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de mars Le Quotidien des Municipales 2008 réalisé par les étudiants de l’École supérieure de journalisme de Lille Numéro 9 Lundi 17 mars 2008 Six pages spéciales Tous les résultats, ville par ville. Aubry mieux que Mauroy Deux tiers des Lillois ont plébiscité la maire sortante. Un score historique pour la gauche. pages 12 à 18 page 5 page 7 À Béthune, Mellick victime du plan à trois Photo : GC Photo : J.R. Good bye l’Hénin CALAIS pages 2 et 3 Photo : GA Le maire sortant Jacky Hénin, hier lors du dépouillement. Sa concurrente UMP Natacha Bouchard lui a ravi la plus grande ville communiste de France.

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Six pages spéciales

Tous les résultats,ville par ville.

Aubry mieux que MauroyDeux tiers des Lillois ontplébiscité la maire sortante.Un score historique pour lagauche.pages 12 à 18 page 5

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À Béthune, Mellickvictime du plan à trois

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Photo : J.R.

Good bye l’HéninCALAIS

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Le maire sortantJacky Hénin, hier lors du

dépouillement.Sa concurrenteUMP NatachaBouchard lui a ravi la plusgrande villecommuniste de France.

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«J’assume cette défaite. » Il est21 heures, les résultats dusecond tour des élections

municipales viennent de tomber.Jacky Hénin (PCF), maire sortantn’obtient que 45,98 % des suf-frages. Il n’est pas reconduit dansses fonctions. Natacha Bouchart(UMP), de la liste d’ouverture po-pulaire et sociale, lui succède. Unvéritable bouleversement pour laville de Calais. Depuis trente-septans, la cité était régie par une mu-nicipalité communiste. Au-jourd’hui, faucille et marteau cè-dent leur place.

« Je suis extrêmement attristée qu’il nesoit pas réélu, soupire Malika. Il a faiténormément pour la ville de Calais. »Pour les sympathisants commu-nistes, « c’est une catastrophe. Nata-cha Bouchart s’est attaquée à unhomme, en aucun cas à un parti. »Pour le maire sortant, ses adver-saires « ont voulu flinguer le soldatHénin. » Avec réussite ? « Absolu-ment pas, répond le premier intéressé.Je serai dans l’opposition et défendrailes gens en difficulté. Je ne les laisseraipas dans l’abandon. C’est hors dequestion. »Touché mais pas abattu,Jacky Hénin.Jean-Jacques Barthes, illustremaire de Calais (1971-2001)avoue être « très déçu par ce résul-tat. Je suis surpris. Je ne m’atten-dais vraiment pas à une défaite decette ampleur. L’action des adver-saires de Jacky Hénin a finalementporté ses fruits. On lui a tiré dessusà boulet rouge », souligne l’ancienédile.Le résultat sans appel de NatachaBouchart prouve les difficultés duPC à rester ancré à Calais. « Il faut

tout de même constater que la gaucheest bien implantée dans le Nord et lePas-de-Calais. Quant au PCF, il ac-quiert Dieppe. Ce n’est pas rien »,nuance Jacky Hénin.François Dubout, candidat an-ciennement Front national, estravi : « Le livre noir du communismecalaisien se ferme enfin, explique-t-il.Les Calaisiens vont retrouver leur li-berté de pouvoir donner vie à leur ville.Les résultats de ce soir sont le fruit dutravail de démolition du maire, en-tamé en 2004 », ajoute-t-il, non sansun cynisme certain.Aujourd’hui, Jacky Hénin ne jouitplus de sa popularité d’antan.C’est une évidence. Pour autant,pas question de remettre en causela place du Parti communiste ausein de la municipalité. Et quandon demande au désormais ancienmaire de Calais si son parti conti-nuera d’exister après le score dusecond tour, sa réponse est sèche :« Absolument. Il n’est pas près des’éteindre. » Au vu des résultats dece soir, les Calaisiens auraient ten-dance à penser le contraire.

Par Gaël Arcuset

L’ É V É N E M E N T

2La Pression de mars Lundi 17 mars 2008

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Nicolas Kienast

É D I TO

LA PRESSION de marsQuotidien réalisé par les étudiants de l’ESJ, de2e année (presse écrite et agence) et de PHR.Refermentation et maturation - Directeurde la publication :Pierre SavaryFermentation - Directeurs adjoints de la publication :Jacky Durand, Sylvie Larrière,Cyril Petit et Yves Sécher Houblonnage - Rédacteurs en chef :Marc-Antoine Barreau, Nicolas Kienast,Clémence Lambard et Flore ThomassetEmbouteillage - Rédacteurs en chef techniques :Caroline Bozec, Florian Hervieux,Séverine Rouby et Guillaume WillecoqSur le blog des municipales de l’ESJ, lire, écouter et regarder les reportages des deuxièmes années :http://chroniquesdemars.blogspot.com

École supérieure de journalisme de Lille,50 rue Gauthier-de-Châtillon, 59046 Lille Cedex.Tel : 03.20.30.44.00. www.esj-lille.fr

Calais roulen l’a fait ce truc ! », mâ-choires et poing serrés,sourire victorieux aux lè-vres, Philippe Blet, nu-méro deux de la liste

d’ouverture, n’a plus qu’une phrase à la bouche. Nata-cha Bouchart et son colistier déboulent devant les mili-tants pour célébrer la victoire. Le résultat d’une dizainede bureaux manque encore à l’appel mais les dés sont je-tés. « C’est Calais qui a gagné ! » s’exclame-t-elle auxanges. Un tonnerre d’applaudissement lui répond.« Après trente-sept ans de municipalité communiste, onavait besoin de respirer. Ce soir, nous sommes fiers d’êtreCalaisiens. »Pour Philippe Blet, dissident so-cialiste qui a rallié la liste dited’ouverture, « c’est un grand mo-ment. J’avais appelé cette liste In-telligence et courage et justement,on a eu l’intelligence et le courage de rassembler dessensibilités différentes. Nous avons suscité un grand es-poir et nous avons maintenant une grande responsabi-lité face aux électeurs. » Puis il se félicite en tantqu’homme de gauche d’avoir su rassembler les Calai-siens grâce à une liste d’union.Dans les rangs des militants, on a encore du mal à réali-ser. « Je n’arrive toujours pas à y croire. La dernière se-maine de campagne a été particulièrement stressante. Etlà, ce soir, jusqu’au bout, on n’était pas sûrs de l’em-porter », raconte Joëlle Lannoy, tête de liste numéro 29,les joues rougies par l’excitation. Accompagnée par deuxde ses enfants, Priscilla, 37 ans, est, elle, venue profiter

de l’ambiance de victoire. « Je veux un travail, je veuxque ça change à Calais. C’est pour ça que j’ai voté pourNatacha Bouchart et que je suis venue ce soir. »À l’heure de la victoire, une centaine de personnes estrassemblée dans la petite salle du QG de campagne deNatacha Bouchart. Au milieu de la foule compacte, lesdeux têtes de liste sont chaudement félicitées. Les em-brassades succèdent aux encouragements émus. « Beautravail ! » les félicite-t-on.À 18 h30, la salle était pourtant presque vide, l’ambianceinexistante et les militants absents. Hormis une caméra,les médias n’avaient pas parié sur la victoire de la listed’ouverture. Une heure et quart plus tard, c’est la cohue :

les mouches ont changé d’âne.D’abord une vingtaine, la foule desmilitants grossit progressivement.Au fur et à mesure des résultats,l’exaltation monte d’un cran. Lessupporters fixent le panneau des

scores avec une anxiété teintée d’optimisme. Les pre-miers résultats positifs sont accompagnés par des ap-plaudissements nombreux mais timides. On n’ose pas en-core y croire. Un bureau qui échappe à la liste et onrelativise : « Delaroche, c’est communiste de toute fa-çon », lâche-t-on dans les rangs. 19 h45 : le QG fait maintenant salle comble. « Hénindehors ! » Une fois la moitié des bureaux dépouillés,Bouchart fait la course en tête avec 53 %. Les poings selèvent, les rires fusent. On le sait, la victoire est acquise.Au milieu des sourires, un militant se lâche : « Vivementqu’on puisse chanter la Marseillaise à la mairie, parceque l’Internationale, on l’a assez entendue. »

Par Joël Bronner

«O« HÉNIN DEHORS ! »

Le PC rend les clés

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Jacky Hénin, hier, aprèsavoir appris sa défaite.

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3La Pression de mars Lundi 17 mars 2008

Sale temps pour les cocos

Dimanche 16 mars. Alors que le cielcalaisien s’assombrit, les gens sepressent autour de l’Hôtel de ville.

Non pas pour éviter les averses, mais bel etbien pour assister à l’annonce des résultatsdu second tour des élections.Dans le bureau de vote, Jacky Hénin (PCF),le maire sortant, paraît plus tendu que la se-maine précédente. Le dépouillement com-mence. Plus le temps passe, plus son visagese crispe. Il regarde chaque bulletin de vote.Visiblement, il n’a pas le cœur à la fête.Dès 19 h, la mairie pullule de monde. Lafoule est là, en attente. Elle a envahi la salleprincipale. Certains ont un foulard rouge au-tour de leur poignet, en soutien à leur maire.« Ouais Jacky », hurlent-ils. En réponse, cer-

tains lancent : « Bouchart à la mairie. » L’at-mosphère devient électrique. Quelques in-sultes, et puis les premiers scores tombent.Natacha Bouchart (UMP), candidate de laliste d’ouverture populaire et sociale, prendtrès rapidement de l’avance sur son adver-saire.Elle est conspuée par une partie de la foule.Jacky Hénin, en retrait, assiste à la scène.Grise mine. Il a du mal à rester en place. Cen’est pas son soir.Au fil des minutes, Natacha Bouchart creusel’écart. Les militants communistes perdentespoir. Le dépit se lit dans leur regard. Atte-rés, ils n’osent plus lever la tête. « Quelle tristesoirée », soupire l’un d’entre eux.20 h45. C’est officiel, Jacky Hénin ne ré-cupérera pas son siège de maire. Dans lasalle, c’est l’effervescence. Des militantscommunistes fondent en larme. Certainspoussent la chansonnette en l’honneur deleur ancien édile. Les électeurs de NatachaBouchart sont aux anges. Pour eux, l’ave-nir s’éclaircit.

GAËL ARCUSET

AAMMBBIIAANNCCEE.. Visages tendusavant mines défaites. La journée des communistes était à l’image du score de leur candidat : pourrie.

Red is deadDepuis la chute du mur de Berlin, le Parti communisten’en finit plus de s’écrouler. Symbole de cet effondre-ment, les derniers résultats aux présidentielles : de15,3 % en 1981, le PCF est passé à moins de 2 % dessuffrages en 2007. Dépassés à gauche par Lutte ou-vrière et la LCR, partagés entre leur alliance avec lePS et leur tradition contestataire, les communistes sontmoribonds au niveau national et ne peuvent plusguère compter que sur leur ancrage local pour conti-nuer à exister. Les municipales représentaient doncun enjeu de taille pour le PCF. De ce point de vue, lespremiers résultats du second tour n’avaient rien derassurant pour le parti de Marie-George Buffet. À Ca-lais, la défaite de Jacky Hénin face à Natacha Boucharta mis un terme à trente-sept ans de gouvernancecommuniste de la ville. Quelques minutes plus tard,c’était au tour de Dominique Voynet de s’imposer faceau communiste Jean-Pierre Brard, maire de Montreuilen Seine-Saint-Denis depuis plus de 20 ans. Pire en-core, à Aubervilliers toujours en Seine-Saint-Denis,bastion historique du Parti communiste,Pascal Beau-det a été battu par le socialiste Jacques Salvator. Unrésultat symbolique de la désunion entre le PCF et lePS dans de nombreuses communes, et ce malgré lesappels répétés de Marie-George Buffet au « rassem-blement de la gauche dès le premier tour ». Jusqu’en2001, l’appui des socialistes avait permis à de nom-breux maires communistes de se maintenir, notam-ment en Seine-Saint-Denis. Privé de ce dernier sou-tien, le Parti communiste pourra-t-il se maintenirdurablement ? Éric Filliastre

BASTION. Après 37 ans de communisme, la mairie de Calais revient à la liste d’ouverture de droite. Natacha Bouchart obtient 55 % des suffrages face à Jacky Hénin, le maire sortant.

Natacha Bouchart peut avoir le sourire : elle vient de faire tomber le bastion communiste

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à droite

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A N A LY S E

4La Pression de mars Lundi 17 mars 2008

« Un malaise citoyen profond »RÉGION. Victoire de Martine Aubry à Lille, défaitedes communistes à Calais…La soirée a été riche en évènements.Analyse des résultats avec le politologue Frédéric Sawicki.

L’enjeu principal de ces élections,dans la région, était la mairied’Hénin-Beaumont. L’effondrement

du FN, qui stagne à 28 % des voix,est-il surprenant ?Oui et non.On pouvait difficilement imaginerune victoire du FN au second tour.Cela dit, leparti a tout de même progressé de 10 pointspar rapport à 2001, et maintient une forte im-plantation dans les villes touchées par la désaf-fection du bassin minier. Plus d’un électeur surquatre a voté pour l’extrême-droite dans unecommune marquée par les luttes sociales etune présence syndicale importante.C’est doncun bon score pour le FN.

De son côté, Martine Aubry a été très fa-cilement réélue avec plus de 66 % desvoix…En effet, elle a réalisé un très bon score.Celaprouve que les électeurs du MoDem se sontcorrectement reportés sur elle au second tour.La maire sortante a su rassembler au centre etchez lesVerts,mais a eu plus de mal à mobili-ser les électeurs d’extrême-gauche, qui se sontplutôt abstenus.Cela dit, Sébastien Huyghe neréalise pas un mauvais résultat : il obtient plusde voix au second tour que les scores cumulésdu FN et de l’UMP au premier tour.

Au cours d’une soirée électorale plutôt fa-vorable à la gauche,Calais a basculé àdroite.Quels enseignements peut-on tirer

de la défaite du maire communiste sor-tant, Jacky Hénin ?Cela prouve que la candidate de l’UMP,Nata-cha Bouchart, a su rendre crédible sa listed’ouverture. Elle a rallié certains poids lourdsde la politique locale, comme Philippe Blet, an-cien secrétaire du PS à Calais. D’autre part, lesélecteurs ont sans doute exprimé une certainelassitude vis-à-vis d’un mode de gestion jugétrop clientéliste. D’autre part, les Calaisiensfont sans doute payer à Jacky Hénin la gestionde l’après-Sangatte,même si cela dépasse sescompétences. Enfin, le retrait du FN a large-ment contribué à la victoire de Natacha Bou-chart, bien que la candidate UMP s’en dé-fende.

Pourtant, la grande gagnante de ce scru-tin reste l’abstention. À Roubaix, elle adépassé les 60 %.Comment expliquer cerecord régional ?Depuis longtemps, l’abstention est forte à Rou-baix. Aujourd’hui, cette tendance tend à s’ac-centuer. On est passé de plus de 50 % de parti-cipation en 1995 à moins de 40 % aujourd’hui.Cela s’explique par l’arrivée massive dejeunes issus de l’immigration, qui traditionnel-lement votent peu,mais aussi par la particula-rité du contexte politique local. Le candidat so-cialiste, RenéVandierendonck, a d’abord étéélu sur une liste centriste.Cela a sans doutebrouillé les cartes et désorienté certains élec-teurs, qui ne se sont pas déplacés. Plus large-

ment, l’abstention à Roubaix est symbolique dumalaise citoyen profond qui touche notre pays,et qui ne s’exprime pas seulement lors desélections nationales. Pendant longtemps, on aconsidéré que le maire était un personnage au-quel les électeurs étaient attachés. Les résultatsde cette année prouvent que cette tendancecommence à s’inverser : plus d’un électeur surtrois ne s’était pas déplacé pour aller voter aupremier tour.

École élémentaire Jules Michelet,Wazemmes, 7h55. Le présidentdu bureau de vote 623, Cédric

Pruvost, jeune trentenaire, arrive encostume-cravate. Il s’occupe à la hâtedes dernières tâches administrativesavant l’arrivée des premiers votants.Avant lui, deux employées munici-pales ont commencé le travail vers6h15. Le temps de passer à la mairiechercher les bulletins de vote, d’ins-taller les isoloirs, les bulletins, les en-veloppes et l’urne. De faire du caféaussi, car la journée va être longuejusqu’à 18 h. Trois minutes après leprésident, arrive l’assesseur du bu-reau, Yves Aubry, National Geographicsous le coude. Aucun lien de parentéavec Martine, d’autant qu’il est en-carté UMP. « On a déjà l’habitude de selever tôt en semaine, donc ça va, positive-t-il. Et puis on a de la lecture : la semainedernière, j’ai relu Pierre et le loup »,plaisante l’homme aux cheveux poi-vre et sel en regardant la collection delivres pour enfants d’une des classesde l’école. Ils parlent de la pluie et dubeau temps, de leurs enfants, de leur

travail, le tout avec un vouvoiementde rigueur.

