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Océanorama n° 32

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A ujourd'hui, le développement durable' donne une dimension nouvelle à la prise en compte de l'environnement. l'homme se place au centre de ce projet de société qui vise à mener de pair croissance économique,

progrès social et gestion du patrimoine naturel.

Plus que jamais, il est nécessaire que l'information scientifique ne soit pas réservée aux seuls experts et décideurs. Il appartient à chacun de prendre part à la réflexion et aux échanges d'idées sur des enjeux impor­tants comme la pollution marine ou le réchauffement climatique de la planète. Ensemble, nous devons nous poser les bonnes questions, et y apporter les bonnes réponses. Encore faut-il avoir accès à de véritables outils

Public awareness

durables d'aide à la prise de décision : des données claires, objectives, issues de mesures et d'études fiables.

C'est en ce sens que, depuis près de 40 ans, l'Institut océanographique Paul Ricard mène de front recherche scientifique, information et sensibilisation. Avec votre soutien et celui d'une grande entreprise mécène, c'est aujourd'hui notre contribution à un débat citoyen éclairé. le seul chemin, à notre avis, vers des solutions constructives et cohérentes aux effets ... durables.

Albert Elgrissy Président

1- Le concept de Développement durable apparaît pour la prem ière fois, en 1987, dans le rapport Brundtland soumis à l'Organisation des Nations Unies. Il préconise de "répondre aux besoins des générations actuel/es sans compromettre la capacité des générations fu tures de répondre aux leurs."

and sustainable effects Today, sustainable development' has added a new dimension to caring for the environment. Man has the star ro le in th is world­

scale project which aims to develop in tandem economic growth, social progress and the management of the environment.

Now more than ever, it is vital that sc ientific information should not be exclusively avai lable to the experts and decision-makers.

Everyone should take part in the debate and the exchange of ideas wh en the issues are as important as marine pollution or glo­

bal warming. We should ail work together to ask the right questions and to find the right answers. For this, it is essential that we

have access to proper aid to decision-making tools: clear objecti ve data, based on re laible measurements and research.

It is w ith this aim that for almost 40 years, the Institut Océanographique Paul Ricard has been playing a th reefold role in

sc ientific resea rch, pub licity and public awareness. Wi th your support and that of the great company that is our patron, this

is today the nature of our contr ibution to this great debate to encourage publi c awareness. We fee l it is the only road towards

solutions that are constructive and well -planned, w ith effects that are sustainable.

Albert Eigrissy

President

1 • The concept of sustainable development appeared for the {irst time in 1987, in the Brundtland Repqrl submitted 10 the United Nations Organisation. The report recommended "development mat meets the needs of the present without compromising the abifity of future generarions to meet their own needs N

OCÉANORAMA N° 32 - DÉCEMBRE 2002 •

Page 4: Océanorama n° 32

PAUL RICA"RD DIRECTION

DE LA PUBLICATION Albert Eigrissy

RÉDACTION E CHEF Christian Frasson-Botton

COORD INATION Christophe Pierron

COMITÉ DE RÉDACTION Christian Frasson-Botton,

Patrick Lelong, Christophe Pierron,

Pr Nardo Vicente

MAQUETIE : SAGA PHOTOGRAVURE: Yolta

IMPRIMERIE SPÉCIALE RICARD Dépôt légal: mars 2003

ISSN-OZ43-666J

En couverture Gros plan sur l'espèce d' hippocampe la plus commune en Méditerranée, Hippocampus ramulosus. A noter la livrée jaune assez exceptionnelle de ce spécimen. Cliché : B. Rothan.

PLANÈTE HIPPOCAMPE F. Rothan Page 29

Plac ides et discrets, les hippocampes peuplent quasiment toutes les mers du globe. Portraits d'une fa mille menacée.

MAGAZINE P. Mouton et C. Pierron

FESTIVAL MONDIAL DE L'IMAGE SOUS-MARINE

MARINES 2003 Page 6

RECHERCHE: DU LITTORAL MÉDITERRANÉEN AUX LAGONS DE L'OCÉAN INDIEN Page 7

HOMMAGE PHILIPPE TAILLIEZ VISIONNAIRE ET POÉTE Page 8

OUVRAGES DE MER par M. Bescond et A. Barbotin

FICHES BIOLOGIQUES CORAIL ROUGE ET GIRElLE

Page 10

P. Lelong Page 27

SOUS LA MER AUTOUR DES EMBIEZ Résultats du concours Page 44

ADMINISTRATION ET PUBLICATIONS AQUARIUMS ET CENTRE DE RECHERCHE B.P. 308 - 13309 MARSEillE CEDEX 14 ILE DES EMBIEZ - LE BRUSC 831 40 SIX-FOURS-LES-PLAGES TÉL. +33 4 91 11 10 6 1 - TÉLÉCOPIE +33 4 91 Il 1557 TÉL. +33 4 94 34 0249 - TÉLÉCOPIE +33 4 94 74 4645 marse@i nst itut-paul-rica rd.org [email protected]

• INSTITUT OCÉANOGRAPH IQUE PAUL RICARD

Page 5: Océanorama n° 32

.,

L'ETANG DE BERRE Pr N. Vicente Page 1Z

La reconquête de ce vaste plan d'eau, marqué par 70 ans d' industrialisation, est engagée. Quel en sera le résu ltat? Quels espoirs peut-on raisonnablement nourrir pour son devenir?

ET ROSES ... ELLES ONT VÉCU CE QUE VIVENT LES ROSES Pr N. Vicente Page 35

En cinq années, les récifs coralliens de la région de Tuléar, à Madagasca r, n'ont cessé de se dégrader. Véritables "ja rdins sous la mer", les madrépores sont progressivement asphyx iés par les sédiments provenant des terres déboisées du centre de l'î le.

P. Saffache

NOUVELLE CALÉDONIE

Page 39

L'inventaire des causes de la dégradation d'un milieu naturel est un préambu le

nécessa ire à toute action de protection .

L'exemple des récifs néo-ca lédonniens.

P. Constant

LA PARADE DES SEICHES

GÉANTES Page ZZ

Chaque année, False Bay, au sud de l'Australie, devient le lieu

de rassemblement d'une centa ine de milliers de seiches géantes qui entrent

en période de reproduction. Un spectacle extraordinaire!

Crédit photographique - Images primées au Festival mondial de l'image sous-marine d'Antibes - Juan-les-Pin: L. Ballestra (p. 5) ; G. Bell (p. 6) ; 1. Dombovari (p. 4 ) ; D. Hall (p. 2. 36) ; D. Vellara (p. 4. 5. 29) ; N. Wu (p. 4). Les illustrations et textes publiés dans la revue Océanorama engagent la selde responsabilité de leurs auteurs, que l'Institut remercie pour leur contribution gracieuse à son action d'information, sa ns but lucratif. Océanorama est éditée à l'intention des adhérents de l'association, en France et dans le monde, sans supplément pour abonnement. Il va de soi que les auteurs des clichés, titu laires des droits au titre de la loi du' 1 mars 1957, sont responsables à l'égard des personnes éventuellement photographiées, selon la loi du 17 juillet 1970 relative à la protection de la vie privée. l es clichés seront restitués aux auteurs dans les délais convenus.

OCÉANORAMA N" 32 - DÉCEMBRE 2002 •

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a

MIEUX VOIR POUR MIEUX AIMER

INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE PAUL RICARD

Depu is près de quarante ans, l'Institut océano­graphique Paul Ricard développe son activité dans un large éventail de domaines : recher­che sc ientifique, information, formation, sens i­bilisation à la défense de l'environnement

marin . Autant d'approches pour lesquelles il fait de plus en plus appel à un support privilégié : la photo sous-marine. Ainsi , les plus grands photographes du monde mettent à sa disposition une iconographie de qua lité pour l' illus­trat ion de ses réa li sat ions: revue "Océanorama", CD-rom "Kampi", ouvrage "Fragile Méditerranée", ...

Ces images apportent aux sc ientifiques des sou rces d' in formation précieuses et constituent un support pédagogique inestimable, notamment lors des conférences destinées au grand public. Partena ire de la Fédération française d 'études et de sports sous-marins, du Festiva l mondial de l'image sous-marine, de la manifestation 2000 Regards sous la mer au Pradet, et du dernier Mondial de photo sous-marine à Marseille, l' Institut poursuit son action sur tous les fronts : séminaires de photo sur l'île des Embiez, Nuits de l'image sous-marine, dotation de prix lors du Festival d'Antibes, organ isation d'exposi­tions photographiques, ... mais aussi uti li sation scien­tifique de l' image pour étab lir la carte d' identité de cer­ta ins poissons, comme le mérou . Ainsi, en exp loitant le doub le aspect, artistique et documentaire, de la photo sous-mar ine, l' Institut est en phase avec l'objectif qui a présidé à sa créa­tion : la connaissa nce et la protection de la vie marine.

Patri ck Mouton

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FESTIVAL MONDIAL DE L'IMAGE SOUS-MARINE LA RÉFÉRENCE À l'ÉCHELLE INTERNATIONALE

La Tun is ie était l' invitée d'honneur du 29' Festival mondial de l'image sous-marine qu i s'est déroul é à Antibes - Juan-les-Pins. Cinq jours de fête totale, avec une cinquantai­ne de pays représentés et une surfa­ce d'expos ition sensiblement agran­die, qui confèrent à ce festiva l la position de grand rendez-vous mon­dial de la plongée. Cette année, le menu, déjà très copieux des fi lms, di aporamas, photos papier et diapos itives en concours, était rehaussé de plu­sieurs mani festat ions. Comme le colloque sur la plongée en Tun is ie ou le somptueux specta­cle "Les seigneurs du Grand Bleu" qu i projeta it sur un mur d'eau géant 29 ans d' images sous-marines. Le Festival a éga lement été l'occa­sion d'honorer Marce l Isy-Schwart, pionnier de l'exploration sous-mari ­ne et de rendre un hommage à la mémoire de Jacques Mayol.

L: Institut océanographique Paul Ricard décerna it deux prix.

Le trentième Festival marquera une date historique dans la grande aven­ture entreprise par Daniel Mercier et toute son équ ipe.

Le premi er a récompensé l'Al lemand Robert Z iegler pour son film "Les petites Îles Sunda et leur monde sous-marin" et son message de sensibi 1 isat ion à la protection de la mer.

Du 29 octobre au 2 novembre 2003, i l sera placé sous un thème presti­gieux : Le Troisième Millénaire.

Le second pr ix, ce lui de La musique et la Mer, a été décerné à Tony Q uimbel, pour son œuvre "Au jardin des ondines".

Contact Festival mondial de l'image sous-marine

Tél. : +33 (0)4 93 61 45 45 mél. : [email protected]

www.underwater-festiva l.com

2000 REGARDS ... BIENVEILLANTS Pour sa tro isième édition, au Pradet (Var), la ma ni­festation 2000 Regards sous la mer met l'accent sur la responsab ilisation de chacun . U n message pri ­mordia l qu i sera servi par la force des images. Et quelles images! Tout simplement les plus be lles: ce lles qui ont été primées au cours du dernier Festival mondial d'Antibes, partenaire de ces quatre journées consacrées à la mer. Invité d'honneur, François Sarano, ancien conseiller scientifique du commandant J.Y. Cousteau, présentera la Charle du plongeur responsable dont il est l' in it ia­teur. Une façon de rappeler que si la mer accepte nos 2000 regards, el le mérite en retour tous les égards. Au programme : projections non-stop, expositions, démonstrat ions de p longée p ieds- lourds, ... À noter: dans le cadre de cette man ifestat ion, l'as­soc iation 2000 Regards sous la mer orga nise un concours d' affiche affi l ié au concou rs in ternationa l

~ ~ Aidons l'eau, aidons la vie proposé par l' Institut.

Contact Association 2000 Regards sous la m er

Tél. : +33 (0)4 94 21 1745 - fax: +33 (0)4 94 08 24 58 mél. : c. [email protected]

Internet : www.2000-regards-sous- la-mer.org

BRÈVES FLAG

AÉRIEN

Dans la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, l'association

"Intervention" exploite un nouvel

outil de surveillance aérienne: un avion

basé au Castellet qui effectue des survols des eaux littorales.

Équipé d'un appareil de détection

infra-rouge de grande sensibilité,

il a permis de visualiser des

pollutions très variées, notamment par hydrocarbures,

le long des côtes et dans les ports.

Source: Lettre nO 88

du Cedre. www.le-cedre fr

MÉGA­RÉSERVE

Le gouvernement fédéral australien

a annoncé la création

prochaine de la plus grande réserve

marine mondiale. Cet espace protégé qui englobera une

partie de la zone économique

exclusive australienne

dans les eaux subantarctiques. Surface totale:

6,5 millions d'hectares !

Source: http://news.bbc.co.ukl2/

hi/asia-pacifiç/ 2313881.stm

Plus d'infos : www.ea.gov.au

OCÉANORAMA W 32 - DÉCEMBRE 2002 •

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MARSEILLE CAPITALE

MONDIALE DE LA PLONGÉE

Cent trente compétiteurs, représen­tant 27 nations, se sont affrontés dans le cadre du ge Mondia l de photo sous-marine, une épreuve alliant sport, art et nature, organisée pour la prem ière fo is en France, à Marsei lle. Chaque équipe deva it réa liser, au cours de quatre plon­gées, une sélection de cinq photo­graphies correspondant aux thèmes suivants: ambiance; portrait de po isson; macro "Vie du récif" ; et "Posidonie", un thème li bre parti ­culièrement représentat if de la vie de la Méd iterranée

MER MÉDITERRANÉE ( ... ) Mer Méditerranée, Tu as vécu dans le passé Tu as été une vraie déesse de /' Antiquité Aujourd'hui, on te croit poubelle Mais pourtant tu es rebelle.

Tes habitants, les poissons Sont pêchés trop souvent Et voient diminuer leur population Beaucoup trop rapidement Sans que nous n'apercevions rien d'important.

Mer Méditerranée J'ai écrit cette chanson Pour dire ce que tu es présentement Et affirmer que nous te préserverons Jusqu'à la fin des temps.

Karim 8ellali 12 ans, Lycée Regnault

Tanger, Maroc.

PAREOS

La médaille d'or est revenue à l ' Espagnol josé Lui s Gonza les (a uteur de notre photo) ; la médaille d'argent à jean-Pierre Nicolini , France; et la méda ille de bron ze à Espen Rekda l, Norvège.

ET COLLIERS DE FLEURS Le cinquième Salon de la plongée sous­marine s'est tenu du 31 janvier au 3 févr ier dans les 8000 m' du Hall 4 du Parc des Exposition, Porte de Versa illes, à Pari s. Son thème principal étai t, cette année, Tahiti et les Îles de Polynésie, leurs paysages superbes et leurs fonds extraordinaires, qui attirent de plus en plus de p longeurs. Une bulle de rêve et d'exotisme en plein hiver au cœur de la cap ita le, assoc iée à un pro­gramme plus que cop ieux : nombreux exposants, baptêmes de plongée et démonstrations diverses, une plongée virtue lle avec le magicien Gérard Majax, des conférences, des expos itions historiques, des concours, et. .. une Nuit de la plongée. Une grande fête à laquelle l' Institut océanographique Paul Ricard a participé, avec un stand où les visiteurs ont pu mieux décou­vr ir son action en faveur de la protection du milieu marin.

OBSERVONS LA MER

Contact: www.salondelaplongee.com

C'est le nom donné à une vaste opération lancée par Océanopolis, à Brest en partenariat avec plusieurs associations. Objectif : mieux connaître la répartition du requin pèlerin, des tortues marines, des mammifères marins (phoque, dauphin, baleine) ou aquatiques (loutre et vison), dans les eaux côtières bretonnes. Programmée sur quatre années, de 2002 à 2005, cette opération fait appel aux personnes susceptibles d'observer les animaux en mer, le long des côtes et estuaires bretons. les fiches d'observation sont disponibles dans les capitaineries des ports ou téléchargeables sur Internet.

