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CHAPITRE IVANALYSE CRITIQUE

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CHAPITRE IV- ANALYSE CRITIQUE

Afin d'établir un état de référence des données disponibles, il a été procédé à une recherche documentaire et à quelques interviews de personnes ressources pour identifier les documents (inventaires, rapports, études, thèses, mémoires, articles, analyses etc.) concernant les polluants organiques persistants au Maroc.

La préoccupation du Maroc par les problèmes environnementaux causés par les POP ne date pas d’aujourd’hui. Des établissements publics ou semi-publics ont commencé un certain nombre d’inventaires et de programmes de gestion écologique des pesticides et des PCB depuis une dizaine d’années.

I- PESTICIDES POP ET DDT

Cette partie met le point sur les études et démarches antérieures faites par des différents intervenants dans le domaine des pesticides en général et en particulier les pesticides POP.

I.1 PESTICIDES AU MAROC

Avant d’analyser les travaux antérieurs sur les pesticides POP, il est intéressant, dans un premier temps, de donner un aperçu sur l’importance et les domaines d’utilisation des pesticides au Maroc.

I.1.1 Importance des pesticides au Maroc

Le développement de l’agriculture marocaine, en particulier dans le domaine des cultures maraîchères et industrielles est tributaire entre autres, de l’utilisation des pesticides. Par la protection contre les avaries et les prédateurs, les pesticides contribuent à sécuriser de bons rendements.

Cependant, malgré l’importance de la superficie agricole utile (SAU) mobilisée, qui avoisine les 8 millions d’hectares8, la superficie traitée est estimée à 800 000 ha. La consommation du Maroc en pesticides repose en grande partie sur les produits finis (87%). Les produits formulés localement représentaient 13% de la consommation nationale en 19929. Cette disproportion est due en particulier aux taxes élevées appliquées sur les produits entrant dans la formulation. Les dernières statistiques du Ministère de l’agriculture font état d’une évolution régulière de la consommation10 (voir tableau suivant) :

Tableau N°6 : Evolution des importations des pesticides (de 1995 à 1999)10

CatégorieAnnée

1995 1996 1997 1998 1999Insecticides (t) 3 710,7 4 604,7 4 482,6 5 297,4 6 248,7Fongicides (t) 3 239,2 3 716,7 4 295,2 3 017,2 3 692,8Herbicides et Divers (t)

794,7 1 238,6 1 181,2 1 076,0 1 721,0

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Total (t) 7 744,6 9 560,0 9 959,1 9 390,6 11 662,5L’analyse détaillée des quantités commercialisées révèle que les pourcentages des différentes catégories ont varié de 48 à 53,6% pour les insecticides, de 41,8 à 31,7% pour les fongicides et de 10,2 à 14,7% pour les herbicides et divers. Les accroissements moyens relatifs à cette période seraient de 17, 14 et 29% pour les insecticides, fongicides et herbicides respectivement.

I.1.2 Circuit de commercialisation des pesticides

Les importations se font par une trentaine de sociétés phytosanitaires nationales et internationales. Certaines au nombre de quinze sont regroupées dans l’Association Marocaine des Importateurs et formulateurs de Produits Phytosanitaires (AMIPHY) contrôlant 90% du marché (Annexe F). L’autre association l’ASMIPH regroupe d’autres sociétés contrôlant une partie des 10% restant.

Pour la distribution, ces firmes sont relayées par des revendeurs, des distributeurs, des agences régionales et les coopératives. Certaines quantités sont livrées directement aux organismes étatiques. Le nombre de ces antennes dépasse les 700 revendeurs et sont concentrés dans les zones agricoles irriguées et bours favorables10.

I.1.3 Usage des pesticides

a) En Agriculture

L’utilisation des pesticides ne couvre pas systématiquement toutes les régions du Maroc. L’usage est concentré dans les périmètres irrigués gérés par les offices de mise en valeur agricole du Molouya (ORMVAM), Gharb (ORMVAG), Loukous (ORMVAL), Tadla (ORMVAT), Doukkala (ORMVAD), Haouz (ORMVAH), Souss Massa (ORMVAS) ou les Directions provinciales de l’agriculture (DPA).

