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Olivier Demazet Le Temps d'un Parcours

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Poésie agréable et divertissante composée de poièces courtes -

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De cette édition

il a été tiré

20 exemplaires

numérotés de 1 à 20

représentant l’édition originale

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Olivier DEMAZET

Le Temps d’un Parcours

POÈMES

Montauriol - Poésie

Page 4: Olivier Demazet Le Temps d'un Parcours

Tous droits de traduction, reproduction, adaptation, réservés pour tous pays.

© Olivier Demazet. Montauriol Poésie, la Revue des Partisans d’Art.

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A Mathilde, à Sylvie, Jérôme,à tous mes amis,

à tous ceux que j’aime.

« Le poème est un mystèredont le lecteur doit chercher la clé »

(MALLARMÉ)

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« La poésie, génétiquement modifi catrice de l’espèce, conscience inouïe, est levier qui arrache l’homme de l’état de primate ».

HENRY CLAIRVAUX

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Du même auteurFoi d’animal : Millas-Martin – Paris 1978Histoire de dire : Aquitaine-Expansion. Bordeaux 1982Silhouettes : Michel Fricker – Saint Estève 1984Préface de Gilbert PatoutNatures vives : Michel Fricker 1985Préface de Jean DarwellL’Enfance de l’Art : La Nouvelle Pléiade 1987Préface de Vital HeurtebizeLa Vie de poème : Michel Fricker 1988Préface de Jacqueline DelpyL’Amour de Vous : La Nouvelle Pléiade 1990Préface de Vital HeurtebizeLes Voisins du Ciel : Montauriol-Poésie 1992 et 2006Préface de Jean-Jacques HetzelNuméro spécial 13 : Montauriol-Poésie 1993L’Eclair de la Nuit : COREP-Bordeaux 1993Le Glaneur des regards : Montauriol-Poésie 1993Eclats de Rimes I : Montauriol-Poésie 1996 + II + IIIFlorilège des Poètes de Montauriol. Préface O. DemazetDentelle sylvestre : SASSEC Montauban 1996A Mains nues : Montauriol-Poésie 1997Florilège personnel. Préface de Claude Sicard (ouvrage de référence)Tarn-en-Poésie 2007 n° 69 : Montauriol-Poésie relatif à Vénus Khoury-Ghata (C.R. Olivier et Mathilde Demazet)« 36 Voces francesas par una antologia poética contemporanea » - (Ed. Ficciones – Granada – Librairie Caractères-Paris). Participation d’O. Demazet 2008

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Retour à la source - Kristina MINDSZENTI

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Note de l’auteurParfois, la beauté mystérieuse et attirante

d’un poème peine à se découvrir : elle s’avère incompréhensible. Hermétisme décourageant, semble-t-il, au premier abord.

L’ambiguïté volontaire, étudiée, relève de la mentalité artistique du poète : celui-ci exige de la part des mots une richesse profonde, élevée, une réelle musicalité relationnelle, mais surtout, une signifi cation, une intention. Il s’agit d’une véritable gymnastique verbale. On aperçoit ici l’ombre de Mallarmé, René Char.

Le texte se révèle seulement après plusieurs degrés de lecture, le plus souvent, il fi nit toujours par communiquer avec les inventions, les prouesses verbales, en nous laissant toute liberté d’interprétation. L’imaginaire du lecteur s’approprie ou non l’imaginaire de l’auteur. La beauté de l’œuvre se dégage en toute grâce ou en toute puissance du faste sémantique. Elle accompagne la compréhension intellectuelle. C’est une esthétique, une esthétique parmi d’autres.

O. D.

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Ta poésie

Les gens aimerontta poésiele jour oùtes poèmesse dénuderontdevant la femmeque tu aimes.

Les gens aimerontta poésiele jour oùla femmeque tu aimesse dénuderadevant tes poèmes.

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Sans mémoire

Beauté champêtredouce agressived’une baladeà rêve d’amour.

Dans le ciel noirbrille l’étoiledu temps perduMiroir sans mémoire.

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Les prunelles

Les prunellesde tes yeuxse pâmentsur des feuillesde neigeElles tiennentpar la maindes phrasesen grappesinscrites surle mortierde la glacepour annoncerle glissementde tes caresseset l’implosiondes baisers-feux

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Pour

Jeunessequi mèneune vie d’amouravec des motspour la direet des motospour mourirJeunessequi mèneune vie de mort

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Les ressacs

Les ressacs barbarestsunamis du destindéchireraient-ils l’insomnied’un bonheur embruméjusqu’aux encabluresd’éternité ?

En écho, lugubres,par brassées offensives,glapissent les ricanements

Absence de quiétude planétaire.

Les voilures de l’espritdécident l’escalefragmentent les heuresvers midi vers minuit

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L’œil

Aux Etats-Unisles gratte-cielme grattent l’œil

Dans ma plaine unieles champs du cielme fl attent l’œil

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Mon antre

Entre dans mon antredis-toi bienje t’accueille

C’est ici queje lisj’écrisje vis

Si tu reviens dansmon antredis-toi bience n’est qu’un seuil

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Lumière

Une douce lumièreparfume la musique

Transcendancede l’espace et du temps

Eternel mystérieux...merveilles des étoiles

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Assez !