Contact: Laboratoire d'étude des mammifères marins - Océanopolis

Port de pl aisa nce du Moulin Blanc - 29200 Brest Tél. : +33 (0)2 98344051

www.observonslamer.org

• INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE PAUL RICARD

MARINES 2003 Depuis 1994, l' Institut et E.S.P.A.C.E. Peiresc à Toulon, orga­nisent un cycle de conférences dédiées au monde marin : les Marines. Comme chaque année, tous les troisièmes mardis du mois, à 18 heures, l'E.5.P.A.C.E. devient le lieu de rencontre des cultures de la mer. Après le vo let historique que proposaient les tro is premières conférences : " La malédiction du grand Sa int-Antoine", par Patri ck Mouton "Robert Surcouf, roi des corsa ires de Napoléon l e,", par Éric Surcouf et " La route des épices" par Gérard Vives, le cycle Marines 2003 s'ouvre sur des thèmes au p lus près de l'actualité de la con naissance scientifique du monde marin. 18 mars " était une fois l'étang de 8erre par le Pr Nardo Vicente, responsab le scientifique de l' Institut océano­graphique Paul Ricard 20 mai La machine océan par jean-François M inster, prési­dent-directeur généra l de l' Institut français de recherche pour l'ex­p loitation de la mer (lfremer) 17 juin Un festival d 'images sous-mari­nes par Daniel Mercier, prési­dent du Festival mondial de l'image sous-marine d'Antibes­juan-les-P i ns

Contact: f.S.P.A.C.f. Peiresc

Rue Corneille, 83000 Toulon Tél. : +33 (0)4 94 91 67 11 mél : espace.peiresc@ free.fr

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LE LAGON DE MAYOTTE À LA LOUPE Le ministère de l'Écologie et du Développement durable vient de passer commande auprès de l' Institut océano­graphique Paul Ricard d'une mission scientifique ayant pour objet le lagon de Mayotte, aux Comores. L'étude a été placée sous la responsabili té de Yvan Martin et Jean­Luc Bonnefont, respectivement di recteur de recherche et microb iologiste à l' Institut. Elle porte sur un aspect essen­tiel de la qual ité bactériologique des eaux : "le devenir de bactéries d 'intérêt sanitaire dans les eaux côtières du lagon". Les caractéristiques locales, notamment l'enso­leillement, influencent de façon importante les vitesses de "disparition" de ces microorganismes et, jusqu'à ce jour, aucune donnée de ce genre n'éta it disponible pour la zone de l'océan Indien. Au terme des campagnes de mesure, des modèles prédictifs seront étab lis : ils cons­titueront des outi ls précieux pour la mise en place d'un système d'épuration et de rejet efficace.

Plus d' infos : www.insti tut-paul -ri ca rd .org

LE GEM SUR TOUS LES FRONTS

Une mission baptisée "Campagne Tailliez" a dressé l' inven­taire quantitatif et qualitatif de la population globale du mérou brun, Epinephelus marginatus, dans les eaux du Parc national de Port-Cros. Organisé tous les trois ans sous la responsabi lité sc ientifique de Jo Harmelin par le GEM (Groupe d'étude du mérou) et le Parc national de Port-Cros, ce type de mission fait appel, selon une méthodologie d'ob­servation bien maîtrisée, à une équipe d'apnéistes et à une autre composée de plongeurs avec scaphandres. En 1996, 165 mérous avaient été observés, chiffre qui est passé à 299 trois ans plus tard. Cette année, pas moins de 410 individus ont été recensés. Ce ralentissement de la cou rbe de crois­sance des effectifs peut laisser penser qu'une tendance à l'équilibre est en cours, en fonction de l'habitat et des proies disponibles. En outre, la miss ion 2002 a permis d'enregistrer un net accroissement du nombre des jeunes mérous (15 cm), fruit d'une reproduction loca le probable survenue en 2001 . Enfin, un très grand nombre d'autres espèces de poissons a été observé, oblades, sars, anthias, catagnol es, dentis, ... en particulier dans les secteurs les plus fréquen­tés par les mérous, comme l'îlot de la Gabinière. Quant à la reconduction du moratoire interdisant la chasse sous-marine du mérou en eaux frança ises, la décision offi-

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cielle est intervenue en fi n d'année 2002. Le moratoire est reconduit pour 5 ans et l' interd iction a été étendue à la pêche à la ligne.

En savo ir plus sur l'action du GEM et sur le mérou brun de Méditerranée :

www.aquanaute.com/gem

LA GRANDE NACRE EN VEDETTE Sur l'î le des Emb iez, un sém inaire international a été consacré à la grande nacre, Pinna nobilis. Sous la hou lette du Pr Nardo V icente, responsabl e sc ienti ­fique de l' Institut, i l était organ isé par la Société fran­çaise de m alacologie, avec le soutien du CERAM (Centre d'études des ressources an im ales marines ), de High Tech Environnement et de l' Institut océano­graphique Paul Ricard. Avec la participation de cher­cheurs de Croatie, d' Espagne, de Tuni sie et des Pays­Bas, son objectif était une mi se au point de la connaissa nce du p lus grand mollusque endémique de Méditerranée, assort ie d ' une réflexion sur une enten­te en réseau et sur les actions de protection à mener. Enfin , ces journées ont permis d'aborder les potentia­lités de cette espèce comme indi cateur original de la qualité du milieu littoral. Si les deux premières jour­nées ont été parti cu lièrement studieuses, avec un pro­gramme étoffé de comm unications, les congress istes qui le sou haita ient ont plongé en mer et dans la lagu­ne du Brusc, pour observer Pinna nobilis in situ et se fam iliar iser, démonstration à l 'appui , avec la métho­dologie de recensement et de mesure des ind ividus. Les communicat ions scientifiques du sém inaire ont fait l'objet d'un vo lume des Mémoires de l' Institut, paru en janv ier 2003 .

En savoi r plus sur Pinna nobi/is http://pinnanobi lis.free.fr

OCÉANORAMA N° 32 - DÉCEMBRE 2002 •

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-PECHE AMATEUR RESPEGONS LA RÉGLEMENTATION

"Pêche plaisancière - pêche réglementée" et "Protégeons les oursins - La loi qui s'y frotte s'y pique !" sont les deux thèmes de cette campagne d' infor­mation et de sensibil isation . Un rappel nécessa ire de la législation pour une meilleure protection des ressources. Dans le cadre de sa politique de relance de la pêche professionnelle, le Comité local des pêches maritimes et élevages marins du Var a lancé une vaste campagne de sens ibilisation destinée aux touristes, plaisanciers et pêcheurs amateurs. Prévue initialement pour le seul été 2002, elle sera vrai­semblablement reconduite en 2003 tant elle correspond à une véritable demande d' information du public. Les affiches et les tracts distribués rappellent en effet des règlements (pêche à l'oursin, pêche amateur) souvent mal connus et dont la vocation est de protéger la ressource. À titre d'exemple, les études ont révélé que 85% des oursins sont pêchés en été par les vacanciers. En toute illéga lité, puisque durant cette période la pêche est rigoureusement interdite. Les conséquences de la méconnaissance des règlements sont multi ­p ies: elles touchent la gestion des ressources et la santé de la pêche profess ionnelle. L:/nstitut fait partie des partenaires de cette campagne à laquelle sont égaIe­ment associés l'Orimer (Office national interprofessionnel des produits de la mer), le Conseil général du Var, la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur, TPM (Toulon Provence Méditerranée), les Affaires maritimes et la SA Port-Pin Rolland.

Contact : Comité local des pêches maritimes et

élevages marins du Var Chem. départemental 18

83430 Saint-Mandrier-sur-Mer Tél. : +33 (0)4 94 06 63 34

Plus d'infos : www.institut-paul-ricard.orglactualites.html

PREMIERE BOUGIE POUR LA CHARTE

Lancée il Y a un an par Franço is Sarano, président de Longitude 787 Nature et par Albert Falco, la Charte internationale du plongeur respon­sable est un document que tout plongeur devrait posséder ... et diffuser. Loin d'être une somme de contraintes, il s'agit d'un ensemble de recom­mandations permettant au plongeur de respecter le milieu sous-marin, et plus largement, l'environnement du pays d'accuei l, ses valeurs soc iales et traditionnelles. De même, la charte comporte un vo let destiné aux créateurs et animateurs de centres de plongée.

INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE PAUL RICARD

Contact : Longitude 181 Nature

12, rue La Fonta ine, 26000 Valence Tél: +33 (0)4 75 55 43 77

mél. : longitude181 @wanadoo.fr

PHILIPPE LE POÈTE DES

c e qui surprenait au premier contact chez lui , c'était cette joie de vivre, forte et juvé­nil e, terriblement

communicative et à laquelle il était imposs ible de rés ister. Et puis une façon de regarder le monde, ici émerveillé, là teinté d'un humanis­me devant lequel l'âme humaine se reprenait à être belle, lavée de ses souillures, porteuse de l'espoir le plus fou : le bonheur sur la Terre. Tailliez était LA vie. Il était auss i le père de la plongée, celui dont pen­dant si longtemps la fin n'était même pas envisageable, tant il était indispensable, par son simple exemple, à nombre d'entre nous. Père de la plongée, il l'a été à plus d'un titre. D'abord en étant ce for­midable catalyseur de l'aventure des Mousquemers qui ont écrit en lettres bleues une très grande page de la saga de l'homme sous la mer. Ensuite parce que en tant que plon­geur il a été un merveilleux touche­à-tout, mettant son enthousiasme au service de la photo sous-marine, du cinéma, de l'archéologie, de la plongée en eau douce, de l'explo­ration des abysses, incarnant avant l'heure cette image du plongeur po lyva lent et découvreur d' un monde fragile aux dimensions cos­miques. Enfin parce qu' il a élevé le seul acte de plonger à une dimen­sion poétique excepti onnelle. Cousteau le lui disait : "Tu étais l'athlète, mais chose extraordinaire, tu étais aussi le plus poète d 'entre no us. Nous regardions les formes, toi tu regardais à travers les choses." Sa vision du monde sous- marin, Tai lliez l'exprimera dans "Plongées sans câble" que beaucoup considè­rent comme le plus beau livre jamais écrit su r l'univers du si lence. Lire, au hasard, quelques pages de cet ouvrage c'est ava ler à pleine gorge un éli xi r de bonheur, où la vie marine prend des allures de spectacl e, ici tragique, là comique, toujours haut en couleurs. La poé­sie faisait parti e de sa vie. Jeune offic ier, n'ava it- il pas l'habitude, tous les soirs, à l'heure du "canot

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HOMMAGE

TAILLIEZ w ;;(

MOUSQUEMERS z o ~ z

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major" de nager au milieu de la rade de Toulon, d'un navire à l'autre, en déclamant du Baudelaire :

"Mon esprit tu te m eus avec agilité Et comme un bon nageur qui se pâme dans l'onde Tu sillonnes gaiement l'immensité profonde Avec une indicible et m âle volupté."

Enfin, père de la plongée, il l'a été aussi dans sa démarche, très précoce pour la protection de l'environne­ment marin. Consei ller sc ientifique du Parc national de Port-Cros, membre du co nse il d 'a dmin ist rat io n de l' Ins titut océa nograph ique Paul Ricard, il inca rn ait l' image même du plongeur moderne que nous rêvons d'être : curieux, sans cesse émer­vei llé, respectueux du monde marin, ouvert à tout ce que la mer peut apporter de ri chesses. De lui, il reste un formidable héritage qu ' il nous lègue par son exemple et sa mémoire : la Mer, tout simplement, dont il nous confie le destin. Quelle responsabi 1 ité !

Scène de tournage du film "Mémoire d'un Mousquemer". Philippe Tailliez fête ses 90 ans.

Patrick Mouton

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III! If '" ),,,

( 1111-,11'1111 L'EMPREINTE DU VISIONNAIRE

p hilippe Tai lliez nous a quit­tés. À 97 ans, il a rejo int son Archipelaego, cet archipe l de paix et de fra­ternité dont il rêva it pour

l' humanité entière. Car au-delà du grand marin et du père de la plongée moderne qu' il était, il laisse l'empreinte du visionnai re. J'ai vécu 40 ans de grand bonheur à ses côtés. Je me suis enrichi à son contact et il a su m' insuffler cet enthousiasme dont il disait qu' il est la seu le vertu. Je n'oubli erai jamais cette première rencontre au Bureau d 'études océa­nographiques de la Marine nationale où j 'effectuais mon service militaire. J'ava is avec mo i comme l ivre de che­vet: "Nouvelles plongées sans câble" qu' il me dédicaça en espéra nt me retrouver dans quelque acti vité commune. Et ce fut Port-Cros et les ca mpagnes Poséidon qu ' i 1 venait d'initier avec l'aide des p longeurs démineurs de la Marine. Dès lors, le cofondateur du Parc national de Port-Cros m'associa à ces campagnes dont je devins le responsable scientifique en 1970. Nous nous retrouvâmes aussi au Comité scientifique du Parc national. Ce fut une merveilleuse aventure asso-

ciant les meilleurs chercheurs du monde marin, mes amis Harmelin, Laborel, Vacelet aux plongeurs de la Marine. Outre les plongées pour études dans les eaux du Parc sous sa direct ion bienvei llante, je n'oub lie­rai jamais les discussions, où jusqu'à très tard dans la nu it nous refa isions le monde. Ph ilippe Tail liez éleva it toujours le débat à un niveau philoso-

phique qui n'appartenait qu 'à lui . Ces discussions étaient toujours ponctuées de bons mots et d'é lans poétiques. Lorsque le mistral soufflait dans la rade de Port-Cros, il se plaisait à écouter "1'Orphéolon" dans les vergues. Les murs du vieux Fort du Moulin réson­nent encore de nos éclats de rire. Et pu is, j 'eus le bonheur d'être accuei ll i par lui et par Alai n Bombard sur l'île des Embiez à la création de l'Observatoire de la mer, par son am i Pau l Ri ca rd, Observatoire qui devien­dra it plus tard l'Institut océanogra­phique Paul Ricard. Dès lors, au sein du conseil d'administration, Philippe devait soutenir toutes les actions que je déve loppais comme responsab le sc ientifique. Il a participé ainsi à l'as­cension de cet Institut reconnu aujour­d'hui au niveau international. Phi li ppe Tailliez laisse dans tous les domaines auxquels i l a eu accès une marque indélébile. Il a participé à la grande aventure archéo­logique sous-marine, comme découvreur d'épaves et en créant le Croupe de recherche en archéologie navale dont il était encore président d'honneur. Son œuvre est immense, à la dimen­sion de l'homme qu ' il était. J'ai souvent en mémoire une phrase de son ouvrage majeur: "Plongeur avan­ce vers ta caverne, nage de tous tes membres, avance encore un peu, regar­de parmi les ombres qui passent, si l'une d'elle s'accorde avec ton destin". Cette ombre, c'est ce ll e du Commandant Philippe Tai lliez, ce lle du dernier des Mousquemers qui, ayant accompli son destin, est allé rejoindre dans son Archipelaego tous ceux qu ' i l a aimés.

Nardo Vicente

Tournage du film "Mémoire d'un Mousquemer" - 1995. Paul Ricard accueille Jacques-Yves Cousteau e t Philippe Tailliez sur l'île des Embiez.

OCÉANORAMA N° 32 - DÉCEMBRE 2002 •

Page 12: Océanorama n° 32

UVRAGE DE MER

BON DE COMMANDE À RETOURNER À : LI BRAIRIE MARITIME LES CHEMINS DE MER 9, rue Euthymènes 13001 MARSEILLE Tél. : 04 91 54 44 49 Fax: 04 91 54 86 06

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GUIDE D'IDENTIFICATION DES POISSONS MARINS -EUROPE ET MÉDITERRANÉE

Ce guide décrit les principales espè­ces de poissons marins d'Europe de l'ouest et du bassin méditerranéen susceptibl es d'être rencontrées en zone côtière à moins de 50 mètres de profondeur, soit 750 espèces. Il est illustré par 800 photographi es en cou leur et plus de 1 000 dess ins au trait. Au-delà des caractéri st iques classiquement décrites par les systé­maticiens, l'ouvrage souligne les cr itères pert inents qui permettent une identification visuelle des espè­ces mais aussi les variations de forme et de coloration des individus au sei n d' une même espèce. Un ensemble rigoureux su r le plan sc ientifique que sa présentation rend accessible à tous: pêcheurs et plongeurs amateurs, mais auss i bio­logistes des pêches ou sc ientifiques étudiant l'éco logie ou le comporte­ment des po issons.

Patri ck Louisy - 430 pages - 35 € Éditions Ulmer.

Sur ce sujet, LABRES ET GIRELLES

de Rudie H. Kuiter - 208 pages 42 € - Éditions Ulmer.

FABULEUX MONSTRES MARINS

Des monstres marins? Il ne s'agit pas ici des bêtes fabuleuses qui hantaient autrefo is les légendes et

• INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE PAUL RICARD

les mythes populaires ; les sc ien­tifiques nous ont permis, depuis quelques décennies, d'accéder à une connaissance plus rationnelle des animaux qui peuplent les mers et les océans. Cet ouvrage présente en 200 pho­tographies inédites une galerie extraordinaire d'animaux marins différents de la norme par leur aspect ou leur comportement atypiques. Cette différence qui fait leur monstruosité n'est pas synonyme de méchanceté mais révé latri ce de la formid ab le capacité d 'adaptation des êtres vivants à leur milieu.