En plus des cultures destinées à l’exportation et cultures industrielles, quelques spéculations sont traitées comme la vigne, l’olivier6.

b) En santé publique

Les pesticides sont également utilisés pour lutter contre les vecteurs de maladies comme le paludisme, la schistosomiase et les leishmanioses. L’usage comprend surtout des organochlorés (OC), des carbamates et pyrethrinoides. Cette consommation est à base de DDT essentiellement. Depuis 1984 les organochlorés font objet d’interdiction d’usage et d’importation sauf pour le DDT qui a reçu une dérogation pour l’hygiène publique.

c) Autres usages

Des évènements à caractère de fléaux nécessitent un usage intensif de pesticides comme c’est le cas pendant l’invasion des criquets pèlerins. Différentes catégories d’insecticides sont utilisés (Organochlorés pendant les années 80, organophosphorés, carbamates et perythrinoides) actuellement.

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I.2 ETUDES ET INVENTAIRES SUR LES PESTICIDES

Au Maroc, les études et inventaires sur les pesticides POP sont très rares. On peut citer à cet égard :

L’étude pour un programme d’action visant à minimiser et à contrôler l’impact des engrais et des pesticides sur l’environnement du bassin de Sebou réalisée par le Département de l’Environnement11,

Le rapport sur le secteur des pesticides au Maroc élaboré par le Département de l’Environnement et le Département de l’Agriculture (DPVCTRF),

Le rapport du Maroc pour le PASP comportant les notes du Département de l’Environnement, de la DPVCTRF, de la DPA de Fès, du CNLAA, du Ministère de la Santé, de l’AMIPHY et du LOARC,

Le suivi des pesticides effectués par l’Office national de l’Eau Potable (ONEP), et Quelques études menées à l’Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II, dans le

cadre de mémoires de fin d’études ou de thèses.

I.2.1 Rapports sur les pesticides

A cause de l’incertitude relative aux aléas climatiques et surtout aux invasions des criquets, le Maroc a toujours constitué un stock de pesticides pour être en mesure de répondre à ces impératifs. Cependant, le stockage des pesticides a engendré dans beaucoup de cas leur détérioration. Cette situation s’est aggravée avec l’interdiction des organochlorés en 1984. Les données sur les quantités de pesticides POP ne sont pas précises et souvent, ils sont inventoriés avec des pesticides obsolètes non POP. Ainsi, dans la note sur le secteur des pesticides, élaborée par la DPVCTRF 9,10, le tonnage des produits et matériel contaminés par les pesticides serait de 9 000 tonnes, dont 700 sous forme de pesticides périmés, répartis dans 225 sites à travers le Maroc, 5 000 et 3 300 tonnes de sol contaminé à hautement contaminé10

respectivement.

I.2.2 Suivi réalisé par l’ONEP ou par d’autres organismes

Dans le rapport sur l’évaluation des Besoins nationaux pour une Gestion Ecologiquement rationnelle des POP au Maroc, on relève que des suivis réguliers des pesticides sont effectués par l’Office national de l’Eau Potable (ONEP) dans le cadre de ses prérogatives liées à la qualité de l’eau destinée à la consommation12.

L’ONEP suit régulièrement un certain nombre de produits POP parmi une liste de pesticides variée (voir tableau suivant). Les autres laboratoires réagissent ou font des dépistages des POP selon les circonstances.

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Tableau  N°7 : Liste des pesticides suivis par l’ONEP12

Pesticides Organochlorés Pesticides OrganophosphorésAldrineEndosulfanHCH DieldrineEndrineHeptachlore DDTDDD*DDE*Méthoxychlore*

MalathionDDVPDiazinonGuthionEthionNaledMethyl-parathionPhosdrin

* métabolites de DDT

De même le Laboratoire Officiel des Analyses et de Recherches Chimiques (LOARC) effectue des analyses d’échantillons prélevés par les services de douane ou les agents de la répression des fraudes. D’autres laboratoires interviennent chaque fois que des problèmes liés aux pesticides surgissent surtout en cas d’intoxications ou d’affaires criminelles. C’est le cas de l’Institut National d’Hygiène (INH) et le Laboratoire de Recherches et d’Analyses Techniques et Scientifiques (LARATES)12.