Tranquille. Ils auront droit à deuxpauses d’une heure : une pour allermanger et une pour aller voter. « Moij’ai fait une procuration », témoignel’une des deux employées munici-pales. Cédric Pruvost vote pour sapart dans le bureau qu’il préside, à8 h17, un quart d’heure après YvesAubry, le premier à glisser un bulletindans l’urne de la journée. Le début dematinée est plus que tranquille. À 9heures, au premier pointage, une pe-tite quinzaine de personnes ont voté,soit un peu moins de 2 % des 801 ins-crits. « Moins que la semaine dernière à lamême heure », selon Yves Aubry. Cé-dric Pruvost a sa petite idée sur lepourquoi d’une si faible fréquentation:« Nous sommes à Wazemmes, beaucoupde gens viennent avant et après la messe,et puis d’autres après le marché ». Pourles quatre permanents, la journée sedéroulera dans cette classe, loin del’effervescence des dimanches à Wa-zemmes.

Par Éric Filliastre

Frédéric Sawicki, politologueau Ceraps à Lille II

LLIILLLLEE..Reportage dans les coulisses d’un bureau de vote à Wazemmes. Loin de l’effervescence de ce quartier populaire, les assesseurs tuent le temps dans une ambiance plutôt calme.

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Par Benoist Pasteau

Un bureau de voteaux aurores

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Rares sont ceuxqui vont voter dès l’ouverturedes urnes.

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L’ E N J E U

5La Pression de mars Lundi 17 mars 2008

Un score historiquepour Martine AubryLa maire sortante annonçait un“score historique” au deuxièmetour. Elle réalise plus de 66 % dessuffrages face à Sébastien Huyghe,le candidat UMP. Pierre Mauroy, in-déboulonnable maire de Lille de1977 à 2001, avait dû batailler faceà la droite au deuxième tour, réu-nissant 55,43 % des suffrages en1977, 52,82 % en 1983 et 53,85 %en 1989. Seule l’élection de 1995,une triangulaire, avait érodé sessuffrages : 48 %.

« Il a toujours été convenu d’une al-liance avec les Verts au second tour,en cas de triangulaire », avait dé-claré Martine Aubry au soir du pre-mier tour. La liste écologiste d’EricQuiquet pesait 11,58 % des suf-frages dimanche dernier.Voilà queses voix viennent nourrir le scorede Martine Aubry, comme en 2001,où celle-ci avait proposé septpostes de conseillers aux Verts.

Cette fois-ci, l’ouverture est alléejusqu’au MoDem, qui lui a apportéson soutien. Pourtant, Aubry n’avaitpas besoin des voix écologistes nicentristes pour conserver le bef-froi. L’UMP est elle à la dérive, Sé-bastien Huyghe, sa tête de liste,bute à 33 %. Sa victoire aux législa-tives semble déjà loin. MartineAubry a maintenant la présidencede LMCU à portée de fusil. Elle suitle sillon tracé par Pierre Mauroy.

Frédéric Coulon

Bien vue chez les ch’tisLLIILLLLEE.. Les 66,56 % de Martine Aubry au second tour des municipalesconfirment l’amour des Lillois pour celle qui a été placée au Beffroi, en 2001, par Pierre Mauroy.

«On a gagné, on a gagné ! » Le“on” repris de concert par lesmilitants et les élus com-

prend sans plus de doute Martine Aubry. Àpeine descendue des escaliers de la mairie deLille, le petit millier de Lillois présent crient enchœur. Ça y est, c’est fait : Martine Aubry, Pa-risienne de souche et envoyée sur le front lilloisen 2001 par Pierre Mauroy, est définitivementadoptée par les Ch’tis. Plus encore que l’écart devoix qui la sépare de Sébastien Huyghe (UMP),la candidate a explosé un record historique : ellea fait 10 % de plus que Roger Salengro, dernierrecord socialiste dans la capitale des Flandres...C’était en 1935 ! Il y a des signes qui netrompent pas. Aubry estarrivée radieuse, sourireéclatant au pupitre. PierreMauroy la suit de près. Lamaire sortante remercieles Lillois dans son dis-cours: « Ils m’ont fait le plusbeau des cadeaux ce soir. » Et elle n’oublie pas nonplus l’ancien maire de Lille, à qui elle offre savictoire. « Merci de m’avoir fait confiance, il y a qua-torze ans, ce score je te le dédie. » Quatre bises cha-leureuses s’en suivent.Une page se tourne. Ancien maire de Lille, pré-sident sortant de la Communauté urbaine(LMCU), l’ancien Premier ministre de François

Mitterrand est en train de tracer l’avenir de laville. Et ça se fera avec Martine Aubry. Elle de-vrait faire coup double le 18 avril avec LMCU etprendre ainsi un poids plus que considérable surla métropole. À noter, au passage, un autre évè-nement historique sur Lille : Martine Filleul,candidate aux cantonales sur Lille-centre a rem-porté la mise face à l’UMP, ce qui n’était toutsimplement jamais arrivé ! Victoire sur victoirepour les socialistes de la capitale des Flandres,Aubry en tête. Pour Lucien, la maire de Lille est ici chez elle.« Au départ, c’est vrai, ç’a été froid, mais elle a bienfait son travail et le résultat est là. »Le succès certain de la socialiste se reflètaitaussi dans l’ambiance détendue avant son ar-

rivée. Yannic et Évelynesont venus pour le dis-cours de Martine Aubry.« On habite à Halluin, doncon ne vote pas ici, mais onest concerné par ces résul-tats car ma femme travailleau Musée des Beaux-arts deTourcoing, et moi au Théâ-

tre du Nord, sur la Grand Place de Lille, expliqueYannic. L’enjeu, ne nous trompons pas, c’est sur-tout LMCU, et avec la déroute de Vanneste à Tour-coing, c’est plutôt bien parti... » Le discours n’estpas différent chez les militants socialistes.« C’est clair que l’alliance avec les Verts et leMoDem est aussi importante en vue de la Commu-nauté urbaine », estime Nicolas, encarté PS.

Pour ce qui est du rayonnement de MartineAubry sur Lille, le socialiste de 28 ans conclutsans hésitation : « Elle n’a pas été adoptée seule-ment comme personne, mais aussi comme maire.C’est au-delà de l’anti-sarkozysme ambiant. »Confirmée à la mairie, favorite pour la com-munauté urbaine, ambitieuse au sein du PS,où s’arrêtera la fille de Jacques Delors ?

«O n aurait pu écrire une belle histoire, mais le cas-ting n’était pas à la hauteur. » Ce jugementsans appel est celui d’Honoré Benoit, un

militant UMP. Corpulent, bonhomme, il pense déjà« au bon casting pour 2014 ». Il est 19 h 30, les sympa-thisants savent déjà que leur candidat est loin der-rière Martine Aubry. Dans le QG, un petit local de60 m2, ils se pressent, pas vraiment déçus, plutôt ré-signés et prêts à en découdre. L’abstention, qui at-teint les 56 %, occupe les esprits. « Vous vous rendezcompte, ça signifie que seuls 28 % des Lillois ont voté pourMartine Aubry », commente Jacqueline Vidal, 20e surla liste de Sébastien Huyghe, comme pour minimi-ser la défaite. Déjà, l’heure est au bilan. Une mili-tante UMP :« Nous avons manqué de coordination entreles équipes sur le terrain et le staff de campagne. » « Il vafalloir remobiliser les équipes et continuer à travailler »,poursuit Honoré Benoit. « Y’a toujours pas à boire ? »,lance un jeune. La député européenne Tokia Saïfi,en quatrième position sur la liste, fait son entrée,mine défaite : « On n’est pas au mieux. » Sourires de fa-çade. Tous attendent la tête de liste, qui, pour l’heure,

est à la mairie en compagnie de Brigitte Mauroy, lanuméro deux. Dans la foule, un invité surprise :Etienne Forrest, le candidat du centre qui a atteintpéniblement les 1 % au premier tour. « Je soutiens Sé-bastien et je suis scandalisé par l’alliance Aubry-Richir. »Autour de lui, on acquiesce.Dans un coin, un groupe a allumé la télé. Il est20 h 10. Sur France 3, les résultats tombent :34,44 % pour Huyghe, 66,56 % pour MartineAubry. Certains huent la maire sortante. Un jour-naliste annonce qu’elle aurait des visées de premièresecrétaire du PS. « Ben tiens, évidemment, Lille n’estqu’un marchepied ! », commente un sexagénaire. Soudain, c’est l’arrivée de Sébastien Huyghe et Bri-gitte Mauroy. Il serre quelques mains, distribue desbises, souriant. « Je ne suis pas déçu, maintenant on vaconstruire une opposition », glisse-t-il. Pas de bravos. Cen’est que lorsque, juché sur une table, il remercie lesmilitants et promet de « poursuivre le combat dans l’op-position » qu’il a droit à une salve d’applaudissements.

À l’UMP, contre

mauvaisefortune…

Par Benoist Pasteau

Par Françoise Marmouyet

MARTINE AUBRYFAIT MIEUX QUE

ROGER SALENGRO

Sébastien Huyghe promet de poursuivre le combat

Pierre Mauroy peut être fier de son héritière

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Photo: Jonathan Roux

Photo : Françoise Marmouyet

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6La Pression de mars Lundi 17 mars 2008

On prend les mêmeset on recommence

RAS à Hénin-Beaumont

arine, prend le TGV ! », « Ma-rine à Paris ! », scande lafoule. La salle des fêtes s’estbien remplie depuis 18 h :des fidèles de Gérard Dalon-geville, maire sortant. L’hos-

tilité envers la liste du candidat FrontNational est palpable. Une femme souf-fle dans ses mains, stressée. Les premiersrésultats tombent, son visage s’éclaire.Steeve Briois est à moins de 30 %, on lehue. Dalongeville a plus de 50 % et l’as-sistance lui fait un triomphe. Les raresopposants se font très discrets.Dans son fauteuil, le maire sortant PSsourit, ricane, trépigne, badine. « Bouh,bouh », souffle-t-il contre Steeve Briois, àl’écart du micro. Il goûte l’instant, rougede plaisir. Puis il prend la parole : « C’estune grande satisfaction. Nous avons gagnésur le terrain des idées. Nous avons gagné cecombat contre le FN. » Une femme pleureà ses côtés. Gérard Dalongeville se senten verve : « Steeve Briois disait : “Si nousne sommes pas élus, c’est que nous sommes

des cons.” Quelquepart, c’était un vision-naire ! » Il n’hésitepas à affirmer qu’il avécu une campagnediffamatoire. Il se

lève sur sa chaise et frappe des mains. Lesourire accroché au visage. « C’est une vic-toire des valeurs de la République face à l’ex-trême-droite. »Dominique Volanti est venu montrerqu’elle voulait « faire barrage au Front Na-tional ». Elle ne comprend pas que l’« onvote FN dans une ville minière commeHénin-Beaumont ». Les larmes aux yeux,elle se dit « soulagée ».

Au QG de Duquenne (candidat DVD),on est forcément déçu. Seulement troissièges au conseil municipal. On seconsole en disant qu’au moins il y auraune opposition républicaine à Hénin-Beaumont.Au Front National, on tâche de sourire,de se montrer positif. « Ce que l’on ne ditpas, c’est que le Front National fait 10 % demoyenne aux cantonales. Des élections beau-coup plus politiques. C’est deux fois plusqu’aux législatives. Ce sont des résultats en-courageants », argumenteMarine Le Pen,sur la défensive. La foule scande « Ma-rine, Marine, Marine » et se reprend « Ma-rine, Steeve, Marine, Steeve ». Ce dernierprend la parole : « Nous avions fait 17 %en 2001. Nous faisons 29 %, cette fois. Jereste très positif. »Interrogé sur l’opportunité qu’une si-tuation aussi favorable [NDLR : degrosses dissensions au sein de la gauche]se représente pour lui, il botte entouche : « Je suis optimiste, nous gagneronsun jour où l'autre. Moi, je n’ai pas acheté desquartiers entiers. Je peux me regarder dans laglace », faisant allusions aux rumeurs ac-cusant le maire sortant de clientélisme.Le candidat du Front National campesur ses positions : « Quand les gens aurontleur porte-monnaie vide à cause des impôts dumaire, nous serons là. »Retour dans la salle des fêtes acquise àDalongeville. Ainaoui Zakia et sessœurs sont venues acclamer le maire.Elle est enchantée : « Je suis soulagée. »Elle ajoute : « Mettez bien notre nom dansle journal, je suis employé municipale. Ça vame faire de la pub auprès du maire. Il se sou-viendra de moi. » On ne change pas lesbonnes vieilles habitudes.

M

HHÉÉNNIINN--BBEEAAUUMMOONNTT..Pas de surprise dans laville du Pas-de-Calais. Le maire sortant PS,Gérard Dalongeville,l’emporte largement(51,94 %). Le candidatfrontiste, Steeve Briois,ne totalise que 28,83 % des votes.

Page réalisée par Gaël Cogné

JE RESTE TRÈS POSITIF”

Steeve Briois, candidat FN malheureux

De la pluie, des rues vides, une journée d’ennui. Pasd’excitation, pas de ferveur, pas d’angoisse. Ce se-cond tour des élections municipales ressemble à tousles dimanches gris que peut connaître la petite villedu Pas-de-Calais.16 h, au bureau de vote de la salle des fêtes. Il y aplus de caméras de télévision que de votants. Lesjournalistes s’ennuient et papotent. Un électeur ren-tre. Trois appareils photos et deux caméras se ruentsur l’homme devant l’urne. Et puis s’en vont.Un assesseur rapporte qu’on a voté « pareil qu’au pre-mier tour ». Même constat au lycée Henri Senez (l’undes plus gros bureaux) et à l’école maternelle Ponti-gnie.À la sortie des urnes, les jeunes trouvent que le mairesortant n’a pas fait assez pour eux. Les actifs, que lesimpôts ont trop augmenté. Les chômeurs, qu’il n’y apas assez de travail. Un employé de la mairie voterapour le maire, parce qu’il lui a trouvé un appartementet un emploi.Côté Front National, on essaie de faire bonne mine.Mais ce n’est pas facile. Des délégués ou colistierssont dans tous les bureaux de vote. « C’est sûr qu’on aeuh… euh…comment dire… un petit coup », lâcheMartine Fontaine qui cherche ses mots. Pour elle, « iln’y a pas eu d’abattement ». Éric Ostrowski est plus di-rect : « On s’attendait à plus, c’est sûr. Je n’y crois pastellement. Les gens sont trop laxistes. »Martine Fon-taine reprend : « Il y a même des adhérents qui ne sontpas venus voter. »Marie-Noëlle Lienmann passe dire bonjour et vérifieque tout se passe bien. Pas de déclaration ? « Bof, jen’ai rien à signaler. »18 h. Fermeture des bureaux de vote. 554 personnesont voté, cette fois-ci. 560 au premier tour. Jean-PierreChruszez, colistier de Gérard Dalongeville (PS), s’in-quiète un peu. « On a moins voté dans les bureaux, oùon a fait un bon score. Plus dans ceux où on a fait unmauvais score. » Avec 51,94% hier soir, le maire sor-tant a balayé cette inquiétude.

Au bureau de vote Henri-Senez, affluence banale. Photo : GC

«Les grands vainqueurs du second tour : Marie-NoëlleLienemann (députée socialiste européen), Annick Genty(PS) et Gérard Dalongeville (maire sortant PS). Photo : GC

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7La Pression de mars Lundi 17 mars 2008

Pour Mellick, il y a un hicBBÉÉTTHHUUNNEE.. C’est d’un fil que Stéphane Saint-André a été éluhier à Béthune. L’ère Jacques Mellick s’arrête là.

Rue Copernic, au QG du parti socia-liste, c’est la consternation. À21 h 30, les sourires ne sont plus lé-

gion. Battu, dimanche, par 160 voix d’écart,Jacques Mellick a les larmes aux yeux. « C’estune victoire de la droite. La seule gauche qui existe

est ici », lâche t-il devant une centaine de sym-pathisants.Quelques minutes avant l’annonceofficielle des résultats, rien ne laissait présagerun tel scénario. « Il a été confiant toute la journée,souligne Daniel Boys, conseiller régional (PS).C’était du 50-50. Malheureusement, cela a penchéau dernier moment. »Depuis 1977 et son élection à la tête de la ville,Jacques Mellick « s’est efforcé d’unifier la ville »,ajoute le conseiller régional. Preuve en est, lesquartiers populaires ont massivement votépour lui. « Je ne baisserais pas les bras », glisse-t-il à ses militants. Frappé d’inéligibilité suite àun faux témoignage dans l’affaire VA-OM,Jacques Mellick avait réussi, en 2002, un re-tour triomphant. Chose qu’il n’a pas su réédi-ter en 2008.Les projets trop ambitieux du candidat Mel-lick ont-ils fait pencher la balance ? La haussedes impôts durant son dernier mandat (5,5 %)ont agacé les Béthunois.Étonnant « pour unhomme qui pensait avanttout à sa ville », juge Da-niel Boys. « Plus serein quejamais », Jacques Mellicka fustigé l’attitude de ses adversaires. « Ce sontdes socialistes pervers. Je suis prêt à déposer un re-cours (ndlr : au tribunal administratif) pour unacte antisémite de la part d’un des colistiers de Sté-phane Saint-André » annonce Jacques Mellick.Une sombre histoire qui aurait permis au vain-

queur du jour de « draguer » l’électorat ma-ghrébin en indiquant « les origines juives » deJacques Mellick. Une gué-guerre des clans.Cette victoire historique sonne le glas des as-pirations politiques de Jacques Mellick dans leBéthunois. Battu l’an passé aux législatives, ilne joue plus aucun rôle sur la scène politiquelocale. A 67 ans, l’ancien Secrétaire d’État à laDéfense du gouvernement Rocard a, semble-t-il, définitivement tourné la page. Même si lesscores affichés dimanche ne sont pas ridicules.« Il a tout de même réussi à gagner 12 à 14 pointsdans l’électorat populaire », admet Daniel Boys.Le front anti-Mellick a tiré son épingle du jeu.« Il fallait tuer Mellick », rappelle un militant so-cialiste. C’est désormais le cas. Et seuls huitmilitants du Parti socialiste siègeront auconseil municipal. Les valeurs de Béthune se portent maintenantà droite. Aujourd’hui, le réveil est difficile pour

Jacques Mellick. Com-ment se relever d’un teléchec ? « La vraie gauche,celle qui est honnête »,comme il la décrit, a-t-elle encore un avenir ?

