19
Numéro 02 - mai 2015 www.qasantina2015.org Constantine Capitale de la Culture Arabe 2015 PALESTINE lemqam La culture de l’espoir contre les murs de l’oppression Épitaphe 8 MAI 1945 Un crime contre l’humanité

Maqam numéro 02 mai 2015

  • Upload
    raaseth

  • View
    236

  • Download
    5

Embed Size (px)

DESCRIPTION

Revue culturelle Maqam de Constantine Capitale de la Culture Arabe 2015

Citation preview

Page 1: Maqam numéro 02 mai 2015

Numéro 02 - mai 2015

www.qasantina2015.org

Constantine Capitale de la Culture Arabe 2015

PALESTINE

lemqam

La culture de l’espoircontre les murs de l’oppression

Épitaphe

8 MAI 1945Un crime contre l’humanité

Page 2: Maqam numéro 02 mai 2015

Maqam numéro 02 - mai 2015

Terre de miracleLes atrocités innommables commises en Algérie par l’armée coloniale, le 8 mai 1945, et l’horrible massacre perpétré le 9 avril 1948, par l’Irgoun à Deir Yacine, sont plus que des commémorations profondément partagés entre les Algériens et les Palestiniens. Ce sont aussi des liens très forts qui unissent les deux peuples dans leur lutte, leur attachement à la liberté et à la paix. La fierté qui avait jaillit du 1er novembre 1954 a envahi le cœur meurtri des Palestiniens, on s’en souvient. Le 28 mai 1964, jour de la naissance de l’Organisation de libération de la Palestine, est une date marqué par l’Algérie sous le sceau sacré des hautes valeurs humaines et le droit d’évoluer sans aucune contrainte. Et la « valeur ajoutée » qui a fini par consolider les attaches entre les deux pays, reste bien sûr la proclamation, le 15 novembre 1988 à Alger, de l’Etat palestinien avec Jérusalem comme capitale. Que Dieu nous préserve du nombrilisme effronté ; tous les peuples sont plus ou moins actifs et solidaires avec les Palestiniens. C’est une évidence. Seulement, en ce qui nous concerne, la Palestine représente une cause absolue autant que la préservation de notre indépendance. La Palestine est une douleur que nous ressentons au plus profond de nous-mêmes. Agir afin de l’éteindre, dans un sens indiqué unanimement par les différentes chartes internationales des droits de l’Homme, fait partie de notre existence. Notre passion palestinienne n’a rien d’extraordinaire pour autant. Il s’agit d’un partage continu de principes humains que nous assumons à notre manière, et de la façon la plus humble qui soit. Notre amour pour cette portion de terre bénie n’a pas de limites, ni dans le temps, ni dans l’espace. C’est tout simplement nous. La vie palestinienne, la mansuétude de Jérusalem, la grandeur de Beth Léem et l’espoir de Gaza, sont pour nous plus que des créations d’une actualité aggravée par l’injustice sous toutes ses formes ; ni des illusions dont l’hypothétique réalisation dépend de la volonté de forces occultes au pouvoir absolu. Mais un destin qui s’éveille, et une vérité immaculée qui éclairera le monde d’une lumière sublime envoyée par l’image de Jésus et le miracle du voyage nocturne et de l’ascension auquels a été invité le prophète Mohamed. La Palestine, ses Mahmoud et ses Leïla, sa culture enracinée et ses rêves grandioses seront débarrassés de la haine à jamais. Ce n’est pas uniquement une question de dialectique, mais un mélange magiquement « subversif » de logique terrestre, d’ADN, et de joie de vivre qui fera de Jérusalem une cause partagée par la terre et le ciel.

ÉDITORIAL

Mohamed Mebarki

DIRECTEUR DE PUBLICATIONSami Bencheikh El Hocine

RÉDACTEUR EN CHEFMohamed Mebarki

RÉDACTION Hamid Ali-BouacidaDjamel BelkadiIkram Ghioua Ranida-Yasmine MerazFarah FerielMohamed BouhabilaMili Yuram

DIRECTION ARTISTIQUEWalid Hamida

DESSIN / CARICATUREFerhat Ilies Toufik Derdour

PHOTOGRAPHIEMohamed Lamine Hamida

Contact : Revue Maqam

Siège : Centre International de Presse (CIP), Boulevard Zighoud Youcef Constantine

Tel/Fax : 031 87 22 [email protected]

www.qasantina2015.org

Impression ENAG

La reproduction intégrale ou partielle des articles est soumise à l’accord de la rédaction

Revue publiée par le Commissariat de la manifestation Constantine capitale de la culture arabe 2015

www.advercorp.dz

ADVERCORP119 A lot Eriad Ain SmaraConstantine - Algérie.T. 031.97.26.54E. [email protected]

lemqamPALESTINELa Palestine est belle-oui la Palestine est belleVariée riche-riche en histoireC’est une terre de mythesde pluralismeset elle est fertile malgré le manque d’eauElle est modeste aussila nature y est modestec’est un pays simpleVoici la terre de mon poèmeEt dans ces terres je me sens un peu étrangerIl est vrai que l’on peut se sentir étrangerMême dans son propre miroirIl y’a quelque chose qui me manqueEt ça me fait malJe me sens comme un touristeSans les libertés du touristeEtre en visite me mineQuoi de plus émouvant que se rendre visite à soi-même…

Mahmoud Darwich

CondoléancesNous avons appris avec une immense tristesse le décès de madame Grine. En ces circonstances douloureuses, le directeur de la publication et l’ensemble des journalistes de la revue Maqam présentent à monsieur le ministre de la Communication leurs sincères condoléances, en le priant de croire à leur profonde compassion.

Page 3: Maqam numéro 02 mai 2015

Maqam numéro 02 - mai 2015

4 5

Le Fond et La Forme

La culture de l’espoir contre les murs de l’oppression

The cause, the land and Destiny

Un crime contre l’humanité

Salah Bey play receives warm welcome in Jijel

La geste numide

Elle m’était revenue !

En lettres capitales

Épitaphe

En lettres capitales

Des larmes sur le plancherde l’ingratitude

J’ai rêvé de la ville…

La guerre, la paix, l’amour et la poésie

Un destin tragique noyé dans la scène

Au-delà des tourments,l’allant pour renaître de son art

Yaou alikoum men Guelma !

p.6

p.32

p.27p.34

p. 7

p. 10

p.28

p.30

p.12

p.24p.8

p.17

p.14

Le cœur de l’Ahaggar appelle le monde à l’amour

Valeurs

Mythes

HommageNostalgie

p.22

JÉRUSALEM

8 MAI 1945

Palestine

JUGHURTA

Imzad, p.18

PALESTINE

Page 4: Maqam numéro 02 mai 2015

Maqam numéro 02 - mai 2015

76

La culture de l’espoircontre les murs de l’oppression

Jérusalem, capitale éternelle de la Palestine a été célébrée selon le rang qui est le sien à Constantine, capitale de la culture arabe 2015, fraternellement et dans un esprit de reconnaissance mutuelle.

Par Farah. F.

P lacée sous le signe de la résis-tance et de l’espoir, la semaine culturelle de la Palestine ne s’est pas seulement illustrée en drai-

nant la grande foule au palais de la culture Mohamed Laïd Al Khalifa, mais s’est sur-tout distinguée par le niveau éminent des membres de la délégation palestinienne et la haute teneur des différents ateliers proposés au public. Composée d’une ving-taine d’universitaires dont certains sont, au vu de la qualité de leur travail, en droit de postuler au titre d’intellectuels majeurs, cette délégation est venue avec des idées claires et des thèmes fort appropriés par rapport à la manifestation Constantine, ca-pitale de la culture arabe 2015. A vrai dire, c’était le moins que l’on attendait de la part d’une équipe où brillait de mille feux un Toufik Fayadh, l’un des précurseurs de la

En lettres capitalesSEMAINE CULTURELLE DE LA PALESTINE

littérature de résistance en compagnie de Samih Al Kassim et Mahmoud Darwich ! Et le public constantinois ne s’est pas trom-pé en investissant massivement le palais de la culture qui s’est avéré fort exigu pour contenir ces centaines de citoyens venus manifester leur soutien et leur solidarité à un peuple en lutte contre une secte barbare érigée en Etat. En un mot, les expositions de livres et de photos, les conférences, la projection de films et les soirées gala ani-mées par Ouf, une troupe de danses popu-laires ont révélé à un public profondément acquis, la nouvelle problématique de résis-tance posée par les Palestiniens.

Quoique d’expression arabe, la culture pa-lestinienne interpelle aujourd’hui le monde à l’aide d’un discours universaliste porté par un peuple déterminé à imposer sa supréma-

tie déontologique face à une des plus impi-toyables machines de guerre que le complexe militaro-industriel a enfanté. Aujourd’hui, les Palestiniens sont de plus en plus conscients de l’urgence de rallier des millions d’indignés à travers le monde, traumatisés par les effets dévastateurs d’une imposture capitaliste arri-vée à son stade suprême. Leur cause, n’est plus exclusivement leur cause ! L’idéal huma-niste qu’elle véhicule fait désormais d’elle, la cause des femmes et des hommes libres, de la Havane à Ispahan en passant par Tunis et Soweto, et de Santiago jusqu’à Haïfa la mar-tyre, Haïfa la spoliée qui se souvient encore de ce mercredi 21 avril 1948 lorsque sa popu-lation fut forcée militairement par les groupus-cules sionistes soutenus par les Britanniques, de s’exiler loin de la Palestine. Le texte écrit par Ghassane Kanafani qui a été adapté au théâtre et puis au cinéma relate cette tragé-die vécue par Saïd et Safia, un couple pa-lestinien poussé par un terrible concours de circonstances à résister sans leur enfant pris en « otage » par une famille d’immigrés polo-nais d’origine juive. L’histoire de Saïd et Safia symbolise dramatiquement le sort réservé à un peuple palestinien « marchandé » par les tenants du grand capital qui avait réussi à manipuler une planète soumise au diktat du complexe militaro-industriel, en lui faisant croire que le fascisme était une création ex-tra-muros et que la victoire des alliés contre cette bête immonde était le résultat de l’enga-gement d’un capitalisme à plusieurs visages.