I.2.3 Etudes académiques

Des études menées par l’Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II, dans le cadre de mémoires de fin d’études ou de thèses ont été consacrées aux résidus des pesticides organochlorés qui forment l’ossature des produits POP. Ainsi, ces produits on été détectés dans des produit d’origine végétale comme les céréales13,14 , d’origine animale comme le lait, les œufs et la viande15,16,17. D’autres études se sont penchées sur le côté environnemental. Ces travaux ont analysé les taux de pollution dans les eaux du littoral atlantique et méditerranéen18,19, l’accumulation18,19 dans les organismes marins et d’eau douce ainsi que dans les sédiments20.

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II- PCB

À notre connaissance, les seuls inventaires de PCB à l’échelle nationale qui ont été réalisés à ce jour sont :

Inventaire des transformateurs à PCB et à huile contaminée de l’ONEP effectué avec le concours d’un expert EDF (2000), et

Inventaire des appareils à PCB à l’échelle nationale, réalisé, sous l’égide du Ministère de l’Aménagement du Territoire de l’Eau et de l’Environnement avec le concours de la coopération suisse (2001- 2003).

II.1 INVENTAIRE DES TRANSFORMATEURS DE L’ONEP

L’ONEP, s'est intéressé dès 1985 à la planification d’une gestion rigoureuse des PCB et ce après l’incident survenu en Janvier 1985 à Reims (France), suite à l’explosion d’un transformateur électrique dans le sous-sol d’un immeuble. Une étude a été lancée pour identifier les actions appropriées à mettre en œuvre dans les installations de l’office pour prévenir et éviter tout risque d’accident ou de pollution.

L’ONEP avait ainsi mis en place, dès 1985, un cadre réglementaire préventif interne et entrepris plusieurs actions visant à mieux gérer ses PCB. Les principales recommandations du plan d’action issues de ce règlement sont :

Arrêt, dès le mois de mai 1985, de toute acquisition de transformateurs à PCB, remplacés par l’approvisionnement d’appareils à huiles minérales ;

Sensibilisation du personnel exploitant de l’ONEP sur les risques encourus pour eux-mêmes et pour l’environnement si aucune précaution n’était prise ;

Recensement des transformateurs à PCB existants et mise en place d’un programme de surveillance ainsi que des mesures visant l’élimination progressive des transformateurs à PCB et autres appareils en activité au fur et à mesure de leur vieillissement (étiquetage, systèmes de rétention du PCB en cas de fuite, sécurisation des appareils vis-à-vis des défauts internes et externes…) ;

Regroupement et stockage, dans des lieux sûrs, abrités et dûment signalisés, des appareils réformés contenant du PCB avant leur élimination…

L’ONEP a commencé la mise en application de ces recommandations à partir de la fin de l’année 1988 par l’inventaire de tous les transformateurs isolés au pyralène (PCB) se trouvant dans son parc. Cet inventaire a permis d’identifier 86 transformateurs à PCB, ayant des puissances allant de 50 à 630 KVA ainsi que des condensateurs installés dans différents sites.

La mise en place de mesures d'urgence, listées ci-après, en vue de prévenir et d'éviter tout risque de pollution à froid par le pyralène des transformateurs a été achevée en 1990:

Etiquetage des transformateurs à PCB au moyen d'une pancarte très apparente portant la mention "PYRALENE" (répondant aux normes de signalisation de danger au point de vue dimensions et couleurs) afin d'avertir tout intervenant sur ces postes MT/BT de la présence du diélectrique.

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Construction de bacs étanches de rétention autour des transformateurs au PCB dimensionnés pour pouvoir collecter et contenir une éventuelle fuite partielle ou totale qui surviendrait sur l'un des transformateurs.