Pietro et Alberto Angela et Alberto Luca Recchi

158 pages - 30 € - Solar.

SARDINES À LA CLÉ

Un jo li traité de "sardinologie" pour tout savoir de la vie de ce petit poisson bleu avant et après l'âge du fer blanc. En effet, en 1810, les Nantais Joseph Co l in et Nicolas Appert inventent la sard i­ne à l' huile! Produit de luxe à l 'époque, ell e accompagnera Napoléon en Russie . La boîte de fer blanc se démocratisera ensuite pour devenir un en-cas populaire, une providence des

garde-manger et des cé l ibataires . Ses inventeurs n' imaginaient pas le fabuleux destin de leur inven­tion que Charcot emportera en Antarctique et Herzog au sommet de l'Annapurna. C'est avec infiniment d'humour que l'auteur nous conte l' histoire du "petit poisson sans tête qui vit dans l'huile". Savoureux!

Nicolas de la Casinière 127 pages - 29 € Éditions Apogée.

CARNETS DE VOYAGES DES PEINTRES DE LA MARINE

L'exception cul turell e française a du bon, quoiqu'en pensent certai ns! Elle a permis au corps des Peintres de la Marine de perdurer. François Bellec, anc ien direc­teu r du Musée de la Marine et peintre officiel, nous fa it parta­ger sa passion et son érudition à travers un choix varié de peintu­res, des plus classiques aux cou­rants contemporains. On retrouve Garneray et Vernet, Brenet et Marin-Marie, Méheut et Ziem, Signac dans cet o uvrage abon­damment illu stré et rempli des commentaires écla irés de l 'auteur. Les peintres de marine nous offrent leur vision du monde, pleine de poésie, du Maghreb au Japon en passant par l'Antarctique.. . Un livre qui fait rêver.

François Bellec - 139 pages 30 € - Éditions Ouest-France.

Page 13: Océanorama n° 32

DE LA MANŒUVRE DES NAVIRES ANTIQUES

Laurent Damo nte nous entraέne dans un univers passion­nant, ce lui de l'a rchéologie m arin e. D e son métier de marin , il a ga rdé un sens de la nav igati on rem arqu able qu i donne toute son o ri g inalité au texte : il s'est fi é à son intui­ti o n de navigateur et, comme l'écrit le contre-amiral Bell ec dans la préfa ce, "ne s'est jam ais plongé abusivem ent dans les livres". À travers les bell es aquarelles de Jea n-M ari e G assend et un texte v iva nt et abordable, il nous expose une vue générale de ce que fut la manœuvre dans l'Antiquité, des caracté­ristiques techniques du navire (voilure, gouvern ail , ... ) à la manœuvre proprement dite. Le glossa ire en fin d'ouvrage permet aux non-initiés de com­prendre le vocabul aire tech­nique employé par l'auteur.

Laurent Damonte, aquarelles de Jea n-M ari e Gassend

61 pages - 25 € Éditions de la Nerthe.

-Laurent Oamonte

TOUTE LA CUISINE DE LA MER

Rick Stein ne se contente pas de livrer ses recettes, il fait preuve d' un sens pédago­gique qui fait le succès de son école spécialisée dans la cui sine du poisson. Il délivre son savo ir avec simpli cité et permet aux néophytes

de réaliser le B.A.-BA (faire cuire un poisson en croûte de sel, lever les fil ets, entre autres), et ce avec l'a ide de photogra­phies de James Murphy, qui sont tout à la fo is expl ic ites et "déli c ieuses" à regarder. Ce bel ouvrage, à la présenta­tion épurée, est composé de troi s parti es : les techniques (formidablement expl iquées et i Il ustrées), les recettes (avec des recettes c lassiques ou ori gina­les de l'auteur), et enfin, les inform ations (la cl assifi cati on et l' identifi cation des poi ssons) . L' auteur nous offre un livre de cuisine de la mer original qui sati sfera les débutants comme les amateurs par sa cl arté et son éc lecti sme.

Ri ck Stein - 264 pages - 38 € Éditions Hachette.

L'AVENTURE DES SCIENCES, DES ORIGINES À NOS JOURS

Dès que l'on ouvre ce livre à la couverture fu turiste, l'on tombe sur un grand portrait d'Einstein qui regarde au lo in . On nous parl e des découvertes scienti ­fiques de 35 000 ans avant J.-c. (les origines du ca lcul ) jus­qu 'a ux plus récentes (le

séq u ençage d u gé no m e humain) en pensant déjà à l'avenir. Très complet et rédigé par des spécialistes, cet ouvrage expose chronologiquement les 250 principales découvertes scienti­fiques sous la forme de fiches. Le tout est clair et richement illustré.

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UVRAGE DE MER

civil isations ; sciences et tech­nologies. Depuis les premières représen­tations emprei ntes de fasci na­tion ou de crainte, jusqu 'aux plus récentes découvertes sc ientifiques, textes, anima­ti ons, illustrations et quiz sont autant d'outils pour découvrir et comprendre les cétacés et leurs secrets .

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OCÉANORAMA W 32 - DÉCEMBRE 2002 III

Page 14: Océanorama n° 32

LAMER FRAGILE

A la reconquête ,

Page 15: Océanorama n° 32

LA ME ,

FRAGILE

ETAN

Page 16: Océanorama n° 32

LAMER FRAGILE

Les rives de l'étang comprennent de nom­

breux espaces sensi­bles. Certains ont été

rachetés par le Conservatoire du litto­

ral et des rivages lacustres comme

la Petite Camargue à Saint-Chamas

(ci-contre) ; d'autres sont classés

en raison de leur inté­rêt écologique. Par ailleurs, l'étang de

Bolmon est susceptible d'obtenir le label

nConvention de Ramsar" relative

aux zones humides d' importance interna­

tionale. De par sa position géographique,

il se situe dans le couloir migratoire des oiseaux entre l'Europe

septentrionale et l'Afrique .

MÉDITERRANÉE

Situé dans le sud de la France, à proximité de Marseille, l'étang de Berre est une immense étendue d'eau ouverte sur la Méditerranée. Avec ses 15 500 hectares de superficie pour un volume de 900 millions de mètres cubes, il

constitue un formidable présent de la nature que l'hom­me a exploité depuis l'Antiquité. Point de rencontre entre les eaux marines, salées, et les eaux douces d'ori­gine continentale, c'est aussi un milieu aux équilibres fragiles, bouleversés par l'activité humaine_ Au début du xx· sièc le, la sa linité est de 24%0 et les pol­luants quas i inexistants, le peuplement de l'étang est alors ri che et va ri é. La flore est constituée d'a lgues : certaines comme les ulves et les entéromorphes témo ignent d'un

• INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE PAU L RICARD

La profondeur de l'étang ne dépasse pas les neuf mètres à la sortie du golfe de Saint-Chamas. Elle est en moyenne de six mètres pour l'ensemble de l'étang; deux mètres dans l'étang de Vaïne, et seulement un à un mètre cinquante dans l'étang de Bo/mon.

Entre l'étang de Vaïne et l'étang principal, les courants sont insignifiants et progressivement, un haut-fond se développe dans le prolongement de la flèche sableuse, au sud de l'aéroport Marseille-Provence.

Ainsi isolé, l'étang de Vaïne présente une courantologie en boucle fermée qui accentue son envasement. L'étang de Bolmon quant à lui, n'est plus en communication avec le grand étang et ses eaux sont pratiquement stagnantes.

enrichissement local de l'eau en éléments nutritifs; d'au­tres comme les acétabulaires, les cystoseires et les coral­lines sont ca ractér istiques d'ea ux de bonne qua lité. Sur les fonds, jusqu'à six mètres de profondeur, on observe des prairi es de zostères. À l'embouchure des cours d'eau (Arc, Tou loubre et Duranço le), se déve loppent les phané­rogames aquatiques, Potamogeton pectinatus. Le planc­ton est très ri che, les invertébrés sont représentés pri nc i­paiement par l'a némone verte, Anemonia su/cata, l'ou r­si n comestibl e, Paracentrotus Iividus, la moule, My ti/us ga //oprovin cia lis, les cardiums, Cardium exiguum et Ca r­dium g/aucum. Parmi les poisson s, muges, loups et angu ill es fournissent des pêches abondantes. On ren­contre auss i des /abridés , gobiidés et des hippocampes.

Page 17: Océanorama n° 32

De nos jours, les perturbations du milieu (grandes varia­tions de sa linité et forts taux de pollution) permettent seu­lement l' implantation de peuplements biologiques peu diversifi és, auss i bien en pleine eau que près du fond. Seules les espèces euryhalines', moins sensibles à la pol­lution et peu ex igeantes en oxygène peuvent survivre. L'étang est un milieu fortement enrichi en substances nutritives liées à l'activité humaine. En perturbant le fonctionnement des chaîne alimentaires, elles induisent de profonds déséquilibres qui se traduisent par le déve­loppement d'une communauté algale importante. Ainsi, se produisent régulièrement des phénomènes d"'eaux rou­ges" dus à la prolifération du dinoflagellé Prorocentrum minimum, une micro-a lgue qui él abore des toxines dan­gereuses pour l' homme : les saxitoxines. Transportées par voie aéri enne, elles sont couramment responsables de pathologies respiratoires provoquant des épidémies de bronchites et de rhinoph aryngites. Les phénomènes d"'eaux rou ges" peuvent éga lement avoir une origine bactéri enne et sont alors responsables des malaïgues : "mauvaises eaux" en Provença l. Le plancton animal est largement dominé par le copépode Acartia tonsa, espèce estuari enne et lagunaire à vaste répartiti on mondiale, capable de vivre à des températu­res compri ses entre 1 et 32°C, et à des sa linités pouvant atteindre 42%0. En ce qui concern e la faune et la flore fi xées, les bords de l'étang jusqu'à cinq mètres de profondeur (deux mètres dans la part ie nord) et l'ensemble de la zone sud-ouest offrent un peuplement de lagune euryhaline eurytherme' très dégradé avec diminution de la biodiversité. C'est le stade ultime ava nt la dispariti on totale de la vie fi xée. Les communautés animales et végétales des fonds sablo­vaseux, autrefoi s majoritaires dans l'étang, n'occupent plus que le chenal de nav igation de Caronte. Ell es sont dominées par des espèces indicatri ces de pollution : essentiellement des vers annélides. Au nord du plan d'eau, les va ri ations importantes de sa linité sont incom­patibl es avec l' install ation et la survie d'animaux et végé­taux à affinités marines. La ph an é roga m e d'ea u x dou ce et sa um âtr e, Potamogeton pectinatus se développe notamment dans la parti e nord de l'étang, son expansion étant lié au débit de la Durance. Cette plante co lonise les petits fonds meubles et s'adapte aux milieux les p lus po ll ués. Elle représente une source de nourriture pour de nombreux poissons d'eau douce et oiseaux aquatiques.

1 - Espèces pouvant supporter de larges variations de sali ni té. 2 - Mi lieu offrant de larges variations de températu re.

Sur les rivages, la végétation présente encore une belle diversité de pinèdes, forêts alluvia les, sansouires et marais d'eau douce.

LA MER

FRAGILE

Il était une fois ... l'étang de Berre C'est au cours de la dernière glaciation du Quaternaire (Würm), il y a environ 8 000 ans, que le site de l'actuel étang de Berre se creuse sous l'action de l'érosion. Lors du réchauffement post-würmien, les eaux marines enva­hissent l'étang relié à la mer par la seule passe de Caronte. Au niveau de cette dernière, une sédimentation importante' finit par aboutir à la formation d'une barriè­re marécageuse. Ainsi isolé, alimenté uniquement par les eaux douces continentales, l' ''étang'' de Berre est alors le plus grand lac d'eau douce d' Europe. C'est en 104 avant j.-c. qu' il retrouve son statut d'étang marin, lorsque le creusement du premier canal de Caronte entrepris sous l'empire romain le remet en relation directe avec le golfe de Fos. Pendant des siècles, au gré des aménagements, des remblaiements, des creuse­ments de voies de navigation et de leur envasement naturel, un équilibre original entre eau douce et eau salée s'instaure. Mais, même si le milieu se transforme constamment, la prédominance de l'eau douce perdure. Dans les années 1830, des fabriques de soude apparais­sent autour de l'étang. Pour l'activité industrielle naissan­te, l'intérêt du plan d'eau est évident : ouvert sur la Méditerranée à proximité du Rhône, il offre d'exception­nelles possibilités de communication et de transport des matières premières. Afin d'autoriser le passage de navires au tonnage croissant, le canal de Caronte est sur-creusé : jusqu'à trois mètres de profondeur en 1863, six mètres en 1874 et neuf mètres en 1924. Progressivement, la salinité augmente (2 4%0 en 1916) ; une faune et une flore d'eau saumâtre co lonisent le plan d'eau. En 1926, le tunnel du Rove, rel iant l'étang au golfe de Marseille, est percé et ouvert à la circulation des péniches. La salinité passe alors à 32-33%0, et de nouvelles espèces à affinité marine arri ­vent dans l'étang. En 1955, la dérivation de la Durance entre la confluen­ce du Verdon et l'étang de Berre est reconnue d'utilité publique. L'ouvrage hydraulique possède une double vocation : répondre aux besoi ns en eau des activités agri co les, industri ell es et domestique et permettre, en 1966, la création de l' usine hydroélectrique de Saint­Chamas. Après leur passage dans les turbines, plus de trois milliards de mètres cubes d'ea u douce sont rejetés dans la partie nord de l'étang. Ces rejets ont inévitable­ment condu it à une nouvelle baisse globale de la salin i­té. Aujourd'hui, la sa linité moyen ne des eaux de surface de l'étang présente des valeurs élevées en été et en automne lorsque les apports sont faibles. La situation diffère totalement pour la sa linité mesurée dans l'eau proche du fond en raison de l'entrée d'eau de mer en profondeur par le cana l de Caronte.

3 - Lors. de leur arrivée en eaux marines, les matériaux argileux tran~portes par les eaux douces cont inentales s'agglomèrent en flocons et Sed lnlentent rapidement.

OCÉANORAMA W 32 - DÉCEMB RE 2002 III

Page 18: Océanorama n° 32

LAMER FRAGILE

La méiofau ne' colonise les sédiments jusqu 'à quinze centimètres d'épaisseur. Les nématodes (vers filiformes) représentent plus de 80% du peuplement. Les copépo­des (crustacés) et les annél ides pol ychètes (vers annelés) ne se développent qu 'en bordure. Les populations de poissons ont été fortement modifiées par l'apport en eau douce de la Durance (voir Il était une fois ... l 'étang de Berre). Au nord du plan d'ea u, les espè­ces marines ont disparu et les carpes, hotus, tanches, ... sont réapparues; le sud du plan d'eau reste peuplé par les espèces à affinité marine : muges, loups, athérines, angu ill es, ... qui remontent vers le nord en période de reproduction. Su r les rivages du plan d'eau, la végétation a été modi­fi ée par les activ ités humaines, mais ell e présente enco­re une belle diversité de pinèdes, de forêts alluviales, de sa nsouires et de marais d'ea u douce. L' endiguement des rives s'est accompagné d' un adouc issement du milieu avec développement de roselières où se sont installés canards et cygnes. C'est le cas de la Petite Camargue, à l 'embouchure de la Touloubre, zone acqui se par le Conservatoire du littoral et des rivages lacustres en 1999 et qui émarge aux ZNIEFF (zones naturelles d 'intérêt écologique faunistique et floristique). Sur cette rive en pente douce, les dépôts sédimentaires et les apports d'eau douce de la Touloubre sont importants. La confrontation avec les ea ux sa lées y a permis l' installa­tion d' une flore et d'une faune caractér ist iques de la Camargue. Bien que les rejets d'eau douce de la Duran­ce aient globalement accentué la dessalure du milieu, la zonation végéta le ca ractér ist ique des zones humides lit­torales est ici intégralement observée : de la sansouire à sali co rnes, soudes et obiones, aux marais à mari sques d'eau, Cladium mariscus ; des prés de fau che à la dense ripisylve5 des bords de rivi ères. Cette zone accueille de nombreux o iseaux migrateurs et quelques nicheurs. Parmi les 91 espèces recen sées, ce rtaines sont protégées à l'échelon européen (milan noir, busard des rosea ux) ou considérées comme menacées en France (tadorne de belon, martin-pêcheur). Le peuplement de mammifères est éga lement ri che de 17 espèces (sangliers, blairea ux, putois .. . ).

liée à des taux exceptionnels

de chlorophylle, la couleur vert

émeraude des cours d'eau est révélatrice

de l'abondance de substances

nutritives.

En été, le littoral de l'étang connaît

de véritables marées vertes

dues à la prolifération des ulves

ou salades de mer.

En été, la prolifération

anarchique des algues

entraîne régulièrement l'asphyxie du

milieu naturel.

