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Avec le soutien de l’Association Française d’Action Artistique -Ministère des Affaires Étrangères et de l’AFAA-Ville de Biarritz pour ses tournées à l’étranger BULLETIN D’INFORMATION DU CENTRE CHORÉGRAPHIQUE NATIONAL / BALLET BIARRITZ / THIERRY MALANDAIN JUILLET – AOÛT – SEPTEMBRE 2004 INTERREG III SOMMAIRE L’ÉVÉNEMENT 2 LA DANSE À BIARRITZ N°18 5 SENSIBILISATION 7 ACTIVITÉ TRANSFRONTALIÈRE 8 DANSEURS À LA UNE 9 EN BREF 11 CALENDRIER 12 vulnérable que les battements d’un cœur. « Le temps du monde fini commence » disait Paul Valéry. Rien ne meurt vraiment, tout se transforme. En questionnant la Danse, Création était déjà nourri de ce sentiment. Le Sang des étoiles devrait s’emparer de ce même état d’âme. On par- lera probablement d’écologie, mais qui connaît mon travail, sait qu’il n’est pas exempt de « recyclage ». Loin des vertes prairies, la presse s’est faite récemment l’écho d’une tourmente qui agite le milieu chorégraphique français. Certes, le climat n’est pas à l’euphorie et semble parfois déréglé. Mais on rencontre encore des gens qui s’accordent à rendre la Danse plus belle. Et, si crise il y a, son mérite est de nous inviter à penser aux générations futures, à un plan de développement durable ! Thierry Malandain, mai 2004. ÉDITO En évoquant dans un précédent Numéro la nomination de Création aux Benois de la Danse, j’accompagnais cette information de la formule du « senior des anneaux » : « l’im- portant est de participer ». Une précaution utile, d’autant que parmi les nominés figuraient des « pointures » de la danse internationale. Notamment, John Neumeier, Mark Morris ou le couple formé par Paul Lightfoot et Sol Léon. En définitive, ce sont ces derniers, chorégraphes résidents au Nederlands Dans Teater qui furent consacrés. Aucun regret, cette cérémonie au Bolchoï de Moscou, riche de strass et de stress aura permis à Nathalie Verspecht de remporter un joli succès dans Pierre de Lune et me concernant, figurer parmi les nominés aux « oscars » de la danse était déjà fort réjouissant. Aussitôt rentrés, nous mettions en chantier Le Sang des étoiles qui ouvrira la prochaine édition du Temps d’Aimer. Comme chaque fois, les répétitions connaîtront des moments lumineux, tandis que d’autres assombris par le doute, remettront en question jusqu’à la validité du propos initial. Déjà, il y a un an, ce projet avait connu l’abandon au profit de Création. Aujourd’hui, je le reprends pour aborder un thème cher aux romantiques : le contraste entre la grandeur de la nature et l’intimité du cœur humain. À l’homme mortel, on a longtemps opposé une nature éternelle. On sait aujourd’hui que malgré la main de ceux qui s’accordent à la rendre plus belle, la nature est aussi

Numéro 23 - Juillet/Septembre 2004

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Malandain Ballet Biarritz 2004

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Avec le soutien del’Association Françaised’Action Artistique-Ministère des AffairesÉtrangèreset de l’AFAA-Ville de Biarritzpour ses tournées à l’étranger

BULLETIN D’INFORMATION DU CENTRE CHORÉGRAPHIQUE NATIONAL / BALLET BIARRITZ / THIERRY MALANDAINJUILLET – AOÛT – SEPTEMBRE 2004

INTERREG III

SOMMAIRE

L’ÉVÉNEMENT 2LA DANSE À BIARRITZ N°18 5SENSIBILISATION 7ACTIVITÉ TRANSFRONTALIÈRE 8DANSEURS À LA UNE 9EN BREF 11CALENDRIER 12

vulnérable que les battements d’un cœur. «Le temps dumonde fini commence» disait Paul Valéry. Rien ne meurtvraiment, tout se transforme. En questionnant la Danse,Création était déjà nourri de ce sentiment. Le Sang desétoiles devrait s’emparer de ce même état d’âme. On par-lera probablement d’écologie, mais qui connaît mon travail,sait qu’il n’est pas exempt de « recyclage».

Loin des vertes prairies, la presse s’est faite récemmentl’écho d’une tourmente qui agite le milieu chorégraphiquefrançais. Certes, le climat n’est pas à l’euphorie et sembleparfois déréglé. Mais on rencontre encore des gens quis’accordent à rendre la Danse plus belle. Et, si crise il y a,son mérite est de nous inviter à penser aux générationsfutures, à un plan de développement durable !

Thierry Malandain, mai 2004.

ÉDITO

En évoquant dans un précédent Numéro la nominationde Création aux Benois de la Danse, j’accompagnais cetteinformation de la formule du « senior des anneaux » : « l’im-portant est de participer ». Une précaution utile, d’autantque parmi les nominés figuraient des « pointures » de ladanse internationale. Notamment, John Neumeier, MarkMorris ou le couple formé par Paul Lightfoot et Sol Léon. Endéfinitive, ce sont ces derniers, chorégraphes résidents auNederlands Dans Teater qui furent consacrés. Aucun regret,cette cérémonie au Bolchoï de Moscou, riche de strass etde stress aura permis à Nathalie Verspecht de remporter unjoli succès dans Pierre de Lune et me concernant, figurerparmi les nominés aux «oscars » de la danse était déjà fortréjouissant.

