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JOURNAL D’INFORMATION DU CENTRE CHORÉGRAPHIQUE NATIONAL D’AQUITAINE EN PYRÉNÉES ATLANTIQUES MALANDAIN BALLET BIARRITZ JUILLET > SEPTEMBRE 2013 Miyuki Kanei & Daniel Vizcayo, Cendrillon © Olivier Houeix PAGE 3 PAGE 4 PAGE 5 PAGE 14 PAGE 18 PAGE 19 PAGE 20 ÉDITO ACTUALITÉ ACTIVITÉ DANSE À BIARRITZ #54 SENSIBILISATION EN BREF CALENDRIER

Numéro 59 - Juillet/Septembre 2013

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Malandain Ballet Biarritz © Yocom

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Miyuki Kanei & Daniel Vizcayo, Cendrillon © Olivier Houeix

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DANSE À BIARRITZ #54

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C’ est d’une certaine façon pour échapper au « noir des choses trop réelles » (1) que

j’ai réglé Cendrillon, déjà représentée devant huit mille personnes à Versailles, San Sebastián et Bilbao. Mais pour commencer, merci à Laurent Brunner, directeur général de Château de Versailles Spectacles d’avoir su me convaincre de monter ce ballet et de l’avoir coproduit. Merci également à l’Orchestre Symphonique d’Euskadi de nous avoir accompagnés sur ce projet. Cent personnes en tournée, c’est aujourd’hui un tour de force. C’est aussi le fruit d’une collaboration exemplaire entre deux cités, Biarritz et San Sebastián, et, Versailles oblige, entre deux pays jadis ennemis comme le rappelle le Traité des Pyrénées (1659) immortalisé par Charles Le Brun, maître d’œuvre de la galerie des Glaces.

Matérialisant la frontière franco-espagnole et procurant le calme à l’Europe, après d’interminables guerres, l’un des objets de ce traité fut le mariage de Louis XIV avec l’Infante Marie-Thérèse, célébré à Saint-Jean-de-Luz en 1660. Louis-le-Grand, dont on sait à quel point il portait le goût de la danse, parut à cette occasion solennelle dans Le Triomphe de la paix (2), ballet s’achevant sur une sarabande espagnole, tandis que plusieurs « dantzari », moitié français, moitié ibériques, recrutés par Lulli, se produisirent aux fêtes nuptiales données à Paris (3). Par la suite, voyant avec dépit que la plus grande part des hommes de qualité étaient peu capables de figurer dans ses ballets, le roi jugea à propos de fonder l’Académie royale de danse, berceau de la danse classique. En considération de ces faits vieux de quatre siècles, sur la scène de l’Opéra royal de Versailles, Cendrillon ne pouvait être qu’un moment d’exception.

ÉDITO

n Thierry Malandain, juin 2013

Tel un rêve descendu du ciel, c’est triomphalement qu’elle fut accueillie. Sans que le vertige ne monte au cerveau, sans que la tête s’y perde, car le souffle de la danse ne chasse qu’un instant les nuages sombres qui obscurcissent le ciel. Cependant, contre Le Triomphe de la crise, ballet tragique d’aujourd’hui, contre un état d’esprit mortifère qui entraine le dégoût de soi et la haine de l’autre, elle remplit un rôle merveilleux.

Au Pays basque, la danse est un plaisir auquel on se livre avec ardeur. Ainsi sous Louis XIV encore, en dépit des défenses réitérées de l’Eglise qui vit longtemps la danse, le théâtre, le mauvais livre, plus tard le cinéma comme un péril, un certain abbé Poussatin excellait au « mutxico » (4). Philibert de Gramont (5) l’appelle « le premier prêtre du monde pour la danse basque » et raconte qu’il fit des merveilles devant la reine. Mais laissons là l’Histoire, « le goût de la danse est naturel, écrit Jean-François de Saint-Lambert, il convient à l’un et à l’autre sexe et presque à tous les âges. » (6). Il « mène tout droit à l’amour », ajoute Jane Austen (7). En quelque sorte, au Temps d’Aimer, festival que Cendrillon ouvrira avec l’Orchestre Symphonique d’Euskadi le 6 septembre prochain, pour fuir ne serait-ce qu’un instant « le noir des choses trop réelles », la danse y figurera dans tous ses états, dans tous ses éclats actuels. En somme, de la danse pour tous, sans discrimination, sans intolérance. Alors, que cette volonté soit « fête » !

(1) Henri Cain dans Cendrillon de Jules Massenet(2) Ballet à six entrées dansé le 9 juin 1660 dans l’Hôtel de Ville de Saint-Jean-de-Luz(3) Dans Xercés, comédie en musique de Francesco Cavalli, avec six entrées de ballet composées par Lulli, représenté au Louvre le 22 novembre 1660(4) Ou saut basque, type de danse sociale traditionnelle.(5) Mémoires du comte de Gramont (1621-1707) par son beau-frère Anthony Hamilton, 1713. (6) Œuvres philosophiques, 1801(7) Orgueil et Préjugés, 1813

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ACTUALITÉ

JEUDI 8 et VENDREDI 9 AOÛT / 21H

L’Après-midi d’un faune Malandain / Debussy

Le Spectre de la rose Malandain/ Von Weber

Silhouette Malandain / Beethoven

Une Dernière chanson (Grand prix de la critique 2012)Malandain / Vincent Dumestre & le Poème Harmonique

LUNDI 12 AOÛT / 21H

Roméo & Juliette Malandain / Berlioz

Soirées de ballets à Biarritz

En ouverture du Festival le Temps d’Aimer, le Malandain Ballet Biarritz et l’Orchestre Symphonique d’Euskadi dirigé par David Porcelijn présenteront Cendrillon à la Gare du Midi le 6 septembre à 21h.

Cendrillonà Biarritz

Rendez-vous estival devenu incontournable, le Malandain Ballet Biarritz se produira à la Gare du Midi les 8, 9 et 12 août avec deux programmes.

Tarifs

35 € Plein tarif 28 € Tarif réduit 22 € Tarif Synergie (CE) 20 € Amis du Ballet Biarritz 10 € Tarif découverte (enfant jusqu’à 16 ans, Carte Etudiant, Carte Jeune, carte 16-25 ans, demandeurs d’emploi)

Réservations

Office du Tourisme de Biarritz 05 59 22 44 66 www.biarritz.fr Ticketnet / Leclerc www.ticketnet.fr 0 892 390 100 (0,34 €/min) France Billet / Fnac-Carrefour-Géant www.fnac.com 0 892 683 622 (0,34 €/min)

Informations

Malandain Ballet Biarritz05 59 24 67 19

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Cendrillon à San Sebastián, Versailles et Bilbao

Sous la direction du chef espagnol, Josep Caballé-Domenech, le Malandain Ballet Biarritz et l’Orchestre Symphonique d’Euskadi, ont donné les premières représentations de Cendrillon au Kursaal de San Sebastián, les 3 et 4 juin, à l’Opéra royal de Versailles, les 7, 8 et 9 juin et au Palais Euskalduna de Bilbao le 17 juin.

[…] Thierry Malandain, quant à lui, a conçu pour Cendrillon une chorégraphie extrêmement fluide, enlevée, légère, arachnéenne parfois, inventive souvent, toujours spirituelle, et servie par des danseurs remarquables et remarquablement distribués. Comme la troupe est de dimension modeste (20 danseurs sont présents sur scène), chacun d’entre eux y tient un rôle intéressant et chacun le porte avec conviction. A la voir, on comprend aisément que cette compagnie travaille dans un climat de grande harmonie : cela transparaît sur scène de façon sensible. La première surprise créée par la version de Malandain tient aux figures de la marâtre (Giuseppe Chiavaro) et des deux « méchantes sœurs » (Frederik Deberdt et Jacob Hernandez) traditionnellement interprétées par des hommes travestis. Mais ces hommes ont ici le crâne rasé et sont gainés de noir ce qui immanquablement renvoie à un univers sado-masochiste surprenant chez un auteur doux et pacifique comme Thierry Malandain. Sadiques, les trois créatures le sont évidemment avec la malheureuse Cendrillon. Cependant les prédatrices sont aussi victimes d’elles-mêmes, de leur ridicule, de leurs prétentions, comme les deux sœurs caricaturales le sont d’une mère possessive quand celle-ci, dont la silhouette tient à la fois de la grue, de la dinde et du vautour, est victime de ses déplorables rejetons. Le rôle de la fée, plus mère que marraine, est interprété avec une élégance aérienne, une suave tendresse par Claire Lonchampt, cependant que ceux de Cendrillon et du jeune prince sont portés par deux jeunes gens touchants de candeur et de lyrisme, Miyuki Kanei et Daniel Vizcayo, entourés de comparses aussi vigoureux qu’Arnaud Mahoux et Fabio Lopez. L’une des vertus de Thierry Malandain est d’être foncièrement honnête. Cela transparaît

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virginale du prince. Il n’est pas sûr que cette triste mode du sombre qui sévit depuis longtemps au sein des sociétés européennes soit des plus heureuses pour ce qui touche à Cendrillon. Costumes et décors sont certes dans l’air du temps et dans la ligne quelque peu mortifère que Malandain a voulu imprimer au ballet. Mais ils n’apparaissent pas comme la partie la plus remarquable de l’ouvrage.