Jacques Mellick va maintenant devoir penserà passer le relais. Adepte du contre-pied, ilpourrait bien regarder vers 2014. Les Béthu-nois seraient-ils prêts à revoir Jacques Mellickà la tête de la mairie ? « Je suis l’homme qui serelève », conclut-il.

Àpart des journalistes et lesmembres du bureau, qui peutse résoudre à se pointer au bu-

reau de vote dès 8 heures et à sacri-fier ainsi sur l'autel de la citoyennetésa grasse matinée dominicale ? Qui ?Des travailleurs du dimanche sou-cieux de remplir leur devoir d'électeuravant de partir au boulot ? Ou desnoctambules de la veille venus faireun détour par l'isoloir avant de semettre au lit ? « Pas de chance, on a pas de PMU dans lecoin, explique Roselyne, assesseur dubureau de vote de la mairie de Rou-baix. Dimanche dernier, il y avait beau-coup de gens qui étaient là tôt le matin :certains passaient avant d'embaucher,d'autres avant de partir déjeuner en fa-mille, des Français qui vivaient en Bel-

gique aussi. Du coup, à 8 h, il y avait laqueue devant la mairie. Aujourd'hui, c'esttrès calme. » Un bien mauvais signe :la semaine dernière déjà, le bureau160 n'avait connu que 32 % de parti-cipation. Ce matin, le premier électeur à fran-chir le couloir de l'Hôtel de villejusqu'à atteindre la pompeuse salle deréception fait son apparition à 8 h 10. C'est Abderrahim, un professeurd'une cinquantaine d'années au sou-rire matinal. « J'ai l'habitude d'aller aumarché aux puces de bonne heure le di-manche. Je préférais passer par là avant. »« Le 53 ! », clame le second assesseur.« Non, le 63 !, rectifie Roselyne. Ahnon, le 53 en effet ! » Les membres dubureau ont bien du mal à émerger.Toutes les cinq minutes, un nouveau

venu se manifeste. Tous ont plus de40 ans. Habitués à être debout tousles week-ends dès la première heure,ils voient leur dimanche perturbé parcette tâche citoyenne et préfèrent s'endébarrasser au plus vite. Avant de re-prendre leurs occupations habituelles.

« Un petit coup de ménage » pour Pa-trice, 49 ans. « Je vais m'installer devantla télé », raconte Yves, gardien d'im-meuble sexagénaire. Leurs bonnesvolontés ne suffiront pas à sauver lesmeubles. Hier, à Roubaix, seuls40,18 % des électeurs ont voté.

Il est huit heures,Roubaix s'éveille

Par Guillaume Carré

Par Imanol Corcostegui

« JE SUIS L’HOMMEQUI SE RELÈVE »

Habitué à se lever à 4 heures tous les jours, Yves a préféré venir voter dès potron-minet

Jacques Mellick a perdu le sourire.Pour lui, le combat,à Béthune, continue.

ROUBAIX La deuxième ville de la région a encore connuune très forte abstention. Dès le début de la matinée, on pouvait s'y attendre.

Photo GC

Photo IC

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8La Pression de mars Lundi 17 mars 2008

La Rouge restefinalement rose

HHAALLLLUUIINN. Le scénario à suspense auraduré jusqu’à la dernière minute. La campagne , faite de rebondissements,de divisions et de ralliements a profité au maire sortant, Jean-Luc Deroo. Dur de briser les traditions.

«Bureau de vote n°9, liste de Jean-Luc Dero :287 voix. Liste de Gustave Dassonville :287 voix ! » Dans la salle communale

d’Halluin, on s’exclame, on pousse des cris defrayeur, on coupe sa respiration. Jusqu’à l’annoncedu dernier bureau de vote, il était encore impossiblede départager les deux candidats. Leur liste se suc-cédait tantôt victorieuse, tantôt battue. La légèreavance de l’un pouvait disparaître quelques minutesplus tard. Jean-Luc Deroo, le maire sortant, à la têted’une liste PS-PC-Verts a failli perdre son siège faceà son challenger, Gustave Dassonville, qui se pré-sentait pour la première fois, sous les couleurs del’UMP. La salle des fêtes était coupée en deux. Dansun équilibre aussi incertain que le scrutin. Il a falluattendre les derniers résultats pour que les suppor-teurs de Jean-Luc Deroo puissent exploser de joie etbrandir leur pancarte. Comme si le maire sortantavait fait exprès de garder le suspense jusqu’à la der-nière minute, pour annoncer les résultats du seul bu-reau de vote où il prend une avance remarquable :394 voix contre 227. Un sprint final pour la beautédu sport.C’est finalement avec 51,75 % que le maire sortantreconduit son titre et poursuit dans la tradition so-cialiste de la ville. Située sur la frontière belge, cettecommune de 20 000 habitants n’a jamais connu demairie de droite. Surnommée “Halluin la Rouge”pour son héritage communiste d’après-guerre, la ville

a toutefois élu le député Christian Vanneste (UMP)aux dernières législatives, et avait voté à plus de58,4 % pour Nicolas Sarkozy il y a un an. Cinqpoints au-dessus de la moyenne nationale, la tradi-tion n’est pas immuable quand il s’agit de scrutinsnationaux. Quant aux communistes, « c’est une espèceen voie de disparition qu’il faut protéger », avoue Alain,un Halluinois, fils d’immigrés espagnols qui ont fuile régime de Franco. L’échec de la base de loisirs Flots Lys a ruiné la villeet pèse dans le bilan du maire sortant. « Ça a détruit lespetits commerces de centre ville », regrette Joëlle, tenanted’un bar-brocante. « On a besoin de dynamisme écono-mique dans cette ville. Et il y a aussi des problèmes de sé-

curité... surtout avec nos voisins belges », rappelle-t-elledevant une cliente flamande. Ce bilan en demi-teintea failli coûté sa place au maire sortant. Mais le so-cialiste Jean-Luc Deroo a bénéficié d’une droite ex-trêmement divisée tout au long de la campagne dupremier tour et qui a peiné à oublier ses querelles lorsdu second tour. « L’ambiance au sein du groupe n’étaitpas favorable », consent Gustave Dassonville. Sesconcurrents jugent l’ancien directeur de cabinet deChristian Vanneste un peu trop arriviste. Et visible-ment les tensions se ravivent face à la défaite, puisquele challenger malheureux conclut qu’il était « le seul àpouvoir gagner dès le premier tour. Mais comme ils vou-laient tous être tête de liste, on est parti divisés ».

Dans la plupart des villes, lebureau central est l’un deceux où l’on vote le plus.

Pourtant, à la mairie de Ville-neuve-d’Ascq, seuls 464 électeursse sont déplacés hier. Dix demoins qu’au premier tour. La par-ticipation a péniblement atteint40 %, contre plus de 58 % sur l’en-semble de la commune. « Ici, c’estun des bureaux de vote où on participele moins, et ce ne sont pas les mêmesélecteurs que la semaine dernière quisont venus », explique LahnissaMadi, conseillère municipale sor-tante et présidente du bureau devote.Le bureau de vote s’est subitementrempli un peu avant 18 h. L’objetde la convoitise de ces centainesde Villeneuvois : l’écran géant quiaffichait en temps réel les résultats.L’enjeu était de taille : trois listess’affrontaient, dont deux étique-tées à gauche et menées par deuxanciens maires arrivés en tête aupremier tour. Jean-Michel Stieve-nard, maire sortant socialiste, avaitobtenu un peu plus de 27 % desvoix contre 42 % pour son adver-saire Gérard Caudron (Divers

gauche). Un drôle de second tourqui a fait office de baptême de lacitoyenneté pour beaucoup de Vil-leneuvois venus glaner les pre-mières estimations. « Je suis venuedépouiller pour avoir les résultatsavant tout le monde. Bien sûr, on voitcertaines mines se défaire au fur et àmesure », affirme Noura Chouarra,qui a dépouillé pour la premièrefois le 9 mars. Les supporters de Gérard Cau-dron n’ont pas eu à attendre bienlongtemps pour saluer leur cham-pion : avant même l’annonce desrésultats définitifs par le mairesortant, il s’est félicité de sonscore. « Ça n’est pas une victoire,c’est un raz-de-marée », a-t-il lancé,fort d’avoir obtenu 58,83 % desvoix contre 27,22 % pour son ad-versaire. Didier Plancke (UMP)n’a obtenu que 13,95 %. « Unmaire sortant, même si on n’est pasd’accord avec ce qu’il a fait, mérite lerespect lié à sa fonction », a lancéGérard Caudron, sobre, avant depréciser que Jean-Michel Stieve-nard n’aurait pas de poste dansson équipe.

Séverine Fiévet

Villeneuve-d’Ascq.Au bureau central, on observe plus qu’on ne vote

Par Sophie Bouillon

Gustave Dassonvillesurveille le dépouillement,d’un air anxieux. Photo : SB

Lens vibrait deux fois ce soir. Pourla réélection de Guy Delcourt, lemaire socialiste. Et pour son

équipe de foot qui affrontait l’Olym-pique de Marseille au stade Bollaert.Premier coup d’envoi : 20 h. Le matchdes municipales est enfin terminé.« Merci d’être venus surtout en ce soir dematch important », lance Guy Delcourt,maire PS sortant. Une petite référenceà la rencontre Lens-Marseille avant decélébrer sa victoire. Malgré un passageobligé par le second tour – une pre-mière dans l’histoire de la gauche len-soise –, le maire sortant est finalementreconduit avec 48,37 % des voix.Avec un taux d’abstention de 50,73 %,jugé « inquiétant » par le maire, les Len-sois se sentaient beaucoup plus concer-nés par la rencontre footballistique quepar le combat électoral. On s’aggluti-nait plus devant le stade Bollaert quedevant la mairie.Dans la salle Richart, au deuxièmeétage de la mairie, ce n’est pas les sup-porters lensois qui se sont réunis maisceux du maire socialiste. Pour Guil-laume, 20 ans, fan du Racing clubavant tout, il n’y a pas de surprise. Sonmaillot “Sang et Or” sur le dos et son

écharpe du club sur les épaules, le sup-porter ne peut s’empêcher de mêleranalyses sportive et politique : « C’étaitsûr que Lens resterait un bastion de gaucheet c’est tant mieux. » Sandwich à la main,Guillaume est prêt pour aller aumatch. Ce soir, « c’est pour toute l’équipeque je vote et non pas pour un joueur enparticulier ». Les candidats battus se prennent éga-lement au jeu du commentaire poli-tico-footballistique. Annie Saint-Ar-noult, la candidate Divers gauche(DVG), a obtenu 11,97 % des suf-frages. « On est comme une petite équipede foot contre une grosse cylindrée deLigue 1 », rétorque-t-elle. Deuxième coup d’envoi : 21 h. Austade Félix Bollaert, le match Lens-Marseille commence. Louisette, la sup-portrice la plus connue du Racing club,préférait l’ancien maire de Lens,André Delelis, même si elle habiteBeuvry. Les résultats des élections,c’est dans les tribunes qu’elle les vivra.« Mes gosses m’enverront un SMS. » Unmessage que beaucoup de supportersrecevront ce soir dans les gradins pourapprendre le nom de leur nouveaumaire.

Mélanie Carnot

Lens.Delcourt gagne le matchcontre la désunion de la gauche

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S U R L A R O U T E

9La Pression de mars Lundi 17 mars 2008

imanche, jour d’élection, c’estpour beaucoup le marathon. Pas-ser d’un bureau de vote à l’autre,vérifier que tout se déroule pour

le mieux. Michel Desmazières est sur la brèchedepuis 7 h 30. Maire sortant de Gondecourt, ilbrigue un nouveau mandat. « Je veille au bon dé-roulement du scrutin, explique t-il. C’est ce qui primepour moi aujourd’hui. » Michel Desmazières jettedes coups d’œil à droite et à gauche. D’un côté,les électeurs votent pour les municipales. Del’autre, pour les cantonales. L’homme se pré-sente également pour lesecond scrutin. « J’ai pum’absenter de la salle poly-valente pour voir commentcela se passait dans les com-munes environnantes », ex-plique-t-il. L’air fatiguépar une campagne de deux semaines, il dit setenir en retrait : « Je ne peux pas mélanger les genres.Je suis ici pour veiller à ce que tout soit bien préparé. »Le portable collé à l’oreille, la main sur l’urne, ilrépond à son interlocuteur. Une conversationentrecoupée des traditionnels « a voté ! » qui in-combent à tout assesseur.Quelques kilomètres plus loin, l’angoisse estmoindre. Jacques Bocquillon, qui se présente surla commune de Houplin-Ancoisne contre le

maire sortant, paraît détendu : « On attend tran-quillement les résultats, pour savoir quel nombre desièges nous aurons dans l’opposition. » Il manquaitseulement neuf voix au maire sortant Bruno Fou-cart pour passer dès le premier tour. Alors tout estd’ores et déjà joué. Malgré tout, l’intéressé s’estlevé très tôt : « J’étais debout à 6 heures, pour ouvrirle bureau de vote. Et j’ai voté à 8 heures. » Après, ilfaut bien que la journée se passe : « C’est la journéela plus longue de la campagne... », confie Sylvie Fi-gard, les traits tirés. Elle représente la troisèmeliste en lice à Houplin-Ancoisne. En attendant, les

candidats font le tour desbureaux de vote, pour of-frir le café aux assesseurset leur amener de quoi serestaurer. « Et puis de tempsen temps, on va boire uncoup... », sourit Jacques

Bocquillon. Sylvie Figard est interpellée par unhabitant : « Finalement, tu es allée manger ou pas ? »« Oui, quand même », répond-elle. Elle s’est laisséequelques minutes de répit à 13 h 30.Mais la journée est loin d’être terminée. Direc-tion Meurchin, dans le Pas-de-Calais. Autour deDaniel Top, deux de ses colistières et quelquesmembres de sa famille. Il navigue depuis le matinentre les bureaux de vote 1 et 2. « Je suis plus tenduque lors du premier tour, lâche-t-il. C’est un scrutin

décisif. » Le candidat sait de quoi il parle : depuistreize ans, il est conseiller de l’opposition.18 heures : horaire de fermeture. Les derniersélecteurs ont accompli leur devoir. Déjà, on meten place les tables pour le moment crucial. « Celafait deux nuits que je ne dors plus, confie Daniel Top,mais je pense que c’est pareil pour tous les candidatsde France ce soir. » Une de ses colistières ajoute :« Il carbure aux somnifères pourtant… » Il a les yeuxcernés de fatigue mais ne manque rien du dé-pouillement. Quelle que soit la commune, lescandidats reçoivent les encouragements des élec-teurs. Et les portables sonnent sans arrêt.18 h 30. C’est l’effervescence dans la salle poly-valente de Gondecourt. Une centaine d’habi-tants, mêlés à quelques candidats, assistent au dé-pouillement. Quelques visages souriants, mais laplupart sont tendus. Avant même le verdict, onpense déjà au lendemain : « Si on ne remporte pasl’élection, on va créer une association pour défendre lesintérêts de la ville », prévoit le numéro 4 de la listede Michel Desmazières. Les chuchotements fontpeu à peu place au brouhaha. L’ambiance setend. L’annonce des résultats se fait attendre,mais personne n’en perd une miette. 19 h 40 :« Chut ! » réclame un assesseur. Le silence règne,on entendrait les mouches voler. « Les résultatspour la commune de Gondecourt… » Fin d’une jour-née éreintante pour tous les candidats.

Le jourle plus long

Par Delphine Lacroix

DGGOONNDDEECCOOUURRTT,, HHOOUUPPLLIINN--AANNCCOOIISSNNEE EETT MMEEUURRCCHHIINN.. Dans ces petitescommunes du Nord-Pas de Calais, les candidats n’ont pas chômé hier. Vote,ravitaillement des assesseurs, dépouillement... Une journée électorale ordinaire.

Portable à la main, poignée de l’urne dans l’autre, Michel Desmazières, maire sortant de Gondecourt (Nord)

« C’EST LA JOURNÉELA PLUS LONGUE

DE LA CAMPAGNE... »

Photo: D

L

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10La Pression de mars Lundi 17 mars 2008

Un long dimancheélectoral

Jour d’élection, certes,mais dimanche avant tout. Alors ons’organise pour être à la fois des électeurs modèles

et des parents attentifs.Quitte à emmener le petit dernieravec soi dans l’isoloir.

Dessine moi un maireLes écoles se transforment souventen bureau de vote lors des différentsscrutins. Pas d’exceptionpour les municipales.Dans les écoles républicaines,les devoirs civiques passentrapidement de la théorie à la pratique.

