en billets (en France, quelque 150 milliards defrancs), phénomène assez général en Europe. Déjà, des réseaux dedistribution spécialisés en biens d’équipement ménager enregistrentune fréquence inhabituelle des paiements de gros montant en liqui-de. A partir du début 2002, cependant, l’effet inverse risque de se pro-duire : d’abord parce que beaucoup d’achats auront été anticipés ;

ensuite, et surtout, en raison desproblèmes liés à la nouvelle mon-naie. Problèmes matériels d’abord :pendant la période de double circu-lation (en France, du 1er janvier au17 février 2002), les commerçantsrendront la monnaie en euros,même sur les grosses coupures en« vieilles » monnaies. Ce rôle de« trappe à billets » leur prendra dutemps, les obligera à avoir une dou-ble caisse, et risque fort de créerdes queues décourageantes pourles clients potentiels : dans beau-coup de commerces, la rapidité dudébit est une composante crucialedu chiffre d’affaires. La chaîne Innoa calculé qu’un allongement devingt secondes de la durée de cha-que paiement aux caisses la prive-rait de 11 % de ses ventes réglées enliquide, ou encore 5 % de son chif-fre d’affaires total (compte tenu despaiements électroniques).

Reste à savoir de quelle durée, etde quelle ampleur, sera cette« dépression postnatale » consécu-tive à la venue au monde de l’eurofiduciaire. Pour amortir le choc,organisations patronales et pou-voirs publics accélèrent leur distri-

bution de conseils, d’actions de formation, voire de matériels (con-vertisseurs, modèles de doubles caisses, etc.). En France, le gouverne-ment a décidé de porter à plus de cinquante millions le nombre dekits de pièces qui seront mis en vente à partir du 14 décembre. Maisla Banque centrale européenne (BCE), malgré les demandes pressan-tes des banques et de la distribution, refuse d’autoriser la vente dekits de billets avant la date officielle du 1er janvier 2002 (ce qui évite-rait aux commerçants l’acrobatie consistant à encaisser et à rendrela monnaie dans deux monnaies différentes). Une solution pourraitcependant se négocier : la possibilité de retirer des billets en eurosdans les banques dans les trois derniers jours ouvrables de 2001.Mais rien n’est encore décidé.

Ces difficultés matérielles auront des effets dépressifs encore plussensibles si elles s’accompagnent d’un climat psychologique défavo-rable : crainte de se tromper et d’être trompé, hostilité à l’égardd’une monnaie qui abolit des références nationales familières etimpose un pénible apprentissage. Or ce climat ne cesse de se dégra-der : la proportion des partisans de l’euro parmi les populations dela zone est passée de 64 % à 55 % en deux ans, un tiers des interrogéss’y déclarant défavorables. Le nombre des opposants à l’euro excèdemême, en Allemagne, celui de ses partisans.

L’effort d’adaptation sera d’autant plus difficile que l’informationsur la monnaie unique est loin d’avoir été complètement assimilée :16 % des habitants de l’Euroland pensent que sa valeur n’a pas étéfixée de façon définitive par rapport à leur propre devise ; un sur qua-tre croit que les pièces et billets qui circuleront dans son propre paysne pourront pas être utilisés dans le reste de la zone. Et quand on lesinterroge sur la durée de la période de double circulation, la moyen-ne des réponses est de huit mois…

Plus grave : une entreprise européenne sur quatre n’a pas réaliséque le 1er janvier 2002 était une date butoir légale pour le change-ment d’unité monétaire. En France, d’après la dernière enquête« Cap Euro » réalisée par la chambre de commerce et d’industrie deParis, 40 % des PME déclarent vouloir attendre 2002 pour convertirleur comptabilité, et un quart d’entre elles pour disposer d’un comp-te bancaire en euros. Comme le souligne Benjamin Angel, chargé dupassage à l’euro à la direction des affaires économiques de la Com-mission, beaucoup de petites entreprises s’exposent à d’amères sur-prises : demandes de crédit ou d’assurance refusées pour cause decomptabilité non conforme, prises de commandes retardées, bloca-ge des circuits de livraison, pertes de temps… Au choc sur la deman-de viendrait alors s’en ajouter un autre, du côté de l’offre celui-là.

Gérard Moatti est directeur de la revue « Sociétal ».

HAPRÈS L’UNION MONÉTAIRE

p a r G é r a r d M o a t t i

Les dangersdu « grand passage »

HSusan Heenan

LILLEde notre correspondant régional

Elle se dit « géographe deformation ». Mais à l’étudedes cartes ou des tableauxstatistiques, Susan Heenan,

petit bout de femme brune auxyeux rieurs, préfère le travail de ter-rain. Elle s’est pourtant consacrée,trois ans durant, à la constitutiond’une « banque de donnéestransfrontalière » au service desentreprises belges et françaises. Lelancement sur Internet de ces quel-que 600 fiches et 3 000 mots-clés netrahissait nullement, il est vrai, songoût du concret. Il s’agissait, dit-elle, de « mettre en relation deuxmondes qui ont parfois du mal à serencontrer » : celui des laboratoiresuniversitaires et celui des petites etmoyennes entreprises (PME).

FINANCEMENTLe souci est commun à bien des

régions. A Mons, en Belgique, il estcelui de l’Interface entreprises uni-versités (IEU), un département de lachambre de commerce et d’indus-trie (CCI) de Centre-Hainaut. Dansle Nord-Pas-de-Calais, il est portépar le groupement d’intérêt public(GIP) Management interdiscipli-naire du transfert et de l’innovation(MITI) qui réunit des universités,des grandes écoles et des représen-tants du monde économique de larégion. Ces deux organismes ontdécidé, en 1998, de mettre en com-mun leurs efforts de rapproche-

ment des universitaires et des PMEet PMI tout en profitant, au passa-ge, de la manne du fonds européenInterreg II.

Côté belge, « ils ne savaient pasencore bien quel profil choisir » pourle chargé de mission responsabledu projet, se souvient Susan Hee-nan. Pour atypique qu’il soit, le sienfera l’affaire. Diplôme de géogra-phe en poche, elle a travailléplusieurs années au Chili, où ellemenait des actions de « coopéra-tion et développement ». Rentréeau pays, elle s’occupait, pour la Fon-dation Roi-Baudouin, de « la miseen place de partenariats entre les col-lectivités locales, les entreprises et leshabitants » de Wallonie. Un travailà mi-chemin entre le social et l’amé-nagement du territoire qui consis-tait, déjà, à rapprocher les gens. Elleest engagée en juin 1999, dès lelancement du projet.

La « base de données régionaledes compétences scientifiques ettechniques » déjà exploitée par le

MITI servira de point de départ.Elle était, évidemment, franco-française et surtout difficilementaccessible aux non-initiés. « Lesfiches étaient rédigées par les cher-cheurs eux-mêmes, à l’intention despécialistes », reconnaît OlivierClément, du Centre européen decréativité et d’innovation indus-trielle (Cecii), organisme membredu MITI, dépendant de l’universitéde Valenciennes et chargé de laconduite du projet côté français. Ilfallait donc enrichir la base dedonnées belges et, surtout, faireœuvre de vulgarisation.

L’alliance des deux partenairesfrançais et belge était très bienadaptée à cette tâche : l’IEU émanede milieux économiques soucieuxde se rapprocher des chercheurs,tandis que le Cecii est, à l’inverse,issu de l’université pour favoriserle transfert de la recherche et del’innovation vers l’industrie.

Il a fallu, pourtant, vaincre biendes réticences. « Face aux questions,les chercheurs avaient parfois l’im-pression qu’il s’agissait d’un auditpour juger de la qualité de leur tra-vail », se souvient Susan Heenan.Cette crainte levée, ils posaientalors le problème de la gestion desbrevets, craignant de se fairegruger, ajoute Olivier Clément. LeCecii a donc organisé des réunionssur la propriété industrielle à leurintention.

Lancée officiellement jeudi10 mai à Mons, la banque transfron-talière est accessible gratuitementsur les sites du MITI et de l’IEU(www.miti.fr et www.ieu.be). Onpeut y trouver la description et lescoordonnées de plus de 600 équi-pes de chercheurs, couvrant aussibien les technologies de pointe queles disciplines tertiaires comme lagestion, les sciences humaines et del’éducation, l’ergonomie, le compor-tement du consommateur oul’apprentissage des langues.

La consultation de ces fiches réac-tualisées tous les six mois devraitsuffire à convaincre les dernierssceptiques. Mais, si les respon-sables de l’IEU et du Cecii sont ravis

de la réussite de leur banque dedonnées, ils ne peuvent s’empêcherde s’inquiéter de son avenir. Le pro-gramme Interreg II, qui en assuraitla moitié du financement, touche àsa fin. A l’occasion de la prépara-tion des candidatures à Interreg III,qui prendra le relais, les appétitss’aiguisent. Le gouvernement wal-lon vient de décider de « fédérer lesdifférents acteurs de la recherche etdu développement en Hainaut » etl’IEU va disparaître, au grand damde ses responsables, qui dénoncentune tentative de « récupération deknow-how ». Côté français, lamême « volonté de regroupement »semble être à l’ordre du jour.

Susan Heenan n’a pas postulé àl’organisme qui va absorber l’IEU.« Pour raisons personnelles » etaussi, reconnaît-elle, parce que, labase étant désormais opération-nelle, « le travail est moins créatif ».

Jean-Paul Dufour

Les petites et moyennesentreprises (PME) euro-péennes se portent commeun charme et le reconnais-

sent, d’après une étude que vientde publier Exco & Grant ThorntonInternational en collaboration avecBusiness Strategies. Cette enquêteannuelle – la neuvième du genre –a été réalisée auprès de48 000 PME de dix-neuf pays euro-péens (les quinze pays de l’Union,plus la Norvège, la Pologne, la Suis-se et Turquie), fin 2000. Les5 152 réponses font preuve d’unoptimisme jamais noté depuis lacréation de cette consultation, en1993. Les plus confiantes sont lesPME grecques, les suédoises et lesirlandaises ; les plus prudentes sontles allemandes et les polonaises.

RENTABILITÉEt comment les patrons de PME

ne seraient-ils pas euphoriques ?Ils s’attendent à une progressionde leur chiffre d’affaires et de leurrentabilité. La moitié d’entre euxtravaillent désormais à l’exporta-tion et ils en attendent de nouvel-les recettes, tant ils se sont bienremis du trou d’air de la crise asiati-que de 1997-1998. 64 % des PMEprévoient de développer de nou-veaux marchés, notamment enEurope, malgré les risques de non-paiement et les embûches adminis-tratives. Les entreprises exportatri-ces sont encore plus optimistesque les autres sur la progression deleur chiffre d’affaires.

Les délais de paiement se sontnettement améliorés, revenant de66 jours en 1994 à 52 jours en2001 ; mais ils demeurent dispara-tes : de 28 jours en Finlande à88 jours en Grèce. Les dirigeantsinterrogés envisagent enfin uneaugmentation de leurs prix dansles mois à venir.

Toutes prévoient de continuer àembaucher et à investir. Le ralentis-sement américain n’a pas l’air demodifier leurs prévisions, pour lemoment. Près des deux tiers des

entreprises prévoient de dévelop-per de nouveaux marchés grâce àdes joint-ventures ou des acquisi-tions. 65 % déclarent disposer dessources de financement suffisan-tes pour réaliser ces projets.

Restent quelques soucis tout demême. Au premier rang de ceux-cifigure l’euro, dont l’arrivée pro-chaine enchante peu les petitspatrons. On ne s’étonnera pas,non plus, de la montée des plain-tes face à la pénurie de personnelqualifié qui devance largement –sauf en France – le poids des char-ges sociales et fiscales : l’insuffisan-ce de la main-d’œuvre touche envi-ron une PME sur deux. Du coup,elles sont décidées à augmenterleurs dépenses de formation pro-fessionnelle (44 %, contre 31 %l’année dernière).

Les PME reconnaissent leursfailles dans deux secteurs. Le pre-mier est le e-commerce, danslequel 55 % des répondants recon-

naissent qu’ils n’ont aucune straté-gie en la matière. La situation estcomparable en matière de banqueélectronique : 58 % des PME l’utili-sent, mais l’éventail est très ouvertentre la Finlande, où 96 % des peti-tes entreprises sont clientes de l’e-banque, et la France (24 %) ou laGrèce (21 %), bons derniers dupeloton européen.

Le deuxième domaine où une cer-taine frilosité se manifeste est la

planification de la croissance. 72 %des PME européennes « planifientleur développement de manièrepragmatique sur la base de leur expé-rience passée ». 52 % font de laveille concurrentielle, 27 % des étu-des de marché, 16 % achètent desenquêtes et 13 % recourent à desconseils extérieurs. 58 % déclarentpréparer un business plan, soit73 % en Suède, mais 41 % en Fran-ce ! Et, sur le total de celles qui ontpréparé un business plan, 53 % seu-lement en ont analysé les résultatspour apprécier leurs performances.

Pourtant, les PME bougent. Lamoitié d’entre elles prévoient unchangement dans la structure deleur capital. Depuis cette année,c’est la vente de l’entreprise (35 %)qui a la faveur des patrons, devantla transmission familiale (31 %)– qui était la solution traditionnel-le – et devant l’entrée d’investis-seurs dans le capital. A noter queles PME françaises ne choisissentla transmission familiale (14 %)qu’en troisième position, derrièrela vente (37 %) et l’entrée d’inves-tisseurs (30 %).

Alain Faujas

b Née en 1956, titulaire d’unelicence de géographie, SusanHeenan commence sa vieprofessionnelle en élaborant unprogramme de coopération et dedéveloppement pour une fédérationde coopératives agricoles au Chili.b De retour en Belgique, en 1990,elle travaille dans le secteurassociatif. Un secteur d’activitéoù elle compte s’investir à nouveauaujourd’hui.

Une entrepriseeuropéennesur quatren’a pas réaliséque le 1er janvier 2002était une date butoirlégale pour lechangement d’unitémonétaire. En France,40 % des PMEdéclarent vouloirattendre 2002pour convertirleur comptabilitéen euros

Les petites entreprises du Vieux Continentaffichent une santé impressionnante

La PME française a entre six et quinze ans (44 %) ou plus de vingt-cinq ans (39 %). Elle est le plus souvent dirigée par son propriétaire(82 %) et ses actionnaires sont familiaux (60 %), mais elle n’envisagepas vraiment une transmission familiale (14 %). Elle réalise entre 20 et100 millions de francs de chiffre d’affaires (50 %) et emploie entre 11et 50 salariés. Elle exporte surtout dans l’Union européenne (85 %).