Rassemblement et stockage dans des endroits abrités avec signalisation de tous les transformateurs de secours ou déposés contenant du PCB.

En 1990, lors d’une étude réalisée avec la participation d’un expert d’Electricité De France (EDF) afin d’auditer les dispositions prises par l'ONEP et les compléter si nécessaire pour répondre aux Directives mises en place par la France et la CEE dans ce domaine, les dispositions mises en place par l’ONEP ont été validées car elles se rapprochent de la réglementation mise en œuvre en France ou au niveau européen.

Un nouveau recensement réalisé en 1992 a permis d’identifier 7 unités à PCB de plus au niveau du parc (soit un total de 93), hérité des centres cédés par les communes et pris en gérance par l’ONEP.

Au début des années 90, CGE Maroc (actuellement Alcatel-Nexans) fut la seule entreprise locale qui se soit montrée intéressée et compétente pour prendre en charge les appareils réformés en vue de leur réhabilitation et de la destruction en toute sécurité du pyralène. A cette époque, la solution privilégiée consistait en un reremplissage du transformateur avec de l’huile minérale. Les PCB recueillis étaient conditionnés et expédiés vers un centre agréé.

Le retour d’expérience sur cette méthode a montré qu’en aucun cas elle n’a permis de reclasser un transformateur contenant initialement des PCB purs parmi les appareils à huile minérale présentant un taux de PCB inférieur à 50 ppm. Les transformateurs ainsi « réhabilités » ne peuvent donc être considérés comme des matériels sans PCB et entrent dans la catégorie des transformateurs à huile minérale contaminée.

Une opération pilote de destruction du pyralène menée par CGE-MAROC a débuté en 1992 et a concerné un lot de 13 transformateurs. L’ONEP a pu réhabiliter 11 autres unités à PCB avant que CGE-Maroc ne rencontre fin 1994 des difficultés liées à la réglementation internationale à laquelle notre pays n’avait pas encore adhéré. Il est à noter que ces entraves au transport du PCB (de l’ONEP) pour destruction ont été à l’origine de la ratification de la convention de Bâle par le Maroc en 1996.

Dix ans après la première expertise, l’ONEP commande une seconde mission pour faire le point sur ses pratiques et leurs résultats. Une étude sur la gestion des transformateurs contenant du pyralène ou des huiles minérales contaminées par les PCB a été alors réalisée en l’an 2000 avec la participation d’un expert EDF.

La composition du parc de transformateurs de l’ONEP était la suivante :

Nombre total de transformateurs gérés par l’ONEP : ≈ 600Puissances de 25 à 800 KVAVolume de diélectrique de 50 à 500 litres

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Nombre de transformateurs à pyralène : 96Appareils maintenus en exploitation 16Appareils réformés et déposés 16Appareils « réhabilités » ( de 91 à 99) 51Appareils détruits (en 98 et 99) 13

Nombre de transformateurs à huile minérale : ≈ 500

Parmi les transformateurs à huile minérale, l’expertise note qu’il faut s’attendre à en trouver au moins 20% (soit plus d’une centaine) qui se révéleront contenir des PCB avec une teneur supérieure au seuil de 50 ppm.

L’étude a aussi rapporté que le recensement des transformateurs à pyralène a été réalisé par l’ONEP et est régulièrement mis à jour pour tenir compte des opérations menées à terme (dépose, remplacement, mouvement, destruction…) ainsi que des nouveaux appareils entrant dans le parc de l’ONEP suite à la prise en gérance des installations de régies municipales.

Cependant, à ce jour, hormis les transformateurs « réhabilités » par reremplissage, ceux dont l’huile minérale est polluée par plus de 50 ppm de PCB ne sont pas identifiés.

Cet inventaire qui concerne environ 500 transformateurs, doit viser en priorité les appareils les plus anciens, car les plus susceptibles de contenir des PCB et/ou d’avoir été contaminés lors d’opérations de maintenance. A l’inverse, les transformateurs fabriqués et mis en service après 1995, ou ceux qui n’ont subi aucune intervention avec contact possible avec l’huile, peuvent raisonnablement être considérés comme non contaminés.

