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Le 20 e Congrès Français de Rhumatologie aura lieu du 2 au 5 décembre 2007 au CNIT Paris La Défense, ce qui sous-entend que le 1 er s’est tenu en 1988 . Quelle évidence et quoi de plus naturel qu’un congrès… Et pourtant ce ne fut ni simple ni évident ! Comment est né le premier congrès ? Sa création s’inscrit dans une réforme du mode de fonctionnement de la SFR et de l’organisation de ses réunions, intervenue à partir des années 1987. Aussi un bref retour en arrière s’impose-t-il pour rap- peler le rythme, la nature et l’importance des rencontres organisées chaque année par la Société. Elle en avait hé- rité en 1969 de sa société mère, la Ligue Française contre le Rhumatisme fondée, elle-même en 1928 : 6 réunions mensuelles d’une matinée, rituellement le troisième mercredi du mois et à Paris, une réunion d’une demi- journée en province et une réunion plus importante d’une journée entière dite « Journée du Rhumatisme » et tenue à Paris en mars. A partir de 1978, cette dernière devient la « Journée Française de Rhumatologie », puis, sa durée ayant été portée à deux jours, les « Journées Françaises de Rhumatologie » au début des années 80. Elles laisseront place au Congrès Français de Rhumato- logie. En 1986, le conseil d’administration de la SFR dé- signe un groupe de travail chargé notamment d’étudier l’organisation des séances scientifiques et de proposer des réformes. Le groupe note une réticence grandissante de nombreux collègues de province envers le rythme mensuel des séances de la Société, séances ne compor- tant qu’une demi-journée de travail, et la brièveté de la réunion provinciale limitée à une matinée. Aussi propo- se-t-il de diminuer le nombre des réunions mensuelles et d’étoffer les réunions provinciales. En outre, L. Simon prône avec conviction le remplacement des Journées Françaises, d’intérêt inégal en fonction du thème retenu et de la place prédominante des revues générales par rap- port aux travaux originaux, par un véritable congrès lar- gement ouvert aux communications de tous horizons : il réussit à vaincre le scepticisme et la frilosité de certains administrateurs. Ces propositions, adoptées dès janvier 1987, entrent aussitôt en vigueur : en 1987 et 1988 les réunions mensuelles seront ramenées au nombre de 4, puis passeront à 2 en 1989 et finiront par disparaître. Les dixièmes Journées Françaises de Rhumatologie se sont tenues en mars 1987 à l’Hôpital Cochin. Le comité d’organisation du premier congrès français est déjà au travail. Futur président de la SFR en 1988, L. Simon en est l’animateur principal. C’est lui qui en avait été l’instigateur, il était juste qu’il en devienne aussi le maître d’œuvre (Fig. 1). Il est épaulé par un bureau très uni et motivé : les vices-présidents A. Hubault, P. Deshayes et M. Lequesne, le secrétaire général J. Fran- çon, assisté de B. Delcambre et B. Naveau, la charge de trésorier étant assumée par G. Kaplan. Ce congrès a plusieurs objectifs : réunir bien sûr les membres de la SFR, mais aussi attirer les rhu- matologues qui n’en font pas partie tant en France qu’à l’étranger, en parti- culier dans la francopho- nie, faire venir les jeunes encore en formation, voire tout médecin aux frontiè- Fig. 1 : Lucien Simon, « père fonda- teur » du Congrès Français de Rhumatologie. Jean Françon a , Bernard Delcambre b, * a 575, rue des glattignies, 59930 La Chapelle d’Armentières, France b 211, rue de l’Université, 75007 Paris, France « Nous partîmes sept cents, mais en vingt ans d’effort Nous étions quatre mille en arrivant au port. » Petite histoire du Congrès Français de Rhumatologie Revue du Rhumatisme 74 (2007) 6-8 *Correspondance. Adresse e-mail : [email protected] Mots-clés : Congrès ; Rhumatologie ; Professionnel de santé ; Société savante

Petite histoire du Congrès Français de Rhumatologie

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Le 20e Congrès Français de Rhumatologie aura lieu du 2 au 5 décembre 2007 au CNIT Paris La Défense, ce qui sous-entend que le 1er s’est tenu en 1988 . Quelle évidence et quoi de plus naturel qu’un congrès… Et pourtant ce ne fut ni simple ni évident !

