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Actualités pharmaceutiques n° 525 avril 2013 11 questions de comptoir © 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés http://dx.doi.org/10.1016/j.actpha.2013.02.002 On vous demande, sachez répondre Je suis infirmière à domicile. Mon patient a des injections de Rocéphine® (ceftriaxone) par voie intramusculaire, mais il prend aussi du Previscan® (fluindione). Quels sont les risques ? F La réponse du pharmacien Au cours d’un traitement sous anticoagulant, les injections intramusculaires (IM) sont décon- seillées en raison d’un risque d’hématomes. Il est pré- férable de prendre contact avec le médecin afin de proposer des injections sous-cutanées (SC). Si les injec- tions IM et SC peuvent se réaliser avec le même produit, en revanche la vitesse d’absorption est différente. La voie intraveineuse (IV) peut aussi être envisagée à condition de changer de solvant. Rocéphine IM SC ® (ceftriaxone) contient, en effet, dans son solvant de la lidocaïne qui ne doit pas être utilisée par voie IV. Il faut, dans ce cas, utiliser l’autre présentation : Rocéphine IM SC IV ® compatible avec ces trois types d’injections parentérales. Par ailleurs, il existe un risque d’augmentation de l’effet anticoagulant oral et du risque hémorragique chez les patients sous anticoagulant traités par antibiotiques. Les antibiotiques les plus susceptibles de déséquilibrer l’International normalized ratio (INR) sont les fluoroquinolones, les macrolides, les tétracyclines, le cotri- moxazole et certaines céphalosporines. Il est donc nécessaire de surveiller les signes de surdo- sage : gingivorragies, épistaxis, hématomes, hémorra- gies conjonctivales, hématurie… D’autres signes, plus insidieux, doivent aussi être rappelés aux patients comme une fatigue, des malaises, une dyspnée, une pâleur ou des céphalées ne cédant pas au traitement antalgique habituel. Les surdosages peuvent être asymptomatiques (15 à 30 % des contrôles d’INR, sui- vant les études). Ainsi des contrôles plus fréquents de l’INR sont nécessaires lors de l’introduction de médica- ments antibiotiques afin d’adapter la dose. L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) préconise d’effectuer un contrôle de l’INR 3 à 4 jours après chaque introduction, modification ou arrêt d’un traitement susceptible d’interagir avec les AVK. J’ai suivi un traitement avec de la cortisone pendant plusieurs mois. Ai-je un risque osseux ? F La réponse du pharmacien L’atteinte osseuse (ostéoporose) est un des effets secondaires les plus fréquents du traitement par corticoïdes. Cette complication est généralement sous-diagnostiquée et mal prise en charge. La perte osseuse est précoce, dès 3 mois de traitement, et touche surtout l’os trabéculaire au niveau des ver- tèbres et des côtes. Il est important de rechercher la dose minimale efficace car l’intensité de cette perte est fonction de la dose et de la durée du traitement par corticoïdes. L’arrêt du tabac, la réduction de la consommation d’alcool et le maintien d’une activité physique sont indispensables, ainsi qu’une supplé- mentation en calcium et en vitamine D. Afin d’établir le diagnostic d’ostéoporose, une ostéo- densitométrie doit être envisagée chez les per- sonnes ayant reçu un traitement par corticoïdes pendant au moins trois mois consécutifs, à une dose ≥ 7,5 mg/jour d’équivalent prednisone. Elle est prise en charge pour un premier examen, quels que soient l’âge et le sexe, en cas de pathologie ou de traitement potentiellement inducteur d’ostéoporose : elle est remboursée par l’Assurance maladie à hauteur de 70 % sur la base d’un tarif fixé à 39,96 € sur pres- cription médicale. La prise en charge de cet examen est aussi prévue pour les femmes ménopausées ayants des antécédents de corticothérapie de plus de trois mois consécutifs. Jérémy VONO Surveillance sous traitement anticoagulant Effets secondaires osseux des corticoïdes C ette rubrique, “questions de comptoir”, est conçue pour vous apporter des éléments de réponse éclairée face aux multiples questions que vous posent quotidiennement vos patients au comptoir de l’officine, dans le vaste domaine de la santé. © Fotolia.com © Fotolia.com © DR © DR © DR R

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Actualités pharmaceutiques

• n° 525 • avril 2013 • 11

questions de comptoir

© 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés

http://dx.doi.org/10.1016/j.actpha.2013.02.002

On vous demande, sachez répondre

Je suis infi rmière à domicile. Mon patient a des injections de Rocéphine® (ceftriaxone) par voie intramusculaire, mais il prend aussi du Previscan® (fl uindione). Quels sont les risques ?