Forte d’un moral d’acier, elle prévoit d’augmenter son chiffre d’af-faires (69 %), ses effectifs (48 %), ses investissements (44 %) et ses résul-tats (42 %). Elle se méfie de l’arrivée de l’euro et se plaint des chargesfiscales et sociales. Elle dit manquer de personnel qualifié et recon-naît un manque de compétences dans les technologies nouvelles pourlesquelles elle n’élabore aucune stratégie (57 %). Elle ignore la banqueélectronique (76 %).

En 2001, elle entend développer de nouveaux marchés (67 %) etdiversifier sa gamme de produits (52 %), mais sans plan en bonne etdue forme (59 %).

Elle s’est consacrée,trois ans durant,à la constitutiond’une banque dedonnées consultablesur Internet

Environ une sociétésur deux se plaintdu manquede personnel qualifié

En France, des patrons « propriétaires »

Susan Heenan ouvre les portes des universités belgeset françaises aux PME des deux pays

Sources : Exco & Grant Thornton (enquête 2001 sur les PME européennes)

Des perspectives favorablesSolde en %(correspond à la différence entre les réponses «en hausse» et « en baisse»)

MOYENNE UNION EUROPÉENNE

EMPLOI INVESTISSEMENTS INDUSTRIELS

FRANCE

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EUROPEIV / LE MONDE / MARDI 22 MAI 2001

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Depuis que l’Organisationdes Nations unies (ONU) acréé, en 1971, la catégorie despays les moins avancés(PMA), leur nombre a prati-quement doublé. Ils sont pas-sés de 25 à 49, dont 33 en Afri-que avec l’entrée du Sénégaldans le club en 2001.

Cette catégorie de pays estconstituée sur la base de critè-res spécifiques : un revenunational faible, avec un pro-duit intérieur brut moyen parhabitant équivalent ou infé-rieur à 900 dollars ; un niveaudu développement du capitalhumain bas et une vulnérabili-té économique. Ces deux der-niers critères sont calculés àpartir d’indices compositesqui incorporent, le premier,des indicateurs de santé, denutrition et d’éducation ; lesecond, des notations sur l’ins-tabilité politique, l’insuffisan-ce de diversification économi-que, etc.

Le produit intérieur brut(PIB) moyen par habitant desPMA s’élevait en 1997 à235 dollars, contre 24 522 dol-lars pour les pays développés.Les critères de discriminationentre les pays nantis et lespays les plus démunis ne s’ar-rêtent pas là. Les habitantsdes PMA ont une espérancede vie de 51 ans contre 65 ansdans les autres pays en déve-loppement et 78 ans dans lespays industrialisés. 75 % desfemmes des PMA accouchentsans l’assistance d’un person-nel médical qualifié. Unenfant sur dix meurt avantson premier anniversaire.

Près des deux tiers des PMAfont partie de la catégorie despays pauvres très endettés éta-blie par la Banque mondialeet le Fonds monétaire interna-tional (FMI).

a EN EUROPE, la télévision interactive devrait se développer plus vitequ’aux Etats-Unis, et dépasser la pénétration d’Internet d’ici à 2005. Telssont les pronostics d’une étude réalisée par Mercer Management Consul-ting, cabinet de conseil en stratégie. Parmi les pays les plus avancés figu-rent le Royaume-Uni et la France, qui pourraient bientôt représenter unevéritable vitrine sur le potentiel de ce nouveau média.a LES ÉTUDES DE MARCHÉ montrent que, grâce à la numérisation, latélévision est prête aujourd’hui à développer et à offrir de nouveauxformats de services : galerie marchande, informations pratiques, télé-chargement de fichiers audio ou vidéo, jeux, etc. Les consommateursplébiscitent néanmoins dans un premier temps des services simples etpersonnalisés autour de l’environnement télé auquel ils sont habitués.

DERNIER MOIS CONNU

VARIATION SUR UN AN

CONSOMMATION DES MÉNAGES(en produits manufacturés)

+ 1,3 % (mars) + 4,7 %

TAUX D'ÉPARGNE 15,7 % ( 2e trim. 00) – 0,7

POUVOIR D'ACHAT DES MÉNAGES + 0,3 % (2e trim. 00) + 1,8

COMMERCE EXTÉRIEUR (en milliards de francs)(solde cumulé sur 12 mois)

+ 6,1 (mars. 01)

+ 6,0 (01/00)

+ 2,0

– 82

ENQUÊTE MENSUELLE SUR LE MORALDES MÉNAGES * 0 (avril) 2 **

ENQUÊTE MENSUELLE DANS L'INDUSTRIE *(opinion des chefs d'entreprise sur les perspectives générales de production)

CRÉATIONS D'ENTREPRISES

- 12 (avril)

23 296 (mars)

3477 (février)

+ 37 **

+ 5,1 %

DÉFAILLANCES D'ENTREPRISES *** + 2 %

* solde de réponses, CVS, en % ** solde net douze mois auparavant *** par date de publication

Les indicateurs français

Sources : Insee, Douanes

a LA MONNAIE BRÉSILIENNE est très sensible à la conjoncture latino-américaine. La dette publique reste le talon d’Achille du pays. Sa partiedomestique, d’environ 210 milliards de dollars, reste fortement exposée àune augmentation des taux d’intérêt. En revanche, la dette externe(100 milliards de dollars) ne génère pas d’inquiétudes à court terme.a LA SURVENUE D’UNE CRISE GRAVE en Argentine pourrait tarir lesentrées nettes de capitaux dans la zone latino-américaine, dont le Brésilreste le plus fort consommateur.a UN RISQUE SYSTÉMIQUE n’est pas à exclure en Amérique latine, si leBrésil se retrouve en grave difficulté. Un effet « tequila bis » n’épargne-rait vraisemblablement que peu de pays : le Chili probablement, et peut-être le Mexique. (Source : CDC-IXIS)

Les indicateurs économiques internationaux « Le Monde » / Eurostat

Pour plus d'informations : http://www.europa.eu.int/comm/eurostat

PRODUCTION INDUSTRIELLE (fév. 20001 en %)

PRIX À LA CONSOMMATION (mars 2001 en %)

Sur un an ...........................................Sur un mois .......................................

4,8 -0,8

3,8 -0,3

-1,7 -0,4

Nov. 2000

Janv. 01 Janv. 01 Janv. 01 Janv. 01 Oct. 2000 Oct. 2000 Janv. 01Janv. 01

2,30,1

3,0 -0,3

2,4 5,2

0,6 -0,3

3,8 0,4

3,5 0,3

6,3 (oct. 2000) 0,2 (oct. 2000 )

3,9 (oct. 2000) – 3,5 (oct. 2000)

Sur un an ..........................................Sur un mois ......................................

2,5 0,2

2,2 0,2

4,00,4

1,4* 0,5*

2,6 0,3*

4,9* 1,2*

0,8 (fév.) 0,3 (fév.)

2,9

0,1

– 0,1 (fév.) – 0,3 (fév.)

2,3* 0,4*

2,6* 0,4*

Sur trois mois ................................. 1,1 1,3 1,4 2,7** 2,5 1,7 0,5 – 0,7 0,6 1,4**

PIB EN VOLUME

(4e trimestre 2000, en %)

Sur un an ..........................................Sur trois mois ..................................

2,6 0,2

3,01,2

3,7 0,7

2,8 0,9

2,80,8

3,41,2

2,6 0,4

3,00,7

2,90,7

3,40,3

2,3 0,7

DÉFICIT PUBLIC/PIB (en %)

2000 ................................................... 1,3 0,0 – 0,3 – 1,3 – 0,3 2,0 4,4 0,3 1,2 1,0 (1999) – 7,6*(1999)

DETTE PUBLIQUE/PIB (en %)

2000 ................................................... 60,0 110,9 60,6 58,0 110,2 56,3 42,969,7 64,2 59,3 (1999) 105,4 (1999)

INVESTISSEMENT (FBCF)(3e trimestre 2000, en %)

SOLDE COMMERCE EXTÉRIEUR(en milliards d'euros, fév. 2001)

4,4 -1,0* – 3,5 – 2,2 – 1,2 1,6 – 4,8 – 6,8* – 1,0* – 54,4 7,4

* provisoire ** 2e trimestre 2000

ALLEMAGNE BELGIQUE ESPAGNE FRANCE ITALIE PAYS-BAS ROY.-UNIUE 15 ZONE EURO E.-U. JAPON

– 0,5

*

Paradoxe des paradoxes !Jamais l’Algérie n’a vécusur un tel matelas de réser-ves en devises : 12,2 mil-

liards de dollars à la finjanvier 2001, à comparer aux700 millions de dollars de 1990. Etpourtant, jamais l’économie réelle,hors pétrole et gaz, n’a paru aussi« en panne » qu’aujourd’hui. Lesministres du président algérienAbdelaziz Bouteflika eux-mêmesn’hésitent plus à parler de « sinis-trose » pour qualifier la situationdes entreprises.

Les derniers chiffres de l’indicede la production industrielle dusecteur public, publiés par l’Officenational des statistiques (ONS),sont consternants : sur les neuf pre-miers mois de l’année 2000, compa-rés à la période correspondante de1999, l’indice calculé hors hydrocar-bures a reculé de 0,3 %. Pis, celuides industries manufacturières adécliné de 1,4 %. Certaines bran-ches sont totalement sinistrées ;l’industrie du bois et du papier :– 14 % ; l’industrie textile et laconfection : – 9,9 % ; les industriesagroalimentaires : – 6,0 %… Lemarasme a eu tendance à s’accen-tuer, de trimestre en trimestre,pour culminer au troisième, avecun indice de la production manu-facturière en recul de 3,4 % (compa-ré au troisième trimestre 1999). Lerecord des baisses étant remportépar la branche cuir et chaussure :– 29,9 % ! Depuis cette période,l’ONS n’a plus publié de chiffres, cequi laisse supposer qu’ils sont,pour le moins, médiocres.

CHÔMAGEDans une allocution récente, le

président algérien a reconnu labaisse de la production industrielledu secteur public en 2000, mais asouligné la hausse (qu’il estime à6,5 %) de la production industrielledu secteur privé. Le ministère duplan, lui, estime à – 5 % le recul dela production agricole en 2000.

L’ampleur de l’excédent commer-cial de l’Algérie, en 2000, s’expli-que, pour partie, par l’atonie de lademande intérieure. En effet, lesimportations ont stagné, en dol-lars, au moment même où la valeurdes exportations, sous l’impulsion

de la hausse du prix du pétrole, opé-rait un bond de 75 %. Les douanesalgériennes ne reconnaissentqu’une croissance de 56 % desexportations, mais elles semblentavoir minoré une partie des ventesd’hydrocarbures.

Résultat : les achats de l’Algérie àl’étranger sont restés, en 2000, endessous du chiffre des importa-tions de l’année 1995 : 9,2 milliardsde dollars contre 10,1 milliards dedollars. Pas par manque demoyens en devises, mais faute dedemande. La consommation desménages suit la courbe, descen-dante, du pouvoir d’achat moyendes Algériens, tandis que les entre-prises parviennent, à peine, à ache-ter les matières premières et demi-produits nécessaires à la poursuitede leurs activités. Seuls les approvi-sionnements vitaux sont assurés.

Comment créer des emploisdans de telles conditions ? Et com-ment répondre à l’impatience desjeunes – qui représentent la moitiéde la population – alors que lestrois quarts des chômeurs ontmoins de trente ans ? C’est lamême revendication de travail, delogements et d’espoir qui fait mar-cher les manifestants de Kabylie etles étudiants d’Alger. Cette grognesociale se comprend d’autantmieux que l’Etat algérien a engran-gé l’année dernière une « cagnottesubstantielle » : l’excédent du bud-get a dépassé les 500 milliards dedinars, soit 6,64 milliards de dol-lars. Cette « cagnotte », aprèsavoir été gardée secrète, a long-temps été « gelée » pour des rai-sons mal expliquées. Il a fallu cinqmois entre la première rédactionde la loi de finances 2001 (ennovembre 2000), marquée par lapoursuite de l’austérité budgétaire,

et l’annonce, en avril 2001, d’unplan de relance qui reste encorebien flou.

Ce plan qui couvre la période2001-2004 prévoit l’injection dequelque 10 milliards de dollars definancements dans l’économie surtrois ans : soit 7 milliards de dollarsde fonds publics algériens (525 mil-liards de dinars) et 3 milliards dedollars environ de financementsextérieurs. Cette relance reste néan-moins très imprécise : il est ques-tion de l’allègement de la dette descommunes et des agriculteurs,d’un programme d’urgence pour leGrand Sud, de travaux de moderni-sation des infrastructures. Maisrien ne permet d’assurer que cesinjections financières serontconverties en activités productives.Les entreprises du secteur publicont ainsi déjà englouti 17 milliardsde dollars pour un assainissementd’autant plus hypothétique qu’el-les sont toujours déficitaires etlourdement endettées. Parallèle-ment, les activités productives dusecteur privé se heurtent à des tauxd’intérêts excessifs : + 8 %, alorsque l’inflation est tombée à 0,3 % !

INSÉCURITÉComment, en définitive, justifier

cette incapacité d’impulser unevraie dynamique de croissancedans les secteurs qui ne dépendentpas directement du pétrole et dugaz ? Même le poids des entrepri-ses publiques, qui accumulent lespertes et handicapent d’autant lesgrandes banques du pays, toutespubliques elles aussi, n’expliquepas totalement la panne actuelle.Après tout, l’économie chinoisesouffre de maux similaires, ce quine l’empêche pas, aujourd’hui, dedégager, dans d’autres secteurs, defortes valeurs ajoutées.

Faut-il incriminer l’insécurité quirebute les investisseurs étrangers ?Elle joue sûrement un rôle dans l’at-tentisme ambiant. Mais commel’explique l’ancien ministre réfor-mateur de l’économie Ghazi Hidou-ci : « Je ne vois pas bien en quoi laquestion sécuritaire a pu empêcherles gens de travailler et de produire.Songez à la guerre de libération : cefut une grande période de prospéritééconomique... » L’insécurité qui

rebute les investisseurs porteurs deprojets industriels est aussi d’ordreinstitutionnel et juridique. Depuis1992, les gouvernements ontconfectionné des règlements suc-cessifs dans le but, sans cesse affi-ché, d’ouvrir « l’économie algérien-ne au marché ». D’où la confusionqui règne aujourd’hui au niveaudes textes, toujours en chantier.Les derniers projets de loi du gou-vernement d’Ali Benflis, comme lesordonnances du président Boutefli-ka, n’échappent pas à cette règle.Pis, ils auraient même parfois ten-dance à favoriser un retour au diri-gisme d’Etat, comme l’ordonnanceprésidentielle qui, au mois de mars,est venue amender la loi très libéra-le du 14 avril 1990 sur « la monnaieet le crédit », garante de l’indépen-dance de la Banque d’Algérie.