n Le Nouvel Observateur, Raphaël de Gubernatis, 7 juin 2013

La magnifique Cendrillon de Thierry Malandain[…] Thierry Malandain, directeur du CCN de Biarritz propose avec brio une interprétation très personnelle bien que fidèle à Perrault. Son unique changement est de concentrer les pouvoirs protecteurs de la marraine et de la mère dans le seul personnage de la Fée. Sa création pour vingt danseurs sur la musique de Prokofiev est un ravissement d’une rare intelligence où toutes les situations et sentiments ne sont jamais appuyés mais dessinés avec raffinement. Sur le plateau de la très belle salle toute en bois du Kursaal de San Sebastián, l’unique décor est une sorte de rideau composé de près de trois cents escarpins noirs tenus par des fils de nylon presque invisibles qui se juxtaposent aux trois murs de la scène. Cette idée originale plante le sujet et donne un coté aérien et magique. Vêtus de justaucorps de couleur chair, les danseurs installent l’intrigue. Ensuite, apparaissent les personnages clés : Miyuki Kanei dans le rôle de Cendrillon. Fine, gracieuse et délicate elle danse et joue à la perfection cette jeune fille maltraitée puis amoureuse du prince et enfin sauvage et farouche après les fameux douze coups de minuit. La Fée, Claire Lonchampt, chaleureuse et protectrice mène à bout ses intentions avec élégance. Le père, Raphaël Canet fait songer à un saltimbanque bohème et irresponsable. Il semble difficile de ne pas tomber amoureuse du Prince, Daniel Vizcayo. Viril et charmeur, il ensorcelle toutes les femmes de son entourage. Enfin, la belle-mère et ses filles Javotte et Anastasie, sont interprétées par trois hommes : Giuseppe Chiavaro, Frederik Deberdt et Jacob Hernandez Martin. Une idée géniale qui donne un poids considérable à cette œuvre non seulement grâce aux virgules d’humour propres à Thierry Malandain mais surtout par le fait que ces trois personnages deviennent burlesques donc si ridicules. Ils sont tous les trois extraordinaires. Il y a dans cette pièce un

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dans son travail où tout indique une recherche de ce qui est juste, éloquent, afin d’éviter les lieux communs et les lourdeurs d’un ballet narratif autant que faire se peut. L’ensemble de l’ouvrage est vivant, inventif, ingénieux parfois. Et comme le thème du ballet est réputé universellement connu, en négligeant de l’exposer littéralement la chorégraphie de cette Cendrillon se fait plus allusive que narrative. Point de carrosse, uniquement suggéré par un vaste cerceau dans lequel apparaît l’héroïne arrivant au bal princier. Point d’oranges offertes aux deux sœurs acariâtres. Point de pantoufle de vair. Cendrillon danse en chaussons souples, quasiment invisibles pour le public, ce qui revient à penser qu’elle a les pieds nus. Exit donc le coup fatal de la pantoufle égarée dans la fuite éperdue de minuit. Ce qui, paradoxalement, n’empêche nullement le prince éperdu d’amour, boîte à chaussures en main, de parcourir le monde à la recherche de l’aimée. La scène n’est d’ailleurs qu’une vaste boîte où sont suspendues d’innombrables chaussures à talon noires, à l’image de celle avec laquelle on recherche une Cendrillon qui ne l’a jamais portée sous nos yeux. C’est d’un illogisme un peu agaçant qui relève d’une tendance selon laquelle, tout étant connu d’une histoire, on croirait lourd de la conter telle qu’elle est écrite. Noires les chaussures, noirs ou gris les costumes des protagonistes d’où n’émergent que la robe blanche de l’héroïne et la tenue

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mélange de sobriété, de malice, d’humour, de pureté et de richesse qui s’entremêlent par le biais d’une écriture chorégraphique très ciselée, diablement belle et gracieuse. Ce ballet sur demi-pointe enchante du début à la fin grâce aussi à l’immense qualité technique des interprètes mais aussi du fait que Thierry Malandain a étudié avec infiniment de précision le coté psychologique de chaque personnage. La scène du cours de danse initiée par l’excellent Arnaud Mahouy dans le rôle du maître de Danse restera dans les annales. Tant parce que c’est terriblement drôle dans son coté clin d’œil à l’échauffement du danseur à la barre mais aussi parce que l’on pense à l’invention de Thierry de sa fameuse gigabarre qui se déroule depuis des années en bord de mer lors de son festival Le Temps d’Aimer à Biarritz. Pour le bal, le chorégraphe a eut l’idée d’intégrer des mannequins sans têtes afin d’étoffer le nombre de participants. C’est aussi un très beau moment de pure danse. […] De nombreuses idées et images ponctuent cette splendide et brillante Cendrillon. Et même si l’amour et le rêve sont les points d’orgue de cette histoire, Thierry Malandain n’omet pas d’effleurer des sujets universels tels que la maltraitance, la xénophobie et la solitude. Tout cela sans jamais sombrer dans le narratif trop lourd ni dans le conte à l’eau de rose. Du beau, du grand, du vrai ballet.

n Toutelaculture.com, Sophie Lesort, 7 juin 2013

[…] C’est un joli conte que cette Cendrillon de Thierry Malandain. Une histoire de fée et de princesse où tout se termine bien, qui séduit autant qu’elle surprend. C’est là la grande habileté du chorégraphe. Il ne cherche pas à transformer Cendrillon, à y chercher une veine psychologisante ou torturée. Il nous raconte la Cendrillon tel qu’on la connaît, mais avec tellement d’inventivité scénique et de poésie qu’on se laisse attraper par le fil de la si célèbre histoire.

n Danses avec la plume, Amélie Bertrand, 8 juin 2013

Un fastueux joyauC’est pas Dieu possible, comme le dirait Exbrayat, il doit avoir une baguette magique entre les doigts ! En effet, chaque nouvelle œuvre de Thierry Malandain, l’un des rares chorégraphes d’obédience classique qui nous reste aujourd’hui, s’avère toujours plus prestigieuse et plus aboutie que la précédente, tant sur le plan de l’esthétique que sur celui des trouvailles chorégraphiques dont elle est émaillée.

Cendrillon en est à nouveau l’exemple frappant. Il faut dire que le sujet de cette création n’a pas été choisi au hasard car, au delà des contes anciens dont se sont nourris entre autres Charles Perrault et les frères Grimm, se cache en effet une histoire beaucoup plus universelle, laquelle évoque certains travers et perversions de la société humaine : jalousie, cruauté, injustices, voire même sadisme, pour ne citer que ceux-là... Des agressions génératrices de souffrances psychologiques qui se retrouvent dans toutes les classes de la société, ainsi que dans la danse, et auxquelles Malandain est particulièrement sensible. Mais pas seulement. L’œuvre évoque aussi l’espoir, l’amour et la félicité, sentiments qui peuvent conduire au pardon, le ballet se terminant, pour la marâtre et ses filles, de façon heureuse, «afin d’oublier l’humanité qui saigne,» évoque le chorégraphe... Or cette relecture, qui reste relativement fidèle à la dramaturgie originale, n’en est pas moins d’un modernisme étonnant tout en en ayant conservé certains éléments tirés de la mythologie. Ainsi en est-il du début de l’œuvre qui fait naître

l’histoire du chaos universel et de la terre nourricière, peuplée certes d’êtres humains mais aussi d’elfes et autres esprits du même acabit : ces petits cousins des fées, auxquels appartient d’ailleurs la marraine de Cendrillon, sont à l’origine, en ouverture de rideau, d’un tableau d’une fascinante construction et d’une beauté à vous couper le souffle. Le ballet est ainsi truffé d’idées toutes plus originales les unes que les autres, notamment celle d’avoir transformé la marâtre et ses deux filles en personnages masculins, de noir vêtus, amplifiant ainsi les traits de leur caractère à la manière d’un Mats Ek. Ou, encore, de ces mannequins sans tête (donc sans cervelle ?) qui servent de cavalières aux hommes pour le bal... Plus de citrouille ni de rats transformés en laquais mais une scénographie aussi suggestive qu’épurée, en l’occurrence un décor géométrique d’une originalité et d’un goût exquis,

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la phrase « il faut avoir un chaos en soi-même pour accoucher d’une étoile qui danse », lui a donné le déclic créateur, et déclare avec la grâce humble et solide qui lui est habituelle : « nous avons fait de notre mieux pour chasser les nuages ». Disons qu’il s’inscrit tout simplement dans la lignée des grands qui ont édifié le répertoire classique de Taglioni à Neumeier, sans une ombre de mièvrerie démodée, comme un Fokine sut l’être en son temps, à la fois classique et totalement nouveau, et avec le même talent qu’un Maillot aujourd’hui. Mélomane à l’instinct très vif, Malandain fait ressentir toute la cruauté burlesque de la partition de Prokofiev, ses sarcasmes et sa noirceur, tout en donnant aux duos des deux héros une dimension lyrique d’une beauté exceptionnelle. Sa petite Cendrillon, la très prenante Miyuki Kanei, fait ainsi son entrée sur la scène royale avec ses pieds presque nus, tandis qu’autour d’elle pend une débauche d’escarpins. Elaguée, l’histoire se déroule suivant sa ligne habituelle, mais fourmille d’idées percutantes qui la rehaussent : ainsi le sinistre et cocasse tableau formé par la marâtre et ses filles, trio de travestis, où brille particulièrement le long Giuseppe Chiavaro, en robe à ruchés noirs, avançant comme une immense araignée sur ses cannes anglaises. Le rire qu’ils déclenchent n’est pas anodin. Pour le reste, Malandain a effectivement gardé la dimension onirique du conte, avec une fée - la superbe Claire Longchampt, récemment entrée dans la compagnie où sa longue silhouette et son port de tête de sylphide tranchent avec le physique plus sportif et charnel des danseuses de Ballet Biarritz. Autour d’elle,

