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HARCÈLEMENT SCOLAIRE RDV EN PAGE 4 RETROUVEZ NOS ARTICLES D’OPINION EN PAGE 8 MAI 2011 — NUMÉRO 16 — DISTRIBUÉ GRATUITEMENT — LE JOURNAL DES ÉLÈVES DU LYCÉE ÉDOUARD BRANLY DE NOGENT- SUR-MARNE http://inebranlablebranly.free.fr/ E t si je me la jouais à la Kadhafi ? Non. Non, je ne partirai pas. Oui, je suis en terminale et oui je suis rédactrice en chef de L’Inébran- lable, mais non, je ne quitterai pas mon « trône ». Vous pouvez toujours brûler ses journaux et fusil- ler ses rédacteurs, Eve Zuckerman ne quittera pas Branly ! Qu’on se rassure, j’ai bien compris que l’heure était venue pour nous de faire place aux nouveaux, à moins que le jury du bac en décide autrement... Avant de partir, un mot sur les pères fondateurs du journal. Saâd Yousfi, cofondateur, a lancé l’idée en février 2009 et ensemble, nous l’avons rendue concrète. Cantien Collinet, maquettiste et direc- teur des relations externes, a rejoint l’équipe en mars. Autodidacte, il s’est formé au logiciel InDe- sign et a amélioré la maquette du journal au fur et à mesure de ses progrès. Enfin, si L’Inébranlable peut se targuer d’être autonome, c’est grâce à Ma- thias Mora, correcteur. Il a accepté d’être directeur de publication du journal, ce qui veut dire qu’il (ou plutôt ses parents) ont endossé la responsabilité pénale et que L’Inébranlable n’a été dirigé que par des jeunes, ce qui sera aussi le cas l’année prochaine. Mais ne tombons pas dans la revue nécrologique... Qu’on se rassure aussi, l’équipe de l’année prochaine sera largement à la hauteur et saura dépasser le cadre déjà en place. La preuve, c’est vous ! La relève, nous en reparlerons (repré- sentée p2). Ce qui est sûr, c’est qu’elle aura le sou- tien de M. Sadoul, comme nous en avons l’habi- tude depuis deux ans maintenant. Mais laissons d’abord les vieux se livrer à leur nostalgie. J’ai beaucoup appris comme rédactrice en chef de L’Inébranlable. Du premier numéro en juin 2009, nous sommes parvenus au seizième, en passant par une rencontre avec Mathieu Rosemain (jour- naliste aux Échos), le forum des 20 ans du droit de publication lycéen, une conférence de presse de Luc Chatel, et surtout le premier prix au concours académique des journaux lycéens. (Suite page 2) ÉDITORIAL INTERVIEW EXCLUSIVE HUGO SEUL TOUT PAGE 6 JAPON PAGE 12 JEUXPAGE16 EGOÏSMERDVENP14

Numéro 16 - Mai 2011

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Le seizième numéro du journal des élèves du lycée Édouard Branly, de Nogent-sur-Marne (Val-de-Marne, France)

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HARCÈLEMENTSCOLAIRERDV EN PAGE 4RETROUVEZNOS ARTICLESD’OPINIONEN PAGE 8

Mai 2011 — NuMéro 16 — Distribué gratuiteMeNt — Le jourNaL Des éLèves Du Lycée éDouarD braNLy De NogeNt-sur-MarNe

http://inebranlablebranly.free.fr/

Et si je me la jouais à la Kadhafi ? Non. Non, je ne partirai pas. Oui, je suis en terminale et oui je suis rédactrice en chef de L’Inébran-

lable, mais non, je ne quitterai pas mon « trône ». Vous pouvez toujours brûler ses journaux et fusil-ler ses rédacteurs, Eve Zuckerman ne quittera pas Branly ! Qu’on se rassure, j’ai bien compris que l’heure était venue pour nous de faire place aux nouveaux, à moins que le jury du bac en décide autrement...Avant de partir, un mot sur les pères fondateurs du journal. Saâd Yousfi, cofondateur, a lancé l’idée en février 2009 et ensemble, nous l’avons rendue concrète. Cantien Collinet, maquettiste et direc-teur des relations externes, a rejoint l’équipe en

mars. Autodidacte, il s’est formé au logiciel InDe-sign et a amélioré la maquette du journal au fur et à mesure de ses progrès. Enfin, si L’Inébranlable peut se targuer d’être autonome, c’est grâce à Ma-thias Mora, correcteur. Il a accepté d’être directeur de publication du journal, ce qui veut dire qu’il (ou plutôt ses parents) ont endossé la responsabilité pénale et que L’Inébranlable n’a été dirigé que

par des jeunes, ce qui sera aussi le cas l’année prochaine. Mais ne tombons pas dans la revue nécrologique... Qu’on se rassure aussi, l’équipe de

l’année prochaine sera largement à la hauteur et saura dépasser le cadre déjà en place. La preuve, c’est vous ! La relève, nous en reparlerons (repré-sentée p2). Ce qui est sûr, c’est qu’elle aura le sou-tien de M. Sadoul, comme nous en avons l’habi-tude depuis deux ans maintenant. Mais laissons d’abord les vieux se livrer à leur nostalgie. J’ai beaucoup appris comme rédactrice en chef de L’Inébranlable. Du premier numéro en juin 2009, nous sommes parvenus au seizième, en passant par une rencontre avec Mathieu Rosemain (jour-naliste aux Échos), le forum des 20 ans du droit de publication lycéen, une conférence de presse de Luc Chatel, et surtout le premier prix au concours académique des journaux lycéens. (Suite page 2)

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2 L’iNébraNLabLe, Mai 2011, NuMéro 16ÉDITORIAL

(Suite de la page 1) J’ai appris la diplomatie, moi qui ne suis pas diplomate du tout. Envers l’administration, l’équipe de rédaction, les lec-teurs insatisfaits...J’ai appris le travail à la chaîne en temps de pénurie, quand le manque d’agrafes se fai-sait sentir. À ce jour, on doit totaliser plus de 2000 exemplaires pliés à la main !J’ai appris à être pragmatique dans les moments difficiles (avant : « mais qu’est-ce qu’on va faire, QU’EST-CE QU’ON VA FAIRE ?! ». Après : Chuck Norris, veste en jean compris), que ce soit la maquette qu’on n’a toujours pas bouclée à une heure du matin ou la pho-tocopieuse qui couine rouge de partout. Enfin, j’ai appris le bonheur des efforts ré-compensés, des élèves guettant la sortie du prochain numéro et de l’équipe enthousiaste et passionnée.

Cependant, il reste toujours – et c’est là le plaisir et le défi des suivants – des problèmes à résoudre. Comment informer tous les élèves de l’existence du journal ? Comment exer-cer sa liberté d’expression sans glisser vers l’abus  ? Que faire des derniers résistants à notre charme, mal à l’aise face à ces jeunes qui s’emparent inopinément du droit de l’ouvrir ? « Un journal lycéen, » entends-je dire, « ça ne sert à rien ». Autant exiler toute cette jeu-nesse sur une île et attendre que ça lui passe. A ceux-là, la meilleure réponse possible est le journal lui-même car L’Inébranlable n’est pas le fait d’un petit club journal ou d’une élite restreinte : à ce jour, plus de quarante per-sonnes y ont contribué. L’Inébranlable, c’est votre journal à vous, votre espace d’expression, le seul mur que vous pouvez couvrir de graffiti. Entre ses pages, on entend la voix des Branlyiens qui écrivent, qui rient, qui réflé-

chissent, qui gueulent, et si vous ne vous y reconnaissez pas, c’est le moment de nous rejoindre ! (Toute ressemblance avec une secte est purement fortuite). Les gens qui lisent, comme les gens qui écrivent ont leur mot à dire dans tout ce qui concerne L’Iné-branlable, de son contenu à son existence.

Après tout, rien n’est plus éphémère qu’un journal lycéen. Un an, deux ans ou, soyons fous, trois ans de feuillets et on ferme l’usine. L’année prochaine, je serai à la fac sur un autre continent, laissant loin derrière moi mes années de lycée. Mais je me suis promis (et j’ai promis à Mme Cocotier !) de passer de temps en temps, voir si L’Inébranlable a survécu à la transition, découvrir les chan-gements, confirmer qu’on le lit. Et qu’il reste digne de son nom.

Eve Zuckerman

ÉDITORIAL

3L’iNébraNLabLe, Mai 2011, NuMéro 16 ACTUALITÉ

Chaque année les premières et termi-nales S ont la chance de partir en voyage scolaire, laissant les autres classes tra-

vailler au lycée. Même si les petits scienti-fiques étudient des « cailloux », on se doute bien qu’en dehors de cela, ils s’amusent bien, pendant que les autres, malchanceux, conti-nuent d’aller en cours, en pensant à eux. Mais cette année, grâce à Madame Rochet, Ma-dame Missio et Monsieur Pasquet, certains L, S et ES ont aussi eu la chance de partir, et qui plus est à Venise, dans la plus belle ville

d’Italie ! Il faut bien se l’avouer, ce voyage avait des allures de vacances. Cela a permis aux élèves de se détendre avant le bac. Ce-pendant, pour rejoindre ce petit paradis, il a fallu qu’ils fassent 18h de route en car. Mais ce trajet a surtout été marqué par des discus-sions à n’en plus finir, des rires, des chansons, des surnoms. Les six élèves de terminale ont tout de suite été surnommés les majeurs. Ils devaient montrer l’exemple aux autres élèves, mais on ne va pas vous cacher qu’ils étaient les premiers à faire des bêtises, à se

coucher à des heures très tardives, à être en retard aux rendez-vous donnés par les pro-fesseurs après les heures de temps libre, trop occupés à manger « il gelato » sur la Piazza San Marco à Venise, ou bien « la pizza » sur la Piazza del Popolo à Ravenne, et même à bronzer dans un parc à Ferrare pendant que les profs étaient partis visiter des musées. Les professeurs ont fait tout leur possible pour faire plaisir à leurs élèves, jusqu’à les amener tous les soirs après le repas se pro-mener sur la plage au bout de la rue de leur hôtel mettre les pieds dans l’eau. Le retour en France a été difficile, les élèves ont dû très vite se remettre dans l’ambiance du travail, avec des souvenirs plein la tête.