Le triomphe inéluctable des valeurs humainesChassés brutalement de leur ville et ensuite de leur pays, Saïd et Safia se sont retrou-vés dans une telle situation qu’ils n’ont pu récupérer leur bébé resté à la maison. Un drame kafkaïen à souffler des montagnes ! Le récit écrit par Ghassane Kanafani et son adaptation cinématographique, sont encore d’actualité. La trame de cette œuvre consti-tue aujourd’hui le fond d’un conflit alimenté par plusieurs sources qui se trouvent en Eu-rope, en Amérique et même dans certains pays arabes. Un conflit surexploité à ou-trance et à grande échelle dans un contexte pollué par la propagande où la population palestinienne fait elle-même l’objet de ma-chiavéliques tentatives de récupération aux objectifs ténébreux. Mais « claire est la voie de la vérité » comme l’a majestueusement exprimé Lounis Aït Menguellet dans une de ses chansons. Et les Palestiniens l’ont d’ores et déjà empruntée, soutenus par une irré-sistible logique et un inéluctable processus historique fondés sur des valeurs humaines, sociales et culturelles. Tous les murs de la haine, de l’incompréhension et de l’exclusion s’affaisseront devant la poussée monumen-tale d’une nouvelle génération enfin libérée des contraintes idéologiques, et la Palestine sera alors le centre de gravité d’un monde en construction avancée

F. F.

JÉRUSALEM

Elle m’était revenue !

Jérusalem est une douleur qui loge dans le cœur des braves, à travers cette planète révoltée contre tous ceux qui s’acharnent à la réduire en un arche de Noé, version

revue et corrigée par les pharaons du siècle. Baignée par le soleil d’Allah, Dieu d’Abraham et de Lincoln, ou bercée par une pleine lune qui se souvient encore de l’image réelle de Jésus, cette cité violée dans son âme et violentée dans son corps préserve toujours sa bienséance légendaire et son odeur bé-nie qui habite nos corps et nos esprits, depuis le temps où nos corps et nos esprits étaient encore des programmes géné-tiques en attente de formulation. Mohamed, l’ultime prophète l’avait prédit ; les adorateurs d’un Dieu unique en sont impré-gnés au plus profond de leur culte, les poètes, les indignés, les exilés de la géographie humaine et même ceux

qui ont aimé passionnément leur égarement jusqu’au salut ne cessent de le manifester avec une sincérité qui fausse le calcul des manipulateurs arithmétiques : Jérusalem vaincra l’imposture et accomplira la volonté d’Ismaël et d’Isaac. Elle démolira tous les murs de l’incompréhension ; elle brisera le silence complice des usuriers sans scrupules, et établira sa tranquillité évoquée par les livres sacrés, à l’insu et au détri-ment des usurpateurs. Ses pierres taillées et fouettés sur un coup de vent donné par l’ange Gabriel chasseront et à jamais les bottes qui les ont souillées, et la douleur que nous parta-geons avec toutes les femmes et tous les hommes libres du monde s’éteindra comme par enchantement, au moment où nos cœurs débarrassés de leur lassitude ancestrale annon-ceront le triomphe de l’humanité.

Nissa Massi

Photos Lamine Hamida

Page 5: Maqam numéro 02 mai 2015

Maqam numéro 02 - mai 2015

8 9

La guerre, la paix, l’amour et la poésie

Qui mieux que Maya Abu Al Hayyat pourrait parler de la haine et l’amour, de la vie et la mort, de la guerre et la paix. Elle ! C’est cette silhouette à l’élégance prononcée et au regard fascinant a su, par une belle soirée printanière et grâce à sa profonde connaissance du verbe, ensorceler une assistance pourtant avertie et préparée aux « salves » fluorescentes d’une langue arabe qui sait donner au délire son goût de miel.

Par Ikram Ghioua Sa voix pure a fait éclore mille fleurs dans le jardin du Palais d’Ahmed Bey, et arrosé les heureux invités de mille fragrances enchanteresses, en guise d’invitation à une balade

dans le monde somptueux de la rhétorique arabe. En quelques instants, c’est tout ce manoir ottoman qui a été « hanté » par une danse féérique de mots limpides et de folles expressions. A peine installé dans l’univers poétique de Maya Abu Al Hayyat, le palais du Bey s’éveilla et éveilla les vieux esprits qui, jadis, régnaient dans cet espace.

Ses mots sont terribles, pourtant simples, à la fois durs et tendres auxquels répon-daient les larmes des femmes et des hommes venus l’écouter presque reli-gieusement. Elle s’est distinguée sans le vouloir, car plus éprise. Cette poétesse et romancière palestinienne âgée de 35 ans peut être redoutable, faisant des mots une

En lettres capitales

MAYA ABU AL HAYYAT

arme irrésistible, de sa passion sa raison d’être. A son âge et déjà deux recueils de poèmes et trois romans. Ecrits avec ado-ration, pour parler de l’attente, l’espoir, l’amour et le rêve, mais aussi avec révolte pour dénoncer l’intolérance, la guerre, l’injustice et surtout pour dire la vérité pa-lestinienne. La notoriété de cette femme a été paraphé par la traduction de ses ouvrages en français, anglais, allemand, suédois et coréen. Elle recevra plusieurs prix dont celui du plus jeune auteur en 2005, alors qu’elle avait à peine 25 ans. Très enthousiaste et très réceptive à tout ce qui touche à l’enfance, elle consacre beaucoup de temps et de talent aux his-toires pour enfants. Conteuse, elle est également formatrice en écriture créative. Si elle est passionné c’est forcement par rapport à la langue arabe, cette langue devenue une « voix » lactée traversée par les peines de Maya, ses joies, ses éclats de rire et ses larmes. Elle sait raconter la douleur de son pays agressé, et l’attente

éternelle du bien-aimé, comme cette mère qui attend de revoir son fils, en refusant de se plier au poids de la raison qui l’accable de son décès. Maya traduit dans sa poésie cette détresse inavouée, car ignorée, cette amour savouré entre les ruines, cette ab-sence des êtres chers, cet espoir qui est là mais qui demeure inaccessible. Les invités qu’Ahmed Bey a reçus dans son palais, avaient su rester attentifs aux cris du peuple palestinien à travers Maya. Au fait elle transmet un message, un sou-hait, un appel à qui souhaite l’entendre. Son séjour constantinois, s’il a été porteur d’une lettre d’amour et d’amitié, il a aussi été une invitation directe à une fraternité agissante. Maya a su trouver l’agressivité veloutée voulue pour transmettre fidèle-ment le message d’un peuple opprimé, victime d’une horrible répression physique et idéologique basée sur une imposture historique

I. G.

Ces petits sourires qu’emplissent des dents non encore remplacées

quand elles ne reviennent paselles se dispersent dans la cour de la maison

près de la boutique du gentil voisin sur le trottoir de la rue de l’école

quand elles ne boivent pas de laitque les sucreries ne les abiment pas

quand elles partent non pas à cause des caries

non pas à cause d’un jeu de balleni d’une erreur du dentiste

quand partent de petits sourires dans cet universquand ils ne grandissent pas pour devenir

des sourires éclatantsou un sourire sur le visage d’un nécessiteux

qui attire la bienveillance / quand ils ne grandissent

pas pour devenir un rêve sur l’oreiller d’une femme amoureuse quand ils partent ces petits sourires

avec des yeux verts à force d’espoir là seulement…l’univers se tait un peu et gémit.

Quand partent les sourires

Photos Lamine Hamida

Poême de Maya Abu Al HayyatTraduit de l’arabe par Samira Negrouche

Page 6: Maqam numéro 02 mai 2015

Maqam numéro 02 - mai 2015

10 11

Un crime contre l’humanité

Par Mohamed Mebarki

Gravement affaiblis au lendemain de la se-conde guerre mondiale, les deux principaux pays colonialistes, l’An-gleterre et la France,

n’étaient pas en mesure de canaliser pa-cifiquement les revendications d’indépen-dance en Palestine, en Syrie, au Liban et en Algérie avec une mention spéciale pour ce dernier pays, où le sentiment na-tional avait, pour des raisons objectives, plus d’impact sur le colonialisme et sa perception d’un processus historique qu’il cherchait vainement à neutraliser. L’illusion de l’Algérie française allait se dissiper au grand désarroi des stratèges d’un « em-pire » qui perdait pied au Vietnam et en Afrique. En ces jours de fiesta coloniale « assaisonnée » de discours «exotiques», l’administration française et ses ultras étaient déjà préparés à l’idée d’une ré-action populaire de la part des Algériens. Selon des témoignages rapportés par l’historien Mohamed Teguia dans son livre L’Algérie en guerre, « en janvier 1945, les généraux et les hauts fonctionnaires pro-cédèrent à un exercice dont le thème était

Commémoration

8 MAI 1945

Le 8 mai 1945, le monde dit libre célébrait avec éclat la victoire totale sur les puissances de l’axe, arrachée aux prix d’énormes sacrifices consentis, en premier lieu, par les peuples colonisés. On en parle peu dans les médias occidentaux de ces milliers de Maghrébins et d’Africains subsahariens, mais d’une manière qui ne répond même pas à l’exigence de l’acquis de conscience.

l’insurrection». Selon le même auteur, et ce n’est pas n’importe quel auteur puisque Mohamed Teguia a milité dans les rangs de l’ALN et a eu l’occasion de connaître de très près ce que d’autres historiens n’ont pas eu la chance d’approcher, « les civils, officiels ou non, ne s’en cachaient pas et annonçaient avant le 8 mai leur inten-tion de sévir, comme le firent en avril 1945, Lestrade Carbonnel, préfet de Constantine, disant que des troubles vont se produire et un grand parti-le PPA- sera dissous, et que de grandes opérations étaient imminentes ». Pourquoi de tels témoignages ne sont-ils pas médiatisés ?

