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Paris Capitale

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INTERVIEW Roxane Duran, étoile montante du le art

DÉCOUVERTE Les miracles de la rue de Paradis

:;;- TENDANCE Iii

~ Quand l'optique parisienne ~

~- en met plein la vue "" i Spécial ~ PRIN ....... c­~ .., ~ ~-

~ § ~

MODE Un vent de légèreté

~- BIEN-ÊTRE ~ Aquabiking : ;- le vélo se jette à l'eau! .., ~ ~-

.;,;

CAPITALE

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{PROMENADE }

Les métamorphoses de la rue de Paradis Se promener rue de Paradis et aux alentours, c'est se plonger dans un quartier parisien en plein renouveau où, créateurs, galeries, restaurants branchés prennent peu à peu la place des boutiques d'art de la table (porcelaine, cristaux) qui avaient fait sa réputation. De nouvelles surprises presque miroculeuses vous attendent! DOSSIER REALISE PAR VIVIANE BLASSEL ET JEAN"MARIE DUBOIS. PHOTOS: STÉPHANIE SLAMA.

Le quartier évolue et s'éloigne de son passé industriel. Aujourd'hui, la rue de Paradis accueille restas et bistrots, boutiques mode et déco, galeries et même un Manoir ... pour les amateurs de spectacles d'horreur et d'épouvante.

a rue de Paradis, nous la connaissons tous,

au moins grâce au Monopoly, où elle fait partie des rues "abordables" et qui peu­

vent rapporter gros. D'ailleurs, c'est un peu

ce qui semble se passer depuis peu dans

cette artère peu séduisante au premier ___ abord, mais qui fait partie d'un tissu de

petites rues adjacentes (rues Martel, des Petites-Écuries,

d'Hauteville). Depuis 2010, elle organise, deux fois par

an, une nocturne festive: le Little Paradis. Un événement

venant grossir le nombre des parcours parisiens arty et

branchés, fédérant tous les nouveaux arrivants et "pion­

niers" de ce quartier bouillonnant. Nous sommes dans le

xe arrondissement entre les rues du Faubourg-Poissonnière

et Faubourg-Saint-Denis, c'est-à-dire dans l'est parisien

qui arrive, encore, à rester un lieu de mélange et de bras­

sage sociaux. Sans doute plus pour très longtemps ...

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La vague bobo continue de déferler, emportant avec

elle vraie histoire et passé véritable, pour imposer une vie

standardisée, certes agréable, mais parfaitement artificielle

et applicable à n'importe quel autre Heu. Le neuvième

arrondissement, boboland par excellence, est en "surpopu­

lation": les loyers et les prix du mètre carré ont explosé.

Nos charmants jeunes créatifs entrepreneurs et dévoreurs

d'espaces s'intéressent à l'arrondissement voisin qui pro­

pose de beaux atouts. Le xe arrondissement possède, en

effet, un long passé ouvrier, artisanal et manufacturier,

laissant ainsi des immeubles particulièrement séduisants

pour aménager de magnifiques lofts, des boutiques et ate­

Hers d'anciens artisans idéals à reconvertir en boutiques

"vintage-déco-équitable très sympas".

Sans faire de passéisme stérile, il est quand même amu­

sant de se rappeler que cette rue de Paradis se trouvait au

XVIIIe siècle dans le prolongement de la rue de l'Enfer,

devenue aujourd'hui rue Bleue. Des appella-

tions poétiques et imagées, souvenir d'un ""''!'!!!J!!~r.~~:r Paris alors vaste marécage dont les

espaces cultivés l'étaient par des

religieuses. C'est pour cela qu'on

dénomma ce lieu-dit Les

Paradis : la Communauté des

Filles-Dieu en avait fait de

verts pâturages appétissants.

Au siècle suivant, cette

rue prend un nouvel essor

grâce à sa proximité avec le

quartier d'artistes de la

Nouvelle Athènes, drainant

une foule élégante et inno­

vatrice qui entraîne une ...

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{PROMENADE}

la rue garde un charme tout parisien avec les nombreuses façades de ses immeubles de type haussmannien. l 'ambiance, elle, est bien dans l'air du temps comme dans ce resto à la décoration années 60, très tendance en 2013.