Prêts pour la batailleAlignées avec soin, rangées consciencieusement,les enveloppes sont prêtes à être utilliséespar les électeurs qui sont sur le point d’entrerdans le bureau de vote. La journée électoralepeut commencer.

La droite froisséeIl suffisait de jeter un coup d’œil dans les poubellesà la sortie des bureaux de vote pour se faire une idéedes premières tendances du scrutin. À 14 h, force estde constater que Sébastien Huyghes est plus présent

dans les poubelles que dans les urnes.

Hier à Lille. Jour de pluie mais aussi jourd’élection... Peu de monde dans les bureauxde vote, et au final une victoire écrasantede Martine Aubry.

Photos : Jonathan Roux

Un dimancheau bureau

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11La Pression de mars Lundi 17 mars 2008

Place au comptage18 h.Hôtel de ville. Les urnes

commencent à se vider. Désormais,les enveloppes remplies tout au long

de la journée vont parler.

Priorité à gaucheLe moment de faire son devoir républicain est arrivé. À vos marques, prêts, votez !

On s’essaye au voteLes soldes sont terminées depuis quelques temps et les cabines d’essayagessont désertés... Ah non pardon, ce sont les élections... et l’abstention est élevée.

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R É S U LT A T S

12La Pression de mars Lundi 17 mars 2008

Lille

Villeneuve d’Ascq

RoubaixMartine Aubrydans un fauteuil

Score sans appel pour Martine Aubry. Après avoirmanqué de peu sa réélection dès le premier tour, lamaire sortante n’a connu aucune difficulté pour se dé-faire de Sébastien Huyghe dans un duel qui n’en étaitpas vraiment un. Elle a écrasé son challenger avec66,56 % contre 33,44 % et par la même occasion batde dix points le score record de Roger Salengro en1935. « C’est la gauche ici, et les valeurs que nous por-tons expliquent cette victoire historique », justifiait Mar-tine Aubry au micro de France 2 à l’annonce desrésultats. Pour les électeurs lillois, la messe était appa-remment dite entre Sébastien Huyghe et MartineAubry comme en témoigne le taux de participation enbaisse entre les deux tours (44,42 % contre 48,83 %).La Dame des 35 heures bénéficie ainsi pour son se-cond mandat de quarante sièges au conseil municipal.Cependant, en vertu des accords conclus en milieu desemaine, elle devrait concéder dix places auxVerts etdeux autres au MoDem.À présent,Martine Aubry vapouvoir savourer cette victoire tranquille avant des’attaquer à un autre mandat en avril prochain : celuide la présidence de la Communauté urbaine de Lille.

F.P.

La passe de troispour Vandierendonck

Pas de surprise à Roubaix où RenéVanderien-donck, maire socialiste depuis 1994, vient d’êtreréélu confortablement pour la troisième fois consé-cutive. Avec 55,43 %, le vainqueur a disposé facile-ment de Max-André Pick (UMP) et Slimane Tir(Verts) qui n’ont récolté respectivement que26,52 % et 18,06 % des voix. « Mieux vaut faire 55 %avec une liste soudée que 70 % dans la confusion »,confiait RenéVandierendonck à laVoix du Nordavant d’adresser quelques piques à destination deses adversaires : « J’avais fait des efforts avec lesVerts mais je me suis aperçu à la moitié du mandatque c’était impossible car il n’y avait pas de respon-sabilité solidaire dans l’action. Je suis content que ladroite ait fait un score aussi faible. Et c’est une joie dene plus voir le Front national siéger au conseil muni-cipal. »Quant aux deux autres candidats, ils n’auront mêmepas réussi à combler leur retard entre les deuxtours. À noter toutefois que la participation n’auraune nouvelle fois pas été le fort des Roubaisienspuisque seuls 40,18 % des électeurs se sont dépla-cés aux urnes.

F. P.

Raz-de-marée pour Gérard Caudron

Pas de surprise àVilleneuve-d’Ascq où deux listes de gauches et unede droite s’affrontaient. Le sortant Jean-Michel Stievenard (PS) est lar-gement battu par l’ancien maire Gérard Caudron (divers gauche).Celui-ci totalise 13 293 voix, soit 58,83 %, contre 27,27 % pour son ad-versaire (6 151 voix). Le maire sortant réalise un score équivalent à sonrésultat du premier tour. Le candidat UMP, qui avait totalisé 10,74 %des voix le 9 mars a atteint 13,95 %.Ce duel gauche-gauche a mobi-lisé 58,89 % des électeurs.C’est légèrement plus qu’au premier touroù la participation avait atteint 58,38 %.Gérard Caudron était déjàdonné vainqueur à l’issue du premier tour, où il avait obtenu 42,82 %des voix. Après le scrutin, il avait affirmé qu’il n’y aurait « pas d’al-liance sur l’oreiller » avec son adversaire et ancien adjoint, Jean-MichelStievenard. Il s’était donc tourné vers lesVerts qui avaient atteint5,98 % dimanche dernier.Gérard Caudron a aussi probablement bé-néficié d’un report des voix de la part d’une partie des électeurs duModem, qui avait obtenu 9,41 %. « Ce n’est pas une victoire, c’est uneraz-de-marée », s’est félicité Gérard Caudron.S.F.

NORD

1er tourle 9 mars 2008

2

46,2 % Aubry (PS)

6,27 % Pauwels (LCR)

5,61 % Dillies (FN)

21,64 % Huygue (UMP)

7,79 % Richir (MoDem)

1,09 % Forest (DVG)

11,58 % Quiquet (Verts)

6

2ème tourle 16 mars 2008

4 66,56 % Aubry (PS)

33,44 % Huygue (UMP)

48,06 % Vandierendonck (PS)

5,37 % Merlevede (LCR)

19,01 % Pick (UMP)

2,82 % Van Engelandt (MNR)

8,94 % Cannie (FN)

2,14 % Rizoug (DVG)

13,64 % Tir (Verts)21er tour

le 9 mars 2008

5

1er tourle 9 mars 2008

42,82 % Caudron (DVG)

5,98 % Lecocq (Verts)

9,41 % Carnois (MoDem)

4,04 % Delgrande (Ext. gauche)

27,01 % Stievenard (PS)

10,74 % Plancke (UMP)2ème tourle 16 mars 2008

58,83 % Caudron (DVG)

27,22 % Stievenard (PS)

13,95 % Plancke (UMP)

Gérard Caudron a souffléla mairie à son ex co-listier

Photo: ESJ

2ème tourle 16 mars 2008

1

55,43 % Vandierendonck (PS)

26,52 % Pick (UMP)

18,06 % Tir (Verts)

Photo : Jonathan Roux

Photo : Caroline Bozec

René Vandierendock, maire sortant réélu

Martine Aubry a été plebiscitée dimanche

Page 13: numéro N°09 opt

R É S U LT A T S

13La Pression de mars Lundi 17 mars 2008

Halluin Mouvaux

Hallennes-les-H. Château l’Abbaye

Deroo de justesse

C’est sur le fil que le maire sortant vient d’êtreréélu à Halluin. Alors qu’il bénéficiait d’uneavance confortable face à Gustave Dassonvilleau premier tour (42,12 % contre 29,49 %), latête de liste socialiste n’a battu son homologuede l’UMP que de 284 voix. Pourtant, Jean-LucDeroo avait bénéficié cette semaine du soutiend’Olivier Henno, représentant régional duMoDem. Il faut toutefois préciser qu’au soir dupremier tour, Didier Deprez, fort de 15,78 %,s’était rallié au chef de file de l’UMP pour fairebarrage à la réélection de Deroo. Il n’aura pasmanqué grand chose pour que l’opposition tireson épingle du jeu. Pour le PS, il faudra ma-nœuvrer étroitement avec la majorité prési-dentielle pendant six ans.

F.P. Éric Durand éluà Mouvaux

Statu quo à Mouvaux où chaque candidat aréalisé quasiment le même score qu’au pre-mier tour. Dans un match entre les centristeset la droite arbitré par unVert, c’est Éric Du-rand qui succède à Patrick Balay dans le fau-teuil de maire. Avec 42,25 % des suffragesexprimés, le candidat UMP a devancé MichelBrion de dix points (32,14 %).Ce dernierainsi que Dominique Hémery (11,29 %)paient cher leur tactique du “cavalier seul”.En début de semaine, ils avaient refusé des’allier avec Éric Durand.Au final, ils ne secontenteront que des miettes au sein duconseil municipal tout comme Daniel Com-péré, crédité de 14,32 %.

F.P.

Pau gagne haut la main

Six mois après avoir pris la succession de PatrickGenelle (sans étiquette), démis de ses fonctionspour inéligibilité, André Pau se voit confier lesclés de la mairie de Hallennes-lez-Haubourdinpour six ans.Quasiment réélu à l’issue du premiertour, le maire sortant a disposé largement de sonprincipal adversaire socialiste,Monique Herdhuinavec 54,81 % contre 25,62 %.Quant aux deux au-tres listes encore en course, celle menée par Pa-trick Genelle (9,95 %) et l’autre par SuzanneHeusdens (9,62 %), elles auront pesé moins lourdque dimanche dernier. La participation a diminuépuisque seulement 62 % des électeurs ont votécontre 66 % dimanche dernier.

F.P.

Fin du suspense

Jusqu’au bout, le sort de cette commune de700 habitants aura été incertain. Pour cedeuxième tour, les quatre listes de départétaient encore en course, sachant qu’aucuncandidat n’avait recueilli la majorité di-manche dernier. Au final, c’est la liste deWaldomir Domin qui a été élue intégrale-ment. La désignation du futur maire serasans aucun doute beaucoup plus paisible.Prochain épisode dans six ans ?

Sont élus : Domin (52,36 %) Brassart (48,67%) Cury (47,23 %) Denneulin (47,23 %)Dernoncourt (46 %) Fillemotte (47,02 %)Godart (48,05%) Gros (50,31 %) Jacquart(47,02 %) Leveau (49,69 %) Morlinghem(48,87 %) Pauwels (46,20 %) Rychlak(48,87 %) Saulnier (47,64 %) Sénéchal(46,61 %)

F.P.

NORD

1er tourle 9 mars 2008

49,71 % Pau (DVD)

12,56 % Heudeus (DVG)

14,08 % Genelle (DVD)

23,65 % Herdhuin (PS)

2ème tourle 16 mars 2008

54,81 % Pau (DVD)

9,62 % Heudeus (DVG)

9,95 % Genelle (DVD)

25,62 % Herdhuin (PS)

JC Nicodème

Poullin

Domin

Q. Sénéchal

1er tour 2e tour

22,96 %

27,56 %

43,63 %

11,06 %

25,05 %

26,49

52,36 %

%

15,61 %

1er tourle 9 mars 2008

42,82 % Durand (UMP)

26,76 % Brion (LNC)

14,75 % Compére (Verts)

15,67 % Hémery (DVD)

2ème tourle 16 mars 2008

42,25 % Durand (UMP)

32,14 % Brion (LNC)

14,32 % Compére (Verts)

11,29% Hémery (DVD)

1er tourle 9 mars 2008

42,12 % Deroo (PS)

15,78 % Desprez (DVG)

5,34 % Delporte (DVD)

29,49 % Dassonville (UMP)

7,27 % El Kostiti (GE)

2ème tourle 16 mars 2008

51,75 % Deroo (PS)

48,25 % Dassonville (UMP)

André Pau a remportéla mairie d’hallennes

Photo: D.R.

Éric Durand, nouveaumaire de Mouvaux

Photo: Sophie Bouillon

La lutte a été rudepour siéger danscette mairie

Photo : DR

Photo: DR

Le PS conservela mairie d’Halluin

Page 14: numéro N°09 opt

R É S U LT A T S

14La Pression de mars Lundi 17 mars 2008

Douai

Grande-Synthe

Bergues

Vernier résiste à la vague roseJacquesVernier, candidat UMP,maire sortant de Douai et chef duparti présidentiel dans le Nord, rempile avec 53,48 % et résiste à lavague socialiste. Il a même failli être réélu dès le premier tour avecun résultat frôlant les 50 %.Aucune alliance n'avait été conclue avecFranz Quatreboeuf, le candidat du Modem (8 %) et Léopold Pons,candidat sans étiquette, éliminé au premier tour.Ce dernier a appeléà l'abstention au second tour sachant que Douai avait déjà boycottéles urnes le 9 mars dernier avec seulement 51 % de participation. Leduel du second tour était donc ouvert malgré l'avance du maire sor-tant.Mais comme les autres sous-préfectures de la région,Douai apréféré garder sa couleur politique (Sarkozy y avait battu Royal en2007). Le maire de droite, en place depuis 1983 se maintient. La villefait partie des îlots conservés par la droite dans la région.C'estconscient de la débâcle à droite qu'il a tenté de relativiser. Ses pre-miers propos hier soir étaient pour sa camarade,Nathacha Bouchart,qui a ravi Calais au PCF, à la tête de la ville depuis trente-sept ans.

M.N.

Fin du règne de la droitechez les Ch'tis

La socialiste Sylvie Brachet s'est imposée (39,13 %)dans la triangulaire qui l'opposait à deux candidats dedroite, issus de l'équipe municipale sortante. Avec34,84 % au premier tour, elle a permis à la gauche des'emparer d'une commune gérée par la droite depuis60 ans !Chez les Ch'tis, la municipalité UMP n'a pas résisté àl'assaut du PS. Et ce,malgré le coup de marketingqu'elle a engrangé avec le film de Dany Boon.En effet, la guerre de clochers opposant les deux listesde droite, portée par deux adjoints de l'équipe sor-tante (l'un d'eux, Jacques Martel est aussi carillonneurmunicipal !) a fait l'affaire de la liste de gauche. Aupremier tour, les deux listes avaient réalisé 33 et 31 %.Mais la droite n'a pas été capable de fusionner au se-cond tour et l'appel du « Renouveau à Bergues » venantde la gauche a donc eu des échos favorables.

M.N.

Damien Carême résiste à la fronde degauche

Damien Carême, le maire sortant (PS), passe avec 51,90 % des suffragescontre ses deux conseillers municipaux : Felix Tertulliani (DVG,38,09 %) et Nathalie Demazières (DVG aussi, 10,11 %).Ces deux der-niers qui s'étaient engagés à fusionner au second tour pour battre lemaire sortant n'ont pas pu s'entendre le moment venu.Un score qui confirme les chiffres du premier tour dominé par le candi-dat socialiste et les listes de gauche. Le MoDem n'était arrivé que cin-quième dans cette ville du Dunkerquois.Grande-Synthe, qui compte15 234 inscrits sur les listes électorales, totalise un taux d'abstention lé-gèrement inférieur à la moyenne nationale avec 42,6 % (contre 44 %).Damien Carême, à la mairie depuis 2001, va pouvoir continuer son plande “développement social des quartiers” entrepris durant son premiermandat. La droite était encore absente de ces municipales à Grande-Synthe, chasse gardée du Parti socialiste depuis plus de trente ans.

M.N.

NORD

1er tourle 9 mars 2008

49,75 % Vernier (UMP)

33,4 % Chéreau (PS)

8,8 % Quatreboeufs (MoDem)

8,04 % Pons (SE)

2ème tourle 16 mars 2008

53,48 % Vernier (UMP)

46,52 % Chéreau (PS)

1er tourle 9 mars 2008

45,32 % Carême (PS)

11,48 % Desmazières (SE)

32,22 % Tertulliani (DVG)

7,24 % Riah (SE)

3,73 % Railane (MoDem)

2ème tourle 16 mars 2008

51,80 % Carême (PS)

10,11 % Desmazières (SE)

38,09 % Tertulliani (DVG)

1er tourle 9 mars 2008

34,84 % Brachet (DVG)

33,49 % Lammin (DVD)

31,67 % Martel (DVD)

2

2ème tourle 16 mars 2008

39,13% Brachet (DVG)

33,78 % Lammin (DVD)

27,09 % Martel (DVD)

Photo: D.R.

Photo: D.R.

Photo: D.R.