Assez ! Assez !Rompre une vieille amitié :seul geste qui fait pitié.L’ami présumé révèlela venue d’un haine-ami.Pauvre monde brise-tout,impossible asile fou...

Cessez ! Cessez !

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Vacances

Où donc passer les vacances ?

Bercy-Joli sur fi nances ?

On y danse tout en ronds,

à l’orchestre des Barons.

Les chants du Palais Grognard

au Théâtre des Avares ?

Où est l’Art ? Chambord ? Venise ?

L’esprit est-il marchandise ?

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Le chêne

Sous les coupuresdes tronçonneuses,le chêne émit juste

un craquementde douleur.Dignement,il s’écroula...

d’un bruissement sourdde branches encore feuillues.

Il y eut un vide :le deuil forestier.

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Nervis

Des nervis outrancierséructent leur vésanie

par cascades hystériques.

Un vœu ? Phagocyterles momies égrotantes

en pleine agonie...

Dans la galaxie des marasmes,piètre noyade des rosaces axiales !

Les noctuelles constellaires nimberaient-elles les sommets

de nos villes exacerbées ?

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Dégusté

J’ai dégustéune tarteaux raisinsde Corinthe.

J’ai dégustéune farceaux raisonsqui m’éreintent.

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Un soleil

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Dernier cri

Nombreux crève-la-faim,

peinés, se rassemblèrent

devant les préfectures

se mirent à crier :

« Famines, je vous hais ! »... *

Ce fut leur dernier cri.

*cf : « Familles, je vous hais » (André Gide)

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Anniversaire

Bon anniversaire d’hiver en Avril.

Bon vent ma fi lleen vacances sylvestres.

Esquive à ski les aspérités des pentes,

comme on déroute sur les routes

les dingueries droguées du volant.

Aime toujours les droits cheminsde la vie joueuse,

les enfantines heures,

parmi les arômes des montagnes roses,

les neiges d’amour

qui éclairent nos jours.

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Kumamoto*

Au pays de la moto

vers Kumamoto

un Japonais eut

un accident de moto.

Plein le cul de ma moto !

crie le Japonais

de Kumamoto

au pays de la moto.

*Ville du Japon

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Prises de sang

Guerre assassine tu te nourris de prises de sang qui rougeoient champs d’honneur et chants de mort : Stalines orgues !

Toi Médecine tu te nourris de prises de sang qui festoient champs d’honneur et meilleur sort Splendides orgues !

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Artifi cielle démence

Englouti sous les vagues ventruesl’horizon étouffe-t-il les helvelles

incandescentescrachées par la volcance marine ?

Des épines solaires dardentleurs fl èches sanguinaires,

fantômes coralliens assassinés

Oursins des ombres infi ltrés,dans le ventr’ouvert

d’une souffrance vieillieArtifi cielle démence !

Raidillon clouté d’aspérités,douze colonnes

d’un temple sismifi és’écroulent.

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à Elise

Le clairon

Clic clac

La cliquedonna

une claqueau clairon

Clic clac

Le claironreprit sa clique

et sa claque

Clic clac

Il montrasa claqueau clodo.

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Peut-on...

Peut-on restervautrés

dans nos hamacsles bras croisésles yeux fermésle cœur absent ?

Devant des montagnesde cris

des océans de larmesdes pics de souffrance ?

Peut-on rester vautrés ?

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Un noviceBelle dame allongée sur le fl anc, toute nue, toute prête. Odalisque frémissante.

Un jeune garçon, agenouillé contre le lit, vibre au son du corps ce soir au fond de soi.

Emerveillement éberlué, jouissance murmurée, communion avec la brillance des yeux, le torrent blond de la chevelure, les courbes ondoyantes, la peau veloutée de sa chère égérie.

Le louveteau fermente, bout, bouillonne, brouillonne, embrasse, caresse, s’embrase. Tout à coup, c’est la ruée vers Laure.

Florentin tête les seins pointus, pétrit deux pommes qui se cambrent. Bouche à bouche affolés. Pluie de baisers sur tout ce corps offert. Accalmie parfumée avant le paroxysme de la tempête...

Fin du préambule... L’enfant de cœur* entre au « duostère » d’amour. La femme éduque, mitonne son novice.

* sens voulu

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Désert

Sécheresse du Sudau Maroc/sur/Désert

Sources effi lochéesFleuve au fond calciné

Cigognes disparuesTêtes-tiges roussies

Oliveraies périesDattiers rendant leur âme

Céréales imberbesL’Homme s’est évanoui

dans la morne naturede la planète rase.

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Ils ont vécu

– Non, tu ne sais pas si les extraterrestres ont vécu pas de preuves dans notre atmosphère

– Mais on sait papa que les intraterrestres ont vécu bien des preuves dans les cimetières

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SangSangSangSang

Les hommes ces hommes les femmes ces femmes les enfants, ces enfants tous sacrés massacrés

par des gnomesdes sans âmeguet-apensdu secret

Ces sous-hommestas de squasmesfous de sangéchancrés

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Les hurons

Une huronneendimanchéeen huronned’un seul coupsuccomba

pour son hurontrès emmanchégai luron...Un seul coup !Quel sabbat !