Aussitôt rentrés, nous mettions en chantier Le Sang desétoiles qui ouvrira la prochaine édition du Temps d’Aimer.Comme chaque fois, les répétitions connaîtront desmoments lumineux, tandis que d’autres assombris par ledoute, remettront en question jusqu’à la validité du proposinitial. Déjà, il y a un an, ce projet avait connu l’abandon auprofit de Création. Aujourd’hui, je le reprends pour aborderun thème cher aux romantiques : le contraste entre lagrandeur de la nature et l’intimité du cœur humain.

À l’homme mortel, on a longtemps opposé une natureéternelle. On sait aujourd’hui que malgré la main de ceuxqui s’accordent à la rendre plus belle, la nature est aussi

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L’ÉVÉNEMENT

Le Sang des Étoiles à BiarritzEn ouverture du festival Le Temps d’Aimer organisé par Biarritz Culture, Ballet Biarritz présente les 4 et 5 septembre 2004 un nouveau spectacle intitulé Le Sang des Étoiles.

Parmi les astres illuminant la voûte céleste, l’étoile Polaire joue unrôle majeur dans la symbolique universelle. Guidant l’homme aumilieu des ténèbres, elle est aussi le centre autour duquel tout gra-vite. Non loin de ce «nombril du monde», évolue la Grande Ourse.Une constellation attribuée dans Les Métamorphoses d’Ovide à lanymphe Callisto.

Le mythe : Vivant auprès de la déesse Artémis, Callisto fut un jour contrainte dese plier aux assauts passionnés de Zeus. Durant neuf lunes, elle engarda le secret, jusqu’au moment où on découvrit son état. Artémisen informa alors Héra, la jalouse épouse du maître de l’Olympe. Peuaprès, Callisto mettait au monde un fils. De colère, Héra métamor-phosa la nymphe en ourse et la condamna à errer dans la forêt.Quelques années plus tard, Callisto se trouva face à un jeune hommequi chassait. Au moment où il s’apprêtait à tirer, Callisto reconnut sonfils. Zeus, assistant à la scène, dévia la flèche et décida de les unirdans le ciel. Héra, offensée de cet honneur, persuada l’Océan derefuser d’admettre la Grande et la Petite Ourse dans son flux. C’estpourquoi, ces constellations n’ont aucun repos et tournent autour del’étoile Polaire, sans jamais s’arrêter.

De ce mythe gréco-latin, je souhaite retenir l’anecdote présentantdes mortels métamorphosés en ours. Il me plaît aussi de les voirgagner le ciel pour y évoluer sans fin. Loin de la mythologie, on saitque durant des millénaires, l’homme et l’ours se sont partagés terri-toires et ressources. Une coexistence favorisant la croyance populaireselon laquelle l’ours serait « l’autre de l’homme». Aujourd’hui, dansla blancheur immaculée du grand nord, placé à l’extrémité de lachaîne alimentaire, cet animal absorbe dans son sang les rejets denotre insouciance. Comme d’autres espèces, sa survie est devenueune parabole de notre avenir.

Pour ce spectacle, les choix musicaux se sont portés sur des lie-der de Gustav Mahler qui témoigneront de l’Homme et sur des par-titions de Johann Strauss, Joseph Lanner et Emile Waldteufel, uncompositeur adopté par Biarritz au second Empire. Des œuvres com-posées pour la Danse illustrant admirablement l’insouciance d’uneépoque. Prenons la valse, on l’associe d’emblée au plaisir, mais l’in-conscience que procure son ivresse, lui confère aussi une dimensiontragique. «La musique me prend souvent comme une mer » écrivaitBaudelaire. Pensait-il au Beau Danube Bleu qui tel un maelström

Silvia Magalhaes et Christophe Roméro. Photographie Jose Usoz.

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L’ÉVÉNEMENT

MusiqueGustav Mahler, Johann Strauss, Emile Waldteufel,Joseph Lanner, Ludwig Minkus

ChorégraphieThierry Malandain

Décor et costumesJorge Gallardo

Direction de la production, conception lumièreJean-Claude Asquié

Réalisation costumesVéronique Murat

CoproductionCentre Chorégraphique National de Biarritz, Grand Théâtre de Reims, Théâtre Arriaga de Bilbao, L’Esplanade Opéra Théâtrede Saint-Étienne, Association Les Amis de Ballet Biarritz.

Avec :Magali Praud, Annalisa Cioffi, Ana Ajenjo Soto,Giuseppe Chiavaro, Frederik Deberdt, Roberto Forleo,Mikel Irurzun del Castillo, Christophe Roméro,Silvia Magalhaes, Nathalie Verspecht, Rosa Royo,Gaël Domenger, Cédric Godefroid, Véronique Aniorte.

entraînait les couples dans les profondeurs de l’oubli ? Enfin, nousconclurons avec une page de Ludwig Minkus extraite de LaBayadère de Marius Petipa, la scène des ombres, avec son extraor-dinaire introduction où les danseuses entrant une à une finissent parformer des lignes parallèles. Anecdote, ces lignes rappellent un deshexagrammes issu du plus ancien livre chinois,le Yi King, aussinommé le livre des transformations. Cet hexagramme étant celui du ciel.

Le Sang des étoiles, devrait être un bal cosmique donné au profit dela nature. Sans doute une prière qui, à l’inverse de Baudelaire, ver-rait l’Homme arrêter la musique, pour prendre dans ses bras la natu-re comme une mère.