Pourquoi continue-t-on à inscrire les jour-nées qui avaient suivi le 8 mai 1945 au registre des évènements, alors qu’il s’agit d’un horrible massacre planifié par un co-lonialisme aux abois, et un crime contre l’humanité exécuté froidement par des ul-tras fascinés et fascisés par les méthodes nazies? Soixante dix ans après ce dou-loureux épisode, on constate avec beau-coup d’amertume que des universitaires insistent encore à interroger l’histoire sur la supposée implication du PPA, qualifié à

l’époque par les assimilationnistes comme un agent du hitlérisme, alors qu’ils auraient pu, depuis très longtemps d’ailleurs, réunir assez de preuves vivantes pour forcer la France officielle à reconnaître la respon-sabilité de la France coloniale. Le témoi-gnage d’Abdelhamid Benzine démantèle l’imposture coloniale que Paris refuse d’admettre aujourd’hui. Ce n’était pas une provocation insurrectionnelle fomentée par le PPA comme tentent de le « com-mercialiser » certaines personnalités poli-tiques françaises, mais une répression im-pitoyable et un acharnement systématique visant à enlever dans la terreur toute idée d’émancipation de la tête d’une popula-tion reléguée au rang d’indigènes. Non, ce n’était pas une provocation fomentée par les nationalistes. « Non, enfin en tout cas à mon niveau, à cette époque là, j’étais un dirigeant moyen. On avait reçu des direc-tives pour défiler le 8 mai 1945, préparer le défilé, sortir les drapeaux, revendiquer l’indépendance du pays. Jamais je n’avais entendu parler d’insurrection », avait affir-mé Abdelhamid Benzine

M. M.

Page 7: Maqam numéro 02 mai 2015

Maqam numéro 02 - mai 2015

12 13

J’ai rêvé de la ville…

J’ai rêvé de la ville quand elle était encore Cité. Je ne parle pas de ces temps lointains où, parqués dans les quartiers arabes, nous glissions nos têtes d’enfants entre les barreaux qui nous encageaient et croyions tromper la vigilance des Gardes mobiles et des terribles bérets rouges, alors qu’ils nous laissaient nous balader à notre guise.

Par Hadda Lahdoudi

D u haut de notre enfance, nous rêvions de liberté quand partirait la solda-tesque française et un jour de mars on nous annonça l’Indépendance. Il n’y avait

plus de barreaux ni de bérets rouges et après la liesse populaire de ce juillet brû-lant de promesses, les quartiers gardèrent leur âme. Et leur métier. A Rahbet essof, on vendait de la laine et la France colo-niale eut beau la dénommer «Place des galettes», sans doute en référence aux pe-tites filles miséreuses qui vendaient le pain maison dans des couffins, elle continue à ce jour à s’appeler place de la laine même si la camelote chinoise a depuis remplacé la blanche toison. La Place prend ensuite deux directions qui ont aussi gardé intacte leur identité. A gauche Erssif (Le trottoir)

longue venelle pavée qui commence par un hammam transformé en magasins de tissus et qui débouche sur la place Ladja-bi qui avoisine La Médersa. A droite El Djezzarine, malgré la disparition de Ammi Salah vendeur de lait caillé, de miel pur et de beurre frais, sont restés tels quels que ceux de mes souvenirs d’enfance : un ali-gnement de bouchers qui se font la cau-sette de leurs comptoirs, la clientèle étant rare vu le prix de la viande. Derrière, au fond de la place, « Makaâd El Hout» est devenu depuis la disparition des poisson-niers, le haut lieu des pâtes traditionnelles, des épices et de la fameuse djaouzia nougat aux noix, célèbre au-delà de nos frontières. La rue Didouche Mourad – ex « rou de France » selon la population- est traversée furtivement pour monter à Souk El Asser, ce marché du pauvre. La répu-

Nostalgie

CONSTANTINE

tation est intacte et les mères de famille déambulent entre les étals que vantent les marchands qui s’égosillent. On est tentés de traverser la place et déboucher sur le site magique du pont suspendu, mais c’est là l’itinéraire du touriste et on pousse à travers les venelles qui bordent la Casbah jusqu’à la place de la brèche. Là je ne peux m’empêcher de me rappeler l’imposante et belle bâtisse du Colisée qui trôna en ces années d’or avant d’être ra-sée. Je suis alors embarrassé par le choix d’emprunter le mythique quartier Belouiz-dad que tout le monde continue d’appeler Saint-Jean ou bien remonter la rue Abane pour déboucher sur la Pyramide, jadis ren-dez-vous de toute la jeunesse branchée… Je décide de rebrousser chemin, de peur sans doute d’être submergé par les sou-venirs. Je longe l’hôtel Cirta et descend

vers Essouika encore en ébullition malgré l’heure avancée de la journée. Les mar-chands de fruits secs rangent leurs étals, l’odeur de café moulu est persistante et celle de la zlabia aussi. Je remonte par Ecchat, là où plane l’ombre de Kateb Ya-cine habitué des Fondouks et débouche sur la Médersa et le mythique café Nedj-ma, rendez-vous des artistes, patriciens et musiciens. Je m’engouffre dans Erssif et reviens sur mes pas. Sur mes souve-nirs dont les décombres trônent parmi les immondices qu’ont laissés les marchands de camelote chinoise. Tout à l’heure la nuit tombera et la ville sombrera dans la soli-tude. Comme d’habitude. Seuls quelques retardataires pressent le pas pour prendre les taxis clandestins, indifférents au Pont Suspendu et ses lumières

H. L.

Photo Walid Hamida

Page 8: Maqam numéro 02 mai 2015

Maqam numéro 02 - mai 2015

14 15

Yaou Alikoum men Guelma !

Amar Laskri. Un monument du cinéma s’en va, nous laissant avec notre deuil incommensurable dans une société qui s’agite, gesticule, brûle des pneus, glorifie les harraga, mais qui ne fait aucun effort pour retrouver les clés des portes du silence !

Par Mohamed Mebarki

Amar Laskri s’en va, dans le silence et sans faire de bruit. L’homme qui a honoré la révolution de novembre ; en offrant à l’Algérie Patrouille à l’Est, un film culte, s’est éteint

dans l’anonymat le plus total à l’hôpital Mus-tapha Pacha, à Alger, après un demi-siècle de sacrifices consentis par ce réalisateur bien enraciné dans un pays qu’il a aimé à la folie. Sa disparition laissera certaine-ment un vide sidéral qu’aucun cinéaste, quel que soit son talent, ne saura combler dans la mesure où cet homme dont l’algé-rianité s’est formée sous la protection bien-veillante de ces seigneurs qui ont réussi à dévoiler au monde la barbarie de l’armée coloniale , a su fusionner son art avec ses convictions patriotiques, tout en insistant à rester dans son milieu naturel, au milieu des humbles et des anonymes. Sa mort

est une douleur qui ne guérira jamais. Son départ vers un monde meilleur, nous l’espérons et nous prions pour que ce soit ainsi, vient de « kidnapper » au cinéma al-gérien une icône née chez nous et en qui nous avons tous fait confiance.

Le message Amar Laskri s’en est allé ailleurs, le cœur gros et plein d’amertume ; après avoir constaté amèrement qu’ici, son art n’était plus compatible avec les nouvelles mœurs cinématographiques. Il est parti loin, très loin dans le ciel où les anges ne manque-ront pas de le solliciter afin qu’il leur impro-vise cet émouvant cri de Djebel Houara Yaou alikoum men Guelma ! C’est plus que sûr qu’il leur évoquera dans le détail le sacrifice de tous les membres de la pa-trouille, mais il n’est pas évident qu’il leur livre le secret de la survie de l’unique civil, ni les raisons historiques et thématiques

ÉPITAPHE

UN FESTIVAL DE GRÂCE POUR AMAR LASKRI

nous n’avons pas été en mesure d’inter-préter ses déceptions et ses espérances. Il est parti revivre le 7ème art au 7ème ciel, laissant le champ libre aux amateurs du jeu des 7 erreurs ! Amar Laskri est parti un mois de mai, en nous léguant le même message transmis, il y’a quarante ans, par le mexicain Miguel Littin, le réalisateur du film Actes de Maru-sia génialement servi par l’inimitable Gian Maria Volontè et l’indétrônable Mikis Theo-dorakis : le cinéma est une redoutable arme au service du labeur et du progrès pour ceux qui savent l’utiliser. Amar Laskri est parti un 1er mai, une date symbolique. Oui, c’est la volonté de Dieu qui impose son calendrier, mais n’y a-t-il pas lieu d’interpréter cette ultime ‘‘fugue’’ comme une connivence divine en l’honneur d’un homme qui vénérait le travail et les travail-leurs ?

M. M.

qui ont fait que tous les soldats meurent au combat et que la mission de ramener le prisonnier français au-delà des frontières sera en fin de compte confiée à un civil. Peu d’intellectuels algériens ont accordé une attention particulière à ce message lourd de conséquence. Si ce message qui avait échappé à la censure avait fait l’objet d’une approche intelligente, en son temps, par cette élite intellectuelle qui lut-tait contre le naufrage idéologique et iden-titaire, cette catégorie ne se serait jamais éloignée des préoccupations d’un peuple conscient des enjeux du pouvoir mais qui gardait ses distances pour que les incen-diaires ne trouvent rien à brûler.

Le symboleAmar Laskri est parti comme il a vécu hum-blement parmi les siens et les Portes du silence risquent désormais de nous enfer-mer pour le restant de notre vie, parce que

Dessin Ferhat Ilies

Amar Laskri est parti comme il a vécu humblement parmi les siens et les Portes du silence risquent désormais de nous enfermer pour le restant de notre vie, parce que nous n’avons pas été en mesure d’interpréter ses déceptions et ses espérances.

FILMOGAPHIE1968 : L’enfer à dix ans 1969 : Le communiqué 1971 : Patrouille à l’est 1978 : El Moufid 1987 : Les portes du silence 1998 : Fleur de lotus

Page 9: Maqam numéro 02 mai 2015

Fondouk pour nos coups de cœur et pour votre satisfaction. Jadis temple des musiques citadines, fief des musiciens et le lieu privilégié des bardes, il restera, dans cette aventure que Maqam partage avec vous, un espace d’échange et de culture. Pour Maqam, Fondouk se veut un cahier-magazine qui constellera nombre d’informations sur les actions et les activités les plus marquantes du champ culturel national. Fondouk est donc un espace ouvert, aéré et accessible à tous. C’est aussi le réceptacle de toutes les bonnes idées, initiatives et actions culturelles.

Maqam numéro 02 - mai 2015

16 17

La force de l’argument est éternelle

Ce fut un temps où la liberté d’expression était un rêve à l’audience virtuelle et limitée. Aujourd’hui, cette illusion est devenue une réalité grâce à la sueur, à l’encre et au sang versé par des plumes qui ont aimé l’Algérie à la liesse.