Comment est né le premier congrès ?Sa création s’inscrit dans une réforme du mode de

fonctionnement de la SFR et de l’organisation de ses réunions, intervenue à partir des années 1987.

Aussi un bref retour en arrière s’impose-t-il pour rap-peler le rythme, la nature et l’importance des rencontres organisées chaque année par la Société. Elle en avait hé-rité en 1969 de sa société mère, la Ligue Française contre le Rhumatisme fondée, elle-même en 1928 : 6 réunions mensuelles d’une matinée, rituellement le troisième mercredi du mois et à Paris, une réunion d’une demi-journée en province et une réunion plus importante d’une journée entière dite « Journée du Rhumatisme » et tenue à Paris en mars. A partir de 1978, cette dernière devient la « Journée Française de Rhumatologie », puis, sa durée ayant été portée à deux jours, les « Journées Françaises de Rhumatologie » au début des années 80. Elles laisseront place au Congrès Français de Rhumato-logie.

En 1986, le conseil d’administration de la SFR dé-signe un groupe de travail chargé notamment d’étudier l’organisation des séances scientifi ques et de proposer des réformes. Le groupe note une réticence grandissante de nombreux collègues de province envers le rythme mensuel des séances de la Société, séances ne compor-tant qu’une demi-journée de travail, et la brièveté de la réunion provinciale limitée à une matinée. Aussi propo-se-t-il de diminuer le nombre des réunions mensuelles

et d’étoff er les réunions provinciales. En outre, L. Simon prône avec conviction le remplacement des Journées Françaises, d’intérêt inégal en fonction du thème retenu et de la place prédominante des revues générales par rap-port aux travaux originaux, par un véritable congrès lar-gement ouvert aux communications de tous horizons : il réussit à vaincre le scepticisme et la frilosité de certains administrateurs. Ces propositions, adoptées dès janvier 1987, entrent aussitôt en vigueur : en 1987 et 1988 les réunions mensuelles seront ramenées au nombre de 4, puis passeront à 2 en 1989 et fi niront par disparaître. Les dixièmes Journées Françaises de Rhumatologie se sont tenues en mars 1987 à l’Hôpital Cochin.

Le comité d’organisation du premier congrès français est déjà au travail. Futur président de la SFR en 1988, L. Simon en est l’animateur principal. C’est lui qui en avait été l’instigateur, il était juste qu’il en devienne aussi le maître d’œuvre (Fig. 1). Il est épaulé par un bureau très uni et motivé : les vices-présidents A. Hubault, P. Deshayes et M. Lequesne, le secrétaire général J. Fran-çon, assisté de B. Delcambre et B. Naveau, la charge detrésorier étant assumée par G. Kaplan.

Ce congrès a plusieurs objectifs : réunir bien sûr les membres de la SFR, mais aussi attirer les rhu-matologues qui n’en font pas partie tant en France qu’à l’étranger, en parti-culier dans la francopho-nie, faire venir les jeunesencore en formation, voire tout médecin aux frontiè-

Fig. 1 : Lucien Simon, « père fonda-teur » du Congrès Français de Rhumatologie.

Jean Françona, Bernard Delcambreb,*

a575, rue des glattignies, 59930 La Chapelle d’Armentières, Franceb211, rue de l’Université, 75007 Paris, France

« Nous partîmes sept cents, mais en vingt ans d’effort Nous étions quatre mille en arrivant au port. »

Petite histoire du Congrès Français de Rhumatologie

Revue du Rhumatisme 74 (2007) 6-8

*Correspondance.Adresse e-mail : [email protected]

Mots-clés : Congrès ; Rhumatologie ; Professionnel de santé ; Société savante

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res de notre spécialité. Le programme scientifi que doit donc être très diversifi é pour permettre à chacun de trouver un sujet personnel d’intérêt. Pour manifester ce souci d’ouverture, les conférences introductives sont confi ées à des collègues francophones : canadiens (Cl. Bombardier, W. Russel), belge (E.Veys) et suisse (J.Ch. Gerster).