Grazie mille ai professori ! Era un viaggio ma-gnifico ! Grazie per tutto quello che avete fatto per noi !

Cindy Quagliaroli

BRANLy È ANDATO IN ITALIA

Beaucoup d’entre nous (moi, par exemple) sont devenus au fil des années, accros aux réseaux sociaux

comme Facebook. Lorsque nous étions au collège nous avions tous un « blog », très souvent hébergé sur Skyrock ou encore Canalblog afin d’exprimer nos avis, coups de cœur et coups de blues. Puis arriva une espèce d’ovni  : Myspace. Finis les articles pompeux, à nous le monde de la musique ! Au Portugal à ce moment là, c’est Hi5 qui

régnait pour ceux qui ont eu la chance de le croiser. Au même moment, une autre sorte de plateforme a vu le jour, les sites de ren-contres jeunes... au hasard Netlog. Qui n’a jamais pris le temps de s’y arrêter pour noter une photo entre 1 et 5 ? Très pratique, Netlog offrait déjà la possibilité de savoir qui consul-tait notre page en temps réel, ce que Face-book ne parvient toujours pas à faire. Puisque je parle de Facebook autant conti-nuer... Combien d’entre nous publient leurs photos et voire même plus radicalement leur vie là-bas ? Personnellement je fais partie des gens qui spamment les actus des autres. Facebook est presque plus malsain que les autres : il permet d’avoir des nouvelles de nos « amis » sans même que nous prenions la peine de les contacter. J’invite nos profes-seurs à se méfier de leurs élèves et vice versa car il n’y a pas de secret sur la toile. Chose importante que les gens ont tendance à oublier, si vous pouvez voir les profils des

gens n’oubliez pas que les gens, justement, peuvent aussi voir le vôtre. De toute façon Facebook, c’est totalement dépassé : Twit-ter est arrivé ! Vous avez sûrement croisé ce petit oiseau bleu, non ? En tout cas, sachez que si vous avez envie de « gazouiller » en 140 caractères espaces compris ce petit bijou est fait pour vous. Plus généralement il sert à la publication de news et de dépêches. Cela fonctionne par abonnement, on ne reçoit les publications que des gens /enseignes desquels nous sommes « followers ». Mais bon, bientôt nous n’aurons même pu l’uti-lité de tweeter car « Foursquare » (sa relève qui offre exactement les mêmes possibilités avec un autre design) est enfin arrivé dans la place. Les réseaux sociaux, en plein boom, se développent et changent sans cesse, les uns surpassant les autres. D’ailleurs ce qui évolue vite chez Facebook, ce sont les politiques de confidentialité...

Miss Étoile

SOCIABILISONS-NOUS UN PEU PLUS

4 L’iNébraNLabLe, Mai 2011, NuMéro 16ACTUALITÉ

Plus d’un élève sur dix est soumis au harcèlement. C’est ce qu’ont révélé les Assises nationales du harcèlement

à l’école les 2 et 3 mai derniers, auxquelles était présent le ministre de l’Éducation natio-nale Luc Chatel. Ces assises, organisées au-tour du rapport d’Eric Debarbieux, président de l’Observatoire international de la violence à l’école, ont été l’occasion de reconnaître l’existence d’un vrai problème trop souvent nié ou négligé, selon Luc Chatel, comme « des gamineries ». Même si le rapport se concentre plus sur l’école primaire et le col-lège puisqu’il met en avant des propositions essentiellement préventives, le phénomène touche aussi le lycée.

Mais le terme harcèlement n’englobe pas n’importe quelle violence. Violences verbales ou physiques entre élèves, ce sont des actes pouvant être jugés anodins s’ils sont considérés individuellement mais qui, répétés fréquemment et envers les mêmes personnes, souvent isolées et fragiles, peuvent avoir des conséquences mentales, scolaires et physiques graves. D’après le rapport, les élèves harcelés peuvent éprouver des difficultés de mémoire et de concentration, ainsi que des problèmes de santé, comme des évanouissements, maux de tête, de ventre, etc. L’absentéisme et la chute des résultats scolaires peuvent aussi être des indicateurs. Un élève victime de harcèlement qui n’a reçu aucun soutien ou qui n’en a parlé à personne présente quatre fois plus de risques d’essayer de se suicider qu’un autre enfant. Mais le harcèlement n’a pas que des conséquences sur la victime. « Les agresseurs sont enfermés dans l’agres-sion » affirme Eric Debarbieux dans sa pré-sentation. « C’est les libérer que les sortir de ces réflexes. »

Pourtant, « il faut faire la part des choses » explique M. Sadoul, proviseur du lycée. « À Branly, c’est calme, mais ce n’est pas pour autant que ça n’existe pas. » En effet, M. Sadoul n’a connu que deux ou trois cas en cinq ans. En tant que proviseur de la cité sco-

laire, il s’occupe du collège et du lycée et c’est plus souvent du collège qu’émane ce genre de problèmes. « Les petits ne se font pas de cadeaux » constate-t-il. « Mais ça se règle as-sez facilement ». Mme Chèze, CPE, confirme : « À Branly, c’est assez marginal. » Arrivée en 2006, elle constate une grande différence entre son ancien lycée, dans le 93, et Branly. En cinq ans, elle dit ne pas avoir connu de cas de harcèlement physique à Branly, alors que les passages à tabac étaient coutumiers dans l’autre établissement.

Mme Chèze a néanmoins eu à faire à deux cas de « harcèlement moral », bien que le terme, précise-t-elle, soit trop fort pour décrire la situation de ces élèves. Les deux élèves étaient marginalisés et donc plus sensibles aux effets de moqueries. L’un subissait des blagues sur son origine et son nom de famille, qu’il a mal vécu, selon Mme Chèze. L’autre est victime de moque-ries depuis le primaire « sur sa manière d’être, son comportement un peu différent des autres. »

Aucun des élèves meneurs ne se rendait compte des possibles effets de leurs moqueries. « Ils ne pensaient pas que ça pouvait avoir des conséquences » affirme Mme Chèze. Pourtant, chez l’une des vic-times, les suites sont réelles : démotivation, volonté de changer d’établissement, chute des résultats. Mais dans les deux cas, la réso-lution du problème se passe bien. « Les élèves qui se moquaient ont été convoqués. On leur a demandé d’arrêter. C’est ce qui s’est passé » détaille la CPE.

Mais si les moqueries se sont réglées facilement, il est plus difficile d’amener les élèves victimes à parler. « À force de les voir, ils m’ont expliqué qu’ils étaient vic-times de moqueries  » précise Mme Chèze. « On est là pour être à l’écoute de l’élève et l’aider dans ses difficultés. » Pour M. Sadoul, le pro-blème est le même : « C’est difficile de faire avouer à un gamin qui souffre. » Il rappelle d’ailleurs que le harcèlement est délictueux

et passible de conseil de discipline.

Pour faire face à ce phénomène univer-sel, Luc Chatel a annoncé lundi 2 mai des mesures à mettre en place. D’abord, il veut continuer et approfondir le travail de recherche sur le sujet, et améliorer la diffu-sion de ces informations. Dans le rapport d’Eric Debarbieux, la plus sûre façon de lutter contre le harcèlement scolaire se fait indirec-tement, en améliorant le climat scolaire. C’est pourquoi Luc Chatel intègrera la question du climat scolaire dans la lettre de mission des proviseurs. Un guide sur les jeux en ligne dangereux sera mis en ligne, ainsi qu’une campagne d’information nationale pour les enfants et les parents sur internet (base documentaire, forum, jeux...). Le ministre propose aussi de mieux former les élèves par des médiations entre pairs. « Trop longtemps on a cru qu’il suffisait d’être humain pour faire preuve d’humanité » ajoute-t-il.

Quant au rapport entre emplois supprimés et harcèlement scolaire, Luc Chatel répond : « L’enjeu ne relève pas de la question des postes. Nous avons étudié de nombreux éta-blissements étrangers avec des taux d’enca-drements plus ou moins élevés que ce qui existe en France, qui connaissent les mêmes difficultés.  » D’autres mesures, comme la mise en place d’un numéro unique pour témoigner d’un cas de harcèlement ou l’intégration de la prévention contre le « cyberbullying » (harcèlement en ligne) dans le B2i ont aussi été annoncées. Luc Chatel en appelle enfin à la responsabilisation de toute la communauté éducative, notam-ment le personnel pédagogique : « Ne pas agir lorsque que l’on sait, c’est impardon-nable. » « L’enseignant doit avoir le courage de montrer sa réprobation, de soutenir la victime. » Eric Debarbieux, auteur du rapport sur lequel s’appuient ces mesures, se dit sa-tisfait  : « il y a 20 ans on ne parlait que de mesures répressives. Maintenant, on parle de pédagogie. »