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Interrogation

Cette interrogation :

« A quoi donc sert la vie ? »

s’écrie-t-il

Il se pend.

La question

reste seule

en suspens...

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« Ils vous laisseront disparaître dans l’éternité de l’oubli sur soi refermée ». HENRY CLAIRVAUX

Renom

Poètes sans renom,que restera-t-il donc

de vos mondes-silences ?

Dialogues secretsvers les êtres vivants :messages d’univers

interrogations simplessur la marche du temps,

humanité d’amour,cordialité d’un mot,

vos choix des métaphores,les musiques de l’âme...

Poètes sans renom,que restera-t-il doncde vos poèmes-vies ?

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La jolie jeune fi lle

La jolie jeune fi lle

aime bien

les gratouilles

sur son corps-papillon.

La jolie jeune fi lleaime bien

les chatouillessur son corps-carillon.

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Sans travail

Toujours sans travail ! N’empêche !

Je mange au Resto du Cœur,

dors à l’Armée du Salut

et me soigne à la Croix-Rouge.

Toujours sans travail ! N’empêche !

J’éprouve un grand mal au cœur,

ne crois plus en mon salut,

en portant toujours ma croix.

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Les truands

Les truands de l’horreurpillent, torturent, assassinent.

Les Pionces-Pilatesbottent en touche.

Les Princes-Piratesdes tribus barbares

tirent au butet marquent des points.

Leurs cris hachent la vie.

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Nil

Assise sur un banc,une belle inconnue

penchéesur le Nil quintescent,

y découvritdes siècles d’énigmes

riches du parfumdes âmes...

cette jeune énamouréerêverait-elle déjà

d’une vie plus libertaire ?

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Chance

– Je n’ai pas de chance.

– La chance, ça se fabrique.

– Il n’y a plus d’usines.

– Crée une usine.

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Le roi des bons

Voici le roi des bons

qui dépense sa vie

faisant toujours le don

de sa pauvre survie

pour la bande d’ingrats

sur la planète bleue

où l’emprise des rats

ronge les gens de peu.

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Taulard

Il croqua

bien des dollars

Il claqua

pauvre taulard

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Tout un monde

Tout un monde !

Si le singe fait des singeries, il est singe.

Le chat s’amuse à des chatteries, il est chat.

Le chien déteste sa vie de chien, il est chien.

L’enfant commet des enfantillages, c’est l’enfant.

Si l’homme occulte l’humanité, est-il homme ?

Tout un monde !

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J’écris

Dès la piquette du jour, il pleut sur Arcachon !Le Bassin se noie dans l’Aquitaine en pleurs.Ma nostalgie se cogne à l’Océan fou.J’écris... j’écris lettres ou poèmesà tous ceux que j’aime, même s’ils me délaissent.Leur silence craque sur mes tempes ombrageuses.Me répondront-ils ? Les reverrai-je ?

Idiotie de l’inertie, Incohérence des vacances.

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Le poémeur

Le poémeurque rien n’arrête

comptait les piedsde ses poèmes.

Il se méfi aitd’écrire même

des vers moulustout dissolus.

Il se cassaun jour le pied...

et il pensaen vers boiteux.

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Secrets

Dans l’univers de la nuit,parmi les désirs secrets

du nouveau palais des songes,fuse la lumière-amour.

Indicibles paroles banniesde la chambre éphèbe !

Temps fi xé sur baromètredes amours hypertoniques...

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Mourir

Mourir pour la patrie :

opinion fort louable.

Mais si nous mourons tous,

qui donc la défendra ?

Aucun danger sans doute.

Notre mère-patrie

reste l’humanité.

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En douce

Tu fais l’amour en douceavec la fi lle rousse.

Tu prends la fi lle noirepour l’amour d’un beau soir.

Tu gardes la plus blondepour l’aimer hors du monde.

Méfi e-toi de tes verves,du destin qu’elles réservent.

Souviens-toi des maldonnes,mortes feuilles d’automne

car le vent divergentchasse les Don Juan.

Amour bien trop sérieuxpour tout fol injurieux !

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« A l’œuvre, on connaît l’artisan »(La Fontaine)

Sculptures

Expositionde sculptures

dites modernestout récemmentà Port-Flambant

Mascaradesde nos mandarins.

Exhibitionde bavures

dites badernesFemez le ban !

Art mort-vivant !Incartades

au contemporain.

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Prière à qui de droit

Notre Père des Hauts Lieux,que ton Nom soit respecté,

que ta Volonté soit nettesur la Terre plus qu’au Ciel.

Donne-nous aujourd’huinos travaux quotidiens.Epargne nos souffrancescomme nous oublieronsle mépris des Puissants.

Ne nous laisse pas succomberdans la dépression.

Mais délivre-nous du fatal.Qu’il en soit ainsi.