Récemment, l’ancien premierministre Ahmed Benbitour (rempla-cé par Ali Benflis en août 2000) s’in-

terrogeait, dans un entretienaccordé au journal Le Matin surl’utilité de l’incessante révision deslois économiques : « Tout cela melaisse perplexe : quel obstacle a-t-onrencontré avec les lois en vigueurpour qu’on décide de l’élaborationde nouvelles lois ? » Les investisseurs,qu’ils soient algériens, français ouallemands se plaignent de cette incer-titude juridique et du foisonnementdes déclarations contradictoires : sirien n’est plus interdit, rien n’est for-mellement permis non plus. Ce quifavorise les comportements arbitrai-res. L’absence d’un véritable droitdes affaires renvoie aux lacunesd’un Etat de droit en général. Faut-il s’en étonner, alors que l’Algérievit sous l’état d’urgence depuisfévrier 1992 ?

Nicole ChevillardNord-Sud Export,

groupe « Le Monde »

a EN MOYENNE, le revenu agricole par actif a augmenté de 1,9 % ausein de l’Union européenne (UE) entre 1999 et 2000. Une hausse essentiel-lement liée à la baisse continue de la main-d’œuvre agricole (– 3 %).a CE RÉSULTAT VARIE FORTEMENT d’un Etat membre à l’autre. Ain-si, depuis 1995, l’Espagne a vu son revenu agricole par actif augmenter de17,6 %, alors que l’Irlande a enregistré une baisse de 12,2 % et le Royau-me-Uni de 41,1 %.a EN TERMES RÉELS, la production agricole est restée presque inchan-gée en 2000 (+ 0,1 %). Les éleveurs ont bénéficié d’une reprise notabledes prix (+ 6,2 %), notamment pour les porcins (+ 24 %). En revanche, lescultivateurs ont dû faire face à des baisses sensibles des prix réels de leursproduits (– 2,9 %) conjuguées à des volumes moindres. L’augmentationdes subventions sur les produits végétaux (+ 2,2 %) a atténué quelquepeu le recul de la production (– 3,3 %).

Source : Eurostat

Un revenu agricole en hausse

EUROPE

UE15

ZONEEURO

FINLANDE

BELGIQUE

ALLEMAGNE

ESPAGNE

PAYS-BAS

GRÈCE

FRANCE

ITALIE

ROY.-UNI

PORTUGAL

en pourcentage

2,3 2,1 1,3

-2,8

1,9

Variation 2000/1999

24,8

14,3

5,5 4,8 4,0

- 8,0 - 9,3

L’indicede la productionmanufacturièrea reculé de 3,4 %au troisièmetrimestre 2000

Sources : FMI, estimations et projection de Nord-Sud Export

Les bienfaits du pétroleSoldes des balances extérieures de l'Algérieen millions de dollars

BALANCE COMMERCIALE BALANCE DES PAIEMENTS

1996 1997 1998 1999 2000 2001*

413

0 569

0

336

0

1230

0

900

0

125

0 345

0

151

0

850

0

580

0

-91

0

20

*PRÉVISIONS

H

Source : CDC IXIS

La fragilité de l'Amérique latinePrime de risque du titre d'Etat argentin contre les obligations du Trésor américain(en points de base) et real brésilien contre dollar

REAL BRÉSILIENéchelle de gauche

PRIME DE RISQUEARGENTINEéchelle de droite

PAYS ÉMERGENTS

400

600

800

1 000

1 200

1 400

1 800

1 600

1,7

1,8

1,9

2,0

2,1

2,2

2,3

2000 2001JANVIER AVRIL JUILLET OCT. JANVIER AVRIL

BOUSSOLE

L’économie algérienne s’enfonce dans la sinistroseUN CHIFFRE

235 dollars

LE PIB MOYENPAR HABITANT DES PAYS

LES MOINS AVANCÉSEN 1997

Sources : Morgan Stanley Dean Witter 1999 ; Jupiter 1999 ; Kagan 1999 ; Analyses Mercer

Le match télé interactive contre InternetPénétration des foyers européens

TÉLÉ INTERACTIVE

PC INTERNET

en pourcentage

INNOVATION

0

10

20

30

40

50

60

1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004

LE MONDE / MARDI 22 MAI 2001 / V

Page 40: New e 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINE MARDI 22 MAI … · 2018. 3. 26. · 57e annÉe – nº 17518 – 7,50 f - 1,14 euro france mÉtropolitaine mardi 22 mai 2001 fondateur

Q ui êtes-vous véritablement ? Cette question est à la basedes interrogations économiques. Comment savoir ce quevous voulez, valez, ferez, avant que vous n’ayez acheté telproduit, travaillé avec telle ou telle intensité, ou tenu tellepromesse ? Le monde économique vit dans l’asymétrie d’in-

formations, entre celui qui produit et celui qui consomme, quiembauche et qui travaille, qui emprunte et qui prête.

Le producteur va vanter sa marchandise, en présenter moins leslimites que les avantages, tandis que l’acheteur sait qu’il se trouve enposition de force. Il dispose du « pouvoir » d’achat, ces actifsliquides qui lui permettent d’acheter ceci ou cela, ici ou ailleurs, main-tenant ou plus tard. En face, le producteur a déjà investi, transforméde la matière, embauché du personnel. Il court un risque si la transac-tion ne se fait pas comme souhaité. Il va donc jouer sur la présenta-tion, la publicité, les prix. Mais ceci n’a d’effet que si la qualité estjugée correcte par l’acheteur.

Prenez un vendeur de voitures d’occasion. Il expose un véhiculederrière sa vitrine, avec pancarte et prix. Imaginez que ce prix soitinférieur à L’Argus et que la semaine suivante il baisse, et baisse enco-

re. Il y a là quelque chose de louche :le soupçon du vice caché n’est pasloin. Dans ce cas, la baisse du prixfreine la vente, voire l’empêche !

Prenez un banquier. Il se deman-de, évidemment, si le client qui luidemande un crédit va le rembour-ser. Supposez qu’il lui propose untaux supérieur à celui dévolu, enprincipe, à sa classe de risque. Sup-posez alors que le client accepte :c’est reconnaître (peut-être…) quesa situation est plus tendue encore.Si la hausse du prix (le taux d’inté-rêt) a l’accord de l’acheteur, le ven-deur est tenté de se raviser !

Prenez un entretien d’embauche.Il préfigure un contrat de travail,après discussions sur les capacités,les expertises. Mais ce contrat portetoujours sur des moyens (présence,obéissance), pas sur les résultats.Les diplômes, le curriculum vitae

sont là pour réduire les incertitudes. Mais le recruteur risque des’inquiéter si la personne accepte un salaire au-dessous du marché ;ou si elle a souvent changé d’employeurs !

Ces exemples montrent que le marché a du mal à prendre encompte les cas où l’incertitude sur la qualité est trop forte, avec unprix de négociation qui traduit la réalité des interrogations. Voilàpourquoi il faut des normes et des règles pour définir les produits(composition, dates et lieux de fabrication…). Voilà pourquoi lesentreprises doivent veiller à leur image, les comptes des sociétés êtretransparents et des garanties être données à la banque ou à l’assu-reur. Voilà pourquoi les diplômes sont un signal pour un recrute-ment, tout comme le salaire offert indique l’intensité de l’effortdemandé, notamment s’il est élevé (salaire d’efficience). Voilà pour-quoi un pays qui s’endette doit avoir des comptes techniquementcorrects, honorer ses dettes, avoir une banque centrale indépen-dante, au moins gérée par des personnalités reconnues, disposerd’une politique de change crédible. L’incertitude est générale : sur lesmarchés des biens et services, du travail, des capitaux. Elle se traduitpar l’existence de marchés parallèles d’informations et d’engage-ments complémentaires : garanties, cautions, vérifications.

Ce jeu du « qui êtes-vous », qui se répète, se traduit par le dévelop-pement des transactions. Dans des pays régulés, avec des lois, descodes, des systèmes comptables et des tribunaux efficaces, le soubas-sement juridique des échanges est plus solide. Les transactions ensont d’autant plus sûres et importantes, la croissance plus soutenue.Dans les relations interentreprises, dans celles entre entreprises etparticuliers, la fréquence des échanges – surtout s’ils s’inscriventdans la durée – crée la confiance, qui facilite l’échange. La crédibiliténaît et croît. Au sein de ces rapports, les banques ou d’autres opéra-teurs deviennent des tiers de confiance. Ils certifient qu’Untel estUntel, qu’il sera bon payeur, que la marchandise sera de la qualitéprévue, livrée comme prévu… Un tiers qui permet le commerce detoujours, et celui électronique de demain.

L’histoire des relations commerciales, financières, humaines quechaque agent va, peu à peu, construire sera son capital, sa renom-mée. Elle aura un prix. Le bon client obtiendra de meilleures condi-tions chez le banquier ou l’assureur et n’aura pas avantage à enchanger. Une entreprise bien gérée aura des conditions de crédit plusintéressantes, des actionnaires plus fidèles, de meilleurs clients, et demeilleurs salariés se présenteront à son embauche. Il existe un cerclevertueux de la crédibilité. Il y a donc des investissements (informa-tions, explications) à réaliser constamment pour l’entretenir, et l’aug-menter si elle vient à s’effriter.

La dynamique de la confiance est discontinue : longue à créer, elleest aisée à détruire. Le dommage est alors rapide, violent, important.« Qui êtes-vous ? » est la question que se pose un agent économiquequi en rencontre un autre. Elle reflète l’incertitude des rapports éco-nomiques, car les prix n’intègrent pas toute l’information disponible.En même temps, quand la réponse est satisfaisante et s’amélioreavec le temps, elle développe les rapports économiques, fonde lacroissance et renforce la société.

Direction des études économiques et financières du Crédit lyonnais.

HLA MÉCANIQUE DE L’ÉCONOMIE

p a r J e a n - P a u l B e t b è z e

Le cercle vertueuxde la crédibilitéL’affaire de la « cagnotte fis-

cale » du printemps et del’été 1999 avait mis en évi-dence le manque de « sincé-

rité budgétaire » du ministère del’économie et des finances. Vérita-ble coup de semonce pour les parle-mentaires des deux assemblées, cet-te affaire les a poussés, depuis deuxans, à mener une réflexion sur lamanière de se doter de moyensd’action dans le but d’aboutir à unemeilleure transparence fiscale etbudgétaire.

Le dernier jalon de cette quête apris la forme d’une étude comman-dée par le Sénat à l’institut Rexeco-de sur « la démocratie budgétaireen Amérique », ouvrage sous-titré« Les enseignements pour la Fran-ce ». Ce rapport qui n’a pas pourbut de comparer point à point lescomportements des administra-tions française et américaine abou-tit toutefois à mettre en évidence la« situation enviable » des Etats-Unis en matière d’information éco-nomique.

CRÉDIBILITÉ BROUILLÉEL’« affaire de la cagnotte » est en

effet inconcevable dans un systèmeaméricain tout entier bâti sur la« pluralité des pôles d’information »(Etat fédéral, Banque centrale etréservoirs à idées indépendants, lesfameux think tanks), la « transparen-ce » de l’information, le « pluralis-me » des analyses et l’« accessibili-té » des données, ainsi que la« mobilité » des chercheurs, quipeuvent passer indifféremmentd’un think tank privé à un organis-me fédéral.

Par comparaison, le rapport séna-torial pointe le caractère « peutransparent » des administrationséconomiques nationales, la « crédi-bilité brouillée » de certains servicesministériels, dont les « statistiquessont commentées par des responsa-bles politique avant d’avoir étépubliées, tandis que d’autres sont pré-sentées à la presse par le ministre etimmédiatement accompagnées de

commentaires politiques », et enfin,le manque d’informations disponi-bles sur les administrations publi-ques et le « cloisonnement » de l’ex-pertise qui bloquent toute possibi-lité d’évolution.

Tout n’est pas entièrement pié-gé, mais la France connaît selon lerapport sénatorial, « un manquecriant de contre-expertise indépen-dante des administrations dans desdomaines aussi essentiels quel’éducation, la fiscalité, l’analysemacroéconomique, les politiquessociales, l’évaluation des politiquespubliques ».

Contournant la polémique, le rap-port liste un certain nombre de thè-mes, sur lesquels, il serait souhaita-ble qu’un débat s’engage. Parmi lespoints les plus importants, on note :

– informer les citoyens et les jour-nalistes de leurs droits en matièred’accès à des documents admi-nistratifs ;

– donner des garanties statutai-res et procédurales à l’indépendan-ce scientifique de l’Institut nationalde la statistique et des étudeséconomiques (Insee) en prévoyantpar exemple des procédures denomination particulières pour leursdirecteurs ;

– accroître la contribution scienti-fique d’une Banque de Francejugée trop timorée en matière d’étu-des économiques ;

– diffuser gratuitement les modè-les économiques utilisés par l’admi-nistration ;

– ouvrir l’accès aux micro-données fiscales et sociales néces-saires à l’évaluation des politiquespubliques ;

– développer l’habitude du minis-tère de l’économie et des financesde chiffrer le coût des mesures légis-latives en discussion ;

– renforcer les moyens et/ou lenombre des organismes indé-pendants ;

– ouvrir la haute fonction publi-que aux chercheurs et univer-sitaires.

Le rapport sénatorial suggèreensuite un certain nombre de pis-tes qui renforceraient, à l’instar dumodèle américain, le rôle d’investi-gation économique des assembléesparlementaires. La première sugges-tion des sénateurs est une proposi-

tion de « sanction » à l’encontredes « attitudes désinvoltes » ou obs-tructives de « certains ministèresconcernant les demandes d’informa-tion des parlementaires ». Les énar-ques de Bercy ne sont pas nommés,mais le contentieux est explicite.

Redécouvrant ses pouvoirs, leSénat estime qu’une politiqued’audition systématique des direc-teurs d’administration centrale etdes personnes nommées en conseildes ministres peut être utile pourles habituer à « rendre des comp-tes » de « leur utilisation des denierspublics ». Et pourquoi ne pas ren-dre publiques ces auditions, demanière à gagner en « efficacité eten acuité » ?

