1
l’antibiothérapie est associé un traitement par 5-fluorocytosine (5FC, 3,5 g 3/j) pour trois mois. En mars 2012, en l’absence de consolidation, un enclouage centro- médullaire du tibia gauche est réalisé. Les prélèvements peropéra- toires mycologiques sont négatifs (positifs à Staphyloccocus capitis), une antibiothérapie (fucidine et co-trimoxazole) est prescrite pour trois mois. En juillet 2012, le patient présente une ostéite avec fistule cutanée productive, traitée par des soins locaux. En raison de cette fistule, un parage chirurgical est réalisé en octobre 2012. Les prélèvements sont positifs à P. richardsiae (examen direct et culture positifs dans trois prélèvements sur trois). Un traitement antifongique associant la 5FC (3 g 3/j et le posaconazole (400 mg 2/j) est prescrit pour trois mois. La fistule persistant, le clou centro-médullaire est retiré en décembre 2012 ; ce geste est complété par un parage de la fistule avec lavage abondant. Les prélèvements peropératoires sont à nouveau positifs à P. richardsiae et le traitement antifongique est poursuivi pour une durée de minimum trois mois à la même posologie. Lors de la dernière consultation, en février 2013, l’évolution est satisfaisante, avec une cicatrisation cutanée et une consolidation osseuse. Le patient tolère bien le traitement antifongique. L’inter- ruption de ce traitement est envisagée. Les ostéites à Cladophialophora et à Pleurostomophora sont excep- tionnelles. Dans notre cas, la contamination est probablement d’origine tellurique. En cas d’association de dématiés, seule la mise en culture de plusieurs prélèvements permet la mise en évidence des différents champignons. Le traitement antifongique doit être complété par un traitement chirurgical qui joue un rôle majeur dans la guérison. http://dx.doi.org/10.1016/j.mycmed.2013.07.036 36 Onychomycose à Scopulariopsis brevicaulis : difficultés diagnostiques et thérapeutiques S. Houze a , C. Chochillon a , X. Duval b a Service de parasitologie-mycologie, APHP, ho ˆ pital Bichat, Paris, France b Service de maladies infectieuses, APHP, ho ˆpital Bichat, Paris, France Les onychomycoses sont des atteintes superficielles de l’ongle dont les dermatophytes sont les principaux agents cependant, d’autres agents fongiques, levures ou moisissures, peuvent également être incriminés, mais le rôle pathogène doit être discuté. Nous rapportons un cas d’onychomycose sous unguéale latérale due à Scopulariopsis brevicaulis chez une patiente de 45 ans, non immu- nodéprimée, non diabétique, présentant une lésion isolée de l’ongle du gros orteil évoluant depuis six mois, sans intertrigo associé, et sans autre ongle atteint. Le diagnostic a été porté par la mise en évidence à l’examen direct avec une solution éclaircissante dans trois prélèvements à un mois d’intervalle, de filaments mycéliens septés, et de spores globuleuses, à base tronquée, lisses, de type Scopulariopsis ; la culture a permis d’isoler et d’identifier sur les critères microscopiques et macroscopiques, S. brevicaulis à partir des trois prélèvements sans association avec d’autres agents fongi- ques. Le traitement a reposé sur l’application d’amorolfine en vernis associée à une détersion mécanique. La guérison a été obtenue en six mois. L’origine de la contamination n’a pas été retrouvée. S. brevicaulis est une moisissure, cosmopolite, saprophyte des sols. Son rôle pathogène dans les mycoses profondes est exceptionnel mais il peut être incriminé dans les onyxis. Son rôle pathogène après isolement à partir d’un prélèvement d’ongle sera confirmé sur l’association d’un examen direct positif, et d’une culture pure et abondante sur plusieurs prélèvements. Son identification comme agent responsable de la mycose est indis- pensable car il ne répond pas à la terbinafine, traitement recom- mandé dans les dermatophyties fongiques. http://dx.doi.org/10.1016/j.mycmed.2013.07.037 37 À propos d’un cas de sinusite maxillaire à Scopulariopsis brevicaulis chez une patiente immunocompétente L. Sattler, M. Sabou, J. Waller, E. Candolfi, E. Candolfi Laboratoire de parasitologie et de mycologie me ´dicale, ho ˆpitaux universitaires de Strasbourg, 1-3, rue Koeberle ´, 67000 Strasbourg, France Le genre Scopulariopsis regroupe des champignons filamenteux cosmopolites et saprophytes, agents occasionnels de mycoses superficielles. Ils ne sont responsables que très exceptionnellement d’infections profondes, ces dernières survenant principalement chez les individus immunodéprimés. Nous rapportons le cas d’une sinusite maxillaire à Scopulariopsis brevicaulis chez une patiente immunocompétente. Mme B., 70 ans, sans antécédents particuliers, consulte son dentiste le 13 novembre 2012 pour une suppuration au niveau de la deuxième prémolaire supérieure gauche, récurrente depuis avril 2012 malgré une anti- biothérapie à répétition. Le dentiste réalise l’extraction de la dent infectée et met la patiente sous antibiotiques pendant huit jours. Le 13 décembre, madame B. consulte son oto-rhino-lar- yngologiste pour une suppuration gingivale intermittente associée à une légère douleur à la palpation du sinus maxillaire gauche. Le dentascanner effectué montre des signes d’ostéite au-dessus de la canine et de la première prémolaire supérieures gauche, et un épaississement muqueux du fond du sinus maxillaire gauche. La fibroscopie réalisée ensuite met en évidence un corps étranger dans le bas fond du sinus. Le spécialiste conclut à une très probable greffe d’une truffe fongique (a priori aspergillaire) et hospitalise la patiente au service de chirurgie maxillo-faciale des Hôpitaux Universitaires de Strasbourg. L’exérèse de la truffe sinusienne a lieu le 21 janvier 2013 et le chirurgien décrit une truffe fongique aux contours bien définis, sans envahissement des tissus alentours. La truffe, une fois retirée, est envoyée le jour même au laboratoire de mycologie médicale des hôpitaux universitaires de Strasbourg. L’examen direct révèle la présence de nombreux filaments mycéliens septés. La culture (initialement sur Sabouraud-chlor- amphénicol suivie d’un repiquage sur milieu Malt) met en évidence de nombreuses colonies de S. brevicaulis (identification morpholo- gique confirmée par séquençage moléculaire de l’ADN ribosomique des régions ITS 1 et 2). La patiente est sortie de l’hôpital le lendemain de l’intervention sans traitement antifongique. En effet, l’absence d’envahissement des tissus par la moisissure et l’immunocompétence de la patiente n’indiquait pas la mise en place d’un traitement post-chirurgical. Un premier contrôle a été réalisé par le chirurgien le 17 février 2013 ; celui-ci décrit une bonne cicatrisation du site de l’intervention et précise que la patiente ne se plaint plus d’aucune douleur ou écoulement. À ce jour, nous avons retrouvé seulement huit cas de sinusite à Scopulariopsis spp. dans la littérature mondiale, dont un seulement chez l’immunocompétent. Cette observation représente le premier cas décrit en France. http://dx.doi.org/10.1016/j.mycmed.2013.07.038 Compte rendu de congrès/Proceeding of congress 205