ACTIVITÉ

Un vrai cadeau que le Cendrillon dansé à l’Opéra Royal de Versailles, quelques jours après sa création à San Sebastián. « Ce ballet, dit le chorégraphe, je ne l’ai pas tellement voulu. Je n’en portais pas vraiment le thème puis un concours de circonstances m’a emporté dans cette histoire, avec la demande de Laurent Brunner, directeur des Spectacles au Château de Versailles, lequel souhaitait nous inviter mais avec une Cendrillon, et le désir de l’Orchestre d’Euskadi de participer à une telle entreprise ». Il est ainsi, Thierry Malandain : simple, direct, jamais dupe, souvent surpris de son succès, incapable de se vendre, mais désormais très demandé. Et c’est ainsi que le beau conte a pris naissance : une sorte de récompense pour la fidèle et solide petite compagnie du Malandain Ballet Biarritz, qui a gagné ses galons à la dure, tant l’image de chorégraphe de Malandain, son impossibilité de s’affilier à la moindre chapelle l’isolaient quelque peu. Un ovni, en gloire aujourd’hui dans le temple de l’art français. Et ce n’est pas son Cendrillon qui l’inscrira dans un mouvement à la mode, car pour le passionné de Giselle qu’est Malandain, moderne de formes mais profondément classique dans l’âme, ce nouveau bébé est assurément à situer dans la grande tradition néo-académique. Avec un langage chorégraphié sur les bases anciennes, mais bourré d’inventions vivantes, piquantes, qui le replacent dans son siècle et non dans quelque vaine démarche nostalgique. Claire et vivement menée, l’œuvre coule entre émotion et drôlerie, accrocheuse, habile et sincère à la fois, avec une beauté plastique qui n’est pas toujours le fait de Malandain, souvent plus âpre et complexe. Il en va parfois ainsi des pièces nées d’un jet, comme naturellement, sans avoir été trop pensées et nourries d’innombrables fantasmes. Malandain cite Nietzsche dont

composé de lignes de chaussures violine judicieusement alignées en diagonale depuis les cintres jusqu’au sol sur trois des côtés de l’espace scénique : une œuvre née de l’imagination débridée de l’architecte chilien Jorge Gallardo. Tout comme la scénographie, la chorégraphie s’avère elle aussi un véritable joyau d’une grande originalité servant parfaitement le propos de Malandain : tout est parfaitement lisible, d’une très grande légèreté et chargé d’une émotion étonnante. Je n’en veux pour exemple que le désespoir poignant du prince après la disparition de Cendrillon aux douze coups de minuit, d’une véracité à vous extirper des larmes… Tous les interprètes font d’ailleurs preuve d’une technique éblouissante et d’une interprétation réellement remarquable, à commencer par Cendrillon elle-même, alias Miyuki Kanei dont la sincérité et la présence se sont révélées réellement bouleversantes. Et puis, il faut dire aussi que ce ballet, présenté dans un écrin aussi prestigieux que celui de l’Opéra Royal de Versailles et servi par un orchestre symphonique aussi remarquable que celui d’Euskadi de San Sebastián, ne pouvait qu’être l’écho des fastes éblouissants du passé… Je n’en reste cependant pas moins convaincu que Thierry Malandain a dû, lui aussi, avoir pour marraine une fée lui ayant conféré, à son baptême, le don de transformer tout ce qu’il touche non pas en or mais en poésie et en grâce.

n Critiphotodanse, Jean-Marie Gourreau, 10 juin 2013

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des elfes tournoyants qui dynamisent le ballet autant qu’ils l’aèrent du voile d’angoisse planant sur la douloureuse condition de la jeune fille malaimée. Des pas de deux rayonnants, intensément musicaux, qui tendent les corps vers une libération venant comme une déchirure au plus profond de leur solitude. Le tout en noir et blanc, accentuant le caractère mortifère de l’histoire sans la caricaturer exagérément, notamment cette valse qui fait tournoyer les danseurs avec des mannequins en grandes robes du soir, comme des oiseaux de nuit. Là aussi, on apprécie que les costumes de Jorge Gallardo soient dessinés avec une éloquence aussi parlante que simple de lignes : discrets mais sans faute, ils accentuent la beauté franche et coupante du conte tel que l’a dessiné le chorégraphe. Peut-être un tracé de pointe, pour une Cendrillon chaussant ses escarpins magiques, eut-il été pour elle symbole de libération et d’élévation. Mais ceci est une autre histoire… L’essentiel demeure et nous enthousiasme autant qu’il nous émeut, en délicatesse : ce qui n’était pas un rêve pour le chorégraphe le devient aujourd’hui pour le public émerveillé, qui a réservé aux danseurs, transportés de joie de bondir sur ces planches historiques, à la séduction et au message si riche. En tête de pont, outre Miyuki Kanei et Claire Longchampt, Daniel Vizcayo en prince, Giuseppe Chiavaro, Frederik Deberdt, Jacob Hernandez Marin et l’impeccable Arnaud Mahouy ont fait des étincelles, tandis que l’Orchestre Euskadi, dirigé par le pétulant Josep Caballé-Domenech donnait la mesure de sa vitalité et de sa belle couleur sonore : une collaboration à suivre.

n Concertclassic.com, Jacqueline Thuilleux, 10 juin 2013

Cendrillon enchantéeUn décor de stilettos dégringolant le long des murs, une roue Cyr en guise carrosse et puis rien d’autre: de la danse, tout pour la danse. Thierry Malandain ne mise que sur elle. Pas de couleurs dans sa Cendrillon qui file son heure et demi dans une scénographie riche seulement de quelques nuances de gris. La danse structure, raconte, enchante. Elle est pensée sans temps mort. La musique de Prokoviev la dessine fluide et jazzy, dans ce classique swinguant et très Broadway qui marque aussi la version qu’en donna Noureev. Mais le parallèle s’arrête là. Dans sa Cendrillon, Noureev fait du cinéma et rend hommage à Hollywood. Thierry Malandain, lui, organise le monde. […] Comme chez Massenet, Cendrillon dialogue avec les elfes qui accompagnent la fée mère ou marraine. Ils effectuent à l’ouverture

du rideau un sabbat de plongeons et de sauts de carpe qui n’augure rien de bon. Au dernier tableau, sagement couchés en rond, ils dansent joliment d’un bras tandis que la méchante belle mère qui ne caracole plus les arrose avec une grâce soudaine. Tout est rentré dans l’ordre. Cendrillon a trouvé son prince. Rangez les sœurs furieuses, les guerres de familles, le mari battu et la souillon cireuse de chaussures. La paix est faite. Entre les deux, Malandain a tout raconté et on s’est beaucoup amusé. La belle-mère, Javotte et Anastasie sont dansés par des garçons musclés et chauves, trapus comme des rugbymen en jupettes et chaussettes hautes. Les voir jouer les pestes est un régal. Le bal qui demanderait quarante danseurs, brille avec les vingt seulement que compte la compagnie grâce à une idée de dédoublement qui marche comme sur des roulettes. Le maître à danser a battu l’entrechat, la couturière drapé des tissus, la marâtre et ses filles malmené le protocole. Et la danse s’est épanouie dans tout le récit, dans tout l’espace, merveilleusement inventive et prenante. Ca ne serait pas une histoire de chaussures, on crierait «Chapeau!»

n Le Figaro, Ariane Bavelier, 11 juin 2013

[…] Eminemment poétique, gentiment narratif, ce Cendrillon joue la carte de l’épure avec son décor aux trois imposants murs composés de talons aiguilles noires, sobrement éclairés. Tour à tour menaçantes grilles puis délicats vitraux de château, ces murs sont un efficace clin d’œil au fameux soulier de vair. Sans bousculer d’un iota son néoclassique reconnaissable entre tous, le chorégraphe propose une vision personnelle du conte oscillant entre tragique et humour. Aux trouvailles chorégraphiques, il préfère les scénographiques. Parmi les plus éclatantes : le Bal de Cour nécessitant, dans sa version originale, la présence d’une trentaine de danseurs. Par un heureux truchement, Thierry Malandain double l’effectif de sa compagnie grâce à des mannequins sur roulettes, revêtus de robes de galas. L’astuce fait son effet, tout comme la vision très queer du trio infernal du conte : la marâtre Madame de Trémaine et ses filles Javotte et Anastasie. Inénarrables, les trois garçons, crânes chauves et puants de suffisance, sont LA bonne surprise de Cendrillon qui prend, à chacune de leur intervention, des airs du Ballet du Trockadero de Monte-Carlo. […] De l’amour éclot toujours de bien belles histoires. Thierry Malandain le sait bien et s’en saisit pour sublimer un ordinaire toujours plus extra à ses côtés.