F La réponse du pharmacien

Au cours d’un traitement sous anticoagulant,

les injections intramusculaires (IM) sont décon-

seillées en raison d’un risque d’hématomes. Il est pré-

férable de prendre contact avec le médecin afin de

proposer des injections sous-cutanées (SC). Si les injec-

tions IM et SC peuvent se réaliser avec le même produit,

en revanche la vitesse d’absorption est différente.

La voie intraveineuse (IV) peut aussi être envisagée à

condition de changer de solvant. Rocéphine IM SC®

(ceftriaxone) contient, en effet, dans son solvant de la

lidocaïne qui ne doit pas être utilisée par voie IV. Il faut,

dans ce cas, utiliser l’autre présentation : Rocéphine IM

SC IV® compatible avec ces trois types d’injections

parentérales.

Par ailleurs, il existe un risque d’augmentation de l’effet

anticoagulant oral et du risque hémorragique chez les

patients sous anticoagulant traités par antibiotiques.

Les antibiotiques les plus susceptibles de

déséquilibrer l’International normalized

ratio (INR) sont les fluoro quinolones, les

macrolides, les tétra cyclines, le cotri-

moxazole et certaines céphalosporines. Il est

donc nécessaire de surveiller les signes de surdo-

sage : gingivorragies, épistaxis, hématomes, hémorra-

gies conjonctivales, hématurie… D’autres signes, plus

insidieux, doivent aussi être rappelés aux patients

comme une fatigue, des malaises, une dyspnée, une

pâleur ou des céphalées ne cédant pas au traitement

antalgique habituel. Les surdosages peuvent être

asymptomatiques (15 à 30 % des contrôles d’INR, sui-

vant les études). Ainsi des contrôles plus fréquents de

l’INR sont nécessaires lors de l’introduction de médica-

ments antibiotiques afin d’adapter la dose. L’Agence

nationale de sécurité du médicament et des produits de

santé (ANSM) préconise d’effectuer un contrôle de l’INR

3 à 4 jours après chaque introduction, modification ou

arrêt d’un traitement susceptible d’inter agir avec les

AVK.

J’ai suivi un traitement avec de la cortisone pendant plusieurs mois. Ai-je un risque osseux ?

F La réponse du pharmacien

L’atteinte osseuse (ostéoporose) est un des effets secondaires les plus fréquents du traitement par corticoïdes. Cette complication est généralement sous-diagnostiquée et mal prise en charge. La perte osseuse est précoce, dès 3 mois de traitement, et touche surtout l’os trabéculaire au niveau des ver-tèbres et des côtes. Il est important de rechercher la dose minimale efficace car l’intensité de cette perte est fonction de la dose et de la durée du traitement par corticoïdes. L’arrêt du tabac, la réduction de la consommation d’alcool et le maintien d’une activité physique sont indispensables, ainsi qu’une supplé-mentation en calcium et en vitamine D.

Afin d’établir le diagnostic d’ostéoporose, une ostéo-densitométrie doit être envisagée chez les per-sonnes ayant reçu un traitement par corticoïdes pendant au moins trois mois consécutifs, à une dose ≥ 7,5 mg/jour d’équivalent prednisone. Elle est prise en charge pour un premier examen, quels que soient l’âge et le sexe, en cas de pathologie ou de traitement potentiellement inducteur d’ostéoporose : elle est remboursée par l’Assurance maladie à hauteur de 70 % sur la base d’un tarif fixé à 39,96 € sur pres-cription médicale. La prise en charge de cet examen est aussi prévue pour les femmes ménopausées ayants des antécédents de corticothérapie de plus de trois mois consécutifs.