LCes plumes porteuses d’une im-mense fertilité étaient destinées à se consumer pour permettre à des générations de jeunes journalistes de s’éclairer à la lumière d’une li-

berté de penser arrachée à la réticence. Ces valeureux témoins du temps qui passe pensaient par eux mêmes et ont su offrir une identité à leurs idées sans perturber le bon sens de l’histoire. Il leur est arrivé de se croiser dans la cohérence et se confronter dans la contradiction, d’où leur liberté de ton infalsifiable. Leurs noms sont de précieux présents qui ornent notre vie profession-nelle et soulagent nos stress quotidiens. Tahar Djaout, Ismaïl Yefsah, Youcef Sebti, Naïma Hamouda, Saïd Mekbel, et la liste s’allonge inéluctablement sans se soucier de nos états d’âme, ont rehaussé l’esprit de l’homme, l’ont orienté vers la conscience et l’ont incité à grandir et à avancer. Durant les pires moments de leur combat significatif, ces martyrs de la pensée et de la liberté ont réussi à résister héroïquement devant la politique du pire. Leur sacrifice n’a pas été vain. L’Algérie s’oriente aujourd’hui, malgré les résistances rétrogrades, vers une évolu-tion qualitative qu’on ne remarque presque pas. « Une liberté d’expression saine », dira

Repères

LIBERTÉ D’EXPRESSION

le ministre de la communication, le 3 mai dernier lors de la célébration de la journée internationale de la liberté d’expression. Loin d’être analogue du sens qu’on attribue aujourd’hui, la liberté d’expression se rap-porte à l’esprit de la logique de la société, la basculant vers le respect de l’homme, non à sa sanction ou à sa sanctification. Une liberté utile dans la mesure où elle répond à la déontologie contraire à celle, venant d’autres contrées, qu’on souhaite répandre sur un sol nourri de sang pur. Le prix de cette liberté a été lourdement consenti afin que l’ignorance des uns et des autres n’impose aucune contrainte ar-chaïque à la lutte de ceux qui ont saisi le sens suprême de la liberté. Ils ne l’ont pas obtenu par les armes et les bombes, mais par l’intelligence de la réflexion, le verbe libérateur et constructif, et par une plume nourrie à l’encre saine. Ils ont choisi la force de l’argument pour répondre à la violence des armes automatiques maniées par les mains du mal. Toute la différence est là, entre notre démocratie en voie de matura-tion et les libertés factices formatées par l’esprit du prêt-à- porter.

Ikram Ghioua

fondouk

Page 10: Maqam numéro 02 mai 2015

Maqam numéro 02 - mai 2015

18 19

PhotosLamine Hamida

Le cœur de l’Ahaggar appelle le monde à l’amour

Cet adage populaire aux couleurs du Hoggar résume parfaitement la valeur accordée à ce violon ancestral mo-nocorde, fabriqué et joué exclusivement par les femmes. Symbole d’une culture millénaire, l’imzad, l’instrument, ses pratiques et ses savoirs, sont aujourd’hui inscrits sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’Unesco en 2013. Le son de l’imzad est magique. Ses mélodies créées par des mains féminines à la sensibilité infinie et chantés par des hommes épris d’es-pace et de liberté, sont un rituel qui invite le corps à se débarrasser des contraintes matérielles. Sa musique est considérée comme une véritable thérapie contre le stress ainsi que les autres calamités mentales entrainées par une modernité impitoyablement hégémonique. Après avoir frô-lé l’extinction, l’imzad, l’instrument et toute cette culture qui l’accompagne, a été ressuscité à temps grâce aux efforts de quelques invétérés amoureux de l’Ahaggar et de tout ce que cet immense territoire porte comme valeurs humaines. L’association Sauver l’imzad qui a grandement contribué à sauvegarder cette tradition musicale et vocale figure parmi les mouvements culturels les plus actifs ayant réussi à ins-crire cette entreprise de réhabilitation consciente et intel-ligente dans une dynamique de développement durable. Farida Sellal s’est particulièrement distinguée en accom-plissant un travail de titan dans ce sens. Son engagement pour la sauvegarde de l’imzad constitue sans aucun doute un exemple et une référence, grâce à l’apport précieux de Lalla Badi, Hamidou Tenfana et Lansari Hadawiya, ses as-sistantes. Des hommes de culture ont, eux aussi, participé au processus de sauvegarde qui a fini par « désenclaver » Amghar n izlène, Tihadaouine, Tikal tin tamat nahaggar, ces mélopées débordantes d’émotion, en les transportant aux quatre coins du monde.

« L’imzad est aux touareg ce que l’âme est au corps ».

Imzad,

Mohamed Mebarki

Rythmes

Page 11: Maqam numéro 02 mai 2015

Maqam numéro 02 - mai 2015

20 21

Une interprétation parfaite. Et c’est le moins que l’on puisse dire à propos de la prestation de

l’orchestre symphonique national qui s’est produit devant le public constan-tinois. Des musiciens valsant leurs doigts magiques entre les cordes des violons, la flûte et la trompette ont en-voûté les spectateurs venus en masse à la grande salle de spectacles Ahmed Bey. A l’évidence, c’est le chœur de la Garde républicaine qui a su avec un soin jaloux préserver le timbre de la musique populaire qui a offert un avan-tage au fabuleux spectacle. La scène était presque surréaliste et reflétait une illusion ou plutôt un rêve pourtant palpable. Petits et grands ne pouvaient rester indifférents devant la beauté de cette représentation, devenue encore plus belle avec la chorale polypho-nique d’Alger à laquelle la douceur des voix ajoutait le grain d’une joie dans le cœur du public. Plus brillant encore, Le maestro Amine Kouider par des gestes souples et un langage que seuls les instruments musicaux pouvaient com-prendre majorait une touche merveil-leuse à tout le reste. On n’a nullement besoin de comprendre le génie de la symphonie El Wiam, tout parlait d’elle. Les notes, le rythme et les accords. Mais aussi ces rimes qui résonnaient comme des poèmes. C’est une soirée vécue entre la réalité et le songe, mais où tout était vrai, même ces lumières aux couleurs de l’emblème qui rendait encore le tableau plus féerique. Si les voix de la chorale donnaient des fris-sons, les chansons interprétées éveil-laient les émotions et réveillaient le souvenir des martyrs. Au fait, c’est ce sentiment de la révolution qui s’est em-paré des spectateurs.

Ikram Ghioua

Trilogie Entre espoir et tourmentsServie par une scénographie d’une qualité esthétique et didactique de haute facture, cette exposition inaugure sur le Vieux Rocher, une nouvelle manière de mettre en valeur et de faire découvrir l’œuvre et le parcours d’un artiste plasticien.

Les royaumes numidesUne mise en scène alliant modernité et patrimoine, replonge le visiteur dans l’ambiance de la civilisation numide entre le IV avant J.-C et le Ier siècle après J.-C, période qui a vu se développer les plus grandes civilisations du bassin méditerranéen.

Les manuscrits des savants constantinoisL’exposition invite le visiteur à un voyage à remonter le temps pour découvrir les manuscrits des savants constantinois qui ont pu être recueillis et sauvegardés pour arriver jusqu’à nous.

Des ouvrages légués par des savants de Constantine, célèbres pour certains et moins connus pour d’autres, sont consultables sur tablettes tactiles et même interrogés de façon interactive grâce à la technologie du multimé-dia mise à contribution dans la conception de la très belle scénographie de cette exposition.

Ces expositions abritées par le Palais de la culture Mohamed-Laïd Al Khalifa, sont appelées à durer jusqu’au 31 juillet 2015.

L’afficheSymphonie El Wiam

un spectacle envoûtant

Photos Walid HamidaUne apothéose sonoreAprès avoir enchanté le public constantinois avec la Symphonie du Wiam, lors de la soirée du 30 avril organisée à la salle de spectacles Ahmed-Bey, L’Orchestre Symphonique National, dirigé par le maestro Amine Kouider, est revenu le 7 du mois courant pour faire durer le plaisir des amateurs de la musique classique mais aussi gâter quelques amoureux du malouf.

Et c’est dans le but de com-bler les deux publics qu’une nouveauté musicale, fusion-nant musique classique au malouf, a été composée puis

interprétée par près de 150 artistes issus de l’orchestre symphonique na-tional, de l’Orchestre constantinois du malouf et de la chorale polyphonique d’Alger et de quelques danseurs du ballet El Amel, avec la participa-tion du chanteur de malouf, Abbas Righi, du joueur de Zorna, Houcine Bouifrou et le grand musicien syrien Meslem Rehal. Cette alliance musi-cale n’était pas la seule œuvre de la soirée, car le concert était dédié aussi à la musique arabe, puis la musique algérienne. Les deux styles ont été savamment travaillés par une touche symphonique qui, selon le maestro Amine Kouider et une grande majo-rité des spectateurs, a ajouté davan-tage de densité, de couleurs et une sonorité des plus originales à la pres-tation. La première partie réservée

au style musical arabe semblait venir d’ailleurs, d’une autre ère, l’ère des mille et une nuits, mais hélas, cela n’a pas suffi à «effleurer» la sensibilité d’un public peu habitué à ce genre de spectacle. Cependant, la deuxième partie consacrée à la musique algé-rienne a « secoué » les spectateurs, en mettant le « feu » dans une am-biance entrée subitement en transes, et ce grâce aux diverses styles de musiques algériennes interprétées (kabyle, saharienne…) mais surtout grâce aux chansons piochées dans l’ancien répertoire populaire algé-rien tel que Goumari, Ya rayeh wine m’safer, Ya zina diri lataye… La troi-sième et dernière partie du concert fut dédiée aux passionnés du malouf et a été agrémentée par la participa-tion de Abbas Righi et de l’ensemble régional de Constantine dirigé par Samir Boukredira.

Ranida-Yasmine Meraz

Rythmes

MALOUF SYMPHONIQUE

PhotoLamine Hamida

Hommage au Lion d’OranLa piéce Ettefah (les pommes), nouvelle production du Théâtre régional d’Oran (TRO), rend un vibrant hommage à l’illustre figure du 4ème Art algérien Abdelkader Alloula (1939-1994), le 21 mai à Constantine.