Thierry Malandain

Répétitions du Sang des Étoilesdans le grand studio de la Gare du Midi.Rosa Royo et Giuseppe Chiavaro.

Photographie : Jean-Claude Asquié.

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L’ÉVÉNEMENT

Casse-Noisette à BiarritzLes 12 et 13 août en partenariat avec le Stage International de Danse de Biarritz, Ballet Biarritz donnera deux représentations de sa nouvelle production de Casse-Noisette.

En 1997, lorsqu’on m’invita à présenter Casse-Noisette, il meparut délicat de monter avec douze danseurs une œuvre conçued’ordinaire pour un effectif plus important. Réflexion faite, puisquedans ce conte pour enfants tout devenait concevable après les douzede coups minuit, pourquoi cette heure ne favorisait-elle pas égale-ment le rêve des plus grands? J’ai donc accepté, mais il me fallaitdavantage pour aborder ce projet. Peu avant, je découvris le « rebir-thing», une méthode respiratoire qui procure le bien être après unefoule de sensations contradictoires. Au cours de cette « renaissance»,de l’angoisse aux visions paradisiaques, comme dans les contes,tout peut arriver. C’est donc en référence à cette expérience que j’aimonté Casse-Noisette. Elle donne sens aux agissements deDrosselmeyer qui par le souffle guide l’esprit de Marie vers le paysdes rêves alors que son corps est agité d’étranges convulsions.

Comme d’autres chorégraphes, je suis revenu au texte initiald’Hoffmann publié en 1816. Dumas père s’en inspirera pour écrireson Casse-Noisette de Nuremberg, une version qui aura la faveur deMarius Petipa à la création du ballet en 1892. Mais on raconte queTchaïkowski qui aurait préféré le premier, fut déçu de ce choix. Sansdoute, le compositeur regrettait que l’argument ignore l’épisode deLa noix dure relaté uniquement par Hoffmann. Conte à l’intérieur duconte, La noix dure est un récit fantastique qui est relaté à Marie. Ilrelance le processus dramatique et permet d’apprendre que Casse-Noisette n’est autre que le neveu de Drosselmeyer, victime d’un sortque seul l’amour peut libérer. Une révélation qui aurait permis àTchaïkowski de composer un second acte plus dramatique. MaisPetipa qui avait comme exigence d’employer un grand effectif préfé-ra conclure par un divertissement. On sait que nous étions dans unesituation inverse, c’est pourquoi le second acte de notre Casse-Noisette intègre La noix dure.

Dans ce ballet où se projettent les délires hoffmanniens, l’ombrede Tchaïkowski semble planer sur le personnage de Drosselmeyer.À eux trois, ces hommes font de l’univers de l’héroïne une lanternemagique où elle, l’enfant illuminée, chemine vers une paix intérieure.En aimant Casse-Noisette, elle se fait messagère de leur désir, celuid’un bonheur attendu au soir de la vie.

Thierry Malandain

Musique Piotr Ilicht Tchaïkowski

Chorégraphie Thierry Malandain

Décor et costumes Jorge Gallardo

Direction de la production, conception lumièreJean-Claude Asquié

Coproduction Centre Chorégraphique National de Biarritz,Association Les Amis de Ballet Biarritz, L’Esplanade OpéraThéâtre de Saint-Étienne.

Avec : Magali Praud, Annalisa Cioffi, Ana Ajenjo Soto,Giuseppe Chiavaro, Frederik Deberdt, Roberto Forleo,Mikel Irurzun del Castillo, Christophe Roméro,Silvia Magalhaes, Nathalie Verspecht, Rosa Royo,Cédric Godefroid, Véronique Aniorte, Gaël Domenger.

BilletterieOffice du Tourisme de Biarritz (Javalquinto, Square d’Ixelles) Tous les jours de 10h à 18h(le dimanche de 10h à 17h) / Tél : 05 59 22 44 66 / Fnac www.fnac.com / Carrefour,France Billet Tél : 0 892 683 622 / www.Ticketnet.fr 0 892 69 70 73 / Virgin Bayonne /Centre Culturel Leclerc Anglet (RN 10) Plein tarif : 23 € / tarif réduit : 18 € (Carte Biarritz Culture, Les Amis du Théâtre, Les Amisdu Musée de Guéthary, Les Amis d’Arnaga, Scène Nationale de Bayonne, Tournées CharlesBarret, groupe de 10 personnes, parents d’élèves des écoles de danse, des scolaires sensibilisés par le CCN et du Conservatoire National de Région de Bayonne) Tarif jeune : 10 € (moins de 14 ans, Carte étudiant, Carte Jeune, demandeurs d’emploi,élèves écoles de danse, du Conservatoire National de Région de Bayonne et scolaires sensi-bilisés par le CCN)Carte Synergie 2000 : 15 € / Amis du Ballet Biarritz : 16 €

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Emile Waldteufel : «Le roi de la valse»