Eve Zuckerman

LE HARCÈLEMENT à L’ECOLE

5L’iNébraNLabLe, Mai 2011, NuMéro 16 ACTUALITÉ

Imaginez que vous êtes en cours, que tout a l'air absolument normal. Tout à coup, quelqu'un frappe à la porte. Votre prof va

l'ouvrir, et dès qu'il le fait, un total inconnu entre dans la salle avec un de ces énormes sacs de 6ème. « Je dois faire un discours  » vous dit-il. Votre prof essaie de savoir ce qui se passe, mais avant même qu'il puisse dire quoi que ce soit, des coups de feu enva-hissent la salle. Ces coups de feu viennent de deux pistolets automatiques qu'il venait de sortir de son sac, et ils visent vos amis. Vous vous dites que c'est sûrement un scénario de film hollywoodien ou une copie du film La journée de la jupe.C'est pourtant exactement ce qui s'est passé dans un quartier pauvre de Realengo (Rio de Janeiro – Brésil), le 6 avril dernier. Un ancien étudiant du collège « Tasso da Silveira » a pu pénétrer dans l'établissement par manque de sécurité et tirer sur qui ça lui chantait. En effet, il n'y avait aucun gardien et les camé-ras de surveillance n'étaient pas contrôlées. Pris de panique, les profs et élèves survivants ont couru pour essayer de fuir le collège, pendant que Wellington Menezes de Olivei-ra, l'assassin, répétait l'action au deuxième étage. Cependant, alors qu'il montait au troisième, il a été arrêté par le coup de feu d'un policier. Bilan : 12 élèves morts, 13 cas de coma grave et des profs, élèves, parents d'élèves, et membres de l'administration qui

seront traumatisés jusqu'à la fin de leur vie.Pour la presse, il s'agit d'une histoire de ven-geance. Selon des élèves qui étaient avec lui au collège, il était la victime. Il n'était pas particulièrement beau, marchait bizarre-ment, s'excluait et était apparemment ho-mosexuel. Cela a été confirmé par son frère, qui a ajouté que Wellington était accro aux jeux vidéo violents, tels que « Grand Theft Auto » ou « Call of Duty ».Ce n'est pas la première fois qu'un évène-ment pareil a lieu dans le monde. En 1999, il y a eu le cas très connu du lycée Columbine aux Etats-Unis : 33 morts, si on compte les suicides des assassins Eric Harris et Dylan Klebold. Plus récemment, en 2008, il s'est passé la même chose à un lycée profession-nel de Kauhajoki en Finlande : 12 morts (tou-jours en comptant le suicide de l'assassin Matti Juhani Saari). On ne pourrait citer tous les cas sans en faire un livre, mais la majorité des cas montre la même chose : les assassins étaient des « victimes » ou des gens exclus, pour une raison ou une autre.

« Cela n'est jamais arrivé en France, et on peut espérer que cela n'arrivera pas » confie M. Sa-doul, proviseur du lycée. Le système français de filtrage scolaire consiste à avoir une loge à l'entrée, dont le passage est obligatoire pour les personnes extérieures à l’établissement. D'ailleurs, elles doivent se présenter et mon-

trer une carte d'identité, « ce qu'on ne fait pas toujours », nous dit M. Sadoul. « Aussi, des surveillants sont mis en place à chaque mou-vement », tels que les récréations ou la fin des cours. « Le risque zéro n'existe pas » affirme-t-il cependant. « On peut très bien entrer en sautant une grille, ou par la force avec une mitraillette ». Quelqu'un qui pénètre dans l'établissement sans s'être identifié à la loge est en infraction, et la direction est en droit d'appeler la police pour faire évacuer l'intrus. Cela est arrivé deux ou trois fois à Branly : des élèves d’autres établissements sont entrés pour voir des amis. Heureusement, la direc-tion n'a pas eu à avoir recours à la police : les surveillants leur ont demandé de sortir et ils sont partis sans aucune difficulté. Par contre, un cas plus grave a eu lieu en 2006. Un jeune élève de Branly s’était retrouvé dans l'ancienne cour avec un énorme cou-teau à la main. D’après M. Sadoul, il n'était pas méchant, et ne voulait faire du mal à personne. D'ailleurs, personne, ni même le jeune homme, a su expliquer son action. M. Sadoul a eu ce qui est selon lui, le réflexe le plus évident : appeler la police, qui a évacué le jeune, décrit comme « dépressif ». Cela montre qu'aucun établissement n'est à l'abri de ces attaques, que ce soit un établissement privé ou public, en France ou à l'étranger, dans un pays riche ou dans un pays pauvre.

Igor Deazevedo

MASSACRES à L’ÉCOLE

L’Inébranlable. Journal des élèves du lycée Édouard Branly, Nogent-sur-Marne.Seizième numéro. Mai 2011. Distribué gratuitement. 500 exemplaires.Site internet : http://inebranlablebranly.free.fr/ - Adresse électronique : [email protected] - Adresse postale : 14, rue de la République. 94360 Bry-sur-Marne. Directeur de publication : Mathias Mora. Rédactrice en chef : Eve Zuckerman. Directeur des relations externes : Cantien Collinet.Trésorier : Jules Bouté. Correcteur : Mathias Mora. Maquettiste : Cantien Collinet.Ont participé à ce numéro : Dolly Alberto, Solène Baron, Merlin Barthélémy, Élodie Briffard, Cantien Collinet, Igor DeAzevedo, Oliver Giggins, Mathias Mora, Chloé Moukourika, Cindy Quagliaroli, Sophie Ren, Camille Schott, Gabrielle Vogelpoel, Eve Zuckerman.Illustrations et images de Sophie Ren, HugoToutSeul, Sodacan (et Asahi Shimbun Newspaper), Patricia Boyer de Latour et W.Rebel.Remerciements à M. le proviseur et à son secrétaire, ainsi qu’aux professeurs qui ont participé malgré eux à l’article sur leurs perles. Tout notre soutien à Mme Pereira.Merci aux lycéens qui ont répondu au sondage de l’article sur Bonobos.

Le bac approchant , Yoann Demtchouk actuellement élève en 3ème année de licence maths mention "mathématiques fondamentales et appliquées", vous propose comme vous vous en doutez des cours de maths ! Alors les S, besoin d'un coup de main ?Pour le joindre rien de plus simple, utilisez facebook. Autrement envoyez-nous un message et je vous communiquerai son numéro de téléphone.

Miss Étoile

petite aNNoNce

6 L’iNébraNLabLe, Mai 2011, NuMéro 16INTERVIEW DU MOIS

L’Inébranlable : Le terme "comique" ne semble pas tout à faire approprié. Comment décrirais-tu ce que tu fais sur hugotoutseul.wordpress.com ?Hugo. On peut m'appeler "comique", "blog-ger", "vlogger", ça me passe un peu au des-sus. Peu importe la dénomination, je fais des vidéos drôles avec ma tête dedans. Je partage aussi des playlists, des vidéos bonus, j'essaie de donner un contenu diversifié.

Pourquoi le fais-tu ? Par passion et pour manger aussi vu qu'au-jourd'hui c'est devenu mon métier.

Comment trouves-tu tes idées de vidéo ? Les thèmes d'Hugo Tout Seul aujourd'hui, c'est des imbécillités quotidiennes. J'ai toujours mon

carnet sur moi, dès que l'inspiration vient, hop !

Comment es-tu parvenu à faire parler de toi et obtenir autant de fans ?J'ai commencé en 2008 avec Norman (nor-manfaitdesvideos.com). Nous avions formé un duo, Le Velcrou (on peut toujours voir nos vidéos sur www.levelcrou.com). Nous avons fait plus d'une centaine de vidéos ensemble, on connaissait un petit succès mais vrai-ment rien de comparable à aujourd'hui. Ça a vraiment explosé tout d'un coup. Facebook aide beaucoup, c'est le bouche à oreille 2.0, après, on ne peut pas tout contrôler, les gens aiment, ça marche. :)

Pourquoi ce succès, d’après toi ?Le côté "stand-up filmé" marche bien. Je

crois aussi que notre génération n'a pas les mêmes codes, les mêmes références que la plupart des comiques d'aujourd'hui. J'ima-gine que certains jeunes doivent plus se re-trouver dans mes vidéos que dans des trucs genre "On ne demande qu'à en rire".

Quels sont tes projets d’avenir ?Aujourd'hui, je vis de la vidéo. Plein de choses m'intéressent, la scène, le cinéma. Internet n'est pas qu'un tremplin cependant, je ne lâcherais jamais ce côté de moi. Et puis on n’y est pas encore ! :)

Enfin, qu’aimerais-tu ajouter pour nos lecteurs ?Amour !

Propos recueillis par Eve Zuckerman

INTERVIEW EXCLUSIVE DEHUGO TOUT SEUL

Depuis quelques années déjà fleurissent sur le web des vidéos de jeunes comiques, mélange de stand up et de petits montages. Souvent filmées dans leur chambre, les vidéos portent sur la vie de tous les jours, comme le stress des examens ou le shopping. Ces nouveaux talents, proches de la vingtaine, rencontrent parfois un succès impressionnant, confirmés par des passages à la télé. Trois sites se détachent du lot : nor-manfaitdesvideos.com, cyprien.fr, et hugotoutseul.wordpress.com. Norman Thavaud par exemple, du site normanfaitdesvideos.com, compte plus de 205 000 fans sur sa page Facebook et Cyprien Iov anime le 12 Infos, sur NRJ 12. Hugo Dessioux, alias Hugo Tout Seul, nous donne sa vision du phénomène.