DES CONDITIONS DE VIE DIFFICILES

tri

L'étang de Berre est ali menté en eau douce par des affluents naturels (Arc, Touloubre, Duranço le et Cadière), par des résurgences (sources de la baie de Saint-Chamas notamment) et par des affluents artificiels (ca naux d' irri­gation de Craponne et des Alpil les, ca nal usinier EDF et autres petits ca naux) . Ces différentes sources d'a limenta­tion en eau douce se localisent principa lement dans la partie nord de l'étang ; les entrées d'eaux mar ines se font, elles, exclus ivement par le canal de Ca ronte, au sud. Dans l 'étang principa l, les courants sont li és pour l'es­sentie l au régime des vents dominants vent d'est et mi stral ; mais les apports des rivi ères et les rejets du canal usinier ont éga lement une inc idence sur la ci rcu-

4 - Animaux vivant dans les interstices du sédiment. 5 - Biologiquement ri che, cette formation végétale constitue L1ne zone tampon partic ipant à l'amélioration et à la protection de la qualité de l'eau. En outre, sa présence favorise le maintien des berges.

INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE PAUL RICARD

lation générale des eaux : les ea ux douces, moins den­ses, s'écou lent en surface vers le sud, alors que les eaux sa lées occupent le fond au sud et au centre de l'étan g. Dans le canal de Caronte, deux couches d'eau se super­posent : l' une superficielle, dessa lée, provient de l 'étang et se déplace vers la mer; l'a utre, au-dessous, est une lame d'ea u marine qui pénètre dans l'étang. À ces cou­rants de sens opposés, s'ajoute l'effet de la marée semi­diurne qui, bien que de faible amplitude (30 cen timètres au max imum), modifi e sensibl ement le régime de c ircu­lation des eaux. Entre les eaux de surface et les eaux de fond, la différen­ce de sa lini té crée une véritab le barrière phys ique qui empêche les échanges gazeux. Ainsi , dans la couche supéri eure jusqu 'à deux mètres de profondeur, l'ea u est ri che en oxygène toute l'a nnée et notamment au prin­temps et en hiver, en raison des rejets du canal usinier qui favorisent l'oxygénation par brassage des eaux .

Page 19: Océanorama n° 32

À l' inverse, en été, avec la réduction des rejets de la cen­trale et l' absence de coups de vent, l'étang souffre épi­sodiquement de crises d'eutrophisation : les algues pro­lifèrent de manière anarchique en surface. Surabondan­tes, elles se décomposent et sédimentent sur le fond . La dégradati on de cette matière organique demande beau­coup d'oxygène et finit par provoquer l'asphyx ie du milieu. Les cours d'eau qui se déversent dans l'étang sont éga Ie­ment la source de son enri chissement en éléments nutri­tifs (nitrates et phosphates) directement assimilables par le plancton végétal. En hiver, péri ode de ralentissement de la vie végétale, ces éléments nutritifs s'accumulent. Du printemps à l'automne, ils sont consommés et on ass iste alors à de fortes poussées du phytoplancton. Les espèces qui se développent (principalement des dinofl a­gellés) utili sent d' importantes quantités d'oxygène. Ce la accentue encore l'anoxie et entraîne la mort mass ive des poissons qu i évo luent dans les eaux de surface. Un évé­nement de ce type s'est produ it en 2000 dans l'étang de Bolmon, avec une forte mortal ité de ca rpes. La turbidité est importante dans tout l'étang. Les mati è­res en suspension sont à dominante minérale dans la zone d' influence du canal usinier, tandis qu 'a illeurs et en parti culier au sud-est, la matière organique, liée au déve loppement du phytoplancton, est prépondérante. Les vari ati ons saisonnières de températures sont très marquées. En été, la température de l'eau atteint 22 à 25°C sur l'ensemble de l'étang dans presque toute la colonne d'eau. Seules les eaux les plus profondes ne dépassent pas 20°C, influencées par les ea ux marines plus fraîches, notamment au vo isinage du canal de Caronte. En hiver, les eaux du ti ers nord de l'étang se situent en moyenne en tre 6 et 8°C. Cette basse tempéra­ture est due essentiell ement aux rejets d'eau douce d'EDF. La température du reste de l'étang est comprise entre 8 et 10°C. O n note un envasement de l'étang principa l qui progres­se du nord vers le sud . Les sédiments qui s'accumulent sur le fond prov iennent de l'érosi on des berges, des effluents naturels et du ca nal usin ier qui apporte des quantités importantes de limon. Une vase fine recouvre les fonds de toute la partie nord et méd iane de l'étang (étang de Vaïne compris). Les vases sableuses occupent la partie sud, les sables sont limités à la zone littora le. Ces sédiments, ri ches en carbone organique et en sels nutri tifs, accumulent les po lluants.

Pollutions industrielles, urbaines et agricoles toujours préoccupantes Les zones industri elles occupent 8 500 hectares autour de l'étang. La rive est, depuis Martigues jusqu'à Berre, est la plus industri alisée: raffineri es, complexes pétro­chimiques et chimiques, sidérurgie. Un ti ers de la capa­cité frança ise de raffinage se trou ve sur cette zone. Très médiocre jusqu 'en 197 1, la quali té des rejets s'est considérablement améliorée grâce à l'engagement de l' État. Les quantités de matière en suspension et d'hy­drocarbures ont ainsi diminué de plus de 95% entre 1972 et 1995.

Entre 1972 et 1995, matière en suspension et hydrocarbures ont diminué de plus de 95 %. Au co urs des di x derni ères années, l ' essenti el des po llu­ti o ns indu stri ell es est dû à des dys fo ncti onn ements des sta­ti ons de traitement ou à des fu i­tes lo rs du transfert de mar­chandi ses par o léoducs sub­aquatiques. Par aill eurs, les ri sques d 'acc i­dents ne sont pas exc lu s comme l'expl os ion survenue à l' usine Tota l de La M ède en 1992 . A insi, même si la tox ic ité des rejets a diminué, la po llu tion est bi en présente dans l'étang. Et ce, pour très lo ngtemps ca r les substances tox iques se sont accumulées dans la vase, et par vents dominants, e ll es sont remi ses en suspension et continuent à agir. Si bi en que la diminution des rejets po lluants n'a­méli o re pas de façon probante l'état de l' écosystème aquatique. La po lluti on atmosphérique pose encore p lus de pro­bl èmes que la po llu t ion des ea ux. Depui s plu s de v ingt ans, une acti on soutenue est menée en direc­t ion des raffineri es et des sites pétrochimiques du po urtour de l'étang. Pourtant, des bu ll etin s d 'alerte à la po lluti on soufrée sont réguli èrement émi s. L'ozone est auss i réguli èrement in c riminé. Ce gaz se fo rme par réacti o ns chimiques complexes assoc iées à une fo rte acti on du so leil. Systémat iqu ement, lo rsque le vent fa it défa ut, une alerte à l 'ozone est enreg istrée dans les v i Il es 1 itto rales ou vo isines de l' étang et l ' air po llué provoque des irri tat ions ocu­laires et respirato ires.

LA

MER FRAGILE

Pollution des eaux, contamination des sédiments, pollution atmosphérique et dégradation des paysages, l'industrialisation a profondément marqué le milieu aquatique et le pourtour de l'étang de Berre.

OCÉANORAMA N° 32 - DÉCEMBRE 2002 •

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LA MER

FRAGILE

La centrale électrique de Saint-Chamas utili se l'énergie mécanique des ea ux du cana l usinier. Leur rejet a une incidence énorme sur le plan d'eau· : entre 60 et 80% des matières en suspension, 70% de l'azote et 40% du phosphore qui pénètrent annuellement dans l'étang leur sont imputables. Les rejets domestiques sont à l'or igine d'une grande partie des apports en matière organique dans l'étang. La prise de conscience sur la nécess ité de réduire ces apports suite à une très forte augmentation de la popu lation, s'est tradui­te, en 1972, par la création d'un Schéma d'assainissement de l'étang de Berre. Ainsi, grâce à l'action de l'Agence de bassin Rhône-Méditerranée-Corse et des co llectiv ités loca­les, des stations d'épuration ont été construites. Mais la plupart d'entre elles ne sont plus aux normes. Les échéan­ces de mise en conformité avec les normes européen nes' s'échelonnent entre 1998 et 2005, en fonct ion de la taille des agglomérations et des ca ractéristiques du milieu récepteur. L'étang de Berre étant classé en zone sensible, les systèmes d'épuration des commu nes riveraines devaient théoriquement être mis aux normes dès 1998. Actue llement, sur les dix commu nes rivera ines de l'étang, seules les installations de Berre-l ' Étang, de Rognac et de Marignane sont en conformité. À ces déficiences des systèmes d'épuration s'ajoute sou­vent l' insuffisance des réseaux de collecte des eaux usées: certa ins quartiers d'hab itation n'y sont toujours pas reliés .

III INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE PAUL RICARD

La centrale hydroélectrique de Saint-Chamas. En 2001, deux milliards de mètres cubes d'eau douce, sont passés par ces conduites avant d'être déversés dans l'étang.

L.:impact des rejets

industriels, agricoles et

domestiques reste

préoccupant surtout l'été.

Quant aux eaux pluviales, il est extrêmement diffici le de quantifier la pollution qu'elles véhiculent compte tenu de la multiplicité des sources de pollution : en zone urbaine, on peut citer les véhicules à moteur (perte d'essence, d'huile, usure des pneus et des freins, gaz d'échappement. .. ), l' usure des revê­tements des chaussées, le less ivage des toitures métalliques par l'eau de pluie, les excréments des animaux, les déchets dans les rues, . .. Caractéristiques des cl imats médi­terranéens, les pluies d'août et de septembre, souvent violentes et précédées de périodes sèches, sont particulièrement préj udic iables à la qualité des eaux de l'étang. Ell es entraînent, via les rivi ères, un apport mass if de pollution dans l'étang suite à leur rui sse llement au niveau des zones industrielles ou urbaines. Les zones agricoles autour de l'étang

se situent principalement au niveau de la plaine du Canet et des Sa lins-de-Berre. Sur l'ensemble du bassin versant entre cultures maraîchères, céréa lières et v itico les, env i ~ ron 30 000 hectares sont exp loités . On dispose de peu d'informations sur la pollution engendrée par ce secteur d'activité, mais il semble que son impact sur l'étang soit faible en comparaison des autres sources polluantes.

6 - Le cana l EDF présente un débit de 200 à 300 m ' par seconde en hiver-printemps, nul à faible en été, avec une moyenne annuelle de 114 mètres cubes par seconde. 7 - La directive européenne du 21 mai 1991 stipule que les stations doivent avo ir un taux de col lecte supérieur à 70%, un tau x de dépollution supérieur à 55% et un tau x d'épuration minimum de 70% pour l'azote et 80% pour le phosphore.

ENFOUIS DANS LES SÉDIMENTS

les hydrocarbures constituent la poil ution tradi­tionnelle de l'étang. La contamination est dominante dans la partie sud avec des concentrations fré­quemment supéri eures à 1 %. Dans l'étang de Vaïne, les dernières concentrations, relevées en décembre 2000, éta ient inférieures à 0,32%. les PCB (Po lychlorobiphény les) sont abondants dans l'étang de Vaïne, au niveau de la M ède et au débouché du canal de Caronte. le lindane, composé ch imique utili sée dans cer­tains insecticides et pesticides, se rencontre plus particulièrement dans la zone de rejet du canal usi­nier, ce qui ne laisse aucun doute quant à l 'origine durancienne du produit. les métaux lourds : dans l'éta ng de Vaïne et en face de la Mède, la pollution métallique atteint des valeurs considérab les liées aux apports industriels et au piégeage dans les sédiments. L'accumu lation des métaux est favorisée par l'a noxie du milieu.

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ACTIVITÉS HUMAINES LA RICHESSE SACRIFIÉE Longtemps, les activités de pêche et de conchyliculture firent la prospérité de l'étang de Berre. Les coquillages abondaient (huîtres des Heures-Claires près d' Istres"), et la production des pêches était fru ctueuse. Au début du XX· siècle, on pouvait dénombrer quinze bordi gues qui fa isa ient vivre de nombreuses familles. Ces activités vont entrer en conflit d' usage avec l'activité industri elle et, finalement, péri cliter lentement. Déjà, en 1863, le surcreusement du canal de Ca ronte pour le passage des navires de commerce, entraîne les premières plaintes formul ées par le monde de la pêche: l'augmentati on de salinité fa it disparaître les phanéroga­mes d'eau douce. Ce ne sont que les prémices d'une industri ali sation qui progress ivement accentue sa pres­sion sur l'étang et sur son devenir. Dans les années 1930, la vocation industri elle de l'étang s'amorce véritablement avec l' implantation des raffineries Shell et Total. Le trafi c des hydrocarbures se développe, et les premières po ll utions apparaissent sous la forme de déversements acc identels de pétro le par les usines et les nav ires circulant dans l'étang. En 1938, l' inévitable se produit : un pétro lier arrache un oléoduc en relevant son ancre. C'est la première et la plus importante pollution acc identelle sur l'étang' . La marée noire qui s'ensuit provoque des manifestations de pêcheurs, las de voi r leurs poissons dépréc iés et refusés par les mareyeurs. La Seconde Guerre mondiale marque un arrêt de l'activité industrielle et notamment pétrolière. Mais en 1945, à l'heure de la reconstructi on, les pollutions s'accentuent. Il dev ient rapidement impossible de pêcher dans l'étang de Vaïne et le canal du Rove, tant il s sont souill és par les nappes d'hydrocarbures. Ailleurs, le déve loppement de la navigation de commerce rend périll euse la pause de filets. Les pêcheurs ont de plus en plus de di fficultés à écouler le produit de leur pêche ; la chair des poissons prend un goût de pétrole prononcé. La ressource halieutique diminue de façon spectaculaire; entre 1949 et 1956, les pri ses pas­sent de 708 tonnes à 376 tonnes par an. Dès lo rs, le conflit écl ate entre pêcheurs et indus­tri els: mani festati ons et procès se multi p lient et abou­ti ssent, en août 1957, à l' interdi cti on de la pêche dans l'étang de Berre, les pêcheurs ayant cédé leurs dro its d 'expl o itati on aux pétroli ers. La pêche est désormais interdite ... mais elle reste to lérée : une nuance d' im-

portance qui pr ive les pêcheurs de to ut recours léga l. Un certain nombre de déroga tio ns, d' une durée d'effet initi ale de d ix ans, furent ainsi accordées. Au Œrme de cette décad~ en 1970, sous la pres­sion des so li ic itati ons, le préfet accorde une to lérance pour la pêche aux anguill es, uniquement dans le grand étang. Cette

Cabanes de pêcheurs et pontons en bord

d'étang : témoignages de la prospérité d'une

activité aujourd'hui pénalisée par la

dégradation du milieu .

l 'altrait du plan d'eau reste évident pour

les activités nautiques.

Les analyses de la DDASS révèlent un aspect de l'eau et des plages souvent anormal sur l'ensemble du pourtour de l'étang.

LAMER FRAGILE

situati on ambiguë va perdurer jusqu'en 1994, date du rétab l issement du droit de pêche. Actuellement, la pêche est confrontée à un grand nombre d' incompatib ilités: variations de la salinité, "malai~

gues", production de tox ines, asphyx ie, pauvreté du milieu naturel et envasement du fond de l'étang .. . Par ailleurs, les fortes concentrations en polluants freinent le bon développement des espèces : la reproducti on et le renouve llement des popul ati ons ne s'effectuent plus cor­rectement ; juvéniles et adultes sont très contaminés. Ainsi, les taux de po lychlorobiphényle ' O (PCB) dans la chair des poissons sont les p lus élevés du littora l fran­ça is. Les va leurs relevées dans la chair des muges de l'étang de Bo lmon ont d 'a ill eurs entraîné l' interd icti on de leur pêche. Les teneurs en plomb et en cadmium avoisinent celles rencontrées chez les poissons de la mer du Nord ou de la Ba ltique, et il n'est pas rare de pêcher des anguill es présentant des nécroses et des ulcérations, ou d'autres espèces à la co lonne vertébrale déformée et décalc ifiée.

8 - Istres proviend ra it d'ail leurs du mot latin Ostrea : huître. 9 - Une autre ma rée noire se produira en 1952. 10- Molécu le dont la décomposition peut produ ire des diox ines.

