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21 RUE LERICHE 75015 PARIS - 01 48 42 90 00 24 MAI/06 JUIN 13 biMensuel Surface approx. (cm²) : 4365 N° de page : 19-24 Page 1/19 CANESSO 3004936300507/CLA/OTO/2 Eléments de recherche : GALERIE CANESSO : galerie d'art à Paris 9ème, toutes citations Où en est la recherche en histoire de l'art en France? La Galerie Colbert, siège de l'Inha, Paris. ©Photo Benh Lieu Song

Page 1/19 Où en est la recherche en histoire de l'art en ... · La Galerie Colbert, siège de l'Inha, Paris. ©Photo Benh Lieu Song. 21 RUE LERICHE 75015 PARIS - 01 48 42 90 00 24

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Où en est la recherche enhistoire de l'art en France?

La Galerie Colbert, siège de l'Inha, Paris. ©Photo Benh Lieu Song

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La recherche en histoire de l'art est très ancienne, d'une certaTnëTaçofTelle démarre à la Renaissance avec les biographies de Vasari. C'est ce quifait l'une de ses spécificités par rapport aux autres sciences humaines.Pourtant elle ne cesse d'avancer, bénéficiant du concours de nombreusesfilières (une autre de ses spécificités) : conservateurs de musées,universitaires, chercheurs du CNRS, mais aussi marchands ! En France,après une longue période de cloisonnement entre les acteurs, desrapprochements et transversalités se mettent lentement en place. Lemême éparpillement prévaut dans les revues scientifiques, objets detoutes les sollicitudes des chercheurs en quête de publication. C'est dansce contexte que les pouvoirs publics ont initié un festival de l'histoire del'art qui se tient annuellement à Fontainebleau, et mêle, avec plus oumoins de bonheur, professionnels et grand public.

Les mutations de la recherche en France

Une transdisciplinarité en marche

Revue des revues

L'histoire de l'art en fête

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Les mutations de la recherche en FranceAlors que les marchands restent des acteurs important de la recherche en histoire de l'art, musées et universités

voient de nouvelles opportunités s'ouvrir avec le décloisonnement, mais aussi les regroupements

u'est ce que larechercr^fc histoire de l'art ? Unvaste chalj|d'étude de la société,vue par le prisme de l'art, auquelchacun vient, à sa manière et àson niveau, apporter une pierre.Chercheurs et étudiants à l'université ou dans les instituts spé-cialisés, conservateurs de muséeou encore marchands d'art, parfoismême des amateurs éclairés, for-ment un réseau où chaque pas faitpar l'un peut faire avancer l'autre.Car la recherche est sensible auxhasards, aux modes, aux redécou-vertes, aux goûts et aux impulsions des directeurs de thèse etautre conseils scientifiques, maisaussi aux moyens financiers, pri-vés comme publics.Le travail mené par les marchandsd'art pourrait ètre considérécomme le premier maillon de lachaîne. Ces derniers bénéficientd'un accès privilégié dans les col-lections particulières, et opèrentune veille constante sur le marchéde l'art. Le risque faisant partie in-tégrante de leur métier à vocationcommerciale, ils disposent d'unemarge de manœuvre inconnuedes conservateurs de musée pour

mener à bien des acquisitions.Exemple parmi tant d'autres, lepetit tableau anonyme, mis à prix30 euros par Azur Enchères enfévrier 2010, que les galeristesparisiens Bertrand Talabardon etBertrand Gautier, y ayant reconnula main de Caspar David Friedrich,se sont empressés d'acquérir pour350 DOO euros ! Proposée auMusée du Louvre, l'œuvre a étéfinalement revendue à un collec-tionneur privé pour 6,5 millionsd'euros. Si leur perspicacité et leurœil leur ont permis de reconnaî-tre - sur photographie - la mainde Friedrich, les recherches me-nées par l'historien d'art HelmutBôrsch-Supan, spécialiste du pein-tre, ont confirmé par la suite quece tableau faisait bien partie de lacollection personnelle du sculp-teur français David d'Angers. Cetépisode fait état d'un marché àdeux vitesses : celui des maisonsde ventes, qui engrangent unnombre considérable de lots sanssouvent prendre le temps de sepencher dessus, et celui des gale-ristes, dont certains s'évertuentmême à publier des catalogues

très fouilles sur les œuvres et lesartistes qu'ils ont redécouverts,et pour ce faire vont jusqu'à en-gager des historiens de l'art pourles assister à plein-temps. C'estle cas de Véronique Damian, col-laboratrice de Maurizio Canessodepuis 15 ans. Cette spécialiste duXVIIe italien et français, qui peutse targuer d'avoir travaillé avecPierre Rosenberg sur la rétrospec-tive Nicolas Poussin en 1994, livrepour chaque tableau vendu par lemarchand italien une premièreanalyse aussi complète que pos-sible. Car les tableaux arrivent laplupart du temps sans historiqueet souvent non signés - reste à dé-terminer l'école, la datation... Lesmusées comptent pour une bonnemoitié de la clientèle de la galerie,aussi les passerelles (prêts et colla-borations scientifiques) sont multiples. Parmi les découvertes nota-bles, la reconstitution du corpusd'un peintre du XVIIe siècle, bap-tisé « Maître de la toile de jeans »par Gerlinde Gruber, conservateurau Kunsthistorisches Muséum deVienne, qui avait apporté son ex-pertise scientifique à l'expositionsur le sujet chez Canesso en 2010.La Femme mendiant avec deux

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enfants a été présentée dans l'ex-position « Blue Jeans » qui vientde s'achever au Centraal Muséumd'Utrecht (Pays-Bas), et s'apprêteà s'envoler pour le Denver ArtMuséum (Etats-Unis) pour l'ex-position « Spun : Adventures inTextiles ».

Le temps long des muséesLà où s'arrête l'analyse faite engalerie, débute celle menée dansles musées, qui dispose non seu-lement de plus de moyens, maissurtout de plus de temps. Il y aun an, la galeriste parisienneFanny Guillon-Laffaille repère untableau atypique de Raoul Dufy,dont elle est considérée comme laplus grande spécialiste. Contacté,le Musée d'art moderne AndréMalraux (MuMa) au Havre s'enporte acquéreur et mobilise denombreux moyens humains etscientifiques pour comprendrel'œuvre dans tous ses détails.Conclusion de l'enquête : Fin dejournée au Havre est une œuvrede jeunesse qui fait paraître RaoulDufy, peintre de la douceur de vivre,sous un jour nouveau : celui d'untout jeune peintre capable de signer

une œuvre politique sur une grèvede dockers. Fin avril, l'institutionhavraise présentait le tableau aupublic pour la première fois, dansle cadre de l'exposition « Pissarrodans les ports » (jusqu'au 29 sep-tembre). Les recherches menéespar les conservateurs du patrimoine s'approchent donc de celles effectuées chez les marchandsen ce qu'elles se concentrent surl'objet. Si l'obligation d'organiserdes expositions temporaires pourattirer les foules est toujours pluspressante et chronophage, l'étudeet la valorisation des collectionspubliques demeurent leur missionpremière - retracer l'historique,étudier le style, examiner l'état deconservation... - avec la publicstion du catalogue des collectionsà la clé, dans sa version originaleou réactualisée comme vient de lefaire le Musée d'Orsay, ou encorele Musée du Louvre avec son im-posant catalogue des peintures.Le luxe étant de travailler sur unensemble inédit. Ce fut le cas de ladonation Olivier Senn-Foulds, richede plus de 200 œuvres impres-sionnistes et fauves, venue enrichirles collections du MuMa en 2004.