7L’iNébraNLabLe, Mai 2011, NuMéro 16 ADOLESCENCE

« Tu me fais chier.– Ne me parle pas comme ça je suis ta mère, pas ta copine ! – J’ai le droit de dire ce que je veux, laisse-moi tranquille ! »

Ô doux son de la rébellion, ô paroles si belles aux oreilles des parents qui ne comprennent pas pourquoi leur petite

fille, qui écoutait encore Henri Dès en boucle il n’y a pas si longtemps, se met soudain du noir sur les yeux et des habits qui ne sont plus d’un rose innocent. L’adolescence est un moment important dans la vie, mais elle rime trop souvent avec « déprime », « dépression » ou encore « suicide » à cause des médias ou encore des associations des parents qui postent sur Internet tous leurs problèmes d’ordre familiaux. Or l’adoles-cence c’est avant tout un changement d’état.L’adolescence, c’est la transformation d’une chenille en un superbe (ou pas) papillon. Elle commence à 12 ans environ, mais elle peut se déclencher au plus tard à 17 ans. C’est l’âge où l’on voit son corps se métamorpho-ser, changer, prendre une tournure qui ne nous plaît pas forcément : des adolescentes sont insatisfaites de leur corps. Cette insatis-faction est tout à fait naturelle pour le méde-cin Patrick Alvin, spécialiste de l’adolescence, qui l’explique dans son livre Médecine de

l’adolescence : « Au moment de l'adolescence, l'individu a avec son corps un rapport qui restera unique dans sa vie, d'autant qu'il ne renvoie à aucune expérience antérieure. » Le physique des garçons change également et il est tout aussi troublant que celui des filles. Elles qui autrefois étaient plus grandes d’une tête, se sont senties rassurées et à la fois troublées de la « métamorphose » de la gent masculine. Certains garçons deviennent des « bourreaux des cœurs » avec le temps, eux qui étaient autrefois des « rejetés du bac à sable ». Oui, les enfants sont cruels.Les filles ont le choix, enfin non pas vrai-ment. Elles peuvent soit devenir de parfaits mannequins, déesses à la taille fine et élan-cée, blondes ou brunes au regard de braise, lèvres pulpeuse et décolleté P-I-G-E-O-N-N-A-N-T, pour mettre tous ces atouts en avant. Mais les demoiselles peuvent également ne pas être satisfaites de leur « nouvelle appa-rence », et les questions fusent dans la tête des filles qui se sentent mal dans leur peau. Finalement, à trop stigmatiser l’attitude né-gative de l’adolescent face à son corps, on ris-querait de la fixer : mieux vaut renvoyer une image positive de lui-même à un individu encore à la recherche de sa véritable identité.Mais le pire, physiquement parlant, LE PIRE (musique de fond dramatique), qui n’est heureusement pas commun à tous les ados et qui ne dure qu’un temps, c’est l’acné. « Oh quel inesthétisme » diraient certain(e)s gar-çons/filles uniquement attiré(e)s par tout ce qui est visuel. Or l’habit ne fait pas le moine, et sous ces (euh) « cratères », il y a une per-sonne comme tout le monde, alors s’accorder sur des détails aussi insignifiants ferait de vous une personne aussi stupide que cruelle. Après tout ce qui est « transformations phy-siques », voyons tout ce qui se passe dans nos caboches d’adolescents. Oui, oh, ah. Très in-téressant. Expliquons d’abord : quand on est enfant, on s’inspire de ses parents, même si on a nos propres idéaux, nous nous sommes inspirés de leurs musiques, de leurs goûts, de leur façon de parler. Être adulte c’est savoir qui on est vraiment, ce qu’on aime, et affir-mer ses points de vue en toute liberté. Mais

on ne passe pas directement de la case « départ » à la case « arrivée » : le chemin est long, comme au Monopoly par exemple ! On peut jeter le dé, tomber sur une case, tirer une carte chance et avancer de deux cases, si l’on rencontre de bon(nes)s ami(e)s avec qui on peut déconner. On peut continuer sa progression, si on a des discussions avec ses parents sur l’adolescence ou si au contraire, on s’éloigne d’eux. Tout dépend de nous. Mais on finit toujours par arriver, qu’on soit en retard ou à l’heure.Alors pourquoi parle-t-on de « crise » ? Même si 93,5 % des adolescents s’en sortent grandis et plus forts, selon l’INSERM, certains régressent. Ils tombent dans une dépression qui peut devenir dangereuse pour eux. Ils se posent des questions sur leur nature, ce qu’ils font ici, et ces personnes peuvent tomber dans la drogue et d’autres peuvent attenter à leurs jours. Avec 1 000 décès par an, le suicide est, derrière les accidents de la route, la seconde cause de mortalité chez les adolescents. Selon une étude de l’INSERM, 8% des filles et 5% des garçons font une ten-tative de suicide à l’adolescence. On compte environ un décès pour 80 tentatives. Mais le plus important dans cette phase, c’est d’en parler, à des amis, à ses parents, à une per-sonne digne de confiance. Et surtout ne pas se refermer sur lui-même. On devient plus fort si on accepte ses faiblesses. Mais l’adolescence, ce n’est pas quelque chose de mauvais, c’est un pas en avant, c’est surtout des bons fou rires en pleine classe, des sorties entre potes, l’éveil amoureux, des envies « d’adultes ». Bref c’est une découverte à plusieurs de ce qu’est la vie d’adulte. C’est excitant de se retrouver face à soi-même, et de se découvrir, de devenir maître de sa vie.Alors la « crise » d’adolescence est un terme bien péjoratif pour décrire le changement de comportement d’un « enfant ». Car une fois ce changement effectué, cela ne pourra que nous aider à comprendre les générations fu-tures ; et nous aider dans notre vie d’adulte.

Blanche L’INSERM (Institut national de la santé et de la recherche médicale) est un organisme public dédié à la recherche médicale.

UNE CRISE, L’ADOLESCENCE ?

8 L’iNébraNLabLe, Mai 2011, NuMéro 16

À l’entrée au lycée, certains élèves savent déjà quelle orientation ils souhaitent. Les passionnés de littérature, de langues

et d’art se tournent généralement vers la filière littéraire comme l’explique Mélanie, élève de seconde qui envisage une école d’art et qui s’est toujours sentie attirée par la L. Quant à ceux qui préfèrent les maths et les sciences, les portes de la S leur sont ouvertes. Enfin, pour les élèves moins marqués, à l’aise dans toutes les matières, la première ES semble être une valeur sûre. Pourtant il serait trop facile de s’arrêter à ces étiquettes et certains ados n’ont qu’une vague idée de leur avenir au lycée. Les a priori sur chacune des filières sont nombreux et leurs envies peuvent parfois même passer après celles de leurs parents.

« Le choix a été très rapide pour moi, mes parents voulaient la S, j’ai travaillé dur toute l’année pour réussir. Je suis sûr d’y entrer l’an prochain, » témoigne Mathieu, un élève de se-conde, manifestement sous la pression de ses parents. Et oui, il en existe encore qui suivent le

diktat scientifique à la lettre. Convaincus qu’il vaut toujours mieux sortir du lycée un bac S en poche et qu’il ouvre plus de portes. Il faut bien avouer que ces derniers mêmes considèrent comme inférieures les filières L et ES, filières fortement abandonnées depuis des années. Cela se ressent dans de nombreux lycées en France, notamment à Branly, où il y a quatre classes de S en première aux effectifs plutôt chargés, trois de ES et seulement deux de L. Certains professeurs de Branly ont aussi ten-té sans succès de convaincre quelques bons élèves en maths de passer en S, comme té-moigne Léa, élève de première qui a persisté dans son choix et qui est actuellement en ES : « Mon prof de maths m’en parlait souvent et essayait de me convaincre de choisir le bac scientifique. Il a échoué ! »Pour le cas de la L, ce phénomène de déser-tion s’explique par le fort taux d’élèves qui n’avaient pas choisi cette filière en début d’année de seconde et qui se sont vus for-cer de choisir pour éviter le redoublement. Exemple avec Igor, pas vraiment doué pour les

maths, qui n’a pas apprécié la nouvelle option obligatoire SES cette année et qui demande la L : « mes parents ne sont ni pour, ni contre du moment que je passe en 1ère générale ! »« La filière L, que je choisis pour l’an pro-chain, est trop dévalorisée ! » confie Manon. « La majorité des personnes choisissent S ou ES, et c’est dommage. »Rassurons-nous tout de même, tous les pa-rents ne sont pas obsédés par la voie scienti-fique. Yona a choisi la filière ES, avec le sou-tien de sa famille : « mes parents m’aident beaucoup et ne veulent que ma réussite, peu importe la filière. »Timothé, comme 16 autres élèves de sa classe de seconde a choisi l’option L, une envie de longue date, bientôt assouvie.Quel que soit le choix final, le plus important est d’écouter ses envies, de tenir compte de ses goûts et d’oublier un peu les préjugés parentaux ! Vous n’êtes qu’un des seuls futurs L de votre classe ? Peu importe. Cultiver sa différence, n’est-ce pas le plus important ?