OCÉANORAMA W 32 - DÉCEMBRE 2002 •

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LAMER FRAGILE

La diminution des prises ne concerne pas de la même manière toutes les espèces: certaines sont sensibles à la pollution, c'est le cas des anguilles et des loups; d'autres, comme les muges supportent les cond itions extrêmes de l'étang. Malgré leur raréfaction, les angui ll es rep résentent encore 44% des prises actuelles : commerciali sées aux Pays-Bas, ell es sont consommées fumées après un séjour dans des eaux bien oxygénées. La conchylicu lture, quant à elle, reste interdite dans l'étang; la produdion serait dangereuse pour le consommateu r. Le nautisme représente une grande part des activ ités tou­rist iques sur le pourtour de l'étang. La plaisance dispose de 2 300 anneaux à Istres, Martigues et Saint-Chamas.

Certa ins clubs nautiques développent la pratique de la vo ile, de l'av iron, du kayak et de la planche à vo ile. Par contre, les activités ba lnéa ires sont plus pénali sées. Pen­dant la saison estivale, comme sur toutes les plages du lit­toral, la Direction départementale des Affaires sanitaires et sociales (DDASS) assure des mesures hebdomadai res de la qua li té des eaux de baignade sur les plages de l'étang. Les observati ons et les prélèvements effectués concernent l'aspect de la mer et du rivage : odeurs anormales, pré­sence d' huile, de mousses, d'a lgues tox iques dans l'eau ; de goudrons et de déchets su r la plage. Se lon ces critères, l'aspect de l'eau et des plages s'avère souvent anormal sur l'ensemble du pourtour de l'étang de Berre.

QUEL AVENIR POUR L'ÉTANG DE BERRE?

le tunnel du Rove. l 'ouvrage, long de

7 kilomètres, achevé en 1925, s'est effondré

en 1963. Situé sur la route maritime entre

Marseille et le Rhône, il éta it

emprunté chaque jour par une vingtaine

de navires .

Trois des cinq solutions de dérivation

des rejets EDF retenues par le

GIPREB. la quatrième solution (non

représentée) propose la fermeture du canal usinier et l'arrêt de la

centrale de Saint­Chamas avec création

d'une nouvelle unité hydroélectrique sur la Durance. la dernière

solution consiste à diminuer le débit du canal usinier et,

à terme, de faire fonctionner la centrale

en circuit fermé en ramenant les eaux

turbinées en amont par pompage.

Confl its d' usage, activités humaines aux intérêts diver­gents, l'étang de Berre est au centre des préoccupa­ti ons et des débats. En 1991, la pres­sion de la popula­tion est si forte que les communes rive­ra ines lancent un référendum portant sur l'arrêt des rejets d'EDF. Cette forte mobilisation tradu it une vo lonté: limi -

ter les apports d'eaux douces pour redon­ner un caractère marin à l'étang. Elle aboutit en 1 993 à la

visite du ministre de l' Envi-ronnement, M ichel Barn ier, qui propose un

plan de réhabi litation en deux phases. Dans un premier temps, une Mission pour la reconquête de l'étang de Berre est mise en place. Jusqu'en jui llet 2000, elle est chargée, entre autres, d'un suivi écologique de la zone. Dès 1994, cette première étape a conduit EDF à rédui ­re ses apports d'eau douce (15%) et à limiter l'apport en limon à deux grammes par litre. Les quantités de limon rejetées qui éta ient de 400 000 tonnes par an en 1966, ont été réduites de moitié en 1994. Aujourd'hui, elles atteignent 100 000 tonnes par an. l'année 2000 marque une nouvelle étape du p lan cie reconquête avec la création du Groupement d 'intérêt public pour la réhabilitation de l'é tang de Berre (G /PREB). Cet organ isme rassemble État et étab lisse­ments publics; co llectiv ités territori ales; profession­nels, usagers et assoc iations. De 2000 à 2006, l'objec­tif de sa miss ion est de "rendre son caractère marin à l'étang de Berre" . Sa tâche consiste à mettre en p lace un programme d'act ions d'assainissement et de reva lo­risation de l'étang, en concertation avec toutes les par­t ies prenantes.

• INSTITUT OCÉANOGRAPHI QUE PAUL RICARD

PROGRAMME DU GIPREB DEUX AXES MAJEURS

• Dérivation des rejets de la centrale hydroélec­trique de Saint-Chamas afi n de stopper les apports d'eau douce ;

• Réouverture expérimentale du tunnel du Rove à la couranto logie dont le but est de rétablir progres­sivement une circu lation des eaux efficace dans les étangs de Bo lmon et de Berre. Dans cette optique, une étude d' impact est actuel­lement réa lisée. Un impératif de taille guide ces tra­vaux: il ne faut aucun retour des eaux de l'étang vers la rade de Marseille.

Le G/PREB tra­vaille éga lement sur d'autres points comme la lutte contre les pollutions urbai­nes, industrielles et agrico les, avec notamment : • La mise en conformité des sta­tions d'épuration

• L'élaborat ion d' un contrat d'étang fi xant des object ifs en terme de qua lité des eaux, de valorisation du milieu et de ges­tion équilibrée de la ressource en eau.

Rejet dans le Rhône par souterrain et cana l

Rejet dans l'embouchure du Rhô ne, par souterrain

1 1 ,

Rejet en mer, aprè~ le Golfe de Fos, par souterrain

Source: Cl PRES

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La reconquête de l'étang de Berre est aujour­d' hui engagée. La Direction régionale de l'Environnement (DIREN), en tant que repré­sentant local de l' État, est assoc iée à cette politique de reconquête, en co llaborat ion

avec d'autres serv ices déconcentrés. La tâche est immense : ell e do it prendre en compte les compo­sa ntes paysagères, historiques et donc humaines, mais éga lement écologiques. Quell es seront les or ientations du C IPREB, et quell es mesures seront déc idées par les diverses parti es pre­nantes ? Comment assurer le retour à un étang à affi­nités marines? En l'état actuel, malgré tous les efforts consenti s par les industriels et par EDF, la qualité de l'écosystème est toujours mauvaise, et le demeurera longtemps . Les po lluants accumulés au fond de l'étang depuis des décenn ies conti nuent à agir en synerg ie. À chaq ue coup de vent, les limons déposés depu is la mi se en serv ice de la centrale sont remi s en suspension et ren­dent l'eau turbide. La v ie, limitée à un petit nombre d'espèces, n'ex iste plus qu'en bordure. Pour lutter contre l'eutrophisati on chronique, la pre­mi ère mesure à prendre serait de réa liser une épura­tion effective de tous les rejets urbains en mettant aux normes européennes toutes les stations d'épuration des communes littorales . Cela n'empêchera pas les cours d'eau qui se jettent dans l'étang de continuer à charri er leur lot de po llutions et le problème ne sera pas totalement résolu. La réouverture totale du tunnel du Rove à la naviga­tion est, à mon sens, une aberration. Le vent dominant (mistra l) favoriserait à coup sûr la sortie d'eaux pol­luées vers le golfe de M arse ill e, au nivea u du site de Corbière, récemment réhabilité et d'excell ente quali ­té. De plus, la restauration de ce tunne l effondré en 1963 ne pourrait être rentabl e au plan économique que si elle étai t corrélée à la constructi on du canal Rh in-Rhône. Finalement, cette so lu tion extrêmement coûteuse n'apportera it pas d 'amélioration notable à l'écosystème de l'étang, et tout au contraire, ell e contribuerait à " tirer la chasse" dans le golfe de M ar­se ille. Il semble que cette éventualité ait été aba ndon­née au profit d'une so luti on alternative moins dras­tique. Ell e mettrait en œuvre un pompage autor isant uniquement la c irculation d'eau dans le sens M éd iter­ranée - étang de Berre pour respecter l'environnement de la rade de Marsei lle.

LAMER FRAGILE

On m' interpelle souvent: "Que faut-il donc fa ire pour sauver l'étang de Berre ?" Je réponds souvent par une boutade que d'aucuns prennent au premier degré: /Iii faut le fermer, le vider, le récurer et le remplir avec de l'eau propre autant que possible ! Eau douce, eau salée, cela peut se discuter !"

Vaste programme ! Plus sérieusement, on pourra toujours améliorer la situation, diversifier les activités, mais chassons toute illusion, on ne retrouvera plus la richesse qui était celle de l'étang de Berre au début du XX' siècle. Le choix industri el qu i date de 70 ans, est ce qu ' il est: irréversib le.

THE ETANG DE BERRE

Pr Nardo Vicente

Reclaiming a degraded area

The Etang de Berre (Berre Lagoon), situated in the south of France near Marse illes, is a vast stretch of water opening into the Mediterranean Sea : an area of 15 500 hectares and a volume of 900 million cubic metres. The lagoon is the point of contact between the sa lt seawaters and fresh water of continental ori gin, and is a delicately balanced environment that is eas ily upset by human pressure. ln the earl y 1900s, the biologica l population of the lagoon was ri ch and va ri ed. Fi shing and aquaculture still provide a livelihood for many fami ­lies, but these activiti es were gradually jeopardi sed by the degradati on of the environment. In the course of the 20th century, the lagoon became a dumping ground for po llutants linked to populati on growth in its catch­ment area and the industri alisati on of its shores (refineri es, petrochemica l plants). Another cause of disturbance was the dev iati on of the waters of the river Durance, undertaken in 1966 to feed a hydroe lectric power stati on. After passing through the turbines, more than three billi on cubic metres of water are discharged into the lagoon each yea r. The impact of the drop in sa lini ty caused by thi s input of fresh water is aggravated by the huge va ri ations in the fl ow rate in relation with the seasonal electri city requirements. Today, the rehabilitation of thi s stretch of water is under way, with one aim: to restore its marine character by putting end to the inpu ts of fresh­water. But ca n the so lutions proposed save the lagoon? There is of course always the hope that the situati on might improve, that there might be more diversificati on of business activiti es, but it is no use labouring under illusions: we w ill never red iscover the ri chness that was to be found in the Etang de Berre at the beg inning of the 20th century. In the present state of affairs, desp ite the effort agreed to by the industri es concerned and by EDF (Electricité de France), the quality of the ecosystem is still poor and likely to remain so in the foreseeable future. The pollutants accumulated at the bottom of the lagoon continue to act in synergy. W ith each gale, the silt depos ited since the opening of the power station is stirred up and resuspended, making the water turbid. W hat 1 ife there is 1 imited to a few spec ies around the edges.

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ou sommet de la col li ne, la petite v ille offre un étrange spectacle de déso lation . L'imposante structure de traitement du minerai de fer domine

comme un monstre de ferrail le roui llée d'où s'élèvent chem inées, miradors et tapis rou lants sur pi lotis. On se croirai t Whyalla FAlSE BAY

dans l'univers fantastique des bandes dessinées de Blake 8· Mortimer. La vi lle en bordure de mer est uniformément recouverte d'un linceu l de pous­sière rouge ocre, comme une aura d'austérité qui vo ile éga lement bateaux et voi liers de la petite marina. ous sommes à Whyalla , au nord du golfe de Spencer, dans un coi n reti ré de l'Australie du Sud . C'est l' hiver, le temps est maussade.

Pourtant, dans ce paysage qui n'i nspire en rien des vacan­ces romantiques, un évènement annuel d'exception vient rompre la monotonie des lieux : le rassemblement d'une centa ine de milli ers de se iches qui , d'avril à septembre, choisissent de venir se reproduire en toute quiétude, dans les eaux ca lmes de False Bay. Une manne pour les pêcheurs locaux qui profitent de l'occas ion depuis long­temps. Une véritab le héca tombe à laquelle les autor ités ont enfin reconnu la nécess ité de mettre fin. Une aire com­prise entre le phare du Point Lowly, la jetée de Port Bony thon et la jetée de Whyalla est maintenant protégée du l e, mars au 30 septembre, pour le bonheur des "conser-vationists" et des plongeurs. Ayant eu vent de la chose au cours de plusieurs séjours en Australie du Sud, j 'a i finale-ment décidé une fois pour toutes d'en avoir le cœu r net.

Face au plongeur, un mâle s'interpose entre un jeune prétendant (au premier plan) et une femelle (en arrière plan).

Têtes et tentacules émergent comme des périscopes, d'entre les rochers et algues brunes.

LA _MERÀ

DECOUVRIR

Port Augusta

Un matin de la fin août, bien que la saison so it avancée, je ne désespère pas de trouver mon bonheur. Un grand gai llard à tignasse blonde, Mark Snadden du "Divers Service" d'Adelaïde, organise un week-end pour aller à la rencontre de ces céphalopodes. Il me donne rendez­vous à Santos, non loin de la jetée de Port Bony thon, à quatre heures de route au nord d'Adelaïde.

La piste en terre battue longe une clôture grillagée avant d'arriver à destination. Mark, debout à côté de son bus, m'annonce que les autres plongeurs sont déjà dans l'eau. Le vent souffle, il fait plutôt fr isquet pour enfiler la combinaison de 5 mm. La cagou le est impérative. je progresse prudemment le long de la clôture qui s'enfon­ce dans l'eau cr istalline. Le littoral est composé de gros ga lets de granit rose sur lesque ls j 'essaie de ne pas glis­ser. L'eau est limpide, la température marine, saisissante à 11 °C, est pour le moins tonique. -" Descends à une profondeur de cinq mètres et suis la côte en direction de la jetée 1. .. ", me crie Mark. j'exécute ses recommandations à la lettre et me retrouve peu après sur un fond de sable couvert d'a lgues et d'herbes marines. Comme des champignons de lumière, de grosses ascidies blanches ou tigrées ponctuent le panorama subaquatique. De charmants crabes globe-trotteurs bleus, courent en zigzag, leurs pinces grandes ouvertes en signe de bienvenue. Un quart d'heure plus tard, toujours pas de seiche en vue. La jetée semble encore lointaine, malgré le léger courant qui m'y amène.

je décide de faire demi-tour et survole le fond rocheux dans la zone des trois mètres. Passablement dépité, j'en ai même oublié la raison de ma venue. Puis, ... surprise !. .. comme par enchantement, je découvre une petite seiche sagement au repos dans un creux de rocher. Tachetée de brun, rouge et jaune, elle ne ressemble en ri en aux seiches tropica les de l' indo-Pacifique. Elle me laisse faire quelques photos sans cligner des yeux ... Le modèle idéal. jetant un œil alentour, je m'aperço is avec stupéfaction que l'on m'observe.

u l le ell pôÇ1<-' /6

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THE CUTTLEFISH OFWHYALLA Whyalla, to the north of Spencer Gulf, in a remote corner of South Australia. Each year, from April to September, the monotony of the site is broken by an extraordinary event: a hundred thousand giant cut­tlefish, Sepia apama, choose the tranquil waters of False Bay to come and breed . To attract the atten­tions of a female, the males flaunt their charms in a fantastic display of colour, spread tentacl es, puffed out veils, darting chases and sudden halts. The duels for the conquest of a mate are violent, and some of the younger males adopt the appearance of females to escape notice by the dominant large males. The mating season is a period of fierce com­petition, and ifs no holds barred ...

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LA .MERÀ

DECOUVRIR

Mâle dans une attitude de défi.

Accouplement de seiches géantes

australiennes, Sepia apama

(mâle à gauche).

Les jeunes mâles se

parent des attributs des

femelles pour infiltrer les lignes de défense des

grands mâles .

La parade des seiches géant:es

Têtes et tentacu les émergent, comme des périscopes, d'entre les rochers et algues brunes. je compte une trentaine de seiches, en petits groupes de deux ou trois individus sur un parterre rocheux d'une vingtaine de mètres ca rrés.

Rassurées sur mes intentions pacifiques, deux se iches s'approchent à longueur de bras. je tends deux doigts recourbés en guise de bienvenue. Les présentations sont faites, les deux céphalopodes en font autant, s'effleurant dél icatement de leurs tentacules. Le mâle se pare sou­dain de couleurs chatoyantes et électriques, qui ondu­lent tout au long de son corps, en vagues d'excitation non contenue. Les deux seiches s'entrechoquent alors de front, appendi ces entrecroi sés. Le mâle projette vio lem­ment son tentacu le inséminateur dans le réservoir sper­matique de la feme lle. Tout se passe très vite. j e v iens d'assister à une copulation in vivo. Un peu plus lo in, deux mâles se d isputent les attentions d' une femel le : il s ri va li sent de charme et de séduction, dans une fantas­magori e de couleurs, de tentacu les déployés, de voi les gonflés, de courses-poursuites et d'arrêts brusques. Le spectacle est pour le moins ani mé.