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Défaite des crabes

Métastasépar les multiples pinces

des crabesil en tomba tout médusé.

Il dut quitterce monde cruel

de requinsvieux loups de mer

engloutisseurs de murèneset de poissons-scies.

Trouvera-t-il son salutdans la paix

des oliveraiesoù se plaisent les colombes ?

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Dégustation

Œil séduit par la roberouge intense rubiséede la bouteille généreuse

Nez fi n différenciédominé par les parfumscassis et groseilleSubtiles nuances d’épicesPetite musique fl orale

Bouche toute rondeharmonisée de soieà force de tanins

Toujours ces arômesde fruits vermeilsCes douces mélodiesde fl ûtes sous-boiséesNotes fi nales allongéesinsistantes intemporelles

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Middlesex

J’en ai marre

pensa

le jouvenceau :

les femmes se libèrent,

les hommes délibèrent...

Je fous le camp

loin des cancans

des cache-sexe

du Middlesex.

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Rendez-vous

Il avait pris rendez-vous,

s’était mis au garde-à-vous.

On lui dit « Eh ! Gare à vous » !

Il passa le garde-fou

pour l’ultime rendez-vous.

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à Mathilde

Madrigal

Sachez-le bien Madame je dévore vos fl ammes Sachez-le bien mon cœur je résorbe ma peur Je vous aime Ravie car vous êtes ma vie.

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Mai

Mai

40

58

68

81

88

mai

Joli

moi

s d

e m

aiJoli

mois d

e muguet

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La rage

La rage de vivre la joie de vivre

Rencontrer le malheur un soir au coin d’un bois d’une rue d’une route

Rencontrer le malheur un jour au coin d’une vague d’une piste d’une tombe.

Rencontrer le malheur la rage au cœur la mort de vivre

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Bronzé

– Vous êtes bronzé

comme un bonze

– Non, c’est la grâce

de la crasse

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« Il faut des couleurs dans l’âme pour que l’enfance trouve à boire ».

HENRY CLAIRVAUX

Rompre

Rompre avec un enfant

d’amour et d’adoption

n’est pas du tout injuste

mais simplement indigne.

Page 65: Olivier Demazet Le Temps d'un Parcours

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Génialité

La génialité

des poétisants

des écrivants

des parangons

s’ingénie

à bagosser

dans une langue

marâtre

sans génie

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L’inertie

Pissenlits bleuset chiendent rouge

entrecroisésen plaine Sauvignonne

glissent leur dernière caressesur les vanités oniriques :

grâce artésiennede mort eunuque

La lune exagère l’inertie

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Se taire

Un jour, l’âne Martinse prit pour Saint-Martin.

Il voulut partager ses idées :il faut bien s’entr’aîder.

Sans longtemps méditer,il se fi t éditer.

à mécompte d’auteursans trouver de lecteurs.

Ah ! Comme il coûte cherde ne savoir se taire !

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Les tirs

Il pratiquearquebusetir à l’arc

et ball-trap

pour saisirune image

de sa marque

Prend pour ciblesdes personnes

bien visées

Mais il ratetous ses coups

Il ne tueque des rats.

Page 69: Olivier Demazet Le Temps d'un Parcours

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Sujet

Dans sa vie militairele jeune homme

fut nomméaspirant

Sujet inspirant...

Dans sa vie civilele jeune homme

fut nommérespirant

Sujet transpirant...

Mais dans sa vie guerrièrele jeune homme

fut nomméexpirant

Sujet soupirant...

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†u meurs

†u meurs

†umeur !

†u sors

†umeur ?

Si †u meurs

†umeur,

c’est la vie

à demeure,

Vive la vie !

Vive ta mort !

†umeur !

Page 71: Olivier Demazet Le Temps d'un Parcours

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Résistez !

« Résistez !

Peu pliez,

peupliers ! »

Telle est la devise

du peuple

peuplier

contre la peopolisation

des vents et marées.

Page 72: Olivier Demazet Le Temps d'un Parcours

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Faux

Les faux semblants cils seins

Les faux culs frères jetons

faussent les jeux de l’amour et du hasard.

Page 73: Olivier Demazet Le Temps d'un Parcours

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Noirceur

Le soleil dit à la lune :« Si l’on faisait l’amouren plein soleil au clair de lune ?

Mettons-nous l’eau à la bouche, lovons-nous en boule de neige.On rayonnerait en vivant sur un nuage.On dirait : « après la pluie le beau temps ».

Des enfants-étoiles verraient le jour.Ils danseraient sur la voie lactée, fi leraient vers la Terre comme des météores.

Ils feraient de la Planète Humaine l’astre du quotidien ».

Le Soleil et la Lune s’aimeraientpour redonner vie au globe, qui se meurt de la noirceur des jours.

Page 74: Olivier Demazet Le Temps d'un Parcours

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Alliés

Le ferronnier ? il portait un fer au cou un fer au pied, coup de pied, quelque part. Le prisonnier lui refaisait des pieds de niais, trois pieds de nez. Bref, le géôlier s’affole à lier.