n Umoove, Cédric Chaory, 12 juin 2013

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ACTIVITÉ

Bernarda. Et la jolie Cendrillon (Miyuki Kanei) à la recherche d’une chaussure à son pied, a une grâce piquante et sensuelle qui pourrait bien être sacrifiée sur le théâtre de la cruauté. La fée-marraine (Claire Longchampt) aussi légère qu’un nuage, aussi fluide qu’une rivière, aussi fine et rapide que les Elfes qui la suivent danse avec simplicité une partition d’une complexité subtile. Les hommes quant à eux, notamment le Père (Raphaël Canet) et le Prince (Daniel Vizcayo) ont une élasticité dans les sauts, et une puissance de giration rares. La chorégraphie se sert d’ailleurs intelligemment d’un large vocabulaire classique remis au goût du jour, utilisant même des figures assez virtuoses que l’on voit de moins en moins souvent comme rotirons, sauts de basque en tournant (normal à San Sebastián !)… tandis que les pas de deux se déploient dans une belle musicalité, soutenue par l’orchestre symphonique d’Euskadi. Aucun doute, le chaos a bien libéré une étoile dansante, elle s’appelle Cendrillon.

n Danser canal historique, Agnès Izrine, 13 juin 2013

[…] le chorégraphe fait un travail impeccable. La chorégraphie simple et intense, très classique et élégante, met en valeur les qualités de ce personnage féminin qui vit son rêve jusqu’au bout pour qu’il devienne réalité. Thierry Malandain se montre encore une fois un chorégraphe très musical : chaque pas suit parfaitement la partition de Prokofiev, parfois répétitive dans le thème. Mais le langage chorégraphique a le mérite d’être étincelant et très varié. Au contraire de Roméo et Juliette où la musique de Berlioz se suffisait à elle-même, la danse fait ici vibrer encore plus la musique. Il nous semble que pour Malandain cette création signifie s’approprier et mettre en scène ce qui le touche le plus : la pureté des lignes, la construction des duos, la représentation des sentiments. Et il le fait avec une grande maîtrise et une grande sensibilité, grâce aussi aux artistes de sa compagnie et en particulier à Miyuki Kanei et Daniel Vizcajo, couple qui danse avec une légèreté extrême et qui nous fait rêver.

n Note di danza, Antonella Poli, 12 juin 2013

[…] La première image qui transforme le plateau en boîte écrin pour des centaines d’escarpins noirs frappe les esprits autant que l’imagination. Celle-ci sera au rendez-vous tout au long de la pièce, truffée d’astuces aussi ingénieuses que savoureuses pour symboliser les éléments du conte. Ainsi d’une simple roue pour matérialiser le carrosse ou d’un dédoublement de la compagnie audacieux pour la grande valse du bal… Au-delà de cette inventivité scénographique, la compagnie est exceptionnelle et sert à merveille un propos féérique avec délicatesse et humour. Ne s’embarrassant pas de chevilles narratives, cette Cendrillon campe des personnages au service de la danse pure. Les tableaux s’enchaînent sans le moindre temps mort et les relations entre solistes et ensembles sont si bien travaillées que le tout coule de source. La danse est parfaite de justesse. Il faut dire que Thierry Malandain a l’oreille bien faite et sait utiliser toute la palette d’émotions contradictoires suggérées par un Prokofiev qui sait se moquer du pouvoir en place en l’affublant d’harmonies aussi grinçantes que grotesques. C’est ainsi que la marâtre (Giuseppe Chiavaro) et ses filles (Frederick Deberdt et Jacob Hernandez Martin), déclenchent les rires malgré l’allure d’araignée de la mère flanquée de deux béquilles dont elle use à foison pour châtier ses filles et tout ce qui bouge autour d’elle. D’ailleurs l’allure du trio vêtu d’un noir froufoutant et sinistre, leurs crânes rasés, les attitudes soumises des filles face à cette mère toute puissante et tentaculaire font immédiatement songer à la Maison de

Tout en finesse

[…] Réglée pour 20 danseurs, sa « Cendrillon » fait appel à un supplément de participants avec l’aide astucieuse de mannequins noirs en robes longues montés sur roulettes. Mais ce n’est pas la seule idée de ce spectacle, qui en fourmille autant dans la réinvention des accessoires (le carrosse est figuré par un énorme cerceau, la pantoufle de vair par un stiletto noir) que dans la chorégraphie. La plus spectaculaire est d’avoir confié les rôles de la marâtre et des deux sœurs chipies à des hommes. Juché sur des béquilles, l’immense Giuseppe Chiavaro fait penser à un grand héron, flanqué des deux sœurs (Frederick Deberdt et Jacob Hernandez Martin), dont l’anatomie dorsale musclée et les crânes rasés ne laissent planer aucune équivoque sur leur sexe. Effet comique garanti, sans aucune surcharge, aucun effet vulgaire, on est dans la finesse absolue ! De même, la Cendrillon de

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Miyuki Kanei est toute en simplicité et en effacement, dans sa petite robe grise mais aussi dans celle qu’elle revêt pour le Bal, une simple tunique blanche dans laquelle elle séduit un prince en justaucorps gris perle, l’excellent Daniel Vizcayo. Ce dernier est un pilier du Ballet Biarritz, dont les danseurs sont très engagés dans cette chorégraphie exemplaire, toujours fluide et parfaitement lisible, une des meilleures à ce jour de Thierry Malandain.

n Le Quotidien du médecin, Olivier Brunel, 17 juin 2013

[…] chez le chorégraphe biarrot, de l’universel au particulier, il n’y a souvent qu’un pas, et ses ballets sont souvent aussi l’expression de doutes, de conflits intérieurs, de joies aussi, on l’espère. Thierry Malandain met discrètement le spectateur sur la voie, et cite Nietzsche : « Créer, voilà la grande délivrance de la souffrance, voilà ce qui rend la vie légère». Malraux, qui connaissait son Zarathoustra, ne disait pas autre chose : «L’art est un anti-destin ». Ou, chez Malandain du moins, une tentative de le conjurer. Le religieux n’est jamais abordé explicitement, mais chaque ouvrage est traversé d’une sorte de mysticisme christique, prenant la forme d’une quête expiatoire, cathartique, pour s’en tenir à un lexique laïc. Si l’argument de cette nouvelle Cendrillon, est, dans les grandes lignes, conforme à la tradition héritée des Grimm, l’esprit du conte féérique n’en est pas moins tourneboulé. Le personnage de la Souillon est magnifié par l’interprétation de Miyuki Kanei, petite fleur japonaise que Thierry Malandain est allé cueillir au Conservatoire de Lyon il

y a sept ans, et qui a su trouver à Biarritz le terreau propice à son éclosion. Mais, en dépit des apparences, le personnage central du ballet est ici le Prince : il se jette dans une quête aux relents kafkaïens, qui le ramène obstinément à la Marâtre, figure ambiguë, qui comme les deux «méchantes sœurs», est ici interprétée par un homme. Ce rôle, prépondérant lui aussi, a été confié à Giuseppe Chiavaro. Drôle, émouvant, il saisit l’exacte limite à ne pas franchir, car, en dépit des apparences – et d’un public qui rit parfois de bon cœur – il ne s’agit pas d’un personnage caricatural. Le registre serait plutôt celui du grotesque qui tourne au tragique. Il / elle et ses rejetons incarnent la réalité crue - avec ce qu’elle peut comporter de profane, voire de laid - des relations amoureuses humaines, alors que Cendrillon personnifie un idéal de pureté, après lequel le Prince s’obstine à courir, sans espoir de l’atteindre. A chaque fois, il est rappelé à son destin d’humain, englué dans ses faiblesses, par l’omniprésent(e) belle-mère. Et ironiquement, lorsque enfin il retrouve Cendrillon, femme rêvée, idéal d’amour pur, la marâtre et sa progéniture – cette fois travestis en femmes – réinvestissent la scène, triomphantes. Tout n’était donc qu’une sinistre illusion? On retrouve ici les obsessions qui tiraillent Thierry Malandain, déjà exposées dans des ouvrages tels Le Portrait de l’Infante : la faiblesse de la chair, les passions destructrices, qui obstruent la voie vers cet absolu amoureux et artistique incarné par LA femme à jamais inaccessible : l’Infante d’Espagne à la tendre candeur magnifiée par le pinceau de Velázquez, la Cendrillon au cœur innocent née de la plume de Jacob et Wilhelm Grimm. Cendrillon, c’est aussi la

métaphore - ou la parabole - du chausson. On sait que Thierry Malandain, pourtant passionné de ballet romantique, ne met jamais ses interprètes féminines sur pointes. Au delà de l’argument économique - la fourniture de cet accessoire ô combien emblématique de la ballerine étant d’un coût non négligeable pour une compagnie de dimensions moyennes -, on peut se demander si le chausson n’est pas pour lui une sorte de parangon artistique, qu’il s’interdit d’approcher tant que les conflits intérieurs auxquels son activité créatrice sert d’exutoire n’auront pas été apaisés. Ou, plus prosaïquement, l’angoisse de briser le rêve, en lui donnant corps. La nuit d’après le bal, pour Cendrillon. Sur le plan visuel, la dernière création de Thierry Malandain est une incontestable réussite. Comme dans Choré, de Jean-Christophe Maillot, on y retrouve des effets – les corolles de femmes qui s’ouvrent et se referment dans un mouvement impeccable – empruntés au cinéma et aux shows nautiques américains des années 1930. L’ouvrage fourmille de clins d’œil aux « anciens », Noureev, Balanchine ou Petipa, mais aussi de trouvailles astucieuses, comme les mannequins montés sur roulettes qui permettent de doubler d’un coup l’effectif de la scène de bal et d’occuper tout l’espace disponible. Au-delà de l’artifice scénographique, ces mannequins sont autant de Cendrillon désincarnées, de coquilles vides que les cavaliers / cavalières, clones du Prince, ont l’illusion de tenir entre leur mains. Sur le plan musical, la Cendrillon de Thierry Malandain est une expérience déroutante. L’exiguïté de la fosse d’orchestre de l’Opéra Royal de Versailles (mais qu’en est-il lorsque l’ouvrage est représenté en d’autres lieux ?) a imposé des modifications radicales de l’instrumentarium, avec notamment des coupes drastiques - mais habilement réalisées - en ce qui concerne les cuivres. Le nombre également relativement restreint des cordes offre à l’auditeur un véritable festival de bois, les flûtes, hautbois, clarinettes et bassons se trouvant mis bien plus en lumière que d’ordinaire. L’équilibre de la partition s’en trouve bouleversé, et on a l’impression de découvrir une nouvelle musique. Ceci étant dit, l’Orchestre Symphonique d’Euskadi est excellent, et l’on aimerait voir plus souvent des formations de cette qualité accompagner la musique de ballet. Le chef, Josep Caballé-Domenech, adopte des tempi très rapides, privilégiant l’élégance et la fluidité au détriment des grands effets de masse, dans un esprit qui rappelle celui de la Symphonie classique du même Prokofiev : Haydn ou Mozart, mis au goût du vingtième siècle.