Chloé Moukourika

QUELLE fILIÈRE CHOISIR ?OPINION

Je fais partie de ceux qui comptent le nombre d'années qu’il leur reste à écouler à l'école depuis le primaire. Je pense qu'on

est nombreux dans ce cas, la preuve : l'Éduca-tion nationale compte à rebours. Le numéro de notre classe ne nous dit pas ce que nous avons accompli mais combien d'années il nous reste : 4, 3, 2, 1, terminale !Mais une fois arrivée à la fin (j’espère que c'est bien la fin, croisons les doigts !), c'est tout de même un grand changement. On n'aura plus les mêmes habitudes, plus les mêmes locaux, plus les mêmes fréquenta-tions, parfois même plus la même langue puisque certains partent à l'étranger. L'équipe de L’Inébranlable change aussi. La première génération est maintenant trop dé-crépite pour continuer (ils ont presque tous la majorité) et à partir de l'année prochaine, d'autres personnes se chargeront de vous transmettre les sudokus que vous aimez tant et les articles qui remplissent les pages où il

n'y a pas de sudokus (vous savez, au début). On ne peut pas s’empêcher, ou je ne peux pas m’empêcher, d’être sujet à des bouffées d’appréhension qui me laissent, balbutiant faiblement, dans les bras de la peluche qui a caractérisé mon enfance. Il y a le bac et puis, après lui, il y a... le futur. Perdu le réconfort de savoir qu'une nouvelle entrée nous attend ! Perdue la classe avec des gens que l'on connait depuis longtemps ! Perdue la garan-tie qu'au moins cinquante pour cent de nos futurs profs nous feront maugréer ! Tout cela nous le savions dès juin chaque année depuis la sixième, mais maintenant tout change.Certains disent que la période avant la majo-rité est source de nos plus beaux souvenirs. J'espère qu'ils ont tort : je serais vraiment dégoûté de découvrir que j'ai presque fini ma vie avec plus de cinq décennies encore devant moi. Surtout que, franchement, je ne peux pas dire que chaque cours ait été une partie de plaisir. Pour le reste, c'est une autre

fIN DE PARTIE histoire. En dehors des cours, on a beaucoup appris (dans des domaines variés), on a fait plein de choses, pas toutes très glorieuses. On a passé de très bons moments et, de temps en temps, on a même ouvert un cahier.Ç’aura été mémorable, parfois pour de mau-vaises raisons mais, grâce à certaines personnes, même les pires moments ont été supportables. Et c’est là que je me rends compte que je deviens nostalgique des cours. Ça c’est triste. Mais il est important de se souvenir d’une chose quand les émotions menacent. Nous sommes tristes de quitter ce que nous sommes heureux d’avoir eu, et rien ne témoigne mieux du bonheur passé que la tristesse face à sa perte.Donc essuyons nos larmes (imaginaires et fausses). Nous sommes sur le seuil d’une nou-velle aventure, pour laquelle nous allons devoir apprendre à marcher seuls de nouveau. Alors le-vons la tête vers le ciel, défions notre appréhen-sion et notre nostalgie de lâche, et marchons. De préférence avec un «Areuh» guerrier et puissant.

Twisted

9L’iNébraNLabLe, Mai 2011, NuMéro 16 ARTS

Les « Insuccès photographiques » sont au nombre de ses premiers travaux : le réel devient alors abstraction, les êtres sont des

formes bleutées et indistinctes, la transparence des supports laisse filtrer la lumière ; des taches colorées se forment sur le mur sur lequel l’artiste a épinglé des papillons. Trop esthétique pour nombre de ses confrères qui ne voulaient pas faire « du beau », au sens commun du terme. Délais-sant la délicatesse, Othoniel travaille ensuite le soufre, sculptant bouches, doigts, mains, yeux dans cette surprenante matière jaune vif, qui agresse et attire le regard. Loin de se contenter d’une démarche esthétique, Othoniel s’oppose à la figure « virile » de l’artiste, notamment en s’appropriant la technique de la broderie, « féminine » par excellence.Mais c’est le travail de la matière qui le passionne véritablement ; lors d’une excursion sur l’île volca-nique de Stromboli, il découvre le noir profond et fascinant de l’obsidienne, verre opaque issu d’une lave acide. En association avec des chercheurs industriels, il parvient à recréer artificiellement ce matériau : commence une nouvelle page de son œuvre où le verre règne sans rival.Après l’obscure opacité de l’obsidienne, Othoniel se tourne vers les couleurs flamboyantes, l’éclat cristallin du verre de Murano : le merveilleux s’invite alors. Partout des guirlandes translu-cides, chatoyantes, délicates et précieuses. Des colliers de perles monumentaux, des parures et des pendentifs mais aussi des vases peuplés de billes colorées, un lit de Belle au bois dormant. Et surtout un Bateau de larmes, barque émouvante, usée, surmontée d’une tonnelle de perles qui la sublime. L’artiste s’est fixé pour but de « réen-chanter le quotidien ». Ce qu’il a parfaitement réussi en créant le Kiosque des noctambules pour la bouche de métro Palais- Royal.

Solène Baron

OTHONIEL RÉENCHANTELE MONDEC’est dans un univers de conte de fées que le Centre Pompidou nous propose de faire escale. D’ailleurs, Othoniel a accepté d’aménager la Galerie des enfants. Né en 1964, il débute sa carrière artistique en 1986 et obtient deux ans plus tard son diplôme de l’Ecole nationale supérieure d’arts de Paris. Il gagne en célébrité en redécorant la bouche de métro Palais-Royal. Mais cette rétrospective de son œuvre s’ouvre cependant sur un tout autre genre de réalisations.

10 L’iNébraNLabLe, Mai 2011, NuMéro 16CINÉMA & NATURE

LA BIODIVERSITÉ EN DANGER« Bonobos » / 1h30. France. De Laurent Tixier. Avec. Claudine André. Voix de Sandrine Bonnaire, Emmanuel Curtil et Fanny Mehl.

Ce film est un documentaire sur les bo-nobos, des singes qui ne vivent qu’en République démocratique du Congo.

Ils sont très fortement menacés : les adultes sont chassés et tués pour leur viande et les petits sont vendus comme animaux de compagnie dans les marchés ou les rues. Pour lutter contre la disparition des bono-bos, Claudine André a créé un centre pour accueillir les orphelins, Lola Ya Bonobo (« le paradis des bonobos » en lingala), qui est aussi une manière, dit-elle, de renforcer la loi régulant le trafic de bonobos. Pendant la durée de ce documentaire, nous suivons le parcours de Béni, un singe orphelin. Il est vendu comme animal de compagnie,

mais est sauvé et confié à une « mère de substitution » humaine qui s’occupe de lui, comme c’est toujours le cas avec les jeunes bonobos accueillis au sanctuaire. On voit grandir Béni, et l’on se rend compte à quel point les bonobos sont proches des humains, leurs plus proches cousins. Ils ont presque le même comportement que les enfants : ils jouent ensemble et demandent de l’affection de façon très attendrissante. On découvre une information stupéfiante sur l’intelligence des bonobos : il semblerait que, jusqu’à l’âge des cinq ans, les bonobos soient plus intelligents que les humains (après quoi les enfants vont à l’école, ce qui développe leur cerveau).

Ce film m’a conduite à me rendre compte de la situation précaire de nombreuses espèces d’animaux. On me l’a souvent dit : nous sommes la nouvelle génération, nous devons assurer la pérennité des ressources, aider les animaux en voie de disparition…la liste est longue. Que pensons-nous réellement de ces initiatives ? Si le problème s’aggravait, serions-nous en mesure d’aider la planète? Très préoccupée par cette question, dont la réponse me semble extrêmement importante pour notre futur, j’ai demandé leur avis sur la situation à quelques lycéens de Branly.

Les avis des Branlyiens

Quand on leur demande s'ils se sen-tent concernés par la disparition des espèces, 68% répondent qu'ils sont

presque obligés de l'être parce que la situa-tion est telle qu'elle est par notre faute. Cer-tains sont outrés par l'attitude de beaucoup d'hommes : « on est la seule espèce à détruire notre propre habitat ! » s'exclame Margot Villeneuve. 44% des personnes interrogées envisagent, un jour, de militer pour ou ver-ser de l'argent à des associations qui aident la planète et les espèces en danger. Malheu-reusement, on est souvent découragés par l'impression qu’on n’a pas assez de moyens pour agir. Pour Julie Sébrier, les actions que nous pourrions accomplir tous les jours (pour économiser l'eau et l'électricité), « aident un peu, mais il faudrait que tout le monde agisse pour que ces actions aient un véritable impact sur la réduction de la biodiversité. » Certains envisageraient peut-être de militer pour une des associations qui essaient de rétablir la

situation, et disent « si j’étais riche, bien sûr, je leur donnerai beaucoup d’argent ! » On se sent inférieurs aux adultes, parce qu’on se dit  : « si eux ne trouvent pas de solutions, alors comment est-ce que moi, en tant que simple lycéen, je vais pouvoir en trouver ? » Un autre problème à soulever est le manque d’information : « on n’entend pas beaucoup parler de la biodiversité dans les médias » affirme Eva-Jun Navarrete. « Bien sûr, il y a des émissions spéciales quand il s’est passé quelque chose de grave. Il faudrait trouver le juste milieu pour la quantité d’informations : il ne faudrait pas en parler tous les jours, parce qu’à force, on ne fait plus vraiment attention à ce qu’on entend, on devient vite indifférent. » Cela est très relatif, puisque Marion Que-not pense « en entendre tout le temps parler ! ». « Il faudrait sensibiliser les gens par les médias, mais ils doivent se rendent compte de l’urgence de la situation par eux-mêmes. Il faut qu’on les fasse comprendre qu’on nous montre la vérité ». Pour Élodie Briffard, le pro-

blème est autre: « souvent, quand on entend parler de l'environnement à la télévision, ce n'est pas vraiment intéressant puisque les pré-sentateurs ne sont pas intéressés eux-mêmes par le sujet dont ils parlent ». Sophie Ren, elle, considère les médias comme responsable d’un consumérisme en contradiction avec la sauvegarde de l’environnement : « la société est sans cesse influencée par les médias, on nous pousse à consommer toujours plus. » Igor DeAzevedo, quant à lui, estime qu’il y a une trop grande exagération de la part des associations et des médias : « la forêt amazo-nienne est détruite par les hommes, il est vrai que cela est grave, mais je ne pense pas qu’il faille en faire un scandale comme celui qui est fait actuellement. » Comme le dit Oliver Giggins, « c’est un sujet épineux à cause de toutes les polémiques qui l’entourent. Ceux qui parlent bien parlent trop, ceux qui parlent mal aggravent les choses, et ceux qui ne parlent pas se lassent du sujet. »