Annette Haudiquet, conservateurdes lieux, s'est réjouie de faire deces recherches dans les Archivesde la Seine, ou encore les ArchivesDurand-Ruel, une « nécessité ab-solue», aboutissant sur une séried'expositions adaptées au grandpublic et autant de catalogues fon-dateurs entre 2005 et 2011. Si lemusée a fait de la collection SennFoulds une priorité pour honorerla donation qui lui a été faite, leslegs Charles-Auguste Marande etRaoul Dufy, faits respectivementen 1936 et en 1963, attendent tou-jours d'être publiés.

Le lent rapprochemententre musées et universitésÀ l'automne 2012, le Musée desbeaux-arts de Strasbourg pré-sentait une étude magistrale del'œuvre du méconnu PhilippeJacques de Loutherbourg (1740-1812). Son propos se basait surla thèse de doctorat soutenue àParis-Sorbonne IV en 2011 parOlivier Lefeuvre, co-commissairede l'exposition. Le résultat de sesrecherches, publié par les éditionsArthéna, faisait office de catalo-gue d'exposition. Cette collabo-

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ration exemplaire témoigne desmerveilles que peuvent accomplirconservateurs de musées et cher-cheurs lorsqu'ils décident d'unirleurs forces. Longtemps ces deuxmondes se sont regardés en chiensde faïence, les uns estimant queleurs connaissances pratiquessurpassaient les connaissancesthéoriques des autres, et viceversa. Ou quand la fierté d'avoirpassé le concours du patrimoine- l'un des plus ardus de la fonc-tion publique -, se heurte à celled'avoir affiné son savoir-fairescientifique en creusant un sujetpendant des années... Sans oublierl'esprit de corps qui découle de la

tutelle respective du ministère dela Culture et de la Communicationet du ministère de l'Enseignementsupérieur et de la recherche. Undirecteur de musée confirme lesrelations très tendues entre l'uni-versité et le musée des beaux-artsde la grande ville de provincedans laquelle il étudiait à la findes années 1970, et se souvientdes mises en garde de professeurscontre tout sujet de recherches quiaurait impliqué de fréquenter lesarchives et les collections duditmusée. Aujourd'hui, si de vieillesrancunes demeurent notamment

chez les générations les plus an-ciennes, un décloisonnement entreces deux mondes fermés sur eux-mêmes est palpable. Les exposi-tions affichant un commissariatpartage entre conservateurs etuniversitaires se multiplient, toutcomme les projets de partenariatsou les invitations faites aux jeuneschercheurs d'explorer des fondsmuseaux - une solution à moin-dre coût pour des institutions sou-vent exsangues. Le Quai Branly,inauguré en 2006, dispose d'undépartement à part entière dédiéà l'enseignement et la recherche,où sont accueillis régulièrementchercheurs et étudiants en masteret doctorat. Dans le registre techni-que se trouve le Centre de recher-ches et de restauration des Muséesde France (C2RMF) au Louvre, crééen 1998 et spécialisé dans l'analysephysique des œuvres. Autre exem-ple de reconnaissance, les prix dethèse débouchant sur une publi-cation qu'à ce jour seuls deux mu-sées délivrent - le Quai Branly et,depuis 2006, le Musée d'Orsay.

Les promesses de l'InhaOn ne saurait sous-estimerles efforts fournis par AntoineSchnapper, figure tutélaire de

Légitimité des rédacteurs de catalogues raisonnes

DMalgré le risque de conflit d'intérêt, la rédaction du catalogue raisonné, l'authentification et la délivrance de certificatsd'authenticité font également partie des prérogatives des marchands (Derain, Lépine, Boudin, à la galerie Seb rn it ; Matisse

et Bonnard à la galerie Bernheim-Jeune ; Tamara de Lempicka à la galerie Alain Blondel ; Barye à la galerie Univers du bronze). Etmalgré les affaires judiciaires qui ont remis en question sa crédibilité, l'Institut Wildenstein reste une référence en matière de ca-talogues raisonnes (Chardin, Courbet, Monet, Gauguin, Géricault, Ingres, Manet, Pissarro, Redon, Renoir, Rodin, Seurat, Vélasquez...).Qu'ils soient ayants droit, parents, proches, anciens praticiens, historiens ou marchands spécialisés, les rédacteurs de ces cataloguesne bénéficient d'aucun adoubement autre que leur réputation et/ou la possession d'archives. Le flou juridique qui entoure cesentreprises peut donc donner lieu à des querelles de chapelle (Modigliani, Renoir...), dont les premières victimes (ou bénéficiaires,c'est selon) sont les artistes et la recherche en histoire de l'art dans son ensemble. Le travail d'authentification et de catalogage estégalement entrepris par des fondations (Vallotton, Gleizes, Arp...), des comités (Chagall, Picabia, Caillebotte...), voire des conserva-teurs du patrimoine et des directeurs de musée (Signac par Françoise Cachin, petite-fille de l'artiste ; Balthus par Jean Clair et VirginieMonnier ; Camille Claudel par Bruno Gaudichon, Anne Rivière et Danielle Ghanassia ; Vuillard par Antoine Salomon et Guy Cogeval ;Hyacinthe Rigaud par Ariane James-Sarazin...) M. M.

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La recherche en histoire de l'art

Ci-contre, Raoul Dufy, Fin dejournée au Havre, huile surtoile, 1901, 99 x 135 cm, muséed'art moderne André Malraux,Le Havre. © Photo Florian Klemefenn

Ci-dessous, Maître de la toile dejeans, Femme mendiante avecdeux enfants, fin XVIIe siècle,huile sur toile, 152 x 117 cm.Courtesy galerie Canesso, Pans

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l'enseignement de l'histoire del'art qui multiplia les commis-sariats d'exposition, pour qu'aitlieu ce rapprochement. De sonobstination naquit linstitut na-tional d'histoire de l'art (Inha),créé en 2001 et inauguré à Parisen 2004. Aujourd'hui, la grandemajorité des chercheurs s'accordeà dire qu'il y a un « avant » et un« après » Inha. Une réalité d'autantplus concrète pour les doctorantset jeunes docteurs qui y trouventdes opportunités d'emploi (charged'études et de recherches, pension-naire), pour certains en attendantde décrocher un poste à l'univer-sité. Placés sous la direction d'unconseil scientifique qui décide desgrands axes à explorer, ces chargesd'études contribuent aux program-mes de recherches, tout en étantcensés travailler sur leur thèse àmi-temps. Fort de ces armées depetites mains, l'Inha privilégie ledéveloppement d'outils documen(aires (bases de données, dictionnaires, inventaires, dépouillagesde fonds...), vastes chantiers auservice de la recherche future. Avecl'Inha, l'histoire de l'art en Francea non seulement gagné une vitrineinternationale, mais témoigned'un regain d'activité à travers lesjournées d'études, les colloques,les conférences et autres exposi-tions se faisant écho de l'actualitéde la recherche.La réalité pour les charges d'étu-des est plus complexe, car aussiformatrice soit cette expérience,la charge de travail est si impor-tante que rares sont ceux quiparviennent à se consacrer à leurstravaux personnels. Les conditionsde travail sont optimales et les sol-licitations pleuvent de toutes parts(articles, contributions à des catalogues d'exposition, colloques...).« L'Inha, c'est comme k château de

fa Star Academy. Tant qu'on y est,on est sous les feux des projecteurs,tout le monde connaît votre nom,tout est à votre portée, on a l'impression d'être une star», confieun ancien charge d'études sévère,quoiqu'il ne cache pas sa nostalgiede quatre années aussi stimulan-tes qu'enrichissantes. «Mais unefois qu'on en est sorti, on n'est plusrien ». Ainsi sur la cinquantaine