n Dansomanie, Romain Feist, 18 juin 2013

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Malandain Ballet Biarritz

au Mexique

Après avoir ouvert le 9 mai avec Une Dernière chanson, l’Amour sorcier et Boléro, la 16ème édition du Festival Cultural de Mayo de Guadalajara, un événement culturel majeur dont la France était cette année l’invitée d’honneur, toujours au Teatro Degollado de Guadalajara, le Malandain Ballet Biarritz à présenté Magifique les 11 et 12 mai. « L’humour, l’élégance, la force et la douceur, longue ovation debout » (Wenceslao Moya dans Fomena). Le 15 mai, la troupe a ensuite donné ce ballet au Teatro del Bicentenario de León, « Une fête intemporelle et joyeuse » (Luis Meza dans El Periodico AM), « De la magie avec la danse » (Manolo Garcia dans Danza). Enfin « captivant le public avec ses scènes magnifiques et la virtuosité des interprètes » (Diario Rotativo), dans le cadre du 95ème anniversaire du Teatro de la ciudad Esperanza Iris, le Malandain Ballet Biarritz s’est produit à Mexico City les 17 et 18 mai. Cette tournée organisée par Enrique Muknik (Creatio 300) a été rendue possible grâce au Festival Cultural de Mayo de Guadalajara, au Teatro del Bicentenario de León, au Teatro de la ciudad Esperanza Iris et au soutien du Ministère de la culture de la ville de Mexico, à l’Ambassade de France au Mexique et à l’Institut français.

Thierry Malandain fait souffler un vent de fraîcheur sur un Cendrillon fluide et revivifié.Il y a la fille en haillons et au goût de cendres à force de dormir dans la cheminée … Et puis il y a la fille sans balai, ni serpillère, simplement vêtue d’une petite robe grise modeste mais parfaite. En choisissant d’épurer l’image de Cendrillon, le chorégraphe Thierry Malandain, directeur du Ballet Biarritz, a bien fait. Présentée, à l’Opéra royal de Versailles, sa version du fameux ballet réussit à revivifier la vision traditionnelle du conte de Perrault tout en conservant les tensions conflictuelles au cœur de cette histoire increvable de jalousie et de désir. Le décor, identique pendant tout le spectacle, signe l’économie élégante de cette production pour vingt-deux danseurs sur la musique de Serge Prokofiev. Trois murs d’escarpins noirs bordent le plateau et rappellent sans cesse l’objet du désir tout en soulignant la valeur érotique de la chaussure et du pied. Selon les jeux de lumière, l’installation change d’atmosphère mais les ombres des chaussures scintillent toujours sur la route semée d’embûches de la fille solitaire. En se risquant sur les traces de Cendrillon, Thierry Malandain savait qu’il devait se confronter à la narration d’une histoire connue de tous mais exigeant toujours de ne pas brûler les étapes. S’il compte sur le pouvoir elliptique de la danse, il a choisi néanmoins de respecter les rendez-vous clefs du scénario. Du bal à la chevauchée du Prince à la recherche de sa belle au petit pied, le scénario suit parfaitement son cours au gré de tableaux précis et limpides. Certains accessoires comme la citrouille, le carrosse, l’horloge… manquent à l’appel mais sont remplacés par des images subtiles et sobres dans l’esprit de la mise en scène. C’est ainsi que Cendrillon arrive au bal dans un immense cerceau en métal poussé par sa marraine. Dans ce contexte, le trio infernal, composé de la marâtre et de ses filles, fait l’objet d’un traitement réjouissant. Ils sont interprétés par trois hommes travestis aux crânes rasés aussi menaçants que comiques. Appareillée de

deux béquilles, la mère des deux pestes file la chair de poule rien qu’en se propulsant sur scène. Dans la lignée des grandes chorégraphies de Cendrillon celle créée en 1948 par Frederick Ashton ou celle mise en scène en 1986 par Rudolf Noureev (seule la marâtre y est interprétée par un homme sur pointes), le parti pris de Thierry Malandain trace une voie ni trop agressive ni trop burlesque. Quand à son écriture, dessinée, fluide et inventive sur de solides bases classiques, elle souffle un vent de légèreté et de fraîcheur qui fait planer Cendrillon.

n La Scène, Rosita Boisseau, 21 juin 2013

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EmmaSandrini

oules danses grecques

« Théâtre du Châtelet, Folies Bergère, Bal Tabarin, Moulin-Rouge et Palais Garnier… Mes parents m’ont légué ces lieux. Des lieux dans lesquels ils ont travaillé, rêvé, créé, aimé. Ils ont semé en moi la graine de la danse, du classique au cancan. Une graine hybride qui contient toutes les danses. La Danse. » C’est par ces mots qu’Anne-Marie Sandrini dont la passion chorégraphique ne connait pas de frein débute son récent ouvrage intitulé : Le grand écart (1). Elle y réunit ses impressions de danseuse à l’Opéra, de professeur, d’inspectrice de la danse à la Ville de Paris, et les agrémente du souvenir de sa grand-mère, Emma Sandrini et de ses parents, Andrée Rappo et Pierre Sandrini. Biarritz n’est jamais loin. Son aïeule, lumineuse étoile de l’Opéra y dansa et y séjourna, un de ses frères y vit le jour, tandis qu’en 2009, comme formatrice pour le diplôme d’Etat, elle vint apporter son expérience pédagogique aux danseurs du Ballet Biarritz. Que faut-il pour publier ses Mémoires ? Quelque chose à dire et l’envie de le partager. A travers le récit d’une vie consacrée à la danse, Anne-Marie Sandrini nous fait partager l’histoire d’une famille d’artistes hors du commun.

« Danseur étonnant de style et de modernité » (2), Pierre Sandrini, formé à l’Opéra, obtint des succès éclatants en particulier avec Georgette Delmarès (3)

avant de prendre les rênes artistiques d’établissements comme le Select-Dancing Hippodrome ou le Moulin-Rouge. En 1928, associé au comédien Pierre Dubout, il rachète le Bal Tabarin, fondé par le compositeur Auguste Bosc en 1904. Sous sa direction, la vieille maison devient le premier dancing de la capitale, mais aussi le lieu de revues spectaculaires au sein desquelles le cancan de la Goulue est remis au goût du jour. « Les spectacles de Tabarin restèrent longtemps les premiers au monde de leur catégorie, se souvient la danseuse Nina Tikanova, tant pour la qualité de leur exécution, le luxe des mises en scène que pour leur goût et l’imagination du décorateur et du chorégraphe. » (4) En effet, le music-hall, dans ce qu’il a de plus fin, de plus prestigieux, étincelait à Tabarin. Les ballets réglés par Pierre Sandrini et Marcel Bergé (5) y dominaient. En 1949, en plein préparatifs d’une nouvelle revue, Pierre Sandrini décède accidentellement. Son épouse, Andrée Rappo, danseuse classique devenue capitaine de cancan, reprend alors le flambeau. C’est un triomphe durant trois

ans. Malheureusement, Tabarin passe aux mains des frères Clérico, propriétaires du Moulin-Rouge, qui s’en désintéressent. Fermée en 1953, la salle sera rasée en 1966. Soulignons que l’orchestre avait à sa tête Jean Levesque, dit Jean Alfaro. Connu dans les années 20 comme l’un des meilleurs spécialistes français du tango, il avait créé avec un certain Brodman, l’Orquesta tipica Brodman-Alfaro dont les débuts eurent lieu à la Chaumière de Biarritz en 1928.

C’est en 1901, le jour de l’inauguration du Casino municipal, qu’Emma Sandrini, virtuose de la danse saluée pour sa grâce, son esprit et sa légèreté, débuta à Biarritz. Fille naturelle de la danseuse Josefina Sandrini, elle était née à Trieste en 1871. « J’avais cinq ans, quand je dansai pour la première fois, c’était à Barcelone, j’étais déjà passionnée pour mon art. Je vins à Paris à neuf ans et j’entrai à l’Opéra » confiera - t’elle (6).Après un travail assidu auprès d’Adeline Théodore, Miguel Vasquez et Louis Mérante, elle intégra le corps de ballet en 1885 et connut son premier grand succès deux ans plus tard dans la Fête du printemps (7). Elle y triompha si naturellement que le lendemain elle était célèbre. Sacrée « première danseuse étoile » en 1888, grâce à son admirable plastique, à la fermeté nerveuse de son style, sa carrière ne constitua plus qu’une série de succès : la Maladetta, Coppélia, Bacchus, etc. C’est toutefois, dans les Danses grecques de Louis-Albert Bourgault-Ducoudray et Joseph Hansen, maître de ballet à l’Opéra, qu’elle s’illustra à Biarritz.