••• nouvelle urbanisation, comme le témoignent quelques très beaux immeubles, mais aussi les églises Saint-Vincent­de-Paul et Saint-Laurent, sans oublier bien sûr les gares

du Nord et de l'Est toutes proches. Au XIXe siècle, cette

artère devient tout simplement le paradis du cristal, de la

porcelaine ct la faïence. Une des raisons en est justement la proximité avec la gare de l'Est qui facilitait l'arrivage

_~ _____ ",des matières premières en provenance, notamment, de

Lorraine. Les plus grandes maisons comme Baccarat,

Il .. '';'n,lll1f''''',,\ Saint-Louis s'installent là, employant jusqu'à plu­sieurs centaines de personnes et distribuant sur

place leur production. De grandes faïenceries, comme celle de Choisy­le-Roi maison Hippolyte Boulenger, se font

construire de magnifiques fabriques, dont on

a un bel aperçu avec la façade très rococo du 18 de la rue. Ce lieu devint musée de l'Affiche

en 1982, puis de la Publicité en 1990 avant

d'abriter, depuis 2011, Le Manoir, un endroit

réservé aux amateurs de spectacles d'horreur

et d'épouvante. Tout cela dans un décor somp­

rueux inscrit aux monuments historiques.

De la cristallerie Saint-Louis au 30-32, il ne reste

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qu'une arche de pierre gravée derrière laquelle s'étale un

monstrueux bâtiment des années 1970 qui rendrait presque

violent. Tout à côté, la maison Baccarat y installe un musée,

qui sera transféré, en 2003, dans le somptueux hôtel de Noailles, place des États-Unis. La Pinacothèque de Paris

fera ses premiers pas dans ces lieux chargés d'histoire,avant

d'investir la place de La Madeleine. Depuis plus de vingt

ans, ces grands noms ont déserté la rue de Paradis pour se

rassembler autour de la rue Royale. Ils restent quelques

magasins qui proposent encore les plus grandes marques (Bernardaud, Gien, Saint-Louis, Baccarat, H ermès, etc.),

mais ils avouent être les "derniers des Mohicans" Ils sont

environ cinq à six pour une cinquantaine il y a trente ans.

Internet et les ventes à distance leur permettent, cepen­

dant, de continuer à vivre.

Mutation d' un quartier ouvrier en boboland Cela dit, la magie reste intacte, les lustres et verreries étin­celantes,les vaisselles aux riches décors continuent d'évo­

quer un certain art de vivre, en contraste absolu avec un environnement d'ancien quartie r ouvrier et industrieux.

Parmi les témoignages encore debout de ce passé de tra­vail artisanal, ne manquez pas la très belle façade du 44, où s'inscrit en mosaïque au-dessus de la porte le nom de

F. Pinet-Chaussures; qui s'installa là en 1864 et rachèta

petit à petit plusieurs immeubles de la rue. Le bâtiment acmel qui date de 1885-1886 est un modèle du genre avec

ses caryatides, allégories du travail et du commerce, œuvres

du sculpteur Léon Perrey. Les ateliers derrière cette façade

ont, quant à eux, aujourd'hui disparu.

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Comme le souligne Laurence Peyrelade, à la tête de

son joli magasin de mobilier vintage des années 1950-

1960, 12, rue M artel: « Depuis deux ans, le coin renaît de

ses cendres, après un abandon de près de cinquante ans. C'est

un quartier d'artistes où les cultures se mélangent, et que les

touristes commencent à redécouvrir, alors qu'il avait plutôt mauvaise réputation. Des gens connus, comme Léa Seydoux,

viennent sy installer, c'est un quartier central entre les gares du Nord et de l'Est où il fait bon vivre. )

Restos bran(hés, galeries art y ••• Était-ce l'effet d'un générelLX soleil d'hiver, d'une journée

de semaine plutôt calme? Mais ce "petit coin de paradis"

paraissait vraiment agréable à vivre. Arrêt au restaurant

branché néo-japonais,!e Nanashi (31,rue de Paradis) envahi

de créateurs en devenir, halte dans une galerie hype sur

deux niveaux offrant café et thé et exposant des photos de

Joseph Beuys jusqu'au 3 avril (Galerie Rouge 58. 51, rue de Paradis), tout cela en face du bien nommé Purgatoire

au 54, espace ultra-pointu d'événementiels culinaro-artis­

tiques qui propose une l ndia week du 25 au 31 mars.