Jérémy VONO

Surveillance sous traitement anticoagulant

Effets secondaires osseux des corticoïdes

C ette rubrique, “questions de comptoir”, est conçue pour vous apporter des éléments de réponse éclairée face aux multiples questions que vous posent quotidiennement vos patients au comptoir de l’officine, dans le vaste domaine de la santé.

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Page 2: On vous demande, sachez répondre

Actualités pharmaceutiques

• n° 525 • avril 2013 •12

questions de comptoir

Déclaration d’intérêts :

l’auteur déclare ne pas avoir

de confl its d’intérêts en relation

avec cet article.

L’auteurJérémy VONOPharmacien,

3 rue Jean-Giraudoux,

19290 Sornac, France

[email protected]

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Quelle est la frontière entre refl ux gastro-œsophagien (RGO) physiologique et RGO pathologique chez le nourrisson ?

F La réponse du pharmacien

La distinction entre reflux simple et reflux pathologique est difficile à établir. Des études ont montré que les RGO sans complications affectent environ 40-65 % des nourrissons au cours des 12 premiers mois et dispa-raissent entre 12 et 18 mois1. Le RGO est considéré comme banal et physiolo-gique chez le nourrisson en bonne santé jusqu’à l’âge de 3 mois. Il est fréquent et bénin dans la majo-rité des cas jusqu’à l’âge d'un an. Un RGO est dit non compliqué si les vomissements ne retentissent pas sur la croissance et le poids, et si l’examen clinique est normal. Il devient pathologique lorsqu’il est trop fréquent ou trop sévère, s’il apparaît en dehors de la période postprandiale ou s’il est associé à d’autres symptômes (refus alimentaire, hypersalivation, pleurs persistants, irritabilité, douleurs rétrosternales…).

Afin de prévenir le RGO, l’enfant doit être déposé en décubitus dorsal avec la tête sur-élevée lorsqu’il dort. Les repas liquides doivent être fractionnés afin de dimi-

nuer. La vitesse de la tétine du biberon ne doit pas être trop rapide et être adaptée à

l’âge du bébé. Durant les premières minutes de la digestion, le nourrisson doit être maintenu en posi-tion verticale. Il est possible d’épaissir le lait infantile afin d’augmenter la viscosité du bol alimentaire, soit en y ajoutant des mucilages ou des pectines, soit en utilisant des laits pré-épaissis antirégurgitations (AR) à base de caroube ou d’amidon. Il est nécessaire d'éliminer une intolérance aux protéines lactées bovines et de proscrire la consommation de jus de fruits et de fruits acides lors de la diversification ali-mentaire. Les médicaments sont inutiles, sauf en cas de complications ou de RGO pathologique.

1 Hart JJ. Pediatric gastroesophageal refl ux. Am Fam Physician.

1996;54:2463-72

RGO simple et pathologique du nourrisson

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Quel régime alimentaire faut-il suivre en cas de goutte ?

F La réponse du pharmacien

Le rôle de l’alimentation est primordial dans la prise en charge de la goutte. Tout d’abord, la consommation d’alcools forts, de bière, avec ou sans alcool, et de sodas riches en fructose doit être proscrite. Les aliments riches en purines animales, hyper-uricémiants, doivent être consommés avec modé-ration : les viandes, les abats, la charcuterie, les poissons gras, les coquillages et les crustacés. En revanche, les purines végétales ne semblent pas avoir d’influence sur les crises. Un régime consistant à éliminer tout apport de purine alimentaire est trop strict et risque de ne pas être respecté. L’apport en protéines doit être diminué et il faut pri-vilégier la consommation de viande dégraissée, de volaille maigre et de poisson.

En revanche, la consommation de produits laitiers, qui augmenterait l’élimination de l’acide urique dans les urines, semble protéger de la goutte. L’ingestion de vitamine C par l’alimentation ou sous forme de supplément, de même que celle de café et de cerises diminuent aussi le risque de goutte. Cette pathologie est souvent associée à d’autres maladies chroniques telles que l’obésité et le diabète. Une restriction calorique et une perte de poids progressive chez le sujet gout-teux et obèse doivent être instaurées. En cas de crise, il est conseillé de maintenir une diurèse élevée et de boire une eau alcaline afin de dimi-nuer le risque de précipitation d’urates dans les urines.

Crise de goutte et alimentation

jet gout

© DR