Natacha Brachet, nouvelle maire

Jacques Vernier, reconduit à la mairie

Damien Carême,maire sortant reconduit

Page 15: numéro N°09 opt

R É S U LT A T S

15La Pression de mars Lundi 17 mars 2008

Hénin-Beaumont

Saint-Omer

Le PS jubile,le FN s’effondre

On le savait depuis dimanche dernier, et la victoire deGérard Dalongeville (PS), le maire sortant, au premiertour avec 43,09 % des suffrages, le FN est l’un desgrands perdants de ces élections municipales. En at-teignant 28,83 % au second tour, Steeve Briois n’aurapas réussi son pari à Hénin-Beaumont. Et même s’il faitmieux qu’en 2001, où il avait rassemblé 19,08 % desélecteurs,même si Marine Le Pen fait mine de se ré-jouir de « la naissance d’une opposition FN », ce 16mars sonne bien comme une énorme désillusion dansles rangs frontistes, effondrés. L’ancienne cité minièrene se révèlera pas le tremplin tant espéré pour fairerenaître l’extrême-droite sur la scène politique natio-nale. Et l’avenir de Marine Le Pen au sein même du FN

s’obscurcit. La succession du père ne sera pas aussiévidente qu’elle le voudrait.Si la défaite du FN n’est pas une surprise, le score réa-lisé par le maire sortant en est plutôt une.Crédité de35,72 % il y a sept ans, le candidat de l’union de lagauche a grimpé de plus de 16 points par rapport à2001 et remporte cette triangulaire haut la main avec51, 94 % des suffrages.Le « tout sauf Dalongeville » martelé tout au long de lacampagne par l’ensemble de ses adversaires, tousbords confondus, s’est transformé au fur et à mesurede l’élection en « tout sauf Le Pen ». À l’image du rallie-ment de Laurent Boquet, le candidat de l’UMP, qui a ap-pelé à voter pour la liste de Dalongeville. Un “frontanti-Front” qui n’est pas sans rappeler, à une autreéchelle, un certain mois d’avril 2002.Aussi,malgré les reproches adressés au maire, notam-ment sur la gestion de la commune, les Héninoisn’étaient, semble-t-il, pas prêts à l’idée de voir le Front

National prendre la mairie. Ils ont préféré redonnerleur confiance aux socialistes plutôt que de basculerdans l’extrême. La surmédiatisation de la campagne aeu pour effet de mobiliser les électeurs : 67,7 % d’en-tre eux s’étaient déplacés le 9 mars, et 62 % le 16 (unchiffre en baisse, le scrutin étant quasiment joué aupremier tour), pour une participation nationale plafon-nant à peine à 55 %.Quant au dissident Daniel Duquenne, (ancien adjointde Dalongeville), à la tête d’une liste MoDem et diversgauche, il réalise une honorable performance, en ré-coltant 19,23 % des votes, faisant sa réapparition avecdeux de ses collègues dans un conseil municipal com-posé de 27 membres de l’union de la gauche, et de 5représentants frontistes.Réélu avec une très large majorité,Gérard Dalonge-ville, épaulé par Marie-Noëlle Lienemann, n’auramaintenant plus le droit à l’erreur.

J.D.

Dans lamer rose

En faisant tomber l’un des derniers bastions UMP duPas-de-Calais, Bruno Magnier a réalisé à Saint-Omerce 16 mars l’un des grands exploits de ces électionsmunicipales, au même titre que Natacha Bouchart àCalais ou encore Stéphane Saint-André à Béthune. Lecandidat socialiste met en effet fin à vingt-cinq an-nées de règne de la droite, personnifiée par Jean-Jacques Delvaux, dans la capitale de l’Audomarois.Une agglomération désormais toute entière acquiseà la gauche. En obtenant 57, 76 % des suffrages,Bruno Magnier inflige un sérieux revers au mairesortant. Et, contrairement à ce que l’on peut obser-ver dans d’autres villes françaises, cette défaite n’estcertainement pas à imputer au “vote sanction”contre le gouvernement. La défaite de Jean-JacquesDelvaux aurait en effet plutôt la forme…d’un PV.

Le problème du stationnement est un enjeu tel dansle centre-ville de Saint-Omer que les deux candidatsen ont fait le thème principal de leur campagneélectorale. À ce petit jeu, les électeurs auront pré-féré le programme du socialiste.Ce dernier défendl’idée de la construction d’un parking aérien de 176places au-dessus de l’Esplanade alors que dans lemême temps, Jean-Jacques Delvaux se voyait sévère-ment critiqué sur sa décision de supprimer la gra-tuité du premier quart d’heure de stationnement.L’analyse du scrutin, bureau par bureau, confirmecette tendance puisque l’on observe l’un des plusgrands écarts de voix dans le centre-ville, la zonejustement la plus concernée par cette probléma-tique (355 contre 189 au bureau de l’hôtel de ville).Une autre explication à cette défaite historique seraitle report des votes du MoDem. Représentée par Mu-riel Volle, créditée de 16, 56 % au premier tour, quis’était finalement retirée, le Centre est à Saint-Omer

plus proche du PS que de l’UMP. En témoigne cettetentative d’union (finalement avortée) entre les deuxforces politiques en décembre dernier.Enfin, cette bataille pour la mairie s’est aussi sansdoute jouée sur la façon même dont a été menée lacampagne.Quand Bruno Magnier organisait desréunions publiques dans les bistrots de la ville, à larencontre de l’électorat populaire, qui représente unvolant de voix à conquérir non négligeable, Jean-Jacques Delvaux se contentait, lui, de réunions for-melles, organisées dans des salons et hôtels. Et cedernier de déclarer dans la presse, quelques joursavant l’élection, qu’il ne briguerait pas de mandat en2014, en raison de…son âge.Pas forcément la meilleure des stratégies de commu-nication, dans une ville qui, confrontée aux pro-blèmes de la cristallerie d’Arques, est en quête derenouveau.

J.D.

PAS-DE-CALAIS

42,55 % Magnier (PS)

40,89 % Delvaux (DVD)

16,56 % (DVD)

1er tourle 9 mars 2008

2ème tourle 16 mars 2008

57,76 % Magnier (PS)

42,24 % Delvaux(DVD)

43,09 % Dalongeville (PS)

4,25 % Fraccola (LCR)

5,49 % Bocquet (UMP)

18,64 % Duquenne (DVG)

28,53 % Briois (FN)

51,94 % Dalongeville (PS)

19,23 % Duquenne (DVG)

28,83 % Briois (FN)

1er tourle 9 mars 2008

2ème tourle 16 mars 2008

Photo: ESJ.

Bruno Magnier, nouveau maire PSde Saint-Omer

Photo:ESJ

Gérard Dalongeville plus fort que le FN

Page 16: numéro N°09 opt

R É S U LT A T S

15La Pression de mars Lundi 17 mars 2008

Hénin-Beaumont

Saint-Omer

Le PS jubile,le FN s’effondre

On le savait depuis dimanche dernier, et la victoire deGérard Dalongeville (PS), le maire sortant, au premiertour avec 43,09 % des suffrages, le FN est l’un desgrands perdants de ces élections municipales. En at-teignant 28,83 % au second tour, Steeve Briois n’aurapas réussi son pari à Hénin-Beaumont. Et même s’il faitmieux qu’en 2001, où il avait rassemblé 19,08 % desélecteurs,même si Marine Le Pen fait mine de se ré-jouir de « la naissance d’une opposition FN », ce 16mars sonne bien comme une énorme désillusion dansles rangs frontistes, effondrés. L’ancienne cité minièrene se révèlera pas le tremplin tant espéré pour fairerenaître l’extrême-droite sur la scène politique natio-nale. Et l’avenir de Marine Le Pen au sein même du FN

s’obscurcit. La succession du père ne sera pas aussiévidente qu’elle le voudrait.Si la défaite du FN n’est pas une surprise, le score réa-lisé par le maire sortant en est plutôt une.Crédité de35,72 % il y a sept ans, le candidat de l’union de lagauche a grimpé de plus de 16 points par rapport à2001 et remporte cette triangulaire haut la main avec51, 94 % des suffrages.Le « tout sauf Dalongeville » martelé tout au long de lacampagne par l’ensemble de ses adversaires, tousbords confondus, s’est transformé au fur et à mesurede l’élection en « tout sauf Le Pen ». À l’image du rallie-ment de Laurent Boquet, le candidat de l’UMP, qui a ap-pelé à voter pour la liste de Dalongeville. Un “frontanti-Front” qui n’est pas sans rappeler, à une autreéchelle, un certain mois d’avril 2002.Aussi,malgré les reproches adressés au maire, notam-ment sur la gestion de la commune, les Héninoisn’étaient, semble-t-il, pas prêts à l’idée de voir le Front

National prendre la mairie. Ils ont préféré redonnerleur confiance aux socialistes plutôt que de basculerdans l’extrême. La surmédiatisation de la campagne aeu pour effet de mobiliser les électeurs : 67,7 % d’en-tre eux s’étaient déplacés le 9 mars, et 62 % le 16 (unchiffre en baisse, le scrutin étant quasiment joué aupremier tour), pour une participation nationale plafon-nant à peine à 55 %.Quant au dissident Daniel Duquenne, (ancien adjointde Dalongeville), à la tête d’une liste MoDem et diversgauche, il réalise une honorable performance, en ré-coltant 19,23 % des votes, faisant sa réapparition avecdeux de ses collègues dans un conseil municipal com-posé de 27 membres de l’union de la gauche, et de 5représentants frontistes.Réélu avec une très large majorité,Gérard Dalonge-ville, épaulé par Marie-Noëlle Lienemann, n’auramaintenant plus le droit à l’erreur.

J.D.

Dans la mer rose

En faisant tomber l’un des derniers bastions UMP duPas-de-Calais, Bruno Magnier a réalisé à Saint-Omerce 16 mars l’un des grands exploits de ces électionsmunicipales, au même titre que Natacha Bouchart àCalais ou encore Stéphane Saint-André à Béthune. Lecandidat socialiste met en effet fin à vingt-cinq an-nées de règne de la droite, personnifiée par Jean-Jacques Delvaux, dans la capitale de l’Audomarois.Une agglomération désormais toute entière acquiseà la gauche. En obtenant 57, 76 % des suffrages,Bruno Magnier inflige un sérieux revers au mairesortant. Et, contrairement à ce que l’on peut obser-ver dans d’autres villes françaises, cette défaite n’estcertainement pas à imputer au “vote sanction”contre le gouvernement. La défaite de Jean-JacquesDelvaux aurait en effet plutôt la forme…d’un PV.

Le problème du stationnement est un enjeu tel dansle centre-ville de Saint-Omer que les deux candidatsen ont fait le thème principal de leur campagneélectorale. À ce petit jeu, les électeurs auront pré-féré le programme du socialiste.Ce dernier défendl’idée de la construction d’un parking aérien de 176places au-dessus de l’Esplanade alors que dans lemême temps, Jean-Jacques Delvaux se voyait sévère-ment critiqué sur sa décision de supprimer la gra-tuité du premier quart d’heure de stationnement.L’analyse du scrutin, bureau par bureau, confirmecette tendance puisque l’on observe l’un des plusgrands écarts de voix dans le centre-ville, la zonejustement la plus concernée par cette probléma-tique (355 contre 189 au bureau de l’hôtel de ville).Une autre explication à cette défaite historique seraitle report des votes du MoDem. Représentée par Mu-riel Volle, créditée de 16, 56 % au premier tour, quis’était finalement retirée, le Centre est à Saint-Omer

plus proche du PS que de l’UMP. En témoigne cettetentative d’union (finalement avortée) entre les deuxforces politiques en décembre dernier.Enfin, cette bataille pour la mairie s’est aussi sansdoute jouée sur la façon même dont a été menée lacampagne.Quand Bruno Magnier organisait desréunions publiques dans les bistrots de la ville, à larencontre de l’électorat populaire, qui représente unvolant de voix à conquérir non négligeable, Jean-Jacques Delvaux se contentait, lui, de réunions for-melles, organisées dans des salons et hôtels. Et cedernier de déclarer dans la presse, quelques joursavant l’élection, qu’il ne briguerait pas de mandat en2014, en raison de…son âge.Pas forcément la meilleure des stratégies de commu-nication, dans une ville qui, confrontée aux pro-blèmes de la cristallerie d’Arques, est en quête derenouveau.

J.D.

PAS-DE-CALAIS

42,55 % Magnier (PS)

40,89 % Delvaux (DVD)

16,56 % (DVD)

1er tourle 9 mars 2008

2ème tourle 16 mars 2008

57,76 % Magnier (PS)

42,24 % Delvaux(DVD)

43,09 % Dalongeville (PS)

4,25 % Fraccola (LCR)

5,49 % Bocquet (UMP)

18,64 % Duquenne (DVG)

28,53 % Briois (FN)

51,94 % Dalongeville (PS)

19,23 % Duquenne (DVG)

28,83 % Briois (FN)

1er tourle 9 mars 2008

2ème tourle 16 mars 2008

Photo: ESJ.

Bruno Magnier, nouveau maire PSde Saint-Omer

Photo:ESJ

Gérard Dalongeville plus fort que le FN

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R É S U LT A T S

16La Pression de mars Lundi 17 mars 2008

Béthune

Harnes

Lens

La fin du règne Mellick

Le soldat Mellick n’a rien pu faire contre l’union faite autour de StéphaneSaint-André. En bonne position lors du premier tour avec 42 % des suf-frages, Jacques Mellick ne s’attendait sûrement pas à un tel retournementde situation.Même si une centaine de voix seulement le séparent du frontanti-Mellick composé du même Stéphane Saint-André (DVG), de BernardSeux (SE) et d’Olivier Gacquerre (MoDem soutenu par l’UMP).Cette alliance, la même qu’en 2001, qu’il jugeait encore lundi derniercomme étant contre-nature lui a empêché de briguer un nouveau mandatet pourrait sonner le glas de sa carrière politique.D’autant plus qu’il avaitdéjà été battu lors des législatives en 2007.Personnage controversé suite à l’affaireVA-OM, l’indétrônable JacquesMellick, en poste à Béthune depuis 1977 (excepté sa période de cinq ansd’inéligibilité) avait pourtant entamé d’ambitieux travaux dans le centre-ville.Visiblement assommé par ce résultat, Jacques Mellick n’entend pasabdiquer pour autant. Selon ces dernières déclarations, il envisagerait dedéposer un recours. Le verdict de ces élections se jouant à très peu devoix, il pourrait réclamer un nouveau dépouillement.

F.C.

Faux second tourPour les électeurs de Lens, c'était plutôt un se-cond premier tour. Ils ont d'ailleurs voté sensi-blement comme dimanche dernier.Cinq listess'étaient qualifiées pour le second tour, donttrois de sensibilité de gauche,mais elles nesont pas parvenues à s'entendre.Malgré cettedivision, le maire sortant (PS) Guy Delcourt aremporté 47,22 % des voix, soit un point deplus que le 9 mars. L'UMP Béatrice Merpuy s'estmaintenue avec 18,41 % des voix. Les deuxcandidats divers gauches obtiennent des résul-tats très proches de leurs scores du premiertour, avec 11,15 % pour NaceiraVincent et12,70 % pour Annie Saint-Arbould. L'extrême-gauche Jean-Michel Humez a gagné deuxpoints et obtient 11,15 % des suffrages.C'est lapremière fois qu'il y a un second tour à Lensdepuis les années 50,mais la ville n'en restepas moins un bastion de la gauche. Ensemble,les quatre candidats réunissent un peu plus de81 % des voix. Les Lensois se sont moins dépla-cés qu'au premier tour ; la partici pation atteint50,73 % contre 52,59% dimanche dernier.

S.F.

La gauche rafle la mairie

Le maire sortant d'extrême-gaucheYvan Druon a été battu par le candidatdivers gauches Philippe Duquesnoy. Les deux hommes étaient au coude-à-coude au premier tour, 42,12 % pour Philippe Duquesnoy contre 41,17 %pourYvan Druon.Celui-ci a gagné un point au second tour, où il obtient42,03 % des voix. Philippe Duquesnoy lui rafle donc le fauteuil de maireavec 51,85 % des suffrages. Il a pu bénéficier d'un report des voix du can-didat de droite qui avait obtenu 5,45 % des voix. L'enjeu était en effet defaire barrage au Front national. Le candidat d'extrême droite Jean-PierreKleinpeter avait obtenu dimanche dernier un score de 11,27 % .Un bon ré-sultat au second tour lui aurait permis de s'assurer plusieurs places auconseil municipal,mais ses électeurs n'ont pas suivi puisqu'il n'a obtenuque 5,45 % des voix, soit 6 points de moins qu'au premier tour.Ce score luipermet cependant de siéger au conseil municipal,mais face à 25 conseil-lers divers gauche et 7 d'extrême gauche sa marge de manœuvre risqued'être pour le moins limitée.

S.F.

PAS-DE-CALAIS

41,49 % Mellick (PS)

12,42 % Seux (MRC)

23,74 % Gacquerre (MoDem)

22,35 % Saint-André (DVG)

49,34 % Mellick (PS)

50,66 % Saint-André (DVG)

1er tourle 9 mars 2008

2ème tourle 16 mars 2008

1er tourle 9 mars 2008

42,12 % Duquesnoy (PS)

41,17 % Druon (PCF)

11,27 % Kleinpeter (FN)

5,45 % Clin (DVD)

2ème tourle 16 mars 2008

51,85 % Duquesnoy (PS)

42,03 % Druon (PCF)

6,13 % Kleinpeter (FN) 1er tourle 9 mars 2008

47,22 % Delcourt (PS)

10,52 % Vincent (MoDem)

18,41 % Permuy (UMP)

11,15 % Humez (PCF-LO)

12,70 % Saint-Arnoult (Verts)

2

2ème tourle 16 mars 2008

46,37 % Delcourt (PS)

11,66 % Vincent (MoDem)

18,88 % Permuy (UMP)

9,12 % Humez (PCF-LO)

11,97 % Saint-Arnoult (Verts)

Photo: D.R.

Le maire sortant Guy Delcourtest reconduit.

Photo: ESJ

Photo: ESJ

Philippe Duquesnoy,divers gauche

Stéphane Saint-André, tombeurde Jacques Mellick

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R É S U LT A T S

17La Pression de mars Lundi 17 mars 2008

Étaples

Calais Berck

Le dauphin battu haut la main

Le maire sortant d’Étaples, au pouvoir depuis 1989,Marcel Guerville (PS),avait choisi de ne pas se représenter.Cette annonce a ouvert une véritableguerre de succession à gauche. Au premier tour, quatre listes s'affrontaientdont trois de gauche. Le dauphin de Marcel Guerville, Antoine de Rocqui-gny (PS), n'a obtenu hier que 31,38 % des voix contre 29,44 % au premiertour. Le candidat divers droite Lucien Bonvoisin a perdu deux points etpointe à 18,22 % des suffrages. Le grand vainqueur de la guerre desgauches s’appelle donc Jean-Claude Baheux, dont la liste Ensemble pourEtaples (SE) a recueilli 50,4 % des suffrages, contre 39,73 % au premiertour. Il n'y a pourtant pas eu d'alliance avec le second candidat diversgauche Bagdad Ghezal, qui avait obtenu 9,97 % des suffrages, le 9 mars.Celui-ci affirme avoir recherché une alliance avec Antoine de Roquigny,sans succès. Il n'a pas non plus donné de consignes de vote en faveur dudauphin. Ses électeurs ont visiblement mal interprété ce silence puisquec'est Jean-Claude Baheux qui a largement bénéficié du report des voix.