Les sénateurs semblent avertisdes difficultés sur lesquelles ils bute-raient à vouloir se doter d’instru-ments d’études économiques auto-nomes, proches de ceux qui équi-pent le Congrès des Etats-Unis. Lerapport les prévient ainsi du dilem-me qu’ils vivraient inévitablemententre « l’objectivité scientifique etl’utilité politique » des travaux d’éco-nomistes maison. « A court terme,les parlementaires ont besoin d’argu-ments, donc de travaux conclusifs,alors que l’analyse économiqueobjective est souvent bien en peine defournir des conclusions normativestranchées. »

En second lieu, la crédibilité desservices économiques du Congrèsdes Etats-Unis repose en grandepartie sur leur indépendance politi-que. Laquelle peut s’avérer à dou-ble tranchant : les positions politi-ques des parlementaires peuventêtre « prises à contre-pied par lesrapports des offices du Congrès ».

Enfin, les organismes d’étudesindépendants ne sont jamaisoutillés pour fournir des réponsestechniques rapides à des situationsde crise. Conclusion : si uneréforme s’impose en France, elle nesaurait se calquer sur le modèleaméricain.

Yves Mamou

SYDNEYde notre correspondant

Le boulet est passé très près.Avec un taux de croissancede son produit intérieurbrut qui devrait être très

légèrement positif au premier tri-mestre 2001, contre une chute de0,6 % au trimestre précédent, l’éco-nomie australienne a échappé depeu à une récession. La plupart desclignotants économiques restent àl’orange : chômage en hausse, chu-te de la demande d’ouvriers spécia-lisés dans le bâtiment, moral despatrons en berne, marchés à l’ex-portation en difficulté… L’Austra-lie risque de traverser une année2001 mouvementée.

Le Fonds monétaire internatio-nal (FMI) a été une des premièresinstitutions à tirer le signal d’alar-me. L’organisation a revu à la bais-se, jeudi 26 avril, ses prévisions decroissance de l’économie austra-lienne pour l’année en cours, les fai-sant passer de 3,25 % à 1,9 %. Cetteprojection, en ligne avec celle de laplupart des analystes financiers,diffère très nettement des calculsdes économistes du ministère fédé-ral du Trésor qui tablent sur unecroissance de 4 % en 2000-2001 etde 3,75 % en 2001-2002.

Plusieurs facteurs ont conduit leFMI à réétudier ses prévisions. Lechômage est en hausse constante.Au mois d’avril, 40 400 emplois àtemps plein ont disparu, provo-quant une hausse de 0,3 % du tauxde chômage, qui atteint ainsi lechiffre de 6,8 %. Parallèlement, lenombre d’embauches pour desemplois à temps partiel a très nette-

ment augmenté au mois d’avril. Etl’index mensuel publié par le minis-tère des PME a enregistré sa qua-torzième chute consécutive. Lasituation ressemble à celle quiavait précédé la récession économi-que qui avait frappé l’Australie en1990-1991. Aucun signe d’améliora-tion n’est visible, car les entrepri-ses semblent repousser à des joursmeilleurs l’embauche de nouveauxsalariés.

D’après une enquête de la TMPMorgan & Banks, seulement31,6 % des sociétés prévoient derecruter des nouvelles personnesdans les trois mois à venir. Un chif-fre en baisse de 9,6 % par rapportau trimestre précédent, soit la plusgrosse chute enregistrée depuis sacréation en 1995. De même, lenombre d’offres d’emplois paruesdans la presse écrite a diminué deprès de 20 % en trois mois, selon labanque ANZ. Les professionnelsdu bâtiment sont particulièrementfrappés par ce ralentissement.

EXPORTATEURS MOROSESUn rapport publié, mardi 8 mai,

par la plus importante banque desantipodes, la National AustralianBank, montre que les entreprisesprévoient une détérioration deleur rentabilité et de l’emploi. Les

dirigeants les plus pessimistes tra-vaillent dans les métiers du trans-port, de la finance et de l’agro-industrie. Les patrons des PME, quiont enregistré au deuxième semes-tre 2000 une baisse de leur produc-tion de 7 %, contre une hausse de2 % dans les autres industries, sontencore moins confiants que ceuxdes grandes sociétés.

L’économiste en chef de la ban-que d’affaires Merrill Lynch en Aus-tralie, Peter Osborne, estime queles entreprises de petite taille ontsouffert de l’introduction, le30 juin 2000, d’une TVA de 10 % –appelée GST – sur tous les serviceset les produits non alimentaires.Beaucoup de PME ne se sont paspréparées à temps à cette réforme.« Le nombre d’offres d’emplois aatteint des sommets juste avant l’in-troduction de la GST. Mais, depuis,il a chuté sept mois sur neuf », con-damne Cheryl Kernot, la porte-parole de l’opposition travaillistepour les questions d’emploi.

Les exportateurs commencent,eux aussi, à être frappés par lamorosité ambiante. Les pays asiati-ques, qui continuent de souffrir dela récession japonaise et de la crisedes sociétés spécialisées dans lestechnologies de l’information, sontdes marchés de plus en plus ris-qués pour les sociétés des antipo-des. L’incertitude concernant lesEtats-Unis est un autre facteur d’in-quiétude pour les exportateurs aus-traliens.

En dépit de tous ces signes, legouvernement conservateur garde

un calme olympien. Le premierministre, John Howard, ne souhai-te pas que son prochain budgetsoit légèrement déficitaire pour sti-muler l’économie. « Je n’adhèrepas à cette idée, a-t-il déclaré surles ondes de la radio ABC. De toutefaçon, l’économie a déjà subi uncoup de fouet avec les baisses succes-sives des taux d’intérêt. Et nousavons diminué les impôts sur les reve-nus des particuliers de 12 milliardsde dollars. »

La plupart des analystes esti-ment que l’économie australiennedevrait subir un nouveau coup defrein au troisième trimestre. La ban-que centrale pourrait alors êtreamenée à baisser les taux d’intérêtpour la quatrième fois depuis ledébut de l’année.

Plusieurs économistes pensentque cette nation de 19 millionsd’habitants pourrait toutefoisretrouver le chemin de la croissan-ce assez rapidement. « II n’y aaucun signal clair montrant dansquelle direction va l’économie, maisnous sommes raisonnablement opti-mistes : le ralentissement ne sera pasaussi important que certains prévi-sionnistes veuillent bien le laisserentendre », expliquait dans lescolonnes de l’Australian FinancialReview, John McFarlane, le direc-teur général de la banque ANZ. LeFMI estime également que l’écono-mie australienne devrait repartiren 2002 avec un taux de croissancede 3,5 %.

Frédéric Therin

Une entreprisebien gérée aura desconditions de créditplus intéressantes,des actionnairesplus fidèles,de meilleurs clients,et de meilleurssalariésse présenterontà son embauche

Les offices du Congrès des Etats-Unis, notamment le CongressionalResearch Service (CRS), le General Accounting Office (GAO) et le Congres-sional Budget Office (CBO) constituent l’une des caractéristiques lesplus originales des institutions américaines. Ces instituts de recher-che jouent un rôle essentiel en matière de prospective et contribuentà la qualité technique des débats parlementaires, en diffusant uneexpertise et une culture communes aux membres du Congrès.

Bien entendu, si les offices du Congrès des Etats-Unis remplissentdes missions qui incombent en France à des administrations souscontrôle de l’exécutif, cela tient au fait que les pouvoirs des parle-mentaires américains, notamment en matière budgétaire, sont bienplus importants qu’en France. Ces experts de haut niveau se sont tou-tefois souvent trompés en matière de projections économiques etbudgétaires. A décharge, leurs erreurs ont souvent été commises deconcert par les autres institutions d’analyse économique.

Le taux de croissancea chuté de 0,6 %au derniertrimestre 2000

Les offices du Congrès américain

Le Sénat s’interroge sur la démocratiede l’information budgétaire en France

Année difficile pour l’Australie, au bord de la récession

Source : Australian Bureau of Statistics

Un chômage à la hausseNombre de chômeurs en milliers

500

550

600

650

700

2000 2001AVRIL JUILLET OCTOBRE JANVIER AVRIL

670

635

605

Un rapport pointele manque criantde contre-expertiseindépendantedes administrations

FOCUSVI / LE MONDE / MARDI 22 MAI 2001

Page 41: New e 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINE MARDI 22 MAI … · 2018. 3. 26. · 57e annÉe – nº 17518 – 7,50 f - 1,14 euro france mÉtropolitaine mardi 22 mai 2001 fondateur

FUTUR PARFAIT,de Robert ReichVillage mondial, 240 p., 165 F, 25,15 ¤

On ne s’interroge pas assez sur ce qu’est l’individualisme,qui est pourtant au fondement du libéralisme économi-que, et politique. L’intérêt de l’essai de Robert Reich est dedécortiquer les choix, le plus souvent implicites, que cha-

que individu fait tout au long de sa vie, et de montrer comment ceux-ci finissent par s’articuler à des choix de société, explicites et revendi-qués. A commencer par le « choix » du travail.

Le livre s’ouvre sur une confession. L’ancien conseiller de Bill Clin-ton raconte comment, un beau matin, il a décidé de démissionner deson poste. Son plus jeune fils, Sam, alors âgé de six ans, qu’il n’avaitpas vu depuis cinq jours, avait demandé au téléphone à son père dele réveiller quand il rentrerait. Juste pour savoir qu’il était bien là, àla maison. Ce fut pour Robert Reich la révélation qu’il « commençaità se perdre de vue ». Les lignes où l’auteur raconte l’incompréhen-sion qu’a suscitée sa décision ne sont pas les moins intéressantes.N’était-il pas secrétaire d’Etat au… travail ?

Deuxième anecdote. L’auteur devait participer, avec un de ses fils,à un cross. Survint une proposition de « pige » extrêmement bienrémunérée, pour le jour de la compétition. Il refusa, mais il écrit :« Avant la proposition téléphonique, cela ne me coûtait rien d’aller voirmon fils courir, mais ensuite la somme a paru exorbitante. »

Pour Robert Reich, aujourd’hui professeur à l’université de Bran-deis, dans la banlieue de Boston, ces exemples illustrent le dilemmeauquel les travailleurs de la nouvelle économie sont confrontés.Nous travaillons plus longtemps, avec plus de « frénésie » qu’avant,écrit-il. Les bénéfices – indéniables – des nouvelles technologies sefont au détriment de notre vie « plus frénétique », « moins sûre »(chacun est remplaçable). Les Nord-Américains travaillent aujour-d’hui 350 heures de plus que les Européens, davantage que les Japo-nais.

Il faut travailler toujours plus pour ne pas être éjecté du système.« Dans la nouvelle économie, soit vous vous enrichissez, soit vous vousappauvrissez. Dans les deux cas, il vous faut travailler plus durement. »Cause ou conséquence de cette fuite en avant ? Plus le niveau dediplôme augmente, et plus les jeunes sont polarisés par leur réussitefinancière. La famille bat de l’aile, déplore Robert Reich ; le chacunpour soi est plus fort que les vertus morales.

Futur parfait décrit un monde où les marges de manœuvre des indi-vidus se rétrécissent, à mesure que la richesse augmente. L’auteurvante le pacte social européen, tout en étant pessimiste sur sa péren-nité. Selon lui, l’arbitrage que chacun devrait pouvoir faire, entre sesbesoins d’argent et son volume de travail, sera de moins en moinsaisé.

HLIVRES

p a r P h i l i p p e A r n a u d

Le dilemmedes prisonniers du boulot

COURRIER

MÉTHODES ÉSOTÉRIQUESA propos du dossier paru dans

« Le Monde Campus » concer-nant « les beaux jours de l’ésotéris-me » sur le marché du recrutement.

La graphologie, en tant que psy-chologie appliquée, repose sur destechniques d’interprétation préci-ses, lesquelles n’ont rien de « magi-ques ».

Concernant la fiabilité de l’outilgraphologique en matière de recru-tement : tout d’abord, elle n’estpas prévisionnelle et se distinguepar là des sciences occultes etautres assimilations.

Les journalistes, journaux,revues abordent régulièrement lesujet de la graphologie par desmises en scène qui recherchent« le sensationnel » manquant tota-lement d’objectivité, souvent sansconnaissance sérieuse et réelle,contournant ou ignorant le codede déontologie de la profession.

De plus, nous assistons depuisquelque temps à la réitérationd’attaques reprenant systémati-quement les mêmes référencespseudo-scientifiques, basées surdes statistiques dont nous igno-rons le fondement, datant de 1993alors que nous sommes en 2001 !Ces critiques émanant des mêmespersonnes, voyant les grapholo-gues comme des concurrentsdirects et défendant, en réalité,leurs propres intérêts « commer-ciaux » de manière peu objective,en faisant prévaloir leurs titresuniversitaires.

Fort heureusement, tous les psy-chologues du travail ne sont pasdes détracteurs, certains d’entreeux sont aussi graphologues,d’autres considèrent notre appro-che comme étant un outil perti-nent dans le cadre de la gestion desressources humaines.

Le fait évoqué : que 20 % descabinets de recrutement utilisentdes méthodes « ésotériques »nous semble relever du fantasme.Respectueux, nous sommes atta-chés au professionnalisme, à uneformation valable et contrôlée parle soin de nos syndicats (FNGP,GGCF, SEGP, SGDS).

Par ailleurs, la graphologie n’estpas une spécialité reconnue uni-quement dans l’Hexagone ; elle estaussi largement répandue en Euro-pe et il est à noter la présence degraphologues (en moins grand

nombre, il est vrai !) dans les paysanglo-saxons, et cela depuis lesannées 1950 !

Fédération nationaledes graphologues

professionnelsSyndicat européen

des graphologuesprofessionnels

Syndicat des graphologuesdiplômés de la société

française

MÉTIERS DU CONSEILA propos du dossier « Pris dans la

spirale d’Internet, les cabinetsconseil s’auscultent » paru le6 février 2001.

(…) L’extrême confusion quirègne en France depuis la Libéra-tion entre comptabilité et contrôlede gestion – cette traduction impro-pre de l’anglais « control » – se tra-duit par un constat incontestable :nos entreprises mettent en moyen-ne, selon la COB, soixante-dix-huitjours pour publier leurs comptes,une fois par an (…) mais ces comp-tes ne permettent pas de connaîtrele coût des ventes – le cost of salesdes comptes américains – puis-qu’ils dégagent un bénéfice calculésur toutes les quantités produites,vendues ou pas, au lieu de s’entenir aux quantités vendues (…)

Au bout du compte, une entrepri-se peut ainsi faire état de bénéficescomptables sans avoir gagné d’ar-gent, tout comme elle peut engagner en enregistrant des pertescomptables. (…) »

Guy G. EsculierIngénieur-conseil

INFORMATICIENS« Je souhaiterais attirer votre

attention concernant la prétenduepénurie de cadres informaticienssur le marché du travail en France(…)

La réalité c’est que le marché dutravail de l’informatique est actuel-lement parfaitement équilibré. Etce pour cinq raisons. (…)

1. Actuellement, l’offre des socié-tés de services et d’ingénierie infor-matique (SSII) est environ supé-rieure de 50 % à la demande desclients. Ce qui est tout le contraired’une pénurie. (...)