Tout cela semble presque trop beau pour être vrai dans

ce quartier en pleine mutation. Dans l'une des rues, une

salle glauque, illuminée par un unique néon très blanc,

abrite une association de Turcs qui ont l'air plutôt perdu.

D e nombreux locaux semblent encore vacants. En défi ­

nitive, on ressent, ici, l'ambiance d'une époque de transi­

tion, c'est ce qui fait son charme. Souhaitons que cela ne

devienne pas l'enfer des quartiers envahis par les boutiques

de mode et leurs cohortes de grandes chaînes drainant des

touristes ahuris. Avec un tel nom, la rue de Paradis, qui se

prolonge par la rue de la Fidélité, mérite ce renouveau, en

souhaitant effectivement que l'on ne fasse pas table rase

de son riche passé . • J.-M.D.

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l'église Saint­Vincent-de-Paul, qui s'inspire des basiliques romaines et des temples grecs, domine le quartier. Ses deux tours carrées se voient de loin, sorte de repère urbain. Arcades anciennes et boutiques modernes cohabitent sans heurts dans ce coin de Paris en pleine mutation.

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{PROMENAD E }

LES ADRESSES DE VIVIANE BLASSEL

Jamin Puech: une belle histoire au fond des sacs Ouelle jolie histoire, bien française, que celle du couple Jamin Puech. Benoît Jamin, élève à l'école Berçat et Isabelle Puech, à l'école Esmod, déci­dent ensemble de créer des sacs en tissus .. pour cause de finances très limitées. Ils s'ins­tallent, rue d'Hauteville, au-dessus de ce qui, un peu plus tard, sera leur première boutique.,. Le manque de moyens se révèle, au final, un puis­sant stimulant pour ce couple de créateurs. Tout est utilisé - la mousseline, le coton, le crêpe -orné de perles, de plastique ou de résine. Tout juste âgés de 20 ans, ils s'en vont courir les salons, participent aux concours de jeunes créateurs. L'histoire avance, le succès arrive. Ils peuvent alors s'installer dans la boutique située juste en-dessous de leur appartement­atelier. L'affaire se développe. Aujourd'hui, ils ont quatre boutiques à Paris, deux au Japon, une à New York. Et désormais, en plus des tissus, ils utilisent aussi du cuir, mais à leur façon, en le détournant, le travaillant au laser. Un sac Jamin Puech, c'est une pièce qui se reconnaît. Il est loin le temps où tout était fabriqué dans leur atelier-appartement. Ils ont ouvert un atelier au Vietnam, où ils ont formé vingt-cinq jeunes filles. Mais, il en reste un en France, à Paris même, rue de Provence où tous les produits sont contrôlés, montés et finis . Rue d'Hauteville, dans la boutique historique, Vanessa, la maîtresse des lieux, choi­sit les nouveautés et les modèles d'anciennes collections vendus trente pour cent moins cher! Voilà un bon plan qui mérite le déplacement. Et comme le décor des bout iques, met­tant en scène le style et l'esprit Jamin Puech, change au rythme des collections, il faut y revenir souvent! Pour ce printemps, ce sera des tulipes ... enchanteur!

Inventaire. 61, rue d'Hauteville, 1Oe. Tél. 0140220832. www.jamin-puech.com

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Kotozâne: tout pour plaire aux enfants et aux parents, en même temps ! Si on détache bien les syllabes de Kotozâne, le nom de la boutique mitoyenne de Lili Cabas (voir page 65), on entend bien : côte aux ânes! Une côte qui se trouve en Normandie, non loin de chez la grand-mère de Gaëlle Giard, oui, la créatrice de Lili Cabas 1 Chez Kotozâne, on se consacre aux enfants. Tous les jouets ou tee-shirts ont été sélectionnés avec un soin particulier pour remplir un double objectif: plaire aux enfants, certes, mais aussi aux parents! Ici, peu de chance de trouver les dernières nouveautés électroniques .. . Gaëlle Gia rd reste fidèle à sa passion: la création. Elle imagine donc des déguisements, des vêtements et de la déco pour ses" petits" cl ients (0-10 ans) et n'hésite pas à remettre en avant les fameux 'bloomers" préconisés, très certainement, par sa grand-mère.