La danse à Biarritz # 18

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Parmi ceux qui imposent leur loi aux pieds des danseurs, figureEmile Waldteufel, baptisé le « roi de la valse » par son rival JohannStrauss. Né à Strasbourg en 1837 d’une famille de musiciens, se révé-lant bon pianiste, Waldteufel entre à seize ans au Conservatoire deParis. Mais des difficultés financières, l’obligent à interrompre sesétudes. Alors, tout en donnant des leçons de piano, il écrit des polkasjouées dans les bals parisiens. Le climat de cette époque est une invi-tation au plaisir et à l’évasion. Parmi les destinations prisées, lesPyrénées connaissent un engouement. Elles sont la porte de l’Espagne,l’ouverture à un Orient mythique. Elles sont aussi riches de sourcesthermales, et il est de bon ton d’aller y prendre les eaux. En quelquesannées des villages vont devenir des stations cosmopolites. On sehasarde parfois sur la côte, c’est ainsi que Victor Hugo découvrantBiarritz écrit : «Biarritz est un lieu admirable. Je n’ai qu’une peur, c’estqu’il devienne à la mode. Déjà on y vient de Madrid, bientôt on y vien-dra de Paris ». Il anticipe le cours du temps, puisque Eugénie de Montijodevenue impératrice va « inventer » Biarritz. Elle y passe quelques joursen 1854 auprès de Napoléon III, lequel séduit, décide la constructiond’une villa. La cour va les rejoindre permettant à la cité un développe-ment exceptionnel. Demeures et hôtels vont bientôt entourer la villaEugénie. En 1858, le Casino Bellevue ouvre ses portes, EmileWaldteufel, pendant la saison estivale, va en diriger l’orchestre, com-posant nombre de polkas, galops, valses et autres marches. Commecelle intitulée Alexandre Marche, écrite en l’honneur de la visited’Alexandre II à Biarritz ou Souvenirs de Biarritz une valse que l’on peutentendre au cours le l’été 1862. Au Casino, c’est une certaine MadameCrosset qui enseigne toutes ces danses à volonté. Lors d’un bal, alorsqu’il joue au piano l’une de ses dernières mélodies, Eugénie est séduitepar le charme de sa musique et le nomme en 1865 «Pianiste del’Impératrice de France». L’année suivante, il obtient le titre envié dechef d’orchestre des bals de la Cour. Les Tuileries, Saint-Cloud,Compiègne à l’automne et Biarritz en saison, Waldteufel suit le coupleimpérial. Il compose le jour, joue la nuit, produisant sans cesse poursatisfaire un public toujours plus avide de nouveaux morceaux. Enéchange comme Johann Strauss, il dispose d’un orchestre quel’Empereur entretient. Il connaît la gloire, mais tout va s’écrouler en1870 lorsque le conflit avec la Prusse survient. Waldteufel est à Biarritz,il demeure un temps dans la région, puis s’engage dans la garde natio-nale et participe au siège de Paris. Après la guerre, la IIIe République nemanque pas de conserver quelques fastes du second empire, ce qui

L’origine de la valse est lointaine. Selon certains,elle perpétuerait le souffle de la volta, une danseprovençale à trois temps décrite en 1589 parThoinot Arbeau dans L’Orchésographie. Pourd’autres, elle aurait une origine germanique plusrécente. Danse d’expression populaire, souvent qualifiée de danseimmorale ou satanique par l’Église, elle s’impose à la Révolution fran-çaise pour connaître son épanouissement au début du XIXe siècle.Succédant à des danses collectives telle la contredanse ou le quadrille,la valse se singularise par son couple fermé. Valser nécessite unapprentissage, mais contrairement aux danses du passé, le couplepeut évoluer librement tout en fondant son mouvement dans le tour-billon des autres valseurs. Quant à la polka, elle apparaît aux alentoursde 1844. Selon Cellarius, professeur de danse des temps romantiques,elle aurait été remarquée en Bohème avant de se répandre en Europecomme une traînée de poudre. Son style est celui de la vivacité et dela gaieté.

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permet à Waldteufel de diriger les bals du Palais de l’Élysée ou del’Opéra. La période qui précède ce retour à une vie normale connaît àBiarritz la fermeture du Casino Bellevue. Lors de sa réouverture en1872, deux autres alsaciens, Klotz et Gradwohl sont les chefs désignés.Les évènements auraient pu précipiter la ville dans le déclin, mais lesannées qui vont conduire à la Belle Epoque, montrent que l’endroitgarde tout son attrait. En témoigne la reprise des bals. Ils sont de plu-sieurs types : bals blancs, bals floraux, avec ou sans cotillons, mettanten pratique des codes enseignés à ceux qui « entrent dans le monde».Ainsi, le jeune homme doit prononcer la formule consacrée : «Me ferezvous l’honneur, Mademoiselle, de m’accorder une valse ? ». La person-ne à qui s’adresse l’invitation, incline la tête et tend son carnet de bal,sur lequel le danseur inscrit son nom. Aussitôt le tour de cette dansearrivé, le danseur revient, salue la danseuse qui se lève et accepte sonbras. Certains après-midi, on organise des bals destinés aux enfants,un répertoire leur est consacré. Comme la Baby Biarritz Polka, compo-sée en 1890 par Gradwohl et réglée par Lagus, le directeur des bals ducasino. Répertoriée en 1895 par Eugène Giraudet, célèbre professeurparisien dans son manuel La Danse, la tenue, le maintien, sous l’intituléBébé Biarritz, cette polka sera dansée partout comme d’autres titresconnus de cette époque. Pour tirer profit d’une affluence toujours crois-sante, un second casino sera bientôt érigé par la ville. Selon Jean-Bernard Cahours d’Aspry, dans son ouvrage sur la musique au PaysBasque, Johann Strauss attiré par le succès de Waldteufel, avait déjà