A propos de Bourgault-Ducoudray, notons que ce musicien qui consacra une part de son existence à collecter les musiques traditionnelles tout en occupant une place dans l’hellénisme français, avait été missionné en Grèce en 1875, pour y recueillir une collection d’airs populaires. Ils constitueront Les Trente mélodies de Grèce et d’Orient publiées en 1877. Sur la base de ses travaux et grâce aux renseignements fournis par les bas-reliefs et les bacchantes peintes sur les vases antiques, Laure Fonta (8), danseuse à l’Opéra, s’attachera dès 1881 à reconstituer quelques spécimens de danses de l’époque hellénique. Plus tard, la danseuse américaine, Isadora Duncan cherchera également à ressusciter cet art disparu. Découvrant en 1899 les collections du British Museum, elle tenta de reproduire les figures immobilisées par les siècles. L’année suivante, elle s’empressera de fréquenter Le Louvre et la Bibliothèque Nationale. Prenant comme repères les attitudes que certifiaient les images, lisant Nietzsche et tous ceux qui

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Emma Sandrini • photo Albert Bert

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abordèrent la musique et la danse grecques, elle reconstitua les gestes, inventa les transitions, avant de trouver la manière d’exprimer par ses danses la beauté, la joie et la souffrance du monde. En s’employant à vivifier les représentations de la Grèce ancienne, Duncan, qui dans « tout l’éclat de son opulente maturité », passa à Biarritz en 1920, imposa une nouvelle esthétique.

Mais sa démarche n’était pas inédite. En effet, ériger l’Antiquité en modèle de perfection pour servir le renouveau est presque un réflexe dans l’histoire de la danse. Chassez l’Antique, il revient au galop pourrait-on même dire. Ainsi, au tournant du XXème siècle, après Laure Fonta, d’autres tenteront de frayer des voies nouvelles, nourris par leur vision de la Grèce. Parmi les chorégraphes, outre Hansen et Mariquita, laquelle dans Orphée, Alceste, etc. affirma sa maîtrise en « sacrifiant la pirouette et l’entrechat pour apporter la vérité dans la danse » (9), citons Rita Papurello, puis Adelina Gedda, puisqu’« avec un souci très méticuleux de reconstitution

antique » (10), elle régla Phryné pour Emma Sandrini en 1902. Mentionnons encore les danseuses, Odette Valéry, Christine Kerf, Paula Monti, Myrrthal, applaudies dans des danses antiques dès 1899. Puis, Marie Monchanin, premier sujet à l’Opéra, qui déploya « sa sculpturale beauté » le 4 février 1895 à la Bodinière, lors d’une conférence sur l’Orchestique grecque animée par le compositeur, Maurice Emmanuel. Dans la salle, coudoyant Emma Sandrini et Hansen, Gustave Larroumet, historien d’art et auteur de causeries sur les vieilles danses françaises avec Emma Sandrini et Carlotta Zambelli, se souvient que « les savants et les mondains, les rats de bibliothèque et les rats de coulisses écoutaient et regardaient d’un même appétit » (11).

S’agissant de Maurice Emmanuel, dont le rôle fut essentiel par ses recherches sur la musique médiévale et hellénique, tout comme Bourgault-Ducoudray avait trouvé le moyen de mettre en mouvement les vases peints avec le concours de Laure

Fonta ; il travailla avec Louis Mérante, maître de ballet à l’Opéra. « Mais, c’est nous ! » s’était écrié ce dernier, en découvrant la collection Campana du Louvre. Lorsque Mérante disparut en 1887, Emmanuel continua ses travaux avec Hansen. Il collabora également avec le docteur Etienne-Jules Marey. Précurseur du cinéma, ce dernier avait mis au point, en 1882, le « fusil photographique » permettant de fixer un être en mouvement sur douze poses. A l’aide de cet instrument, mais aussi grâce à la « complaisance infatigable » de Marie Monchanin, Emmanuel classa par genres l’infinie variété des mouvements figurés sur les vestiges grecs. C’est ainsi qu’après dix ans d’études, il publia en 1895 « Essai sur l’orchestique grecque d’après les monuments figurés ». La même année, les gens instruits se pressèrent à l’Olympia voir le Scandale du Louvre (12). Il ne s’agissait pas d’un fait divers, mais d’un ballet savant, dont l’argument (un soir au Louvre, après la ronde du gardien, les fresques prennent vie) permit à Rita Papurello, un temps maîtresse de ballet à Biarritz, de reconstituer la Sikinnis, l’Emmelie, la Pyrrhique et autres danses helléniques.

En 1897, lors d’un récital donné au St-James’s Hall par le chanteur grec Aramis, c’est Emma Sandrini, passée étoile de première grandeur, qui obtint un brillant succès en faisant revivre à Londres les gestes sacrés et les poses reconstituées cette fois par Hansen sur des airs harmonisés par Bourgault-Ducoudray. « Ma chère interprète, à la représentation d’hier, vous vous êtes surpassée vous avez été miraculeusement belle. Je ne saurais vous exprimer toute mon admiration » écrira ce dernier. Le même soir, toujours accompagnée d’explications dues à Bourgault-Ducoudray, elle exécuta des danses des XVIème, XVIIème et XVIIIème siècles. Car l’intérêt pour la danse grecque ira de paire avec l’étude des danses anciennes. A ce titre, Laure Fonta, fut précurseur en la matière (13).

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Danses grecques : Emma Sandrini, Jeanne Régnier, Sandrine Viollat • photo Cautin & Berger

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LA DANSE À BIARRITZ # 54

... par celles de la Grèce et du Grand Siècle. Encore introduites par un poème de Gheusi, les danses grecques eurent un succès considérable. Après une danse de prêtresses (musique de Paul Véronge de la Nux) et un air de Bourgault-Ducoudray chanté par Julia Bartet et dansé par Emma Sandrini, sur un extrait des Troyens à Carthage d’Hector Berlioz, venaient deux faunes (Jeanne Régnier et Sandrine Viollat). On exécutait ensuite une danse des voiles, une danse des crotales interprétée par Emma Sandrini. Puis les prêtresses se mêlaient aux faunes sur une musique de Vidal, avant un divertissement final emprunté au compositeur, Ernest Guiraud. Des prêtresses, deux faunes, des vers de Gheusi, tout porte à croire que dans Danses de naguère et de jadis, Hansen reprit des éléments du ballet créé à Toulouse. Mais pour ajouter à la confusion, avant la création de cette encyclopédie dansante, souvent accompagnée de Mounet-Sully et du baryton Eugène Sizes, Emma Sandrini se produira dans Trois mélodies grecques ou Trois danses grecques (15).

En attendant, à propos des danses grecques données à l’Elysée, Charles Chincholle explique : « Ce sont elles qui ont donné le plus de mal à M. Gailhard et à ses collaborateurs MM. Hansen et Vidal, à qui l’on doit cette œuvre de grand art. Ils ont trouvé en Mlle Sandrini une collaboratrice digne de cette belle reconstitution, dont elle a été sculpturalement la grâce et la splendeur. Pour nous montrer ces danses, MM. Gailhard, Vidal et Hansen ont pris tous les Tanagra, ont étudié les diverses poses des danseuses antiques, ont cherché la première position de la danse. Les autres positions ont découlé de celles-ci. M. Vidal alors a appliqué au rythme donné par la reconstitution des mouvements antiques, les œuvres des divers compositeurs qui pouvaient le mieux les accompagner. » (16)

Reprises à d’autres occasions officielles, ces danses seront « applaudies à tout rompre » à Biarritz le 17 août 1901. Le même soir, Emma Sandrini, Carlotta Zambelli et la fine fleur du corps de ballet de l’Opéra brilleront dans le ballet inaugural du Casino municipal : la Muse de Biarritz, réglé par Hansen, mise en scène par Gailhard, sur une musique de Vidal et un poème de Gheusi.