S.F.

L’UMP prend Calais au Parti communiste

Sans passer par la case PS, la municipalité de Calais a viré de bord, ce 16 mars2008.Cela faisait trente-sept ans que le Parti Communiste était installé àCalais, sans discontinuité. En 2000, la démission de Jean-Jacques Barthe,mairedepuis 1971, semblait n’être qu’un petit accrochage. Jacky Hénin, communistelui aussi, prenait la relève. Il ne fera pas comme Barthe, Hénin est battu, il cèdela place à l’UMP Natacha Bouchart. Le nouveau stade était au cœur de la que-relle entre les deux opposants. Bien qu’ancien adjoint aux sports, Jacky Hénina été attaqué sur ce point par Natacha Bouchart. Au soir de sa défaite, JackyHénin a déclaré avec amertume : « Je serai dans l’opposition coûte que coûte,désormais.On laisse la ville à la droite. Et on sait combien leur camp est une ac-cumulation d’individualités, ils vont chercher à se servir eux-mêmes au détrimentdes Calaisiens. » En attendant, Hénin reste président de la Communauté d’ag-glomération du Calaisis. Il pèsera donc encore sur certaines décisions adop-tées par le conseil municipal UMP. Il est également président du Sevadec(Syndicat d’élimination et de valorisation des déchets du Calaisis), et députéeuropéen depuis 2004.

F.C.

Krajewski défait l’UMP

À Berck, le socialiste Jean-Marie Krajewski abattu le maire sortant Bruno Cousein (UMP)avec 53,21 % des suffrages exprimés.Couseins’est retrouvé un peu seul au second tour,puisqu’il n’a pas bénéficié du report des voix ducandidat divers droite Jean-François Beraud, ar-bitre du duel avec 11 % au premier tour. Au-delà d’une divergence de point de vue, c’estvraisemblablement l’absence d’alliance qui apénalisé la droite, face à Krajewski. Ce dernieret Cousein étaient entrés ensemble au conseilmunicipal, sous le mandat de ClaudeWilquin,en 1977. En 2004,Cousein avait tenté de ravir àKrajewski le mandat de conseiller général ducanton de Berck, que ce dernier détenait depuis1992. Le nouveau maire a progressivement prisde l’importance au sein du conseil général. Il aété membre de la commission des affaires so-ciales puis de la commission “Santé – Préven-tion – Sport”.Vice-président chargé de l’actionsociale, des personnes âgées et handicapées, ilest désormais premier magistrat de la ville.

F.C.

PAS-DE-CALAIS

37,7 % Hénin (PCF)

4,79 % Roussel (LCR)

12,35 % Dubout (FN)

36,36 % Bouchart (UMP)

5,37 % Bourgeois (Verts)

3,43 % Wailly (DVG)

45,9 % Hénin (PCF)

54,1 % Bouchart (UMP)

1er tourle 9 mars 2008

2ème tourle 16 mars 2008

39,73 % Baheux (SE)

29,44 % De Rocquigny (PS)

9,97 % Ghezal (DVG)

20,86 % Bonvoisin (UMP)

50,40 % Baheux (SE)

31,38 % De Rocquigny (PS)

18,22 % Bonvoisin (UMP)

1er tourle 9 mars 2008

2ème tourle 16 mars 2008

1er tourle 9 mars 2008

46,22 % Krajewski (PS)

11,35 % Beraud (DVD)

42,43 % Cousein (UMP)

2

Jean-Claude Baheux, sans éti-quette, est le nouveau maire.

Photo: ESJ

2ème tourle 16 mars 2008

53,21 % Krajewski (PS)

46,79 % Cousein (UMP)

Photo: GA

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.R.

Berck c’est bath!!!

Natacha Bouchart a remportéune mairie communistedepuis 37 ans.

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E T A I L L E U R S

18La Pression de mars Lundi 17 mars 2008

Net et sans bavureFRANCE. La vaguelette rose de la semaine dernière a pris de l’ampleurhier au soir du second tour des municipales. Le PS a en effet multipliéles coups d’éclat, de Toulouse à Strasbourg, pour infliger une gifle à l’UMP.

Ils peuvent toujours invoquer l’abstentionrecord (34,5 %), la particularité des enjeuxlocaux, le calendrier électoral, un rééquili-

brage du scrutin de 2001… Il n’empêche, les élusUMP doivent l’admettre, c’est une claque. Deuxdes dix plus grandes villes de France, Toulouseet Strasbourg basculent. Reims, Caen, Saint-Etienne, Périgueux, Amiens témoignent de laquasi-déroute : dans ces villes, tenues jusque-là

par la droite, la majorité présidentielle sera uneminorité municipale.Au final, dans les villes de plus de 100 000 ha-bitants, les victoires sont très claires pour lagauche (56 % à Caen, Reims et Amiens), cinqgains nets, avec Metz, après Rouen dimanchedernier. Elle a par ailleurs conforté ses positionsen l’emportant à Lille, après Lyon, Nantes, Be-sançon, Dijon et Limoges dès dimanche dernier.Autre déception pour l’UMP, Angers, seule villede 100 000 habitants où la droite espéraitconquérir la mairie. Christophe Béchu, le jeunechallenger de droite, n’a pas su bousculer l’ex-périmenté maire sortant Jean-Claude Antonini, pourtant enballottage. Et à Marseille,Jean-Claude Gaudin, mis endifficulté mais réélu, peuts’éponger le front.Conséquence, sur les plateauxtélévisés, mines déconfites etexplications brouillonnespour le clan UMP. LaurentWauquiez ose : « Dans ces élections, on a une vali-dation de la politique d’ouverture qui avait été choisiepar le président de la République. » François Fillondédramatise : « Le vote des Français ne doit pas êtreinstrumentalisé par des considérations partisanes. Ilne faut pas tout mélanger. »Nul doute pourtant que le Parti socialiste sauraexploiter ces victoires locales pour les transfor-mer en triomphe national. Déjà, au soir du pre-mier tour, Ségolène Royal parlait de “vote sanc-tion”. Elle voit désormais plus loin –2012 sûrement et la prochaine Présidentielle –évoquant « un vote d’avenir ». Au niveau national,la gauche peut se féliciter d’une certaine réhabi-

litation, obtenant 49,5 % des suffrages, contre47,5 % pour la droite. De quoi panser certainesplaies de 2007.Cette défaite ne manquera pas non plus d’attiserles tensions à l’UMP. Le secrétaire général Pa-trick Devedjian a été critiqué pour sa conduite dela campagne, sur fond d’ambitions pour la suc-cession de Nicolas Sarkozy dans son ancien fiefdes Hauts-de-Seine. Les cafouillages de Neuilly,les déchirements suicidaires à Reims, les alliancesmanquées avec le MoDem et les nombreuses dis-sidences ont montré que derrière Nicolas Sar-kozy, l’unité n’était souvent qu’une façade mas-

quant de profondesdivergences.Cependant, rien ne laisse présa-ger une inflexion notable de lapolitique de Nicolas Sarkozy.Restant vague quant à un éven-tuel remaniement ministérielpost-débâcle, le président re-garde probablement au-delà.Or, le calendrier électoral lui est

plutôt favorable. Les élections européennes de2009 ne donneront de sueurs froides à personne.Les Régionales de 2010 ne pourront en aucun casêtre pires que celles de 2004, où la gauche l’avaitemporté dans 20 régions sur 22. Pas de quoi met-tre un frein aux réformes.Quant au PS, qui s’attribuera la victoire ? Fran-çois Hollande, Ségolène Royal ? Les réussites lo-cales, deMartine Aubry ou Gérard Collomb parexemple, pourraient réveiller des prétentions na-tionales. Et relancer une course, potentiellementfratricide, à la présidence du parti. Une aubainepour l’UMP qui a su jusqu’à présent tirer profitdes divisions de la gauche.

Comment expliquer que lesFrançais votent à gauche lorsdes élections locales et àdroite lors des échéances na-tionales ?Ce paradoxe n’est pas toujoursvrai. Dans certains cas, comme àBordeaux, les électeurs ont large-ment voté pour Ségolène Royalavant d’élire un maire de droite, enl’occurrence Alain Juppé.Dansl’ensemble, je citerais trois raisonsexpliquant ce paradoxe.Toutd’abord, l’absence de projet duParti socialiste au plan national.Puis, le déficit de leader. Enfin, lathéorie des élections intermé-diaires qui veut que lorsque leparti au pouvoir est toujours sanc-tionné au cours de son mandat. Lesélecteurs en profitent pour formu-ler leurs critiques.

Cette fois, la sanction est pré-coce…C’est vrai,mais il y a une accéléra-tion du temps politique due auquinquennat. Avant, le pic d’opi-nions défavorables intervenaitaprès deux ou trois ans de pouvoir.Désormais, la sanction tombemoins d’un an après la Présiden-tielle.

La droite a-t-elle raison d’invo-quer l’abstention pour expli-quer ses mauvais résultats ?Non. L’abstention est partagéeentre la droite et la gauche.D’au-tant plus que les abstentionnistesdu premier tour ne sont pas lesmêmes que ceux du second.Celadépend du rapport de force, del’enjeu…Il faut aussi noter que

l’abstention, comparéeaux autres pays euro-péens, est loin d’êtrecatastrophique. Sim-plement, les commen-tateurs ont tendance àse fixer sur la Prési-dentielle de 2007 quiétait exceptionnelle enterme de participation.

Quel impact aurontles Municipales surles choix de Nicolas Sarkozy ?L’UMP semble dire qu’il faut accé-lérer le rythme des réformes maisce n’est que pur discours poli-tique. Cela me fait penser à cettephrase de Tancrède dans le Gué-pard de Lampedusa : « Pourvu quetout bouge pour que rien nebouge. » En tout cas, Sarkozy ne

pourra se limiter à la seule évic-tion de David Martinon, son porte-parole, nommé consul à New-York.C’est un réel désaveu et il devraen tirer les conséquences. Il faudradonc surveiller les rapports qu’ilentretient avec sa majorité.Onpeut s’attendre, en toute légitimité,à un remaniement ministériel enprofondeur.

« C’est un réel désaveu »

Page réaliséepar Jérémy Marot

LE PARTISOCIALISTECONFORTE

SES POSITIONS

Jean Petaux est politologue et enseignant à Sciences Po Bordeaux.

Défaitepour le coupleexécutif.

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E T A I L L E U R S

19La Pression de mars Lundi 17 mars 2008

PPAAUU. Battu en son fief, François Bayroupeut voir dans ce revers un coup

de la droite. Ou de la gauche. Après une présidentielle flamboyante,

l’homme et son parti entrent désormais dans une phase d’ombre.

Pour moins d’un point, un avenir incer-tain. L’histoire bégaie pour FrançoisBayrou, qui enchaîne les défaites en

forme de petites victoires. À la présidentielle, ilétait l’invité surprise. À Pau, il a refusé la com-promission avec l’UMP pour poursuivre son ca-valier seul. Il n’en reste pas moins que sa défaitepaloise est un échec cuisant pour lui, le Béarnais,l’enfant du pays né non loin de là, à Bordères. Hier soir, il ne pouvait qu’admettre la défaite.Avec 38,81 % des voix, il est distancé par sa ri-vale, la socialiste Martine Lignières-Cassou, cré-ditée de 39,76 %. Loin derrière, en arbitre,l’homme qui aura sûrement le plus contribué àla chute de Bayrou, Yves Urieta, maire sortantex-PS soutenu par l’UMP, qui obtient 21,42 %.Au final, 342 voix sur 36 000 auront fait perdreBayrou. Une poussière.Juste après l’annonce télévisée de sa défaite, il adéploré « une instabilité politique » qui constitueselon lui « un handicap pour la France ». « On as-siste à une vague de gauche énorme qui a emporté untrès grand nombre de villes », a-t-il dit. Avant d’in-voquer la nécessité de bâtir un « centre fort ».Au final, le plus blessant pour Bayrou dans cette

défaite est de pas avoir su endosser le costume – il est vrai immense – du maire historique dePau, André Labarrère, décédé d’un cancer en2006. L’ombre du socialiste, aux commandespendant trente ans, aura plané sur toute la cam-pagne. Les Palois ont coutume de dire, en riant,qu’ils seraientprêts à voterpour Labarrèremême après samort. Ville degauche par es-sence, la citébéarnaise nepouvait que difficilement échoir à une person-nalité étiquetée à droite, quelle que soit sa sta-ture. « C’est une ville de gauche, Pau, ce n’est pas pourexcuser, mais c’est une ville de gauche », répétaitd’ailleurs Marielle de Sarnez, chef de file duMoDem à Paris.Curieux de la part du parti centriste d’attribuer,à chaud, une partie de la responsabilité des mal-heurs de la France – et de son parti – à la gauche.Le jeu des alliances de l’entre-deux tours a vu leMoDem pencher plus à gauche qu’à droite, à lagrande fureur des cadres de l’UMP qui ont main-tenu, en représailles, leur soutien à Urieta. Soli-

darité régionale oblige, seul Juppé avait plaidé enfaveur de Bayrou, avec toutefois quelques ré-serves quant à la stratégie à géométrie variabledu Béarnais, jugée « trop confuse ».Avec une défaite de plus dans l’escarcelle, on sedemande bien à quoi va pouvoir penser Fran-

çois Bayrou ense rasant cematin. Difficilede légitimer desambitions na-tionales aprèscette défaitedans une ville

qui lui semblait promise. Réduit à la portioncongrue – 3 à 4 % des voix sur toute la France –le MoDem n’a aucune échéance électorale envue pour rebondir. Dans ces conditions,construire un « centre fort » apparaît comme unegageure pour un parti n’existant que par le jeudes alliances. L’homme, lui, n’a plus que sonmandat de député pour faire entendre sa voix.Et dans l’avion l’emmenant du Béarn à l’As-semblée nationale, il pourra méditer l’ironie dela situation, à savoir « ces coups de balancier dedroite à gauche » qui lui sont, à force de joueravec, revenus en pleine tête.

ÀStrasbourg, l’avance du chal-lenger socialiste s’est confir-mée au second tour. Roland

Ries est devenu hier le nouveaumaire de Strasbourg en récoltant,d’après une estimation Ipsos-Dell,57,2 % des suffrages, devant Fa-bienne Keller (UMP). La maire sor-tante s’est vue devancée de 15 pointsavec 42,8 % des voix. Au premiertour, 33,93 % des électeurs avaientvoté pour cette dernière, 43,90 %pour Ries. Chantal Cutajar, à la têtedu liste d’UDF-MoDem et forte de5,74 % des voix, n’avait pas donnéde consignes de vote. Roland Ries,63 ans, retrouve ainsi le fauteuil qu’ilavait perdu en 2001 face au tandemde l’UMP Fabienne Keller-RobertGrossman. En 1997, Ries était sortivictorieux d’une triangulaire en bat-tant l’ancienne ministre socialisteCatherine Trautman. Cette dernièreavait d’ailleurs reproché à Keller

d’avoir pleuré après son score dupremier tour. « Elle pleure, elle pleure,j’ai envie de lui dire : on s’en remet, re-gardez-moi ! », avait-elle déclarée fai-sant référence à sa propre défaite. En2004, lors des élections régionales,la déferlante rose s’était arrêtée auxportes de l’Alsace. Avec la Corse, lesdeux régions faisaient figure de bas-tion régional pour la droite. Désor-mais, Strasbourg est aux mains de lagauche.

H.B.

Strasbourg.Le PS passe la frontière alsacienne

Par Jérémy Marot

Le président du MoDemtrébuche dans son Béarn

Après trente-sept ans decontrôle de la droite, Toulousea viré au rose. Le candidat so-

cialiste Pierre Cohen aurait, selonune estimation TNS-Sofres à21 heures, remporté hier le secondtour des municipales avec 51 % desvoix contre Jean-Luc Moudenc,maire sortant (centriste apparentéUMP, 49 %). Au premier tour, Mou-denc était arrivé en tête avec 42,6 %des voix contre 39 % pour Cohen.S’il était le challenger de cette élec-tion, le député socialiste à la têted’une liste PS-PCF-PRG-MRC-Verts,se disait « confiant » en glissant sonbulletin dans l’urne hier midi. « Jepense que la victoire est à la portée de notremain », avait-il déclaré. À 17 h 30, letaux de participation à Toulouse étaitde 47,71 %, soit trois points de plusque dimanche dernier à la mêmeheure. Dans le reste du départementde Haute-Garonne, le taux de parti-

cipation était, au contraire, bien plusfaible qu’au premier tour, avec52,81 % et sept points de moins. Untaux explicable par un faible enjeudans la plupart des communes du dé-partement. En perdant Toulouse, ladroite perd la quatrième ville deFrance et le dernier bastion de ladroite en Midi-Pyrénées. C’est désor-mais tout le département de Haute-Garonne qui est ancré à gauche.