La centralisation a aussi

un impact direct sur les sujets traités par

les chercheurs qui délaissent largement

l'étude du patrimoine local en régions

de charges d'études à être passéspar l'Inha depuis sa création, uneseule a décroché Ie poste tantconvoité de maître de conférencesà l'université. Nombreux sont ceuxà avoir persévéré dans des postesprécaires (attachés temporairesd'enseignement et de rechercheà l'université, pensionnaires àl'Inha...), les autres ont mis 7 ou8 ans à finir leur thèse quand ilsne l'ont pas abandonnée, sans par-ler de ceux qui ont complètementquitté le navire. Autant de forcesvives ayant bénéficié d'une forma-tion hors pair dont la rechercheest privée par manque de postesuniversitaires et d'opportunitésprofessionnelles stables.

Une tendanceaux regroupementsL'université demeure le lieu où sefait l'essentiel de la recherche fon-damentale en histoire de l'art. Lesétudiants en master et en doctorat,les enseignants chercheurs ou en

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core les chercheurs attachés à uneUnite' mixte de recherche (UMR)du CNRS, produisent mémoires,thèses, articles, livres et autresessais, allant du plus concret auplus théorique. Tous échoirontà la bibliothèque de l'Inha, dontl'inauguration sous sa forme dé-finitive est attendue en 2014. Cetinestimable outil documentaire,unique dans son genre en France,qui vient s'ajouter aux grandscentres d'archives parisiens, estsymptomatique d'une centralisadon galopante de l'histoire de l'arten France - l'Inha a même héritédu surnom d'Institut parisiend'histoire de l'art. Le phénomènesemble irrémédiable tant la diffé-rence de dotation entre Paris et lespetites et moyennes universités enrégions est importante. Plus uneuniversité aura d'étudiants, pluselle recrutera des enseignants, plusses activités de recherche serontdéveloppées, et plus elle obtien-dra des crédits pour les mener. Etl'inverse se vérifie tout autant. Lesunités de recherche du CNRS en ré-gions sont toutes pluridisciplinai-res (sciences humaines, histoire,histoire de l'art, archéologie, lan-gues étrangères, musicologie...),ainsi les projets sont-ils transpério-diques et transdisciplinaires.Professeur à l'université deBourgogne, Bertrand Tillier prendpour exemple le chantier sur LéonRosenthal (1870-1932), figurefondatrice de l'histoire de l'art enFrance parfaitement oubliée, alorsqu'il fut directeur du Musée desbeaux-arts de Lyon, professeur àl'université de Lyon, critique d'artà L'Humanité, militant socialiste...Le projet a été mené par des histo-riens et des historiens d'art, diacun y a apporté son savoir-fairepour appréhender au mieux toutesles facettes du personnage et endresser un portrait multidimensionnel. D'id quèlques mois paraî-tra la première monographie sur cepersonnage tombé aux oubliettes.La spécificité pluridisciplinaire dulaboratoire se prêtait ici bien auprojet, et un laboratoire dédié àl'histoire de l'art aurait sans doute

donné une autre inflexion, moinsouverte au résultat.La centralisation a aussi un im-pact direct sur les sujets traitéspar les chercheurs, qui délaissentlargement l'étude du patrimoinelocal en régions (archéologie etarchitecture exceptés). Ceci alorsque la France dispose d'un réseaud'organismes d'études à l'étrangerqui se spécialisent dans ses rechercnes locales - la Casa de Vélasquezà Madrid, l'École française d'Athè-nes... La prédominance écrasantedes études sur la période contem-poraine française, autrement dit de1800 à nos jours ou un certain âged'or de la vie artistique et littérairefrançaise, peut s'expliquer de plu-sieurs manières : la prédsion aveclaquelle la période est enseignée aucollège et au lycée, la facilité d'accèsaux ressources documentaires,l'absence de barrière de la langue,la proximité de la culture... Autrereflet de révolution des programmes scolaires, la période allant duMoyen Âge au XVIIIe siècle néeessitant des bases solides en culturereligieuse et mythologique, est largement délaissée. Florence Buttay,maître de conférences en Histoiremoderne à Bordeaux III et coordinatrice scientifique du Festivald'histoire de l'art de Fontainebleau(lire l'article page 22) observe aussique l'iconographie, toutes périodes confondues, est absente despropositions de communicationsadressées au festival.Quant aux concepts venus d'outre-Atlantique tels que les culturalvisual studies, les gender studiesou encore la queer theory appli-ques à l'histoire de l'art, ils fontdoucement leur chemin, sanspour autant être endossés par leschercheurs francais avec un espritcritique.

PRES, LabEX, IdEXEn dehors de tous phénomènes demode, le poids que peuvent avoircertains directeurs de recherchessur les directions prises par leursétudiants n'est pas à négliger. Laliberté affichée dans le choix dessujets de thèse est d'autant moins

effective que, depuis peu, les allocations de recherches versées chaqueannée à une poignée d'étudiantssont désormais « fléchées » dansdes domaines précis. Les ensei-gnants chercheurs gardent pourleur part une liberté pour leursprojets personnels, qu'il s'agissed'un article, d'un livre ou d'uneexposition. Or ces dix dernièresannées ont vu une évolution radi-cale de la manière dont est menéela recherche en histoire de l'art. Laformation d'équipes interuniversitaires et l'élaboration de projetsambitieux, là où les collaborationsse limitaient à des initiatives individuelles (pour le commissariat oula contribution au catalogue d'uneexposition par exemple), tant surle plan national qu'international,s'est largement développée. Enfinançant nombre de projets col-laboratifs, l'Inha a été le moteur decette évolution et les dernières loisvont également dans ce sens. Pourpermettre à la France de brillerau (controversé) classement deShanghai, qui dresse une liste desmeilleures institutions de recherches au monde, le ministère del'Enseignement supérieur et de laRecherche a lancé le concept duPôle de recherche et d'enseignement supérieur (PRES). Cette superstructure formée par plusieursinstances de savoir (universités,instituts, grandes écoles) bénéficede financements conséquents et,à terme, est censée donner unemeilleure visibilité à la recherchefrançaise sur le plan mondial- 26 PRES ont été créés à ce jour.L'Inha a par exemple rejoint deuxPRES parisiens (Hésam, avec ParisI, l'Institut national du patrimoineet l'École du Louvre, et Sorbonne-Universités, avec notamment ParisIV, le Centre des musées nationauxet les Archives nationales) et pourrait bientôt intégrer celui de Lille-Grand Nord. Autres programmesdu ministère, les LabEX (labora-toires d'excellence) et les IdEX(Initiatives d'excellence), là encorecensés représenter la crème de lacrème et financés avec largesse. Leschercheurs concernés avouent leur

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peine à s'y retrouver... Le reprocheprincipal fait à ses nouveaux organes est d'accroître le fossé entregrandes et petites universités, enfavorisant des superstructuresformées par des entités déjà biendotées. L'on assiste dès lors à unemise en concurrence darwinienneentre grandes universités (Paris,Strasbourg, Aix-en ProvenceMarseille, Lille...) et universités quirisquent d'être désormais consi-dérées comme de second choix(Nantes, Tours, Dijon, Orléans,Saint Étienne, Amiens...) et à quil'on reprochera de mener une re-cherche moins intéressante, endehors de toute ambition « d'excellence ». Ainsi le vœu de voirl'Inha jouer pleinement son rôled'organisme fédérateur de la recherche en intégrant chaque PRESoù figure l'histoire de l'art est largement partage.