Warda El Djazairia à l’inaugurationde la semaine culturelle de l’EgypteEn hommage à la grande diva de la chanson arabe Warda El Djazairia, une soirée a été organisée, à l’occasion de l’inauguration de la semaine culturelle de l’Egypte, dans le cadre de la manifestation « Constantine, capitale de la culture arabe 2015 ». La troupe égyptienne d’Abdelhalim Nouira, dirigée par Mahmoud Kamel, a accompagné Dalia Abdelwahab de l’opéra du Caire, dans la première partie d’une soirée, placée sous le signe du Tarab en présence de l’ambassadeur de l’Egypte en Algérie.

Page 12: Maqam numéro 02 mai 2015

22 23

Le Vatican reconnaitofficiellement l’Etat palestinienLe Vatican a annoncé mercredi 13 mai 2015, qu›il allait signer son premier ac-cord avec l›Etat de Palestine, une formule retenue depuis deux ans par le Saint-Siège à la suite du vote de l›ONU, mais officialisée pour la première fois dans le cadre d›un traité. Le chef de la délégation du Saint-Siège, Monseigneur Antoine Camilleri a également espéré que l›accord « encouragerait la communauté inter-nationale (...) à entreprendre des actions plus décisives pour parvenir à une paix durable et à la solution souhaitée des deux Etats ». Le Vatican utilise la formule « Etat de Palestine » depuis février 2013, à la suite de l›admission en novembre 2012 de la Palestine comme Etat observateur à l›ONU.

Constantine - Patrimoine« Regards Croisés »

Dans le cadre de la manifestation « Constantine, capitale culturelle arabe 2015 », une exposition photographique est organisée du 13 mai au 30 juin au Palais du Bey à Constantine. Cette expo-photo fait suite à la 2e édition de la Résidence euro-algérienne des photographes mise en œuvre par la Délégation de l’Union européenne en Algérie, qui a eu lieu du 21 au 24 novembre 2014 à Constantine. 10 photographes algériens et 11 européens ont sillonné la vieille Cirta, perchée sur son monolithique Vieux Rocher et ses Ponts Suspendus, afin d’en dresser une mosaïque-portrait qui servira à garnir un livre d’art où seront aussi montrées d’autres villes algériennes et européennes. Cette exposition intitulée « Constantine, Regards croisés, Patrimoine et Culture », exhibera le résultat en photos du grand constantinois.

Emission de trois timbres poste pour célébrerla capitale de la culture arabe 2015

Algérie poste a procédé, le jeudi 16 Avril 2015, à l’émission d’une série de trois (03) timbres poste commémoratifs avec une valeur faciale de 10.00, 25.00 et 60.00 DA ayant pour thème « Constan-tine Capitale de la Culture Arabe 2015 ». La cérémonie d’oblitération, 1er jour, des trois (03) timbres émis à cette occasion, a eu lieu le même jour, au niveau de la Re-cette Principale d’Algérie Poste de Constantine.

Institution du Prix du président de la Républiquedu journaliste professionnel

Dans son message de félicitation adressé à l’occasion de la Journée mondiale de la presse, le 3 mai dernier, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, à déclaré : « Je voudrais encore une fois féliciter tous les travailleuses et les travailleurs du secteur de l’information et de la com-munication pour leur fête internationale et j’annonce, à cette occasion, l’institu-tion du prix du président de la Répu-blique du journaliste professionnel, qui sera décerné à partir de cette année et qui se veut une reconnaissance de la nation pour les efforts soutenus et dé-voués des journalistes professionnels en faveur de la consécration des prin-cipes de la liberté d’expression ».

L’ONDA édite un coffret sur le parcours musical et poétique de Slimane AzemA l’occasion de la célébration, le 26 avril der-nier, de la Journée Mondiale de la Propriété Intellectuelle, l’Office National des Droits d’Auteur et Droits Voisins (ONDA), qui a or-ganisé un spectacle hommage à feu Slimane Azem à la salle Ibn Zeydoun à Alger, a procé-dé à l’édition d’un coffret de phonogrammes regroupant le parcours musical et poétique de ce grand artiste.

La Saga de la créationde la Cinémathèque algérienne au MamaDans le cadre de la célébration de la création, il y a 50 ans, de la Cinémathèque algérienne, le Centre algérien de la cinématographie (C.A.C) et l’Agence algérienne pour le rayonnement cultu-rel (AARC) ont organisé une exposition inédite intitulée « La Saga de la création de la Cinéma-thèque algérienne » abritée par le Musée Des Arts Modernes D’Alger (MAMA), ainsi qu’une série de cycles de projections de films qui s’éten-dront jusqu’au 10 juillet 2015.La Cinémathèque algérienne a été créée, peu de temps après l’indépendance, le 23 Janvier 1965, les premières projections se sont tenues dans la salle de l’ex-Club, devenue depuis le Musée du cinéma. Cette exposition raconte la saga des premières années d’une cinémathèque qui est vite devenue la deuxième du monde. Elle résume les grandes activités que la cinémathèque a abri-tées entre 1965 et le PANAF 1969.

« Le Retour » thème du Feliv 2015

La 8ème édition du Festival International de la Littérature et du Livre de Jeunesse (FELIV) lance son concours de nouvelles.Prévue du 23 au 29 juillet 2015, cette nouvelle édition du FELIV est marquée par le retour de son concours de nouvelles en 3 langues (arabe, berbère et français), destiné aux auteurs algé-riens amateurs. « Le retour » est le thème dési-gné cette année pour le concours, comme une évocation des sources, des traditions et des contes, dont les auteurs pourront s’inspirer pour mettre en place leurs œuvres. Pour participer, il suffit d’envoyer la nouvelle en 3 exemplaires à l’adresse suivante : Concours de nouvelles, commissariat du FELIV, 11, rue des Cèdres, El Mouradia, Alger, ou par email à : [email protected].

La femme arabe et les

défis contemporains Les travaux du séminaire sur « La femme arabe et les défis contemporains », organisé par l’Union nationale des femmes algériennes (UNFA) conjointement avec l’Union générale des femmes arabes, ont débuté le samedi 16 mai, en présence de la ministre de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition de la femme, Mounia Meslem.A ce séminaire de la femme arabe, prévu pour trois jours, 16, 17 et 18 mai, à la maison de la culture Malek Haddad de Constantine, prennent part, outre la secrétaire générale de l’Union générale des femmes arabes, Mme Houda Bedrane, les représentantes des or-ganisations de femmes d’Irak, de Syrie, de Palestine, de Tunisie, du Liban, de Bahreïn, d’Egypte et du Soudan, ainsi qu’une trentaine de députés femmes issues de différentes wi-layas du pays.Lors de ce séminaire, l’épouse de l’ambassa-deur de Palestine en Algérie, a rendu un vibrant hommage à ses 24 compatriotes femmes em-prisonnées dans les geôles israéliennes.

Le Goncourt du premier roman décerné à Kamel Daoud

L’écrivain et chroniqueur Kamel Daoud, a reçu le prix Goncourt du premier roman pour Meursault, contre-enquête paru chez Actes Sud, a annoncé le jury du prix littéraire présidé par Bernard Pivot, mardi 5 mai à Paris. Quelques heures après l’annonce officielle dans le célèbre restaurant Drouant, Kamel Daoud, encore très ému par le vibrant hommage que lui a rendu Régis Debray, s’est dit « heureux de cette distinction et heureux de la dédier aux Algériens ». « Il ne s’agit pas de ma petite personne, mais d’affirmer l’image de l’Algérie dans le reste du monde », a expliqué Kamel Daoud. « J’espère que cette distinction sera comprise comme une manière d’exister dans un monde très dur, il faut sortir du prisme algéro-français, et la voir comme une affaire de visibilité. Puisque l’image d’un pays passe par la culture et l’art », a-t-il ajouté.

Le cinéma algérien présent à la 68ème édition du Festival de CannesL’Agence Algérienne pour le Rayonnement Culturel (AARC) sera présente pour la qua-trième fois consécutive au Festival de Cannes qui se déroulera du 13 au 24 mai 2015 à Cannes (France). L’AARC prendra part à la 68ème édition du Festival de Cannes pour promouvoir à l’inter-national les réalisateurs de la nouvelle scène cinématographique nationale.Elle mettra en place pour la quatrième fois consécutive le pavillon Algérie au niveau du Vil-lage International et présentera son catalogue de production cinéma de 2010 à aujourd’hui.

13ème édition du Prix UNESCO-Sharjah pour la culture arabeCréé en 1998, le Prix UNESCO-Sharjah pour la culture arabe récompense, chaque année, deux lauréats, des personnalités, groupes ou institutions, ayant œuvré, par leur travail et leurs réalisations exceptionnelles, à la diffusion d’une meilleure connaissance de l’art et de la culture arabes. Vingt-deux personnalités ont reçu les honneurs de ce prix, dont des chercheurs, ar-tistes, philosophes, écrivains, traducteurs, etc., ils puisent tous dans la mémoire de la culture arabe comme source de leur créativité. Le Prix UNESCO-Sharjah pour la culture arabe, œuvre pour une meilleure connaissance des cultures et pour leur dialogue.

Coups de coeur L’image

Page 13: Maqam numéro 02 mai 2015

Maqam numéro 02 - mai 2015

24 25

Au-delà des tourments,l’allant pour renaître de son art

« Qu’est-ce qu’une ville sinon ses habitants ? »,

William Shakespeare « 1607 Coriolan».

La palette de Kamel Nezzar l’affirme tout aussi, en faisant qu’aujourd’hui, le temps de cette exposition, Constantine bat la pleine mesure d’une valse à trois temps, - sa trilogie -, qui s’offre encore l’ « Essence » et le temps d’exploser « Infidjar » devant 100 toiles toutes radieuses de procurer, comme pour un « Arc-en-

ciel », une immense joie.

Valeurs

RÉTROSPECTIVE KAMEL NEZZAR

Que d’« Essence » ! Oui beau-coup d’«Essence» même, pour que cet artiste qui a cru bon d’aller commettre des « Infidjar

», explose de mille flammèches qui, à ce jour, n’ont jamais finies de virevolter haut pour donner ses couleurs à l’« Arc-en-ciel » et à l’aura d’une ville aussi envoûtante que Constantine. Déroulant au rythme calme et tortueux du Rhumel, culminant avec la monumentalité du Vieux Rocher et frayant son bonhomme de chemin au gré de la foule humaine, l’œuvre de Kamel Nezzar s’insinue subrep-ticement dans les têtes, fouille l’imaginaire collectif, nous interroge et parle à tous nos sens. Elle ne cherche pas seulement à épingler nos yeux égarés, elle s’inquiète pour nos esprits troublés et pour notre moi disséminé.