Mais Le ferronnier, le prisonner, le géôlier, fumiste allié,

riaient et riaientsans bourse délier.

Page 75: Olivier Demazet Le Temps d'un Parcours

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Fixe !

Fixe !

Elle souffre Il souffre

d’obsessions d’omissions

- idées fi xes - - pignon fi xe -

de songer de ronger

à l’amour son amour

Fixe !

Page 76: Olivier Demazet Le Temps d'un Parcours

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Les éclats du ciel

Les éclats du ciel dévêtuappellent à contre-coupsnos soirs secrets de délivrance

Les bégonias du déserts’acharnent avec violencesur nos indifférences gavées

L’humilité de la rumeur acideassèche les grimoires d’acier

Une fl amme bigarréeécrase nos enfances débridées

La source amère de nos étoilessécrète la magie décharnéeen ce jour poignardé.

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Les mains

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Proche

Quelle anicroche !De proche en procheelle est approche-cœur

accroche-cœur.

Quelle anicroche !De proche en procheil est reproche-cœur

décroche-cœur.

Page 79: Olivier Demazet Le Temps d'un Parcours

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Blanc cassé

Le bleu-roi du ciel et le bleu-marine

investissentle blanc-neige

mais ils n’obtiendront que du blanc-cassé

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Lard

Avec des dollarsil fait

du lard.

Avec du lardil fait

de l’art.

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au pointmort

A toujours prendre

A point

A toujours appuyer

les chemins

sur le champignon

il est arrivé

v

énéneux

Page 82: Olivier Demazet Le Temps d'un Parcours

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Aurore

Le poète se fourvoiedans l’aurore des crocusdès l’entaille de l’étépour cueillir des papillonsaux ailes de vitrail

Dans le gable du ruisseaule poète translucideeffl eure ses espérancespour l’avenir compressible...Lividité néodyme

Page 83: Olivier Demazet Le Temps d'un Parcours

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Le Japon

comme un poupon

comme une mère

très grognon

en pléthore

Notre terre a tremblé

comme la mort

en colère

Notre sort a tremblé

Le Japon a tremblé

Page 84: Olivier Demazet Le Temps d'un Parcours

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à Mathilde

Musique

Symphonie envoûtante : Violence des tempêtes, Mugissements, rafales.

Elans des vagues folles, sur rochers résignés Obscurité du ciel.

Cris d’oiseaux terrifi és. Secousses effrayantes d’arbres abasourdis.

Insistance ambiguë des éléments sauvages, bonheur dans l’accalmie.

Enfi n... la maison sûre... Revient la symphonie sur la rive enchantée.

Page 85: Olivier Demazet Le Temps d'un Parcours

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Laissés pour compte

Laissés pour compteces crève-la faimces crève de froid

vivent en crisede légitime dépense

Laissés pour compte Laissés pour compteces crève-la fringue ces crève-boulotces crève-l’auto ces crève-la fêtevivent en crise vivent en crisede légitime défense de légitime défi ance

Laissés pour compteces crève-l’amources crève-l’espoirvivent en crise,

de légitime démence

Page 86: Olivier Demazet Le Temps d'un Parcours

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Hommage à Georges Piou, poète

Piou !

Piou !Petit oiseau

revient me voirtous les matins.

Piou !

Piou !Il reprend son envolà la tombée du jour.

Il picore et picoreses quelques vers de ciel

aux granulés d’étoilesPiou !

Piou !Mais je le reconnais

C’est Rouge-Georges !Chacun sait même

qu’il rend visiteaux amis, tous les oiseaux-poètes,

Piou !

Page 87: Olivier Demazet Le Temps d'un Parcours

87

La nappe

La nappe étendue grise

de la table du ciel

s’est trouée sur nos têtes

en déversant ses fl ots

de mil arrosoirs d’eau.

Page 88: Olivier Demazet Le Temps d'un Parcours

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Des vautours

Des vautours gloutonsà tête de sang

dansent un vaudouavant de s’abattre

sur les ortolans

Des songes courtisansfl ânent parmi la pluie

et le soleil fi gévers l’abri du dolmen

ironiste lambin

Page 89: Olivier Demazet Le Temps d'un Parcours

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Une bête

Elle n’est jamais contente Il faut qu’elle tourmente un tas de braves gens bien trop intelligents pour tout son boniment qui blesse énormément C’est une bête à prendre au piège qu’il faut tendre.

Page 90: Olivier Demazet Le Temps d'un Parcours

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Lire

Tu devrais lire

l’Evangile

c’est capital.

J’ai lu

le Capital

c’est mon Evangile.

Page 91: Olivier Demazet Le Temps d'un Parcours

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Excursion

Belle Auvergne du Nordtapissée de prairies

vieux pays de jeunesse.

Des rebords escarpésapparaissent les Causses

pâlis de sécheresse.

Des sources en fi letsdégoulinent des gorgespour grossir en torrents.

Montagnes cévenolessecrètes surprenantes

par une douceur feinte.

Paix opulente enfi ndu visage albigeois

imprégné de cathares.