Un premierbilan dans cinq ansL'autre doléance concerne l'absencede prise en compte de la dimension individualiste et créative de larecherche en sciences humaines.Si les chercheurs peuvent tisserdes liens entre eux, suivre leursaffinités personnelles et s'enrichirde savoirs d'autres disciplines, leslaboratoires d'excellence que sontles LabEX tiennent plus du mariage de raison autour d'un projetde recherches ciblé que d'une asso-ciation de savoir faire disciplinaire.Avec une durée de vie de dix ans,leur premier bilan se fait au boutde cinq ans. ll faudra donc attendreavant de voir si la synergie entre

chercheurs et musées souhaitéepar les LabEX CAP (Création, Artset Patrimoine, dans lequel Paris I,l'Inha, la Bnp, le Centre Pompidou,le Quai Branly ou encore les Artsdécoratifs sont parties prenantes),voire H2H (Arts et médiations hu-maines, incluant la RMN, l'Écoledes arts décoratifs, la Bnp et leCentre Pompidou), tient plus de lathéorie et de l'artifice bien-pensantque de la pratique.L'avantage des LabEX reste de recruter et de financer les recherchesde jeunes docteurs, si tant est queleur sujet reste dans un périmètredéfini. Or il s'agit là encore d'opportunités à durée déterminée,quand la priorité est de financerdes postes d'enseignants au niveauuniversitaire - en histoire, les en-seignants chercheurs sont troisfois plus nombreux pour un quotaéquivalent d'étudiants.L'enseignement de l'histoire desarts à l'école, dispensé par les professeurs d'histoire, ne parvient pasà faire oublier la nécessité d'unCapes en histoire de l'art, à l'heureoù la culture est essentiellementvisuelle. En plus de fournir desdébouchés à de jeunes diplômés,l'histoire de l'art à l'école permettra d'initier des collégiens et deslycéens et les aider à mieux s'orien-ter par la suite, formera sur le longterme un public pour des exposi-tions peut-être plus exigeantes etdes lecteurs pour des publications,et créera aussi des acheteurs pourle marché de l'art. Savoir c'est pouvoir. À bon entendeur.

Maureen Marozeau

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« Une transdisciplinarité en marche »Philippe Sénéchal, directeur du Département des études et de la recherche de l'Inha, souligne les opportunités

offertes par un dédoisonnement progressif de la recherche en France et par la mondialisation

la création, en 2001,puis l'inauguration, en 2005,de l'Institut national d'histoirede l'art (Inha) a-t-il unifié unediscipl ine qui , en France, alongtemps donné l'image d'unecommunauté scientifique divi-sée et relativement isolée ?La recherche en histoire de l'artest extrêmement variée. Il existe,indéniablement, des méthodesdifférentes issues de diverses tra-ditions universitaires, mais aussides approches spécifiques liées aumonde des musées. Un phéno-mène très important a marqué cesdernières années : une plus grandeouverture au monde international.De nouvelles théories, parfois auxmarges des institutions, commeles visual studies ou les culturalstudies, sont venues enrichir ladiscipline. La création de l'Inha aété une sorte de stimulant et d'in-cubateur. Il faut aussi soulignerle rôle joué par trois institutionsétrangères installées à Paris : leCentre allemand d'histoire del'art, le centre de recherche de laTerra Foundation et la FondationCustodia. Cette plus grande per-méabilité entre les différents ac-teurs de la discipline est un pointcentral du développement de larecherche en histoire de l'art. Lesmusées aussi, grands et petits,ont remis la recherche en tête deleur priorité, certains avec de vé-ritables programmes, voire desdépartements entiers comme c'est

le cas au Quai Branly. L'activitédu musée est dorénavant démul-tipliée par l'adhésion du QuaiBranly au Labex CAP, Laboratoired'excellence création, arts et patri-moines, j'aurais pu citer aussi leCentre Pompidou avec ses boursessur l'art et la mondialisation ou leMusée du Louvre qui a développélui aussi ses activités de recherche.

La scission entre le monde uni-versitaire et celui des muséesest-elle en passe de se résorber ?

L'étanchéité entre le monde desmusées et celui des universitairesétait une des grandes difficultés dupanorama français, contrairementà ce qui se pratiquait à l'étranger.Avec la création des laboratoiresd'excellence, la situation s'est dé-verrouillée ; comme si une sortede soupape avait sauté. Si les loisuniversitaires ont pu avoir des ef-fets secondaires pernicieux, l'en-trée dans ces laboratoires mixtesde grandes institutions culturelless'est, elle, avérée très positive. LeLabex CAP associe les Arts décoratifs, la Cité de la céramique deSèvres, la Bibliothèque nationalede France, le Quai Branly, le CentrePompidou et bientôt la Cité de l'ar-chitecture et du patrimoine.Il y a un brassage extraordinaired'expériences et d'approches avecune véritable transdisciplinaritéqui aurait été impossible aupa-ravant. Nous ne sommes qu'auxprémices de ce phénomène struc-turant qui s'inscrit dans la durée- au moins sur dix ans. Rien n'estparfait, certaines situations seronttoujours grippées, mais il fautsavoir profiter de ces nouveauxespaces offerts par les Labex CAP,Arts-H2H (cinéma, arts plasti-ques, musique, photographie, lit-

térature, théâtres...) ou Patrima(savoir, conservation et trans-mission). En province aussi, lasituation est stimulante, avec deslaboratoires dynamiques commele Lhara, (laboratoire de recher-che historique Rhône-Alpes), àLyon et Grenoble, qui collaboreavec tous les musées de la région.La transdisciplinarité ne touchepas seulement les humanités. Cesgrands regroupements ont obligédes univers encore plus distantsà se rapprocher de l'histoire del'art, comme les sciences de l'in-génieur, le monde de la créationindustrielle, voire celui de l'en-treprise. Des projets mixtes sontaussi nés dans le cadre des PRES,les Pôles de recherche et d'ensei-gnement supérieur. Nous sommesdésormais tous plongés dans legrand bain de la recherche, avecdes moyens conséquents.

Les jeunes chercheurs pourront-ils développer leurs activités àl'heure où l'on assiste aussi àune diminution drastique desmoyens et des postes à ('uni-versité ?Le concours annuel de l'Institutnational du patrimoine (INP) re-présente une véritable chance caril permet un recrutement régulierdans les musées. La situation dumonde universitaire est, elle, ca-tastrophique. À cause de la situa-tion économique actuelle, certainspostes ne sont pas renouvelés etles postes de titulaires enseignantschercheurs se font beaucoup troprares. Nous sommes en train deformer une génération de jeunesdocteurs brillantissimes, qui sontmathématiquement bloqués car ily a des dizaines de candidats pourun seul poste. Un grand nombre

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d'entre eux ne pourra pas trouverde postes dans l'enseignementsupérieur ou au CNRS. Les étu-diants doivent se préparer à unereconversion, ce qui peut être toutà fait intéressant. Autre solution :partir à l'étranger, dans les paysémergents comme la Chine, l'Inde,le Brésil où des départementsse créent. Un jeune doctorantpourrait imaginer commencer sacarrière en Chine continentale, àTaïwan, ou Singapour. Les jeunesanglo-saxons et Allemands ontdéjà intégré cette dimension. Ilfaut se projeter dans un mondeglobal et imaginer que les carrièresseront beaucoup plus mobiles quepar le passé. Si on limite le regardà l'Hexagone, il y a de quoi êtreextrêmement anxieux.