En découvrant, ou pas cette vérité, les constantinois qui ont afflués en nombre pour admirer les 100 toiles exposées au Palais de la culture Mohamed-Laïd Al Kha-lifa, à la faveur de cette exposition si capti-vante par le chatoiement des couleurs vives

Par Dj. Belkadi

Photo Lamine Hamida

et vivifiantes qui les a submergés, se sont retrouvés rassemblés. Et c’est déjà un fait important ! Et qui plus est, ils étaient là de-vant les œuvres d’un artiste, qui, même par-ti vers sa dernière demeure en empruntant de manière impromptue Le boulevard des mal-allongés, a dressé, par une ingénieuse passe de trois - sa trilogie -, une passerelle, un énième pont pour maintenir un dialogue post-mortem inventif et fécond avec ses concitoyens.

Pour situer l’œuvre, le défunt critique d’art Ali Hadj Tahar en a finalement tout décor-tiqué pour nous rendre compréhensible l’approche picturale et esthétique de Kamel Nezzar. Mais aussi, au pas de sa critique, il a judicieusement déterminé le cadre mental et les paradigmes constitutifs de l’architec-ture de l’univers sensible de l’artiste.En nous faisant cheminer si près de l’œuvre et du parcours de l’artiste, Ali Hadj Tahar, a, d’une manière prompte et concise, procédé au dévoilement de la genèse du processus créatif chez l’artiste, autant dans sa forme que dans sa composition. Sa critique nous révèle les éléments constituant cette suite progressive qui s’accompli sur un substrat pensé dans la douleur des questionne-ments identitaires, existentiels, philoso-phiques...

L’œuvre est fondamentalement tendue vers une finalité qui a été dictée par un choix as-sumé intellectuellement. Un engagement pris consciemment, pour la destiner à un large public, à la société, au peuple et non à l’envoyer croupir dans des réserves, des collections et sur les murs des musées, car précisera Ali Hadj Tahar : « son art est de part en part travaillé par une tension et une inquiétude à la fois spécifiques à tout acte de création véritable et symptomatique de

la crise que traverse l’artiste algérien dans une société en plein bouleversement ». Une crise que l’artiste traverse mais qui, finalement, le traverse au plus profond de son être, secouant fortement son âme et ébranlant ses convictions.

Un art destiné au grand publicEt c’est là, qu’au-delà de toute la mélan-colie, des tourments de la vie, des incerti-tudes, mais surtout, de ce sombre destin que des sicaires menaçaient d’imposer à une nation de martyrs et de héros, à un peuple qui a forgé ses idéaux en résistant à la longue nuit coloniale, que Nezzar trouve de l’allant pour renaître de son art et dans son art. Surgissent alors des auras d’espoir et une peinture dominée par la couleur de la joie, l’innocence des éclats de rire et par « les bleus, les blancs, les ors, les jaunes, les orangers et les vermillons, les éclats de rubis, les tons irisés, les verts émeraude, les lapis lazzuli, les rubis, les saphirs, les couleurs du cosmos, celles des nuages et des subtiles matières tatouées de signes, des poussières d’astres… ».Dans sa démarche Kamel Nezzar a peint pour aborder des sujets universels où la poéticité s’incruste dans des profondeurs philosophiques, métaphysiques et où les prétextes sociopolitiques peuvent s’avérer déterminants. Ceci dès lors qu’il s’agit aussi d’une dimension d’ « Essence » humaine. Car Nezzar, s’il n’inclut pas encore la figure dans son œuvre (Essence et Infidjar), il n’aborde pas moins des questionnements ontologiques, relatifs à l’être, l’humain, à son passé, son présent et donc à son de-venir, ceci dans une approche sustentée à une phénoménologie de sa perception.

PhotoWalid Hamida

Page 14: Maqam numéro 02 mai 2015

Maqam numéro 02 - mai 2015

2726

Le cœur de la peinture en tant que lieu de poésie

Ali Hadj Tahar nous apprendra aussi que « dès la série Essence, Nezzar a pénétré dans un monde où Joan Miró et Wilfredo Lam ont les premiers fait de belles incursions. Et s’il n’est aucun artiste avec lequel on peut faire le rapprochement, c’est cependant de l’esprit du peintre sculpteur espagnol, Joan Miró, qu’on peut le comparer ». Tout comme lui, Nezzar s’est bien abreuvé aux sources généreuses de la véritable exemption.

BIOKamel Nezzar est né en 1951 au quartier Sidi Djliss, au cœur de la Médina de Constantine. Il y a débuté sa scolarité à l’école Jules Ferry avant de rejoindre l’école des beaux arts d’Alger et ensuite la ville de Florence en Italie, là ou il a également poursuivi des études en scénographie afin de compléter sa formation de plasticien et de peintre. Il a réalisé les décors et les costumes de célèbres pièces de théâtre : Youm El Djemâa Khardjou Leryam (1977) et Babor Ghrak (1983) de Slimane Benaïssa ainsi que ceux de La mort d’un commis voyageur de Fouzia Aït El Hadj, de même que des décors pour la mode italienne. Kamel Nezzar est décédé à Alger en août 2002.

Si l’œuvre de Miró passe souvent pour être joyeuse et pleine d’humour, celle de Nezzar est par nature anxieuse tout en possédant le même naturel et la même liberté. Une spontanéité qui s’accorde mal avec l’auto-matisme préconisé par le surréalisme doc-trinal. Ce n’est que dans la troisième série de sa trilogie, Arc-en-ciel, que paraitra la figure humaine, d’une manière très schématisée. Et on y sent déjà la volonté de vouloir s’af-franchir de la forme anthropomorphique pour des formes plus libres. « Mais il sait que s’il s’attaque à l’humain, il faut faire parler son âme, une entreprise risquée et difficile depuis Picasso, Bacon, de Koo-ning, les expressionnistes allemands et italiens… ». Si la série des Infidjar a pour quête, le bon-heur à travers une superfluité de la couleur, en un débordement chatoyant, lumineux, dans la partie finale, Arc-en-ciel, s’affirme un fait pictural qui tire sa force de son oppo-sition au réel qui l’a rendu possible.

Effectivement, Arc-en-ciel nous invite au cœur de lieux magnifiés qui sont au fond, le cœur-même de la peinture en tant que lieu de poésie, lieux d’une profonde méditation, ô combien généreuse. Cette suite est inspirée par l’idéalité des fables et des mythes élaborés sur Constan-tine plus que par Constantine elle-même. C’est ce puissant pouvoir d’envoûtement qui habite l’imaginaire collectif de ses habi-tants et qui fonde toute l’aura de Constan-tine, que Kamel Nezzar a su saisir pour le restituer au patrimoine commun, par la seule magie de sa peinture et le truchement judicieux et joyeux de son art

Dj. B.

La geste numide

La pièce théâtrale Jughurta a laissé une bonne impression chez le nombreux public qui a assisté à la Première

constantinoise de cette «picturation» scé-nique dessinée sur les planches du TRC par l’association du Nouveau théâtre de la ville des Issers. Abderrazak Kouadri He-baz, le réalisateur et sa troupe ont, selon l’avis de plusieurs spectateurs, réussi avec beaucoup d’application à raconter le déclin de la Numidie sur fond de trahisons et de traitrise. De notre point de vue, l’aisance avec laquelle les acteurs ont manié l’Arabe classique, ainsi que leur respectable perfor-mance corporelle et visuelle, ont largement contribué à rehausser le ton et l’ambiance d’une époque historique que les Algériens questionnent encore, en face d’un public sage et attentionné qui n’a pas applaudi durant la représentation, et cela pour une seule et unique raison : il n’y avait ni déchet, ni creux dans le jeu des comédiens. Ces derniers semblaient bien dans leur peau et évoluaient sobrement au milieu d’un dé-cor qu’ils faisaient « bouger » sans aucun problème. Une mention acceptable pour tout ce travail artistique dominé par un texte recherché et fouillé, mais qui a été malheu-reusement « écorché » vif par une musique trop timide. Quoi qu’il en soit, il y’avait de l’émotion et de la sincérité à travers une ho-norable prestation où les deux rôles fémi-nins ont brillé. En tous les cas, le public s’en est rendu bien compte et a salué comme il se doit une troupe formée par de talentueux comédiens, possédant tous les atouts pour progresser davantage. On est certes en-core loin de la perfection, mais si les jeunes artistes arrivent à préserver cet état d’esprit avec lequel ils ont assumé leurs rôles, rien ne pourra les empêcher de « grandir » en forçant les frontières de l’improvisation ar-tistique.

M. M.

Photo Walid Hamida

Photo Lamine Hamida

Page 15: Maqam numéro 02 mai 2015

28

Par Ranida-Yasmine Meraz

Notre avis, cette démarche était incontournable dans la mesure où ce public, long-temps privé de ce genre de spectacles, avait certai-nement des choses à dire

à propos d’une Première. Ça y est, le jour J est là, le tant attendu 23 avril. Le public, composé de peu d’artistes - une poignée de comédiens représentant certains théâtres régionaux, et quelques acteurs et visages du monde artistique et culturel- mélangés à des spectateurs d’horizons diverses, attend devant l’entrée du TRC dans une même attitude : regard impatient, empressé et curieux. Un regard impatient de décou-vrir cette mise en scène qui retrace la vie d’une figure emblématique de l’histoire de Constantine, une attente empressée de voir l’incarnation du personnage principal d’une légende constantinoise souvent entendue sous forme de conte ou de chanson malouf, mais jamais identifié sur des planches ou à l’écran. Et enfin, une curiosité de voir ce que Tayeb Dehimi et sa troupe ont apporté de plus à ce bout d’histoire de Constantine afin de la rendre plus merveilleuse qu’elle ne l’est déjà. Bref, les spectateurs étaient

Mythes

GÉNÉRALE DE LA PIÈCE SALAH BEY

La générale de la pièce « Salah Bey » produite par le théâtre régional de Constantine et choisie pour l’inauguration du programme du département Théâtre de la manifestation « Constantine, capitale de la culture arabe 2015 », à laquelle nous avons assistés, nous a incités à explorer la réactivité de certains spectateurs ayant fait partie des privilégiés invités à l’ouverture de cette distribution.