11L’iNébraNLabLe, Mai 2011, NuMéro 16 CINÉMA & NATURE

Le gouvernement : engagé ?Pour ceux qui estiment qu’il n’y a pas assez d’informations sur les problèmes tels que le réchauffement climatique, la disparition de nombreux espèces d’animaux et de plantes, cela reflèterait l’attitude du gouvernement : « on a l’impression qu’il ne s’en soucie pas » dit Hannah Coulthard. « Le gouvernement a essayé de prendre des mesures, comme la taxe carbone, qui limite les effets des gaz à effets de serre, surtout pour les grandes entreprises. Le problème est qu’elles ont refusé de payer, donc la loi n’est toujours pas passée. Les mesures prises par le gouvernement ne sont pas très médiatisées, donc on a vraiment l’impression que le fait d’améliorer la situation n’est pas une priorité. La plupart des actions en sont toujours au stade de projet, ou d’idée : il n’y a pas encore d’actions concrètes qui sont prises.  » Selon Alice Allouche, « le gouver-nement prend des mesures, qui n’ont pas de conséquences directes sur l’environnement, ils pourraient par exemple créer des réserves naturelles. » Comme le dit ironiquement Sophie Ren, « le gouvernement se sent telle-ment concerné par la disparition de la biodi-versité qu’il a expulsé les Roms qui avaient osé marcher sur la pelouse ! » Pour Lucas Obadia, cela n’est pas vrai : « le gouvernement a par exemple créé le crédit d’impôt pour les pan-neaux solaires (la réduction des impôts sur le revenu de l’année en cours) ». Marion Quenot est du même avis, puisqu’elle pense que « le gouvernement adopte une bonne attitude par rapport à la préservation de la biodiversité : le ministère de l’écologie a fait un classement des appareils électroménagers selon leur consom-mation électrique. »

L’exemple allemandEn Allemagne, l’attitude du gouvernement est très différente : il a créé une année de volontariat écologique pour les jeunes de 16 à 27 ans. Elle mélange un engagement actif pour l’environnement et une sensibilisation à la situation. Cela permet à beaucoup de personnes de se rendre compte à quel point il est important d’agir. Malheureusement, le gouvernement français et les autres gou-vernements des pays du Nord ne sont pas les seuls à négliger ce problème de société,

puisque les pays du Sud cherchent d’abord à se développer avant de se soucier des consé-quences drastiques sur l’environnement. Il faudrait donc un engagement collectif pour améliorer l’état de la planète et de la biodi-versité en général.

Les associations...On manque d’informations, mais il est vrai qu’on pourrait facilement en trouver, sur internet, par exemple. On a peur de retrou-ver toujours le même discours moralisateur et pessimiste puisqu’ « il y a une exagération des informations pour choquer et obtenir une réaction » selon Sophie Ren. « Certaines associations sont trop radicales dans leurs actions  » dit Hannah Coulthard. « Elles sont soit trop pessimistes, soit trop optimistes (elles pensent pouvoir accomplir des choses déme-surées). Il y a des gens qui voudraient nous faire croire que tout est de notre faute. C’est la mauvaise approche, car on prend peur ou on se sent coupables, ce qui bien sûr nous décou-rage. On pense qu’on va toujours nous faire des reproches, jamais nous encourager, ce qui est nécessaire pour qu’un projet marche.  » Pour Timothé Ouldamar, « l’environnement est en danger, mais depuis une dizaine d’an-nées, les actions pour le préserver sont de plus en plus nombreuses, les gens sont de plus en plus avertis. »

... une communication aggressive ?Un autre facteur qui peut rendre indifférent est la pratique utilisée pour choquer les per-sonnes. Assez souvent, on peut voir des pho-tos d’habitats naturels ravagés par l’homme, des baleines échouées sur la plage, etc. Encore une fois, les points de vue divergent à propos de cette méthode. Pour Marion Quenot, elle est « décrédibilisante et stupide. Il suffirait de dire aux gens que la graisse de baleine sert à faire des cosmétiques, au lieu de montrer une baleine éventrée ! Je pense qu’on n’a pas besoin de faire ça ! » Hélène Bouez est du même avis, puisqu’elle pense qu’on nous montre « seulement des situations extrêmes, ce qui n’est pas très utile puisqu’on oublie vite. On nous montre des animaux morts à cause de nous, on est tristes, mais on ne sait pas quoi faire du tout ! Il faudrait qu’on nous dise

comment on peut faire une différence. » Lucas Obadia, lui n’est pas d’accord : « il faut mon-trer à tout le monde ce que les hommes ont fait à la Terre, il faut choquer en montrant ce qui n’est, après tout, que la réalité... ». Hannah Coulthard ajoute que la portée de ces photos est limitée, puisqu’ « on ne sait pas comment chaque personne va réagir. Beaucoup de per-sonnes estiment que la plupart des scénarios catastrophe ne se réaliseront pas, ou alors dans un futur très lointain. »

Les gestes de chacun32% des personnes interrogées ne se sou-cient pas de la biodiversité. Certains, comme Isadora Tarricone préfèreraient, s’ils avaient assez de moyens, en verser pour des causes telles que la lutte contre la famine ou la pau-vreté dans le monde. Marion Quenot estime qu’il y a beaucoup trop de médiatisation autour de la destruction des habitats natu-rels et de la disparition des espèces vivantes : « on entend souvent que c’est de la faute de l’humanité entière que la situation est comme cela maintenant. Personnellement, j’écono-mise l’eau, j’utilise du papier recyclé et ce n’est pas moi qui détruis la forêt amazonienne, par exemple. Je ne me sens pas vraiment concernée, parce que je trouve que la façon dont j’agis est suffisante pour remédier au problème. » Alice Allouche n’est pas d’accord avec cette façon de penser : « il y a toujours des choses qu’on peut faire en plus de ce que l’on fait déjà, ça ne suffit pas de faire de petits gestes de temps en temps, il ne faut pas se dire qu’on en fait assez ! » Même si la situation actuelle est critique (les espèces d’animaux et de plantes disparaissent plus de mille fois plus vite que le rythme naturel), il reste des personnes convaincues qu’il faut agir le plus vite possible. Il y a beaucoup de bénévoles dont les actions et la motivation constituent une source d’inspiration (par exemple, il y a des personnes qui ont entrepris d’enlever les déchets de l’océan Atlantique, extrêmement pollué). Comme le rappelle Caroline Nar-bonne « il ne faut pas désespérer, si nous arri-vons à faire chacun quelques petites choses au quotidien, cela peut faire énormément de différence ! »

Gabrielle Vogelpoel

12 L’iNébraNLabLe, Mai 2011, NuMéro 16

Le déroulement des événements

Tout débute à 150 kilomètres des côtes de Sendai, au nord-est du pays, lorsque deux plaques tectoniques se déplacent

et provoquent un séisme d’une extrême violence ressenti de Pékin à Kyoto. « Les im-meubles bougeaient de gauche à droite » té-moigne un homme dans un quotidien. « J’ai cru mourir » témoigne une autre femme. Les autorités doivent faire évacuer les bâtiments. Les transports en commun ainsi que tout moyen de communication sont alors immé-diatement interrompus. Ce séisme suivi de nombreuses répliques (plus de 400 depuis le 11 mars) a provoqué de nombreux incendies, notamment dans les centrales nucléaires. La côte de Sendai est alors la première frappée par un tsunami de 10 mètres qui emporte tout sur son passage (maison, automobiles, infrastructures...) laissant la population livrée à elle-même. Puis d’autres vagues de moindre intensité ont suivi, comme celle qui a ravagé la préfecture d’Iwate. D’autres côtes

sont également frappées par ces tsunamis, telles que celles de Chiba (qui se trouvent au sud de Tokyo). Suite à ces tsunamis, c’est tout le pacifique qui entre en alerte de la Califor-nie en passant par le Chili, le Mexique, l’Indo-nésie et Hawaï. Les victimesIl y aurait selon le rapport provisoire de l’agence de police japonaise datant du 19 avril 2011 14001 morts et 13660 personnes portées disparues. Le plus grand nombre de victimes jusqu’à présent est à déplorer dans la province de Miyagi où 7571 personnes auraient trouvé la mort selon un rapport pré-cédemment publié. D’après ce même rap-port, les victimes sont au nombre de 3643 dans la province d’Iwate et 1139 dans celle de Fukushima. Selon l’agence nationale de la police, 92% des victimes seraient décédées de noyade et les 2/3 des victimes étaient âgées de plus de 60 ans. On estime que 81% des dépouilles des victimes ont pu être ren-

dues à leur famille. Maigre réconfort... Et l’on pourrait encore dénombrer bien plus de victimes, car de nombreuses personnes dis-parues n’ayant plus de famille pourraient ne pas avoir encore été signalées. Les secours Suite à la catastrophe, le Japon a déployé 100 000 soldats et de nombreux pompiers. A cela s’ajoute l’aide internationale, c’est-à-dire des secouristes chinois et européens avec des chiens spécialement entraînés. Les Amé-ricains quant à eux ont mis à la disposition des Japonais un porte-avion et dépêché 144 secouristes de leur agence pour le dévelop-pement (USAID), une équipe qui comprend 12 chiens capables de détecter des victimes prises au piège sous les décombres. Elle a participé aux opérations aux côtés des 62 équipes de docteurs et autres membres du personnel soignant déployées par la Croix-Rouge et des dizaines d’autres envoyées par des pays comme l’Australie, la Corée du Sud, la Suisse et le Royaume-Uni. La France pour sa part a dépêché deux détachements de sa sécurité civile. Les dégâtsLa vague de 10 mètres de haut a pénétré les terres sur plus de cinq kilomètres détruisant tout sur son passage. Ce raz-de-marée a fait chavirer des dizaines de bateaux, de nombreuses maisons ont été déterrées et emportées par des torrents de boue, ainsi que des centaines de voitures. Des trains ont déraillé ou ont longtemps disparus. L’eau est arrivée jusqu'à l’aéroport de Sendai, inondant totalement les pistes et obligeant les voyageurs et le personnel de l’aéroport à se réfugier sur le toit. Trois provinces ont été particulièrement touchées : Miyagi (qui se composait de 13 villes et dont la capitale, Sendai a été la plus durement touchée), Iwate et Fukushima.