N'est-ce pas paradoxal de pré-tendre développer la rechercheavec les pôles d'excellence sanspostes à la clef pour les nouvel-les générations ?La baisse de régime de l'enseigne-ment supérieur est certes déce-vante, mais je suis convaincu quedes historiens de l'art peuventêtre des éléments dynamiques etbrillants dans d'autres secteursque l'histoire de l'art elle-même. LaGrande Bretagne n'a jamais connuun tel cloisonnement, comme siles humanités ne menaient qu'auxhumanités. L'innovation vientplutôt d'une fertilisation croiséeque de l'endogamie. À l'Inha, nousvenons de créer un bureau d'aideà l'insertion professionnelle enhistoire de l'art qui a pour missiond'être un centre de renseignementsur l'offre et la demande. Car ily abeaucoup de demandes venant dumarché de l'art, de l'édition, desorganisateurs de grands événe-ments. Nos étudiants auront ac-quis des compétences de synthèseet certains feront autre chose quede la recherche en histoire de l'art.Et je ne considère pas que celaest grave.

Parallèlement, il est un pointtrès favorable : le développementde la politique de recherche misau point par l'INP et l'École duLouvre. Les universitaires voientarriver de plus en plus de jeunesdemandant à être encadrés, quipour un master, qui pour unethèse. Us se sont rendu compte del'importance de l'obtention d'unethèse pour se présenter à l'étran-ger. C'est un phénomène nouveauchez les conservateurs, une évolu-tion mondiale qui leur permettrade bouger plus facilement.

Est-ce qu'il y a des sujets peu oupas assez explorés par la recher-che en histoire de l'art ?Dans Ie monde universitaire,d'importants efforts sont à faireen direction des arts extra-euro-péens. Il y a une réelle disparitéentre Paris et le reste de la Franceoù il demeure très difficile d'avoirdes cours réguliers. Les arts déco-ratifs, la mode et le design sontencore trop en jachère par rapportau monde anglo-saxon. Je suisaussi inquiet par une certaine dé-saffection pour l'histoire de l'artantique et l'histoire de l'art médié-val. C'est un peu la conséquencede la montée en puissance desarchéologues médiévistes et duboom, remarquable intellectuel-lement, de l'archéologie du bâti.Ce champ dynamique a grignotéle terrain de l'histoire de l'art etdans les affichages de postes, l'ar-chéologie tend à prendre le pas. Ilsera bientôt difficile de trouver debons médiévistes latinistes, tant àl'université que dans les musées.Seule une politique volontaristepermettra de maintenir le flam-beau dans ces deux domaines.

À l'heure où l'enseignementdes arts à l'école prend unetournure de plus en plus floue,peut-on encore espérer un jourla création d'un Capes ou d'uneagrégation d'histoire de l'art ?

Pour ma part, j'ai toujours plaidépour des concours mixtes - his-toire-histoire de l'art ou lettre-his-toire de l'art - et non mono-disci-plinaires. Cela avait été envisagé ily a quèlques années, mais bloquéau dernier moment par le minis-tère de l'Éducation nationale, ànotre grand désarroi. En 2012,nous sommes repartis à la casedépart. Avec Olivier Bonfait, pré-sident de l'ApAhAu, l'associationdes professeurs d'archéologie etd'histoire de l'art des universi-tés, et Antoinette Le Normand-Romain, directrice générale del'Inha, nous avons été reçus parla commission d'enseignementà l'Assemblée nationale pour larédaction du nouveau rapportsur l'enseignement des arts. Nousn'avons malheureusement pas étéentendus, la commission ayantentériné une sorte de statu quo. Jene sais pas si les parents d'élèvesréalisent qu'on enseigne à leursenfants une discipline qui n'estsanctionnée par aucun diplômeou concours dans la matière ! Lacertification rectorale s'est un peuaméliorée avec la nomination d'uninspecteur général de l'éducationnationale pour l'histoire des artsen la personne d'Henri de Rohan,mais la situation reste aberrante.Nous formons de remarquablesjeunes diplômés ; c'est un gâ-chis de ne pas les insérer dansl'enseignement secondaire. Lesprogrammes vont d'ailleurs êtrerefondus sans que l'ApAhAu oule Comité français d'histoire del'art (CFHA) ni même l'inspecteurgénéral n'aient été consultés.

Qu'en est-il de la publicationscientifique en histoire de l'art ?Ces quinze dernières années, ilfaut saluer le courage d'un cer-tain nombre d'éditeurs privésou universitaires, à l'image desPresses universitaires de Rennes,de la Sorbonne, de Grenoble, duSeptentrion ou des Presses du

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réel à Dijon, qui ont tenu le flam-beau, permettant la publicationd'une production scientifiqueexigeante, thèses, actes de col-loques... Des e'diteurs privés ontvu le jour comme Page à Lyon, ouMare & Martin à Paris. On assiste,cela dit, à une baisse de voilureinquiétante chez les très grossesmaisons : Gallimard a ainsi arrêtél'Univers des formes et publiebeaucoup moins d'essais, tan-dis que la collection « idées etrecherches » chez Flammarionn'est plus alimentée commeautrefois. La faute est moins àimputer aux éditeurs qu'au nom-bre décroissant de lecteurs pourles livres de sciences humaines,phénomène auquel viennent segrever des coûts de fabricationen augmentation du fait des il-lustrations. La France connaîtun autre problème de taille : salenteur à traduire des ouvragesmajeurs, à l'inverse de l'Italie.Toute une série de grands auteurséchappent à la traduction. Certes,les chercheurs peuvent lire dansune langue étrangère, mais nepas traduire signifie que les idéesnovatrices développées ailleursn'ont pas infusé dans notre pays.Le Festival d'histoire de l'art (lirep. 24) permet de mettre en lu-mière ce que font les éditeurs, àl'heure où les amateurs d'art ontpris l'habitude d'acheter le cata-logue d'exposition plutôt que deslivres monographiques, des essaistransversaux. Il donne aussi une

visibilité aux revues qui ont be-soin de développer leurs abonne-ments. Dans ce domaine, mêmesi on continue toujours à pleurersur la fermeture de La Gazettedes beaux-arts, soulignons le rôlejoué par les jeunes revues tellesStudiolo, Les Cahiers d'Histoire del'Art, Italies ou Perspective éditéepar l'Inha. La revue Histoire del'art représente le meilleur de lajouvence de ce pays. Le Festivalest une chance extraordinaired'exposer la discipline dans ladiversité de ses acteurs, de sesproduits, de ses métiers.

On peut finalement s'étonnerque ce Festival n'ait pas vu lejour avant...Ça en dit long sur la place de cetteétrange chose qu'est l'histoirede l'art dans le paysage intel-lectuel français. La France s'estconstruite sur des disciplineshistoriques, philosophique, lit-téraire... L'éducation à l'image atoujours été considérée commesecondaire. Il reste encore énor-mément à faire. Les blocagessont peut-être plus encore dansla tête des décideurs que chez lescitoyens qui voient bien tout lebénéfice de former leurs enfantsaux décodages des images dontils sont régulièrement bombar-dés et à la connaissance de leurpatrimoine.