Il fallait trouver un espace susceptible d’accueillir plusieurs centaines de congressistes ; le choix s’est porté sur les salles de conférences de l’Hôtel Hilton Suff ren. Comme il avait été décidé que la SFR assumerait seule l’entière organisation du congrès, c’est G. Kaplan qui, en tant que trésorier, eut la lourde tâche de régler tous les problèmes matériels et fi nanciers. Il s’en acquitta avec une remarquable effi cacité.

Le premier Congrès Français de Rhumatologie s’est donc déroulé les 15 et 16 mars 1988. Le programme comprenait le matin des séances plénières avec pour thème, le premier jour, « traitements de la polyarthrite rhumatoïde » et, le lendemain, « arthropathies destruc-trices » ; l’après-midi, des sessions parallèles étaient or-ganisées avec le concours des sections spécialisées de la SFR tout récemment créées (arthrose et cartilage, os et métabolisme phosphocalcique, etc …). Il s’y ajoutait une présentation d’affi ches et une exposition pharma-ceutique. Le programme social proposait une soirée de détente au Grand Hôtel.

Le bilan du congrès comble les organisateurs : 675 inscrits (soit plus du double de la fréquentation habi-tuelle des Journées Françaises) ont participé à ses tra-vaux, plus de la moitié des inscrits ne sont pas membres de la SFR, les jeunes rhumatologues représentent 25 % des inscrits, les étrangers 16 %. La diversifi cation des thèmes traités a fait que 170 travaux ont été présentés sous forme de communications ou d’affi ches dans sept sessions diff érentes. Tous les résumés font l’objet d’un numéro spécial de la Revue du Rhumatisme remis aux congressistes et complété par un compendium publié au cours de l’été

Les congrès suivantsConfortés par ces résultats, les responsables de la

SFR tirent les leçons de cette première expérience et s’attellent à l’organisation de la deuxième édition en 1989. Le président en sera A. Hubault, le reste de l’équipe, secrétariat et trésorier, demeurant inchangé. Le cadre de l’Hilton s’avérant trop exigu, son siège va être transféré au nouveau Centre de Conférences de la Cité des Sciences et de l’Industrie de La Villette. Ce choix suscitera certes quelques critiques : trop ex-centré, mal desservi, et encore en rodage, notamment

pour les déjeuners qui doivent être consommés debout et en deux services ; mais la taille et la disposition des espaces sont en parfaite adéquation avec les contraintes du congrès.

Le deuxième Congrès Français va donc se tenir les 14 et 15 mars 1989 et ses résultats confi rment ceux du précédent : plus de 700 participants, 15 % d’étrangers venus notamment de Belgique et d’Afrique du Nord, plus grand nombre d’internes et de chefs de clinique grâce à l’attribution de bourses à raison d’une par servi-ce, 270 communications et affi ches (soit une progres-sion de 50 % par rapport à 1988) présentées dans les meilleures conditions techniques. La soirée de détente eut lieu à La Géode voisine et fut fort appréciée.

Désormais bien lancé, le Congrès Français de Rhu-matologie va se perpétuer chaque année tout en pour-suivant une croissance régulière. Presque chaque édi-tion comportera une ou plusieurs innovations. Il serait fastidieux de les passer en revue année après année.

Aussi allons-nous tenter de dégager les grandes li-gnes de cette évolution. Le premier changement porte sur les dates du congrès : dès 1990, celles-ci sont dé-placées de mars à l’automne, d’abord mi-novembre, puis à partir de 2005 début décembre pour s’éloigner des dates de l’ACR. La durée s’allonge : des deux jours initiaux à trois journées, prolongées récemment d’une demi-journée. Pendant une période, ce fut en fi n de se-maine ; depuis quelques années le congrès commence le lundi et même depuis 2006 le dimanche. Cet allon-gement refl ète l’importance croissante des programmes proposés.

Le lieu du congrès reste la Cité des Sciences de La Villette de 1989 à 1994, mais à son tour il devient exigu, tant en raison de l’augmentation du nombre de participants (on approche alors les 2000) que de la nécessitée d’off rir à l’industrie pharmaceutique de meilleurs espaces d’exposition. A partir de 1995, il faut se transporter au CNIT La Défense qui off re beaucoup plus de possibilités mais impose de repenser toutel’organisation, ce dont se chargeront P. Bourgeois etJ. Sany qui prennent alors le relais de B. Delcambre et G. Kaplan, conjointement aux manettes depuis six ans.