JAPON : DEUX MOIS APRÈSLe vendredi 11 mars, à 14h46 heure locale, un séisme suivi d’un tsunami ont dévasté les côtes japonaises. Le séisme de magnitude 8,9 sur l’échelle de Richter (suivi d’une réplique de 7,4) est le plus violent que le Japon ait connu.

ACTUALITÉ

13L’iNébraNLabLe, Mai 2011, NuMéro 16

Du séisme à la catastrophe nucléaireComme si le sort s’acharnait sur le Japon, la province de Fukushima déjà plus qu’affectée par cet épisode a dû faire face à une nouvelle menace, nucléaire cette fois-ci. En effet, à la suite du séisme, les réacteurs 1, 2 et 3 de la centrale nucléaire de Fukushima ce sont automatiquement arrêtés. Les systèmes de refroidissement et les divers systèmes de se-cours qui auraient normalement dû prendre le relais avaient été endommagés par le tsunami et n’ont pas fonctionné. La réfrigé-ration des réacteurs n’étant plus effectuée, le niveau d’eau dans la cuve du réacteur a baissé jusqu'à découvrir une partie du com-bustible. C’est ce qui a provoqué, le 12 mars 2011, l’explosion de la structure supérieure du réacteur 1, entraînant l’effondrement du toit. Les réacteurs 2 et 4 ont ensuite eux aussi explosé le 15 mars. Les autorités japonaises ont ordonné l’évacuation du personnel de la centrale en raison de la hausse dangereuse du niveau de radioactivité sur le site. En dé-sespoir de cause, les autorités japonaises ont déversé de l'eau par voie aérienne (au moyen d'hélicoptères bombardiers d'eau) sur les réacteurs les plus menaçants. Mais le taux de radioactivité était trop élevé pour que les hélicoptères puissent déverser l’eau, donc elles ont envoyé 50 pompiers avec pour seule mission de refroidir les réacteurs. Il nous faut cependant remarquer le courage dont ont fait preuve ces volontaires qui ont, en étant conscient des risques, hypothéqué leur vie en espérant que leur sacrifice permettrait de sauver leur pays. Le 11 avril, l’incident surve-nu à la centrale de Fukushima a été classé au même titre que celui de Tchernobyl, c'est-à-dire au niveau le plus élevé de l’échelle inter-nationale des incidents nucléaires (niveau 7).

Bilan économiqueÀ ce jour on évoque un coût économique de 180 à 200 milliards de dollars. Outre les localités détruites, il faudra reconstruire les infrastructures de production industrielle et les réseaux de transport, dont les destruc-tions partielles ont aussi des conséquences sur l'économie mondiale, notamment dans le secteur des technologies et de l'automo-bile. La plupart des économistes jugent à présent que la production japonaise devrait repartir à la baisse en ce deuxième trimestre 2011. Une récession qui pourrait bien se pro-longer... Aide humanitaireÀ l’heure actuelle, la Croix-Rouge du Japon a déjà mobilisé près de 300 équipes de réponse aux urgences et d'autres rassem-

blant  médecins, infirmiers et auxiliaires qui sont actuellement en opération afin d'assis-ter les rescapés de la catastrophe. Le secré-taire général des Nations-Unies Ban Ki-moon avait indiqué au moment de la catastrophe : « le Japon est l'un des contributeurs les plus généreux, venant en aide à ceux qui en ont besoin à travers le monde. Dans cet esprit, les Nations-Unies se tiennent au côté du peuple japonais. Nous ferons tout ce que nous pour-rons en ce moment très difficile ». « Nous allons parler avec le bureau de coordination humanitaire et nous ferons tout pour mobili-ser l'assistance humanitaire » avait-il ajouté.

Un mois et demi après la catastrophe, la population est toujours en état de choc. C’est pourtant grâce au calme dont tous firent preuve en suivant les mesures de sécurité à la lettre lors du séisme qu’on ne dénombre pas plus de victimes. Cette population maintenant si démunie n’a pourtant jamais été aussi solidaire et tente tant bien que mal de faire face, avec toujours beaucoup de dignité.

Dolly Alberto

ACTUALITÉ

14 L’iNébraNLabLe, Mai 2011, NuMéro 16PHILOSOPHIE

Je me demande, chaque fois que cette singulière invective surgit, ce qui peut bien se produire dans l’appareil ner-

veux de l’individu accusant ainsi sa proie du moment, laquelle sans doute, de son côté, ne s’en inquiète nullement, et se contente de ronchonner dans son coin ou de se repentir sans grande conviction en un vague Confi-teor. Je me demande, plus précisément, si l’intéressé (l’accusateur) « agit » de la sorte par simple perversité ou bien par pure illu-sion, auquel cas je m’étonne du crédit que l’on accorde encore avec tant d’insistance au kantisme, ou, dirons-nous, à l’hypothèse que l’on puisse (et même que l’on doive) consi-dérer l’autre comme une fin en soi, et, par la même occasion, que l’acte moral découle du concept de devoir, de l’idée de devoir pour elle-même. Pour faire simple, je constate avec déploration que la notion humaniste d’ « altruisme » brille encore, chez certains, de ses mille feux follets, et que la vieille maxime « il est mal de ne penser qu’à soi » ne veut pas lâcher sa couronne de rouille. « S’adon-ner à l’autre », « se sacrifier pour autrui », ou encore « se replier pour faire place à autrui » semblent être des devises tout à fait magni-fiques et honorables, dignes du plus haut respect qui soit. Tout cela est très bien. Mais il ne faudrait pas pour autant se laisser voi-ler la face, et s’endormir ainsi béatement sur sa bonne conscience pourtant si durement acquise.Je ne suis certes pas le premier à vouloir signaler ces incongruités, mais, comme le dit l’ami Nietzsche, « répétons sans attendre ce que nous avons dit déjà cent fois, car de nos jours les oreilles sont mal disposées à entendre de telles vérités » (Par-delà bien et mal, §

202). Voulant me justifier de manière tout à fait détournée, je pourrais très bien avancer avec bienveillance que je pense, en écrivant cet article, à tous ceux qui préparent en ce moment le bac de philosophie, qui seront ravi de réviser quelque peu, que la chose leur sera peut-être profitable. Mais les motifs qui m’étreignent et me poussent sont, à n’en pas douter, l’irritation que me cause ledit reproche, et le plaisir (vaniteux) pris à expo-ser une réflexion qui me semble juste (c’est-à-dire que j’écris par égoïsme).

Tout d’abord, et cela n’aura échappé à per-sonne, le reproche d’égoïsme est en lui même contradictoire. « Tu ne penses qu’à toi » dit celui qui aimerait qu’on ne pense qu’à lui, et qui, ignoré, rassemble tout son dépit pour asséner cette ultime estocade, ce qui, dans le discours amoureux, pourrait s’expliquer ainsi : « je veux toute l’attention de l’autre, mais je ne peux être égoïste, moi qui aime tant l’autre, donc c’est l’autre qui l’est, il ne m’aime pas assez et c’est pour cela que je souffre ». Le problème d’un tel raisonnement semble venir de la notion d’ « amour », qui est ici pensée comme une disponibilité presque absolue vis-à-vis de l’autre, alors que, bien évidemment, rien n’est plus contraignant pour l’autre que cet amour, comme le prouve le fameux reproche qui ne manque pas de lui être fait, de même qu’aucune intention n’est plus égoïste que l’intention amoureuse. Aimer, c’est vouloir posséder tout entier pour soi, c’est essayer d’absorber l’autre, comme l’illustre si bien le mythe de l’androgyne exposé par Aristophane dans Le Banquet de Platon.

Bien sûr, l’altruisme n’est pas tout à fait le désir amoureux, mais le reproche d’égoïsme en général semble tout de même témoi-gner d’un certain mépris envers l’autre qui se retrouve, de manière exacerbée, dans la dépendance amoureuse : « je te hais de ne pas m’aimer assez, parce que je t’aime » (pour tout ce qui est contradiction du raisonne-ment amoureux, je conseille la lecture des excellents Fragments d’un discours amoureux de Roland Barthes). Si même quelqu’un qui ne m’est pas lié spécialement me reproche de ne penser qu’à moi parce que, par exemple, je ne distribue pas l’aumône à un quéman-deur, c’est sans doute moins pour le devenir de celui-ci que parce qu’il voudrait que le monde marche tout entier conformément à ses idéaux, et qu’il éprouve une satisfac-tion notoire à s’y adonner, plus particuliè-rement à les défendre. Le soir même, avant d’éteindre sa lampe de chevet, il pourra dire à sa femme, s’il en a une, sinon à sa conscience : « aujourd’hui, j’ai pris la défense d’un pauvre homme », lequel sera peut-être, au même instant, à l’agonie dans un carton sale. Que voulait dire son reproche ? Simplement ceci : « comment ose-tu passer outre mes vues, fouler au pied mon idéal de charité, refuser de me démontrer que j’ai raison de placer un peu de mon espoir en la solidarité de l’Homme, refuser de flatter mon goût ! », indignation inconsciente qui se traduit à ses yeux comme de l’altruisme, élan pur vers son prochain, qui lui permet d’en tirer vanité, ainsi que de manifester son mépris. Une fois de plus, c’est l’arroseur arrosé par son propre arrosoir au moment même où il arrose.