II.2 INVENTAIRE NATIONAL DES PCB

La finalisation de cet inventaire a demandé pratiquement deux ans d’investigations. Les enquêtes effectuées pour sa réalisation ont concerné l’ensemble du territoire national et ont ciblé les principaux organismes publics et privés tels que :

les offices, les fédérations et associations professionnelles ; les opérateurs privés en rapport avec l’industrie ou la maintenance des

transformateurs ; les industriels.

L’inventaire des appareils à PCB au Maroc s’est déroulé en trois phases :

II.2.1 Phase A : Prediagnostic

L’objectif de cette première phase était de prospecter et de prédiagnostiquer l’état de la gestion des PCB au Maroc. Les principales conclusions de ce prédiagnostic sont les suivantes :

- Absence de réglementation spécifique sur la gestion des PBC, il n’y a pas de lois claires obligeant les détenteurs des PCB à prendre des précautions particulières pour leur gestion écologique.

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- La majorité des équipements contenant des PCB (transformateurs et condensateurs) se trouvent chez des détenteurs du secteur public.

- Les grandes sociétés et organisations comme l’ONEP, l’ONE, l’Armée de l’Air, etc, sont conscientes des dangers potentiels des PCB.

- Absence de contrôle de l’élimination conventionnelle (ferraillage de métaux et recyclage des huiles comme combustible) des appareils soupçonnés de contenir des PCB.

- La sensibilisation est insuffisante ; un effort important de sensibilisation auprès des détenteurs doit être fait.

- Des procédures de collecte, d’emballage et de transport des équipements à base de PCB pour incinération à l’étranger sont déjà entamées.

II.2.2 Phase B : Enquêtes, renforcements des capacités

Cette phase comprend deux principales missions :i) la réalisation des enquêtes pour identifier les détenteurs des appareils à PCB ; et ii) le renforcement des capacités du comité de suivi du projet. Cette dernière comprend l’équipement du laboratoire en matériel d’analyse rapide ou spécifique, la formation des cadres aux techniques des enquêtes, à l’analyse rapide ou spécifique. Les données collectées ont été organisées et stockées sur une base des données.

Les différentes tâches réalisées dans cette phase sont décrites ci-après.

a) Formation

Des formations ont été dispensées sur :

- Généralités sur les PCB (structure, toxicité,..),- Approche suivie pour mener les enquêtes,- Méthodes d’analyse des PCB, - Conception et utilisation de la base des données sur les PCB - Modes d’élimination des PCB.

b) Sensibilisation

Une campagne de sensibilisation a été lancée à l’échelle nationale. L’objectif était de présenter le projet et lui assurer un écho auprès des opérateurs concernés. Pour assurer à cette campagne un meilleur impact, le Département de l’Environnement avait organisé quatre ateliers dans les villes de Casablanca, Fès, Tanger et Marrakech.

c) Collecte de données

Les informations obtenues sur les équipements à PCB ont pu être collectées par :

- Retour des questionnaires remplis par les détenteurs- Visites des détenteurs- Informations sur des détenteurs fournies par les producteurs d’électricité ou les

opérateurs dans le domaine des transformateurs.

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Les sources majeures d’informations qui ont été ciblées sont les régies distributrices d’électricités, l’ONE, les fabricants, les contrôleurs des appareils, l’Office des Changes.

d) Résultats des enquêtes

La répartition du taux de réponse obtenu pour quelques catégories de détenteurs, est donnée dans le tableau suivant.

Tableau N° 8 : Taux de réponse par type d’opérateurs

Opérateurs/détenteurs Taux de réponseRégies publiques et sociétés

privées91%

Opérateurs dans le domaine de l’élimination des appareils

périmés

83%

Principales fédérations professionnelles

80%

Fabricants de transformateurs 100%Principaux offices 86%

e) Appareils et matériaux contaminés par les PCB

Les enquêtes menées ne se sont pas limitées au seul recensement des appareils électriques à base de PCB mais elles ont aussi concerné quelques appareils et déchets contaminés : les plastifiants, à base de PCB, utilisés dans l’industrie des peintures et vernis, les déchets des analyses antérieures des PCB, les fusibles, les sols pollués, etc.