La se iche géante australienne, Sepia apama, peut atte in­dre 75 centimètres de long, pour un poids de c inq kilos. Cest l'espèce la p lus répandue dans le golfe de Spencer où elle occupe les fonds rocheux aux eaux cla ires jus­qu 'à une profondeur de 30 mètres. D'ordinaire, ce sont les mâ les dominants (autrement d it les plus gros et les plus forts) qui s'accouplent avec un maximum de feme l­les en ju illet, au p ic de la saison de reproduction . Les recherches du Dr Mark Norman, un éminent spéc ia­li ste de l'Un iversité de James Cook, à Townsville (Queensland), font apparaître que les jeunes mâles qui n'ont aucune chance d'obten ir une feme lle par la force, adoptent une stratég ie alternative. Ils se parent des attri­buts des feme lles pour infil trer incognito les lignes de défense des gros mâles. Dans un artic le du "New Scientist Maga zine", le sci entifique décrit comment la se iche géante, pour év iter de se faire manger, est capa­ble de changer de forme, de cou leur et de texture. Une facu lté que l'on retrouve éga lement chez d'autres cépha­lopodes comme le ca lmar et le pou lpe. La se iche géante utiliserait donc cette facu lté d'arlequin, rétractant sa "toi le" le long des bras, puis changeant la cou leur et les dessins de sa peau dans le but d' imiter l'apparence de la

• INSTITUT O CÉANOGRAPHIQUE PAUL RI CARD

feme lle. Une fois franch ie la ligne ennemie, la jeune seiche retrouve son ramage de mâle et commence sans tarder son jeu de parade. Celui-ci se traduit par des "flashs" de bandes noires et blanches sur tout le corps, visant à attirer une par­tena ire du sexe opposé. Les femel les ont en général un corps moucheté. Si les jeunes rusés sont découverts par les vieux mâles, ils reviennent aussitôt à une robe de couleur plus dis­crète, pour éviter une confrontation dont ils sortiraient va in­cus. Ces mâles travestis sont-ils des individus de petite taille ou simplement des jeunes? Abandonnent-ils cette technique de camouflage "croisé" lorsqu' ils deviennent plus gros et lorsqu' il s sont capables de se battre pour conquérir une compagne ? Il reste encore beaucoup à apprendre sur ces animaux au comportement si complexe.

Pierre Constant

Pour plonger avec les seiches en Australie du Sud

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De l'auteur. vient de paraïtre

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L'espérance de vie des seiches, comme celle de la plupart des céphalopodes,

n'est que d'une année et demie à deux ans. les femelles meurent rapidement après la ponte.

Quelques mois plus tard, les œufs abandonnés libèrent une nouvelle génération

pour un nouveau cycle.

Page 29: Océanorama n° 32

• Embranchement des Cnidaires • Classe des Anthozoaires • Sous-classe des Octocoralliaires • Ordre des Gorgonaires • Famille des Coralliidés • Genre, espèce: Cora/lium rubrum

(Linné, 1758) • Nom vernaculaire: corail rouge

RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE

.. -. . . 1& .' .' ': ' ..•

MÉDITERRANÉE : BASSIN OCClD,EN,TAL ET ADRIATIQUE, TRÈS RARE DANS LE BASSIN ORIENTAL (MER EGEE). QUELQUES SIGNALISATIONS EN ATLANTIQUE, DU SUD DU PORTUGAL AU (APVERT

• Embranchement des Vertébrés • Super-classe des Poissons • Classe des Ostéichtyens • Ordre des Perciformes • Famille des Labridés • Genre, espèce: Coris ju/is

(Linné, 1758) • Noms vernaculaires: girelle,

girelle commune, girelle royale

RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE

MÉDITER RA ÉE Y CQMfRIS LE Sup DE LA MER NOIRE. ATLANTIQUE : DU GOLFE DE GUINEE A LA ORVEGE, MAIS RARE AU NORD DU GOLFE DE GASCOG E.

• • • • . -

Page 30: Océanorama n° 32

CORAIL ROUGE HABITAT Espèce sc iaphile, le corail rouge ne se développe que dans des zones faiblement éclairées qui, sans être totalement obscures, reço ivent une quantité de lumière inférieu­re à 1 % de la lumière incidente de surface. Autre caractéristique des milieux favora­bles à sa croissance : les courants, néces­sa ires à son mode d'a limentation, doivent rester fa ibles. Ces ex igences strictes limitent la présence du corail rouge à des lieux bien préc is : pla­fonds et fonds de grottes, faill es, surplombs rocheux, paro is vertica les profondes. Rare à moins de la mètres et à plus de 200 mètres de profondeur, Cora Ilium rubrum trouve des conditions de vie idéa les vers 80 à 100 mètres.

DESCRIPTION Le corail rouge est un an imal colon ial formé de polypes qui édifient un squelette arborescent fixé sur un substrat dur. Les polypes rétractiles sont de cou leur blan­che. Ils possèdent huit tentacul es portant les ce llules urticantes caractéristiques de l'embranchement des cnidaires. Les poly-

GIRELLE HABITAT La girelle vit dans les eaux littora les, depuis la surface jusqu 'à plus de 100 mètres de profondeur. Ell e affectionne les fonds rocheux couverts d'a lgues et les herbiers de posidonies.

DESCRIPTION Le corps est allongé, fusiforme (15 centi ­mètres pour les gi relles communes, 25 cen­timètres pour les girell es royales). La tête, petite et conique, ne porte pas d'écailles. Les nageoires dorsa le et anale sont très lon­gues. La audale est arrondi e. Formule des nageoires: D : VIII - X + 11 -12 ; A : III + 11 - 12 (*).

La co loration est différente selon le sexe et l'âge. Les juvén iles, les femelles et les mâles primaires portent la livrée initiale caractérist ique de ce que l'on appelle la girelle commune : le dessus du corps et de la tête sont marron à rouge foncé, les fl ancs plus clairs sont séparés du ventre blanc­jaunâtre par une bande longitudina le jaune. Une petite tache bleue orne l'oper­cule. Les grands mâl es, appelés girell es

(*) : D (nageoire dorsale) : VIII - X (8 à 10 rayons épi­neux) + 11 - 12 (11 à 12 rayons mous) ; A (nageoire anale) : III (3 rayon épineux) + 11 - 12 (11 à 12 rayons mou s) .

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pes de la co lonie commun iquent entre eux grâce à un réseau de canaux parcourant le tissu qui recouvre le squelette. Ce dernier, formé par la fusion de sp icules calca ires, est très résistant et d'une belle couleur rouge (parfois rose ou blanche) . Les plus grandes branches peuvent dépasser 50 centimètres. Dans certaines cond itions limites: lumière excess ive, courant trop violent, le cora il peut pousser en plaques.

BIOLOGIE ET COMPORTEMENT Le corail rouge capture des proies plancto­niques grâce aux ce llul es urticantes (cnido­cystes) portées par les tentacu les des poly­pes. Il peut également absorber de la matiè­re organ ique dissoute contenue dans l'eau. Les sexes sont séparés. La reproduction a lieu au début de l'été: les mâles libèrent les spermatozoïdes qui nagent jusqu'aux poly­pes feme lles pour en féconder les ovu les. Après environ un mois d' incubation, une larve ciliée, appelée planula, sort par l'orifi­ce unique du polype. Cette larve nage pen­dant une à deux semaines à la recherche d'un substrat favorabl e où se fixer. La crois­sance de la co lon ie est très lente, de l'ordre de quelques millimètres par an. La beauté et la robustesse du squelette ca l-

royales, arborent la livrée terminale : le haut du corps et de la tête est bleu ou vert­olive, parfois gris-brun . Le ventre est blanc nacré, surmonté d'une bande en zigzag orange à rouge et bordée d'une ligne bleu­vert. Une tache allongée, noire ou bleue foncé, se trouve à l'arrière des nageoires pectoral es. On retrouve également chez ces grands mâles la petite tache opercu laire bleue.

BIOLOGIE ET COMPORTEMENT

Les girelles sont des poissons hermaphrodi­tes protogynes, c'est-à-dire que d'abord femelles, elles changent de sexe au cou rs de leur vie. Les mâles secondaires, issus de l' inversion sexuelle, sont territoriaux : il s vei llent sur un groupe de feme lles avec les­quell es ils assurent la reproduction de l'espèce. La fécondation se produi t au prin­temps ou en été, mâles territoriaux et femelles libèrent leurs produits génitaux

ca ire font du corail rouge un matériau pré­c ieux, recherché en b ijouter ie depu is 25 000 ans. "L'or rouge", d'abord récolté à l'a ide d' un engin très destructeur, la croi x de Saint-André, est ma intenant récolté essen­ti ellement en plongée avec scaphandre autonome. Les essa is de culture et de bou­turage réa lisés dans la Réserve marine de Monaco permettent d'env isager une alter­native ou un complément à la pêche.

AQUARIUM Très diffi c il e, l 'acc limatation du corail rouge en aquar ium est déconseill ée à l'a­mateur. Elle est cependant envisageable en fixant les co lonies sous des surp lombs bi en ombragés et bénéfic iant d' un courant régu­lier. La température doit être maintenue entre 13 et 16°C. La nourriture, plancto­nique, sera distribuée dans le courant.

Patrick Lelong Responsable du département Aquarium

ICARD

près du fond après des parades sexuelles. L'œuf et la larve sont planctoniques . En permanence en mouvement, les girelles nagent à proximité du fond à la recherche de petits invertébrés : crustacés, vers, mol­lusques ou échinoderm es. On les trouve parfoi s en train de déparasiter des poissons de plus grande taille. À la tombée de la nuit, lorsque la tempéra­ture est trop basse ou lorsqu'e lles sont effrayées, les gi rel les s'ensab lent.

AQUARIUM Le maintien des girell es en aquarium est très facile. Il fa ut prévoir un fond sab leux de dix à quinze centimètres d'épaisseur afin de permettre leur enfoui ssement noc­turne. Une eau tempérée convient parfa ite­ment, en dessous d' une quinzaine de degrés, elles disparaîtront dans le sab le. Les girelles cohabitent avec des poissons de taille équivalente ou supérieure et avec des invertébrés robustes. Elles sont peu exi­geantes pour la nourriture : moules, crus­tacés et vers dilacérés.

Patrick Lelong Responsab le du département Aquarium

1 1 OCEANOGRAPHIQUE

PAUL RICARD

Page 31: Océanorama n° 32
Page 32: Océanorama n° 32

LA% .MERÀ DECOUVRIR~

L:::,.

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l'appareil bucca l original a donné

son nom à la fa mille dont fait partie l'hippocampe,

celle des syngnathes : du grec sun (ensemble) et gnathos (mâchoire).

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• INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE PAU L RICARD

la tête fait un angle de 90° avec l'axe du corps, conférant à l'animal son profil de pièce d'échec.

Animal singulier, l' hippocampe se décline néan­moins au pluriel : des di za ines d'espèces ont été recensées et, certainement, bien d'autres restent encore à découvrir.

Son anatomie et surtout son mode de reproducti on, longtemps sources d' interrogati ons pour les biologis­tes, en font un animal unique. Du groupe des po issons auquel il apparti ent, l ' hippocampe se démarque par l'absence de nageoires pe lv iennes et par la présence d' une queue préhensile en li eu et place de la nageoi­re caudale. Pour ses dépl acements, l ' hippoca mpe a adopté une pos ition verti ca le. Sa nage est lente et peu efficace contre les courants. Elle est assurée pa r des ondul ati ons rapi des de la nageoire dorsa le et, à un degré moi ndre, par l'action des pecto ra les, juste en arri ère de la tête, qui part ic ipent essentie llement à la stabili sati on. La queue, représenta nt env iron la mo itié de l'animal, est utili sée comme un balanc ier pendant les phases de dépl acement, mais la p lupart du temps ell e permet simplement à l' hippoca mpe de se tenir accroché à un support. La bouche est con sti tuée pa r un tu be p lus ou mo ins long se lo n les espèces . Les b ranchi es, en arri ère des yeux, o nt une confo rm ati on parti cu 1 ière, éga lem ent propre à la fa mill e des syngnathidés : e ll es s'o uvrent ve rs l'extéri eur par un t rou v isib le au-dessus des opercul es. Enfin, contrairement à ce ll e de la p lupart des po is­sons, la pea u de l' hippocampe n'est pas recouverte d'éca illes mais de pl aques osseuses formant les ca rè­nes angul euses d' une vér itabl e armure .

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le poisson-aiguille fan­tôme, So/enostomus paradoxus, appartient à la famille des Solenostomidae. Chez ces animaux proches des hippocampes, c'est la femelle qui incube les œufs.

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Chez cet autre pseudo-hippocampe, le dragon de mer, Phyllopteryx taenio/atus,

le mâle conserve la ponte simplement accrochée sous la queue.

OCÉANORAMA W 32 - DÉCEMBRE 2002 III

Page 34: Océanorama n° 32

LA .MERÀ

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Côté reproduction, il faut attendre le Xlxe siècle pour que le monde scientifique interprète correctement les observations

-PLAN ETE HIPPOCAMPE

Les hippocampes sont mi croph ages : leur rég ime al i­mentaire est composé de proies minuscules, alev ins de poisson ou petits crustacés. La recherche de nourriture occupe une grande partie du temps de l'animal. L'approche d'une proie est lente, l' hippocampe ava nce tête baissée, suivant des yeux sa victime. Arr ivé à bonne portée pour s'en sa isir, le mouvement s'accé lère : la tête se relève brusquement et projette en avant la bouche protractile largement ouverte. La proie est littéralement aspirée.

Côté reproduction, tout se complique et il faut attendre le XIX· siècle pour que le monde scientifique interprète cor­rectement les observations. Entre hermaphrodisme et vivi­parité, de nombreuses théories erronées ont été soutenues avant d'être démenties. Mais il faut le reconnaître, le sujet est unique, sans équivalent connu alors dans le règne ani ­maI. La femelle dépose sa ponte dans la poche incubatrice du mâle, les ovu les y sont fécondés puis conservés jusqu'à l'éclosion. Durant l' incubation, la paroi de la poche du mâle développe des vill osités riches en capillaires qui fin is­sent par iso ler chaque œuf fécondé dans une alvéole. Une sorte de placenta, alimentant les embryons en substanœs nutritives.

les deux espèces méditerranéennes Hippocampus hippocampus (à droite) et H. ramulosus (ci-dessous) sont inscrites à l'annexe Il (espèces de faune stric­tement protégées) de la "convention relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l'Europe" dite Convention de Berne (juillet 1999).

• INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE PAUL RICARD ~)

Page 35: Océanorama n° 32

Parade nuptiale en Méditerranée

À la fin de l ' hiver, dans le bassin de l'étang de Thau, en M éditerranée nord-occ identale, la température de l'eau augmente, les journées ensole illées s'a llongent. Pour les hippocampes, la saison des amours commence. Parades, courbettes et changements de cou leur préludent à la for­mation des coup les, qui resteront unis toute la sa ison, et dit-on . .. jusqu'à la mort de l' un des partenai res. Au cours la parade nuptiale, les hippocampes produ isent des cl iquetis en secouant leur tête et en faisa nt "sonner" les plaquettes osseuses de leur corps.

Le mâle arbore pour l'occasion une parure dorée. Près pour l'accouplement, il exhibe sa poche ventrale large­ment ouverte. La feme lle y dépose ses œufs; la poche du mâle peut en contenir des centaines. L'incubation dure entre troi s et ci nq sema ines en fonc­tion de la température de l 'eau. À son terme, l' hippo­campe se laisse tomber sur le fond. Il se tord, se conto r­sionne en tous sens et re lève la queue à interva lles régu­liers. Ces mouvements v io lents entraînent l'ouverture de la poche qu i fi ni par s'entrebâil ler. Quelques alev ins sortent alors par cet orifi ce et s'en éloi­gnent en nageant. De nouveaux mouvements de contorsion vont fac i 1 iter de nouvel les expul sions qui se succèderont jusqu 'à ce que la poche so it v ide.

Les nouveau-nés mesurent une dizaine de millimètres; ils ont déjà la forme adulte, mais leur corps reste transparent. Déséquilibrés, queue par-dessus tête, ces hippocampes miniatures s'accrochent au premier sup­port qu ' ils trouvent, le temps d'adopter la posture cava­lière propre à l'espèce. Puis ils montent à la surface pour y gober la bulle d'a ir qui leur permettra de gonfler leur vess ie natatoire'.

Pour ces animaux fragiles, c'est le début d'une vie auto­nome et pleine de dangers : le taux de morta li té durant les prem iers instants de la v ie est très élevé. Heureuse­ment, leur cro issance est rap ide : bientôt leur peau se couvre de pigments et les plaques osseuses commencent à se dessiner. À six ou huit mois, il s auront atteint la matu­rité sexuelle. Le cycle biologique pourra recommencer.

* Organe commun à la plupart des poissons, la vessie natatoire est une poche contenant un mélange gazeux. À la manière d' un ballast, son rôle est d'assurer au poisson une flottab ilité neutre. Chez le jeune hippocam­pe, elle est en relation avec l'œsophage et doit être remplie une premiè­re fois d 'air prélevé en surface. Plus tard, les variations de vo lume de cette poche se feront grâce aux échanges gazeux autori sés par la paro i de la vessie.