Kotozâne. 24, rue des Petites-Écuries, 10e. Tél. 0953087738. www.kotozane.fr

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Gachon Pothier: une boutique éphémère que l'on aimerait voir durer Pas de raison sociale sur la devanture, la boutique est éphémère. C'est bien les bou­tiques éphémères .. . sauf quand les pro­duits présentés plaisent, et c'est le cas ici! La jolie jeune femme qui nous reçoit, Alexandrine, décoratrice d'intérieur, est en train de lancer, avec sa partenaire Florence. la marque: GadlOn Pothier. Dans cette bou­tique. toutes deux donnent, jusqu'en juin, un aperçu de leurs univers créatifs ten­dance nomade : des tapis et des coussins en provenance de Turquie, des sacs besaces fabriqués en Inde, dont la cour­roie est inspirée d'une sangle de guitare d'où leur nom, les Dylan. Elles imaginent

p_~;;;;;~_iiiiiiiiijiiiiiiijiïiiiiiijj aussi des bijoux d'une très grande finesse et d'une belle originalité. Maintenant. elles cherchent un endroit fixe, de préférence dans le quartier. Fassent le ciel et les voi­sins qu'elles trouvent. rien que les Dylan valent un détour par la rue Martel.

Boutique éphémère Gachon Pothier jusqu'en juin au 11-13, rue Martel. 10e. gachonpothier. corn

Nanashi: resto hype pour les adeptes du bento parisien Un endroit branché pour déjeuner ou dîner? Rendez-vous chez Nanashi au 31 rue de Paradis. Tout le monde est là! Celui de la mode, du design ... Bref, c'est "The" place to be! Ce restaurant ouvert par Lionel- oui. oui, celui du Baron - et par la ta lentueuse Japonaise Kaori Endo - ex-chef du Rose Bakery dans le Marais­concoctent un joyeux mélange de cuisine japonaise, japonisante plutôt, et de cui­sine française. Le décor est minimal: tables bien fixées au sol, menu écrit sur de grandes ardoises. C'est une cantine au décor de cantine, oui, mais c'est l'endroit où il faut être vu en ce moment. À la sortie, un bel étalage propose à la vente des légumes et des fruits bio. L'endroit est rigolo! Oreilles délicates s'abstenir, l'en­droit est plus que bruyant.

Nanashi. 31 , rue de Paradis, 10e. Tél . 0140220555. www.nanashi.fr

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Le Purgatoire: un passage obligé pour organiser soirées et séminaires Ouand on a la chance de se t rouver rue de Paradis, comment ne pas se servir du purgatoire! Dont acte. Installé dans un open space qui reprend les codes d'un ancien comptoir du XIXe siècle, Le Purgatoire d:A.lain Cirellî est dédié à l'art et la cuisine. On peut s'y livrer à toutes sortes d'expériences (c'est même chau­dement recommandé). EXpériences culinaires, espace de recherche et de découverte ... Barmen, somme­liers, cuisiniers, créateurs, peuvent s'en donner è cœur joie, une seule consigne è respecter: ne surtout pas refaire ce qui se fait déjà! L'endroit est immense et offre un espace insolite pour l'organisation de sémi­naires gourmands, de réunions, de défilés de mode, d'installations artistiques et, pourquoi pas, pour tester un one-man show ... Le lieu se module, en grand, en petit. en intime .. Créer, créer, il en restera toujours quelque chose!

Le Purgatoire. 54, rue de Paradis, 10'.le-purgatoire-paris. fr

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{PROMENADE}

La Cristallerie Paradis: le passé s'y reflète, l'avenir s'y lit Impensable de faire l'impasse sur cette 'cris­tallerie de Paradis' qui rappelle ['âge d'or de cette rue, reine de tous les grands noms du verre et de la porcelaine, il y a quelques années. Les rares magasins qui résistent pro­posent [e meilleur du savoir-faire français en la matière : Haviland, Lalique, Daum, Gien, JL Coquet, Saint-Louis, Christofle." La Cristallerie Paradis est de ceux-là. Le maître des lieux, Xavier Le Vaillant, confirme le goût pour les belles choses, même si de moins en moins de gens se déplacent sur place, le rêve demeure intact et bien vivant. Les musées et les fabriques ont pris le maquis. mais ... c'est sur Internet qu'une partie du rêve se vend!