Par ailleurs, ce n’est pas du toutdans les services en nouvelles tech-nologies que la demande desclients est la plus forte, mais au

contraire dans les systèmes plusanciens comme les mainframe, lesERP… et c’est seulement dans cesdomaines que l’offre et la deman-de sont au mieux équilibrées (…)

Explication : lorsqu’un client aun besoin de prestation de servicesinformatiques, il en fait part à plu-sieurs SSII en même temps. Celles-ci recherchent donc ce profil etc’est ce qui accentue l’impressionde manque ressenti sur le marchédu travail.

2. Le Syntec informatique annon-ce une pénurie de 30 000 informati-ciens en France sur 600 000 envi-ron, ce qui représente une pénuriede l’ordre de 5 %, c’est bien peu detoute façon sur un marché (…).

3. Aucun grand projet informati-que ne semble visiblement avoirconnu de retard ou d’abandon cesdernières années qui serait dû àdes difficultés de recrutement… for-ce est de constater que le marchédes services informatiques commecelui des éditeurs de logiciels esten forte croissance depuis plu-sieurs années et fonctionne à unrythme normal (…).

4. Dans le métier, seuls les direc-teurs des grandes SSII parlent depénurie (…). Lorsque vous interro-gez les directeurs des petites SSII,des entreprises utilisatrices ou deséditeurs de logiciels, ils ne vousdisent jamais rencontrer des diffi-cultés de recrutement (…).

5. De plus, je peux vous témoi-gner que l’ingénieur informaticienque je suis, à l’instar de nombreuxcollègues et amis de la même pro-fession, n’a jamais rencontré la faci-lité qu’on veut bien nous prêter ciet là pour décrocher le poste sou-haité au salaire souhaité…D’ailleurs les salaires de la profes-sion sont parfaitement maîtrisés,comme le montrent les études. Unparadoxe de plus ? (…)

En conclusion (…), notre secteurprofessionnel étant parfaitementcyclique, sachez que beaucoup d’in-formaticiens ont toujours à l’espritla grande vague de licenciementsrencontrés pendant la premièremoitié des années 1990 où l’activi-té était descendue rapidement auplus bas, alors que les prévisions,quelques années auparavant,étaient pourtant au beau fixe.

Régis GranaroloIngénieur informaticien

Issy-les-Moulineaux

L a politique agricole commune (PAC) n’estplus seulement dans nos assiettes, elle estsur toutes les lèvres. Les éleveurs sontomniprésents dans les médias, tour à tour

victimes et coupables d’un système, la PAC, quisemble les dépasser, nous dépasser.

Oubliés les enjeux d’autosuffisance alimen-taire au sortir de la seconde guerre mondiale,oublié le socle de la construction européenne.Bonjour le productivisme exacerbé, avec ses déri-ves comme la vache folle, le poulet à la dioxine,les organismes génétiquement modifiés (OGM),l’eau courante non potable… Le consommateurse réveille et se rebelle. Il veut une alimentationde qualité, même s’il n’est pas toujours prêt à enpayer le prix. Il est carnivore et entend le rester.

La résolution de la crise de la vache folle afailli être banale : négociations entre profession-nels et pouvoirs publics sur le coût de la crise etle montant des indemnisations ; un peu de traça-bilité pour la confiance du consommateur ; maisexit la question des modes deproduction. « A failli », car, cet-te fois, le débat a changé denature. Les limites du budgetagricole européen (pourtantplus de 40 milliards d’euros paran, soit près de la moitié du bud-get européen) ne peuvent plusêtre dépassées, alors que l’élar-gissement à l’est de l’Europe etdonc de la PAC est proche. Lerevirement de l’Allemagne surla mission dévolue à son agricul-ture modifie le très fragile équi-libre européen dans ce secteur :on caricature souvent la PAC en disant quec’est la politique agricole de la France et le bud-get de l’Allemagne ! Par ailleurs, la concentra-tion très inégalitaire des aides publiques surune minorité de producteurs, le processus inin-terrompu de dépendance puis d’exclusion despetits producteurs, ou encore la viabilité demodes de production plus durables sont mainte-nant choses connues. Cette fois, c’est l’opinionpublique qui se réveille.

Aux facteurs internes de changement pourraitrapidement s’ajouter un facteur externe. L’Euro-pe est engagée à l’Organisation mondiale ducommerce (OMC) dans une nouvelle négocia-tion commerciale sur l’agriculture. La PAC y esttrès attaquée, car elle se traduit par un fort pro-tectionnisme et des soutiens publics considéra-bles. L’Union se défend au motif que l’agricultu-re participe à son équilibre économique, social

et territorial, fournit des biens alimentaires quisont aussi des biens culturels, offre des emplois,entretient les paysages, protège l’environne-ment.

Force est, néanmoins, de constater que la cré-dibilité internationale des Quinze sur ce thèmeest faible, car cette agriculture vantée, qualifiéede multifonctionnelle, reste minoritaire. Lesaides publiques explicitement allouées au déve-loppement rural, par exemple, ne représententque 10 % du total.

Comme si cela ne suffisait pas, le productivis-me agricole a des effets négatifs au-delà de nosfrontières. Les surplus qu’il génère sont vendus àl’étranger, parfois à n’importe quel prix, s’il lefaut sous forme d’aide alimentaire. Les exem-ples sont nombreux de produits agricoles euro-péens, subventionnés, qui vont concurrencer defaçon déloyale les productions vivrières des paysdu Sud. Une partie des stocks de viande anglaiseissue de la première crise de la vache folle en

1996 s’est ainsi retrouvée sur lesmarchés du Nigeria, exportée auprix dérisoire de 2 francs le kilo.De 262 tonnes en 1998, lesimportations nigérianes de vian-de bovine ont atteint 12 700 ton-nes en 1999. Ce type de flux mas-sifs et soudains casse les filièresd’élevage de ces pays, favorise lapaupérisation des campagnes, etdonc la malnutrition.

Ces pratiques déloyales surune partie des exportations euro-péennes favorisent légitime-ment la remise en cause de la

PAC par les pays en développement. Et la déci-sion récente de l’Union européenne d’ouvrir sonmarché à tous les produits exportés par les49 pays les plus pauvres de la planète ne fera pasdisparaître ses responsabilités en matière d’ex-portations. Soyons clairs : l’Europe ne pourradéfendre à l’OMC une agriculture multifonction-nelle que si elle applique les principes qu’elledéfend, à l’intérieur comme à l’extérieur de sesfrontières.

Le contexte est donc favorable pour une réfor-me en profondeur de l’agriculture européenne.Cette réforme passe par la fin du face-à-faceentre pouvoirs publics et professionnels, et doncl’ouverture de la discussion aux autres acteursconcernés : les consommateurs, les associationslocales, les organisations de solidarité internatio-nale, les organisations écologistes…, bref la socié-té civile.

Sur le fond, les contraintes internes, externeset d’élargissement ne permettent plus à l’Europede défendre à la fois la préférence communautai-re (la protection contre les importations bonmarché) et la « vocation exportatrice » de sonagriculture. Cette vocation, régulièrement invo-quée, ne concerne pas tant les produits transfor-més à haute valeur ajoutée que les produits debase que sont les céréales, les produits laitiers etles viandes. Elle renvoie directement au producti-visme agricole : elle peut être payante électorale-ment, mais elle est coûteuse budgétairement,écologiquement, socialement et sanitairement.Il faut donc choisir. Les opinions publiques l’ontdéjà fait. L’inévitable réforme se fera sous fortecontrainte budgétaire. Elle devrait conduire àréguler l’offre pour limiter les excédents. Unesolution serait de passer d’un soutien aux pro-ductions à un soutien aux producteurs, plafonnéet conditionné par des méthodes de productiondurables.

En renonçant à sa « vocation exportatrice » etaux instruments déloyaux qui la servent, l’Euro-pe améliorerait aussi sa crédibilité dans les négo-ciations commerciales et trouverait, à n’en pointdouter, des alliés, notamment dans les pays duSud, pour défendre un modèle original d’agricul-ture. Elle aurait alors d’autant plus de légitimitépour dénoncer les formes de dumping prati-quées par les Etats-Unis et promouvoir desmodes équitables de régulation des échangesagricoles internationaux.

Une revue à mi-parcours de la PAC est prévueen 2002-2003. La France y jouera comme d’habi-tude un rôle majeur. Pour beaucoup d’observa-teurs européens, cependant, le poids des lob-bies agricoles en France est tel que rien ne pour-ra se faire avant les élections de 2002. Mais peut-on encore attendre ? Les consommateurs, lescontribuables et, heureusement, les citoyenss’emparent du débat sur l’agriculture. Les lob-bies agricoles favorables au statu quo sur la ges-tion et la répartition de la manne financièreeuropéenne ne représentent plus qu’une minori-té de producteurs, alors que la grande majoritéd’entre eux sait que le maintien d’une politiqueagricole européenne passe par de profondesréformes, en adéquation avec les demandessociales. Alors courage, que les pouvoirs publicsconvoquent les états généraux de l’agricultureet réformons la PAC.

Yannick Jadot est délégué général de l’organi-sation non gouvernementale (ONG) françaiseSolagral.

Les surplus généréspar le productivismesont vendusà l’étranger, parfoisà n’importe quel prix,s’il le faut sous formed’aide alimentaire

TRIBUNES

Courage, réformonsla politique agricole commune ! p a r Y a n n i c k J a d o t

LE MONDE / MARDI 22 MAI 2001 / VII

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Plus le moment approche,plus les interrogations semultiplient : les entrepri-ses seront-elles prêtes à

temps pour le passage à l’euro ?Les sondages se succèdent pourconnaître leur degré de prépara-tion. Dernière en date, l’étude com-mandée à l’Ipsos par le Medef etréalisée du 7 au 11 mai auprès de400 chefs de petites et moyennesentreprises (PME). 91 % d’entreeux ont déjà commencé ou plani-fié le basculement de leur entrepri-se à l’euro. Mais la formation n’estpas leur préoccupation essentielle,puisque 53 % d’entre eux n’ont pasencore préparé à l’euro leurs sala-riés en contact avec la clientèle. Ilsle feront, disent-ils, dans les moisà venir…

Cette perspective est déjà inté-grée par les cabinets de formation.« Nous sommes très sollicités depuisdeux mois par les entreprises, quinous demandent des renseigne-ments, raconte Caroline Thébault,chargée du développement ges-tion finance du groupe Demos.Nous leur conseillons d’attendre lesecond semestre pour les débuter. Sion les démarre maintenant, ce seratrop tôt, les gens auront oublié. »

Dans la brochure « Euro, forma-tion pratique et derniers con-seils », les experts de ce groupe

ont établi un calendrier prévision-nel prévoyant, mois par mois à par-tir de juin, les différentes étapesdu passage à la monnaie européen-ne pour une entreprise. Dans ceplanning, la formation est prévuepour octobre, après le bascule-ment des comptes et avant la com-mande des billets en euros.

Les cabinets font preuve de pru-dence au vu de leur précédenteexpérience. Avant le lancementofficiel de l’euro, le 1er janvier1999, des grandes entreprisess’étaient montrées désireuses depréparer leurs salariés à la mon-naie unique. Le marché s’annon-çait d’autant plus prometteur queles formations, destinées dans unpremier temps aux dirigeants etmembres du comité de direction,devaient ensuite concerner l’en-semble du personnel. Soudain, à lasurprise générale, l’élan a été stop-pé, supplanté par d’autres priori-tés, comme la gestion des 35 heu-res et le bogue de l’an 2000.

« En 1997 et en 1998, nous avonsfait un chiffre d’affaires considéra-ble en formant les comptables et leschefs de projet, puis le mouvements’est brutalement arrêté au 1er jan-vier 1999, le soufflé est retombé »,se souvient Sophie Bolloré, qui tra-vaillait alors à la Cegos. Avec qua-tre collègues, elle a quitté cette

société de conseil pour fonder enaoût 2000 le cabinet Docendi,qu’elle préside. Dans son catalo-gue, cet organisme propose uneformation d’une ou deux journéesaccompagnée d’un suivi par Inter-net pendant un an, intitulée « S’en-traîner à vivre en euros ».

Au départ, les comptables sontles plus concernés par ce passage àl’euro, mais ils ne seront pas lesseuls. « Dans une entreprise, tout lemonde participe à la collecte d’infor-mations financières, que ce soientles commerciaux ou les administra-tifs, par le biais des notes de frais oude la gestion de budgets. Il fautdonc donner des références », insis-te Jean-Pierre Chevillot, directeur

pédagogique chez Docendi. « Le1er janvier 2002, tout le monde neparlera que du passage à l’euro etl’entreprise aura un rôle à jouerpour aider ces salariés à franchir lecap. »

Pour Anny Billay, présidente deCAL Formation, « les grandesentreprises se préparent bien, lesmoyennes le font plus doucement etles petites ne se préparent pas enco-re, hélas ». Les PME françaisessont plus en retard que leurshomologues du reste de l’Unioneuropéenne, comme le déplore laCommission à Bruxelles. Son indi-cateur Eurobaromètre d’avril révè-le que, si 15 % des entrepriseseuropéennes n’estiment pas néces-

saire de se préparer au passage àla monnaie unique, le pourcenta-ge atteint 21 % pour les PME fran-çaises !

De tous les secteurs, c’est lagrande distribution qui est la plusen avance, en raison du contactdirect avec la clientèle. « Les pre-mières formations de ce type ont étéfaites voilà trois ans, commenteAnny Billay. Je commence à voirarriver des hôpitaux et des caissesd’allocations familiales qui souhai-tent former à l’euro leur personnelen relation avec le public. »

Toutefois, même si les stagessont d’une durée très brève – entreune demi-journée et deux jours –et se font de manière ludique, laplupart des professionnels de laformation estiment que celle-cidemeurera limitée au sein desentreprises : les consultants initie-ront des cadres qui diffuserontensuite ce qu’ils ont appris dansleurs services ; et beaucoup de peti-tes entreprises préféreront au finalune formation sur le tas. Le passa-ge à l’euro ne sera donc pas unenouvelle poule aux œufs d’or pourles organismes de formation,contrairement à ce que fut lebogue de l’an 2000 pour les socié-tés de services informatiques.