songé à un tel projet, mais la municipalité d’alors n’avait pas acceptéde lui offrir le terrain souhaité. Quelques décennies plus tard, en 1901la ville ouvre donc son propre établissement. L’orchestre est confié àAlexandre Luigini, connu pour son Ballet Egyptien qui le jour de l’inau-guration dirige un ballet intitulé La Muse de Biarritz. De son côtéWaldteufel, malgré l’essor d’une carrière internationale, n’a pas oubliéBiarritz, il y revient en 1888, fasciné aussi par l’Espagne qui lui inspirede nombreux titres, comme Espana ou L’Estudiantina. En 1901, il prendsa retraite, sa dernière composition Joyeux Paris date de cette année-là.Une valse joyeuse comme la Belle Epoque dont est signé le déclin.« Chaque valse contient quelque chose de tragique » dit FélixWeingartner. À travers cette danse s’est jouée l’histoire de l’Europe. Ellea résisté aux assauts de 1870, ceux de 1914 lui seront fatals.Waldteufel meurt en 1915, alors que d’autres influences venuesd’outre atlantique surgissent. On pense au Cake Walk, au Fox Trott ouautre Tango. Des danses codifiées qui donnent aux couples l’occasiondes derniers bals. Ensuite viendront des soirées différentes où les indi-vidus, plus solitaires, évolueront selon leur propre inspiration.

Sources :La Valse, Rémi Hess, éditions MétailléLa Danse, la Tenue et le Maintien, Eugène Giraudet Musiciens au Pays Basque, Jean-Bernard Cahours d’Aspry, éditionsAtlantica

Bal d’enfants à Biarritz en 1923 à La Chaumière.

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SENSIBILISATION

Répétition publique

«Comme il vous plaira » était le thème choisi pour une répétition publique qui se déroula à Biarritz le 17 mars dans le grand studio du CCN et à San Sebastián le 20 avril au Centre Culturel Egia. À cetteoccasion, les danseurs interprétaient les œuvres de leur choix. Philippe Gapin, membre de l’Association des Amis de Ballet Biarritz nous offre ses impressions.

Impressions d’un chanceux.Impossible de trouver un siège libre si l’on n’arrive pas assez tôt.Adultes de tous âges et enfants sont de plus en plus nombreux à assis-ter aux répétitions publiques du Ballet Biarritz. Cette fois, ThierryMalandain laissait la place à ses danseurs, pour nous offrir un bouquetde danses de leur choix. Sensibilités et goûts différents. Surprise donc.Émotion aussi lorsque la musique de Mozart accompagne deux duosextraits de Bal Solitude où l’élégance de Magali Praud et de GiuseppeChiavaro sera complétée un peu plus tard par toute la tendresse et lagriserie sensuelle et juvénile d’Analisa Cioffi et de Christophe Roméro.Roberto Forleo nous offre un Oiseau de Feu de Maurice Béjart toutvibrant et palpitant. Colibri magique. Avec Ana Ajenjo et FréderikDeberdt place à l’humour dans Blé Noir. Les chapeaux ronds de ceFestnoz nous ont beaucoup amusés et la verve des deux jeunes dan-seurs est d’un rythme débridé. Ana fait une mante religieuse, sorte deCarmen bretonne, diabolique, et Fréderik un villageois naïf condamnédès le départ. Excellents tous les deux. Autre surprise avec GaëlDomenger dont nous découvrons le talent très original. En nous propo-sant un trio, avec Silvia Magalhaes et Cédric Godefroid, qu’il présenteraau Concours chorégraphique de Hanovre, il nous fait pénétrer dans ununivers très personnel, une quête obstinée de rigueur et de géométrie,chassé croisé pendulaire de ces trois danseurs, à la recherche d’on nesait quelle perfection, où l’émotion et la tendresse sont retenus, maîtri-sés en accord avec une musique japonaise très contemporaine. Enfin,

avec La mort du cygne revisitée par Roberto, Cédric et Giuseppe, nousnous attendions à un pastiche burlesque tant cette chorégraphie deThierry Malandain est écrite pour des danseuses. Mais au contraire, latragédie est accentuée par le contraste même entre leur grâce lourdeet gauche, et leurs efforts désespérés pour survivre. Merci à ThierryMalandain d’avoir permis à ses danseurs de s’exprimer. Merci à eux denous permettre ainsi de mieux les connaître, de mieux mesurer leurtalent et la chance que nous avons d’être des Amis de Ballet Biarritz.Philippe Gapin, avril 2004.

Roberto Forleo dans L’Oiseau de Feu. Photographie Jose Usoz.

Baby Biarritz Polka au Temps d’Aimer

Il y a deux ans, le Journal de Biarritz révélait la découverte par Michel Pujol d’une partition intitulée :Baby Biarritz Polka.

Sur ce document de 1890 figurait une polka associant un certainLagus, directeur des Bals du Casino de Biarritz, professeur de danse etde maintien et Gradwohl, compositeur et chef d’orchestre du mêmeétablissement. Cette partition étant accompagnée d’indications choré-graphiques, Dominique Cordemans, dans le cadre des actions de sen-sibilisation du CCN, a reconstitué cette danse. Cinq classes, soit plus decent élèves des écoles Victor Duruy, Paul Bert, du Braou et St Louis deGonzague, dirigés par Isabelle Labat, Laure Ramos, Isabelle Baziard,Dominique Damestoy et Marie-Hélène Eyharts ont travaillé autour dece projet. Par ailleurs, en collaboration avec le Conservatoire Nationalde Région Bayonne Côte Basque dirigé par Xavier Delette, cette polkaà l’origine composée pour le piano, a fait l’objet d’une transcriptionpour cuivres par la classe de Peïo Çabalette. Une formation qui lors de Un extrait de la partition

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ACTIVITÉ TRANSFRONTALIÈRE

la présentation de cette danse au festival sera conduite par StéphaneGoueytes.