Page 92: Olivier Demazet Le Temps d'un Parcours

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Notre univers

Demain doit-il revenir ? Notre univers vit-il d’infinitude ? S’étale-t-il entre l’alpha et l’oméga ?

Des réponses obscures descendent des étoiles : des bruits détestables, des remue-ménage freinent les mouvements célestes.

On se demande si l’incendie des mystères enfouis, de l’amour de l’humanité ne s’enfonceront davantage dans les galaxies pour se ponctuer en une fi n sacrifi cielle.

L’impératrice nuit poursuit sa durée superfi cielle. L’endormissement des hommes hallucine ses bienfaits et plonge chacun dans une sédation miraculeuse.Demain se stabilise sur aujourd’hui qui retient hier, ...

Page 93: Olivier Demazet Le Temps d'un Parcours

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A Clément

Après-demain

Le pépé fi t la biseau bébé pour lui dire

« Mon tout petit bonhommeje suis un très vieil homme

ma calvitie qui crânen’est pas venue d’hier

Toi, tu nais au présent ;jubile, bilboquet !

bien courte est notre vie...

Dépêchons-nous alorsde nous serrer la mainpour retenir les jours ».

Page 94: Olivier Demazet Le Temps d'un Parcours

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Dévorante

Forêt envahissantenoyante dévorantemuette fi évreuseLumière fi ltréeMoiteur des lueursArbres tueurs d’arbresBoue puante accoucheusedes tiges et feuilles repoussantesFleurs nauséabondesÉlan vital géantTout exhorte les plantesà se gonfl er de viepour atteindreles plaques de cielet fi nir asphyxiéespar la moiteur noire et verteissues des profondeursÉternelle indécenceVégétale impérialeOstensible turgescence.

Page 95: Olivier Demazet Le Temps d'un Parcours

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Académie

– Vous êtes ma belle Immortelle la plus belle Académie des Françaises

– Mais je suis simple mortelle, inconnue de l’Académie Française

– Ma petite Française, j’adore l’unicité de votre Académie.

Page 96: Olivier Demazet Le Temps d'un Parcours

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Drame

Le drame intimede la vieillessevous caresseinexorablede sa main sournoise.Figure cafardeusede tulipe noire sulfureuseVeillée sur les nuits émaciéesde notre vie en fuitevers la mort déridée.

Page 97: Olivier Demazet Le Temps d'un Parcours

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Tard

Il se fait tarddans la vallée

des larmes

Mais on entend

les riresd’une forêtqui pleure.

Page 98: Olivier Demazet Le Temps d'un Parcours

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O.K.O

évoquéconvoqué

ok

provoquésuffoqué

ok

tout craquétout croqué

ok

J’en ai le hoquet

freluquet

KO

vous m’avez

Page 99: Olivier Demazet Le Temps d'un Parcours

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à Elise

Les fl amants roses

Tout baignés d’ondes vertes

les fl amants roses

dansent d’amour

ballets et tangos bleus

Du fond de ces vallons

la gigue écholalise

Page 100: Olivier Demazet Le Temps d'un Parcours

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« La culture, c’est comme la confi ture,moins on en a, plus on l’étale » (ANONYME)

Ex-poète

Je connus un poète

qui avait pur visage,

bel esprit, fi er talent

grand cœur, allure altière.

L’Ex-poète, affl igeant

mirliton, vermifuge,

hermétique infatué,

rayonnait par non-sens.

Page 101: Olivier Demazet Le Temps d'un Parcours

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Mademoiselle

Le Champagne pétilledans la coupede Mademoiselle

Charlemagne frétillesous la croupede Mademoiselle

Page 102: Olivier Demazet Le Temps d'un Parcours

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Travail

Autrefoisil travaillait toujoursà ne pas se fatiguer

au travail

Aujourd’huiil se fatigue toujours

sans s’arrêter de chercherdu travail.

Page 103: Olivier Demazet Le Temps d'un Parcours

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Il peignait

Il peignait bien des fresquessur tous les murs en frasque

dans la villedans le val

sur les pontssur les toits

dans les ruessur les routes

Tout le monde ainsi bisquede vendre l’art en vrac

à l’état brusqueà l’état braque

Page 104: Olivier Demazet Le Temps d'un Parcours

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Crachins

Les crachins sur la baie

Les machins des orfraies

Les pachins sur la Paix

crac

hent

crachent

crachent

Page 105: Olivier Demazet Le Temps d'un Parcours

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Poésie

La poésie ne se donne, ne se prête, ni se vend, mais se partage entre fi ns gourmets

La poésie n’est pas là pour s’offrir aux fantômes des snacks à foultitudes sans goûts, ni cœur, sans âme.

La poésienous laissera

l’élégantepart de rêve,de confi ance.

Douce humaine espérance.

Page 106: Olivier Demazet Le Temps d'un Parcours

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à Elise

Tournebroche

Un kangourouaimant les froufrous

apostrophesa limitrophe,

sa kangouroussequi en tousse !

– Alors, chérie, on attendun heureux événement ?

– C’est dans la poche,cher Tournebroche !

