3
Poème in édit : Parole au poète Je marche dans le d ésert de l'esprit, Dans le silence des regards, Dans les désirs infinis, Dans les lèvres entrouvertes, Pour parler, pour dire Ce que la parole hésite De toucher, au risque de L'oubli, au risque du mensonge, Au risque de l'indiff érence. Je marche dans nulle-part, Où les larmes de la clémence N'ont pas vu les blessures du sol, Le chagrin des arbres, Le chant sans voix des oiseaux sans ailes Sans vol, sans vol, sans vol Je marche dans l'oubli, Dun boulevard qui bouillonne De corps en chair qui brûle, De corps en fer, en acier Qui domine l'ardeur, Qui calme la soif, Qui soulage de la faim! La sécheresse de l'esprit Chasse sans répit toute conscience Je marche entre les tombeaux blancs Et le mausolée hermétiquement fermé La sécheresse a fait brûler l'herbe, La sécheresse a fait faner les fleurs et fait rétrécir les coeurs.

Poème inédit parole au poète

Embed Size (px)

Citation preview

Poème inédit :

Parole au poète

Je marche dans le désert de l'esprit,

Dans le silence des regards, Dans les désirs infinis,

Dans les lèvres entrouvertes,

Pour parler, pour dire Ce que la parole hésite

De toucher, au risque de

L'oubli, au risque du mensonge, Au risque de l'indifférence.

Je marche dans nulle-part, Où les larmes de la clémence

N'ont pas vu les blessures du sol,

Le chagrin des arbres,

Le chant sans voix des oiseaux sans ailes

Sans vol, sans vol, sans vol

Je marche dans l'oubli,

Dun boulevard qui bouillonne De corps en chair qui brûle,

De corps en fer, en acier

Qui domine l'ardeur,

Qui calme la soif,

Qui soulage de la faim!

La sécheresse de l'esprit

Chasse sans répit toute conscience

Je marche entre les tombeaux blancs

Et le mausolée hermétiquement fermé

La sécheresse a fait brûler l'herbe,

La sécheresse a fait faner les fleurs et fait rétrécir les coeurs.

Je marche sur les trottoirs des mensonges

Où la sécheresse de l'âme

A détruit la bonne parole

De la charité et de l'aumône

De la piété et du pardon,

L'opprobre gagne du terrain,

Il tisse sa toile autour des cœurs,

Autour des esprits, au fond des âmes,

Aveugle les regards, de poussière,

D'ombres et de silhouettes sombres

Je marche dans le sillage du désespoir de comprendre,

Je marche dans la sécheresse des cœurs

Dans l'artifice des couleurs, le maquillage de la nuit et du jour

Sur les visages sans nom, anonymes, sans horizons.

Je marche dans la poussière de ce qui reste d'un ballet,

De princes sourds et de muettes princesses dans leur long sommeil, Et sur les dernières notes du Requiem de la douleur,

Je marche sur le bout du fil singulier

Du doute et du tourbillon de l'incertitude.

Et une voix me dit : _ Que cherches-tu, poète ?

_ Je cherche ma voie, à travers la parole, le geste, le regard, le cœur

De ce qui aurait pu être un être humain,

De ce qui aurait pu être bon, sincère, généreux,

De ce qui aurait pu être modeste, humble et charitable,

Mais, hélas, j'assiste à l'avance du désert,

J'assiste à la chevauchée de l'esprit du Mal.

J'assiste à la sécheresse de l'âme

Qui souffle le vent de la Géhenne !

J'assiste au miroitement de l'artifice, aveugler tous les regards Fermer tous les cœurs

Sceller jusqu'à l'éternité

Toutes les portes de la clémence et de la miséricorde !

J'ai enfin une larme qui coule

Elle coule, chaude, comme celle de la dernière pluie

Pluie du dernier été du dernier déluge !

Dans le passage du typhon

Dans le sillage de la tornade

Où seules quelques étoiles brillent

Quelques fleurs espèrent

Quelques verdures accueillent

L'unique espoir de la rédemption

L'unique récompense du Seigneur :

Le pardon, la miséricorde

Dans les Jardins du Délice !

Abdelmalek Aghzaf

Espace Salama 1 sur la route de Larache Le 07/07/2014.