Onychomycose à Scopulariopsis brevicaulis : difficultés diagnostiques et thérapeutiques

  • Upload
    x

  • View
    219

  • Download
    5

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Onychomycose à Scopulariopsis brevicaulis : difficultés diagnostiques et thérapeutiques

l’antibiothérapie est associé un traitement par 5-fluorocytosine(5FC, 3,5 g � 3/j) pour trois mois.En mars 2012, en l’absence de consolidation, un enclouage centro-médullaire du tibia gauche est réalisé. Les prélèvements peropéra-toires mycologiques sont négatifs (positifs à Staphyloccocus capitis),une antibiothérapie (fucidine et co-trimoxazole) est prescrite pourtrois mois.En juillet 2012, le patient présente une ostéite avec fistule cutanéeproductive, traitée par des soins locaux. En raison de cette fistule, unparage chirurgical est réalisé en octobre 2012. Les prélèvementssont positifs à P. richardsiae (examen direct et culture positifs danstrois prélèvements sur trois). Un traitement antifongique associantla 5FC (3 g � 3/j et le posaconazole (400 mg � 2/j) est prescrit pourtrois mois.La fistule persistant, le clou centro-médullaire est retiré endécembre 2012 ; ce geste est complété par un parage de la fistuleavec lavage abondant. Les prélèvements peropératoires sont ànouveau positifs à P. richardsiae et le traitement antifongique estpoursuivi pour une durée de minimum trois mois à la mêmeposologie.Lors de la dernière consultation, en février 2013, l’évolution estsatisfaisante, avec une cicatrisation cutanée et une consolidationosseuse. Le patient tolère bien le traitement antifongique. L’inter-ruption de ce traitement est envisagée.Les ostéites à Cladophialophora et à Pleurostomophora sont excep-tionnelles. Dans notre cas, la contamination est probablementd’origine tellurique. En cas d’association de dématiés, seule la miseen culture de plusieurs prélèvements permet la mise en évidence desdifférents champignons. Le traitement antifongique doit êtrecomplété par un traitement chirurgical qui joue un rôle majeur dansla guérison.

http://dx.doi.org/10.1016/j.mycmed.2013.07.036

36

Onychomycose à Scopulariopsisbrevicaulis : difficultés diagnostiqueset thérapeutiquesS. Houze a, C. Chochillon a, X. Duval b

a Service de parasitologie-mycologie, AP—HP, hopital Bichat, Paris,Franceb Service de maladies infectieuses, AP—HP, hopital Bichat, Paris,France