Commentaire de Xavier Delette, directeur du ConservatoireNational de Région Bayonne Côte Basque :Nous sommes partis de la partition pour piano de J.Gradwohl et lesouci a été de retrouver une ambiance, une atmosphère de station bal-néaire «début du siècle », de gaîeté insouciante avec une sonorité unpeu surannée. C’est la classe d’orchestration de Peïo Çabalette et deJuana Etchegoin qui s’est chargée de ce travail pour une petite forma-tion style kiosque à musique à dominante de cuivres. Maintenant toutest entre les mains de Stéphane Goueytes, professeur de trompette etde musique d’ensemble cuivres, qui fait répéter la formation.Xavier Delette, avril 2004.

Dimanche 12 septembre à 12h sur l’Esplanade du Casino dans le cadre du Festival Le Temps d’Aimer.

Durant ces six mois, huit ateliers ont été organisés, tous étantdédoublés avec des séances pour débutants et pour initiés. Ce sontenviron 250 personnes qui ont ainsi travaillé des thématiques aussidiverses que : l’analyse du mouvement dans la danse traditionnelle,la technique Hip-Hop, le mouvement et la voix, le cirque et la danse,l’esthétique chorégraphique de Thierry Malandain, etc…

À noter également la seconde édition de journées chorégraphiquesintitulées Dantzaz avec deux spectacles dont celui des lauréats de laplate-forme africaine organisée par l’AFAA, des ateliers chorégra-phiques dont un sur l’univers esthétique de Christophe Garcia desBallets de la Parenthèse, une action d’initiation pour les tout-petitsavec un goûter chorégraphique par Pantxika Telleria… Et puisqu’onparle de manger, autant bien se nourrir tel que le Docteur Paule Nathanl’a somptueusement expliqué au cours d’une conférence consacrée à l’alimentation des jeunes danseurs. N’oublions pas la surprenanteexposition de photos de Jose Usoz qui mit en face à face les danseursde Ballet Biarritz et les habitants des fonds sous-marins… Tout un programme.

Par ailleurs, du 26 juillet au 15 août 2004 se déroulera àDonostia /San Sébastián la seconde édition d’une académie estivalequi réunira quinze jeunes danseurs français et espagnols. Sélectionnés

Un premier semestre d’activités intenses au seinde notre Centre transfrontalier de sensibilisation à la Danse de Donostia / San Sebastián.

parmi cinquante prétendants, sous la conduite d’Adriana Pous Ojeda,ils travailleront Ouverture Cubaine de Thierry Malandain qu’ils présen-teront en public le 15 aôut.Filgi Claverie

InformationsBallet Biarritz DantzazBaztan Kalea 2120012 Donostia /San-SebastiánTél. : 00 34 943 29 80 27Fax : 00 34 943 28 72 19 [email protected]

Atelier Arnaud Baldaquin (ballets de la Parenthèse). Photographie : Jose Usoz.

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DANSEURS À LA UNE

Nathalie Verspecht aux Benois de la Danse

Le prix Benois de la Danse a été créé en 1991 par Youri Grigorovitch,chorégraphe et directeur du Bolchoï de Moscou pour célébrer lamémoire d’Alexandre Benois (1870-1960). D’ascendance française,Alexandre Benois, a eu pour grand père l’architecte du théâtreMariinsky de Saint-Petersbourg et du Bolchoï. Peintre décorateur, met-teur en scène, il fut un des proches collaborateurs de Serge Diaghilev,participant en 1899 à la fondation de la revue Le monde de l’art et plustard à l’aventure des Ballets Russes. Le Prix décerné en son nom estremis chaque année à une danseuse, un danseur et un chorégrapheaprès nomination d’un membre du jury. Présidé par Youri Grigorovitch,cette année, le jury était composé de Ted Brandsen directeur du HetNational Ballet d’Amsterdam, de Cynthia Gregory de L’American BalletTheater, d’Alla Osipenko du Mariinsky de Saint-Petersbourg, de Xin Lindirectrice du Shanghai Ballet, Matz Skoog directeur de l’EnglishNational Ballet et d’Hélène Traïline directrice du Ballet Théâtre Françaisde Nancy, conseillère artistique au Ballet de l’Opéra de Paris, aujour-d’hui associée à Jean-Albert Cartier au sein d’Europa Danse.

Pour le Prix du chorégraphe étaient nominés : Ann Marie Deangelo,chorégraphe associée au Joffrey Ballet, Alexey Kononov chorégraphedu Victuk Théâtre de Moscou, Paul Lightfoot & Sol Léon chorégraphesrésidents du Nederlands Dans Theater, Mark Morris, John Neumeier

chorégraphe et directeur du Ballet de Hambourg, Zhao Ming choré-graphe associé au Shanghai Ballet et Thierry Malandain chorégraphe etdirecteur du Ballet Biarritz.