Page 107: Olivier Demazet Le Temps d'un Parcours

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Dernier matin

– Qu’est-ce que le tout-nucléaire ?

– Un surgénérateur de guerre

– alors que faire ?

– Prendre un dernier bol d’air te mettre à l’abri si tu es très malin ou tu pries en ce dernier matin...

Bah ! C’est le dernier cri !

Page 108: Olivier Demazet Le Temps d'un Parcours

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Rebelle

Rebelle engourdiil appréhendeles lucarnes malignesde l’asile fl agellaire

Stigmatisées...les pyramides vulcaniennesréfractairesaux suaves mirages

Lacisde rumeurs obséquieusesmurmurées sous les voussuresballonnées du seuil

Parmi les nuages diaphanesdes aromates nubileshèlentles délices languides

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Et pourtant !

Quelque chose me hante :lorsque les poules chantentleurs pensées archipelles,qu’elles crient leurs séquellesde triomphe ogivalpar gorgées qui cavalent.Ces poules, savent-ellesvraiment si elles pondent,vraiment, ce qu’elles pondent,pour qui, comment, pourquoi ?Pourtant, elles se croientutiles, valeureuses,enchantées, très heureuses,leur monde est tout un monde !Et pourtant, elles pondent !

Page 110: Olivier Demazet Le Temps d'un Parcours

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à Clément

Si je pars

Je m’amuse au pays !dit le cactus-pays.Si je pars,j’ai le mal du pays.Donc je reste au payspour l’amour du déi.

Je m’amuse au pays !dit le cactus-paysSi je pars,j’ai le mal du déi.Donc je reste au déipour l’amour du pays.

Page 111: Olivier Demazet Le Temps d'un Parcours

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A voté !

Un citoyen selon la Constitution

consommateur selon la loi du Marché

assuré selon les lois de Sécurité

contribuable selon la loi de Finances

glisse son chèque d’impôts

dans l’urne de la Perception

en s’écriant : « A voté » !

Page 112: Olivier Demazet Le Temps d'un Parcours

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Les serpents

Si la forêt froidecherche à dissimulerles serpents du désastrel’homme trouve Raimbaudfouillant dans les mots vierges

Au plus clair de lumièreétincellent des vespérités La sérénité blondeatténue la langueurdans le bain des étoiles.

Page 113: Olivier Demazet Le Temps d'un Parcours

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Noël au tréfonds

Noël au tréfonds de nous, Noël !Pensons à ces pauvres hèresqui souffrent dans leur chair,sous le vent, la froidure.

Tête vide et mains vides ventre vide cœur vide

Tristesse et joie rage espérance rancœur douceur haine amitié

Noël au tréfonds de nous, Noël !Ne passons pas sans voir,écoutons leur silence.Pour Noël, si nous les regardions ?...

Page 114: Olivier Demazet Le Temps d'un Parcours

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à Clément

Tout comme

Tout comme l’enfantqui déplie sa carte Michelin,

s’écrie, surpris :« C’est grand, la Terre ! »

L’homme dépliant la cartede ses rêves évanouis,

s’écrie, surpris :« C’est petit, la Terre ! »

Page 115: Olivier Demazet Le Temps d'un Parcours

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Un p’tit coup

Après un p’titcoup de blancil travaillait au noirloin de la route.Discrétion...

Après un p’titcoup de rouge :la surprise au radaren cours de route...Déception...

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Les mémoires

Les mémoires écumeusestraqueraient-ellesla chance des heures ?

Ô brumes transhumantes,échancrez-vous,prélassez-voussans laisser seule trace !

Caché derrière les hérissonsfusillés par ironie,surgit l’étranger du beffroi.

Sous la coupe de la terrecrevée par éboulements,la prairie rouge tremble,les masques lointains s’évaporent.

Hallucinationsmirages argentésvoilures du hasardgrisaillon

Page 117: Olivier Demazet Le Temps d'un Parcours

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Petits, petits !..

Petits, petits, petits !..Ne soyez pas têtus.Becquetez donc ces graines ;elles ont un goût de haineet du poison qui tue.Petits, petits, petits !..

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Les deux vierges

Une belle fi lle, telle une vierge, nue, sortait de l’étang, à la lisière du bois. Elle s’y était baignée tout naturellement.

Puis, sous la lumière pudique du soleil couchant, elle s’agenouilla, les yeux levés au ciel, extatiques, les mains jointes.

Elle pria doucement la Vierge qui s’auréolait.

Dans le silence dépouillé de la nuitée qui tombe, la piété de la Vierge du Lac fut accueillie par la Vierge du Ciel.

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Mystère pictural*

Une main évanescente surgie d’une piscine suggérée ; rectangle vert, creusé dans une étendue rouge vif d’où l’autre main jaillit, à peine esquissée.

Les lignes de fuite plongent vers une église grise stylisée, plantée sur un espace plombé.

Ces deux mains élevées vers un ciel de zinc usé exprimeraient une hypothétique prière à un Dieu inconnu sur triomphe discret. Mystère accentué vers le fond par une ligne de montagnes inaccessibles.