Un destin tragique noyé dans la scène

pleins d’espoir vis-à-vis de cette pièce qui, pour eux, était la première interprétation artistique d’un personnage mythique de la ville. Nous ne pouvons pas dire qu’elle fut un échec total, ce serait injuste de notre part, car l’œuvre avait certains angles bien approchés, mais hélas la déception dépas-sait l’enchantement et le regard du public, à la sortie du théâtre, n’était plus le même. De prime abord, nous n’aurons jamais la pré-tention de faire endosser la responsabilité de ce mécontentement à la réalisation seu-lement, car d’autres éléments défaillants ont précédé la présentation de la pièce et se sont réunis pour laisser à cette ouverture un goût d’inachevé. Sans nous attarder à reprendre le parcours de Salah Bey de-puis son débarquement à Alger jusqu’à sa fin tragique en passant par les différentes étapes ayant marqué sa vie, nous nous intéresserons aux quelques disfonctionne-ments ayant provoqué des désagréments à ceux qui sont venus « savourer » un produit culturel combien attendu. Alors, commençons par le commencement. Le spectacle avait été annoncé pour 16h. En réalité il a fallu faire preuve d’une grande patience avant la levée de rideau. Et pourtant

ne dit-on pas que la ponctualité est la poli-tesse des rois ? Pauvre Salah Bey ! Aurait-il permis cette indélicatesse à ses hôtes ?Attendre l’ouverture des portes, puis l’ar-rivée des autorités locales, ensuite prêter oreille à une succession de discours proto-colaires. Dieu merci, l’immense Antar Hellal est entré en scène, comme par inadver-tance, et à réussi par son unique présence, son énergie débordante et son sourire contagieux à rafraîchir une atmosphère lourde et détendre des visages crispés par l’attente.Le manque d’organisation était flagrant. Là aussi, les organisateurs et autres agents du TRC ne sont pas pris pour seuls respon-sables. Hélas ! Une partie du public et des journalistes ont fait preuve de manque de respect envers le théâtre. En effet, photo-graphes et caméramans avaient du mal à tenir en place durant toute la présentation de la pièce avec des va- et-vient intermi-nables, des claquements de portes, des chuchotements et éclats de rire vite ca-mouflés, des sonneries de téléphone por-tables…ayant bien rempli une mission de trouble-fête

R-Y. M.

Photos Walid Hamida

Page 16: Maqam numéro 02 mai 2015

Maqam numéro 02 - mai 2015

30 31

Des larmes sur le plancher de l’ingratitude

Par Ikram Ghioua

Tous ceux qui ont vu ses films ou l’ont approché attestent sous le sceau du serment qu’il n’est pas qu’acteur et comédien dans l’âme, mais un artiste né et même

tout à la fois. Le cinéma pour cet homme est une véritable profession de foi ! Ce fils de Barika, né en 1948, fait rire et cultive le fou rire chez ses fans, mais sait aussi créer l’émotion qui fait tomber les larmes sur les planchers de l’ingratitude. Cette sommité du 7ème art ne joue pas que des rôles. On a parfois l’impression qu’il joue sa vie. Il n’arrête pas de transmettre des messages et des alertes à l’endroit d’une société perdue dans la recherche de ses repères. C’est la voix du peuple et de l’Algérie profonde. Pour lui, le réel est aussi dans l’interprétation des person-nages dont il ne manquera pas d’en faire un redoutable canal de communication. Athmane Ariouat qui a impressionné par son art consommé, a aussi séduit par son talent, « qui n’a malheureusement pas été

Hommage

ATHMANE ARIOUAT

Un passionné d’une dimension et d’une valeur inestimables. Un seigneur du cinéma de la trempe de Charlie Chaplin, Athmane Ariouat est tout cela, et même plus. Il est considéré par des spécialistes, les vrais, ceux qui n’ont pas été abandonnés par la grâce artistique, comme une icône du cinéma algérien.

exploité comme il se doit », dira de lui El Hachemi Zertal, homme de cinéma et distributeur de films. Avec ce phénomène du cinéma, on y prend du plaisir, du bon temps et vraisemblablement conscience des maux qui rongent notre société. On dira de lui, notamment dans l’un de ses films les plus célèbres « Passer un mo-ment avec « Si Makhlouf El-Bombardi », c’est à coup sûr, rester plié de rire du début à la fin ». Il s’adonne à fond à son métier et sa passion. Il se livre sans réserve pour di-vulguer la pensée matérielle et virtuelle de l’Algérien de base. C’est à même de dire que chaque algérien s’identifie dans ses personnages. Malgré toutes les métamor-phoses portées à l’endroit de la société Athmane Ariouat demeure fidèle à ses en-gagements, principes et convictions. Habi-té par une authenticité biologique, sa cé-lébrité n’aura aucun impact égocentrique sur son réalisme et son humilité. Il restera simple mais étonnant. Ce héros dans la peau du personnage principal de « Carna-

Dessin Ferhat Ilies

val fi Dachra » a su mettre de l’éclat dans l’obscurité, placer des vérités dans l’irréel, faire appel aux consciences et aux in-consciences. Son parcours reflète l’image d’un surdoué sans égal. Après son conser-vatoire, il a suscité l’intérêt de spécialistes internationaux. Il a eu le mérite de décrocher à l’unanimité le 1er prix de diction en langue française et reçoit sans complaisance les encou-ragements du professeur français Henri Vangret. Sa carrière s’inscrit aussi dans le théâtre. Ses premiers pas avancent avec Mustapha Kasdarli, Taha Laâmiri et Allal Mouhib, des interprètes aussi talentueux que doués. Dans son parcours cinéma-tographique, Ariouat a toujours affiché sa grande estime pour Salah Aougrout, Biyouna, Keltoum, Ouardia, Rouiched, Boubegra, Hadj Abderrahmane, Yahia Benmabrouk, Mahiedine Bachtarzi, Mo-hamed Hilmi, Mustapha Kateb, et Kaci Tizi Ouzou. Comme Hadj Abderrahmane, alias l’inspecteur Tahar, Athmane Ariouat qui

a disparu des écrans de son vivant aura l’avantage de survivre dans la mémoire de la société. Son audace qui le poussera même à improviser dans ses interpréta-tions cinématographiques entretenant le génie de la création, est presque un en-seignement de réflexion, ciblant les pro-chaines générations. Le maestro n’est pas seulement entré en possession du mental de ses admirateurs, mais de leurs cœurs et leurs âmes. Son influence va au-delà des esprits, au-delà de l’art contemporain pour franchir les lignes du surréalisme. Derrière ce seigneur du cinéma, se cache pourtant un homme qui n’est pas facile à vivre, étant un être qui croit en sa per-sonne, s’inspire de sa foi et vit profondé-ment de ses convictions. Conscient de ses valeurs humaines, Ariouat le seul héro au regard des Algériens est une légende vi-vante et éternelle

I. G.

Athmane Ariouat a joué dans plus de vingt films durant une très longue carrière qui avait commencé en 1963. Acteur au talent affiné, il s’est particulièrement illustré dans Les dé-racinés de Lamine Merbah (1977), Cheikh Bouaâmama de Benamar Bakhti (1984), Taxi El Makhfi ( Le clandestin) de Benamar Bakh-ti (1989), Deux femmes d’Amar Tribèche (1991), et surtout Carnaval fi Dachra de Mo-hamed Oukassi (1994), un film qui a établi définitivement la notoriété d’un comédien hors-pair.

Page 17: Maqam numéro 02 mai 2015

Constantine, the eastern Algerian city, is currently being the 2015 capital for Arab culture and plenty

of room was made there for Palestinian culture week called “ Resistance And Hopes “ held at the culture Palace Moha-med Laid Al Lhalifa.The week-long cultural show was enlighte-ned not only by the fact that the palace was full packed with people during the whole week but also by the presence of distin-guished members of the Palestinian de-legation as well as the highly- interesting contents of the different workshops offered to the public.The Palestinian delegation whose some members are highly intellectual came up with clear ideas and appropriate themes with respect to the cultural exhibition.To say the truth, the Palestinian delegation lived up to the public expectations with the brilliant Toufik Fayadh who is one of the forerunners of the resistance literature in Palestine along with Samih Al Kassim and Mahmoud Darwish and the crowds were sincere in showing their strong support to the Palestinian people who are fighting to set themselves free from the suffering under the oppression of barbaric hordes of stranger settlers and liberate their land from the ‘israeli’ military occupation . The Palestinian people have been suffe-ring hardly from occupation ever since the state of ‘israel’ came into existence in 1948 ON TERROR.

PALESTINE

Al qods is the Arab name for Jerusalem and is holding the rank of “eternal capital of the state of Palestine” and as such it was brotherly celebrated in Constantine in a spirit of mutual recognition.

The cause, the land and Destiny

Tragedy and exile

Although the Palestinian literature is mainly of Arabic expression , the Palestinians are today calling out to the world by taking a universal line that tells the world that the Palestinians are determined like never before to put an end to the occupation of their land by the most merciless war machine the world has ever known.

The Palestinians are now aware of the ur-gent necessity to have millions on their side throughout the world to help them get de-traumatized from the disastrous effects of a colonialist sleight that is now at its utmost.Nowadays, the Palestinian cause is no lon-ger the Palestinians’ exclusive cause. The humanistic ideal their cause conveys to the world makes it the cause of freedom ver-sus tyranny, the cause of all Mankind.Free men and women from Havana to Is-fahan ; going past Tunis and Soweto , from Santiago to the martyred town of Haifa whose residents still reminisce vividly about that Wednesday , April 11 , 1948 when they were forced to go into exile away from their homes under the terrorist Irgoun death threat to massacre them all. The terrorist Zionist groups were then and there cunningly supported by the British soldiers.Said and Safia‘s tragic story symbolizes dramatically the fate of all the Palestinian people. The story was written by Ghassan Kanafani and it’s a true story.Human values will prevail inevitably Expulsed without prior notice by milita-

ry force out of their homes then far away from their country Palestine, Said and safia found themselves in a helpless and tragic situation. They were not given the slightest chance to take their only baby with them.Their baby was left alone at home. This tragedy is still vivid in memory of millions of people.Unfortunately, it’s sad enough to know that many powers in America, Europe and even in some parts of the Arab world are stoking the conflict to its core and not allowing any peaceful solution to it. The Palestinian people are suffering under occupation and from illegal settlers’ criminal behavior on a daily basis.But “ the path of the truth is all clear “ as well said and expressed by Lounis Ait Men-guellet in one of his famous songs and the Palestinians in their majority seem to have got it and understood it well and started to move towards their freedom . And they are supported by an irresistible logic and ineluctable historic process to end occu-pation and liberate the land. And they are hopeful for a much better future.All the chains and the walls of hatred, injus-tice, exclusion and even misunderstanding will fall apart before a new generation of people who are at last free from ideologi-cal constraints.Palestine is to be at the heart of a new wor-ld that is now forming.