Dominique Gallois

C’est le cœur légèrementbattant que, le 2 janvier2002, les hôtesses de l’hy-permarché Auchan à Arras

se glisseront derrière leurs caisses,petits fantassins placés en premiè-re ligne pour distribuer des eurossonnants et trébuchants. Aupara-vant, Marie-Hélène Poradka, lechef du secteur caisse, les aura réu-nies pour une ultime veillée d’ar-mes. Une heure afin de passer enrevue les gestes appris à l’entraîne-ment trois mois plus tôt : rendu demonnaie décompté à haute voixpour tranquilliser l’acheteur et évi-ter les erreurs, coup d’œil vigilantau nouveau billet pour s’assurer deson authenticité, procédure pourtenir sans coup férir sa caisse enfrancs et en euros…

Le grand distributeur nordistevient d’arrêter son plan de batailleafin de préparer ses 50 000 salariésà monter au front dans les meilleu-res conditions. Nom de code del’opération : « Objectif Euro2002 ». Pas moins de 330 000 heu-res de formation seront dispenséesà tous les employés d’ici à la datefatidique. « Nos collaborateurs doi-vent s’adapter aux nouveaux modesopératoires liés à la monnaie uni-que, s’y sentir à l’aise et ainsi mieuxaccompagner nos clients, qui serontun peu déstabilisés », explique Jean-Marc Delobel, responsable du pro-jet Euro chez Auchan.

Les magasins représenteront lepremier lieu de contact entre les

Français et leur nouvelle monnaie,et ils devront assurer une largepart des opérations de change dufranc vers l’euro entre le 1er janvieret le 17 février 2002. La Fédérationdes entreprises de commerce et dedistribution (FCD), qui regroupeles principales enseignes de la gran-de distribution, a mis au point aveccelles-ci un kit de formation encinq modules pour les 600 000employés du secteur. Une actiondont la facture est estimée entre300 et 500 millions de francs.

LITIGESA l’Institut de formation d’exc-

ellence, le pôle de formation mai-son créé en 1985 par le groupefamilial lillois, Jean-Marc Delobelparachève l’adaptation du kit de laFCD aux besoins définis dans soncahier des charges. L’entraînementdes formateurs, choisis parmi leschefs de rayon, les caissières, lesvendeurs des stands pour leurpotentiel pédagogique, va bientôtcommencer. Dix mille heuresseront vouées à rendre opération-nels ces salariés chargés d’évangéli-ser leurs collègues de travail sur lesarcanes de la monnaie unique.

Leur cible principale ? Le person-nel de vente aux rayons hi-fi, pho-to, optique, produits frais, sansoublier les pompistes des stationsessence et surtout… les hôtesses.« Elles seront les ambassadrices del’euro », s’exclame Marie-HélènePoradka. L’ensemble desemployés en relation directe avecla clientèle va se retrouver aucœur d’une tourmente de ques-tions, voire de litiges, bien éprou-vants pour les nerfs. Rien d’éton-nant donc à ce que ces 25 000 per-sonnes concentrent à elles seulesdeux cent vingt mille heures de for-

mation, dont un module impor-tant est dévolu à l’apprentissagede techniques adéquates pour apai-ser le chaland anxieux ou tâtillon.

« Le programme a été mis aupoint en collaboration avec les repré-sentants des quatre pays de la zoneeuro où Auchan est présent – l’Italie,l’Espagne, le Portugal et le Luxem-bourg, résume Jean-Marc Delobel.Il va falloir maintenant en orches-trer le déploiement dans nos 118hypermarchés répartis dans l’Hexa-gone ».

Cette tâche représente aussi uninvestissement financier non négli-geable. Entre l’adaptation des sys-tèmes informatiques et des termi-naux de paiement, le marketing etla formation, Auchan aura consa-cré quelque 300 millions de francsau passage à l’euro. Le coût desCDD embauchés pour remplacerles salariés partis étudier s’élèveraà 20 millions de francs. Quant auxfrais occasionnés par l’achat du kitcommercialisé par la FCD et la con-ception d’outils d’aide à la forma-tion sous-traitée à des sociétés spé-cialisées, ils se montent à près de1 million de francs. Ces coûtsseront un peu allégés par l’envoide 800 formateurs dans des stagesorganisés gratuitement par la Ban-que de France à partir de septem-bre prochain.

En attendant, l’équipe de Marie-Hélène Poradka révise les procédu-res d’encaissement en euro parchèque et par carte bancaire. Uneformation déjà suivie il y a plus dedeux ans pour être prêt au 1er jan-vier 1999, date de l’arrivée del’euro scriptural. Presque en pureperte : en mars dernier, Auchanavait totalisé moins de 120 000règlements en euros, dont la moi-tié dans un magasin du nord de laFrance qui menait une politiqued’incitation ! Mais l’échéanceapproche. A partir du 2 janvier, les16 000 hôtesses du groupe, avecen moyenne sept millions de passa-ges en caisse par semaine, vontsans doute essuyer un feu nourri…

Nathalie Quéruel

Trente-cinq mille : c’est lenombre de distributeursautomatiques de billets(DAB) actifs en France,

c’est aussi celui des débits de tabacde l’Hexagone. Les uns comme lesautres seront en première lignelors du passage à l’euro, le 1er jan-vier prochain. Mais, alors que lespremiers sont des machines qu’ilfaudra correctement configurer,les seconds sont gérés par des bura-listes qu’il s’agit de bien former.

Au-delà des cigarettes, les débitsde tabac, premiers commerces deproximité en France, gèrent unemultitude de produits : des cartestéléphoniques au Loto. Ils sontencore l’affaire de petits commer-çants indépendants, à qui l’Etatimpose l’exploitation d’un seulmagasin et interdit de pratiquerd’autres commerces.

Ils réalisent un chiffre d’affairesannuel de près de 80 milliards defrancs, et plus de 90 % appartien-nent à la Confédération nationaledes débitants de tabac, qui se faitfort de les aider à s’adapter à la nou-velle monnaie. Y compris aumoyen de jeux comme « l’eurobu-raliste », qui leur demande de tenirun fonds de caisse en euros à partirde cigarettes blondes à 3,35 euros…réglées en francs français.

De par leur monopole et leursentiment d’exercer une « mission

de service public » (vente destimbres fiscaux, postaux…), lesdébitants de tabac font partie desrares commerces à ne pas se plain-dre de retards dans leur adaptationà l’euro.

Conséquence de leurs liens privi-légiés avec l’Etat, les buralistes,comme les postes et les banques,ont accepté de vendre des sachetsd’euros à partir du 14 décembre2001. Pour une valeur de 100 francs(15,25 euros), ces sachets fourni-ront aux clients volontaires deséchantillons de nouvelle monnaie.Ces opérations de change par lebiais du sachet seront étenduesaprès le 1er janvier, car, comme leremarque ironiquement Lucienne,buraliste dans un quartier parisien,« les clients viennent souvent fairede la monnaie chez nous, car les

autres commerçants disent toujoursqu’ils n’en ont pas ».

Les buralistes ne fixent pas eux-mêmes le prix du tabac et des jeux ;quant aux boissons, il leur est diffi-cile de majorer les prix dans unenvironnement très concurrentiel.Il est donc peu probable que lesdébits de tabac deviennent deslieux privilégiés d’arrondis abusifset autres « arnaques » à l’euro. Ilsredoutent cependant déjà les pénu-ries de petite monnaie car les « kitsde fonds de caisse » qu’ils pourrontse procurer en décembre (de1 450 francs, soit 221,05 ¤) leur sem-blent bien trop petits. Avec ça, ontient une demi-heure, lance unburaliste désabusé.

Servant de bureaux de change,leurs stocks de francs pourraienten revanche devenir conséquents,d’où les rappels incessants de laConfédération à « assécher » lesfrancs au plus vite, en fournissantdes euros et en rapportant lesfrancs à la banque.

« Mieux vaut perdre huit jours àassécher les francs en début de pério-de plutôt que de garder les deux mon-naies pendant des semaines », décla-re-t-on à la Confédération, qui esti-me possible de faire disparaître enune semaine 80 % de l’anciennemonnaie.

Françoise Lazare

Branle-bas de combat aux caissesdes hypermarchés

Buralistes… et agents de change

En Midi-Pyrénées, les chambres de commerce et d’industrie (CCI)et les services de l’Etat ont multiplié les initiatives pour stimuler unemobilisation encore défaillante chez les petites entreprises et les com-merçants. Dans l’Ariège, un bus « euromobile » a sillonné le départe-ment, alors qu’Auch (Gers), Rodez (Aveyron), Tarbes (Hautes-Pyré-nées) ont accueilli des conférences-débats.

Dans la Haute-Garonne, la CCI a contacté 6 000 entreprises sur les30 000 du département, moitié commerçants, moitié PME, pour unejournée « Tout savoir sur l’euro », lundi 14 mai. Cent cinquante per-sonnes seulement sont venues. « Beaucoup n’y voient qu’une grandecontrainte et repoussent le plus loin possible le moment de s’en préoccu-per », expliquait un représentant du groupe Banque populaire,coorganisateur de la journée. (AFP)

Auchan a mis sur piedun véritable plande bataille pourses 50 000 salariés

Premiers commercesde proximitéen France, les débitsde tabac vendrontdes sachets d’eurosà partir du14 décembre 2001

Les salariés au contact du publicseront les derniers à être formés à l’euro

Une mobilisation encore défaillante

D’après un sondage,91 % des patronsde petites etmoyennes entreprisesont avancédans leur préparationà l’euro. 64 % d’entreeux se sont déjàoccupés des bulletinsde salaire.En Europe, les PMEfrançaises sontles plus en retarddans le passageà la monnaie unique.La grande distributionest le secteurqui a le mieux forméses employés.Les buralistes aussise mobilisent pourle 2 janvier prochain

Source : IPSOS*Chefs d'entreprise ayant déjà commencé ou planifié la bascule de leur entreprise à l'euro soit 91 % de l'échantillon

Comment les entreprises se préparent à la monnaie unique91 % ONT PLANIFIÉ LE BASCULEMENT...

Avez-vous déjà commencé ou planifié

la bascule de votre entreprise à l'euro?

Plus précisément, avez-vous déjà organisé les points suivants?*

MAIS LA FORMATION N'EST PAS UNE PRIORITÉ

OUI, C'ESTCOMMENCÉ

NON,PAS ENCORE

Vérifier la compatibilité de voslogiciels avec le passage à l'euro

Établir vos facturesen euros

Établir vos bulletinsde salaires en euros

Basculer votre comptabilitéen euros

Préparer avec votre banquierla bascule de votre entreprise à l'euro

Étudier l'impact des arrondisde prix en euros sur vos marges

Former à l'euro les salariés de votreentreprise en contact avec la clientèle

OUI, C'ESTPLANIFIÉ

91 %

49 %42 %

87 %

78 %

64 %

62 %

56 %

47 %

43 %

9 %

Page 43: New e 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINE MARDI 22 MAI … · 2018. 3. 26. · 57e annÉe – nº 17518 – 7,50 f - 1,14 euro france mÉtropolitaine mardi 22 mai 2001 fondateur

b VIOLENCE. L’Observatoire international pour la non-violence, quidépend du département pour l’information (DPI) de l’Organisation desNations unies (ONU), organise, le dimanche 20 mai à Marseille, un granddébat sur le thème de la non-violence.Celui-ci est décliné en huit ateliers, dont un consacré à la violence dans lemilieu de l’environnement et de la santé, avec la question de l’alimenta-tion pour demain, et un autre sur la violence en économie, qui aborderales thèmes de la violence bancaire ainsi que celle des institutions interna-tionales.Renseignements : 04-91-53-12-39

b SÉCURITÉ DE L’INFORMATION. Le Centre de recherche en informa-tion et communication (CRIC) de l’université de Montpellier-I organise,les mercredi 30 et jeudi 31 mai, un colloque consacré à la sécurité de l’in-formation et aux nouvelles problématiques de gestion. Parmi les ateliersannoncés : « les risques encourus par les entreprises dont l’informationstratégique n’est pas protégée »Renseignements : www.cric-france.com.CRIC, université Montpellier-I, faculté d’administration et de gestion,espace Richter, avenue de la mer, BP 9640, 34054 Montpellier Cedex 1

AGENDA

a SELON UNE ÉTUDE réalisée par Deloitte & Touche Bakkenist pour lecompte de la Confédération internationale des entreprises de travail tem-poraire (Ciett), ces dernières constituent, en Europe, d’importantes pas-serelles vers l’emploi : 43 % des intérimaires étaient en contrat à duréedéterminée (CDD) ou indéterminée (CDI) dans l’année où ils ont com-mencé leur mission.a UN TIERS des intérimaires interrogés déclarent avoir choisi l’intérimparce qu’ils préféraient ce type d’emploi, et un quart, parce qu’ils ne par-venaient pas à trouver un emploi fixe.a PARMI CEUX QUI ONT TROUVÉ un emploi après un passage par l’in-térim, 40 % étaient soit des demandeurs d’emploi, soit des débutants,soit des étudiants.

DERNIER MOIS CONNU

VARIATION SUR UN AN

TAUX DE CHÔMAGE DES JEUNES 16,1 % (mars.) - 2.1

PART DU CHÔMAGE DE LONGUE DURÉE 32,3 % (mars.) - 4.2

NOMBRE D'ALLOCATAIRESDU REVENU MINIMUM D'INSERTION (en milliers) 1 137,4 (juin)** + 2,3 %***

EMPLOIS PRÉCAIRES (en milliers) :

CDD.....................................................................

INTÉRIM..............................................................

APPRENTIS..........................................................

CONTRATS AIDÉS................................................

975 + 9, 2 %*

550 + 23,1 %*

285 + 3,2 %*

462 + 8,8 %*

SALAIRE NET MÉDIAN (en francs constants)Femmes..................................................................Hommes.................................................................

7 000 (mars)8 666 (mars)

+ 0,9 %*+ 0,6 %*

SMIC (en francs)Horaire..................................................................Mensuel.................................................................