DU REPROCHE D’ÉGOÏSMEParmi tous les rabâchages quotidiennement et insatiablement régurgités, toutes les sonorités bien connues qui rebondissent avec le plus de verve de mur en mur, qui gambadent allègrement de gosiers indignés à oreilles passagères de façon on ne peut plus burlesque et primesautière, parmi tous les grands cris inquisiteurs et toutes les impérieuses condamnations à grands coups d’archet trémoloïsants que l’on subit continuelle-ment, soit à la place d’honneur, soit en qualité de témoin (ce qui n’est pas moins irritable), rien ne m’a jamais rendu plus pensif, tant la chose me paraît étrange et comique, que le reproche d’égoïsme.

15L’iNébraNLabLe, Mai 2011, NuMéro 16 PHILOSOPHIEJe ne vois pas qu’un acte moral puisse se passer de bonne conscience, et l’idée que la vertu découlerait magiquement du concept de devoir me semble constituer l’une des lubies du vieil oncle Kant, si je puis dire, car comment se désintéresser du bien lorsque notre conscience même le porte au pinacle? « Celui qui se méprise se prise tout de même de se mépriser », même l’excès de l’élan moral n’empêche pas la délectation individuelle (Par-delà bien et mal, § 78).

La même incohérence semble toucher tout impératif de désintéressement, car, dès qu’un tel impératif est donné, même et surtout dans l’absolu, tout un chacun est en droit de se demander à qui cela profite, et, en y réfléchissant bien, il trouvera toujours que le bénéfice revient au prêcheur en ques-tion, fût-il la sacro-sainte « loi morale  » en personne, qui n’est rien moins que le porte-parole attitré d’une quelconque société, communauté, ou État (cf. Durkheim). Et oui, « les motivations de cette morale sont en contradiction avec son principe ! Son critère de moralité réfute ce par quoi cette morale veut se démontrer ! » (Le gai savoir, § 21). L’État, la société, la communauté ne sont certes pas suicidaires, et prennent tout leur intérêt à prêcher le désintéressement, que ce soit à travers la tradition ou tous les médias possibles, et l’instinct du troupeau triomphe généralement de plain pied.

Allons plus loin. Car même en ce qui concerne la pitié, vraisemblable fondement de la morale (cf. Rousseau et Schopen-hauer), je ne vois qu’égoïsme. D’où vient donc l’empathie ? Du fait que l’on s’identifie parfois à l’autre qui souffre, et ce de manière superflue, puisque se « projeter dans au-trui  » ne saurait correspondre à ressentir ce qu’éprouve réellement celui-ci, à opérer une quelconque fusion. « Compassion » signifie « prendre part à la passion de l’autre », donc « s’arroger la passion (triste) de l’autre et souf-frir avec lui », ce qui est mieux rendu par le terme allemand Mitleid (mit = avec ; leiden = souffrir). Nous constatons donc quelque chose de fondamental : la pitié est avant tout une déploration de soi par le biais de l’autre. C’est par identification avec l’autre qu’on lui

témoigne de la douceur, sa misère pointe la nôtre, et c’est pour mieux supporter celle-ci que nous cherchons à alléger celle-là : nous nous lamentons et pleurons alors de concert, mais chacun pour soi (avec cet avantage pour le compatissant qu’il pose sa domination sur l’objet souffrant en prétendant le com-prendre). Si, dans un tel cas, il n’y avait aucun rapport avec moi, je ne ressentirais qu’indif-férence, et le fait que la condition de la pitié soit justement l’identification avec autrui montre bien que dès qu’il n’y a pas moi, c’est comme s’il n’y avait rien.

La théorie de l’omniprésence de l’égoïsme étant ainsi posée, il faut cependant y intro-duire la distinction suivante : il y a des égo-ïstes conscients, et des égoïstes inconscients. Les premiers connaissent et ont accepté leur égoïsme ; les seconds s’y trompent encore et font l’éloge du désintéressement pur, se dispersent en bénédictions et damnations, et ont solidement scotchées leurs chères lunettes roses. Pourquoi ceci ? Parce qu’ils ne font pas la distinction entre ce que je désigne par les termes d’égoïsme simple et d’égoïsme complexe, ou plutôt parce qu’ils prennent ce dernier pour de l’altruisme. L’égoïsme simple est simple. Absorption directe. Je suis seul à tirer profit de mon acte. Plus subtil, l’égoïsme complexe correspond à l’action qui, tout en ayant pour but premier de me satisfaire (souvent inconscient), répond col-latéralement aux intérêts d’autrui. Et à quoi cela sert-il de prendre conscience que l’on s’est tout bonnement trompé de nom, de remplacer altruisme par égoïsme complexe ? Premièrement, à se défaire de l’illusion qui nous embrumait la vue, ce qui n’est déjà pas si mal. Puis, à prendre en compte le concept d’association d’égoïstes, développé par Max Stirner dans L’Unique et sa propriété, qui me paraît être tout a fait intéressant, bien qu’il puisse, bien entendu, nuire à la société, qui ne se dérange pas, elle, pour nuire à l’individu. Un exemple extrême de ce genre d’association s’illustre par exemple dans Reservoir Dogs, premier long-métrage du grand Quentin (à prononcer « couènetine »), où plusieurs tueurs à gages d’élite (joués notamment par Harvey Keitel, Michael Mad-sen, Tim Roth, Steve Buscemi et Tarantino

himself) s’assemblent afin de satisfaire leur intérêt respectif (le pognon). L’intrigue du film repose par ailleurs sur la confiance que l’on peut se permettre d’accorder à autrui, le hic qui la noue étant que l’un d’eux, brisant ainsi le code de l’association, passe d’une première forme de l’égoïsme complexe qui est l’association à une autre qui est la pitié. Tout le monde n’ayant peut-être pas vu le film, je me limite à cette simple conclusion : le type en question « s’en mordra les doigts », euphé-misme bien compris. Mais, comme je l’ai précisé, cette situation est extrême, et l’idée d’association d’égoïstes pourrait tout aussi bien sourire aux adeptes de la bien-pensance.

« À quoi nous-mène tout ceci ? », me direz-vous, « doit-on arrêter d’aider, d’aimer son prochain, et se laisser couler sans plus at-tendre dans nos abysses ? » Je ne dis pas cela. Mais j’affirme, en toute honnêteté, qu’il faut détruire toute idée d’altruisme, et prendre enfin conscience de ce que l’on est. Être égo-ïste, ce n’est ni mal, ni bien, mais tout sim-plement inévitable. C’est une qualité chevil-lée à la condition humaine, incroyablement bien incrustée, que je serais prêt à considérer comme l’une des « vérités » de l’homme. Reprocher à un individu son égoïsme est comparable à condamner la roche parce qu’elle est dure, l’eau parce qu’elle coule, ou la plante parce qu’elle prend son expansion, c’est nier l’autre en tant que tel. J’y recon-nais l’acte par excellence de l’égoïste qui ne s’assume pas, j’y découvre la manifestation suprême du refus d’être soi.

Merlin Barthélémy

16 L’iNébraNLabLe, Mai 2011, NuMéro 16COIN DÉTENTE

Les professeurs du lycée sont là pour nous enseigner des avoir précieux pour notre avenir. Exemples.

« Il a été déporté pendant la guerre. Il est donc très fatigué. »« La Révolution Française, c’est un complot de marchands de vin. »« Harpagon, c’est le Madame Bettencourt de l’époque. »« Les guerres, ça tue. »« Si vous avez un jour rencontré Dieu, c’était un usurpateur. »« Les mathématiques, c’est à la limite de la religion. »« La galaxie, c’est un truc chevelu. »« Grains ? hmm, bon. »

Mais les profs sont aussi des créatures parfois très étranges...

« Fourchette ! Et la fourchette est. » « Cessez d’encombrer mon rêve par des ba-vardages. »« Si vous voulez essayer, il faudra me prendre par surprise. »(A propos des portables) « Si vous utilisez des

objets contemporains... »« L’idée de faire cours avec une feuille de salade entre les dents me terrorise. »« Le seul sujet sur lequel je ne plaisante pas : Michel Sardou. »« J’étais fait pour le patin à glace. »« Je n’ai jamais été chat. Je n’ai jamais été lion non plus. »« A 39 ans, on est à peine sorti de l’adoles-cence. » « Ça c’est M. Locher : il adore les vaches. »« Vous n’êtes pas dans ma tête. »

Avec eux, c’est un peu du je t’aime, moi non plus...

« Il n’a pas eu la moyenne. J’étais vachement contente. » « - Madame, on n’aura pas le temps de révi-ser !- Mais la nuit ! Qu’est-ce que tu fais la nuit ? » « J’aurais aimé que vous prenassiez des notes. »« Et qu’est-ce que ça veut dire, bande de nazes ? »« Le dernier qui s’endort pense à éteindre la lumière, hein ? »

(A propos d’une copie) « C’est vraiment de la bouillie pour les chats ça. »« Vous ronronnez. »

Mais c’est surtout du grand n’importe quoi...

« Nous sommes vicieux mais dans les limites du raisonnable. » « Œdipe aurait raflé tous les dictionnaires et les voyages sur Question pour un Champion. »« La guerre de 14-18 : on peut en parler, ils sont tous morts. »« C’est la journée nos amis les bêtes. »« On fait ce qu’on veut avec la boulangère. »« Je vais vous prouver Dieu. »« Je ne suis pas là pour étaler mes igno-rances. »« - Donc, c'est quoi l'agriculture intensive ? - une agriculture stricte ! - Tu veux peut-être fouetter les tomates pour qu'elles poussent bien, hein ?! »« Monsieur ? Oui, c’est moi. »« Servez-moi l’antilope. »« Ça y est, j’ai Dieu dans mon éprouvette. » « Je ne suis pas Mme Soleil. » « Parce que mercredi, c’est fantaisie. »

AH, L’ÉCOLE, L’ÉCOLE, C’EST Là QU’ON RIGOLE