Les onychomycoses sont des atteintes superficielles de l’ongle dontles dermatophytes sont les principaux agents cependant, d’autresagents fongiques, levures ou moisissures, peuvent également êtreincriminés, mais le rôle pathogène doit être discuté.Nous rapportons un cas d’onychomycose sous unguéale latérale due àScopulariopsis brevicaulis chez une patiente de 45 ans, non immu-nodéprimée, non diabétique, présentant une lésion isolée de l’ongledu gros orteil évoluant depuis six mois, sans intertrigo associé, etsans autre ongle atteint. Le diagnostic a été porté par la mise enévidence à l’examen direct avec une solution éclaircissante danstrois prélèvements à un mois d’intervalle, de filaments mycéliensseptés, et de spores globuleuses, à base tronquée, lisses, de typeScopulariopsis ; la culture a permis d’isoler et d’identifier sur lescritères microscopiques et macroscopiques, S. brevicaulis à partirdes trois prélèvements sans association avec d’autres agents fongi-ques.Le traitement a reposé sur l’application d’amorolfine en vernisassociée à une détersion mécanique. La guérison a été obtenueen six mois. L’origine de la contamination n’a pas été retrouvée.S. brevicaulis est une moisissure, cosmopolite, saprophyte des sols.Son rôle pathogène dans les mycoses profondes est exceptionnelmais il peut être incriminé dans les onyxis. Son rôle pathogène aprèsisolement à partir d’un prélèvement d’ongle sera confirmé sur

l’association d’un examen direct positif, et d’une culture pure etabondante sur plusieurs prélèvements.Son identification comme agent responsable de la mycose est indis-pensable car il ne répond pas à la terbinafine, traitement recom-mandé dans les dermatophyties fongiques.

http://dx.doi.org/10.1016/j.mycmed.2013.07.037

37

À propos d’un cas de sinusitemaxillaire à Scopulariopsis brevicaulischez une patiente immunocompétenteL. Sattler, M. Sabou, J. Waller, E. Candolfi, E. CandolfiLaboratoire de parasitologie et de mycologie medicale, hopitauxuniversitaires de Strasbourg, 1-3, rue Koeberle, 67000 Strasbourg,France

Le genre Scopulariopsis regroupe des champignons filamenteuxcosmopolites et saprophytes, agents occasionnels de mycosessuperficielles. Ils ne sont responsables que très exceptionnellementd’infections profondes, ces dernières survenant principalement chezles individus immunodéprimés.Nous rapportons le cas d’une sinusite maxillaire à Scopulariopsisbrevicaulis chez une patiente immunocompétente. Mme B., 70 ans,sans antécédents particuliers, consulte son dentiste le 13 novembre2012 pour une suppuration au niveau de la deuxième prémolairesupérieure gauche, récurrente depuis avril 2012 malgré une anti-biothérapie à répétition. Le dentiste réalise l’extraction de ladent infectée et met la patiente sous antibiotiques pendant huitjours. Le 13 décembre, madame B. consulte son oto-rhino-lar-yngologiste pour une suppuration gingivale intermittente associéeà une légère douleur à la palpation du sinus maxillaire gauche. Ledentascanner effectué montre des signes d’ostéite au-dessus de lacanine et de la première prémolaire supérieures gauche, et unépaississement muqueux du fond du sinus maxillaire gauche. Lafibroscopie réalisée ensuite met en évidence un corps étrangerdans le bas fond du sinus. Le spécialiste conclut à une trèsprobable greffe d’une truffe fongique (a priori aspergillaire) ethospitalise la patiente au service de chirurgie maxillo-faciale desHôpitaux Universitaires de Strasbourg. L’exérèse de la truffesinusienne a lieu le 21 janvier 2013 et le chirurgien décrit unetruffe fongique aux contours bien définis, sans envahissement destissus alentours.La truffe, une fois retirée, est envoyée le jour même au laboratoirede mycologie médicale des hôpitaux universitaires de Strasbourg.L’examen direct révèle la présence de nombreux filamentsmycéliens septés. La culture (initialement sur Sabouraud-chlor-amphénicol suivie d’un repiquage sur milieu Malt) met en évidencede nombreuses colonies de S. brevicaulis (identification morpholo-gique confirmée par séquençage moléculaire de l’ADN ribosomiquedes régions ITS 1 et 2).La patiente est sortie de l’hôpital le lendemain de l’intervention sanstraitement antifongique. En effet, l’absence d’envahissement destissus par la moisissure et l’immunocompétence de la patienten’indiquait pas la mise en place d’un traitement post-chirurgical.Un premier contrôle a été réalisé par le chirurgien le 17 février 2013 ;celui-ci décrit une bonne cicatrisation du site de l’intervention etprécise que la patiente ne se plaint plus d’aucune douleur ouécoulement.À ce jour, nous avons retrouvé seulement huit cas de sinusite àScopulariopsis spp. dans la littérature mondiale, dont un seulementchez l’immunocompétent. Cette observation représente le premiercas décrit en France.

http://dx.doi.org/10.1016/j.mycmed.2013.07.038

Compte rendu de congrès/Proceeding of congress 205