42,02 (juillet)7 101 (juillet)

+ 3,2 %+ 3,2 %

* variation sur quatorze mois (mars 00 / janv.99) ** chiffres semestriels *** variation sur six mois

Le marché du travail français

Sources : Insee, Dares, CNAF

Ya-t-il un antagonismeentre créations d’emploiset augmentation des salai-res ? Pour Henri Emma-

nuelli, député socialiste des landes,« faire croire que le choix est celui-là » relève d’une forme de « mal-versation intellectuelle ». A un ande l’élection présidentielle, le prési-dent de la commission des finan-ces de l’Assemblée nationale a déci-dé de lancer son propre club deréflexion sur les sujets économi-ques, intitulé Démocratie et Egali-té. Mercredi 16 mai, pour le pre-mier débat ouvert au public avecdes économistes et des syndicalis-tes, il avait retenu comme thème :« La feuille de paie est-elle l’enne-mi de l’emploi ? ». Redoutant denouvelles critiques « d’archaïsme »à son égard, le dirigeant socialistes’est demandé si certains discoursne visaient pas à additionner volon-tairement « des carottes et deslapins » pour fausser le débat surl’emploi et les salaires.

« Est-ce que c’est la modérationsalariale qui a permis la reprise del’emploi ? », s’est interrogé l’écono-miste Liem Hoang-Ngoc. Pour lesecrétaire du nouveau club, celaserait plutôt grâce à un « relâche-ment insoupçonné de la rigueur »sous ses trois aspects – modérationsalariale, rigueur budgétaire etmonétaire – que le moteur de laconsommation est reparti depuis1997. Pour Liem Hoang-Ngoc,l’abaissement du coût du travailnon qualifié n’arrive pas à expli-quer 240 000 des 800 000 emploiscréés depuis quatre ans.

REDISTRIBUTIONPierre-Alain Muet, ex-animateur

du Conseil d’analyse économique(CAE), a mis en avant deux mesu-res : les emplois-jeunes, suivis del’application de la réduction dutemps de travail, pour expliquerque l’économie française « a créémassivement des emplois dans uncontexte où la croissance n’était pasexceptionnelle ».

« Nous avons fait une politique deredistribution qui a consisté à redon-

ner du pouvoir d’achat à ceux qui enmanquaient le plus : les chômeurs »,a-t-il poursuivi. Pour l’actueladjoint aux finances du mairesocialiste de Lyon, le gouverne-ment doit conserver l’emploi com-me priorité, afin de « privilégier letravail sur l’assistance » et « de fai-re revenir sur le marché du travailceux qui en ont été exclus ».

Pour l’économiste Henri Sterdy-niak, il y a, certes, dans le taux decroissance de l’économie françai-se, « un effet Jospin de l’ordre de0,5 % à 0,6 %, dû aux emplois-jeu-nes et à la politique de passage actifaux 35 heures », mais celui-ci reste« relativement marginal ». Le cher-cheur à l’Observatoire français desconjonctures économiques (OFCE)pointe surtout « la bonne conjonc-ture mondiale ». Reste pour lui que« dans le capitalisme moderne etmondialisé, le salaire demeure bienl’ennemi de l’emploi, car le capitalva là où c’est le moins cher ».

NÉGOCIATIONSHenri Sterdyniak observe toute-

fois que la France, avec un taux dechômage de 8,7 %, des augmenta-tions de salaires de 0,6 % à 0,8 % etune productivité de 1,7 %, dispose,à l’heure actuelle, d’une marge inu-tilisée d’environ 1 %.

Jacques Mairé, secrétaire géné-ral adjoint de l’Union nationaledes syndicats autonomes (UNSA),surtout implantée dans la fonc-tion publique, s’est interrogé surl’absence de lisibilité des objectifsde l’Etat employeur, lors des récen-tes négociations salariales dans lafonction publique. Concernant leprivé, il a aussi tiré le signal d’alar-me sur « l’absence des négocia-tions salariales dans les branches,avec une palme pour la métallur-gie, où elles n’ont jamais dépassédeux heures ».

Rebondissant sur le sujet, Jean-Christophe Le Duigou, responsa-ble des questions économiques àla CGT, a rappelé que « la négocia-tion salariale est le cœur de l’activi-té syndicale ». Or « force est de cons-tater que les occasions de la mener

sont rares », a-t-il ajouté, estimantque la majorité des salariés nesont plus couverts par une vérita-ble négociation salariale. Portantune appréciation critique sur lapolitique économique du gouver-nement, le syndicaliste a estiméqu’un objectif de plein- emploidevait passer par « undesserrement de la contrainte sala-riale ».

Il a rappelé qu’« aujourd’hui lesalaire comme principal élément dela rémunération du travail est fragili-

sé par les politiques de stock-options, d’épargne salariale et d’ac-tionnariat salarié, mais aussi par lesexonérations de charges sociales ouencore la prime à l’emploi ». Avecles mécanismes d’exonérations descharges sociales en vigueur, Jean-Christophe Le Duigou constateque l’augmentation du SMIC peutne rien coûter aux entreprises…,mais en revanche peser sur les cais-ses de l’Etat.

Alain Beuve-Méry

Source : enquête Ciett/Deloitte & Touche Bakkenist réalisée auprès de 700 intérimaires

L'intérim, une passerelle vers l'emploi

FLASH SETT / « LE MONDE »

Transformation en CDI et CDD après un an en pourcentage

PAYS-BAS .........................................

ESPAGNE .........................................

FRANCE ...........................................

ROYAUME-UNI ...............................

ALLEMAGNE ...................................

53

52

46

40

29

ÉVOLUTION DU COÛT DU TRAVAIL(en % sur un an) 4 trim. 2000

Hommes + femmes.........................Moins de 25 ans...............................

+ 1,8 (4e trim. 99)

ALLEMAGNE BELGIQUE ESPAGNE FRANCE ITALIE PAYS-BAS ROY.-UNIUE 15 ZONE EURO E.-U. JAPON

Hommes + femmes (15-64 ans)....Hommes + femmes (50-64 ans)....

62 *49 *

60 *45 *

65 *48 *

75 39

5545

53 *38 *

6249

71 50

7161

64 (1998)N. D.

N. D.N. D.

TAUX D'EMPLOI 2000 (en %)

ÉVOLUTION DE L'EMPLOI AU 3e TRIMESTRE 2000 (en % sur un an)STRUCTURE DE L'EMPLOI

1,5 1,6 3,3 2,4 1,6 2,5 1,11,8 2 1,5* – 0,6*

77* 76 54 73 65 78* 8172* 71* N. D. N. D.

19* 21 8 17 9 39* 2521* 16* N. D. N. D.

DURÉE DE TRAVAIL SALARIÉ À TEMPS PLEIN 2000 (h/semaine)

8,015,9

8,717,1

7,8 8,7

6,817,0

13,7 26,0

8,618,6

9,928,9

2,65,5

5,210,7

4,29,5

4,7 8,8

TAUX DE CHÔMAGE FÉVRIER 2001(en %)

PART DU CHÔMAGE DE PLUS D'UN AN 2000 (en %)

52 56 42 40 61 44 2846 49 8 (1998) N. D.

janv. 01 janv. 01

+ 3,3 + 4 + 5 + 1 + 3,5 + 4,6+ 3,6 + 3,5

40,1 * 38,5 40,6 38,9 38,6 * 39 * 43,6 40,4 * 39,7 *

+ 4,4 N. D.

N. D. N. D.

part de l'emploi salarié...................

part de l'emploi à temps partiel....

Pour plus d'informations : http://www.europa.eu.int/comm/eurostat

Les indicateurs sociaux internationaux « Le Monde » / Eurostat

N. D. : non disponible * 1999

e

déc. 00

a DANS L’ENSEMBLE, les jeunes Européens sont de plus en plus quali-fiés. Pourtant, en 1999, près d’un jeune sur cinq ayant quitté le systèmeéducatif avait achevé au mieux le premier cycle de l’enseignement secon-daire, lequel correspond dans la plupart des pays de l’Union à la fin del’enseignement obligatoire.a CETTE PROPORTION VARIE de 7 % de l’ensemble de la populationâgée de 18 à 24 ans en Suède, à 45 % de cette même population au Portu-gal. Dans les pays scandinaves et germaniques, elle se situe aux alentoursde 10 % ; dans les pays méditerranéens, elle dépasse 25 %. La France,avec un score de 14,7 %, fait mieux que la moyenne (20,5 %). Sauf en Alle-magne et en Autriche, la proportion de jeunes peu qualifiés est plusimportante chez les hommes que chez les femmes. Le Conseil européende Lisbonne, en mars 2000, a fixé comme objectif une réduction de moi-tié du nombre de jeunes peu qualifiés d’ici à 2010.

a DEPUIS DE NOMBREUSES ANNÉES, les cadres jugent leur chargede travail excessive. Bien avant les débats qui ont précédé la mise en pla-ce des 35 heures, ils étaient près d’un sur deux à exprimer ce point devue. Les nombreux licenciements de cadres enregistrés à partir de 1993ont objectivement accru la charge de travail de ceux restant en poste. Etla reprise de l’activité, depuis 1997, a précédé les recrutements permet-tant de l’absorber.a OUTRE CET ACCROISSEMENT OBJECTIF de la charge de travail, ilest vraisemblable que la mise en place des 35 heures a accentué la prisede conscience du temps de travail effectif. Si les cadres sont un peumoins nombreux en 2000 à se dire surchargés, ils sont plus nombreux quel’an dernier (89 %, contre 79 %) à se dire surchargés « en permanence ».

EMPLOI

Source : Eurostat(1) 1997

Un jeune sur cinq est peu qualifié

EUROPE

UE15

BELGIQ

UE

DAN

EMARK

ALLEM

AGNE

ESPAGNE

ITALI

E

GRÈCE

PAYS-BAS

LUX.

IRLA

ND

E(1

)

FRANCE

PORTUGAL

AUTRICH

E

FINLA

ND

E

SUÈDE

ROY.-UN

I

Pourcentage de jeunes de 18 à 24 ans ne faisant pas d'études et peu qualifiés, 19997,3 1

0

11,5

11,5 14,7

15,1

15,2

16,3

17,8

19,1

19,7

19,8

20,5

27,2

28,9

45,5

Economistes et politiques auscultent à nouveaule lien entre salaires et emploi

Source : APEC. pour plus d'informations : www.apec.fr

Plus de la moitié des cadres se déclarent surchargés

FLASH APEC / « LE MONDE »

Nombre de cadres estimant leur charge de travail excessiveen pourcentage

1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000

45 4753 51 52

56 5660

56

LE MONDE / MARDI 22 MAI 2001 / IX

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Imaginons que le Parlement adopte trois lois sur les pensions deretraite des fonctionnaires. Dans le premier texte, il serait crééun nouveau régime pour les agents publics entrés en serviceaprès une certaine date. Géré de manière autonome, il serait

fondé sur les mêmes principes que ceux applicables aux salariés dusecteur privé : les pensions ne sont plus calculées sur la base dudernier traitement, mais sur les rémunérations touchées en cours decarrière ; leur revalorisation est identique à celle du secteur privé ; lacotisation prélevée pour le financement de ce régime spécial suivrala même évolution que celle du régime général ; le fonctionnaire,comme l’Etat, cotise – chacun pour moitié – dans un fonds spécialinstauré au sein du budget de l’Etat. Pour autant les conditions durecrutement et de mise à la retraite propres à la fonction publiquesont maintenues : la fonction publique de carrière subsiste.

La deuxième loi instaurerait un régime spécial transitoire pour lesagents en poste avant la date d’entrée en vigueur du nouveausystème. Les caractéristiques de l’ancien système seraient donc main-tenues : la pension calculée sur la base du dernier traitement touchépar le fonctionnaire, est fonction de la durée de service – pour lesannées avant la date d’entrée en vigueur de la nouvelle loi. S’y ajoute-rait une pension calculée au prorata du temps passé sous l’égide dunouveau système.

Troisième initiative : il est mis en place une coordination entre lerégime général et le régime nouveau des fonctionnaires. Le cumuldes périodes de cotisation et la perception d’une pension uniquedevient possible.

Il ne s’agit pas là d’un avant-projet de transformation du droit despensions des fonctionnaires français. Ces trois propositions sont lesgrandes lignes du processus de réforme réalisé de 1998 à 2000 auLuxembourg. Les pensions des régimes de base des salariés duGrand Duché sont confortables et les rémunérations dans la fonc-tion publique de ce pays, élevées. Ce qui est loin d’être le cas en Fran-ce, où l’alignement des retraites des agents publics sur le seul régimegénéral ne pourrait conduire – compte tenu de la modestie des pres-tations versées – à un rejet.

Imaginons encore. L’Etat encouragerait, par un mécanisme de cré-dit d’impôt ou de subvention directe – à destination, en particulier,des ménages les plus modestes – à la constitution d’une épargneretraite individuelle ou d’entreprise, dès lors que celle-ci satisfait àcertaines exigences de placement. L’aide de l’Etat serait croissante

avec le nombre d’enfants élevés ;elle serait progressive dans le tempsselon des barèmes d’ores et déjà éta-blis. L’aide fiscale ne serait accordéequ’à partir d’un investissement mini-mum de la part de l’intéressé, expri-mé en pourcentage de salaire. Encontrepartie, les pensions du régi-me de base seraient diminuées,suite à la transformation de laréférence du calcul de la pension eten raison d’une revalorisation futu-re moins généreuse.

Là encore, il ne s’agit pas d’unplan de mise en place de « fonds depension à la française », mais de laréforme allemande mise en place en2001 dans le domaine de la prise encharge du risque vieillesse. Troisleçons peuvent en être tirées.Premièrement, une telle réforme a,d’évidence, un coût pour l’Etat. Legouvernement du chancelierGerhart Schröder a prévu d’y affec-ter 20 milliards de deutschemarksjusqu’en 2008, auxquels s’ajoutentles exonérations fiscales non encorechiffrées au-delà de cette date.Deuxièmement, la diminution pré-vue des prestations du régime debase reste modeste : on passeraitd’un taux moyen de remplacementde 70 % à 67 %. Enfin, la réformeconsiste surtout en une réorganisa-tion de la retraite complémentairefacultative – l’Allemagne neconnaissant pas de régime complé-mentaire obligatoire. La transposi-tion en France du nouveau disposi-tif allemand toucherait par consé-quent essentiellement les systèmesdits « surcomplémentaires ».

Imaginons toujours : 2,5 % dufinancement du régime de base neseraient plus affectés au systèmepar répartition mais seraient consa-crés, sous étroit contrôle du trésor

public, à des fonds de pension agréés. L’équation de calcul du régimede base serait alors radicalement transformée : la pension n’est plusfonction du nombre d’années de cotisation et du salaire mais dessommes effectivement versées au régime. Les régimes complémen-taires obligatoires ne seraient pas affectés par ce changement, la pen-sion minimale non contributive serait maintenue et améliorée, tan-dis que des mesures transitoires sauvegarderaient les intérêts dessalariés âgés et des retraités.