Original idea and French text by Mohamed Mebarki

Translated into English

by Mohamed Bouhabila

Photo Walid Hamida

Maqam numéro 02 - mai 2015

3332

The Palestinian female cinema 3ex-presses the reality of this ravaged country with a unique force, » said

Thursday in Constantine Palestinian writer Asia Rayan.Speaking on the sidelines of the closing ceremony of the Palestinian cultural week, organized as part of « Constantine, capital of Arab Culture 2015, » Rayan told APS that the Palestinian cinema, formerly militant ci-nema, « is since fifteen years considered as a true and authentic art. »The sensitivityof Palestinian female film-makers « makes us discover daily life with incredible force in Palestine, even under Is-raeli occupation, » she said while stressing that her country’s female directors « recount in their own way the suffering of thousands of Palestinians, deprived of their land. »Asia Rayan mentioned the role of Palestinian director Aliya Arasoughly that continues to support and encourage emerging filmma-kers, before asserting that the Chachat fes-tival, through which female cinema found its audience in Palestine, assured « continuity for women directors, » such as Azza and Saâda Taghride whose documentaries and

short films have found a place in internatio-nal festivals.Asia Rayan, president of the festival of Arab women film and head of relations and communication department at the Arab House of Arts, both based in The Hague (Netherlands), stressed that through her involvement in cultural activities, she works to highlight the « crucial role of women » in the march of history and socio-political dy-namics in Arab countries.Parallel to the rich cultural programme, pre-sented during the Palestinian cultural week in Constantine, moviegoers have discove-red the film « Moutasalliloune » (Intruders) by Khaled Djerrar filming the passage of Palestinians between the West Bank and Al Quds, above and below the seven-meter wall, which divides the land.The film « Lamma Chouftek » (When I saw you) by Annemarie Jacer, tellingthe lives of Palestinian refugees in Jordan in the 1960s, was also very appreciated by the public, as well as the moving documen-tary entitled « Gaza », presented for the first time, showing the destruction of Gaza after the Israeli military attack in 2008.

Indonesian song and dance troupe Sumbar Talenta offered Tuesday evening some majestic moments, in a flood of colors and lights, as part of the event « Constantine, capital of Arab culture 2015. »

The Symphony Malouf performed Thursday evening by the « National

Symphony Orchestra (NSO) » and the regional band of Constantine, vibrated every sense of the large audience at Ah-med Bey concert hall in Constantine.Sometimes dynamic, sometimes mo-ving, the music so dear to the population of Constantine was sublimated into a su-cessful musical transposition.The musicians, led by maestro Amine Kouider, offered an hour and a half, mo-ments combining passion, refinement and sensitivity thanks to their expertise throughout this unforgettable evening organized as part of the « Constantine, 2015 capital of Arab culture » event.The surprise of this musical brewing, marked by ululating and applause of an appreciative audience, was the subtlety of the music of the « National Symphony Orchestra » and the regional band

« Sumbar Talenta » gives graceful performance

Malouf Symphony,

Energy, sensitivity and refinement

Indonesian troupe

Photos Lamine Hamida

Page 18: Maqam numéro 02 mai 2015

34

The play « Salah Bey » of Constantine Regional Theatre (TRC) was war-mly welcomed on Friday night in Jijel

where it was presented in the Omar-Ousse-dik Culture Palace.Scheduled as part of the event « Constan-tine, capital of Arab Culture 2015, » this play attracted a large public made of connoisseurs of the 4th art.The play is « a journey through time and space, » said APS spectator, full of admi-ration for the excellent performance of the troupe of the TRC.The 90-minute play, directed by Mohamed Tayeb Dehimi, on a text written by Boulmerka Said, shows the character of Salah, 16 years old, arriving in Algiers Port from Izmir (Turkey). Then comes a psychic, who predicted a bri-

ght and stunning future to the one who would be the future Bey (ruler) of Constantine.it presents a « re-read history of Salah Bey », the director and the author of the text has mixed history with fiction to present an adap-ted art work, Dehimi told APS.Regarding the history of the black veil (M’laya), worn by women in Constantine and in the country’s eastern region as a sign of mourning after the execution of the Bey, the director said that this is a « historical untruth. »For Dehimi, Constantine’s women never mourned Salah Bey because the dark veil « came long before, with the Fatimid state. »« We have been sufficient taught false truths and lies. It’s time to tackle other legends that have corrupted the history of the city of bridges, » he insisted.

Algerian artist Massinissa Selmani

honoured at Venice Biennale 2015

Algerian artist Massinissa Selmani received a Special Mention at the 56th International Art Exhi-bition (Venice Biennale 2015), which is to run until 22 November, specialized websites have said.Winning the same award as Syrian Abounadda-ra group and German Harun Farocki, Massinisa Selmani’s art is extremely simple. It includes montage of pictures and drawings. Born in 1980 in Algiers, Massinissa Selmani has been living and working in France for many years.Graduated from the Fine Arts School in Tours, France, he has already exhibited in number of countries, mainly in Europe. He also took part in collective exhibitions in French cultural centres in Oran, Algiers, Annaba and Constantine in 2012 and 2013.In 2014, he participated in the 11th Dakar Bien-nale.

Algerian writer Kamel Daoud receives Goncourt Debut Novel PrizeAlgerian writer and journalist Kamel Daoud on Tuesday won the Goncourt Debut Novel Prize for his book « Meursault, contre-enquête » (Meursault, Counter-Investigation), announced his Algerian publisher Sofiane Hadjadj, who was present in Paris for the announcement of the winner.

The jury of the Goncourt Academy has unanimously named Kamel Daoud’s Novel for this Prize which was awarded to Algerian author by French writer and philosopher Régis Debray, said Hadjadj.Finalist in 2014 Goncourt Prize with the same novel, Kamel Daoud competed with authors Kiko Herrero (Sauve qui peut Madrid!), Miguel Bonnefoy (The journey of Octavio Payot) and Jean-Noel Orengo (the Flower of the Capital), all pu-blished in France.Published first in Algeria in 2013 (Bar-zakh), « Meursault, counter-investiga-tion, » tells the story of the assassination committed by the controversial character of Albert Camus’s « The Stranger », de-livering an Algerian version of the by the brother of the “Arab» murdered.The writer also received, for this novel, François Mauriac Prize of the French Academy and the Prize of Five Conti-nents, awarded by the International Or-ganization of Francophonie, besides the « Escale littéraire (literary Stop) » Award in Algiers, awarded by Algerian and French writers and journalists.He was also awarded the award « Gon-court list/Choice of the Orient », at the 21st Beirut Francophone Book Fair (Le-banon).The English translation of this novel which addresses the situation of contem-porary Algeria will be published next month in June in the United States by New York publisher « Other Press ».

Restored archaeological pieces exhibited at National Museum of AntiquitiesThe restored pieces are a head of Roman Empe-ror Marcus Aurelius, made of marble (restored in 2008), and a head of a Roman lady, also made of marble, as well as a pistol dating back to the Ottoman era (restored in 2012). The exhibition, to run until 10 December 2015, displays other archaeological pieces dating back to the Ottoman era (restored in 2012), coins from the era of Emperor Aulus Vitellius and coins da-ting back to various historical periods (Greek, Nu-midian, Roman, Muslim and modern).The head of Legal Protection of Cultural Heritage Department, Mourad Betrouni, mentioned the international agreements relating to the preser-vation of heritage, including those concluded in 1970 and 1972, and which allow Algeria to restore a large number of archaeological pieces.

Salah Bey play receives warm welcome in Jijel

CONSTANTINE

Les ciseleurs des lendemains

Les Constantinois sont en train de renouer avec l’am-

biance nocturne de leur ville, timidement certes, mais tout en donnant l’impression

d’avoir saisi l’enjeu social porté par la manifesta-tion Constantine, capitale de la culture arabe 2015. Ayant subi, pour de différentes raisons et durant plus de deux décennies, le poids d’une inertie et d’une régression culturelle sans pareil, les habitants de la troisième ville d’Algérie, du moins sur les plans démo-graphique et économique, sont-ils sur le point de se rendre compte des énormes possibilités d’ouverture et d’épanouissement social qu’offre une conjoncture pleine de promesses, malgré les quelques imperfec-tions constatées ? On l’espère et on prie pour que ce nouvel état d’esprit qui se manifeste aujourd’hui par l’ « assaut » fami-lial des espaces publics se mue en une dynamique culturelle qui permettra à Constantine de redorer son blason de haut lieu convivial et intellectuel. Il s’agit d’une « révolution » dans les mœurs qui est en train de s’opérer devant nos yeux. Les Constantinois viennent d’exprimer leur désir de s’approprier un environnement urbain qui leur a été confisqué par des « années sans pardon ». Et le fait de savoir qu’ils sont déterminés à le faire, nous rassure sur leur capacité de transcender toutes les difficultés matérielles pour se hisser au niveau des exigences purement culturelles. Et c’est à ce niveau que doit intervenir l’élite intellectuelle afin de cata-lyser les énergies dans une dynamique de « réha-bilitation » cérébrale, en l’élargissant aux quartiers périphériques, et pourquoi pas à l’ensemble des localités de la wilaya.

M. M.

Page 19: Maqam numéro 02 mai 2015

www.qasantina2015.org

lemqamConstantine Capitale de la Culture Arabe 2015

Les ciseleurs des lendemains