La Cristallerie Paradis. 17 bis, rue de Paradis, lOe. Tél. 0148247215. www.cristal-porcelaine.com

Rouge 58: couleur passion pour une galerie arty Se promener rue de Paradis, c'est s'arrêter, obligatoirement, devant une petite vitrine, un lieu qui donne tout de suite envie d'entrer. Un petit bar, du café, des livres pour enfant et des photos ... Ce joyeux mélange est à l'image de Nadia, brune, aux cheveux longs, ani~ matrice de cet endroit. Elle rit de plaisir à l'idée de faire visiter Rouge 58, la galerie dans laquelle elle expose essentiellement des photos, comme elle le faisait avant à New York. Et comme elle trouve les galeries un tantinet ennuyeuses en général (ce qui n'est pas faux), elle a voulu donner un peu de décontraction et de convivialité à cet endroit. .. Et c'est réussi. Au fait, si elle a choisi ce nom de Rouge 58, c'est à cause de son rouge à lèvres préféré, le Chanel 58 Audace, il lui va à merveille!

Rouge 58. 51, rue de Paradis, 10e. www.rouge58.com

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Broc'Martel: le bon repaire des mordus des années 30 aux années 50 Entrer chez Broc 'Martel, c'est prendre le risque d'y rester ! Et ce, pour deux raisons: un, pour les meubles et objets exposés; et deux, pour la propriétaire, Laurence Peyrelade intarissable sur ·ses objets' et sur cette boutique du XI Xe siècle qu 'elle a réouverte il y a deux ans et demi, alors qu 'elle était fe rmée depuiS 1941 ! Le splendide plafond en to ile peinte est un des vestiges du passé de cet endroit dont le but est, aujourd'hui, de « faire ce qui me plaÎt et d'essayer de le faire partager», explique Laurence Peyrelade. Une phi losophie en phase avec ce quartier, à l'abandon depuis cinquante ans et qui renaît de ses cendres depuis deux ou trois ans. Et, qu ' est~ce qui lui plaît? Les meubles et objets des années 30 jusqu 'aux années 50: mobilier industriel design, sièges de métro, tables de bistrot. table de drapier, sujets de manèges, passeboule, la sélection est infinie . Elle les chine, les restaure dans son atelier dans l'Oise et les expose à Paris.

Broc'Martel. 12, rue Martel, 10e. Tél. 0148245343. www.brocmartel.com

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Dharma Sangh : spiritualité hindoue et artisanat indien Point n'est besoin d'aller en Inde pour se plonger dans l'atmosphère des rituels hindous. Rue des Petites-Écu­ries, Dharma Sangh, ce temple étrange pour le pro­fane, mais merveilleux pour les yeux, est l'un des deux centres de If:!.ssociation hindoue pour la communauté indienne et mauricienne. Tenue par un très bel Indien de Bénarès. la boutique regorge de splendeurs de l'artisanat indien: encens, rosaire, statuts des divini­tés, mais aussi écharpes et coussins. Une sélection que le propriétaire effectue lui-même en se rendant régulièrement en Inde. Il y a aussi, un lieu de prière, et au sous-sol, une salle de méditation. Plus terre à terre, on peut également se fournir en matériel de cui­sine, recettes et produits pour les réaliser. L'association possède ses propres éditions (Shastri) qui éditent cartes posta les et livres d'astrologie indienne, etc, Éléments ô combien précieux. En Inde, on se promène avec son thème dans sa poche ... Le saviez-vous?

Dharma Sangh, 18, ru e des Petites-Écuries, 10e. Têl. 0140220341 . www.dharmasa ngh.1r

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Le Manoir: pour se faire peur sans danger Ouelle drôle d'idée d'avoir choisi le cadre d'une demeure classée monument histo­rique pour raconter et faire vivre des his­toires à faire peur. En tout cas, l'idée fait recette. Le Manoir, ouvert en mai 2011, pro­pose de faire revivre les grands mystères de la capitale, rien de moins! Les mystères les plus affreux, les plus terribles, oui, ceux qui font très peur ... et des mystères pas

"':====;;;;:=;:=;_;:;:;:::~ vraiment élucidés de préférence: le fan­- de l'opéra, les tourtes du boulanger sangui­

naire, etc. Catacombes, cimetière du Père Lachaise ... la visite se poursuit sur 1000 m2 dans pas moins de vingt-trois salles. Pour ajouter de l'émotion, une dizaine d'acteurs, grimés en personnages épouvantables, fous ou vampires, sur­gissent à tous moments de derrière une porte ou d'une cage d'escalier. Cris d'effroi, de surprise et fous rires nerveux garantis. Brrr ..