Propos recueillis parDaphné Bétard

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Revue des revuesLa publication scientifique est une condition de la visibilité comme de la légitimité du chercheur en histoirede l'art • Tantôt organe de pouvoir, de sanction ou de prestige, elle est aussi l'indice de santé de la discipline

ublier. À l'université etdans les musées, le mot revientsouvent. Comme un souhaitet comme une injonction, auconditionnel et à l'impératif.Comme un souhait, d'abord :l'étudiant, en proie à des ambi-tions raisonnables, le professeur,en quête d'une affirmation de saconnaissance et le conservateur,en vue d'une confirmation deses compétences, fondent danstoute publication l'espoir d'unetranscription et d'une pérennisa-tion de leurs recherches. Publier,c'est être lu, donc vu, et peut-êtrereconnu. Comme une injonction,ensuite : tout chercheur en his-toire de l'art, qu'il soit béotien oupatenté, doit (c'est selon) amorcerou, plus encore, étoffer les ongletsscientifiques de son curriculumvitae. Au premier, les directeursde recherche et le Conseil natio-nal des universités sauront de-mander des comptes, au second,les pairs et les censeurs saurontsignifier l'endormissement - surles lauriers de la consécration -,voire l'interdiction de gravir deséchelons scientifiques, politiques,symboliques.Publier, c'est donc exposer et

s'exposer. C'est passer l'examenet demander le sésame. C'est uneépreuve et un rite. Qu'en est-ildonc de ces revues, parfois confi-dentielles et pourtant plébisci-tées, qui accueillent ici et là, enFrance et à l'étranger, à Paris eten région, les articles des cher-cheurs - leurs découvertes, leursidées et leurs espérances ?

Encyclopédismeet spécialisationL'existence de revues suscepti-bles d'accueillir des recherchesaffûtées répond à la question dusavoir. Publier, c'est participerà l'édifice commun, à l'édifica-tion collective du savoir, à cetteRépublique des lettres humanis-tes soucieuse de combattre lamonstre ignorance.Encore en vie, le Journal desSavants, fondé en 1665, est ainsile plus ancien journal littéraired'Europe. Il accueille des articlesrelatifs non pas à l'histoire de l'artmais à l'archéologie, à la peintureou à la sculpture. Les lettres etles antiquaires y exposaient, ety exposent encore, leurs idées etleurs prospections. À ces véhicu-les de l'encyclopédisme animéspar une croyance en l'univer-salité du savoir - parfois taxéed'obsolescence - répondirent,au XIXe siècle, des revues plusspécialisées, et pour certaines en-core vivaces. L'autonomisationet l'institutionnalisation de l'ar-chéologie et de l'histoire de l'art,grâce à l'émergence des musées

et à un enseignement spécifique,encouragèrent la naissance depublications décisives. Les so-ciétés savantes furent à l'originede nombreuses revues, parmi lesplus remarquables de la disci-pline. C'est le cas de la Sociétéfrançaise d'archéologie qui, de-puis sa fondation par Arcissede Gaumont en 1834, édite leBulletin monumental, une revueincontournable pour l'histoirede l'art médiéval comme pourl'étude des monuments histori-ques. Fondée en 1872, la Sociétéde l'histoire de l'art français ras-semble, quant à elle, amateurs etconnaisseurs afin de publier desarchives ainsi que les commu-nications de ses membres, ras-semblées dans un Bulletin annuelparticulièrement plébiscite.Éteinte en 2002, la Gazette desbeaux-arts, fondée en 1859 puisrachetée en 1928 par le collec-tionneur Daniel Wildenstein, in-carna longtemps le prestige d'unediscipline devenue indépendante.Charles Blanc, Marcel Proust,André Gide, Henri Focillon,Bernard Berenson et ErwinPanofsky comptèrent parmi sesplumes et assurèrent à la revueune longévité et une exigenceexceptionnelles.

Questions de genreet de domaineLe développement de l'histoire del'art et des structures afférentes- musées, écoles d'art, départe-

ments universitaires, unités derecherche - a engendré la mul-tiplication des revues. Aux som-mes colossales, aux annales cy-clopéennes, répondent désormaisdes publications ambitieuses,sans doute moins intimidantes,et souvent identifiées à un genre,à un domaine ou à une institu-tion spécifiques.Les grands musées peuvent re-vendiquer des revues crucialespour la recherche : bimestrielle,La Revue des musées de France— La Revue du Louvre publiedepuis 1951 des articles consa-crés aux œuvres et acquisitionsdes institutions hexagonales ;créée en 1995,48/14 La revue dumusée d'Orsay (provisoirementsuspendue) alterne actualités,documents et études, ces deuxdernières sections étant des chai-res cardinales pour le chercheuren histoire de l'art ; fondés parJean Clair, qui en fut le rédac-teur en chef de 1978 à 1986, lesCahiers du Musée d'art moderneaccueillent des travaux déci-sifs relatifs à l'art moderne etcontemporain.De leur côté, les écoles et les uni-versités françaises ont su dévelop-per des revues considérables pourla recherche : fondée en 1988,sous la responsabilité de l'ApA-hAu (Association des professeursd'archéologie et d'histoire de l'artdes universités), Histoire de l'artpublie exclusivement les tra-

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vaux de jeunes auteurs ; lancéeen 2001 par des professeurs etétudiants issus de l'École pratiquedes hautes études, de l'École deschartes et de l'École du Louvre,les Livraisons d'histoire de l'ar-chitecture se distinguent par desarticles de haute tenue, garantispar un comité scientifique de ré-putation internationale ; crééeen 2006, la revue semestrielle del'Inha, Perspective, s'intéresse àl'actualité de la recherche en his-toire de l'art - les récentes publi-cations, les travaux universitairesou les débats transversaux.Si Paris est le siège de nombrede ces initiatives, les régions

ont vu naître des titres réputés,que l'on veuille songer à Critiqued'art, revue fondée en 1993 parles Archives de la critique d'art,aujourd'hui sises à Rennes, ouau Bulletin du musée Ingres, créépar les équipes du musée deMontauban. C'est donc peu direque l'inflation des publicationsscientifiques, symétrique à cellede la discipline, offre aux cher-cheurs, quels que soient leurs pé-riodes, domaines et affiliations,des tribunes importantes.Des tribunes importantes par leurnombre comme par leur excel-lence, celle-là même qu'avait ima-ginée André Chastel en fondant

en 1968 ce qui fut « sa chose »,ainsi que le souligne le fameuxéditorial de 1993 : La Revue del'art. Publiée par le CNRS, dotéed'un conseil scientifique et d'uncomité de rédaction souverains,cette revue trimestrielle d'enver-gure internationale cristalliseà elle seule les ambitions et lesenjeux de l'édition savante enhistoire de l'art.