Lors de la cérémonie qui s’est déroulée le 27 avril dernier auBolchoï, Nathalie Verspecht représentait Ballet Biarritz avec Pierre deLune. Née en Belgique, Nathalie a étudié la danse à l’École du BalletRoyal des Flandres à Anvers. Après avoir remporté le Prix du ConcoursInternational de Lausanne en 1994, elle entre au Ballet Royal desFlandres conduit par Robert Denvers. Trois ans plus tard, elle rejoint laCompagnie Temps Présent à Saint-Étienne, puis Ballet Biarritz l’annéesuivante. Sept ans déjà que Nathalie travaille auprès de ThierryMalandain. Danseuse puissante, dont la sensualité aurait inspiré lesculpteur Aristide Maillol, Nathalie a créé Pierre de Lune en 1998 àl’Esplanade de Saint-Étienne. Il s’agissait à l’époque de participer àune soirée sur le thème de la solitude féminine. Deux ouvrageslyriques : La Voix Humaine de Francis Poulenc et Phaedra de BenjaminBritten encadraient ce long solo chorégraphié sur les Variations sur unthème de Franck Bridge du même Britten. Sur l’immense scène duBolchoï, Nathalie, qui apprécie les défis, était dans son élément. Saprestation fort remarquée lui vaut d’être invitée à se produire en 2005à Munich et Berlin en compagnie de danseurs primés aux Benois de laDanse.

À gauche : Nathalie Verspecht dans Pierre de Lune (photographieMikhail Logvinov).En haut, saluts lors des Benois de la danse (photographie Oswald Roose).Ci-contre, portrait d’Alexandre Benois.

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Gaël Domenger créé Wild Guess

Danseur à Ballet Biarritz, Gaël Domenger a travaillé au Ballet deLeipzig, à l’Opéra Royal de Wallonie avant de rejoindre le Scapino Balletde Rotterdam. Il est également l’auteur de plusieurs chorégraphiesdont Wild Guess est la plus récente. Sélectionné au Concours choré-graphique de Hanovre, ce trio auquel sont associés Silvia Magalhaes etCédric Godefroid sera présenté en septembre dans le cadre desScènes Ouvertes du Temps d’Aimer. Pour Gaël, cette chorégraphie pré-sente la conversation entre deux hommes qui tentent de définirensemble de quelle manière la nature et la culture prennent place àl’intérieur de l’humain. Cette conversation millénaire qui a participé à lanotion de civilisation développe bien sûr chez eux des opinionscontraires. Une femme participe au débat à titre d’arbitre. Son rôleconsiste donc à relever les points d’accords et de désaccords qui appa-raissent entre les deux hommes et à renouveler les questions qui ryth-ment l’évolution de la conversation vers une synthèse inaccessible.Le titre de la chorégraphie est tiré d’une expression anglaise qui coupleles mots : sauvage (wild) et deviner (guess) qui fait référence à unedéduction instinctive par opposition à une déduction analytique. Cettepièce a été créée en hommage à mon grand père : Tadik.Mardi 7 septembre à 12h au jardin public dans le cadre du festivalLe Temps d’Aimer

Giuseppe Chiavaro : dix ans en bonne com-pagnie

Natif de Catagne, Giuseppe Chiavaro est aujourd’hui une des figuresemblématiques de Ballet Biarritz. C’est à la faveur d’un concours qu’ilobtient en 1986 une bourse pour l’École de Danse de l’Opéra de Parisoù il y étudie un temps, mais l’azur lui manque et il rejoint RosellaHigthower à Cannes. Sous le soleil, il gravit les marches du ballet sanspour autant se brûler les ailes. Car la nature, généreuse, le dote ausside la modestie. En chemin, il reçoit le Prix Serge Lifar. Autre Icare, dontil a le profil et le destin helvétique, puisqu’en 1992, il travaille en Suisseauprès de la Compagnie Sinopia dirigée par Etienne Frey. Deux ans plustard, il se met en quête d’un autre contrat. Pour ce faire, il envoie desCV, on le convoque, mais souvent, on le trouve trop grand. J’eus lamême réaction le jour où il auditionna chez nous, mais le considérantcomme une perle rare, j’engageai son un mètre quatre vingt dix.Grâce à lui je comprendrais que l’homogénéité d’une compagnie netient pas à la standardisation des tailles, mais au travail commun et audéveloppement de la singularité de chacun. Giuseppe s’avéra un garçonen or, danseur aux qualités spectaculaires, il se révéla également unartiste sensible aux dons multiples. Il fallut un certain temps pour quenous nous apprivoisions, la durée diffère avec chacun. Car diriger unecompagnie ce n’est pas tout ramener à un dénominateur commun,le physique, l’esprit, la vie sont autant de paramètres qui conditionnentle devenir d’une collaboration. Aujourd’hui, Giuseppe nous offre destrésors. Il est le Drosselmeyer de Casse-Noisette, Madame Tartaglia dePulcinella, Le spectre de la rose, etc… autant de rôles où son talent

Wild Guess de Gaël Domenger en répétition publique. Photographie Jose Usoz.

Giuseppe Chiavaro dans Le Spectre de la rose. Photographie Mikhail Logvinov.

domine la situation. Entré chez nous en 1994, il profite à présent desbelles heures de la maturité, un zénith que l’on voudrait éternel. Maisil demeure chanceux, car à l’avantage des grands, il restera toujoursprès des étoiles. TM

DANSEURS À LA UNE

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Accueil StudioLors du festival Le Tempsd’Aimer qui se déroulera du 4 au 18 septembre, en partenariatavec Biarritz Culture, le CCNreçoit cinq compagnies bénéfi-ciant de l’accueil studio :la compagnie Ariadone deCarlotta Ikeda qui présenteraTogué le 7, la compagnie HorsSérie d’Hamid Benmahi pour lacréation de Sékel, le 14. Dans le cadre des Scènes Ouvertes,la compagnie d’Hervé Koubi le 8, la compagnie Biwa de Christine Rougier avecGabrielle le 9 et la compagniekukaï de Jon Maya le 17.