« Sur la plage sauvage, la Muse de Biarritz (l’élégante diseuse Raphaële Sisos), émerge d’une coquille nacrée et, appelant ses compagnes, Biarrottes primitives, leur prédit l’avenir. A son appel apparaissent l’Angleterre, l’Espagne, l’Italie et la Russie qui, s’émerveillant de la beauté tragique et tendre de Biarritz, en célèbrent l’incomparable charme au milieu de l’allégresse générale. »

« La beauté tragique et tendre de Biarritz » : ces mots nous ramènent au récit familial d’Anne-Marie Sandrini, lequel nous révèle qu’Emma Sandrini avait par amour accordé ses faveurs à Pedro Gailhard. Marié à Jeanne Mercier, morte en 1885 en mettant au monde leur fils André (17), il l’avait remarquée dès l’école de danse. Vingt-trois ans les séparaient. De cette liaison naîtront Marcelle en 1890 et Pierre en 1893. Deux ans plus tard, Gailhard, qui se reposait de ses fatigues directoriales à Biarritz, est élu conseiller municipal. L’accompagnant parfois, Emma imagine ce que pourrait être une vie de couple. Car à Paris, pour ne pas choquer son fils, il la voit chez elle ou dans son bureau au théâtre. « Je ne demande qu’à être bon » écrit-il en réponse aux reproches de sa « chère Sandri ». Amoureuse, souffrant de n’être que sa maîtresse, menaçant de se supprimer, Emma rêvait d’une autre vie. « Pedro est veuf, écrit Anne-Marie Sandrini, il pourrait l’épouser. En se mariant avec Jeanne Mercier, il est entré dans une famille de grands bourgeois. On n’épouse pas une danseuse, même si c’est une étoile. »

Lorsqu’en décembre 1907, il quitta la direction de l’Opéra, il y eut des engagements que ses successeurs, André Messager et Leimistin Broussan ne renouvelèrent pas, dont celui d’Emma Sandrini. Elle avait exactement dix-neuf ans et neuf mois de service. Trois mois manquaient pour qu’elle soit admise à la retraite. S’en suivit un procès qu’elle perdit, car même s’ils ne la firent pas danser une seule fois, les nouveaux directeurs la conservèrent encore un trimestre,

Après Londres, Emma Sandrini, dont la devise était « tout arrive », fit découvrir ses danses hellènes aux parisiens. Puis, le 9 août 1898, durant les Fêtes de Gascogne, elle créa au Capitole de Toulouse, sur des airs recueillis et orchestrés par Bourgault-Ducoudray, un ballet de Hansen, intitulé les Danses grecques. Pedro Gailhard, aux commandes de l’Opéra depuis 1884, figurait parmi les organisateurs de ces festivités. A la façon des Cadets de Gascogne qui prétendaient que pour réussir à Paris, il fallait être toulousain, il était né sur les bords de la Garonne. Mais, comme son ami Pierre-Barthélémy Gheusi, directeur de théâtre, écrivain, auteur des vers déclamés par Mounet-Sully et chantés par Eugène Sizes dans les Danses grecques (14), Biarritz était son port d’attache. Nous en reparlerons. En attendant, au milieu de huit prêtresses et de deux faunes prêtés par l’Opéra, Emma Sandrini remporta un triomphe marquant sa carrière : « C’est à Toulouse que j’éprouvai peut-être la plus vive émotion. Mounet-Sully disait, de sa voix superbe, des vers de circonstance. J’étais placée au fond de la scène d’abord immobile comme une statue, je m’animai lentement. Quand j’eus achevé mes danses grecques, les spectateurs innombrables me récompensèrent par d’inoubliables acclamations. »

Ce succès fut renouvelé durant l’Exposition Universelle. En la circonstance, sur une partition établie par Paul Vidal à partir d’une vingtaine de compositeurs, Hansen régla une anthologie chorégraphique intitulée, Danses de naguère et de jadis. Ce ballet donné à l’Opéra le 11 Novembre 1900, mais dont la primeur fut réservée au Palais de l’Elysée, le 10 août 1900, allait des danses barbares aux danses modernes ou contemporaines en passant

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afin qu’elle pût atteindre les vingt-ans indispensables. Pour l’anecdote, c’est à cette époque que l’on proposa à Mariquita (18) de succéder à Hansen, décédé en juillet 1907. Ce qu’elle refusa, « craignant qu’une trappe ne s’ouvrît à son passage ! »

Ayant ouvert en 1905 un cours pour les jeunes filles du monde et les enfants, Emma Sandrini enseigna alors la danse de théâtre, les danses anciennes et grecques. Elle se consacra également à la chorégraphie. Ainsi, le 2 août 1906, pour l’inauguration de la salle de spectacle de la propriété du comte Robert de Clermont-Tonnerre à Maisons-Laffitte, elle mit en scène un ballet inédit, Zino Zina (19). C’était la première fois qu’elle se trouvait chargée de cette fonction. « Réglé avec un art merveilleux » (20), l’ouvrage sera repris à Monte-Carlo. D’autres titres suivront, puisque « l’étoile que l’Opéra a eu bien tort de laisser filer », partagera son temps entre la scène, l’enseignement et la chorégraphie. Citons seulement les danses antiques réglées en 1911 dans Orphée de Gluck à l’Opéra de Marseille.

(1) Le grand écart, Anne-Marie Sandrini, Editions du Mauconduit, 2013(2) La Presse, 18 janvier 1922(3) Etoile au Music-hall, danseuse, comédienne et chanteuse(4) La jeune fille en bleu, Nina Tikanova, Editions l’Age d’homme, 1991(5) Formé à l’Opéra, partenaire d’Anna Pavlova, il dansa à Biarritz avec Emmy Magliani en 1923. (6) La Presse, 2 février 1908(7) Dans Hamlet d’Ambroise Thomas, chorégraphie Lucien Petipa(8) De son vrai nom, Laure Poinet, danseuse, chorégraphe aussi célèbre à l’Opéra qu’à la Bibliothèque nationale, à l’instar d’Emma Sandrini, elle avait la passion des courses.(9) La danse en France sous la troisième république, conférence de Robert Quinault, 4 mars 1948(10) Le Figaro, Serge Basset, 14 avril 1902(11) Nouvelles études d’histoire et de critique dramatiques, Gustave Larroumet, 1899(12) Ballet de Roger Milès et Charles Akar, musique de Jules Bonval, créé le 10 octobre 1895.(13) Après l’édition en 1888 de l’Orchésographie (1589) de Thoinot Arbeau, elle publia, Les danses de nos pères, reconstitution des anciennes danses des XVIIème et XVIIIème siècles, avec gravures théorie, Choudens, 1900.(14) « De tes voiles tissés d’ombre et de poussière, Surgis, resplendissante et jeune, devant nous, O merveille, ô splendeur, grâce ingénue et fière, Toi dont l’éloge ardent est tel qu’une prière, Toi dont le culte pur fait plier nos genoux. »(15) Trois danses grecques, poèmes de Gheusi, illustrations d’Arthur Foäche, musique de Bourgault-Ducoudray, Cassan fils, 1899(16) Le Figaro, 11 août 1900(17) Compositeur, Prix de Rome en 1908(18) Décédée en 1922, Emma Sandrini, Carlotta Zambelli et Anna Pavlova assisteront à ses obsèques.(19) Ballet en 2 actes de Jean Richepin, musique de Paul Vidal (20) La Lanterne, 21 décembre 1906

En 1918, Pedro Gailhard mourut de la grippe espagnole. Sa fille, Marcelle, disparut en 1926 à l’âge de trente-six ans. Musicienne, elle était la préférée de ses deux enfants naturels. Car au fond, l’ancien chanteur lyrique n’appréciait pas spécialement la danse, son long règne à l’Opéra sera même préjudiciable à l’art chorégraphique. Anne-Marie Sandrini, rapportant à ce sujet que « les protestations sous-jacentes dans les lettres d’Emma ne sont pas uniquement d’ordre sentimental, elles sont aussi d’ordre artistique et social. Elle plaide en faveur d’une amélioration du statut de danseuse ainsi que pour un plus grand nombre de créations chorégraphiques ». Désespérée par la disparition de sa fille, Emma Sandrini s’éteindra en 1927, à l’âge de cinquante-six ans. n TM

qDanses grecques • photo Cautin & Berger

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Rendez-vous sur le quai de la gare

Du 26 au 28 mai, lors de la seconde édition du Rendez-vous sur le quai de la gare, le goût de la danse et la curiosité ont conduit près de 3000 personnes à la Gare du midi. Le Malandain Ballet Biarritz remercie le public de sa fidélité et salue le grand partenaire de cette manifestation : la Banque Populaire Aquitaine Centre Atlantique, mais aussi la Casden, Slavi Mercedes, Cazaux, Digital Graffic et Biarritz Culture, associé aux représentations scolaires qui ont permis à 1500 enfants d’assister aux premiers pas de Cendrillon.

Le Temps d’Aimer la Danse6 au 15 septembre 2013Directeur artistique : Thierry Malandain Organisation : Biarritz Culture

« Que de choses dans le Temps d’Aimer ! »

C’est un célèbre maître de danse du XVIIIème siècle qui laissa échapper ce mot : « Que de choses dans un menuet ! ». Quelque frivole que puisse paraître cette exclamation, elle n’était pas ridicule, car en effet la danse est susceptible de combinaisons inouïes. C’est pourquoi, sans exagérer, nous disons : « Que de choses dans le Temps d’Aimer ! ».

Parce que les inclinations de chacun le demandent, grâce à l’éclectisme de la programmation, cette nouvelle édition devrait rassembler le plus grand nombre. Nul besoin d’avoir la main appuyée sur le front et le corps dans l’attitude d’une méditation profonde pour l’apprécier. C’est en faisant place à la sensibilité et à la curiosité que la danse est appelée à être une source de plaisir.