le Manoir. 18, rue de Paradis, 10e. www.lemanoirdeparis.fr

Lili Cabas a bien plus d'un tour dans son sac La créatrice de Lili Cabas, Gaëlle Giard a dû beaucoup aimer sa grand-mère qui le lui a bien rendu! C'est en pensant aux cabas de cette dernière, qu'elle a créé sa marque. Dans sa boutique, son antre, son appartement presque, on trOLNe toutes sortes de cabas, de toutes tailles et de toutes couleurs. Des cabas, certes, mais pas seulement. Chez Lili Cabas, elle propose tout ce qu'elle aime, De vieilles machines à coudre récupé­rées, des luminaires, des meubles ou bien des objets d'un créateur qu'elle a repéré. Et bien souvent. ce talent elle le déniche non loin de sa boutique. Ce quartier - son quartier - regorge d'ar­tistes et d'idées et, oh! bonheur, la clien­tèle, qui est surtout celle du quartier et des entreprises voisines, apprécie. On sent qu'ici un même goût pour un même style de vie les rapproche, une ambiance Lili Cabas!

Lili Cabas. 24, rue des Petites-Écuries. 10'. Têl. 06 78441946, www.lilicabas.com

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{MODE}

Natalie Bader « Pour Prada, Paris est plus qu'un enjeu. » Dynamique, audacieuse, élégante, convaincante, dotée d'humour ... La femme Prada se retrouve trait pour trait dans les qualités de celle qui dirige la branche française de la maison milanaise: Natalie Bader. Rencontre avec une Parisienne passionnée de mode italienne. PAR THIERRY BILLARD

Avenue Matignon, un immeuble classique mais

des bureaux, sur plusieurs étages, qui, eux, ne

le sont pas. Ambiance ultra-blanche, moquene profonde, meubles épurés, un décor au min.i­

malisme étudié qui invite au parler discret,

des hôtesses discutant à voix basse comme sorties d'un

défilé milanais ... Voici le hall d'accueil parisien de la branche française de Prada. Une appréhension pointe:

dans cette atmosphère "kubrickienne" reVÎsitée Miuccia

où un ton rigoureux semble de mise, la personne que l'on doit rencontrer est-elle du même acabit: stricte, aux pro­

pos mesurés sinon millimétrés? Natalie Bader, nommée

CEO de Prada France en mars 2011 après une belle car-

rière - diplômée de l'Idrac et de l'École du Louvre, pas­

sée par RevIon, Chanel cosmétiques, Sephora avant de

devenir présidente du joaillier Fred en 2006 -, est exac­

tement le contraire.

Qyand surgit cette blonde débordante d 'éner­

gie, d irigeante solaire au sourire tonique, c'est

une vision di fférente du management et du

fashion business qui apparaît. Responsable du

développement de toutes les marques et des

stratégies du groupe pour la France et la prin­

cipauté de Monaco, Natalie Bader s'exprime

avec vivacité, franchise , affiche une vision

aiguë du développement de Prad a dans

l'Hexagone. Parisienne chic et choc - elle en

a, en tout cas, la fantaisie et la vivacité -, elle

sait combien, pour la maison italienne, la

France ct, plus encore, Paris sont essentiels.

4( Notre pays est important pour Prada, tant en ce qui concerne les affaires qu'en terme d'image. La preuve, nous y défilons. Les Italiens reconnaissent que notre capitale est la cité de la mode, apprécient que la clientèle - aussi bien locale qu'étran­gère - possède un goût de la mode avancé, une éducation au style qu'on ne voit pas forcément partout et soit

fashion addict. Ce 11 est pas pour rien "' ••••• si la boutique du 6 rue du Faubourg .

Saint-Honoré est le plus grand espace de vente Prada d'Europe et marche fort bien. »

Soit, mais comment expliquer ce succès? Comment,

après l'essouffiement constaté voici quelques années - ce

n'est pas un crime de lèse-majesté de l'écrire - et une

image trop liée à un seul registre stylistique (la bande

rouge de Prada Sport, le tissu technique nylon omnipré­

sent, le costume seulement noir pour l'homme, par

exemple), la maison s'est-elle renouvelée? En trouvant

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