Ce qui aurait pu être le scénario de passage du régime général fran-çais au « calcul par points » assorti d’un transfert vers une retraitepar capitalisation sans augmentation de charges, n’est que la descrip-tion, dans ses grands traits, de la réorganisation de la pension debase suédoise mise en œuvre depuis 1998. La réforme combine uneindividualisation du régime de base à une épargne forcée, encoura-gée et surveillée par l’Etat.

Globalement, que tirer de l’ensemble de ces expériences ? Elles setraduisent, au moins dans un premier temps, par des dépensessupplémentaires pour l’Etat, aussi bien pour accompagner la trans-formation des régimes particuliers que pour la promotion de lacapitalisation. Finances publiques et choix d’affectation des impôtsoccupent ainsi une place centrale dans les décisions de réforme. Desmesures transitoires longues accompagnent nécessairement toutesces métamorphoses : elles sont, avec les mesures spécifiques enfaveur des plus démunis, le gage de la confiance des intéressés dansl’Etat de droit.

Francis Kessler est maître de conférences à l’université Paris-I - Pan-théon-Sorbonne.

HLE SOCIAL DANS L’UNION

p a r F r a n c i s K e s s l e r

Nouveaux régimesde retraite

Les derniers chiffres publiéspar la Caisse nationale d’as-surance-maladie (Cnam)confirment l’ampleur du

phénomène : les troubles musculo-squelettiques (TMS), première cau-se de maladie professionnelle enFrance, continuent leurs ravages :11 000 déclarations en 1999 contre9 000 l’année précédente. Et encoreces statistiques ne reflètent-ellespas la réalité du nombre de salariésatteints par ces affections périarticu-laires qui touchent surtout les mem-bres supérieurs. Par peur de perdreleur emploi, beaucoup de maladespréfèrent se taire et se font opérerdiscrètement pendant leurs congéspayés.

« Les chirurgiens de la main décla-rent chaque année 130 000 syndro-mes du canal carpien – le nerf radialest coincé par une inflammation auniveau du poignet, constate MichelBerthet, responsable du départe-ment « santé et travail » de l’Agen-ce nationale pour l’amélioration desconditions de travail (Anact). Toutesces douleurs, évidemment, n’ont pasun lien direct avec la vie au travail.Mais si on imagine simplement que50 % d’entre elles ont un rapport avecl’activité professionnelle, on arrivedéjà au chiffre de 65 000 ! ».

Comment expliquer cette « épidé-mie » ? Pourquoi ne parvient-onpas à l’enrayer ? Dans son numéro

d’avril, la revue trimestrielle Santéet Travail – Mutualité française, 255,rue de Vaugirard, 75 015 Paris.80 francs – donne la parole à denombreux acteurs dont l’analyseconverge : « Un TMS ne sanctionnepas seulement un geste répétitif. C’estune pathologie du cumul où la ques-tion du sens donné au travail est pri-mordiale », résume FrançoisDesriaux, rédacteur en chef dumagazine.

La maladie professionnelle a, eneffet, longtemps mobilisé les ergo-nomes, appelés à travailler sur laquestion de la gestuelle, à en étu-dier les aspects biotechniques. Ilssont les premiers à reconnaîtreaujourd’hui que la prise en comptede cette dimension ne suffit plus.« Vis-à-vis des TMS, les entreprisesont développé une approche matériel-le sur ce qui se voit, confirme MichelBerthet, lui-même ergonome, négli-geant les autres aspects, notammentcognitifs (rapport à la mémoire, etc.)

et subjectifs (investissement au tra-vail, conditions de plaisir, etc.) ».

Quand on pense TMS, sont sou-vent mis en avant les cas des sala-riés des abattoirs, dont certains don-nent 600 à 700 coups de couteaupar heure, ou des caissières qui scan-nent le prix des produits. « Mais onconstate aussi des TMS sur des postesplus qualifiés, insiste FrançoisDesriaux. Prenez le cas des secrétai-res. Leur métier a changé avec la pré-dominance, désormais, du travail surordinateur : tri des e-mails reçus,informations à transmettre, etc. Finile relationnel. Terminée la communi-

cation en direct… La reconnaissancedu travail a changé. Et beaucoup nes’y retrouvent plus, développant,notamment, des TMS. »

Pour Marie Pezé, docteur en psy-chologie, praticienne au centre d’ac-cueil et de soins hospitaliers de Nan-terre, « les gestes du travail engagentbien plus que la résistance physiquedes salariés. Ils sont aussi des actesd’expression psychique liés à l’identi-té de chacun. Quand le travail ne per-met plus aux salariés de s’exprimer,ces derniers en souffrent, puis s’épui-sent mentalement, physiquementcomme psychiquement ».

Ce qui explique, par conséquent,que certains des dispositifs mis enplace dans des entreprises afin d’en-rayer produisent l’effet inverse.« Les entreprises réduisent les circuitsde portage des charges, supprimenttous les gestes inutiles, constateMichel Berthet, ce qui a pour effet

secondaire d’isoler un opérateur surson poste. »

« Cette rationalisation à outrance,reprend Marie Pezé, supprime toutesles marges de manœuvre dont unsalarié pouvait disposer dans sonorganisation du travail : s’arrêter parexemple quelques instants à caused’une crampe. ». Bref, les espacesde microrespiration – échangerquelques mots avec un collègue,etc. – n’existent plus.

Tous ces experts invitent donc lesentreprises à penser ou repenserautrement leur approche des TMS.« Les petits ajustements ne sont plus

de mise. Elles doivent vraiment réflé-chir en termes d’organisation du tra-vail dans son ensemble, et surtoutprendre en compte toutes les dimen-sions du problème. »

Un vaste chantier car, à de raresexceptions, ce n’est pas le comporte-ment adopté. Ergonomes, méde-cins du travail constatent que beau-coup d’entreprises choisissent desstratégies de court terme : adapta-tion technique des postes de travail,remplacement des salariés en congémaladie par des intérimaires ou descontrats à durée déterminée… « Cet-te tendance est dangereuse, estimeFrançois Desriaux. Si les entreprisespoursuivent cette fuite en avant, com-ment feront-elles quand 30 à 40 % deleurs salariés seront déclarés inap-tes ? ». La réflexion s’imposera alorspeut-être.

Marie-Béatrice Baudet

Le développementde cette pathologiedoit beaucoupà la rationalisationà outrance des tâches

La loi du silence sévit aussi outre-Atlantique. En 2000, le Bureau ofLabor Statistics a recensé 1,8 million de troubles musculo-squeletti-ques (TMS). Un tiers d’entre eux ont nécessité un congé maladie.

Mais, comme le souligne une enquête du Los Angeles Times de marsdernier, « les chiffres réels sont probablement beaucoup plus élevés ». Lejournal s’appuie sur de nombreuses études universitaires qui ont misen évidence la sous-déclaration de la pathologie, notamment de lapart de travailleurs immigrés faiblement rémunérés, qui ont peur deperdre leur travail. Selon l’Occupational Safety and Health Adminis-tration, le taux réel de maladie serait au moins le double de celuiannoncé.

Salaires et primes, même éle-vés, ne suffisent plus àréduire le turnover descadres sur un marché du tra-

vail tendu. Pour réduire les coûtsde recrutement d’un personnel quidoit être sans cesse élargi aussibien que renouvelé, les entreprisesportent désormais leur attentionnon seulement sur la qualité de vieau travail (ce qu’elles faisaientdéjà), mais aussi et surtout dans lasphère privée. Telle est en tout casla solution retenue par ClaudeCzechowski, PDG de la société deconseil CSC (Computer SciencesCorporation) pour la France, laBelgique et le Luxembourg, quiinaugurera, fin mai, un portail deservices comme on n’a guère l’habi-tude d’en trouver sur les intranetsdes grandes entreprises : solutionsde covoiturage pour les collabo-rateurs voisins les uns des autres,service de pressing rapide, baby-sitting, achats groupés de biens etservices, réduction sur les tarifs descompagnies aériennes, etc. ; bref,toute une palette de services nou-veaux qui peuvent même être enpartie financés par l’entreprise.

PRESSING« Les 2 200 collaborateurs de CSC

en France, en Belgique et au Luxem-bourg se déplacent souvent et tra-vaillent d’autant plus que la duréedu travail a été ramenée à 35 heu-res : ma mission est de faciliter la vieprofessionnelle de tous, en donnantà chacun les moyens de résoudredivers problèmes de la vie quotidien-ne », explique Claude Czechowski.Si un nouvel embauché est contentde son salaire, il sera encore pluscontent d’annoncer à son conjointqu’il a aussi obtenu un crédit de1 000 francs pour financer des heu-res de garde d’enfant, des travauxde pressing ou d’aide ménagère.

Ce portail de services new look,supervisé personnellement parClaude Czechowski, a été élaboréavec l’aide d’Affiniteam (10 mil-lions de francs de chiffre d’af-

faires), une société de services spé-cialisée en « ERM » (EmployeeRelationship Management), quedirige Dominique Beaulieu. Qu’est-ce que l’ERM ? Un nouveau bour-geon du management qui se foca-lise sur les relations que l’entre-prise entretient avec les salariés etsur les liens que les salariés peu-vent (doivent ?) nouer entre eux.

« Très souvent, les salariés n’ontpas conscience des avantages dontils bénéficient déjà dans les entre-prises, affirme Dominique Beau-lieu. Mon travail consiste à faireémerger cette prise de conscience età l’accélérer en construisant des pro-grammes de services qui fidélisentles talents. » Une démarche synthé-tisée par un concept simple (etdéposé comme une marque) : le« cliemployé ». Soit un barba-risme qui postule que la producti-vité d’un ingénieur, d’un consul-tant ou d’une secrétaire serad’autant plus élevée que l’équilibreentre la vie professionnelle et lavie privée de chacun de ces sala-riés sera préservé.

Bien entendu, les entreprisessavent que les téléphones por-tables élargissent la vie profession-nelle bien au-delà des heures debureau, que les cadres emportentdes dossiers à la maison et quebeaucoup lisent la presse de leursecteur même en vacances. Al’inverse, les directions des res-sources humaines savent aussi queles mêmes passent des coups de fil

personnels au bureau, privatisenten partie leur messagerie électro-nique et empiètent sur le temps detravail pour régler des problèmesde garde d’enfants ou de renouvel-lement de passeport. C’est auconfluent de ces deux logiquesvécues comme contradictoires quel’ERM intervient. Non pourcloisonner à nouveau, mais poursynthétiser, affirme-t-on. L’harmo-nie doit remplacer le stress.

« Ce que je cherche à construire,c’est une véritable collectivité de tra-vail », affirme Claude Czechowski.Autrement dit, à légitimer le règle-ment des soucis domestiques surle lieu de travail. Un sondage réali-sé par Novartis pour le compted’Affiniteam révèle que l’« am-biance » (sous-entendu : bonne)est l’un des principaux critères dechoix d’une entreprise par plusd’un salarié sur deux (52 %), justederrière la rémunération (73 %) etles possibilités d’évolution (61 %).

Chez SAP France, filiale dugroupe informatique allemand, unprocessus identique est en route.« Nous menons une réflexion déjàancienne sur la possibilité d’ouvrirl’intranet de l’entreprise à des ser-vices d’ordre privé, reconnaîtKarim Mokhnachi, directeur dumarketing et des relations parte-naires. Le comité d’entreprise existe,mais lorsqu’il s’agit d’avoir sescourses livrées dans le coffre de savoiture, de porter des affaires aupressing ou d’obtenir un conseil fis-cal, le CE n’est pas l’instrument lemieux adapté. »

MASSAGE DE RELAXATIONChez SAP France comme chez

CSC, un audit de l’existant ad’abord été mené. Là commeailleurs, les salariés ont fait la preu-ve de leur « ingratitude ». Pland’épargne entreprise abondé oucomité d’entreprise richementdoté… ne sont jamais considéréscomme des avantages extra-sala-riaux. Pour la bonne raison queceux-ci ne sont jamais accompa-

gnés d’un quelconque discours niintégrés à une offre globale.

Une fois l’audit achevé, despanels représentatifs de salariésont été réunis sous la houlette d’Af-finiteam pour « faire émerger lesbesoins » : les idées ont fusé. Statis-tiquement, la résolution des démar-ches administratives arrive en tête,suivie par le conseil juridique oufiscal, l’entretien du véhicule, ledépannage ou la formation infor-matique et les billetteries de specta-cles… Le processus de consultationdure environ trois mois : la derniè-re réunion valide l’offre finale.Lorsque le portail est ouvert auxsalariés, il est clair pour tous qu’ils’agit là d’une offre de l’entrepriseà ses salariés.

Mais « les salariés ne connaissentpas toujours leurs besoins », rela-tivise Dominique Beaulieu. C’estpourquoi ces portails de servicespersonnalisés sont à évolution rapi-de. Une fois que le principe est con-nu et que les salariés ont commen-cé de se l’approprier, des désirsplus singuliers peuvent émerger :« Un massage de relaxation, uncours de guitare sur le lieu de tra-vail… peuvent apporter une immen-se satisfaction. »

Bien entendu, le processus nedoit pas faire l’impasse sur lecomité d’entreprise. Mais tout estprévu là encore. Les offres du CEsont intégrées au portail, ou peu-vent faire l’objet d’un onglet spéci-fique. Leur identité évite ainsid’être diluée.

Cette prise en compte du « pri-vé » par l’entreprise a un avantagesecondaire : elle contribue au lookde l’entreprise. Ainsi, chez Accentu-re (ex-Andersen consulting), leschoix se sont orientés vers la miseen place d’un concierge, sur lemodèle des hôtels de luxe : unhomme aux clés d’or est là pourrésoudre tous les problèmes queles « cliemployés » lui soumettent.L’entreprise… c’est le style.

Yves Mamou

Un danger identique aux Etats-Unis

Vie privée, vie professionnelle,les frontières deviennent toujours plus floues

Les expériencesluxembourgeoise,allemande et suédoisedémontrentqu’une réorganisationdes retraitesse traduit, dansun premier temps,par des dépensessupplémentaires pourl’Etat, que ce soitpour accompagnerla transformationdes régimesparticuliersou la promotionde la capitalisation.Finances publiqueset choix d’affectationdes impôts occupentune place centraledans les décisionsde réforme

Des experts alertentsur l’épidémie des troubles musculo-squelettiques

Pour séduire,certaines entreprisesont décidéde s’occuperde la qualité de viede leurs employésdans la sphère privée

MANAGEMENTX / LE MONDE / MARDI 22 MAI 2001