« Tous les malheurs des hommes, tous les revers funestes dont les histoires sont remplies, les bévues des hommes politiques et les manquements des grands capitaines, tout cela est venu faute de savoir danser. » C’est ainsi que le maître à danser de M. Jourdain résumait les bienfaits de son art. Dès lors, pourquoi se condamner à faire tapisserie, à demeurer isolé, frustré d’un bien en ces temps troublés et incertains. Le plaisir et la danse, voilà sur quoi repose cette édition riche de tant de choses que nous vous invitons à découvrir, avant d’en profiter sans ménagement.

n Thierry Malandain

Renseignements

Biarritz CulturePlace des Résistants. - BP 3018564204 Biarritz Cedex05 59 22 20 [email protected]

Réservations

Office de Tourisme de BiarritzSquare d’Ixelles 64200 Biarritzpar téléphone tous les jours05 59 22 44 66sur internetwww.letempsdaimer.comwww.biarritz.frrubrique accès direct

Billetterie en ligne

Ticketnet/ Leclercwww.ticketnet.fr 0892 390 100 (0,34 € /minute)Fnac-Carrefour-Géantwww.fnac.com0892 683 622 (0,34 € /minute)

Malandain Ballet BiarritzCompagnie Dans6T / Bouziane BouteldjaNoé SoulierCie Epiderme / Nicolas HubertKorzo Production / Samir CalixtoCompagnie Fêtes Galantes / Béatrice MassinCompagnie Olivier DuboisCompagnie Adéquate / Lucie Augeai & David GuernezCompagnie Faizal ZeghoudiCompagnie Androphyne / Pierre-Johan Suc & Magali PobelCompagnie Hervé KoubiFoofwa d’Imobilité Ballet PreljocajTravelling & Co / Hervé RobbeDantzaz KonpainiaOpinion Public / Etienne BéchardStaatstheater Ballet Nuremberg / Goyo MonteroCompagnie Rêvolution / Anthony EgeaCompagnie Mizel ThéretCompagnie Ariadone / Carlotta IkedaCie Post-Retroguardia / Paco DecinaVictor Ullate Ballet Irène Feste Compagnie Myriam Naisy / l’HéliceCo&Cie Danse / Deva MacazaguaLa Baraque / Elisa Martin-PradalAnnabelle PulciniSun-A LeeJon & Claude Iruretagoyena Nadège Pinaqui Gwendaline BachiniAnne-Marie Sandrini Les lauréats du concours UPPADanseLes lauréats Hip Hop du Concours International de Danse de BiarritzLe Centre de Formation professionnelle en Danse de Biarritz

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EN BREF

Malandain Ballet Biarritzau CNDA l’invitation de Monique Barbaroux, directrice du Centre national de la Danse, Thierry Malandain et Arnaud Mahouy ont participé le 21 mai à la présentation de la saison 2013-14 du CND de Pantin. Outre un bal animé par Arnaud Mahouy en décembre, le Malandain Ballet Biarritz sera présent à travers plusieurs rendez-vous à découvrir prochainement.

10ème anniversaire desAmis du Malandain Ballet BiarritzLe 30 mai, à la Gare du Midi, 740 personnes ont célébré le 10ème anniversaire de l’Association présidée par Colette Rousserie. Après une conférence sur le thème de la danse dans la peinture moderne, animée par Jean-François Larralde, historien de l’art, elles ont assisté à la présentation par les étudiants du Centre de Formation professionnel en Danse de Biarritz, Walking through, création de Fábio Lopez, danseur de la compagnie, sur le Gloria de Francis Poulenc, et à la reprise d’un fragment de François d’Assise, ballet créé en 1995 par Thierry Malandain et remonté par Dominique Cordemans avec le concours de Carole Philipp.

Magifique à Ludwigshafen Sous la baguette de Jesko Sirvend condui-sant le Deutsche Staatsphilharmonie Rheinland-Pfalz, Magifique (Tchaïkovski) a été joué en Allemagne les 21 et 22 juin au Theater im Pfalzbau de Ludwigshafen.

Fábio Lopez crée Prélude Dans le cadre de Lagunak Elkarlanean, manifestation organisée par l’association Harribeltza d’Oiartzun, qui lutte contre le Sida, Fábio Lopez, danseur au Malandain Ballet Biarritz, a créé Prélude sur une musique de Richard Wagner. Accompagné par l’Ensemble Kaabestri, ce duo interprété par Ellyce Daniele et Fábio Lopez a été présenté le 25 juin au Museo San Telmo de San Sebastián.

Anne-Marie Sandrinià BiarritzAnne-Marie Sandrini, évoquera son dernier ouvrage, Le grand écart, lors d’une conférence à la Médiathèque de Biarritz, le 7 septembre à 11h00.

Renseignements au 05 59 24 67 19.

Expositions à la Médiathèquede BiarritzComme chaque année, dans le cadre du Temps d’Aimer, en collaboration avec le Centre National de la Danse de Pantin et le Malandain Ballet Biarritz, la Médiathèque de Biarritz accueillera du 3 au 28 septembre 2013 «Danse is a weapon», une exposition qui aborde les interactions entre la danse et la politique américaines.

Par ailleurs, pour illustrer le partenariat entre le Malandain Ballet Biarritz et la Médiathèque de Biarritz, celle-ci accueillera simultanément une exposition sur les ballets de Thierry Malandain (costumes, photographies, vidéo, etc.).

Gaël Domenger à EkaterinbourgAprès avoir reçu le prix de la meilleure chorégraphie en 2013 à Ekaterinbourg pour sa pièce Dans la lumière de la lune…, Gaël Domenger retourne en résidence dans la capitale de l’Oural pour créer un nouveau programme pour la compagnie de Danse-Théâtre de Oleg Petrov. Il créera deux pièces qui rendent hommage à deux œuvres littéraires russes : Le diable de Léon Tolstoï et le Nuage en pantalon de Vladimir Maïakovski. Il travaillera sur ce programme qui s’intitule « En deux mots… » du 23 juillet au 5 septembre 2013.

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Montauban

Mandelieu

Biarritz

Biarritz

Biarritz

Marseille

Marseille

Biarritz

Bayonne (Arènes)

Cendrillon

Une Dernière chanson, la Mort du cygne, l’Amour sorcier

L’Après-midi d’un faune, le Spectre de la rose, Silhouette, Une Dernière chanson

L’Après-midi d’un faune, le Spectre de la rose, Silhouette, Une Dernière chanson

Roméo et Juliette

Une Dernière chanson, l’Amour sorcier, dans le cadre de Marseille-Provence 2013

Roméo et Juliette, dans le cadre de Marseille-Provence 2013

Cendrillon, avec l’Orchestre Symphonique d’Euskadi, dans le cadre du Festival Le Temps d’Aimer

La Mort du cygne, Boléro, soirée privée

Représentations en France

CALENDRIER JUILLET > SEPTEMBRE 2013

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Gare du Midi 23, avenue Foch • F-64200 Biarritz Tél. : +33 5 59 24 67 19 Fax : +33 5 59 24 75 40 [email protected]

Président Pierre Durand Vice-Président Pierre Moutarde Trésorier Marc Janet

Directeur / Chorégraphe Thierry Malandain Directeur délégué Yves Kordian

Maîtres de ballet Richard Coudray, Françoise Dubuc

Artistes chorégraphiques Ione Miren Aguirre, Raphaël Canet, Giuseppe Chiavaro, Mickaël Conte, Ellyce Daniele, Frederik Deberdt, Baptiste Fisson, Michaël Garcia, Aureline Guillot, Jacob Hernandez Martin, Irma Hoffren, Miyuki Kanei, Mathilde Labé, Claire Lonchampt, Fabio Lopez, Nuria López Cortés, Silvia Magalhaes, Arnaud Mahouy, Patricia Velázquez, Nathalie Verspecht, Laurine Viel, Daniel Vizcayo

Professeurs invités Angélito Lozano, Bruno Cauhapé

Pianistes Alberto Ribera, Miyuki Brickle, Jean-François Pailler

Sensibilisation des publics et transmission du répertoire Dominique Cordemans Formation et accueil studio Gaël Domenger

Administrateur Jacques Jaricot Comptable Arantxa Lagnet Responsable de communication Sabine Lamburu Assistante de communication, responsable de la numérisation Mélissandre Lemonnier Accueil, logistique, diffusion, secrétariat technique Lise PhilipponChargée du développement transfrontalier Carine Laborde

Directeur de production / Concepteur lumière Jean-Claude Asquié

Régisseur général Oswald Roose Régie lumière Frédéric Eujol, Christian GrossardRégie plateau Chloé BréneurTechnicien Plateau Jean Gardera Régie son Jacques Vicassiau, Nicolas RochaisRéalisation costumes Véronique Murat Régie costumes Karine Prins Construction décors & accessoires Alain Cazaux Technicien chauffeur Thierry Crusel Agents d’entretien Ghita Balouck, Sabrina Guadagnino

Mécénat / Partenariat Georges Tran du Phuoc Attaché de presse Yves Mousset / MY Communications Consultant en communication Frédéric Néry / YocomPhotographe Olivier Houeix

Suivi et prévention médicale des danseurs Romuald Bouchbacher, Jean-Baptiste Colombié, Aurélie Juret

San SebastiánCentre Chorégraphique Transfrontalier

Malandain Ballet Biarritz Yves Kordian, directeur délégué Carine Laborde suivi du projet Mélissandre Lemonnier communicationArantxa Lagnet, relations partenaire, traduction basque

Teatro Victoria EugeniaAmaia Almirall directrice Norka Chiapuso direction de programmation Maria Jose Irisarri suivi administratif Koldo Domán suivi des actions

NuméroDirecteur de la publicationThierry MalandainConception & réalisation graphique Frédéric Néry Imprimeur IBL (Hendaye) ISSN 1293-6693 - juillet 2002

centre chorégraphique nationald’aquitaine en pyrénées atlantiques

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Santander / Espagne

Vérone / Italie

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Vérone / Italie

Cendrillon, avec l’Orchestre Symphonique d’Euskadi

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Cendrillon

Représentations à l’étranger

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San Sebastián / Espagne

San Sebastián / Espagne

Roméo et Juliette

Roméo et Juliette

Représentations transfrontalières

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