Le programme va progressivement s’enrichir au fi l des ans. Dès le 3e congrès sont instituées des conféren-ces d’actualités qui préludent aux travaux scientifi ques. Par la suite, apparaissent les séances « Dialogue » les mises au point, les controverses, les ateliers qui densi-fi ent la part consacrée à la Formation Médicale Conti-nue et rencontrent un vif succès.

Une séance réservée à l’interface SFR/INSERM

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permet de faire le point sur les dernières acquisitions en recherche clinique et fondamentale. Enfi n, depuis 1995, la place accordée aux symposiums satellites de-vient de plus en plus grande : leur horaire en fi n de journée a entraîné la disparition de la soirée de détente. D’autre part pour valoriser la présentation des affi ches, des prix furent pendant quelques années décernés aux meilleurs auteurs. Peut-être faut-il en regretter la dis-parition ?

La structure du comité d’organisation s’est aussi étoff ée avec l’institution dès le troisième congrès d’un comité scientifi que chargé de sélectionner les travaux, organiser les thèmes, établir le programme.

Au fi l des ans le succès du congrès se confi rme et la participation tant française qu’étrangère croît régu-lièrement : on fl irte avec les 3000 inscrits dès 2004 et ce cap est dépassé l’année suivante. L’ouverture de ses-sions spécialement dédiées aux professionnels de santé (cadres de santé, infi rmières, kinésithérapeutes, ergo-thérapeutes etc.) rencontre un réel succès : 240 parti-cipants en 2005, 330 en 2006. Une aussi remarquable participation et le niveau des travaux présentés situent désormais le congrès français au premier rang des ma-nifestations rhumatologiques francophones et au troi-sième rang des congrès rhumatologiques annuels au niveau mondial. La barre est désormais aux 4000 par-ticipants ! Dès 2007 ?

La lourdeur croissante de l’organisation du congrès (et de l’ensemble des activités de la SFR) conduit à la mise en place depuis 2002 d’une équipe administrative permanente sous la direction de Catherine Reillat. Par ailleurs, le poids croissant des tâches du Président et du bureau de la SFR et celui du congrès ont conduit à dissocier les responsabilités organisationnelles : depuis

2004 (Tableau 1), le président du congrès n’est plus le président en exercice de la SFR mais une personnalité désignée pour deux ans par le Bureau et fl anquée d’un vice-président appelé à lui succéder.

Les jeunes collègues qui découvrent notre congrès considèrent sans aucun doute, à juste titre d’ailleurs, que son existence participe d’une évidence naturelle. Mais, s’ils ont eu la curiosité et le courage de lire ces quelques lignes, ils se rendront compte que rien n’était écrit il y a seulement vingt ans. Quelques uns l’ont voulu, la communauté rhumatologique l’a fait.

Tableau 1 : Les responsables de l’organisation des 20 premiers congrès

PRÉSIDENTS DE LA SFR (et du Congrès jusqu’en 2003)

L. SIMON (1988), A. HUBAULT (1989), P. DESHAYES (1990)

M. LEQUESNE (1991), A. FOURNIE (1992), J. FRANÇON (1993)

B. AMOR (1994), MF. KAHN (1995), M. BOUVIER (1996)

D. BONTOUX (1997), G. KAPLAN (1998), B. DELCAMBRE (1999)

H. ROUX (2000), X. PHELIP (2001), P. LE GOFF (2002),

J. SANY (2003), B. MAZIERES (2004)

P. BOURGEOIS (2005), C. ALEXANDRE (2006)

B. DUQUESNOY (2007)

PRÉSIDENTS DU CONGRES (à partir de 2004)

P. BOURGEOIS (2004, 2005), G. CHALES (2006, 2007)

SECRÉTAIRES GÉNÉRAUX DE LA SFR

J. FRANÇON (1988, 1989), B. DELCAMBRE (1990-1995)

P. BOURGEOIS (1996-2001), P. ORCEL (2002-2007)

TRÉSORIERS DE LA SFR

G. KAPLAN (1988-1994), J. SANY (1995-1999)

J.-P. VALAT (2000-2006), E. VIGNON (2007)