H.B.

Toulouse.Une ville vraiment rose

Photo: D

R

Roland Ries

Photo:DR

Pierre Cohen

Photo : DR

Pas de Paupour Bayrou

« CE N’EST PAS POUR EXCUSER,MAIS PAU EST UNE VILLE DEGAUCHE » Marielle de Sarnez

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E T A I L L E U R S

20La Pression de mars Lundi 17 mars 2008

Reconductionde la maire sortanteAIX (Bouches-du-Rhône). La maire sor-tante d’Aix-en-Provence,Maryse Jois-sains (UMP) est réélue pour undeuxième mandat avec 44,28 % dessuffrages. Une triangulaire l’opposait ausocialiste Alexandre Medvedowsky et àFrançois-Xavier de Peretti (MoDem),qui obtiennent respectivement 42,94 %et 12,77 % des voix.

Large victoireBLOIS (Loir-et-Cher). Le socialisteMarc Gricourt emporte largement cesecond tour des municipales avec60,69 % des voix face au maire sortantNicolas Perruchot (NC). Avec 39,31 %des suffrages, il n’a pas réussi à rallierles voix des abstentionnistes (38 %).

L’ancien ministrequitte la mairieAMIENS (Somme). Avec un taux departicipation pourtant huit points plusélevé qu’au premier tour, l’ancien mi-nistre et maire sortant Gilles de Robien(DVD) perd ce second tour. Sa liste aété largement battue par celle du socia-liste Gilles Demailly qui a remporté56,21 % des suffrages.

La ville maispas le départementLE HAVRE (Seine-Maritime). La liste dedroite emmenée par le maire UMP sor-tant Antoine Rufenacht a réuni 54,7 %des suffrages contre 45,3 % à celle degauche conduite par le député PCF Da-niel Paul qui n’a pas fait le plein desvoix dans son camp.Antoine Rufenachtva ainsi entamer un troisième mandat àla tête de cette ville de 184 000 habi-tants, depuis sa victoire en 1995 contreles communistes. Si la ville reste auxmains de la droite, la gauche conservele département de Seine-Maritimegrâce à une majorité obtenue aux can-tonales.

Première

CAEN (Calvados). La liste d’union de lagauche menée par le socialiste Phi-lippe Duron a remporté l’élection muni-cipale au second tour avec 56,26 % dessuffrages. Avec cette victoire, la mairiebascule à gauche pour la première fois.Philippe Duron, à la tête d’une listed’union PS-PRG-Verts-PCF, devance lamaire UMP sortante Brigitte Le Brethon,qui a recueilli 43,74 % des voix. « Jecrois qu’il y avait une vraie envie dechangement et d’alternance » à Caen, adit Philippe Duron.

La Moselle à gauche.METZ (Moselle). À Metz, la listed’union de la gauche (PS, PCF,Verts ettransfuges du MoDem) conduite par lesocialiste Dominique Gros a battu lemaire sortant (DVD) Jean-MarieRausch, qui à 78 ans sollicitait un sep-tième mandat. M. Gros est devenu lepremier maire de gauche de la capi-tale de la Lorraine depuis l’instaura-tion du suffrage universel masculin en1848. Il scelle la fin de trente-sept an-nées de règne de Jean-Marie Rauschau cours desquelles Metz a été profon-dément transformée par l’action del’ancien ministre d’ouverture de Fran-çois Mitterrand.

François Fillon avait réussi à placerquatorze membres du gouvernement

(dont lui) dès le premier tour desmunicipales. Sur les neuf candidats

restants, cinq semblaient hier soir sortirvictorieux des urnes.

Encomparaison du score national, les ministress’en sortent plutôt bien, dix-neuf d’entre euxétant désormais maires. À Mulhouse (Haut-

Rhin), ville-symbole de l’ouverture, Jean-MarieBockel, secrétaire d’État à la francophonie (ex-PSdevenu DVD) se maintient à la mairie. Devançantson adversaire Pierre Freyburger (PS) de 166 voix,il rempile ainsi pour un quatrième mandat mais re-connaît tout de même avoir « joué très gros ». « Jepensais l’emporter de manière serrée, peut être pasaussi serrée », a-t-il expliqué hier soir.Plus au sud, à Nice (Alpes-Maritimes), Christian Es-trosi, UMP, annonçait hier à 22 h 30 sa victoire avantla proclamation des résultats définitifs. Un peu plustard, le secrétaire d’État à l’Outre-mer prévenait qu’ilallait démissionner du gouvernement dès aujourd’hui« pour consacrer toute (son) énergie à la ville de Nice ». Dansl’Essonne, à Longjumeau, la secrétaire d’État à l’éco-logie, Nathalie Kosciusko-Morizet, a également étéélue mais les résultats finaux n’étaient toujours pasconnus hier soir. Quant à la ministre du LogementChristine Boutin (UMP), maire sortante de Ram-bouillet dans les Yvelines, elle rempile pour un secondmandat dans cette ville où elle était adjointe depuis1983. À Paris, alors que vingt bureaux sur vingt-qua-tre avaient été dépouillés dans le VIIe arrondissementhier à 21 h 30, Rachida Dati était assurée de l’empor-ter avec 58,4 % des voix pour sa première élection ausuffrage universel. Candidate dans le fief de Françoisede Panafieu, la garde des Sceaux se plaçait donc loindevant la socialiste Laurence Girard (26,5 %) et Véro-nique Delvolvé-Rosset du MoDem (15,1 %).Quelques arrondissements plus loin, dans le XIIe, c’est

une défaite qu’a connu Christine Lagarde dans ce sec-teur-clef qui aurait pu faire basculer la capitale à droite.Hier à 22 heures, des résultats quasi-définitifs don-naient la liste UMP menée par Jean-Marie Cavada etsur laquelle se trouvait la ministre de l’Economie lar-gement perdante avec 35,5 % des voix contre 64,6 %pour la socialiste Michèle Blumenthal. Égalementcandidate à Paris, dans le IVe arrondissement, la mi-nistre de la Culture Christine Albanel en ballottage trèsdéfavorable au premier tour, était donnée battue hiersoir.En banlieue, Rama Yade a aussi dû faire face à unedéfaite. Troisième sur la liste UMP de la maire sor-tante Nicole Goueta à Colombes (Hauts-de-Seine),elle a reconnu d’elle-même avoir perdu le scrutin, lesocialiste Philippe Sarre emportant la mairie à la têted’une large coalition de gauche avec 53,60 % des voix.À Périgueux (Dordogne), bien que battu par seule-ment 113 voix, le ministre de l’Éducation et maire sor-tant Xavier Darcos a également rapidement reconnusa défaite dès 20 h 30. « Une défaite est toujours cruelle, jene cache pas ma déception. Une bataille perdue n’est pas lafin d’un combat », a-t-il déclaré. Michel Moyrand, sonrival socialiste, a donc remporté la mairie avec 50,42 %des suffrages. Plus de la moitié des membres du gou-vernement sont donc désormais maires, sans compterle mandat de député de certains d’entre eux.

Des maires qui se présententdepuis leur cellule de pri-son, une ville qui s’endort

sans savoir qu’elle a déjà un nou-veau maire : les élections munici-pales dans les Dom-Tom ont été,pendant deux semaines, le théâtrede situations les plus invraisembla-bles. à Roura, en Guyane, le mairesortant de droite Claude Polonyétait en lice pour le second tour.Fort d’un peu plus de 30 % desvoix face à un challenger rassem-blant 40 % des suffrages, il ne par-tait pas favori mais pas complète-ment perdant. S’il n’avait pas faitcampagne depuis sa prison. Incar-céré le 31 janvier pour une affairede prise illégale d’intérêt et favori-tisme, il avait été libéré vendredimais a finalement décidé de jeterl’éponge pour un second mandat.

L’UMP l’avait, dans un premiertemps, investi, avant de se rendrecompte que ses cotisations n’étaientpas à jour. Christiane Hitchoung-Thoé Finance, qui avait finalementreçu l’investiture du parti présiden-tiel, était arrivée dernière au pre-mier tour à Roura. En Polynésie, àMahina, le maire sortant émile Ver-naudon se présentait également de-puis sa cellule.Rodolphe Alexandre (DVG), désor-mais maire de Cayenne (Guyane),avait obtenu plus de 50 % des voixau premier tour.Mais suite à une er-reur collective sur le code électoral,tout le monde s’est réveillé lundimatin persuadé qu’il y aurait un se-cond tour. Situation insolite égale-ment à Saint-Denis de la Réunion,où la liste PS de Gilbert Annette,victorieuse hier, avait fusionné avec

la liste UMP dissidente au secondtour pour contrer le maire sortantRené-Paul Victoria (UMP) qui avaitobtenu 34,55 % des voix au premiertour. Si à Fort-de-France (Marti-nique), le maire sortant Serge Let-chimy (PPM, parti de gauche auto-nomiste crée par Aimé Césaire) aété confortablement réélu avec82,64 % des voix au premier tour, cesont trois candidats qui étaient pré-sents pour le second tour à Pointe-à-Pitre (Guadeloupe). Les résultatsn’étaient toujours pas connus hiersoir. Lemaire sortant Henri Bangou(PPDG, Parti progressiste démocra-tique) est néanmoins en ballottagefavorable avec 34,36 % des voix. ÀNouméa, Jean Lèques (UMP),maire depuis vingt-deux ans, a étéréélu avec 49,41 % des suffragespour un cinquième mandat.

Pendant ce temps-là...

Par Hélène Bekmezian(avec AFP)

Par H.B. (avec AFP)

Philippe Duron,nouveau maire de Caen

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Lesministresen bons soldats

Rachida Dati a été éluedans le VIIe arrondissement de Paris.

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E N Q U Ê T E

21La Pression de mars Lundi 17 mars 2008

Roubaixsous surveillanceEn 1998, Roubaix a été l’une des toutespremières villes à choisir la vidéosur-veillance. Elle devait, selon la policemunicipale, « surtout sécuriser le centre-ville.C’est une zone de développementéconomique essentielle depuis la chutede l’industrie textile. Il fallait mettre àl’abri des possibles débordements ».Vingt-deux caméras ont donc été instal-lées dans les espaces publics, essen-tiellement à proximité du centre com-mercial. Un moyen pour la mairie desécuriser la population et de réduire letaux de délinquance.Cette mesure deprévention a coûté plus d’un milliond’euros à la ville de Roubaix et auFeder (Fonds européen de développe-ment régional).Bien qu’il soit difficile d’évaluer l’effica-cité du système, puisqu’il fait partied’une politique globale de sécurité ducentre-ville, le constat est plutôt positif.« Le taux de délinquance a diminué mal-gré l’afflux d’un grand nombre de per-sonnes en centre-ville et il y a des arres-tations grâce à la vidéosurveillance »,confirme l’agent municipal responsablede la vidéosurveillance. Soixante-dixpoliciers municipaux ont été habilités àutiliser et piloter les caméras.Certainesimages sont transférées simultanémentà la police nationale.Quant à la protection de la vie privée,certains espaces sont interdits de vi-déos. Selon l’agent municipal, lesimages enregistrées seraient détruitesdans un délai de sept jours, sauf cellesréquisitionnées par un magistrat

M.E.

Souriez, vous n’êtes pas filmésLLIILLLLEE.. Martine Aubry refuse obstinément l’implantation de la vidéosurveillance dans sa ville. Décision courageusepour certains, choix absurde pour la droite, qui dénonce une position idéologique.

e préfère des agents sur le terrain que der-rière des écrans. » En une phrase, Mar-tine Aubry résume sa position sur lavidéosurveillance. La maire PS deLille, réélue hier, n’a jamais caché sonhostilité vis-à-vis de l’installation de

caméras sur le territoire de la capitale du Nord,« une mesure simpliste et inefficace », selon elle. Laloi Sarkozy de 2005 prévoit une extension de lavidéosurveillance pour lutter contre le terro-

risme. Une aberration pour la socialiste : « Il y ades lois Sarkozy, mais où sont les moyens Sarkozy ?Mieux vaut se concentrer sur le manque de policiers àLille, il en manque actuellement 160, voire 400 pourrivaliser avec les plus grandes villes françaises, commeLyon et Marseille. »« Ce qui compte, ce n’est pas le nombre de policiers, cesont les résultats ! rétorque l’UMP Christian De-cocq. Lille constitue une sorte de bastion du refus dela vidéosurveillance. » Il est vrai qu’en la matière,Martine Aubry semble bien seule à défendre saposition. À l’occasion des municipales, tous lescandidats y sont allésde leur propositionsur le sujet : réseautest de vidéosurveil-lance à Wazemmespour Étienne Forest(dissident MoDem),système élémentaire de vidéoprotection selonSébastien Huyghe, caméras dans les quartiersdifficiles pour Éric Dillies (FN)… Même le père spirituel supposé de la socialiste,Pierre Mauroy, soutient le dispositif. Le prési-dent de LMCU est même à l’origine de l’im-plantation des premières caméras dans lesvilles de la communauté urbaine, comme Rou-baix ou Tourcoing. Quant au candidat desVerts, Éric Quiquet, il avouait en mai 2007 :« Franchement je ne suis pas un fan, mais dans lestransports, couplée avec les agents de prévention, lavidéo a prouvé son utilité. » À Lille, les débats au-

tour de la vidéosurveillance ne datent pasd’hier. Ils ont même été au centre de l’affron-tement entre l’équipe municipale sortante etl’opposition. Christian Decocq, notamment, demeure l’undes adversaires les plus farouches de la mairede Lille en matière de sécurité. L’ancien députédu Nord refuse d’utiliser le terme de vidéosur-veillance et préfère parler de vidéoprotection,un terme repris sur le programme de SébastienHuyghe. Une façon, selon lui, de recadrer lesdébats sur le plan technique : « J’ai fait de la vi-

déosurveillance à Lilleun enjeu en matière desécurité ;Martine Aubryen a fait une questionpurement idéologique.Aucune analyse objec-tive n’a été effectuée, que

ce soit en termes juridiques, techniques ou finan-ciers. » La preuve de l’utilité du dispositif ? « Lavidéosurveillance est un outil qui se banalise de plusen plus. Son efficacité a été prouvée partout et àmaintes reprises, dans des villes de droite comme degauche : Lyon, Roubaix, Dunkerque… »Quant aux études qui remettent en questionl’utilisation des caméras hors des espaces clos,Christian Decocq les balaye d’un revers de lamain : « C’est un argument fallacieux pour justifierune position démagogique et sectaire. »En attendant, à Lille, Big Brother est toujourspersona non grata.

Martine Aubry a-t-elle raison de refuser la vi-déosurveillance à Lille ?C’est une décision courageuse. Actuellement, enFrance, 600 communes sont équipées de caméras.Pourtant, on peut très bien résoudre les problèmesde délinquance sans en passer par des moyens tech-niques. À Montréal, en quinze ans, la criminalité abaissé de 48 %. Les Québécois considèrent la vidéo-surveillance comme un dernier recours, et n’hésitentpas à retirer les caméras des quartiers quand la situa-tion ne l’exige pas. Le choix de Martine Aubry mesemble donc judicieux, d’autant que Lille n’est pasréputée pour être un Chicago des années 1930.

Quel est l’impact réel de la vidéosurveillancesur la délinquance ?Les enquêtes menées en Grande-Bretagne prouventque la vidéosurveillance n’a aucune influence sur lescrimes les plus graves et les atteintes à la personne.À l’inverse, dans des espaces clos, elle peut avoir sonutilité. Dans un parking, par exemple, la vidéosurveil-

lance est efficace : les opérateurs ont une tâche pré-cise à effectuer et savent où ils doivent porter leur at-tention. Mais ce modèle n’est pas transposable à unegrande ville. On ne peut pas faire attention à tout.À partir de quand la vidéosurveillanceempiète-t-elle sur nos libertés ?Je considère qu’elle nuit par essence à la liberté decirculer et au droit au respect de la vie privée. Dèsl’instant où l’on rentre dans l’espace public, on doitabandonner toute forme d’intimité. À Ploërmel, enBretagne, des militants des libertés ont posé un re-cours devant le tribunal administratif et ont réussi àfaire retirer les caméras de leur commune. Mais pourun procès qui aboutit, 599 villes font le choix de la vi-déosurveillance sans que personne n’y trouve à re-dire. Cette situation ne me semble pas saine.

« Lille n’estpas Chicago »

Par Éric Filliastre

LES PROPOSITIONS SUR LA QUESTION

ONT ÉTÉ NOMBREUSES Lille a fait le choix de ne pas mettre en placeun système de vidéosurveillance

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Les caméras pour faire baisser la criminalité ? Un non-sens, selon le chercheur EricHeilmann, qui défend l’usage de lavidéosurveillance dans des contextes précis.

Propos recueillis par Éric FilliastreÀ Lille, seul le métro estéquipé de caméras.

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D É C A L É

22La Pression de mars Lundi 17 mars 2008

À l’école Lavoisier de Wazemmes,les CP de madame Sockeel ne fontplus de sport depuis une semaine.Pour les municipales, leur gymnase a ététransformé en bureau de vote. L’occasionpour l’institutrice de faire un coursd’éducation civique. Ce vendredià 13 h 30, après la cantine, c’est révision.