Le voyage à ReimsÀ l’initiative de Serge Gaymard,directeur du Grand Théâtre de Reims un partenariat sur troisans a été mis en place avec le CCN. Pour la première année,

outre une co-production deCréation, cette collaboration faitétat de trois représentations de ce spectacle données en2003 et de quatre représenta-tions de Pulcinella proposéesdans le cadre du festival Méli-Mômes en 2004. Par ailleurs,au Conservatoire National deRégion de Reims, DominiqueCordemans a conduit duranttrois semaines des ateliersautour de Création permettantune présentation du travail réalisé à l’auditorium duConservatoire. Cette saison,le Grand Théâtre de Reims autitre de coproducteur accueilleraLe Sang des Étoiles en mai2005. Avant cette date, BalletBiarritz donnera trois représenta-tions de Casse Noisette endécembre 2004 et quatre repré-sentations de Cigale en avril2005 dans le cadre du festival

Méli-Mômes. En outre, unerécente rencontre avec les insti-tutions culturelles de la régionChampagne-Ardennes devraitautoriser le développementd’autres activités.

À lire Dans la collection Territoires dela Danse dirigée par SoniaSchoonejans deux nouveauxvolumes sont à découvrir :Ma Vie de Tamara Karsavina(l’étoile des Ballets Russes) et Je suis une sorcière deValeska Gert (une des protago-nistes de la danse moderne).Deux femmes, deux artistes,deux destins ! L’une danseuseclassique, l’autre danseuse sati-rique. La vie et la carrière de lapremière seront traversées parle stalinisme, celle de l’autre parle nazisme. Si Karsavina possèdele sens du drame, Valeska Gert

manie davantage l’ironie et l’hu-mour noir. Ce qui est certain,c’est que toutes deux ont unsacré talent de conteuse pournous faire vivre avec elles unmoment de l’histoire du XXe

siècle. À noter que dans cettecollection sont déjà parus Ladanse de l’avenir par IsadoraDuncan et La danse moderne et éducative de Rudolf Laban.

ArcachonDans le cadre du festivalCadences qui se déroulera à Arcachon du 17 au 22 sep-tembre à la demande de BenoitDissaux, directeur d’ArcachonCulture, le CCN sera une nouvellefois présent pour offrir au publicun cours de danse classiquedonné en plein air le dimanche19 septembre.Informations : Arcachon CultureTél. : 05 56 22 01 10

EN BREF

À GAUCHE Casse-Noisette au Grand Théâtre de Reims en décembre prochain (photographie Jose Usoz) À DROITE Les deux nouveaux volumes de la collection Territoires de la Danse dirigée par Sonia Schoonejans.

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Président Pierre DurandArtistiqueDirecteur / chorégraphe Thierry MalandainMaître de ballet Richard CoudrayAssistante à la direction artistique / Relations internationales Françoise DubucResponsable sensibilisation Dominique CordemansResponsable sensibilisation /Mission transfrontalière Adriana Pous OjedaDanseurs Ana Ajenjo Soto, Véronique Aniorte,Giuseppe Chiavaro, Annalisa Cioffi, Frederik Deberdt,Gaël Domenger, Roberto Forleo, Cédric Godefroid,Mikel Irurzun del Castillo, Silvia Magalhaes,Magali Praud, Christophe Romero, Rosa Royo,Nathalie VerspechtProfesseur invité Angélito LozanoPianiste Alberto RiberaAdministratifAdministrateur Yves KordianAdministrateur délégué /Mission transfrontalière Filgi ClaverieAssistante administrative / Chargée de diffusion Françoise GisbertAssistante administrative /Mission transfrontalière Sofia AlforjaChargée de communication Sabine LamburuComptable principale Rhania EnnassiriAccueil-secrétariat Isabelle LarreTechniqueConcepteur lumière / Directeur de la production Jean-Claude AsquiéRégisseur général Oswald RooseRégisseur lumière Frédéric BéarsCostumière Véronique MuratRégie costumes / Couturière habilleuse Karine PrinsResponsable construction décors Michel PocholuTechnicien plateau Chloé BreneurTechnicien lumière Frédéric EujolTechnicien son Jean-François SoutoulTechniciens-chauffeurs Jean Gardena, Jean AnsolaTechnicienne de surfaces Annie AlégriaNuméroDirecteur de la publication Thierry MalandainCréation graphique Jean-Charles FedericoImprimeur Imprimerie SAI (Biarritz)ISSN 1293-6693 - juillet 2002

Gare du Midi23, avenue Foch – F-64200 BiarritzTél. : +33 5 59 24 67 19Fax : +33 5 59 24 75 [email protected]

CALENDRIER / JUILLET-AOÛT-SEPTEMBRE 2004

REPRÉSENTATIONS EN FRANCEJE 12/08 Biarritz Casse-Noisette

VE 13/08 Biarritz Casse-Noisette

SA 04/09 Biarritz Le Sang des Étoiles

DI 05/09 Biarritz Le Sang des Étoiles

JE 30/09 Blagnac Un Hommage aux Ballets Russes

REPRÉSENTATIONS TRANSFRONTALIÈRESVE 02/07 Pozuelo Création

SA 25/09 Estella-Lizara Soirée de ballets

www.balletbiarritz.com