Une quinzaine d’analyses d’huiles de transformateurs, censés être dépourvus de PCB, a été également rapportée et a montré que la plupart des échantillons analysés présentaient un fort taux de contamination.

L’inventaire a permis le recensement de:

671 transformateurs 548 condensateurs

Et mettre en évidence d’autres sources de PCB tels que :

Sol contaminé 58 kg Déchets de nettoyage et analyse 1 fût Huile contaminée 900 kg PCB 6 352 litres Fusibles 3 unités

Cette étude a permis de constituer une base de données intéressante à plusieurs titres. Plusieurs types d’informations concernant les appareils à PCB peuvent être consultés : les poids partiels d’huile PCB et/ou total du transformateur, les puissances en KVA, les détenteurs, les villes donc les régions, etc…

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Cette étude a permis aussi de présenter la répartition des transformateurs par catégorie de détenteur et la répartition géographique des PCB sur le territoire national telle que présentée ci-dessous :

50 % dans un rayon d’environ 100 km de Casablanca. 20 % entre Kénitra et Tanger 10 % entre Sidi-Slimane, Meknès et Fès. 20% répartis sur le reste du territoire national.

Un autre type d’information utile pour la présente étude est celui concernant les détenteurs. L’inventaire a montré que les principaux détenteurs sont constitués par quelques opérateurs dont :

l’ONE, l’ONEP, l’Armée de l’Air, l’OCP et la station d’émission de la RTM à Had Gharbia (sud-Est de Tanger).

L’ONEP et l’OCP étant les détenteurs dont la répartition géographique des appareils à PCB est la plus étendue. A l’opposé, le site de la RTM (sud de Tanger) représentant la concentration la plus élevée en appareils à PCB.

Par ailleurs, cet inventaire a identifié 4 principaux fabricants de transformateurs sur le sol national et rapporté l’origine et la date de fabrication de chaque transformateur et condensateur recensé.

II.2.3 Phase C : Plan d’action national

Le principal produit de cette phase est le plan national d’action qui se présente sous forme d’un ensemble d’actions visant la gestion durable et écologique des PCB dans le respect des directives de la convention de Stockholm.

En conclusion, et à la lumière des analyses critiques présentées, il ressort clairement qu’il y a peu d’inventaires qui ont été fait sur les appareils à PCB. Les deux seuls inventaires réalisés se sont focalisés sur les appareils contenant des PCB mais n’ont pas permis de fournir suffisamment d’information sur le niveau de contamination et du gisement de ces huiles contaminées bien qu’un taux de contamination ait été avancé .

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III- DIOXINES ET FURANNES

D'un point de vue méthodologique l'approche pour la collecte d’information sur les travaux d’études réalisés pour le volet dioxines et furannes s'est déroulée en trois phases :

1. Recherche sur Internet en utilisant les moteurs de recherche les plus efficaces et sur les bases de données on-line (Ministères, journaux).

2. Consultation des bases de données des organismes spécialisés : Centre National de Documentation, Bibliothèque Nationale, Bibliothèque de la Faculté des Sciences de Rabat, Bibliothèque de l'Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II, Centre de documentation du Ministère de l'Aménagement du Territoire de l'Eau et de l'Environnement.

3. Interview de personnes ressources au niveau de certains départements susceptibles de détenir des informations concernant les dioxines et furannes au Maroc : Centre Anti Poison, Institut National d'Hygiène, l'Institut scientifique.

Les principales conclusions sont reprises ci-dessous :

1. Au niveau juridique, les lois relatives aux émissions industrielles, à la qualité du milieu (air et eau), à la qualité des denrées alimentaires et la répression des fraudes dans la vente des marchandises (loi 13-83) ainsi que les textes ou projets de textes d'application de ces lois ne prennent pas en considération les dioxines et les furannes en tant que contaminants. Il y a actuellement un véritable vide juridique en ce qui concerne les PCDD/PCDF.