LA .MERÀ

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De la Méditerranée à l'étang de Thau, l'hippocampe moucheté (le plus commun, Hippocampus ramu/o­sus) peut revêtir diffé­rentes robes : rouge, brun, jaune. Il présen­te le plus souvent de nombreux filaments cutanés sur la tête. Sa taille maximale est de 16 cm.

Le couple, restera

uni toute la saison,

et dit-on . .. jusqu'à la

mort de l'un des

partenaires .

OCÉANORAMA W 32 - DÉCEMBRE 2002 •

Page 36: Océanorama n° 32

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l'hippocampe pygmée, Hippocampus

bargibanti. Cet animal de petite taille et aux

mœurs discrètes est difficile à découvrir

dans son milieu naturel en raison de

son immobilité et de son art du camouflage.

Chance et patience sont les alliées indispensables

du photographe.

Remerciements aux Photographes qui ont participé à l'iconographie de cet article:

SOS hippocampes La population mondiale d'hippocampes subit de multi­ples agressions . Ell e est en baisse constante. Des pêcheurs travaillant dans des secteurs tests de c inq pays estiment que le nombre de "chevaux de mer" a diminué de 50% en c inq ans.

Une parti e des responsabilités repose sur les pratiques de la pêche industrielle : les crevetti ers et chalutiers captu­rent par erreur dans leurs filets des milliers d'hippocam­pes. Dégradation, vo ire disparition des hab itats naturels (réc ifs co rail iens, mangroves, algues, phanéroga mes marines des estuaires) constituent un autre facteur de la raréfact ion des hippoca mpes.

Plusieurs centai nes de milliers de spéc imens sont éga ie­ment destinés à des aquariums privés ou publics. Mais, c'est en Asie que les "chevaux de mer" ont une impor­tance économique considérable: les médec ins chinois les uti 1 isent séchés dans la préparation de nombreux médicaments ; certai ns praticiens japona is et coréens agissent de même.

La consommation mondiale d' hippocampes aura it ai nsi dépassé la barre des vingt millions d' ind iv idus par an en 1995 et continuerait à progresser. Les plus gros importa­teurs sont de très loin la Chine, puis Hong Kong et Tai wan. Les principaux exportateurs sont la Thaïl ande, le Viêt-Nam et l' Inde. En tout, une ci nquantaine de pays, parmi lesquels la France et les USA, parti c ipent à ce commerce.

Mauro Bernasconi, Charles Coulanges, Henri Cosquer, Jean-Louis Ferretti , G illes Gras, Robert Hauswirth, Dominique Louis, Marc Morand, Lionel Pozzo li, Patrick Ragot,

Bernard Rothan, François Scorsonell i, Jean-Raphaël Tordoi r, Davide Vezzaro, Jean-Claude Zaveronni.

Pour tenter de préserver les popu lations d'hippocampes, une équipe canadienne a entrepri s de gérer des fermes marines aux Philippines. L'objectif des chercheurs est d'a ider les pêcheurs locaux à développer un commerce rentable qui ne mette pas en danger la survie de l'espèce.

France Rothan

SEA HORSE PLANET Its lat in name, Hippocampus, means curved horse; children usua ll y ca li it sea horse, a universal na me that is fou nd in ail languages. This strange fish of the Syngnatides fam ily is found in virtually ail the seas in the wor ld. With its multiple facets, the Sea Horse Planet sometimes comes up with surpri ses, but it is always possessed of a rare and fragile beauty.

This singu lar animal must now be referred to in the plural: tens of spec ies have been identi fied, and there are no doubt many more that have yet to be discovered. The sea horse's anatomy and above ail its mode of reproduction, w hich long remained a mystery for biologists, make this an imal quite unique. With regard to its reproductive process, it was not until the XIX,h century that sc ienti sts correctly interpreted the observations. Adm itted ly, the process is un ique, without any known equiva­lent in the animal kingdom at that time. The fema le deposits its eggs in the male's incubation pou ch, the ovules are fertilised there and kept until they hatch. During incubation, the wa ll of the male's pouch develops hairs ri ch in cap illaries that finally iso late each ferti lised egg in an alveo le: a sort of placenta, that supplies the embryos with nutrients. After incubation, which lasts from about ten days to severa l months, depending on the species, the young, that are rep licas in miniature of the adults, are expelled and left to their own devices.

The degradation, or worse, the disappearance of natural habitats (coral reefs, mangroves, algae, estuarine mari­ne phanerogams) directly endanger the sea horse populations. To this threat must be added harvesting by humans for commercia l purposes: trad itional medicine, aquarium stocking or souvenirs. The worldwide consumption of sea horses is estimated to have topped the 20 million individuals mark in 1995 . Today, the figure is no doubt even higher .

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Page 37: Océanorama n° 32

Parmi les "roses d' Ifaty", un bénitier s'ouvre comme un bouton. Ces deux espèces animales sont inféodées à la lumière; elles hébergent des algues symbiotiques dans leurs tissus.

... -. ELLES ONT ' VÉCU-CE QUE-

VIVENT LES : ROS.ES . .

En 1997, j'écrivais pour Océanorama : "Les roses d'/faty '; un article consacré à ces élégants madrépores (Montipora foliosa ), qui par des fonds de cinq à six mètres constituent un véritab le jardin sous la mer, dans l'arrière récif longeant la côte au Nord de Tuléar (sud-ouest de Madagascar).

En conclusion, je lançais une mise en garde empreinte d'optimisme: "C .. ) Les hommes passent, le récif, lui, sera toujours là, à condition toutefois que notre espèce s'intègre à l 'écosystème, pour y maintenir un équilibre fragile. C'est à ce prix seule­ment que les " roses d 'lfaty " continueront à émerveiller des légions de plongeurs amou­reux de ces fonds paradisiaques".

Cinq ans se sont écou lés et la situation s'est dégradée.

.. ' .

OCÉANORAMA W 32 - DÉCEMBRE 2002 •

Page 38: Océanorama n° 32

LAMER FRAGILE

Sensibles et menacés, ces écosystèmes jouent un rôle d'importance dans l'équilibre planétaire.

Partout dans le monde les réci fs corall iens souffrent du changement cl imatique globa l auquel on attri bue le phé­nomène de blanchissement des coraux.

Mais les modifications du cl imat ne peuvent être tenues pour seules responsables des altérati ons que subissent les madré­pores. Ils sont également exposés aux effets mécan iques des engins de pêche (chaluts) et, à marée basse, au piétinement par les pêcheurs à pied qui bri sent les coraux. Sur les côtes malgaches et notamment dans le cas des récifs de la région de Tuléar, s'ajoute une hyper-sédimentation provoquant l'en­vasement des mangroves et du platier réc ifal. La turbidité des eaux inh ibe la photosynthèse des algues symbiotiques contenues dans les tissus des coraux ; elle contri bue à leur blanch issement et à leur mort.

les larges "feuilles" de Montipora foliosa créent

des architectures complexes appréciés par de nombreuses espèces de poissons.

• Chaque année 200 000 hectares ravagés par les feux de brousse (source : AN GAP - Association Nationa le pour la Gestion des Ai res Protégées - www.parcs-madagascar.com)

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C'est la déforestation extrême du centre de l'î le qui est responsable de cette séd imentati on. La seule source d'éner­gie utili sée j usqu 'à présent à Madagascar est le charbon de bois, et progressivement les forêts partent en fumée* ; les mangroves, lieux de reproducti on pou r de nombreu­ses espèces, sont brû lées sur pied, ou étouffées par les séd iments qu i s'accumulent sur les pneumatophores (vo ir encadré page 38).

Les deux principaux fleuves du sud-ouest de Madagascar qui délim itent la région de Tuléar, le Fiherenana au nord et l'Oni lahy au sud, lorsqu' ils sont en crue, charrient des mill ions de tonnes de boues et limons qu i s'accumulent su r le réc if. Le courant principal orienté sud-nord, entraîne les séd iments du Fiherenana vers Ifaty, et progress ivement une plage sableuse se consti tue sur le platier récifa l qui s'asphyx ie. Au sud, c'est l'O ni lahy, dont le débi t très pu issant par temps d'orage provoque l'envasement des récifs au voisinage de l'île de Nosy Ve et du petit village de pêcheurs d'Anakao où fut pêché le premier cœlacanthe de M adagascar, en 1995.

Les quantités de sels minéraux véhiculées jusqu'au lagon par les eaux fluviales favori sent la croissance rapide des végé­taux: c'est l'eutrophisation. Un duvet alga l recouvre les coraux morts et les acropores branchus jonchant les fonds sableux. Cette prolifération végétale influence le peuplement ichtyologique qui s'appauvrit. Les poissons ca rnivores comme les Pomacentridés (Chromis dim idiata, Oascyllus carneus) diminuent en nombre et sont remplacés par des espèces omnivores, à forte tendance herb ivore : Stegastes nigricans. On note une présence plus abondante de Scari-

Page 39: Océanorama n° 32

~ '" ~ "IjAYOTIE

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dés, les poissons perroquets, et d'Acanthuridés : Acanthurus nigrafuscus. Déjà, en 1992, Mireille Harmelin-Vivien, spé­cialiste des milieux cora ll iens, montra it que l'a ltération des récifs se caractérise par une diminution des populations de poissons carn ivores et une augmentation des herbivores. Les chaînes alimentaires sont alors modifiées ; elles s'appau­vrissent avec la prédominance d'espèces opportunistes de moindre importance dans l'écosystème.

Ces observations montrent l'extrême fragil ité des réc ifs corall iens. Sensib les et menacés, ces écosystèmes jouent un rôle d' importance dans l'équilibre planétaire. Ce sont de véritab les patrimoines de l'humanité qu i à ce titre doivent être protégés au mieux partout où i ls sont enco­re en bonne sa nté.

À Madagascar, la survie des réc ifs qui s'étendent surtout sur le littoral O uest, sur une distance d'environ 650 ki lo­mètres, dépend essentiel lement de la protecti on et de la restaurat ion des forêts continentales et des mangroves lit­torales.

Une pr ise de consc ience au niveau international s' impo­se. Tous les moyens techn iques et f inanciers do ivent être mis en œuvre pour relancer un plan de sauvegarde des forêts primaires et des mangroves encore présentes à Madagascar, et entreprendre des opérations de reforesta­tion . C'est une condition sine qua non, pour que les réc ifs coral liens pu issent survivre, et que " refl eurissent" les roses d' Ifaty.

Pr Nardo Vicente

ROSES THEY WERE ...

AND THEY LIVED WHAT ROSES

LIVE ln 1997, 1 w rote an article for Océa norama ent i­t led The Roses of /faty, about those elega nt madrepores (Montipora foliosa ) that form a rea l garden fifteen or twenty feet beneath the sea on the back reef along the north coast of Tuléar, in South-Western Madagasca r. In conc lu sion, 1

issued a warni ng, albeit one bearing the hall ma rk of optim ism: "( ... ) men come and go, b ut the reef will a/ways be there, on condition that our species learns to live within the ecosystem and to maintain its fragile balance. This is the priee to pay if the roses of /fat y are to continue ta enchant the draves of divers who fa ll in love with this pa­radise on the seabed". Five years have passed and the situation has gone from bad to worse.

Around the coast of Madagascar, the surviva l of the reefs is threatened by hypersed imentat ion that hin­ders the photosynthes is of the symbiotic algae con­tained w ithin the coral t issues. It is the severe deforestation in the centre of the is land that is to blame for the demise of the lagoon: li tt le by little, the forests are going up in smoke and the surface runoff is getti ng heavier; the mangroves, a buffer zone, are burned w here they stand or st if led by the sed iments that accumulate on the pneu­matophores.

There is only one so lution, and it is a matter of urgency: a plan to save the pri mary forests and coasta l mangroves must be reintroduced, and reaf­forestation operations must be undertaken. Thi s is a sine qua non cond ition if the coral reefs are to sur­vive and the roses of Ifaty are to bloom again .

Prof. Nardo Vicente Scientif ic D irector,

Institut Océanographique Paul Ricard

POUR EN SAVOIR PLUS

Harmelin-Vivien M.L., 1992 - Impact des activités humaines sur les peuplements ichtyologiques des récifs coralliens de Polynésie française. Cybium, 16 (4) : 279-289.

Quod J.P., 1999 - Consequences of the .1998 coral bleach ing event for the is lands of the western Indlan Ocean. In : Coral reef degradation in the /n dian Ocean, CORDIO SAREC Marine Science Program, Stockholm Sweden : 53-59.

Vicente N., 1997 - Les roses d' Ifaty. Océanorama, 28 : 12-14.

Vicente N., 1999 - Trésors naturels sous haute pression. Océanorama, 30 : 7-12.

LAMER FRAGILE

OCÉANORAMA N' 32 - DÉCEMBRE 2002 '"

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LAMER FRAGILE

LA MANGROVE Une frontière vitale entre terre et mer

Formation végéta le caractéristique des rég ions côti è­res intertropica les, la mangrove occupe la zone de ba lancement des marées, généralement à l'embou­chure des fleuves, à l'abris des grands courants marins. Les arbres, arbustes et herbiers qui la com­posent sont adaptés aux conditions parti culières qui y règnent. Ils se répartissent notamment en fonction de la sa linité, un facteur variant considérablement dans ce milieu, depuis sa limite externe, soumise di rectement à l' influence marine, jusqu'à la zone la plus "terrestre", soumise aux apports conti nentaux. Entre ces deux extrêmes, le flux et le reflu x des marées, l'évaporation et les précipitations influen­cent constamment la sa linité.

Les palétuviers sont les arbres typ iques de la mangrove. Il en ex iste plusieurs espèces ca ractérisées par des racines-échasses en grande partie aéri ennes formant un enchevêtrement d'arceaux et par les pneumato­phores, sorte de rac i nes poreuses, dressées à la vert i­ca le au-dessus du sédiment. Exondées à marée basse, ces dernières assurent l'oxygénation des raci­nes enfouies dans la vase. L'ensemble de ce système racina ire complexe piège les particules en suspen­sion qui fi nissent par constituer un substrat riche uti­lisable par la flore de la mangrove. Les conséquences de cette présence végétale sont multiples : d'une part, la côte bénéficie d'une protection contre l'éro­sion due à la hou le, aux tempêtes ou aux cyclones ;

d'autre part, les eaux de ruissellement parvenant jus­qu 'au milieu marin sont débarrassées en grande par­tie de leur charge parti cul ai re, conservant ainsi toute leur transparence aux eaux intra lagonaires.

Considérée comme l'un des milieux les p lus produc­tifs au monde, la mangrove agit éga lement comme un fi ltre biologique. Les végétaux, les algues occu­pant les surfaces considérables offertes par les raci ­nes de palétuvier, les détritivores et les bactéries pré­sentes dans les sédiments assurent la transformation des substances d'or igine terrigène en éléments dis­sous assim ilab les par les végétaux marins : herbiers de phanérogames et phytop lancton. Un rôle ferti li sa­teur et épurateur puisque la mangrove possèderait la capacité d'absorber ou de fixer certains po lluants.

• INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE PAUL RICARD

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Towards an explanation

of the causes of degradation

of the New Caledonian

sea-bed Text and photographs: Pascal SAFFACHE

lecturer, Université des Antilles et de la Guyane, rt>cnnnr/:>nl de l' Institut océanographique Paul Ricard]

I LA MER

FRAGILE

ln view of the rich diversity and the extension of the New Caledon ian sea-bed and, above ail , of their ecological importance, information regarding the factors underlying this degradation should be published, along with any possiblel solutions for remedyi ng it.

OCÉANORAMA W 32 - DÉCEMBRE 2002 •

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LAMER FRAGILE

Healthy brain coral.

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The New Caledonian archipelago, with a surface area of approxi­mately 18,600 km', is located in the Pacifie O cean . The main island, Grande Terre or Cai/lou, 400 km in length and approximately 50 km

in width, is surrounded by numerous cora l islets: the Beleep Archipelago to the North (220 km'), the Île des Pins to the South

(152 km'), and the îles Loyauté to the East, of which the three best­known are Ouvéa (132km'), Lifou (1,207 km') and Maré (642 km').

This arch ipelago is encircled with reefs exten­ding to a length of 1,600 km and covering a tota l surface area of 40,000 km' ; thei r size has earned them the rank of second longest cora l reef in the world after the Austra lian Great Barrier (2,000 km long with a surface

area of 348,000 km' ). In addition to their length, these reefs are particularly ri ch since there have been approxi­

matel y 300 species of madrepores, 73 species of sponges, 544 spec ies of crustaceans and 1,610 spec ies of fishes recorded . Given th at Grande Terre is the world's third lar­gest producer of ni ckel ' and that the first ingot was pro­duced in 1876, the question may be raised as to whether industrial activ ity has had any harmful effect on the mari­ne environment. At the same time, it may be wondered whether activ iti es such as farming and tourism might not aggravate the degradation of the marine environment, and in parti cu lar, the coral reef flats.