Les paris du numériqueAccessible en ligne via le siteInternet Persée, portail incon-tournable des revues scientifiquesen sciences humaines et sociales,La Revue de l'art a opéré un bascu-lement vers le numérique. Cettemigration de support est aussisignificative que problématique :tous les numéros et articles nesont pas consultables, la plupartdes illustrations ne sont pas visi-bles, ce qui ampute la revue de sarichesse et de son sens.Face au numérique, la commu-nauté de chercheurs est encoreréservée, voire partagée. Quandcertains, y voyant un instrumentinégalé de diffusion, de consulta-tion et de démocratisation de laconnaissance, n'hésitent pas àpublier dans ces revues virtuelles(voir encadré), d'autres, scepti-ques quant à leur honorabilité,leur référencement et leur sys-tème d'édition, rechignent encoreà céder leurs recherches inéditesà ces sites prétendument incer-tains.Pour s'intéresser à la questionnumérique, plusieurs sites of-frent à celle-ci une respectabilitéet une légitimité accrues : sousl'égide de la Bibliothèque natio-nale de France, Gallica numériserétrospectivement de nombreu-

ses revues, à l'image de la sociétéaméricaine JSTOR, ce systèmeperformant d'archivage de quel-que 1500 revues scientifiques.Abritée par des sites autorisés,certifiée conforme par des ex-perts, la recherche scientifiquenumérique permet moins de pu-blier que de consulter. Nul doute,néanmoins, qu'elle constitue,par ses possibilités entrevues, unenjeu majeur pour les années àvenir, comme l'ont parfaitementcompris les plateformes de publi-cations Cairn et Revues.org.

Dénicher l'excellenceDevant la multitude, commentle chercheur, qu'il consulte ouqu'il publie, peut-il s'y retrouver ?Comment séparer le bon grainde l'ivraie ? Comment faire uneconfiance résolue à ce qui s'an-nonce, parfois imparfaitement ?On se souviendra avec soulage-ment de l'échec de la notation etde la hiérarchisation des revuesvoulus par l'Aères, Agence d'éva-luation de la recherche et de l'en-seignement supérieur. Le pres-tige et l'aura sont difficilementchiffrables. Chose est certaine,la spécificité et la souverainetéde l'histoire de l'art ne sauraientêtre diluées ou contestées, dèslors que la discipline est hébergéepar des supports non spéciali-sés, à l'image des revues Esprit etCritique, fondées respectivementpar Emmanuel Mounier en 1932et Georges Bataille en 1946. Aucontraire. Peut-être est-ce là, danscette extraterritorialité des publi-cations, que la discipline pourradéfendre sa singularité commeson excellence.

Colin Lemoine

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Atouts de la revue virtuelle

DQuand certaines revues conjuguent peu à peu une parution papier avec une édition numérique, d'autres ont choisi, purementet simplement, de n'exister que virtuellement, sans recours à l'imprimé. Ces revues, dont l'autorité n'a jamais été démentie,

sont désormais nombreuses. L'Italie a ainsi vu naître ArcheoArte, en 2010, el Art History Supplement, l'année suivante, deux paru-tions savantes, respectivement annuelle et bimestrielle. Enrichie au fil de l'eau, la revue généraliste Kunstgeschichte, qui fédèreplusieurs universités allemandes, publie depuis 2009 des textes dans les langues de Goethe, Dante et Hugo. Hébergé outre-Rhin,le Journal of the International Association of Research Instituts in the Histoiy of Art compte de nombreux articles scientifiques etconstitue un outil de référence pour la discipline. Eu égard à ses liens hypertextes, à ses archives disponibles, à ses comités rigoureuxet à son référencement accru, l'édition numérique, dont il est affirmé souvent à tort, qu'elle est moins onéreuse que la publicationpapier, revendique de nombreux atouts et peut concurrencer sa prestigieuse aînée. Pour preuve, deux revues françaises strictementnumériques se distinguent par leur excellence : fondée en 2005, dépositaire des idées de Warburg ou de Panofsky, issue de quatrecentres de recherche de l'EHESS et du CNRS, la publication en ligne Images re-vues explore doctement l'image et le visible tandisque, depuis 2001, la revue ln Situ plaide, avec force et succès, pour la connaissance et la valorisation du patrimoine.

Des revues internationales incontournables

D Passer les frontières, résister à la traduction, soumettre ses idées à un autre lectorat : publier à l'étranger vaut pour consé-cration. Éditée par The College Art Association of America, la revue trimestrielle The Art Bulletin fête cette année ses cent ans

de travaux remarqués, souvent remarquables. Fondé par Bernard Berenson en 1903, alimenté par des plumes vénérables - HenryJames, Ernst Gombrich, Anthony Blunt ou Pierre Rosenberg -, The Burlington Magazine publie chaque mois des articles incontour-nables, et parmi les plus respectés de la discipline. Du reste, le prestige tient autant à la qualité de la revue qu'au rayonnement dela langue. À cet égard, Apollo, Sculpture Journal, Taie Etc., Studio International et Master Drawings, cinq publications de langueanglaise, sont des titres particulièrement plébiscités par les historiens de l'art. En Italie, Paragone et Predella, de parution respec-tivement mensuelle et trimestrielle, sont deux revues savantes particulièrement importantes. Fondé en 1948 par le Zentralinstitutfur Kunstgeschichte de Munich, le mensuel Kunstchronik accueille l'actualité de la recherche comme des recensions décisives et desdébats majeurs. Plus inattendue car publiée depuis la Pologne, la revue Artibus et Historiae a su gagner en légitimité grâce à ce quiconstitue désormais la triangulation de la qualité pour l'édition en histoire de l'art : une régularité irréprochable, un comité intrai-table et un multilinguisme opportun.

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L'histoire de l'art en fetePour sa troisième édition, le Festival de l'histoire de l'art sonde

le thème de l'éphémère et met le Royaume-Uni à l'honneur

lédition 2012 du Festival dè l'histoire de l'Art, au château de Fontainebleau, e into

aidant trois jours,du 31 mai au 2 juin, la ville deFontainebleau et son châteaudeviennent le terrain privilégiéde l'histoire de l'art, avec près detrois cents conférences, débats,rencontres, concerts, expositions,projections et lectures consacrésà la discipline. Créé il y a seu-lement deux ans, le Festival del'histoire de l'art réunit univers)

taires et conservateurs, éditeurs,auteurs et libraires, enseignantset étudiants ainsi que tous lesamateurs de cette science hu-maine récemment bouleverséepar les réformes universitaires etla création de pôles d'excellence(lire pages précédentes). Pour satroisième édition, après l'Italieet l'Allemagne, le Festival a in-vité le Royaume Uni pour mettre

FESTIVAL DE L'HISTOIREDE L'ART, du 31 mai au 2 juin,Fontainebleau, www.festi-valdelhistoiredelart.com,entrée libre I

en lumière la recherche anglo-saxonne. Quant au thème choisi,l'Éphémère, il succède à la Folieet au Voyage. L'art de l'Éphémèreévoque des productions artisti-ques peu étudiées en France : lesarchitectures temporaires conçuespour les banquets et grandes fêtesde cour, les affiches, officielles ouclandestines, les statues publi

ques, témoins privilégiés d'unepériode historique, le feu d'arti-fice, l'art de la marionnette, lestatouages et coiffures, ou encoreles arts culinaires.

Décloisonnementdes disciplinesL'occasion de s'interroger, ici,sur la manière de conserver le

patrimoine de l'art vivant, desœuvres périssables conçues pourne durer qu'un instant. Le Festivalaffiche clairement sa volonté dedécloisonner les disciplines, defédérer les divers acteurs de larecherche en histoire de l'art afinde travailler en synergie (lire l'en-tretien p. 22). ll promet aussi des'interroger sur la politique d'ex-position à l'heure où les muséessont tiraillés entre leur missionde conservation des collectionspermanentes et la nécessité deproduire de grandes manifesta-tions événementielles - éphé-mères donc - pour satisfaire lesexigences des baromètres de lafréquentation. Trois journées derencontres et d'échanges pourprendre le temps de la réflexion :c'est ce que propose le Festival del'histoire de Part. Un volet entierest consacré à l'actualité éditonale avec l'organisation du salondu livre et de la revue d'art. Sansoublier, comme chaque année,la remise du prix Art & Caméraqui vient conclure les événementsorganisés autour des liens étroitsunissant arts plastiques et ci-néma.La première édition du Festival,au printemps 2011, avait réuniquelque 15 DOO personnes,contre 18 DOO l'année suivante.Forts du succès des deux premiè-res années, les organisateurs decette manifestation, désormaisinstallée dans le paysage culturelfrançais, espèrent attirer cettefois 20 000 visiteurs. Et conti-nuer à convaincre de la nécessitéd'accorder une place majeure à ladiscipline sur l'Hexagone.