2. Il n'y a jamais eu d'inventaire relatif aux sources d'émission des dioxines et furannes au Maroc.

3. Le suivi des émissions des dioxines et furannes se fait uniquement dans quelques cimenteries avec une fréquence d’une fois tous les six mois.

4. Aucune étude ne semble avoir été menée par un département officiel sur ce thème à l'exception, bien sûr, de celle menée par le MATEE-Département de l'environnement en collaboration avec le PNUD dans le cadre du projet MOR/02/G31.

5. Aucune publication émanant d'une université ou école marocaine concernant les dioxines et les furannes n'a été retrouvée dans la littérature scientifique à l'exception d'une seule thèse de doctorat en pharmacie présentée à la faculté de Médecine et de Pharmacie de Rabat sous le titre "Problématique environnementale des dioxines" par Z. AZEROIL (2001).

6. La presse reporte de temps à autre des évènements relatifs à la contamination de produits alimentaires (souvent d'importation) par la dioxine, le plus souvent ces informations font suite à des bulletins d'alerte émanant de services sanitaires étrangers mais parfois aussi suite à des rumeurs sans origine connue. Voici quelques évènements qui ont intéressé les médias marocains :

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Le 08 août 2000 les autorités espagnoles ont informé le ministère de l'Agriculture de la probable contamination d'un lot importé par le Maroc de 14,5 tonnes de chlorure de choline fabriqué par la société UCB-Barcelone (Espagne) et destiné à l'alimentation des poulets d'élevage. La presse marocaine s'est emparée de l'affaire et une polémique s'ensuivit avec le ministère de l'agriculture quant à ses responsabilités. Maroc Hebdo International a publié plusieurs articles à ce sujet (n° 437, n° 438 et n° 439) sous les titres: "De la Dioxine dans le tajine", "la faute au poulet" et "les vérités qu'on nous cache". Les lots incriminés ont été réexportés sans qu'aucune analyse n'ait été effectuée et le dossier clos ; cette affaire a montré combien le sujet de la dioxine était sensible au Maroc et qu'il y avait une forte inquiétude quant à l'absence de normes en la matière.

"L'incinérateur qui dérange" tel fut le titre avec lequel le journal AL BAYANE du 13/8/2003 a relaté la lutte des habitants d'un quartier de Rabat qui se sont mobilisés pour obtenir la fermeture et le transfert d'un incinérateur appartenant au Centre National de Transfusion Sanguine, par crainte de la pollution à la dioxine. Ce dernier a finalement été transféré à Tit Mellil en milieu rural.

D'autres affaires internationales telles que l'affaire du poulet à la dioxine en Belgique, les protestations de certaines associations locales européennes pour la fermeture des incinérateurs de déchets non conformes, etc. ont été largement reprises et commentées dans les journaux marocains ces dernières années.

Les interviews avec les personnes ressource ont donné les résultats suivants :

a) Institut national d'hygiène (INH) : Une visite à cet institut et la rencontre de deux enseignants chercheurs de cet organisme nous ont confirmé qu'au niveau de l'INH aucune étude n'a été réalisée concernant les dioxines et qu'il n'y avait pas un intérêt particulier actuellement pour cette catégorie de produits.

b) L'Institut Scientifique de Rabat (ISR) : Le chef de département de biologie et zoologie rencontré a déclaré qu'à sa connaissance cet institut ne s'était encore jamais intéressé à la problématique des dioxines.

c) Le centre anti-poison : Une visite et l'interview d'un responsable de ce centre a montré qu'il n'y avait pas de recherche systématique ou une vigilance particulière pour cette catégorie de polluants.

En conclusion, la recherche documentaire et les interviews menées ont montré qu'il n'y avait pas parmi les scientifiques et les responsables sanitaires marocains un intérêt appuyé pour la problématique des dioxines. Par contre, au niveau de la presse, malgré une certaine méconnaissance scientifique des POP et des processus de pollution associés, cette dernière fait preuve de beaucoup de vigilance et se mobilise régulièrement pour mettre à l'index les installations suspectes ou les produits douteux.

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