1- Nickel ore was discovered in 1863 by the mining engineer, Jules Garnier.

• INSTITUT OCÉANOGRAPH IQUE PAU L RICARD

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Natural degradation While the influence of global climactic change (rise in sea water temperature, increase in hurricane strength and recurrence, decrease in sea water sa lini ty levels, etc) may induce a decrea­se in coral calcification levels, a rise in their mortality rate and, over the long term, their total elim ination; it must be noted that anthropogenic degradation produces consequences that are just as harmful , but much quicker and much more durable. For this reason, this paper w ill focus mainly on anthropogenic forms of degradation.

Anthropogenic degradation Erosion of fa rmland, industrialisation and hyper-sedimentation of coastal areas ln ew Caledon ia, farming has never been a very dynamic sec­tor, for the indigenous peoples (the Kanaks) mostly plant mixed food crops. Although farrning represents only 1.5 to 1.9 percent of the GOP -for the most part derived from the coffee planta­tions- over the past few years, the European population has laun­ched truck farming as a means of providing produce for the capi­ta l, Nouméa. This type of farming, mostly practised on sloping plots (at times over 35%), releases sed iments (clay, si lt, etc) during heavy rains under the effects of gravity and runoff, which accumulate at the bottom of the slope before being washed away by the rivers toward the lagoon. Once they reach the marine environment, the terrigenous particles remain in suspension for a few hours before settling on the sea floor; it is this phenome­non that explains the ochre colour of the lagoon waters fo llowing heavy rainfa ll. These terrigenous particles durably foss ilise the sea floor: the cankerous cora l gradually decays, the fish migrate to less turbid areas and, w ith the limited light penetration, photo­synthesis cloes not occur ancl the underwater plant life in turn, decays. Although no present-clay stud ies have enabled quantifi­cation of the volumes of sediment released in th is way, it may be deduced from what is known of simi lar situations in other regions of the worlcl that the volumes involvecl are quite sub­stantial and rapid ly and sustainably damage the sea bed .

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Hyper-sedimentation of coasta l areas is not solely the result of farming activity. New Ca ledonia being the world's third largest nickel producer, over the past two centuries more than 300 million cubic metres of waste rock has been removed and piled in the open air with no measures being undertaken for protec­tion and stabilisation. Hence, during heavy rains, this non-sta-

Crushed coral by pleasure boat anchors

and iII-suited use of nets

Hyper-sedimentation of sea-bed (Ste-Marie Bay, Nouméa).

LAMER FRAGILE

bilised lateritic waste feeds the rivers whith sediment, fossilising the sea floor. The cora l flats facing the hillside mine are now badly damaged.

To evaluate the scope of this phenomenon, the Research & Oevelopment Institute (lRO, formerly ORSTOM) conducted a study at the scale of a mining catch ment basin: the Ouenghi hillside (245 km'). In less than thi rty years, sed iment discharged from this slope by runoff was estimated at approximately one million cubic meters, inducing progradation of the coastl ine along a stretch of 400 m and a mean w idth of 3 km. Some of the coral flats are now buried under severa 1 meters of lateriti c deposit.

When the wetlands play their role as a filter, the silting up is somewhat limited (New Caledonia has approximately 200 km' of halophilous plants which, due to their elongated roots and pneumatophorous elements, filter the terrigenous particles and durably anchor them into the already deposited mud); once these natural filtering mechanisms are destroyed or heavi ly damaged (it is estimated that 30% of the wetlands around the area of Nouméa have disappeared due to urban development), hyper-sedimentation reaches exceptiona l volumes and extent. ln the Sainte-Marie Bay in Nouméa, for example, subsequent to the disappearance of the marshlands, the sea floor is now cove­red with a layer of sediment several meters thick.

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Coastal infrastructure and urban pollution Seafront infrastructure development and the construction of roads and more recently a golf-course have involved encroach­ment on the marine environ ment. Between 1955 and 1993, an estimated 400 hectares of biological surface area (cora l fl ats, marine plant habitats, marshlands, etc.) have been embanked and destroyed. The major embanking operations have taken place in Ooniambo, Montravel and Rivière Salée, for example.

The fact that the main urban centres such as Nouméa, Tontouta, Hienghene, etc. do not have a sufficient number of water purifi­cation plants, that severa 1 neighbourhoods are not linked up to collective sewage plants and the fact that many individual homes do not have septic tanks explains why there is so much sewage water in the lagoon. This discharge, ri ch in organic matter, contributes to the eutrophication of the coastal waters. The decal­cification of some of the reefs and the proliferation of filamentous algae are the direct consequences of this phenomenon.

Leisure and industrial activity and degradation of the sea bed Pleasure-boating is quickly developing in New Caledonia; at present there are 12,000 pleasure boats, of which 60% moor in the region of Nouméa. They directly pollute the waters of the lagoon, for inaddition to the discharge of sewage water, the use of antifouling with tributy l tin, which is prohibited in Europe, is still authorised locally and w idespread. Upon contact w ith sea­water, the hulls of the boats regularl y release small quantities of lead. Although no studies have quantifi ed this phenomenon here, our work in other parts of the world, has made us aware of the scope of this type of pollution. This heavy metal-based pollution is of considerable scale, for the nickel ore is transpor-

Some of the coral flats are

now buried under

several metres

of lateric deposit.

Once natural filtering mechanisms are destroyed or heavily damaged, hyper-sedimentation reaches exceptional volumes and extent.

• INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE PAUL RICARD

ted by sea to the various mines of the island (Nouméa, Oio­nambo, etc.), which leads us to believe that small quantities may accidentally spill into the lagoon. Furthermore, in 1996, gasoline spread throughout the lagoon, destroying a large part of the coastal marshlands and damaging the sea fl oor.

Pleasure boating can also durably damage the sea floor. When the boats moor on the coral fl ats, their anchors and chains hack up the coral and tear away the sponge. Knowing the slow pace of growth of a coral fiat (approx. 1 mm per year), the least hac­ked up fragment represents a loss of severa 1 decades of bio­construction.

Collectors and casual fishermen also contribute to the destruc­tion of the marine world, since, in order to find shells, they tram­pie on and turn over the madrepores, facil itating their degrada­tion. These activities aggravate the damage to some species (Cymbiolacca thatcheri, Lyria grangei, Amusium bal/oti, etc.) which are becoming rare or disappearing altogether.

Deep-sea diving also contributes to the degradation process. The 13 diving clubs listed in New Ca ledonia yearl y total up to 50,000 dives. Knowing that on each dive -despite the instruc­tors' recommendations- the students collect small fragments of coral or sponge, we can clearl y see the impact in terms of damage to and impoverishment of the sea bed.

With the stripping away of these fragments durably affecting the equil ibrium of the marine environment, exploiting madrepores for decorative or med ica l purposes is now under regulation; as of 1990, quotas have been imposed and are subject to very strict control.

Working toward suitable environmental measures ln order ta limit the hyper-sedimentation of the lagoon waters, one of the ini tial measures to take may be to prohibi t industria l earthworks and excavation during the rainy season, as the non­stabilised lateriti c nickeliferous waste-rock cannot res ist the ki netic energy of the rain drops and runoff. If, for economic rea­sons, it proves to be prejudicial to wa it severa 1 months before commencing some of the work, specifie standards shou ld be met by the firms involved: the most reliable solution would be to laya natural geo-textile covering over the waste-rock and to pierce holes in it to plant various types of vegetation whose root network cou ld durably stabi lise the upper layer. Obtaining the exploitation authorisation could be made subject to complian­ce w ith such practices.

W ith respect to farm ing practices, it shou ld for example be pro­hibited to work the soil during the rainy season and ploughing in verticallines on the slope shou ld be banned. To limit erosion of the soil, farmers should also be encouraged to grow crops by planting strips of grassy growth along the contour lines. This technique, already successfu lly experimented in severa 1 coun­tries, reduces the speed of the runoff through graduai absorption of the flow and limits erosion of the most fertile horizons and finally, reduces the transportation and propagation of products spread over the soil: insecticides, anti-nematode solutions, etc. This technique also has the advantage of being of low cost and easy to implement.

2 - The sediment to be removed should be sucked up through a nozzle without scraping or damaging the sea floor as is the case with repeated shovel dredging, for example .

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These measures may weil limit hyper-sedimentation of coasta l areas but wou ld have no effect, however, on the sediment alrea­dy deposited. For this reason, dredging operations -conducted under certain conditions'- should also be planned.

ln an attempt to alleviate coastal pollution, urban dwellings should systematica lly be linked up to a sewage depuration plant or have individual septic tanks. In addition, financial incentives could hence be offered: for example, a portion of the priee of the septic tanks cou ld be borne by the loca l authority.

Finally, w ith the support of the French youth employment pro­gramme, it would be possible to set up environ mental sur­veil lance brigades, responsible for informing the public and identify ing offenders such as unscrupulous collectors, industrial polluters, etc.

Even if our proposa is are actually applied, it remains of prima­ry importance to be aware of the scale of the impact of human pressure on the envi ronment. Awareness campaigns should quickly be undertaken by the local authori ties to attract the attention of the general pub lic. The economic and ecological future of New Caledonia is dependent upon it

Pasca l Saffache

FURTHER READING

- Gabrie, C 1995. L'état de l'environnement dans les territoires français du Pacifique Sud: La Nouvelle-Calédonie. Rapport commandé par le Ministère de /'Environnement et de l'Aménagement du Territoire, 115 p.

- Saffache P., Blanchart E., Hartmann C, Albrecht A. , 1999. L'avancée du tra it de côte de la baie du Marin (Martinique) : conséquence de l'ac­tivité anthropique sur les bassins-versants alentour, Comptes Rendus de l'Académie des Sciences, Tome 328, nO 11, p. 739-744.

- Saffache P, TIlomas Y.F., Vankatapen C, Duranty J. 2000. Étude de l'envasement de la baie du Marin (Martinique). Rapport commandé par le Ministère de /'Environnement et de l'Aménagement du Territoire, 14 p. (63 p. d'annexes).

Nouvelle-Calédonie

Les causes de la dégradation des fonds marins La Nouvell e-Ca lédonie, à l' image de nombreux autres archipe ls du Pac ifique sud, a souvent été dépeinte comme une île parad isiaque où les fac iès géomo rpho logiques et la biodiversité éle­vée sous-tendent des paysages dignes des plus belles cartes postales. Si ces ca ractéristiques sont b ien rée lles, force est de constater que l'anthro­pisation de ces dernières décennies est à l 'ori gi­ne de nombreuses dégradations (hyper-séd imen­tation , pollutions urbaines, appauvri ssement des fonds marins, ... ) dont les inc idences sont noc i­ves et durab les : rep li des activités trad itio nnel­les v itales et incertitude relative au devenir éco­log ique de ces régio ns. L'auteur s'est donc attaché à identifier l 'ensem­b le des pa ramètres qui participent à ces dégra­dat ions, en a détaillé les modalités d'action afi n de proposer des so lutio ns durab les ou suscepti ­b les de pallier fortement les transformations environnementales en cou rs. Présenter l'état de dégradation du milieu de la façon la plus exp lic ite possible et proposer des so luti o ns, no n ex haust ives mais rée ll ement appli cab les sur le terrain , sont un apport indé­niable à la préservation, la gest ion et l'aménage­ment de l' archipe l néo-ca lédonien.

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Underwaler view of healthy coral reef.

OCÉANO RAMA N" 32 - DÉCEMBRE 2002 III

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concours

SOUS LA MER AUTOUR DES EMBIEZ

1 "" ex aequo Tristan GALLlNI, Marseille Samy DASTE, Flourens

3" Sébastien COUDRE, Ensuès la Redonne 4" Mélusine SANCHEZ, Lyon 5" Antoine BERTRAND, Draguignan

e très nombreux participants au concours que nous vous proposions en dernière page du numéro 31 de la revue Océanorama et sur le site

Internet www.institut-paul-ricard.org. Il s'agissait de reconnaître les animaux et végétaux présents sur la fresque sous-mari­ne réalisée par notre illustrateur, Jean­Marc Rossi. L'un des grands gagnants a 6 ans, il a pu identifier 31 espèces sur les 37 que comportait la scène !

6" Léa AGOSTINI, Roquevaire 7" Éric ROBERT, Nice 8" Nuria ALONSO MIR, Banyuls-sur-mer g" Jean-Claude RAMOS, Calvi 10" Magaly HORVENO, Banyuls-sur-mer

INSTITUT OCËANOGRAPHIQUE PAUL RICARD

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Chacun de ces heureux gagnants recevra un exemplaire du CD-rom : Kampi - Aventures en Méditerranée et bénéficiera d' un an d'adhésion gratuite à l'Institut. En outre, tous les participants recevront une reproduction de l'aquarelle Sous la mer autour des Embiez (couleur -42xSS cm - papier dessin 220g).

1 Arapède, chapeau chi nois, Pate/a sp.

2 Méduse pélagie, Pelagia noctiluca.

3 Corb, corb noir, corbeau, Sciaena umbra .

4 Saupe, Sarpa salpa.

5 Seiche, Sepia officinalis.

6 Girelle, demoiselle, Coris julis.

7 Blennie.

8 Algue ca lca ire rouge, Mesophyllum lichenoïdes.

9 Gorgone jaune, gorgone orange, Eunicella cavolinii.

10 Gorgone rouge, Gorgone chameleon,

gorgone multico lore, Paramuricea c/avata.

11 Algue rouge corallinacée, Amphiroa rigida.

12 Denti , denté, Dentex den tex.

13 Crabe vert, crabe marbré,

Pachygrapsus marmoratus .

14 Crén ilabre paon, tanche, Symphodus tinca.

15 Loup, bar, Dicentrarchus labrax.

16 Éponges.

17 Anémones encroûtantes jaunes,

Parazoanthus axinellae

18 Cora il rouge, Cora Ilium rubrum .

19 Chapon, rascasse rouge, scorpion de mer,

Scorpaena scroffa .

20 Anthi as, barbier, castagnole rose, Anthias anthias .

21 Sar, sar à tête noire, Diplodus vulgaris.

22 Mérou, mérou brun, mérou noir,

Epinephelus margina tus.

23 Congre, fie las, Conger conger.

24 Mostèle, moustelle, Physis physis.

25 Tomate de mer, actinie rouge, actinie pourpre,

actinia equina.

26 Serran écriture, perche de mer, Serranus scriba .

27 Pos idonie, Posidonia oceanica.

28 Grande nacre, jambonneau de mer, Pinna nobilis.

29 Étoile de mer, étoile peigne, grande étoile de mer,

Astropecten aurantiacus.

30 Oursin, châtaigne de mer, Paracentrotus lividus.

31 Poulpe, pieuvre, Octopus vulgaris.

32 Clovis, coquill age bivalve.

33 Ascidie rouge, vioulet rouge, outre de mer,

Halocynthia papillosa.

34 Anémone de mer, ortie de mer, anémone verte,

Anemonia sulcata .

35 Bernard l'erm ite, pagure, Dardannus arrosor.

36 Anémone so li tai re, actinie parasite,

Calliactis parasitica.

37 Balane, Balanus sp.

Et 38 ... Jean-Marc Rossi, notre illustrateur, à l'agachon ...

Jean-Marc ROSSI Dessinateur, illustrateur

Adhérent de l' In stitut depuis de nombreuses années, Jean-Marc Rossi est l'auteur de la bande-dessinée Pei, le chevalier des Embiez, dans la revue Océanorama. Il a éga lement collaboré à l' illus­tra ti on du CD-rom : Kampi -Aventures en Méditerranée . Homme de mer et d'imagination, ses réalisations témoignent toujours de sa connaissance du monde marin. Avec poésie, sen­sib ili té et humour, ses dessins, illustrations et récemment, l'ouvrage "Le petit peuple du bois flotté" tendent vers un même but : Sensibiliser à la protection de la mer, faire partager sa passion de la mer.

Parmi les réalisations de Jean-Marc Rossi disponibles à l'Institut: Série de 6 cartes postales humoristiques: 2,50 € (hors frais de port)

Reproduction de l'aquarelle Sous la mer autour des Embiez: 6 € (hors frais de port)

concours

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Institut océanographique Paul Ricard 4, rue Berthelot - 13014 Marseille

Tél. : 0491 11 1061 e-mail: marse @ institut-paul-ricard .org

www.institut-paul-ricard.org Envoyez-moi le CD-rom

KAMPI - Aventures en Méditerranée pour 37,40 € (+5,20 € de frais de port) . Ci-joint, chèque de 42,60 € à l'ordre de l'Institut océanographique Paul Ricard .

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