* d’après une aquarelle d’Emmanuel Marteau (†)

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Emprunté

Libéral

il a croulé

sous les emprunts

Machinal

il avait pris

l’air emprunté

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à Elise

Trompettiste

Un trompettiste artiste« fi lait » ses gammes

dans la baignoire

arpégeait : ses lumièresau bruit de l’eauqui court ondule

Souffl e inspiré vitalaspergeant l’âme !

Vol de silence...

Page 122: Olivier Demazet Le Temps d'un Parcours

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L’avion-taxi

L’avion-taxil’avion-Nancy

l’avion fantômeexige aumônepour atterrir

sans en mourir

Mais Orly fait attendrel’avion du moteur tendre

et le taxivreà l’incendie se livre

Fusée qui va s’inhumeDéplétion dans la brume

Débris de métal-chairqui saupoudrent la terre.

Subsistera la stèleSouvenir-citadelle.

Page 123: Olivier Demazet Le Temps d'un Parcours

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Un bouc

Un bouc et une bique

se mirent donc d’accord

sous un beau soleil d’or

pour faire un gros bouquin

câlin, taquin, coquin...

n’eurent qu’un crayon-bic.

Page 124: Olivier Demazet Le Temps d'un Parcours

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Parmi les allées

Parmi les allées de mémoirereviendrait-il l’ami sur les pelousescouvertures de la vie piétinée ?

S’illusionne tout sentimentsous la pesanteur du présenten plein marché des ombresoù se traquent tous les décembresd’irrésistibles métaphores.

Jours pleureurs de pluiepenchés sur les hanchesd’un destin piorne...appuyé sur les épaules pérenneschères aux renaissances estivales.

Page 125: Olivier Demazet Le Temps d'un Parcours

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A l’horizon

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Les satellites

Les satellites incommutables imaginent des processus dans leurs ordinateurs planétaires pour statufi er l’érotisme du monde.

Page 127: Olivier Demazet Le Temps d'un Parcours

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Tourbillon

S’élève un tourbillon

de liberté mistrale.

La-bas, le jour s’enfuit

au carrefour étrange

des chemins épineux

pour déjà nous conduire

parmi les clapotis

des remords bien fi nis.

Page 128: Olivier Demazet Le Temps d'un Parcours

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Débarcadère

Le soleil dévidepar touches légèresses teintes crépusculairessur le ciel en réveilqui camoufl e sa nuit.Un caminaire dénoueles céladons et les pastelsdu ruban collinaire,s’écrigne à l’écoutedes jasées partagéesen joyeuse compagnie.Vive la bonne marienneaprès la garbure débonnaire !Débarcadère des courbatures...

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11 Note de l’auteur 13 Ta poésie 14 Sans mémoire 15 Les prunelles 16 Pour 17 Les ressacs 18 L’œil 19 Mon antre 20 Lumière 21 Assez 22 Vacances 23 Le chêne 24 Nervis 25 Dégusté 26 Un soleil 27 Dernier cri 28 Anniversaire 29 Kumamoto 30 Prises de sang31 Artifi cielle démence32 Le Clairon33 Peut-on...34 Un novice

35 Désert36 Ils ont vécu37 Sang38 Les Hurons39 Interrogation40 Sans renom41 La jolie jeune fi lle42 Sans travail43 Les truands44 Nil45 Chance46 Le roi des bons47 Taulard48 Tout un monde49 J’écris 50 Le poémeur51 Secret52 Mourir53 En douce54 Sculpture55 Prière à56 Défaite des crabes57 Dégustation58 Middlesex

Table des poèmes

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59 Rendez-vous60 Madrigal61 Mai62 La rage63 Bronzé64 Rompre65 Génialité66 L’inertie67 Se taire68 Les tirs69 Sujet70 Tumeur71 Résistez72 Faux73 Noirceur74 Alliés75 Fixe76 Les éclats de ciel77 Les mains78 Proche79 Blanc-cassé80 Lard81 Au point82 Aurore83 Le Japon84 Musique

85 Laissés pour compte86 Piou87 La nappe88 Les vautours89 Une bête90 Lire91 Excursion92 Notre univers93 Après-demain94 Dévorante95 Académie96 Drame97 Tard98 O.K.O99 Les fl amants roses100 Ex-poète101 Mademoiselle102 Travail103 Les satellites104 Crachins105 Poésie106 Tournebroche107 Dernier matin108 Rebelle109 Et pourtant !

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110 Si je pars111 A voté112 Les serpents113 Noël au tréfonds115 Tout comme116 Un petit coup117 Petits, petits !118 Les mémoires119 Les deux vierges120 Mystère pictural121 Emprunté

122 Trompettiste123 L’avion-taxi124 Un bouc125 Parmi les allées126 A l’horizon127 Les Satellites128 Tourbillon129 Débarcadère130 Table135 Inscriptions légales

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Page 135: Olivier Demazet Le Temps d'un Parcours

Achevé d’imprimer

à l’Imprimerie Forestié

Montauban

le 10 juillet 2009

Dépôt légal Juillet 2009 - ISBN n° 2-910-660-06-0

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