Aux murs, de grands panneaux blancs surlesquels, d’une écriture soignée, l’institu-trice a écrit des histoires de tortues qui

font trempette et de carnaval préparé par Mario etSophie. Dans la salle de classe silencieuse, les carta-bles sont accrochés aux chaises et les trousses “HelloKitty” côtoient les crayons “Spiderman”. 13 h 30 :les vingt-six élèves de CP, précédés de leur institu-trice Sophie Sockeel, envahissent la pièce dans unjoyeux brouhaha. « Tout le monde s’assoit, silence, si-lence j’ai dit ! On va réviser la leçon sur les élections muni-cipales de la semaine dernière. » Première question :quelle est la fonction du maire ? Une forêt de mainsse lèvent, des « Moi madame, moi ! » parcourent lapièce comme un frisson. Un blondinet est désigné :« Le maire, c’est celui qui commande. » Oscar, plus dé-mocrate, nuance : « Les gens demandent des choses aumaire et lui si il veut, il le fait. » Slimane, matérialiste :

« Le maire, il donne des sous pour faire des maisons. »L’institutrice relance le débat : « Ah bon, il donne dessous, vous pensez ça ? » Victor a du vécu : « Ben non,mon papa il a demandé à la maire d’avoir une maison etla maire a donné l’autorisation, mais elle a pas donné desous. » Mme Sockeel, à deux fillettes qui se font destresses : « C’est pas le moment d’ouvrir un salon de coiffureles filles ! » Puis, poursuivant la leçon : « À quoi ça sertune élection ? » Elias : « Ça sert à voter ! »Anne Sophie :« Et on vote pour le meilleur ! » Abdel Rahmane, cash :« Moi mes parents vont voter pour Martine Aubry. » Der-rière lui, au dernier rang, Oscar a été brieffé sur le se-cret du vote. Tapant son voisin du coude, d’un tonréprobateur : « Pfff... On n’a pas le droit de le dire ça ! »La maîtresse, pédagogue et diplomate : « Certains pa-rents préfèrent Martine Aubry, il y en d’autres qui trouventque Sébastien Huyghe est meilleur et voteront pour lui. »Concernant le déroulé du vote, les écoliers ont retenula leçon. Saadi, expert ès urnes : « Il y a une grosse boîteoù on met les enveloppes. » « Une urne », précise Sophie

Sockeel. Oscar, maître de l’isoloir : « C’est dans unecabine qu’on met le bulletin dans l’enveloppe. » Suzannesait que certains bulletins ne sont pas comme les au-tres : « Les gens des fois ils mettent soit des bulletins blancssoit des tout gribouillés, et après ça compte pas. » Soudainune question. « Madame, ça veut dire quoi une voix ? »Confusion dans les rangs. Basique : « Ben c’est quandon parle ! », plus poétique : « Voie de métro », intello :« C’estLa voix du Nord ». Anne-Sophie clôt le débat :« C’est le petit papier que l’on met dans l’enveloppe. »Combien de candidats au premier tour ? Quelquesvoix au troisième rang : « huit ». Plus facile : « Et ausecond tour ? » En choeur : « deux ». La révision estprobante. Puis direction la salle de sport, changée letemps des municipales en bureau de vote. C’est l’oc-casion d’une mise en situation. « Safi, tu es allé voteravec tes parents dimanche, vient nous montrer comment onfait. » Espiègle, le garçonnet s’avance et, débit sac-cadé, se lance : « Ben on met un papier qu’on a choisidans l’enveloppe puis on met l’enveloppe dans la boîte,heu… dans l’urne et après quand on revient y’a un mon-sieur qui dit “A voté !”. »Mme Sockeel l’interrompt :« Noémie, Victor, vous sortez de l’isoloir ! » À deux gar-çons qui se chamaillent en s’écrasant les pieds :« Vous voulez les miens ? C’est du trente-neuf… » Coupde sifflet. Hop, en rang, plus ou moins deux pardeux. Le petit groupe s’ébranle, piaffe, finit par fairesilence. Retour en classe. Le 16 mars, ils serontnombreux à accompagner leurs parents pour« mettre l’enveloppe dans la boîte ».

Martine, c’est la dame qui estmaire. Elle est le chef de laville. Avant, Martine était mi-

nistre à Paris, ce qui veut dire sous-chef de la France. Quand elle était pe-tite, Martine a beaucoup travaillé. Ellea fait des sciences-politiques et del’École nationale d’administration.Puis elle a voulu que les gens se repo-sent. Du coup, elle a obligé les gens àne travailler que 35 heures par se-maine. Mais le travail, c’est quelquechose de trop agréable pour le limiterautant.Alors la France s’est remise à travailleret Martine est revenue à Lille. Les gensde Lille, au début, ils trouvaient queMartine, elle faisait tout le temps latête. Mais après, elle a fait le clown.Lille, c’est devenu un grand cirqueavec des éléphants indiens dans la rue.Et comme les habitants ils aiment bienquand Martine sourit, ils lui font uncadeau : la mairie. Joël Bronner

Martine, clown en chef

Par Françoise Marmouyet

Sébastien, c’est le monsieur quivoulait devenir maire. Mais Sé-bastien, c’est aussi le monsieur

qui ne sera pas le maire de Lille. Pourdevenir maire, il faut rencontrer lesgens qui habitent dans la ville. Après, ilfaut que ces gens deviennent des amis.Une fois qu’ils sont vos amis, ils vousdonnent leur voix. Sébastien n’a pasassez d’amis. Et quand on n’a pas devoix, personne ne vous écoute. C’estlogique. Bon, Sébastien n’a peut-êtrepas d’amis mais, heureusement, il aune grande famille. La famille de ladroite. Ce qui est beau, dans une fa-mille, c’est qu’on est soutenu quoi qu’ilarrive. Même quand on ne devient pasmaire. Avec une famille, c’est “à la vie,à la mort”. Alors le jour tragique oùSébastien disparaîtra, sa famille n’ou-bliera pas de lui rendre hommage. Pasd’inquiétude donc, ils seront nom-breux, l’émotion au cœur et la larme àl’œil, à venir l’enterrer.

J.B.

Sébastien cherche des amis

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« Le maire, c’est celui qui commande. »À six ans, pas facile d’expliquer les concepts des “grands”.

« Dis, maîtresse,c’est quoi un maire? »

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En 1983, le dernier bistrotde Warneton, Au boncoin, est devenu unemai-

rie aux volets fermés cinq jours sursept. Le panneau à l’entrée du vil-lage indique “Warneton Belgique,0,7 km”. Côté français, dans la com-mune du même nom, la plus petitede la communauté urbaine de Lillemétropole (LMCU), les habitantsn’ont plus ni commerce de proxi-mité, ni bar où se retrouver. Alors ilstraversent le pont, au-dessus de laLys, qui permet de passer à Warne-ton Belgique, 8 000 habitants. « J’yachète mon tabac, mes médicaments, iln’y plus rien ici », confie Léon Gal-lois, Warnetonnois depuis 1961.« Après la Révolution, on a établi lesfrontières à partir de la Lys. Une petitepartie de Warneton s’est retrouvée côtéfrançais, sans aucun équipement com-munal », explique Pierre Devulder,retraité, qui a assumé quatre man-dats d’adjoint au maire. Avec seule-

ment 178 habitants et une surfacetotale de moins de 5 km2, la mairiede Warneton mise sur la commu-nauté urbaine pour entretenir sonvillage. « On n’aurait jamais pu refaireles routes et se mettre aux normes pourl’assainissement. Là, on bénéficie des ex-perts de LMCU, ça nous évite d’avoir àpayer un bureau d’études », explique lemaire, Jean-Jacques Veroone.Surtout, sans Lille-Métrople, Warnetonn’aurait jamais pu re-tenir une entreprisequi génère cent qua-tre-vingts cinq em-plois : Flandria alu-minium. « Il y aquelques temps, ils vou-laient faire des aména-gements, ils ont réaliséune étude pour aller s’implanter en Bel-gique. La communauté urbaine m’aaidé à faire pression », se souvientJean-Jacques Veroone. Par « pres-sion », comprendre les subventionsqu’a reçues l’entreprise pour se dé-

velopper. « Un dossier très bien défendupar le maire à la communauté urbaine »,précise Colette Ménérat, responsa-ble des ventes de l’entreprise. Flan-dria a touché près de 200 000 eurospour favoriser la création d’une tren-taine d’emplois promis par l’entre-prise. Le budget annuel de Warne-ton s’élève à 100 000 euros. Sans lacommunauté urbaine, Flandria ne

serait sans doute déjàplus dans la com-mune.Seule ombre au ta-bleau, la taxe profes-sionnelle qui doit êtrenivelée sur l’ensembledes communes deLille-Métropole pour2012. Warneton, dontles entreprises payaient

2,8 % d’impôts avant cette mesure, serapproche progressivement des 22 %voulus par LMCU. « On atteintpresque 10 % d’augmentation chaqueannée, ça risque de décourager les entre-prises », estime Jean-Jacques Ve-

roone, qui dirige un atelier de me-nuiserie.Les habitants, eux, voient plutôtd’un bon œil l’appartenance deWarneton à LMCU. Avec un siègepour 178 habitants, autant que Bon-dues ou Comines qui en ont plus de10 000, leur maire dispose d’une tri-bune pour défendre les dossiers lo-caux. « Les choses se sont beaucoupaméliorées, notamment les transports encommun. Avant, il n’y avait qu’un bustôt le matin pour aller en Belgique, en-suite il fallait attendre midi. Mainte-nant, il y en a tous les trois quartsd’heure », note Léon Gallois.Le rattachement à la communauté ur-baine a permis de désenclaver un peuWarneton. Mais le maire mise aussisur la coopération transfrontalière.« On travaille beaucoup avec Lys NordMétropole, qui comprend des communesbelges. Nous œuvrons main dans la mainpour attirer les touristes sur les berges de laLys ». L’attraction phare ? Un par-cours-promenade le long d’unerivière... réhabilitée par LMCU.

E N J E U X : L M C U

23La Pression de mars Lundi 17 mars 2008

Aux crochetsde la communauté

WWAARRNNEETTOONN.. Avec 178 habitants, c’est la plus petite communede Lille-Métropole. Une affiliation capitale pour ce village privéd’infrastructures.

Par Séverine Fiévet

Daubresse croit encore à la présidencePar Jérémy Marot

Photo: S

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Il a le sourire en coin mystérieux de celui quiveut dire « vous verrez bien ». Rien que poursemer le doute. Marc-Philippe Daubresse,

député-maire de Lambersart, s’estime « toujoursen lice » pour la présidence de la communauté ur-baine de Lille (LMCU). « Je suis très serein surl’état des lieux communautaire », dit-il. Donné per-dant, vu la défaite de la droite dans la métropolelilloise, Daubresse ne baisse pas les bras. Mais,quoiqu’il en dise, ses arguments restent faibles.Le premier d’entre eux est de souligner l’absencede programme de sa rivale, Martine Aubry. « Onne sait toujours pas ce qu’a Mme Aubry dans son programme, raille-t-il. Elle sort une feuille de sa serviette, dit “c’est mon programme” et le rentre immédiatement. »À la hussarde, Marc-Philippe Daubresse ose.Lui, l’ancien UDF converti UMP, revendiqueaussi l’héritage de Pierre Mauroy – qui appré-ciera. « Je suis le seul à pouvoir représenter la conti-nuité avec Pierre Mauroy, à savoir cette capacité à dis-cuter avec tout le monde. » Il n’en reste pas moins

que l’éléphant rose du Nord a clairementadoubé Martine Aubry, qui « réunit toutes lesconditions pour devenir présidente de la LMCU ».Daubresse mise donc plus sur le « style, la per-sonnalité », que sur « l’idéologie », pour dirigercette institution « technique ». Il ne serait pas debon ton d’afficher ses couleurs UMP pour bri-guer la tête de la LMCU. En particulier lorsqu’ils’agit de discuter avec Henri Ségard, présidentde l’influent groupe des maires sans étiquette,représentant 28 % des voix. « Henri Ségard est unhomme pour qui j’ai beaucoup d’affection », susurre-t-il. Évidemment. Avant de rappeler, comme ça,au passage, que Ségard a été par deux fois pré-sident de son comité de soutien. Ce dernier a ce-pendant déclaré en janvier dernier que « le prési-dent de LMCU doit être le maire de Lille ou son plusproche allié ». Ségard saura aussi sûrement se sou-venir à temps que lorsque lui-même briguait latête de la LMCU face à Mauroy, Daubresseavait choisi, à l’époque, de mettre de côté son“affection” pour choisir Mauroy…

Le bilan MauroyDix-huit années de mutations et de consensus. La prési-dence Mauroy aura profondément imprimé sa marquesur la métropole… et sur les équilibres au sein de lacommunauté urbaine. Élu à la tête de LMCU en 1989, lemaire de Lille est d’abord l’homme des grands projets.Le quartier Euralille est conçu comme une « turbine ter-tiaire » : un pôle économique et commercial, dopé parla gare TGV décrochée lorsque Pierre Mauroy était àMatignon. Autres avancées : la seconde ligne du métro,reliant le centre de Lille à Roubaix et Tourcoing, ou larénovation du tramway, le fameux “Mongy”. Des pro-jets entérinés grâce au “style” Mauroy, bonhomme etconsensuel : l’ex-Premier ministre parvient à fédérerautour de lui les “grands maires” de la métropole, indé-pendamment de leur couleur politique, et à gérer unecommunauté urbaine où près de la moitié des 85 com-munes comptent moins de 5 000 habitants – soit unebonne part de maires sans étiquette. Son dernier man-dat (2001-2008) en subit le contrecoup : « consensusmou », « gestion opaque »… Si l’idée d’une Eurométro-pole franco-belge est sur les rails, les choix pour leprojet de Grand stade pourraient être remis en causeaprès le départ du patriarche. Jean Décotte

LE MÊMEPOIDS QUEBONDUES

OU COMINES À LMCU

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D É C A L É

24La Pression de mars Lundi 17 mars 2008

Ils ont faitLa Pression de mars

C’est l’histoire de cent vingt journalistes. Enfin,pas des vrais, pas des professionnels de l’infor-mation, mais plutôt des étudiants en cours de

formation.De ceux qui rappellent leurs interlocuteursune demi-heure après leur avoir laissé un message,de ceux qui maladroitement se postent devant les ca-méras de M6 en pleine conférence de presse et qui,du coup, pourrissent leurs images, de ceux, encore,qui prennent des photos floues où les gens ressem-blent à des lapins atteints de myxomatose.Mais à côté de ces petites bourdes, les trente-troissquatteurs de la salle PAO 1 de l’ESJ, ceux qui ontconsacré ces deux dernières semaines à La Pressionde mars, ont payé de leur personne. Ils en ont passédes soirées à l’école à guetter les chips qui traînaienttout en cherchant un titre de Une. Ils en ont trouvé desastuces pour braver les coupures intempestivesd’électricité et les pannes d’Internet. Ils en ont courudes meetings, comme celui deVilleneuve-d’Ascq oùil fallait traquer la petite phrase pour écrire unebrève de 500 signes. Et le tout sous le regard avisé deleurs intervenants :Yves Sécher, l’homme qui comp-tait en cadratin ;Cyril Petit qui vous refait une pageen cinq minutes, quand vous avez passé deux heuresà vous obstiner sur les espaces insécables. Et les re-lectures attentives des coaches PHR, Laurent Brunel etSylvie Larrière, et des deux journalistes de Libération,Fabrice Tassel et Jacky Durand.Dans la salle d’à côté, vivent les onze bloggeurs.Silence de cathédrale et concentration maximale. Etpuis toujours une page Facebook ouverte pour jouerà Risk en réseau.De vrais geeks, qui débattent sur lafonctionnalité de Tweeter et vérifient toutes les dixsecondes le nombre de leurs visiteurs. Surtout, desspécialistes de l’info en temps réel, toujours prêts àpartager leurs tuyaux.Après quatorze jours passés ensemble, La Pression demars est donc finie.Mais pas de dépôt de bilan pourautant. L’an prochain, nos successeurs s’attaquerontaux élections européennes. Et peut-être reprendront-ils notre titre trouvé dans la douleur alcoolisée, pouren faire La Pression de juin.

Les Deuz :Hélène BekmezianSophie BouillonCaroline BozecMadjiasra NakoJoël BronnerGaël Cogné

Séverine FiévetImanol Corcostegui

Jean DécotteNicolas Kienast

Alexandra NawawiFrançoise Marmouyet

Jérémy MarotSéverine RoubyFlore Thomasset

Les PHR :Gaël Arcuset

Marc-Antoine BarreauMélanie CarnotGuillaume CarréFrédéric CoulonJulien DamienMeak Em

Éric FilliastreFlorian HervieuxCamille Janik

Delphine LacroixClémence Lambard

Jeffrey MartinBenoist PasteauFlorian PottiezJonathan Roux

GuillaumeWillecoq

Les intervenants :Laurent BrunelJacky DurandSylvie LarrièreCyril PetitYves SécherFabrice Tassel

15 h : Les bloggeurs sont tous déjà connectéssur Facebook et Tweeter.

19 h : Jacky Durand ne va pas tarderà faire changer l’événement du jour.

0 h 45 : Le bouclage approche.« Quelqu’un peut se déconnecter du serveur ? »

17 h : fin de la réunion.Prochaine conf’ de rédac à 17h15 !

Texte : Imanol CorcosteguiPhotos : Jonathan Roux et Alexandra Nawawi