Daphné Bétard

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Le Festival : morceaux choisis

La première Écolede Fontainebleau

DPendant le Festival de l'histoire de l'art, les visiteurspourront aussi découvrir ('exposition organisée au

Château de Fontainebleau consacrée à l'un des plus beauxdécors de la Renaissance française : celui de la galerieFrançois Ier conçu par Rosso Fiorentino. D'origine toscane,entré au service du roi en 1530, Fiorentino travailla sur plu-sieurs grands chantiers parmi lesquels l'ambitieux décor decette galerie reliant la chambre du roi à la chapelle. La richessede son répertoire ornementale fut largement diffusée parl'estampe, devenant un véritable modèle dans les arts déco-ratifs, la tapisserie, l'émail peint, l'orfèvrerie, le livre enluminéou imprimé, les reliures, le vitrail. Le langage formel imaginépar Rosso a fait de Fontainebleau un véritable foyer de lacréation artistique, comme en témoigne ce parcours organiséen partenariat avec le Musée national de la Renaissance -Château d'Écouen.« Le roi et l'artiste. François I" et Rosso Fiorentino », château deFontainebleau, www.chateaudefontainebleau.fr, tél. oi 60 TI so 60.

Jusqu'au 24 juin.

DVendredi 31 mai, ghjo, au Château : Ouverture de la troisième Université de printemps surla formation des cadres et professeurs de l'Éducation nationale charges de l'enseignement

de l'histoire des arts de l'école au lycée, suivie, à 10)130, d'une conférence sur les notions deruptures et de continuité en histoire de l'art, avec Jean-Michel Leniaud, Christine Peltre et PhilippeSénéchal / loh, Salon du livre : rencontre professionnelle franco-anglaise du livre d'art par leBureau international de l'édition française / «fh, château : Le musée vivant, performance deRobert Cantarella / i6h, Théâtre municipal, conférence « interroger les continuités - Tradition/Transmission » / i6hso, L'Âne vert Théâtre, « Figer l'éphémère : les arts face à la fuite dutemps ».

DSamedi i" juin, 9h, au Château : « L'histoire des arts : un enseignement en devenir »,principes et perspective dans le cadre de la refondation de l'école, suivi à 10(130, d'une

conférence de Pierre Rosenberg sur « Poussin et l'Angleterre » / I3hii5, Mairie, « Récrire les avant-gardes ? Modernité/Modernisme » ou comment les évolutions récentes de l'art, la recherche etla muséographie entraînent la réévaluation de l'épopée des avant-gardes, avec Laurent Le Bon,Anne-Zoé ffillon et Annie Claustres / nd, cinéma Ermitage : quatre moyens métrages présentéspar le Jury Jeune Critique ou projection de L'extase et l'agonie (1965) de Carol Reed / i;h, Salledes fêtes, table ronde le patrimoine, facteur de dynamisme territorial /15)130, château, conférencesur la réception critique de l'art britannique en France et sa présence dans les collections publi-ques françaises par Guillaume Faroult et Barthélémy Jobert /15)130, École des Mines, conférence« L'art comme système : éphémère et dématérialisation de l'objet dans l'art contemporain » parMatthew Rampley (Université Birmingham) /17(1, Mairie, conférence sur l'insertion professionnelleen histoire de l'art.

DDimanche 2 juin, 10)130, château : table ronde « Les instituts de recherche en histoire del'art » (en anglais) / ii h, École des Mines, conférences sur Les performances de Gina

Pane / iihio, Cinéma Ermitage, Rubens (194.8) d'Henri Starck et Paul Haesaerts /13(130, Mairie :table ronde « Les revues d'histoire de l'art et leur futur » par des éditeurs anglais /14(130, château,conférence sur l'immatériel au musée à travers les collections amérindienne du Quai Branly ouau Théâtre municipal, conférence sur le travail de l'artiste Michel Blazy.

21 RUE LERICHE75015 PARIS - 01 48 42 90 00

24 MAI/06 JUIN 13biMensuel

Surface approx. (cm²) : 4365N° de page : 19-24

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CANESSO3004936300507/CLA/OTO/2

Eléments de recherche : GALERIE CANESSO : galerie d'art à Paris 9ème, toutes citations

AILLEURSEN FRANCE

Les usages politiques etidentitaires du passé dansles expositions muséales,Montpellier, UniversitéPaul Valéry Montpellier 3,28 mai 9h-i8hOrganisé par le Centred'études médiévales deMontpellier ce colloqueréunit des intervenantsinternationaux autour dela question du traitementd'un discours politique etidentitaire en muséologie, plusparticulièrement dans le cadrede l'exposition. Différentesétudes de cas serviront de baseà la discussion, qu'il s'agissed'un musée en particulier,d'un comportement propreà un pays, ou d'un conceptabordé de façon plus généraleet philosophique.-» Site Saint-Charles, salle 004.,[email protected]~montp3.fr

La représentationdu corps à la Renaissance,Nancy, 31 mai et r* juinEn lien avec l'exposition« Le corps et ses images »du Musée-aquarium deNancy, les intervenants seconcentreront sur la périodede la Renaissance, où s'estconçue et développéel'anatomie moderne. On s'yappuiera notamment sur lesreprésentations que les savantset les artistes font du corpshumain dès le XVIe siècle.~» Auditorium du Musée des beaux-arts de Nancy

La sculpture aux XIXe

etXXe siècles .'journée

annuelle des jeuneschercheurs, Paris, MuséeRodin, u* juinOrganisée par le MuséeRodin, le départementd'histoire de l'art et l'écoledoctorale de l'université deParis ouest Nanterre, cettejournée se présente commeun lieu d'échanges pour lesdoctorants, les jeunes docteurset conservateurs spécialisés ensculpture contemporaine, quipourront présenter certainsaspects de leurs recherches.•» www.musee-rodin.fr/fr/journee-annuelle-des-jeunes-chercheurs-2013

Notion de lieu communCentré sur la notion de « lieucommun », ce colloque metcette construction mentale enrapport avec certaines sphèresde l'art contemporain, commela critique d'art et le contextede l'atelier. Seront discutés leslieux communs du discoursartistique, qui entretient unerelation privilégiée, parfoisindispensable avec l'artcontemporain, ainsi que le lieucommun à la fois physiqueet abstrait de l'espace oùl'artiste travaille et se met enreprésentation.-» Paris, INHA, 20 et 21 juin 2013

Inventions et réinventionsde l'art « primitif », QuaiBranry, 20-21 septembre,9h30-i9hDeux journées d'étude surl'actualité de la recherche surl'art africain et l'art océaniende la fin du XIXe siècle audébut du XXIe siècle, vus àtravers le prisme occidental quiinflue sur leur reconnaissanceet leur diffusion.•» Théâtre Claude Lévi-Strauss, entréelibre et gratuite dans la limite desplaces disponibles